Modification de la forme urbaine et son impact sur l’attractivité du quartier et ses sociabilités. Exemple du quartier de la Duchère Bethelhem T. GURARA
Dans quelle mesure la diversification des îlots est succeptible d’attirer de nouveaux habitants et favoriser une mixité sociale à la Duchère?
ÉTUD. GURARA Bethelhem Tadele UNIT E0932D - MÉMOIRE 3 - MÉMOIRE INITIATION RECHERCHE
SRC
DE.MEM TUT.SEP
ANGOT S. JOLY J.
MARCH ARCH
S10 DEM ATEC 19-20 FI
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© ENSAL
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Modification de la forme urbaine et son impact sur l’attractivité du quartier et ses sociabilités. Exemple du quartier de la Duchère Bethelhem T. GURARA
Dans quelle mesure la diversification des îlots est succeptible d’attirer de nouveaux habitants et favoriser une mixité sociale à la Duchère?
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REMERCIEMENTS / Ce mémoire est le fruit d’un travail qui a duré un an et demi et qui a été traversé par des temps d’hésitations et de remise en question. Je souhaite remercier toutes les personnes qui ont contribué à son développement. Je remercie particulièrement mon directeur de mémoire M. Sylvère Angot pour ses conseills, son aide et sans qui le mémoire n’aurait pas abouti. Un grand remerciement également à ma famille pour leurs soutiens et encouragements.
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AVANT PROPOS / Dans ce mémoire, j’ai voulu m’intéresser au rôle de l’architecte dans les projets urbains précisement dans le cas de projets de renouvellement et de restructuration urbaine. Ceci sous entends que le terrain est déjà habité et le projet vient modifier la morphologie ou le fonctionnement du quartier considéré en difficulté. Dans ces cas, le projet urbain devient souvent un outil politique, une promesse pour un quartier meilleur pour ses habitants. Le site peut également avoir un enjeu économique important qui dépasse le quartier et ses habitants et qui motive le lancement du projet. Enfin dans le cas des renouvellements urbains le projet est aussi censé amener une réponse à la problématique sociale du quartier: paupérisation, crise économique, violences ou insécurités... Quelle marge de manoeuvre reste-il à l’architecte dans ces situations? Par exemple, estil dans la simple spatialisation d’une commande politique? La mixité sociale se résume t-elle à la simple réduction du taux de logements sociaux dans le quartier? Dans quelles mesures les compétences de l’architecte nourrissent le projet urbain? Dans tout les cas, le projet urbain passe souvent par un projet de réorganisation spatiale. La forme urbaine est le produit de l’articulation des aménagements effectués à différentes échelles (agglomération, quartier, rues et bâtiment) en lien avec l’occupation humaine du territoire1. Elle est considérée comme un des ressorts de l’architecte, même s’il n’est pas le seul à la penser et la développer. Ce mémoire questionne une des méthodes de fabrication de la ville qui semble aujourd’hui acquise, qui est l’espace comme remède à la question sociale. L’exemple de la Duchère, quartier du 9e arrondissement de Lyon est intéressant à étudier. Ce quartier voit depuis sa création à la fin des années 50 une succession de projets d’améliorations diverses (sécuritaires, éducatifs...) sans projets de réorganisation spatiale du quartier. Ces projets ateignent que très peu leurs buts et ne permettent pas de renverser les dysfonctionnements du quartier2. Pour la première fois, le projet urbain du Grand Projet de Ville (GPV) de la Duchère intègre une restructuration spatiale du quartier pour répondre entre autres à la question sociale. Il est donc intéressant de voir dans quelle mesure cette modification de la forme urbaine permet de répondre à cette problématique. Cet exemple est très récent, avec des chantiers encore en cours. L’analyse de la reception de ce projet urbain ne pourra donc être complète. Il aurait fallu un recul plus important pour pouvoir mieux l’analyser. Ceci est donc une limite majeure de l’étude. Par ailleurs, s’intéresser au projet social ne peut être fait sans se rendre dans le quartier, observer, rencontrer ses habitants. Ceci a été une difficulté majeure au cours de mon mémoire car je n’ai pu obtenir qu’une dizaine de retours des habitants malgrès de nombreuses tentatives. De plus, mes demandes d’entretiens avec des architectes qui ont intervenus dans le quartier n’ont pas été accepté. Le quartier est très médiatisé depuis plus de vingt ans, les articles de presse ne manquent pas. Ceci expliquerait peut être le ‘ras le bol’ des habitants mais aussi des architectes face à ce sujet. 1 Forme urbaine, http://collectivitesviables.org/ 2 Lyon GPV de la Duchère, popsu.archi.fr
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SOMMAIRE /
Introduction I. Diversifier la forme urbaine : redessiner un cadre de vie meilleur et attirer de nouveaux habitants / A. La Duchère, de la ruralité à la modernité B. Forme urbaine moderne et cadre de vie dévalorisé C. Nouvelle trame urbaine, une recherche de qualités spatiales dans le quartier et dans ses connexions aux communes voisines D. Marge de manoeuvre des architectes dans le projet urbain
II. Diversification des îlots, vers une nouvelle manière de vivre en ville ? / A. Un dessin des ilots permettant de diversifier l’offre de logement: vers une mixité sociale? B. La Duchère-écoquartier, de nouvelles pratiques habitantes à nouvelles sociabilités? C. Un caractère ‘petit village’ renforcé par la pente qui attirent de nombreux habitants D. Marge de manoeuvre des architectes à l’échelle de l’îlot urbain
III. Des enjeux qui dépassent la forme urbaine / A. La Duchère, un quartier (encore) stigmatisé B. Une mixité sociale fragile au delà du logement C. Requestionner le projet urbain de la Duchère
Conclusion
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INTRODUCTION / A - LA DUCHÈRE, ÉMERGENCE ET DÉCLIN D’UN ICÔNE DE LA MODERNITÉ Les débuts du quartier Le quartier de la Duchère est situé dans le 9ème arrondissement de Lyon, aux frontières d’Ecully et de Champagne au Mont d’Or. Troisième colline de Lyon avec la Croix Rousse la colline qui travaille et Fourvière celle qui prie, la Duchère est la moins connue et est absente des guides touristiques. A vrai dire, jusqu’au siècle dernier la Duchère c’était la campagne. Elle ne faisait pas partie de la ville, contrairement aux deux autres collines qui se sont urbanisées très tôt.
Localisation de la Duchère dans Lyon Source: cmap.comersis.com
Plan de Lyon et localisation de ses trois collines
Source: Présentation du projet urbain par Atelier des paysages
En effet jusqu’au milieu du XXème siècle, la colline de la Duchère est occupée par des terres agricoles. Pour la plupart des lyonnais c’était «un lieu de villégiature où se promener le week-end, loin de la ville et au milieu des fermes»3 On y trouvait un château, un fort militaire, des maisons de vacances et diverses champs agricoles. Un quartier conçu pour répondre à la crise de logement Dès les années 50-60, le quartier connaît une transformation marquée. Suite à la Seconde Guerre Mondiale, le déficit de logements n’est toujours pas compensé et la ville de Lyon connait une croissance démographique forte. A cela s’ajoute le retour en France des pieds noirs d’Algérie au début des années 60 ce qui augmente le nombre de personnes à loger. Face 3 La Duchère, un autre visage de la gentrification, Rebellyon
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/17000ème
à cette pénurie, le besoin de construire de nouveaux logements s’affirme. Les terrains non urbanisés à la Duchère qui ont l’avantage d’être à proximité immédiate de Lyon vont devenir le lieu de projets de logements de masse. Les premières esquisses de plans pour le quartier de la Duchère datent de 1952 et prévoient 5500 nouveaux logements pour environ 20000 personnes4 . Les plans sont conçus par les architectes urbanistes François-Régis Cottin et Franck Grimal. En 1957, on pense désormais à loger 40000 personnes à la Duchère, l’objectif est de faire de la Duchère une «ville nouvelle», presque indépendante avec ses quartiers, ses logements et ses équipements. Le chantier est mené par la SERL, sous la direction du maire Louis Pradel. La SERL, Société d’Equipement et d’aménagement du Rhône et de Lyon est une société mixte qui intervient en partenariat avec des maîtres d’ouvrages publics et privés. Elle accompagne dans la conception, le développement et la réalisation de projets de renouvellement urbains. Entre les années 1956 et 1968, grace à la préfabrication des matériaux, on construit tout un quartier moderne avec des barres d’immeubles en un temps record, jusqu’au point où la Duchère est considérée comme modèle de la ville moderne.5 Le quartier de la Duchère est composé de quatres secteurs. Le Château composé de 4 plots de copropriétés et de 4 plots de logements sociaux, d’une école et d’un immeuble de bureau. Le secteur Balmont abrite majoritairement des logements sociaux et quelques logements privés. On y trouve également une petite zone d’activité. La Sauvegarde est composée dans sa totalité d’immeubles de logements sociaux R+4. Enfin le Plateau, secteur central, accueille quelques équipements notamment un centre commercial, deux écoles et un stade. On y trouve aussi quelques copropriétés en collectif avec notamment la tour panoramique. Aujourd’hui c’est le secteur du Plateau qui fait l’objet d’un renouvellement urbain. CHAMPAGNE DU MONT D’OR
Balmont
La Sauvegarde Le Plateau ECULLY
Le Chateau VAISE N 0
170
340
850 m
1700 m
Délimitation du secteur du Plateau
Les différents secteurs de la Duchère
4 La Duchère, un autre visage de la gentrification, https://rebellyon.info/ 5 Histoire de la Duchère et de son patrimoine, http://www.gpvlyonduchere.org/
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Evolution du quartier Les premiers habitants arrivent d’Algérie en 1962, dans un quartier encore en plein chantier.6 Initialement prévu pour accueillir les pieds noirs d’Algérie le quartier accueillera au cours des années tous types d’immigrés ainsi que des ouvriers. Le quartier fonctionne comme un village. Tout le monde se connaît. Assez vite une vie associative se développe, notammment l’ASOFAC (association sociale, familiale et culturelle) créée en 1962 pour revendiquer les coûts élevés de chauffage. De manière générale les adhérants de cette association veulent que les habitants participent à l’évolution de leur quartier, qu’ils échangent et donnent leur avis sur les problèmatiques de la Duchère.7 La situation de la Duchère se dégrade fortement à partir des années 1970. Les usines textiles et chimiques de Vaise, où travaillent beaucoup d’habitants, ferment progressivement, tandis que de nouvelles populations immigrées arrivent dans un habitat déjà vieillissant, fautes de manque d’entretien.8 Ainsi, le taux de chômage augmente dans le quartier et le niveau économique des habitants s’affaiblit. Dans les années 80 et 90 le déclin de ce grand ensemble se poursuit : désindustrialisation, fragilisation socio-économique de sa population, inadaptation des immeubles aux modes de vie contemporains etc... Le quartier perd petit à petit ses habitants. En 1975, la Duchère compte 19 710 habitants, en 1999 elle ne compte plus que 12 411.9 En 1997 des émeutes éclatent à la Duchère suite à la mort de Patrice Fernandez, habitant du 9e Arrondissement de Lyon tué par balle dans le commisariat de Vaise suite à sa garde à vue. De violentes confrontations et des incendies ont lieu sur toute La Duchère. Ces-ci provoquent plusieurs morts et une centaine de véhicules sont brûlés en quelques jours.10 Cette vague de manifestation va se répandre au delà de la Duchère dans plusieures banlieues de Lyon. Elle va être un moyen d’exprimer le ras le bol des habitants de ces quartier périphériques qui se sentent stigmatisés et abandonnés par les politiques. L’ampleur de ces manifestations est telle que les autorités comprennent la nécessité d’agir en urgence face à cette «crise des banlieues» et en font leur sujet prioritaire. Commence alors une succession de programmes de rénovation et de développement sur le plan social et urbain de ces quartiers. En réalité, concernant la Duchère les autorités sont dans un effort constant d’amélioration du quartier avant même les émeutes de 1997. Ces interventions sont souvent ciblées sur une des problématiques du quartier (sociale, sécuritaire, éducatifs...) et n’abordent pas le quartier dans son ensemble.
B - EVOLUTION DES RÉPONSES POLITIQUES FACE AUX DÉFIS DU QUARTIER Une succession de projets de rénovation et de réhabilitation à la Duchère Le 3 juillet 1986 le quartier de la Duchère est identifié comme ‘îlot fragile’ et le premier 6 La Duchère, un autre visage de la gentrification, Rebellyon 7 Participation citoyenne: Experiences et limites d’un idéal de démocratie, DESPONDS, NEDJAR-GUERRE, DI STEFANO 8 La Duchère, un autre visage de la gentrification, Rebellyon 9 La Duchère, Wikipedia 10 La Duchère, Blog: citee2lyon.skyrock.com/
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contrat DSQ (Développement social des quartiers) est signé11. Le DSQ est une procédure lancée dans les premières années de la politique de la ville. Elle vise à revaloriser certains quartiers d’habitation à travers notamment la réhabilitation de logements, l’aménagement des espaces publics et le développement des commerces. Les programmes DSQ sont cofinancés par l’État et la région. La même année en 1986 l’assocation GTI (groupe de travail inter-quartiers) voit le jour à la Duchère. Son objectif : faire entendre la voix des habitants en ce qui concerne le plan de réhabilitation HLM lancé dans le cadre du DSQ. Au delà de ce projet, les réunions de l’association GTI deviennent aussi une occasion d’aborder des thèmes comme le fonctionnement des écoles, la propreté et la vie de quartier à la Duchère. En 1989, la Duchère est nommée ‘quartier prioritaire’ et entre dans les actions de la Politique de la ville. Selon l’article 1er de la loi n° 2003-710 du 1er août 2003 d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine ( loi Lamy), la politique de la ville a pour objectif « de réduire les inégalités sociales et les écarts de développement entre les territoires [...] et leurs établissements publics respectifs élaborent et mettent en oeuvre [...] des programmes d’action dans les zones urbaines sensibles ». L’annexe 1 de cette loi précise que « la politique de la ville se justifie par l’objectif de réduction progressive des écarts constatés avec les autres villes ou quartiers, et de «retour au droit commun». Ceci signifie que la politique de la ville n’est pas une politique réservée aux quartiers ‘sensibles’. Mais son objectif étant de réduire l’écart entre les quartiers confrontés à des problèmes économiques et sociaux et les autres,12 son intervention est naturellement renforcée dans ces quartiers en difficulté. De nombreux acteurs sont concernés par la politique de la ville notamment les services de l’État; l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU); l’établissement public d’insertion pour l’emploi (EPIDE); l’établissement public national d’aménagement et de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux (EPARECA), les associations...pour en citer quelques uns. En 1990 un protocole d’étude et d’accord est signé entre la ville de Lyon représenté par Michel Noir et Pierre Ducret, conseiller climat auprès de la CDC (Caisse des dépots) dans le cadre du Programme multi-annuel développement solidarité. Cet accord abouti à un projet de ville axé sur le développement dans différentes catégories (économique, social, culturel, urbaine). Ce projet de ville a permis de concrétiser quelques actions ponctuelles de restructuration d’espaces publics, d’espaces verts mais aussi des actions dans le domaine économique pour dynamiser le quartier. Mais le quartier reste malgès tout en difficulté après l’achèvement du projet. A partir de 1992, le contrat de ville remplace le programme lancé auparavant. Il permet de réaliser la réhabilitation de la quasi totalité des logements sociaux du quartier. On assiste également à la création de quelques équipements de quartier. En 1998, donc suite aux émeutes de 97, la Duchère est inscrite comme l’une des priorités d’action du plan de mandat. Henri Charbet, adjoint à l’urbanisme présente le projet : “80 mesures pour la Duchère”. Cette fois l’enjeu n’est ni urbain ni social, il est sécuritaire. Le projet prévoit l’installation de caméras de surveillances dans les espaces publics pour renforcer la sécurité dans le quartier. Les caméras seront finalement mis en place en 2000. 11 Lyon GPV de la Duchère, popsu.archi.fr 12 https://www.senat.fr/rap/r07-071/r07-0716.html
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Tous ces projets ont un véritable coût pour la Métropole, entre 1991 et 1998, elle investit plus de 54 millions d’euros pour transformer ce quartier stigmatisé en quartier ‘ordinaire’. Pourtant les problèmes persistent dans le quartier. Le taux de chomage reste élevé comparé au reste de la métropole, et les taux de scolarisation des jeunes est un des plus faibles de Lyon. En 1999 sou Raymond Barre, le marché des définitions pour la restructuration des espaces extérieurs du quartier est remporté par l’Atelier des Paysages. Le projet proposé par Alain Marguerit propose un réaménagement complet des espaces publics de la Duchère.13 La loi SRU est créée en 2000, elle définit les règles en terme de mixité sociale et d’urbanisme. L’article 55 de cette loi introduit l’obligation d’avoir 20% de logements sociaux pour les communes de plus de 3500 habitants. Pour les rénovations urbaines, la loi indique que «dans les communes où le parc social est de plus de 40% la reconstruction sur site doit être uniquement la moitié.»14 Le taux de logements sociaux à la Duchère étant de 80%, 50 % des Ducherois vivant dans le parc social doivent être relogés ailleurs. Balmont 1162 habitants 325 logements sociaux 837 copropriétés La Sauvegarde 1055 habitants 1000 logements sociaux 55 copropriétés
Le Plateau 2396 habitants 1996 logements sociaux 400 copropriétés
Le Chateau 563 habitants 429 logements sociaux 134 copropriétés N 0
170
340
850 m
0ème
Copropriétés
1700 m
Autres (équipements, tertiaire)
Logements sociaux
Part de logements sociaux à la Duchère en 2000
C - GRAND PROJET DE VILLE DE LA DUCHÈRE Lancement du projet urbain En 2001 la Duchère est inscrite au Grand projet de ville (GPV). Gérard Collomb déclare: « La 3ème colline de Lyon est à l’aube d’une révolution urbanistique.»15 En réponse à la loi 13 Lyon GPV de la Duchère, popsu.archi.fr 14 GPV de La Duchère, GRAVEN, IGNACE, LE GENISSEL p.332 15 La Duchère, un autre visage de la gentrification, Rebellyon
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SRU, le GPV prévoit la démolition de 1700 logements sociaux et la reconstruction de 1850 logements diversifiés.16 Parmis les enjeux principaux, l’amélioration des conditions de vie des habitants, le développement de l’attractivité du quartier et de sa valeur économique. Ce projet tente également d’installer une mixité sociale au sein du quartier. Pour résumer, le GPV a deux axes majeurs: le Projet Urbain qui consiste à résoudre les maux urbains du quartier, et le Projet Global qui cherche à créer une mixité sociale et attirer une nouvelle population. La loi Borloo est votée en 2003 et a pour enjeu la réduction des déséquilibres existants sur le territoire de l’agglomération. Elle est à l’origine de la création d’un programme national de rénovation urbaine (PNRU) qui a pour objectif de « faire évoluer ces quartiers vers des espaces urbains ‘ordinaires’ caractérisés par la diversité des fonctions et des types d’habitat, l’ouverture et les relations avec le reste de la ville, la qualité des espaces publics.»17 L’ANRU est créee par la même occasion. En 2004, la ZAC de la Duchère est créée. Depuis nous assistons à l’achèvement de la phase II du projet de ville qui s’opère sur le secteur du plateau. NPNRU sur les autres secteurs de la Duchère
PNRU sur le secteur du Plateau
Loi SRU
2000
Loi Borloo
Phase I du projet de ZAC
2003 2004
Phase II du projet de ZAC
2014
2018
... 2030
Chronologie des principales phases du Grand projet de ville de la Duchère
L’ANRU un acteur clé dans le projet de renouvellement du quartier Le Grand Projet de Ville de la Duchère s’inscrit dans le contrat de l’ANRU (Agence Nationale de la Rénovation Urbaine) qui est son financeur principal. L’ANRU est un établissement public qui exite depuis 2003. Cette agence est chargée de mettre en œuvre le Programme national de rénovation urbaine (PNRU). Son objectif général est de concrétiser des projets de développement de quartiers en difficulté. L’ANRU est l’interlocuteur unique des collectivités locales et des organismes d’HLM qui souhaitent mettre en œuvre des projets de rénovation urbaine dans les quartiers sensibles. L’agence apporte son soutien financier aux collectivités locales, aux établissements publics et aux organismes privés qui conduisent des opérations de rénovation urbaine. L’ANRU intervient dans les quartiers selon trois approches qui peuvent s’entrecroiser. Le volet urbanisme durable permet de penser, organiser et gérer la ville dans une perspective durable, le volet politiques sociales concerne lui les projets qui visent à améliorer les conditions 16 www!.gpvlyonduchere.org 17 Objectifs et fondamentaux du PNRU, anru.fr
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de vie des habitants, en tendant vers des quartiers plus sûrs, plus agréables, mieux reliés au reste de la ville, avec une plus grande diversité de fonctions et d’espaces favorisant les échanges et l’animation des quartiers. Et enfin le volet développement économique qui a l’objectif de redonner de l’espoir et de l’ambition aux habitants, rétablir l’image de ces quartiers auparavant affligés d’une mauvaise réputation, afin d’y faire renaître un dynamisme économique.18
D - PROBLÉMATISATION La rénovation urbaine, une politique volontaire de gentrification ? L’ANRU est une agence qui réalise des projets de rénovation urbaine sur tout le territoire français. Une comparaison avec quelques projets comme le quartier de la Coudraie à Poissy ou la Courneuve à Seine-Saint-Denis permet de remarquer que le principe des projets ANRU est toujours le même. Les objectifs et méthodologies le sont également. Il s’agit principalement de diversifier la population du quartier en baissant la part des logements sociaux et en favorisant l’implantation de nouveaux propriétaires issus des classes moyennes. C’est également de désenclaver le quartier en développant un réseau de transport en commun ce qui facilite sa réinsértion dans la ville. Le projet passe souvent par la démolition d’immeubles et logements existants (1700 dans le cas de la Duchère) et la création d’un quartier de «zéro», une méthode qu’on peut presque considérer comme une ‘table rase’.19 Peut-on alors dire que l’ANRU mène une politique volontaire de gentrification en remplaçant une part des ménages les plus démunis par des populations plus aisées? Certains chercheurs pensent que oui. Notamment, Yoan Miot, Maître de Conférences, Institut Français d’Urbanisme à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée et chercheur au Laboratoire LATTS (UMR 8134) dans son article intitulé : Renouveler l’habitat des quartiers anciens dans le cadre de la « Politique de la Ville »: la gentrification comme horizon ? – Les exemples de Mulhouse, Roubaix et Saint-Etienne. Il argumente son hypothèse qu’il existe aujourd’hui en France des politiques visants à favoriser le processus de gentrification des quartiers anciens populaires. Des instruments d’action publique tels que le contrôle et le subventionnement de certaines parties des offres de logements et la mise en projet urbain des quartiers défavorisés favorise selon lui la gentrification. En prenant l’exemple de la ville de Sainte Etienne il remarque que « la programmation de logements, étroitement contrôlée par le système de subventionnement ou les instruments d’urbanisme opérationnel, vise à produire une offre de logements dont les prix de marchés sont supérieurs aux prix constatés dans les quartiers et à attirer de nouveaux investisseurs immobiliers. » D’autre part à Mulhouse, « les logements labellisés pour leurs qualités énergétiques et environnementales sont un moyen de renforcer l’attrait de l’investissement locatif». Dans les deux cas l’objectif est de mettre en place un système très avantageux pour les propriétaires-investisseurs. Il montre également que dans les deux cas, peu d’instruments sont mobilisés en faveur du maintien de la population sur place. Ceci nous amène donc à se questionner sur le positionnement de l’ANRU par rapport au phénomène de gentrification, et sur les outils qu’elle emploit pour limiter ses effets négatifs sur la population sur place. 18 https://www.anru.fr/fre/Expertises 19 Du futur faisons table rase. Le développement urbain durable au prisme de la rénovation urbaine, EPSTEIN p.2
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La Duchère, un quartier qui a du mal à attirer de nouveaux habitants ? Malgré des efforts remarquables et des engagements qui durent des décennies, la Duchère semble avoir du mal à se gentrifier. Certes les prix bas attirent des acheteurs, une grande majorité de jeunes de moins de 28 ans. Mais le quartier n’a pas le succès tant voulu par les meneurs du projet.
Extrait de presse Lyon Capitale, La Duchère : la méfiance des habitants (2012)
L’image stigmatisante de la Duchère et les clichés sur la sécurité du quartier sont toujours d’actualité. En 2012, Gerard Collomb voit ‘son’ quartier être classé en ZSP : Zone de sécurité prioritaire. Ce classement en ZSP semble encore plus freiner cette ‘volonté’ de gentrification du quartier. Depuis, plusieurs campagnes de communication tentent de présenter le nouveau projet de la Duchère. C’est notamment le cas des journées européennes du patrimoine qui proposent de découvrir le projet à travers des promenades guidées du quartier.(voir programmation en annexe) Ceci permet de surpasser les idées préconçues que l’on peut avoir sur le quartier en le confrontant à la réalité sur le terrain. De la même manière l’objectif de mixité sociale ne semble pas avoir abouti. Mohamed Tria, président du club de football Lyon-Duchère fait remarquer que «Ici, ce qui est assez surprenant, c’est que les nouveaux habitants qui sont propriétaires ne côtoient pas les gens qui sont dans d’autres immeubles. On arrive à créer dans le même quartier d’autres entre-soi, ce qui est assez étonnant d’ailleurs !»20 Ceci nous amène à se questionner d’une part sur la relation qu’il peut y avoir entre forme urbaine et attractivité d’un quartier. D’autrepart s’intéresse à l’impact que peut avoit la modification de la forme urbaine sur la mixité sociale d’un quartier. Par attractivité d’un quartier , nous entendons sa capacité à attirer de nouveaux habitants par la qualité de vie qu’elle offre. Sera en partie abordée la question de l’attractivité économique du quartier sans développer son coté technique qui va au delà de mes compétences. Par ailleurs, la mixité sociale se définit içi comme une coexistance dans un même lieu de groupes sociaux aux caractéristiques différentes (Selod, 2004). Elle dépasse la simple juxtaposition et ses habitants sont amenés à interagir 20 Extrait de presse Lyon Capitale, Lyon : Benjamin Griveaux dans le quartier «emblématique» de la Duchère (2018)
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entres eux. Mais la mixité sociale est tout d’abord une injonction des politiques urbaines.21 Elle serait un remède aux maux de la ville actuelle. La mixité assure un mélange de différents catégories sociaux, il garantie ainsi une cohésion sociale.22 Dans quelle mesure la diversification des ilots lors du GPV est succeptible d’attirer de nouveaux habitants et favoriser une mixité sociale? Hypothèses de recherche Une des hypothèses principales du mémoire est que les nouveaux îlots conçus à la Duchère permettent de donner une nouvelle image au quartier. Cette nouvelle image vient en rupture avec son passé qui doit être «oublié». Les barres de logements du Plateau sont systématiquement détruites, à quelques exceptions près, pour laisser place au nouveau projet. Elles sont accusées de tous les maux urbains et mêmes celles qui sont réhabilitées quelques années auparavant ont le même sort. Leurs destructions, par implosion ou grignotage, sont diffusées en direct à la télévision pour pour en faire un deuil commun. Tout semble être fait pour faire oublier l’ancienne Duchère et recommencer à neuf, comme s’il n’y avait rien de bien à garder. Ceci semble être la première étape qui permet ensuite d’attirer de nouveaux habitants. Une nouvelle image de la Duchère, celle d’un quartier ordinaire, semble venir d’une forme urbaine diversifiée, de gabarits de batiments à échelle humaine et des aménagements de coeurs d’îlots végétalisés. Les îlots du GPV semble proposer un nouveau rapport à la rue et à la nature aux habitants. Ils entretiennent une ambiance de petite commune, succeptible d’intéresser les habitants en quête d’un lieu de vie tranquille, à l’écart des nuisances de la ville dense. J’ai notamment ressenti cette fraicheur et proximité à la nature lors de mes observations sur le terrain. En arrivant de Vaise en transport en commun, ma première impression a vraiment été une impression de quitter la ville. Elle est accentuée par la rupture topographique et la colline boisée de Balmont qui nous acceuille à la sortie du tunnel de la Duchère. Au sein du quartier, la présence du parc du Vallon fait de ce quartier un lieu de promenade agréable. De plus, la position du quartier en hauteur fait qu’on y respire un air frais, ce qui rejoins le sentiment de se retrouver à la campagne. Pourtant nous sommes seulement à quelques minutes en voiture du centre de Lyon et ceci reste un atout majeur pour les habitants. Dans la continuité de cette volonté de donner une nouvelle vision du quartier, les îlots sont composés de batiments hautement performants en terme d’énergie. La Duchère se veut modèle du bien vivre, et propose une nouvelle vision de la ville durable et responsable. En 2013 le quartier est labélisé écoquartier, c’est le premier dans toute l’agglomération lyonnaise. Cette spécificité permet d’attirer une nouvelle population à la Duchère, soucieuse de l’environnement et consciente de ses actes. Comment conçevoir un quartier durable et écologique sans pour autant systématiquement gentrifier un quartier ? Qu’est ce qui permet de maintenir les habitants modestes sur place ? 21 Les enjeux de la mixite sociale en France, injep.fr 22 La mixité sociale : une utopie urbaine et urbanistique, halshs.archives-ouvertes.fr
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Attirer de nouveaux habitants et favoriser une mixité sociale semble aussi être rendu possible par une requalification du foncier à l’échelle de tout le quartier. On propose désormais diverses types d’accession à la propriété, permettant ainsi à un panel d’habitants de contextes socio-économiques différents de venir habiter la Duchère. Les îlots mixtes composés de locations sociaux / accession sociale / accession classique suffisent-ils pour instaurer une mixité sociale à l’échelle de l’ilot? à l’échelle du quartier? De plus, le projet urbain propose des programmes de commerces et quelques bureaux, ce qui introduit un nouveau type de population à la Duchère. Quelle intéraction existe-il entre ces différents types d’habitants? La deuxième hypothèse principale du memoire est que malgrès une modification de la forme urbaine et une diversification des îlots, la Duchère a du mal à attirer de nouveaux habitants et surtout à instaurer une mixité sociale. Au niveau urbain, ceci serait dû à une mal intégration du quartier au réseau de transport en commun et des problèmes de sécurité qui persistent dans le quartier. Ces hypothèses proviennent de mes observations de terrains. Plusieurs entrées d’immeubles cassées, des commerces fermants très tôt le soir, l’absence de station Vélov sont sans doute des signes d’une sécurité toujours fragile dans le quartier. Les bus allant à la Duchère se sont certes multipliés mais il faut encore attendre des dizaines voire des vingtaines de minutes avant de les avoir en dehors des heures de pointe. D’autres constats questionnent la présence de mixité sociale dans le quartier. A plusieurs reprises on monte dans des bus où il y a uniquement des personnes d’origines étrangères essentiellement d’origine africaine. Est ce révélateur d’un manque de mixité sociale dans la nouvelle Duchère? Par ailleurs, j’ai remarqué un manque d’activités tertiaires dans le quartier. Le quartier n’est-il finalement pas redevenu un quartier «dortoir» ? Ou est-ce un problème temporaire qui existe dans tous les nouveaux quartiers ? Par ailleurs, il est possible que le problème d’attractivité du quartier est lié à la qualité architecturale des batiments au delà de leur performance énergétique. Que ce soit un problème constructif ou de conception, nous faisons l’hypothèse que les espaces proposés n’arrivent pas toujours à rencontrer les besoins de ses usagers. Lors de mes observations sur le terrain je me demandais si les jardins privés, emblèmes des maisons coté parc étaient véritablement utilisés? D’autre part on remarque un problème de vis à vis entre les batiments dans plusieurs îlots. Des aménagements sont parfois faites par les habitants pour préserver leur intimité. Ce problème est-il lié au dessin de la forme urbaine? Est ce un frein majeur à l’attractivité du quartier? Méthode de recherche Après une mise en contexte rapide de l’évolution du quartier de la Duchère, nous verrons dans un premier temps en quoi la modification de la forme urbaine permet d’améliorer le cadre de vie des habitants et comment ceci est succeptible d’attirer de nouveaux habitants. Dans un deuxième temps, nous verrons que cette diversification permet, à l’échelle de l’îlot, de concevoir une nouvelle manière de vivre en ville, favorisant ainsi une plus grande attractivité du quartier et de nouvelles sociabilités entre les habitants. Enfin, nous verrons qu’il existe des enjeux qui dépassent le dessin de la forme urbaine et qui influent sur la sociabilité et l’attractivité du quartier. Nous reviendrons sur la difficulté de faire correspondre un idéal d’écoquartier avec ses 17
habitants. Nous aborderons également dans cette partie le rôle de l’architecte et des autres acteurs du projet urbain face au phénomène de gentrification, un sujet d’actualité dans les grandes villes en France touchées par une crise immobilière grandissante.23 La méthodologie de cette recherche est basée d’une part sur des articles scientifiques sur le quartier de La Duchère. Deuxièmement, des observations directes sur le terrain permettront d’aborder l’aspect social de la problématique. L’observation directe sur le terrain a permis au cours du mémoire de faire les premières analyses et a orienté les hypothèses de travail émises. Ces observations d’environ une heure permettent d’observer les habitants de la Duchère, leurs intéractions, le quartier et ses activités... L’«observation permet de décrire avec plus d’objectivité le comportement et il n’est pas réfutable dans la mesure où il est précis.»24 Or l’observation directe sur le terrain amène une part d’interprétation de ce qui est observé. « Pour limiter l’arbitraire de l’interprétation et parvenir à un maximum d’objectivité, il faut croiser des interprétations différentes.»25 Pour cette raison, cette observation directe va donc être complémentée par des questions trottoirs avec les habitants. Les questions porteront sur leurs visions du quartier ainsi que sur leurs pratiques au sein du quartier (voir questionnaire en annexe). Le corpus de ces questions-trottoirs qualitatives est composé de 10 habitants du Plateau de la Duchère, ce qui n’est pas représentatif à l’échelle du quartier. Les enquêtes ‘Ecoutes habitantes 2017’ viennent en complément à ces interviews. Ces enquêtes quantitatifs sont réalisés tous les deux ans à la demande du Grand Lyon. Réalisées par Trajectoires appartenant au groupe reflex, une société spécialisée en études de terrains, ces enquêtes s’adressent aux habitants de différents quartiers à Lyon. Pour l’édition 2017, 1 700 habitants de Lyon ont été enquêtés de mai à juin 2017, dont : 400 habitants de La Duchère ; 800 habitants de 4 autres Quartiers Politique de la Ville (QPV) : Mermoz, Santy, Etats-Unis et Moulin à Vent (Lyon 8ème) ; 500 habitants de Lyon, en dehors des QPV. Concernant les modalités d’enquête, 50% ont répondu par téléphone et 50% en face à face. Les thèmes abordés sont la perception du quartier, les services et équipements, les relation et la vie du quartier de la Duchère et enfin un zoom sur les secteurs de la sauvegarde et du château. Enfin, des études de cas de trois îlots du quartier permettent d’analyser en détail l’échelle de l’îlot qui nous intéresse particulièrement dans ce mémoire. Ces îlots (fiches en annexe) sont trois îlots emblématiques du projet urbain. Ils reprennent les grandes volontés du Grand Projet de Ville de la Duchère que sont le dialogue avec l’existant (Ilot 13), la nature en ville (Ilot 23) et la redynamisation du quartier et son ouverture vers le reste de la métropole (Ilot 6). Pour ces études de cas, une première modélisation numérique permettra de réaliser une analyse morphologique des îlots. Le bureau d’étude TRIBU à Lyon accompagne depuis 2009 la maîtrise d’ouvrage du GPV dans le projet. Il fait régulièrement des évaluations ‘développement durable’ du projet, rédige des chartes d’objectifs à atteindre en terme de développement durable et cherche à vérifier par différentes méthodes si les objectifs de durabilité sont atteints. Dans le même principe, nous allons à travers cette modélisation numérique évaluer l’attractivité des îlots choisis ainsi que sa capacité à favoriser une mixité sociale en établissant des critères d’analyse précis. 23 Lagnaoui, Abdellatif. « La mixité sociale, victime collatérale de la crise immobilière » (2009) p 225-227 24 https://www.unipsed.net/ressource/observation/ 25 L’observation récurrente. Pascal Amphoux - 2002
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Enfin, des entretiens semi-directifs avec les maîtres d’œuvre des projets permettent d’aborder le rôle des architectes dans un projet urbain mais aussi leur marge de manœuvre dans un projet de conception d’un bâtiment. (Guide d’entretien en annexe). Malgrès de nombreuses tentatives, mes demandes d’entretien n’ont pas été acceptés. Pour cette raison, nous allons nous baser sur des articles scientifiques à ce sujet et sur l’entretien de l’architecte Bernard Paris réalisé le 16 Septembre 2019 par Thibault Joucla, étudiant à l’ENSAL dans le cadre de son mémoire d’initiation à la recherche.
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Tour panoramique de la Duchère, Jean Dulac (1971) - Peinture 20
Partie I DiversiďŹ er la forme urbaine : redessiner un cadre de vie meilleur et attirer de nouveaux habitants /
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A. La Duchère, de la ruralité à la modernité 1 - LES DÉBUTS DE LA DUCHÈRE Au XIXe siècle, le plateau de l’ouest lyonnais n’est pas encore urbanisé. Le site est composé de terres agricoles, de prés et de quelques zones boisées au Nord Est du site (actuel Balmont). Jusqu’au XXe siècle les seuls éléments batis sont au Sud le Chateau de la Duchère construit au XIVe siècle, au Nord le fort de la Duchère datant du XIXe. En 1962 le lycée de la Martinière s’installe à la Duchère. C’est un des lycées les plus réputés de la région jusqu’à aujourd’hui.
Terres non urbanisées de ce qui va devenir la Duchère Gravure représentant le chateau de la Duchère Source: http://dvalot.free.fr/pictures/infos/Duchere_Histoire.htm
Fort militaire
Château
Emplacement du château et du fort militaire de la Duchère
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2 - HABITER LA DUCHÈRE, PREMIÈRE ‘TABLE RASE’ DE L’EXISTANT Lorsque les premières intentions d’habiter la Duchère naissent dans les années 60, le chateau de la Duchère est démolit et pour cause son coût de réhabilitation élevé.26 Le fort militaire est lui détruit plus tard dans les années 70 avec la construction du stade du quartier. La trace des anciennes enceintes du fort est visible aujourd’hui sur la vue aerienne; elle est néanmoins imperceptible à échelle humaine. Une volonté d’oublier l’identité précédente du quartier semble motiver les destructions du quartier. L’objectif, rompre avec le rural considéré comme plus primitif par rapport aux nouvelles avancées technologiques des années modernes. Un quartier moderne, plus sanitaire et urbain: c’est ce que les politiques mais aussi les architectes veulent faire de la Duchère. « Pour faire admettre une politique nouvelle, le meilleur moyen est de condamner l’ancienne : les concepteurs des grands ensembles n’ont pas procédé autrement [...] et ce dès l’apparition en France de l’expression « grands ensembles », [...] où ils sont opposés à « la lèpre pavillonnaire » qui les cerne. » Les grands ensembles ont-ils été conçus comme des villes nouvelles ? Annie Foucault (2006)
Dans les années 60, la construction de cette cité propose une nouvelle manière de vivre en ville. La forme urbaine conçue, notamment les typologies de logements proposés se distinguent des communes comme Ecully et les Monts d’Or composées essentiellement d’habitats pavillonnaires. L’appartement devient un signe de modernité qui attire de nombreux habitants. Il offre un confort de vie meilleur à ses occupants qui aupavaravant vivaient dans des taudis surpeuplés en centre ville ou pour la plupart à la campagne27. Par ailleurs, des équipements sont prévus pour le nouveau quartier, ce qui présente un atout majeur pour les futurs habitants. On y trouve une piscine, une église et un centre commercial. Par manque de moyens les autres équipements prévus ne verront pas le jour.
Centre commercial du Plateau, Source: http://dvalot.free.fr/pictures/infos/Duchere_Histoire. htm
L’église du Château (1963), © RUFFET Source: http://www.gpvlyonduchere.org/albums/decouvrir-histoire-et-patrimoine/
26 Château de la Duchère, Wikipedia
27 La mise en place des dispositifs de politique de la ville en lien avec le Grand Lyon, www.millenaire3.com
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A l’époque la construction de cette cité à la Duchère est même considérée par certains comme un projet qui permet d’échapper aux problèmes des Grands Ensembles précédents.28 En effet, à la différence des autres quartiers de logements en masse, la Duchère est à l’époque déjà assez diversifiée. Elle est composée de typologies de logements différents à savoir des copropriétés privées et des logements sociaux. «La construction, confiée à différents promoteurs, permettaient une diversité sociale du peuplement ( logements pour fonctionnaire, logements majoritaires HLM et quelques coproporiétés)».29 De plus, la présence d’équipements de quartier de qualité et très vite d’associations de quartier rassurent les premiers arrivants du quartier. A travers ces associations mais aussi beaucoup la volonté des habitants, une vie de quartier s’établie assez vite. Le marché de la Duchère anime le quartier dès les années 60. Entre les années 60 et 70 sont également organisées les Duchériades, défilés annuels de quartiers qui font participer tous les habitants du quartier, ages et statuts sociaux confondus.
Le marché de la Duchère (1962) – Archives Le Progrès (gpvlyonduchere.org)
Les Duchériades, fêtes annuelles de quartier (1976) - gpvlyonduchere.org 28 Être vigilant: l’opérativité discrète de la société du risque, Jacques Roux (2006) 29 Être vigilant: l’opérativité discrète de la société du risque, Jacques Roux (2006)
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3 - LA MODERNITÉ, UN IDÉAL DU BIEN VIVRE URBAIN ? La modernité incarne au XXe siècle l’idée d’une émancipation, un désir de dépasser le passé en privilégiant les avancées technologiques de l’époque. C’est en quelque sorte un nouveau souffle, une espoir pour une vie meilleure. D’une part les avancées technologiques permettent une amélioration des conditions de vie des personnes, notamment au niveau de l’habitat. Dès la construction, l’utilisation des matériaux béton et acier avec la méthode de préfabrication permet de gagner en efficacité. Ceci donne une réponse au déficit de logement qui tourmentent les villes au XXe siècle. En parallèle, les logements gagnent en qualité avec des réflexions qui se multiplient autour de la question de l’habiter. C’est l’époque des théories de le Corbusier sur l’habiter, la charte d’Athènes et les conférences sur l’habitat. A la Duchère, le confort des nouveaux logements: l’accès à l’électricité, les sanitaires privés, une place de parking dédiée à chaque logement... attirent les premiers habitants du quartier. M. André Gerin, ancien député et maire de Vénissieux (1985-2009) dit ceci conçernant la construction de la ZUP des Minguettes (1965): « Bien sûr, c’était un rêve, et un rêve magnifique ! Nous allions construire des logements modernes et confortables pour loger les ouvriers [...] ou qui, comme moi, venaient du milieu rural pour y travailler. C’était l’ère du plein emploi où la main d’œuvre faisait défaut. Nous faisions un saut sans précédent dans la vie moderne. Et le rêve commençait à se réaliser. » Extrait de l’interview d’André Gerin (Source: https://www.millenaire3.com/Interview/2008/La-mise-en-place-des-dispositifs-de-politique-de-la-ville-en-lien-avec-leGrand-Lyon)
A la Duchère, la forme urbaine du quartier incarne cette modernité. Elle rappelle les principes du mouvement moderne que sont la rupture avec le passé (passage du tissu pavillonaire au plan libre) ; l’utilisation des matériaux nouveaux, béton et acier, qui permettent la conquête de la hauteur ( les barres d’immeubles de plus de 15 étages en moyenne) ; le lien avec l’industrie ( la préfabrication des élements de construction pour les barres d’immeubles) et enfin le manque de décors et l’utilisation de matériaux bruts, içi le béton, en facade.30 Les habitants de cette société encore industrielle s’identifient à cette modernité et donc à la forme urbaine. Ils sont fiers d’habiter le quartier. D’une part ils vivent dans un cadre considéré ‘idéal’ pour son époque. D’autrepart, ils y voient une amélioration de leurs conditions de vie. « Je me souviens lorsque nous sommes venus habiter aux Minguettes en 1968 : pour ma femme, fille de paysan, et pour moi, fils d’ouvrier paysan, c’était vraiment magnifique. Lorsque nous nous sommes mariés, nous vivions dans un taudis à Vienne, sous les toits avec les toilettes sur le pallier du dessous, alors imaginez ce que représentait pour nous un logement moderne avec de la lumière et tout le confort. Nous étions fiers. Nos familles faisaient le déplacement pour venir visiter notre appartement, même mon beau-père qui n’était jamais sorti de chez lui était venu voir ! »
Enfin, l’identification à la modernité semble être un ‘commun’ entres les nouveaux habitants de ces cités, et rend la mixité sociale plus envigeable. «Et puis, nous retrouvions ici des gens qui partageaient nos valeurs de militants, qui étaient issus des mêmes milieux, la plupart venaient du milieu rural. Pendant les quatre ou cinq premières années, effectivement, c’était le rêve.»
Plus tard avec la crise économique, le cadre de vie se dégrade, ainsi que la mixité sociale. 30 http://www.moreeuw.com/histoire-art/mouvement-moderne-architecture.htm
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L’âge I : La ville « multiséculaire », entre régularité et continuité
Relation entre les éléments architecturaux, l’espace viaire et la trame parcellaire
Qualification de la forme urbaine
Échelle opérationnelle privilégiée
Interdépendance des éléments architecturaux avec l’espace viaire et le parcellaire
L’âge II : La ville « moderne », ou le renversement de l’âge I
L’âge III : La ville « bigarrée », synthèse et dépassement des âges I et II
L’âge IV : La ville « adaptable », ou l’urbanisme du changement climatique
Indépendance des éléments architecturaux et de la structure viaire, effacement de la structure parcellaire
Interdépendance volumétrique des éléments architecturaux au sein de l’îlot ouvert, variété des typologies architecturales et disjonctions des immeubles
Interdépendance d’éléments architecturaux variés incorporant des espaces fonctionnellement évolutifs (absorption, stockage, RDC inondable, etc.). Séparation verticale possible entre espaces inondables et espaces « secs ».
Une structure viaire bordée d’éléments construits
Irruption des objets architecturaux mis à distance les uns des autres au sein d’un espace « libre » et ouvert
Travail à l’échelle de la rue, trame d’îlots serrés
Recentrement à l’échelle de l’habitat et réflexion à celle du secteur (la grande maille)
Recours à la figure de la grille, lisibilité et luminosité des îlots par une ouverture permettant la pénétration de l’air, de la lumière et du regard, plus rarement de traversées publiques
Morphologie conditionnée par les logiques hydrauliques. Îlots « à frontières perméables ». Espaces publics et libres permettant la circulation de l’eau (noues, fossés, canaux, etc.) et son absorption par le sol (water square, etc.).
Réflexion en volume à l’échelle de « l’îlot ouvert » (disposition et distribution des éléments bâtis limitant les visà-vis, l’obstruction et l’ensoleillement)
Réflexion qui parcourt simultanément plusieurs échelles spatiales (du bâti au grand territoire) ainsi que leurs interdépendances.
Représentation en plan
Représentation axonométrique
Matrice spatiale des âges de la ville. (Inspirée des codes graphiques de Christian de Portzamparc et de Herzog et de Meuron confrontés par Jacques Lucan), Ambrosino et Ramirez-Cobo, 2019, Source: projetsdepaysage.fr
Barres de logements 48m de haut en moyenne
Tour panoramique 92m de haut
Le quartier de la Duchère avant le projet urbain du GPV, Atelier de Paysages
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B. Forme urbaine moderne et cadre de vie dévalorisé 1 - ILOTS OUVERTS, CARACTÉRISTIQUES DES GRANDS ENSEMBLES Comme vu précedemment, la composition urbaine du quartier de la Duchère reprend les principes de la ‘ville moderne’ . Ceci correspond à la l’Age II de la ville (voir tableau cicontre). Dans l’age I de la ville, les batiments structurent l’organisation urbaine. Alignés sur rue, ils soulignent la structure viaire et la rendent lisible. Ensuite, le système parcellaire permet lui de définir les droits de propriétés des terrains et clarifie les statuts publics/ privés du sol. Les espaces extérieurs sont situés en coeur d’îlot et sont donc systématiquement bordés d’élements batis. Cette composition est caractéristique des centres bourgs anciens mais aussi de la ville néoclassique. Contrairement à l’age I de la ville, le plan libre introduit par les modernistes a pour objectif de retrouver une continuité urbaine à travers les espaces ouverts. Le batiment n’est plus l’élement structuant de la ville.
«Architecture de la ville » Patrick Germe, conférence donnée à l’école de la rénovation urbaine (2014)
Une décennie après sa construction, les limites de la Duchère, quartier composé en plan libre avec des espaces ouverts sont de plus en plus marquées. Les espaces ‘libres’ des modernes conçus sont de dimensions très larges; de plus leur statut public privé est incertain. Ils sont alors souvent difficilement appropriable. Ceci provoque sur tout le quartier soit leur délaissement soit leur privatisation par des jeunes du quartier. Cette privatiqation provoque un sentiment d’insécurité de la part des autres habitants. Quant aux batiments de logements, l’objectif est de montrer les prouesses et l’éfficacité de la préfabrication en béton. Leur gabarit et leur monotomie n’agrémente pas le parcours du pieton (schéma ci-contre), au contraire celui-ci se sent écrasé. Le sentiment d’enfermement que provoquent ces grandes barres participe à la dégradation du cadre de vie général du quartier. La forme urbaine moderne conçue à la Duchère ne permet pas de tirer profit des qualités du site. L’orientation des batiments n’est faite ni par rapport à l’ensoleillement ni par rapport aux vues que l’on peut s’offrir vers le grand paysage, la Saone Lyon. Par ailleurs, une artificialisation majeure du sol et des terrassements constants ont ôté au site le rapport au sol naturel qui existait avant la construction de ce quartier. 27
Coupe paysagère transversale de la Duchère au niveau de l’avenue Rosa Parks Source: Atelier des paysages
N
Alain Marguerit, Bernard Paris
Lecture à l’échelle de la Ville
0N
170
340
850 m
0
100
200
500 m
1700 m
1/17000ème 1/10000ème
Plan de la Duchère avant GPV, et ses principaux accès, plan de base réalisé par Atelier des Paysages
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2- UNE FORME URBAINE QUI AGGRAVE L’ENCLAVEMENT DU QUARTIER La rupture topographique avec Vaise, auquel s’ajoute le caractère insulaire du site provoqué par cette topographie, fait que le quartier de la Duchère est naturellement enclavé. Viennent ensuite les infrastructures routières qui contribuent à l’enclavement du quartier. Enfin les batiments aggravent l’isolement du site. Par ailleurs, la Duchère est très mal desservie par les transports en communs jusqu’à récemment. (voir plan du réseau en annexe) Ceci augmente l’isolement du quartier et participe à sa dévalorisation. Lorsque des liaisons éxistent avec les quartiers adjacents, elles ne sont pas qualitatives. Prenons l’exemple de la liaison à l’Est vers Ecully. Au bout du boulevard du Monts d’or, l’entrée se fait en passant en dessous d’une barre. Véritable ‘porte’ du quartier, elle ne donne envie à personne pour y pénétrer. Au total, le quartier compte trois accès majeurs (voir plan ci-contre). De manière générale ces entrées dans le quartier sont très définis et donnent un effet de porte. Ceci n’invite pas à la découverte, au contraire elles donnent une impression d’un quartier fermé, inhospitalier. Ceci pourrait être une des origines de la stigmatisation du quartier. Cet impression d’un quartier fermé est aussi succeptible de nuire la mixité sociale du quartier. Une fois arrivé dans le quartier, le sentiment d’isolement se poursuit. Les barres d’habitation coupent la vue vers le grand paysage et le regard se dirige vers ces «murs» en béton monotones. Les habitants sont dans un entre-soi et ne se sont intégrés au reste de la ville, ne serait ce que visuellement.
Vue de la barre 210 avant démolition depuis avenue de la Sauvegarde (2005) © Le Grand Lyon, Jacques LEONE
Rapport d’échelle entre le pieton et les barres de la Duchère (2002), Source: anarchitecture.over-blog.org
L’enclavement du quartier est aussi socio-économique. La Duchère est bordée de communes «bourgeoises» comme Ecully à l’Est et les Monts d’or Au Nord et à l’Ouest. Elles sont réputées pour leur cadre de vie agréable et de qualité. De plus, la situation socio-economique des habitants de ces communes est beaucoup plus élevée que les habitants Duchérois. De ce fait, les connexions entre la Duchère et les communes voisines restent très timides. Toutefois le Lycée de la Martinière, par sa réputation, continue à attirer les habitants de ces communes. 29
3 - UN QUARTIER DORTOIR QUI N’ATTIRENT PLUS, DÉBUT D’UNE STIGMATISATION Comme dit précedemment, une des conséquences de la désindustrialisation est la crise économique généralisée sur tout le quartier de la Duchère. La situation financière de ses habitants se dégrade fortement. A cela s’ajoute le manque de sécurité dans le quartier qui conduit de nombreux commercants Ducherois à fermer leur portes. Certains vont dans les communes à coté considérés plus stables, d’autres se réorientent vers d’autres activités. En 1979, le plan Barrot propose un nouveau plan de financement qui limite les dépenses liées à l’assurance maladie 31 et favorise l’aide à la personne. Elle permet entre autres l’amélioration de la situation financière des personnes, notamment des habitants Ducherois. Conséquence, une grande partie de la classe moyenne présente à la Duchère ont désormais le moyen de déménager. Ils sont nombreux à acheter des maisons individuelles dans les communes aux alentours.32 Le profil social à la Duchère devient de plus en plus monotone. «Les fonctionnaires, les maîtres, les professeurs, les policiers vont eux aussi partir vivre à l’extérieur du quartier et ne revenir que pour exercer leur métier dans le cadre de missions et d’horaires bien définis»27 Les années 70 sont aussi marquées par le lancement du regroupement familial approuvé par Valéry Gisard d’Estaing. Il provoque une augmentation de la population immigrée à la Duchère, essentiellement magrébine et de culture très différente.27 De plus, une grande partie de cette population ne parlant pas français, cela rajoute une difficulté supplémentaire pour trouver du travail. Enfin, c’est aussi un facteur qui rend difficile le mélange et la possibilité de mixité sociale. Le quartier perd peu à peu son dynamisme et devient ainsi un quartier dortoir. Pendant la journée il se vide de ses habitants qui vont travailler à Lyon ou dans les communes à proximité et le soir ils rentrent chez eux. Le quartier manque alors cruellement de vie de quartier. Les espaces publics se dégradent car désormais laissés à l’abandon et non utilisés. Ceci favorise le développement d’activités illicites comme la vente de drogues et autres stupéfiants. Ces activités illégales se développent de plus en plus, nuisant ainsi l’image du quartier.
4 - UNE GRANDE QUALITÉ PAYSAGÈRE DU SITE, À VALORISER La Duchère est un quartier qui s‘étale sur 120 hectares, dont 40 sont composés d‘espaces verts. Le site bénéficie d‘un cadre naturel remarquable notamment le ruisseau des Gorges qui coule au sein du parc du Vallon. La grande qualité paysagère du site provient aussi de sa hauteur par rapport à Lyon. Un peu comme Fourvière, elle surplombe la ville du haut et offre des vues sur la capitale des Gaules. A cela s’ajoute son emplacement en proximité aux communes d’Ecully et du Mont d’or mais aussi de la campagne qui est un atout majeur. Il constitue une des sortie de Lyon avec l’autoroute qui passe à l’Ouest du quartier. Il permet de gagner la campagne ou les villages à proximité pour s’éloigner des nuisances de la ville et retrouver une tranquilité. La présence du Parc du Vallon sur le site est également un atout paysager important. Avec ses 4 hectares, c’est le 4ème plus grand parc de Lyon. Son dénivellé impressionnant de 70 mètres et les différents espèces végétaux qu’il abrite le rend riche et atractif. 31 Le plan Barrot de 1979, fresques.ina.fr 32 La mise en place des dispositifs de politique de la ville en lien avec le Grand Lyon, www.millenaire3.com
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La construction du quartier grands ensemble dans les années 60 modifie fortement le paysage présent. Le ruisseau historique des Gorges qui coule au sein du Parc du Vallon est enterré. Jusqu’au XXe siècle il servait de lavoir au Château et été utilisés par les occupants du fort militaire. Le sol du quartier est aussi très modifié par les travaux. Une bétonnisation massive du sol a lieu, les parkings aériens remplacent les terres agricoles. De plus, les voies sont tracés, leur aménagement reste minimes, et ne sont pas végétalisées. Malgrès tout, même après son urbanisation, la Duchère a préservé une grande partie de la végétation présente sur le site initial.
Vue panoramique sur Lyon depuis un logement à la Duchère Source: Castro Denissof Associés
La Ruisseau des Gorges Source: Castro Denissof Associés
Coupe schématique transversale de la Duchère au niveau du Fort Source: Atelier des paysages
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C. Nouvelle forme urbaine, une recherche de qualités spatiales dans le quartier et dans ses connexions aux communes voisines 1 - PRÉSENTATION DU PROJET URBAIN DU GPV Le Grand Projet de Ville (GPV) de la Duchère est validé en 2002, avec un objectif : « faire de La Duchère un espace de vie plus attractif, plus ouvert, plus équilibré»33. Le projet est porté par de nombreux acteurs dont le Grand Lyon, l’ANRU, la Ville de Lyon et quatres bailleurs sociaux pour en citer quelques uns. Le budget prévisionnel du projet est de 750 millions d’euros. Les maîtres d’oeuvre du projet urbain sont Bernard Paris, architecte et Alain Marguerit paysagiste. Les principes du projet urbain conçu sont le désenclavement du quartier et l’amélioration des liens entre la Duchère et les communes voisines; le renouvellement de la forme urbaine et al diversification des logements et enfin la valorisation du grand paysage et de la topographie. C’est également l’objectif de redynamiser le quartier et favoriser la mobilité résidentielle des Duchérois et des Lyonnais.34 Les concepteurs du projet urbain dégagent quatres axes principaux pour le projet. Le premier est la valorisation du grand paysage et des vues vers le reste de Lyon. En démolissant la barre des 1000 qui fait barrière à l’entrée Est du quartier, le but est de retrouver une traversée Est Ouest entre Ecully et Lyon. Avec l’aménagement de l’Avenue Rosa Parks une nouvelle entrée du quartier est aménagée. De part son aménagement et sa largeur mais aussi par sa desserte fréquente en bus, elle donne l’image d’un quartier ouvert et dynamique. Par ailleurs, à l’échelle du batiment la volonté de valoriser le grand paysage se traduit par une répartition des hauteurs de batiments suivant la topographie du terrain. Une attention particulière est donnée à l’orientation des batiments et à leur gabarit de hauteur. Les maisons face au Parc du Vallon sont les batiments les moins hauts avec un nveau R+1. Ensuite, l’essentiel des autres immeubles de logements vont du R+4 au R+5. Enfin, les barres réhabilitées et la tour panoramique restent les batiments les plus hauts du site avec 46m pour les barres en moyenne et 92m pour la tour panoramique. Plus on s’éloigne du Parc du Vallon, plus la hauteur des batiments augmente pour optimiser l’ensoleillment mais aussi les vues. Lorsqu’on regarde la trame viaire avant projet, les axes principaux reliants Vaise à Ecully ou aux monts d’or ne font que contourner la Duchère sans jamais rentrer à l’interieur du quartier. Avec une restucturation de la trame viaire, le but du nouveau projet est de créer une centralité à l’échelle du quartier. La création de l’Avenue du Plateau, avenue commerçante permet de redynamiser la quartier. Celle-ci permet de donner une image positive du quartier, celle d’un quartier vivant et attractif. La place Abbé Pierre, co-conçue avec la participation des habitants ainsi que le bureau d’étude TRIBU, est un symbole du renouveau de la Duchère et de sa vie de quartier. Aujourd’hui, la place Abbé Pierre reste un des endroits les plus dynamiques et le plus mixte du quartier. On y trouve des lycéens, des personnes agées; des passants, des habitants qui s’y reposent ou d’autre encore ceux qui prenent une pause de la bibliothèque. Autour de cette place, les rez de chaussée sont commerçants, avec une offre assez variée. On y trouve notamment une brasserie, des magasins spécialisés et un supermarché pour le quartier. 33 Le projet Lyon la Duchère, gpvlyonduchere.org 34 Extrait du reportage «La Duchère Lyon : Histoire d’une transformation » Garage Productions (2017)
32
N Accès Est de la Duchère sous la barre des milles, Photo aérienne 1966 Source: géoportail.fr
Photo aérienne aujourd’hui Source: géoportail.fr
N D’un contournement vers une centralité à la Duchère
33
ème
Avenue du Plateau
Avenue Rosa Parks
Bibliothèque / Médiathèque
N
0
15
30
50 m
Implantation de l’’ilot 06 face à la place de l’Abbé Pierre
Place de l’Abbé Pierre, Source: google maps
Photo de l’îlot 06, Gautier + Conquet et Associés
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Une des études de cas d’îlot choisie est l’îlot 06 situé en face de face Abbé Pierre. La conception de l’îlot a été faite par Gautier + Conquet et Associés Clément Vergely. Le rez de chaussée commerçant constitue un socle qui permet de distancier les logements de la place publique. Ce socle délimite ensuite au premier étage un jardin intérieur privé pour les riverains. Un système de coursives extérieures distribue les différents logements, 70 au total. Enfin l’écoconception de la façade-écaille permet de garantir l’intimité et le confort des habitants. Pour les façades extérieurs donnant sur rue, le système de volets utilisé protège les séjours et chambres à la fois de la chaleur mais aussi du vis à vis. Les façades intérieures sont elles plus ouvertes avec parfois des loggias. L’objectif, garder un lien direct avec le jardin intérieur plus privatif. Le système de distribution des logements est optimisé, il s’agit de passerelles et de coursives extérieurs. Ceci permet d’avoir un batiment moins monumental en façade et surtout optimiser l’ensoleillement des logements. Magrès la dynamique de la place Abbé Pierre pendant les marchés et les heures de sorties de cours, la vie de quartier du quartier de la Duchère laisse magrès tout des doûtes. D’une part nous observons à plusieures reprises la fermeture très tôt des commerces et de la brasserie du quartier. De l’autre l’absence de restaurants/ bars passé 19h ne donne pas l’image d’un quartier actif et dynamique.
2 - LE PROJET URBAIN DU GPV, UNE DEUXIÈME ‘TABLE RASE’ ? Un des objectifs du projet urbain est de rendre la Duchère un quartier attractif. Pour celà il semble de l’un des prérequis est la démolition des barres d’habitation, considérés comme symboles des difficultés du quartier.35 La méthode adoptée par l’ANRU, aussi bien dans les autres GPV de France, est celle de la démolition-reconstruction. A la Duchère 1700 logements sociaux sont détruits. Leur disparition est diffusé en direct à la télévision. Pour les anciens habitants, ceci provoque un manque de repère dans le quartier: «Même les noms de rues ont changés36. Ceci n’est pas étonnant car l’objectif est de donner une nouvelle image du quartier pouvant surtout attirer de nouveaux habitants. Les barres représentent tout le passé stigmatisant de la Duchère, il faudrait l’oublier. Quelques batiments sont épargnés, et sont reconnus pour leurs valeurs historiques. La tour panoramique et le ciné Duchère, pour en citer quelques uns, sont inscrits au patrimoine du XXe siècle. Comme nous le verrons sur l’étude de cas de l’îlot 13, d’autres barres sont réhabilitées et transformées. Ces destructions permettent magrès tout de retrouver un nouveau rapport au sol qui s’était perdu avec la construction du quartier Grands Ensembles. Les nouvelles rues prennent en compte la topographie du terrain et leur aménagement leur offre une qualité spatiale. Les rues ont désormais un statut privé/ public clair et leur aménagement est réalisé en fonction de leur hierarchie. Les avenues majeures du quartier sont plantées et composés de bancs publics. Pour les rues moyennes du quartier, un effort de distanciation des logements par rapport à la rue est fait. Enfin un chemin pieton est aménagé le long du Parc du Vallon, ce qui constitue une promenade agréable pour les habitants. 35 Expérience du changement et attachements, dans Ethnologie française par Bianca Botea (2014) 36 La Duchère à Lyon : d’une cité populaire à un écoquartier labellisé, par Ozlem Unal (2014), bondyblog.fr
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Etat existant
Le projet GPV
Plans et coupes des îlots Avant et après projet, Atelier Alain Marguerit
Gabarit de batiments à la Duchère aujourd’hui, Photo, Mssion Lyon la Duchère
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D. Marge de manoeuvre des architectes dans le projet urbain 1 - LES MAÎTRES D’OEUVRES FACE À LA COMMANDE POLITIQUE Au départ le marché des définitions de 1999 qui lance les réflexions sur le projet spatial de la Duchère prévoit uniquement la restructuration des espaces publics du quartier.37 L’idée d’un projet global sur l’intégralité de la Duchère est initié par le paysagiste Alain Marguerit. Dans cette étude, il propose un projet urbain qui redessine l‘ensemble des espaces publics du quartier tout en retravaillant sa trame viaire afin d‘ouvrir le quartier vers l’extérieur. Il évoque également la nécessité de s’intéresser aux éléments batis et pas uniquement au vide. Avec l’arrivée de la Loi SRU en 2000, une contrainte j’ajoute à la mission de requalification des espaces publics du quartier. La réduction du nombre de logements sociaux s’imposant, les batiments sont désormais intégrés à la réflexion. Dans ce cas, nous remarquons que les analyses urbaines faites par Alain Marguerit et le diagnostic qu’il en tire devancent la commande politique. Nous pouvons même dire qu’elle alimente les cahiers des charges du projet. La commande politique, que ce soit celle de requalifier les espaces publics ou de réduire le taux de logements sociaux dans le quartier semble traiter les problématiques du site de manière individuelle. Au contraire, la compétence du maître d’oeuvre lui permet d’aborder plusieurs problématiques à la fois, intégrées dans une cohérence globale. Il est aujourd’hui une quasi évidence que le projet urbain soit une initiative politique, ou parfois économique. Mais dans le principe le projet urbain pourrait aussi être initié par des analyses urbaines de différents spécialistes : urbanistes, architectes ou paysagistes sans la présence d’une volonté publique. D’autant plus, si ces analyses parviennent à concrétiser un projet urbain, celui ci sera particulièrement succeptible de répondre aux problématiques sociales du quartier. Christian Devilliers, architecte, rappelle que le projet urbain et une «démarche de transformation et d’évolution de la ville» et que celle-ci nécessite du temps. Il l’oppose à l’urbanisme operationnel où nous sommes dans une «logique de l’urgence», dans une politique de l’action invoquée par les maires.38 Il me semble que si l’initiative du projet urbain provient des de l’urbain, il permet d’éviter la politicisation et l’instrumentation du projet. Son objectif sera plus centré sur les habitants. En réalité ce propos est à nuancer car ce que l’on appelle içi ‘commande politique’ est en fait le résultat de plusieurs constats et diagnostiques sur le terrain. De plus cette commande est souvent élaborée par un groupe d’acteurs divers, composés notamment d’urbanistes. Le but n’est donc pas d’opposer les spécialistes des acteurs publics, il s’agit plutôt de revoir les marges de manoeuvre que possèdent aujourd’hui ces acteurs et de les réequilibrer. D’autrepart dans son processus de conception, l’architecte ou le paysagiste prend en compte les contraintes imposées et les confrontent à sa propre analyse urbaine afin d’arriver à une stratégie de projet cohérente. Une interprétation de la commande politique en ressources de projet est necessaire pour que sa réalisation respecte bien l’interet general. Enfin, il doit pouvoir argumenter ses choix et convaincre. Pour celà il emploie le dessin d’architecture mais 37 Lyon GPV de la Duchère, popsu.archi.fr 38 La place des architectes dans le projet urbain, Théo Faucheux (2017)
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pas seulement. Pour se réperer dans les autres disciplines, il varie ses outils de communications afin de pouvoir, échanger, négocier et faire avancer le projet.
2 - UN PROJET SANS DÉTRUIRE ? «Bernard Paris est architecte mais aussi et, peut-être surtout, urbaniste (...)Bernard Paris prend régulièrement des positions courageuses et nuancées face à la tendance un peu trop facile de la ‘tabula rasa’ laquelle, selon lui, ‘efface la mémoire, et a la prétention de remplacer le mal par le bien’. Dans ses projets urbains, il attache depuis toujours une importance toute particulière à la participation des habitants, aux aspects humains, au dialogue social, mais aussi à la prise en compte des valeurs paysagères du site, en s’associant, pour la plupart de ses projets, avec le paysagiste Alain Marguerit (...) Aujourd’hui, c’est pour saluer son travail très important dans le domaine de l’aménagement urbain et pour ses réflexions sur la ville, que l’Académie d’Architecture a souhaité décerner à Bernard Paris la Médaille de l’Urbanisme.» Extrait de l’éloge prononcé par Joanna Fourquier. (www.batiactu.com, 2012)
La posture de Bernard Paris quant à la ‘tabula rasa’ semble claire, pourtant le projet urbain à la Duchère en est un. Qu’est ce qui explique cela? Cette contradiction permet d’aborder la marge de manoeuvre qu’à l’architecte par rapport à la volonté politique. En effet, la destruction des barres d’immeubles est encouragée par les politiques. Selon eux, c’est une des conditions du renouveau du quartier et de l’image qu’elle veut donner. En général en France les années 2000 marquent des questionnements par rapport à l’échec des grands ensembles. Leur forme urbaine, leurs batiments en long et leur monofonctionnalité leur sont reprochés. Pourtant, accuser la crise d’un quartier principalement sur sa forme urbaine ne paraît pas cohérent. Dans le cas de la Duchère, il me semble que le véritable problème est avant tout économique. En effet les problèmes du quartier viennent principalement de la désindustrialisation et du chômage qu’elle provoque. Elle est aussi liée à une problématique éducative: la plupart des habitants de la Duchère n’ont pas fini leurs études. Ceci les limitent dans le choix du travail qu’ils sont capables de faire. Il me semble donc que ce n’est pas uniquement la forme urbaine proposée qui pose problème mais bien la situation financière de ses habitants, son manque d’activités tertiaires, de dynamisme qui effondrent le quartier. Et si le projet de la Duchère était d’abord économique ? Un exemple intéressant sont les barres d’habitation présentes aujourd’hui dans le quartier de la part Dieu, dans le 3ème arrondissement de Lyon. Certes des rénovations ont été nécessaires pour arriver à nos critères contemporains de confort d’habiter mais ces barres ne posent aujourd’hui aucuns problèmes spécifiques. En modifiant une partie de leur morphologie, les barres sont aujourd’hui très bien intégrées au tissu urbain qui les entoure. Les habitants de ces batiments sont diversifiés et ne constituent pas une catégorie socio économique particulière. Ceci confirme que la typologie de batiment n’est pas seule résponsable des problèmes que subit le quartier. Le succès des barres à la Part Dieu est selon moi dûe à la dynamique générale du quartier avec la présence de nombreux commerces et bureaux. De plus, c’est un quartier bien desservi par les transports et bien intégré, ce qui attire les habitants. Et si nous remettions en question cette volonté de résoudre systématiquement une problématique sociale par un projet spatial. Que serait devenue la Duchère si ses batiments, certes rehabilitées, restaient. La réponse au Marché des définitions de 1999 par Alain Marguerit semblent suggérer cet axe. Ses schémas montrent les barres de logements transformés pour intégrer une trame viaire à échelle humaine. Des percées visuelles permettent de retrouver le 38
lien avec l’horizon et le grand payage qui s’était perdu.Les pignons des batiments sont ouverts et offrent un ensoleillement maximum aux logements. Enfin les espaces publics sont réaménagés, ainsi que les équipements publics. Pourquoi cette proposition n’at-elle pas aboutie? En réalité un nouvel appel d’offre est fait en 2001 lors du lancement du GPV ce qui expliquerait pourquoi ce projet ne s’est pas concrétisé. Pourtant, Alain Marguerit et Bernard Paris finissent par être lauréat du concours pour le projet urbain du GPV en 2002, mais le projet a considérablement changé et le choix de la table rase semble être fait. Est-ce un signe de la priorité de la volonté politique sur le concept des architectes ? Ou cela est-il un résultat d’une négociation à égalité qui suppose que le futur de la Duchère se porterait mieux sans ces barres?
Quartier de la Part Dieu, source photo: christiandeportzamparc.com
Proposition d’Alain Marguerit pour le marché des définitions de 1999
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Proposition d’Alain Marguerit pour le marché des définitions de 1999
Pour conclure, tout au long de son histoire la Duchère essaye d’atttirer les habitants en renvoyant à un idéal de bien vivre de la société contemporaine: l modernité dans les années 60 et la figure de l’écoquartier de nos jours. La modification de la forme urbaine joue un rôle majeur dans la concrétisation de ces idéaux urbains. D’une part elle améilore le cadre de vie des habitants et diversifie le peuplement dans le quartier. De l’autre elle assure le désenclavement physique du quartier et sa redynamisation à travers les programmes de commerces. Le rôle de l’architecte dès la commande politique est essentiel il traduit les préscriptions qui lui sont faites en ressources de projet; dans le cas de la Duchère il en initie même certains. Mais sa marge de manoeuvre est limitée face aux acteurs politiques qui semblent avoir le dernier mot du projet, notamment concernant la «table rase» de l’existant pour donner une nouvelle image au quartier. La nouvelle image de la Duchère et le projet de liaison avec les communes voisines et le reste de Lyon ne se fait pas uniquement de l’amélioration du cadre de vie du quartie. Le projet urbain du GPV véhicule également une nouvelle manière de vivre en vivre.
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Partie II Diversification des îlots, vers une nouvelle manière de vivre en ville ? /
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A. Un dessin des ilots permettant de diversifier l’offre de logement: vers une mixité sociale? 1- LIENS ENTRE ANCIENS ET NOUVEAUX HABITANTS Désormais, la mixité sociale est devenue un critère important du bien vivre en milieu urbain. Terminé le zoning. Fini les quartiers spécialisés, les quartiers ouvriers et d’acceuil des populations immigrés. Une nouvelle manière de vivre ensemble est revendiquée, et les projets urbains récents en font un des éléments importants de leur cahier des charges. Architectes, promoteurs, aménageurs tout le monde est concerné. Le quartier idéal est un quartier mixte. «Dès qu’elle s’écarte de la diversité, une société humaine et urbaine ne peut plus fonctionner» Michel Noir, ministre puis député maire de Lyon (2009) - Millénaire3.com
Nous pouvons discuter sur l’intêret de la mixité sociale «programée», et de ses effets positives comme négatives sur les habitants. Mais ceci n’est pas le centre de l’étude et nous considérerons la mixité comme une contrainte de projet comme les autres. Pour traduire spatialement la mixité sociale, les architectes/ urbanistes et paysagistes Alain Marguerit et Bernard Paris ont travaillé sur une diversification des typologies de logements. Différentes typologies de bâtiments sont aussi proposés: l’immeuble collectif, l’habitat intermédiaire et des maisons individuelles groupées. Elles sont réparties en fonction de leur hauteurs entre l’avenue du plateau et le parc de Vallon. En effet plus on s’éloigne de l’avenue principale moins les bâtiments sont hauts. Ceci permet de dégager la vue vers l’Est et optimiser l’ensoleillement des batiments. De plus, il semble y avoir une volonté de communiquer avec les typologies de batiments qui se trouvent coté écully pour assurer une meilleure transition entre ces quartiers. L’étude des trois études de cas d’îlots nous présentent les principaux types de batiments à savoir les maisons du parc (Ilot 23), l’immeuble collectif (Ilot 06) et les barres existants réhabilités (Ilot 13). Pour le cas de la Duchère, la mixité sociale passe aussi par le lien antre ancien et nouveau habitants. Concernant les bâtiments existants, un effort a été fait pour les intégrer au nouveau plan du quartier dans une relation de complémentarité avec les nouveaux. Dans le cas de l’ilot 13 la barre 200 est en partie pour s’intégrer à la nouvelle trame urbaine. Aujourd’hui cette barre n’est plus sentie comme un «mur» de béton. Une aile nouvelle est également rajoutée contre le pignon sud. Elle permet de concevoir de nouveaux logements avec un meilleur confort de vie pour ses habitants. L’îlot 13 est composé de la barre réhabilitée au Nord, et de deux immeubles de logements intermédiaires au Sud. Ils partagent un coeur d’îlot commun qui présente quelques problématiques suceptibles de nuire la mixité sociale. En effet à l’exception de l’aire de jeu pour enfant à l’Est, le caractère du coeur d’îlot pas très qualitatif. On y trouve des poubelles de tri en plein coeur de l’espace collectif. Ceci ne favorise pas la pratique de cet espace. De manière général, parmis les 10 habitants interrogés à la Duchère seuls 3 prennent plaisir à aller dans le coeur d’îlot ou espace collectif (voir annexe) 44
Raccourcissement de la barre 200, Source: Archigroup
Coeur d’îlot de l’îlot 13, Bethelhem GURARA (2019)
2 - UNE RESTRUCTURATION FONCIÈRE À L’ORIGINE D’UNE DIVERSIFICATION Le projet urbain du GPV propose une requalification du foncier de la Duchère. Ceci permet une diversification des modes d’accession du logement. De l’accession sociale, au privée en comptant également une partie de locatif, les habitants ont désormais le choix de prendre ce qui leur convient par rapport à leur situation financière. Cette requalification met en place un système parcellaire, auparavant inéxistant avec le plan libre. Celui ci permet une meilleure lisibilité et structuration des statuts de l’espace. D’autrepart, la gestion et entretien des espaces publics sont désormais claire. Ils sont 45
conçus en prenant en compte ce qui les entoure, et chaque espace public a sa spécificité. Le square Averroes Yellow Square 3 devant l’école des Bleuets est conçue pour être agréable aux enfants tout en étant sécuritaire. Le choix des matériaux va notamment en ce sens. Le mobilier est minimal mais son aménagement permet aux parents de s’y installer pour surveiller leurs enfants. Le square compas-raison sert quant à lui de belvédère vers Lyon et Fourvière. La place Abbé Pierre est le coeur dynamique du quartier. Avec sa surface qui dépasse la place des Terreaux à Lyon et son aménagement, elle acceuille différents évènements de quartier ainsi que le marché. Enfin le parc du vallon est un espace public à l’échelle de toute la Duchère. C’est un lieu de promenade privilégié dans la nature et le long d’un ruisseau aménagé.
N 0
000ème
000ème
170
340
850 m
1700 m
Plan de requalification du foncier de la Duchère, Atelier des Paysages
100 delà 200 de la diversifi 500cation m Au foncière, la forme urbaine de l’îlot a aussi un impact sur la mixité sociale et la relation de voisinage entre les habitants. En 2013, Laura Tremblay étudiante à l’école d’ingénieurs polytechnique de l’Université de tours réalise une étude dans le cadre de son projet de fin d’étude intitulée: Les pratiques de l’espace public des quartiers ANRU par leurs habitants : Le quartier de La Duchère à Lyon. Elle s’intéresse entre autres à l’impact de la forme urbaine sur la relation de voisinage entre les habitants anciens et les nouveaux arrivants. Les entretiens qu’elle réalise avec les habitants montrent la facilité ou le frein que peut constitué l’organisation spatiale de l’îlot pour rencontrer ses voisins: 0
«Quelques personnes (n° 24, n°25, n°27) ont souligné le fait que l’agencement du bâtiment contribue au relationnel entre voisins puisqu’il permet de se croiser. [...] La forme architecturale est donc un facteur qui contribue à favoriser la mixité sociale dans l’espace public.» Dans son étude, elle remarque que les échanges entre les habitants se font majoritairement dans des espaces intermédiaires entre la rue publique et le logement privatif. 46
«Les lieux associés à ces échanges sont surtout ce qu’on a appelé les espaces intermédiaires [...], c’est-à-dire les halls d’entrée, les cages d’escaliers, les ascenseurs, les paliers ou encore les couloirs. L’entretien n°11 confirme que les espaces intermédiaires constituent des espaces de rencontre : ‘‘On s’est rencontré dans les couloirs avec ma voisine d’ici, durant les réunions de copropriété aussi. [...]‘‘». Si on revient sur l’îlot 13 de la Duchère, on remraque que les accès aux logements ne favorisent par la rencontre entre les habitants de l’ancienne barre réhabilitée et les nouveaux logements intermédiaires construits. En effet pour ce dernier les riverains accèdent à leurs logements coté rue. Ils sont acceuilis par un espace collectif végétalisé et regagnent ensuite leur immeuble. Du coté de la barre, l’accès se trouve coté coeur d’îlot. L’absence d’un accès commun est une origine de la communication quasi inéxistante entre ces habitants. A celà s’ajoute la rupture topographique au sein de l’îlot qui vient souligner cette séparation entre les nouveaux batiments et l’ancien.
(a)
N
Plan masse 1/1000e de l’îlot 13 et ses principaux accès, Plan de base par Atelier des Paysages
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Entrée des logements intermédiaires, Source: Atelier Régis Gachon Architectes
Vue (a) du coeur d’îlot depuis l’entrée dans la barre Alésia, Bethelhem GURARA (2019)
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B. La Duchère-écoquartier, de nouvelles pratiques habitantes à de nouvelles sociabilités? En 2013 le projet de la Duchère obtient le label d’écoquartier (niveau 3). Il s’agit du premier écoquartier de Lyon. «Un écoquartier est une zone urbaine conçue, organisée et gérée dans une démarche de développement durable. Ces quartiers doivent ainsi avoir un potentiel de développement économique, répondre à des critères de performance environnementale rigoureux (transport en commun, recyclage de déchets, éco-construction…) et assurer la mixité sociale et fonctionnelle» Extrait de : Ecoquartier qu’est ce que c’est ? par Blaise Mao (2009) publié sur geo.fr. Un écoquartier c’est également «une réponse locale aux grands enjeux environnementaux, économiques et sociaux en termes d’aménagement urbain.»39 Le label écoquartier vise à encourager les projets d’écoquartiers et à garantir leur qualité. Il est attribué à un quartier selon une démarche progressive en 4 étapes (1- début d’une démarche écoquartier; 2- déroulé du chantier; 3- livraison du projet et enfin 4- trois ans après sa livraison une évaluation de l’écoquartier et confirmation de ses engagements tenus. 39
1- UN NOUVEAU RAPPORT VILLE-NATURE Une des volontés du projet urbain est de retrouver une relation ville nature dans ce quartier composé à 70% d’espaces verts. Sur l’intégralité du site de projet une attention particulière est donnée à la qualité bioclimatique des bâtiments, ainsi que de leur enveloppe. Ceci permet de faire des économies sur la consommation énergétique des logements. De plus, les îlots sont traversés par une trame verte continue entre le Parc du Vallon et l’avenue du Plateau. Le travail du paysagiste Alain Marguerit dépasse la question du statut foncier publi privé des espaces dans la volonté de créer des continuités paysagères dans le quartier. A une échelle plus large, l’objectif du paysagiste Alain Marguerit est de créer une continuité entre le parc du Vallon et Balmont, deux espaces publics majeurs du site.
Les Balmes Le Vallon
Continuités écologiques entre le public et le privé, axonométrie Atelier des paysages 39 Ecoquartier, http://www.rhone.gouv.fr/
Le Vallon et les Balmes, schéma Atelier des paysages
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N
Parc
Allée pietonne
Maisons ‘du Rue du parc’ parc
Logements collectifs
Avenue majeure
Plan 1/2000 de lîlot 23 et ses abords, plan de base Atelier des paysages
L’étude de cas de l’ilot 23 comporte les attributs d’une ville nature. D’un coté des maisons individuels groupées possèdent chacunes un potager privatif. De l’autre un immeuble de logement collectif conçu par l’agence AFAA. Le projet initial comportait un espace collectif végétalisé ainsi que des espace de repos. A la demande des habitants le caractère de cet espace collectif évolue: désormais on y trouve un potager collectif que les habitants prennent le temos d’entretenir. D’après les représentants de la SERL, recontrés lors de la promenade guidée du quartier dans le cadre de journées européennes du patrimoine 2019 ce jardin potager fonctionne et a même permis de raprocher les habitants de cet immeuble. Pendant cette visite guidée, une autre habitante de la Duchère s’éxprime «Nous aussi on aimerait bien avoir un potager».
De la rue au Parc, schéma Atelier des paysages
Jardn potager à la demande des habitants, Bethelhem Gurara (2019)
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2- LA ZONE ‘BLANCHE’ DU PLAN URBAIN RÉINVESTIE Un écoquartier repose entre autres sur l’investissement de ses habitants pour faire perdurer les modes de vie durables. Une des mesures de cet engagement des habitants au sujet de leur quartier est leur participation dans des associations du quartier. L’enquête réalisée montre un engagement croissant des Ducherois dans des associations ou collectifs de quartier. Le taux d’engagement est le plus élevé dans le secteur du Plateau (28%), secteur qui a accueilli le projet urbain GPV. Au contraire au Chateau, un secteur de la Duchère pas encore concerné par le projet urbain, le taux d’engagement reste très bas (10%). Le projet urbain réalisé a donc permis un regain d’intêret des habitants pour leur quartier. L’investissement des Ducherois dans leur quartier peut aussi être ressentie dans l’exemple du Jardin d’Emilie. Situé sur l’Avenue Rosa Park à l’entrée Est du plateau le site est au départ un «vide» dans le dessin du quartier. En 2012, lors d’une concertation autour des futurs espaces publics du Plateau, les habitants expriment le souhait de voir se développer des jardins partagés.40 Avec l’aide de la SERL et de la mission Duchère, le projet se concrétise. Aujourd’hui ce jardin orienté pédagogie est ouvert à tous les habitants. Mais son fonctionnement laisse le doute. De observations sur le terrains permettent de constater que cet espace manque de jardiniers, il semble abandonné. Cette remarque et aussi faite par une habitante lors de la visite guidée du quartier. Les aménageurs de la SERL reconnaissent ce manque de dynamisme mais restent optimistes: avec le temps les habitants l’utiliserons plus et la pédagogie se développe pour inciter les jeunes à participer au projet.
Extrait des résultats de l’enquête quantitative Ecoutes habitantes 2017
Emplacement du jardin d’Emile, plan de base par Atelier des Paysages
40 Jardinez au Naturel, 2017 gpvlyonduchere.org
Le jardin d’Emile, une initiative habitante, Bethelhem Gurara (2019)
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Les maisons coté parc du Vallon, Bethelhem Gurara
Montée de la grande côte à Croix Rousse www.vanupied.com
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C. Un caractère ‘petit village’ renforcé par la pente qui attirent de nombreux habitants 1- UNE AMBIANCE QUI RAPELLE LE QUARTIER DE LA CROIX ROUSSE La déclivité importante du terrain combinée à la densité importante des batiments sur le site procure un sentiment de rapprochement et véhicule un esprit petit village. D’autant plus, on ne croise que rarement des habitants dans les rues, et la circulation automobile reste très calme. Son ambiance rappelle le quartier de la Croix Rousse, ancien quartier des ouvriers en soierie. Véritable «village dans la ville» à deux stations de l’Hotel de ville de Lyon, le quartier de la Croix Rousse connait un engouement particulier de la part des habitants mais aussi des promoteurs immobiliers.41 Ses marchés quotidiens, ses commerces de proximités mais aussi se façades continues et colorés attirent de nombreux habitants. Autrefois un quartier ouvrier et populaire, le profil de ses habitants a aujourd’hui évolué. Il est plus diversifié et tend même vers une gentrification du quartier. Il est intéressant de remarquer que parmis les 10 personnes interviewées à la Duchère 3 d’entres elles vivaient auparavant dans le quartier de la Croix Rousse. Ceci n’est peut être pas une coincidence. D’après un habitant, avec le prix attractif du logement à la Duchère, cet ambiance du quartier est une des raisons de son choix d’emménager dans le quartier. Mais cette proximité que procure la topographie est à l’origine de beaucoup de vis à vis. Ce vis à vis se crée d’une part entre les batiments de logements. De l’autre, il y a également un vis à vis avec le pieton dans la rue. J’ai été particulièrement confrontée à ce vis à vis lors mes observations de terrain car je pouvais facilement voir depuis la rue ce que certains faisaient dans leur balcons, d’autres dans leurs jardins. Le son s’y propage aussi facilement, on arrive à entendre de la musique lancée dans un logement ou encore de boûts de conversation lorsque les fenêtres étaient ouvertes. Le simple fait de marcher sans les rues donne une impression de priver une partie d’intimité aux habitants. Ceci est particulièrement vrai pour l’allée pietonne qui longe le Parc du Vallon et les maisons du parc. Il l’est aussi pour la rue du Parc située un peu plus haut. Quel ressenti ont les habitants qui découvrent le quartier pour y habiter? Cette proximité est-elle un frein à attractivité du quartier ? Ou est elle au contraire un atoût, comme pour le quartier de la Croix Rousse?
2- UN MANQUE DE SOCIABILITES MALGRES LA PROXIMITE Malgrès cet esprit de ‘petit village’, il y a peu de liens entre les habitants du quartier. Après de nombreux entretiens avec les habitants, Laura Tremblay explique que « les rapports entre voisins restent de l’ordre du ‘bonjour-bonsoir’ et se développent peu après cela [...] Le couple n°2 certifie que le fait d’être propriétaire aide ceux-là à se connaître entre eux : ‘‘Là on va à des réunions, on parle un petit peu plus donc on connaît plus.»42 Un des facteurs qui limite cette sociabilité est la configuration du parking. En effet, les parkings soutterains mis en place pour limiter le stationnement sur rue diminuent la pratique pietonne des rues, elle limite donc les rencontres possibles. De plus, elle semble venir d’une volonté de rassurer les nouveaux 41 Esprit Canut. Lancement : Une nouvelle adresse Croix Roussienne www.promoval.fr 42 Les pratiques de l’espace public des quartiers ANRU par leurs habitants, 2013? Laura Tremblay
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habitants et un moyen de les sécuriser. Ils peuvent désormais vivre à la Duchère sans se confronter à ses rues ni à ses autres habitants.
D. Marge de manoeuvre des architectes dans le projet urbain Comme nous venons de voir avec l’exemple du parking, la conception des différents architecturaux peuvent avoir un impact plus large sur les volontés du projet urbain. Ceci confirme que l’architecte/ urbaniste joue un rôle majeur et à différentes échelles dans le projet urbain. Un autre exemple intéressant sur le rôle est celui des maisons le long du Parc du Vallon: «Et donc ici on voulait finir par des maisons. Mais on ne voulait pas faire les maisons du port de Hollande etc. hyper friquées pour les gens qui sont très riches. Donc on s’est dit comment on va y arriver ? Alors moi j’ai proposé une solution. Ici on a de l’accession libre, ici de l’accession sociale, là du locatif, là… Et donc on s’est dit chaque maison est affectée à un ensemble de logements. Parce que ça permet aussi d’amortir la plus-value. Faire deux ou trois logements dans une maison c’est plus cher que de faire un immeuble de 40 logements.[...] Donc voilà on retrouve la diversité sociale y compris au niveau des maisons et ça nous on y tenait énormément.» Extrait de l’entretien de Bernard Paris par Thibault Joucla (16 septembre 2019)
Cet exemple nous montre l’influence que peut avoir le découpage des ilots sur le coût des opérations de logements et donc aussi sur leur diversification possible. Le découpage parcellaire est fait içi afin de garantir le caractére social des maisons le long du parc. La rentabilité économique est recherchée afin de rendre le projet cohérent avec son concept. Enfin, un des facteurs importants et succeptible de modifier l’attractivité du quartier est le choix de matériaux des bâtiments. Ce choix est la responsabilité des architectes comme l’explique Bernard Paris pendant l’entretien: « l’image architecturale et les matériaux sont complètement libres». Le choix des matériaux influe la qualité visuelle du batîment et de son entourage, il peut séduire comme il peut stigmatisé. En effet si les batiment sociaux sot distinguables des privés, les premiers pourraient se sentir dévalorisés. L’existence de mixité sociale sera elle aussi très affectée. Pour le GPV Mermoz Nord, un quartier au Sud de Lyon les maitres d’oeuvres et en collaboration avec le maître d’ouvrage public ont particulièrement insisté sur cet aspect du projet. En effet, lorsqu’on se rend dans le quartier il est impossible de distinguer uniquement de vue le batiment social du du privé. Ceci n’est pas tout le temps le cas à la Duchère où arrive parfois à les distinguer. C’est notamment le cas sur la rue Victor Muhlstein où le matériau choisi veilli assez mal et dévalorise la qualité visuelle du batiment. De plus, avec la présence de parkings au RDC et non au sous-sol ce qui serait plus coûteux, on se doûte assez vite que ce batiment abrite des logements sociaux. Au delà du travail sur la forme urbaine à l’échelle du quartier, il est donc essentiel pour les architectes intervants à l’échelle architecturale et celle de l’îlot d’être vigilant sur ces points. Malgrès tout, le projet social du quartier ne peut entièrement être résolu par une réponse spatiale. Nous verrons par la suite qu’il existe des enjeux qui dépassent la forme urbaine et le champ de compétences des architectes.
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Natura Parc, Ilot 23 AFAA Architecture (2016), photo, source: afaaland.com
Rue Victor Muhlstein à la Duchère (2017), photo, source google maps
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Partie III Des enjeux qui dĂŠpassent la forme urbaine /
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A. La Duchère, un quartier (encore) stigmatisé 1- UNE STIGMATISATION HISTORIQUE Dès les années 70 lorsque le quartier se vide de ses habitants de classe moyenne la Duchère a un statut de «banlieue subie». Ceci est le cas de plusieurs quartiers periphériques de grandes villes françaises qui rencontrent les mêmes difficultés. Jéremy Robine, Docteur en géographie, explique dans : SOS Racisme et les «Ghettos des banlieues»: construction et utilisations d’une représentation en 2004: «Un statut social moindre est conféré aux habitants du seul fait de leur lieu d’habitation. Ceci entraîne la fuite de tous les habitants qui le peuvent, et le quartier acquiert un caractère répulsif tel qu’il n’y a plus d’apport de population volontaire : alors que les plus insérés partent, les moins insérés de toute la région arrivent. Ainsi, les discriminations raciales, dans le travail et au logement, et les politiques de peuplement de HLM font peu à peu du quartier un ghetto ethnique. La désinsertion économique puis sociale des habitants progresse. On tend vers une ségrégation de fait, d’autant plus que la concentration et l’éloignement du centre-ville sont importants»
Elle est également dévelopée par Catherine Panassier en Octobre 2009 dans son étude intitulée : Années 2000 : quand la Politique de la Ville révèle une politique d’intégration à la française: «Par ailleurs, compte tenu du coût du logement et des transports, il est très difficile, pour les ménages les plus pauvres de ces quartiers, de s’inscrire dans des stratégies résidentielles. Par ce processus de relégation, une grande partie des habitants est de fait, assignée à résidence, contrainte à un « entre-soi subi »
2- UNE IMAGE NEGATIVE QUI PEINE A DIPARAITRE DANS LE QUARTIER APRÈS-PROJET Malgrès la qualité spatiale du projet urbain, le quartier semble avoir du mal à attirer de nouveaux habitants. Jusqu’en 2009, l’image du quartier reste majoritairement négative auprès des habitants de Lyon hors quartiers QPV. Depuis, l’image a tendance à s’améliorer mais reste timide. On aiste également à l’augmentation du taux de personnes «sans opinions» sur la quartier. Ceci s’explique par les clichés que sont véhculés sur le quartier qui mettent du temps à être dépassés. De plus, les articles de presse continuent à employer des termes comme quartier sensible pour présenter des faits qui se sont passés à la Duchère43. Pourtant la presse est un outil que peuvent utiliser les personnes ne connaissant pas le Duchère pour se donner une idée du quartier. Si les informations données sont biaisés, l’opinion de ces personnes le sera aussi. En 2012 le quartier de la Duchère est classé ZSP (zone de sécurité prioritaire). Nous pouvons remarquer sur le graphique que c’est à ce moment que l’image positive du quartier baisse fortement: on passe de 46% à 39% de personnes interviewé en l’espace de 2 ans, alors que le projet urbain est en cours. Afin de donner une bonne image du quartier et surtout faire découvrir tous les transformations qui ont lieu à la Duchère, on assiste à un développement d’évènements culturels. Par exemple, le festival annuel D’art et D’air à lieu dans le parc du Vallon et fait découvrir cet univers de fraicheur aux visiteurs. Par ailleurs des visites guidées du quartier sont organisées. J’ai pu participé en 2019 à la visite guidée qui a eu lieu pendant la journée européenne du 43 Lyon: Dix membres d’une bande surnommée la «French Connection» interpellés à la Duchère, 16/1012017, 20minutes.fr
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patrimoine. A l’occasion, plusieures personnes sont venus découvrir le projet: habitants de la Duchère, curieux du projet ou ceux veulent se faire une idée du quartier pour emménager. Ces visites permettent de dépasser les clichés que l’on peut avoir sur le quartier en le confrontant à la réalité sur le terrain. Parmis le questions-trottoirs réalisée, une habitante a en réalité découvert le projet de la Duchère en participant par curiosité à l’une de ces visites guidées. Attirée par la tranquilité du quartier et de l’offre de logement proposé, elle a finalement déménagé du quartier de la Confluence pour venir s’installer à la Duchère. Ses proches étaient pour sa sécurité et la prenait pour une folle de quitter la Confluence pour habiter ce quartier. Aujourd’hui elle ne regrètte aucunement son choix et elle encourage les autres de venir visiter avant de se faire une idée du quartier. Enfin, la forme urbaine et la qualité des aménagements peut elle aussi impacter l’image du quartier. Dans l’îlot 13 de la Duchère étudiée plus haut (plan p.47) l’aménagement de la voie à l’Est de la barre 200 impacte fortement l’image du batiment. Une hierarchisation est faite entre la façade Ouest principale et celle à l’Est traitée comme une façade arrière et semble abandonnée.
Passage arrière de la barre 200 Bethelhem Gurara (2019)
Vue de l’îlot 13, photo, Jérome Ricollaux
Perception du quartier de la Duchère, Extrait de l’enqûete écoutes habitantes 2017
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B. Une mixité sociale et une attractivité fragile au delà du logement Le succès du projet urbain de la Duchère ne peut se résumer à la vente de tous les logements construits. Une habitante souligne le manque de mixité sociale difficile dans les écoles malgrès que la Duchère soit réputée pour ces bons enseignants. Elle dit que même si les gens sont venus habiter à la Duchère, ils continuent à emmener leurs enfants dans des écoles à Ecully ou dans le centre de Lyon, ce qu’elle trouve dommage. Il est intéressant de voir ce qu’il en est de la mixité sociale et de l’attractivité de la Duchère au delà de la question du logement. L’offre tertiaire à la Duchère s’est diversifiée, essentiellement autour de la place Abbé Pierre. On y trouve un batîment de bureau devant le square d’Averoess, des commerces et quelques restaurants. Au total 6 800 m² de cellules commerciales aménagées au pied des nouveaux immeubles d’habitation avec 17 des 23 cellules commercialisées.44 Mais cette offre ne suffit pas si on considère l’intégralité du quartier. Le manque d’emploi dans le quartier estil un frein à son attractivité? Dans tous les cas concevoir un quartier durable à la Duchère nous oblige de nous intéresser à la question économique qui est un quatres piliers du développement durable. Le premier pilier est le renouvellement urbain du quartier, le deuxième son développement économique et le troisième sa cohésion sociale et enfin son rayonnement. Quel projet économique existe-il pour dynamiser la Duchère ? Quelles mesures sont prises par rapport à la gentrification du quartier pour assurer sa cohésion sociale?
Une offre commerciale renouvellée du Plateau,
source: https://www.labo-cites.org/system/files/import/Duchere17112017_1.pdf, p9
Les pilliers du développement durable, source: https://www. labo-cites.org/system/files/import/Duchere17112017_1.pdf, p8
44 Le développement économique à la Duchère, Grand Lyon, www.labo-cites.org
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1- LA DUCHÈRE ET LE PROJET ÉCONOMIQUE Premièrement il y a une volonté de se raccorder aux programmes économiques existants. Parmis celà nous pouvons citer le village Balmont dans le secteur voisin qui comporte 252m² de bureaux qui ne sont occupés qu’à 35%. Il y a également le parc d’activités du Vallon et de la Sauvegarde à l’Est et un immeuble de bureau au Sud. L’objectif est de mettre en place de nouveaux programmes de bureaux sans se limiter dans le secteur en projet du Plateau.
La programmation de la ZAC et les programmes existants, source: https://www.labo-cites.org/system/files/import/Duchere17112017_1.pdf, p12
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- Le raccord à Vaise: exemple de Greenopolis En 1991 le Grand Lyon acquiert un terrain près de la gare de Vaise avec pour but d’y développer un projet à vocation économique. En 2006 le projet Greenopolis, une zone d’activités est créée sur le site,une ancienne friche industrielle entre les quartiers de Vaise et de la Duchère. Greenopolis compte aujourd’hui presque 1000 emplois. On y trouve des entreprises variées allants de PME, des start-ups aux entreprises plus grandes. De plus cette zone d’actiité est, comme la Duchère, une Zone franche urbaine (ZFU) qui permet de relancer l’emploi. La spécificité de cette d’activités est dans la qualité evironnementale de ses batiments. « Dès la déconstruction des 33 bâtiments de l’ancien site, les matériaux étaient triés, recyclés et 21 550 tonnes de déchets étaient valorisées.» dans Greenopolis : emplois durables, 2019, lyon. fr Ce bassin d’emploi à proximité de la Duchère est un atout majeur succeptible d’augmenter l’attractivité du quartier.
LA DUCHÈRE DANS SON ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE
Source / SERL / Etude CMN Partners sept 2014
La Duchère et son environnement économique, source: https://www.labo-cites.org/system/files/import/Duchere17112017_1.pdf, p15
- Potentiel immobilier de la Duchère Au début du Grand projet de Ville, il n y avait aucun potentiel immobilier à la Duchère compte tenu de la dévalorisation du quartier. Il était donc difficile de convaincre les promoteurs de venir construire à la Duchère. Finalement le choix a été fait de reprendre les mêmes promoteurs que la ZAC de la Confluence. Pour cela il a fallu mettre en place différents avantages pour attirer les promoteurs. Les architectes qui ont gagnés les concours de marché publics sont pour la plupart les mêmes architectes que ceux de la ZAC de la Confluence. Ceci semble être un moyen d’attirer de nouveaux habitants à la Duchère. 62
2-. QUELLES MESURES FACE À LA GENTRIFICATION ? La proximité immédiate la Duchère au centre de lyon auquel s’ajoute la qualité spatiale qu’elle offre grace au projet urbain la rend particulièrement favorable au phénomène de spéculation foncière. La spéculation foncière est une opération économique sur un bien immobilier, motivée par l’augmentation attendue de sa valeur.45 Cette spéculation est succeptible de nuire à la mixité sociale voulue par le projet GPV car elle encourage l’augmentation du prix de l’immobilier dans le quartier. Des mesures sont donc prises pour éviter ce phénomène. D’une part le prix au mètre carré de vente est plafonné pour éviter l’éviction des habitants modestes du quartier. En parallèle, grace à la loi Engagement National pour le logement de 2006,les ménages qui ne dépassent pas certains plafonds de ressources bénéficient désormais d’une TVA à 5,5 % pour l’achat d’un logement neuf à La Duchère.46 De plus, des aides à l’accession sociale à la propriété sont mis en place dans certains projets pour encourager les habitants modestes à rester dans le quartier.
C. Requestionner le projet urbain de la Duchère 1- LA NOTION DE PROJET URBAIN Dans son ouvrage ‘‘Le projet urbain, une notion floue’’ (2008) Patrizia Ingallina, architecteurbaniste et géographe explique que dans les années 70 le projet urbain est plutôt associé à un ‘projet d’architecture à grande échelle’: « La notion de ‘projet’ classique, processus technique du ressort de l’architecte, l’emportait sur celle plus large, d’ “urbain” qui se réfère à la ville et qui renvoie de ce fait à des compétences multiples et donc pas uniquement aux problèmes d’organisation spatiale.» Christian Devillers, architecte urbaniste français, défend lui aussi une approche par le ‘projet’ du projet urbain. Il l’oppose à une autre définition du projet urbain comme une logique de programmation rigide. Il donne l’exemple des ZAC (zone d’aménagement concertée). Une méthode qui conduit selon lui à une certaine systématisation dans la production des espaces urbains. De plus il serait à l’origine d’un appauvrissement de sens des espaces publics conçus. Selon lui, ceci est dû aux nombreuses contraintes imposées dans les cahiers des charges des projets de ZAC. Ces contraintes permettent aux aménageurs d’assurer la réalisation des projets dans des délais viables’ et garantie leur rentabilité économique. Le projet urbain devient une démonstration d’une politique de l’action plutôt qu’un projet qui réellement cherche à améliorer le quotidien des habitants dèja sur présents sur le site.
2- ECOQUARTIER ET ÉCO-HABITANTS, VOLONTÉS ET LIMITES Le bon fonctionnement d’un écoquartier est entre autres basé sur l’implication de ses habitants dans le quartier. «Les projets d’éco-quartiers sont des démarches d’urbanisme durable, impliquant de mettre en place des dispositifs de démocratie participative exemplaires. » 45 Spéculation immobilière, Wikipedia.fr 46 Un quartier, un projet, un nouvel avenir
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Extrait du mémoire M1 «L’implication des habitants dans les éco-quartiers» par Sarah BOURGOUIN en 2009 (Université toulouse II - Le Mirail)
Vivre dans un écoquartier nécessite une modification des modes de vie des habitants vers des modes de vie durables et responsables. «Ainsi, le développement rapide des écoquartiers implique-t-il a priori pleinement la question des modes de vie dorénavant qualifiés de durables. [...] les observations sociologiques menées depuis plusieurs décennies (cf. par exemple Espaces et Sociétés, 1994) indiquent que les modes de vie, en général, afficheraient d’ores et déjà quelques transformations fondamentales.» Source: Les éco-quartiers : vers une infrapolitique par les modes de vie et leurs communs ? par Guillaume Faburel et Mathilde Girault, paru dans l’ouvrage Villes et quartiers durables: la place des habitants. Cet ouvrage fait suite au colloque international clôturant le programme de recherche PAGODE « Participation, Animation et GOuvernance dans les Ecoquartiers » financé entre 2010 et 2014 par l’Agence Nationale de Recherche dans le cadre de l’appel à projets « Ville durable ». Dans le cas des renouvellements urbains, la réalisation d’un écoquartier doit donc comporter une part de pédagogie pour transformer les habitants existants dans le quartier en éco-habitants. Le jardin pédagogique d’Emile mis en place en est un des rares endroits du quartier qui assure cette pédagogie. Quant au reste du quartier, l’inadequation des modes de vie des habitants avec les espaces proposés est visible. Elle et particulièrement frappante sur les maisons du Parcs. En effet le principe pour ces logements est que chacun ait un jardin potager à aménager. Pourtant nous observons quasi-systématiquement cet espace de jardin laissé à l’abandon ou en tout cas mal entretenu. Les habitants semblent être venus que pour profiter de la qualité des logements et du cadre qu’offre la Duchère, mais la notion d’écoquartier n’affecte pas leurs modes de vie. J’ai pu interroger 10 habitants au sujet de leur choix de la Duchère pour venir y vivre: une majorité admet que c’est la volonté d’être propriétaire et le prix relativement bas proposé à la Duchère qui les pousse à venir y habiter.
Jardn privé mal entretenu, Bethelhem Gurara (2019)
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IV CONCLUSION / Pour conclure, nous avons vu dans un premier temps que la diversification de la forme urbaine est un moyen de créer un cadre de vie meilleur et attirer de nouveaux habitants. La Duchère dès sa création cherche à attirer des habitants par le cadre de vie et le confort qu’elle offre à ses habitants: le confort des appartements modernes et les équipements du quartier attirent les premiers habitants dans les années 60. Aujourd’hui la Duchère offre une diversité d’offres de lgements et de types d’accesions qui intéressent de nombreux habitants. Ceci est possible grace au remaniement de la trame urbaine et du système parcellaire Duchérois, le rôle de l’architecte/ urbaniste est donc essentiel. De plus nous avons vu avec l’exemple des maisons du Parc que le découpage des îlots réalisé par l’architecte a un impact sur le caractère social des constructions, donc plus largement de favoriser ou nuire à la mixité sociale. La Duchère tente également d’attirer de nouveaux habitants en offrant une nouvelle manière de vivre en ville. Dans les années 60, l’idéal du modernisme nourrit le projet de la la Duchère. Aujourd’hui l’ambiance petite commune entretenue fait penser au quartier de la croix rousse ; de plus la notion d’écoquartier qui propose une manière plus durable de vivre en ville. Des espaces de jardinage colectifs et privatifs sont proposés, une trame verte organise le quartier et une continuité paysagère est recherchée au delà du quartier. Les nouveaux îlots ont un rapport à la rue et à la nature différente. De plus la présence du parc du Vallon rend le quartier particulièrement attractif. Mais cette volonté rencontre des limites à cause du manque de pédagogie des habitants. On assiste donc à une inadéquation des espaces proposés et des modes de vie des habitants. Enfin, nous avons vu que le projet social dépasse parfois la réponse spatiale. Malgrès le fait que par la nouvelle forme urbaine favorise la diversité de peuplement. Mais cette diversification des habitants n’équivaut pas forcément à une mixité sociale. Premièrement le phénomène de stigmatisation nuit la présence de cette mixité. Il est basé sur des aprioris qui dépassent la question de la qualité urbaine. Deuxièmement le manque d’emplois le quartier peut freiner l’attractivité du quartier. Le projet économique de la Duchère prévoit un raccordement aux projets économiques existants à proximité: l’exemple de Greenopolis à Vaise est un cas réussi. Par ailleurs, la mixité sociale peut rencontrer des phénomènes parasites. Des mesures sont mis en place pour éviter ces phénomènes que sont la spéculation immobilière et la gentrification. Malgrès tout, les habitants remarquent un ‘entre-soi’ qui se crée au sein du quartier entre les nouveaux arrivants. Le manque de mixité social dans les écoles est un signe de celà. Finalement cette mixité a du mal à s’installer. Le projet urbain de la Duchère nécessite sûrement un temps de maturation pour voir ses fruits voulus. La notion d’écoquartier ne semble pas encore correspondre aux modes de vie des habitants sur place. Une pédagogie est necessaire pour un meilleur vécu du quartier. Il serait intéressant de poursuivre l’étude sur ces enjeux qui dépassent la forme urbaine pour comprendre ce qui permet d’arriver à un projet global attractif et mixte.
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68
69
TABLE DES MATIÈRES / Remerciements
4
Avant propos
5
Sommaire
7
Introduction
8
a - La Duchère, émergence et déclin d’un icône de la modernité b - Evolution des réponses politiques face aux défis du quartier c - Grand Projet de ville de la Duchère d - Problématisation
I. Diversifier la forme urbaine : redessiner un cadre de vie meilleur et attirer de nouveaux habitants /
20
A. La Duchère, de la ruralité à la modernité 1 - Les débuts de la Duchère 2 - Habiter la Duchère, première ‘Table rase’ de l’existant 3 - La modernité, un idéal du bien vivre urbain ? B. Forme urbaine moderne et cadre de vie dévalorisé 1 - Ilots ouverts, caractéristiques des grands ensembles 2- Une forme urbaine qui aggrave l’enclavement du quartier 3 - Un quartier dortoir qui n’attirent plus, début d’une stigmatisation 4 - Une grande qualité paysagère du site, à valoriser C. Nouvelle forme urbaine, une recherche de qualités spatiales dans le quartier et dans ses connexions aux communes voisines 1 - Présentation du projet urbain du GPV 2 - Le Projet urbain du GPV, une deuxième ‘table rase’ ? 3 - Un quartier qui reste à l’écart D. Marge de manoeuvre des architectes dans le projet urbain 1 - Les maîtres d’oeuvres face à la commande politique 2 - Un projet sans détruire ?
II. Diversification des îlots, vers une nouvelle manière de vivre en ville ? /
42
A. Un dessin des ilots permettant de diversifier l’offre de logement: vers une mixité sociale? 1- Liens entre anciens et nouveaux habitants
70
TABLE DES MATIÈRES / 2 - Une restructuration foncière à l’origine d’une diversification B. La Duchère-écoquartier, de nouvelles pratiques habitantes à nouvelles sociabilités? 1- Un nouveau rapport ville-nature 2- La zone ‘blanche’ du plan urbain réinvestie C. Un caractère ‘petit village’ renforcé par la pente qui attirent de nombreux habitants 1- Une ambiance qui rapelle le quartier de la croix rousse 2- Un manque de sociabilites malgres la proximite D. Marge de manoeuvre des architectes à l’échelle de l’îlot urbain
III. Des enjeux qui dépassent la forme urbaine /
56
A. La Duchère, un quartier (encore) stigmatisé 1- Une stigmatisation historique 2- Une image negative qui peine a diparaitre dans le quartier après-projet B. Une mixité sociale fragile au delà du logement 1- La Duchère et le projet économique 2-. Quelles mesures face à la gentrification ? D. Requestionner le projet urbain de la Duchère 1- La notion de projet urbain 2- Ecoquartier et éco-habitants, volontés et limites
Conclusion
65
Bibliographie
66
Table des matières
70
Annexes
74
Résumé
84
71
ANNEXE/ Extrait du programme de la Journée Européenne du patrimoine 2019 à Lyon (page 65)
72
ANNEXE/ Questions trottoirs posées aux habitants de la Duchère IMAGE DU QUARTIER: - Que pensez vous de l’évolution du quartier? - Qu’est ce qui a motivé votre choix d’y habiter? - Où habitiez vous avant? - Que pensez vous des bâtiments du nouveau projet? Et de votre bâtiment ? - Connaissiez vous le quartier avant sa restructuration? - Pouvez vous me citer quelques qualités de ce quartier selon vous ? SOCIABILITÉS: - Connaissez vous vos voisins? - Êtes vous impliqué dans une association de quartier, d’habitants? - Que pensez vous du cœur d’îlot, à quelle fréquence vous rendez vous dans cet espace? - Comment caractérisez vous la vie de quartier ici? Guide entretien semi directif avec les maîtres d’oeuvres Thématique: Conception des îlots à la Duchère, des concepts à la réalité Concept du projet • Le concours, pourquoi avoir participé, quelles intentions, quelle connaissance du site? • Son évolution/ ses allers retours avec la mairie Marge de manœuvre dans la conception • Liberté dans les formes urbaines • Cahier des charges spécifiques? • Contraintes budgétaires? • Relation au promoteur • Déroulement du chantier 73
Salarié
Salariée
/
Retraités
/
/
Salariée
Lycéen
Salarié
Thomas
Cécile
Gaëlle
Jean et Carine
Anne
Marie
Astou
Jonathan
Alex
Duchère
Promenade guidée journée du patrimoine
Oral
Oral
Gerland
Duchère
Duchère
Duchère
Promenade guidée journée du patrimoine
Oral
Croix-Rousse
Croix-Rousse
Retour par Questionnaire écrit
Promenade guidée journée du patrimoine
Confluence
Croix-Rousse
Oral
Oral
Occupation Conditions d’entretien Lieu de vie précédent
Image du quartier
- Grands espaces verts - Batiments de qualité
Accession Pprivée
- Prix d'achat du logement
Logement collectif
- Les espaces publics - Le lycée
Location
Logement collectif (barre)
- Attachement au quartier
- Les espaces publics - Desserte en bus améliorée
Location
Logement collectif (barre)
- Les écoles primaires, Le lycée de la Martinière
- Vie associative - Emplacement
- Cadre de vie tranquille - Lieux de promenades
Oui de nom, mais pas d’avis Pparticulier dessus
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui un peu, mais d’avis Pparticulier dessus
Oui par les médias. Plutôt une mauvaise image (manque de sécurité)
- Ambiance et cadre de vie Ddu quartier - Batiments de qualité
- Attachement au quartier - Prix du loyer attractif
Location
Accession Pprivée
Accession Pprivée
Oui, avec une image négative. Son déménagement à la Duchère était vu comme une Ffolie par ses proches
Oui un peu, mais pas d’avis Pparticulier dessus
Connaissance du quartier avant
- Les jardins collectifs - Qualité du logement
Logement collectif
Logement collectif
Logement collectif
Accession Pprivée
Accession Pprivée
Accession Pprivée
- Grands espace verts - Large choix de sports Pproposés
Qualités du quartier
- Transformation agréable - Ecoles de qualité
- Attachement au quartier
- Cadre de vie tranquille
Maison coté parc
Logement collectif
- Découverte surprenante Llors d’une visite guidée - Ecoquartier et jardins Ccollectifs - Prix d'achat du logement - Beaux batiments
Logement collectif
Type de logement
- Prix d’achat du logement - Cadre agréable pour le Ssport - Beaux batiments
Choix de la Duchère
Questions trottoirs avec les habitants de la Duchère
Feuille1
ANNEXE/ Questions-trottoirs avec les habitants de la Duchère
74
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Thomas
Cécile
Gaëlle
Jean et Carine
Anne
Marie
Astou
Jonathan
Alex
Connais-tu ton voisin?
Sociabilités du quartier
Non
Non
Non
Oui
Oui
Non
Non
Non
Non
Vie Associative
Coeur d’îlot végétalisé
Coeur d’îlot végétalisé
Coeur d’îlot végétalisé
/
/
Coeur d’îlot végétalisé
Pas encore, mais ça a l’air agréable
Parfois pour discuter avec des amis
Rarement, mais mes enfants y jouent parfois
/
/
Oui, mais nous aurons aimé Aavoir un jardin partagé
Rarement
Oui, de temps en temps
Coeur d’îlot végétalisé avec jardin potager collectif Jardin privé
Pas encore, j’emménage Bientôt
Très calme surtout le soir, mais c’est normal c’est Uun nouveau quartier. Il sera plus vivant dans Qquelques années On ne croise personne, peut être c’est parce qu’on Vvient d’emménager et c’est l’été. Vie association reste timide mais ça s’améliore. vers l’avenue du plateau c’est très Vvivant et agréable pendant la journée Très agréable pour vivre en famille. Je regrette qu’il n’y ai pas de liaisons pietonnes Eentre la Duchère et Vaise Plutôt agréable, il y a le marché sur la place Abbé Pierre. Plusieurs choix d’activités sportives pour les enfants J’aime bien, mais parfois on préfère aller dans le centre de Lyon avec les amis. Pour l’instant je passe mes soirées en centre-ville, Je ne connais pas vraiment la vie de quartier içi. Pour les courses il y a le choix, on peut même aller au carrefour d’Ecully qui n’est pas loin.
Pas très vivant
Vie de quartier A l’air un peu calme mais agréable
Usage espaces collectifs
Coeur d’îlot végétalisé
Type d’espace extérieur
Feuille2
ANNEXE/ Questions-trottoirs avec les habitants de la Duchère
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ANNEXE/ Plan historique du rĂŠseau TCL
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ANNEXE/ Analyse d’ensoleillement des îlots avant et après projet GPV (bureau d’études TRIBU)
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ANNEXE/ Plan du projet urbain GPV, Atelier des Paysages
13
23
06
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ANNEXE/ Fiche étude de cas de l’ilot 06
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ANNEXE/ Fiche étude de cas de l’ilot 13
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ANNEXE/ Fiche étude de cas de l’ilot 23
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RÉSUMÉ / Les territoires urbains ne cessent de muter et de se complexifier. Les projets de renouvellements urbains sont des projets longs impliquants une multiplicité d’acteurs. Déjà habités, les sites de projets sont marqués par une histoire spécifique et souffrent au XXIe siècle de problématiques diverses. L’objectif, transformer ces quartiers ‘sensibles’ en quartiers ordinaires. Les enjeux spatiaux mais surtout socio-économiques et politiques sont majeurs. Quelle marge de manœuvre reste-t-il à l’architecte dans ces situations? Dans quelle mesure ses compétences nourrissent-elles le projet urbain? De manière générale, ce mémoire requestionne une des méthodes de fabrication de la ville qu’est l’espace comme remède à la question sociale. A travers l’exemple de la Duchère, nous verrons comment l’architecte en agissant sur la forme urbaine, redessine un cadre de vie meilleur pour les habitants. Il rend le quartier plus attractif et plus ouvert. De plus, la modification de la forme urbaine permet à l’échelle de l’îlot de créer une nouvelle manière de vivre en ville. La Duchère - écoquartier introduit les habitants à de nouvelles pratiques, parfois à de nouvelles sociabilités. Néanmoins, les questions sociales du quartier dépassent parfois la question spatiale: la stigmatisation constante du quartier après-projet, la gentrification qui rend difficile l’existence de mixité sociale, le manque de mixité fonctionnelle dans le quartier... Toutefois, il reste encore à voir si nos idéaux de quartiers durables suivent les mentalités des habitants: sommes nous dans la conception de quartiers pour des habitants ‘imaginaires’?
Urban areas are constantly changing and becoming more complex. Urban renewal projects are long projects involving a multiplicity of actors. Already inhabited, the project sites are marked by a specific history and suffer in the 21st century from various problems. The goal is to transform these «sensitive» neighborhoods into ordinary ones. The spatial challenges but above all socio-economic and political ones are major. How much room for maneuver does the architect have in these situations? To what extent do his skills feed the urban project? In general, this thesis calls into question one of the City planning methods, which is Space as a remedy to the social question. Through the example of La Duchère, we will see how the architect, by acting on the urban form, redesigns a better living environment for the inhabitants. It makes the neighborhood more attractive and more open. In addition, the modification of the urban form allows on a block scale the creation of a new way of living in the city. La Duchère - eco-district introduces the inhabitants to new practices, sometimes to new social skills. However, the social issues of the neighborhood sometimes go beyond the spatial question: the constant stigmatization of the post-project neighborhood, the gentrification that makes the existence of social mix difficult, the lack of functional diversity in the neighborhood ... However, there is still to see if our ideals of sustainable neighborhoods follow the mentalities of the inhabitants: are we designing neighborhoods for ‘imaginary’ inhabitants?
ENSAL 2020 84