Numéro spécial Pâques 2015
RELATIONS Donner une nouvelle
chance à la réconciliation
Une cathédrale pour la réconciliation > Dernière page
Centre socio-diaconal de Renens : un lieu l’où on est moins seul > Page 21
La puissance de la Résurrection Message du Général André Cox pour Pâques 2015
Quelle fête glorieuse est pour chacun d’entre nous le dimanche de Pâques ! Dieu en élevant le Christ a vaincu la mort. Dieu en élevant le Christ nous a libérés du péché. Dieu en élevant le Christ a donné la sécurité d’un avenir éternel à ceux qui reconnaissent Jésus comme Seigneur et Sauveur. et de l’injustice avaient gagné ? De nos jours il y en a qui croient cela.
Salvation Army IHQ
Au milieu des scènes de désespoir, de souffrance, d’injustice, de cupidité, de violence, et des conséquences d’une instabilité économique continue dans le monde, je me demande s’il y a aujourd’hui des chrétiens qui se sentent découragés. Peut-être sont-ils désillusionnés pour une raison ou une autre. Les disciples sur le chemin d’Emmaüs ont bien exprimé ces sentiments : « Nous avions espéré qu’il serait celui qui allait délivrer Israël. » La vie peut être remplie de tant d’incertitudes, de dangers et de craintes. Cependant, Pâques sert à nous rappeler que la vie que Jésus nous a acquise à grand prix ne peut pas être ébranlée ou anéantie.
Il n’est pas difficile de comprendre la consternation, la déception, la peur et le découragement des disciples après les terribles événements de Vendredi saint. Ils étaient anéantis, choqués et complètement perdus, bien sûr. Jésus avait dit à ses disciples, en de multiples occasions, qu’il allait mourir et ressusciter le troisième jour. Alors pourquoi semble-til qu’aucun des disciples n’ait compris clairement ce qui était arrivé le matin de la résurrection ? Est-ce que les forces des ténèbres
Alors que nous célébrons la gloire du Christ ressuscité, nos cœurs débordent de louanges. Nous nous réjouissons dans la louange quand nous avons une nouvelle idée et une nouvelle compréhension des projets éternels de Dieu et de son plan de salut pour le monde ! Comme Jésus s’est levé d’entre Nous nous réjouisles morts, nous le sons dans la louange ferons aussi si nous mettons notquand nous avons une re espérance, notnouvelle idéee et une re confiance et nouvelle compréhennotre foi en Dieu sion des desseins éterqui a envoyé son Fils unique dans nels de Dieu et de son le monde, non plan de salut pour le pour condamner monde ! mais pour sauver !
Quand Jésus est apparu aux disciples après sa résurrection, ils
ne l’ont pas reconnu. Peutêtre étaient-ils trop préoccupés par leur chagrin et leur désespoir personnel pour voir ce qui aurait du leur apparaître clairement. Combien de fois passons-nous à côté de la présence de Jésus dans notre vie et dans le monde actuel ? Est-que nous, les chrétiens, reflétons toujours la joie et la puissance de la résurrection dans notre vie quotidienne ? Si nous sommes honnêtes, nous devons admettre que nous ne le faisons pas toujours. Cependant, cela ne devrait
Je me demande s’il y a aujourd’hui des chrétiens qui se sentent découragés.
pas, ne doit pas être comme ça ! C’est lorsque nos yeux spirituels sont ouverts et que nous comprenons mieux le dessein éternel de Dieu par la foi, que nous commençons à triompher des ténèbres et du désespoir. A chaque instant, chaque jour, nous pouvons connaître la puissance et la victoire de la résurrection du Christ dans notre vie. Alléluia ! Je prie pour que ces paroles familières résonnent dans nos cœurs tandis que nous célébrons à nouveau la réalité de notre Seigneur Jésus ressuscité * Général André Cox
*A toi la gloire, ô Ressuscité ! A toi la victoire pour l’éternité. Brillant de lumière, l’ange est descendu, il roule la pierre du tombeau vaincu. A toi la gloire, ô Ressuscité ! A toi la victoire pour l’éternité. Vois-le paraître : c’est lui, c’est Jésus, ton Sauveur, ton Maître, oh ! ne doute plus. Sois dans l’allégresse, peuple du Seigneur, et redis sans cesse que Christ est vainqueur ! A toi la gloire, ô Ressuscité ! A toi la victoire pour l’éternité. Craindrais-je encore ? Il vit à jamais, Celui que j’adore, le Prince de paix ; Il est ma victoire, mon puissant soutien, ma vie et ma gloire : non, je ne crains rien ! A toi la gloire, ô Ressuscité ! A toi la victoire pour l’éternité. Edmond Louis Budry (1854-1932)
www.quartdheure.info 2015
VÉCU «Mon père a décidé de sortir de ma vie» > Page 7
RELATIONS Donner une nouvelle
chance à la réconciliation
Ligne de cœur : Les bienfaits d’exprimer sa peine > Page 3
Angelina Jolie s’éprend d’une histoire de pardon > Page 15
En colère contre Dieu ? «Cette colère doit être exprimée», selon une théologienne > Page 17
Publicité
PRÉSENTE
Plus d’infos sur missionlepre.ch
Parrainez un acteur de transformation !
IMPRESSUM Quart d’heure pour l’essentiel est coédité par Alliance Presse et Jeunesse en Mission. Le titre Viertelstunde für den Glauben, son pendant en allemand, a été lancé par le Réseau Evangélique Suisse en 2003. Alliance Presse, groupe de presse protestant évangélique franco-suisse, édite sept magazines «bons pour la foi». Jeunesse en Mission est engagée dans la formation chrétienne, l’annonce de l’Evangile et l’aide humanitaire. Le Réseau Evangélique Suisse, organisation faîtière des protestants évangéliques en Suisse, soutient la parution de Quart d’heure pour l’essentiel.
Mission Évangélique contre la lèpre | CH-1027 Lonay CCP : 10-4835-5 | IBAN : CH44 0900 0000 1000 4835 5
www.missionlepre.ch
IMPRESSUM Quart d’heure pour l’essentiel est un journal de grande diffusion qui paraît de façon ponctuelle. Existe depuis juin 2006 Il constitue un hors-série du Christianisme Aujourd’hui. TIRAGE 100 000 (version française) EDITEURS : Alliance Presse/Jordi SA, Jeunesse en Mission. RÉDACTION Bernard Bally, Jérémie Cavin, Daniel Gerber, Sébastien Goetschmann, Thomas Hanimann, Nadège Leuba, René Progin, Joël Reymond, Sandrine Roulet, Christian Willi.
Cet exemplaire de Quart d’heure pour l’essentiel vous a été offert par
GRAPHISME Concept : Denis Simon, Création AG, Maquette : Alliance Presse, Aubonne IMPRESSION Espace Mittelland, Berne ADRESSE DE COMMANDE : www.quartdheure.info info@quartdheure.info
Retrouvez-nous sur www.quartdheure.info
PHOTOS Couverture : istockphoto - dr wikipedia © Alliance Presse, 2015
ÉDITORIAL
www.quartdheure.info 2015
3
Exprimez la souffrance! Pourquoi ce journal ? L’époque dans laquelle nous vivons se singularise par de nombreux conflits. Sur le plan économique, les géants se disputent la première place de leur secteur d’activités. Sur le plan géopolitique, avec en particulier des affrontements qui prennent en otage la religion à des fins politiques. Mais sur le plan personnel aussi, avec un nombre de divorces qui ne fléchit pas. Enfin, avec une multiplication de conflits qui engorgent les tribunaux. La bonne nouvelle, c’est que dans ce contexte troublé et troublant, bon nombre de témoins font état d’une paix retrouvée ; de relations rétablies ; de couples «recollés». Bon nombre d’entre eux ont été rejoints par le message de paix, de pardon et de réconciliation dont était porteur JésusChrist, il y a deux mille ans. Et dont Pâques nous rappelle chaque année la mort et la résurrection. En vous proposant de découvrir portraits, interviews et témoignages, l’équipe de rédaction de Quart d’heure pour l’essentiel espère contribuer modestement à promouvoir un peu plus la paix et la réconciliation. Nous espérons que vous aurez bien du plaisir à découvrir cette nouvelle édition et qu’elle vous enrichira ! La rédaction
L’autre jour, j’ai rencontré une jeune femme de 19 ans. Au cours de notre conversation, elle m’a révélé qu’elle souffrait - nuit et jour - du syndrome des jambes sans repos. Elle m’a appris dans la foulée que ce mal était la conséquence d’une forte rupture familiale. La famille, cocon pour grandir en toute sécurité ? En tant qu’animateur de l’émission La Ligne de cœur de la RTS, j’entends, jour après jour, des témoignages de souffrance, dont bon nombre d’origine familiale. Si notre émission de fin de soirée n’était utile qu’à une seule chose, ce serait à ouvrir un espace d’expression à de nombreuses personnes en souffrance. Jour après jour, semaine après semaine, jeunes et moins jeunes prennent la parole pour parler de leurs tourments présents ou passés. Les échos aux témoignages à l’antenne attestent que les témoins s’expriment aussi au nom de nombreuses victimes, qui préfèrent garder le silence, mais se sentent ainsi reconnues dans leur propre souffrance. Au fil des émissions, j’ai appris plusieurs choses. La première, c’est que l’abuseur narcissique n’est que très rarement celui qui entreprend une démarche pour demander pardon à sa victime. Dans l’immense majorité des cas, ce sont les victimes qui franchissent un premier pas pour sortir de leur galère. En appelant La Ligne de cœur par exemple ou en décidant d’en parler de façon plus générale. J’observe que c’est là souvent l’étape décisive vers une réconciliation espérée. Avec soi-même et parfois avec l’agresseur ou la personne avec laquelle on est en conflit. Tout récemment, l’appel à La Ligne de cœur d’une grand-maman à laquelle son fils refusait tout contact avec ses petits-enfants a connu un dénouement heureux. Ce fils a reconnu sa mère. Il nous a envoyé un SMS pour dire qu’il revenait sur sa décision. Malheureusement, la plupart du temps, le chemin de la réconciliation avec la personne avec laquelle on est en conflit est plus long, voire impossible. Dans bon nombre de cas, seule la réconciliation avec soi-même semble pouvoir dégager l’horizon bouché de l’existence. Certains trouveront tout au fond d’eux l’énergie d’aller de l’avant, de pardonner. D’autres dans une aide extérieure, dans un engagement porteur de sens ou encore dans la foi. Mais leur point commun est d’avoir renoncé à laisser leur statut de victime devenir leur seule identité.
Jean-Marc Richard
istockphotos
Animateur radio-télé, notamment de l’émission La Ligne de cœur, sur la RTS
rts-philippe christin
istockphotos
4
ENQUÊTE
www.quartdheure.info 2015
Laquelle des personnalités suivantes incarne le mieux l’idée de la réconciliation à vos yeux ?
Nelson Mandela 85 Mère Teresa
10 14
76
10
Mahatma Ghandi 73
14
7 8
Jésus-Christ
71
20
1 8
Pape François
55
28
6 11
Bouddha
55
28
6 11
Mohamet
26
0%
51
20%
oui
non
40%
2 6
10 13 60%
je ne le connais pas
80%
100%
sans réponse/ne sait pas
Sondage de l’Institut Link auprès de 1004 personnes en octobre 2014 pour Quart d’heure pour l’essentiel.
istockphoto
Nelson Mandela arrive en tête des personnalités incarnant le mieux l’idée de la réconciliation au sein de la population suisse.
La foi peut-elle cont à la paix dans le mo Sondage. Comment vivre en paix et de façon réconciliée ? La religion est-elle plutôt une aide ou un obstacle pour y parvenir ? «Quart d’heure pour l’essentiel» a commandé un sondage pour en savoir plus. A l’ère des nombreux conflits religieux au MoyenOrient et en Afrique, parler de religion, de foi et de réconciliation peut paraître provocateur. Les avis sont très partagés sur cette question. Le sondage commandé par Quart d’heure pour l’essentiel
laisse apparaître autant de personnes qui considèrent que la religion favorise la réconciliation (49%) que de gens qui le contestent (47%). Un enjeu quotidien La réconciliation fait partie des questions qui inté-
ressent la population au quotidien, affirme Jörg Stolz, sociologue des religions et directeur de l’Observatoire suisse des religions à Lausanne. «Les croyants expliqueront cet intérêt pour des raisons religieuses ou spirituelles. D’autres plutôt pour des raisons psychologiques.» Le sociologue des religions rappelle que le débat et les conflits sont indispensables dans toute société : «La question est de savoir comment les canaliser». Une démocratie fonctionnelle et saine et un Etat de droit permettent
d’exploiter la dispute de façon sensée pour la société. La religion importante pour la réconciliation D’après le sondage, 80% des Suisses affirment appartenir ou se sentir proches d’une confession religieuse ou se définissent comme croyants. 64% de ces derniers sont de confession chrétienne. Ces personnes puisent-elles dans leur foi pour vivre en paix ou se réconcilier avec autrui ? C’est le cas pour une nette majorité (58%). Elles confirment que
leur souhait ou engagement pour la réconciliation est motivé totalement ou partiellement par leur foi. Et cela se vérifie bien au-delà des personnes de tradition chrétienne ou juive : les croyants d’autres traditions religieuses, moins sécularisées, sont même 70% à relever l’apport du religieux pour la réconciliation, contre 56% des catholiques ou 52% des protestants. Bonne note pour Jésus Existe-t-il des modèles de réconciliation ? Les per-
ENQUÊTE
Oui, tout à fait Plutôt oui Plutôt non Non, pas du tout Ne sait pas, sans réponse
La foi ou vos convictions religieuses vous aident-elles à vivre en paix ou sans conflit avec d’autres personnes?
Oui Non Ne sait pas, sans réponse
tribuer onde? sonnes sondées avaient le choix d’indiquer, parmi sept personnalités historiques, lesquelles incarnaient le mieux l’idée de la réconciliation aujourd’hui. Selon la tradition chrétienne, Jésus-Christ est considéré comme le modèle même de la réconciliation et comme un faiseur de paix. Mais d’après le sondage, il n’apparaît qu’en milieu de classement, avec 71% d’avis favorables. Mention «Bien» mais pas «Excellent», pourrait-on dire. Cependant, 85% des personnes
croyantes jugent qu’il est un modèle en la matière. Ce sont Nelson Mandela et Mère Teresa qui occupent les premières places du classement. Tous moralisateurs Les valeurs religieuses constituent-elles une base importante pour trouver le chemin de la réconciliation? La moitié de la population juge que oui, bien plus parmi les croyants. Mais qu’en est-il des non-croyants? Faut-il en déduire que pour eux la réconciliation im-
5
Quel est le rôle des religions après Charlie Hebdo? Interview exclusive. Dans la foulée des attentats de Paris, Bernard Cazeneuve, ministre français de l’Intérieur, nous confie sa vision du rôle des religions pour la réconciliation. Quelles sont vos attentes de la part des religions après les attentats de Paris? J’attends surtout des religions qu’elles disent ensemble que les grandes religions monothéistes s’inscrivent dans ce pays, avec ses valeurs de respect et de tolérance. Qu’elles rappellent aussi qu’aucun dévoiement des religions qui conduirait à la violence ne peut être acceptable dans la République. Qu’elles disent, enfin, que tout acte de violence proféré au nom de la religion est une forme d’insulte faite à la religion elle-même. Une des tentations de la France est de restreindre la liberté d’expression, en particulier religieuse...
porte moins? Loin s’en faut. Pourtant, selon Jörg Stolz, «il est certain que les personnes croyantes basent leur comportement moral et éthique sur leur fondement religieux. Les personnes non croyantes ne sont pas moins
Je ne suis pas dans cette démarche. Je ne considère pas la laïcité comme un signe de repli, de raffermissement. Il est indispensable qu’il y ait une activité spirituelle dans la société. Les individus doivent pouvoir faire librement le choix de leur religion et mener une activité spirituelle. La laïcité est garante que chacun puisse le faire dans le respect de l’autre. Face au besoin de réconciliation nationale, quel rôle les religions peuvent-elles jouer? La réponse de la part d’un ministre d’une République laïque peut vous surprendre: je crois que les religions ont cette force de la transcendance. Elles ont ce point commun qu’elles peuvent dépasser bien des divisions et des positionnements, pour permettre le rassemblement dans le respect, l’alterité, l’humanité de ceux qui croient et qui ne croient pas. La France a-t-elle donc besoin des religions? Je crois à la force de l’esprit, qui se manifeste aussi beaucoup dans l’activité religieuse. Interview: Christian Willi
dr
Etes-vous d’accord avec l’affirmation suivante: des convictions religieuses encouragent-elles la population à vivre ensemble en paix, de façon réconciliée?
gouvernement.fr
www.quartdheure.info 2015
« L’amour n’est
pas une voie aisée. L’amour de Dieu est exigeant, car il est indissociable du pardon, aussi difficile soit-il. Mis à mort, agonisant sur la croix, Jésus ne gémit pas, il ne maudit pas, mais il lance au Ciel : “Père, pardonneleur, car ils ne savent ce qu’ils font”. J’essaie de suivre ce chemin indiqué par Jésus. Il me faut parfois du temps.» Michel Delpech, chanteur, in «J’ai osé Dieu»
morales ou n’ont pas moins de valeurs. La différence, c’est qu’elles ne fondent pas leur comportement de façon religieuse.» Thomas Hanimann
(Presses de la Renaissance)
6
www.quartdheure.info 2015
COUPLE
dr
Divorcés, ils se sont réconciliés et remis ensemble Couple. Parfois il semble improbable qu’une situation se débloque. Puis une voie s’ouvre et la réconciliation redonne vie à ce qui paraissait perdu à jamais. C’est ce qu’ont vécu Monique et Albino, après huit ans de séparation.
conciliante ? Oui, c’est mon cas. J’ai une bonne estime personnelle. Cela peut paraître superficiel, égoïste. Pourtant, cela revêt une signification profonde. En effet, je crois que les individus sont tous reliés à un certain niveau. Si je ne parviens pas à pardonner à autrui, cela signifie que je ne suis pas complètement au clair avec moi-même. Je pardonne à l’autre, je pardonne à moimême. Je lâche prise. »
Nina Burri, contorsionniste
Monique et Albino, parents de deux enfants, divorcent après vingt-trois ans de mariage. Elle l’a trompé et lui se réfugie de plus en plus dans l’alcool. Pendant huit ans, ils errent chacun de leur côté, en se croisant pour les enfants. Albino espère tous les jours qu’elle revienne. Monique, elle, essaie de trouver un nouveau conjoint et ne pense pas du tout à refaire sa vie avec lui. Sérieuse remise en question En 2008, un tournant dans la vie de Monique change la donne : elle se rapproche de Dieu. Au cours d’une discussion, le pasteur de son Eglise lui demande si elle souhaite retrouver quelqu’un et reconstruire sa vie. Il ajoute : «Cela n’a pas fonctionné avec les hommes que tu as rencontrés. As-tu envisagé de te remettre avec ton ex-mari ?» Monique prend en compte cette réflexion et prie ainsi Dieu : «Si c’est ta volonté que je reconstruise quelque chose avec mon ex-mari, je l’accepte mais à une condition : que tu ravives l’amour que j’ai perdu pour Albino.» Un premier pas Un jour, Monique rencontre Albino chez sa maman. S’ensuit un premier pas : «Dans la cuisine, nous discutions et j’ai proposé à Albino de partir en balade avec moi le lendemain». Ce qu’il accepte, à son grand étonnement. Depuis cette promenade, ils
dr
« Une personne
communiquent tous les jours par téléphone, par messages, et réapprennent à se connaître. Ils se fréquentent à nouveau «comme des jeunes de vingt ans», partage Monique. Le miracle s’est produit, elle aime son ex-mari toujours plus chaque fois qu’elle le revoit. Soirée de réconciliation Les enfants ont tout d’abord de la peine à y croire. Ils sont contents, mais n’imaginent pas que cela peut véritablement marcher. Après les moments difficiles vécus lors de la séparation, ils craignent une seconde rupture. Ils ont
«Nous sommes heureux et à présent nous prenons le temps de nous écouter et de dire ce que nous avons sur le cœur» perdu confiance, et Monique et Albino doivent les rassurer. La famille se retrouve donc chez un couple d’amis et chacun partage ses propres souffrances, dues au divorce. Ils prient aussi ensemble.
La joie de s’être retrouvés Albino et Monique se remarient au printemps 2013. Aujourd’hui, ce sont d’heureux grands-parents. Les époux expliquent : «Dans la vie quotidienne, nous ne sommes pas toujours sur un petit nuage, mais tout le monde est content. Nous sommes heureux et à présent nous prenons le temps de nous écouter et de dire ce que nous avons sur le cœur. Nos deux familles sont aussi heureuses que nous nous soyons retrouvés.»
Nadège Leuba
dr
«Mon père a décidé de sortir de ma vie» Pardon. Ilana a 14 ans lorsque son père coupe les liens. La jeune femme entreprend alors un long chemin, du rejet jusqu’au pardon. Témoignage. «Tu ne vaux rien, ta vie sera un échec !». Le père d’Ilana coupe tous les liens avec elle alors qu’elle n’a que 14 ans. Cela fait déjà neuf ans que ses parents sont divorcés et que son père n’a jamais vraiment assumé son rôle. «Ce jour-là, donc, il m’a dit que j’étais maintenant adolescente et que je pouvais me passer de lui». Il déménage et coupe les liens. Ilana continue à lui écrire des lettres, auxquelles il ne répond que brièvement, avec distance. «Avec le temps, il a commencé à critiquer ma mère. Il était également jaloux de la relation que j’avais développée avec mon grandpère. En fait, il ne voulait pas voir la réalité en face : c’est lui-même qui s’était retiré de ma vie». Il devient froid et agressif dans
ses paroles envers sa fille. «Quand on a 14 ans, on ne comprend pas cela», se souvient Ilana. A 21 ans, Ilana décide de ne plus chercher le contact avec son père. «Pour me protéger», explique-t-elle. «J’ai à ce moment-là littéralement jeté tout ce qui venait de lui : lettres, vêtements, cadeaux...» Ce n’est pas vraiment de la colère ; Ilana veut «se donner le droit de vivre». Un nouveau père «Pendant des années, je n’étais plus allée à l’Eglise avec ma mère. Lorsqu’à 18 ans j’y suis retournée pour la première fois, le thème de la prédication était “Dieu est un père pour toi !”. Cela m’a profondément touchée». Ilana se tourne vers Dieu. Depuis ce jour, elle se reconstruit personnellement. «J’ai
travaillé à attribuer le rôle de père à Dieu. Qu’est-ce qu’un père ? A quoi ça sert ?» Avec du recul, elle pense qu’elle n’aurait pas pu pardonner à son père par ses propres forces, sans l’amour et le pardon offerts par Jésus. Pour Ilana, la mort de Jésus sur une croix est un sacrifice marquant, qui donne aussi l’exemple : le fils de Dieu est mort pour
«Lui pardonner était une étape. Ne pas le forcer à faire de même immédiatement en est une autre» pardonner à des hommes qui l’ont rejeté. «On ne peut que vouloir pardonner, quand on voit ce que Jésus a fait pour nous.» En chemin vers la réconciliation Quand Ilana a 26 ans, son père reprend contact avec elle. «Il m’a expliqué avoir changé et mûri. Il avait “pris conscience” qu’il avait une fille de 25 ans». Elle lui rend visite, redécouvre son père. «Nous avons vécu de belles choses
ensemble. Mais lorsque je lui ai dit que je lui pardonnais, il s’est mis dans une colère folle.» Le contact est à nouveau rompu jusqu’à la fin 2013. Ilana a 32 ans. «Comme j’avais eu mon diplôme, je voulais le lui partager. Mais je lui ai dit que sans signe de sa part, ce serait ma dernière lettre, que je le laisserais tranquille.» Ilana est surprise lorsqu’une lettre de son père lui arrive trois semaines plus tard. «Il m’a remerciée de lui avoir montré mon diplôme. Rien que la carte, ce signe de vie, était déjà énorme pour moi.» Chacun son rythme Depuis ce jour-là, Ilana apprend à parler à son père. «Lui pardonner était une étape. Ne pas le forcer à faire de même immédiatement en est une autre». Ilana accepte que son père n’aille pas au même rythme dans sa démarche de pardon mutuel. «Je n’attends pas plus que ce que je sais qu’il peut me donner. Et je l’accepte tel qu’il est.» René Progin
7
miss earth suisse
VÉCU
www.quartdheure.info 2015
« Chaque
individu a une histoire très personnelle. C’est pourquoi nous devrions nous efforcer d’accepter l’autre tel qu’il est. Pour moi, la réconciliation, c’est d’être en paix avec soi-même et d’offrir l’amour. » Shayade Hug, Miss Earth Suisse 2014
8
VÉCU
www.quartdheure.info 2015
«Même la mort n’a pas voulu de moi»
dr
Vécu. Anne-Marie se sentait en dehors de la norme. C’est l’amour de Dieu qui lui a permis de s’accepter, de se réconcilier avec elle-même et de s’engager au service de son prochain.
«Dès ma plus tendre enfance, j’ai compris dans le regard de l’autre que je ne correspondais pas à la norme». Pour Anne-Marie, impossible de rentrer dans le cadre qui lui est imposé ; pour sa nature, il est mille fois trop étriqué. «A commencé alors en moi une lutte contre moi-même et contre les autres. D’un côté, je me battais avec beaucoup d’intensité pour tenter de me faire comprendre. Et de l’autre, je me maudissais de ne pas trouver le moyen de m’adapter au cadre qui m’était proposé.» La bataille fait rage au cœur de l’adolescence S’ajoute à cette lutte l’impossibilité de pouvoir exprimer et analyser l’émotion brute, le ressenti cru et indigeste, dus à son âge qui n’a
pas encore atteint la dizaine. A l’adolescence, cette bataille ne fait que s’accentuer et s’intensifier. «Je l’ai véritablement perdue quand, à l’aube de mes 20 ans, j’ai mis fin à mes jours en silence, sans alerter personne, épuisée d’avoir crié pour me faire entendre. Mais même la mort n’a pas voulu de moi !» Enfin aimée ! Ce n’est que trois ans plus tard qu’Anne-Marie rencontre Dieu, celui qu’elle appelle l’auteur de ses jours. Elle trouve vers lui des solutions à bien des questions restées jusqu’ici sans réponse. Rencontrer la croix, la regarder en face, poser ses yeux dans le regard mourant de Jésus-Christ, s’entendre dire : «Tu vois, moi non plus je ne
«Aimée, voilà le mot qui me manquait » suis pas entré dans leur cadre, mais c’est par amour pour toi et tes semblables que je me laisse crucifier» : tout cela constitue pour Anne-Marie une rencontre qui la subjugue encore aujourd’hui. «Aimée, voilà le mot qui me manquait ! Aimée telle que je suis, parce que j’ai été pensée, conçue, dessinée, désirée bien avant la fondation du monde.» Soupe, savon, salut Trois ans plus tard, une chrétienne lance l’idée à Anne-Marie qu’elle pourrait devenir «soldat de la croix». En-
tendez par là : membre de l’Armée du Salut, un mouvement international axé sur les mots-clés «Soupe, Savon, Salut», dont les membres portent l’uniforme. «Mais à cette époque, si quelqu’un m’avait dit que je rentrerais dans un uniforme et que j’éprouverais une grande joie à le porter, j’aurais sans doute éclaté de rire, de l’un de mes rires sonores qui agressent parfois les tympans de ceux qui m’entourent !» Un amour transmis à d’autres Et pourtant, quinze ans plus tard, consciente de son inconscience, Anne-Marie l’a fait. «Après avoir tenté bien pauvrement de ne pas mettre mes épaulettes à l’envers et ma broche de travers, je me suis dit
que ce n’était qu’avec ce que je suis que je pourrais servir Dieu». Avec son aide, elle a pu accepter les regards et les jugements réprobateurs des autres, qui tentaient encore de la faire entrer dans leur cadre ! «De plus en plus portée, transportée, supportée par l’amour de Dieu, j’ai pu, dans le cadre de mon service d’officière, offrir à tous ceux qui se présentent devant moi cet amour infini qui les accepte tels qu’ils sont, là où ils en sont !» Anne-Marie reconnaît qu’il lui a fallu bien des années de cheminement avec Jésus-Christ le Ressuscité et avec tous ceux qui lui ont tendu la main pour en arriver à cette réconciliation avec ellemême et avec Dieu. Sébastien Gœtschmann
QUIZ
www.quartdheure.info 2015
9
Mais qui était donc ce Jésus-Christ ? Quiz. A Pâques, les chrétiens fêtent la résurrection de Jésus-Christ. Mais finalement, c’était qui, ce Jésus ? Et que sait-on de lui ? A-t-il vraiment existé ? Testez vos connaissances !
dr
1. Selon la Bible, combien de personnes ont vu Jésus après sa résurrection ? a. Aucune ! Ses disciples ont tout inventé. b. Douze : les apôtres. c. Plus de 500 personnes en plus des disciples.
LE TRAIT D’IXÈNE
2. Où trouve-t-on une trace écrite de l’existence de Jésus ? a. Dans les écrits de nombreux historiens des deux premiers siècles, comme Suétone ou Josèphe, qui en parlent comme d’un personnage historique. b. Uniquement dans le Nouveau Testament.
c. Dans les écrits de mystiques du Moyen Age. 3. Lequel de ces films hollywoodiens est le plus fidèle au récit biblique à propos de Jésus ? a. La Passion du Christ, de Mel Gibson. b. La dernière tentation du Christ, de Martin Scorsese. c. Jesus Christ Superstar, de Norman Jewison. 4. Combien de versets du Coran évoquent-ils Jésus ? a. Aucun. Ce sont les chrétiens qui essaient de le faire croire.
7. Selon Jésus, quels sont les deux commandements les plus importants ? a. Ne pas tuer et ne pas voler. b. Aimer Dieu et aimer son prochain de tout cœur. c. Obéir aux autorités civiles et se soumettre aux dirigeants religieux.
5. Qui sont les auteurs des quatre évangiles, qui retracent la vie de Jésus ? a. Des amis de l’empereur Constantin, au 4e siècle. b. Des romanciers romains qui cherchaient à divertir les foules avec des histoires incroyables. c. Des hommes qui ont vécu avec Jésus ou qui ont côtoyé ses disciples.
8. Combien y a-t-il de personnes dans le monde qui se réclament du message de Jésus aujourd’hui ? a. 1,3 milliard. b. 2,2 milliards. c. 4 milliards.
6. Depuis quand compte-ton officiellement les années à partir de la naissance de Jésus-Christ ? a. Depuis que Marie, la mère de Jésus, a fait pression sur Rome pour l’obtenir. b. Depuis la Réforme de Calvin et Luther, au 16e siècle. c. Depuis 525, suite au calcul de Denys le Petit, un religieux.
9. Selon Jésus, que faut-il faire pour aller au paradis ? a. Pratiquer de bonnes œuvres, surtout envers les rejetés de la société. b. Reconnaître que l’on est séparé de Dieu et que l’on a besoin de Jésus-Christ, le véritable Sauveur, pour être réconcilié avec lui. c. Convertir trois personnes au christianisme.
10. Qu’a fait Jésus après être mort et ressuscité ? a. Il est monté au Ciel, où il est aujourd’hui, dans l’attente de son retour. b. Il s’est caché dans le désert du Sinaï, jusqu’à ce qu’il meure une nouvelle fois. c. Il a harangué les foules au Proche-Orient pour les inviter à croire en lui. 11. De quelle manière les auteurs des évangiles ontils rédigé leurs écrits ? a. Ils ont reçu une révélation divine directe pendant leur sommeil et ont écrit en écriture automatique. b. Ils se sont basés sur des mythologies à la mode. c. Ils se sont documentés à des sources orales et écrites. Les détails (géographiques, etc.) qu’ils mentionnent sont confirmés par les historiens. Réponses : 1c, 2a, 3a, 4c, 5c, 6c, 7b, 8b, 9b, 10a, 11c
b. Un seul, à propos de sa mort. c. Une centaine, répartis dans quinze sourates.
10 SPIRITUALITÉ
Jésus-Christ :
Son message de réconciliation Jésus est né dans un contexte pauvre. Adulte, il s’est entouré de quelques personnes et a annoncé son message dans sa région. Il a parlé de Dieu, mais aussi des hommes, les encourageant à se réconcilier entre eux et avec Dieu. Les puissants ont obtenu sa mort. Pourtant, le tombeau s’est ouvert. Et le Fils de Dieu est revenu. Jésus, fils de charpentier, a grandi chez ses parents Joseph et Marie à Nazareth, au nord d’Israël. Un jour, alors qu’il était âgé de douze ans, il a disparu quelques heures à Jérusalem, à l’occasion d’une fête juive, pour la plus grande inquiétude de ses parents. Ils l’ont finalement retrouvé au temple, en train d’écouter et de questionner les théologiens. Repris par ses parents, c’est là qu’il leur a pour la pre-
mière fois levé le voile sur son origine et sur son destin. Pour se justifier d’être resté au Temple, il leur a dit qu’il était «dans la maison de son Père», c’est-à-dire Dieu. Miracles Avant que Jésus soit sous le feu des projecteurs, vers l’âge de trente ans, il a été baptisé dans le Jourdain. Des témoins ont alors vu «l’Esprit de Dieu descendre sur lui sous
la forme d’une colombe», selon la Bible. Ils ont assuré avoir entendu une voix venue du Ciel : «Il est mon fils bienaimé, qui fait toute ma joie.» Il n’a pas fallu longtemps avant que Jésus se fasse remarquer en raison de ses miracles étonnants. Lors d’un mariage, il a transformé de l’eau en vin. Durant trois ans, de nombreux faits lui sont ensuite attribués : il a guéri des malades incurables, dont plusieurs aveugles, libéré des individus possédés par des démons et des mauvais esprits. Plus étonnant encore, il a aussi pardonné les péchés à ses interlocuteurs. Message de réconciliation Dans une prédication devenue entre-temps célèbre, le Sermon sur la montagne (Matthieu 5-7), Jésus a beaucoup parlé de réconciliation.
Il a prêché l’amour inconditionnel. A travers des métaphores, il a montré à plusieurs reprises comment vivre une vie réconciliée. Il a notamment utilisé le récit d’un jeune homme qui quitte sa famille après avoir deman-
«Jésus a prêché l’amour inconditionnel» dé sa part d’héritage à son père. Et qui est accueilli les bras ouverts lorsqu’il rentre chez lui, ruiné (Luc 15, 1132). Cette histoire dite du «fils prodigue» illustre la capacité de pardon de Dieu, le Père par excellence, envers ceux qui reviennent à lui (photo page de droite, en haut).
istockphotos
www.quartdheure.info 2015
Autre exemple pour illustrer le vivre-ensemble de façon réconciliée : le récit du bon Samaritain, qui appelle chacun à se soucier de son prochain en dépit des différences raciales ou théologiques (Luc 10, 25-37). Jésus s’est défini comme le chemin, la vérité et la vie : «Personne ne peut venir à Dieu sans passer par moi», at-il notamment affirmé. Seuls ceux qui croient en lui et qui le suivent obtiendront la vie éternelle, rapportent plusieurs témoins dans la Bible. Il a pardonné jusqu’à son dernier souffle Lors de ses apparitions publiques, Jésus a multiplié les allusions quant à son avenir, évoquant sa mort sur une croix, puis annonçant sa résurrection et son retour à la fin des temps.
SPIRITUALITÉ 11
Lorsqu’il prêchait, il attirait les foules, impressionnées par ses réflexions et sa personnalité. Mais il dérangeait, en particulier l’establishment politique et religieux de l’époque. Les élites religieuses ont réussi à monter le peuple contre lui et à l’accuser devant le Conseil supérieur. Le représentant de l’occupant romain, Ponce Pilate, a renoncé à prendre sa défense et l’a condamné à la mort par crucifixion. «Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font», s’est écrié Jésus, avant de mourir, cloué sur une croix. Mis à mort en compa-
dr
www.quartdheure.info 2015
chrétiens ont réalisé que Jésus changerait le monde avec ce message de la réconciliation. Pourtant, pour ses dis-
gnie de deux criminels, il leur a offert la réconciliation avec Dieu. Très vite, ceux qui allaient devenir les premiers
ciples, un monde s’est écroulé à la mort de leur maître. Mais c’était sans compter avec la bonne nouvelle qui a suivi, trois jours plus tard. Il a quitté son tombeau ; il est revenu à la vie et a rencontré ses amis. Il les a encouragés à annoncer cette bonne nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre, en invitant tout le monde à croire en lui et à le suivre. «Et apprenez-leur à vivre comme je vous ai appris à vivre». Avec une promesse à la clé : «Je serai avec vous partout et toujours, jusqu’à la fin du monde.» Thomas Hanimann
La Bible, livre de guerre ou de paix ? Entretien. Le théologien et auteur Claude Baecher analyse le message biblique.
Comment expliquez-vous cette évolution dans le texte ? On voit très nettement le passage du témoignage d’une vengeance illimitée, la vendetta, à une peine limitée et proportionnée, qui s’appelle le talion : d’un point de vue juridique, elle tient déjà compte de l’intention du malfaiteur. Puis on passe du talion à une justice restaurative et plus seulement pénale, avec Jésus-Christ. Ses ensei-
dr
La Bible parle de guerres et de paix. Mais lequel de ces messages est-il dominant ? La Bible est les deux. Mais elle effectue le chemin pédagogique entre notre conception d’un Dieu violent et vengeur, et celle d’un Dieu tout autre, qui propose le pardon, la réconciliation et le respect. Ce message nous conduit de nos violences vers l’amour de notre prochain, même lorsque celui-ci est d’un autre point de vue que nous ou qu’il est carrément notre ennemi.
Bible- un recours à la violence, contrairement au judaïsme et à l’islam. En effet, dans les textes inspirés de ces derniers, on trouve une incitation au meurtre des gens qui ne correspondent pas au code de moralité et de sainteté prescrit par Dieu.
gnements et sa vie en témoignent, de même que, plus tard, le témoignage de l’Eglise naissante. Si la chrétienté a ensuite vécu, au cours de l’histoire, autre chose que cet enseignement de JésusChrist, c’est uniquement parce qu’elle a tordu le message de l’Evangile. Comment expliquez-vous donc les élans de violences religieuses produits par la chrétienté ? La vieille nature humaine a trouvé le moyen, avec la dimension barbare présente dans les peuples évangélisés, d’exprimer son propre code de justice en se servant de ses repères anciens. Parmi eux, les guerres saintes et l’application restreinte de la peine de mort notamment. Le christianisme ne peut pas expliquer par ses propres sources d’inspiration -la
Comment garantir que le christianisme ne retourne pas à ces réflexes anciens ? Il suffit de revenir à l’Evangile et de reconsidérer
dépassements de la logique du talion : le texte montre que l’amour permet de mieux connaître Dieu et constitue une «arme» de conquête. L’Ancien Testament s’oppose aussi à l’injustice et appelle au changement de vie. On observe une transformation des moyens de combat de destruction et l’on s’approche d’un appel à la réconciliation et de méthodes de «confrontation aimante».
Ce que vous dites, c’est que le message de la réconciliation traverse toute la Bible... «L’amour consA celui qui ne connaît pas la Bible, je dirais que cette rétitue toujours de la réconciliation plus une arme vélation culmine en la personne de de conquête» Jésus. Si on limite sa lecture de la Bible aux livres des Rois ou à Esdras par exemple, on la pratique des premières peut être désarçonné de déEglises. Ce n’est qu’à la fin du couvrir la guerre sainte dans troisième siècle que l’Eglise les premiers et le rejet de s’est «reformatée» dans son l’étranger dans le second. Jésus, prince de la paix, enseignement et ses pratiques. Ce n’est pas comme si est venu pour révéler la vol’Ancien Testament ne prô- lonté éternelle de Dieu. Et nait que la violence et le celle-ci consiste non pas à Nouveau Testament le paci- tuer, à détruire ou à faire le mal, mais à confronter le fisme ou la non-viomal en faisant le lence aimante. bien. Dans l’Ancien Découvrez une Testament, Interview : série d'émissions TV on voit Christian Willi sur ce sujet sur : déjà des www.quartdheure.info
Bienvenue à la maison ! Imaginez-vous un instant un enfant qui, après des années de relations paisibles en famille, se révolte : reproches, haine, départ de la maison et contact rompu. Cela fait très mal. Les parents attendent l’improbable coup de fil. Chaque sonnerie de téléphone suscite l’espoir de retrouver leur enfant. Changement de décor : pendant ce temps, l’enfant réalise que sa famille lui manque. Un désir profond de rentrer à la maison se fait sentir. Il souffre et décide de revenir en arrière et de rentrer chez lui. Cette histoire illustre notre relation avec Dieu, notre créateur et notre véritable Père. Nous nous sommes éloignés de lui. Saurons-nous, comme cet enfant, reconnaître notre Père et revenir vers lui ? Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Etait-il judicieux de nous éloigner de notre créateur ou même simplement de l’ignorer ? C’est une question à laquelle chacun peut répondre à titre personnel. La bonne nouvelle, c'est que vous avez la possibilité de vous adresser à Dieu et à son fils Jésus-Christ directement, sans intermédiaire. Parlez-lui par la prière, c’està-dire comme vous parleriez à une autre personne. Demandez-lui pardon pour ce qui est allé de travers dans votre vie. Dites-lui que vous aimeriez être de retour à la maison de Dieu. Et mettezvous en marche dans cette direction, en réalisant que Jésus a obtenu votre réconciliation avec Dieu en payant le prix de votre séparation d’avec le Père. Bienvenue à la maison, là où vous êtes réellement chez vous, tel que vous êtes. Bienvenue auprès de Dieu le créateur. Bienvenue dans une relation avec son fils Jésus. Pour en savoir plus : www.connaitredieu.com
Je sais bien que lundi, quand je t’ai ramené du collège, tu m’as dit que Célia, la fille de la voisine de ta tante, viendrait Si vous avez besoin d’un décryptage, lisez Family!
à la maison pour travailler les mathématiques avec toi dans ta chambre. Et que cela signifiait, en fait, que tu voulais rester avec elle. Donc ton petit frère Timothé n’aurait pas dû rentrer à
l’improviste pour chercher son ballon. Sauf qu’à sept ans, on ne sait pas très bien ce que signifie réviser les maths avec sa voisine…
Nouveau Family + DE CONSEILS + D’EXPERTISE + DE DOSSIERS COMPLETS
Abonnez-vous!
» Par téléphone :
CH: 021 821 15 15 - FR: 04 50 23 65 86
» Par internet :
www.magazine-family.info
» Depuis votre smartphone
Guerre. Fuite. Expulsion.
COMITÉ D'ACTION P OUR LES CHRÉ TIENS PERSÉCU TÉS E T LES PERSONNES DA NS LE BESOIN
De très nombreux chrétiens sont aussi concernés.
Aidez-nous à soutenir les réfugiés ! en Irak I en Turquie I au Liban I en Grèce.
es. les clatiers. o r a p s de ons for des acti CACP I soutient les chrétiens persécutés CACP I aide les nécessiteux CACP I fait connaître Jésus-Christ CACP I www.cacp-ch.org Tél. +41 (0)32 356 00 80 facebook.com/cacpsuisse Compte postal 25-11156-1 UBS Biel CHF39 0027 2272 5267 2842 0 SMS au No 488: AVC ... (montant)
UNITÉ 13
www.quartdheure.info 2015
Œcuménisme. L’histoire de l’Eglise est faite de divisions. Mais les dernières décennies ont connu des rapprochements et réconciliations entre dénominations. La multiplicité de dénominations au sein du christianisme et les guerres de religions au cours de l’Histoire peuvent étonner certains : «Pourquoi donc les chrétiens n’arrivent-ils pas à vivre ensemble ? Comment peuvent-ils parler de réconciliation avec tous ces conflits ?». Le pasteur Martin Hoegger, qui travaille pour le dialogue œcuménique dans l’Eglise réformée vaudoise (EERV), constate que ce n’est pas nouveau : «Dès le début, les disciples de Jésus ont eu de la peine à vivre cette unité dans la diversité, tombant parfois dans le jugement et la critique». Pour cette raison, Jésus a prié pour l’unité de ceux qui le suivraient : «Père, que tous soient un comme toi tu es un.» Les tensions entre personnes se reflètent au niveau des Eglises. Martin Hoegger explique que «dans la manière dont Jésus a servi ses disciples, par exemple en leur lavant les
«L’unité, ce n’est pas l’uniformité» pieds, il nous appelle à une relation d’accueil, de reconnaissance et de don réciproque.» La Réforme, un échec ? L’Histoire n’est pas toujours glorieuse, avec notamment les guerres de religion entre catholiques et réformés. Martin Hoegger porte même un regard nuancé sur la Réforme. Il apprécie la volonté des Réformateurs de vouloir revenir aux sources du christianisme, mais regrette que l’unité de l’Eglise n’ait pas pu être maintenue. «A partir d’un certain moment, on ne se rencontrait plus, on ne s’aimait plus.» Mais fin 2014, le pape François a encouragé la célébration commune du demimillénaire de la Réforme ; en réponse, il a reçu en janvier dernier une invitation de la
Fédération Luthérienne Mondiale à prendre part aux célébrations à Wittenberg. Rapprochements locaux Dès le 19e siècle, des alliances d’Eglises et rapprochements entre dénominations sont apparus, par exemple pour traduire la Bible au travers de sociétés bibliques. Et des organisations faîtières ont vu le jour, tant en Suisse qu’en France, pour encourager le dialogue entre toutes les dénominations chrétiennes. L’œcuménisme se vit aussi au niveau local. A Lausanne, une Célébration de la Parole est vécue chaque premier dimanche du mois dans la cathédrale. Réformés, catholiques, orthodoxes et évangéliques y lisent la Bible et prient ensemble. Une action commune est organisée entre catholiques et protestants durant le Carême. En 2013, la plupart des mouvements chrétiens de Suisse ont collaboré pour un événement de prière à Berne,
le jour du Jeûne fédéral. Les aumôneries des écoles et prisons sont aussi de plus en plus gérées en partenariat interchrétien. Enfin, l’œcuménisme se vit dans des actions sociales et humanitaires communes. L’unité à tout prix ? Pour Martin Hoegger, «la recherche d’unité ne doit pas se faire au détriment de la recherche de la vérité». A son avis, Dieu aime l’unité dans la diversité : «L’unité n’est pas l’uniformité.» Il estime que les dénominateurs communs pour tous les chrétiens sont la confiance en la Bible, la confession de l’humanité et de la divinité de Jésus et la confession que Dieu est un Dieu trinitaire (Père, Fils et Saint-Esprit). Au-delà, Martin Hoegger considère que chaque type d’Eglise cultive des dons particuliers. «Les Eglises ont toutes à apprendre des autres. Mais cela demande de l’humilité». Pour le pasteur, chaque Eglise a également ses défauts. «En y réfléchissant ensemble, on discerne mieux ce qui est juste et bon !»
René Progin
Ils ont demandé pardon sur la route des Croisades Historique. Il y a bientôt vingt ans, des chrétiens sont partis sur la route des Croisades, à la rencontre des musulmans, pour demander pardon. Le dimanche de Pâques en 1996, un groupe de chrétiens s’était mis en marche
depuis Cologne, jusqu’à Jérusalem, sur les traces des Coisés. 900 ans plus tôt, des massacres avaient été perpetrés au nom de la religion (de 1095 à 1270), à l’appel de la libération de Jérusalem lancé par le pape Urbain II. Plusieurs milliers de chrétiens se sont donc relayés sur la route de Jérusalem, jusqu’en 1999, pour apporter à la population musulmane le message de par-
don. «Nous regrettons profondément les atrocités commises au nom du Christ par nos prédécesseurs. Nous renonçons à la haine et à la crainte et condamnons toute la violence faite au nom de Jésus-Christ», disait le texte dont ils étaient porteurs. Entre indifférence, curiosité et enthousiamse, les artisans de paix ont rencontré des réactions diverses. Ainsi, Garo, guide de voyage
turc, ne comprenait pas pourquoi des chrétiens demandaient pardon pour les fautes des générations passées. Un pasteur réformé à la retraite avait été touché par cet imam, en Turquie aussi, qui l’avait pris dans ses bras après avoir compris le but de cette démarche. Comme quoi il n’est jamais trop tard pour faire le premier pas et rechercher la paix. Christian Willi
dr
Les chrétiens sont-ils trop désunis ? « Face à toutes les incompréhensions ou tous les conflits que nous vivons dans nos relations interpersonnelles comme au sein de la société, la réconciliation est indispensable pour nous permettre de vivre ensemble ! Pour qu’une réconciliation puisse aboutir, il faut d’abord que je reconnaisse moi-même avec humilité mes erreurs ou mes manquements et que je maintienne un dialogue constructif avec les personnes concernées. Le fait de pouvoir compter sur le pardon de Dieu est un atout essentiel pour pouvoir entrer dans une véritable réconciliation avec les autres. » Jacques-André Maire Conseiller national PS
14 PORTRAIT
www.quartdheure.info 2015
« Pour qu’une
réconciliation aboutisse, il faut que l’un des deux enterre ses griefs. »
Vécu. Taysir Abu Saada était sniper au Fatah et ne cachait pas son aversion pour les Juifs, jusqu’au jour où une rencontre l’a transformé. Aujourd’hui, il dirige «Seeds of Hope», une ONG active dans les territoires palestiniens dans le domaine de l’entraide, de l’éducation et de la réconciliation.
dr
DR
Sandra Reinflet, chanteuse, photographe, romancière
Vous êtes aujourd’hui engagé dans un travail humanitaire et de réconciliation auprès des Palestiniens. Avec quel Quels sont les impact ? Nos activités ont comingrédients pour mencé en 2006 dans la bande qu’une réconcilia- de Gaza. Nous avons vu les résultats dans le cœur des tion aboutisse ? enfants. Ils étaient d’abord Que chacun reterrifiés. D’ordinaire, les enconnaisse qu’il seignants les battent quand ils ne font pas ce qu’on leur peut améliorer demande. Puis, au fur et à ses mauvaises mesure que nous leur monfaçons de faire. trions autre chose et que nous mettions l’accent sur Mélissa Pollien, l’amour, ils se sont ouverts et romancière se sont mis à accueillir ce qu’on leur enseignait. Les familles sont venues nous trouver six mois plus tard en nous disant : «Nos enfants se lèvent tôt le matin, ils réveillent même la maisonnée entière parce qu’ils veulent aller à l’école. Que faites-vous donc avec eux ?». Je leur ai répondu : «Venez en cours, asseyez-vous et observez». Oui, l’amour en action, ça fonctionne.
«
»
De quelle manière êtes-vous concrètement des ambassadeurs de la réconciliation ? Nous montrons aux élèves comment aimer tout le monde. Quand un boiteux arrive en trottinant, appuyé
sur une canne, nous ne nous moquons pas de lui comme les autres. Nous le serrons dans nos bras et lui offrons l’écoute, l’aide dont il a besoin. Nos élèves voient aussi ce que nous faisons pour leurs parents. Ces enfants sont musulmans. Quand nous avons commencé la même chose côté israélien, les enfants pouvaient vivre tous ensemble, qu’ils soient Juifs, chrétiens ou musulmans. Les actes valent mieux que le discours. Comment en êtes-vous arrivé à aimer ainsi les Juifs, alors que vous êtes Palestinien ? C’est ma découverte de la foi chrétienne qui m’y a conduit. La transformation de mon cœur a été radicale. J’ai eu pour eux de la passion et non plus de la colère, de la haine ou des envies de meurtre. Cela m’a fait vraiment croire que le Dieu qui m’a touché est vrai. Au-delà des félicitations, votre travail suscite-t-il aussi de l’opposition ? Oui, au début, de la part des mosquées. Les imams avaient peur d’avoir affaire à des missionnaires qui convertiraient les enfants. Ils ont dénoncé notre projet
lors de la prière. Même chose à Gaza. Mais nous avons persévéré sans fléchir. Et quand nous avons lancé les inscriptions pour notre école, de nombreuses personnes ont été intéressées et nous avons pu commencer notre école. L’opposition demeurait, mais quand les familles ont vu notre travail, nous avons trouvé grâce à leurs yeux. Il faut dire que nous n’offrons pas seulement un jardin d’enfants ; nous donnons aussi à manger aux pauvres et nous distribuons des chaises roulantes. Nous pos-
même s’il m’arrive de revoir les visages de ces personnes que j’ai tuées. En 2004, j’étais avec Yasser Arafat, cinq mois avant son décès. J’espérais lui témoigner de ma foi, d’une manière ou d’une autre. Je l’ai regardé et, au fil de la discussion, lui ai dit combien je me sentais coupable. Le président ne comprenait pas. Et moi de répondre : «Président, tu te rappelles ? J’ai été tireur pour le Fatah. Je regardais dans le visage ceux que je
«Quand je descendais des gens, je les regardais en face» sédons également une ferme, avec des palmiers-dattiers qu’on ne trouve nulle part ailleurs : ils sont chacun sous la responsabilité d’une famille démunie et leur récolte leur rapporte plusieurs milliers de dollars... par arbre ! En tant qu’ancien membre du Fatah, qui a commis des crimes, comment avez-vous pu vous pardonner à vous-même et recevoir le pardon de Dieu ? Au Fatah, j’étais sniper. Quand je descendais des gens, je les regardais en face. Naturellement, cela n’a donc pas été facile de me pardonner. Prendre une vie humaine n’est pas la chose la plus simple. C’est quelque chose qui reste. Mais je sais que Dieu m’a pardonné,
wikipedia
dr
Sniper du Fatah, de la haine à l’amour
tuais». Leurs visages me revenaient tandis que je parlais. Je me sentais si indigne. Je me suis prostré, puis me suis relevé et ai regardé Arafat droit dans les yeux, en lui disant : «Président, assez de sang ! Notre peuple a assez souffert ! Et quand je dis notre peuple, je pense non seulement aux Arabes mais aussi à nos frères et sœurs juifs. Nous sommes des frères de sang ou des cousins». Il a fait de grands yeux et sa lèvre a commencé à trembler. A ce moment, j’ai senti qu’il fallait changer de sujet. Interview : Joël Reymond
CINÉMA 15
Angelina Jolie s’éprend d’une histoire de pardon Cinéma. Angelina Jolie, réalisatrice d’«Invincible», a été émue par le héros qu’elle met en scène et par le pardon qu’il a offert à ses bourreaux. «Il y a tant de conflits et de pauvreté dans ce monde, tant de raisons de se sentir sans force ! On se demande parfois ce qui est bien ou mal. Et là, rencontrer un homme comme Louie redonne du courage, de l’espoir, car il te montre le pouvoir de la bonté».
Réalisatrice d’Invincible, Angelina Jolie a confié aux médias combien elle a été profondément marquée par la vie et la personnalité du héros qu’elle met en scène, Louie Zamperini. Notamment par l’exemple incroyable de pardon que cet homme a donné.
Un pardon incroyable et improbable Après avoir couru aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936, Louie a connu bien des souffrances au cours de la Deuxième Guerre mondiale, victime en particulier de la haine farouche de certains officiers japonais. Mais le fin mot de l’histoire, c’est qu’il a décidé de pardonner à ses bourreaux. Mû par sa foi en Dieu, il est retourné au Japon après la guerre et a pris dans ses bras ces hommes qui
croupissaient en prison pour actes de guerre. Il a également parlé du pardon qui se trouve dans la Bible. Tous ont été extrêmement surpris de ces marques d’amour et plusieurs ont reçu un Nouveau Testament de la part du héros olympique. Plus tard, en 1998, on lui a fait l’honneur de pouvoir transporter la flamme olympique avant les Jeux de Nagano, au Japon. Angelina Jolie, qui a côtoyé Louie pendant une bonne partie du tournage,
Il prie aussi pour ses adversaires Hockey. Il a fini meilleur compteur de la saison régulière de LNB de hockey sur glace, en Suisse. Le Canadien James Desmarais, star du HC Viège, prie aussi pour ses adversaires.
«Je joue avec beaucoup d’émotion», reconnaît sans détour le sanguin James Desmarais. Ce qui est moins connu, c’est qu’il prie avant chaque match. «Je remercie Dieu pour mon job et prie pour que les deux équipes soient épargnées par les blessures. Je demande aussi à Dieu qu’il m’aide à donner le maximum de mes capacités et de pouvoir l’honorer. Enfin, je lui demande qu’il me donne la maîtrise de mes émotions.» Des pénalités Sur la glace, James Desmarais a aussi déjà expérimenté l’intervention divine.
Le Canadien se souvient d’un duel particulièrement musclé sur la patinoire du HC Thurgovie. A l’époque, il défendait encore le maillot du HC Ajoie. Durant cette rencontre, son fils est né. «Jouer ce match constituait pour moi un immense sacrifice». Et voilà que, comble de malchance, il s’est retrouvé sur le banc des pénalités lors de la prolongation. Il s’est alors dit : «Qu’estce que je fais ici ? Nous allons encore perdre par ma faute. Mais lors de mon retour sur la glace, j’ai immédiatement pu m’emparer du puck, foncer vers la cage adverse et envoyer la rondelle au fond des filets,
hcviege
dr
www.quartdheure.info 2015
but synonyme de victoire pour nous ! J’y ai clairement vu l’aide de Dieu.» L’exemple de l’apôtre Paul Il importe à James Desmarais de savoir que Dieu l’aime, quoi qu’il fasse. «Cela m’encourage. Parfois, nous trébuchons. Mais lorsque
a commenté : «Ce n’était pas un pardon aveugle». Aux yeux de la célèbre actrice hollywoodienne, «l’exemple de Louie nous montre la puissance d’un bon cœur et d’une bonne volonté. Cet homme nous rappelle qu’il faut aller au-delà des bonnes intentions lorsque l’on se trouve au sein de la violence». Dans le film, Louie apparaît lui-même comme une figure de Jésus-Christ, dont la force de caractère tient à l’humilité, la patience et le silence face aux persécuteurs. De même que Jésus ne s’est pas défendu face à ceux qui le maltraitaient, le frappaient et le clouaient sur la croix, de même Louie a manifesté concrètement que la soumission et la paix ont plus d’impact que la haine. Tout le contraire du «grand méchant» du film, incapable d’obtenir le respect par la violence. Angelina Jolie était au chevet de son héros C’est non sans émotion qu’Angelina Jolie est allée faire un dernier adieu à son héros, après sa mort en juillet 2014, à l’âge de 97 ans. «C’était un homme extraordinaire, nous sommes devenus amis.» Jérémie Cavin
nous nous confions en lui, il nous vient en aide». L’attaquant canadien a découvert la foi en Jésus-Christ dans son enfance. «Il est vraiment mort pour moi, à ma place. Et quoi qu’il arrive dans mon quotidien, je peux ressentir sa présence.» Le hockeyeur lit beaucoup le Nouveau Testament. Il se dit impressionné par l’apôtre Paul. D’un coup, tout a changé dans sa vie : de persécuteur des chrétiens, il est devenu l’un des pionniers de la foi. «La Bible nous apprend à nous respecter les uns les autres. Nous commettons tous des erreurs. Personne n’est parfait. Mais Jésus est prêt à nous pardonner.»
Daniel Gerber
16 PSYCHO
www.quartdheure.info 2015
J’ai tout tenté pour me réconcilier, impossible Relations. Les conflits empoisonnent la vie et la réconciliation semble parfois bien difficile à obtenir, malgré toute notre bonne volonté. Comment s’en sortir ? Lors d’un conflit, d’une mésentente, toute personne bien intentionnée cherchera la réconciliation et la paix. Elle voudra tout faire pour restaurer la relation. Quitte à en faire trop. Trop ? Oui, car nous avons souvent tendance à prendre sur nous le blocage, à culpabiliser pour que ça s’arrange. Attention alors au piège de ne plus tenir compte de vous-même, de laisser toute la place à l’autre. En quelque sorte, de lui donner raison... Ce n’est
pas la bonne méthode, car l’autre vous tient dans son filet, même si vous vous débattez avec votre bonne foi. Est-ce moi qui suis coupable ? Il se peut que l’autre ne veuille pas vous pardonner, ou n’accepte pas votre demande de pardon. La première chose à faire lorsque vous êtes accusé, c’est d’examiner si réellement la situation relève de votre responsabilité. Il serait sage de de-
«Il faut agir, se protéger, mettre des limites, prendre de la distance physiquement et d’un point de vue émotionnel» mander l’avis d’une personne neutre et bienveillante, non impliquée dans le conflit.
istockphotos
Je ne suis pas respecté ! Il arrive que la personne en face ne veuille rien entendre. Il peut être utile de s’interroger sur sa personnalité. Si c’est une personne autoritaire et rigide, elle pensera qu’elle a toujours raison (bien souvent, mais pas toujours, c’est l’homme dans un couple !). Si c’est une personne manipulatrice, elle cherchera à vous dévaloriser, voire à vous écraser. Dans tous les cas, il est important de vous demander si votre personne, vos idées et vos sentiments sont respectés. Si ce n’est pas le cas, reprenez sérieusement votre vie en main. Ne laissez pas autrui vous voler plus longtemps ce qui vous appartient. Mais sans chercher à prouver que vous avez raison ! Mais alors que faire ? Aimer, c’est respecter l’autre. S’aimer, c’est se respecter, et au besoin se faire respecter. Et c’est tout un apprentissage ! Il est nécessaire de ne pas rester bloqué dans cette situation. Il faut agir, se protéger, mettre des limites.
C’est-à-dire prendre de la distance physiquement, émotionnellement. Dans des cas extrêmes d’abus (avec des pervers), il faudra même couper définitivement la relation. Certaines situations sont délicates à gérer, comme dans les relations familiales (par exemple, comment honorer nos parents sans honorer le mal que je subis ?), et dans les relations conjugales, parfois complexes. Il arrive que l’un ou les deux conjoints rejouent un scénario appris depuis l’enfance ! Il peut alors être utile de se faire aider par un spécialiste familial ou conjugal. Un grand avocat ! Il y a des situations sans issue, alors même que nous avons fait tout ce que nous pouvions pour nous récon-
cilier. Resterons-nous bloqués pour le restant de notre vie ? Non, nous avons un grand recours : nous tourner vers le Dieu de justice et de vérité. Cessons de nous battre inutilement par nousmêmes. Disons à Dieu ce que nous avons sur le cœur et demandons-lui son secours. Il désire nous libérer de toute culpabilité et nous décharger d’un fardeau qui ne nous appartient pas. Lui seul peut nous guider sur un chemin de liberté et de vie retrouvées. Nous ne sommes pas condamnés, car en JésusChrist, Dieu est venu chercher et sauver ce qui était perdu, ou emprisonné injustement ! Bernard Bally, thérapeute ACC
Plusieurs cas de figure 1. Vous avez blessé une personne avec la volonté de lui faire du mal ? Si vous reconnaissez sincèrement votre tort, vous pouvez lui demander pardon, premier pas vers une réconciliation. 2. La personne s’est sentie blessée par vos paroles ou vos actes, sans mauvaise intention de votre part ? Un dialogue authentique doit permettre de vous réconcilier. Au besoin, avec un témoin agréé des deux côtés. 3. La personne vous en veut et cherche à vous faire payer votre offense, sans accepter votre demande de pardon ? Il n’y a pas de solution possible, à moins qu’elle se remette en question. Ne perdez pas espoir malgré tout. Le temps peut arranger les choses... Et surtout, libérez-vous de toute fausse culpabilité et continuez votre chemin, même si vous devez souffrir de vous éloigner de cette personne. 4. La personne est sourde à votre demande et accentue sa pression afin de vous faire croire que vous êtes foncièrement mauvais et que vous ne méritez aucune grâce ? Attention danger ! Dégagez-vous de cette personne, car elle vous détruit.
CROYANCES 17
istockphotos
www.quartdheure.info 2015
En colère contre Dieu ? dr
Développement perso. Face aux épreuves, il arrive à tous d’être en colère contre Dieu ou celui que l’on conçoit comme le maître du destin. Peut-on exprimer sa colère envers lui ? Et se réconcilier ? Entretien avec Yolande Nicole Boinnard, théologienne et auteure de «Oser la colère».
Pourquoi a-t-on tendance à accuser Dieu quand il nous arrive quelque chose de grave ? Nous avons besoin, pour apaiser notre souffrance, de trouver une explication. Ce qu’il y a de commode avec Dieu, c’est qu’il ne proteste pas, on peut tout lui dire ! Mais à force de réfléchir à cette souffrance, on comprendra peut-être que ce n’est pas la faute de Dieu. Parfois, il n’y a pas de coupable et les épreuves sont liées aux limites de l’être humain. A la longue, c’est moins douloureux de «faire avec» que de se battre contre.
La psychologue Michele Novotni estime que la colère envers Dieu est liée à la vision qu’on a de lui : Père Noël qui récompense le bon comportement, bon génie, policier, etc. Je suis d’accord. Les sentiments que j’éprouve envers Dieu dépendent de l’image que je me fais de lui. S’il ressemble à un Père Noël et que ma vie ne ressemble pas à une fête de Noël idéale, je vais vite me mettre en colère contre lui. Ceci dit, face à des événements graves, il est sain de se mettre en colère, de la laisser éclater, plutôt que de ressasser sa rancœur et son aigreur. On peut prendre Dieu à témoin, il aura de l’empathie. Pourquoi est-ce difficile de reconnaître cette colère contre Dieu ? C’est difficile, car on a appris, comme enfant, que l’on
«Rester en colère contre Dieu sans la lui exprimer, cause une rupture avec lui» ne doit pas se mettre en colère. C’est un interdit qui arrive très tôt dans nos vies. On le transpose inconsciemment par rapport à Dieu et il va même s’amplifier. On se sent très coupable de se mettre en colère contre lui. Cela nous ramène aux images que l’on a de lui. Si ce Dieu tout-puissant est un juge sévère, cela nous terrorise. Mais il nous arrive de refouler cette peur : cela peut être la racine de graves malaises ou de névroses religieuses.
Comment exprimer sa colère ? La première chose est d’en prendre conscience. Puis les Psaumes, dans la Bible, sont très utiles. Ils ont été utilisés comme prières pendant des siècles. On y trouve toutes les émotions humaines, depuis la joie jusqu’au désespoir, sans oublier la colère. C’est aussi parfois utile d’avoir un interlocuteur à qui partager cette colère et qui peut être en empathie avec nous. Si on ne l’exprime pas, elle peut se transformer en ressentiment. Avec quels effets sur notre vie ? La colère est parfois due à des relations compliquées. Or, si l’on ne dit pas à notre prochain qu’il nous a blessé, si l’on n’exprime pas la colère contre lui, elle tourne en rancune et en rancœur. Les rela-
tions sont empoisonnées et on devient haineux. Aimer, ce n’est pas tout accepter, mais respecter l’autre. De même, rester en colère contre Dieu sans la lui exprimer cause une rupture avec lui. Peut-on se réconcilier avec Dieu ? Toute la question, c’est de savoir si malgré ma colère, je garde l’envie d’être en relation avec Dieu. Le secret de toute réconciliation est là : est-ce que j’ai envie d’être en relation ou non ? Mais je dois commencer par me réconcilier avec moi-même. Si je me sens terriblement coupable, le désir de la relation avec Dieu sera difficile à retrouver. Si mon cœur me condamne, Dieu est plus grand que mon cœur et tellement plus généreux que ça. Interview : Sandrine Roulet
LA VIE À DEUX 19
www.quartdheure.info 2015
istockphotos
Progresser à deux. Connu dans le monde entier pour son bestseller «Les langages de l’amour» (éd. Farel), le conseiller conjugal Gary Chapman invite les couples à réfléchir à leur langage de la réconciliation.
Les disputes sont nécessaires à l’équilibre du couple. Foi de psychologue. Encore faut-il savoir se réconcilier ! Selon les auteurs de Les Langages de la Réconciliation (éd. Farel), Gary Chapman et Jennifer Thomas, les excuses revêtent cinq aspects fondamentaux. Ils les nomment «langages d’excuses». Chacun d’eux est important, mais certains «parleront» plus à votre interlocuteur et rendront votre mea culpa plus réel à ses yeux.
1. Exprimer ses regrets
«Je suis désolé» est une expression magique. Elle montre à la personne blessée que sa peine est prise en compte. Si l’offenseur n’exprime pas ses regrets, certains n’auront pas l’impression que le repentir est suffisant ou sincère. Ajouter une restriction, un «mais» à ses excuses, les décrédibilise. Chaque fois que nous rejetons le blâme sur l’autre, nous passons des excuses à
l’attaque. Les attaques ne conduisent jamais au pardon et à la réconciliation.
2. Reconnaître sa responsabilité
«Ce n’est pas de ma faute si le bus a freiné et que j’ai marché sur le pied du monsieur», disait un enfant à sa maman qui lui demandait de s’excuser. Comme lui, certains adultes pensent qu’ils n’ont pas à s’excuser si leur tort est justifiable. Bien souvent, notre réticence à admettre nos torts est liée à l’idée que nous nous faisons de notre propre valeur. Reconnaître que l’on s’est fourvoyé est perçu comme une faiblesse. Mais les auteurs insistent sur la nécessité d’apprendre à reconnaître ses torts : un pas important vers la condition d’adulte responsable et heureux.
3. Réparer
Le besoin de réparation est ancré en nous : «Si j’ai été maltraité, quelqu’un doit
payer», semble dire une petite voix. Dans le cadre de la famille ou de l’amitié, la réparation attendue est une réponse à la question «M’aimes-tu encore ?». Certaines personnes ont besoin d’être rassurées de manière concrète, même si elles ont entendu la phrase «Je suis désolé, j’ai eu tort». Un geste d’affection, un service rendu, un bouquet de fleurs, un mot écrit ou un moment en tête-à-tête les sécuriseront.
4. Ne plus recommencer
On trouve dans le mot «repentir» la notion de faire demi-tour. Il implique le désir de ne pas commettre une nouvelle fois la même erreur. «Ce que j’apprécie vraiment, c’est que mon mari me dise qu’il essaiera de ne plus recommencer. Je veux plus que des mots. Je veux des changements», déclare Aurélie. Parfois, c’est un trait de notre personnalité qui peut blesser les autres. Il faut alors
beaucoup de compromis et un travail de transformation de nos habitudes pour construire une relation harmonieuse.
5. Demander pardon
Certaines personnes offensées sont tout à fait disposées à pardonner, mais attendent que la personne concernée leur demande clairement pardon. Démarche pas toujours aisée, notamment par peur d’être rejeté. Pourtant, une offense dresse une barrière entre les personnes et empêche la relation de progresser. Présenter des excuses sera une première tentative de réconciliation. Et si l’autre est sensible à ce cinquième langage, lui demander pardon indiquera que vous voulez réellement que la relation soit restaurée.
Sandrine Roulet
dr
Couple : découvrez votre langage de la réconciliation « Lors d’un
divorce, ce n’est pas en essayant de répartir le temps de garde de l’enfant que l’on fera son bonheur. Il a besoin que ses parents s’entendent à nouveau. La médiation permet aux couples de ne pas se séparer ou, du moins, d’organiser plus facilement la vie de l’enfant. C’est indispensable de le rendre obligatoire. Ma proposition de loi viendra forcément sur le métier, car nous vivons à une époque où les projets de loi sur la garde des enfants fleurissent. Soit elle sera acceptée telle quelle, soit elle conduira à un amendement sur le droit de la famille et le divorce.»
Edwige Antier, pédiatre, auteure et ancienne députée à l’Assemblée nationale française, a émis une proposition de loi pour que toute demande de divorce de parents ayant des enfants de moins de 16 ans soit précédée d’un entretien avec un médiateur familial.
DES NAVIRES-HÔPITAUX POUR LES PLUS DÉMUNIS
www.mercyships.ch - Compte postal 10-17304-3
s ! Vou aider
pouvez
Centre socio-diaconal de Renens : un lieu où l’on est Le Centre socio-diaconal de Renens est officiellement en fonction depuis mai 2013, et la fréquentation du lieu, pour les repas de midi ou les entretiens-conseils, ne cesse d’augmenter.
Du côté de la cuisine, tous les bénévoles ont d’abord bénéficié des repas au Centre, avant de décider d’enfiler les tabliers pour aider à les préparer. Annamaria, cheffe de la cuisine, avoue qu’elle trouve là une activité qui lui plaît : « Comme je suis seule à la maison, cela me donne une occupation et en plus, cela permet d’aider des gens. » Au sein de cette petite équipe, l’ambiance est plutôt à la rigolade, même si ce midi, 43 couverts seront servis. « On est pas stressé, confirme Magali, qui s’occupe de la mise en place des tables et de la vaisselle avec son amie Cathy. Cela fait longtemps qu’on vient à ces repas et depuis près d’un an, on donne un coup de main. Cela me motive de pouvoir venir en
Jacqques Tschanz
De l’aidé à l’aidant Les denrées apportées en cuisine, l’équipe commence à s’activer derrière
les fourneaux. Dans la grande salle, quelques dames se réunissent autour d’une table avec Bernard Wyttenbach. C’est le moment de l’étude biblique : « C’est important pour que ces locaux gardent un rayonnement spirituel, affirme Bernard. Il y a ainsi la prière avant les repas, mais aussi un moment de partage autour de la Parole de Dieu. »
Chaque année, Andy Beney dirige plus de 1’000 entretiens individuels.
Sébastien Goetschmann
Mardi matin, il est 8h45, Andy Beney, responsable du Bureau social et l’officier de l’Armée du Salut Bernard Wyttenbach, responsable de l’accueil, remettent la journée dans la prière après une courte méditation. Pas le temps de s’attarder, il faut aller chercher des aliments à la CARL (Centrale Alimentaire Région Lausannoise). Tous les mardis et jeudis, une équipe de bénévoles prépare le repas de midi pour 30-40 personnes. « Lorsque nous avons commencé en 2013, nous avions 10 à 15 visiteurs, explique Bernard Wyttenbach. Mais le nombre ne cesse d’augmenter. Nous collaborons avec la CARL et Table Suisse, qui nous livrent des produits frais. » Si le repas est gratuit, un prix indicatif de 3 francs est tout de même fixé, pour ceux qui désirent apporter leur contribution aux frais engendrés. « C’est surtout une question de dignité, poursuit Bernard. En payant leur repas, cela leur évite d’éprouver le sentiment d’être des profiteurs. »
Au service : Bernard Wyttenbach et Andy Beney mettent la main à la pâte pour servir les repas de midi. aide à d’autres, comme l’Armée du Salut m’a aidée quand j’en ai eu besoin. » Un repas pour rompre la solitude Midi approche et les gens affluent dans la salle à manger. D’âges, de cultures et d’horizons différents, ils prennent place autour des tables. Ici, la plupart des « clients » ne se trouve pas dans une situation de détresse alimentaire, mais vient simplement passer un moment convivial. Françoise abonde en ce sens : « Il y a de l’animation, cela fait du bien quand on est seule. Cela nous évite de déprimer », ajoutet-elle en souriant. Jérémie * et son épouse Julie * viennent avec leurs deux garçons depuis plusieurs mois : « Bien sûr, ces repas nous aident à passer les fins de mois difficiles, mais c’est surtout pour les enfants que nous venons ici ; ils se font des contacts et
cela les aide à se sociabiliser. En plus, on est contre le gaspillage, c’est une bonne raison supplémentaire. » Une fois le repas terminé, les uns repartent chez eux, d’autres restent un instant pour papoter. Un travail d’écoute Un étage au dessus de la grande salle se trouve le bureau d’Andy Beney. C’est là qu’il mène les entretiens : « On apporte bien sûr une aide d’urgence en donnant un peu d’argent ou des bons alimentaires, mais on essaye aussi de travailler à plus long terme, en offrant un soutient administratif, en aidant à fixer des budgets, … Le but est d’accompagner ces personnes à devenir indépendantes. » En 2014, Andy a dirigé plus de mille entretiens et le nombre ne cesse de croître. Il sait que le chemin de la réhabilitation est long. « Les situations sont souvent très compliquées : des familles brisées, des coups du sort, des dettes qui s’accumulent, … il y a beaucoup de souffrance et
mon premier rôle est d’apporter un soutien moral en offrant une oreille attentive. En discutant et en partageant, on découvre petità-petit les situations et là où on peut aider. Cela se fait pas à pas et certains finissent par s’en sortir. » Sébastien Goetschmann *noms connus de la Rédaction
Le Bureau Social de Renens aide des personnes en situation financière ou sociale difficile à trouver de la stabilité. L’offre comprend du conseil, du soutien administratif et une aide concrète, avec la distribution de bons alimentaires ou de vêtements. En 2014, le Centre socio-diaconal a servi 2’966 repas, a offert 1’172 entretiens individuels et dénombre un total de 3’581 heures de travail bénévole www.bureau-social.ch
Quand souffle l’Esprit de réconciliation A Coventry, en Angleterre, se trouve une cathédrale dédiée à la réconciliation. Sa visite a transformé ma vision des choses. Je vous y emmène ! Lors d’un séjour en Angleterre, j’ai eu le privilège de visiter la cathédrale de Coventry. La ou les cathédrales ? Car il y en a, en fait, deux. L’ancienne en ruine avec sa flèche et ses vestiges, et la nouvelle, appuyée sur son flanc ! L’histoire Cherchant à détruire des usines la nuit du 14 novembre 1940, les allemands déversent des tonnes de bombes sur la ville. La cathédrale de Coventry est détruite et 568 personnes y perdent la vie.
Jacques Tschanz
Il n’aurait pas été surprenant qu’à la suite du raid, les flammes de l’amertume et de la haine soient attisées, mais le contraire se produisit. En effet, le lendemain de la destruction de la cathédrale, la décision de la reconstruire est prise comme une manifestation de foi, de confiance et d’espoir. Peu après, deux des poutres médiévales calcinées sont attachées en forme de croix, qu’on dresse dans le chœur en ruines avec ces mots : « Père, pardonne ». Le Révérend Arthur Wales, fait une autre croix en assemblant trois des énormes clous du Moyen Âge, jonchant les débris. Cette croix est aujourd’hui l’emblème de l’assemblée pastorale internationale de Coventry pour la réconciliation, qui œuvre dans plusieurs pays (Allemagne, Irlande du Nord, Afrique du Sud, Galilée, etc.)
L’électrochoc Contre un mur du sous-sol se trouve cette phrase qui me fait l’effet d’un électrochoc ! « Pour la gloire de Dieu cette cathédrale a brûlé ». Comment peut-on mêler Dieu à la méchanceté de l’homme ? Mais je dois reconnaître que d’une œuvre de destruction, Dieu a pu en tirer gloire. Pour preuve : la construction extraordinaire que je visite, mais surtout ce ministère de réconciliation. A l’exemple de Christ, c’est la victime qui ouvre ce chemin de réconciliation, et je trouve cela magniCe ministère de réconciliation a fique. commencé à se faire connaître et une quantité d’artistes de tous pays Le combat participèrent à cette extraordinaire Je m’assois dans la petite chapelle reconstruction. de l’Unité pour me reposer. Alors que je lève la tête, mon regard est attiré par une grande croix pendue au plafond, et soudain, il me semble voir tomber les bombes, détruire l’église, détruire les familles, semer la mort. Satan cherchant à détruire, comme il a voulu me détruire, détruire ma famille, détruire mon fils, détruire ma vocation. Christ, au centre de la réconciliation.
Et, alors que naissent en moi des sentiments de haine, l’Esprit me touche et me montre que l’Esprit de la réconciliation est là, présent, possible. Je lutte, c’est un combat spirituel douloureux. Prenant Dieu à témoin, je demande alors au Seigneur de me donner son Esprit de réconciliation envers l’abuseur de notre fils. La victoire « Pour la gloire de Dieu cette cathédrale a brûlé » ! Est-il plus fou d’oser faire mienne cette parole de rédemption, de renouveau, d’espérance : « Pour la gloire de Dieu ma famille a été détruite ! » ou de continuer à souffrir dans la haine ? Entendons-nous bien, ce n’est pas Dieu qui a détruit la cathédrale, pas plus que ma famille. Mais c’est lui qui, d’un profond malheur, peut faire jaillir du bonheur, de la bénédiction. Aujourd’hui, quelques années après, je continue, dans les situations difficiles, de demander à Dieu d’en faire une bénédiction car c’est le meilleur chemin. Merci Seigneur pour cette expérience. Et que ton Esprit de réconciliation poursuive son œuvre en moi et à travers moi. Amen. Jacques Tschanz
Impressum
Numéro spécial d’Espoir, mensuel de l’Armée du Salut Suisse : Laupenstrasse 5 | CH-3001 Berne | Tél. 031 388 05 91 - Fax : 031 388 05 95 | Courriel : redaction@armeedusalut.ch | Internet : armeedusalut.ch | CP : 30-3117-4 | Abonnement 1 an : CHF 48.-, CHF 67.- (étranger), CHF 72.(par avion) | Fondateur : William Booth | Général : André Cox | Chef de territoire : Commissaire Masimo Paone | Rédaction : Sébastien Goetschmann (responsable) | Tirage CH : 3500 ex. Belgique : Pl. du Nouveau Marché-auxGrains 34 | BE-1000 Bruxelles | Tél. 02 513 39 04 - Fax: 02 513 81 49 | Courriel : Mike_Stannett@bel.salvationarmy.org | Internet : www.armeedusalut.be , www.legerdesheils.be | Abonnement 1 an : 7.5 €, | Chef pour la Belgique : Major Mike Stannett | Tirage BE : 2500 ex. L’Armée du Salut, mouvement international, appartient à l’Eglise chrétienne universelle. Son message se fonde sur la Bible. Son ministère est inspiré par l’amour de Dieu. Sa mission est d’annoncer l’Evangile de Jésus-Christ et de soulager, en son nom, sans distinction aucune, les détresses humaines.