Rapport PFE - Milan, résurgence de récits agriurbains

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MILAN, RÉSURGENCE DE RÉCITS AGRIURBAINS De la ville dense au parc agricole : des friches ressources de communs paysagers

ÉTUD. GURARA Bethelhem Tadele - LEUNG Johanna UNIT UE101Z - PROJET 10 PFE - Ici Et Ailleurs: quel est le projet architectural européen?

PFE

DE.PFE DE.MEM

OLIVARES Y.

MARCH ARCH

S10 DEM AMTH 19-20 FI-DCAI

© ENSAL



MILAN, RÉSURGENCE DE RÉCITS AGRIURBAINS De la ville dense au parc agricole : des friches ressources de communs paysagers MILAN, RESURGENCE OF AGRI-URBAN NARRATIVES From the dense city to the agricultural park : wastelands,resources for « commons » in landscapes

Bethelhem Tadele GURARA - Johanna LEUNG



REMERCIEMENTS Nous tenons à remercier collectivement M. Yan Olivares, notre directeur d’étude pour son suivi et les échanges constructifs qu’on a pu avoir durant cette année de PFE. Nous aimerions également remercier tout l’atelier AMTH 2: les professeurs qui nous ont épaulés tout au long de l’année et les étudiants qui ont fait régner une ambiance de travail agréable et un esprit d’équipe qui nous a tous stimulé dans nos projets. En tant que futurs architectes ensaliens, nous voulons enfin remercier l’ENSAL pour ces cinq riches années d’études. Je voudrais personnellement remercier ma binome Johanna Leung avec qui l’aventure a commencé il y a cinq ans dans les murs de l’ENSAL. Binomes de PFE, amies, Johanna et moi avons partagés des moments forts depuis notre rencontre en 2015. Travailler en groupe est un challenge, mais nos méthodes de travail finalement complémentaires nous ont facilité nos échanges. Je suis fière de notre persévérance pour mener au bout ce projet. Je souhaite dans un deuxième temps remercier ma famille, qui malgrè la distance qui nous sépare, a toujours su m’accompagner et m’encourager. Un grand merci à mes deux soeurs en France qui, malgrè leurs doutes sur mes charettes incessantes et mes demandes inabituels de café à minuit m’ont donné force par leur présence et ont partagé de près mon expérience en école d’architecture içi à Lyon. Merci Abel pour ton soutien, tes blagues et ta bonne humeur qui m’ont donné la force dans mes moments de stress. Bethelhem Tadele GURARA Je tiens à remercier personnellement ma binôme Bethelhem GURARA, avec qui j’ai passé une année riche de questionnements, découvertes, échanges, mais surtout beaucoup d’enthousiasme, de soutien et d’intérêts partagés. C’est avec cette même personne, ainsi que mes compagnons de ces cinq années, que j’ai appris que l’architecture se partage, que l’architecture se construit et se vit. Alors que ce mémoire marque la fin de nos études, il introduit le début d’une longue promenade architecturale, un voyage à entreprendre, une exploration continue. Surtout, un grand merci à Isa, sans qui je n’aurais pu voir le bout de ce commencement. Ton soutien m’a confortée plus que tout pour supporter les derniers mois de cette année plutôt singulière. Enfin, merci infiniment à mes parents, à qui je dédie ce travail, pour m’avoir soutenue toutes ces années à distance : voici la conclusion de mes objectifs de lycéenne, le résultat de mes ambitions d’étudiante, et le préambule de mon futur en tant qu’architecte. Johanna Leung



SOMMAIRE INTRODUCTION

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I . ANALYSE TERRITORIALE : MILAN ET SON RAPPORT À

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01 . Milan, une situation particulière entre plaine et montagne Une métropole européenne majeure Un lien à l’hydrographie spécifique La maîtrise d’un territoire d’eau

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02 . Milan et son rapport à l’agriculture L’agriculture, une valeur sûre dans l’évolution de la ville Le parc agricole sud de Milan

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LA PLAINE DU PÔ

03 . Scali Milano, un motif territorial

II . STRATÉGIE : LE QUARTIER DE PORTA ROMANA, UN

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48 52 60 64

ENJEU DE TRANSFORMATION

01 . Porta Romana, un quartier aux multiples visages 02 . Stratégie urbaine : vers un nouveau rapport à l’agriculture 03 . Interventions : des récits agriurbains 04 . Ressources et imaginaires

III . PROJETS : DES RECITS AGRIURBAINS

01 . La friche Porta Romana, une interface fertile 02 . Horizon comestible 03 . Workshop: espace public et hospitalité métropolitaine

77 78 96 114

CONCLUSION

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BIBLIOGRAPHIE

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INTRODUCTION Milan est assurément fidèle à son rang de puissance économique italienne. La ville qui s’est attachée à développer ses grandes voies de transports, son centre high-tech et sa réputation de capitale du design et de la mode, s’inscrit inévitablement dans le panorama générique des grandes métropoles européennes. Mais au détour de rues et de ponts, se dévoilent des portions de canaux, des fragments de nature jusqu’au parc agricole actuellement protégé, révélant une histoire riche du rapport de la ville et de sa société. Ainsi peut-on s’y projeter par les traces de canaux de navigation, qui accompagnaient le quotidien domestique et les loisirs des milanais ; par les traces de canaux d’irrigation, qui alimentaient les terres agricoles et de ce fait, participaient de la vie rythmée des communautés. Aujourd’hui, ces jardins secrets inaccessibles donnent à la ville son allure mystérieuse et intrigante, une longue histoire milanaise qui ne saurait attendre une suite, la continuité du récit de transformation de la ville.

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Livre intitulé « La città diffusa» par Francesco Indovina (1933-) urbaniste, homme politique et journaliste italien 2

Bernardo Secchi (1934-2014) architecte, urbaniste et ingénieur milanais

Au cours de son développement, la capitale Lombarde semble perdre ce lien antique à l’eau et à la nature : ses canaux recouverts par des voies automobiles et un réseau de tramway, la disparition de ses terres agricoles à proximité immédiate de la ville dûe à un étalement urbain incontrôlé, etc. En réalité ce phénomène d’expansion horizontale des villes est commun à plusieurs villes italiennes, il en est même sujet de réflexion avec la notion de “città diffusa”1 à partir de 1990. Plus tard ce phénomène sera étudié par de nombreux architectes et urbanistes dont Bernardo Secchi2 qui affirme « la ville diffuse, dispersée, sera l’icône du XXIe siècle ». Dans les années 2000 les enjeux environnementaux entrent dans le processus de fabrication de la ville, le modèle de la ville diffuse sera beaucoup critiquée. Elle est entre autres accusée

Navigli Santa Sofia, avant et après son recouvrement

Milan, «la citta infinità» (ou la ville infinie), 2004 Introduction

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d’une dégradation de l’environnement naturel et du milieu agricole. Pourtant le duo Bernardo Secchi/ Paola Vigano3 continue à étudier ce phénomène, et propose une manière de faire muter ces territoires périphériques, de créer des continuités écologiques plutôt que de les nier car ils font inévitablement partie de la ville contemporaine. L’ exposition universelle de Milan en 2015 autour de l’alimentation dans le monde4 a sans doute éveillé les réflexions milanaises autour de l’agriculture et sa relation à l’urbain. Pour faire face aux enjeux environnementaux et alimentaires, Milan semble alors se diriger vers un modèle de ville intelligente, tournée vers la technologie et le high-tech. A l’horizon 2030, des projets d’agriculture urbaine, de transport public à 100% électrique, d’éclairage urbain écologique, de réseau de pistes cyclables élargi, de reforestation de la ville avec 3 millions d’arbres prévus en zone urbaine en 10 ans, tels sont les projets prévus pour la capitale économique italienne. Le projet de Stefano Boeri5, architecte milanais, s’inscrit dans cet objectif. Le « Bosco Verticale » (forêt verticale) est un projet d’habitation qui tente de recréer un univers de forêt dans sa hauteur. Composé de deux tours de logements, ce projet abrite 800 arbres, 4500 buissons et autres plantes et insectes. En partant d’un constat initial : « Les villes produisent aujourd’hui environ 75% du CO2 présent dans l’atmosphère », le projet propose une manière de réduire la pollution atmosphérique in situ grâce à la présence d’arbres.

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Paola Vigano (1961-) architecte urbaniste italienne 4

Thème officiel de l’exposition universelle 2015 de Milan : « Nourrir la planète, énergie pour la vie »

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Stefano Boeri (1956-) Architecte urbaniste, écrivain, homme politique et professeur Milanais

Ce projet a néanmoins un impact écologique majeur en bilan carbone compte tenu de sa structure béton coûteuse et complexe pour pouvoir supporter le poids d’un arbre. Mais Milan semble se contenter du succès visuel de ce projet et dans une société de l’image, cela fonctionne ! Aujourd’hui des dizaines de projets en cours, un peu partout dans le monde, reprennent le modèle de « Bosco Verticale » qui incarne désormais l’habitat urbain écologique. Le paradoxe de Milan se sent par ailleurs dans des projets en construction comme « Westfield » dans le quartier de Segrate au Nord-Est de la ville. Ce centre commercial a l’ambition d’être le plus grand centre commercial en Europe et sa construction se passe sur d’anciennes terres agricoles.

Bosco Verticale, Milan 12

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Dans ce contexte de crise climatique et environnementale, le territoire rural, longtemps négligé par les architectes et urbanistes devient intéressant à étudier. Selon Rem Koolhaas, architecte, ces lieux « marquent la ligne de front où se jouent les forces les plus puissantes d’aujourd’hui - dévastation climatique et écologique, migration, technologie, fluctuations démographiques » (Koolhaas, 2020).

Projets de «Bosco verticale» à l’international, Stefano Boeri Architteti

Lausanne Introduction

Einsenhoven 13


Sébastien Marot, philosophe, étudie la relation agriculture-architecture et théorise 4 visions possibles des rapports ville/agriculture. L’incorporation incarne une métropole capitaliste qui vient absorber l’agriculture. Celle-ci devient une affaire de multinationales, de technologie et de congestion maximale car le sol est rare. La négociation, se rapprochant de l’urbanisme agricole est un rapport où la ville continue à croître tout en s’hybridant avec l’agriculture. Dans l’infiltration, l’agriculture sous différentes formes pénètre dans la ville tel de l’acupuncture dans des espaces réduits, voire délaissés. Enfin la sécession propose de se détacher des règles urbaines et suivre les principes agricoles pour concevoir l’urbanisme de demain. « Pourquoi ne considère-t-on pas plutôt que l’urbanisme a fait son temps et que les principes de conception de l’horticulture, de la permaculture pourrait tenir lieu d’urbanisme? » (Marot, 2019).

Exposition «Taking the Country’s Side: Agriculture & Architecture, Lisbonne (octobre 2019-février 2020)

Incorporation

Infiltration

Négociation

Sécession

Quatre visions possibles de la relation ville/ agriculture par Sébastien Marot 14

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Dans le sens de ces réflexions, qui ont nourri notre regard personnel sur les enjeux urbains de demain, nous avons choisi de développer le projet de fin d’étude sur la métropole milanaise, au prisme du rapport de l’urbain à l’agriculture. Cette question est d’autant plus motivée du fait que Milan a toujours valorisé son territoire agricole, qui participe grandement de son économie. De ce fait, il est intéressant pour nous d’étudier cette dépendance mais surtout, de nous positionner dans une interprétation des transformations de Milan, où la dualité urbain-rural est discutable face aux enjeux environnementaux d’aujourd’hui. Penser le développement de la ville dense avec la plaine agricole, et s’appuyer sur les interstices de nature que préserve Milan, guide notre travail dans la projection d’une ville agriurbaine et ainsi, dans une expérience de la ville qui s’inscrit dans une transition progressive vers la société de demain. Pour développer la thématique qui nous intéresse, le choix de la situation est apparu nécessaire et justifié, sur une séquence de la ville où se rencontrent l’urbain et le rural. De même dans le quartier choisi, des sites particuliers relèvent d’enjeux importants dans le sens des questions soulevées. En effet, des vides marquent le territoire milanais où friches ferroviaires, aux limites de la ville dense, témoignent d’un passé industriel, tandis que les friches agricoles en périphérie, racontent le développement agricole de Milan. Le projet de fin d’étude s’inscrit alors dans le quartier de Porta Romana, au sud de la ville, où la proximité du parc agricole de Milan nous permet d’étudier aux lisières, les rapports du quartier à la ville d’un côté, et à la campagne de l’autre, ainsi que l’entre-deux qui s’y constitue. Quels nouveaux rapports de la ville à l’agriculture pour Milan demain ? Cette question de départ guide notre travail, qui consistera dans un premier temps, en l’analyse de la situation milanaise, qui lui justifie particulièrement l’intérêt porté sur la ville et l’agriculture. Dans un second temps, nous proposerons une stratégie territoriale à la problématique, et appliquée au quartier qui nous intéresse, puisant source dans les particularités de notre situation. Enfin, le travail jusqu’à présent effectué en binôme, présentera dans une troisième partie les projets développés sur deux sites individuellement, et qui sont des leviers importants dans la stratégie. Pour conclure, les deux projets distincts ouvrent à un travail commun de transformation de Milan avec son territoire agricole.

Introduction

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I . ANALYSE TERRITORIALE

MILAN ET SON RAPPORT À LA PLAINE DU PÔ

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01 . MILAN, UNE SITUATION PARTICULIÈRE ENTRE PLAINE ET MONTAGNES Une métropole européene majeure Bien que Rome soit la capitale politique italienne, Milan, deuxième plus grande ville du pays, a toujours incarné le dynamisme du Nord de l’Italie. Située au centre de la plaine du Pô, loin des paysages pittoresques et de la romanité qui caractérisent les autres villes de la péninsule, Milan s’est fait connaître par sa puissance économique et son emplacement stratégique entre la France, la Suisse et l’Italie. Chef-lieu de la région de Lombardie, cette ville de plus de 1,3 millions d’habitants6 est aujourd’hui capitale internationale du design et de la mode. De plus, avec une bourse financière parmi les plus puissantes d’Europe, Milan est la troisième zone économique urbaine de l’Union Européenne après Londres et Paris (Moreno, 2018). Véritable villemonde, elle attire de nombreuses entreprises régionales et internationales. Milan est par ailleurs un foyer d’emplois important pour les Italiens qui sont nombreux à venir y habiter chaque année.

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Ville de Milan: 1,352 million hab (recensement 2017) Métropole de Milan: 3 261 873 hab. (2019) contre 4 333 250 hab (2019) pour la métropole romaine

Les toits de Milan vu depuis le Duomo 18

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VILLE-MONDE, CAPITALE ÉCONOMIQUE ITALIENNE De part son emplacement, la ville a toujours été un lieu d’échanges et de transits. Au XXème siècle, le triangle industriel Milan - Gênes - Turin constituait le coeur économique du pays. Aujourd’hui, bien que Milan ne dispose d’aucun port, elle continue d’assurer une partie du commerce à travers un lien fort avec le port de Gênes. Le projet “Terzo Valico” prévu pour 2023 a pour ambition d’assurer les liaisons rapides entre le Port de Gênes et les pays d’Europe Centrale et du Nord en passant par Milan. Une ligne dont la vocation principale est le transport de marchandises par rail, moins nocif à l’environnement que le transport routier. Ce projet replacerait Milan dans une situation d’interface entre Gènes et l’Europe centrale et du Nord. Le réseau

ferrée italien témoigne également de l‘importance de Milan à l’échelle nationale. Au carrefour de villes comme Venise, Florence ou encore Côme, Milan devient un passage obligé en provenance du Nord pour accéder aux autres villes plus au Sud de la péninsule.

Milan Turin

Gênes

0

85 170

212,5 m

N

Triangle industriel italien

Milan

Rome

Réseau ferré principal italien I . Analyse territoriale

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115

230

575 km

N

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Un lien à l’hydrographie spécifique Milan n’est pas une ville naturellement traversée par l’eau, pourtant cette dernière a toujours conditionné son développement. Ainsi, sa situation géographique lui permet de développer un rapport à l’eau singulier.

Réseau hydrographie autour de Milan 20

0

5

10

25 km

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UNE VILLE IRRIGUÉE Au pied des Alpes et s’ouvrant vers la plaine du Pô au Sud, Milan est située sur la portion de la plaine entre deux fleuves qui prennent source dans les Alpes, le Tessin et l’Adda ; et 3 rivières qui atteignent la ville, Lambro, Olona et Seveso. Dès l’époque romaine, le besoin en eau des villes poussent les romains à dévier les rivières existantes pour desservir la ville. Ces voies navigables sont utilisées pour les besoins domestiques mais aussi pour assurer la sécurité des villes. Au moyen âge naît une volonté de lier Milan à la mer adriatique pour assurer les échanges commerciaux. Les naviglis, canaux de navigations, sont creusés à partir du XIIIème siècle. Milan devient alors une ville dessinée en fonction du parcours de l’eau, lui procurant un air de Venise.

Légende du doc en haut içi Ville de Milan: 1,352 million hab (recensement 2017) Métropole de Milan: 3 261 873 hab. (2019) contre 4 333 250 hab (2019) pour la métropole romaine

I . Analyse territoriale

Cette maîtrise des systèmes de canalisations des romains jusqu’au Moyen age, combinée aux caractéristiques géologiques de la zone, ont permis le développement de l’agriculture dans la plaine du Pô. En effet, la composition du sol sableux et argileux, en fait un sol poreux, capable de retenir l’eau et propice aux cultures. 21


più o meno ampia scavata dall’uomo in cui si raccoglie l’acqua sorgiva, e dall’“asta”, il piccolo canale in cui vengono indirizzate le acque. La forma e le dimensioni della testa sono molto variabili. In genere si tratta di un area ora tondeggiante, ora più allungata, ma sempre sensibilmente più LA PLAINE DU PÔ: UN All’interno PAYSAGE FERTILE ampia dell’asta. della testa lo scavo è stato condotto in modo da intercettare la falda semiaffiorante fino a scendere poco sotto il livello Le Pô où se déversent tous les fleuves provenant des Alpes estSul la rivière la plusper captare le vene di acqua sorgiva, anticamenpiezometrico. fondo, longue et la plus complexe d’Europe. te piantati tini di quercia cui veniva tolto il fondo. In virtù della La venivano présence de cette rivière combinée à la caractéristique du sol permet le differenza di pressione che si crea, l’acqua sgorga ribollendo e dà origine développement de la plaine du Pô, une des régions les plus fertiles d’Europe. Par alle polle o occhi del fontanile (Fig. 16). Oggi i tini sono stati interamente ailleurs, un système d’irrigation complexe sostituiti daplace cilindri disiècle cemento dal diametro variabile e, in alcuni casi, da de la plaine mis en au XIIIème par les moines une utilisation lunghi tubipermet di ferro che consentono di raggiungere le vene di acqua più rationnelle de l’eau. de la plaine du Pô profonde. Le pareti di tutte Rizières queste strutture di captazione presentano file La nature de la plaine n’est guère di fori che favoriscono il passaggio dell’acqua (Fig. 17). homogène. Dans la basse plaine (le sud de le sol argileux facilite la culture car IMilan) fontanili hanno svolto un ruolo centrale nel modellare il volto della camil est très poreux. Il a même rendu possible pagna ospita;en eau. daAun lato hanno drenato il suolo circostante che, la culture deche riz trèsli demandeuse l’inverse au Nord dans haute plaine, la impregnato di laacqua, presentava in ampie aree i connotati di una palude; nature du sol diffère, elle ne permet pas le dall’altro hanno permesso développement de l’agriculture de la même lo sfruttamento ai fini agricoli di un’acqua dalmanière car le sol est plus sec. La plaine le caratteristiche particolari grazie alla quale si sono diffuse le marcite, du Pô est axe fertile abrite aujourd’hui des cultures de céréalesforme notamment riz, de particolari diduproduzione di foraggio che per secoli hanno carattefruits et légumes mais aussi des élevages rizzato il paesaggio di queste terre. et fermes, moins nombreux qu’autrefois. Caractéristiques du sol au Nord de l’Italie

zone montagneuse zone de résurgences

Emplacement de la plaine du Pô (source : Regione Lombardia) 22

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I . Analyse territoriale

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La maîtrise d’un territoire d’eau

La plaine du Pô : grenier de l’Italie 24

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20

40

100 km

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La situation avantageuse de Milan au versant des Alpes, lui permet d’étendre son réseau hydrographique. Dès l’époque romaine, la ville initie de grands travaux de canalisation, s’appuyant sur les particularités de son sol et de sa topographie, ce qui conditionne son développement : la célèbre “ ville des eaux ” qu’était Milan, reste aujourd’hui une grande métropole italienne.

Écoulement des eaux lombardes (source : ARPA Lombardia) I . Analyse territoriale

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La Darsena de Porta Ticinese : Port de Milan, Giovanni Grossi

MILAN AU CARREFOUR DES ÉCHANGES L’apogée de Milan commence avec le développement des grandes cités romaines. En effet, les romains se sont illustrés par leur maîtrise de l’eau, développée pour les usages domestiques mais aussi pour la navigation. Ainsi, le canal de Vettabia a été construit, déviant les deux rivières au Nord, Olona et Seveso, sur le canal qui approvisionne le reste de la ville en eau. De même, le Lambro commence à être utilisé pour naviguer jusqu’au Pô. Plus tard, avec l’ampleur des échanges commerciaux entre l’Orient et l’Occident, Milan met à profit sa position stratégique entre le Nord et le Sud de l’Europe, et aménage des voies navigables pour connecter la ville aux grands ports de commerce des Lac Majeur et Lac de Côme au Nord, et de la Mer Adriatique à l’Est. Ainsi à partir du XIIIème siècle, les Navigli sont construits pour détourner les flux des fleuves, du Tessin et de l’Adda, par Milan. 26

Navigli de Porta Romana, Giovanni B. Dell’Acqua NOTICE PFE


Hydrographie milanaise

Le premier canal, Naviglio Grande, prend source dans le Tessin pour aboutir à Milan, dans le port de la Darsena. Ce canal servait pour l’irrigation et la navigation, et était utilisé pour transporter du Lac Majeur vers Milan, les matériaux de construction (sable, gravier, marbre, granite), ainsi que du bétail, du bois et du fourrage. Dans le sens inverse, les bateaux amenaient les grains, vins et produits manufacturés de Milan vers le Lac Majeur et la Suisse. Le second canal, Naviglio Martesana, est achevé au XVème siècle, pour relier Milan au Pô par l’Adda, dans une volonté de pouvoir de même naviguer jusqu’au Lac de Côme. Le troisième canal d’importance est le Naviglio Pavese. Ce canal relie Milan à Pavie, et a été construit dans le but de répondre à la concurrence que représentait Pavie dans les échanges commerciaux le long du Tessin jusqu’au Pô. Ainsi, Milan a aménagé son territoire à partir des voies hydrographiques, dans une stratégie économique pour son statut de grande ville lombarde. Ces réseaux et leurs berges participaient de même des lieux de détente et de loisirs des milanais, dont certaines portions restent encore aujourd’hui des espaces d’agrément, malgré que les canaux ne soient plus navigables et recouverts en partie.

Un axe historique actualisé : voie navigable Locarno-Milan-Pavie-Venise I . Analyse territoriale

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IRRIGUER LE TERRITOIRE L’aménagement du réseau d’eau est aussi pensé à des fins agricoles, et surtout bien développé à l’époque cistercienne par les moines agriculteurs des abbayes, qui s’établissent dans la plaine fertile lombarde. La technique d’irrigation caractéristique de la région est le recours aux résurgences, ou fontanili, du fait de la richesse en eau souterraine du sol. En effet, une résurgence connecte les eaux souterraines et superficielles, et est une source sur terrain naturel, qui se forme en creusant jusqu’à atteindre la nappe phréatique au moyen de tuyau enfoncé dans le sol. L’eau remontant à la surface constitue la “ tête ” de la résurgence, ensuite associée à un canal, qui achemine l’eau affleurant vers les terres à irriguer. L’eau des résurgences coule ainsi sur les prairies, et sa température constante permet de cultiver autant en hiver, multipliant ainsi les récoltes de l’année. Aujourd’hui, certaines sources ne sont plus utilisées ou encore asséchées, mais celles qui restent constituent le paysage particulier de la plaine milanaise.

PLAINE SÈCHE

PLAINE IRRIGUÉE

Un réseau d’eau hiérarchisé

Paysage fertile 28

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Fontanili : un outil d’irrigation I . Analyse territoriale

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Stratégie de récupération des eaux usées

30

0

1

2

5 km

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UNE PRÉCIEUSE RESSOURCE EN EAU La grande consommation en eau des romains justifiait dès cette époque la mise en place d’un système de récupération des eaux. Le canal navigable de la Vettabia endosse cette fonction, qui se développe d’autant plus avec les moines agriculteurs. Ainsi, à l’époque médiévale, le canal de la Vettabia est le principal collecteur des égouts de la ville, et sert de canal d’irrigation pour les prairies. En effet, l’eau dite “grasse” des eaux usées est favorable à la culture de fourrage sur toute l’année, et est conduit sur les plaines, depuis la Vettabia, par ruissellement superficiel à travers de fins canaux appelés marcites. À partir de la fin du XIXème siècle, l’enjeu de récupération des eaux prend de l’ampleur, alors que le système naturel et traditionnel des marcites devient obsolète face à la pollution industrielle, à l’augmentation de la population et au développement urbain qui réduit considérablement les surfaces de champs d’épandage. Sous cette pression, Milan adopte un système d’épuration biologique des égouts, et divise son territoire en trois zones affiliées aux trois stations d’épuration situées en aval de la ville : la station San Rocco sert le bassin de drainage Ouest de Milan, la station Nosedo le bassin centre-oriental, et la station Peschiera Borromeo traite les eaux usées du bassin oriental. La particularité de ce système est que 90% des eaux traitées sont réutilisées à des fins agricoles, notamment par les stations San Rocco et Nosedo, et les 10% restants sont quant à eux traités par la dernière, et rejetés dans le Lambro. Ainsi, Milan a adapté son territoire, en fonction de son développement, mettant en valeur la maîtrise de l’eau qui participe grandement de son essor.

Station Nosedo

I . Analyse territoriale

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02 . MILAN ET SON RAPPORT A L’AGRICULTURE L’agriculture, une valeur sûre dans l’évolution de la ville Milan a toujours pu compter sur la richesse de son arrière pays pour renforcer son économie, parfois même pour la rattraper en tant de crises. Grande puissance agricole puis industrielle et ensuite financière, Milan a toujours su se relever suite à des conjonctures extrêmes qui perturbent le cours de son développement. L’ESSOR DE MILAN À L’ÈRE AGRICOLE L’agriculture apparaît en Italie cinq mille ans avant J.-C. Elle se développe d’abord le long des côtes méditerranéennes de la péninsule. Dès le IIIème siècle avant J.-C. la plaine du Pô est habitée par les “terramare”. Les habitants de cette civilisation perfectionnent les méthodes de culture et d’élevage du néolithique afin de subvenir à leurs besoins. Ces pratiques agricoles n’ayant quasiment pas évolué jusqu’au Moyen Age, leur rentabilité devient faible comparé au nombre croissant d’habitants. Les paysans doivent alors compter sur le milieu naturel environnant pour se nourrir: chasse, pêche, miel, fourrure, textile etc. Vers la fin du Moyen Age, lorsque les échanges commerciaux se multiplient, un nouveau type d’agriculture apparaît dans la plaine du Pô. Une agriculture basée sur l’irrigation permet désormais une entente entre les ressources de la nature et l’homme ainsi qu’une rentabilité meilleure. Malgré des invasions et de nombreux convoitises pendant des décennies, l’agriculture dans la plaine du Pô reprit son essor au XVIIème siècle pour devenir une des richesses du pays. La richesse des campagnes environnants Milan fit de cette ville une des plus riches d’Europe à son apogée. (Giugno, 2014) Par la suite, de nombreuses décisions politiques et les guerres sont venus modifier le visage de l’agriculture dans la plaine lombarde.

AVANT PETROLE

APRES PETROLE

Evolution du paysage agricole milanais (source: Paysage après pétrole) 32

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LE XXÈME SIÈCLE MILANAIS La première guerre mondiale a radicalement changé les pratiques agricoles autour de Milan. La définition de quotas sur les produits comme du lait pousse les agriculteurs à se reconvertir vers des cultures plus rentables que sont les champs de céréales notamment du riz. Ceci modifie fortement le paysage agricole avant composé de haies végétalisées ou de rangées d’arbres pour laisser place à de grandes étendues planes et inondées pour rendre possible la riziculture. Les Cascinas, architecture rurale typique de la Lombardie, se transforment elles aussi pour s’adapter au changement. La révolution industrielle mène également à la mécanisation de l’agriculture qui modifiera profondément l’économie agricole. Le besoin en main d’oeuvre diminue, les pratiques manuels jugées trop compliqués et chers sont abandonnées au profit d’outils plus modernes. Le XXème siècle est aussi marqué par une forte expansion des villes, qui dépassent de leurs limites et empiètent sur les terres agricoles. Les villes européennes ont toujours existé proche d’une ceinture agricole pour nourrir leurs habitants. Rares sont ceux qui ont réussis à les préserver de l’expansion urbaine massive à partir de la révolution industrielle. D’ailleurs c’est à cette période que les complémentarités ville campagnes se sont perdus et que l’opposition entre ces deux est véritablement né. Milan semble pourtant faire figure d’exception. Comme vu précédemment, l’agriculture a été pendant plusieurs siècles la première richesse de la ville. Ceci est particulièrement vrai au Sud, ce qui explique pourquoi cette partie est épargnée de l’urbanisation jusqu’à aujourd’hui. Au Nord, les institutions publiques mais surtout les industriels ont cessé de grignoter sur les terres agricoles de nature moins fertiles qu’au Sud. D’autant plus, les types d’exploitants présents sur place sont des petites parcelles et exploitations, les rendant plus vulnérables et moins résistantes que les grandes propriétés bourgeoises et grands industriels du Sud. Paysage milanais avant-pétrole, la ville dans ses remparts, ceinture agricole composée de parcelles modestes mais diversifiées. Un paysage de haies et d’arbres structure le territoire

Paysage milanais après-pétrole, l’étalement urbain et disparition des terres agricoles au nord et mécanisation de l’agriculture entrainant des paysages plus monotones au sud.

Milan Nord

Milan Sud

AVANT PETROLE

APRES PETROLE

Evolution du paysage agricole milanais (source: Paysage après pétrole) I . Analyse territoriale

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AUJOURD’HUI, UNE PUISSANCE FINANCIÈRE RÉSILIENTE Avec la désindustrialisation à la fin du XXème siècle et la délocalisation de nombreux usines, de nombreux villes européennes voient leurs économies s’affaiblir. En Lombardie, les villes ont pu résister au choc de la désindustrialisation grâce à leurs arrières pays puissants. Ainsi, Milan s’est reconvertie au XXIème siècle en ville tertiaire et financière. Aujourd’hui, le commerce et la finance sont les principaux moteurs de l’économie. Pourtant la ville ne tourne pas son dos à l’agriculture. Le XXème siècle a été l’occasion pour Milan de renouer avec son arrière pays, lui procurant une stabilité économique dans le temps. La création du parc agricole en 1990 concrétise cette volonté de valoriser et préserver l’espace rural lombard. C’est également le début d’un pacte agri-urbain visant à faire évoluer la notion de dualité ville campagne.

Bourse de Milan, une des plus puissantes d’Europe

Quartier Porta Nuova, nouveau quartier d’affaire de Milan 34

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Chemin au sein du parc agricole sud de Milan I . Analyse territoriale

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Le parc agricole sud de Milan Le Parco Agricolo Sud di Milano, ou PASM7, est un parc de ceinture métropolitaine à dominante agricole, déjà historiquement marqué par une activité agricole intensive. Son territoire, s’étalant en croissant au Sud de Milan, s’étend sur 47 000 hectares environ, ce qui représente à peu près 30% de la superficie totale de la métropole milanaise, intégrant ainsi 61 communes sur les 134 actuelles8. Mis en place dans les années 1990, il est considéré comme expérience innovante et pionnière dans la gestion et la protection des terres agricoles autour des villes.

PASM Milan 36

0

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Abréviation courante du parc agricole, utilisée pour la suite. 8

Données de Città metropolitana di Milano, Parco Agricolo Sud di Milano.

2

4

10 km

N

NOTICE PFE


UN OUTIL DE PROJET ET DE GOUVERNANCE RECONNU Dans une perspective de crise climatique et environnementale, l’agriculture se trouve face à deux défis mondiaux auxquelles répondre : la production d’aliments sains, et le développement durable de villes résilientes (Giacché, 2014). Les liens entre les villes et leurs agricultures se voient alors confrontés aux enjeux spatiaux, environnementaux, mais aussi socio-économiques, du fait desquels on peut observer aujourd’hui divers dispositifs, mis en place dans les pays européens, pour lutter contre le recul des espaces agricoles périurbains. La Fédération européenne des espaces naturels et ruraux métropolitains et périurbains (Fedenatur) est fondée en 1997, créant un réseau d’échanges à l’échelle européenne, entre les gestionnaires de sites périurbains. Elle fédère 34 parcs européens, desquels seuls quatre sont caractérisés de « parcs agricoles », dont le PASM à Milan. Plus généralement, le parc agricole se définit dans l’intérêt de protéger les espaces agricoles, et surtout d’en « développer le potentiel à la fois productif agricole, environnemental, paysager, naturel et culturel » (Giacché, 2014). En effet, le PASM a lui été défini à partir de la loi régionale (N° 86/1983) selon laquelle, le parc agricole est « un parc destiné au maintien et à la valorisation des caractères typiques de l’environnement et du paysage des zones rurales, de leurs valeurs naturelles et semi-naturelles traditionnelles à travers la conservation, la qualification et l’amélioration des activités agro-sylvo-pastorales » (art.16). Ainsi, le PASM concentre essentiellement les zones agricoles et non celles urbanisées, ce qui explique sa forme particulière qui s’imbrique dans le tissu bâti de la ville. Ce périmètre est alors géré suivant deux principes : urbanistique, pour délimiter et déterminer les usages des zones ; et économique, qui s’attache aux fonctions et potentialités de développement du secteur agricole. Incluant plusieurs communes, la gestion du PASM est confiée à la Province de Milan, et contrairement aux parcs naturels et urbains, la majorité des terres du parc agricole est une propriété privée confiée aux agriculteurs, qui forment un réseau de 1400 exploitations (Perotti, 2012). Toutefois, ce qui reste la spécificité du parc agricole est l’engagement des acteurs, dans la définitions des périmètres et leur gestion. Ainsi, pour le cas du PASM, à l’instar de la reconnaissance régionale avec l’application de la loi pour les zones naturelles protégées, il y a eu l’initiative citoyenne qui a contribué à la création du parc. Une association a donc été formée pour « faire reconnaître l’identité historique, environnementale et culturelle de ces terres agricoles » (Giacché, 2014). Ce travail mutuel entre les acteurs conduit à un territoire multifonctionnel, axé sur le développement du secteur agricole en termes de techniques et d’économie alternative, et complété par la protection et restauration des éléments paysagers, ainsi que par les activités culturels, dont le tourisme agricole. Le parc agricole est alors le résultats d’un processus de co-construction entre les acteurs locaux, par la reconnaissance puis la préservation active des espaces agricoles. Le rôle du parc agricole a donc évolué. Un outil qui était au départ de maîtrise du foncier face à l’étalement des villes, est de même devenu un enjeu politique, économique et sociale dans la gestion des terres agricoles., Dans le renforcement des liens entre ville et agriculture, le parc agricole peut être projet, réunissant les acteurs civils et institutionnels autour de la question de l’alimentation, qui est au coeur des défis sociétaux aujourd’hui.

I . Analyse territoriale

37


UNE RICHESSE TERRITORIALE L’activité principale du PASM est de préserver les terres agricoles comme sources fertiles et de productivité. Ainsi, la zone agricole du parc compte pour majorité, 87% de terres arables, soit 30 467 hectares cultivés ; 217 hectares (soit 1%) de terres réservées aux cultures fourragères permanentes pour nourrir les bovins, dans l’élevage desquels le parc se spécialise avec 238 exploitations bovines ; et 799 hectares (soit 2%) de terrains d’arboriculture. Les terres arables sont quant à elles, principalement tournées à 84% vers la production de céréales, avec 12 570 hectares de cultures de maïs, principalement destinées à l’alimentation du bétail, et 11 477 hectares de rizières entièrement transformées pour la consommation humaine. De moindre proportion comptée dans les terres arables, on retrouve 11% de cultures fourragères en rotation, 4% de cultures industrielles dont principalement le soja, et seulement 1% de cultures horticoles, tandis que Milan s’approvisionne plutôt en produits maraîchers des autres régions d’Italie et de l’étranger9. Le PASM a alors pour objectif la protection des terres agricoles, qu’il assure par la culture du sol, la gestion des ressources forestières et d’élevage, ainsi que la transformation et la commercialisation des produits. Pour cela, le parc agricole se tourne vers une agriculture multifonctionnelle, en intégrant les activités citoyennes (services directement à la ferme, activités de gestion et maintien de l’environnement, etc), pour valoriser le caractère non seulement productif, mais aussi historique et paysager du territoire.

9

Données de Città metropolitana di Milano, Parco Agricolo Sud di Milano.

Accompagnant cette tendance, les fermes milanaises, ou cascinas, conjuguent lieux de production et de sociabilité. En effet, la loi sur la protection des terres agricoles implique l’interdiction de construire dans le parc agricole, ce qui conduit à l’entretien et la transformation du patrimoine bâti agricole pour une diversification des activités, action qui s’inscrit inévitablement dans la volonté de protection des zones agricoles. Il existe encore 592 cascinas aujourd’hui, parmis lesquelles on ne compte qu’environ 80 cascinas à activités multifonctionnelles. Ces dernières participent à la production et transformation (céréales, produits laitiers, viandes, produits maraîchers), et proposent hébergement, restauration, agrotourisme et activités pédagogiques et d’éducation à l’environnement, pour une sensibilisation aux milieux naturels sauvegardés dans le plan de protection (zones boisées, milieux humides, etc), où se perpétue une riche et rare biodiversité propre au PASM.

38

NOTICE PFE


Des cascinas multifonctionnelles dans le PASM (source : Guide des entreprises agricoles, CittĂ Metropolitana di Milano) I . Analyse territoriale

39


Métrobosco (source : Multiplicity.Lab)

Le PASM et la ville limitrophes 40

NOTICE PFE


LES LIMITES DE GESTION : UN PROJET QUI CONTINUE DE SE DÉFINIR La gestion du parc reste pourtant une entreprise complexe, et à différentes échelles de tension entre les communes et la Province ; entre les citadins, les agriculteurs et les promoteurs. En effet, la délimitation institutionnelle du PASM avec les zones urbaines continue de nourrir des distinctions entre la ville et la campagne, alors que le PASM n’inclut pas les lisières, thématique complexe et pourtant importante dans une agglomération telle que Milan. De la même manière, les aménagements routiers traversant le parc agricole restent des motifs d’exceptions dans le plan de coordination territorial du parc, où les règles de protection du foncier sont revues à la baisse. La protection du territoire du parc en devient alors plus difficile, du fait aussi de sa dimension qui se révèle progressivement être peu adaptée à une gestion d’ensemble. Dans ce système fragilisé, les enjeux politiques, économiques et sociaux trouvent difficilement de communes réponses. En effet, les acteurs du territoire ont eux-même des difficultés à s’identifier dans cette large plaine, où les intervention n’en sont que dissociées sur l’ensemble du territoire. Cela explique notamment le caractère de réserve productive du parc sur des zones étendues, loin de répondre conjointement aux fonctions de production et de loisir que lui confère son statut de « parc agricole ». Comme exceptions, et sur des zones plus modestes à l’intérieur du PASM, on retrouve le parc du Ticinello et le parc des rizières, qui ont su affirmer leur spécificité paysagère, historique et culturelle, et où se coordonnent les activités agricoles, citadines et environnementales, grâce à l’investissement commun des agriculteurs et des habitants de ces zones. Ainsi, le parc agricole tel qu’il se présente aujourd’hui, n’est que le principe d’un processus qui se construit encore. Il soulève des questions et des enjeux encore peu appréhendés de tous les acteurs du territoire. L’exposition universelle qui s’est tenue à Milan en 2015 sur le thème « Nourrir la planète, l’énergie pour la vie », a permis de faire connaître plus largement les actions autour du PASM. D’autre part, des projets s’appuient sur le PASM pour générer de nouvelles propositions de rapport de la ville à la nature, comme le projet « Metrobosco » (Boeri et Multiplicity.lab, 2007), qui propose une ceinture verte autour de Milan, connectant les parcs existants à un réseau de couloirs verts reliant le centre ville et le périurbain. Le PASM continue alors d’être un outil de projet, où la question des liens entre la ville et l’agriculture se renouvelle sans cesse.

Parc agraire du Ticinello et des rizières I . Analyse territoriale

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03 . SCALI MILANO, UN MOTIF TERRITORIAL Milan, 7 friches 1 figure Suite à la désindustrialisation, les nombreuses lignes ferroviaires qui traversent Milan et assurent les échanges de marchandises et de personnes, deviennent obsolètes et les gares sont abandonnées. Faute de moyens pour les reconvertir, ces friches ferroviaires d’une surface totale de plus de 125 hectares restent inoccupés pendant près de vingt ans. Aujourd’hui, après plusieures années de négociations avec la société ferroviaire propriétaire des terrains, la ville de Milan veut redonner vie à ces espaces abandonnés. Plus que de simples opportunités foncières, Milan veut faire de ces sites des occasions pour proposer des

projets qui accompagnent l’évolution de la ville de Milan. Au nombre de sept, ces friches se situent actuellement dans la périphérie de la ville et marquent des coupures dans le tissu urbain. Un appel à projet est lancé, de nombreux architectes proposent actuellement des projets de requalification de ces lieux laissés à l’abandon. D’autres comme Stefano Boeri avec le “fiume verde” et Mécanoo avec le projet “Scali Milano Catalysts for sustainable living” proposent un projet sur la totalité des sept friches et sur une vision plus globale de la relation ville/ nature ou ville/agriculture à Milan.

La proposition de Cino Zucchi pour la friche Farini, un parc urbain traversé par des voies pietonnes 42

NOTICE PFE


Proposition de OMA pour la friche Farini

Il fiume verde (un fleuve vert) de Stefano Boeri I . Analyse territoriale

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VERS UNE STRATÉGIE TERRITORIALE Le projet urbain du projet de fin d’étude propose une réflexion à partir de la problématique suivante:

En quoi les friches sont des leviers importants pour initier un nouveau rapport à l’agriculture pour Milan demain ? Plus que de simples opportunités foncières, ces zones délaissées servent alors de lieux d’expérimentation pour aborder les thèmes de centre-ville/ périphérie; ville/parc agricole ou encore ville/nature. Dans le cadre de ce PFE, nous avons choisi de travailler sur une friche ferroviaire en particulier, Porta Romana, mais le projet va en réalité permettre de se positionner et penser simultanément à la relation ville/parc agricole produit à l’échelle de tout Milan. L’objectif étant de faire une correspondance de l’échelle territoriale à l’échelle du quartier. En effet, répondre à un cas spécifique revient à orienter le regard sur le rapport à l’agriculture de Milan demain.

0

0,25

0,5

1,25 km

N

Les sept friches Milanais, un motif territorial 44

NOTICE PFE


I . Analyse territoriale

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II . STRATÉGIE

LE QUARTIER DE PORTA ROMANA, UN ENJEU DE TRANSFORMATION

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01 . PORTA ROMANA, UN QUARTIER AUX MULTIPLES VISAGES D’hier à aujourd’hui Le quartier qui nous intéresse, Porta Romana, est un ancien quartier industriel situé à une des entrées Sud de Milan en proximité immédiate avec le Parc Agricole Sud de Milan (PASM). Le quartier naît au XXème siècle lorsque le chemin de fer arrive sur ce site anciennement agricole. Ceci permet l’installation d’usines à proximité, notamment lié à la sidérurgie et la métallurgie. Se développe en parallèle un quartier ouvrier pour loger les employés des usines. Avec la désindustrialisation et la fermeture ou la délocalisation des industries, le quartier perd très rapidement son dynamisme. Il devient de moins en moins habité et les nombreux bâtiments industriels sont abandonnés. Ainsi, la présence de ces multiples espaces délaissés dévalorise le quartier. Depuis quelques années des vagues de rénovation urbaine se mettent en place : reconversion d’anciens bâtiments tombés à l’abandon, construction de nouveaux bureaux et logements et en 2018, la construction de la Fondation Prada par le groupe OMA qui compte, par son implantation, redynamiser le quartier.

1

2

3

4

Evolution du quartier Porta Romana 48

0

0,8

1 IGM 1888 2 IGM 1914 3 IGM 1936 4 IGM 1994

1,6

4 km

N

NOTICE PFE


Aujourd’hui, Porta Romana se caractérise par un paysage hybride d’anciens bâtiments industriels, d’immeubles anciens similaires au centre ville et depuis peu, de bâtiments contemporains de logements et bureaux. Aujourd’hui encore, on y trouve des bâtiments délaissés, et le quartier reste finalement très peu habité. Néanmoins, la ville de Milan, parfois à l’aide d’investisseurs privés, entame la requalification des espaces publics du quartier. Un exemple est la nouvelle place Adriano Olivetti derrière la Fondation Prada qui, dans sa conception, reprend l’esprit du quartier avec une végétation en friche et l’eau qui devient un élément qui rappelle les canaux d’irrigation qui traversent Milan. Pour le PFE, le choix de travailler dans ce quartier est motivé d’une part, par l’emplacement de Porta Romana, à l’extrémité sud de la ville et en proximité immédiate avec le parc agricole, donc avec l’espace rural dont il est question de retrouver un rapport avec. C’est l’occasion de présenter une évolution possible de la ville de Milan sans qu’elle puisse s’étaler au sud. Par ailleurs, la taille de la friche ferroviaire de Porta Romana (21,6 hectares) est assez conséquente, ce qui permet d’imaginer un projet à envergure plus grande pour venir requalifier le quartier. Enfin, il nous semblait également intéressant de se questionner sur l’intérêt ou la conséquence d’un projet comme la Fondation Prada dans le quartier : ce que cela résout, les autres enjeux que cela génère, gentrification, etc.

Piazza Adriano Olivetti II . Stratégie

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PROBLÉMATIQUES ET ENJEUX DU SITE Porta Romana fait face aujourd’hui à des problématiques diverses tant dans son centre que dans ses franges. À l’entrée Nord du quartier, la friche ferroviaire marque une coupure dans le tissu urbain : voiries en cul de sacs, enceinte de murs de brique autour etc. Une déambulation rapide au sein de cet ancien quartier industriel permet de se rendre compte de l’échelle trop grande des voies, qui semblent dépasser celle du piéton, qui a du mal à trouver sa place. La présence de nombreux bâtiments et espaces délaissés, combinée au manque de logements et de commerces, donne l’impression d’un quartier inoccupé et mis à l’écart. Au sud, là où le parc agricole s’avance vers la partie urbanisée, une frange non qualifiée semble distancier l’urbain du rural. De plus, le parc étant très peu traversable il constitue aujourd’hui une enclave agricole infranchissable plutôt qu’une ressource paysagère bénéfique au quartier.

La friche Porta Romana, une coupure urbaine 50

0

0,25

0,5

2,5km

N

NOTICE PFE


Les enjeux dans ce quartier en transformation sont multiples. S’il s’agit dans un premier temps de reconnecter le quartier au centre ville en désenclavant la friche, le principal enjeu réside néanmoins dans la conciliation de l’agriculture et de l’urbain dans ses franges et au sein de Porta Romana. Ceci rejoint également notre volonté d’accompagner le développement de la ville sans s’étaler en utilisant ses vides existants. Par ailleurs, rendre le quartier habitable et agréable pour les piétons pour le redynamiser et enfin, considérer le parc agricole comme une ressource locale “commune”, sont aussi des enjeux intéressants que l’on développe dans notre PFE.

Un quartier sectorisé II . Stratégie

0

0,25

0,5

2,5km

N

51


02 . STRATÉGIE URBAINE : VERS UN NOUVEAU RAPPORT À L’AGRICULTURE Les enjeux que soulèvent le quartier de Porta Romana conduit à reconsidérer le rapport de l’urbain à son territoire agricole. La limite étanche qui les sépare est le résultat d’un développement accéléré de Milan, d’une puissance agricole à une puissance industrielle, pour devenir la métropole high-tech d’aujourd’hui. Ici, Porta Romana ouvre à l’expérience de nouvelles transformations agriurbaines.

UN PARCOURS DU CENTRE-VILLE AU PARC AGRICOLE Suivant la récurrence du motif territorial, le quartier est caractérisé par deux zones de limite que sont la friche ferroviaire, qui crée une coupure du quartier avec la ville centre, et la lisière, impasse avec le parc agricole. Ainsi, la stratégie urbaine s’appuie sur ces limites et les potentialités existantes du site, pour créer une continuité de l’urbain au rural, dont les objectifs sont de :

Vue satellite du quartier Porta Romana 52

NOTICE PFE


- Traverser, reconnecter des morceaux de ville : La friche marque la séparation entre le centre-ville d’un côté, et l’ancien quartier industriel de l’autre. Ainsi, comment la friche ferroviaire pourrait-elle relier la ville à sa périphérie, et alors retrouver une qualité d’habiter dans ce vide urbain ? - Conduire, guider entre les limites : Des parcs existants parsèment le tissu urbain du quartier, entre la friche ferroviaire et le parc agricole. De cette manière, comment ces espaces publics peuvent accompagner l’aménagement d’une promenade urbaine d’une limite à l’autre, dans ce quartier industriel ? - Concilier l’urbain et l’agriculture dans ses franges : Quatre sites stratégiques sont contenus dans la lisière de la ville au parc agricole dont, deux friches agricoles, une ancienne ferme réhabilitée et l’Abbaye de Chiaravalle avec son cimetière. À partir de cela, de quelle manière peut-on activer ces “fins de ville” pour repenser la lisière en une marge public de transition entre l’urbain et le rural ? - Faire dialoguer l’urbain et l’agriculture au-delà des franges : Le parc de la Vettabia est une portion du parc agricole publique qui se situe dans le quartier. Dans une continuité du processus initié, comment peut-on projeter la ville au-delà des lisières, pour concilier les temporalité urbaines et agricoles au sein de la réserve agraire ? Ainsi, l’identification des spécificités et potentialités du quartier recrée un parcours commençant depuis la friche ferroviaire à la lisière du parc agricole, et mettant en système ce qui est entre et audelà des limites. II . Stratégie

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Traverser / RĂŠconnecter la friche ferroviaire au quartier afin de la rendre habitable

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NOTICE PFE


Conduire / guider le pieton dans une promenade pietonne au sein d’un ancien quartier industriel

II . StratĂŠgie

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sites remarquables

parc aménagé

parcelles privatisées

prairies

cultures en jachère

espace vert public voie automobile parcours et passages en lisière

potager partagé

Concilier l’urbain et l’agriculture dans ses franges 56

0

0.75

1.5

3.75 km

N

NOTICE PFE


PASM

terres en jachère

zone d’activités

parc éphémère

agriculture productive espace public permanent

Faire dialoguer l’urbain et l’agriculture au-delà des franges II . Stratégie

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PENSER L’ÉCOSYSTÈME Il n’est alors pas seulement question d’un parcours physique d’un point initial, ici la friche ferroviaire, à un autre, qui serait le parc agricole, mais bien de considérer l’interaction des différents composants du quartier, dans une nouvelle manière d’habiter la ville agriurbaine. La stratégie propose ainsi une nouvelle transformation pour Milan, en considérant les zones élargies des friches-parc agricole comme un nouvel écosystème de vie et d’interdépendances. La notion d’ “écosystème” est empruntée à l’écologie scientifique, où elle désigne l’ensemble des êtres vivants (hommes, végétaux, animaux) qui interagissent entre eux et qui évoluent dans un environnement spécifique. Par analogie, cette notion a ouvert d’autres thèmes tels que l’écosystème urbain, ou encore l’écosystème agricole, pour traduire la complexité des relations au sein de chaque environnement, et dont la gestion conduit à un développement durable des milieux. Ainsi, penser le quartier de Porta Romana en écosystème, c’est considérer un système de fonctionnement et de relations entre l’Homme, ses activités, et la situation particulière entre urbain et rural du quartier. Il en ressort alors quatre thématiques pour la stratégie, qui se traduiront dans les projets d’interventions : habiter, production et transformation, échanges, paysage. L’écosystème de Porta Romana renvoie de même aux interactions entre les différents acteurs vivants le projet, qui sont particulièrement : concilier les échelles des producteurs et des consommateurs/habitants locaux, et faire dialoguer les échelles des habitants des quartiers périurbains et les personnes du centre-ville/touristes. Le principe d’écosystème se traduit donc à différentes échelles, où les relations entre l’urbain et le rural, entre l’Homme et la ville, tout comme entre l’Homme et la biodiversité, sont autant d’interactions à prendre en compte pour considérer les transformations agriurbaines de Milan.

58

NOTICE PFE


11

l’ouvrage traite de l’agriculture urbaine en Ile-de-France, retraçant son histoire et questionnant les modèles à réinventer. Par une étude thématique et prospective, il fait le lien entre production agricole et urbaine, entre le cultivé et l’habité, entre le sol et la ville. « Capital Agricole », Augustin Rosenstiehl, 201811

12

QG du collectif Parti Poétique et des agriculteurs les Fermes de Gally, à Saint-Denis. Sur ces 3,7 hectares de terres agricoles, dernière exploitation maraîchère du 19ème siècle aux portes de Paris, ils renouvellent l’agriculture urbaine et créative, intégrant producteurs d’art, de culture et de nourriture, et réinterrogent les modèles passés. II . Stratégie

Zone sensible, Centre de production d’art et de nourriture12 59


03 . INTERVENTIONS : DES RÉCITS AGRIURBAINS Des sites d’intervention sont alors localisés à partir de la stratégie, comme sources de transformation de l’ensemble du quartier. Il n’y a donc pas une situation mais plusieurs, qui se répondent et racontent ensemble le développement de l’écosystème de Porta Romana.

UN ÉCOSYSTÈME À L’ÉCHELLE DE PORTA ROMANA La stratégie met en tension l’organisation agricole et le fonctionnement urbain du quartier, pour penser l’ensemble en un écosystème vivant. Ainsi, les quatres thématiques, qui organisent les interactions qui prennent vie dans le quartier, se traduisent dans des sites particuliers, leviers des transformations. - Habiter : La friche ferroviaire de Porta Romana amène à prendre la mesure d’une densification dans ce vide urbain où la nature a repris ses droits. Ainsi, la friche est ressource pour penser de nouvelles manière d’habiter, en lien fort avec la nature en pleine ville. - Production et transformation : Deux bâtiments industriels abandonnés peuvent être reconvertis en lieu de transformation des produits agricoles. Cet équipement de proximité permet de raccourcir les chaînes de transformation, et reconsidère les interactions entre les producteurs et les habitants consommateurs. - Echanges : L’activation des “fins de ville” pour faire interagir l’urbain et le rural aux lisières révèle deux friches agricoles intéressantes dans cette dynamique. La première se situe stratégiquement dans le jalonnement des espaces publics existants, comme impasse de la ville bâtie en bordure du parc agricole, formant ainsi le pivot de reconnexion de la ville à son territoire agricole. La seconde friche se trouve au terminus de la ligne d’un tram, potentiel de développement d’un équipement métropolitain lié à l’agriculture, car directement connecté au centre de Milan et pouvant travailler avec les parcelles agricoles qui l’entourent. - Paysage : Les espaces publics existants, tout comme les éléments constitutifs du paysage agricole (canaux, bosquets, ripisylves, etc), permettent de structurer le parcours et l’expérience du quartier, dans une volonté d’habiter le paysage, de concilier l’espace productif et l’espace public, donc particulièrement, de reconnecter au paysage agricole comme ressource de nature pour la ville.

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NOTICE PFE


Interrelation des espaces II . StratĂŠgie

0 0.75 1.5

3.75 km

N

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LES TEMPS DE LA STRATÉGIE Les quatres thèmes et les sites identifiés ne constituent pas des interventions ponctuelles et isolées, mais coexistent et sont interdépendants dans le fonctionnement de l’écosystème du quartier. Ainsi, la stratégie s’inscrit dans un temps long de mise en place de ces interactions, durant lequel les récits agriurbains se tissent progressivement pour une résilience de Porta Romana. temps 1 : Logements La friche ferroviaire n’est plus considérée comme un espace latent, mais comme un lieu en mouvement (activités, nature), accompagnant de nouveaux modes de vie.

13

référence : “ Wefchobet ” en Ethiopie, où la pratique d’acheter les graines soi-même et les faire moudre dans ces usines est une pratique très courante dans les grandes villes. 14

référence : “ Lisière Campus Sud ”, Paris Saclay pour AgroParis Tech par Michel Desvignes.

temps 2a : Parc comestible (espace public d’interface) La friche agricole devient un espace pivot qui permet d’irriguer de la ville au parc agricole. Le parc agricole n’est plus une réserve et l’espace public urbain se redessine : un rapport des milanais à leur territoire agricole qui se renouvelle. temps 2b : Halle de quartier (ventes, partages/rencontres et activités) Vivre en lisière du parc agricole apporte un besoin commun de concilier l’échelle du vécu de la ville et celle de la production agricole, résultant à un nécessaire rapport de proximité. temps 3 : Locaux de transformations des produits du Parc Dans une perspective que les interactions, les nouveaux modes de s’approvisionner/ se nourrir se diffusent de plus en plus et deviennent un besoin partagé, des fabriques de proximité se développent pour transformer les matières brutes en produits de consommation, conduisant à requestionner le circuit court et la part de chaque individu dans la production13. temps 4 : Équipement métropolitain (éducation, recherches, diplomatie) Les transformations précédentes engrangent de nouveaux modes de vie, qui ne peuvent se restreindre à une transformation de quartier : le site en lui-même devient un laboratoire d’expériences et nourrit des problématiques métropolitaines14. Les derniers temps 3 et 4 sont conceptualisés par les références citées, tandis que les temps 1 et 2 sont ceux que notre binôme a choisi de développer séparément, en tant que projets urbains et architecturaux, et qui seront détaillés dans la troisième partie.

Balises actuelles : la Fondation Prada et l’Abbaye de Chiaravalle 62

NOTICE PFE


balises actuelles du territoire urbains différents temps du projet limites étanches des parcs parcours irrigant

1.

3. 2.

4.

Système de balises II . Stratégie

0 0.75 1.5

3.75 km

N

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04 . RESSOURCES ET IMAGINAIRES LES CASCINAS DE LA PLAINE DU PO La “cascina” est le terme utilisé pour désigner la structure agricole de la plaine du Pô lombarde. À Milan, les cascinas se développent à partir du XIIIème siècle, et deviennent très vite des centres économiques importants. Cette typologie de ferme se situe particulièrement autour des remparts, et se répartit de manière diffuse, les unes isolées des autres, dans les plaines milanaises, de telle sorte que chaque structure s’occupe de ses terres agricoles. Ainsi, on peut observer à Milan une différence entre son développement Nord et Sud. Tandis qu’au Nord, la ville bâtie et industrielle s’étend vers les Alpes, où le potentiel agricole est faible ; au Sud, l’eau s’écoulant de la chaîne montagneuse crée une plaine favorisant l’exploitation agricole, alors organisée autour des Cascinas, grandes propriétés associées aux terres agricoles, qui caractérisent ce paysage agraire du sud milanais.

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NOTICE PFE


II . StratĂŠgie

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UNE TYPOLOGIE AGRICOLE La cascina participe à l’origine d’un mode de vie hiérarchique et fonctionnel autour de l’agriculture. Elle s’organise en bâtiments agricoles et bâtiments d’habitations pour les familles paysannes et le propriétaire. La cascina milanaise renvoie habituellement à la ferme à cour carrée. Cependant, cette typologie est le résultat de transformations multiples suivant les époques, influencées par le développement agricole. En effet, d’abord bâtiment à corps unique, la ferme initiale s’agrandit et se voit ajouter des bâtiments dès le XVème siècle, avec la capitalisation de l’agriculture et de l’élevage, pour pouvoir répondre à des niveaux de production élevés. Suivant cette réalité agricole, la cascina se compose principalement de la maison du chef d’exploitation, des logements des travailleurs, de l’écurie, de l’étable et de l’entrepôt, le tout organisé autour d’une cour animée par les différentes activités qui font vivre la ferme. Ainsi, la cascina, plus qu’une architecture rurale typique de Milan, s’inscrit dans la culture de la ville, comme reflet des évolutions du rapport de Milan à son territoire agricole. A l’origine, les cascinas appartiennent à des monastères ensuite aux grands propriétaires bourgeois. Aujourd’hui celles à proximité de la ville sont la propriété de la commune de Milan. Ces fermes multifonctionnelles incarnent un modèle capable de s’adapter au fil du temps pour correspondre aux besoins contemporains. Avec la mécanisation de l’agriculture au XXème siècle,, les surfaces des parcelles agricoles se sont agrandies, donnants naissance à de très grandes propriétés et la nécessité de lieux de travail et de stockage plus grands. C’est alors que ces cascinas sont devenus de véritables usines en associant lieu de travail et d’habitation pour ouvriers.

Evolution de la typologie de la cascina

Vie de la cascina 66

NOTICE PFE


INTERCONNEXION DES ESPACES La cascina est généralement composée de bâtiments d’au plus un étage, dont chacun répond à des besoins fonctionnels bien précis. L’ensemble des constructions repose, pour chacune, sur un plan rectangulaire à trame régulière, répondant ainsi à une rationalité et fonctionnalité du système productif. La circulation devient l’enjeu principal de ce fonctionnement, auquel l’organisation en allées du plan rectangulaire répond, pour une fluidité des déplacements et des connexions entre les différents bâtiments. Pour cela, une composition en murs porteurs et poteaux forme les espaces fermés, les espaces ouverts et les seuils, qui organisent un rapport entre intérieur et extérieur des activités. Les grandes terasses couvertes donnant sur la cour sont représentatives de ces espaces intermédiaires. Aussi, les cascinas ont de grandes hauteurs sous plafond, et découpent l’horizon agricole par leurs toitures en pente reposant sur le système structurel et permettant, en fonction du bâtiment, de favoriser l’apport de lumière et de réguler la ventilation des établissements. De plus, cette typologie permet le recours à des mezzanines pour compléter les fonctions des bâtiments. Ainsi, depuis l’extérieur, la cascina s’affirme discrète au milieu de l’étendue agricole, où ses façades fermées cachent un intérieur ouvert sur la vie de la cour.

Configuration de la cascina milanaise

Terrasse couverte sur la cour II . Stratégie

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UNE CONSTRUCTION TRÈS LOCALE L’usage de la brique et du bois est particulièrement courant dans l’architecture rurale de la Basse Lombardie. En effet, le sol de la plaine du Pô, sur lequel le réseau hydraulique qui l’irrigue achemine des dépôts alluviaux, est riche en argile, ce qui explique l’utilisation dominante de la brique de construction au Sud de Milan ; contrairement au Nord, proche des Alpes, où l’usage de la pierre prédomine. Ainsi, les cascinas sont des constructions en briques soutenant une charpente en bois. Entre légèreté et massivité soulignées par la trame régulière, la typologie et les matériaux, l’architecture de la cascina participe intégralement du paysage agraire de la plaine.

Cascina Gaggioli

Abbaye de Chiaravalle (Sud du site de projet) 68

NOTICE PFE


LA CASCINA AUJOURD’HUI Ces traditionnelles fermes milanaises qui constituaient alors le principal environnement bâti de la plaine, sont aujourd’hui de moins en moins présentes, de part les transformations des systèmes productifs agricole, mais aussi du développement de la ville. Plusieurs cascinas ont été abandonnées, certaines fonctionnent encore suivant le principe agricole initiale, tandis qu’un grand nombre a été réhabilité et mis à profit dans l’agrotourisme. Aujourd’hui ces casinas restent des espaces multifonctionnels et on retient leur capacité d’adaptation au changement.

Cascina Erbatici

Cascina Cuccagna II . Stratégie

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HABITER LE PAYSAGE La cascina, dans toute sa logique agricole ne se résume pas qu’à une architecture fonctionnelle, mais travaille aussi avec son environnement. En effet, dans son rapport au sol agricole, elle travaille aussi avec l’eau qui l’irrigue. Les “marcites” sont des exemples de ces éléments paysagers, et prouesses techniques de Milan dans l’histoire de son agriculture. Les marcites sont de fins canaux qui s’écoulent en surface des prairies grâce à une composition de légères pentes des terres, de sorte qu’elles irriguent et humidifient le sol toute l’année, pour avoir de l’herbe fraîche à chaque saison pour le bétail et augmenter ainsi, la production sur l’année. Ces émergences d’eau en surface était particulièrement utile en hiver car elle évitait au sol de geler. Cependant, les transformations de l’économie agricole et le réchauffement climatique ont entraîné la mise hors service d’un grand nombre de marcites, mais ceux qui restent témoignent bien de l’histoire agricole et paysager de la plaine milanaise. Aujourd’hui, ces réseaux d’eau en surface constituent des réserves de biodiversité importantes, où végétations, amphibiens et oiseaux s’y développent et cohabitent naturellement. Les cascinas articuler à leur terres agricoles caractérisent de ce fait le paysage, tel que nous le percevons aujourd’hui, de l’horizon milanais.

70

NOTICE PFE


II . StratĂŠgie

71


Balcons en périphérie de Milan durant le confinement Covid 19 72

NOTICE PFE


LA QUESTION DU LOGEMENT À MILAN - Milan après guerre, entre expérimentation et interprétation d’une culture locale Suite à la deuxième guerre mondiale, une partie de la ville de Milan est détruite. Pourtant les années d'après guerre sont une période fructueuse pour l’économie milanaise, et ce grâce à ses campagnes puissantes. Milan devient la ville la plus riche de l’Italie. De nombreux italiens s’installent à Milan pour profiter de ce plein emploi. La question du logement devient majeure. Plusieurs quartiers expérimentaux de logements voient le jour dès les années 50, c’est notamment le cas du quartier QT8 en périphérie de Milan. C’est l’occasion d’expérimenter sur des nouvelles typologies de logements. C’est également l’opportunité d’utiliser les nouveaux matériaux tels que le béton armé et les modes constructifs issus du mouvement moderne.

Bombardements de Milan durant la seconde guerre mondiale

Quartier expérimental QT8 à Milan construit en 1951 (2005) II . Stratégie

73


10 m

10 m

5 1

5

5

0

0

5

10 m

0

1

22 logements, via massena 18, Milan, Caccia Domignioni 1

Casa Domignioni est un architecte designer Milanais du né en 1913. Il participé à la reconstruction de Milan après guerre avec Luigi Morretti, Gino Poletti et d’autres et travaille beaucoup sur la question du logement. Son travail est intéressant car il emprunte le principe de modularité et le système poteau poutre issu du mouvement moderne pour ensuite proposer des logements faisant plus écho à la culture locale ou au classicisme milanais. Il fait en quelque sorte du ‘faux modernisme’. Il travaille sur une distribution des logements, le plan à pièces, qui lui permet une grande flexibilité pour agrandir ou réduire un appartement. De plus il réinterprète dans ces projets des éléments d’un logement bourgeois comme le vestibule, cette pièce servant de seuil et de pièce distributive vers les chambres dans les anciens appartements du centre ville.

10 m

– Caccia Domignioni, culture locale et critique du modernisme -

10 m

0

1

5m

93

5m

5m

2 logements par étage

Plan d’étage courant et schémas de répartions possibles des logements 74

3 logements par étage En haut à gauche, plan En haut masse à gauche, plan masse En à droite, haut à 12,5 droite, plan 0 haut 2,5 5 planEnR+1 kmR+1 Au milieu à droite, plan Au milieu R+5 à droite, plan R+5 En bas, schémas deEn répartition bas, schémas de répartition des logements des logements

10 m

1 logement par étage

10 m

En haut à gauche, plan masse En haut à droite, plan R+1 Au milieu à droite, plan R+5 En bas, schémas de répartition des logements

93

93

N

NOTICE PFE


- Milan ville monde, des projets de plus en plus génériques Avec la mondialisation, la grande métropole européenne qu’est Milan voit se développer comme beaucoup d’autres villes des projets génériques, ne faisant plus référence au contexte local. Parfois dissimulé par des enjeux environnementaux (Bosco Verticale, Stefano Boeri) ou par la culture de l’image (Citylife, Zaha Hadid) il semblerait que les projets proposés ne reflètent pas la singularité des sites sur lesquels s’implantent. D’autre part, d’autres architectes comme Cino Zucchi continuent de valoriser des matériaux locaux comme la pierre et vont vers une tendance sur les matériaux locaux comme la brique.

Logements Novetredici (2011-2016), Cinno Zucchi II . Stratégie

Bosco Verticale (2009-2014), Stefano Boeri 75


76


III . PROJETS

DES RECITS AGRIURBAINS

77


01 . LA FRICHE PORTA ROMANA, UNE INTERFACE FERTILE Approche urbaine : reveler l’essence du lieu Située dans un ancien quartier industriel au sud de la ville, la friche ferroviaire Porta Romana est une ancienne gare de triage aujours’hui désafectée. S’étalant sur une surface de 21,6 hectares, il s’agit d’un des sites amené à être requalifié ces prochaines années. Au nord du site, des bureaux, entreprises et récemment une résidence étudiante tournent le dos au site pour s’ouvrir sur le boulevard urbain Isonzo. Un train régional parcoure le site d’ouest en est et sectionne le site en deux pour rejoindre la station Rogoredo plus à l’Est. La situation de la friche entre le centre ville et le parc agricole en fait un emplacement stratégique lui procurant un rôle d’ espace tampon entre les deux. L’intervention sur ce site se veut dans le prolongement du projet Green rails, un projet en cours de parcours mode doux le long des friches ferroviaires milanaises. Ce parcours arboré permetrait d’assurer une continuité paysagère et écologique entre les friches. De plus, il viendrait combler le manque d’espaces publics arborés au sein de la ville.

N résidence étudiante

boulevard urbain Isonzo

batiments existants bureaux

plateformes abandonnées

rail actif train régional

nature a pris le dessus réserve de biodiversité

Fondation Prada (OMA, 2012)

Vue aérienne de la friche Porta Romana 78

NOTICE PFE


15

référence : « Rotaie verdi (green railways): A feasibility study for an urban ecological network along the southern railway belt in Milan »

Une étude de faisabilité réalisée pour la portion sud du projet Green Rails 15 a permis d’identifier une grande spécificité des friches ferroviaires au sud de Milan. En raison du manque d’activité humaine sur plusieurs dizaines d’années, la nature a repris le dessus et ces lieux constituent aujourd’hui une richesse écologique importante. Ceci est particulièrement vrai pour les friches de San Cristoforo et Porta Romana qui abritent une faune et une flore diverse, parfois même des espèces rares en ville. Des oiseaux, des rongeurs mais aussi une multitude d’espèces de plantes et insectes font de ces friches de véritables lieux actifs et vivants malgré leur abandon par l’homme.

Pour le cas de Porta Romana un total de dix neuf espèces d’oiseaux ont été observés pendant la période migratoire, parmis lesquelles un faisan de proie, êxtremement rare en ville. En effet cette espèce se trouve plutôt dans l’espace rural. La présence du faisan sur le site révèle-t-il un lien écologique déjà existant entre le parc agricole et cet espace urbain délaissé par l’homme ? Le projet sur Porta Romana s’appuie ainsi sur la richesse en biodiversité du site délaissé. Il s’interroge sur la place de la nature en ville, particulièrement celle de la nature informelle et non planifiée. Le projet s’interroge également sur la justesse d’une densification intense dans un monde où les enjeux environnementaux sont aujourd’hui majeurs. Diversité écologique des friches ferroviaires sud milanais (Source: commune de Milan) III . Projets

79


Le projet de fin d’étude rejoins l’ambition de Green Rails sur le long terme: la mise en place d’un réseau écologique capable de s’insérer dans la ville avec l’intermédiaire des friches, riches en biodiversité. Dans ces lieux, nous tenterons alors de définir un nouveau type de parc urbain capable d’acceuillir le sauvage et l’innatendu et ainsi permettre de préserver la richesse écologique existante. Le PFE sur Porta Romana peut donc être lu comme étant une séquence possible de ce parcours à l’échelle de Milan.

Rails en abaandon dans la ville de Milan (Source: https://www.wantedinmilan.com/)

2 1

1 San Cristoforo

2 Porta Romana

Voies ferrées

Continuité écologique entre les deux friches Continuité paysagère entre san Cristoforo et Porta Romana 80

Réseau d’espaces publics végétalisés 0

0,5

1

2,5 km

N

NOTICE PFE


Afin de faire de Porta Romana un levier de transformation de la ville de Milan par rapport aux enjeux agricoles il me semble nécessaire dans un premier temps de se positionner sur plusieurs dualités existantes: agriculture/ nature, ville / nature, ville/agriculture. AGRICULTURE VS NATURE 16

définition de l’agriculture (Larousse): Ensemble des travaux dont le sol fait l’objet en vue d’une production végétale. Plus généralement, ensemble des activités développées par l’homme, dans un milieu biologique et socio-économique donné, pour obtenir les produits végétaux et animaux qui lui sont utiles, en particulier ceux destinés à son alimentation.

A partir du XXème siècle avec la mécanisation de l’agriculture et l’intensification des productions, l’agriculture est de plus en plus assimilée a une activité contre nature, destructrice de biodiversité au profit de rendements agricoles. S’il y a une grande part de vérité dans ces propos, il existe néanmoins plusieurs types d’agriculture, moins envahissantes et destructrices. Ce sont ces types d’agriculture que défend notre approche. Le principe de permaculture est ici intéressant à soulever. Basé sur un système de complémentarité entre différents acteurs d’un écosystème, l’objectif est d’arriver à un certain équilibre permettant à chacun une jouissance maximale. La culture permacole se base sur la complémentarité des cultures réalisées. Grace à un système de zoning des différentes cultures en fonction de l’entretien qu’ils nécessitent, les acteurs de l’écosystème: le sol, la faune et l’homme trouvent chaqu’un leur place. Dans ce PFE, l’agriculture16 est définie comme étant un travail du sol ayant pour objectif la production de végétaux pour la consommation humaine certes mais c’est aussi une organisation spatiale permettant d’ influencer la biodiversité existante. En effet, en fonction des types de cultures faites, on attire une espèce plutôt qu’une autre sur des zones spécifiques, modifiant ainsi le profil de la faune et la flore du site. Permaculture

Science systémique

Ethique

Mode de vie

Conception

Système de zones en permaculture Source: https://prise2terre.wordpress.com/

VILLE VS NATURE

Source croquis 1: http://www.appro-bio-paca.fr/permaculture-zones/ 2,3: Jardins particuliers, Amaury Dubois Paysage

La ville, territoire anthropisé par excellence, a longtemps développé une fonction d’abri par rapport au sauvage et à la nature spontanée (herbes ‘folles’, mauvaises herbes). Il y règne une volonté de controler la flore mais aussi la faune qui l’habite (animaux domestiques, zoos...). 17

source: « Les oiseaux dans la ville, indicateurs de biodiversité», P. J. Birard, III . Projets

Les oiseaux semblent être les seuls à échapper ce contrôle. De plus, la présence des oiseaux en ville est en réalité indicateur d’un écosystème en équilibre sur le site.17

Jardin en mouvement, Gilles Clément 81


Les oiseaux jouent un rôle important à la fois dans le réequilibrage de la biodiversité présente (en consommant des insectes dominants...) et dans la regéneration des sols qui les entourent (enfouisement de graines au sol qui ensuite peuvent germer, rôle dans la pollinisation...) L’intêret de s’intéresser aux oiseaux et à leur préservation dans le cadre du PFE dépasse donc le simple plaisir de les attirer et les observer en ville. Il s’agit plutôt de les utiliser comme prétexte pour maintenir la richesse en biodiversité existante sur le site. En ville, les parcs urbains semblent être la ‘juste’ place de la nature en ville où celle ci n’est pas perçue comme un désagrement. Ces dernières années se développent même des initiatives de gestion différenciée de parcs qui consiste à instaurer des restrictions d’accès à certaines parties du parc lors des périodes de reproduction des espèces présents. C’est notamment le cas du parc des Sceaux à Paris et de la Haute Ile à Neuilly sur Marne. VILLE VS AGRICULTURE La dualité ville agriculture est liée à l’opposition récurrente de la ville et de la campagne. En effet, l’agriculture est une activité principalement rurale qui incarne la campagne. Pourtant la ville n’est pas systématiquement nocive à la présence agricole. Au contraire, certaines zones urbaines permettent la production de fruits et légumes de meilleure qualité qu’en milieu rural compte tenu de la qualité des sols de certaines campagnes qui sont intensément sollicités ou pollués. Le XXIème siècle voit une multiplication de projets de fermes urbaines. Si leurs objectifs diffèrent de l’agriculture rurale où le but est de produire en très grande quantité pour subvenir aux besoins regionaux voire nationaux, les programmes agricoles en ville sont conçus dans un souci de résilience urbaine et parfois de pédagogie. A échelle urbaine, certaines villes comme Helsinki ont vu la conception d’un quartier d’habitation combiné à un usage agricole. La parcelle cultivable devient une trame urbaine structurant le quartier. Enfin d’autres comme le collectif R-URBAN en Ile de france travaillent sur un réseau de micro projets au sein d’un quartier: jardins potagers, ou ateliers pédagogiques, marchés... afin de mettre en place un écosysteme agricole local alliant production, vente, vie de quartier et pédagogie. Le PFE s’identifie plutôt à cette dernière vision du rapport ville agriculture où ce dernier s’infiltre dans le tissu urbain afin de l’hybrider et l’enrichir l’ensemble.

4m2

12m2

Agrocité, réseau d’agriculture urbaine, Collectif R-URBAN 82

Quartier Eco-Viikki, Helsinki (1984- 2004) 2000 habitants, 40 hectares NOTICE PFE


Projet urbain Suite à l’identification d’un noeud écologique important au sein de la friche étudiée, la refléxion a porté sur la manière intégrer l’humain au sein de ce système naturel en équilibre. Si le projet propose d’un coté le désenclavement du site aujourd’hui innacessible, il revendique la necessité d’interdire l’accès automobile au sein du site. Etant une source de nuisance majeure, elle risquerait de perturber la faune existante. Ceci semble être une requête réaliste dans la mesure où le site, situé en proximité immédiate du centre ville est très bien desservi par les transports en communs. De plus, un réseau de parkings soutterains accessible depuis le boulevard Isonzo au nord est mis à disposition des habitants. Enfin, pour des raisons pratiques, le projet prévoit deux voies de dessertes automobiles coté nord, permettant un accès temporaire des voitures au sein de la friche. A travers

Une friche désenclavée, et habitée au Nord

des axes piétons nord-sud qui relient le centre de milan avec l’ancien quartier industriel de Porta Romana, l’objectif est d’intégrer le site dans la dynamique des quartiers environnants; et de palier le manque de commerces en installant des rez-de-chaussée actifs, source aussi d’une vie de quartier. Enfin pour répondre à une demande de logements forte dans la ville de Milan, une densification a lieu sur la partie nord déjà artificialisée du site.

0

100

200

500 km

N

Un axe de vie au sein de la friche

Au sud, un jardin en mouvement partiellement accessible à l’homme III . Projets

83


Afin de préserver la richesse du site et éviter une perturbation de l’équilibre existant, la partie Sud de la friche ne sera que partiellement accessible à l’homme. Nous sommes içi dans une logique de rentabilité écologique plutôt que financière. Ces friches sont vu comme des situations d’exceptions dans la densité de Milan, des poumons écologiques bénéfiques au-delà de leurs limites, ce qui justifie le faible taux de densification du site.

0

Une cohabitation avec la nature maitrisée au Nord du site

5

10

25 m

Un jardin en mouvement, accesible hors periode de nidifications des oiseaux au Sud

0

5

10

25 m

Les parcs linéaires assurent eux la continuité paysagère entre la friche sanctuarisée au sud et habitée au nord. Ces lieux de promenades participent d’un paysage spécifique de la friche et donnent l’impression d’habiter un parc. L’entité friche devient ainsi une interface fertile entre le centre ville dense milanais et l’ancien quartier industriel de Porta Romana.. En réalité, cette intervention n’est que le début d’un parcours d’espaces publics au sein du quartier pérphérique qui mène jusqu’au parc agricole sud de Milan. Ce parcours en mode doux, teinté d’une couleur agricole tout au long (installation de ruches, arbres fruitiers etc.) accompagne le piéton à travers un paysage urbain qui s’hybride petit à petit pour rejoindre un paysage agricole rural.

Parcs linéaires, des promenades urbaines ‘autres’ 84

0

80

160

400 m

N

NOTICE PFE


Parcours urbain, de la friche au parc agricole III . Projets

0

150

300

750 km

N

85


Finalement, nous sommes dans une urbanitĂŠ et une cohabitation choisie avec la nature au nord et sur des espaces publics au rythme de la biodiversitĂŠ au sud.

Porta Romana, une interface fertile entre le centre ville et le quartier Romana 86

NOTICE PFE


III . Projets

87


Architecture Le projet architectural développé se trouve à l’entrée nord de la friche Porta Romana, derrière un batiment de bureaux existant. A l’ouest, l’îlot marque le début d’un parc linéaire. Il se situe également à proximité d’un axe piéton majeur qui mène à la Fondation Prada. Cet emplacement stratégique est l’occasion de proposer un projet de logement emblématique, incarnant l’approche naturaliste du projet urbain. Au Nord une voie de desserte automobile permet d’acceder au parking souterrain. Cette rue pouvant générer des nuisances, l’idée est d’avoir un bâtiment assez fermé au Nord, puis beaucoup plus poreux au Sud. Afin de poursuivre la volonté de préserver la richesse du sol existant, le rez de chaussée du projet est travaillé comme la prolongation du parc linéaire au sein du batiment et une grande partie du sol est rendue perméable.

Un rez de chaussée en prolongement du parc linéaire

0

10

20

50

m

N

Prolongement du parc linéaire au sein du projet 88

NOTICE PFE


HABITER PORTA ROMANA Habiter Porta Romana c’est habiter une densité autre au sein de la ville de Milan. Profitant du dégagement que présente la friche Porta Romana dans le paysage urbain, l’idée est d’offrir aux habitants un lien à l’éxterieur fort tout en préservant l’intimité de chacun. A l’échelle urbaine, l’ilot développé comme sur l’intégralité du site, les îlots donnent à voir sur leurs coeur d’îlot. Cette transparence permet d’agrémenter le parcours du piéton jusqu’à son logement.

Entrée principale au Nord, transparence depuis la rue vers le coeur vert

A l’échelle architecturale un système de volumes plènes reliés par des passerelles permet de créer des situations de seuils et d’entrées individualisées, donnant ainsi l’impression d’habiter une autre densité. Enfin, les logements sont eux conçus comme des moyens d’accéder à cette nature interdite dans la friche sanctuarisée. A travers un lien intérieur extérieur fort, l’habitant entre en communication avec son environnement et ses espaces extérieurs lui servent observatoires du paysage environnant. Habiter Porta Romana c’est aussi l’occasion d’agir soi même sur le paysage. En effet, au sud, chaque habitant possède une parcelle de jardin potager lui permettant de cultiver les végétaux qu’il désire, et modifiant ainsi la biodiversité du sol à l’échelle de sa parcelle.

Les logements, moyen d’accès à une nature interdite III . Projets

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Coupe transversale Nord-Sud

0

3

6

15

m

Coupe longitudinale Est Ouest

0

5

10

25

m

90

NOTICE PFE


Les logements conçus, principalement des duplex, comportent des ouvertures généreuses permettant à l’habitant de se projeter vers l’exterieur. Néanmoins, afin d’éviter aux nombreuses oiseaux présents sur le site de se heurter face à ces vitres, la façade sud sera traitée dans une épaisseur permettant de mettre à distance les larges fenêtres. Ce jeu de volume en façade sert de pare soleil et permet de protéger les logements au Sud d’une exposition solaire forte. Par ailleurs cette volumétrie accentue l’intéraction possible avec les oiseaux: en effet les instertices créees sont autant d’occasions pour ces espèces pour installer leur nichoirs. Différentes typologies de logements allant du T1 au T5 sont proposés. Tous les appartements sont traversants ou triplement orientés, ce qui est une qualité supplémentaire aux logements.

Duplex au rez de chaussée donnant le parc linéaire

Enfin le R+8 abrite une école de musique, ouverte au quartier. Les salles de cours ainsi que la salle de répétition ont un lien fort avec leur environnement. De plus, la salle de répétition ouvre sur une terrasse centrale où il est possible d’avoir des représentations en extérieur grâce à un système de façade en accordéon pouvant s’ouvrir complètement.

Ambiance: Représentations en extérieur au centre Botin, Renzo Piano III . Projets

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References HABITATS ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN

École Primaire des Sciences et de la Biodiversité, Boulogne-Billancourt Chartier Dalix Architectes (2014) / une façade vivante

Golden Cube, Boulogne-Billancourt Hamonic + Masson (2015) / épaisseur de façade

Logements Gare d’Auteuil, Paris 16e ECDM Architectes (2008) / continuité écologique entre le bas et le haut 92

NOTICE PFE


HABITER AUTREMENT

Nest we grow, Kengo Kuma / Rapport intérieur extérieur, disparition de la fenêtre

L’immeuble qui pousse, Edouard François / une impression d’habiter une autre densité, travail des seuils

Bird Biodiversity Cliff House / un habitat partagé avec les oiseaux ? III . Projets

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Vue du projet depuis un parc linĂŠaire 94

NOTICE PFE


III . Projets

95


02 . HORIZON COMESTIBLE Les circuits de consommation n’ont cessé d’évoluer et de se transformer, alors qu’on tend aujourd’hui vers une recherche d’autosuffisance alimentaire. La question de “ se nourrir ” ne cesse donc de s’actualiser, et réunit inévitablement autour de préoccupations communes.

La notion de “ paysage comestible ” est empruntée au concept “ edible landscaping ”, né en Angleterre à la fin du 19ème siècle avec les cité-jardins, et s’appuie sur les fondements de la permaculture. Suivant ce principe, toute occasion est à prendre pour semer des graines, planter des espèces vivaces et nourricières où l’on peut, renouant avec une vision nourricière de la nature. Ainsi aujourd’hui, on retrouve de plus en plus les jardins, les balcons et les toitures investies par les cultures, participant alors de ce paysage comestible. Les rues n’échappent pas non plus à cette tendance, où un exemple très actif en France est le travail du mouvement participatif citoyen, les Incroyables Comestibles. Alors que les enjeux alimentaires des villes s’accroissent, les Incroyables Comestibles diffusent une représentation de la nourriture abondante et partagée en ville, comme acte du commun et facteur de convivialité. “ Horizon comestible ” naît de ces actions en essor et de la particularité de Milan, un exemple parmi les situations très similaires que l’on retrouve dans les grandes métropoles. Alors que les grandes villes protègent leurs périphéries agricoles comme grenier et ressource économique, le rapport de production élargit le fossé entre le citoyen consommateur et ses ressources alimentaires, en terme de traçabilité, d’éco-responsabilité, et autre, dans les préoccupations d’aujourd’hui. Aux porte de la ville, le territoire agricole est aussi un paysage comestible qui s’étend, un espace dont il est nécessaire de prendre la bonne mesure pour réconcilier l’urbain et le rural.

96

NOTICE PFE


Parisculteurs : appel à projets de végétalisation et d’agriculture urbaine dans la métropole parisienne

Les incroybales comestibles III . Projets

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LA LISIÈRE EN PROJET La représentation urbaine de Milan est particulièrement marquée par l’organisation de ses espaces verts. En effet, la ville bâtie est parsemée de petits espaces verdurés, définis dans la suite comme parcs urbains, tandis qu’elle s’entoure d’un parc agricole, qui s’étend en couronne sur une superficie presque aussi importante que celle de la ville administrative. Dans la zone délimitée dans la stratégie, au sein du quartier Sud de Porta Romana, le site de projet se place à la fin d’un jalonnement d’espaces publics existants. Ainsi, aux abords du centre ville, la friche ferroviaire, intégrée comme une réserve de biodiversité, initie le parcours de parc en parc dans le quartier, jusqu’à la lisière avec le PASM, où se situe la parcelle du projet à développer. Étant une friche agricole non accessible aujourd’hui, et compte tenu de sa situation particulière en lisière, ce site constitue le pivot manquant dans la continuité du parcours de la ville à son territoire agricole. De ce fait, l’objectif du projet est d’y proposer un espace public d’interface entre l’urbain et la périphérie, où un travail commun d’équipement et d’aménagement public participe d’une activation de cette frange agriurbaine.

espaces verts urbains parc agricole

Les parcs milanais 98

0

2

4

10 km

N

localisation du projet à l’interface NOTICE PFE


parcs urbains parc agricole transports (tram, mĂŠtro) site de projet comme pivot

2.

Système de balises III . Projets

0 0.75 1.5

3.75 km

N

99


L’IMAGINAIRE DES POSSIBLES Dans une perspective de concilier urbain et rural autour de la question de la nourriture, la lisière devient support de nouveaux récits agriurbains, alimentant des expériences en lien, dans le paysage et dans les activités, à l’agriculture. Les préoccupations communes autour de l’alimentation nous projettent ainsi dans de nouveaux rapports à la nature, à la biodiversité, ainsi que sociétaux, où se nourrir devient un engagement commun et une pratique conviviale.

Champs de coquelicots, Claude Monnet

Parcours éphémère, Vernand (Fabriques)

Pâturage et loisirs, Lyon

100

NOTICE PFE


Marché à manger, Rennes

Bar éphémère, Ground Control, Paris

Théâtre pour enfants dans la cour des cascinas, Milan

III . Projets

101


DES LIMITES SINGULIÈRES Les particularités du site est de composer avec des limites particulières, construites par l’histoire du quartier et les tracés agricoles restants. En effet, située dans un quartier historiquement industriel, la parcelle est délimitée à l’Ouest par des entrepôts en activité, ainsi qu’un bâtiment industriel abandonné. A l’Est, elle est bordée par des îlots de logements collectifs et leur clôture. Au Nord, le parc existant termine le parcours des parcs urbains, dont il suggère une continuité à l’entrée de la parcelle du projet. De même, cette ancienne parcelle agricole, détachée du PASM par la route qui le longe et rend tangible la séparation urbain et rural, est délimitée par des anciens canaux d’irrigation ainsi que du Canal de la Vettabia au Sud, où l’arrêt des activités de la parcelle a entraîné le développement des hautes ripisylves et d’une biodiversité en ces milieux, formant des limites parcellaires naturelles, qui participent aujourd’hui de la richesse paysagère du site. Ainsi, la parcelle du projet se caractérise par sa situation et sa forme urbaine singulière qui vient s’ouvrir sur l’étendu agricole.

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Rencontre étanche de l’urbain et du territoire agricole

Diversité des limites poreuses

NOTICE PFE


DU PARC URBAIN AU PARC AGRICOLE Dans la continuité du parcours des espaces verts, le projet propose un espace public de transition, de l’espace public urbain à l’espace de production qu’est le parc agricole. De cette manière, l’entrée principale sur le projet se fait par voie piétonne, depuis le jardin existant au Nord. De même, la route actuelle, qui longe le parc agricole pour rejoindre les grands boulevards et lignes de transports en commun, est aménagée en voie cyclable. De cette manière, le tronçon de route qui fait face au Sud à la parcelle du projet, devient restreinte d’accès aux véhicules pour proposer, au seuil du projet comme seconde entrée, une voie publique douce qui participe de cette transition, de la ville au parc agricole.

Parcs urbains existants Projet : Parc comestible Parc Agricole Sud de Milan Parking : a. service ; b. visiteurs & accès vélos Entrée principale du quartier, accès piéton Voie cyclable en lisière du Parc, tronçon restreint aux voitures III . Projets

Du parc urbain au parc agricole

0

40

80

200 m

N

103


LE PARC COMESTIBLE La situation particulière du projet, dans un entre-deux entre l’urbain et le rural, compose l’espace public dans une réflexion des usages et des aménagements, qui forment une transition aux deux interfaces, celle avec le parc urbain et celle avec le parc agricole. Le parc urbain est considéré comme l’espace de détente et de loisir ; le parc agricole, comme le territoire de production. Ainsi, le Parc Comestible naît de cette transition, où les deux échelles de loisir et de production dialoguent, où les référentiels des producteurs et des consommateurs se conjuguent, ouvrant à de nouvelles perspectives nourricières. Considérant cela, la morphologie particulière du site conduit de même à penser le rapport du projet avec ses limites : une limite de promenade avec les logements, une limite d’expériences avec les industries, une limite de production avec le parc agricole. Ainsi, le Parc Comestible permet plusieurs parcours qui conduisent chacun à des rapports différents avec les cultures, et qui se connectent de sorte à diversifier les expériences de cet espace public, notamment rythmé par : la promenade des fleurs comestibles, les pépinières expérimentales et les cultures comestibles. Le Parc Comestible est avant tout un projet associatif, où les habitants réguliers, tout comme les visiteurs, peuvent participer dans le travail de la terre, et profiter des cultures partageables.

Le Parc Comestible 104

0

20

40

100 m

N

NOTICE PFE


UN PROGRAMME D’INTÉGRATION Chacune des limites travaillées en espace public se communiquent, en interagissant avec la halle polyvalente qui complète le projet, et dont ils forment les différents seuils. La halle, associé à la Maison du Parc, organisent les activités qui permettent de pérenniser le fonctionnement de cet espace public. De ce fait, la halle polyvalente, regroupe le marché de produits et le marché à manger, ainsi que les ateliers pédagogiques et évènementiels. Aussi, le projet intègre la réhabilitation du bâtiment industriel Sud pour en faire une Maison du Parc, comme siège fixe des activités associatives du Parc Comestible. Ainsi, l’espace public et les bâtiments travaillent ensemble pour proposer, aux portes de la ville et du parc agricole, un lieu de nouvelles expériences agriurbaines.

0. Locaux de stockage 1. Cuisines communes et restauration 2. Bureaux associatifs 3. Cafétéria et belvédère 4. Espace public : Parc comestible 5. Halle (marché, restauration) et ateliers pédagogiques 6. Salles d’évènements et de services (conférence, meeting) a. Sol et seuils : Terrasses et quaies b. Façade mouvante : panneaux extérieurs coulissants et pliants c. Matériaux locaux : structure de portiques bois avec contreventement en mur de brique structurelle d. Occultation : bardage bois à fentes e. Horizontalité : toiture plate végétalisée Programme et enveloppe III . Projets

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ARCHITECTURE : RÉVÉLER LE PASM Travaillant avec les différents espaces du Parc Comestible, la halle vient épouser les limites pour s’ouvrir sur le parc agricole, rejoignant directement la Maison du Parc en limite Sud. Ainsi le projet, qui s’organise en plan entre limites et ouverture sur le PASM, exprime ce même rapport en façades. La façade intérieure, qui vient s’enrouler autour des cultures, est très ouverte, avec des vitres qui reflètent le paysage agricole, faisant de la halle le fond de scène, qui renvoie constamment au parc agricole. Cette façade est de même rythmée par des éléments de construction en brique massive, qui conservent et rappellent le caractère fonctionnel de la halle, en lien à l’agriculture. Quant à la façade extérieure, qui accompagnent les limites, elle se referme plus par la continuité d’un bardage bois, pour s’intégrer ainsi dans le paysage arboré de la promenade qui forme une transition avec le parc urbain. La troisième façade qu’est la toiture plate végétalisée, représente cette continuité de l’espace naturel en hauteur, et dont l’horizontalité très marquée par rapport au panorama urbain, devient une projection constante sur l’horizon agricole. Ainsi, dans une composition de représentation et d’intégration, la halle s’efface pour révéler les paysages qui l’entourent, à la manière des cascinas milanaises qui soulignent l’horizon des plaines agricoles, et à partir desquelles le projet propose une réinterprétation de l’architecture traditionnelle des fermes dans cette situation particulière.

Élévation Sud : reflet du parc et de ses activités

Élévation Nord : des seuils entre les arbres 106

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Investir l’extérieur : une halle à ciel ouvert

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III . Projets

2

4

10 m

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PROJET : INTERCONNECTION DES ESPACES Pour accompagner les activités du Parc Comestible, la halle regroupe différents programmes et espaces, enveloppés en un unique volume extérieur uniforme. Ainsi, l’entrée principale Nord est marquée par un porche, qui filtre progressivement l’arrivée sur l’étendue agricole. Depuis celui-ci, le visiteur est dirigé vers, soit la grande halle de marché, soit l’aile qui lui jouxte et qui comporte les ateliers pédagogiques et les locaux techniques au RDC, rythmés par des seuils et en lien direct avec les cultures comestibles. Au R+1, les ateliers comprennent des espaces de services à louer, telle qu’une salle de conférence et des salles de réunion, sachant que le projet se situe dans un quartier de forte activité tertiaire. Aussi c’est au R+1 que l’aile des atelier se connecte à la grande halle, offrons des espaces de pause et de discussion avec des vues plongeantes sur la vie de la halle. Quant à la Maison du Parc, elle comporte au RDC, les locaux de cuisine pour le marché à manger, en accès rapproché avec la grande halle, ainsi que les bureaux associatifs au R+1, et enfin, la cafétéria et le belvédère sur le PASM au deuxième et dernier étage. Cette organisation s’explique notamment par la recherche d’un rapport au sol, à l’espace public, et entre intérieur et extérieur, qui caractérise la typologie des fermes milanaises.

1. Grande Halle : marché de produits, marché à manger 2. Ateliers : locaux techniques des cultures, salles des ateliers pédagogiques, espace loisirs 3. Coursive : fermé ou entièrement ouvert, espace commun polyvalent (loisirs, rencontres, expositions) 4. Cuisines de la Halle a. Promenade des canaux & allée des fleurs comestibles b. Cultures comestibles c. Pépinière expérimentale d. Plaine évènementielle e. Jachères et pâturage

La halle et la Maison du Parc 108

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III . Projets

10

20

50 m

N

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LA HALLE À L’INTERFACE Pour le projet, deux relations du bâtiment avec son environnement sont développées, dans les ateliers et dans la halle. Les ateliers forment une interface entre la promenade arborée sur la limite Est, et les cultures au centre. De ce fait, on retrouve respectivement d’un côté, une longue coursive, qui peut totalement, ou non, s’ouvrir comme se fermer, pour accompagner la promenade ; et du côté des cultures, les locaux fonctionnels, massif et peu poreux. Cette dualité est tout de même diversifiée par des seuils marqués par des mezzanines, offrant des passages entre les limites à l’interface, en rediscutant le rapport intérieur et extérieur, ainsi que le lien entre espace fonctionnel et espace partagé des cascinas. Concernant la grande halle, elle s’ouvre sur sa façade principale sur les culture comestibles. Dans une interprétation de ce rapport à l’horizon et à la cour des fermes milanaises, la grande halle travaille les seuils et les rapports intérieur et extérieur depuis la plaine, qui est l’espace tampon entre la halle et les cultures, en passant par la scène de la terrasse couverte pour conduire vers l’intérieur de la grande halle, que l’on peut elle-même traverser pour se projeter vers la limite fertile et expérimentale, la pépinière. Ainsi, les différents espaces, intérieurs comme extérieurs, interagissent pour créer une fluidité dans l’espace public du Parc Comestible, et voire au-delà de ses limites, investissant la lisière aux contours urbain et rural qui s’estompent.

Coupe perspective de la halle : de la limite fertile au parc comestible 110

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Des rapports intérieur-extérieur diversifiés

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III . Projets

0.5

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PROJECTION : DU PARC À L’HORIZON COMESTIBLE Le projet du Parc comestible propose alors un espace public de transition, de l’urbain au territoire agricole. Par le travail des limites et des seuils, le projet a pour vocation de s’ouvrir sur le PASM. Ainsi, à termes, le projet pourrait trouver suite dans une réflexion des espaces publics comestibles qui viendrait investir temporellement le parc agricole, conduisant de cette manière, à de nouveaux rapports de l’homme à sa culture agricole.

Du Parc à l’horizon comestible 112

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III . Projets

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03 . WORKSHOP/ ESPACE PUBLIC ET HOSPITALITE METROPOLITAINE Pour cette dernière partie nous avons voulu revenir sur l’atelier de travail réalisé en amont du projet autour du thème: Espace public et hospitalité métropolitaine. A travers ce workshop nous avons mené une réflexion sur la notion même d’espace public et de sa relation à l’espace bâti. Puis, nous avons cherché à identifier quelles spécificités conditionnent son hospitalité. La qualité et l’accessibilité des espaces publics constituent un élément principal influençant l’hospitalité d’une ville. Qu’en est-il de Milan? En prenant comme objet d’étude le sud milanais, nous nous intéressons à la spécificité du parc agricole comme espace public pour ensuite proposer une intervention autour de l’agriculture comme ressource commune pour la ville.

LA NOTION D’ESPACE PUBLIC L’espace public est au départ un espace politique, un lieu de représentation et de manifestation dans la ville. C’est aussi un lieu de rassemblement et de rencontres. Ainsi au XVIIème siècle les églises étaient considérées comme des espaces publics car il s’agit de l’endroit où l’on se retrouve, accessible à tous. “Ce sont des rues et des places, des parvis et des boulevards, des jardins et des parcs, des plages et des sentiers forestiers, campagnards ou montagneux, bref, le réseau viaire et ses à-côtés qui permettent le libre mouvement de chacun, dans le double respect de l’accessibilité et de la gratuité.” (T. Paquot) La notion évolue depuis quelques années pour désigner les espaces rendus accessibles au public indépendamment de leur statut foncier. (T.Paquot)

Piazza del Campo à Sienne 114

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En effet des acteurs privés sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à produire des espaces publics, tel que les centres commerciaux où le foncier est privé mais les lieux entièrement ouverts au publics. Un autre exemple est celui des promoteurs qui aménagent un espace ouvert en lien avec leur projet immobilier, c’est notamment le cas de la place Adriano Olivetti à Milan qui fait parti du projet de bureaux high tech fastweb. L’espace public doté de wifi haute vitesse et de lumière LED singulière

semble vouloir être le reflet de l’entreprise. Nous pourrons rapprocher ce phénomène à David Mangin dans son ouvrage intitulé La ville franchisée formes et structures de la ville contemporaine (2010) évoque la problématique de la privatisation des espaces publics, et de leur utilisation ‘commerciale’.

Centre commercial de la Part Dieu à Lyon

En parallèle, une nouvelle manière de voir l’espace public contemporain se développe aujourd’hui (installations éphémères etc.). Le collectif Stalker propose une déambulation dans la ville en dehors des parcours classiques. A Milan, ils proposent un parcours des vides urbains qui composent la ville. Il expérimente ainsi une nouvelle forme d’espace public fondée sur l’accueil, l’hospitalité d’un lieu. A travers leur travail de cartographie et leur exploration des terrains, ils tentent de reconstruire l’esprit du lieu en utilisant leur sens et les différents récits qui entourent ces territoires en marges de la ville.

III . Projets

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LE PARC AGRICOLE, UN ESPACE PUBLIC HOSPITALIER?

Voies en « cul de sac » sur le parc agricole Voies publiques ville - parc

Chemins privés ville - parc Délimitation du parc agricole

Parc agricole en limite urbaine : Imbrication ou coupure avec la ville ? 116

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PROPOSITION/ VERS UN COMMUN PAYSAGER AGRICOLE

Bati dominance résidentiel

Bati d’activités (bureaux, tertaire, culturels)

Parcs publics

Usage agricole

Usages mixtes

Que peut produire cet espace comme ‘commun’ à toutes les fonctions aux alentours ? III . Projets

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Le parc public de la Vettabia dans le parc agricole Sud Ă Milan 118

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Echappatoirs des nuisances de la ville dense

Permetrait une symbiose humain / nature

Taille permettant des usages variĂŠs III . Projets

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PISTE DE REFLEXION / LE PARC AGRICOLE, UN ESPACE PUBLIC MOUVANT ET PROTEIFORME ?

La proposition consiste à imaginer un espace public qui concilie les temporalités urbaines et rurales. Les terres en jachères deviennent ainsi des espaces publics temporaires et les chemins agricoles se transforment en promenades publiques sur un temps donné. Les repères permanents de l’espace public sont les chemins, qui proposent des parcours le long des champs. Le parc agricole devient ainsi un espace public mouvant, selon les saisons et periodes de repos des terres. Il est également proteiforme, il ne peut avoir une délimitation définie puisque celle ci évolue en fonction des différentes temporalités agricoles. Permanences Terre en jachère Agriculture Espaces publics Zones d’activités (tertiaires, industries)

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Mutualiser les chemins ?

Cycle de la jachère III . Projets

Les permanences

Espaces publics modulaires, éphémères 121


CONCLUSION À l’image des grandes métropoles européennes, la ville de Milan est marquée par les transformations de son modèle économique. Au carrefour des grands échanges, l’industrialisation et les grands axes marquent encore aujourd’hui le territoire : les friches ferroviaires qui entourent le centre de Milan témoignent de ce tournant de la ville industrielle à la ville tertiaire. Les vides ainsi laissés questionnent d’autant plus sur la résilience de la ville, qui ne cesse de croître et de s’affirmer en première puissance italienne. De ce fait, la question des friches à Milan devient un enjeu majeur, dont la requalification nécessite de se positionner face aux modèles de « remplissage » que l’on qualifie trop souvent aujourd’hui de « générique », de « greenwashing » ou autre ; et où l’exigence serait plutôt une transformation à la recherche d’une identité milanaise. L’anneau ferroviaire désaffecté entourant le centre milanais se voit de même dédoublé par le parc agricole, délimité en croissant autour de Milan, et témoin d’une traditionnelle économie agricole qui se marginalise de plus en plus. Ainsi, Milan devient projet à multiples transformations, dont notre réflexion s’est dirigée vers cette spécificité milanaise de la relation de la ville à l’agriculture. Selon nous, les friches ferroviaires et agricoles sont de potentiels leviers pour initier un nouveau rapport à l’agriculture pour Milan. De part leur activité antérieure, ces lieux gardent souvent un emplacement stratégique, et sont bien ancrés dans le tissu urbain. Parfois ils constituent même des balises dans la ville. Ceci est particulièrement vrai pour les friches ferroviaires qui constituent à l’époque un carrefour d’échanges majeur. Lors des réhabilitations, ces sites ont donc une longueur d’avance sur l’intégration du projet dans son contexte. De plus, en tant que repères urbains, ce sont des possibles catalyseurs d’un changement de vision pour la ville de demain. Nos réflexions et propositions de projets urbains et architecturaux constituent une vision possible de la relation ville/ agriculture pour Milan demain. Cette vision, qui se rapproche plus de « l’infiltration » de Sébastien Marot, permet de garder une certaine urbanité, notamment des repères existants et de composer le vide avec de nouveaux espaces et usages se rapportant plus au rural et au naturel. En fonction des usages qui y sont implantés, ces projets de requalification de friches participent ainsi à l’élaboration d’un imaginaire d’une ville plus hospitalière et permet d’estomper la dualité ville campagne qui règne dans notre quotidien. Cette nouvelle vision questionne aussi la notion d’espace public, traditionnellement liée au statut public privé et aux activités qui s’y déroulent. La notion de « commun » nous paraît ici plus appropriée pour désigner ces espaces accessibles à tous sans pour autant qu’ils ne soient publiques. La notion de « commun » se détache des questions foncières et même de l’usage qu’on fait d’un lieu. En effet les jardins potagers proposés, comme c’est la cas de l’agriculture en milieu rurale « appartiennent » aux personnes qui l’entretiennent, et leur accessibilité est réduite. Pourtant ce sont des ressources « communes » accessibles par nos sens et qui participent à construire un paysage partagé par tous.

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Conclusion

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Métropole de la vallée du Pô, Milan s’est affirmée en puissance, d’abord agricole, puis industrielle, par la maîtrise de son territoire. Située aux pieds des Alpes pour s’ouvrir sur sa plaine fertile, elle conserve encore aujourd’hui une couronne agricole protégée au Sud, tout en continuant de se densifier, et tenir ainsi sa place de puissance économique italienne. Dans la course de son développement, une mosaïque de friches se forme aujourd’hui et questionne sur l’évolution de la ville de demain. Entre friches ferroviaires et agricoles, Milan amène à de nouvelles réflexions du rapport entre l’urbain et le rural, et à reconsidérer la place de la nature en ville. Ces vides deviennent ressources pour le projet urbain, qui propose de les utiliser comme leviers, pour travailler autour de nouvelles complémentarités agriurbaines, dans leurs limites tout comme dans l’entre-deux qui se constitue, particulièrement dans le quartier de Porta Romana. Ainsi, deux projets seront développés pour s'immiscer dans ces récits agriurbains milanais. Le premier interroge l’habitabilité d’une friche ferroviaire où l’homme, les pratiques agricoles et la nature sauvage cohabitent. Le second site, en situation de lisière ville-parc agricole, aborde le projet par l’espace et l’équipement public, en travaillant ses limites dans une réinterprétation de la dualité urbain-rural. Au travers de Milan, l’enjeu des limites ville-campagne interroge alors la juste mesure d’une densification, dans un monde où les enjeux environnementaux sont aujourd’hui majeurs. Metropolis of the Po Valley, Milan first emerged as an agricultural power, then industrial, by controlling its territory. Located in the foothills of the Alps to open onto its fertile plain, it still retains today a protected agricultural crown in the South, while continuing to densify, and thus hold its place as an italian economic power. In the course of its development, a mosaic of wastelands forms today and questions the evolution of the city tomorrow. Between rail and agricultural wasteland, Milan leads to new reflections on the relationship between urban and rural, and the reconsideration of the place of nature in the city. These gaps become resources for the urban project, which proposes to use them as levers, to work around new agri-urban complementarities, within their limits as well as in the in-between that is being formed, particularly in the Porta Romana district. Thus, two projects will be developed to step in these Milanese agri-urban stories. The first project questions the habitability of a wasteland where people, farming practices and wilderness coexist. The second site, at the border of the city and agricultural park, approaches the project through public space and facilities, working its limits in a reinterpretation of the urban-rural duality. Through Milan, the issue of city-countryside limits questions the right level of densification, in a world where environmental challenges are major today.

Mots-clés : écosystème urbain - friches urbaines/rurales - nature en ville - parc sanctuarisé Keys words : urban ecosystem - urban/rural wastelands - nature in the city - sanctuarized park

Bethelhem Tadele GURARA - Johanna LEUNG 128

ENSAL 2020


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