YANNICK LEPAGE Éditeur Journaliste
MAËLLA LEPAGE Designer graphique Directrice artistique
Merci à tous les modèles qui ont gracieusement accepté de donner de leur temps et leur sourire au magazine! Tous droits réservés Éditions Kayenne, 2016 Pages 50 à 55, Tous droits réservés Québec Ink Girls, 2016 Éditions Kayenne a pris toutes les précautions nécessaires pour s’assurer de l’exactitude des renseignements mentionnés dans ces pages. Il ne peut être tenu responsable des erreurs ou des négligences commises dans l’emploi de ces renseignements. Toute reproduction, en tout ou en partie, est interdite sans la permission écrite au préalable d’Éditions Kayenne. Les opinions exprimées dans ce magazine représentent le point de vue des auteurs et ne présentent pas forcément les opinions de l’éditeur. Dépôt légal – Bibliothèque et Archives Canada et Bibliothèque et archives nationales du Québec ISSN 2369-6028 (imprimé) ISSN 2369-6036 (en ligne)
Une création d’Éditions Kayenne
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MATHIEU DAIGLE
GENEVIÈVE BÉLANGER
J-P MARTEL
CATHERINE BÉLANGER-F.
PATRICE LANDRY
JÉMILY PLANTE
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POUR LE SECOND NUMÉRO, LE THÈME OSÉ S’EST IMPOSÉ DE LUI - MÊME, C AR LE TATOUAGE EST EN SOI UN AC TE QUI REPOUSSE NOS LIMITES : OSER PA SSER PAR- DESSUS L A DOULEUR ET LES CR AINTES, OSER FAIRE FI DES PRÉ JUGÉS, PEUT- ÊTRE OSER DÉFIER LES AVERTISSEMENTS DES PARENTS… Oser permet de dépasser certaines limites que nous nous fixons nousmêmes ou qui nous sont imposées par la société. Oser permet d’aller chercher une petite dose d’adrénaline, la reconnaissance par nos pairs, ou une meilleure détermination de notre personnalité. Oser, c’est un passage à une nouvelle dimension individuelle, un rituel, un défi.
notre monde d’une touche de folie visionnaire? Pour notre chronique entrepreneur tatoué, nous avons invité JeanDaniel Lajoie, du café Maelstrom, à partager son point de vue sur l’entrepreneuriat et les cafés dits de troisième vague qui envahissent la province.
Tattoo Québec ose donc vous présenter des articles aux thèmes plus mordants, ou qui laissent la porte ouverte à des expériences où l’individu laisse place à une certaine folie pour être transformé.
Vous pourrez profiter ensuite de l’article qui mélange l’art photographique et le tatouage. Nos stylistes se sont amusés à maquiller et à coiffer nos modèles pour un look coloré et inspirant. Laissez-vous séduire!
Dans les premières pages, nous visitons les dessous… des tendances en lingerie. Vous y retrouverez trois styles qui promettent d’inspirer vos soirées sexys. Nous consacrons par la suite une section complète sur les rousses. Leur couleur de cheveux, longtemps associée aux flammes de l’enfer, leur aura valu le titre de sorcière par les catholiques. Aujourd’hui, les rousses sont apparemment les femmes les plus cochonnes. Nous n’avons aucune idée sur comment sorcière est passée à cochonne, mais nous avons au moins une certitude : les rousses sont belles. Nous présentons une entrevue avec un illustrateur qui modifie ou qui crée des modèles de voitures inspirants. Pourquoi ne pas améliorer
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Nous nous entretenons aussi avec l’animatrice radio La Duchesse Joannie Hamel, de Rock 100.9. Celle-ci a un parcours atypique, tout comme Andréa VP, la tatoueuse voyageuse. Nous terminons cette édition spéciale en présentant le roller derby à travers les yeux de quelques personnes pratiquant ce sport extrême, ici même à Québec.
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LINGERIE EN 3 ST YLES 10 ROUSSES INCENDIAIRES 16 VOITURES SEX Y, DESIGN OSÉ 24 UN ENTREPRENEUR TATOUÉ 28 DE L’ART JUSQU’À L A MORT 32 L A DUCHESSE ROCK 44 ROLLER DERBY À QUÉBEC 46 ANDRE A VP, QUEBEC INK GIRL S 50
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2480 CH EMIN SAINTE - FOY QU ÉBEC G1V 1T6
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DERNIÈREMENT, PLUSIEUR S PETITES ENTREPRISES SPÉCIALISÉES EN LINGERIE ONT CRÉÉ UN ENGOUEMENT POUR LES SOUS -VÊTEMENTS AVEC DES DESIGNS À L A FOIS TRÈS « FA SHION » ET CONFORTABLES. Je me suis souvent demandée, jadis, pourquoi on accordait autant d’importance aux sous-vêtements, alors que ceux-ci ne sont jamais visibles, ou presque. J’ai pourtant développé, avec le temps, le besoin de bien me «sous-vêtir», moi aussi. Les sousvêtements sont la base de notre habillement, ce sont eux qui font, la plupart du temps, en sorte qu’on est à l’aise ou pas dans notre linge. Ils ont le pouvoir de nous faire sentir sexy, même si personne d’autre que nous ne connait leur existence; ils nous donnent un petit «boost» de confiance. Certaines entreprises québécoises l’ont compris, et nous offrent des collections à
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couper le souffle, à la fois confortables et originales. C’est le cas de Sokoloff Lingerie et de Barbe Rose, par exemple. Nous avons, en faisant le tour des différentes boutiques et marques, remarqué, à notre grand bonheur, que le look rétro est de retour tant dans les vêtements que dans la lingerie. C’est pourquoi nous avons décidé de mettre en valeur trois kits d’inspiration rétro adaptés au goût du jour et qui se portent en différentes occasions. De la soirée Netflix à la soirée en amoureux, le rétro a sa place dans notre tiroir à bobettes!
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On adore le contraste entre la dentelle et les rubans noirs qui dévoilent la peau. Pour un look plus sensuel que BDSM, c’est gagné! À porter en toutes occasions, sans modération!
OSEZ LE RÉTRO! Le style vintage est à la mode, même côté lingerie! Osez les culottes à taille haute et les soutiens-gorge moins rembourrés. On vous confirme que c’est SUPER sexy!
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Voici le kit parfait pour rester chic, même quand on porte du mou! Idéal pour les journées tranquilles à la maison. S’accompagne bien d’une doudou et d’une tasse de chocolat chaud!
On vous présente LE kit à porter pour une soirée «Netflix and chill». Il marie à merveille le confort et le style. Son design sophistiqué et délicat fera de vous la princesse de la soirée!
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SELON UN SONDAGE RÉ ALISÉ PAR ALERTEROUSSE.COM, PLUS DE 50% DES HOMMES INTERROGÉS TROU VENT LES ROUSSES CHARMANTES ET SENSUELLES. TAT TOO QC SE PENCHE SUR L A QUESTION... Bien que les cheveux roux soient assez fréquents dans notre société, force est d’admettre que nous remarquons toujours leurs fiers propriétaires un peu plus que les autres, et plus particulièrement les rousses. Cheveux orangés, teint de porcelaine et taches de rousseur; les rousses nous fascinent depuis toujours. Cette couleur charmante, celle des fauves et du feu, aura valu aux rousses une réputation de femmes passionnées, de tentatrices, et même de sorcières à une certaine époque. Aujourd’hui, on les pense plus cochonnes que les autres femmes, mais ça, ça reste à voir. Malgré tous les stéréotypes négatifs au sujet des rousses, il existe aussi un envoûtement à leur sujet qui perdure depuis
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l’époque romaine et même avant. En effet, les Romains, ayant découvert les femmes rousses du nord de l’Europe, faisaient venir à eux des perruques rousses faites à partir de cheveux de femmes des tribus germaniques. Un peu plus tard, de grands artistes peintres de la Renaissance, comme Botticelli, mirent en valeur les femmes rousses dans leurs œuvres, les considérant comme un symbole de beauté. Nous sommes de l’avis des Romains et des artistes de la Renaissance : les rousses sont belles, bigrement belles! Peu importe le contexte ou le look, vous n’aurez pas le choix d’admettre que c’est vrai, après avoir fait le tour des photos de nos rousses incendiaires.
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Loin de moi l’idée de décevoir, mais il faut que je m’excuse d’avance. Ben oui, je triche! Cette magnifique couleur abricot ne m’appartient pas réellement. J’ai troqué le blond-blé que mon père m’a laissé en héritage pour le roux, question de rejoindre mes racines irlandaises qui m’ont clairement oubliée au passage. C’est spécial une rousse. Un roux aussi. Mais une rousse, j’trouve que ça kick un peu plus sur Tinder. Si je continue dans le même sens, j’voudrais pas trop choquer, mais non la rousse est pas toujours douce. Ces commentaires-là - trop faciles - que j’entends - trop souvent - sont pas plates, même qu’ils sont flatteurs - parfois - quand c’est bien exécuté, mais ne comptez pas trop sur moi pour vous les confirmer... C’est funky d’être rousse: t’es toujours celle qui flash le plus dans les selfies de groupe, on dirait que tu remplaces le soleil sur une terrasse pis t’es même pas obligée de te justifier quand t’es pas bronzée l’été. Bon OK, porter du rouge, du orange ou du jaune moutarde à la mode c’est vraiment laid, mais anyways : black is the new black.
- G A BRIEL L A
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« UNE ROUSSE, J’TROU VE QUE Ç A KICK UN PEU PLUS SUR TINDER. »
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Je suis châtaine au naturel. Quand j’étais petite, j’avais quelques cheveux roux mais rien de flagrant! J’ai choisi de me teindre les cheveux roux à l’âge de quinze ans et j’ai gardé le roux comme couleur depuis. J’ai toujours voulu être rousse carotte, mais je sais que ça serait pas super beau sur moi. Depuis un an, j’ai choisi un nouveau produit que j’adore: le caca marron de Lush! Ça donne des super beaux résultats! Par contre c’est chiant à faire... C’est quand même trois heures dans les cheveux! Je crois que le mythe sur les rousses dépend de chaque personne et de leur interprétation de la chose. J’ai toujours eu des beaux commentaires sur mes cheveux. Même les gens dans la rue m’arrêtent parfois pour me le dire! Y’a pas une fois où je sors dans les bars sans que je me fasse demander si je suis une vraie rousse! J’arrive même à berner mes amis sur le sujet! - M A RIE - È V E
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« JE CROIS QUE LE MY THE SUR LES ROUSSES DÉPEND DE CHAQUE PER SONNE ET DE LEUR INTERPRÉTATION DE L A CHOSE. »
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Je suis rousse par choix, malgré mes taches de rousseur assez présentes en été! Je ne pense pas que le roux est une couleur plus spéciale qu’une autre couleur. J’aime ça parce que c’est une couleur chaude avec un peu de piquant. J’entends souvent la pick-up line suivante lorsque je travaille au bar : « D’habitude je bois de la blonde, mais ce soir j’vais prendre une rousse, » suivi d’un clin d’oeil... - ROX A N N E
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« D’HABITUDE JE BOIS DE L A BLONDE, MAIS CE SOIR J’VAIS PRENDRE UNE ROUSSE. »
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QUAND UN SIMPLE PA SSE TEMPS DE VIENT UNE PA SSION TOTALE, Ç A DONNE SOU VENT DES RÉSULTATS ÉTONNANTS. ENTRE V UE AVEC LE CRÉ ATEUR DE R AIN PRISK DESIGN. Que ce soit pour ses articles, ses images ou ses vidéos, ses actualités, ses nouveautés ou ses primeurs, Facebook étanche ma soif d’automobile. Toutefois, ce qui a retenu mon attention, au delà du reste, c’est le travail de Rain Prisk Design. Un amateur d’automobiles originaire d’Estonie qui se spécialise dans la modification et la création de véhicules virtuels. Il faut avouer que ses designs tendent souvent vers la «wagonisation» de véhicules, c’est-à-dire de créer une familiale à partir d’une voiture qui ne l’est pas du tout, comme une Ford Mustang: le style est magnifique. En Europe, les voitures familiales sont beaucoup plus populaires qu’en Amérique du Nord, principalement parce qu’elles sont perçues ici comme des voitures de «mononcle». On a qu’à penser à la Ford LTD Country Squire station wagon de la famille Griswold, dans le film «Le sapin a des boules». Les Européens, en revanche, ont droit à des familiales performantes. Une Audi RS6 Avant, par exemple,
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bouclera le 0-100 km/h en autant de temps qu’une Chevrolet Corvette ZR1: un monstre dévorant l’asphalte. Un monstre avec les caractéristiques d’un utilitaire pour amener la famille en camping. Tout cela pour dire que les familiales sont cool. Les créations de Rain Prisk Design sont tout simplement remarquables. C’est à s’y méprendre avec les véhicules de production. D’ailleurs, il a déjà commencé à se faire remarquer par les équipes de design de nombreux constructeurs automobiles. Avant que son agenda se congestionne, je me suis entretenu avec lui pour en savoir plus sur son travail.
PAR JEAN-SAMUEL GUAY Journaliste Automobile
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Qu’est-ce que Rain Prisk Design? Que faites-vous avec le voitures? Habituellement, j’ouvre une photo d’une voiture dans Photoshop et je commence à tout changer dessus, pour la rendre plus à mon goût. Parfois, cependant, je me lance dans un plus gros projet et je décide de créer une nouvelle voiture. C’est beaucoup de travail, mais j’adore arriver au final avec mes propres designs. Comment avez vous commencé à faire cela? Quand j’avais treize ans, j’ai lu sur comment «photoshopper» des voitures dans un magazine local et j’ai eu envie de l’essayer. J’ai trouvé le logiciel et j’ai essayé de surbaisser un BMW de série 7 et d’y ajouter des motifs. Le résultat était absolument horrible, mais j’ai vraiment adoré le faire et c’est devenu mon passetemps depuis. Quel était votre but à cette époque? Je n’avais pas vraiment de but, mais je n’avais rien à faire, et je trouvais que ça avait l’air plaisant. Quel fut votre parcours pour arriver à créer ces designs incroyables? Je n’ai jamais étudié une quelconque sorte de design, j’ai tout appris à force d’essais et d’erreurs, en plus de pratiquer. Vivez-vous de votre art? Pas encore. J’ai eu des contrats de temps en temps, mais pas assez pour en vivre. Quels sont vos plans pour le futur? Je ne sais pas pour le moment, je vais voir où cela va me mener. Cependant, j’espère qu’un jour je vais pouvoir vivre de mes designs. C’est mon hobby depuis onze ans et j’espère que ça devienne mon emploi dans le futur.
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« Y’A QUELQUE CHOSE QUI SE PA SSE ICI QUI EST PLUS QUE LE C AFÉ, PLUS QUE LE PRODUIT. C’EST L’ESSENCE DE CE QUE JE VOUL AIS FAIRE DANS L A VIE. »
E XIT L E C A FÉ FILT RE DU M CDO O U DU TIM, QU É B EC E T M O N T RÉ A L O N T M A IN T E N A N T D E S C A FÉ S QU I VO US FE RO N T V I V RE D E S E X PÉ RIE N CE S G US TATI V E S H O R S DU CO M M U N. E N T RE TIE N AV EC J E A N - DA NI E L DU M A E L S T RO M S T- ROCH. Parles-moi de ton expérience et de ton évolution comme barista, ça a commencé quand, comment? Barista, le métier que je pratique, avant d’être entrepreneur, ça a commencé bêtement quand j’étais en voyage. En 2008, je suis parti seul en Australie. J’ai vécu là-bas deux ans. J’étais à Melbourne, qui est vraiment la capitale mondiale du café. J’ai suivi un cours, car il faut une formation là-bas pour être barista. J’ai vu que c’est un domaine qui offre vraiment plein de possibilités: ça ne s’arrête pas à servir des drinks. Malgré que c’est super faire ça - j’adore le faire encore - on peut vraiment aller plus loin que ça, c’est-à-dire qu’on peut devenir acheteur de café vert, on peut devenir propriétaire d’une entreprise. Y’avait un autre côté qui était plus artistique, en fait, qui venait vraiment me chercher aussi. Vers 2010 on revient à Québec? Que se passe-t-il ensuite? Comment démarre ta carrière? Oui! Et à Québec la vague avait commencé, y’avait comme une petite éclosion de cafés indépendants. Y’avait la Brûlerie StRoch, entre autres, qui venait juste d’ouvrir. C’est une de mes amies qui m’a conseillé: « Tu devrais aller les voir, y sont supers, y’ont vraiment cette vibe australienne de café de troisième vague.» Ils sont plus axés sur le produit de qualité. J’ai rencontré
Mathieu Carrier, qui est maintenant aux Brûleries Rousseau. C’est lui qui a accepté ma candidature et qui m’a référé à Audrey qui est la propriétaire des Brûleries. J’ai commencé à travailler là-bas et j’ai fait mon chemin comme simple employé derrière le bar. C’était quelque chose qui me plaisait beaucoup encore une fois: le contact avec les clients, pour moi c’était plus qu’un café deux sucres, un lait... J’ai vraiment poussé là-dedans, ensuite j’ai quitté les Brûleries et je suis allé travailler à la Brûlerie de café de Québec qui s’appelle maintenant Cantook. Là-bas, ils torréfiaient leur café. J’avais donc la chance de voir vraiment ce côté-là du monde du café. J’ai appris beaucoup de choses, dans ce petit milieu-là. C’est aussi là que j’ai commencé à faire des compétitions de barista. Je me suis bien placé. J’ai fait une compétition et je me suis rendu en finale à Toronto. C’est vraiment là que je me suis dit : OK c’est vraiment ça que je veux faire de ma vie, y’a vraiment un monde derrière ça qui est plus grand que ce qu’on peut croire, quand on rentre dans un café. J’ai continué et un an plus tard j’ai quitté Cantook pour démarrer le Maelstrom. J’étais prêt à faire ça par moi-même: j’avais les idées et le bagage. De 2008 à 2014, j’avais vu pas mal toutes les facettes du monde du café. Je me suis associé avec Mathieu, Jonathan et Marie-Ève. On a commencé avec le café infusé à froid qui est vraiment notre marque de commerce. On a embouteillé
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un café qui fait beaucoup jaser. Les gens le connaissent, l’image de marque a été assez forte. On a sorti ça pendant l’été. On a eu un petit succès qui nous a permis d’agrandir, d’avoir un espace physique qui est maintenant le Maelstrom St-Roch. C’est ici qu’on produit notre café infusé à froid et où tout le côté artistique que je recherchais dans une entreprise peut s’exprimer. En plus, ça nous permet maintenant d’explorer la mixologie. On a un bar à cocktails et un bar à café, on essaie d’innover avec des trucs qui font sortir nos clients du café régulier. Votre café infusé à froid vous a vraiment « mis sur la map» comme on dit... Ah oui, ça a été un beau push pour nous. On a eu la chance d’être le fournisseur de café officiel pour le backstage du FEQ: AC / DC, Sting, même les Rolling Stones ont tous bu notre café! On a reçu un message dernièrement, sept mois après le FEQ: c’était le manager de tournée d’un chanteur country qui nous avait connus au FEQ et qui voulait qu’on lui envoie du café infusé à froid au Texas. On n’a pas pu le faire malheureusement, mais on a gardé un bon contact. Tout ça pour dire que notre produit a le potentiel d’aller chercher du monde, c’est ce qui nous passionne là-dedans: tout le monde boit du café, tout le monde aime ça. Je reviens sur le côté artistique dont tu as parlé plus tôt: vous avez remplacé le café Babylone qui était ici. Je vois que vous commencez à proposer des activités plus artistiques. Peux-tu m’en parler un peu? En fait, c’est venu d’un désir de faire des trucs artistiques, mais je me suis aussi rendu compte que c’était une nécessité. On est dans un coin de la ville qui doit être revigoré. Je pense que le rôle principal d’un café, quand il s’installe à un endroit, est d’être une pierre angulaire du développeemnt qui va se faire autour. On s’est dit on va attirer dans gens dans notre café pour vivre une expérience au-delà du café. Un café, pour moi, c’est aussi un endroit où tu vas socialiser avec les gens. On a une clientèle qui est principalement issue du milieu artistique, donc on s’est dit : ces gens-là viennent ici, on va essayer de les amener à s’approprier la place en leur proposant des activités. On a fait le Drink & Draw, qui est une activité de dessin qui a été très populaire auprès des tatoueurs. Aussi du côté spectacle, on a quelques spectacles qui s’en viennent et des lancements d’album. Je joue de la musique aussi, donc ça a été facile d’aller chercher cette clientèle-là. Dernièrement, on a quelques artistes qui sont passés. Je pense aux Trois Accords qui sont venus ici prendre un café et Guillaume Beauregard des Vulgaires Machins. Y’a quelque chose qui se passe ici qui est plus que le café, plus que la vente d’un produit. C’est l’essence de ce que je voulais faire dans la vie. Mon lieu de travail est un endroit où je me sens chez moi.
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T’es comme une rockstar... As-tu l’intention de faire d’autres concours? Pour vrai, les concours, je ne les fais pas pour le standing, je les fais parce qu’à chaque fois que j’y vais, j’apprends plein de trucs. Les gens que je côtoie dans les concours sont tous passionnés. À chaque fois que je reviens d’un concours, j’ai la tête remplie d’idées. C’est vraiment la raison qui me pousse à le faire. C’est sûr qu’il y a un petit côté compétitif, mais ça c’est quelque chose qui alimente un désir d’être meilleur pour la clientèle aussi. En bout de ligne, quand tu côtoies des gens qui sont bons dans leur domaine, c’est la clientèle ici qui le reçoit, parce qu’on veut leur transmettre ça. Vous avez pris la décision de ne pas être torréfacteur, pourquoi? Je pense que si on avait commencé directement en torréfiant, ça aurait été de porter trop de chapeaux à la fois. Je pense qu’il faut commencer par être bon dans quelque chose. Nous, on s’est donné comme mission de faire du bon café infusé à froid et de travailler avec des torréfacteurs qui font déjà bien leur travail. Y’a de bons torréfacteurs, malgré qu’il y en a très peu. Je crois qu’il a y de la place pour plus de torréfacteurs à Québec. Les villes où il y a une effervescence autour du café, où y’a vraiment une communauté, c’est des places où y’a beaucoup de torréfacteurs. Quand les gens vont chez Cantook, chez St-Henri, chez Nektar, ce sont toutes des places qui prônent la même sorte de bon produits que je promeus. En encourageant l’économie locale, on n’encourage pas des corporations que je ne nommerai pas qui viennent s’installer avec des produits bas de gamme et qui vendent ça à des prix exorbitants. Qui est ton fournisseur de café? Pour l’instant, on travaille avec Pilot, un torréfacteur de Toronto. Je connais bien les gens de Pilot à cause des compétitions que j’ai faites quand j’étais a Toronto et Vancouver. Rob, le fondateur de Pilot, est Néo-Zélandais. Je trouvais qu’on partageait un peu la même vision du café, car lui aussi a grandi dans ce mondelà en Nouvelle-Zélande et en Australie. Il est venu s’installer à Toronto il y a environ cinq ans. Il a ouvert un café qui s’appelle Te Aro. Un peu comme nous, il a commencé en achetant du café qu’il importait de la Nouvelle-Zélande, torréfié en Nouvelle-Zélande, parce qu’il trouvait qu’il n’y a avait pas une belle offre au Canada. Après environ trois ans il a ouvert Pilot pour torréfier son propre café. En 2013, Pilot a gagné le titre de meilleur torréfacteur au monde après deux ans d’existence! On est allé visiter leurs bureaux à Toronto. C’est incroyable. C’est vraiment une cuisine scientifique. Travailler avec eux, c’est tellement génial: tous les cafés qu’on reçoit d’eux viennent toujours avec une fiche explicative. C’est un document complet de 50 pages qui explique la provenance, comment l’extraire. Rob est devenu un bon ami avec le temps, c’est pour ça qu’on a décidé de travailler avec eux.
Pilot c’est vraiment un des meilleurs torréfacteurs au Canada, je les adore. Parle-moi des trois M pour faire un bon café... La machine, le moulin et le « manuella », la personne qui fait le café. On a une très bonne machine qui est faite à la main à Florence, en Italie. C’est une machine qui vaut très cher. Pour le commun des mortels, ça change pas grand chose. Le prix de la machine ne fait pas que le café est meilleur. C’est juste que dans un environnement commercial, une machine comme ça permet d’avoir un café qui goûte toujours la même chose, qu’on en fasse un ou deux-cent à l’heure. Ensuite, on a le moulin: un bon moulin va permettre d’avoir toujours la même mouture. Et ensuite, bien sûr, les baristas. On a la chance ici d’avoir presque exclusivement des gens qui ont déjà travaillé dans le monde du café. Dans notre plan de travail du Maesltrom, ça inclut qu’à chaque jour, nos baristas apprennent quelque chose de nouveau. Le but, c’est de perfectionner ce que je tu sais déjà, c’est d’avoir une constance et que le métier de barista soit reconnu, au même titre qu’un cuisinier, qu’un boucher… Faire un bon café, c’est pas si simple que ça… Non, vraiment pas… Pour faire une parenthèse, y’a un article qui est sorti dans la revue Nature. Des gens qui travaillent dans le monde de la spécialité du café ont fait un article scientifique super poussé sur la différence entre l’origine d’un café et la mouture qu’on va faire pour tel café. Ça entre vraiment en détail, ça utilise des terme ultras scientifiques pour décrire le café. Ce qu’on connaît du café jusqu’à maintenant, c’est très en surface. Au fond, faire un café, c’est une recette. Souvent les gens ne savent pas comment faire un café: on se fait vendre l’idée que d’acheter une machine à tel prix va faire un meilleur café. J’essaie de briser cette conception qu’ont les gens. Je travaille dans le monde du café et je n’ai même pas de machine à espresso chez moi! Je fais du café filtre, parce que c’est la façon la plus simple, en fait, d’arriver à un meilleur résultat. Le produit premier c’est le café, la technique vient rajouter un petit quelque chose de plus.
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CEUX QUI SONT TATOUÉS SERONT PROBABLEMENT DU MÊME AVIS QUE NOUS: NOUS NE REGRET TERONS PA S NOS TATOUAGES, UNE FOIS RENDUS VIEUX. Lorsqu’on est moindrement tatoué, il y a des questions qu’on se fait poser régulièrement par les «non-tatoués», du genre: «Ça t’a fait mal?», «Qu’est ce que ça veut dire?» ou bien la fameuse «Et quand tu seras vieille? Y as-tu pensé?». Eh bien moi, perso, quand je vais être vieille, je vais encore aimer mes vieux tatous défraîchis parce qu’ils ont tous une signification particulière, mais j’ai quand même cherché à connaître l’opinion des autres gens de ma race, question de mieux répondre à la maudite question. C’est peut-être parce qu’on est tous naïfs ou quelque chose du genre, mais à date, personne ne semble redouter le jour où leurs tatous ne seront que des lignes floues un peu perdues dans des replis de peau sèche.
mes tatouages? J’ai pour mon dire que puisque mes tatous ont une symbolique, il n’y a pas de raison pour que je les regrette une fois leur beauté altérée par le temps. Tsé, la symbolique, elle, ne s’efface pas. Et de toute façon, pourquoi regretter de porter fièrement des oeuvres d’art qui m’ont rendue heureuse pendant une bonne partie de ma vie? De mon côté, je n’ai pas encore trouvé de raisons de regretter mes tatouages plus tard. J’ai voulu, dans cet article, que les photos soient plus originales, afin de créer un lien avec les tatouages des modèles. Je considère les tatous comme des oeuvres, donc il était important pour moi de mettre en valeur ces oeuvres, mais aussi les gens uniques qui les portent le temps d’une vie.
Pour ma part, j’estime que ma peau, rendue à un âge avancé, sera relativement laide de toute façon, alors pourquoi m’en faire avec
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Je crois que le tatouage est une forme de tableau d’art que tu veux trainer partout avec toi. Je suis tatouée parce que j’ai envie d’être différente et d’amener tous ces dessins avec moi à travers toutes ces années. Je n’ai absolument aucun regret. Je vois le fait d’être tatouée comme une identification de soi unique. Vieillir fera de moi une grand-mère cool avec plein de souvenirs inscrits sur elle .
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Pour moi, le tatouage est une représentation de plusieurs parties de ta vie, tes croyances, tes convictions. C’est la marque du temps et de ton évolution. J’ai déjà éprouvé des regrets pour mes premiers tatouages. C’est un moment d’accomodation, c’est là que tu réalises que tu as pris une décision qui restera pour toujours, que les gens vont voir et sur laquelle ils feront peutêtre même des commentaires. Aujourd’hui, plus ça va, plus je les apprécie. En grandissant, mes tatouages m’ont permis de faire abstraction de l’opinion publique et de me fier uniquement sur moi et mes préférences. Ça m’a aidé à acquérir confiance en moi et à m’affirmer. Le fait d’être tatoué et vieux plus tard, ça ne me dérange pas. Comme je l’ai mentionné plus haut, les tatouages sont un témoin de ta vie, un journal épidermique qui montre que tu as du vécu. En plus, ça va faire des histoires à raconter à mes petits-enfants, parce que derrière chaque dessin se cache une raison et une péripétie.
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Mon papa dit toujours que je devrais faire des dessins sur une feuille et non sur mon bras, mais il rigole. Ça ne le choque pas vraiment, même la fois du chameau sur l’orteil ou je lui ai dit: « Regarde mon cameltoe, Pap! » Viendra le moment où je vais être une vieille madame avec probablement une belle tête de nuage. Je vais regarder mes bras (et mon orteil) en me disant que ce sont les meilleures idées de ma vie. Il y a un espèce de « je fais ce que je veux» un peu arrogant derrière chaque tatouage qui m’attire toujours de plus
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Je trouve ça toujours trippant d’assumer suffisamment mes tatouages pis de répondre à la maudite question: « AILLE! Qu’est-ce que ça représente pour toi?» Rien: je trouve ça merveilleusement joli. Mon corps est marqué par le talent d’une artiste que j’affectionne beaucoup (Myriam Aubry). Y’a de la couleur, des fois moins, mais c’est trippant. Pis en plus, si j’suis portée disparue, j’vais être facile à reconnaître. Quoi? Viens pas me faire accroire qu’y’en a beaucoup des p’tites brunettes avec des mandalas sur les pieds, des crânes de bestioles avec des bois sur la cuisse, une rose qui s’affine joliment avec le temps, un cover «fucked-up» en transition sur le bras, un tattoo d’étoiles poche sur l’aine (ouin, l’entrejambe, bon) fait à quinze ans, question que ma mère le voit pas... Facile à reconnaître, même quand j’vais être vieille (des bestioles qui se transforment en moustiques, un rose fanée, un loup qui ressemble à mon shih tzu, des étoiles qui ont l’air de Pluton à côté du Soleil...) t’sais, une vraie vieille, avec des enfants pis des petits-enfants, qui feront probablement pu partie de la génération des gens qui se font barbouiller partout. Moi pis grand’p’pa on va être pareil. Parce que nous, on faisait partie d’eux autres, les tatoués. The show must go on. Ps : j’ai toujours pas trouvé le grand’p’pa !»
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J’ai envie de vous expliquer comment je vois le fait d’être tatouée et si j’ai un quelconque regret. J’espère bien vous convaincre de vous aussi, laisser vos marques. Je suis tatouée car l’artiste en moi avait besoin de couleur, d’être différente. Chaque tatouage représente quelque chose de très important pour moi, une partie de ma vie, une épreuve vaincue. Je n’ai aucun regret, car tout est une histoire: c’est ce qui a fait de moi la femme que je suis aujourd’hui. Pour mon futur, je vois ça comme des cicatrices de la vie, aussi bêtes qu’une blessure faite à vélo quand nous étions plus jeune, mais en beaucoup plus beau, et qui racontent elles-mêmes leurs histoires. Je crois aussi que ça va m’aider à accepter le fait que l’on ne reste pas jeune éternellement. Finalement, je crois que ma plus grande peur est de manquer de place pour en rajouter un autre à ma collection!
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ELLE EST PA SSÉE DE DUCHESSE À ANIMATRICE R ADIO, ELLE EST TATOUÉE EN MA SSE: ENTRE V UE AVEC JOANNIE HAMEL... Joannie, qu’est-ce qui t’a amenée à faire de la radio? En fait, c’est parce que je voulais devenir duchesse, et 100.9 désirait appuyer l’une des duchesses durant le Carnaval. Je me démarquais des autres candidates parce que j’avais les cheveux rasés et que je suis tatouée – ça « clash » un peu de l’image d’une duchesse classique – et 100.9 a cru que mon style s’accordait bien avec celui de la radio. Chaque duchesse avait une collaboration avec une radio différente, alors comme j’avais déjà une collaboration avec eux, j’ai été souvent invitée à des entrevues et des shows. À la longue, je me suis liée d’amitié avec la gang d’animateurs, puis un jour on m’a simplement lancé:
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«Hey, pourquoi tu ne viendrais pas faire de la radio avec nous?» J’ai donc commencé à faire les nuits. C’est Yannick Tremblay qui m’a formée pendant les nuits. De fil en aiguille, après des remplacements de jour, j’ai eu ma première émission en septembre 2015, la fin de semaine, qui s’appelait le Rock Show. Finalement l’animatrice qui s’occupait des soirées de semaine a traversé à RadioX, ce qui m’a laissé la plage du Shift de soir pour mon émission actuelle, Duchesse tendresse. On parlait beaucoup de musique et d’événements dans le Shift de soir. Maintenant, Duchesse tendresse c’est plus relationnel, on parle de sexualité, on parle aux gens, c’est beaucoup plus interactif.
Parle-nous de tes tatouages! Jay Marceau de D-Markation a fait tous mes tatouages, à part les deux petites pattes que j’ai fait faire à 15 ans – c’est tout ce que ma mère m’a permis dans ce temps-là – tu sais qu’une fois qu’on commence à se faire tatouer on finit une pièce et on pense déjà à la prochaine. Jay fait un super travail pour le dessin et les couleurs, et je suis très satisfaite, alors je n’ai pas l’intention d’aller voir ailleurs. On a établit une bonne relation. Si on parle d’avant ta carrière radio? Je fais de la danse urbaine, des spectacles, et j’enseigne la danse. Je fais des jobs qui me passionnent… honnêtement j’ai pas l’impression de travailler! Ça fait maintenant 5 ans que je fais ça. J’aime apprendre pour pouvoir l’enseigner à d’autres. Je suis contente de pouvoir occuper mon emploi d’animatrice radio et de danseuse professionnelle, je suis vraiment chanceuse. Comment est le marché de la danse à Québec? Sommes-nous reconnus? Nous avons de bons danseurs à Québec. Le Canada est bien positionné sur la scène mondiale, le pays sort souvent avec une médaille d’or, mais c’est pas le genre d’information qui circule beaucoup en dehors du milieu. On est reconnu par nos pairs, mais pas nécessairement par le public. Par exemple, si je te demandais de me nommer trois acteurs, trois chanteurs et trois danseurs, je suis pas mal certaine que tu aurais de la facilité pour les acteurs et les chanteurs, mais pas pour les danseurs. C’est plus souvent un art qui accompagne un autre art. Duchesse tendresse, ça me rappelle PS tendresse… Oui, c’est un clin d’œil à l’émission qui est diffusée à Rock Détente. 100.9 est dédiée à la musique rock, essentiellement, et proposer une émission plus humaine permettait d’ajouter un peu de variété à la programmation. Je trouve ça le fun de pouvoir sortir un peu des sentiers battus. On travaille avec les lignes ouvertes – en préenregistrement, ça permet de filtrer les interventions – et Facebook pour poser des questions et recevoir les questions des auditeurs. On est vraiment proche des gens! C’est important pour moi d’établir des liens avec les gens qui nous écoutent. Est-ce que la radio est un milieu difficile? C’est difficile de faire sa place, mais si tu y mets du temps et de l’énergie, que tu démontres ton intérêt et que tu persévères, une belle grande famille t’attend! J’ai un cheminement atypique – je ne suis pas allée à l’école dans le domaine – j’ai vraiment appris sur le tas, et j’ai pris le temps de m’améliorer en acceptant la critique. Il y en a tellement qui veulent travailler à la radio que tu dois faire tes preuves et être patient.
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C’EST UN SPORT MÉCONNU ET POURTANT SUPER MÉGA TRIPPANT: RENCONTRE AVEC DES MEMBRES D’UNE ÉQUIPE DE ROLLER DERBY... C’est trash? Un peu, mais moins que l’image qu’on peut en avoir. C’est un sport contrôlé, avec certaines règles… à une certaine époque c’était un freak show, un free-for-all, mais maintenant il y a des règlements sécuritaires. C’est un sport presque sécuritaire : nos trophées, c’est nos bleus! Votre saison se déroule comment? Un peu comme une saison de hockey : une saison régulière et des séries. Il faut dire que Rollerderby Québec partage ses joueuses de temps à autre. On se fait une équipe allstar pour la route et les compétitions, et c’est ce qui nous permet de nous classer dans les ligues canadiennes et mondiales. Qu’est-ce que ça prend? En premier, de la détermination. Ça ne demande pas nécessairement d’être une athlète en partant, mais /on le devient… tous les physiques, tous les styles et tous les talents sont appréciés. Catherine Mieux connue sous le nom de : Béton Amateure de roller berby depuis : 5 ans et demi Ce que ça t’apporte : je suis plus déterminée d’investir du temps dans ce que j’aime pour pouvoir performer, car je sais que ça peut faire une différence, et ça se reflète dans tout ce que je vis aujourd’hui. Cercle d’amies incroyable!
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Tania Mieux connue sous le nom de : Taminator Amateure de roller berby depuis : 1 an Ce que ça t’apporte : cercle social, occupe les temps libres, tient en forme. Phil Mieux connue sous le nom de : Siphilip Amateur de roller berby depuis : première saison comme bench coach Ce que ça t’apporte : cercle d’ami, sport physique et émotionel, on donne tout ce qu’on a sur la track, mais ça se dissipe une fois qu’on sort de scène. Anne-Marie Mieux connue sous le nom de : Tank Girl Amateure de roller berby depuis : nouvelle cette année Ce que ça t’apporte : Pour le défi, et l’esprit d’équipe Veruska Mieux connue sous le nom de : El Cho Amateure de roller berby depuis : nouvelle Ce que ça t’apporte : grosse famille, beau sport qui m’a amené ce qu’aucun sport m’avait apporté avant.
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CRÉDIT PH OTOS: SÉBA S TIEN PIC A RD
TATOUEUSE DEPUIS DÉ JÀ PLUSIEUR S ANNÉES ET FIÈRE MODÈLE DE QUEBEC INK GIRL S, RENCONTRE AVEC UNE FILLE QUI VIT DE SON ART. Qu’est-ce qui t’a menée à faire du tatouage? J’ai cherché assez jeune à vivre de mon art et à ne pas crever de faim. L’idée du tatouage s’est imposée chez moi vers 13 ans, pour trouver une «shop» où me former quand j’ai eu 16 ans. J’ai commencé à Québec, puis je suis partie étudier et travailler à Montréal pendant quelques années. Tu pratiques depuis combien de temps? Depuis dix ans maintenant. Je suis à mon compte depuis quelques années. Comment développes-tu ta clientèle ? C’est par le bouche à oreille. Quand les gens sont satisfaits, quand tu offres un service personnalisé et que tu crées des pièces dont l’esthétisme rejoint l’univers visuel et l’histoire d’une personne, il s’établit un contact humain privilégié très intéressant, et l’aspect privé des rencontres amène une expérience mutuellement satisfaisante. Il m’arrive de tatouer une famille entière; père, mère, enfants, oncles, tantes, cousins, cousines… je crois que ça veut dire quelque chose.
Parle-moi de la relation de confiance que tu établis avec les personnes que tu tatoues ? Chaque personne aborde le tatouage de façon différente et ont des attentes personnelles aussi. Mon rôle est de les conseiller sur leur projet, que ce soit pour la signification ou l’emplacement du tatouage. L’important est de réaliser une pièce qui va satisfaire mon client et dans laquelle je trouverai aussi mon compte en tant qu’artiste. J’ai acquis des connaissances en design graphique et en marketing, et la culture populaire reconnait certaines symboliques qui doivent être connues par les tatoueurs pour bien comprendre ce que les tatouages visibles pourraient signifier pour le commun des mortels. Même si la personne tatouée s’en fout à l’origine, je tiens quand même à partager cette information. Un tatouage visible, c’est comme un branding personnel… La pédagogie du tatouage devrait être une responsabilité morale et éthique pour tous les tatoueurs. Tu voyages beaucoup ! Quelles sont les opportunités qui se sont présentées à toi? J’aime l’aventure et je reste ouverte aux possibilités. Pour
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l’Amérique latine, je suis partie un mois et demi en sac à dos, sans itinéraire, et j’avais apporté mon kit de tatouage dans le but de laisser des traces de mon passage : si l’occasion se présentait, j’allais être prête à échanger avec les personnes intéressées. La réception a été incroyable. Souvent, même dans les villes super pauvres, je m’assoyais et je me mettais à dessiner, puis des curieux venaient à ma rencontre pour me poser des questions. La discussion glissait vers le tatouage, et la suite venait naturellement. Certains hôtels offraient même de nous faire de la place pour installer un studio de tatouage temporaire! Nous avons aussi rencontré un Norvégien qui tient un café à Rio Dulce qui est tattoo friendly, et nous a permis de tatouer sur la terrasse! Il nous a même trouvé des clients et permis à une de ses employées de prendre des pauses pour se faire tatouer ! On a rencontré toutes sortes de monde, et de garder un contact privilégié avec des personnes qui ont une partie de moi dans leur peau est un privilège. Durant mon voyage au Pérou, j’ai aussi tatoué un booker de spectacles qui est déménagé à Stockholm, et qui en a parlé à des amis. Il a rapidement trouvé une quinzaine de personnes intéressées par ce que je fais, et qui voulaient des tatouages d’envergure. Avec ces projets, ça me permettait de payer mon voyage là-bas, et même un peu plus. J’ai encore d’autres contacts au Pérou qui attendent que j’y retourne… les choses vont naturellement, je crois que je fais quelque chose de bien, sans me vanter ! Quelle est l’affaire la plus bizarre qu’on t’ait demandé de faire ? Il y a ce gars qui voulait une version tribale de tous les animaux les plus mal aimés, même si ce n’était pas beau, qui s’était fait tatouer le tatou – l’animal – juste pour s’obstiner avec les gens qui lui demanderait : « -Toé, t’es tatoué? - Oui! - C’est quoi ton tatou? - Un tatou! - Oui on le sait, mais c’est quoi ton tatou? - Un tatou, je te dis! » Après ça a été la moufette, ensuite l’ornithorynque, version tribale-simple-logo-poche, genre! Ah oui! Je dois aussi parler de cette fille qui s’est fait tatouer en mémoire de son grand-père décédé. Celui-ci était bouchertaxidermiste et avait un humour noir presque déplacé. Il avait tué un grizzly qu’il avait placé dans la chambre froide de la boucherie, en position presque humaine, et l’avait arrangé pour qu’on ait l’impression qu’il s’arrache la face. Cette vision avait marqué ma cliente et elle m’a demandé de lui faire un grizzly similaire, avec des couteaux de boucherie. Elle se demandait comment elle pourrait compléter son bras, et je lui ai proposé en blague de faire un bracelet en chapelet de saucisses avec des coupes de viande et un schéma de découpe de bœuf, et elle a accepté! C’est bizarre, mais c’est beau!
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Comment trouves-tu le marché du tatouage à Québec? J’y ai rencontré tout de sortes de personnes, il y a de très bonnes shops, je connais aussi d’autres tatoueurs indépendants pour qui ça va très bien, d’autres pour qui ça va très mal. Il y a plusieurs facteurs qui influencent le succès. On s’inquiétait de l’hygiène quand on faisait affaire avec des tatoueurs indépendants. Ce problème n’existe plus, c’est maintenant facile d’avoir un local privé qui soit tout aussi propre. Ceux qui ont du succès ont du talent et de la facilité en tant qu’entrepreneur. Il faut aussi faire preuve d’une bonne hygiène personnelle et d’une bonne éthique de travail pour réussir… ça assure une qualité constante pour les projets dans lesquels on s’implique. Crois-tu qu’encore aujourd’hui, avoir des tatouages peut entraîner des préjugés? Ça dépend des régions dans le monde, c’est variable. De moins en moins, je crois, puisque ceux qui pensaient que les tatouages étaient réservés aux motards, aux marins et aux prisonniers disparaissent, et laissent place à une génération plus ouverte. À chacun ses goûts et sa façon de gérer son apparence et de s’exprimer. De toute façon, le tatouage aura toujours le dessus. Ça fait plus de 8000 ans que ça existe. Dès que l’homme s’est aperçu que la cendre pouvait laisser une trace dans la peau, certains étaient prêts à explorer ce potentiel. C’est dans la nature humaine d’avoir cette curiosité là, ce besoin et cette envie de se différencier des autres mammifères.
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