Magazine des Templiers 2017

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templiers LE MAGAZINE DES

Grand Trail et Grands Causses — M I L L A U - AV E Y R O N —



EDITO

LE CRAYON EST BIEN TAILLE Chaque année, la page est blanche. Comme un grand drap tendu, sans un pli. Chaque année, le crayon est bien taillé. Il n’y a plus qu’à griffonner. Chaque année, il y a ce grand vide, à noircir cette feuille blanche, d’un trait hésitant, puis délié, parfois d’une écriture bâclée, indéchiffrable. Chaque année, il y a ce crayon à épointer, car il y a des ratés et des ratures, des coups de gomme et des coups de gueule. Cela ne va pas toujours de soi, mais on ne s’échappe pas. Puis au fil des mois, les mots trouvent du sens, entre chaque mot des silences, des pauses, des interrogations, des reculades. Conjugaisons des circonstances, de l’essentiel Puis au fil des semaines, les phrases s’alignent, une nouvelle histoire s’écrit, celle des Templiers. Avec des bouts de rien, souvent des intuitions, des envies, mais aussi des chiffres qui s’ajoutent, d’autres qui se décomptent, arithmétique de l’organisation, calcul froid, souvent complexe. Le doute peut gagner, il faut résister. Puis au fil des jours, des chemins renaissent, la broussaille cède sous le coupant de la cisaille, le Causse s’offre une parure, des piles s’empilent, rectilignes, en ligne, des bénévoles émoustillés sortent de l’ombre, la lumière fait jour. Enfin. Car ce n’est plus le temps de se poser les mauvaises questions. Le cap est donné, les sentiers sont tracés, on ne compte plus en kilos mais en tonnes. Il n’y a plus rien de futile, il y a des réunions justes utiles, pour se dire l’essentiel, pour dire merci à ceux qui s’époumonent ainsi. Il y a bien des instants fragiles. Heureusement, il y a des instants graciles à marcher sur ce fil invisible. Il n’y a plus de nuits tranquilles. Nous sommes en veille. Nous franchissons parfois le mur du son. Heureusement, les Grands Causses nous donnent de la passion, de la raison. Ils attisent ce grain de folie. Chaque année, l’histoire des Templiers est à écrire. Avec un peu de nous, beaucoup de vous, de nos aspirations, de vos inspirations. Le crayon est déjà bien taillé. Il n’y a plus qu’à griffonner. — Gilles Bertrand et l’équipe d’organisation —

LE MAGAZINE DES TEMPLIERS Editeur : Eldorun - 11 impasse du Rajol - 12100 Millau - Directeur de publication : Gilles Bertrand - Direction artistique : Arnaud Sauveplane - Monochrome - Rédaction : Gilles Bertrand - Odile Baudrier - Photos : Gilles Bertrand - Greg Alric Port Folios : Gilles Bertrand - Greg Alric - Impression : CEE - Date de parution : juin 2017 - GRATUIT - NE PEUT ÊTRE VENDU


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J’AURAIS TANT A DIRE En balcon, sans paravent, je sens le vent La pierre est froide, lumineuse, je sens le temps J’aime l’odeur de la résine Elle me colle aux narines Je touche, j’effleure l’écorce Je m’appuie, je m’étire, j’y puise des forces Je balaye l’horizon, je résiste, je sauterai à pieds joints J’ouvre les mains, je ne le saisis point, Je cherche des mirages Je ne crains pas les dommages Je me laisse griffer, caresser, scarifier, Je me sens asséché, enivré, enfin apaisé J’avais tant à prédire, J’aurais tant à dire J’espérais tant finir, pour se laisser envahir

— Photographies réalisées en 2016 par Greg Alric —


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QUI ES-TU ? PORTRAIT ROBOT

Qui est le coureur du Grand Trail des Templiers ? Pour la 2ème fois, nous avons questionné les participants inscrits pour cette nouvelle édition, pour tenter de définir un Portrait Robot, reflétant la pratique de ces trailers, et leurs habitudes.

Il a à peine plus de 40 ans, et s’affirme comme un homme connecté. En deux phrases, voici un résumé très succinct de "Monsieur Grand Trail des Templiers". Le "Monsieur" s’impose, il n’y a (malheureusement !) que 8% des inscrits qui sont des femmes. Ce "Grand Trailer" n’est pas un "ancien" de la course à pied, et encore moins du trail. Derrière lui, une moyenne de 11 ans de pratique de ce sport, et un peu plus de 5 ans en immersion dans le trail. Ils sont même plus de 45% à avoir basculé vers le trail depuis moins de 4 ans. Et très logiquement, le Grand Trail des Templiers sera une grande première pour 72% des participants ! Pour ce grand saut dans l’inconnu, ces trailers se préparent au rythme moyen de 4 séances par semaine, avec tout de même plus du 1/3 d’entre eux qui dépassent ce nombre, qu’on peut qualifier de minimum syndical. Le jour J, ils plébisciteront les bâtons pour mieux absorber les côtes, les poches à eau type Camelbak pour parfaitement s’hydrater. Mais ils seront aussi nombreux à prendre le départ, casque sur la tête, 20% courront en écoutant de la musique, et surtout appareil photo ou téléphone dans la poche pour immortaliser leur course. Ils seront même plus de 10% à poster en direct sur Facebook les photos prises tout au long du parcours. Les autres seront plus patients, ils attendront après la ligne d’arrivée pour le relais vers le géant des réseaux sociaux, ils sont plus de 70% à posséder un compte Facebook. Cet attrait de la connexion s’étale tous azimuts, ils sont plus de 30% à utiliser "Strava" pour y installer leurs parcours d’entraînement, et ils seront presque tous munis d’un GPS au départ de la course. Cet outil leur fournira tous les détails techniques pour analyser leur compétition a posteriori, les photos prises immortaliseront leur périple, et surtout, les souvenirs ancrés dans leur mémoire les imprègneront longtemps de cette aventure…

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Je suis

8%

UNE FEMME

92% UN HOMME

41 et 7 mois

C’est l’âge moyen des coureurs du Grand Trail des Templiers (76 km).

72%

des coureurs seront au départ pour leur premier Grand Trail des Templiers (76 km) en 2017.

5,4

C’est le nombre moyen d’années de pratique du trail. > Moins de 2 ans : 25.97% > De 3 à 4 ans : 29.83% > De 5 à 6 ans : 20.72% > De 7 à 8 ans : 5.55% > De 9 à 10 ans : 9.32% > Plus de 10 ans : 8.56%

11 ANS

C’est le nombre moyen d’années de pratique de la course à pied. > Moins de 5 ans : 33.61% > De 6 à 10 ans : 33.62% > Plus de 11 ans : 32.77%

4,7

C’est le nombre moyen de courses sur route disputées par an. > Aucune : 17.13% > Moins de 5 : 48.34% > De 5 à 10 : 27.07% > Plus de 10 : 6.95%

42'43"

C’est le temps moyen des coureurs des Templiers sur 10 km route. > Sur 21 km : 1h 37’ > Sur marathon : 3h 34’

4

C’est le nombre de séances courues chaque semaine pour préparer les Templiers (76 km). > 3 à 4 fois : 61 % > 4 à 5 fois : 26.5% > Plus de 6 fois : 8.5%

15%

des coureurs seront au départ pour la seconde fois aux Grand Trail des Templiers (76 km) en 2017. > 2 fois : 3.59% > 3 fois : 2.49% > 4 fois : 2.21% > Entre 5 et 10 fois : 2.21% > Plus de 11 fois : 1.38%

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56

C’est le pourcentage des coureurs disputant les Templiers avec des bâtons. > 44% courent sans bâtons

1/5

des coureurs écoutent de la musique en compétition. A l’entraînement, 57% n’écoutent jamais de musique, 21% parfois, 16% souvent, 6% toujours.

41%

des coureurs font des photos pendant la course et 11% d’entre eux postent leurs photos sur Facebook ou Twitter pendant la course.

77

C’est le pourcentage de coureurs disputant les Templiers avec une poche à eau de type Camelbak. > 23% utilisent porte bidons ou flasques.

JE COURS AVEC DES CHAUSSURES > Adidas : 5.2% > Altra : 2% > Asics : 12.1% > Brooks : 12% > Hoka One One : 12.7% > Kalenji : 6.4% > La Sportiva : 5.8% > Mizuno : 6.9% > New Balance : 2.8% > Nike : 1.7% > Salomon : 22.4% > Saucony : 6.9% > Autres : 3,1%

92%

des coureurs utilisent un GPS en compétition.

STRAVA

est utilisé à 32% par les coureurs des Templiers.

72%

des coureurs ont un compte Facebook mais seulement 10% ont un compte Twitter.

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LA COMPTA DES TEMPLIERS

885

à Peyreleau en 30 minutes C’est le nombre de coureurs des Templiers qui, en 2016, sont passés au ravitaillement de Peyreleau entre 8h30 et 9 heures. Ils ont été 77 entre 7h30 et 8 heures, 520 entre 8h et 8h30, 885 entre 8h30 et 9h, 780 entre 9h et 9h30, et 34 entre 9h30 et 10h.

506.936

LE COUPERET AU MOIS DE MARS

6 mars. C’est la date à laquelle a eu lieu la première fermeture des inscriptions pour les épreuves du Festival des Templiers. Le "Marathon des Causses" a eu cet honneur, il enregistre 1020 participants. Ont suivi ensuite le 17 mars la "Boffi Fifty", avec 460 coureurs, le 23 mars la "Mona Lisa", avec 750 inscrits, puis le 29 mars, le "Grand Trail des Templiers", qui comptera 2700 trailers.

13 fois le tour de la Terre 506.936 kilomètres. C’est la distance qui sera parcourue durant le Festival des Templiers par les participants aux 16 épreuves inscrites au programme. Et cela représente tout simplement presque 13 fois le tour de la Terre à l’actif de cette petite armée de coureurs et coureuses…

104.500

une ville comme Brest C’est le nombre total de coureurs qui se sont inscrits à une épreuve du Festival des Templiers en 22 éditions. Soit l’équivalent d’une ville comme Brest ou Bourges…

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100 le plat pays du trail 100 coureurs de Belgique. C’est le pays le plus représenté lors du Festival des Templiers 2017 (France exclus bien sûr !). Un groupe de 30 coureurs représentera le Team Skyrunner Belgique, très actif dans ce pays. Et dans la vingtaine de pays présents, on retrouvera aussi une dizaine de coureurs de Russie et autant de Tunisie.

Deux cents une sacrée PME

200 collaborateurs du groupe Décathlon seront présents sur le Festival des Templiers. Un chiffre témoignant de l’engouement pour cet évènement au sein de ce mastodonte du sport. Parmi eux, 30 personnes travaillant pour Kalenji, la marque running du groupe, partenaire du Festival depuis trois ans, incluant la patronne de la marque, Angélique Thibault, qui après des débuts sur trail sur la Templière il y a deux ans, s’attaquera à la Monna Lisa . Et environ 30 Ambassadeurs venant de toute l’Europe.

585

la jeunesse aime courir 585 jeunes ont disputé le Festival des Templiers 2016. 58 étaient présents sur la KD Trail réservée aux 15-16 ans, et 467 sur les Kinder Trail, destinés aux 6-14 ans. Un record absolu pour les deux courses, et pourtant, il a manqué des dossards… Et l’épreuve réservée aux jeunes du sport adapté a réuni 60 participants, entre 6 et 16 ans.

1326 le trail en nombre C’est le nombre exact d’épreuves de trail et course nature organisées en France en 2017. Un chiffre qui est en baisse par rapport aux années précédentes. La France compte 5286 épreuves hors stade, tous genres confondus, le trail représentant ainsi 25 % des compétitions pédestres.

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3700

le nombre de femmes du Festival 3700 femmes participeront à l’une des épreuves du Festival des Templiers ! Cela représente 30% du peloton total, avec des chiffres variant très fortement selon les distances. Aux deux extrêmes, les 7% de femmes sur l’Endurance Trail et les 100% de la Templière, réservée aux féminines. Autres chiffres intéressants : elles sont 70% à disputer le Trail des Troubadours (13 km), et 10% à s’attaquer au Grand Trail des Templiers. Sans oublier aussi que près de 1800 femmes sont présentes sur la "Belle de Millau", la course-marche organisée en soutien à la Ligue contre le Cancer.

18h 13'29" le temps médian

617

18h 13'29". Le temps médian sur l’Endurance Trail en 2016 : avec 472 coureurs terminant sous ce repère, et 472 au delà. Il avait fallu 10h30 au premier, Benoît Girondel, et 12h53 à Nathalie Enriques, la première femme, pour venir à bout des 100 km et 4910 mètres de dénivelé positif.

la ruche à Rivière

Entre 6h30 et 7 heures le matin, c’est la ruche à Rivière sur Tarn, en 2016, on y a vu passer 671 coureurs de l’Ultra en une demi-heure. Ils ont déjà plus de deux heures de course dans les jambes, il leur en faudra souvent encore plus de 16 heures pour franchir l’arrivée.

3320

la pluridistance

En moyenne, une épreuve de trail (ou course nature) propose dans son programme 2,5 courses. Ainsi, pour l’année 2017, on recense un total de 3320 courses organisées dans le cadre des 1326 épreuves de trail et course nature (ce chiffre ne tient pas compte des courses enfants). En créant l’Endurance Trail, puis la Templière, la VO2, le Marathon des Causses… les Templiers ont ouvert la voie, le pluridistance permettant ainsi à chacun de trouver la course adaptée à son niveau et à ses envies. Un modèle qui fut critiqué en son temps mais qui aujourd’hui est repris avec succès par la majorité des organisateurs.

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24

les abandons

24 abandons sur le Marathon des Causses. Le chiffre est très faible, confirmant que l’épreuve demeure accessible à tous et toutes, et que les coureurs n’ont qu’une envie en prenant le départ : franchir l’arche en bois de l’arrivée… Et la tendance se révèle identique sur toutes les épreuves en-dehors de l’Endurance Ultra Trail et du Grand Trail des Templiers : 23 sur le Marathon du Larzac, et sur l’Intégrale des Causses, 14 sur la Monna Lisa, 6 sur la VO2 Trail, 2 sur les Troubadours, sur le Trail du Viaduc, et sur la Templière.




— TERRITOIRE — p. 24

LA PORTE EST OUVERTE

p. 34

LA COUVERTOIRADE EN EMBUSCADE

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LES SPOTS TEMPLIERS


LA PORTE EST OUVERTE — Photographies "Grands Causses Larzac" réalisées par Gilles Bertrand —


Une doline, une colline, une ravine… On peut rouler dans une vieille dauphine Une baignoire, deux, trois, en enfilade… On peut tomber en rade Du fil de fer, du fil de lin, du fil de laine… On peut perdre haleine Une station essence sous un tilleul… On peut craindre l’âme seule Le rideau est fermé… On peut chercher les clefs Une lavogne, une charogne… On peut être borgne Un Vieux Berger dans le crépuscule du soir… On peut se raconter des histoires Un panneau, baignade interdite… On ne peut pas interdire les rires, les sourires


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LA COUVERTOIRADE EN EMBUSCADE — Photographies : Gilles Bertrand —

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Des grenouilles qui croassent, des poules qui jacassent Pas un souffle de vent, seul le bruissement du village en éveil Sur la colline, un artisan ferraille dans le vieux moulin Dans la doline, un passant promène son chien, pataud, lourdaud Le long des remparts, les volets s’ouvrent Des têtes mal coiffées jettent un œil de crapaud Dans les ruelles, on déplie, on aligne chaises et napperons Au menu, c'est panini, c'est chips, c'est pas chic Le soleil caresse les murs, les passants murmurent, L’église est déjà ouverte, le temps du silence, de la confession La Couvertoirade est déjà en embuscade Porte sud, porte nord, le pavé à caresser pour s’échapper La citadelle s’efface, une buissière s’ouvre, étroite, Cap au cap, des odeurs, des senteurs, pour savourer avec lenteur Pouneuf, Toulousette, Poujoulas, le Mémorial de la Pezade, Le drapeau sur son mat blanc est en berne Le rocher est tourmenté, torturé, trituré Le rocher est en souffrance, en résistance D’un violet cardinal, l’anémone est impériale La terre des Templiers est cambrée, en courbes déliées On peut en jouer

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Porte sud, porte nord, le pavé à caresser pour s’échapper

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Cap au cap, des odeurs, des senteurs, pour savourer avec lenteur


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LES SPOTS TEMPLIERS

Sur les sentiers des Templiers, au départ des citadelles moyenâgeuses magnifiquement préservées, voici quatre parcours permettant de découvrir ce territoire d’exception, pour s’imprégner d’une histoire, pour prendre le pouls d’une course, l’Hivernale des Templiers. Une nouvelle aventure proposée le 3 décembre 2017, par l’organisation des Templiers et qui aura l’étoffe de ce patrimoine, rustique et authentique.

DANS LES PAS DES TEMPLIERS Sous la porte nord de l’enceinte de cette cité Templière (le même départ que pour l’Astragale organisée dans le cadre de l’Hivernale des Templiers), voilà bien un départ symbolique pour ce circuit qui fait le "plein de causse". Certes, il n’y a aucune difficulté majeure mais là n’est pas le but. L’essentiel est de se fondre dans cet univers qui fut au Moyen Âge l’une des places fortes des Templiers qui, au XIIème siècle, s’installent sur ce plateau.

homs gaillac Le Mas gauzin

La Couvertoirade DÉPART-ARRIVÉE


Il faut se laisser aspirer par ces belles pistes slalomant au pied des "serres" et des "puechs". On se familiarise avec l’architecture caussenarde à Gaillac, aux Homs à Mas Gauzin, des hameaux totalement isolés. C’est le royaume des randos équestres mais c’est également un très beau territoire de trail avec comme ligne de partage, la petite vallée de la Virenque, très méconnue, un ruisseau sec qui parfois se met en colère en temps de fortes pluies cévenoles. Celle-ci se traverse au niveau de la Perte de la Virenque (les Templiers 1998 sont passés là !) puis elle se longe plein sud pour revenir sur la cité médiévale qui mérite à elle seule une longue visite sur les remparts.

Plus d'infos > Distance : 20,5 km > Dénivelé : 370 m + > Temps : 1h 45 à 2h 50 > Point d’eau : Gaillac (prudence avec les cavaliers et les chevaux du centre équestre), Homs, Mas Gauzin > Caractéristiques : parcours bien balisé (en partie sur le GR 71), attention à la chaleur l’été

A acheter

Nombreuses boutiques d’artisanat à La Couvertoirade

A visiter

La citadelle de la Couvertoirade, l’aven du Luc (ancienne cave fromagère du Luc accessible par un long tunnel - grande prudence, lampe frontale obligatoire)

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SUR LES TRACES DE L’ASTRAGALE Moins prestigieuse que Ste Eulalie et La Couvertoirade, la tour fortifiée magnifiquement préservé du Viala du Pas de Jaux n’en reste pas moins un élément architectural intéressant de cette histoire templière. Cette bâtisse fut érigée milieu du XVème siècle pour se protéger des pillards. En effet, ce village est l’un des greniers pour ce territoire des Templiers. C’est donc le point de départ pour une belle escapade sur une zone méconnue du causse (théâtre de l’Hivernale des Templiers). Il faut saluer ici le beau travail de balisage des randonneurs de Lapanouse de Cernon. On s’appuie ainsi sur un réseau de sentiers forts méconnus mais très sauvages cheminant dans des chaos rocheux de la zone du Ségalasse, de Causse Vieil et du Fajas où l’on peut admirer la belle grotte des Maquisards. Pour ceux désirant mettre du dénivelé dans cette boucle, on peut allonger celle-ci en plongeant dans la vallée du Cernon jusqu’à l’ancienne gare de Labastide Pradines et remonter par le sentier du Roc de Fabre (bien balisé et bien cartographié).

Plus d'infos

train touristique du larzac

> Distance : 18 km > Dénivelé : 480 m + > Temps : 1h 30 à 2h 30 > Point d’eau : aucun > Caractéristiques : sur la zone nord du parcours (Ségalasse, bassy, Fajas), bien suivre le balisage sentier de pays marques jaunes

A visiter

La Tour Grenier avec belle vue sur le causse lorsque l’on monte au sommet de la tour et son chemin de ronde. Vélo Rail à Ste Eulalie de Cernon sur l’ancienne voie de chemin de fer

dolmen de coste plane

viala du pas de jaux DÉPART-ARRIVÉE


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DE REMPART EN REMPART Quoi de plus naturel que ce circuit pour se fondre pleinement dans l’histoire des Templiers. Car celle-ci permet de découvrir deux places fortes du Larzac, la Cavalerie et la commanderie de Ste Eulalie de Cernon d’où se structurera l’Ordre des Templiers. Le GR71 permet de quitter rapidement les remparts de La Cavalerie pour rejoindre le Puech de Mus. On domine rapidement le plateau pour foncer sur Ste Eulalie que l’on peut admirer, se nichant dans cette large vallée. Il faut prendre le temps d’une halte pour cheminer dans les ruelles, les voûtes, les remparts. Et on remet le cap sur La Cavalerie par une côte qui fut, en 1995 et 1996, le départ des deux premières éditions des Templiers. Une difficulté vite avalée pour rejoindre cette commanderie fortifiée, restaurée sur plus d’une décade, pour lui redonner toute sa puissance.

la cavalerie

DÉPART-ARRIVÉE

puech de mus Plus d'infos

ste eulalie de cernon

> Distance : 12 km > Dénivelé : 260 m + > Temps : 1h à 1h 45 > Point d’eau : Ste Eulalie de Cernon > Caractéristiques : très accessible à tous

A visiter

Les ruelles, les remparts des deux cités, sans oublier les ateliers des artisans locaux. Le reptilarium de Ste Eulalie. La biscuiterie des Templiers. Vélo Rail à Ste Eulalie de Cernon sur l’ancienne voie de chemin de fer. la visite de la ferme du Frayssinet

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AU VILLAGE GAULOIS St Jean d’Alcas n’est pas un village Templiers. Mais son architecture générale, son enceinte érigée au Moyen-Âge pour que les villageois et leurs troupeaux puissent se protéger des brigands de grands chemins, son église fortifiée autorisent par similitude à rattacher ce lieu historique aux autres cités templières du plateau du Larzac. Ce circuit nous excentre des Grands Causses, nous sommes ici sur les derniers soubresauts plongeant sur la vallée de la Sorgue, entaillée elle-même de petits ravins profonds comme le Verzolet ou le Vialache. Ce paysage très contrasté entre causse et vallées permet une belle rando-trail pour découvrir un lieu caché du Parc Régional des Grands Causses, loin des circuits classiques. Pour autant, il ne manque pas de charme. Tout d’abord, ce village de St Jean d’Alcas, ce fort cistérien et ses ruelles pavées, comme point de départ et d’accueil. Puis la petite vallée du Versols et son moulin de Gauty. On prend alors un peu d’altitude pour mettre un cap sur le hameau de Hermilix qui fait penser à un village gaulois, Astérix n’est pas loin !!! LE MAGAZINE DES TEMPLIERS 2017 - 47


St Jean d'alcas Hermilix

DÉPART-ARRIVÉE

foret domaniale de la sorgue mont grand

versols

Un peu de potion magique et on dévale le ravin du Sayssou aux portes du village de Versols. Une deuxième rasade et hop ! On grimpe le Mont Grand et ses 300 m de dénivelé positif. De là, belle traversée de la forêt de la Sorgue avec quelques changements directionnels nécessitant un peu de prudence (carte ou GPS indispensable) et c’est le retour au village pour y déguster une pascadou, la crêpe locale.

Plus d'infos > Distance : 22 km > Dénivelé : 640 m + > Temps : 2h à 3h > Point d’eau : au village de Versols

A visiter

La citadelle de St Jean d’Alcas, la ferme d’Alcas (on put même y dormir dans une roulotte), l’espace botanique de l’abbé Costes à St Paul des Fonds

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— PASSION — p. 52

TOUT PART DE LA TERRE

p. 56

LE CAUSSE, ON NE LE CONNAIT JAMAIS

p. 60 p. 42

LA JASSE, MON CHEZ MOI LE LARZAC, MON CHEZ NOUS

p. 64

LE FEU, C'EST MYSTÉRIEUX

p. 68 p. 42

CAUSSE GANTIER, L’EXIGENCE DANS LA TRADITION ET LA MODERNITÉ


IR

TOUT PART

TERRO

DE LA TERRE

Maël Alric aurait pu choisir de devenir un excellent coureur de 3000 mètres steeple, il en avait le potentiel, un niveau athlétique qui lui aurait permis de s’exprimer également sur les chemins du trail, là aussi au plus haut niveau. Il a choisi au final une vie plus paisible. Il est devenu agriculteur-éleveur aux côtés de ses parents à la ferme de Salze. Rencontre. — Texte et photographies : Gilles Bertrand —

17h 30, la discussion s’était attardée sur cette terrasse ensoleillée, à boire un jus de raisin onctueux, un chat noir nous observant par le carreau d’une fenêtre. La traite des brebis prenait fin, il était temps de libérer le troupeau dans un carré de verdure adossé au Dourdou, cette petite rivière roulant des eaux tranquilles, se languissant, comme une vipère au soleil, avant de venir mourir en aval dans les tourbillons du Tarn. Jean-Marc et Maël ont tiré les battants, les brebis ont jailli dans la lumière, impétueuses et cavalières, bêlantes et primesautières. Maël, le bâton à la main, de conduire le troupeau en contrebas de la ferme, à grandes enjambées dans cette herbe fraîche, de dire : "elles ne sont pas contentes, elles aimeraient un terrain avec uniquement du trèfle. C’est ça qu’elles aiment".

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La nature était éclatante. A vif, des couleurs d’une pureté absolue, sans nuance, sans cache, ni tromperie, du vert à croquer, du jaune d’or à savourer, illuminant ces collines du Rougier. Au loin un tracteur fauche dans la pente, Maël de se retourner "tu vois le sommet de la colline ? Il y a un arbre seul. C’est là que j’aimerais construire ma maison". Maël Alric a fait un choix de vie. Revenir vivre ici aux côtés de ses parents, Jean Marc et Laurence, à la ferme de Salze, dans cette vallée du Dourdou paisible et chatoyante, à un jet de caillou du ruisseau du Len où les truites fario, l’été venu, viennent se mettre au frais. Maël l’explique simplement "J’étais enfant d’agriculteurs mais finalement, je suis arrivé tardivement sur la ferme, à cause du sport" et


d’affirmer "oui, c’est un retour aux sources, cela s’est fait naturellement. J’ai réalisé que je ne voulais pas vivre en ville. J’avais besoin de campagne". Sa campagne, c’est donc cette vallée où, dans ces méandres tortueux, s’accrochent fermes et villages, les Ardalièes, Calmels, le Viala du Dourdou, St-Izaire et sa forteresse médiévale. La ferme de Salze, c’est une belle bâtisse construite en 1949, au bord d’une ancienne voie ferrée sur laquelle jamais un train n’est venu siffler. L’ongle Antoine y fut agriculteur, puis le grand-père André et enfin le couple Jean-Marc et Laurence reprenant l’exploitation en 1984. Sur 60 hectares, on y fait du maïs semence et du lait pour Roquefort, c’est la tradition. Depuis 40 ans il en est ainsi dans ces vertes prairies où la brebis Lacaune est reine. Mais milieu des années 2000, le jeune couple d’éleveurs réfléchit à un avenir meilleur. Laurence se forme à la fabrication des fromages, les premières tomes s’affinent dans le silence des espérances. S’affranchir de la RAGT, c’est l’autre défi à relever. L’industriel-semencier impose ses règles et son diktat, Jean-Marc et Laurence disent stop pour changer de cap. En 2011, ils construisent ainsi une fromagerie. Les terres passent au bio cette année-là et le troupeau en 2015. La première saison, leurs objectifs sont modestes, Maël se souvient "mes parents s’étaient fixés 160 yaourts vendus la première semaine, ils ont fait 330. Puis, on est passé à 800. Aujourd’hui, dans notre cinquième année, nous sommes à 2000 - 2500 semaine". Ce projet d’entrevoir un mode d’exploitation différent des schémas agro-industriels est finalement directeur pour que Maël, le fils aîné, revienne au bercail et dise non à l’athlétisme de haut niveau. Car ce jeune coureur détecté par Rémy Dupuis au club de St Affrique est bien l’un des espoirs du demi-fond français. Très tôt, il rejoint le pôle d’Albi dirigé par Michel Molinié. Il y bénéficie d’un aménagement pour suivre études en fac de biologie et

entraînement intensif. En 2009, il est sacré champion de France juniors sur 3000 mètres steeple, l’année suivante, il réalise 8’49’’55 et se classe second au France espoir sur cette même distance. Il loupe de peu sa sélection pour les Europe mais un avenir se met à vibrer dans le clapot des eaux du steeple. Un temps de 8’30’’-8’35’’ est même envisagé et programmé pour l’année suivante. Mais une blessure survenue lors d’un stage organisé à Rabat au Maroc lui met le doute "on étudiait à ce moment là le génome, la génétique, moi, j’étais plus sur l’amour de la terre". Il ajoute "j’ai le caractère d’un Aveyronnais et d’un Breton car ma mère est originaire du Morbihan. Moi, c’est tout ou rien. Sur un coup de tête, j’ai tout arrêté, même la fac. J’ai dit stop au haut niveau car je ne pouvais plus souffrir comme cela dans les séances". Il ajoute même "l’athlé m’a privé de mon adolescence". Aujourd’hui, il court pour son plaisir, du triathlon, des duathlons, du trail en priorité, il ne pouvait y échapper "dans un objectif de découverte, pour partager quelque chose de ma passion". Il est même devenu organisateur du Rasp E Trail, là où le Tarn prend la taille d’un fleuve encastré dans un immense défilé. Rentrée 2015, il s’assoit sur les bancs de La Cazotte, le lycée agricole de St Affrique pour apprendre à devenir "chef d’exploitation". Une formation très théorique qui le déçoit, seuls les stages lui mettent les deux pieds dans le fumier, la fourche à la main. Il apprend ainsi le métier à la ferme d’Eygalières chez Laurent Reversat, militant connu de la Confédération Paysanne, lui aussi passé au bio et aux traitements à base d’huiles essentielles. L’aventure peut débuter. Il est 18 heures, le troupeau est en semi-liberté à portée de vue de la ferme. Nous plaisantons sur le loup qui n’est pas encore venu chasser sur ces terres éloignées du causse, Jean-Marc de faire remarquer en pointant du regard ces collines boisées "il aurait de quoi se cacher".

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Laurence, elle, est dans son laboratoire, bottes blanches aux pieds, charlotte sur la tête. La journée s’étire, elle s’est postée devant un large évier, un pistolet à eau à la main, elle précise "quand on aime son travail, on ne compte pas ses heures". Pourtant les Alric ont douté plus que mesure sur leur avenir comme exploitants agricoles. Maël se souvient "ils sont heureux de leur vie, mais ils en ont bavé. Aujourd’hui, les décisions prises représentent vraiment notre façon de vivre. Nous sommes responsables de nos propres décisions. C’est ce qui m’a séduit dans ce projet". Aujourd’hui, sur les pots de yaourts, le prénom de Maël a rejoint ceux de JeanMarc et Laurence Alric. Le nouvel associé au GAEC de Salze l’affirme "je ne peux pas être à côté de mes parents sans donner mon opinion". Son ambition "faire prospérer la ferme mais qu’elle reste une petite ferme familiale". Deux chantiers sont engagés, l’arrivée prochaine d’une conditionneuse mais surtout la construction d’une grange dédiée au séchage du foin. Montant de l’investissement, 300 000 euros, pour améliorer la qualité du fourrage et in fine la qualité du lait. A 27 ans, on ne peut concevoir le travail comme autrefois, Maël le paysan, il n’est pas choqué qu’on l’appelle ainsi, est un jeune homme aux commandes de son temps. Peut-être même l’archétype du paysan d’aujourd’hui, respectueux de la terre, voyageur, ultra connecté pour développer son réseau commercial, un brin romantique comme lorsqu’il raconte comment il a connu son amie Lara, gendarme à Broquiès "elle était cliente de la fromagerie. Je lui ai écrit une lettre et quand je faisais du vélo, je la prenais avec moi. Un jour, j’ai vu sa voiture et j’ai posé la lettre sur le pare brise". Sur les bords du Dourdou, l’eau est calme, d’un rose laiteux, du bord sablonneux, Maël peut jeter des cailloux plats, faire des ronds et penser fort. Son vœu le plus précieux, c’est arracher le meilleur de la terre, le transformer en une saveur. Cela lui fait dire "tout part de la terre". C’est sans appel. GAEC de Salze : route de Broquiès - St Izaire (vente à la ferme) Rasp E Trail : 8 octobre 2017 - Le Truel - 10 et 21 km - Infos : raspetrail.wixsite.com/acsa

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TERRO

LE CAUSSE,

ON NE LE CONNAIT JAMAIS Dans le village de la Roque Sainte Marguerite se cache l’une des dernières auberges des grands causses. Hervé et Annie Bosch tiennent ce lieu où le pascadou est servi aux randonneurs et trailers de passage. C’est également un espace de rencontres où Hervé Bosch, grand spéléologue, vous racontera le pays, son païs, ses découvertes et sa passion pour l’histoire de ces hommes et femmes qui ont façonné cette terre. Rencontre. — Texte et photographies : Gilles Bertrand — Petite leçon linguistique, premier pas dans cette langue occitane. Le "Roc Banut", cela signifie le "rocher cornu". En patois local, l’hort del tabac, cela se traduit par "le jardin du tabac". Nous nous étions assis à une grande table de bois vernis. La lumière était sombre, les deux grandes portes vitrées pourtant restées ouvertes, une manière de dire "rentrez, rentrez !!". L’air était frais pour la saison. Le chien, Laïka de son nom, sommeillait, alangui sous une chaise. Voilà comment débutait cette rencontre avec Hervé Bosch. Hervé Bosch est aubergiste à La Roque Sainte Marguerite, ce village pincé dans la vallée de la Dourbie entre Causse Noir et Larzac, au débouché du Riou Sec et couronnée au Nord par les falaises de Montpellier le Vieux et à l’Est par les quilles du Rajol. Cet homme est grand, des mains larges et puissantes à casser des noix entre le 56 - LE MAGAZINE DES TEMPLIERS 2017

pouce et l’index. Il vous regarde penché comme s’il avait tant et tant écouté le vent d’autan hurler, comme s’il avait recueilli la confession de tout un monde, ce monde clos, celui d’un canton, d’un mouchoir de poche où l’on fait des nœuds aux quatre coins pour que la mémoire des lieux, des vieux ne s’estompe pas avec le temps. Il n’aime pas qu’on lui dise qu’il est un peu l’historien du village, il dit plus simplement "je suis un observateur. Je note tout dans des cahiers. Je compile des notes, des documents". L’hort del tabac, il en connaît l’histoire lorsque les hommes du village produisaient du tabac en toute illégalité sur le Causse du Rajol, juste au-dessus du Roc Banut, dans un rond de verdure en liberté, enserré dans ce chaos rocheux. L’histoire de la Farinelle, il veut bien la raconter. Mais il met en garde "on ne peut pas être amoureux d’un pays si on ne comprend pas la langue". Côté traduction


"la Farinelle…" il marque un temps d’arrêt… "personne ne s’est mis d’accord. Etait-ce en lien avec la production d’une mauvaise farine ? Moi, je pense que c’était lié à la couleur de la falaise". La farinelle, c’est cette petite ruine construite sur un replat, dominant la vallée et le village. Fin du XIXème siècle, une vieille dame y vivait encore "une dame imposante. Elle descendait une fois par an sur un mulet. Pour la Sainte Marguerite, le jour de la procession. Elle passait la journée au village puis elle remontait". A cette époque, ces familles accrochées à ces pentes sèches vivent de rien, de la pêche, de la cueillette, de quelques brebis et chèvres, parfois mineurs dans les trous de lignites, parfois récupérateurs d’écorces de chêne, les ruscaïres, pour le tannage des peaux. Cette curiosité pour ce monde clos, secret, Hervé Bosch la cultive depuis qu’il est gamin. Sans le savoir. Des histoires qui l’imprègnent, comme des emplâtres à diffusion lente. Les soirs d’été, le jeune Hervé se colle aux vieux qui égrènent en chapelet le passé en buvant un vin aigre.

Fin des années cinquante, le temps des maquisards est encore à vif dans les esprits, la débâcle, la Libération proche, les dernières fusillades et tout un village qui se réfugie dans la grotte des 3 Trous pour éviter les balles perdues. Cela forge un imaginaire. Hervé Bosch découvre cette grotte des 3 Trous à l’âge de 7 ans. Elle se cache derrière le village à un cri de moineau du clocher de l’église. Mais pour ce club des 4, ils sont 4 à tenter l’aventure, c’est largement suffisant pour se faire peur. Il raconte "nous ressentions encore les effets de la guerre. On avait un vélo pour tous, pas de ballon, pas de terrain de foot". Alors les gamins traînent dans les travers, dans ces terrasses élevées à la force du poignet comme des murailles de Chine, sur ce Causse truffé de cavités et autres avens, à sentir l’air frais jaillir des brisures de la roche. Une passion prend forme, il sera spéléologue. Une passion dévorante, obsessionnelle, comme aspiré par le vide, à la conquête éternelle d’une Sagrada Familia secrète, restée cachée dans les entrailles du causse.

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Avec son épouse Annie, il compte en un demi-siècle d’exploration, 100 découvertes, de la barrière de Ganges au Causse de Mende mais également au Mexique, en Suisse, des premières qu’il nomme du nom de ses enfants, petits-enfants, toute la famille y passe, même ses chiens, comme l’aven Titou connu de ceux qui traînent dans les boyaux du Causse entre L’Hospitalet et la Blaquerie. La dernière en date, c’était il y a peu, du côté de Revens "ça sentait bon, on était attiré, c’est inexplicable, c’est une intuition". Mais évidemment, c’est l’Aven Noir qui hante ses nuits, cette gigantesque cavité percée par Roland Pélissier, la découverte du siècle, Hervé et Annie seront de l’aventure, partageant, quatre années durant, cette longue exploration secrète, intime dans le ventre torturé du Causse Noir "il s’agissait d’une cavité exceptionnelle, on croyait que c’était un rêve". Hervé Bosch n’aurait jamais pu vivre sans ses causses. Pour les avoir tant arpentés, il en est le propriétaire moral comme tous ceux que l’on appelle "caussenards". Le mot le fait sourire mais il admet se reconnaître dans ce terme "être un caussenard, c’est connaître la langue, c’est avoir l’esprit des lieux, c’est sentir la nature, c’est sentir le causse" comme lorsque chaque matin, au bord de la Dourbie, il observe loutres et castors s’éveiller dans la rosée. Il fut 25 ans mégissier chez Alric à Millau mais lorsque l’entreprise ferme, ce sont les causses qui le ramènent dans ce cirque rocheux. Hervé et Annie s’installent comme aubergistes, dans un premier temps à Veyreau, puis à La

Roque Sainte Marguerite, dans cet ancien relais, la maison Nougarede, construit fin XIXème lorsque le village est le point de départ pour les visites de Montpellier le Vieux "on partait d’ici en mule pour monter sur le causse. Il y avait 4 auberges de ce genre et 4 ou 5 guides". A l’Auberge du Roc Banut, on y sert le pascadou, la crêpe locale, les randonneurs, les traileurs en raffolent, la salade du Roc Banut est bien sûr au menu, les légumes sont maison, récoltés dans quatre jardins bordant la Dourbie. A l’ombre des tilleuls, ou un coude appuyé sur le vieux zinc, on y parle ainsi du temps présent, du temps passé pou simplement partager. "Je suis comme un chasseur qui a tué du gibier, je pense à comment je peux faire partager cela". Il peut raconter l’histoire de cette femme qui, un jour, accoucha dans une grotte, la grotte des sabotiers dans le Valat Nègre "elle s’occupait des chèvres, des brebis, elle n’a pas eu le temps de redescendre". De son index, il vous désignera le Roc Banut et son rocher pointant le ciel comme un pouce tendu "le Rajol, c’est le lieu que je préfère, c’est le plus éclairé, le plus sauvage. Làhaut, j’y ai mon troupeau d’ânes. Les soirs de novembre, à la tombée de la nuit, lorsque le brouillard tombe, c’est la meilleure saison". Il peut également vous désigner, s’il ressent une forme de complicité, la falaise où il remonta les murs d’une baume en triangle, plus loin celle où des hommes ont creusé la roche pour installer des vases. Il vous dira aussi, cela peut surprendre venant de lui "le causse, on ne le connaît jamais".

Auberge du Roc Banut - ouverte 8 mois sur 12, 7 jours sur 7 - La Roque Ste Marguerite

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LA JASSE,

MON CHEZ MOI LE LARZAC, MON CHEZ NOUS L’entreprise Décembre compte parmi les leaders du Sud Aveyron, avec ses 120 salariés, et 25 millions de chiffres d’affaires. Cette structure familiale dédiée aux produits du terroir, et surtout à la charcuterie, est maintenant portée par Benjamin Décembre, accroché à son territoire du Sud Aveyron, et du Larzac qui le subjugue. Après l’avoir longtemps arpenté en moto enduro, Benjamin s’est mué en coureur à pied, il était ainsi au départ du dernier Marathon du Larzac. — Texte : Odile Baudrier - Photos : Gilles Bertrand —

Millau et le Larzac. Jamais Benjamin Décembre n’a envisagé de vivre ailleurs que dans sa ville natale, et de travailler en-dehors de ce territoire où l’entreprise familiale s’est installée il y a plus d’une dizaine d’années. Depuis aussi longtemps qu’il s’en rappelle, le jeune homme n’a toujours eu qu’un seul objectif : "Intégrer la structure créée par mes parents". Et pour expliquer son choix, il utilise cette jolie formule "C’est le 3ème enfant de la famille !" Un enfant né quelques années après lui, en 1988, à l’initiative de son père, qui démarre plus que modestement, avec un camion frigo qui sillonne le Sud-Aveyron, rempli de charcuterie. Le système de vente est on ne peut plus simple, les clients montent dans le camion, choisissent et repartent avec leurs produits.

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TERRO

Cela ne remonte qu’à deux décades, et que de chemin parcouru depuis pour la famille Décembre, qui déploie son activité d’abord à Millau, puis en 2004, à la Cavalerie. Un lieu choisi par pragmatisme, il garantit une connexion très facile à l’autoroute A75, et le développement de la structure s’en ressent, passant de 40 à 120 salariés actuellement, et l’évolution est loin d’être achevée, avec en vue un prochain agrandissement des locaux pour monter à 10.000 mètres carrés. Le cadre a changé, Alain, le petit vendeur du départ s’est mué en redoutable businessman, accompagné par son épouse, puis son fils, le petit camion frigo s’est transformé en grands entrepôts, mais le métier s’orchestre toujours autour de la charcuterie. Avec trois volets distincts, la fabrication, la transformation, la distribution. Et toujours, au cœur des préoccupations pour les produits fabriqués sur place, celui de la qualité. Après ses études de marketing, Benjamin a enfourché ce concept avec enthousiasme, le secteur de l’agro-alimentaire lui plaît, et ce domaine colle aussi à ce territoire de l’Aveyron : "En Aveyron, la gastronomie est reconnue.

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Nous, on valorise des produits authentiques". Même si une partie de l’activité concerne la transformation de produits non issus du territoire, la marque "Jasse Larzou" qu’il a créée et développée dans une filiale de l’entreprise a acquis une vraie notoriété, principalement dans toute la région Occitanie, où les consommateurs apprécient de retrouver l’aligot, les tripoux, les choux farcis, la saucisse au Roquefort, la tome de brebis… Autant d’articles mis au point par les efficaces équipes de l’entreprise, sur le Larzac, dans cet environnement si particulier, qui séduit complètement Benjamin, amoureux de ce cadre : "J’aime ces paysages lunaires, cette immensité. Cette terre est dure, mais elle me subjugue". Et son bonheur a été grand de pouvoir la sillonner en courant, à la faveur de sa participation au Marathon du Larzac en 2016. Car Benjamin est aussi un coureur à pied, sport qu’il a redécouvert depuis 5 ans. Ses débuts remontent à l’adolescence, et avaient déjà eu pour cadre le Festival des Templiers, avec comme première compétition, la VO2 Trail. Il avait ainsi voulu passer de l’autre côté d’un Festival qu’il connaît particulièrement bien pour avoir fait partie des premiers bénévoles, avec son groupe de copains, les François, Cédric, Franck, Charlotte, Laurie, tous et toutes venues pour épauler Kévin, à l’origine de la création des Templiers. Ils n’avaient alors que 15-16 ans, mais les souvenirs lui demeurent vivaces, de ces bons moments passés ensemble, à accueillir les coureurs à l’arrivée de la course, ou aux ravitaillements. Cette petite troupe s’est souvent retrouvée ensemble aussi dans les activités de pleine nature qui se pratiquent à Millau et alentours, qu’ils ont consommées avec gourmandise, de la via ferrata, à la spéléologie, en passant par le canoë, l’hydro speed, le VTT, et bien sûr le trail. Longtemps, Benjamin a aussi été adepte de la moto enduro, y compris en compétition, mais la course à pied a pris le dessus depuis quelques années, par sa grande facilité de pratique. Lors de ses multiples déplacements à travers la France, il a ainsi pris l’habitude d’enfiler ses chaussures le soir et de partir à la découverte de sa ville de passage. La compétition n’est pas son moteur, il apprécie surtout de se retrouver seul pour un moment et de pouvoir décompresser par rapport à ce travail passionnant, mais exigeant. En-dehors des périodes de préparation pour un objectif précis, l’entraînement est un peu élastique, entre 1 et 3 fois par semaine. Mais il comporte un rituel bien établi, avec chaque vendredi soir, la montée de la Pouncho au-dessus de Millau, d’où il peut embraser cette magnifique vue sur la ville et le Larzac… Les produits "Jasse Larzou" seront présents dans l’espace Gourmand du Salon du Festival des Templiers. 62 - LE MAGAZINE DES TEMPLIERS 2017



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LE FEU

ARGIL

C’EST MYSTERIEUX En 2001, Gil Besseyre fut le premier vainqueur des Templiers à brandir sur le podium cette vasque de grès aux émaux d‘un étincelant vert amande et depuis, les podiums des Templiers sont ornés de ces magnifiques trophées. Ce bouclier est réalisé chaque année par un artiste potier, Christian Charre installé à Mostuéjouls dans la vallée du Tarn. Nous l’avons rencontré. — Texte et photographies Gilles Bertrand — Un jour de chauffe, ce n’est pas un jour ordinaire pour Christian Charre. Cela débute à 8 heures le matin et ce n’est que dix heures plus tard, sur le coup des 18 heures, lorsque le soleil vient mourir sur les falaises de Liaucous, que la cuisson prend fin. Un jour entre parenthèses, à surveiller l’aiguille qui monte, qui monte, jusqu’à flirter dangereusement les 1300 degrés. Nous étions justement un jour de chauffe, un jour de cuisson, de mise à feu. A midi, la température affichait déjà 980 degrés dans ce four aux allures de gros frigo monté haut sur pattes. Christian Charre appelle cela "la part du feu", il ajoute "le feu, c’est mystérieux, le feu a son mot à dire". Il prononce le mot "feu" comme s’il décrochait une flèche pour atteindre un cœur de cible imaginaire. Il dit encore "la part du feu, c’est la plus fascinante. On essaie d’être au plus près, je crée une atmosphère dans le four, je régule pour obtenir des couleurs qui se forment en fonction du taux de gaz carbonique". Christian Charre est donc potier, le terme lui convient même s’il se définit également, sans à priori, comme céramiste. Son atelier est installé en contre-bas du village de Mostuéjouls, à deux pas de cette jonction entre la Jonte et le Tarn aux eaux brassées entre gravières et îlots de roseaux. Il vit sur un lopin de terre, une route sinueuse et gravillonnée y mène, au carrefour de la chapelle Notre Dame des Champs. Une petite flèche indique "potier d’art". Une grande 64 - LE MAGAZINE DES TEMPLIERS 2017


courbe, la maison est déjà là, bien retapée, crépie d’un ocre blond. L’atelier, quant à lui, est attenant dans ce parc où d’immenses pins offrent une ombre protectrice. Nous sommes fin mai, cette fraîcheur est bienfaisante. Une statue d’influence africaine est posée dans l’herbe grasse, comme une sentinelle muette, fétiche des lieux. Plus loin, une yourte, comme lieu d’exposition, est installée sur son socle de planches. Christian Charre s’est installé ici, il y a treize ans déjà, après avoir ouvert son premier atelier à Mas de la Nauq aux portes des Raspes, royaume du héron cendré, là où le Tarn s’étire, plus au sud, en enfilade, prisonnier d’une gorge profonde. C’était en 1991.

Pour évoquer ce parcours de vie, celui-ci débute par une phrase "la poterie, elle est rentrée dans ma vie". Comme un acte de foi ? Il ne s’en défend pas, il ne trébuche pas sur le mot "révélation" pour définir le mieux ce pacte avec la matière, la phrase est courte "ce fut une révélation". C’était en 1980, à Noirétable exactement, une rencontre déterminante avec Monsieur Demaugé, un potier installé dans cette petite commune de la Haute Loire "j’étais étudiant à l’INSA de Lyon. Ingénieur en génie civil, ce devait être la direction de ma vie. Mais je l’ai vu tourner et j’ai été fasciné par la matière, par les gestes". L’homme n’est pas un bavard, ce n’est pas non plus un pédagogue mais il accepte le jeune étudiant en stage "je lui coupais du bois et cela payait mon stage. Il m’a initié sur un vieux tour à bois. Il me montrait et je devais interpréter". Pour autant, le grand saut, ce n’est pas aussitôt, il termine ses études. De génie civil, il bifurque vers les énergies renouvelables et sort diplômé de la première promotion de cette nouvelle filière universitaire en 1983 à l’époque, "c’était, on isole avec de la laine de verre et c’était le tout électrique. On était pris pour des marginaux". Mais ce qui l’exile définitivement du monde urbain, de son Lyon natal, ce n’est ni la poterie, ni l’éolien ou le solaire, c’est tout bonnement son service militaire qu’il effectue comme objecteur de conscience "j’étais militant pour la non violence". Il rejoint donc le CUN, sur le Larzac, mais il n’y reste que trois semaines, déçu par l’ambiance qui règne dans cette communauté où l’on prône la non violence. Il n’a pas loin à marcher sur cette route de Montredon, pour se faire accepter chez Alain Desjardin, le militant anti militariste puis écologiste installé à la ferme de La Salvetat. Il y rénove cette ferme arrachée à l’armée mais il y cultive surtout une conscience politique, base d’une vie militante qu’il nourrit par la suite en rejoignant Alain Souchay, à l’origine de la création des lieux de vie FAST destinés à accueillir des jeunes hommes et jeunes femmes souffrant de graves problématiques psychiatriques. Installé non loin de l’abbaye de Sylvanès, il y restera de 1984 à 1991. Et c’est là qu’il monte son premier atelier de potier "pour retrouver du plaisir à tourner mais surtout pour me servir de ce contact avec l’argile dans un but thérapeutique". La technique s’améliore, un avenir se dessine, sans calcul, ni prétention, une attirance, une aspiration, à vivre ainsi de ses mains, de ses doigts malins. Avec un petit sourire, il raconte cette anecdotece "il y avait un marché aux chiens à Ceilhes. Je me suis décidé à tenir un stand et à montrer mes pièces. Ce jour-là, j’allais tout vendre". LE MAGAZINE DES TEMPLIERS 2017 - 65


"La poterie, la première attirance, c’est un mode de vie" comment ne pas le croire ? Nous étions rentrés dans cette yourte où le jour perce la toile épaisse et mouchetée. Au centre du cercle, les deux mains accrochées aux mats portants de cet habitat symbolique, Christian Charre est au cœur de son petit royaume, royaume des sens, du toucher, de la matière, du nacre, des émaux, des reflets. Des vasques "Templiers" sont exposées. La lumière ricoche sur l’émail pourpre, on hésite à qualifier cela de bouclier, de trophée. C’est bien plus que cela. Un défi à tourner, onze kilos d’argile, un défi à équilibrer au centre de gravité parfait, un défi à cuire pour qu’il ne se fende pas. L’homme a du toucher. Il passe ses doigts sur les craquelures, sur les ridules nées de la cuisson, émaillant la surface de ces "pièces". Elles donnent de l’épaisseur, il précise "ce sont les matériaux qui vont donner de la profondeur, de la matière. Moi, j’ai besoin de cette profondeur, de travailler sur l’épaisseur des émaux, de les superposer". Il le redit "j’ai besoin du mystère qui entoure la cuisson". C’est pour lui une nécessité d’affirmer "On croit créer, mais on est inspiré, on ne fait que recombiner". Lui-même a puisé son inspiration (mais aussi des mélodies, des pulsations, il est musicien tendance afro-latino) lors de nombreux voyages au Maroc, au Vietnam, en Afrique Sahélienne, notamment au Mali, à Farako près de Ségou, dans un village de potières. Il raconte brièvement la vie de ces femmes, au bord du fleuve Niger, façonnant vases ferada et nanda et autres jarres bolo mbolo, il n’oublie pas de dire "c’est un art millénaire. Il faut rester humble".

Christian Charre - atelier Poterie d’Art - Galerie à Mostuéjouls et au Rozier (également stages d’initiation et de perfectionnement).

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CUIR Noémie De Cerval.

CAUSSE GANTIER L’EXIGENCE DANS LA TRADITION ET LA MODERNITÉ La Manufacture Causse Gantier perpétue la tradition du travail du gant, qui a rythmé la vie de Millau pendant des décennies. Mais cette structure ancestrale, existante depuis 1892, s’inscrit maintenant dans la modernité par sa création de gants de luxe dédiés aux grands couturiers. Dans cette magnifique usine conçue en bois, verre et métal par Jean-Michel Wilmotte, où travaillent une quarantaine de personnes, deux visages incarnent parfaitement cette dualité, Noémie De Cerval, la styliste nouvellement arrivée, et Olivier Causse, l’héritier d’une longue lignée de gantiers. — Texte : Odile Baudrier - Photos : Gilles Bertrand — A l’instant où l’on entre dans cette Manufacture, l’ambiance vous imprègne, avec le sentiment de s’immerger dans un lieu conçu en une ode à l’esthétisme. Sur les murs de l’immense hall dominé par des poutres métal, de grandes photos en noir et blanc dévoilent de belles images de femmes aux mains gantées. Dans les grandes vitrines plates, s’étalent des gants contrastés, les classiques couleurs marrons et noirs jouxtant des coloris roses et verts, les modèles en agneau côtoyant ceux en pécari, ou d’autres en peau zébrée. Sur la gauche, un large corridor a été dédié aux souvenirs autour du gant, mêlant vieilles machines à coudre, anciennes presses, photos d’époque, rappelant ces années traversées par l’entreprise Causse, depuis sa création en 1892. Une jolie

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touche de nostalgie pour rappeler que cette vieille dame du gant a su traverser les décades, pour demeurer debout, malgré les obstacles rencontrés par cette activité du gant, frappée, comme toute l’industrie française, par les phénomènes de délocalisation. Mais la maison Causse a su prendre les bons virages. Pendant 40 ans, elle s’est construite sur la production de gants techniques, puis les gants de ville les ont supplantés, jusqu’à ce qu’à la fin des années 80-début des années 90, elle s’orchestre autour de la fabrication de gants de luxe. Olivier Causse, qui représente la 4ème génération de ces gantiers, explique très bien cette transition réussie : "C’est au jour le jour que s’est bâtie la réflexion sur l’évolution. Nous avons souhaité conserver notre fabrication en France. Le travail dans le domaine du luxe a pu se faire car notre Direction et notre Equipe avaient les compétences techniques." Un back ground technique bâti à travers plus d’un siècle en immersion dans le secteur du gant. A 46 ans, Olivier Causse compte lui-même près de trois décades dans ce domaine, depuis ses premiers emplois saisonniers à l’adolescence. Mais il a baigné dans cet univers bien plus tôt, enfant, durant ses visites à son père. Les odeurs des peaux, leurs touchers l’imprègnent et son intérêt s’oriente vers le côté technique du métier avec ce travail de la matière, qui deviendra son cœur de métier sous la houlette de son père, qui le forme, pour apprendre à connaître les peaux, leurs qualités, à découvrir leur défauts, et aussi à adapter pour la production les modèles imaginés par les stylistes. Olivier Causse est un autodidacte du gant, comme la quarantaine de salariés de l’entreprise, tous formés en interne, le CAP des métiers du gant disparu depuis près de 60 ans. Et la formation de ces artisans demande beaucoup de temps, près de 4 à 5 ans pour un coupeur, les savoirs se transmettant de l’un à l’autre, avec surtout cette exigence de pouvoir s’adapter à une matière changeante. A droite du hall d’accueil, dans la partie atelier, ils sont justement une petite poignée de coupeurs à travailler, enveloppés dans leurs tabliers noirs, arborant en lettres dorées le nom de "Causse Gantier". Olivier Causse puise sur les étagères du stock des rouleaux de peaux qu’il tend au metteur en passe, qui place les gabarits des gants à couper sur les étavillons. Quelques minutes de déambulation à travers les ateliers bas et haut suffisent pour comprendre que la fabrication d’un gant est un véritable travail d’équipe. C’est l’une des choses qui a beaucoup surpris Noémie De Cerval à son arrivée ici, la jeune styliste a été étonnée en découvrant la multiplicité des étapes exigées pour produire un beau gant, elle annonce le chiffre de 70 passages obligatoires, de l’un à l’autre, et elle sourit en soulignant : "Chacun amène sa pierre à l’édifice". Cette Parisienne de naissance n’est nullement arrivée chez "Causse Gantier" par hasard. Elle a fait le choix, il y a 4 ans, de quitter la vie parisienne, pour fuir son stress, son anonymat, et se tourner vers l’Aveyron pour une vie plus proche de la terre et de la matière. Elle abandonne alors un travail

Noémie De Cerval.

Olivier Causse.

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Olivier Causse. à la Direction Artistique d’Hermès, dédié à la conception d’objets de luxe dans le domaine de l’art de vivre, et tout naturellement, "Chanel", nouveau propriétaire de Causse Gantier, la retient pour devenir la nouvelle styliste de l’entreprise. L’univers du gant lui est inconnu, mais deux ans plus tard, Noémie en a pris la mesure avec passion : "Au départ, je trouvais que le produit était un peu rigide, je n’y voyais qu’un dessus de main, un dessous de main, et un pouce". Mais le travail sur le gant qui habille la main, une partie importante du corps, lui apparaît plein de sens, et elle s’aperçoit vite que 1000 manières existent pour personnaliser ce produit à la forme complexe, grâce à la multiplicité des peaux, des designs, des finitions, des couleurs, et des accessoires, offrant autant de possibilités pour engendrer des gants originaux, et constamment relookés. Les collections se succèdent à un rythme soutenu, 6 à 8 différentes chaque année, et environ 150 nouveaux modèles, pour une production totale d’environ 12.000 paires, essentiellement dédiées aux grands couturiers, Chanel, Hermès, Vuitton. Pour répondre aux exigences de ces spécialistes du luxe, Noémie De Cerval sait pouvoir s’appuyer sur des professionnels exceptionnels, ce qu’elle décrit par une formule simple : "Ces artisans ont de l’or au bout des doigts". Dans la partie haute de l’atelier, dédiée aux couturières, les murs affichent une multitude de photos de mannequins prises durant les défilés annuels des couturiers. Ces très jolies femmes arborent toutes des gants fabriquées ici même, et en les désignant, Noëmie rit pour expliquer : "Ce sont nos trophées ! C’est une fierté partagée par tous. Ces défilés nous récompensent". La collection Causse est disponible dans la boutique du 1er arrondissement de Paris et au magasin de Millau, à la Manufacture - boulevard Gambetta.

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GILLES BERTRAND — PHOTOGRAPHE —

PRÉSENTE

"IL SUFFIRAIT DE PRESQUE RIEN"

Les crosseux, corps et âme

L’ E X P O S I T I O N GILLES BERTRAND

photographe

— G A L E R I E M A N U FAC T U R E C AU S S E G A N T I E R — D U 1 E R O C TO B R E A U 3 1 D É C E M B R E 2 0 1 7 Boulevard des Gantiers - MILLAU


PROGRAMME TEMPLIERS 2017

JEUDI 19 OCTOBRE

SALON DU TRAIL

HAPPY 1000

vendredi 20 OCTOBRE

SALON DU TRAIL

MARATHON DU LARZAC

L’ENDURANCE TRAIL

REMISE DES RECOMPENSES

> Ouvert de 12h à 19h - Accès Gratuit > Distribution des dossards

> Ouvert de 12h à 19h - Accès Gratuit > Distribution des dossards

> Départ : 4h15 > 100 km/4910 m+ - 1350 coureurs

L’INTÉGRALE DES CAUSSES

> Départ : 6h50 de Mostuéjouls et arrivée à Millau > 64 km/3360 m+ - 500 coureurs

samedi 21 OCTOBRE

> Départ : 7h de Montredon et arrivée à Millau > 36 km/1540 m+ - 400 coureurs

> 17h

MIDNIGHT TEMPLIERS

> Départ : 19h15 de Millau > 18 km/600 m+ - 450 coureurs

SALON DU TRAIL

KD TRAIL

BOFFI FIFTY

LA TEMPLIÈRE

> Ouvert de 9h à 19h - Accès Gratuit > Distribution des dossards

> Départ : 10h > 50 km/2000 m+ - 400 coureurs

MONNA LISA

> Départ : 11h 30 > 27 km/1200 m+ - 650 coureurs

MARATHON DES CAUSSES

> Départ : 12h 15 > 37 km/1630 m+ - 900 coureurs

KINDER TRAIL

dimanche 22 OCTOBRE

> A partir de 17h - Festif et explosif > Venez vous défier sur 1000 mètres

> Départ à 15h15 > 8 km/280 m+ - 80 cadets-cadettes attendus

> Départ : 15h 30 > 8 km/280 m+ - 500 coureuses > Course réservée aux femmes

VO2 TRAIL

> Départ : 16h > 17 km/640 m+ - 1000 coureurs

TRAIL DES TROUBADOURS

> Départ : 16h 25 > 12 km/480 m+ - 600 coureurs

> Départ : à partir de 13h50 > 1,5 et 3 km pour les jeunes - 400 enfants attendus

REMISE DES RECOMPENSES

GRAND TRAIL DES TEMPLIERS

REMISE DES RECOMPENSES

> Départ : 6h > 76 km/3550 m+ - 2630 coureurs

LA BELLE DE MILLAU

> 18h

> A partir de 12h

> Animations : 10h30 > Départ : 11h du Mandarous - Arrivée sous l’arche du Festival des Templiers > 4,2 km - 2000 personnes > Pour la Ligue contre le Cancer




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