2024
Une architecture fondée sur le fibres-ciment
Des surfaces qui se modifient au cours du temps et permettent la formation d’une patine reflètent un besoin d’authenticité et de lien avec la nature.
NON TRAITÉ
2024
2 DOMINO
Quelles sont les alternatives au tourisme de masse? Tina Gregoricˇ donne sa réponse.
4 FLASHBACK
L’office du travail à Vienne-Liesing de l’architecte Ernst Anton Plischke
6 LORSQUE LES CHOSES ONT LE DROIT DE SE MODIFIER
La raison pour laquelle l’enthousiasme pour la patine incarne un phénomène du mouvement moderne nous est expliquée par Thomas Will, professeur de sauvegarde du patrimoine, dans un entretien.
12 PAVILLON CRÉATIF DANS LE QUARTIER BÂ LOIS DE WESTFELD, SCHEIBLER & VILLARD ET BAUMANN LUKAS ARCHITEKTUR
Vis-à-vis de l’ancien hôpital se dresse un bâtiment commercial destiné à des entreprises actives dans la branche de la créativité. Son revêtement de façade gris obtiendra une patine et s’insérera de mieux en mieux dans l’ensemble.
24 TRIPLE SALLE DE SPORT, ESCHENBACH ENZMANN FISCHER PARTNER
28 ENSEMBLE D ’ HABITATION, DÜBENDORF ADRIAN STREICH ARCHITEKTEN
30 SITE SCOLAIRE DE BÉTHUSY, LAUSANNE ESPOSITO + JAVET ARCHITECTES ASSOCIÉS
34 MAISON INDIVIDUELLE, BIZAU BERNARDO BADER ARCHITEKTEN
36 MAISON DE JARDINIER DANS LA VALLÉE DU RHIN SAINT-GALLOISE, EMI ARCHITEKT*INNEN
38 KNOW-HOW
Façade solaire en couleur
40 DESIGN
Une plate-bande surélevée empilable
42 AU DÉPART
Vidic Grohar Arhitekti de Ljubljana
Non traité
Nous trouvons partout des traces du passage du temps. Dans la nature comme dans nos visages ou dans l’environnement bâti. Le vieillissement est quelque chose de naturel et celui qui entend s’y opposer doit investir un important effort.
Lorsqu’une façade en bois devient grise, lorsque de la mousse se forme sur une toiture ou lorsqu’une figure en bronze acquiert une teinte verdâtre, l’on désigne cette modification sous le nom de patine. Une architecture qui permet une telle modification estime à sa juste valeur le processus du vieillissement.
Mais comment conçoit-on une architecture qui accepte les modifications sans se détériorer?
«Il n’est pas possible de planifier les modifications», affirme l’architecte Maya Scheibler qui, dans le quartier de Westfeld à Bâle a, en collaboration avec Sylvain Villard et Lukas Baumann, enveloppé un pavillon commercial de plaques de fibres-ciment dépourvues de traitement de surface. Aujourd’hui déjà, il est possible d’observer des modifications sur la surface grise.
Si le fibres-ciment ne fait pas l’objet d’un traitement de surface, il acquiert des dépôts blanchâtres, analogues à un voile, comme on les connaît sur les surfaces du béton exposées aux intempéries. Ces signes de dépôt calcaire sont désignés sous le terme d’efflorescence. Des surfaces dotées de pores ouverts du béton apparent ou de plaques de fibres-ciment non traitées offrent à la saleté, aux algues et aux champignons une meilleure chance de s’ancrer dans la surface.
EMI Architekt*innen ont habillé il y a de cela plus de quinze ans leur première réalisation, une maison destinée à un jardinier, avec de telles plaques de fibres-ciment dépourvues de tout traitement de surface. Ron Edelaar de EMI précise qu’il s’agit également d’une question de posture de décider si une maison peut être modifiée par les influences extérieures et permettre ainsi de rendre visible l’utilisation de l’objet, les intempéries et le passage du temps.
Tous les projets figurant dans ce numéro sont habillés de plaques de fibres-ciment dépourvues de traitement de surface. Dans le cas des projets plus récents, la modification qui en découle n’est pas encore aussi marquée. Des projets plus anciens, en revanche, révèlent le potentiel de ce mode de construction et servent de modèle aux générations actuelles d’architectes.
La soussignée vous souhaite beaucoup de plaisir à découvrir ce numéro
Anne Isopp
Rédactrice en chef
EDITORIAL
QUELLES SONT LES ALTERNATIVES
Trois propositions émanent de la Nanotourism Visiting School de l’Architectural Association à Londres. Ainsi, dans les bains de mer de la station balnéaire d’Ault, des chaises sont posées dans l’eau, de telle sorte que les visiteurs puissent ouvrir une conversation (Chaises Publiques, 2017). Leur propre stand dans un marché de Vienne (1M2 Market, 2020) à Vienne interroge le potentiel offert par la réglementation en vigueur, tandis qu’une passerelle accessible au public à Sekirn (Stare, 2021) contrecarre l’excès de parcelles clôturées sur les rives du Wörthersee.
DOMINO – Nous posons à une personnalité du domaine de l’architecture et du design une question qui interpelle notre société. L’architecte et professeure d’architecture Tina Gregorič nous fournit sa réponse:
AU TOURISME DE MASSE?
En premier lieu, nous devrions remplacer le terme de «tourisme de masse» par celui de «overtourism» (ou surtourisme en français). Et cela aussi souvent et systématiquement dans tous les médias, si nous souhaitons aborder la problématique des effets actuels tant écologiques que sociaux et économiques dus au tourisme dans les Alpes, dans l’espace méditerranéen, ainsi que dans de nombreux autres lieux dans le monde entier.
L’organisation du tourisme mondial a reconnu récemment que les effets du surtourisme menacent tant la qualité de vie des autochtones que celle du séjour des visiteurs. Il est dès lors important d’apporter une solution à cette problématique pour tous les participants, y compris notre environnement.
Originaires de Slovénie, un pays caractérisé par la diversité paysagère, climatique et culturelle, nous avons découvert la manière dont le tourisme de masse s’est transformé en surtourisme, tout d’abord sur la côte de l’Adriatique, puis dans les cols alpins pittoresques et plus récemment même dans notre capitale Ljubljana. Par ailleurs, notre étude de Venise nous a signalé que la problématique exige des alternatives radicales.
Aljosa Dekleva et moi-même avons inventé en 2013 la notion de «nanotourisme», considérée comme une alternative participative, locale et respectueuse du développement durable au tourisme conventionnel. Le nanotourisme s’inspire de modèles qui existent depuis longtemps, notamment l’agrotourisme. Dans ce cadre, les autochtones et les visiteurs entrent en contact et échangent des réflexions en vue de promouvoir l’environnement et l’économie locale, de participer à la production alimentaire et de renforcer les relations sociales. Nous devrions baptiser ces modèles du nom de nanotourisme, de manière à devenir la norme, comme l’a un jour affirmé Buckminster Fuller: «On ne modifie rien en combattant la réalité telle qu’elle existe. Pour modifier quelque chose, il est nécessaire de développer un nouveau modèle, qui rend caduc ce qui existe.»
Afin de combattre la passivité et la superficialité du tourisme conventionnel, nous considérons que la participation constitue une caractéristique essentielle du nanotourisme. Une cueillette de pommes ou l’entretien d’un mur en pierres sèches exigent une collaboration intensive et l’échange entre les visiteurs et la collectivité locale.
En dehors de l’approche participative, il s’agit également de limiter le transport vers et depuis le lieu de destination. Des villes alpines telles que Hallstatt en Autriche sont particulièrement, du fait qu’elles sont si bien desservies, confrontées au surtourisme. Afin d’éviter d’être débordé par les touristes, il serait possible de recourir au concept insulaire: la capacité du port détermine la densité du trafic. Une telle stratégie permet de réguler le nombre de visiteurs, de réduire la contrainte sur l’environnement et de sauvegarder le caractère unique de la ville.
Ainsi, les Alpes pourraient-elles devenir une zone sous contrôle, de la même manière que les îles artificielles au Japon, pour lesquelles les gens s’inscrivent des mois avant leur visite et sont obligés de planifier avec soin le déplacement vers et depuis ces lieux. La régulation de la densité des visiteurs est décisive en vue d’assurer une expérience inoubliable.
La carte d’entrée de Venise, qui a été introduite récemment, rappelle le Louvre qui, en 1922, après plus d’un siècle d’entrée libre, a introduit la nécessité d’un billet d’entrée.
Les nanotouristes ne réservent pas uniquement leur billet d’entrée pour un créneau horaire précis, mais s’enthousiasment pour les activités sur place, soutiennent la culture locale et la nature, au lieu de la détruire, et stimulent l’économie locale.
Tina Gregorič est professeure d’architecture et de projet à l’université technique de Vienne et dirige avec Aljosa Dekleva le bureau d’architecture dekleva gregorič architects à Ljubljana. Elles ont lancé en commun la recherche dans le domaine du design concernant le nanotourisme, tandis que Aljosa dirige la AA Nanotourism Visiting School. www.dekleva-gregoric.com nanotourism.org
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FLASHBACK – L’office de l’emploi de Vienne-Liesing passe pour une icône du mouvement moderne international en Autriche. Il fut réalisé en 1930/31 par l’architecte Ernst Anton Plischke et restauré à la fin des années 1990 par Hermann Czech. A cette occasion, la façade en plaques de fibres-ciment fut réhabilitée, mais se différencie optiquement à peine de l’état d’origine.
En raison de la crise économique de l’entredeux-guerres, une nouvelle tâche constructive se développa dans le cadre de l’architecture moderne fortement engagée sur le plan de la politique sociale. L’office de l’emploi de Vienne-Liesing – le premier mandat important de l’architecte Ernst Anton Plischke alors âgé de vingt-huit ans – figure, à côté de l’office de l’emploi conçu par Walter Gropius à Dessau (1928/29), parmi les exemples les plus convaincants de ce type sur le plan fonctionnel. L’exigence d’assurer une circulation du public la plus souple possible, par groupes professionnels et par sexe séparés, fut résolue par Plischke à l’aide d’un concept en plan ingénieux, qui évitait aux demandeurs d’emploi les salles d’attente habituelles étouffantes, mal éclairées et bondées. Autour
d’une halle de guichets centrale, dotée d’un éclairage zénithal, il regroupa – en tant que variante du concept circulaire de Gropius –un anneau de cinq salles d’attente, toutes étant directement accessibles de l’extérieur. Le contact entre les fonctionnaires (assis) et les clients (debout) était assuré par un léger changement de niveau à hauteur d’œil et des guichets munis de fenêtres coulissantes. Le volume indépendant, et tout à la fois intégré dans son contexte, fut résolu par Plischke côté rue par le recours à des bandeaux de fenêtres, tandis que, pour l’habillage des façades, il recourut à des plaques de fibres-ciment grises – à l’époque un matériau récent, très moderne et économique. Des photographies de l’élévation sur rue assurèrent immédiatement la célébrité du
bâtiment. Les clichés noir et blanc mirent en scène le prisme de verre constitué par la cage d’escalier en saillie, mais ne mirent pas en valeur l’harmonie subtile entre le matériau et la teinte de la façade, entre les profils élégants du vitrage simple peints en bleu et la nuance de gris du fibres-ciment. Elles aidèrent néanmoins ultérieurement à la reconstruction de l’état d’origine, du fait que les luttes politiques de l’époque nuirent fortement à la conservation du bâtiment. La transparence de l’ossature en béton armé fut perdue durant l’époque du national-socialisme en raison de transformations volontairement iconoclastes. Puis d’autres mesures dommageables suivirent durant les années d’après-guerre. En 1980, l’exploitation de l’office de l’emploi fut définitivement aban-
UNE ORGANISATION PARFAITE
C’est à cela que ressemblaient les façades sur rue et sur cour de l’office pour l’emploi de Vienne-Liesing dans les années 1930.
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donnée, tandis que le bâtiment, après une longue période d’abandon, fut acheté par un promoteur de logements, sous réserve d’une réhabilitation respectant la valeur patrimoniale de l’objet.
L’architecte Hermann Czech chargé de cette tâche entreprit une démarche rationnelle et méthodique – comme le fit déjà son professeur E. A. Plischke. Il supprima toutes les adjonctions ultérieures et dégagea l’ossature en béton encore viable. Il transforma les anciennes salles d’attente au rez-de-chaussée en bureaux, l’étage supérieur étant quant à lui transformé en logement. Des fenêtres supplémentaires et des portes donnant sur les terrasses sont clairement différenciées des éléments existants au niveau de leur format et de leur teinte. Sur la base des clichés de l’époque de la construction, Czech précisa ses réflexions à propos de la reconstruction des profils des menuiseries des bandeaux de fenêtres, qui se composaient en partie de produits industriels dont la fabrication avait été abandonnée. Czech recourut délibérément à des produits industriels des années 1990, au lieu d’imiter l’exécution d’origine de manière «sculpturale». Ce problème ne se posa pas en ce qui concerne les plaques de fibres-ciment de la façade sur rue. «Ce matériau est aujourd’hui encore disponible –et cela même avec une qualité nettement supérieure», souligna Czech. Tandis que, côté jardin, la pose d’une isolation thermique complète ne put être évitée, la façade en fibresciment côté rue répond tant aux normes actuelles qu’à la conception d’origine.
Entre-temps, la réhabilitation de l’office de l’emploi de Liesing et son changement d’affectation en immeuble de bureau et de logements a eu lieu il y a de cela un quart de siècle. Les traces que le vent et les intempéries ont laissées sur la façade en fibresciment «intemporelle» ne nuisent guère à l’image de l’objet. Malheureusement, l’élévation arrière du bâtiment, avec ses décalages en profondeur, qui était autrefois entièrement visible, a été fortement menacée par des immeubles d’habitation plus récents. Or, le maintien d’espaces libres semble ne plus s’adapter à une époque au cours de laquelle le terrain constructible est devenu un bien à ce point précieux.
Gabriele Kaiser
Aujourd’hui comme autrefois, la cage d’escalier en saillie constitue l’élément caractéristique du bâtiment. Devant le bâtiment se crée un espace public plus important en raison du retrait du corps de bâtiment principal.
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Lorsque les choses ont le droit de se modifier
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Inauguration de la fontaine Meret-Oppenheim Berne, 1983
Tout ne doit pas constamment présenter un aspect neuf. Ceci n'est de nos jours pas uniquement valable pour la mode et le mobilier, mais l'architecture peut également vieillir de manière lisible et se modifier. La raison pour laquelle la patine constitue une thématique, tout en incarnant un concept attrayant, ambivalent, nous est expliquée par Thomas Will, architecte et professeur émérite en sauvegarde du patrimoine à la TU de Dresde.
La question ‹s’agit-il d’art ou peut-on s’en débarrasser?› s’est souvent posée en 1983 à de nombreuses Bernoises et Bernois de la ville. L’artiste Meret Oppenheimer avait conçu au cœur de la vieille ville une nouvelle fontaine. Les débats à propos de l’œuvre d’art aujourd’hui connue sous le nom de fontaine Oppenheimer furent vifs. La colonne cylindrique massive, avec sa terminaison évoquant des arcades et les tôles se déroulant en spirale, communiquait une image brute et peu attrayante. Avec le temps, des plantes et des mousses se fixèrent sur les surfaces. En raison du calcaire de l’eau se forma du tuf dans les coussinets de mousse. L’aspect de la fontaine se modifia au cours des années en même temps que l’attitude de la population. Depuis longtemps, il n’est plus possible d’imaginer Berne sans sa fontaine, qui s’intègre tout naturellement dans la ville, comme le souhaitait son auteur.
Dans d’autres lieux, les signes du temps deviennent lisibles: le bois devient gris, les mousses et les lichens s’implantent sur les couvertures en tuiles ou en fibres-ciment, ainsi que sur les faces extérieures des murs en béton.
À quelle image est-on confronté lorsque nous parlons de patine?
La patine désigne une trace plaisante de vieillissement sur un bâtiment ou une œuvre d’art. Il s’agit à l’origine de la pellicule verdâtre qui se forme sur le cuivre et le bronze et résulte de l’oxydation du matériau. Le terme de patine vient de l’italien, langue dans laquelle il désigne le «vernis», dérivé du terme italien homonyme désignant la casserole dans laquelle on conservait à l’origine ce produit. Grâce à Johann J. Winckelmann, le terme passa en langue allemande avec sa signification actuelle. La patine indique que quelque chose a déjà vieilli et en quelque sorte mûri. À de telles traces de vieillissement, nous associons aujourd’hui certaines émotions, ce qui ne fut pas toujours le cas. Notre emploi valorisant du terme constitue un phénomène moderne.
Peut-on affirmer que la patine présente aujourd’hui une image plutôt positive, du fait qu’elle est associée à un souhait de naturel?
Certes. Par ce terme, nous désignons un instant esthétique, une couche qui fait paraître un objet «joliment» vieilli de manière quasi naturelle. Ceci étant, de telles traces de vieillissement doivent être modérées. La transition vers l’abandon, la destruction n’est guère éloignée. Notamment dans le cas de bâtiments, les deux choses sont souvent associées. Lorsque nous découvrons par exemple en Italie des surfaces délabrées, nous pouvons également percevoir ce vieillissement comme une sorte de patine. Aussi, le terme de patine est un concept visuel qui ne se prête guère à une définition technique.
Même si les traces du vieillissement n’exercent absolument aucun effet sur la durabilité de l’objet, cela ne plaît pas à tout un chacun et tout ne devient pas toujours plus beau au cours des années. La question intéressante est donc la suivante: quand apprécions-nous que quelque chose vieillisse visiblement et quand souhaitons-nous éviter cela? Oliver Mack explique dans le manuel consacré à l’authenticité historique les raisons pour lesquelles tous les changements ne bénéficient pas de la même acceptabilité: «La notion de patine sert à décrire des modifications visibles qui découlent de l’usage et l’âge d’un objet, et qui – contrairement à la notion d’usure profonde – bénéficie d’une signification variable, souvent même considérée comme enrichissante.»
Pour comprendre la raison pour laquelle la patine redevient une thématique dans l’architecture contemporaine et où se situe l’engouement dont elle bénéficie, nous nous entretenons avec Thomas Will, architecte et professeur émérite en sauvegarde du patrimoine à la TU de Dresde.
Texte et entretien: Anne Isopp
Qu’il s’agisse de bronze, de tôle, de bois ou de béton, tous les matériaux acquièrent une belle patine. Les sculptures sont déposées dans le dépôt en plein air du musée Middelheim à Anvers.
L’emplacement de la grange n’est connu que du photographe Georg Aerni. La chapelle St. Benedikt de Peter Zumthor et l’église Wotruba à Vienne sont en revanche bien connues.
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Vous jetez un regard professionnel sur cette thématique. Comment décidez-vous en tant que conservateur des monuments si un bâtiment présente une patine?
J’ai mentionné tout à l’heure que l’enthousiasme pour la patine constitue un phénomène moderne. Or, il incarne plutôt un courant opposé, une sorte de compensation pour la perte de surfaces familières, c’està-dire vieillies. À l’époque romantique, à l’origine de la perception moderne, on s’intéressa d’une manière nouvelle aux traces de vieillissement, aux fragments, aux ruines. On ne percevait pas directement ces apparences du sublime (ainsi que du majestueux) comme belles, mais plutôt comme attrayantes et intéressantes.
Lorsque l’industrialisation permit de produire de nouveaux objets et de nouvelles surfaces en grandes quantités, on tenta de compenser la nouveauté, le lisse et la perfection – le thème central du mouvement moderne – à travers le goût «romantique» pour des surfaces et des formes vieillies. Compte tenu de la perte de familiarité perçue, une nouvelle signification fut accordée aux traces de vieillissement. Au MoyenÂge, on était plutôt heureux que quelque chose présente un aspect original, les nouveaux objets étant rares et peu nombreux.
Dans l’un de mes séminaires, je procédais à un exercice avec les étudiants. Ils devaient le lendemain, en quittant leur domicile, compter le nombre de maisons moins anciennes qu’eux-mêmes. Selon le lieu, elles peuvent être relativement nombreuses. En raison de notre énorme production, et abstraction faite des vieilles villes placées sous protection, nous sommes plutôt entourés de bâtiments récents. Avant l’ère moderne, le contraire était la règle. C’est ainsi que, à partir du XIXe siècle, on jeta un œil nouveau sur les bâtiments et les villes vieillissants et on se mit à les apprécier. Le romantisme de la ruine constitue le cas extrême, même si ce que l’on désigne comme des antiquités s’y rattache. En fait également partie ce que nous révèlent les surfaces – un message empli d’esthé-
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Des maisons avec une patine, comme la maison d’habitation d’André Studer, réalisée en 1959 à Gockhausen, ou le dépôt de Ricola à Laufen de Herzog & de Meuron servent aujourd’hui de modèles aux architectes.
tisme. Il nous dit que quelque chose a vieilli et s’est également transformé. En ce sens, l’image du vieilllissement va de pair avec celle du naturel. Les matériaux artificiels sont dans un premier temps neufs et impeccables, et les matériaux modernes vieillissent également de manière moins naturelle. Le terme de patine ne se réfère pas aux êtres vivants, même si l’on trouve également dans ce domaine des sensations analogues. Que l’on pense au portrait de sa mère dû à Dürer. Le fait que la vieillesse puisse également être belle n’est guère en vogue de nos jours – exception faite de ces traces de vieillissement douces, esthétiquement attirantes et généralement inoffensives sur le plan technique, que nous désignons sous le terme de patine.
Quand quelque chose devient-il digne de protection et quand n’est-ce pas le cas?
En tant que conservateur du patrimoine, vous devez constamment vous poser cette question?
Dans ce domaine, la sauvegarde du patrimoine a subi une profonde évolution, de la restauration parfaite, visant au retour à l’original, à la reconnaissance de la valeur de témoin historique selon Georg Dehio et la «valeur d’ancienneté» fondée sur la psychologie cognitive. Cette dernière découle d’une observation aux conséquences importantes, radicalement moderne de l’historien d’art viennois et conservateur général Alois Riegl du début du XXe siècle. Depuis lors, la sauvegarde du patrimoine tente dans la mesure du possible de conserver les vestiges du passé. Sa tâche est de sauvegarder un héritage, non d’en créer un nouveau. Ceci fait que l’on n’apprécie guère dans les milieux
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de la conservation la phrase qu’eux-mêmes avaient utilisée dans les années 1960 et que nous découvrons constamment dans les journaux: «L’hôtel de ville brille dans son éclat d’origine.» Or, il s’agit dans ce cas d’un nouvel éclat, ce qui est exactement le contraire de la patine.
Je ne m’opposerai pas catégoriquement à une telle attitude. Nous connaissons tous des quartiers entiers qui font une triste impression. Ces derniers devront un jour ou l’autre faire l’objet d’une réhabilitation ou d’un rafraîchissement esthétique, dans le but de favoriser leur maintien. Dans ce contexte, la patine est ambivalente et soulève la question du cas limit. Quand dois-je intervenir, et où puis-je affirmer qu’il s’agit de traces de vieillissement belles et précieuses? Dans le cas d’une colonne de Pompéi sur laquelle Napoléon aurait griffonné, personne n’aura l’idée d’effacer ces traces.
En l’occurrence, chacun sait qu’il s’agit d’un témoignage de valeur. Mais lorsqu’il s’agit de bâtiments plus récents, les gens les considèrent comme abîmés et à l’abandon. La patine a le dessous, en partie de manière justifiée. Un univers rempli de vestiges sauvegardés avec peine serait artificiel, muséologique. Pour cette raison, les surfaces patinées paraissent particulièrement attrayantes là où nous les découvrons en tant que touristes ou amateurs d’art. Une maison vieille de trois cents ans dans les montagnes suisses, couverte de mousses nous impressionne. Mais sa propre maison ne devrait pas présenter un aspect aussi vieillot. C’est ce que j’entends par le terme d’ambivalence.
On peut actuellement observer dans le domaine de l’architecture la tendance de la part des architectes à choisir volontairement des matériaux qui acquièrent une patine. Ils ne souhaitent pas une maison constamment neuve. Ceci étant, une façade patinée ne plaît pas à tout le monde, d’où l’ambivalence à ce sujet. La nouvelle orientation en faveur d’un potentiel de vieillissement est également liée au débat sur le développement durable. Il me semble qu’il s’agit d’une réaction esthétique et artistique à l’hypermodernisme, à une architecture qui sort de l’usine et ne tolère aucune trace de vieillissement. Ce fut d’ailleurs déjà une thématique importante de l’avant-garde, il y a de cela plus d’un siècle – et ce mouvement joua un rôle majeur à Vienne. Depuis la transition entre le XIXe et le XXe siècle, on fait preuve d’une opposition marquée aux formes et aux styles historiques considérés comme démodés et dépassés. On opposa à ces formes d’expression de l’ordre et des modes de vie anciens le futur, la nouveauté de manière quasi euphorique. Adolf Loos à Vienne et ultérieurement Le Corbusier à Paris furent des représentants particulièrement disserts et puissants de l’utopie de la nouveauté et de la pureté. Les gens ne devaient plus suspendre des tableaux sur leurs murs, parce que cela menace l’espace, écrivit Le Corbusier et recommanda la paroi pure, blanche en vue d’un nettoyage moderne de faux souvenirs. Nous trouvons ainsi aux racines du mouvement moderne le refus de traces de l’ancien et de toute patine, en tant que réaction esthétique face à la sursaturation de l’historicisme et des ordres anciens auxquels on les associait. Si nous étudions maintenant notre production architecturale actuelle, nous découvrons, du moins dans les réalisations ambitieuses, également des réactions à de telles contraintes extérieures – même si ces dernières sont totalement différentes. Nous n’avons pas constamment besoin de nouveautés, mais bien d’une approche sensible du vaste tissu bâti existant. Dans cette logique, les traces de l’ancien et avant tout le potentiel de vieillissement et l’acceptation de l’apparition de traces de vieillissement sont particulièrement importantes. Dans ce contexte, la patine incarne également la thématique du développement durable.
Thomas Will est architecte et professeur émérite en sauvegarde du patrimoine à la TU de Dresde. Dans la même thématique se situe sa publication «Die Kunst des Bewahrens».
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En cours de transformation
Sur le terrain de l’ancien hôpital Felix Platter situé à l’ouest de Bâle fut créé un nouveau quartier d’habitation mixte. Tout à côté de l’ancienne place du quartier, vis-à-vis de l’ancien bâtiment hospitalier se dresse ce que l’on appelle le pavillon créatif, un bâtiment commercial destiné à accueillir des entreprises actives dans la branche de la créativité. Avec son revêtement de façade gris et grâce à la patine qui s’est développée sur sa surface au cours des années, il s’insère bien dans l’ensemble et assure la transition entre les nouveaux immeubles d’habitation et l’hôpital placé sous protection du patrimoine.
Texte: Anne Isopp, photographies: Niklaus Spoerri, Boris Haberthür
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L’hôpital Felix Platter est le deuxième hôpital de Bâle par sa taille. Il se dresse à l’ouest de la ville, est spécialisé dans le traitement des personnes âgées et occupa longtemps un bâtiment typique des années 1960. Ce qui marque tout particulièrement le bâtiment de grande hauteur conçu par Fritz Rickenbacher et Walter Baumann, c’est sa façade articulée dotée de grilles en béton. Pendant que le nouvel hôpital fut dressé sur une parcelle voisine, on commença à développer les terrains ainsi libérés, en planifiant une démolition de l’ancien hôpital.
Grâce à de nombreuses protestations, le bâtiment existe toujours et fut entre-temps placé sous protection du patrimoine. La parcelle de 36 000 mètres carrés, y compris l’ancien hôpital, fut acquise par la coopérative d’habitations Wohnen und Mehr en droit de superficie, qui développa la zone en collaboration avec d’autres coopératives immobilières. Müller Sigrist et Rapp Architekten transformèrent l’ancien hôpital en logements. Le bâtiment est dorénavant le point de mire du nouveau quartier. A l’ancien et au nouvel hôpital, Enzmann Fischer Partner opposèrent un autre poids lourd au sein de leur projet urbanistique lauréat, un im-
meuble allongé en front de rue de huit niveaux, une typologie courante à Bâle. Cette construction en limite de parcelle fut divisée en éléments indépendants développés par plusieurs bureaux d’architectes, qui durent néanmoins tous assumer une apparence unitaire.
La maison Lena fut conçue en commun par les architectes Maya Scheibler et Sylvain Villard, en collaboration avec Lukas Baumann. Lena est l’abréviation de Lebenswerte Nachbarschaft (voisinage digne d’être vécu). Environ 180 personnes y habitent, toutes intéressées par un mode de vie collectif et respectueux du développement durable. Les logements sont plus petits que d’habitude et dotés d’une surface de cuisine minimale. En échange, tous les habitants bénéficient au rez-de-chaussée d’un dépôt de produits alimentaires, d’une cantine et d’une cuisine collective.
La façade est habillée de plaques de fibres-ciment ondulées rouges. Cette teinte fut une exigence d’Enzmann Fischer. Les architectes firent le choix de plaques ondulées en fibres-ciment du fait qu’ils souhaitaient donner de la profondeur à la façade et obtinrent que les ombres portées soulignent un relief correspondant à leur souhait.
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L’ancien hôpital trône comme une grande dame sur le nouveau quartier bâlois de Westfeld.
Scheibler & Villard et Baumann Lukas Architektur conçurent également deux des trois bâtiments commerciaux pavillonnaires qui bordent la place libre de circulation du quartier. Le bâtiment central accueille le siège principal de Pro Senectute des deux Bâle, une organisation qui offre des services aux personnes âgées et collabore étroitement avec l’hôpital voisin. Le pavillon implanté à l’extrémité de la voie porte le nom de pavillon créatif. Il est implanté directement au bord de la place du quartier, vis-à-vis de l’ancien hôpital, et occupe une position bien particulière dans le cadre des pavillons artisanaux.
Le maître de l’ouvrage souhaitait offrir ainsi des surfaces commerciales avec un prix de location modéré destiné à des entreprises et des jeunes pousses actives dans le secteur de la créativité. Les architectes mirent au point une structure en béton armé qui autorise une grande flexibilité au niveau de l’utilisation et une vie intérieure qui permette aux locataires de créer leur propre aménagement. Une zone
de rencontre de taille généreuse traverse le bâtiment au centre à la manière d’un poumon et encourage les synergies entre locataires, y compris par-delà les diverses branches d’activité.
Les architectes placèrent la distribution principale devant le bâtiment. Sur la façade principale arrière se dresse un escalier hélicoïdal en acier galvanisé, autour duquel circule la vie créative et qui complète parfaitement la façade grise. Seul l’ascenseur est placé à l’intérieur du bâtiment.
Pour la façade, les architectes et le maître d’ouvrage recherchèrent un matériau adapté à la vie intérieure créative. Le choix se porta sur des plaques en fibres-ciment non traitées, qui obtiendront une patine. De cette manière, le pavillon s’intègrera de plus en plus dans l’ensemble au cours du temps et crée une passerelle entre l’ancien et le nouveau. De larges bandeaux de fenêtres périphériques soulignent les niveaux en façade. Le bâtiment présente uniquement une façade aveugle face à la place, le niveau du milieu
étant par ailleurs dépourvu de fenêtres et se limitant à un revêtement en plaques de fibres-ciment.
Toutes les plaques en façade sont inclinées. Dans la zone des plafonds des divers niveaux même un peu plus, tandis que, au-dessus du rez-de-chaussée, elles sont traitées en porteà-faux comme des avant-toits. Pour assurer le montage des plaques furent fabriqués des profilés en acier galvanisé, sur lesquels les plaques de fibres-ciment des diverses inclinaisons sont posées. En raison de l’inclinaison variable des plaques, la patine se développera plus ou moins rapidement. Maya Scheibler précise au sujet de la modification: «Le matériau doit s’intégrer au cours du temps dans le site et rendre lisibles les traces du vieillissement.» Aujourd’hui déjà, les plaques de façade ne présentent pas un gris homogène. Chaque plaque vieillit différemment. De ce fait, le bâtiment bénéfice d’un rayonnement que les architectes et le maître d’ouvrage souhaitaient pour le pavillon créatif.
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Afin que sa destination créative devienne lisible de l’extérieur, les architectes ont habillé le pavillon d’une façade composée de plaques de fibres-ciment dépourvues de traitement de surface.
À l’intérieur se trouve une structure simple, utilisable de manière flexible, que les locataires peuvent aménager eux-mêmes.
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Vertikalschnitt
1:20
Coupe verticale 1:20
1 Plaque de fibres-ciment 12 mm
2 Couche de séparation
3 Canal de drainage, aluminium brut
4 Ventilation arrière, profil T, acier galvanisé
5 Ecoulement de fenêtre, aluminium brut
6 Aggloméré brut
7 Pare-vapeur
8 Isolation thermique, laine minérale
9 Placoplâtre
10 Coupe-vent
Pavillon créatif Westfeld
Situation: Im Westfeld 8 , Bâle /CH
Maître de l’ouvrage: coopérative d’habitation Wohnen und Mehr, Bâle /CH
Architecture: ARGE Baumann Scheibler Villard: Baumann
Lukas Architektur, Basel; Scheibler & Villard, Bâle
Fin des travaux: 2022
Réalisation de la façade: Neba Therma AG, Zofingue /CH
Matériau de façade: Swisspearl Largo, Purio Classic Grey
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12 mm roh feuerverzinkt 7 8 3 4 2 5 6 1 10 1 9 2 3 4 8
Westfeld
Maquette urbanistique avec le projet lauréat de Enzmann Fischer Partner.
Les bâtiments 1–3 sont conçus par ARGE Baumann Scheibler Villard:
1 maison LeNa
2 + 3 pavillons artisanaux
4 ancien hôpital (transformé par Müller Sigrist Architekten en logements)
5 réhabilitation de l’hôpital Felix Platter (Wörner Traxler Richter en collaboration avec Holzer Kobler Architekturen)
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B ä rez-de-chaussée 1:400 1 er étage 2 e étage 1 2 3 4 5
«Nous souhaitons que le bâtiment puisse se modifier »
Pour ARCH, Anne Isopp s’est entretenue avec l’architecte Maya Scheibler de Scheibler & Villard.
Vous avez conçu à Westfeld, le nouveau quartier de Bâle, un immeuble de logements et deux bâtiments commerciaux. Quelle fut la première réalisation?
Nous avons débuté par la réalisation d’un bâtiment d’habitation destiné à la coopérative Lena, Lebenswertes Wohnen. Les pavillons vinrent ultérieurement sous forme d’un mandat de gré à gré. Ils faisaient néanmoins toujours partie du master plan établi par les architectes Enzmann Fischer.
Le bâtiment d’habitation est habillé de plaques ondulées en fibres-ciment de teinte rouge, le pavillon créatif de plaques de fibres-ciment de teinte grise. Pourquoi avez-vous choisi des matériaux différents pour réaliser les façades?
La teinte rouge destinée aux constructions délimitant l’îlot fait partie d’une idée urbanistique plus vaste et fut imposée en tant que contrainte par Enzmann Fischer. Nous avons ensuite testé diverses plaques de fibres-ciment avant de choisir des plaques ondulées. Nous souhaitions que nos façades présentent un relief, une formulation tectonique. Or, les ombres portées engendrées par les ondulations soulignent cette idée.
Les deux pavillons sont en revanche très différents. Dans l’un, le programme était parfaitement clair. Il accueille le siège de Pro Senectute des deux Bâle, une organisation qui offre des prestations aux personnes âgées. Dans l’autre pavillon, le maître de l’ouvrage offre des logements et des surfaces de bureau en location bon marché à des entreprises ou des jeunes
personnes actives dans l’économie créative. Dans ce cas, nous avons développé une structure de bâtiment utilisable de manière flexible, permettant également de procéder à des aménagements par l’occupant. Au centre du bâtiment se situe une zone de rencontre, de telle sorte que des synergies puissent se créer entre les divers occupants.
Le pavillon créatif est situé directement à côté de la place centrale du quartier. Il occupe une position centrale et bénéficie au niveau de son aspect d’un traitement très différent. Comment cela s’est-il produit?
Nous avons recherché pour ce pavillon un rayonnement industriel. Dans ce lieu travaillent des gens issus de l’économie créative. Par ailleurs, il existe également ce vis-à-vis marquant, l’ancien hôpital Felix-
Platter avec sa façade en béton et ses éléments grillagés. Avec notre traitement, la polychromie et le rythme des façades, nous souhaitâmes prendre une position marquée. Il existe des modèles qui nous ont fortement influencés. La menuiserie de Voellmy SA et l’entrepôt Ricola Laufen de Herzog et de Meuron présentent précisément l’expression que nous recherchions pour ce pavillon.
Vous avez choisi des plaques de fibresciment, dépourvues de traitement de surface. Il s’agit d’un matériau qui, au cours des années, recevra une patine. Pourquoi ce choix?
Nous aurions également pu choisir du bois. Ce dernier serait ensuite au cours des années devenu de plus en plus gris. Ceci étant, du bois non traité ne se serait pas
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adapté à l’ancien hôpital, et pas davantage à cet univers minéral. Le fibres-ciment est beaucoup plus proche de ce que nous cherchions.
Comment la surface et l’aspect du pavillon se modifieront-ils au cours des années? Qu’espérez-vous dans ce domaine?
Il n’est pas possible de prévoir les modifications. Le matériau doit au fur et à mesure s’intégrer dans le site et permettre de lire les traces laissées par le temps. Nous souhaitons que le bâtiment puisse se modifier sans cependant se détériorer. Il ne doit pas se péjorer, mais tout simplement pouvoir suivre le temps. Comme nous, les êtres humains.
Maya Scheibler et Sylvain Villard ont fondé en 2012 leur bureau d’architecture en commun. Ils enseignent tous deux dans le cadre de la haute école technique de la Suisse nord-ouest, en tant que professeurs du cours de deuxième année, avec l’accent mis sur la construction de logements. Les bâtiments à Westfeld furent réalisés en collaboration avec Lukas Baumann (à droite).
Lorsqu’on se trouve sur place, on découvre avec quelle facilité les plaques s’insèrent dans le site. Quelle est votre impression?
L’évolution nécessite encore un peu de temps. Je trouve très beau que le changement soit progressif. Je pense que si cela se passait plus rapidement, les gens auraient l’impression qu’il s’agit d’une erreur. Cette modification lente, progressive est exactement ce que nous avons recherché.
Dans quelle mesure de tels matériaux soutiennent-ils votre langage architectural?
Ce qui est propre à ce pavillon, c’est qu’il n’y eut aucune commande définitive, mais
En bas, deux projets de Scheibler & Villard: transformation d’une maison placée sous protection du patrimoine à Bâle et nouvelle construction et transformation d’un foyer accueillant sourds et aveugles à Langnau am Albis.
A droite, deux projets de Baumann Lukas Architektur: réhabilitation du théâtre de Bâle et rénovation d’une maison historique en bois à Andermatt.
que nous avons en collaboration avec le maître de l’ouvrage élaboré une vision commune.
Normalement, le maître de l’ouvrage vient avec un souhait, à moins que nous ayons été lauréats d’un concours avec un programme clair. Le fait que le projet ait pu se développer dans le cadre d’un dialogue représente un défi, mais également quelque chose de très beau.
En ce qui concerne l’expression architectonique, nous nous soumettons au site de manière spécifique et en fonction de l’utilisation prévue. Ainsi, nous avons suivi la même approche que dans d’autres réalisations.
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NON TRAITÉ
Enzmann Fischer Partner
Audacieux et pragmatique
Enzmann Fischer Partner créent à Eschenbach l’extension d’une salle polyvalente des années 1980 par une triple salle de sport. De telle manière que les substances ancienne et nouvelle se fondent au cours des années, les nouvelles façades sont également habillées de plaques de fibres-ciment dépourvues de traitement de surface.
Texte: Martin Tschanz, photographies: Edon Miseri, Philip Heckhausen
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Extension de l’installation sportive d’Eschenbach
Le Dorftreff d’Eschenbach est d’une élégance précaire. La salle polyvalente des années 1980 fait partie d’un groupe de bâtiments publics qui marquent l’entrée du village. S’y ajoutent, outre un bâtiment scolaire et une maison de retraite, un cantonnement réservé aux militaires et un bâtiment occupé par les services de la voirie. De plus, sous la salle existe un centre des sapeurs pompiers, permettant que le parking et la place des fêtes attenante bénéficient d’une utilisation polyvalente. Il s’agit en l’occurrence d’une solution pragmatique, mais également audacieuse. En raison de cette extension, le centre de rencontre du village est largement mis en valeur, en conformité avec son importance en tant que lieu de réunion et de manifestation. Le nouveau bâtiment, qui héberge une triple salle de sport, enveloppe le tissu existant de telle sorte que l’ancien et le nouveau peuvent être utilisés aussi bien en commun que séparément. Les nouvelles halles jouxtent à l’ouest l’existant, de telle sorte qu’une nouvelle strate spatiale relie la salle existante et la galerie réservée aux visiteurs des nouvelles salles de sport.
De même, la halle d’entrée et le foyer qui la surplombe sont attribués aux deux éléments. Cette démarche ouvre de nouvelles possibilités à la vie communale, dans la mesure où les manifestations importantes, telles que Mardi gras ou des foires locales bénéficient d’une offre spatiale généreuse et différenciée. L’ancienne salle, avec son habillage en bois et sa scène de grande taille, constitue une salle des fêtes traditionnelle, tandis que la nouvelle extension, avec sa galerie, sert d’enceinte sportive, mais également de lieu pouvant accueillir des fêtes importantes. Il est évident que, au quotidien, le sport scolaire et les associations occupent l’ensemble des locaux, tandis que l’armée continue à utiliser la vaste cuisine lorsque les cantonnements sont occupés.
Le nouveau corps de bâtiment reprend la thématique des toitures des anciens volumes et la réinterprète. Des éléments de toiture faiblement inclinés posés sur des porteurs en béton robustes rythment la halle et confèrent au bâtiment une expression typée qui lui est propre. De même, la matérialisation des façades reprend celle des bâtiments existants. Des plaques de fibres-ciment grises sans traitement de sur-
face et du béton brut de décoffrage sont complétés et enrichis par des travaux de ferblanterie et des panneaux de ventilation en aluminium brut. Ainsi, un éclat argenté contraste avec le gris mat des matériaux à base de ciment, dont les surfaces rugueuses s’associent aux traces de vieillissement. Notamment en cours d’intempéries, il est d’ores et déjà possible de deviner de quelle manière les parties nouvellement créées se marieront à l’existant. Son revêtement composé d’écailles de fibres-ciment de teinte grise naturelle a acquis au cours des années, principalement sur la face nord, une patine foncée, vivante, qui s’intègre parfaitement au caractère spécifique de son environnement rural.
Martin Tschanz
Situation: Rapperswilerstrasse 18 , Eschenbach /CH
Maître de l’ouvrage: commune d’Eschenbach Architecture: Enzmann Fischer Partner AG, Zurich /CH
Fin des travaux: 2022
Réalisation de la façade: Hüppi Dachbau AG, Goldingen /CH
Matériau de façade: Swisspearl Largo, gris naturel, face arrière à l’avant, avec une homologation spécifique
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L’installation existante bénéficie d’une extension composée d’une triple salle de sport. Cette dernière complète le bâtiment existant, de telle sorte que les parties anciennes et nouvelles peuvent être utilisées séparément, mais également en commun.
rez-de-chaussée 1:1000
1 er étage
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L’ensemble résidentiel de quatre niveaux à Dübendorf est caractérisé par sa teinte grise mate, rouge rouille, qui présente un contraste heureux avec le vert du jardin.
rez-de-chaussée 1:1000
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Adrian Streich Architekten
Ensemble de logements Alte Gfennstrasse
Dübendorf, une ville qui compte actuellement plus de 30 000 habitantes et habitants, est située huit kilomètres à l’est du centre urbain de Zurich et bénéficie depuis longtemps de la proximité de la métropole. Dans la mesure où Dübendorf borde directement Zurich et est desservie en quelques minutes par le train de banlieue, le site bénéficie d’une augmentation constante de sa population. À proximité de la gare de Stettbach, située en limite de la ville, des tours poussent en hauteur, raison pour laquelle Dübendorf porte souvent le sobriquet de «Dubaï». La pression urbanistique se révèle également plus à l’est, là où le fleuve de Glatt au cours modeste coule sur le territoire communal. Sur ses berges se dressent des volumes relativement réduits, tandis que le long de l’ancienne route de Gfenn se déroulant un peu plus haut, des volumes de très grande échelle témoignent de la densification en cours. L’exemple le plus récent de cette évolution est le projet que l’architecte zurichois Adrian Streich a réalisé entre 2017 et 2022 pour le compte de la caisse de pension de Swiss Re. Parallèlement à la route de Clariden bifurquant à partir de l’ancienne route de Gfenn se dresse dorénavant un ensemble compact, qui s’affiche en tant que barre de quatre niveaux et attiques et se structure en trois bâtiments. Dans la
mesure où la route présente une pente légère en direction du sud, les bâtiments sont échelonnés entre eux. En raison de l’orientation par rapport à la route et un garage souterrain situé au deuxième sous-sol, il fut possible de libérer le restant de la parcelle de toute construction et sous-sol, de telle sorte que des arbres profondément enracinés peuvent s’y développer.
Les immeubles de traitement identique furent organisés aux étages courants par une distribution en quatre logements.
Les logements latéraux occupent toute la profondeur du volume, ceux du centre étant orientés sur les jardins, là où des saillies articulent la façade arrière. Les deux logements situés en attique possèdent des terrasses en lieu et place de balcons. Des plaques de fibres-ciment brutes d’une hauteur d’étage, relativement étroites et inversées, c’est-à-dire montées avec la face arrière visible, présentant une surface rugueuse, ponctuent l’ensemble des façades et tous les étages. La teinte grise fut retenue en tant que contraste neutre au rouge rouille des profilés métalliques et des gardecorps, ainsi que du vert du jardin dorénavant végétalisé. Sur la surface rugueuse se formera avec le temps une patine. Préalablement au choix des matériaux, le bureau d’architecture visita les bâtiments en fibres-ciment de Max Graf (école du village Pestalozzi de Trogen), Eduard Neuenschwander, ainsi que Haefeli, Moser, Steiger. La belle manière dont le matériau a vieilli sur ces bâtiments de la fin des années 1950 l’avait convaincu et conduit dans ce cas à l’emploi de plaques de fibres-ciment brutes, non traitées, explique Adrian Streich.
Hubertus Adam
Situation: Alte Gfennstrasse, Claridenstrasse 30 – 34, Dübendorf
Maître de l’ouvrage: Caisse de pension Swiss RE , Zurich
Architecture: Adrian Streich Architekten AG, Zurich
Architecture paysagère: Schmid Landschaftsarchitekten GmbH, Zurich
Fin des travaux: 2022
Réalisation de la façade: Spleiss AG, Küsnacht
Matériau de façade: Swisspearl Largo, gris naturel, face arrière retournée, avec une homologation spécifique
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Esposito + Javet architectes associés
Corps médiateur étrangement familier
L’extension du site scolaire de Béthusy à Lausanne éveille l’impression d’un corps étranger sous son air familier. Derrière la façade minérale se dissimule une structure en bois occupée par des salles de classe lumineuses et confortables.
Texte: Marion Elmer, photographies: Anne-Laure Lechat, Esposito + Javet architectes associés
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2 e étage
rez-de-chaussée 1:500
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Extension du site scolaire de Béthusy Une passerelle courant entre des pins majestueux permet aux enfants et aux adolescents de rejoindre leur salle de classe logée dans le nouveau bâtiment doté d’une structure en bois. Ce dernier complète le vaste site scolaire de Béthusy au nord de Lausanne. La réalisation du bâtiment de cinq niveaux fut assurée à quatre-vingts pour cent en bois d’origine suisse. Or cette expression intérieure est à peine perceptible de l’extérieur.
Avec leur façade en fibres-ciment ondulé, Esposito + Javet souhaitaient retracer le caractère minéral et le relief des bâtiments existants en pierre et en béton. Ainsi, le nouveau bâtiment du site scolaire paraît à la fois étranger et familier. Afin de rendre la texture du matériau plus visible et de permettre un vieillissement naturel, les architectes mirent en œuvre les plaques de fibres-ciment sans traitement de surface, de telle sorte que les plaques sont plus ou moins foncées. Seuls les panneaux présentant des taches d’efflorescence importantes furent nettoyés avant le montage. Des grilles métalliques de teinte bronze placées devant les ouvertures de ventilation et des stores à lamelles confèrent à la façade un air empreint de noblesse. Le nouveau bâtiment ne cherche pas uniquement à afficher sa proximité avec le tissu ancien, mais assure également une médiation entre les divers niveaux du complexe. Par un escalier extérieur situé à proximité de la passerelle ou à partir de l’intérieur, les élèves rejoignent la cour de récréation implantée en contrebas, ombragée par des tilleuls de grande taille, et la place de sport qui la jouxte. À l’intérieur du bâtiment en bois règne une atmosphère légère, aérienne. Grâce à un
plan en ailes de moulin, le couloir devant chacune des seize salles de classe s’élargit en un hall inondé de lumière et accueillant, dans lequel les vestiaires sont intégrés discrètement dans les parois. Derrière le revêtement en bois clair se dissimule la structure proprement dite. Composée de parois porteuses en lamellé-collé massif d’une épaisseur de vingt centimètres, elle porte, en association avec le noyau central en béton, les dalles préfabriquées mixtes bois-béton. La distribution intérieure et les locaux sanitaires sont placés dans le noyau en béton. Les salles de classe sont éclairées par la lumière naturelle provenant de deux, voire trois directions. La circulation de l’air frais est assurée par le volet d’aération fixe muni de perforations. Au quatrième niveau, une terrasse sert d’espace d’enseignement extérieur destiné à des projets de recherche. À partir de là, la vue s’ouvre sur le groupe scolaire et le lac Léman.
La manière dont les écolières et les écoliers se déplacent dans les couloirs et les escaliers du nouveau bâtiment scolaire résonne dans la rhétorique fleurie d’Elise Gagnebinde Bons. Ces derniers remplissent et «inspirent» les espaces comme le fait l’oxygène dans les poumons lorsqu’ils pénètrent dans le bâtiment: «INSPIRE», «TON AIR», puis «EXPIRE», «MON AIR», lorsqu’ils quittent le bâtiment. Marion Elmer
Situation: Avenue de Béthusy, 7, Lausanne /CH Maître de l’ouvrage: ville de Lausanne
Architecture: Esposito + Javet architectes associés, Lausanne
Fin des travaux: 2021 (concours 2018 )
Réalisation de la façade: Atelier Volet SA , St-Légier /CH
Matériau de façade: Ondapress- 36 , gris naturel; Swisspearl Largo, gris naturel, homologation spécifique
33 NON TRAITÉ
Du fait de son enveloppe en Eternit ondulé, l’extension se détache des constructions existantes en pierre et en béton du site scolaire.
1 er étage
rez-de-chaussée 1:400
La beauté d’un lieu qui s’est développé au cours des années est fragile. Bernardo Bader insère habilement une nouvelle maison en bois dotée d’un toit à deux pans habillé d’ardoises de toitures en fibres-ciment noir en lieu et place de l’objet existant. Aujourd’hui, il semble que le bâtiment soit là depuis toujours.
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bernardo bader architekten
Maison individuelle à Bizau
Le cours de la Bizau serpente au sein du quartier d’Unterdorf à Bizau et longe la route principale. En raison du cours d’eau, il n’est guère urbanisé dans sa partie nord, tandis qu’au sud, les maisons accompagnent librement la route menant au quartier d’Unterdorf. Elles se conforment aux matériaux traditionnels et à l’échelle du village. Il s’agit d’une architecture rurale utilitaire, de maisons d’une grande simplicité, de dépendances et de remises en bois, presque toutes dotées de toits à deux pans, marqués par les intempéries, qui assure leur aspect unitaire. À l’arrière s’étendent les champs, tandis que les maisons créent des groupes de taille réduite le long de voies de desserte secondaires. Nombre d’anciens bâtiments agricoles ne sont plus exploités et le domaine rural jouxtant l’atelier de menuiserie le long de la route principale est fermé depuis plusieurs décennies. Ce dernier présentait un aspect typique de la forêt de Bregenz, avec son plan rectangulaire, avec à l’est la maison, à l’ouest l’écurie, séparés par un passage ouvert à usage de grange, le tout couvert d’une toiture à deux pans.
Le bâtiment appartenait au père du maître de l’ouvrage. Cette dernière souhaitait le transformer, mais dut admettre que rien ne pouvait être sauvé. Dès lors, Bernardo Bader conçut au même endroit une nouvelle construction avec la même distribution. L’architecte reprit la volumétrie générale en la réinterprétant. Là où se trouvait autrefois l’écurie est aujourd’hui situé le garage, tandis que le passage ouvert occupé par la grange constitue dorénavant un espace libre couvert en lien étroit avec la maison et le paysage. Le bâtiment réalisé en bois est habillé d’un revêtement de lattes de pin verticales brutes de sciage, qui fonce au cours des années. La toiture présente un léger débordement destiné à protéger le bois, tandis que ses ardoises de toiture grises en fibres-ciment vieillissent bien et s’harmonisent avec les autres toitures couvertes de tavaillons de teinte argentée. Ainsi, la maison s’intègre parfaitement dans le site. Depuis la route, on pourrait percevoir la façade continue aveugle comme un défi. En réalité, un simple rail en laiton guide la porte coulissante qui permet d’ouvrir
et de fermer la grange. Comme autrefois, cet espace ensoleillé ouvre la vue sur les champs et le Kanisfluh. Il est transformé en lieu d’accès, de dépôt, de repos et de passage. Grâce à la porte de grange coulissante, cet espace permet de passer d’un espace privatif à un lieu en plein air protégé et à un passage semi-public.
La partie réservée à l’habitation au rez-dechaussée est regroupée sur une surface carrée de neuf par neuf mètres. Ce choix permet la création de la terrasse couverte donnant sur le jardin, qui agrandit l’ancienne grange en équerre, un dispositif engendrant de nouvelles qualités spatiales. Sur l’élévation sud, la toiture à deux pans présente un aspect contemporain, avec la création de deux balcons dans la partie supérieure occupée par les chambres, un dispositif qui n’est pas visible depuis la route principale.
Isabella Marboe
Situation: Unterdorf, Bizau /AT
Architecture: bernardo bader architekten
Maître de l’ouvrage: privé
Fin des travaux: 2018
Réalisation de la façade: Peter Dachdecker, Schwarzenberg
Matériau de toiture: ardoises de toiture pose double 40 × 40 de couleur noire
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«Il
s’agit d’une question d’attitude qu’une maison puisse se modifier au cours du temps.»
Dans la vallée du Rhin saint-galloise, EMI Architekten*innen de Zurich ont réalisé il y a de cela à peine vingt ans une maison destinée à un jardinier. Il s’agit d’un bâtiment d’un seul niveau, doté d’une toiture à deux pans faiblement inclinée et d’une façade composée de plaques de fibres-ciment dépourvues d'un traitement de surface. Le maître de l’ouvrage était enchanté par le fait que sa façade vieillisse naturellement et acquière ainsi une patine.
Au cours du débat, Ron Edelaar de EMI Architekt*innen explique les raisons pour lesquelles le bâtiment a anticipé de nombreux questionnements qui sont toujours d’actualité, et pourquoi ils se sont à l’époque résolus à mettre en œuvre des plaques de fibres-ciment non traitées.
La maison du jardinier est-elle la première réalisation de votre bureau? Oui, ce fut notre première maison. Lorsque, en tant que jeune architecte, l’on a l’occasion de réaliser pour la première fois une maison, cela incarne quelque chose d’exceptionnel. Ceci étant, il n’est pas possible de concrétiser la totalité de ses ambitions et de ses rêves dans la première maison. Je suis convaincu que bien des choses se sont condensées dans cette réalisation, qui nous préoccupent toujours, même si ce n’est que de manière intuitive. Le maître d’ouvrage était un jardinier et sa conjointe. Leur souhait était de réunir leur jeune jardinerie et un logement familial sur une parcelle de taille réduite. À côté de la parcelle bâtie se dresse la maison du grand-père, une habitation de taille importante dotée d’un revêtement en tavillons et un toit à bâtière imposant. Très tôt, nous étions convaincus que la nouvelle construction devait se soumettre à l’existant et être moins élevée. Dans la mesure où
il héberge une fonction hybride, à la fois jardinerie et habitation, il devint évident pour nous que le nouveau bâtiment devait permettre plusieurs configurations spatiales. Ce dernier devait bien entendu être cerné par un jardin, voire faire partie de ce dernier. De manière à rendre les deux démarches possibles, il fut évident qu’un revêtement de façade capable de vieillissement s’imposait. En lien avec un budget extrêmement limité, un revêtement de façade en plaques de fibres-ciment, se prêtant au vieillissement, s’imposa rapidement. À l’époque, une plaque de soustoiture répondit à ce souhait.
Quelles sont les thématiques que recèle la maison et quelles sont celles qui vous préoccupent toujours? La thématique majeure qui nous préoccupe actuellement tous est celle du développement durable. En l’occurrence, il ne s’agit pas uniquement d’écologie, mais également de questions économiques et sociales. En 2006, lorsque nous avons réalisé le projet de la maison, il ne s’agissait pas encore d’une thématique d’actualité. Nous avons néanmoins constaté que l’économie et l’écologie peuvent être très proches l’une de l’autre. À l’époque, la pression des coûts était élevée. Nous avons pris cette contrainte comme une chance d’emprunter
de nouvelles voies avec peu d’argent et une grande confiance de la part du maître d’ouvrage. Un aspect sur le plan économique est celui de la minimisation des matériaux. Moins de matériaux se traduisent par une réduction des coûts d’investissement. Il n’existe aucun sous-sol et il s’agit d’une maison apte à accueillir des changements d’affectation et des modifications. Nombre d’éléments de construction sont vissés ou chevillés. Les divers éléments peuvent être facilement démontés et échangés.
Pourquoi la maison est-elle revêtue en partie de fibres-ciment et en partie de plaques d’aggloméré?
Une partie de la jardinerie n’est pas chauffée et dépourvue d’isolation. Cette zone est revêtue de bois à l’extérieur. La façade ventilée par l’arrière est en revanche composée de fibres-ciment.
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Ron Edelaar fonda en 2004, en commun avec Elli Mosayebi et Christian Inderbitzin, EMI Architekt*innen.
Comment la façade a-t-elle évolué?
Certaines parties ont-elles été échangées?
Je me suis rendu la dernière fois sur place il y a de cela quatre ou cinq années. Les plaques de fibres-ciment étaient à l’époque déjà devenues un peu plus claires et s’étaient patinées. La façade en contreplaqué remplit toujours son rôle, même si –comme prévu – les tranches des plaques ont subi des gonflements. Il s’agit en fin de compte d’une question d’entretien, de prospérité économique lorsque certains éléments sont remplacés. Si l’on estime que les choses doivent constamment donner l’impression neuves, il faut investir l’argent nécessaire à l’entretien. En fin de compte, une telle démarche n’est guère écologique.
La question de décider si la maison, dans vingt ans, doit encore paraître neuve ou si on lui permet de vieillir concerne également la façade en fibres-ciment. Vous avez choisi en l’occurrence des plaques sans traitement extérieur et qui acquièrent par conséquent une patine. Il s’agit en l’occurrence d’une décision consciente. De telles propositions émanent en règle générale de l’architecte. Par conséquent, nous devons également informer le maître de l’ouvrage des conséquences de certaines décisions. Je suis convaincu que la façade en fibres-ciment sera encore là dans cinquante ans, sous réserve que le traitement de la maison par les propriétaires ne se modifie pas.
Quel rôle le processus de vieillissement joue-t-il à vos yeux?
Cela dépend de la manière dont a été conçue la maison. Ce bâtiment permet de rendre visible le passage du temps, peut se modifier en raison des influences extérieures telles que les intempéries et son utilisation. Il peut en outre être constamment modifié par son propriétaire. Une maison, dès qu’elle est achevée, est exposée aux forces de la nature et à celles de son usage. Elle subit une usure permanente. Et l’on doit décider si l’on perçoit cela comme une vision positive ou non.
Interview: Anne Isopp
La maison (édifiée en 2007) se dresse à Hinterforst, dans la vallée du Rhin saint-galloise. La façade en panneaux de contreplaqué et les plaques de la sous-toiture en fibres-ciment ont bien vieilli, comme l’indique son aspect actuel.
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KNOW-HOW – Swisspearl n’offre pas uniquement des plaques de fibres-ciment, mais également des installations photovoltaïques. Afin de pouvoir offrir ces dernières avec la plus grande performance par surface, la totalité de l’assortiment solaire est déplacée sur l’une des technologies de cellule la plus performante. À l’avenir, les panneaux solaires pourront également être colorés.
L’objectif est clair. Les panneaux solaires doivent présenter la performance la plus élevée possible, tout en répondant aux exigences conceptuelles les plus élevées. Pour cette raison, l’on travaille chez Swisspearl à deux nouveautés: des panneaux solaires de couleur différents et l’intégration des technologies solaires les plus à la pointe. Depuis plus de dix ans, la firme offre des panneaux solaires. À l’origine, il s’agissait uniquement d’éléments photovoltaïques montés sur des supports fixés sur le toit, désignés comme panneaux rapportés. Ce type de montage représente toujours environ 95 pourcent de l’ensemble du marché solaire. Swisspearl en revanche n’offre aujourd’hui plus que des panneaux solaires qui peuvent être intégrés dans le même plan que le revêtement de toiture ou de façade, désignés en tant que panneaux intégrés.
À partir de maintenant, Swisspearl dote tous les panneaux solaires de l’une des technologies de cellules les plus modernes, la technologie TOPCon. L’acronyme TOPCon désigne le Tunnel Oxide Passivated Contact. Ces cellules solaires en silicium d’une efficacité élevée sont d’ores et déjà utilisées dans le cadre de modules rapportés, mais pas encore pour des modules intégrés, dans la mesure
où il s’agit d’une technologie très délicate. « Les cellules TOPCon réagissent avec une grande sensibilité à la vapeur d’eau », nous explique Ammar Naji, gestionnaire de produits dans le département solaire de Swisspearl. « Ceci peut entraîner des délaminations, raison pour laquelle il est nécessaire de bien encapsuler les cellules. Chez nous, cela est réalisé à l’aide de modules standards verre-verre très stables. » En comparaison avec les technologies utilisées jusqu’à maintenant, la technologie PERC augmente sa performance avec l’apport de la technologie TOPCon de 18,5 à 20,15 pour cent. Les cellules solaires sont dorénavant protégées entre deux plaques de verre d’une épaisseur de 3,2 millimètres. Actuellement, ces dernières ne peuvent encore être obtenues que sous forme de verres solaires standard ou satinés. Dans le futur, l’on souhaite également fournir ces panneaux solaires en couleur. Ce développement se situe encore en phase de test, même si l’on peut dès aujourd’hui constater sur les terrains de l’usine Swisspearl à Niederurnen la plus-value qu’apporte la couleur pour la conception. En automne 2023 fut ouverte une nouvelle halle de fabrication de 8000 mètres carrés, dont la toiture et une partie de la façade est
Les panneaux solaires peuvent être complétés soit par des plaques de fibres-ciment de même teinte (en bordure de toiture) ou par des modules aveugles.
FAÇADE SOLAIRE PERMETTANT
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PERMETTANT UNE LIBERTÉ CONCEPTUELLE
occupée par des modules photovoltaïques. L’attention devrait être prêtée avant tout à la façade allongée, avec son double pignon. Si le revêtement de la façade vert mat constitue de loin une image homogène de l’élévation, on devine de près la fine trame des modules solaires derrière les plaques de verre teintées en vert. Ce n’est que lors d’un second regard que l’on découvre que les modules solaires, dans la zone du pignon et des embrasures des portes, furent combinés à des plaques de fibres-ciment traitées dans la même teinte verte. A la fin de la phase pilote, ces modules solaires colorés ne devraient pas exister qu’en vert, mais également dans d’autres teintes standards.
Anne Isopp
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DESIGN – Le designer zurichois Sébastien El Idrissi a conçu un parterre surélevé empilable. Le socle et les éléments empilables sont réalisés en fibres-ciment dépourvu de tout traitement de surface. Le matériau – comme les plantes – évolue avec le temps et en fonction des intempéries son aspect et s’insère dès lors parfaitement dans un environnement urbain.
UN MONTICULE DE TERRE
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Par définition, un parterre surélevé se présente comme une plate-bande posée en hauteur. Certains créent un parterre surélevé afin de ne plus avoir à se baisser, d’autres parce qu’ils y découvrent la seule possibilité de créer un jardin de taille réduite dans un espace urbain. «Il existe un besoin marqué de planter des choses en ville», affirme le designer industriel Sébastien El Idrissi. Afin que les plantes prospèrent, elles ont besoin d’un volume de terre important. Les parterres surélevés qu’El Idrissi a découvert en ville étaient pour la plupart composés de caisses réalisées en plaques de bois ou en tôle zinguée. Tous remplissent leur fonction. El Idrissi qui, dans tous ses travaux accorde de la valeur à des concepts mûris, une conception cohérente, une approche durable et une grande efficience souhaitait concevoir un parterre surélevé pour Swisspearl qui soit plus élégant et durable, tout en se prêtant à devenir une composante intégrée à l’architecture urbaine.
Il développa le système empilable Stack (« to stack » signifiant en anglais« empiler»), qui se compose d’une forme en plan rectangulaire ou carrée dotée d’un écoulement et de rebords de taille variée. Ces éléments peuvent être empilés. Tous les éléments présentent une hauteur de 30 centimètres, une largeur de 76 centimètres et une longueur variable. Le fait de pouvoir empiler des éléments de taille variable permet avec une grande simplicité de combiner des plantes de hauteur variable, autorisant de nombreuses variations au niveau des plantations. Le parterre surélevé peut être posé directement soit sur le sol, soit sur un socle ou encore des roulettes.
Devant l’entrée de l’atelier zurichois du designer industriel se dresse un prototype.« Je me plais à découvrir de
quelle manière le fibres-ciment se modifie en fonction du temps», assure Sébastien El Idrissi. Après plusieurs jours de pluie, le bac devient très sombre. Et comme il est si profond, l’œil découvre de quelle manière la terre et le cadre sèchent progressivement de haut en bas. Avec le temps, une patine ajoutera encore son effet, de telle sorte que les parterres surélevés s’intégreront encore davantage dans leur cadre urbain. »
Au sein de l’atelier de moulage de Swisspearl, le parterre surélevé fut d’ores et déjà réalisé en faibles quantités. Même s’il ne s’agit encore que de prototypes, le produit fut récompensé par l’attribution du Good Design Award et nominé par deux autres prix de design.
Anne Isopp
Sébastien El Idrissi Studio: www.seis.studio
Avec ce système constructif empilable composé de formes en plan rectangulaires et carrées, chacune et chacun peut composer son parterre surélevé de manière individuelle.
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AU DÉPART – Vidic Grohar Arhitekti est un jeune bureau d’architecture de Slovénie, qui s’occupe avant tout de la transformation d’anciens bâtiments industriels, un programme qui n’a gagné en importance en Slovénie qu’au cours de la dernière décennie. Anja Vidic et Jure Grohar sont convaincus que de la bonne architecture peut également être créée avec des moyens réduits.
Parmi vos réalisations figurent de nombreuses réhabilitations et adaptations de bâtiments industriels. Comment cela est-il arrivé?
Le hasard a joué son rôle. Notre premier projet fut un restaurant qu’un client souhaitait installer dans une halle faisant partie de l’ancienne zone industrielle de Litostroj. Quoiqu’à l’époque cette zone était à l’abandon et n’offrait aucune utilisation publique –raison pour laquelle nombreux furent ceux qui mirent en doute le projet d’y ouvrir un établissement –, le local connut le succès. Il devint le catalyseur du développement ultérieur de la zone industrielle. Peu à peu, nous entrâmes en contact avec d’autres utilisateurs qui avaient besoin de surfaces pour leur activité, de telle sorte que de nouveaux projets virent le jour.
Quels aspects du patrimoine industriel mettriez-vous en exergue?
Les architectes peuvent s’attaquer à la problématique de la transformation de bâtiments industriels d’une manière décontractée, radicale, dans la mesure où il ne s’agit en général pas de bâtiments fortement protégés. Les halles industrielles sont en règle générale sans prétention sur le plan constructif et conceptuel, tout en présentant un caractère spécifique et de nombreuses qualités spatiales. La taille et l’universalité du caractère des espaces permettent des solutions architectoniques peu conventionnelles, ainsi qu’une grande flexibilité programmatique.
Quels sont les défis majeurs lors de la réhabilitation de tels bâtiments industriels, tant sur le plan architectonique que technique?
La générosité spatiale incarne une caractéristique exceptionnelle, mais également un défi. Les dimensions importantes des halles industrielles se traduisent par des coûts élevés.
Afin d’optimiser la consommation énergétique, nous créons souvent des zones chauffées individuellement. La répétition d’éléments identiques réduit également les coûts. Dans le cas d’une surface si importante, seuls un certain nombre d’éléments visibles doivent être traités de manière spécifique, tandis que nous recherchons des solutions standards pour les autres. Ceci confère à
l’espace son caractère propre et permet en même temps de réaliser le projet dans le cadre du budget.
Quel rôle le changement d’affectation du patrimoine industriel joue-t-il dans le cadre d’une évolution urbaine respectueuse du développement durable?
Les bâtiments industriels sont en règle générale situés à proximité des centres urbains et incarnent un périmètre du développement urbain et de sa densification. Pour cette raison, la réflexion sur la manière dont les zones industrielles peuvent être revitalisées et intégrées tant sur le plan du programme que des infrastructures dans le tissu urbain est d’une grande importance. À Ljubljana, une révision du plan d’aménagement serait nécessaire. En effet, le plan en vigueur ne prévoit aucun programme de logements dans les zones industrielles, comme c’est couramment le cas à l’étranger.
L’un de vos projets est celui de la Halle L56 dans la zone industrielle Litostroj à Ljubljana. Qu’en est-il du concept et du choix des matériaux?
Le projet fut réalisé durant l’épidémie du Covid-19. Dans la mesure où il fut difficile de coordonner les détails et de surveiller le chantier, nous avons conçu la rénovation d’une manière très rationnelle et avec une grande simplicité. En tant que matériau de construction principal, nous avons mis en œuvre de simples corps creux qui,
contrairement au béton, permettent des corrections ultérieures et assurent une pose rapide. En tant que finition, nous avons peint les corps creux avec une fine couche de peinture argentée, afin de conférer au traitement intérieur par ailleurs laissé brut une certaine finesse ou un soupçon de raffinement. La flexibilité programmatique joua également un rôle décisif dans la conception de la Halle 56. Dans quelques mois, le théâtre national slovène utilisera cette halle en tant que refuge temporaire durant la réhabilitation du théâtre situé au centre de Ljubljana. À cet effet, nous avons dû traiter de manière analogue les salles de théâtre, les bureaux, le foyer ainsi que d’autres espaces. Il en résulta un mélange d’interventions temporaires et permanentes.
Quelles découvertes avez-vous faites grâce à votre activité dans le domaine des bâtiments industriels?
Une bonne architecture peut être élaborée même avec des moyens minimaux, respectivement indépendamment des moyens à disposition. Souvent, les conditions les plus difficiles permettent de trouver les solutions les plus créatives.
L’entretien fut mené par Eva Gusel, créatrice et critique d’architecture à Ljubljana.
www.vidicgrohar.com
furent anoblis par la pose d’une teinte argentée.
42 ARCH 2024
En vue de réaliser les nouvelles installations dans la halle polyvalente L56, Vidiv Grohar firent appel à des corps creux qui
VIDIC GROHAR ARHITEKTI
Anja Vidic et Jure Grohar fondèrent leur bureau d’architecture en 2017 à Ljubljana. Ils firent leurs études en commun à la faculté d’architecture de Ljubljana. Dans le cadre de leur travail pédagogique, ils développèrent leur propre démarche en matière de projet architectural. Dans la mesure où ils se confrontent de manière critique à des phénomènes de société modernes, ils les incluent dans le projet d’architecture.
Chères lectrices et chers lecteurs, ARCH représente pour nous plus qu’une revue spécialisée présentant la mise en œuvre de fibres-ciment. En elle se reflètent notre intérêt et un immense enthousiasme en faveur d’une architecture de qualité.
Au cours des nombreuses décennies de publication, cette revue d’entreprise, sa présentation et le choix des thématiques ne sont pas seuls à avoir évolué, alors que notre firme le fait constamment.
Comme vous ne l’ignorez certainement pas, Swisspearl est entre-temps devenu le deuxième plus important fabricant de fibres-ciment d’Europe et dorénavant pas uniquement en Suisse, Autriche et Slovénie. Nous possédons des usines et des structures de vente dans seize pays européens et de nombreuses représentations dans le monde entier. Pour cette raison, la revue ARCH ne paraîtra plus uniquement en allemand et en français, mais également dans une version anglaise. De cette manière, nous pourrons assurer une contribution à la culture du bâti dans l’ensemble des pays où notre groupe exerce son activité. ARCH a également pour objectif de nous permettre de bénéficier d’une formation continue en matière de culture du bâti.
La thématique de cette édition est l’absence de traitement de surface. L’intérêt pour les plaques de fibresciment non traitées, qui acquièrent au cours des années une patine est actuellement marqué. Il exprime un développement actuel en faveur de l’expressivité, qui nous préoccupe également intensément en tant que firme. Il s’agit en l’occurrence de la thématique du développement durable. Nous avons réussi une étape importante dans cette direction. Au cours des prochains mois, nous allons modifier le mode de production dans toutes les usines Swisspearl en faveur d’une nouvelle manière de mélanger le ciment, plus respectueuse du développement durable. Par ailleurs, nous réalisons une importante installation solaire sur notre site de Niederurnen, avec laquelle nous pourrons produire environ cinquante pour cent de nos besoins en énergie. Nous prenons la thématique du développement durable très au sérieux et tentons constamment de prendre d’autres mesures destinées à contrer le changement climatique.
Je suis d’autant plus heureux de pouvoir vous présenter le nouvel ARCH, dans lequel la thématique du développement durable joue un rôle important.
Je vous souhaite une lecture qui vous inspire. Marco Wenger, CEO Swisspearl Group
ARCH. Architecture à base de fibres-ciment
Commandes/changements d’adresse arch@ch.swisspearl.com
ISSN 2673-8961 (allemand)
ISSN 2673-8988 (français)
ISSN 2813-9518 (anglais)
Editeur
Swisspearl Group AG, Niederurnen www.swisspearl-group.com
Conseillers
Martin Tschanz, enseignant ZHAW
Gabriele Kaiser, journaliste d’architecture
Hans-Jörg Kasper, Swisspearl Group SA
Marco Pappi, Swisspearl Suisse SA
Direction du projet: Gabriella Gianoli, Berne
Rédaction: Anne Isopp, Vienne
Révision et production: Marion Elmer, Zurich
Traduction: Jean-Pierre Lewerer, Genève
Relecture des textes: Carine Dell’Antonio, Zurich
Conception graphique: Schön & Berger, Zurich
Graphisme des plans: Deck 4, Zurich
Impression: Galledia, Flawil
Illustrations
SU Niklaus Spoerri
pp. 1, 12–16, 17 en haut, 22–23 Niklaus Spoerri
p. 2 en haut à g., à dr., AA Nanotourism Archive
p. 2 en bas à g., Paul Sebesta
p. 3 dekleva gregorič architects
p. 4 Cabinet de gravure en cuivre, Akademie der bildenden Künste, Vienne
p. 5 Gregor Graf
p. 6 Keystone/STR
p. 7 Keystone/Gaëtan Bally
p. 8 Tom Cornille
p. 9 en haut à g., Georg Aerni, Essertes, 2019 p. 9 en bas à g., alamy
p. 9 re. Johannes Stoll/Belvedere, Vienne p. 10 Jürg Zimmermann Fotografie
p. 11 Architekturzentrum Wien, collection, photo: Margherita Spiluttini
pp. 17. en bas, 18, 21 à dr., Boris Haberthür p. 19 Yves Kubli
p. 20 Scheibler & Villard, Baumann Lukas Architektur
p. 21 en haut à g. Weisswert.ch
p. 21 en bas à g., Rasmus Norlander p. 24, 26 Edon Miseri
p. 25, 27 Philip Heckhausen p. 28–29 Roland Bernath pp. 30, 31, 33 Anne-Laure Lechat p. 32 Esposito + Javet architectes associés pp. 34–35 David Schreyer p. 36 Anne Morgenstern pp. 37–39 Samuel Trümpy pp. 40–41 Sébastien El Idrissi Studio p. 42 Anja Vidic p. 43 Larry Williams
U4 Franz Hubmann/Archive privée Hollein
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IMPRESSUM
ÉPILOGUE
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Swisspearl Schweiz AG Niederurnen
Téléphone: +41 55 617 1111 Mail: info@ch.swisspearl.com
Swisspearl Österreich GmbH Vöcklabruck
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Voyage temporel dans une canalisation en fibres-ciment Il y a de cela exactement dix ans, en 2014, qu’est décédé Hans Hollein. Avec sa vision élargie de l’architecture, l’architecte autrichien exerce jusqu’à nos jours son influence sur la jeune génération. Dans ses réalisations ne figurent pas uniquement de nombreux bâtiments, des dessins et des objets de design. En font également partie la conception d’expositions, comme celle-ci destinée à la firme Swisspearl (autrefois Eternit) à l’occasion du congrès sur la gestion de l’eau dans la Hofburg de Vienne en 1969. La firme ne fabrique plus de tels tuyaux.
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