Magazine T : Automne/ Hiver 2024

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Équinoxe

GENTLEMAN DESIGNER

RENAISSANCE D’UN JARDIN PRIX TECTONA DESIGN PARADE

Équinoxe

Le dimanche 22 septembre 2024, date de l’équinoxe, nous sommes entrés de plain-pied dans la douceur de l’automne, avant que le solstice du 21 décembre ne nous entraîne au cœur de l’hiver. Deux saisons aux charmes particuliers qui nous ont inspiré cette huitième édition du magazine T.

En ouverture, nous avons souhaité rendre hommage à Alexis de La Falaise (1948-2004). Gentleman designer, qui, au début des années 2000, s’est penché sur les classiques de Tectona pour en affiner les lignes. Tectona lui doit la création de Biblos, une bibliothèque devenue emblématique par la beauté originale de sa forme.

Nous poursuivons la saga de notre collection 1800, régulièrement plébiscitée par les architectes, dont Hugo Toro pour le Mas Candille. Cet hôtel 5 étoiles, à proximité de Mougins, vient d’être totalement réaménagé par le jeune architecte franco-mexicain. Ici, les nuances rousses du mobilier, des sols et des murs dialoguent à merveille avec le soleil qu’il soit d’été ou d’hiver.

En juin, nous étions à la Villa Noailles pour la seconde édition du Prix Tectona Design Parade. Parmi les dix jeunes designers invités à imaginer une table, Gabriel Hafner a rallié les suffrages du jury. Facilement transportable, sa table est composée d’un piètement pliable et d’un plateau évoquant une natte de plage. Cette dernière, en textile et fibre de bois, se déroule comme une nappe de pique-nique.

Notre Atelier vous ouvre ses portes pour un éclairage particulier sur 1800, l’une de nos collections phares depuis sa création en 2006. Réalisée en aluminium, elle est à l’origine de la création par l’Atelier de notre fameuse couleur bleu-gris.

Inspirée par le style Directoire, la structure classique de 1800 se distingue par la sobriété de son ornementation réalisée par notre Atelier selon des techniques traditionnelles de sculpture et de moulage.

Une promenade s’impose à Varengeville-sur-Mer, au Bois des Moutiers, dont la récente restauration a été dirigée par le paysagiste américain, Madison Cox, à la demande de Sophie et de Jérôme Seydoux, les nouveaux propriétaires. Retrouver l’âme de ce jardin créé en 1898 par Guillaume Mallet, tel a été le défi de cette restauration dont chacune des étapes a été marquée par le sentiment d’humilité et de respect pour perpétuer l’histoire du lieu et en assurer l’avenir.

Parmi les lieux culturels où le mobilier de Tectona accueille les visiteurs, la Fondation Bemberg abrite de multiples trésors à découvrir dans l’Hôtel d’Assézat, à Toulouse. Peintures, objets d’art et mobiliers composent une histoire de l’art remontant de la fin du XVe siècle jusqu’aux avantgardes du XX e siècle. Tout comme pour le musée Picasso Paris, le banc Muse dessiné par Isabelle Baudraz et édité par Tectona, offre des pauses le long du parcours.

Enfin, notre sélection de mobilier vous invite à profiter du calme et de la sérénité de ces ambiances automnales et hivernales que ce soit au coin du feu ou dans des paysages enneigés.

Au fil des pages

Par Alyette Debray

Portrait par Jean-Marc Palisse

Designer aux talents très variés, expert dans le travail du bois, cet artiste a multiplié les collaborations avec Tectona. On lui doit entre-autre la bibliothèque pyramidale Biblos, imaginée au début des années 2000 et devenue, depuis, un incontournable de nos collections.

La vie est souvent jalonnée de belles rencontres. Celle de Tectona avec le créateur Alexis de La Falaise en est une. Elle remonte au début des années 2000, lorsqu’ Arnaud Brunel reprend la marque créée en 1977 et spécialisée dans le mobilier d’extérieur. Alexis de La Falaise se révèle être un garçon merveilleux. Raffiné, gentil, discret, modeste. « Il avait une élégance naturelle et un grand sens des couleurs », se souvient Arnaud Brunel.

LE SENS DE LA PERFECTION

L’artiste, né à Londres en 1948 et mort en 2004 a fait ses études en Angleterre puis aux Etats-Unis. Il était un touche-à-tout qui fut successivement cuisinier, agriculteur, ébéniste avant de devenir designer et architecte d’intérieur. Ce sont ces multiples expériences qui ont indéniablement donné un supplément d’âme à ses créations. Il avait le sens du détail, que ce soit dans les finitions (marqueterie, dorures) ou dans le choix des matériaux (noyer, sycomore, cuir). « Du jour où on m’a offert une mallette d’outils, j’ai toujours aimé travailler le bois. Plus grand, j’ai appris tout seul avec des bouquins, et partout où j’ai habité, j’ai toujours eu un atelier », confiait-il dans les années 90 au Figaro.

DES COLLABORATIONS PRESTIGIEUSES

Une première collection de meubles présentée en 1990 à la galerie Cour Intérieure met en lumière l’étendue de ses savoir-faire. Alexis de La Falaise travaillera ensuite pour les plus grands. Des créateurs comme Kenzo et Diane von Fürstenberg, des artistes comme Mick Jagger et Eric Clapton, des architectes d’intérieur comme Jacques Grange et David Mlinaric. « Ou encore avec Inès de La Fressange pour laquelle il a décoré plusieurs boutiques », raconte Arnaud Brunel.

UNE RICHE CONTRIBUTION

Avec Tectona, il commence par remettre au goût du jour des classiques de la Maison, affinant leurs lignes pour leur apporter une touche plus élégante. C’est ainsi qu’il revisite la collection emblématique de meubles en teck Goa en s’inspirant du mobilier Arts & Crafts qui réhabilitait des artisanats comme l’ébénisterie. Il décore ensuite la boutique historique de la rue du Bac, à Paris, puis imagine Biblos, une bibliothèque tournante, en teck vernis et satinée.

UNE PIÈCE INTEMPORELLE

Biblos a traversé le temps et s’est imposée comme un meuble emblématique de Tectona. Pour en dessiner les lignes, Alexis de La Falaise s’était inspiré du Temple des Obélisques qu’il avait découvert lors d’un voyage au Liban. Avec sa forme pyramidale, celle-ci permet de ranger à la fois de grands beaux livres et des ouvrages plus classiques. Amoureux de littérature, le créateur rend ici hommage à la bibliothèque d’Alexandrie, disparue au début de notre ère mais restant l’une des plus célèbres de l’Antiquité.

SA DÉFINITION DE L’INTEMPOREL

« Je cherche à créer des choses modernes qui puissent devenir des choses anciennes, en recherchant par-delà l’éphémère des productions contemporaines, ce qui dure, se patine et se lègue », expliquait Alexis de La Falaise de son vivant. « J’essaye d’imaginer des meubles qui resteront dans les familles, un siècle au moins. » C’est tout l’esprit de sa bibliothèque Biblos qui est résumé dans ces propos. Une pièce qui traverse le temps sans prendre une ride.

BIBLIOTHÈQUE

La vision rêvée du Sud par Hugo Toro

par Matthieu Salvaing

Le dernier projet hôtelier du jeune architecte-décorateur Hugo Toro met à l’honneur sa vision rêvée du Sud, entre Californie et Côte d’Azur. De l’intérieur au bain de soleil, rien n’est laissé au hasard. Visite aux airs d'été indien.

UNE VILLA CALIFORNIENNE SUR LES HAUTEURS PROVENÇALES

Pas de doute, ici, le temps s’arrête. Un grand portail en fer forgé s’ouvre sur une allée d’oliviers. Sur les hauteurs de Cannes, près du village pittoresque de Mougins, la vue spectaculaire qu’offre le Mas Candille sur les collines de Grasse se dévoile à l’ombre des grands pins. Pour son premier projet hôtelier, le jeune architecte franco-mexicain Hugo Toro — à qui l’on doit la rénovation de la villa Albertine à New York et le futur hôtel Orient Express La Minerva à Rome — offre une synthèse de sa vision architecturale. Les influences provençales et californiennes, selon ses termes, s'y mêlent ainsi dans un style solaire et chaleureux. Marbres roux, cuir et chêne teinté, calmés par les tons verts d’eau, ponctuent les 21 chambres et espaces communs de l’hôtel 5 étoiles.

Photos

PREMIER PROJET HÔTELIER POUR HUGO TORO

De l’ancien hôtel, ne reste qu’une enveloppe : l’entrepreneur Jean-Philippe Cartier, associé à la famille Courtins-Clarins, a donné carte blanche au décorateur pour la renaissance des lieux. L’occasion pour Hugo Toro de s’exprimer tant par l’architecture d’intérieur que par la décoration et le design : une bonne partie des meubles a été dessinée par ses soins, tandis que de nombreux objets chinés viennent ponctuer les moindres recoins de l’établissement. Du motif de la moquette aux croquis et autres photographies réalisés par l’architecte, sa touche est partout. Le défi ? Réaliser le décor d’un hôtel hors du temps, ouvert toute l’année, convenant tant aux longues soirées d’hiver près du poêle qu’aux jours de farniente au bord de l’eau.

UN CLASSICISME HORS DU TEMPS AU BORD DE L’EAU AVEC TECTONA

L’aménagement paysager a lui aussi fait l’objet d’une attention toute particulière. Il dévoile une pépite : la piscine en haricot aux airs hollywoodiens. L’hôtel en possède deux : l’une, intérieure/extérieure, dessinée par l’architecte pour le spa Clarins nommé Glow House ; l’autre — d’origine — à la forme si caractéristique des années 1960, qui se déploie face à la vue spectaculaire. Pour compléter son tableau, à mi-chemin entre une Californie jet-set aux airs vintage et l’indolence apaisée de la Côte d’Azur, Hugo Toro a choisi la collection 1800 de Tectona en noir pour garnir en beauté le bord du bassin, des chaises longues et guéridons au style Directoire. Un classicisme élégant et apaisant pour se croire, l’espace d’un instant, dans une photographie de Slim Aarons…

CHAISE LONGUE

COLLECTION 1800

2 290 €

dont taxe éco-mobilier : 1,50 €

220 × 75 cm

Noir mat

Bleu-gris

GUÉRIDON

COLLECTION 1800

730 €

dont taxe éco-mobilier 0,66 € Ø 60 cm

Noir mat

Bleu-gris

Par Giovanni d’Odorico Borsoni
Photos par Luc Bertrand
Portrait du lauréat Gabriel Hafner avec sa maquette de table.

La deuxième édition du Prix Tectona Design Parade, qui récompense un représentant de la jeune génération des designers contemporains, a eu lieu en juin dernier à la Villa Noailles, le chef d’œuvre moderniste bâti par Robert Mallet-Stevens sur les collines de Hyères.

TOUJOURS SOUTENIR

LA MODERNITÉ

Gabriel Guévrékian avait tout juste vingt-six ans lorsque l’architecte Robert Mallet-Stevens lui confia le dessin du jardin moderniste de la nouvelle résidence qu’il venait de réaliser pour Charles et Marie-Laure de Noailles en Provence. Avec un peu d’audace et aussi un certain manque de scrupules, Guévrékian y transforma un terrain complètement stérile en véritable peinture cubiste, un des premiers exemples marquants de l’histoire du jardin moderne. C’est dans l’esprit de soutien aux artistes modernes qui caractérisait Charles de Noailles et en hommage à sa passion pour les jardins que la maison Tectona est revenue au festival Design Parade avec un prix spécial destiné à récompenser les jeunes talents prometteurs du Design contemporain et à promouvoir la recherche de mobilier « de plein air ». Comme le dit Blanche Aloisi-de Crépy, directrice générale de Tectona : « nous aimons tous vivre à l’extérieur, et je suis toujours surprise de voir combien la plus grande partie des images postées sur les réseaux sociaux — qui sont censées symboliser les moments les plus heureux de nos vies — sont faites « en plein air». Il est donc essentiel de créer des meubles et des objets d’extérieur qui soient intemporels, durables, résistants et susceptibles de passer d’une génération à l’autre ».

UNE TABLE POUR HABITER LA NATURE

Pour la deuxième édition du Prix Tectona Design Parade, dix designers ont été invités à dessiner une table d’extérieur, avec comme seul « brief» la nécessité d’employer du métal ou un matériau imputrescible et résistant dans le temps, le résultat de la compétition apparaissant comme un « manuel de vie en plein air ». Le jury, présidé par le designer Fabien Cappello et guidé par Jean-Yves Grandfils, Meilleur Ouvrier de France et directeur de l’Atelier Tectona, a retenu la proposition de Gabriel Hafner, lauréat (promotion 1995) de l’ÉCAL de Lausanne, qui s’était

inspiré de l’essence même d’un pique-nique…

Particulièrement pratique, son projet de table –en deux parties – combine un piètement pliable en bois et une natte tressée en textile et fibre de bois. Gabriel Hafner explique : « je suis parti de l’idée d’une nappe de pique-nique, mélangée d’une natte de plage, en la transposant à hauteur d’homme, pour la poser ensuite sur deux tréteaux, que j‘ai transformés en base pliable. Ce qui me plaisait était de penser qu’on pouvait la monter, ou la démonter, en un seul mouvement». « Cette idée de pouvoir transformer un espace rapidement, grâce à du mobilier de jardin, nous plaisait beaucoup », précise Blanche Aloisi-de Crépy, « avec un meuble fluide, léger, adaptable, qui est comme un éloge de la délicatesse… ».

Ci-dessus : La table primée

Le banc de style Directoire acquis par Tectona en 2004 a donné naissance à une gamme désormais emblématique, la collection 1800 ; nous vous dévoilons ici les secrets de sa fabrication.

GENÈSE DE LA COLLECTION 1800

Ce banc provenait de la maison de la célèbre décoratrice Madeleine Castaing (1894-1992) à Lèves. Sa facture, néoclassique, se réfère au style Directoire qui avait marqué de son empreinte le mobilier en vogue entre 1789 et 1803. Inspirés des modèles antiques, ces meubles élégants déclinaient des formes simples, à l’ornementation à la fois recherchée et discrète. La sobriété de sa ligne va inspirer la collection 1800 dont les premiers éléments seront édités deux ans plus tard.

Dessin, sculptures et moulages dans l'Atelier Tectona

DU FER FORGÉ À L’ALUMINIUM : LE

PARTI-PRIS CONTEMPORAIN

Si la forme classique du banc est conservée, sa structure est allégée en étant réalisée en aluminium alors qu’il était en fer forgé à l’origine. Objet de recherche au sein de l’Atelier Tectona, ce métal affiche une densité trois fois moins élevée que celle du teck, idéale pour un mobilier facile à déplacer. Il offre également l’avantage d’être résistant à toute forme de corrosion et d’être imperméable.

BLEU-GRIS : LA COULEUR TECTONA

Grâce à l’aluminium, la collection 1800 enrichit la palette de couleurs dans les collections de Tectona à partir de 2006. Elle est obtenue selon le procédé de thermolaquage au cours duquel la peinture en poudre est projetée sur le métal par effet électrostatique avant d’être polymérisée par un passage en étuve à 200° C. Cette technique garantit une coloration durable du mobilier tout en renforçant sa résistance aux chocs. Inspiré des couleurs historiques anglaises, le ton bleu-gris mis au point par l’Atelier Tectona devient une signature de la Marque, suivie quelques années plus tard par la couleur noire.

SCULPTER LE DÉCOR : UN ARTISANAT D’ART

La rigueur des lignes de la collection 1800 est tempérée par ses différents motifs décoratifs: en forme de fleurs et en bagues pour les intersections entre les éléments d’aluminium, en cols de cygne stylisés pour les accoudoirs des fauteuils et des chaises. Selon le modèle, chaque élément de décor est sculpté à sa taille dans du bois de tilleul, avant que l’empreinte n’en soit prise dans de l’élastomère. Elle est ensuite réalisée en résine, à la manière de la cire perdue, afin de créer un moule en métal en deux parties. Une fois l’aluminium en fusion coulé dans ce moule, le travail de finition consiste en l’ébarbage de la trace des joints laissée par le moule.

1800, UNE COLLECTION ADAPTÉE À DE NOMBREUX ENVIRONNEMENTS

Classique et contemporaine, 1800 répond aux attentes des amateurs pour un mobilier d’extérieur simplement beau, facile d’usage, résistant aux aléas climatiques et adapté à tout type d’environnement urbain ou paysager.

Racheté par Sophie et Jérôme Seydoux en 2020, le grand parc normand du Bois des Moutiers, à Varengeville-sur-Mer, vient d’être restauré sous la direction du paysagiste américain Madison Cox.

Par Emmanuel Ducamp
Photos par Nicolas Mathéus
Le Bois des Moutiers, dessiné par Sir Edwin Lutyens en 1898.

POUR MADISON COX, UNE TÂCHE ORCHESTRÉE PAR LE DESTIN

Qui aurait pu prédire à Madison Cox qu’il reviendrait au Bois des Moutiers près de quarante ans après la première visite qu’il y fit en 1982… Il y avait alors rencontré Mary Mallet, belle-fille du créateur des lieux, Guillaume Mallet, laquelle s’était aussi attachée à faire revivre le jardin à partir de 1954, après la parenthèse et les dommages de la Seconde Guerre mondiale. Lors de cette première découverte, et encore plus lors de sa deuxième visite en 1992, une chose lui était déjà apparue comme évidente : le Bois des Moutiers n’était pas un parc comme les autres : il possédait quelque chose bien à lui, comme un esprit singulier, ou ce qu’on pourrait appeler une âme. Comment ne pas s’émerveiller alors du signe du destin, quand, en mai 2019, il y revient une troisième fois avec ses nouveaux propriétaires, pour s’en voir confier la renaissance.

La vue sur la mer depuis le Bois des Moutiers.

L’ÂME

D’UN JARDIN

Qu’est-ce qui fait l’âme d’un jardin ? Sa situation géographique certes, ses creux et ses plats, la nature de son sol, la façon dont il est orienté par rapport à la course du soleil et capte la lumière… tout ce qui avait incité Guillaume Mallet à s’y installer en 1898, pour, déjà, en tirer le meilleur parti. Le défi, à l’origine, n’était pas simple… La belle vue, sur la mer, était en plein nord, avec un grand vallon immédiatement encaissé ; au sud, un espace relativement limité était coupé par le chemin d’accès à la maison. C’est ce qui avait incité le grand architecte britannique Sir Edwin Lutyens et sa partenaire paysagiste Gertrude Jekyll à créer du côté sud des jardins très architecturés, qui s’appuyaient sur de grands murs délimitant des chambres de verdure, avant même d’arriver à la maison. De l’autre côté de cette dernière, « du côté mer », Guillaume Mallet avait laissé « la nature » — et un paysage moins formel , « à l’anglaise » — reprendre leurs droits, en profitant de l’acidité du sol et de la possibilité de planter azalées et rhododendrons, pour lesquels le Bois des Moutiers était devenu célèbre.

Au fur et à mesure des années, si l’esprit du jardin était toujours bien présent, des faiblesses multiples étaient apparues, qui obéraient ses chances de survie à long terme, et rendaient une restauration en profondeur plus que nécessaire après son changement de propriétaires.

UN RESPECTUEUX TRAVAIL DE RESTAURATION

Puisque l’âme du parc était si forte, « plus forte que l’ego d’un individu », selon les mots de Madison Cox, il importait à ses yeux et à ceux de Sophie et Jérôme Seydoux d’aborder le projet avec humilité : honorer et préserver y seraient leurs principes directeurs. Pour préserver, il fallut d’abord travailler « en profondeur », et faire «tout ce qui ne se voit pas » ! On oublie souvent combien la pérennité des plantations repose sur la qualité des sols, et leur drainage, surtout dans un terrain vallonné, et dans une Normandie gorgée d’eau La réfection de tous les drains, et la constitution de réserves d’eau, constitua donc

une première étape essentielle du projet. Dans un parc ancien comme le Bois des Moutiers, l’analyse de l’état de santé des arbres en était une seconde, pour déterminer les sujets à éliminer, ceux à conserver et, parmi ces derniers, ceux à renforcer par un élagage approprié. En troisième lieu, puisque la proximité de la mer est l’une des caractéristiques essentielles du parc, il importait de rouvrir une belle vue sur la mer dans le bas du parc, juste au-dessus des prés où Monet était si souvent venu peindre.

DE NOUVELLES PLANTATIONS ET DES PROJETS POUR L’AVENIR

Parallèlement à la restauration, de nouvelles plantations ont également été entreprises, car un lieu tel que le Bois des Moutiers ne peut pas rester stérile, ou figé. Un labyrinthe d’ifs et des alignements d’arbres fruitiers palissés ont donc vu le jour dans l’ancien jardin potager, tandis que la collection d’érables du Japon a été enrichie dans le bas du parc, ou qu’une plantation de saules a été faite au-dessus d’une des vues sur la mer. Par ailleurs, on a pris la décision de ne pas enrichir la collection de rhododendrons, parce qu’elle est très représentative de son époque de plantation et n’a pas été exagérément augmentée par tous les nouveaux cultivars des années 60.

Grâce à tous ces travaux, menés par Madison Cox avec la collaboration de Fabien Caumont, Erik Moraillon et Guillaume Proust, grâce aux principes qui y président, « planter petit », ou «faire mieux que faire vite », avec la réouverture du parc au public dans le cadre de visites guidées, qui perpétuent la philosophie de partage de la beauté aussi essentielle pour ses nouveaux propriétaires que pour les anciens, l’avenir du Bois des Moutiers semble désormais clairement et heureusement tracé. Il faut rendre hommage à Sophie et Jérôme Seydoux d’avoir rendu possible cette renaissance, 125 ans après la création d’un des plus beaux exemples de jardins français « à l’anglaise ».

Publie ses bancs...

par la Fondation Bemberg

LA FONDATION BEMBERG : UNE VIE DE CHEFS D’ŒUVRE

Toulouse. Ville rose et briques rouges. C’est là que Georges Bemberg choisit d’installer sa Fondation inaugurée en 1995. Né en Argentine en 1915 au sein d’une famille originaire de Cologne et à la tête d’un empire industriel sudaméricain, ce mécène-écrivain humaniste et dramaturge à ses heures, auteur de nombreux ouvrages publiés en France, fut un collectionneur éclairé dont la propre légende aime à dire qu’il acheta sa première œuvre — une gouache de Pissarro, à l’âge de 18 ans. Études émérites — littérature à Harvard, piano dans la classe de la grande Nadia Boulanger, un pied à Paris, un autre à New-York, étés passés à Venise : au fil du temps, il réunira une ample collection d’art piloté par les seules émotions esthétiques procurées autant par une toile que par une sculpture, par un meuble que par une céramique. De cette exigence naîtra un remarquable patrimoine à l’éclectisme raffiné sinon rare couvrant cinq siècles d’histoire et riche en chefs d’œuvre signés Cranach, Veronese, Van Dyck, Della Robbia, Renoir, Zurbaran, Van Dongen, Dufy, Braque, Sickert, Maillol ou encore Bonnard, son préféré. Sinon, voir et revoir Clouet, auteur du fameux portrait du roi CharlesIX, ici en majesté. Disparu en 2011, sans héritiers directs, Georges Bemberg avait créé sa propre fondation dont il est loisible d’admirer les trésors dans les beaux murs récemment rénovés et agrandis du vénérable Hôtel d’Assézat.

Par Pierre Léonforte
Photos

L’HÔTEL D’ASSÉZAT : UN JOYAU ARCHITECTURAL

Avant d’abriter les collections d’art de la Fondation Bemberg, l’Hôtel d’Assézat connut une destinée mouvementée. Érigé dans un pur style Renaissance au milieu du XVIe siècle par l’architecte toulousain Nicolas Bachelier, cet édifice avait été commandité par Pierre II d’Assézat (1515-1581) dont la fortune devait tout à la production du pastel, « or bleu » cher à l’industrie teinturière occitane. Par ailleurs trésorier personnel d’Éléonore d’Autriche, seconde épouse du roi François Ier, puis capitoul, Assézat verra son influence politique oblitérée par les guerres de religion. Protestant, il sera banni de Toulouse pendant une dizaine d’années, exilé dans le Bordelais jusqu’à sa grâce, accordée en 1572. Son hôtel, restera ensuite propriété de ses descendants deux siècles encore jusqu’à passer aux mains du baron de Puymaurin qui le rénovera dans le goût de l’époque avant de le revendre en 1791 à une société commerciale spécialisée dans les essences de bois précieuses et les objets exotiques. Nouveau propriétaire cent ans plus tard, en 1895, en la personne du banquier-mécène Théodore Ozenne qui, nonobstant une restauration nouvelle, cèdera l’ensemble à la ville de Toulouse pour y loger, alors dispersées en ville, sociétés savantes et académies dont la vénérable Académie des Jeux Floraux (poésie), fondée en … 1323 ! Un autre siècle passera et la Fondation rejoint les académies qui demeurent dans les lieux. Briques rouges et pierres de taille : l’allure générale de l’Hôtel d’Assézat demeure un manifeste du style Renaissance. Évidemment classé, l’édifice a récemment été livré à un chantier de rénovation à la fois technique et muséographique piloté par l’architecte Philippe Pumain avec Jean-Louis Ribière, architecte-en-chef des Monuments Historiques. Trois années de fermeture pour mener à bien ce projet, soldé par une réouverture au public voilà quelques mois. Et porteur d’une nouvelle muséologie prolongée par de nouveaux espaces d’exposition sous la direction d’Ana Debenedetti , en qualité de directrice de la Fondation depuis juillet 2022.

UNE COLLECTION DE COLLECTIONS

Inaugurée en 1995, la Fondation Bemberg dévoila dès lors ses trésors déposés comme autant de dons et legs, comme on découvrait et visitait, chargée d’un décorum ad hoc, la maison d’un collectionneur. Exit les toiles imprimées tendues sur les murs, les accrochages dictés par des règles devenues obsolètes. Nouvelle palette de couleurs murales unies, nouvelles vitrines, nouvelle distribution des pièces exposées selon la hiérarchie originelle : la peinture ancienne de la fin du XVe siècle à la Monarchie de Juillet au premier étage ; la peinture moderne et les avant-gardes au second avec une trentaine d’œuvres de Bonnard. À ces deux «époques » s’ajoutent la collection d’objets d’art français et italiens du XVIe siècle, celle d’un fabuleux mobilier, depuis la Renaissance jusqu’au XVIIIe siècle et celle des sculptures -terres-cuites, bronze. Un ensemble de surcroît enrichi par une politique d’acquisitions soutenue par une présidence de la Fondation assurée par Alfred Pacquement et par sa nouvelle directrice, Ana Debenedetti. Cette dernière, passionnée par la Renaissance italienne, a auparavant œuvré au Victoria & Albert à Londres, au musée Jacquemart-André à Paris et à l’Hôtel Caumont à Aix-en-Provence. Sous sa tutelle éclairée, la Fondation Bemberg organise également des expositions temporaires montrées dans les trois nouvelles salles aménagées à dessein aux rez-de-chaussée et sous-sol de l’Hôtel d’Assézat. Ainsi, jusqu’au 24 novembre prochain, elle donne à voir une exposition de photographies au titre évocateur « Les paradis latins : étoiles sud-américaines».

PUBLICATION DES BANCS

Basée à Lausanne et forte d’un renom international, la fameuse école de design suisse ÉCAL a toujours multiplié initiatives et concours. Entre autres, celui organisé pour le Musée Picasso à Paris. Objet : dessiner des assises destinées au public en visite. Lauréate : la designer Isabelle Baudraz pour son banc Muse, en chêne, modulable, emboîtable, produit en 2017 par la maison Tectona. C’est ce même banc qui, depuis sa réouverture, permet aux visiteurs de la Fondation Bemberg, de s’accorder une pause assise au fil des salles. Ana Debenedetti l’avait repéré au magasin Tectona « Ce n’est que dans un second temps que je l’ai vu au musée Picasso à Paris ! » précise-t’elle.

BANC 110 CM

COLLECTION MUSE

1 610 €

dont taxe éco-mobilier : 1,20 €

110 × 46 cm

BANC 75 CM

COLLECTION MUSE

1 180 €

dont taxe éco-mobilier : 1,20 €

75 × 46 cm

COFFRE ALADIN

De prochaines chutes de neige annoncées ? Le coffre Aladin vous permet de mettre rapidement à l’abri les coussins de votre mobilier de jardin. Il est muni d’une serrure permettant de le fermer à clé et d’un système de retenue pour éviter que le couvercle ne se referme brutalement.

COFFRE RECTANGULAIRE

4 480 € 132 × 74 cm

Dont taxe éco-mobilier : 4,20€

Dont taxe éco-mobilier : 0,66€ .01

FAUTEUIL BRIDGE EXETER

Idéal pour lire ou pour mener de grandes discussions, confortablement installé au coin du feu, ce fauteuil bridge s’intègre autant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la maison. Son assise généreuse est surmontée par un dossier aux lignes courbes et enveloppantes, allégées par la disposition en claire-voie des lattes de teck.

FAUTEUIL BRIDGE

1 290 € 64 × 55 cm

CANAPÉ MODULABLE EXETER

Composé de modules d’angle et d’assises, cet élégant canapé s’agrandit selon les besoins ou les envies. Dédié au confort, il offre des assises larges accueillant des coussins à la profondeur idéale. Sa silhouette met en valeur la beauté du teck, travaillé ici en sections épaisses avec, en particulier, les pieds réalisés d’un seul tenant.

BANC 1800

Sa seule présence suffit à procurer une touche d’élégance à son environnement. Son style néoclassique emprunté au Directoire se prête autant à la vie en plein air qu’à un salon d’intérieur. Réalisé en aluminium, ses lignes sont agrémentées d’un décor à la fois sobre et discret. Il est disponible en deux couleurs, soit en noir, soit en bleu-gris.

CANAPÉ EXETER

De retour d’une balade chaussé de raquettes ou de skis, une halte s’impose pour profiter de la beauté du paysage. L’assise profonde et légèrement oblique de ce banc, à laquelle répond la hauteur de son dossier, lui aussi doucement incliné, invitent à un long moment de relaxation.

CANAPÉ

2 290 €

180 × 70 cm

Dont taxe éco-mobilier 3,14€

FAUTEUIL BAS GOA

Le secret du confort de ce fauteuil se cache dans la discrétion du système permettant d’incliner son dossier selon deux positions, l’une pour lire ou deviser, l’autre pour se laisser aller à la rêverie ! Quant à la profondeur des coussins, elle participe pleinement à la sensation de bien-être douillet procurée par ce fauteuil.

FAUTEUIL BAS

1 740 €

73 × 84 cm

Dont taxe éco-mobilier : 1,50€

Italie

Portugal

Autres pays

Magasins

Paris

36 rue du Bac 75007 Paris

Tél. +33 1 47 03 38 05 paris@tectona.fr

Lyon

8 rue Antoine de Saint Exupéry 69002 Lyon

Tél. +33 4 78 37 05 05 lyon@tectona.fr

Saint-Rémy de Provence 7 avenue Albin Gilles 13210 Saint-Rémy de Provence

Tél. +33 4 32 62 05 05 saintremy@tectona.fr

Vallauris

3015 chemin Saint-Bernard 06225 Vallauris

Tél. +33 4 92 96 92 29 vallauris@tectona.fr

Magasin

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Avenue Viollier 4 1260 Nyon

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Marion Guéroult mg@tectona.fr + 33 7 86 34 21 99

Mireille Vosgien Région PACA m.vosgien@tectona.fr + 33 6 84 95 99 42

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Marion Guéroult mg@tectona.fr + 33 7 86 34 21 99 France Suisse Espagne

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