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Championnats du monde de biathlon à Antholz

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Hans Flatscher

Hans Flatscher

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FOCUS

ANTHOLZ 2020

«PASSION IS OURS»

L’HOSPITALITÉ DU TYROL DU SUD DANS UNE VALLÉE PITTORESQUE

Sous la devise «Passion is ours», les Championnats du monde à Antholz constitueront le temps fort de la saison des biathlètes du 12 au 23 février 2020. Le lieu jouit d’une belle popularité tant chez les athlètes que chez les fans. L’hospitalité du Tyrol du Sud et la vallée aussi ensoleillée que pittoresque font de ces joutes dans un bastion du biathlon un véritable aimant à spectateurs.

Rien d’étonnant donc au fait qu’Antholz accueille cette année les Championnats du monde de biathlon pour la sixième fois. La dernière remontait à 2007. Grâce aux mesures d’extension et de transformation de la grande arène «Südtirol Arena Alto Adige», le stade de biathlon a été non seulement adapté pour les Championnats du monde, mais aussi pour les compétitions de biathlon des Jeux olympiques d’hiver de 2026 à Milan/Cortina. En parlant de JO: les Mondiaux de biathlon ont lieu chaque année, à l’exception des années olympiques, et les résultats obtenus comptent aussi pour le classement général de la Coupe du monde.

Site Südtirol Arena Obertalerstrasse 33 39030 Rasen Antholz Italie

Situé à l’extrémité de la vallée d’Ant holz, le stade de biathlon Südtirol Arena Alto Adige est perché à 1600 m d’altitude, ce qui en fait le site de compétition le plus élevé du circuit de la Coupe du monde IBU. La tribune du stade, nichée entre d’imposantes montagnes et parfaitement adaptée au paysage, peut accueillir environ 15 000 fans.

Site Internet www.antholz2020.it

INFOS ANTHOLZ 2020

L’accès à Anterselva Pour rejoindre le Pustertal en voiture, il est recommandé de passer par le col du Brenner en direction de Modena (via l’autoroute du Brenner) et de sortir à Brixen. À Olang, prenez la sortie Rasen/Antholz et allez jusqu’au parking d’Antholz Mittertal. Une navette gratuite vous emmènera jusqu’au site de l’événement. Vous trouverez d’autres possibilités d’accès sur www.antholz2020.it.

Billets Les différentes catégories de billets sont les abonnements (toutes les compétitions), billets multiples et billets individuels. Vous trouverez la billetterie et toutes les informations sur www.antholz2020.anyticket.it. Programme des compétitions Mercredi 12 février cérémonie d’ouverture 20h Jeudi 13 février relais mixte 14h45 Vendredi 14 février sprint femmes 14h45 Samedi 15 février sprint hommes 14h45 Dimanche 16 février poursuite femmes 13h Mardi 18 février course individuelle femmes 14h15 Mercredi 19 février course individuelle hommes 14h15 Jeudi 20 février relais mixte simple 15h15 Samedi 22 février relais femmes 11h45 relais hommes 14h45 Dimanche 23 février départ en ligne femmes 12h30 départ en ligne hommes 15h

Réseaux sociaux Abonne-toi à l’équipe suisse de biathlon sur les réseaux sociaux pour plonger dans son quotidien passionnant lors des Mondiaux: www.facebook.com/swiss.biathlon.team www.instagram.com/swissbiathlon

LENA

HÄCKI

Vers l’élite mondiale avec passion et plaisir

Elle est venue relativement tard au biathlon. Mais son amour pour cette discipline qui réunit endurance et précision n’en est que plus fort. Ces derniers mois, Lena Häcki s’est muée en leader d’équipe du relais féminin suisse et s’est établie dans l’élite mondiale élargie. Par son rôle de dernière relayeuse, elle a largement contribué aux trois premiers podiums en relais de Swiss-Ski dans le cadre de la Coupe du monde féminine. Peu avant Noël, l’Obwaldienne de 24 ans a également brillé sur le plan individuel en montant sur le premier podium de sa carrière au plus haut niveau, attendu depuis longtemps.

Lena, y a-t-il des moments lors desquels tu ne penses pas au biathlon? Lena Häcki: (elle rit) Cela dépend de la saison. Durant l’été, je fais attention à toujours m’occuper de façon différente l’après-midi et le soir afin de trouver un équilibre avec le biathlon. Mais en hiver, tout est axé sur le biathlon, car nous sommes tellement souvent en déplacement. Les courses s’enchaînent rapidement. J’essaie donc de maintenir la concentration aussi haut que possible.

La question vient du fait qu’au terme de la saison dernière, tu as déménagé à Ruhpolding, le bastion bavarois du biathlon, chez ton ami, le fils du multiple champion olympique et champion du monde Ricco Gross. On parle certes beaucoup de biathlon le dimanche matin lors du brunch familial, mais d’autres sujets ont aussi leur place. Mon nouveau domicile me permet surtout d’accéder à des conditions optimales d’entraînement. Notre entraîneur national Sandra Flunger habite, elle, pas très loin de Ruhpolding.

En raison de la différence d’âge, tu n’as pas vraiment pu suivre la carrière de Ricco Gross. Mais t’intéresses-tu au passé de la scène du biathlon et aux grands noms qui en ont écrit l’histoire? Je n’étais pas vraiment au courant des courses et des succès du père de mon ami, surtout que je ne pratiquais pas le biathlon moi-même à cette époque. Mais plus on pénètre la scène du biathlon, et plus on entend parler des anciennes gloires de notre sport. Le nom de Ricco apparaît bien sûr dans ce contexte. Pour moi, le biathlon est tellement fascinant que je m’intéresse beaucoup à l’histoire de ce sport et donc aux anciens athlètes de haut niveau.

Tu as grandi à Engelberg, un lieu qui est connu pour ses skieuses et skieurs ainsi que la Coupe du monde de saut à ski. Pourquoi avoir choisi le biathlon? Cela s’est produit de façon plutôt inhabituelle. On peut en effet dire que j’ai commencé le biathlon grâce à la natation. Je faisais partie du même club de natation que la fille d’Helen Fischer, la responsable technique de Nordic Engelberg, au moment où l’organisation s’est mise en quête de nouveaux membres. Comme j’avais obtenu un bon résultat lors d’une compétition test d’endurance en interne, Helen Fischer m’a demandé si je n’avais pas envie d’essayer le ski de fond. J’avais 14 ans à l’époque et j’ai véritablement commencé le biathlon deux ans plus tard. Mais déjà pendant ma période de fondeuse, il y avait la compétition de biathlon pour enfants à Engelberg. J’y ai toujours participé. Je trouvais ça vraiment cool, même si j’ai manqué neuf tirs sur dix lors de ma première course. Lorsque j’ai eu 16 ans, mon entraîneur m’a inscrite au cadre de détection en biathlon, car elle s’est rendue compte que j’avais plus de plaisir à pratiquer le biathlon que le ski de fond. J’ai ensuite réalisé les tests et j’ai été prise dans le groupe de candidats. Tout est allé assez vite pour moi. Je suis ensuite partie au gymnase sportif d’Engelberg. Quel est le type de course qui te convient le mieux en biathlon? Il y a trois ou quatre ans, j’aurais encore dit qu’il s’agit du sprint. Or mes derniers résultats en sprint ont été plutôt mitigés, alors que j’ai réussi de très bonnes courses en poursuite. Ce qui est génial dans le biathlon, c’est que l’on peut être bon dans toutes les disciplines. Chaque discipline possède ses pièges et difficultés, mais aussi son caractère unique. Je trouve ça super de pouvoir disputer autant de formats de course différents.

Que fais-tu pour te changer les idées durant les week-ends de course? Je lis beaucoup, je regarde des films, j’écoute des livres audio et je peins des mandalas. L’idée est de se plonger dans un autre monde pendant un certain temps. L’état de fatigue est très grand après les entraînements et les compétitions. Il faut donc quelque chose qui nous permette de nous détendre. La peinture de mandalas me permet de vraiment me vider la tête. C’est une jolie forme de détente.

T’arrive-t-il de rêver la nuit de certaines situations de course, par exemple sur le pas de tir? Oui et non. Mes cauchemars sont généralement liés au fait que j’arrive trop tard au départ. Dans ces rêves, il me manque toujours du temps, et en plus je me rends compte que j’ai oublié mes chaussures et que je dois donc retourner à la cabine de fartage. Je sens que ça devient de plus en plus limite. Et au moment

CELA S’EST PRODUIT DE FAÇON PLUTÔT INHABITUELLE. ON PEUT EN EFFET DIRE QUE J’AI COMMENCÉ LE BIATHLON GRÂCE À LA NATATION.

Lena Häcki a déjà crié des acclamations cette saison.

où je retourne au départ, je me souviens soudain que j’ai oublié autre chose, par exemple de remplir le magasin. Puis je stresse intérieurement de manquer le départ. Je rêve rarement de situations sur le pas de tir, mais plutôt de situations sur la piste où je reste plantée sur place.

Qu’est-ce qui te passe par la tête lorsque tu manques un tir en compétition? J’essaie généralement de compenser l’échec sur le stand de tir en activant encore plus mon canal d’énergie interne sur la piste de ski de fond. Il y a différentes situations sur le tapis de tir: soit tu ne réalises même pas que tu as fait une faute, soit ta tête commence à remuer dès ta première faute. On devient alors nerveux et on commence à trembler. Plus rien ne fonctionne. Et puis il y a aussi bien sûr la situation dans laquelle on est capable de tout remettre à zéro dans sa tête et de tout reprendre du début. C’est la situation idéale, que l’on essaie constamment de travailler. Travailles-tu avec un préparateur mental pour préparer de telles situations et en tirer le meilleur parti possible? Je suis accompagnée par des préparateurs mentaux depuis environ cinq ans. Au début, je travaillais avec une coach mentale qui ne se consacrait pas spécifiquement au sport. Mais depuis le printemps dernier, j’ai un psychologue du sport à mes côtés. Actuellement, je travaille avec lui principalement pour préparer les courses – comment je les aborde et ce que je fais durant la compétition. Je m’aperçois que je fais régulièrement des progrès dans ce domaine. Mais au niveau de l’aspect mental en particulier, il faut apprendre à essuyer des revers. Ce qui définit un athlète, c’est la façon avec laquelle il parvient à gérer les défaites.

Selon toi, quel est le temps fort de ta carrière à ce jour? Quel moment aimerais-tu revivre? Mon premier temps fort, je l’ai vécu en 2016 aux CM juniors à Cheile Gradistei (ROU), où j’ai décroché deux médailles d’argent. C’était la première fois que j’ai terminé tout devant lors d’une compétition d’une telle importance et que j’ai découvert la sensation de monter sur le podium. Le fait de remporter ces médailles m’a beaucoup marquée. Les premiers podiums de Coupe du monde avec le relais mixte et le relais féminin représentent d’autres temps forts, parce qu’ils ont été obtenus en équipe. Avant Noël, j’ai également fêté mon premier podium de Coupe du monde en individuel, lors de la poursuite au Grand-Bornand. De telles émotions ne s’oublient jamais, d’autant que la situation initiale n’était pas spécialement bonne (ndlr: elle s’est élancée de la 11 e position).

Ce podium était tout de même attendu. Tu t’en étais souvent approchée. Le soulagement a-t-il été d’autant plus grand? Je n’ai pas constamment fait une obsession de cette place sur le podium. Il était clair pour moi que ce moment allait arriver à un moment

Coupe du monde au Grand-Bornand: Lena Häcki pose avec sa médaille après avoir pris la 3 e place en poursuite peu avant Noël.

Lena Häcki fête son premier podium individuel en Coupe du monde juste avant Noël (3 e place en poursuite au Grand-Bornand).

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DESIGN COLLECTION 2020

Les Suissesses à la fête à Östersund, théâtre du premier podium d’un relais féminin de Swiss-Ski (de g. à dr. Lena Häcki, Aita Gasparin, Selina Gasparin, Elisa Gasparin).

IL ÉTAIT CLAIR POUR MOI QUE CE MOMENT ALLAIT ARRIVER À UN MOMENT DONNÉ SI JE CONTINUAIS À SUIVRE MA VOIE AVEC CONSTANCE.

Annonce donné si je continuais à suivre ma voie avec constance.

Tu es pratiquement toujours en déplacement d’une compétition à une autre entre novembre et début avril. Y a-t-il des moments où ce «nomadisme» te semble trop lourd? J’essaie de régulièrement faire un saut chez ma famille à Engelberg. Le milieu du biathlon est aussi une sorte de famille. Durant la course, la concurrence est bien sûr forte, mais dès que la compétition est finie, les autres athlètes sont de nouveau des amis et collègues. C’est magnifique de voir comment les sportifs sont heureux les uns pour les autres, même au-delà de leur propre nation. Je n’ai jamais ressenti de jalousie. Et tous ces voyages ne me dérangent pas du tout. Déjà quand j’étais petite, j’avais beaucoup de plaisir à voyager. Pendant les camps d’été à l’école primaire, la plupart de mes camarades s’ennuyaient de chez eux, alors que moi, la maison ne me manquait pas du tout. Mais je me réjouis bien sûr de revenir chez moi. C’est à ce moment-là que je me rends

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compte que quelque chose me manquait. Mais tant que je suis sur la route, il y a tellement de choses à vivre et à voir que j’oublie de m’ennuyer de la maison. J’apprécie toujours les beaux moments que je peux vivre.

Essayons de nous projeter dans l’avenir: où te vois-tu dans dix ans? Mon objectif est pratiquer le biathlon aussi longtemps que possible. Cela m’apporte énormément et j’éprouve un plaisir extrême. Faire de son hobby son métier est simplement génial. Mais je peux déjà m’imaginer que je voudrai baisser de rythme dans dix ans, me poser et fonder une famille.

Peux-tu aussi imaginer rester dans le milieu du biathlon après ta carrière active? C’est certain, par exemple en entraînant dans un club. J’aimerais beaucoup transmettre mon amour pour le biathlon à des enfants. Ce sport m’a tellement donné. Et je sais qu’il peut aussi donner beaucoup à d’autres personnes.

ROMAN EBERLE

CM BIATHLON ANTHOLZ «En bref»

Il y a une année, Selina Gasparin et Benjamin Weger se sont distingués lors des Championnats du monde à Östersund en décrochant trois places dans le top 10. Dans l'interview, les deux athlètes, qui ont participé trois fois à des JO, dévoilent leurs objectifs pour Antholz et leur plus belle expérience à ce jour en CM.

SELINA GASPARIN MÉDAILLÉE D’ARGENT EN INDIVIDUEL AUX JO 2014, DEUX FOIS VAINQUEURE DE LA COUPE DU MONDE

BENJAMIN WEGER QUATRE PODIUMS EN COUPE DU MONDE

Quels sont tes objectifs pour les CM à Antholz? Selina Gasparin: Antholz est pour nous, athlètes suisses, comme des CM à la maison puisque les conditions sont les mêmes que chez nous: des montagnes, du soleil et la même neige. Nous nous y sentons tous très bien, et les objectifs sont donc élevés, aussi bien en relais que dans les courses individuelles. Depuis ma médaille d’argent olympique, seules les places sur le podium m'apportent vraiment une satisfaction. Il y a une année à Östersund et peu de temps après la naissance de mon deuxième enfant, j’ai obtenu le 9 e rang; ce serait donc génial de prendre part à une Flower Ceremony (top 6) voire de remporter une médaille. Mais en biathlon, beaucoup d'ahtlètes peuvent viser les premières places. J’essaierai en tous les cas d’être au top de ma forme en février à Antholz. En Coupe du monde, nous avons démontré qu’il est possible de décrocher des places de podium en relais.

Quels changements as-tu apportés à ta préparation pour ces Championnats du monde par rapport aux précédents? Hormis le fait que je n’étais pas enceinte cette saison, j’ai suivi un programme très similaire. Mon plan d’entraînement n'a pas beaucoup changé ces dernières

16 SNOWACTIVE FÉVRIER 2020 années; je sais exactement ce dont j’ai besoin.

De quoi te réjouis-tu le plus à Antholz? Du soleil, du ciel bleu et surtout de la poudreuse et d’une piste compacte. En effet, nous avons rarement une telle piste en Coupe du monde, mais à la maison, je m’entraîne depuis toujours sur ce type de neige. Il y a de grandes chances pour que nous trouvions mes conditions d’enneigement préférées à Antholz. J’ai plus de peine sur une neige mouillée et lourde, car j’ai peu d’heures d’entraînement dans de telles conditions.

Quel est ton meilleur souvenir des CM jusqu’à présent?

Ma 9 e place en individuel l’année dernière à Östersund était déjà un grand moment, si peu de temps après la naissance de ma deuxième fille et après les premières courses qui ne se sont pas déroulées comme prévu. À chaque course, je ne pouvais pas donner plus. Et au final, c'est cela qui compte. Livrer sa meilleure performance le jour J et d’être satisfaite du résultat. Quels sont tes objectifs pour les CM à Antholz? Benjamin Weger: Pour moi, je ne dois pas absolument enfin décrocher une médaille pour que les CM soient une réussite. Nous l’avons vu l’année dernière à Östersund: j’ai essayé de donner le meilleur dans toutes les situations sur la piste et dans le stand de tir et j'ai ainsi obtenu de bons résultats. Cette fois aussi, je veux naturellement obtenir le maximum. Et si cela me réussit, j’obtiendrai aussi un bon classement. Et on verra si cela suffira pour un podium ou peut-être pour un 4 e , 5 e ou 6 e rang.

Quels changements as-tu apportés à ta préparation pour ces Championnats du monde par rapport aux précédents? Durant l’entraînement d’été, je n’ai pas fait un programme complètement différent des années précédentes. J’ai toutefois effectué cette fois un entraînement en altitude peu avant le début de la saison.

De quoi te réjouis-tu le plus à Antholz? De nombreux fans organisent chaque année un voyage pour assister à l’épreuve de Coupe du monde à Antholz. Pour ces personnes, cinq jours de compétition, avec tout ce qui va avec, est un événement majeur de l’année. En outre, je sais également que de nombreuses autres personnes feront le voyage jusqu’en Haut-Adige pour vivre en direct des courses de biathlon. Pour moi, ce sera un énorme événement de concourir devant autant de personnes qui sont venues exprès pour moi à Antholz.

Quel est ton meilleur souvenir des CM jusqu’à présent? C’était la course de poursuite lors du dernier CM pendant laquelle j’ai été longtemps dans la course pour une médaille avant de déterminer 8 e . J’aime beaucoup le format de la poursuite et du départ en masse. On court en même temps que les adversaires, on vit la compétition homme contre homme. Je me rappelle particulièrement d’une compétition où je suis arrivé au premier tir debout en même temps que trois grands athlètes, Martin Fourcade, Erik Lesser, Alexander Loginow. Je me suis tout d’abord fâché à cause de mes deux erreurs et j'ai pensé que l’avance prise était désormais perdue. Puis j’ai vu que les trois autres devaient eux aussi effectuer deux tours de pénalité. J’ai échoué quasiment au même moment que ces trois grands athlètes, sur la même tâche et de la même façon. On a ainsi vu qu’ils sont humainss et qu’ils font des erreurs. Je me souviens encore très bien de ce moment.

ROMAN EBERLE

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MATTHIAS SIMMEN ET LE BIATHLON Une symbiose

Il paraît que l’on se rencontre toujours au moins deux fois. Pour l’ancien biathlète suisse Matthias Simmen, c’est toujours un plaisir de se rendre dans le charmant Val Pusteria, et plus précisément à Anterselva où se dérouleront en février les Championnats du monde de biathlon qui s’y sont déjà disputés en 2007. Matthias Simmen sera naturellement de la partie en tant que co-commentateur pour SRF.

La première fois que j’ai rencontré Matthias Simmen, c’était en 2007 à Anterselva, à 530 km en voiture de Berne ou 460 depuis Zurich. Pour nous les Suisses, il s’agit d’un long voyage. Le détour par le le Haut-Adige vaut la peine, même en-dehors de la période des CM. «Pour beaucoup, la station d’Anterselva et la vallée du même nom font partie des plus beaux endroits du Haut-Adige», vante l’office de tourisme local. Matthias Simmen acquiesce en souriant, comme pour dire: c’est juste! «Pour moi, revenir à Anterselva est toujours synonyme de retrouvailles avec beaucoup de connaissances et de personnes sympathiques. Par ailleurs, il fait rarement mauvais temps ici.»

De l’inexistence au pot de fleur L’Uranais sait bien le chemin qu’il a parcouru. En 2001, le fondeur «de formation» passe chez les biathlètes qui avaient alors leur propre fédération sportive. Il a découvert sa destination favorite il y a déjà bien longtemps. Lors des Championnats du monde de biathlon il y a 13 ans, il était numéro un de l’équipe suisse qui a désormais intégré Swiss-Ski. En compétition individuelle, il n’a terminé «qu’à» la dixième place. Un jour après la course, il a affirmé qu’il avait juste parcouru quelque 450 mètres de plus que le vainqueur. En biathlon, l’explica

18 SNOWACTIVE FÉVRIER 2020 tion est habituellement pragmatique: celui qui rate une ou plusieurs fois sa cible doit faire des tours supplémentaires. Le biathlon, une fédération autonome, n’était à l’époque pas encore vraiment arrivé en Suisse. Et ce n’était pas non plus le cas en 2004, «lorsque quelques fidèles emmenés par le chef de discipline Markus Regli ont été intégrés à Swiss-Ski». «Au départ, on a passé de l’inexistence au statut de pot de fleur.» Aujourd’hui, Simmen en rigole. Toutefois, à l’époque, c’était un peu moins drôle parce qu’un sport marginal n’a pas les meilleurs atouts en main. Les Championnats du monde 2007 n’ont intéressé personne en Suisse. La cohorte de supporters était donc modeste, elle comptait 50 hommes et femmes qui ont effectué le voyage en Haut-Adige. 13 ans plus tard, ce sera différent, y compris au niveau de la présence médiatique dans notre pays.

Qui dit soleil dit ombre Certaines choses ont changé, affirme Matthias Simmen. Autant en positif qu’en négatif. Au plus tard en 2012, lorsque Benjamin Weger a éveillé l’intérêt pour le biathlon avec ses deux podiums, suivi un an plus tard par Selina Gasparin et ses deux victoires en Coupe du monde; puis la mayonnaise a définitivement pris

Matthias Simmen et Beat Sprecher.

en 2014 aux Jeux olympiques d’hiver de Sotchi, où Selina Gasparin a remporté deux médailles d’argent à la surprise générale. La carrière télévisuelle de Simmen démontre que tout peut aller très vite. Après avoir pris sa retraite en 2011, il a été engagé comme co-commentateur par Eurosport international. Un an plus tard, il fêtait sa première à SRF lors des Championnats du monde de biathlon à Ruhpolding. La localité de Haute-Bavière fait partie des «Golden Classics» aux côtés d’Oberhof (Land de Thuringe) et d’Anterselva. «Désormais, chaque course est suivie en direct ou au moins en différé.» Pour Simmen, il s’agit d’une grande avancée et elle est importante pour la suite de l’évolution de l’équipe suisse de biathlon.

Garder les pieds sur terre Depuis maintenant deux décennies, Matthias Simmen observe le milieu du biathlon et remarque aussi les conséquences plutôt négatives liées à la popularité grandissante de ce sport. Les organisateurs sont à cran parce que les dimensions prises font exploser le cadre habituel. Anterselva atteignait déjà ses limites en 2007 en ce qui concerne les possibilités d’hébergement, l’offre gastronomique et de divertissement. «Les prix des hôtels et des billets ont nettement augmenté.» Et cela bien qu’il y ait environ 35 000 lits à disposition sur l’ensemble de la vallée et que beaucoup de fans se déplacent traditionnellement en campingcar. Simmen craint surtout que le biathlon ne garde pas les pieds sur terre au sens littéral du terme.

Le tournant pris par Urs Lehmann Compte tenu de sa fonction de co-commentateur pour la télévision suisse, il reste toujours proche du terrain et va continuer de porter un regard critique sur l’évolution du biathlon. «Pour nous en Suisse, le développement est énorme par rapport aux débuts il y a 16 ans. Sans son intégration dans Swiss-Ski, ce sport originaire de Suisse n’existerait actuellement plus dans notre pays.» Ce n’était pas le seul sport marginal qui se battait pour obtenir une part du gâteau partagé entre les alpins et les sports nordiques classiques. Les freestylers, alors considérés comme des farfelus, font désormais aussi partie de la grande fédération de sport, ce qui ne plaît pas à tout le monde. «Le changement sur le plan sportif a été réalisé grâce au nouveau président de Swiss-Ski Urs Lehmann.» L’Argovien a été élu en 2008 et a dès le début accordé l’attention nécessaire à ces sports marginaux. «Il a fait plus que cela», ajoute Simmen. «Ses paroles ont été suivies par des actes.» Il explique avoir surtout apprécié l’engagement personnel de ce président éloquent. «C’est une personne que je respecte énormément.»

Un bon réseau Je suis assis en face de Matthias Simmen dans un café à Berne, à quelques centaines de mètres de son lieu de travail, l’Administration fédérale des douanes située à la Monbijoustrasse. Depuis le début de l’année, il est porteparole de l’Administration des douanes et peut de cette manière bien concilier son emploi avec son «travail à temps partiel» à la télévision. «Mes voyages fréquents pendant l’hiver – les sites de compétitions de biathlon sont éparpillés sur la moitié du globe –, peuvent parfois déclencher des conflits potentiels avec ma femme», dit-il le sourire en coin. Mais cela ne prend pas des proportions démesurées. Pour SRF, Matthias Simmen est le candidat idéal, parce qu’en raison de sa carrière sportive, il dispose des compétences techniques nécessaires et également d’un réseau remarquable dans le milieu du biathlon au niveau international. Maintenant, il se réjouit surtout de retrouver l’ambiance unique de l’arène du Haut-Adige avec ses quelque 50 000 spectateurs qui ponctuent chaque tir réussi d’un «ah» et chaque tir manqué d’un «oh». Les véritables fans de biathlon n’accordent pas d’importance aux frontières géographiques pendant la compétition. Cet enthousiasme fait que Matthias est persuadé que l’on ne va pas dépasser les limites. «Le bon état d’esprit règne sur tout. Et quiconque n’a encore jamais vécu de compétition de biathlon devrait absolument rattraper le temps perdu. Mais attention, il y a un vrai danger de devenir accro.» JOSEPH WEIBEL

BREF PORTRAIT DEMATTHIAS SIMMEN

Date de naissance 3 février 1972 État civil Marié à Andrea Domicile Hergiswil Fonction actuelle Porte-parole de l’Administration fédérale des douanes Succès sportifs Courses terminées dans les points: 109 (sur 229 départs); Podium: 1 Nombre de top 10: 18 Médaille de bronze aux Championnats du monde de biathlon d’été en 2008 Débuts en Coupe du monde: 2001 11 fois champion suisse de biathlon Retraite: 2011 Hobbies Ski de fond, ski alpin, lecture, musique.

LE SUCCÈS RÉSIDE DANS LE CALME

Au sein de l’équipe de biathlon de SwissSki, personne n’occupe sa fonction actuelle depuis plus longtemps que Frank Schmidt. Le technicien en chef a vécu de près le développement du biathlon au cours des 15 dernières années et utilise au quotidien ses qualités de bricoleur. Récemment, il a été à l’origine d’une application qui sert au-delà de la scène du biathlon.

Une grande cohésion, quelques blagues, des discussions parfois animées, des formules musclées et des railleries pas toujours très sérieuses entre collègues et amis: au sein de l’équipe d’entraîneurs de l’équipe suisse de biathlon, on a comme l’impression de faire partie d’une famille vivante et extrêmement engagée. Frank Schmidt a intégré cette famille en 2005 déjà, en tant que serviceman. Puis elle n’a cessé de grandir au gré de la professionnalisation et du développement. Même si le technicien originaire de Thuringe n’est pas à l’abri d’un bon mot rapide, parfois un peu cynique, Schmidt se révèle plutôt un observateur calme et réservé de l’activité frénétique autour de lui. Son caractère fait qu’il ne se laisse que rarement perturber. «Ma fille de deux ans à la maison est la seule qui parvient à me déstabiliser un peu, de temps en temps», déclare-t-il. Ce qui distingue l’Allemand, c’est son approche très structurée des problèmes et des questions. «Il a un plan pour toutes les situations, il est très réfléchi et se montre capable d’expliquer très simplement des situations complexes. Très peu de gens possèdent ces aptitudes. Elles sont quasi inestimables», assure Markus Segessenmann, responsable de la discipline biathlon chez Swiss-Ski et qui travaille avec Schmidt depuis de nombreuses années.

Une seule Coupe du monde manquée depuis 2010 Constructeur machiniste et ingénieur industriel de formation, Schmidt a lui-même été biathlète par le passé. Il faisait autrefois partie du cadre B de l’équipe d’Allemagne. Il figurait également au sein de la sélection allemande qui avait décroché l’or du relais aux CM juniors 1996 à Kontiolahti. Parmi ses entraîneurs durant sa période active, il y avait Manfred Geyer, qui entraîna ensuite l’équipe suisse de Coupe du monde de biathlon de 2004 à 2010 et qui contribua massivement au développement de la discipline dans nos frontières. En 2005, Schmidt a suivi l’appel de Geyer vers la Suisse, au début pour apporter son aide lors de certaines épreuves de Coupe du monde. Les engagements ont été de plus en plus fréquents avec les années. Après les Jeux olympiques de Vancouver, il a finalement remplacé Pascal Clément, le serviceman de longue date de Dario Cologna, à la tête de l’équipe de service du biathlon. Depuis, Schmidt n’a manqué qu’une épreuve de Coupe du monde de biathlon. Alors que le staff de Swiss-Ski ne comptait encore que deux personnes qui voyageaient avec les athlètes, soit un physiothérapeute et un entraîneur, au moment où Schmidt est arrivé, le staff actuel de Coupe du monde comprend désormais quatre personnes pour le service, deux entraîneurs et un responsable physio – et ce, pour huit à dix athlètes. «Lorsque j’ai commencé à travailler pour la Suisse, nous étions très loin des possibilités d’aujourd’hui. On peut aujourd’hui parler d’un autre monde.»

Variété grâce à deux emplois Depuis 2010, Schmidt est engagé à 50% comme serviceman et à 50% comme entraîneur de l’équipe de Coupe du monde. Son activité d’analyse du tir – qu’il exerce surtout entre mai et octobre – correspond parfaitement à son ca-

Frank Schmidt (au milieu, deuxième depuis la gauche) célèbre avec l’équipe suisse le premier podium de Coupe du monde en relais féminin.

ractère. «Le tir est une discipline mentale. La tête ne doit pas s’affoler dans cet exercice. Il est important de rester calme, d’expliquer et de comprendre pourquoi quelque chose se passe d’une manière ou d’une autre.» Schmidt aime se glisser dans le rôle du bricoleur, qui est tout aussi demandé en matière de tir que de service. «Il est possible de déterminer exactement pourquoi des erreurs ont été commises dans le tir.» À 44 ans, Schmidt travaille depuis de nombreuses années avec la majorité des athlètes. «Ils savent comment je fonctionne. Je dis toujours ce que je pense, souvent en ajoutant une petite blague.» Selon lui, le fait d’avoir quelques années de plus que les athlètes est un avantage. Il y voit un gain de confiance supplémentaire. Et c’est exactement ce dont on a besoin en tant que serviceman vis-à-vis des sportives et sportifs. Après 15 ans dans ce domaine, Schmidt a pratiquement tout vécu et possède un bagage rempli d’expériences de toutes sortes. «Il y a beaucoup d’expériences et l’une ou l’autre erreur que l’on doit d’abord faire soi-même. Par exemple, si la météo évolue à court terme, cela ne sert à rien de vouloir tout bouleverser à la va-vite. Il faut compter avec des changements. Même dans le stress, il faut garder son calme. Il est toujours préférable de s’en tenir à ce que l’on a testé.» «Schmidi», comme il est surnommé dans l’équipe, explique n’avoir jamais envoyé un athlète sur le parcours avec le sentiment d’avoir «construit» de mauvais skis.

La fin du papier Depuis cette saison, Schmidt et son équipe reçoivent des informations actuelles des entreprises de fartage concernant la préparation des skis via une application que lui-même et son collègue Martin Janoušek ont mis sur pied il y a un an lors des Championnats du monde à Östersund et qu’ils ont ensuite fait développer. «C’était complètement anachronique de recevoir douze papiers par jour des différentes entreprises de fartage. À la fin d’un Championnat du monde, par exemple, chaque équipe a accumulé environ un demi-bloc de papier qui est ensuite jeté.» L’application recense, elle, tous les événements des disciplines biathlon, ski de fond et combiné nordique. Les entreprises de fartage – les principales agissant sur le marché de l’Europe centrale sont toutes concernées – donnent leurs rapports à l’endroit correspondant de l’application «WaxTip» et les mettent à disposition des personnes intéressées via une notification push. Il n’est plus nécessaire d’imprimer, de se précipiter dans la zone de fartage et de distribuer les bouts de papier. Le personnel de service des différentes équipes reçoit les rapports de fartage plus tôt et peut ainsi être en mesure d’intégrer les recommandations dans ses propres tests. Le flux de papier est ainsi interrompu. L’objectif de Schmidt est que l’application de fartage soit également utilisée pour le sport populaire avec une portée beaucoup plus large. Les fondeurs amateurs pourront ainsi utiliser les informations des rapports de fartage réels, et non seulement de l’étiquetage sur l’emballage en question. Pour Schmidt, la saison en cours n’est pas seulement remarquable en raison du lancement réussi de cette application de fartage, mais aussi pour une autre première réjouissante. Avant Noël, l’équipe suisse de biathlon est montée sur le podium lors de trois week-ends de Coupe du monde consécutifs (deux fois grâce au relais féminin et une fois grâce à Lena Häcki) – un résultat que Schmidt lui-même n’avait jamais vécu auparavant durant ses 15 ans au service du biathlon suisse. «De tels succès sont largement plus célébrés qu’en Allemagne ou en Norvège, par exemple, où on attend un podium lors de chaque jour de course. Chez nous, il s’agit de quelque chose de très spécial. Les émotions sont ainsi plus fortes que lorsque l’on travaille pour une autre nation habituée au succès.» ROMAN EBERLE

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