Cahier thématique Hochparterre, juin 2023
Un matériau sous la loupe Swisspearl fabrique du fibres-ciment depuis 120 ans. L’entreprise s’évertue à rendre la fabrication et l’utilisation du célèbre matériau plus supportable pour le climat.
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Un matériau de construction aux nombreuses formes et couleurs: le fibres-ciment.
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Éditorial
L’avenir du fibres-ciment Contenu
4 Les enjeux du ciment À la recherche d’une alternative au ciment adaptée aux enjeux climatiques.
8 L’usine: un village dans le village Le site de l’entreprise à Niederurnen raconte 120 ans d’histoire.
12 Redécouvertes en terrain connu À Berlin, Paris et Zurich, réhabillage d’immeubles au fibres-ciment.
Les photos de ce cahier Au fil du temps, une exposition d’usine consacrée au fibres-ciment s’est formée toute seule sur le site Swisspearl à Niederurnen, sans aucun commissaire pour l’organiser. Plusieurs générations de formats et de coloris se succèdent en un esthétique pêle-mêle sur les façades des halls de production et des entrepôts. Lors de sa visite sur le site, le photographe Lorenz Cugini a immédiatement saisi l’expressivité de cet arrière-plan du quotidien et en a fait le cadre des photos de ce cahier.
Depuis avril 2023, Eternit s’appelle Swisspearl. L’entreprise elle-même change de nom et renomme également son produit, le fibres-ciment. Ceci malgré qu’‹ Eternit ›, son ancien nom, désigne depuis longtemps le produit de façon générique, du moins dans le langage courant. Un changement à ne pas prendre à la légère mais qui a ses raisons. Vous en saurez davantage page 10. L’entreprise glaronnaise fabrique ce matériau façonnable, robuste et relativement bon marché depuis 1903. Mais elle entend désormais s’y prendre autrement. Le problème du fibres-ciment pour le climat se voit en effet à travers son nom. Le premier article, par Armin Scharf, nous fait ainsi découvrir les laboratoires Swisspearl. Et comment se fait-il qu’il y ait tant de façades en fibres-ciment sur les bâtiments construits en Suisse et à l’étranger par de jeunes bureaux? Mirjam Kupferschmid vous en dit plus, page 12. Puisque l’identité d’une entreprise ne tient pas qu’au nom et au produit mais aussi au site, je reprends, page 8, les raisons pour lesquelles Swisspearl reste attachée à son étonnant terrain d’origine à Niederurnen, malgré que l’entreprise ait doublé de volume grâce à une nouvelle acquisition. Rahel Marti
Impressum Édition Hochparterre AG Adresses Ausstellungsstrasse 25, CH-8005 Zurich, Téléphone +41 44 444 28 88, www.hochparterre.ch, verlag @ hochparterre.ch, redaktion @ hochparterre.ch Direction Andres Herzog, Werner Huber, Agnes Schmid Directrice d’édition Susanne von Arx Concept et rédaction Rahel Marti Photographie Lorenz Cugini, www.lorenzcugini.ch Direction artistique Antje Reineck Mise en pages Barbara Schrag Production Nathalie Bursać Traduction Weiss Traductions Genossenschaft Lithographie Team media, Gurtnellen Impression Stämpfli SA, Berne Publication Hochparterre en coopération avec Swisspearl hochparterre.ch / faserzement Commander le cahier en allemand ou français ( Fr. 15.—, € 12.— ) et lire l’e-paper
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Fibres polymères et de cellulose entrent dans le mélange sous forme de petites pelotes.
L’excès de fibres se retire avec des pincettes.
Le durcissement des plaques exige une forte pression.
Les enjeux du ciment Polyvalent et d’une grande longévité, le fibres-ciment reste entaché d’un gros point noir: le ciment. Les recherches vont bon train pour trouver des alternatives adaptées aux enjeux climatiques actuels. Texte: Armin Scharf
Les transformations possibles en grand se testent sur la mini machine de Hatschek.
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À Niederurnen, dans le canton de Glaris, est fabriqué un matériau de construction quasi parfait: d’une grande longévité, résistant aux intempéries, facile à transformer, de couleurs et formats variés, testé depuis des décennies, adapté aux façades comme aux toitures et, qui plus est, relativement bon marché. Non, ce n’est pas le matériau miracle d’une start-up mais un produit qui est connu depuis bien longtemps. Ce matériau de construction fut inventé en 1894 à Vöcklabruck, en Autriche, par Ludwig Hatschek qui le baptisa Eternit. En plus de le produire lui-même, il se mit à céder, à travers le monde, des licences tant pour le matériau que pour la marque, notamment à la Schweizerische Eternit-Werke AG, en 1903. Simple marque à l’origine, Eternit devint, au fil des ans, synonyme, voire hyperonyme, des plaques en fibrociment, si répandues en dépit du « revers de l’amiante » dans les années 1970. Ce fut au prix de gros efforts en recherche et développement que les spécialistes d’Eternit réussirent finalement à remplacer les fibres d’amiante cancérigènes par des fibres de cellulose et de polymères. Mais les voilà aujourd’hui à nouveau confrontés à un problème majeur: le ciment, qui constitue les plaques. Ses répercussions sur le climat sont mis en cause. C’est donc le tout pour le tout. Comme leur nom l’indique, les plaques en fibres-ciment sont et ont toujours été essentiellement constituées de ciment. Leur production s’apparente à la fabrication du papier voir ‹ D’abord liquide puis solide ›. Les plaques en fibres-ciment produites à Niederurnen sont composées d’environ 51 % de ciment, d’une part, et d’autre part d’air et de beaucoup d’eau, de même que de quelques pourcents de fibres de polymères et de cellulose, et également de colorants. En fonction de l’aspect voulu suit un revêtement soit organique, soit appliqué manuellement ou par un robot pulvérisateur. Les fibres renforcent la matrice cimentaire friable, améliorant ainsi la résistance à la rupture, à la flexion et à la traction des plaques minces. Légère, bon marché et ignifuge de surcroît, la fibre d’amiante fut longtemps la candidate idéale. Mais si elle est inhalée, cette fibre risque de provoquer une asbestose, maladie pulmonaire incurable et mortelle. Au début des années 1990, la gamme des produits de l’entreprise Eternit SA fut totalement débarrassée d’amiante et le problème a été réglé, du moins pour les nouveaux produits. Aujourd’hui, le risque ne concerne plus la santé mais le climat. Émissions de catégorie 3 La fabrication du clinker, déjà vorace en énergie, nécessite, de surcroît, une réduction du carbonate de calcium en oxyde de calcium, responsable de grosses émissions de dioxyde de carbone. Climatiquement parlant, la production de plaques en fibres-ciment continue donc, en dépit de leur longévité, à poser problème au secteur du bâtiment. Tandis que sur ses sites, Swisspearl optimise ses processus, investit dans le photovoltaïque, réduit autant que possible ses besoins énergétiques et achemine ses matières premières par le rail, le véritable enjeu tient aux émissions de catégorie 3 imputables au ciment. Cela d’autant plus que le ciment à forte résistance nécessaire aux plaques de fibres-ciment génère beaucoup d’émissions. Selon Carsten Zanders, responsable recherche et développement chez Swisspearl Suisse « tout indique que les producteurs de ciment vont décarboner leurs gammes de produits dans les meilleurs délais et que certains types de ciment ne vont plus être disponibles ». Les neuf usines Swisspearl vont donc passer à des variétés de ciment décarbonées d’ici 2024, toujours selon Zanders. C’est facile à dire mais complexe à réaliser, car la substitution de l’agent liant ne doit en aucun cas altérer les proprié- →
Brûlé, mouillé: le matériau doit d’abord prouver sa résistance.
D’abord liquide, puis solide À Niederurnen, le personnel de Swisspearl fait tourner deux grosses machines, parfois en 24 h sur 24 selon le carnet de commandes, pour fabriquer des plaques en fibres-ciment. Au départ, le produit est une suspension aqueuse de ciment, fibres et additifs. Un tapis de feutre sans fin est plongé dans ce bain. Les matières solides se déposent sur celui-ci en cou ches minces que récupère ensuite un rouleau. Quand la plaque a l’épaisseur vou lue, les couches superposées sont dé tachées du rouleau, déposées sur un plan de travail sous forme de plaques souples brutes, puis découpées grossièrement. La pile qui se forme au fur et à mesure passe ensuite dans une presse qui permet d’extraire l’essentiel de l’eau encore présente. Un contrôle est alors effectué, puis les plaques brutes sont envoyées au séchoir. Si nécessaire, un revêtement y est alors appliqué, le séchage se poursuit et les plaques arrivent enfin au conditionnement, où elles sont découpées aux différents formats. La production des plaques ondulées et des produits pour toiture suit le même procédé.
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→ tés des produits fibres-ciments. Le ciment n’est pas le seul chantier en cours. « Nous travaillons aussi sur d’autres questions de développement durable, toutes aussi exigeantes et captivantes à la fois », poursuit C. Zanders. Swisspearl s’est fixé l’objectif à l’horizon 2030. L’entre prise entend franchir d’ici là des étapes décisives en termes d’efficacité environnementale, de recyclage, d’optimisation des cycles et processus. Les objectifs sont actuellement redéfinis au niveau du groupe. Les sociétés danoises Cembrit qui ont rejoint Swisspearl en 2022 jouent un rôle moteur dans ce processus. Recherche et développement à l’international Swisspearl emploie au total 53 personnes dans le domaine recherche et développement, réparties entre la Suisse, l’Autriche, la Slovénie, la Tchéquie et le Danemark. Jusqu’ici structuré par sites, il s’articulera désormais par compétences autour d’équipes transfrontalières. Sous la direction de Carsten Zanders, le centre de compétence Matrix-Technology se consacrera essentiellement à la question du ciment, Surface-Technology se concentrera sur les nouvelles propriétés des surfaces, New Product Development développera de nouveaux produits. Ces trois départements emploient 21 personnes en tout, les laboratoires 32 personnes. Ces dernières assistent aussi bien leurs collègues de la recherche que ceux de la production, elles vérifient et testent, certifient et secondent la gestion de produit. Cette structure vise à mieux exploiter le potentiel d’innovation, à éviter les développements en parallèle et à faciliter la transmission des concepts au sein du groupe. Ainsi un procédé de recyclage des déchets de chantier est-il actuellement suivi au Danemark et en Scandinavie. Les possibilités de revalorisation de matière du composite commencent à peine à se profiler. « Nous parvenons à traiter des déchets issus de la production mais, en l’état actuel, pas à les réintroduire à 100 % dans le cycle , dit Carsten Zanders. Réactiver les déchets de notre production ou de nos clients pourrait être une solution. Les essais à petite échelle ont l’air pas mal. » Zanders n’en dira pas plus pour l’instant vu les procédures de dépôts de brevet en cours. « Nous avons l’objectif de substituer de grosses parties, l’intégralité dans l’idéal, de l’agent liant qu’est le ciment. » L’équipe de Zanders collabore étroitement avec les fournisseurs de matière première et, sur certains projets, avec des chercheurs externes. Dans le cadre d’une coopération avec l’Institut de technologie de Karlsruhe ( KIT ), p. ex., l’utilisation d’agents liants sans ciment est étudiée en théorie. Et les fibres ? Tandis qu’au fil du temps, la fibre de cellulose de la plaque se décompose, la part à 2 % de fibre synthétique d’armature reste intacte. Le remplacement par des fibres biosourcées serait-il envisageable ? « Nos matrices cimentaires alcalines de pH supérieur à 9 ne constituant pas un milieu stable pour de telles fibres, c’est un enjeu de portée globale, explique C. Zanders. Mais si nous modifions et les fibres et la matrice cimentaire, cela pourrait changer la donne. Nous avons adopté la technologie sans amiante il y a 40 ans et depuis la situation, tant technique que chimique, a continué d’évoluer et offre de nouvelles possibilités intéressantes. » Dans le domaine du surfaçage, on a déjà avancé. Il y a des alternatives aux liants polymères des revêtements colorés dans la fabrication desquelles intervient de la biomasse, réduisant ainsi la part pétrochimique. S’il y avait un compte à rebours jusqu’à l’horizon 2030, nous nous situerions actuellement « quelque part entre 9 et 4 », dit C. Zanders. En termes de décarbonation des émissions de catégorie 3, on en serait à 8 – normal car c’est sans doute la tâche la plus complexe.
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Au croisement du photovoltaïque et du fibres-ciment Tandis que l’on s’évertue à améliorer les perspectives écologiques des fibres-ciments, ailleurs dans l’entreprise, on travaille sur de nouveaux systèmes énergétiquement actifs pour toits et façades. Et cela ne date pas d’hier. Swisspearl s’est intéressée au photovoltaïque dès les années 1990, forte de l’énorme expérience acquise avec les systèmes VHF et de toiture. En 2010, leurs premières installations pilotes ont été réalisées au moment de la redéfinition des règles sur la rétribution de l’injection d’électricité solaire. Avec la croissance du marché, le solaire est devenu en quelque sorte une entreprise dans l’entreprise Comme l’équipe de développement autour de Rolf Hefti, responsable de la branche solaire, s’est vite aperçue que les panneaux sur toiture d’Extrême-Orient défiaient toute concurrence, la décision fut prise en 2014 de se concentrer uniquement sur le développement du photovoltaïque intégré au bâtiment avec des modules bi-verre de qualité et autres systèmes de construction complexe. Depuis, Swisspearl est présent en Suisse et en Autriche avec ses systèmes photovoltaïques, fournit des plans de pose et de câblage en soutien aux professionnels, se charge des détails tant électriques que sur la technique du bâtiment. Rendant la couverture classique superflue, les systèmes intégrés sont tout indiqués pour la construction ou la rénovation de toitures inclinées. Et les façades ? Architectes et maîtres d’ouvrage seraient encore frileux en la matière, selon Hefti. Même chez Swisspearl, on en est encore à optimiser les systèmes afin que tous les projets individuels de façade soient rendus possibles avec un nombre fini de modules standards, ce qui serait un sérieux plus pour la rentabilité. Et c’est là que la plaque en fibres-ciment revient en piste: là où trames de façades et photovoltaïques ne coïncident pas parfaitement, elle est toujours en mesure de prendre le relai. Cela demande toutefois qu’il y ait une meilleure harmonisation visuelle entre les modules photovoltaïques et les plaques en fibres-ciment, surtout au niveau des coloris. Les modules colorés ont toutefois de moins bonnes performances que les cellules standards; tous les procédés et technologies ne se valent pas. Mais « cela n’empêche pas le courant de passer, même avec l’impact hivernal ». Fibres-ciment d’un côté, photovoltaïque de l’autre – symbiose de deux technologies à fort potentiel mais soumises à des rythmes différents: face aux fortes poussées d’innovation du solaire, le développement du fibres-ciment est généralement considéré comme arrivé à terme. Mais les choses sont en train de changer.
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Jeux d’ombre sur le bâtiment administratif conçu en 1955 par Haefeli Moser Steiger.
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L’usine: un village dans le village L’entreprise Swisspearl est fortement liée à son site de Niederurnen. Pourquoi y tient-elle tellement et quelles questions l’avenir du site soulève-t-il? Texte: Rahel Marti
Entreprise, marchandise, site: l’ancien nom Eternit amalgamait tous ces ingrédients industriels en une identité que la quasi-totalité du canton de Glaris tient aujourd’hui pour une évidence: les villages alentour sont une exposition à ciel ouvert du fibres-ciment. Après-guerre, ce matériau était réputé moderne et surtout adapté à la nécessité de fournir aux bâtiments, neufs comme anciens, une enveloppe les protégeant des intempéries et des dommages dus aux précipitations. Ce matériau fabriqué localement, à défaut d’être local, remplaça aussi bien l’ardoise des toitures que les bardeaux de bois des façades. Il devint bientôt un élément indissociable de la construction, comme s’il avait toujours existé, ce que d’ailleurs suggère habilement son nom dérivé du latin ‹ aeternitas ›, éternité. L’Autrichien Ludwig Hatschek inventa le fibres-ciment à la fin du 19 e siècle et en déposa le brevet au début des années 1900. L’entrepreneur zurichois Alois Steinbrunner fit l’acquisition de l’une des licences que Hatscheck céda à l’étranger. Dans le très chic hôtel Glarnerhof à Glaris, celui-ci fonda en 1903, avec quelques collègues, la Schweizerische Eternit-Werke AG, qu’il implanta bientôt sur le site de l’ancienne imprimerie sur coton des frères Tschudi à Niederurnen. En lien avec le milieu de l’architecture En 120 ans, le site a pris l’ampleur d’un village industriel avec entrepôts et halls de production les plus divers, construits à différentes époques, certains portant fièrement leur âge. La valeur historique et architecturale de plusieurs bâtiments témoigne de l’intérêt dont l’entreprise a fait preuve à l’égard de l’architecture et des architectes. La disposition des halls découle du processus de production, qui était pour ainsi dire aux commandes de l’aménagement du site. Ce n’est qu’en 2000 et 2001 que le bureau Frei Architekten d’Aarau et le bureau d’architecture du paysage Zulauf Seippel Schweingruber de Baden ont fait une analyse du site en vue de son agrandissement et élaboré un plan directeur dont le but ne se limitait pas à la préservation des bâtiments d’ordre architectural mais aussi à celle des espaces extérieurs remarquables. Une partie du terrain se situant sur une île entre deux ruisseaux, l’eau, ressource essentielle pour la fabrication du fibres-ciment mais aussi pour l’autoproduction d’électricité, devait
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être mieux mise en valeur. Les réflexions sur la qualité spatio-architecturale de l’époque où l’entreprise célébrait son 100 e anniversaire finirent par s’essouffler, propriétaires et directions n’y accordant pas tous le même intérêt. Le plan directeur ne fut que partiellement pris en compte lors du développement et on se désintéressa de l’architecture. L’entreprise réclama entre-temps que le site s’étende au-delà la voie ferrée, sur la précieuse terre agricole de la plaine de la Linth, ce qui, pour des raisons d’aménagement du territoire, ne lui fut pas accordé. Aujourd’hui encore, le terrain allant de la gare au village reste accessible au public et fait donc partie intégrante de Niederurnen. Un site à forte densité d’emplois En 2010, Swisspearl lança la création d’un département recherche & développement en photovoltaïque à Niederurnen, ce secteur étant promis à une forte croissance. Cette technologie joue aussi un rôle dans le fonctionnement du site: si l’on dotait d’installations photovoltaïques tous les toits qui s’y prêtent, l’entreprise couvrirait 40 % de ses besoins en électricité. Bien que les modules développés à Niederurnen soient encore fabriqués en Autriche, le projet d’une production photovoltaïque à Niederurnen est envisageable, selon Marco Wenger, CEO du groupe Swisspearl. L’« Eternitplatz », au sud du bâtiment administratif des architectes Haefeli Moser Steiger, sert aujourd’hui de parking. Coupée des autres halls et donc de la chaîne de fabrication, cette réserve de terrain à bâtir ne convient guère pour étendre la production du fibres-ciment. Mais elle est située idéalement pour une telle fabrication autonome. Si, avec ses quelque 400 employés, Swisspearl n’est plus le plus gros employeur du canton – ce qu’elle était encore en 1992 avec 655 employés – elle reste néanmoins l’un des plus grands. On imagine le soulagement du canton et de la commune en apprenant que l’acquisition du géant danois Cembrit et le changement de nom ne remettaient pas le site de Niederurnen en question. On ne sait pas encore quelles vont être les répercussions sur le site, suite à la fusion avec Cembrit, si, p. ex., des spécialistes danois vont venir s’installer. Recherche, développement et direction vont toutefois rester sur place. « C’est à Niederurnen que bat le cœur de l’entreprise », déclare Marco Wenger. Aussi insignifiant que le site puisse paraître à première vue, Niederurnen reste au top: « Nous sommes tout près de la métropole zurichoise, aisément accessibles et directement reliés à nos autres ateliers de →
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Bâtiments et extérieurs 1 Lotissement Im Amerika, 1945 Architectes: Richner & Anliker, Aarau 2 Jardin expérimental 3 Transformation / revêtement, 1947 Architectes: Locher & Cie, Zurich 4 Gare Niederurnen-Oberurnen 5 Injection / réception marchandises / entrepôt, 1928 Architectes: inconnus; 1942 Extension: Locher & Cie, Zurich 6 E ntrepôt plaques de protection, 1976 Architectes: Hans Aschmann 7 Hall Hetzer, entrepôt mat. 1 res avec centrale de chauffage, 1916 Architectes: Terner & Chopard, Zurich 8 Hall mat. 1 res Bahnhofstrasse, 1914 Architectes: Terner & Chopard, Zurich 9 Neutralisation, 1975 Architectes: Kropf + Morgenthaler ingénieurs, Zurich 10 Fabrication de plaques, 1949 Architectes: Locher & Cie, Zurich 11 Hall ressources, 1958 Architectes: Locher & Cie, Zurich 12 Conditionnement fibres
13 Ancien bâtiment atelier, 1958 Architectes: Locher & Cie, Zurich 14 Tour administrative, 1976 Architectes: Hans Frehner, Saint-Gall 15 Bâtiment administratif, 1954 – 1955, Extension 1963 – 1964 Architectes: Haefeli Moser Steiger, Zurich; rénovation 2003: Elisabeth und Martin Bösch, Zurich 16 Terrain de sport 17 E ternitplatz 18 Direction, 1903 Architectes: inconnus 19 Ancienne gestion technique, 1903, nouvelle cantine 2003 Architectes: Cadosch und Zimmermann, Zurich 20 Hall plaques ondulées, 1969 / 70 Architectes: Hans Aschmann, ingénieur, Glaris 21 Bâtiment découpe, 1955 Architectes: Locher & Cie, Zurich 22 Unité revêtement ardoises de façade, 1997 Architectes: Hans Aschmann, Glaris
23 Unité de séchage, 1980, nouveau bâtiment: 2008 Architectes: Hans Aschmann, ingénieur, Glaris 24 Unité revêtement pièces façonnées, 1911 – 1912 Architectes: Terner & Chopard, Zurich 25 E ntrepôt central coloration 1968 Architectes: Huber + Bracher, ingénieurs, Zurich 26 Transporteurs ciment 27 Hall de déchargement, 1976 Architectes: Hans Aschmann, ingénieur, Glaris 28 Entrepôt mat. 1 res 29 Retraitement 30 E ntrepôt plâtre-cellulose, 1938 Architectes: Bell & Cie.; Extension 1968: Huber + Bracher ingénieurs, Zurich; 1973: Hans Aschmann, Glaris 31 H all d’expédition, 1971 Architectes: Hans Aschmann, ingénieur, Glaris
32 L abo. recherche, 1960 Architectes: Thomas Schmid, Zurich 33 L abo. tech. d’application et essais, 1990 Architectes: Hans Aschmann, ingénieur, Glaris 34 Entrepôt, 2009 Architectes: Feusi und Peyer, Schmerikon 35 T raitement / découpe, 2023 36 U nité revêtement, 2023 Architectes: Stähli Architekten, Lachen ntrepôt Linthsteg, 1965 37 E Architectes: Locher & Cie, Zurich A Hauptstrasse ( route principale ) B Eternitstrasse C Bahnhofstrasse D Mühlebach ( ruisseau ) E Rautibrunnen ( ruisseau ) P Parkings Photo aérienne: Swisstopo
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→ production par la voie ferrée qui passe sur le site. Tous nos transports se font par le rail », précise Marco Wenger. La liaison ferroviaire soulève néanmoins quelques inquiétudes. Swisspearl pourra continuer à l’utiliser pour le fret. Mais les CFF ont supprimé l’arrêt de la ligne directe Zurich-Linthal ( S25 ). Un sacré revers pour le site, où Postfinance et ses 200 employés louent des locaux depuis 2022 seulement. Comment les 600 personnes qui travaillent sur le site pourront désormais s’y rendre? Cette question tourmente aussi la commune de Glaris Nord. Le futur concept général des transports fournira des pistes, selon Agnes Heller, à la tête du département Construction et environnement. « C’est une baisse du niveau de qualité dans les transports publics, dit Agnes Heller. Nous tentons d’améliorer les lignes de bus. » L’idéal serait d’avoir une fréquence de 15 minutes sur la route cantonale. Mais il faudrait de meilleures liaisons avec le site Swisspearl et cela coûte trop cher actuellement. « En collaboration avec l’entreprise, la commune pourrait promouvoir le vélo, la piste cyclable va directement jusqu’au site », dit A. Heller. Il y a là une densité d’emplois exceptionnelle pour Glaris Nord. « Nous apprécions que l’entreprise conserve en pleine agglomération non seulement son département recherche & développement mais aussi la production. » Les différents groupes de collaborateurs peuvent ainsi se déplacer à pied entre la maison et le travail. La question de la desserte Marco Wenger est lui aussi sensible à cette question de desserte, car une grande partie du personnel vient travailler en voiture. Cela va à l’encontre des objectifs de développement durable. Des bornes de recharge pour voitures électriques ont été installées. Wenger ne cherche pas à se dédouaner et semble conscient du rôle que joue l’entreprise dans ce domaine. Il se sent aussi responsable de la culture du bâti: « Nous connaissons notre patrimoine architectural, et nous souhaitons renforcer la qualité de l’architecture sur le site.» Une nouvelle rénovation du bâtiment administratif de Haefeli Moser Steiger sera bientôt à l’ordre du jour. Wenger entend l’aborder avec prudence. La nouvelle enseigne resplendit depuis mars sur la tour administrative de 1976. L’anglais est devenu la langue de l’entreprise et les échanges avec les équipes de l’exCembrit vont impacter la culture d’entreprise. Quant à savoir si, dans le canton, ‹ Eternit › cèdera la place à un ‹ Swisspeurle › prononcé avec l’accent? Cela prendra probablement encore un peu de temps. L’adhésion de la population et la pérennité d’une identité à l’ancrage fort tiennent bien moins au nom qu’aux valeurs économiques, écologiques et sociales ou encore à la culture du bâti qu’une entreprise telle que Swisspearl est prête à défendre.
Noms et chiffres Le groupe Swisspearl emploie environ 2400 personnes et exploite neuf sites de production dans sept pays ( Autriche, Slovénie, Finlande, Tchéquie, Hongrie, Pologne et Suisse ); le siège principal se trouve à Niederurnen. En Suisse, l’entreprise emploie une centaine de personnes à Payerne et 370 à Niederurnen. Après la fondation en 1903, l’histoire de l’entreprise Schweizerische Eternit-Werke AG fut aussi marquée par l’ouverture de sa filiale
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Changement de nom en étapes Quelle entreprise en vient à changer son nom, quand celui-ci, en plus d’être le nom d’un produit, est carrément devenu le terme générique désignant le matériau? 120 ans après sa fondation, Swisspearl ne s’est pas rebaptisé de gaité de cœur. L’affaire est complexe: l’inventeur de l’Eternit, Ludwig Hatschek, avait soumis la cession de ses licences de fabrication à la condition que, là où cette licence était en vigueur, l’Eternit soit vendu par des entreprises portant ce nom. Au fil du temps, on est arrivé au point où il est devenu presque impossible d’exporter des produits sous le nom Eternit vers des pays dans lesquels opéraient des entreprises du même nom. Et cela parfois même lorsque les licences avaient depuis longtemps expiré. Ainsi en 2002, Eternit ( Suisse ) SA lança la marque Swisspearl à l’export, puis, à partir de 2015, avec l’intention de l’adopter aussi en Suisse tant pour le nom de l’entreprise que pour la marque. Et pourquoi Swisspearl? Primo, le nom laisse transparaître la place économique qu’est la Suisse et, secundo, il rappelle le processus de fabrication où le fibres-ciment s’enroule progressivement autour d’un rouleau jusqu’à atteindre l’épaisseur voulue, comme se formerait une perle en s’enveloppant de nacre voir ‹ Les enjeux du ciment ›, page 4. En interne, comme à l’extérieur de l’entreprise, le nom eut toutefois du mal à s’imposer et à se faire connaître, si bien que, pendant des années, il resta au fond du tiroir, sauf dans le cadre des exportations. En 2022, Swisspearl Group absorba son concurrent danois, Cembrit Holding. 1300 personnes s’ajoutant à ses effectifs, le groupe devint deux fois plus grande. Avant cela, Swisspearl Group réalisait déjà les deux tiers de son chiffre d’affaires à l’exportation avec ses trois entreprises Eternit de l’époque en Suisse, en Autriche et en Slovénie, selon ses propres indications. Avec le rachat, les activités d’exportation ont encore augmenté significativement. Combiner plusieurs marques et noms d’entreprise à l’international finit par s’avérer trop coûteux et aussi trop risqué, car propice aux malentendus au niveau de la distribution. Aussi décision fut prise d’unifier l’ensemble des marques et entreprises sous l’ancien nouveau nom Swisspearl, cette option étant juridiquement plus simple et financièrement plus avantageuse que celle d’une toute nouvelle dénomination. Une sélection de certains produits devrait conserver leur bonne vieille dénomination ‹ Eternit › en Autriche et en Suisse.
à Payerne en 1957. La polémique autour des dangers de l’amiante, susceptible de provoquer de graves maladies, émergea dans ces décennies dorées. Quand en 1978, Stephan Schmidheiny devint président du conseil d’administration – l’entre prise étant entre les mains de la famille Schmidheiny depuis les années 1920 –, il décida qu’à l’avenir l’amiante n’entrerait plus dans la composition du fibres-ciment. À la fin des années 1980, la reconversion avait été globalement achevée.
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Depuis 2003, Eternit et désormais Swisspearl appartiennent à la BA Holding et à son propriétaire, Bernhard Alpstaeg. Avec l’acquisition en 2022 du concurrent danois Cembrit Holding, Swisspearl devint le 2 e fabricant d’Europe de fibres-ciment. Depuis avril 2023, Marco Wenger est CEO du groupe Swisspearl. www.swisspearl-group.com
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Exposition d’échantillons à Niederurnen: le fibresciment sous toutes ses formes.
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Redécouvertes en terrain connu Un atelier à Berlin, la rénovation de façades à Paris, une habitation à Zurich: l’histoire architecturale du fibres-ciment se raconte à travers des constructions contemporaines. Texte: Mirjam Kupferschmid
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pas directement basé sur des références telles que la maison du Ortstock, Lütjens Padmanabhan y a néanmoins trouvé matière à dérouler une narration secondaire. Et le charme de l’industriel n’avait rien à y voir. Pour le bureau Bardeaux, plaques planes ou ondulées en fibres-ciment: zurichois, le fibres-ciment Swisspearl ( comme il s’appelle on en trouve un peu partout en Suisse. Peut-être y en a-t-il aujourd’hui ) est ordinaire et noble à la fois: « Dès qu’on l’asun peu moins dans les villes mais d’autant plus par monts socie à un matériau naturel comme le bois, son âpreté inet par vaux, dans les formats les plus divers, et aux cou- dustrielle disparaît ». leurs plus ou moins délavées par le soleil et la pluie. Dans les années 1970, alors que ce fameux Eternit, extrêmeUn voile de dentelle pour les murs En France, le bureau Croixmariebourdon architectes ment robuste et relativement bon marché, passait pour moderne, lotissements neufs et constructions en ma- a aussi accordé du crédit à ce matériau. Le bureau paridriers à rénover eurent pareillement droit à un habillage sien l’a utilisé comme revêtement de façade lors de rénofibres-ciment résistant aux intempéries. Le fibres-ciment vations de logements sociaux dans la capitale. Le projet est récurrent même si l’on s’enfonce un peu plus loin dans entendait répondre à la volonté d’offrir un nouvel aplomb l’histoire de l’architecture suisse: dans le canton de Glaris, à l’ensemble. Mais ce n’est que par une voie détournée que l’architecte Hans Leuzinger, souvent décrit comme ‹ prag- les architectes en sont venus aux bardeaux en fibres-cimatiste moderne›, s’est plu à utiliser ce matériau produit ment. À la recherche d’un habillage adapté aussi bien au localement, comme en témoigne la maison du Ortstock, neuf qu’à l’existant, ils ont opté pour le fibres-ciment dont au-dessus de Braunwald. Conçu, à l’origine, pour rempla- les plaques peuvent être de différentes couleurs. La ville, cer les bardeaux en écailles et les toits de tôle ou d’ar- maître d’ouvrage, a toutefois mis un terme au jeu des coudoise naturelle, l’Eternit en a hérité les formats initiale- leurs dès la phase de planification. Les architectes pariment utilisés. Mais abandonnant bien vite l’imitation pure, siens ont donc pris le parti de structurer le revêtement de architectes et designers ont cherché à explorer le champ façade blanc avec des bardeaux de formats différents qui des possibilités qu’offrait ce matériau et ils y reviennent ne se distinguent qu’à y regarder de plus près. L’immeuble de plus en plus aujourd’hui. parisien s’intègre ainsi avec subtilité entre les façades lisses qui l’entourent. Les lumières changeantes jouent Une forme se matérialise avec les ombres des petits bardeaux, tel un voile de denSon essor accompli, l’Eternit, comme tant d’autres telle glissé sur les murs. Le bureau Pasztori Simons cherchait, pour sa part, à bons matériaux avant lui, tomba, un certain temps, dans les oubliettes de l’architecture. Toutefois, de jeunes bu- exprimer un certain pragmatisme dans le cadre de la plareaux d’architecture l’ont redécouvert. Le bureau zuri- nification d’un atelier d’artiste dans une arrière-cour berchois Lütjens Padmanabhan est de ceux qui l’utilisent linoise. Un habillage bois des façades pleines était exclu dans une perspective historique. Pour l’habitation du du fait de la protection incendie et les architectes trouWaldmeisterweg à Zurich, ils se sont servis de grandes vaient la tôle trop prévisible pour un tel bâtiment. « Par plaques pour en faire une enveloppe légère. « Nous avons contre, la simplicité du fibres-ciment nous a plu, et nous d’abord réfléchi à la façon de stratifier et d’assembler les voulions retrouver cette retenue dans notre travail », raéléments. » Au-delà de la légèreté, le bureau a été séduit conte Martin Pasztori. Il a été séduit par l’irritation que par la place dans la modernité suisse que conférait à ce procuraient des bardeaux en écailles dans ce lieu urbain matériau son lien avec la construction rurale. S’il ne s’est caché, éloigné de tout contexte rural. Les Berlinois ont
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Références à l’appui La fondation Stiftung PWG a lancé un concours visant à densifier le bâti d’un terrain à Schwamendingen, Zurich. Les architectes de Lütjens Padmanabhan l’ont remporté avec une construction qui s’étend largement sur la parcelle en un triangle saillant, associant ainsi l’existant. Le plan, très marqué par la forme du bâtiment, était difficile à transposer sur l’aspect de la façade. Aussi, pour la concevoir, les architectes ont toujours gardé en tête l’Hôpital des Innocents de Brunel leschi, à Florence. Quand, jetant un œil à la maquette, un collègue leur a lancé: « Mais c’est la Lieb Beach House de Venturi et Rauch que vous construisez! », ce fut le déclic : la division des pans au moyen de lésènes, si fascinante sur l’ouvrage de Brunelleschi, pouvait se faire sans matériaux lourds. Immeuble d’habitation Waldmeisterweg, 2018 Waldmeisterweg 3 + 5, Zurich Maîtrise d’ouvrage: Stiftung PWG, Zurich Architectes: Lütjens Padmanabhan, Zurich Conduite des travaux: Vollenweider Baurealisation, Schlieren Ingénieurs civils: SJB Kempter Fitze Chauffage et ventilation: Waldhauser + Hermann, Münchenstein Maître d’œuvre: Robert Spleiss, Küsnacht Type de mandat: concours, 2013 Surface brute au plancher: 3024 m2 Coûts ( CFC 2 ): 9,9 millions de francs
Par sa forme, le nouveau bâtiment fait la transition avec l’existant.
Plaques claires Swisspearl et lésènes sombres structurent la façade sur Waldmeisterweg. Photos: Hélène Binet
été particulièrement conquis par la structure vaporeuse du fibres-ciment, bien qu’elle ne soit visible qu’au dos des plaques. Pasztori Simons a demandé à l’usine Swisspearl de Niederurnen de prévoir, pour ce projet, une protection anti-UV sur ce matériau normalement dépourvu de revêtement. Ainsi la façade laisse-t-elle voir le processus de fabrication tout en agissant aussi sur le processus de vieillissement. Proche des bureaux d’architecture Le bureau zurichois Lütjens Padmanabhan met actuellement la polyvalence du fibres-ciment au service de quatre projets en cours, d’une centrale hydraulique à un pavillon en passant par un immeuble d’habitation. « Nous croyons en l’ouverture et en l’hétérogénéité, capables de réunir la disparité en un tout. Et nous aimons aussi la façon de vieillir du fibres-ciment », disent Oliver Lütjens →
Lésènes et plaques sont indépendantes et vieilliront à leur propre rythme.
Les couches légères de plaques se chevauchent sur les bords.
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Le bâtiment enjambe le tunnel de la S-Bahn.
Vue depuis la Torstrasse, la façade a l’air lisse. Photos: Yohan Zerdoun
Cette grande halle densifie l’îlot fermé berlinois.
De plus près Le bureau Pasztori Simons a inséré un atelier d’artiste à l’intérieur d’un îlot fermé. Le grand châtaignier et le tunnel de la S-Bahn qui passe sous le terrain ont compliqué les fondations de la grande halle. Décision fut prise d’enjamber le tunnel avec une construction métallique. De loin, la construction légère se fait massive et les façades lisses semblent être des parois hermétiques. Il faut franchir le passage et s’approcher du bâtiment pour s’apercevoir que la façade est revêtue de nombreux petits bardeaux en écailles. De près, la surface des murs prend ainsi une allure vivante, presque textile. Atelier d’artiste Studio D., Berlin, 2021 Berlin-Mitte Architectes: Pasztori Simons Maîtrise d’ouvrage: Particulier Coûts: Non communiqué De près, on distingue non seulement les bardeaux en écailles mais aussi la texture du fibres-ciment.
→ et Thomas Padmanabhan. Sur l’immeuble du Waldmeisterweg, ils ont prévu des lésènes de bois qui pourront être remplacées séparément des plaques en fibres-ciment, permettant ainsi un vieillissement distinct des matériaux. ‹ Eternit ›, l’ancienne dénomination dérivée du mot latin signifiant éternité, n’était pas une promesse en l’air comme en témoignent, p. ex., les Schindelhäuser de Wipkingen, à Zurich. Les bâtiments double d’environ 150 appartements fut conçu en 1918 par les architectes Pfleghard et Häfeli et reçut dès 1922 un revêtement de façade en fibres-ciment. Une patine, intense par endroits, s’est formée sur les bardeaux au cours des 100 dernières années, conférant du cachet au matériau. Les colorations qui ourlent les bardeaux y dessinent comme des ombres légères qui leur donnent de la profondeur. L’histoire de Swisspearl est aussi celle d’architectes de renom, comme en témoignent, outre les Schindelhäuser, la maison de Lux
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Guyer pour l’Exposition suisse du travail féminin SAFFA de 1958, qui se trouve aujourd’hui à Stäfa au bord du lac de Zurich, le bâtiment administratif de la société Swisspearl à Niederurnen de Haefeli Moser Steiger ou encore l’entrepôt Ricola de Herzog de Meuron à Laufon. Ce matériau est donc fortement ancré en Suisse non seulement parce qu’il a été très utilisé mais aussi parce la marque est restée, depuis sa fondation, étroitement liée à l’architecture et à ceux et celles qui la pratiquent. Les enjeux actuels Au-delà des projets spécifiques, cette collaboration s’étend au développement du matériau et de ses possibilités d’application. Swisspearl a ainsi organisé, il y a quelque temps, un workshop visant à élaborer avec des architectes de nouveaux produits en marge des formats standards. Lütjens Padmanabhan ont été invités avec des
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Bardeaux à Paris À Paris, dans le 11 e arrondissement, le bureau Croixmariebourdon architectes associés a confectionné un nouvel habit pour un ensemble de deux immeubles à loyers modérés. Les deux immeubles entourent un jardin sur lequel la ville prévoyait à l’origine une construction neuve. Les architectes voulaient une façade adaptée à la fois au neuf et à l’existant et proposèrent de petites plaques de fibres-ciment de différentes couleurs. La ville ne voulut ni de la construction neuve ni de la façade colorée mais les petits bardeaux demeurèrent. Rénovation immeuble d’habitation, Paris 2021 5 – 5bis rue de Vaucouleurs et 8 rue Morand Maîtrise d’ouvrage: Habitat Social Français Architectes: Croixmariebourdon, Paris Coûts: 2,07 millions €
Le soleil danse sur les petits bardeaux et les met en mouvement.
Les couleurs initialement prévues pour les bardeaux se retrouvent désormais sur les brise-soleil. Photos: Takuji Shimmura
Les deux immeubles entourent un vaste jardin.
nt 600m
Tout en légèreté, la façade s’intègre bien dans la rue claire et dense.
50m
Plan de situation noir MOVAU 1:3300
artistes, des designers et le responsable de production à tester de nouvelles variantes de la plaque ondulée. Le workshop a permis au groupe de constater que cette dernière, aux formes prononcées, voire trop prononcées, offrait le moins de possibilités alors qu’il y avait à l’inverse un potentiel énorme dans la standardisation des formats. En effet, ce n’est que sur la base des formats standardisés que les divers bureaux d’architecture peuvent concevoir des projets totalement différents. Thomas Bourdon du bureau parisien Croixmariebourdon soulève une question d’actualité quant à ce matériau. Il dit ressentir une certaine réserve au bureau: « Quand nous travaillons avec un matériau, nous – et surtout les plus jeunes d’entre nous – nous demandons de quoi il est fait et comment il est fabriqué. Nous sommes plutôt méfiants à l’égard du ciment. » Bourdon se laisse néanmoins convaincre par la diversité, l’efficacité et la logique de ce
matériau. Le fibres-ciment peut bel et bien se prévaloir d’une chose: formes et formats qui imitent les matériaux de construction d’origine – bardeaux, plaques planes et ondulées – sont aujourd’hui indissociables de ce matériau.
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Rétrospective en livre Pour le 100 e anniversaire, l’institut pour l’étude de l’histoire et des théories de l’architecture ( GTA ) de l’ETH Zurich a fait le point sur l’évolution de la société Eternit et sur celle de la production et des utilisations du fibres-ciment dans l’architecture et le design ( livre en allemand ): ‹ Eternit Schweiz, Architektur und Firmen kultur seit 1903. Dokumentation von 49 ausgewählten Bauten ›. GTA-Verlag. Philippe Carrard ( Hg. ). Zürich 2003.
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Un matériau sous la loupe 120 ans d’existence et la volonté d’adapter ses produits et elle-même à l’époque et à ses nouvelles exigences. ‹ Eternit › devient ‹ Swisspearl › et ce cahier thématique en profite pour observer de plus près le fibres-ciment et revenir sur l’entreprise qui le fabrique en Suisse depuis sa fondation et qui entend même y développer sa production. www.swisspearl.ch
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