Charme Oriental, Confort Occidental... Vous pouvez en etre assure au Seoul Garden. Notre etablissement qui compte 400 chambres offre 5 restaurants avec une variete impressionnante de cuisines, un cafe, un salon, un bar et un nouveau centre de forme . Situe dans le quartier d'affaires de Mapo, il se trouve plus pres de Yoido et de l'aeroport international de Kimpo que tout autre hotel de luxe. Et pour le shopping, quelques minutes le separent d'ltaewon.
m. Seoul Garden Hotel SEOUL KOREA
169 - 1 D o h wa-do ng, Mapo-k u . Seoul , Korea TEL (02 ) 7 17-944 1. FA X o (02) 7 15·944 1. New York Office.c:tll toll free 800· 252 · 124 3/US A .
Airline Access Codes: SABRE (127BO) APOLLO (22 125) ABACUS (13336) SYSTEM ONE (SELSED) DATA II (13336) AXESS (7443) SAHARA (SEL 13336) AMADEUS (SELSED) UoELToN!]
Delton Reserv ation Ltd .
TRESORS DE COREE
P'yojubak Les gourdes aeau
Les montagnes et les rivieres de Ia Coree ancienne etaient non seulement belles, mais apportaient aussi de l'eau fraiche potable et pour !'irrigation Dans Ia Coree traditionnelle, les voyageurs portaient de petites gourdes appelees p'yojubak et les remplissaient de l'eau fraiche jaillissant d'enormes rochers ou de sources minerales montagneuses. Ces gourdes d'apparence fragile etaient utilisees tous les jours et refletaient !'amour des Careens pour Ia nature et leur esthetique sans pretention Chaque gourde etait unique dans Ia mesure ou elles etaient fabriquees a partir de materiaux varies. Beaucoup
etaient taillees a partir du bois de jujube, en forme de nectarine, car on pensait que cela symbolisait Ia bonne sante et Ia longevite. D'autres etaient fabriquees a partir du bois de zelkova ou de coquillages. Dans les palais et dans les maisons des elites yangban, des gourdes en bronze, en argent ou ¡en ceramique etaient souvent utilisees ; certaines etaient meme fabriquees en papier ou en cuir Jaques. Les voyageurs attachaient souvent leurs gourdes a leurs ceintures, ou a une ficelle, avec une attache en metal ou en cuir pendant leurs traversees de Ia campagne et des montagnes, qu'ils soient de naissance noble ou modeste. +
Cette gourde en bois en forme de peche (12 em x 16,5 em) qui date de la periode de Choson, est un des 259 objets li!gues en 1977, au Musee de l'Universite de Coree par le defunt Ye Yong-hae, journaliste et membre du Comite National pour la conservation des biens culturels.
ARTS ET CULTURE DE COREE
COUVERTURE : L'eau est
s
0 numero de KOREANA vous M propose de vous expliquer M ]'attitude qu'ont Jes Careens vis- A a-vis de l'eau et la place qu'elle I indispensable a Ja vie. Ce
tien t dans leur culture.
L'eau dans Ia vie et Ia culture des Coreens
R E
4
L'eau et la Coree par Choi Il-nam
10 La conception traditionnelle des jardins et de l'eau en Coree par Yoo Byung-rim
18 Puits et sources dans la vie coreenne par Kim Kwang-on
26 L'eau et l'histoire des sciences en Coree par Park Seong-r'!e
34
ŠThe Korea Foundation 1996 Taus droits reserves. Toute repoductiOI~ meme partielle, par taus procedes, sans autorisation prealable de Ia Korea Foundation, est interdite. Les opinions exprimees par les auteurs ne representent pas necessairement celles de KOREANA et de la Korea Foundation KOREANA, enregistre comme trimestriel aupres du Ministere de l'Infotmation, (Autorisation No. Ba-1003, du 8 aout 1987) est aussi publie en pponais, chinois, espagnol et anglai.s.
Korea Foundation
L'eau dans la religion populaire coreenne
par Im Chae-hae
42 CHEMIN FAISANT
Le fleuve S6mjin par Kim joo-young
50 ARTISTES COREENS A L'ETRANGER
Woo Kyu-sung : l'esthetique de la sobriete par Kang Hong-bin
Vol 2. No 3 Automne 1996
58 -ce qui ren/d la peintur Qu'est / proprem par Pak y ent coreenne ? e coreenne
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ong-suk
64
La specificite de la . pemture coreen et ses artistes
REDACTEUR EN CHEF Lee]ong-up
72 INTERVIEW
DIRECTEU p R ARTISTIQUE ark Seung-u
Le photographe K' Sur les traces d un ~o-nam par . . , asiatique 78Kim Young-u<J: espnts et de la sp·mtualite A LA DECOUVERTE
.. DE L.A: COREE
les p · oJSSons d'e au douce de la p / . coreenne
erunsule
P'' ]ron S.ng-R;n
82 ACTUALITES
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Les coreens a1', la nouvelle / e~rang et par Kim M generation
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DIRECTEUR KimDE LA PUBLICATION Joungwon
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par Oh Kwang-su
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KOREAN A . d Publication L tnmestriell Fondation de Cor: eKoreaF ee, 526 Namda oundation emunno 5- a Seoull00-0 g ' ~hung95, Coree
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BUREAUDEL Hyung-kook AREDACTION Kim Moon-h wan Kim Kwang-on K' Lee Ku-yeol .Im Seong-wou Lim Young-bang
Prix des~ONEMTS Coree 18.000 w, onnements annuels· ons (22 US$) • · Asie par av· , etranger: 22 US$ A'll IOn: 37 US$ I eurspa . , Prix d • r avian: 39US$ u numero: 4 . Abonnem .500 Wons (6US$) ent etcorresponda nee: Etranger
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APER(US Dt LA U11ERA1URE COREENNE
Kim seung-ok
Coree
Myung-Hwa Sa C.PO. Box 785 Tel: (02)395-5443 , Fax:2,(02)394-.7822 Seoul PUBLICITE S'adresser a: Rm 6 . AD SEOUL 01, Lions Bldg 50 Ch Chung-gu, Seo~ 1 ungmuro 2-ga Tel: (02)274-8336 Fax: 00-012, Korea (02)274-8337
A\a recherche de !affirmation de roi par Chean Yi-daa
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Ttaduit du careen par Lee Byaung]au
Traduit du careen par Lee Byaung ]au
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. C.PO TheBKorea Foundation . · OX 2147 S' Tel: (02)752-6171 , eoul, Korea Fax: (02)757-2041
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REDACTRICE Marie-Orange R'IVe
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En 1411, le roi T'aejong mobilisa 50.000 personnes JX>ur construire, agrande echelle, des installations de drainage. L'experience de ce roi revele les difficultes rencontrees JX>ur contr6ler l'eau Ensuite, JX>Ur les Coreens, Ia ma!trise de l'eau fut tres imjX>rtante JX>Ur !'agriculture et plus particulierement JX>Ur Ia culture du riz ou !'irrigation est essentielle. Les travaux d'irrigation en Coree furent developpes bien avant l'epoque de Samhan Des digues fort anciennes ont ete retrouvees a Kimje dans Ia province de Cholla, et a Sangju, Uisong, Chech'on et Myriang dans Ia province de Kyongsang. La digue de Pyokkolche a Kimje,'qui fut probablement construite sous le royaume de Paekche, a ete designee comme site historique numero ¡111 Le terme de P)Okkol semble provenir de py6t-go4 ce qui signifie litteralement "vallee du riz". Enfin, le contr6le de l'eau fut necessaire pour stabiliser les voies fluviales. L'imJX>rtance accordee au tran5jX>rt fluvial se retrouve dans le choix de !'emplacement de Ia nouvelle capitale du royaume de Choson. Son fondateur T'aejo choisit en premier lieu Shindo-an pres du mont Kyeryong, en depit de !'opposition de ses ministres ; il changea d'avis ensuite, JX>Ur Hanyang, parce que les voies fluviales etaient plus facilement utilisables. Par Ia suite, le royaume de Chos6n fut prospere et utilisa avec profit le fleuve Han et ses affluents. fl y eut aussi des discussions JX>Ur construire un canal reliant le fleuve Yongsan aIa JX>fte du sud Aujourd'hui aussi, comme de par le passe, Ia ma!trise des eaux demeure une preoccupation imJX>rtante. L'eau et les proverbes coreens L'eau est le symbole de Ia tolerance et du calme. Cependant, lorsqu'elle se dechaine, plus rien n'est sGr. On dit parfois : "La secheresse laisse quelque chose apres son passage, les inondations, rien." Le feu laisse des, traces de sa destruction mais une grande .inondation a un caractere si impressionnant qu'elle balaie tout signe de civilisation. Neanmoins, l'eau symbolise Ia proprete qui est au centre de nos vies. Elle nous enseigne que ''tout ce qui va contre le
flot perira"; dans le meme temps, elle protege contre l'avidite humaine qui souille tout ce qu'elle touche. Beaucoup de vieux proverbes parlent de Ia rarete de l'eau en automne. "Meme l'eau contenue dans une empreinte de sabot de vache est consommee en autornne", ''Pour eviter Ia pluie d'autornne, cache-toi sous Ia barbe d'un vieil homme". Ce sont deux exemples qui revelent les liens fascinants entre l'eau et l'autornne. Les proverbes sont aussi une illustration lucide de Ia vie du peuple et peu de pays comme Ia Coree en possedent autant a propos de l'eau Nous n'en avons pas moins de cent qui rendent compte de l'histoire du monde atravers l'eau Cependant tous les proverbes ne chantent pas ses vertus. Beaucoup sont au contraire charges de reproches pleins d'esprit. C'est ce qui fait le charme des proverbes qui tout a Ia fois critiquent et exaltent l'eau L'exaltation de l'eau renvoie a ses caracteristiques naturelles alors que les repoc~ . es renvoient aux abus de l'homme. Ains1 le proverbe '1e son de l'eau qui s'ecoule dans mes champs et celui du lait dans Ia gorge de mon enfant sont les plus beaux du monde" serait sans doute different s'il y avait toujours assez de pluies. Les fermiers sont les plus heureux quand il pleut apres des jours et des jours de secheresse nest facile d'imaginer Ia joyeuse musique que fait l'eau lors de l'ouverture d'une vanne dans un champ de riz Le bruit que fait !'enfant en tetant le sein de sa mere est aussi merveilleux ll nous aide acomprendre ce que Ia paix veut dire. Les actes de dormir et de manger, seulement se reveiller JX>ur etre nourri, sont pour !'enfant les seuls temoignages de !'existence. Chaque gorgee de lait devient pour le bebe chair et sang. Ainsi il est impossible de decrire Ia misere des parents incapables de nourrir leurs enfants et qui feraient surement n'importe quoi pour subvenir a leurs besoins. Cest JX>urquoi Ia chanson, tiree de !'opera p'ansori Simchongga, intitulee "L'homme aveugle de Sim", Une fontaine en forme de lion a Puyong-jOng dans le]ardin Secret de Ch'angdokkung
alors que le heros prend soin de sa jeune soeur apres Ia mort de sa mere, est si bouleversante
Oh, s'il wus plaft Mesdames. Voulez-wus donner le sein ace hebe? Le pauvre a perdu sa mere une semaine apres sa naissance et maintenant il erie si pitoyablement aIa recherche du sein de sa mere. S'il wus plaf~ ayez pitie et nourrissez cet enfant Si wus awz du fait adonner apres awir nourri wtre precieux hebe, pouwz-wus en donner un peu ace jeune enfant? Autremn~ il mourra defaim
ny a aussi d'autres adages qui evoquent tout autant Ia compassion et Ia pitie comme "Quand l'eau remplit une jarre sans fond", qui suggere l'impossibilite tout comme !'expression occidentale, 'Quand il gelera en enfer". Ce proverbe provient d'une chanson folklorique du centre de Ia Coree Erifan~
oh enfa~
ne pleure pas.
Fst-ce un gflteau que tu wux? Fst-ce du riz que tu wux? Non, je ne wux pas de gflteau, je ne wux pas de riz Donnez-moi le fait de rna mere. Ta mere sera Ia quand sortiront les bourgeons
de trois sacs de roraux et de trois sacs de perles sur ces rollines !a-bas, quand le coq de cette peinture chantera, quand l'eau remplira une jlrre sans fond. Les diverses figures de l'eau Les Careens ont tendance "a ecoper l'eau d'un ba~eu qui coule". Cela signifie qu'ils repondent a chaque probleme avec des L'entree du temple Paekyang dans le pare national dumont Naejan, dans .Ia province du Choll:J du nord 8
solutions de fortune au lieu de trouver des reponses de fond nest certainement vain d'ecoper l'eau d'un vieux bateau qui sombre Et que dire de ce proverbe : "Meme l'eau froide est bonne si vous lui accordez de Ia valeUI" ? Nous desirons tous des louanges et nous sommes attires par les recompenses qui les accompagnent. Les gens ont tendance a croire qu'un prix, ou une recompense, valent rnieux que rien meme si cela n'apporte que le mepris et Ia raillerie des autres. Ce proverbe est une reminiscence du vieil adage, ''Essayez d'etre en sueur dans une piece froide apres avoir bu de l'eau froide". Cela signifie realiser quelque chose qui n'a pas de sens ou esperer, sans faire d'efor~ que Ia bonne fortune viendra du ciel. Gagner un prix aussi facilement que "prendre de l'eau avec son poing", c'est n'obtenir aucun prix Le dicton "le bateau n'arrivera a destination que si l'eau coule" suggere que tous les resultats sont soumis a des condi~s prealables. Par ailleurs, l'eau ne
coule pas toujours sereinement ''L'eau doit s'ecouler mais une riviere est toujours une riviere" autrement dit quelques soient les changements, !'essence d'une chose est irnrnuable Cest ce que l'on retrouve dans un autre proverbe qui nous enseigne "ane pas traverser n'irnporte quoi si ce n'est pas de l'eau ou asecourir quelqu'un qui n'est pas compatissanf'. 11 y a beaucoup a apprendre de ces proverbes logiques et profonds. Le dicton ''L'eau versee sur le sommet du crane s'ecoule toujours jusqu'au talon" veut certainement signifier que le comportement des vieilles personnes influencent les jeunes. Ce dernier est semblable a un autre proverbe selon lequel ''Une ¡riviere a son plus bas niveau sera lirnpide si elle !'est en amonf'. ]e aois que des verites simples comme ''Un peche suit le pecheur et Ia riviere suit son cours'', '1'eau se repand quand ]a coupe est pleine" prennent part a Ia logique naturelle comme Ia pleine lune toujours disparait Ces proverbes lies a Ia aoyance
· selon laquelle "nulle fleur ne dure plus de · clix purs" (qui signifie qu'aucun pouvoir ne peut durer tres longtemps) ont permis aux Careens d'endurer les temps clifficiles. Ces proverbes ne renvoient pas seulement a !'ascension puis a la perte du pouvoir. En ef~ rien ne peut durer etemellement apres avoir atteint son plein developpement Chaque etre et chaque chose doivent apRrendre a redescendre apres avoir atteint leura~
L'evolution de Ia langue Recmn~ les expressions relatives a l'eau ont pris des sens quelque peu inattendus. Le langage a change, tout comm.e l'environnement de l'eau. Par exemple l'expression mul-i chotta Oitteralement '1'eau est 'bonne") etait ut:ilisee pour parler de la fraicheur du poisson et des autres produits de la mer. De nos purs, cepnda~ la phrase est utilisee dans un contexte different et parfois un peu grassier. Une phrase comme mul-i katta ('1'eau est devenue mauvaise") couplee a l'expression
mas-i katta ('1e gout a toum€') sont utilisees pour parler des gens de peu d'irnportance. Elles sont aussi utilisees pour parler des femmes qui se sont fletries et qui ont perdu leur charme. Quand elles sont appliquees a l'homme, les memes phrases suggerent que la personne a perdu son influence et qu'elle est pratiquement incompetente. Nous devons nous souvenir que l'ecoulement ininterrompu de l'eau permet a la collectivite de rester en bonne sante, alors que l'eau qui stagne, destructrice, n'est plus bonne apuer son role. ny a plusieurs annees, le reverend S6ngch'ol, le patriarche maintenant decede de l'ordre bouddhiste Chogye, donna un entretien a !'occasion de l'anniversaire de Bouddha nsuggera: 'Vne montagne est une montagne et l'eau est l'eau". ndemanda aussi: "Pourquoi ne nous pignons-nous pas a la danse des abeilles et des papillons ?". L'entretien donna lieu a des interpretations selon lesquelles il etait devenu un fervent du nihilisme parce que la societe coreenne etait alors sou~ la dictature militaire. De
nombreuses critiques firent suite a ce discours desormais fameux. Ce dernier, sous forme de questions-reponses, fut desapprouve par la communaute bouddhiste elle-meme qui aaignait que cet ensigm~ qui semblait si ambigu, ne conduise les gens ordinaires asatisfaire leurs desseins egoJSt:es et a justifier !'injustice. Bien qu'il y ait la quelque vente, ce n'est qu'apres la mort du moine, quand sa pratique extreme de l'ascetisme fut revelee, que les gens realiserent que de telles vues ne pouvaient pas etre dans l'esprit de ce grand moine qui s'etait lui-meme retire du monde seculier et qui avait passe clix ans amediter assis dans la position du lotus sans jamais se coucher, puis dix autres annees dans le silence, sans jamais prononcer la moindre parole. On devrait arreter d'essayer d'interpreter la verite irnmuable que le reverend S6ngch'ol enseignait simplement Ne serait-il .pas mieux pour nous, absorbes par ce monde terrestre, de revenir au sens simple des proverbes ? Le proverbe "l'eau de l'avant-toit degoutte toupurs ala meme place" me vient al'esprit alors que je suis en train d'ecrire. Le reverend Wolha, qui a succede aS6ng-ch'o~ parla aussi de l'eau dans un entretien accorde lors de l'anniversaire de Bouddha "Le bruit de la riviere est le monde de Bouddha, le paysage montagneux est Bouddha lui-meme". La fierte historique et le bruit de l'eau qui coule permettent au peuple cor€;en de developper sa conscience, ils l'aident egalement aatteindre les sommets de la vente Yun Son-do (1587-1675), poete du royaume Chason qui contribua au developpement de la forme poetique kasa, recita une fois, lors de son exil aHaenam sur la c6te sud, ce qui suit :
Magnifique est Ia couleur de5 nuag?S mais souwnt ils deviennent noirs Cristallin est le bruit du wnt mais souwnt il ces:se Seule lmu s'{Wu/e, san~ magnifique Mais, auprd'h~ qu'avons-nous fait de notre eau ? Et quelle est sa limpidite ? Cela me fend le coeur d'y penser. + 9
Tra itionnellement, usaient de l'â&#x201A;Źau avec S4ge.sse dans leur vie quoti'dienne. Les lettres G0hfGrtaient leur paix spirituelle en regat;dant l'eau calme d'un petit assin ou en appreciant la presence d'un plateau de flel!lrs pose dans leur jardin lis essayaient aussi cle passeL' du temps dans es endroits d'oli ils pouvaient entendre le ruit de l'eau, par exemple aupres d'une cascade. Parfois, leur obsession de l'eau etait
l'eau calme. D'autres preferaient une atmosf>here plus gaie et aCimiraient les poissons en train de s'ebattre dans un bassin. L'eau etait un element indispensable a l'univers des gentilshommes lettres. Elle faisait partie integn.lnte e leur vie ; c'est pourq~ le mot seshim; "purification de !'arne", fait si souvent partie des noms utilises pour les
bassins ou les pavilions de Ia Coree ancienne. Ce concept renvoie a Ia purification de !'arne par l'eau Une peinture de Ia residence d'ete de Kim Cho-sun (1765-1831), le beau-pere du roi Sunjo du royaume de Chason, presente diverses utilisations de l'eau. Dans les q4artiers des hommes dans Ia cour a !'avant de Ia maison, que !'on appelait Okho-jOng se trouvent un petit plateau couvert de fleurs, un jardin d'aromates, des rochers au x formes insolites, de petits pins et une ruche. Sur
retrouve des traces de cette tradition dans les jardins
ou Jes
lettres vivaient retires du monde. En automne, le bruit que fait l'eau a Soswaewon,jardin creeau debut de l 'epoque Chos6n par le lettre Yang San-boa Tam yang dans la province du Cholla du sud, est enchanteur.
Ia pente qui conduit aIa partie superieure du jardin se trouvent un petit pavilion avec un toit en tuiles et un autre avec un toit de chaume. Devant les pavilions se trouvent des arbres en fleurs, personnages en pierre, un c0urs d'eau avec un lit de pierres et une petite pinede. L'eau qui coule entre les pierres du ruisseau tombe directement dans un bassin grace a un tuyau en bambou. Le fait de placer deux bassins ades niveaux differents doublait le plaisir de l'observateur. Le son d'un cours d'eau de
La peinture (a gauche)
represente un paysage traditionnel et le pavilion du lettre, Okho-jOng. Soswaewon (a droite) presente toutes les caracteristiques traditionnelles du paysage coreen avec ses m urets, ses escallers en pierre, ses bassins et leurs lotus.
montagne qui s'ecoulait pres de la maison devait ainsi rehausser les sensations de rete. Il n'etait pas difficile d'amener l'eau dans un jardin car les residences d'ete de l'ere Chason ont ete construites, a cet efkt, pres de rivieres ou de torrents qui allinentaient leurs pieces d'eau artificielles. Le niveau d'eau des fleuves variait au cours de l'annee, aussi developpa-t-on une technique permettant de deverser de l'eau constamment dans les bassins grace a de petits conduits en bois ou en bambou Soswaewon a Tamyang, province du Cholla du sud, offre un superbe exemple de cette technique. L'eau qui s'ecoule dans le bassin par le conduit en bambou fait un bruit different en automne quand il y a mains d'eau. Les gens qui vivaient en plaines faisaient des reserves d'eau pendant la saison des pluies ou allaient puiser de l'eau dans des rivieres ou des torrents eloignes de leurs jardins. On manquait souvent d'eau
Le bru~t de l'eau En raison du manque frequent d'eau, la plupart des bassins dans les jardins des maisons ordinaires etaient petits et peu profonds. Pour pallier a ces inconvenients, on introduisit le bruit de 12
l'eau dans les jardins. Les jardins traditionnels comprenaient en general un bassin ou de l'eau qui s'ecoulait le long d'une denivellation, voire les deux. Quand un bassin etait situe a la partie superieure du jardin et un autre en contrebas, cela permettait a l'eau de s'ecouler sous le sol, hors de la vue, comme par exemple dans tous les jardins de Woe-am-ri a Asan, province du Ch'ungch'ong du sud. Dans le jardin de Songhwa-taek a Woea m-r~ l'eau s'ecoule par un canal etroit, non pas dans le torrent de montagne, et ainsi on peut entendre le bruit de l'eau dans ce canal depuis les quartiers des hommes. Pour comprendre la notion coreenne traditionnelle de l'espace, on peut se referer a l'attitude des lettres et de l'aristocratie soucieuse de se creer un environnement agreable. Les jardins, la presence de l'eau et son utilisation constituent l'exemple le plus representatif de leur conception de l'espace. Les jardins etaient traditionnellement le domaine des hommes. lls etaient en general situes dans un endroit calme et isole. Rochers, pins, bassins, fleurs de lotus, bref, la nature tout entiere etait representee dans ces jardins. La tranquillite du jardin permettait a la personne d'oublier le monde exterieur, meme un bref moment, et de
13
Yihuayuan, palais d'ete des dynasties chinoises (en haut), un jardin aSu~o, une ville chinoise celebre pour ses jardins (au centre), les jardins du Pavilion d'Argent, a Kyoto,]apon (en bas)
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s'abandonner a des pensees idealistes. En d'autres termes, le jardin permettait a son occupant de penetrer dans un monde utopique. Dans les jardins traditionnels, l'eau etait en general presente sous !a forme d'un bassin. Une petite lie, appelee cbungdo, ou lie du milieu, etait souvent placee au centre d'un bassin rectangulaire. Les Coreens s'imaginaient que cette lie etait peuplee d'etres surnaturels. Cette croyance etait fondee sur l'ideologie shins6n, croyance taoi:ste en les immortels qui vivent dans les montagnes. II est interessant de noter que !a forme des bassins differe dans les trois pays d'Asie de culture confuceenne. Dans les jardins chinois, les pieces d'eau sont en general assez larges pour etre traversees en bateau et, dans bien des cas, elles sont artificielles et les jardins sont souvent con~us pour que !'on fli:ine autour du bassin. Les Chinois essayaient de recreer un paysage nature! de hautes montagnes et de fleuves a petite echelle. Les jardins japonais, par contre, ne s'organisaient pas autour d'une piece d'eau. Dans le celebre jardin Hiraniwa Karesansui qui aurait ete inspire par Anapchi a Kyongju, ancienne capitale de !a Coree sous le royaume de Silla, !a mer et les fleuves sont representes par du sable et des galets, non pas par de l'eau. Dans les jardins paysages coreens, on utilisait souvent des torrents a leur etat nature! mais aussi des bassins en genr~l rectangulaires avec une ile au centre, representant des formes abstraites plutot que celles de !a nature. Des bassins que !'on ne pouvait pas traverser etaient l'une des p3:rticularites des jardins traditionnels coreens. On pouvait admirer l'ile du milieu des bords ou bien a partir d'une structure placee a cote. Les pins, arborvitae de Chine, les bamboos et autres elements du paysage etaient recrees abstraitement par des formes idealisees. Ainsi, l'observateur voyait chaque element nature[ a distance mais il le percevait de maniere abstraite, ideale. Les bassins devaient etre de petite dimension car les Coreens ne pouvaient pas s'offrir de grands jardins et !a plupart etaient situes pres de vallees, de regions
d'une fleur que l'on admirait a travers une porte ou une fenetre comme dans un cadre. Les jardins traditionnels japonais, par contre, etaient con~us de maniere a ramener le promeneur au point de depart au lieu de le faire passer de !'autre cote. Les pieces d'eau avaient dans !'ensemble des formes naturelles a !'inverse de Ia forme rectangulaire chere aux Coreens. Les japonais, a l'instar des Chinois, incluaient l'eau dans les jardins, comme faisant partie integrante de Ia nature. Ainsi, le sable ratisse et les rocailles du jardin Karesansui symbolisaient l'etendue marine et les montagnes. A Piwon, le 'Jardin Secret" de seoul, il y a un bassin qui s'appelle Aeryonji, le "bassin du lotus d'amour". Aeryonji est couvert de fleurs de lotus en ete. Dans !'ancien temps, les lettres coreens Les pieces d'eau d'un point de vue adoraient Ia fleur de lotus parce qu'elle culturel pousse dans des eaux boueuses. Dans L'utilisation de l'eau dans les jardins leur obse~yatin de Ia nature, les lettres traditionnels coreens est differente de pretaient attention a Ia forme d'un objet celle des jardins chinois ou japonais. La place dans un cadre nature! et essayaient difference Ia plus evidente se situe dans de tout regarder du point de vue des Ia relation qui existe entre Ia forme du regles de l'ethique. Quand ils plantaient Ia bassin et l'ile situee au milieu. plus petite des plantes, ils s'efor~aint Dans les jardins chinois, il y avait en - d'en trouver une qui representat les valeurs du confucianisme et c'est general un pavilion sur l'ile et on pouvait pourquoi les "Quatre objets gracieux" traverser pour aller de !'autre cote du jardin. L'ile du milieu etait consideree l'eau, la roche, le pin et le bambou- se comme un espace pratique. De l'ile, on retrouvent dans tous les jardins pouvait admirer la vue aux alentours. traditionnels. Les gentilshommes lettres C'est pourquoi les pieces d'eau se plantaient souvent des pruniers parce que leurs fleurs qui perpient sous Ia devaient d'etre vastes, assez vastes pour que l'on puisse y voguer dans de petits neige au debut du printemps avaient une valeur symbolique. Les erudits bateaux choisissaient les elements pour leur Les Chinois aimaient aussi a construire des batiments ou des galeries autour des signification symbolique et pas pieces d'eau pour faire de l'ile un element necessairement pour leur beaute. La du paysage. On construisait done un pont beaute d'une floraison de prunier avait pour rejoindre l'lle, y marcher et moins de signification pour eux que le s'appuyer sur les balustrades du pavilion fait qu'elle personnifiat les valeurs afin d'admirer le paysage environnant. morales qu'ils reveraient Les poetes evoquaient souvent ces scenes. Puyongjong a Piwon est un beau pavilion. II ressemble a un personnage Les Chinois .pla~ient des objets avec soin pour creer un effet idealise. Ils qui trempe ses pieds dans un cours d'eau. construisaient aussi des structures qui Une moitie du pavilion est sur Ia terre rriettaient en valeur le paysage et ferme, !'autre sur l'eau. II en va de meme pour HwallaejOng a Kangnung, province soulignaient la beaute d'un arbre ou
¡ rocailleuses et vallonnees. II y a une ile au milieu du bassin de Anapchi a Kyongju. Cependant, celui-ci n'est pas rectangulaire, parce que c'etait une forme peu appropriee a une grande piece d'eau de palais royal. II etait aussi logique pour l'architecte d'utiliser les formes naturelles existantes. Cette piece d'eau a une caracteristique interessante : ¡ elle ne peut etre vue entiere d'aucun endroit Ce qui Ia fait paraitre encore plus etendue qu'elle ne !'est en realite. Anapchi est assez petit compare aux pieces d'eau des palais chinois ou japonais mais il donne !'impression d'etre immense et profond. Le magnifique panorama cree par les pieces d'eau du palais de Versailles provient de Ia vaste etendue du pare Les bassins plus petits des jardins coreens jouent, eux, sur !'illusion et !'imagination pour creer une atmosphere specifique.
Une des fac;ons p ermettant de comprendre Ja conception de l'espace des Coreens peut passer par l'examen de ]'attitude des lettres et de l'aristocratie vis-a-vis de leur lieu de vie. L'agencement des jardins et ]'utilisation qui y est fa ite de l'eau, en sont un bon exemple.
Aeryonji, lltteralement "Bassin du lotus d'amour" dans le]ardin Secret du Palais Ch'angdok, est recouvert de fleurs de lotus en ete Sur son bord nord a ete construit en 1692 un petit pa villon carre.
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de Kangwon et pour Namganjongsa a Hoedok, province du Ch'ungch'ong du sud Comment en est-on arrive Ia ? Cela tient encore a Ia conception de Ia nature que !'on retrouve chez les lettres traditionnels. Des ies temps les plus recules, les erudits ¡ crurent que leur vocation consistait a aider le souverain agouverner la nation puis a se retirer a Ia campagne une fois leur devoir accompli pour y 16
mener une vie solitaire. La vie recluse etait Ia vie du lettre. Une grande partie de Ia litterature coreenne decrit ce style de vie. Les expressions t'aksa et t'akclxJk, qui font allusion au fait de se tremper les pieds dans un cours d'eau l'ete et de paresser, en sont venues a representer le style de vie des lettres qui vivaient a la campagne loin de l'avidite et de Ia cupidite du monde. Ces concepts revelent bien !'attitude fondamentale des lettres et leur fa ~ on
d'observer
les objets et, tout ils ont ete representes dans les jardins et les pavilions ou ceux-ci passaient le plus clair de leur temps. Un pavilion avec deux colonnes dans l'eau ressemble a un erudit avec les pieds dans l'eau De Ia meme maniere, le reflet d'un pavilion dans l'eau symbolise le lettre et sa vie ; c'est done pourquoi tant de pavillons s'appellent t'aksa. Les erudits careens ont essaye de realiser leur ideal naturelm~
L'eau etait utilisee pour ses effets de profondeur et son ores dans les jardins traditionnels. Dans le sens des aigumes d'une montre apartir de lagauche: Anapehi a Kyongju; Puyong-jOng, dans leJardin Secret du Palais Ch'angdok; scene de jardin tiree d'un recueil de paysages du peintre Yi Kyong-yun du mmeu de la periode ChosiJn; Mugiyong-dang, bassin aCh'ilgok,province du Kyongsang du nord. Cidessous, Hwallae-jOng a SOngyojang, un jardin de la ville de Kangniing sur la cOte est
philosophique de moderation en construisant leurs pavilions de cette maniere. lis essayaient de penetrer plus avant dans leur monde utopique. On ne peut saisir le sens de Ia conception traditionne!le coreenne du lieu de vie d'une persoJ!lle que si !'on regarde au-dela de Ia simple esthetique des objets ou d'une structure, et que !'on s'efforce de comprendre l'univers spirituel du gentilhomme lettre. +
L'utilisation faite par Jes Careens de l'eau dans Jes jardins traditionnels est radicalement difference de celle qui en est faite par les Chinois ou les ]aponais. La conception de forme des bassins et de l'ile centrale en temoigne. 17
Dans la vie coreenne Kim Kwang-on Professeur en Etudes Folkloriques Universite Inha ¡
ans Ia langue coreenne, les terrnes utilises pour designer un puits sont legion : saem, shiam, saemt'o, tchok saem, ture saem, chaktu saem, umul A ceux-Ia, s'ajoutent les variantes des dialectes regionaux et les termes specifiques renvoyant a differents types de puits. Dans les provinces au nord de seoul, le puits du village ou du quartier, dont on tire l'eau avec un seau, est un U1J1Ul Les puits a usage collectif dont l'eau est prise avec une calebasse evidee et dans !a position accroupie, sont dits saem Par contre, dans les provinces du sud, les puits . ont tous Ia meme denomination Le tchok saem est un puits peu profond dont l'eau est recueillie a!'aide d'une moitie de calebasse. On l'appelle aussi jXlk-um~ litteralement "puits a Ia calebasse". Le ture saem est d'une profondeur plus importante; le tureest le seau en bois que !'on fait glisser al'interieur du puits au moyen d'une longue corde retenue par une grosse pierre. Le chaktu saem est un puits moderne equipe d'une pompe. ndoit son appellation a Ia forme du manche de !a pompe qui ressemble a celle d'un chaktu, un large couteau afourrage. Les puits naturels et les sources ont des denominations propres : puch'ul-ch'on pour une source naturelle jaillissant d'entre les rochers, chisang-chon pour une petite fontaine issue d'une infiltration d'eau, et si1pchi-ch'6n pour des sources souterraines alimentant les marais. La survie de l'homme depend de Ia
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disponibilite en eau. Les "Chants des dragons volants" (Yongbioch'on-ga), un recueil de 248 odes compilees par Yi S6nggye en commemoration de Ia fondation du royaume Choson, evoquent l'eau a plusieurs reprises Le second chant met en exergue !'importance de l'eau dans les aoyances traditionnelles : Le ruisseau dont Ia source est profonde OJule aflats en depit de Ia secheresse It forme une riviere Et {flgne Ia mer.
Le mot saem designe toute source de liquide a debit constant n peut aussi etre employe pour evoquer l'ecoulement d'excretions ou de liquides corporels tels que Ia transpiration (ttamsaem) ou Ia salive (ch'imsaem). Le terrne saemt'o se refere a une source d'eau intarissable ou a une source d'energie. Les fontaines sacrees
Autrefois, les Coreens conferaient un caractere saae aux puits et aux fontaines, et aoyaient que les dragons y deposaient leurs oeufs. A l'aube du premier "jour du
Un geyser a Samsonghyo]. sortant de trois crevasses dans le sol desquelles, selon la legende, sont issus les ancetres des trois clans principaux de l'ile de Cheju.
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ChamaejOng,puits en pierres encastrees a ]'emplacement du lieu de naissance dugrand General Kim Yu-shin (595-673) de l'epoque Silla aKyongju
dragon'', premier pur de l'annee lunaire, les femmes s'empressaient d'aller puiser le premier seau de la purnee ; l'eau servirait a la preparation du petit-dejeuner de la famille Selon une coutume etablie depuis longtemps, la famille qui mangeait le riz du matin prepare avec le premier "oeuf du dragon'' .de la nouvelle annee etait assuree d'obte~ une recolte abondante. Pour les Coreens, les dragons incarnent la pluie et quiconque recueille la pluie jouira d'une annee d'abondance. L'eau est egalement investie d'un 20
pouvoir sacre dont depend la prosperite d'une famille De retour chez lui apres avoir victorieusement combattu les troupes de Paekche, le general Kim Yu-shin C5CJ5-673) de Silla se fit dire que Paekche preparait une nouvelle attaque n ordonna irnmediatement a un domestique de lui rapporter de l'eau du puits de la famille Kim Finissant de boire, il s'ecria avec satisfaction : "Ah, le gout n'a pas change. Nous sommes sfus de gagner". Et Silla ecrasa Paekche. Cette croyance populaire persiste de nos jours. Lorsque le malheur frappe, les vieilles
personnes disent souvent : "L'eau du puits est devenue mauvaise''. La force mysterieuse des puits est egalement capable d'ecarter les desastres naturels. Les habitants de certains villages de la province du Ch6lla du Nord fabriquent une lampe en remplissant un petit recipient d'huile et en y pla<;:ant une meche. Apres l'avoir allumee, ils la font flotter a l'interieur du puits communal et demandent au ciel que l'annee se passe sans catadysmes. D'autres regions organisent des saem
ku~ rites chamaniques, pour que feau du puits reste propre et abondante. Le rite, execute au puits du village, succede generalement a une ceremonie au sanctuaire de la divinite tutelaire de la communaute. Les Coreens croient egalement que reau de puits peut guerir les malades en phase terminale n y avi~ un jour, un fils d'une ¡ piete filiale exemplaire dont le pere etait tres ¡souffrant Celuki adorait falcool, or, le fils n'avait pas les moyens de lui en offrir. Alors, il se rendait au puits du village chaque marin et chaque soir et rapportait de feau fra!che ason pere Un jour, l'eau se transforrna en alcool, et le pere se retablit apres l'avoir bue Depuis ce prod.ige, le puits fut baptise Hyogam-ch'on, "le puits de la piete filiale". Le t'oj5ng litteralement puits terrestre, est a rorigine une excavation pratiquee dans le sol et amenagee de sorte que reau puisse sy accumuler. Le s6kch0ng (puits de rocher) est feau qui coule ou samasse entre les rochers. Parfois, un muret de pierre est erige autour du "puits terrestre", et un couvercle en bois, appele umul pangtU4 est pose dessus. On dit aussi que les puits sont dotes d'une mysterieuse force vitale Le fondateur du royaume Sill.a, Pak Hy6kk6se, serait sorti d'un oeuf depose dans un puits appele Najong, qui se trouve au pied du mont Yang, et son epouse aurait ete la fille d'un dragon qui apparut dans le puits Ary6ngj6ng. On croyait aussi que les puits etaient les entrees menant au palais secret du Dragon, Yonggung. On pense que la grand-mere du fondateur de la dynastie Kory6, Yongnyo, ou la Femme Dragon, rejoignait le palais du Dragon par le large puits de la capitale Kaesong, croyance qui montre que le peuple de Kory6 etaient fermement convaincu que ce puits menait ala mer. Etant investis de pouvoirs mysterieux, les puits etaient done capables de punir les auteurs de wauvaises actions. Parmi les nombreus~ histoires evoquant leurs pouvoirs mysterieux, il en est une qui raconte l'enfance de Tarhae, le quatrieme monarque du royaume de Silla (premier siecle de notre ere). A un moment donne,
Parfois un m uret en pierre entoure les puits en terre et un chassis en bois, umul pangt'iil, les recouvre (en haut). L'endroit d'oii l'ea u filtre est appele s6kchong, "puitspierre"(ci-dessus). Des buches evidees servent parfois aamener l'eau des torrents.
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alors qu'il gravissait une montagne, le jeune roi eut soif. n demancla a son domestique de lui apporter de l'eau Ce dernier, qui avait egalement soif, but une gorgee en revenant d'un puits. Mais l'ecope colla a ses levres et refusa de se detacher tant que le domestique ne promettait pas de ne plus jamais boire avant son roi Les pouvoirs magiques
L'eau puisee
a l'aube
est appelee
chOnghux!su Elle detiendrait des pouvoirs
¡ Puits circulaire en pierre a Chongmyo, temple des ancetres royaux du royaume de
Chos6n (ci-dessus); fontaine en pierre albnentee par unesource (ci-dessous)
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particuliers notamment lorsqu'elle est utilisee pendant les prieres adressees aux esprits celestes ou pendant la preparation de potions medicinales. Utilise comme offrande lors des rites ancestraux, un bol de ch6nghwasu valait, disait-on, toute une table chargee des mets les plus raffines. Pour cette raison, les couples pauvres sont legion adire que la reussite de leur mariage depend de la presence d'un simple bol d'eau ¡ Le premier jour du deuxieme mois lunaire, les villageois de Wolsong-gun (province du Kyongsang du Nord) se rassemblent autour d'un bol de chOng~msu et prient pour d'abonclantes recoltes. Cette eau est '1'eau de !'agriculture" (nongsamul), supposee faire tomber suffisamment de pluie pour arroser les cultures. Le ch6nghwasu serait egalement capable de chasser les mauvais esprits. Aussi les chamans l'utilisent-ils en le melangeant ade la cendre pour purifier les lieux de rite Dans les foyers ordinaires, l'eau des puits porte chance. Par tradition, les Coreens n'aiment pas que les visiteurs leur demandent de leur offrir l'eau du puits familial apres le coucher du solei!, parce que ce serait faire partir la chance, croyance encore ancree de nos jours. Le principe veut qu'on ne se rende pas au puits d'une autre famille avant l'aurore ou apres le coucher du soleil Dans les villages typiques, l'ombre d'un arbre est l'endroit de predilection des hommes tandis que le puits est celui des femmes. Les corvees menageres obligent ces dernieres a passer une grande partie de leurs joumees au puits : la, elles puisent de
l'eau, font Ia vaisselle, Ia lessive et Iavent les legumes. Et comme il va de soi qu'elles bavardent en vaquant a leurs occupations, le puits est souvent le lieu des commerages du village. Parfois, des querelles eclatent, mais pour les femmes du peuple, le puits est avant tout un lieu de travail, de repos, de rencontres, bref un lieu ou elles apprennent a savoir comment le monde tourne Jadis, il etait aussi le lieu des rendezvo.us amoureu:l(:. Les jeunes femmes n'avaient pas le droit de sortir de Ia maison apres le crepuscule, et si elles en avaient l'envie, elles pretextaient generalement qu'elles allaient puiser de l'eau Les jeunes amoureux n'avaient ¡ guere le temps d'echanger de longues paroles, mais leurs sentiments n'en etaient que plus forts. Bien entendu, le puits n'etait pas toujours synonyme de lieu de plaisir. On sy jetait pour se suicider. Les villageois eprouvaient une crainte particuliere a l'egard des esprits des suicides qu'ils surnommaient les "fant6mes des puits". Aujourd'hui, lorsqu'une personne cherche a contourner une difficulte en poussant quelqu'un d'autre a agir a sa place, on dit qu'elle "va a Ia chasse aux fant6mes des puitS'. ¡ II arrivait que des petits enfants, voire des adultes, y tombent par megarde et sy noient. D'otl !'expression 'fai !'impression d'avoir envoye mon enfant au puits" employee par une personne qui n'a pas Ia conscience tranquille Dans certains villages de !'arrondissement de SOsan (province du Ch'ungch'ong du Nord), les habitants depo. sent trois cuilleres de riz sur le puits communalle 15eme jour du 6eme mois lunaire et demandent aux esprits d'empecher que leurs enfants ne tombent dans le puits.
Sources minerales d'Osaek dans 1a province de Kangwon ( ci-dessus); le puits de NakaniipsiJng, village folklorique pres de 1a ville de Polgyo dans la province du Cholla du sud ( ci-dessous) est unique pour ses canaux qui permettent l'ecoulement des eaux usees. Dans les villages traditionnels, les femmes travaillent, bavardent et parlent du monde au tour du puits communautaire.
Le coeur du village
Les puits a usage collectif soot habituellement amenages au centre du village, mais dans les plus grands, les puits soot plus nombreux et repartis dans les differents quartiers. La responsabilite du nettoyage et de l'entretien est confiee aux families qui les utilisent. Celles-ci se regroupent en comites charges de Ia gestion des puits, appeles umulgye. D'une annee sur !'autre, Ia responsabilite est assumee a 23
Les Careens ont tendance
a croire dans Jes bienfaits des eaux minerales parce qu'ils ont une approche mystique de l'eau et qu 'ils la venerent.
A partirdu haut, dans le sens des aiguilles d'une montre: restaurants groupes au tour de la source d'eau minerale de Talgi, que l'on trouve parmi tant d'autres dans le Pare National dumont Chuwang; source minerale tres accessible aux buveurs d 'eau; la source minerale de Shinch'on attire beaucoup de visiteurs pour les effets medicinaux de ses eaux; l'eau minerale de Shinch'on a une coloration propre car elle est riche en fer et en calcium. 24
tour de role par les families membres du umulgye. Des reunions ant regulierement lieu au debut du printemps, pendant Ia saison des pluies d'ete, et apres les moissons d'automne Lorsqu'un seul puits doit pourvoir aux besoins de tout un village, chaque habitant est d'office membre du umulgye. Les depenses entraillees par son entretien sont assumees par tous. Sa gestion donne lieu au Chishin palki, un rite qui se tient a Ia premiere pleine June de l'annee lunaire. Lors de son deroulmn~ des fonds sont collectes, et chaque maison de Ia communaute est visitee par une troupe de musiciens du village, qui tout en puant une musique fougueuse et retentissante, defile dans Ia cuisine et le hangar, demandant au dieu du ciel ( Chishin) d'accorder une bonne sante et une longue vie a ses occupants. La Coreenne soucieuse des tr;:tditions utilisait l'eau avec parcirnonie. Dans une region montagneuse pres de Ia cote sud, lorsqu'une femme remontait un seau d'eau au puits, elle s'evertuait aen economiser au moins le tiers qu'elle reversait apres dans le puits. nen etait de meme si l'eau etait prise au moyen d'une ecope Ce geste etait cense apporter Ia chance et favoriser Ia naissance de gan;:ons. Au sein des families conservatrices, l'eau joua un role preponderant dans le choix des epouses. Avant de se prononcer definitivement sur le choix de Ia future bru, Ia farnille du garc;:on envoyait des gens en reconnaissance dans le village de Ia fille pour savoir si celle¡ci utilisait l'eau avec economie ou prodigalite. Cette coutume reflete Ia croyance traditionnelle selon laquelle le gaspillage de l'eau .. signifie Ia perte de chance Notre familie possedait un puits quand fetais enfa~ et rna grand-mere me repetait souvent de ne prendre que Ia quantite necessaire d'eau Elle disait que les gens qui utilisaient l'eau inutilement seraient condamnes au moment de leur mort a boire toute l'eau qu'ils avaient gaspillee et iraient dans le monde de l'au-de!a En ville, avant !'apparition des refrigerateurs dans les annees 70, on conservait Ia nourriture facilement
perissable dans le puits familial
n en etait
ainsi pour les melons, les tomates. Le riz deja
cuit, le Kirnch'i et les restes de plats etaient mis dans des recipients, lesquels etaient places dans des paniers rands que !'on suspendait aux parois du puits, pour les mettre a l'abri de Ia chaleur en ete.
L'eau medicinale Qn parle souvent des bienfaits de l'eau des sources naturelles. Lorsqu'une personne malade ne se retablit pas apres avoir subi un traitement classique, elle prend les eaux dans une station thermale. Beaucoup affirment avoir soigne des troubles intestinaux, des nevralgieS, le diabete et des problemes de peau apres une longue cure thermale. En general, le sanctuaire dedie au dieu de Ia montagne ou a Ia divinite tutelaire du village est erige a cote d'une source minerale. Ceux qui croient fermement a ses vertus therapeutiques offrent un bol d'eau au sanctuaire avant d'en boire. Une ou deux fois par an, les villageois tiennent un "rite de l'eau medicinale" au printemps pour assurer son ecoulement continu Les ravins du mont S6rak (province de K.angwon) concentrent plus d'une vingtaine des sources minerales les plus reputees de Coree. Se trouvant dans Ia plupart des cas dans des lieux isoles, elles nourrissent souvent de vieilles legendes. L'une d'elles raconte qu'un enfant herculeen naquit pres de Ia Source Wangbw~ en plein coeur des montagnes de !'arrondissement de Samch'ok. Une autre, originaire de !'arrondissement d1nje, dit qu'un cerf blesse par Ia fleche d'un chasseur soigna sa blessure en Ia nettoyant avec l'eau de Ia Source Pangdong. De nombreuses autres parlent d'apparitions de magiciens des montagnes dans les sources minerales. Les proprietes curatives de l'eau minerale agiraient encore mieux si celled est utilisee pour preparer des aliments sains comme du poulet, du canard, du faisan, du ragout de sanglier, a vee des herbes de montagne sauvages et des legumes. Le Pare national du mont Chuwang (arrondissement de Ch'ongsong, province du Kyongsang du Nord) est celebre pour son talgi ~ksu; un mets a base de poulet et de pousses de
La source d'eau minerale de Pangdong, a Injegun, province de Kangwon, a ete
decouverte par un chercheur de ginseng.
sumac bouillis dans de l'eau minerale. Talgi signifie ''bouillir" ou ''ragouf', et ~ksu, "eau medicinale". Toutefois, des analyses scientifiques ont prouve que "l'eau medicinale" ne se distingue guere de l'eau courante. Elle n'aurait pas plus de vertu medicinale que l'eau minerale classique qui contient un peu plus de fer, de calcium et de magnesium Bien sur, l'eau peut etre benefique aux personnes qui ont des carences en mineraux, mais pour celles qui suivent un regime alimentaire deja sain, elle peut s'averer au contraire nefaste en favorisant dangereusement !'augmentation de Ia quantite des metaux lourds dans l'organisme.
Les guerisons miraculeuses attribuees aux cures thermales sont souvent le resultat d'un mecanisme psychologique dont les principaux ressorts seraient Ia conyiction que les eaux thermales peuvent guerir et les bienfaits d'un sejour en montagne loin du stress de Ia vie quotidienne. Les Careens ont tendance a croire aux proprietes curatives de l'eau minerale, attitude qui s'explique surtout par leur respect a l'egard de l'eau eta leur approche occulte de Ia chose. Yaksudong (quartier de l'eau medicinale) et Yongch'ong-dong (quartier de Ia Fontaine magique), tous deux a seoul, temoignent de Ia fascination que les Careens ont pour l'eau et de leur croyance du pouvoir de l'eau et despuits. â&#x20AC;˘ 25
â&#x20AC;˘
saences en Coree Park Seong-rae Professeur d'histoire Universite Hankook des Etudes Etrangeres
ans le cadre de l'histoire des sciences et de Ia technologie en Coree, il est possible d'envisager de nombreux sujets appartenant a des domaines en relation avec l'eau dans une societe agricole, l'eau est fondamentale. Quand les pluies sont trap abondantes, s'il se produit des inondations, tout le monde subit des dommages ; mais, autrefois, avant le phenomene d'urbanisation, peut-etre que ces inondations ne representaient pas un probleme extraordinaire. Par contre, quand Ia pluie etait insuffisante, les dommages subis par Ia societe agricole etaient d'une extreme gravite et, Ia secheresse representait pour l'homme d'autrefois une menace insurmontable. L'histoire coreenne nous a transrnis de tres nombreux elements concernant les secheresses et les reactions qu'elles provciquaient. Afin d'y faire face, on constri.Jisait des barrages pour amenager des reserves d'eau ; on construisait et utilisait aussi divers types de roues a eau permettant de remonter de l'eau situee a
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niVeaU inferieur. fl etait aussi organise de nombreuses ceremonies destinees a demander Ia pluie. D'un autre cote, on endigua les eaux courantes et on construisit des canaux d'irrigation, ce qui permit en meme temps le developpement des techniques de genie dvil.De plus, dans le but de naviguer sur les oceans et sur les fleuves, on construisit des bateaux ; on developpa Ia technique de Ia construction des pants en vue de pouvoir traverser les fleuves et les rivieres. Dans ces divers domaines, Ia tradition scientifique et technologique de Ia Coree est loin d'etre negligeable, et il est possible de decouvrir Ia des resultats remarquables qui apparaissent quelque peu superieurs a ceux des pays voisins. De plus, pendant l'hiver, on decoupait Ia couche de glace qui s'etait formee sur les rivieres et les lacs ; on l'entreposait dans des glacieres afin de pouvoir l'utiliser dans divers buts au cours de l'ete et, a cette fin, des l'epoque des Trois Royaumes (c'est-a-dire des avant l'annee 666) on avait construit de tels entrep6ts de glace dans Ia capitale et en Ufi
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divers endroits du pays. La clepsydre L'horloge a eau est un theme celebre dans l'histoire des sciences en Coree ; il s'agit d'une des inventions auxquelles le grand public porte un tres grand inter~ si bien que Ia clepsydre est reproduite sur le billet de banque de Ia plus haute valeur -c'est-a-dire Ia coupure de 10.000 wons. D'ailleurs, Chang Y6ng-shil, qui est considere comme ayant construit Ia plus remarquable horloge a eau autornatique a l'epoque du roi Sejong, au debut du quinzieme siecle, est venere comme personnage representatif de Ia tradition scientifique coreenne et connu de taus les Careens. Cependant, l'horloge a eau construite par Chang Yong-shil ne fut pas Ia premiere qui apparOt dans l'histoire de Ia Coree. Dans les "Chroniques des Trois Royaumes", il est mentionne que l'on utilisait Ia clepsydre a l'epoque du royaume de Silla La premiere mention de cette horloge a eau relate qu'en l'an 718, on
etablit le service de Ia clepsydre On relate que fut alors etabli un service charge de l'horloge a eau, ce qui signifie qu'a l'epoque en question, Ia clepsydre etait dep utilisee et que !'on avait deja etabli pour Ia premiere fois un service administratif ayant pour fonctions de traiter les questions relatives a son usage. Compte tenu du fait que !'on en soit arrive a l'etablissement officiel d'un service administratif specialise, il semble difficile de penser qu'il s'agit d'une mention relative a Ia seule horloge a eau A cette epoque, sous le nom de service de Ia clepsydre, il faut comprendre que !'on en arriva a etablir un service administratif charge de l'horloge a eau et autres questions. Si !'on en juge par le fait que les annales de l'epoque ne mentionnent pas l'etablissement d'un service adminst~f separe et independant charge de l'astronomie et si !'on tient compte du fait que, par Ia suite, les questions relatives a l'astronomie et a l'horloge a eau furent confiees a un meme service administratif, on peut penser que ce service de Ia clepsydre de Silla devait traiter en meme temps les problemes concernant l'horloge a eau et les questions relatives a l'astronomie l.a clepsydre est un instrument que !'on decouvre partout dans les civilisations anciennes, et !'on pourrait croire qu;il s'agit done d'un instrument qui n'a rien d'etonnant. Cette clepsydre n'exista d'ailleurs pas seulement dans le royaume de Silla au huitieme siecle : il est certain qu'elle etait connue et existait dep bien avant dans les trois royaumes de l'epoque des Trois Royaumes. Elle existait toujours a l'epoque de Ia dynastie de Kory6 (935-1392), qui succeda au royaume de Silla Unifie. Si elle n'est mentionnee en propres termes ni dans aucun autre texte comme ayant existe Iars de Ia dynastie de Kory6, il est ecrit qu'au service de l'astronomie, il y avait un fonctionnaire charge de l'horloge a eau, et !'on peut en deduire qt.i'elle existait ll reste seulement difficile .de dire quelle etait sa forme a cette epoque. D'ailleurs, le fait qu'il n'en soit pas fait mention semble prouver au
Horloge a eau automatique inventee par Chang Y ongshil au debut du 15eme siecle
contraire qu'il s'agissait pour l'epoque d'un instrument devenu tout a fait ordinaire On trouve une mention rapportant qu'ayant herite de cette tradition de Ia clepsydre, au debut du royaume de Chos6n (1393-1910), on utilisa l'horloge a eau comme horloge standard du pays ; et en particulier, sous le regne du roi Sejong, le remarquable technicien que fut Chang Y6ng-shil construisit une horloge a eau d'une remarquable qualite pour son temps.
Si sa cbag)i5gnu, dont Ia construction fut achevee en 1434, n'existe plus aujourd'hui, il n'en reste pas mains que c'est grace a cette horloge a eau que son constructeur est devenu l'un des personnages historiques les plus connus du peuple careen. Mais l'horloge a eau de Chang Y6ng-shil n'exista pas sous Ia forme d'un modele unique : il y en eut au mains trois modeles. Cet homme, qui avait ete esclave de !'administration de Tongnae (pres de 27
Pusan), fabriqua en 1424 (6eme annee du roi Sejong) une premiere horloge a eau designee sous le nom de Ky)nf!Pmjigi, et il en fu~ semble-t-il felicite par le roi en personne. 11 semble aussi que cette premiere horloge a eau n'etait pas automatique. 11 s'agissait probablement d'une clepsydre traditionnelle eqwpee de deux ou trois recipients d'eau disposes a des niveaux differents, relies les uns aux autres au moyen de tubes permettant de regler le passage de l'eau et, quand le niveau de l'eau s'elevait dans le recipient inferieur, cela permettait le deplacement d'une reglette a l'~xtremi de laquelle il suffisait de lire une graduation pour connat"tre l'heure Pendant clix annees, Chang Yong-shil devait poursuivre des recherches
Les bateaux-tortue, cuirasses utilises pour refouler les invasions japonaises a la fin du 16eme siecle, sont peutetre le meilleur exemple de la convergence de l'eau et de la science en Coree. Ces vaisseaux sont aussi une preuve du haut niveau technique dans la construction na vale de cette epoque.
concernant l'horloge aeau traditionnelle et l'ameliorer pour parvenir a fabriquer sa chag;.Ognu en 1434. A ce suje~ les Annales du roi Sejong nous ont transmis une note detaillee permettant de savoir en gros ce qu'etait cet instrument, mais malheursn~ l'appareil lui-meme ne nous a pas ete transmis. nreste cependant cinq recipients d'une chagyognu posterieure de cent ans, qui nous permettent de deviner ce que devait etre celle de Chang Yong-shil On peut aussi savoir que, sur la reglette mobile de la clepsydre traditionnelle, il accrochait des bras qui, dans leur mouven~ emettaient selon les heures des sons de cloches, de gongs, de tambours ; ou bien, il y installait des mecanismes sophistiques qui permettaient de faire apparaitre divers
Le bateau-tortue a joue on role decisif pour repousser lesJaponais ala fin du 16 eme siecle.
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Le SOkbinggo a Kyongju etalt ut111se pour stocker de laglace ala fin de la periode Chos6n.
personnages. n nous est impossible de savoir a que! point Ia chag;.Ognu de Chang Yong-shil representait une nouveaute parmi les clepsydres et autres horloges a eau du monde Des textes historiques rapportent qu'avant lui, en Chine et dans les pays arabes, on fabriquait des clepsydres automatiques d'une haute precision et il n'existe aucune preuve permettant d'affirmer que celle de Chang Yong-shil flit d'une qualite nettement superieure n est cependant hors de doute que, jusqu'a cette epoque, en Coree, ce fut l'horloge a eau du type le plus elabore. nfaut aputer que, si Chang Yong-shil put obtenir une partie des connaissances relatives aux divers mecanismes exiges au travers des ouvrages et documents de son temps, il est facile ¡ de deviner qu'une partie irnportante¡ de son horloge a eau ne put etre due qu'a sa propre invention ; et il est perrnis d'affirmer que, pour son epoque, !'instrument representait une invention
d'une qualite remarquable Apres Ia construction de cette horloge a eau mecanique, l'inventeur fut d'ailleurs chaleureusement felicite et encourage par le roi Sejong. Le resultat en fut qu'il entreprit Ia fabrication d'une horloge a eau d'une precision encore plus grande, connus sous le nom de ong~ dont le but etait quelque peu different et qui etait en meme temps un mecanisme astronomique ; Ia construction en fut achevee quatre annees plus tard, en 1438 ; c'etait done sa troisieme horloge a eau n ne s'agissait pas seulement d'une horloge a eau totalement autornatique : en plus des mecanisrnes destines a indiquer l'heure, il y avait ajoute divers mecanismes representant les mouvements du solei! et de Ia lune, pendant que des marionnettes irnitaient jusqu'aux gestes des paysans en train de labourer leurs champs ou de semer les cerea!es en se mouvant grace a des dispositifs et mecanismes hautement precis et sophistiques. Bien que, tout
cornrne Ia precedente, cette horloge a eau ne soit point parvenue jusqu'a nous, nul doute n'est j)Q')Sible en ce qui conceme le fait qu'il s'agissait d'une invention dont le peuple careen peut etre fier. On peut savoir qu'a cette epoque, grace aux travaux- realises pour Ia construction de telles horloges a eau, Ia technologie de fabrication de toutes sortes de mecanisrnes autornatiques utilisant l'eau etait parvenue a un niveau remarquablement eleve. Si l'on en croit certaines relations,-¡des mecanismes hydrauliques utilisant l'ecoulement de l'eau comme force motrice etaient utilises en dehors des horloges a eau pour un certain nombre d'instruments d'astronornie n est em~ par exemple, que des instruments d'astronomie tels que le hon-ui et le bon-sang qui furent construits du cote nord du bassin de Kyonghoeru (dans !'enceinte du palais de Kyongbok), sous le regne du roi Sejong, etaient equipes de mecanismes hydrauliques. On rapporte 29
Le pont Sup'yo est appele ainsi a cause d'une de ses pierres qui permet de mesurer le niveau de la riviere Ch'ongye, aseo.;n.
aussi que cette methode d'utilisation de l'eau comme force motrice fut employee dans Ia construction d'instruments q'astronomie au dix-septieme siecle, cependant les cas n'en furent pas tres frequents : seulle moulin hydraulique, qui etait largement repandu, representait un"e forme d'utilisation des eaux comme force motrice tres populaire Le bateau-tortue
Ensuite, parmi les realisations technologiques en relation avec l'eau que l'histoire coreenne nous a transmises, et comme cas tres representatif, on peut citer le bateau-tortue, qui est connu de tout le monde pour avoir ete le bateau de guerre qui pua un role decisif en permettant aux troupes coreennes de repousser et de vaincre les troupes japonaises a Ia fin du seizieme siecle, lors de !'invasion de Hideyoshi nfaut aputer que les resultats remportes par ce bateau-tortue representent une preuve indirecte du fait qu'a l'epoque du royaume de Chason, Ia technologie des constructions navales avait atteint un niveau important Comment done l'histoire nous 30
rappo[te-t-elle l'extraordinaire victoire remportee par le bateau-tortue ? ns'agit d'un bateau du type des navires careens I construits et mis en service jusqu'a Ia fin du seizieme siecle, et il est prouve qu'il s'agissait d'un navire de guerre nouvellement construit a partir du type des bateaux avec toit de planches de bois du debut de Ia dynastie, que !'on avait ame!iore et specialement amenage. Malieursmn~ il nous a ete transmis assez peu de documents de l'epoque concernant Ia forme et les dimensions de ce navire. Pour ce qui est des dessins representant le bateau-tortue, il nous en a ete transmis seulement deux dans un ouvrage intitule "Histoire complete de Yi Ch'ung-mu" (l'amiral Yi Sun-shin, qui remporta Ia victoire contre les troupes japonaises), un ouvrage compile a une epoque nettement posterieure. II nous suffit evidemment des faits que nous connaissons pour savoir que ce bateau-tortue etait un navire d'un type tout a fait particulier : apres avoir supprime le pont du bateau a toit en planches de bois, on l'avait recouvert d'un toit arond~ sur lequel on avait fixe des
pointes de fer destinees a empecher l'abordage des troupes ennemies. Le navire etait equipe d'une tete de dragon a sa proue, et il est prouve que, pendant les combats engages lors de !'invasion de Hideyos~ on tirait des coups de canon par Ia gueule de cette tete de dragon II semble qu'a Ia poupe, pour emettre de Ia fumee, on brU!ait du soufre et du salpetre De plus, ce bateau-tortue etait recouvert de plaques de fer, et !'on rencontre souvent des specialistes qui cherchent a le presenter comme le premier des cuirasses du monde ll y a exactement un siecle, Yu Kil-jun affirmait : ''Le bateau-tortue fut le premier navire de guerre .cuirasse construit au cours de l'histoire"; de plus, dans les documents japonais de l'epoque, il est mentionne que le bateau-tortue etait recouvert de plaques de fer. Pourtan~ cette affirmation, n'est pas encore soutenue par des preuves historiques, et il est impossible d'affirmer avec certitude que le bateau-tortue fGt cuirasse. Dans un ouvrage datant aupurd'hui de cinquante ans, on pretend aussi que ce bateau-tortue fut le premier sous-marin du monde ; il est certain que ce navire ne pouvait pas
penetrer sous rem Ce bateau-tortue est, pour le peuple coreen, un navire enveloppe de mystere et fait partie d'une sorte de legende ; et cela tient en grande partie au role determinant qu'il joua pour pemettre a l'amiral Yi Sun-shin de remporter Ia victoire sur les troupes japonaises, ce qui faisait que, plus le temps passait plus on faisait de ce bateau un navire legendaire Pourtant, meme si l'on rejette ces elements un peu legendaires, il reste certain qu'il s'agissait d'un na vire remarquable, pour la construction duquel on avait admirablement mis en oeuvre la technologie des constructions navales specifique a Ia Coree, une technologie differente de celles du Japon et de Ia Chine a Ia meme epoque. Cela permet aussi de decouvrir les qualites des bateaux coreens a toit de planches de bois, dont etaient formees les forces principales de la marine de guerre, et qui etaient encore utilises pour les transports maritimes des marchandises Le bateau-tortue semble avoir ete equipe d'un pont inferieur d'une longueur d'environ vingt metres, avec une longueur totale d'environ trente-cinq metres. Il pouvait porter environ cent cinquante hommes, parmi lesquels une centaine devaient etre des rameurs, probablement repartis par equipe de cinq avec un chef d'equipe et quatre qui se relayaient deux par deux aux avirons. On pense qu'au plus fort du comba~ les quatre hommes devaient ramer ensemble : ains~ comme le relatent certains documents historiques, en elevant Ia vitesse de l'embarcation, il devenait possible de se frayer un chemin au milieu de Ia flotte ennemie et de frapper de tous c6tes. Il est prouve qu'au moment de !'invasion de Hideyoshi, il n'existait que trois bateaux-tortue; mais il semble que la marine de Choson ait dispose d'une puissance de feu superieure a celle de la marine jap6naise, et que le bateau-tortue fGt plus mobile que les bateaux de Ia flotte japonaise. Il faut ajouter que, les generaux et amiraux de l'armee de Chos6n, en particulier l'amiral Yi Sun-shin,
etant en mesure de profiter d'avantages geographiques et climatiques, l'armee de Choson se trouvait dans une position avantageuse lors des combats qui l'opposaient aux troupes japonaises. Tout particulierement, malgre son inferiorite numerique, le bateaux-tortue semblent avoir joue un role capital grace a sa forme particuliere pour abattre le moral de l'armee d'invasion Etant recouvert d'un toit rendant impossible l'abordage, manoeuvre a laquelle les marins japonais etaient extremement habiles, et ce toit etant herisse de pointes de fer, ce type de navire permettait de proteger les marins coreens et ne pouvait qu'apparaltre comme terrifiant pour les troupes japonaises. Considere du point de vue technologique, c'etait un batiment remarquable et sophistique utilisant parfaitement les techniques des constructions navales les plus a la pointe du progres a l'epoque. De plus, Ia puissance de feu de ses seize canons, six de chaque cote et les autres a Ia proue, etait alors superieure a celle des navires japonais, et l'on peut affirmer que tous ces avantages technologiques contribuerent de fa<;:on considerable a la victoire de Yi Sun-hin Laglaciere La gl~cier en pierre conservee a Kyongju est bien connue comme le plus representatif des entrepots de glace d'autrefois. Se trouvant situee dans l'ancienne capitale du royaume de Silla, cette glaciere est parfois consideree comme un vestige de l'epoque de Silla, mais il existe des preuves qu'elle fut construite a la fin du royaume de Chos6n Bien sfu, on entreposait de la glace afin de l'utiliser, et cela remontait a l'epoque de Silla. D'apres les Chroniques des Trois Royaumes, Ia sixieme annee du roi Chijung (l'an 505), pendant le onzieme mois, ordre fut donne au service administratif conceme d'entreposer de la glace, et il est prouve qu'au temps du royaume de Silla, on avait institue un service administratif designe sous
!'appellation de "service des glacieres''. En vue d'utiliser Ia glace pendant Ia saison de rete, il fallait pouvoir l'entreposer apres l'avoir decoupee pendant l'hiver sur les fleuves et les lacs geles, de fa<;:on a eviter qu'elle ne fonde nest evident que la technique exigee se developpa peu a peu et l'on sait qu'il fut construit des glacieres dans diverses regions du pays, mais on ignore encore aujourd'hui le processus concret du developpement d'une telle technique. Quoi qu'il en soit, deja a l'epoque de Koryo (935-1392), il est certain que !'on decoupait de Ia glace et qu'on l'entrposai~ qu'elle etait taillee afin d'en decorer les tables et les salles lors de !'organisation des banquets. En ran 1245, le jour de la nativite du Bouddha, Ch'oe Y~ le fils de Ch'oe Ch'ung-hon, qt.\i avait succede a son pere et detenait a l'epoque un pouvoir tout puissant, organisa Ia procession des lanternes et des divertissements ~ pendant toute la nuit, attirerent toute la population de la capitale et, pendant le 5eme mois lunaire, il organisa un grand festin auquel furent convies tous les grands dignitaires de Ia cour royale et du gouvemement Comme les documents contenus dans ''L'histoire de Koryo" le prouvent, pour ces festins, on avait prepare toutes sortes d'installations somptueuses, parmi lesquelles quatre grands baquets ou cuves ou l'on avait entasse des montagnes de glace On peut savoir ainsi¡ que Ia glace etait utilisee comme element decoratif lors des banquets et festivites organises pendant rete A l'epoque du royaume Chosan, on utilisait Ia glace entreposee dans-des glacieres situees dans les diverses regions du pays. Les nombreux vestiges que l'on decouvre aujourd'hui en sont la preuve. On ne sait pas comment cette coutume d'entreposer de Ia glace a fini par se repandre dans tout le royaume Ce qui est certain, c'est que l'on decoupait des blocs de glace l'hiver afin de l'utiliser en ete En particulier, a seoul sous la derniere dynastie, Ia glace destinee aux diverses administrations etait fournie par deux glacieres dites "de l'esf' et "de l'ouesf'. La 31
glaciere de !'est etait de dimensions relativement petites et se trouvait a Tump'o (Oksu-dong aujourd'hui), en amant du fleuve Han et fournissait une glace plus propre destinee surtout aux ceremonies d'offrandes aux ancetres de Ia famille royale. La glaciere de !'ouest se trouvait situee plus en aval, aux pieds du mont Tunjin, et pouvait emmagasiner une beaucoup plus grande quantite de glace destinee a !'alimentation dans le palais et aux families de fonctionnaires. Dans le cas de ces derniers, en general pendant un mois de l'ete, les reglementations prevoyaient un approvisionnement en quantite differente compte tenu de leur grade dans Ia fonction publique, et ces reglementations varierent avec les epoques. Le pluviometre et le fluviometre Dans le domaine le plus remarquable des sciences en relation avec l'eau dans Ia tradition scientifique coreenne, on ne saurait omettre de citer le pluviometre et le fluviometre, qui furent inventes sous le regne du roi Sejong. nn'existe actuellement aucune preuve que, dans le monde du debut du quinzieme siecle, dans quelque pays que ce soit, on ait fabrique des instruments speciaux en vue de mesurer Ia quantite des precipitations pluvieuses e~ de ce point de vue, le pluviometre peut etre considere comme une invention extremement significative ; surtout qu'a cette epoque, on ne se contentait pas de mesurer Ia quantite des precipitations pluvieuses au moyen du pluviometre, mais encore, on avait invente un appareil permettant de mesurer !'influence des pluies deja tombees sur le niveau des cours d'eau ; cet appareil etait le fluviometre, qui etait installe sur les bards du fleuve Han et du Ch'6nggyech'6n On peut done affirmer que le pluviometre et le fluviometre representent pour l'epoque concemee des resultats remarquables dans le cadre de l'histoite des sciences dans le monde. Parhli les diverses caracteristiques qui ont marque Ia "revolution scientifique'' de l'Ociden~ au dix-septieme siecle, on peut souligner le fait qu'elle commeny:t par une 32
approche visant a mesurer l'ampleur des phenomenes de Ia nature. Autrement di~ pendant des epoques anterieures, on se contentait de percevoir vaguement de tels phenomenes, sans chercher a proceder a une mesure quantitative ; cependant, a partir de Ia revolution scientifique, l'homme a adopte une attitude qui le portait a mesurer tout ce qui etait susceptible de l'etre, et il s'agissait Ia d'une attitude fondamentale qui devait etre a l'origine de !'apparition des sciences modemes. En realite, il a fallu attendre le dix-septieme siede pour voir apparaitre en Occident toutes sortes d'appareils de mesure : le thermometre, l'hygrometre, le barometre, et le pluviometre et autres instruments et appareil de mesure .n'ont fait leur apparition qu'a cette epoque ; mais, environ deux siecles plus tot, pour Ia premiere fois dans le monde, en !'an 1441, dans le royaume de Chason, on avait invente et commence a utiliser un pluviometre, qui permettait de mesurer avec pr~on Ia quantite des precipitations pluvieuses, et le fluviometre, qui permettait de mesurer !'influence des precipitations pluvieuses sur le niveau des cours d'eau En ce qui conceme cette attitude visant a mesurer quantitativement les phenomenes de Ia nature, qui peut etre consideree comme l'une des caracteristiques fondamentales dans le domaine des sciences modemes, il est possible d'affirrner que le royaurne de Chos6n etait en avance sur le reste du monde. C'est pour cette raison que le pluviometre ne peut que representer une invention a laquelle on pense d'abord quand on parle de !'esprit et de Ia tradition scientifiques du peuple careen en relation avec l'eau Evidemn~ ce n'est pas parce que le peuple careen a ete le premier du monde a inventer et a utiliser le pluviometre que les sciences modemes se sont developpees dans le cadre de Ia culture coreenne avant dele faire chez les autres peuples ; de plus, les caracteristiques des sciences modernes ne sauraient se resumer dans !'attitude visant a mesurer les phenomenes de Ia nature ; et il n'est nullement oblige que ces sciences mo-
dernes se developpent d'abord Ia, sous pretexte qu'une telle caracteristique s'y est manifestee plus t6t qu'ailleurs. Cepnda~ le fait qu'une caracteristique aussi irnportante soit apparue d'abord dans Ia societe coreenne peut representer certainement un sujet de tres grand interet Pourquoi done, a une telle epoque, le roi Sejong se montrait-il si empresse pour proceder aux mesures quantitatives concernant les precipitations pluvieuses et le niveau des cours d'eau ? L'une des raisons peut etre decouverte dans !'interet porte aux phenomenes de Ia nature par Ia societe agricole en general : a cette epoque, l'activite hurnaine Ia plus irnportante etait !'agriculture et, compte tenu de son importance, on ne pouvait que porter un profond interet a Ia quantite des precipitations pluvieuses et au niveau des eaux dans les cours d'eau : tout naturelm~ l'homme desirait coi:maltre le debit des cours d'eau, et il etait indispensable de verifier s'il tombait beaucoup de pluie ou si Ia secheresse devenait grave. Cepnda~ s~ a l'epoque, on portait grand interet aux eaux fluviales, aux inondations et aux precipitations pluvieuses, Ia raison n'en residait pas uniquement dans le fait que cela representait un element capital pour les travaux de !'agriculture ; a cette epoque, !'interet porte a l'eau ou a Ia secheresse etait un bareme qui permettait d'apprecier Ia politique du roi et n'en etait que plus grand Quai qu'il en soit, le pluviometre fut invente en Coree et installe dans de nombreuses regions du royaume e~ quand Ia pluie etait tombee, des fonctionnaires devaient en mesurer Ia quantite, ¡qui faisait !'objet de rapports envoyes a Ia capitale. Evidemment, le fait d'avoir pense a mesurer Ia quantite de pluie tombee au moyen d'un pluviometre haut de 42 em avec un diametre de 17 em ne saurait etre consideree comme une conception extraordinaire mais, avant 1441, nulle part dans le monde, personne encore n'avait pense utiliser un instrument d'une telle sirnplicite pour mesurer Ia quantite des precipitations pluvieuses, d'autant plus que !'on ne se contentait pas de cela : on fabriqua aussi le
fluviometre afin de connaitre Ia quantite de l'eau qui se deversait clans le fleuve Han et le Ch'onggyech'on. Ces deux instruments de mesure ne peuvent que representer deux remarquables symboles des progres scientifiques realises sous le regne du roi SePng Pourtan~ clans les milieux scientifiques chinois, le pluviometre, qui merite d'etre considere comme un des elements les plus glorieux de l'histoire scientifique du peuple coreen, est presente comme une invention chinoise : dans tous les ouvrages chinois traitant de l'histoire des sciences, il est emt que le pluviometre fut invente et fabrique d'abord en Chine, qu'il fut alors envoye dans les divers pays sous influence chinoise, et qu'il n' a ete conserve que clans le royaume de Chos6n La meme attitude se retrouve chez les specialistes de Taiwan L'une des principales raisons a l'origine d'une telle pretention des specialistes chinois reside dans !'inscription en caracteres chinois qui se trouve sur Ia paroi du recipient le plus remarquable qui ait ete conserve de ce pluviometre : 'fabrique le 5eme mois de l'annee Kyongin pendant l'ere Konnyung''. Dans les deux caracteres designant l'ere ''Konnyung'', on reconnait l'ere d'un empereur chinois e~ clans cette ere, l'annee ''Kyongin" correspond al'annee 1770 de !'ere chretienne. Les specialistes chinois semblent ignorer que, pendant Ia dynastie de Choson, pour dater, les Coreens utilisaient les eres de !'empire chinois, et ils s'empressent de deduire du fait qu'une telle ere soit inscrite sur ce pluviometre qu'il s'agit purement d'un objet fabrique en Chine Sans nul doute possible, le pluviometre est un instrument de mesure des precipitations pluvieuses qui fut invente et fabrique, pour Ia premiere fois de l'histoire du monde, par les Coreens au debut du royaume de Chos6n : quelle qu'en fat Ia cause, le roi Sejong porta un profond interet a Ia pluie et a Ia secheresse, et cet interet conduisit a !'invention et a !'utilisation du' pluviometre et du fluviometre, une remarquable invention scientifique realisee par les Coreens du quinzieme siecle â&#x20AC;˘
Les jauges a phms ou
d
cau, veritables pluviomt~re<>,
inventecc; sou<> le regnt. du roi Sejong constituent un dec, metlleurs eYcmplt. de ff'llS'>Jtf' '>CJCntJ!Jquc dcr;; Corccns concernant /'e..1u. Il ec,t cilffiule d'en trouver de cc mveau dan'> J'autTC'> pay'>
a Cttte t.~poque
fa.
Ce pluviometre etait utilise pour mesurer la quan tite d'ea u de pluie et l'efficacite des souverains.
33
L'
Ia
populaire coreenne Im Chae-hae Professeur en Etudes Folkloriques Universite d'Andong
ans !'esprit des Coreens, l'eau est chargee de primitivisme . mythologique et de symbolisme. Le mythe de Ia creation, l'un des plus vieux qui existent en Coree, traite de l'origine de l'eau et du feu Dans le mythe de Tan-gun, l'un des plus anciens mythes de Ia fondation du pays, le pere de celui-ci, Hwanung, descendit du ciel sur Ia terre et apparut sous le Shindansu, un arbre sacre qui se trouve sur le mont T'aebaek, accompagne du dieu de Ia pluie. Tandis que le mythe de Ia creation souligne
D
Les Coreens croient depuis longtemps aux proprietes curatives des eaux minerales et en particulier a celles de l'eau de la source de Naengch'on, province du Cholla du Nord. 34
!'importance de l'eau dans !'alimentation humaine, le mythe de Ia fondation Ia presente comme indispensable pour !'agriculture. Depuis les temps anciens, l'eau est consideree comme une ressource vitale pour l'homme. Le mythe de Ia genese lui attribue une fonction encore plus importante. L'eau est !'agent fondamental de Ia restauration de l'ordre¡rlaJ;ls l'univers apres !'emergence du ciel et de Ia terre du chaos. Selon le mythe, "Avant le commencement, le ciel et Ia terre ne faisaient qu'un dans les tenebres du chaos. Lorsque Ia terre et le ciel se detacherent progressivement l'un de !'autre, des gouttes de rosee tomberent du ciel, et sous l'effet d'une interaction yinyang, elles conduisirent a Ia creation de l'univers''. Ains~ Ia Creation n'est pas le fait du Createur, mais le resultat d'une interaction aqueuse. Dans Ia mythologie coreenne, l'eau est le principal acteur de Ia creation et aussi !'element vital qu~ avec le feu, forgea Ia civilisation et instaura les fondations necessaires a!'art de gouverner. Par ailleurs, les heroines emergent invariablement des puits, des fleuves ou de Ia mer, tandis que les heros descendent toujours du ciel ou du sommet d'une montagne. D'apres l'histoire de Chumong, Ia mere du fondateur du royaume de Koguryo (37 av. J.C.- 668), Dame Yuhwa, est Ia fille de Habaek, le dieu du fleuve, et emerge d'un etang appele Ungshi-myon. Dame Aryong, Ia reine et epouse de Pak Hyokkose, le fondateur du royaume de Shilla (57 av. J.C.- 935), vient sur Terre par
le puits Aryongjong, et Yongnyo, qui contribua a l'instauration de Ia dynastie Koryo (918-1392), est Ia fille de Yang-wang, le roi-<iragon de Ia mer de !'Est Le fait que les meres et les epouses des roi-fondateurs proviennent de l'eau montre que les anciens Coreens croyaient profondement aux pouvoirs generateurs de celle-ci. Comme Ia prosperite de Ia
nation devait dependre de Ia fecondite, ces ¡femmes incarnaient dans les mythes Ia force procreatrice de l'eau Ces femmes issues des eaux renvoient a Mulhalmi (Grand-mere de l'eau), Ia deesse de l'eau Les Careens ont longtemps attribue a l'eau minerale, jaillissant au coeur des montagnes ou d'entre les rochers, des vertus benefiques a Ia sante
La ceremonie du Saem Kut est faite pour les esprits du puits.
de l'homme. Cette eau est dite yaksu, litteralement "eau medicinale". A certains endroits de Ia Coree, cette croyance s'est developpee en ce que l'on pourrait sans exagerer appeler un culte-le culte du yaksu. Son objet est Ia divinite de Ia source, deesse de l'eau. Cbnnue generalement sous le nom de Mulhalmi, Ia deesse aurait ete l'entite originelle des
reines et reines-meres de l'eau n n'y a pas tres longtemps, on trouvait encore des gens qui priaient aIa lumiere d'une bougie pres d'une source ou dans des petits sanctuaires et autels dedies a cette deite. Etant non seulement une force motrice de Ia creation de l'univers, une ressource dont Ia vie de l'homme est tributaire et un symbole de Ia prosperite et fertilite de Ia 35
L'eau qui emerge de la terre assure la vie des humains en leur procurant l'eau potable, la pluie assure Ia crOissance des plantes. Les gens ne peu vent se passer de leurs puits, ni de Ia pluie. C'est pourquoi les puits sont vem?n?s lors de kut, afin d'obtenir de J'eau en abondance et' que /'on prie Ia mer et les riviere.-. pour que la plwe tombe.
Traditionnellement, on pensait que les sources etaient so us l'emprise des esprits femelles et beaucoup de puits conservent encore des traces de cette croyance.
36
nation, l'eau, fontaine de Ia vie, fait !'objet de pratiques cultuelles. Les fonctions de purification et d'exorcisme La valeur mythologique de l'eau est pleinement reconnue dans les croyances populaires et les rites. Elle est investie d'une fonction primordiale pendant !'execution des Ssitkim kut et Puj5ng ku~ rituels chamaniques. Le premier consiste a laver !'esprit d'un homme mort souille par les peches comrnis par celuki au cours de sa vie, afin d'aider son esprit a se rendre dans !'autre monde. Le moment crucial de ce kut, pratique il y a encore quelque temps a l'lle de Chin, est celui ou le chaman lave l'effigie du mort avec de l'eau L'effigie est lavee de haut en bas au moyen d'un genet trempe dans de l'eau d'armoise, puis avec de l'eau d'encens et enfin avec de l'eau claire recueillie dans une vallee. L'acte est symbolique : il s'agit plus de laver !'esprit du defunt que de laver a proprement parler le corps, qui n'est pas visible pendant Ia ceremonie. L'effigie est fabriquee avec des vetements du defun~ enveloppes dans une natte de jonc. On pose au-dessus de l'effigie maintenue debout un bol rempli "d'argent spirituel", qui est en fait une longue bande de papier de mfuier, et sur sa tete, le couvercle d'un chaudron representant un chapeau aux larges bords. Dans le Ssitkim ku~ l'eau sert a elirniner les irnpuretes de !'esprit et du corps. On dit que c'est seulement lorsque les souillures spirituelles et les chagrins inconsoles sont laves que !'esprit du mort pourra en toute securite repindre !'au-deJa Le Puj5ng ku~ dit aussi Puj5ng k6ri, est un rite qui prelude a toute execution d'un ku~ dont le but est de purifier le site de Ia ceremonie pour en faire un lieu sacre. Le chaman prepare un bol d'eau pure avant le Puj6ng k6ri. II peut aussi y mettre un morceau de charbon et des pirnents rouges, le charbon pour symboliser Ia purete de l'eau, et les pirnents rouges pour chasser les mauvais esprits. Le charnan chante et danse en tenant le bol ou Ia calebasse contenant l'eau et en asperge les lieux. npeut aussi se
servir d'une torche faite avec des tiges de riz pour chasser les demons En brGlant les mauvais esprits et en !avant les irnpuretes de Ia vie terrestre, le charnan sanctifie le site L'eau destinee a Ia purification complete a un pouvoir surnaturel puisqu'elle lave !'esprit du mort et le site du rite. Les officiants du rite tutelaire du village sont egalement tenus de prendre un bain afin de laver leurs corps et leurs esprits. En fai~ le bain est l'un des actes prealables le plus strictement execute par les charnans ou les officiants. Pendant une certaine periode precedant le rite, ceux-ci doivent prendre un bain matins et soirs et aussi apres avoir fait leurs besoins. II est vrai que dans certaines regions, le bain complet s'est resume a un simple lavage des mains et du visage, mais Ia croyance que le corps d'un officiant doit etre purifie persiste. Le lavage du corps est egalement prescrit par de nombreux rites e~t de Ia tradition confuceenne. Pour les rites ancestraux observes a S61-nal¡(Jour de !'an), a Ch'us6k (recoltes de Ia June) et les jours de commemorations particulieres, les officiants, tous rangs confondus, se lavent les mains dans un bassin pose pres de Ia table des offrande.S et les sechent avec une etoffe speciale, avant de faire leurs libations aux esprits des ancetres. Dans le meme etat d 'es pri~ les participants au rite d'initiation doivent se laver les mains sur les instructions d'un maitre de ceremonie. Ce geste montre que le rite est pratique avec Ia plus grande foi. Le lavage comme un acte de foi est un geste rigoureusement execute dans les rites villageois. Les rites de Ia communaute et les kut destines aux deites tutelaires se deroulent souvent au milieu de l'hiver, a !'approche de Ia premiere pleine June, lorsque les sources et les rivieres sont gelees. Entrer dans l'eau glacee apres avoir brise Ia couche de glace n'est pas chose facile, mais les personnes choisies pour remplir le role d'officiant y sont obligees. Et le bain ne peut etre pris a Ia hate : cela doit etre un bain complet pris nu, en pleine nuit et aun lieu designe. Ceci peut egalement etre exige des femmes des officiants et de tous ceux qui souhaitent participer au rite, car nul ne peut penetrer dans le lieu sanctifie sans
Dans le kut de l'ile de Wi, les habitants chassent les impuretes et les demons sur de petits bateaux.
s'etre lave. Toujours clans le meme etat d ' espri~ Ia nourriture destinee a etre presentee sur Ia table d'offrandes doit etre purifiee Pour ce faire, on designe un puits, lequel est place sous surveillance, et dont l'eau servira a Ia preparation des offrandes. Le puits est lave environ trois jours avant Ia premiere pleine lune et ferme au public au moyen d'une corde marquant !'interdiction d'utilisation Seules les personnes chargees de la preparation des offrandes sont autorisees a y puiser de l'eau pour faire de l'alcool des gateaux de riz, nettoyer et cuisiner. De cette maniere, les aliments sont purifies. Le puits ' est rouvert au public le lendemain du rite, mais avn~ les mets d'offrande doivent etre manges par tous les villageois et ceux-ci doivent dedier un kut retentissant au puits en dansant e~ en chantant avant d'6ter la corde.
Une offrande aux dieux et un symbole sacre Il arrive que l'eau meme serve
Chonghwasu, l'eau prise dans un puits al'aube, est consideree comme ayant des proprietes speciales lorsqu'elle est utilisee pour faire des incantations aux esprits du ciel ou dans des potions medicinales. Comme offran de ' aux ancetres ou aux esprits en colere, un bol de cette eau s'accompagne d'un bol de riz non cuisine
d'offrande. Le ch6ngwhasu (essence du puits), la premiere eau tii¡ee du puits a l'aube, est offerte aChowang, le dieu de la cuisine, ou aCh'ils6ng-shin, l'Esprit des sept etoiles. Une maltresse de maison qui se veut consciencieuse remplit chaque matin un bol de cf!Jngwhasu et le presente aux dieux en invoquant des prieres en faveur de sa farnille. Chowang est suppose proteger la farnille de la maladie, donner un meilleur gout aux aliments, et emp&her que _ne se declare des incendies dans la maison. Certaines personnes aoient que Chowang empeche les accidents et donne une longue vie. Sa representation symbolique est un bol d'eau que les femmes posent au milieu du fourneau ou de la cuisiniere. Convaincues que Chowang est particulierement favorable a la premiere personne qui lui offre de l'eau le matin, les femmes du village se lancent dans une veritable course pour etre la premiere a puiser de l'eau. La competition est particulierement intense le matin apres le 37
L'eau ~t essentielle pour les rites traditionnels pour ses proprietes purifiantes. Avant c:;haque rite, les officiants se purifient eux-memes lors d'un rite de purification: un officiant se lavant les mains avant de proceder aux :rites pour les ancetres royaux a Chongmyo (en haut); Chaman se preparant pour un rite (au milieu),avantle debutdu ritePyolshinje de Unsan, deux officiants se lavent les mains dans 1a riviere. 38
rite de Ia premiere pleine June : certaines restent eveillees toute Ia nuit attendant le retour des officiants pour se precipiter au puits. En effet, il est dit que Ia premiere famille ayant recueilli l'eau du puits aura une abondante recolte dans l'annee qui suit Ch'ilsong-shin, !'Esprit des sept etoiles, incarne par Ia Grande Ourse, commande Ia duree de vie des humains et est generalement venere a un petit autel en pierre erige dans le cbang:ioktae (terrasse des jarres a condiments) attenant a Ia cuisine. Ch'ilsong-shin jouit d'une grande popularite aupres des femmes parce que c'est de lui que dependent Ia naissance des enfants et Ia longevite Le cbangloktae ou est installe son autel est habituellement situe au nord de Ia maison, Ia ou on peut mieux voir Ia Grande Ourse. Alors que Chowang est venere al'aube, Ch'ilsOng-shin !'est tard le soir lorsque Ia consteJ4tion est visible Apres le dlner, les femmes peignent leurs cheveux et arrangent leur tenue avant de deposer un bol d'eau propre sur l'autel et de commencer a prier. Les prieres des jeunes femmes qui souhaitent un enfant et celles des meres qui veulent le bonheur pour leur progeniture sont transmises a !'Esprit des sept etoiles par l'entremise du bol d'eau. L'eau de clx5ngwhasu est l'offrande Ia plus pure et Ia plus commcx:le apreprrer quotidiennement Dans les situations critiques ou d'urgence telles qu'une naissance, un bol d'eau est offert i Samshin, Ia deesse de l'enfatm~ pour que Ia delivrance se deroule bien. Lorsque !'enfant est ne, on lui offre du miy6kkuk -une soupe aux algues donnee traditionnellement aux femmes qui viennent d'accoucher- avec un bol de riz pour Ia remercier. L'eau de clx5nghu;asu est ainsi l'offrande Ia plus modeste et Ia plus ordinaire Le ch6ngwhasu est utilise dans de nombreux rites. Lorsqu'un nourrisson est malade, Samshin est invoquee avec un bol d'eau De meme, quand un malheur frappe une famille parce que les tra va ux de deblayage au moment de Ia construction de Ia maison ont ete executes de fa~on inappropriee, ou qu'un objet a ete pose au mauvais endroi~ un bol d'eau est place sur
le lieu "responsable" du malheur, et des prieres soot dites pour deloger le maL Le bol d'eau a egalement sa place sur l'autel du village. Les officiants se rendent au sanctuaire de Sanshin (Esprit de Ia montagne), puisent trois bois d'eau dans le puits sacn~, et prennent un bain avant de cuisiner le riz et les mets d'offrande. La premiere chose que doit faire un chaman le matin est de saluer son propre esprit gardien en lui presentant un bol de ch6ngwhasu Au moment de l'offrande, il prie !'esprit du gardien pour lui demander de le doter de pouvoirs magiques et de !'aider a executer les kut. Ce geste est quotidien Lorsque le puits d'un village est deife et devient !'objet d'un ku~ l'eau represente alors plus qu'une offrande, elle est une deite digne de veneration Pendant Ia periode des Trois royaumes (Ier siecle av. J.C-VIIeme siecle), les grandes montagnes, les fleuves et les mers, autrement dit les demeures du roidragon, etaient honores avec des rites organises par Ia cour royale. Les paysans vouaient un culte a toute riviere coulant vers le village en lui dediant un kut appele Sugu magi (Barrage du passage de l'eau), tandi.S que les pecheurs tenaient des rites pour honorer Yongwang, le roi-dragon Ces rites avaient lieu chaque annee en plus de celui de Ia premiere pleine June. D'autres etaient organises a des occasions particulieres, par exemple lors d'une secheresse. Comme on croyait que les dragons etaient responsables de Ia pluie, les rites etaient organises pres d'un etang, d'une riviere profonde, ou de Ia mer, Ia ou un dragon etait suppose vivre, et parfois le roi lui-meme les presidait De meme que l'homme a besoin d'eau, les vegetaux ont besoin de Ia pluie pour pousser. Autrefois, les hommes etaient condamnes si les puits tarissaient et si Ia pluie cessait de tomber. Aussi deifiait-on les puits a travers des kut pour s'assurer une eau abondante et adressait-on des prieres aux fleuves et aux mers pour Ia pluie.
L'eau et les rites de f ertilite L'eau a en elle-meme Ia fertilite. Les sources naturelles et les puits de Ia communaute ne tarissent jamais, ni ne
faiblissent en depit de leur exploitation quotidienne. L'eau pourvoit a Ia subsistance de toutes les creatures vivantes et participe a Ia procreation A l'instar de Ia June, dont le cycle perpetuel de croissance et de deaoissance symbolise Ia procreation, l'eau est consideree comme un symbole de procreation en raison de sa capacite d'autoregeneration et de son pouvoir d'effacer les irnpuretes et de ranimer les etres au seuil de Ia mort L'eau fut le moteur de Ia creation de l'univers et est ce qui permet a l'homme de survivre. C'est pourquoi elle personnifie tant6t Mulhalmi, tant6t un dragon vivant dans des eaux profondes. Cet animal mythique est le dieu des eaux et des mers, maitre de Ia pluie, d'ou sa veneration par le biais de rites d'invocation de Ia pluie. nest egalement le dieu de Ia culture, decidant de Ia qualite des moissons. Qu'il soit adore au titre du dieu de Ia mer par le pecheur ou a celui du dieu des recoltes par le paysan, le dragon est respecte parce que c'est lui qui decide de.l'abondance de Ia prise ou de Ia recolte. Parhli les rites des villages de pecheurs, figure imperativement le kut pour Yongwang Certaines regions agricoles pratiquent le Yonguxmg m6gigi (Nourrir le roi-dragon) en ete A Ch'obok, le premier des trois purs les plus chauds de l'ete, les cultivateurs deposent une offrande frugale sur les bords des rizieres et prient pour que les recoltes soient boones. Ce rite est parfois appele Yongje (rite du dragon). Dans Ia province du Kyongsang du Nord, les cultivateurs dressent au milieu de leurs rizieres une branche de pin, laquelle une fois fixee, est appelee yongshindae (cimier du dieu dragon). Ensuite, ils amoncellent des gateaux de riz et de !'argent au-dessus du cimier et prient pour que les tiges soient lourdes de grains et mGrissent vite et bien Le Yongje se pratique egalement dans les champs sees, mais les gateaux de riz sont remplaces par des nouilles pour que les pasteques, les melons, les concombres et les courges soient beaux Dans les villages de pecheurs, le Yongux:mgje peut se derouler de plusieurs manieres. Selon le Tongky6ng chapki (Annales de Ia capitale de !'Est) date du
XVIIeme siecle, les gens jetaient du riz enveloppe dans du papier dans leur puits lors de Ia premiere pleine June. Encore recmn~ les pecheurs d'un village de Ia province du Ch'ungch'ong du Nord pratiquaient le Yongwangje sur leurs bateaux ou ferries, et les femmes, pres d'une riviere ou d'un puits. Si le Yongzmngjea lieu pres d'un puits du quartier, celui-ci est nettoye Ia veille de Ia premiere pleine June. La maitresse de maison prend un bain au milieu de Ia nui~ pose une bougie et un bol de ch6ngwhasu sur une petite table, et s'incline profondement en priant pour assurer le bien.etre et Ia chance a sa farnille. Le ch6ngwhasu est parfois complete d'un bol de riz et d'une soupe aux algues. Dans le cas ou une farnille ne possede pas de puits, elle se sert de celui de Ia communaute On dit que les puits et les fleuves soot les demeures du dieu de !'agriculture qui garantit l'abondance. Personnifiant Mulhalrni, l'eau medicinale, yaksu, est veneree parce qu'elle detient Ia force de vie et symbolise l'abondance. Le nom yaksu fait reference aux pouvoirs curatifs de l'eau Si le roi-dragon est adore pres d'une source de yaksu, l'eau est alors !'incarnation de Yongwang, le dieu de l'eau Dans certaines regions, Ia reflexion de Ia premiere pleine June dans l'eau est l'oeuf d'un dragon et si une femme sterile Ia boi~ elle sera enceinte. Ainsi, les femmes se rendent au puits le rnatin t6~ le pur de Ia premiere pleine June, pour "ramasser l'oeuf du dragon". Ceci renvoie a Ia legende evoquant Ia naissance de Pomil, le heros du Festival du tano kut de Kangnung, qui fut conc;:u apres que sa mere sterile eut bu le solei! qui flottait sur l'eau La legende dit que !'enfant possedait des dons extraordinaires des Ia naissance, et qu'a !'age adulte, il accomplit des exploits en defendant son pays. ll devint !'esprit de Ia montagne du mont Taegwallyong apres S;J. mort Cette histoire et d'autres sirnilaires adpignent l'eau a Ia June et au solei! dans le processus de creation
Les rites magiques pour faire tomber Ia pluie L'eau joue un role crucial dans Ia germination et Ia croissance des graines et 39
dans Ia procreation humaine. Les mythes associent l'eau dont s'impregnent les vierges a Ia semence male Un mythe chamanique de l'ile de Cheju ramnte qu'une deesse qui cherchait a se desa!terer fut fecondee apres avoir bu de l'eau accumulee dans les empreintes des pieds d'un cochon sur le mont Halla L'eau ne donne pas seulement Ia vie, elle ta redonne. Elle est Ia fontaine de Ia vie pour quiconque meurt de soif. Elle ranime les cultures apres Ia secheresse. Certaines legendes attribuent a l'eau medicinale le pouvoir de ressusciter les morts. Certes, les vertus de cette eau medicinale soot si bien admises¡ que les femmes lui vouent des prieres pour avoir un enfa~ cependant personne ne croit qu'elle puisse faire revivre un mort L'eau de Ia vie qui ranime un mort est une chose differente Si l'eau medicinale peut se trouver partout dans les profondes vallees, l'eau de Ia vie n'existe pas ic~bas, elle appartient a !'autre monde Le mythe de Ia princesse Pari (pari est une forme vernaculaire de porin "abandonne") qui est chante pendant le 6@1: ku~ rite chamanique destine a guider !'esprit du mort pendant son voyage vers l'au-dela, met en scene une fille abandonnee par les siens, cherchant l'eau
de Ia vie pour faire revivre ses parents qui soot morts. Ainsi, il y avait un roi dont l'epouse ne lui donnait que des filles. Lorsque Ia reine mit au monde une septieme fille, le roi a bout de patience ordonna que le nourrisson soit abandonne. Les hommes du roi le deposerent dans un lieu isole pres d'un fleuve, mais elle survecut grace aux oiseaux et autres animaux qui Ia protegn~ et fut recueillie et elevee par un vieux muple sans enfant Des annees plus tard, le roi et Ia reine tomberent malade et trepasserent Entretemps, Ia princesse etait revenue chez ses parents, et apres une longue peregrination, elle rapporta l'eau de Ia vie de !'autre monde Elle revint sur terre au moment ou le char funebre transportant le mrps de ses parents s'ebranlait pour quitter le palais ¡Elle fit tomber des gouttes d'eau de Ia vie entre leurs levres et le roi et Ia reine rouvrirent les yeux. La princesse Pari devint par Ia suite une deesse chamanique Ce mote est chante pendant le 6gu kut pour que les morts reviennent a Ia vie une fois dans ; !'autre monde. Les prieres expriment l'espoir des mortels de voir les defunts autorises a oublier les souffrances endurees sur terre et a jouir d'une vie spirituelle nouvelle dans !'autre monde La croyance dans l'eau de Ia vie est liee a
Ia geomancie, dit p'ungru, en careen (vent et eau), science divinatoire qui consiste a choisir un site a l'abri du vent et riche en eau. L'eau ne doit pas exclusivement provenir des rivieres, fleuves et oc:eans, elle peut etre souterraine. Pour beaucoup, le principal critere de selection de !'emplacement d'une maison ou d'une tombe prend en compte l'emulement -a Ia surface ou souterrain-, si Ia famille du defunt souhaite le bonheur et avoir une belle descendance. L'eau influe non seulement sur les vivants mais aussi sur les morts enterres dans le sol, et de ce fait commande Ia chance des descendants du defunt Indispensable a Ia subsistance de toute creature vivante et investie parfois du pouvoir de ressusciter les morts, l'eau a genere une grande diversite de rites. Le Saem kut (rite de Ia source) s'organise en prieres demandant que Ia source ne. tarisse pas et en rites destines a faire tomber Ia pluie pendant Ia secheresse Le Kiuje, rite de Ia societe agraire, cense egalement faire pleuvoir, est une pratique prise tres au serieux car Ia vie depend de Ia pluie, resultat de !'interaction entre le ciel et Ia terre. Puisqu'il n'est pas question ici d'interets personnels mais de Ia prosperite de Ia communaute, le Kiuje est un evenement
Avant de commencer le rite du village de Unsan dans 1a province du Ch'ungch'ong du sud, les habitants ten dent une corde, kiimjul, au-dessus de leur riviere pour empecher les esprits i.mpurs d'interferer avec le rite. 40
celebre en collectivite. En fai~ les prieres pour obtenir de Ia pluie et le vent sont indues dans tous les rites de Ia communaute. Comme le bien-etre d'un village agricole est tributaire d'une certaine quantite d'eau n&:essaire, son chef, ou dans certains cas, le roi agissant au nom de tous les sujets du pays, participait au rite en tant qu'officiant pendant les terribles sech.eresses . Les legendes sur KiujJ sont nombreuses. Un officiant sacrifia un de ses bras en le brG!ant parce que Ia pluie n'etait pas tombee apres le rite Kiuje, ou encore, un roi fut sur le point de se jeter dans un brasier lorsque Ia pluie comen~ a tomber. La raison qui poussait les officiels du gouvernement et les rois a volontairement risquer leur vie pour faire tomber Ia pluie est que leur competence a gouvemer etait mesuree par Ia quantite de pluie tombee. Le rite pour Ia pluie avait souvent lieu pres d'une source qui ne tarit pas durant une secheresse, une idee qui emane d'une magie evocatrice. D'autres exemples de magie evocatrice sont les simulations de Ia tombee de pluie : en envoyant des femmes uriner ensemble au sommet d'une montagne, ou en portant des chapeaux contre Ia: pluie asperges d'eau Mais tous les rites ne sont pas en rapport avec Ia magie evocatrice. On pouvait recourir au rite
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B ~
L'eau est un element important dans les rites folkloriques, eliminant impuretes et depravations. Un petit bateau emmene demons et impuretes sur lamer loin de l'ile de Wi ( ci-dessus). LeKutYongdl~ChjU
venere le roi dragon qui regne sur lamer pour attirer la bonne fortune. Les insulaires creent un passage pour le roi dragon pourqu'il puisse y venir, al'aide d'un tissu blanc dispose entrelameretlesiteduritueL
sacrificiel : parfois, un chien etait tue et son sang etait etale sur l'autel sacre dans Yespoir que le dieu ferait tomber Ia pluie pour le nettoyer. Un etang qui etait suppose etre Ia demeure d'un dragon etait asseche ou si c'etait une colline, elle etait incendiee, ce qui mettrait en perilla vie du dragon et laissait esperer que Ia pluie tomberait pour le sauver. Ces pratiques cultuelles reposent sur Ia croyance que le dragon assure Ia tombee de Ia pluie, et Ia tradition est encore tres forte de nos purs. La diversite des rites pour Ia pluie et le fait que les rois des anciens Etats etaient des 'faiseurs de pluie" ou des officiants de ce type de rites attestent de Ia valeur que revet l'eau aux yeux de l'homme depuis rage mythologique. La croyance populaire dans l'eau medicinale, l'eau de Ia vie et Ia geomancie traduisent Ia profonde adoration vouee par les gens a l'eau A l'epoque ou Yhomme respectait l'~u parce qu'elle lave, favorise Ia guerison et est une source de vie sacree, il n'etait alors pas question d'eau polluee Si aupurd'hui, on ne croit pas au pouvoir de reau de redonner Ia vie et ne Ia reduit qu'a rien d'autre que Ia molecule HzO, l'eau sera non seulement polluee mais se transformera en un poison redoutable. Le temps est peut-etre venu de raviver Ia tradition du culte de l'eau +
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L
e fleuve SOmjin part des montagnes de !'arrondissement de Chinan, dans Ia province du Cholla du Nord, passe par des vallees qui servent de frontiere entre le Kyongsang du Sud et le Kyongsang du Nord, pour finalement se jeter dans la mer du Sud dans Ia baie de Kwangyang. Cest le neuvieme fleuve de Coree par sa longueur, avec 212 kilometres. ncatoie quelques-uns des plus beaux sites du pays. Il est vrai que les fleuves et les rivieres ont une certaine
importance dans tous les pays, mais en Coree, pays ou la terre cultivable est relativement t=are par rapport aux nombreuses regions montagneuses, ils ont toujours ete lies a la vie quotidienne des petites gens. Le Somjin en est un exemple. Sa source se situe au mont P'algong a Chinan ou se rencontrent les pentes ouest des chaines de montagne Noryang et celles de Sobaek. Pendant des siecles, Noryang et Sobaek ont ete le cadte des
jeux des enfants qui en gardent le souvenir dans leur coeur toutes leurs vies. Face aux difficultes de Ia vie quotidienne, ils se souviennent de ces heureuses annees passees au bord du fleuve qui etait pour eux l'origine de l'abondance, de la vie et de la sagesse. Tous ceux qui vivent a cote d'un fleuve finissent par lui ressembler dans leur caractere. II existe une difference nette dans le caractere des individus qui ont passe leur enfance pres de l'amont ou
le cours d'eau est doux et calme et ceux qui ont vecu en aval ou le fleuve â&#x20AC;˘ rencontre Ia mer qui peut etre dechainee. La difference reside dans leurs manieres de raisonner et de reagir dans Ia vie. On pourrait dire Ia meme chose a propos des habitants de Seoul. L'apparence des gens qui traversent tous les jours le fleuve Han pour se rendre sur leurs lieux de travail, est assez differente de celle des personnes dont le domicile et le lieu de travail se trouvent au Nord du
fleuve. n en est de meme pour ceux qui vivent dans les montagnes. Ceux qui v:ivent dans des montagnes abruptes sont rudes, tandis que ceux qui soot originaires de coteaux vallonnes ont un caractere souple. Un fleuve qui fa~one Ia vie Le S6mjin est doux a l'amont ll caresse les habitants de Chinan de fac;:on calme, se tordant au deJa de Ia montagne ''tout comme des visceres de mouton", selon les
anciennes expressions coreennes. Au moment ou il s'ennuie, il forme un petit village. Les villageois viennent sur ses bards pour l'eau, pour e)Jx-memes et pour leurs approvisionaements jusqu'au moment ou il s'en va. Dans une poesie publiee dans le recueil intitule "le S6mjingang", le poete Kim Yong-t'aek a decnt comme il suit !'esprit du S6mjin :
Arretant /es cours d'eau a/lant vers le fleuve Yongsan
~ ~
c
SOmjin-gang s'elargit au niveau de Kurye-gun, dans le nord de la province du Cholla du sud, pourdevenir un vrai fleuve dans un cadre magnlfique aux pieds dumont Chiri (a droite). On y pecheencore(enhautetaucentre)et les terres qui le bordent sont fertiles ( ci-dessus). 44
Pour les embrasser de toute sa force I! coule cotoyant !a majeste du mont Cbiri. Regarde le Somjin en le suivant! Qui a dit que sa course pourrait etre entravee par quelques hommes ? Le SOmjin n'est pas un fleuve qui s'epuise! Le mont Chiri se lave !a face avec l'eau du fleuve, Se dresse et rit a voix haute. Demande au mont Mudung si ce n'est pas vrai! Le Mudung eclaire par le solei! couchant acquiesce. Un oeil sur le Mudung Regarde le Somjin qui s'assombrit et suis-le! Qui a dit que son cours pourrait'etre assecbe par quelques bommes? Le SOmjin n 'est pas un fleuve qui s'epuise! Le SOmjin devient un fleuve au sens propre .du terme a partir de Imshil qui se situe aIa frontiere du Cholla du Nord lc~ quelques affluents provenant des ravins voisins rencontrent le lac Okchong, reservoir cree suite a Ia construction du barrage Somjin en 1965. Le lac couvre presque un septieme de !'arrondissement de Imshil. Celui-ci beneficie de l'un des meilleurs terrains agricoles de Coree grace ases terres fertiles montagneuses et a l'eau. L'eau est claire, ce qui favorise Ia presence d'eperlans. Pour Ia construction du barrage SOmjin, ceux qui habitaient au bord du fleuve ont du quitter leurs lieux de vie. Une partie des eaux du barrage coule vers Namwon en passant par le pavilion Kwanghallu ou Ia legendaire Chunhyang rencontra son amour eternel. L'affluent qui passe par Kwanghallu s'appelle Yoch'on II s'avance vers le sudouest en passant par les coteaux nord-est de Changsu-gun. De !'autre cote du pont Yoch'on se trouve un pavilion qui s'appelle Kumsujong, ou est installee l'Academie nationale de Musique de Namwon, important centre d'etudes du p'ansori. Dans des soirees tranquilles d'ete, on entend retentir a travers le
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fleuve les sons poignants de cet opera traditionnei. Les eaux claires Le SOmjin ne s'arrete pourtant pas Ia. Revitalise probablement par Ia culture traditionnelle, il s'avance vers Koksong. La region est extremement montagneuse. Non moins de 74% du terrain est montagneux mais ies monts ne sont pas abrupts. Le Somjin serpente tranquillement entre les montagnes, abreuve ies sols de Sunch'on avant d'atteindre Kurye. La plupart des terrains agricoles de Koksong sont a proximite du rivage du Somjin. La, l'odeur des fleurs de
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chataignier remplit ies ravins environnants. II est facile d'atteindre Kwangju, Namwon, Sunch'on et Kurye grace aux routes de Koksong bien connues. Pourtant le mode de vie des gens de cette region est relativement conserve malgre ies influences de Ia civilisation moderne. On voit encore des murs en terre cuite. Les paysans ages portent des paquets sur Ia tete ou des hottes en forme de "A" sur ie dos. lei, Ia riviere separe ie Cholla du Nord du Cholla du Sud. L'affluent Yoch'on qui passe par Namwon rejoint ie SOmjin a Tongsan-ri de Koks6ng. Koksog est connu pour ses poissons d'eau douce
dont ies eperlans. Les habitants de Koksong estiment que le Somjin n'est qu'une riviere avant qu'il n'atteigne leur pays, parce que, au dela de Koksong, les eperlans ne vivent pas. Les poissons d'eau douce comme ies eperlans sont tres sensibles et meurent aussit6t qu'ils sont en dehors de l'eau. Apres avoir passe l'hiver dans les oceans, ils remontent Ia riviere pour frayer. lis se forment en bandes et une bande ne permet jamais a une autre d'empieter sur son terrain. Les pecheurs attrapent ies eperians en general au printemps lorsque ies sauies fleurissent. Ces eperlans de "sauies" sont consideres comme les plus
delicieux. Le SOmjin passe ensuite par Kurye, en absorbant sur son chemin quelques affluents plus petits. lei, il est tres large. Cest ce qui a inspire au geographe de Ia periode de Chason Yi Chung-hwan (1690-1752) Ia reflexion suivante : "Les
gens disent la terre fertile lorsque vous semez une mesure de riz et recoltez 60 mesures. Mais a Kurye eta ses alentours ou a Si5npju et Chinju cj,ans !a province du Ky6ngsang du Sud, vous semez une mesure et vous en moissonnez 140."
L'eau est ici claire, le fleuve est plein d'eperlans et de crabes en forme de fer a cheval, pour lesquels beaucoup d'ama-
Les eperlans se trouvent exclusivement dansleseauxchiresenamontdu fleuveSOmjin (ddessus). De gauche a droite: Chutes d'eau de Puril pres du temple Ssanggye; torrents deval.ant le mont Chiri pour se jeter dans le fleuve SOmjin; un affluent, le Silgyech'on, en amont du fleuve SOmjin aChin-an gun, province de Choll.a du nord.
teurs visitent Ia region. Les habitants de Kurye soot egalement fiers des herbes medicinales naturelles et des thes qu'on peut trouver abondamment aux alentours. La qualite des herbes medicinales et des thes est encore appreciee comme etant du premier choix en Coree, comme le miel produit dans cette region. Selon Yi Chung-hwan, le village
Kuman, qui se trouve au sud de Kurye est le meilleur endroit pour vivre si on sait se servir d'un bateau, parce que, Ia, il est facile de se procurer des poissons et du sel Le fleuve fut barre par de grosses pierres au niveau de Koksong, ce qui empeche le transport fluvial. Mais les
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bateaux naviguent sur 40 kilometres en aval a partir de Kurye jusqu'a !'embouchure du fleuve.
Beaucoup de personnes qui vivent pres d'un fleuve finissent par se laisser influencer p ar lui. I1 y a une difference de
ou le debit est plus tranquille et ceux qui vivent en aval, la ou le fleuve se jette
caractere entre ceux qui vivent en amant
dans¡la mer. Leurs fa (;ons de penser et de voir la vie sont differentes.
Gens de la province de Cholla et de celle de Kyongsang se rencontrent et se melangent au marche Hwagae (ci-dessus).Le fleuve SOmjin rejolnt lamer sur la cOte sud de la penlnsule clans la bale de Kwangyang (ci-dessous).
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Un temple tranquille de Ia montagne Kurye est connu avant tout pour le temple Hwaom. Le temple fut construit en 544 dans Ia montagne de Chiri, a 6 kilometres du centre de Kurye. II a ete detruit par un incendie pendant !'invasion japonaise du 16eme siecle mais a ete restaure en 1630. Recelant beaucoup de tresors bouddhiques, le temple attire en plus par les sons magiques de ses tambours et de ses cloches qui se repetent en choeur dans !'air clair de Ia montagne au coucher du solei!. Lorsque le crepuscule se depose dans Ia cour du temple, toute Ia vallee est remplie avec le bruit doux des ruisseaux et des chants chuchotes des oiseaux, ce qui fait oublier le monde exterieur. Le Somjin coule de Kurye jusqu'a Hadong. Le paysage entre Kurye et Hwagae est particulierement magnifique. De l'etendue de Hwagae jusqu'a Hadong, !'embouchure du fleuve, Ia beaute de Ia nature est celebre, mais Hadong est plus connu pour son marche qui a lieu tous les cinq jours. Dans sa nouvelle '1e cheval de paste", Kim Tong-ni a decrit le marche et
le paysage qui entoure Ia region.
Trois rivieres se rencontrent au marcbe de Hwagae et coulent le long des chemins. Si une personne est montee de Kurye de Ia province de Ch6lla, !'autre est descendue suivant le fleuve de Ia vallee de Hwagae de Ia province de Kyongsang. lei, les divers affluents jorment un fleuve principal, qui, en reftetant les montagnes vertes et les vieux arbres noircis, ondule tranquillement comme si c'etait un lac, pourtant avec ses meandres de plus en plus loin vers le sud, pour marquer la frontiere entre Ch6lla et Ky6ngsang Carrefour des chemins allant vers Hadong, Kurye et le temple Ssanggye, Hwagae est toujours plein de vie grace aux etrangers meme les jours ou le marche est ferme. Parmi tous les chemins pleins de cols qui menent jusqu'au mont Chir~ le plus connu passe par Hwagae et Ia vallee de Hwagae a 4 ou 5 li, dans laquelle se trouvent le temple Ssanggye et ses rochers Sei ll y a plusieurs points sur Ia frontiere entre le Ky6ngsang et le Ch6lla, inais c'etait de Hwagae que les gens parlaient. Les jours ou le marche est ouvert, les montagnards de Chiri
apportent, en passant par les vallees, carottes sauvages, racines de campanule, pousses d'aralia et fougeres, filaments, aiguilles, petits miroirs, ciseaux, ceintures, ficelles de pochettes, brucelles, et poudres pour le visage ce sont des marchandises que vendent les colporteurs de Ch6lla qui atteignent Hwagae en passant par Kurye. Les poissonniers de l'aval du S6mjin apportent des algues sechees vertes ou rouges, des merlans, des maquereaux et des ombrines salees". n existe deux rivages separes que lient les eaux. Le caractere double du S6mjin-qui tout en les separant, lie les deux berges-apparait de fa<;: on Ia plus evidente vu du marche Hwagae, ou se frequentent les habitants de Ky6ngsang et de Ch6lla. Hwagae est egalement un ¡ centre de transport pour les habitants de Hadong-gun. De toute fa <;: on, Hwagae n'aurait pas connu sa celebrite actuelle s'il n'y avait pas le temple Ssangye a 5 kilometres au nord Construit en 840, le temple se tr~mve dans des ravins lointains autour duquell'air est frais et les eaux sont tranquilles et propres. La chute d'eau Puril, d'une hauteur de 60 metres, orne fiermn~ juste a cote, le paysage. A partir de Hwagae, le S6mjin s'avance vers Ia ville de Hadong qui se vantait,
jusqu'a Ia fin de Ia derniere dynastie, d'etre le cinquieme marche du pays. En effet, jusqu'en 1945, le jour ou s'ouvrait le marche, le port de Hadong etait bonde de petits bateaux qui transportaient des marchandises. De Ia mer, on apportait des poissons et des algues seches, tandis que de Ia montagne, venaient des herbes medicinales, des thes, et des villages, des marchandises manufacturees. Toutes ces marchandises etaient reunies a Hadong le jour du marche pour etre dispersees ensuite. Pourtant, le fleuve s'est ensable. Les bateaux ne pouvant plus faire Ia navette tandis que les transports interieurs se sont ameliores seniblm~ ce qui a reduit Hadong a n'etre qu'une petite ville, et le fleuve a n'etre que l'ombre de ce qu'il a ete. On voit rarement des bacs a Ia rame traversant le S6mjin entre Hadong du Ky6ngsang du Sud et Kwangyang du Ch6lla du Sud Hadong est aussi celebre pour son immense futaie de bambou et de chataigniers : Ia production de chataigne dans cette region represente 40% de Ia production totale de Ia Coree. Apres avoir erre 212 kilometres au milieu de collines et de vallees, le S6mjin se jette dans Ia mer, en laissant derriere lui, sa beaute et sa longue histoire. â&#x20AC;˘
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ARTISTES COREENS A L'ETRANGER
Woo Kyu-sung ou l'estheti ue de Ia sobriete Kang Hong-bin Professeur en Urbanisme Universite Municipale de seoul
n dit qu'il n'y a pas d'enfant prodige en architecture, et que ce n'est qu'avec !'age que l'on devient un bon architecte Cela se verifie, car pour b:ltir correctement une maison, i1 faut se familiariser avec de nombreuses techniques et reglements, Ia gestion et les verifications de Ia construction et cela exige du temps ; mais cela necessite aussi que l'on atteigne une parfaite
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comprehension du mode de vie des gens, ce qui est a la base de !'architecture. Ce discours s'applique non seulement a l'architecte mais aussi a toute Ia societe De solides bases sociales sont requises pour qu'une societe possede une culture architecturale de qualite nest evident que le soutien d'une economie forte est indispensable Cepnda~ les competences techniques aussi doivent etre suffisantes e~ le niveau culture!, fonde sur la stabilite soci~le , doit atteindre sa maturite. Connairement aux techniques de construction, !'architecture, en tant qu ' ~ ne peut etre facilement transplantable. L'architecture est un art social qui atteint son apogee en prenant comme bases toutes les realisations de Ia civilisation La jeune et dynarnique societe coreenne ne peut pas encore epanouir pleinement sa propre culture architecturale. Avee l'etonnant developpement econornique de ce dernier derni-siede, Ia Coree, qui etait une societe agraire, s'est metamorphosee en une societe urbaine, et avec ce processus, une multitude de b:ltiments a ete construite Une culture architecturale evoluee n'en a,
cepnda~
pas pu emerger. Ceci est dO ace que l'etendue du changement a ete excessivement demesuree et sa vitesse trop rapide. Dans les vagues furieuses de la modernisation, le mode de vie traditionnel a ete extirpe jusqu'a Ia racine et les traditions architecturales caracteristiques ont egalement perdu leur place dans Ia societe. Pourtan~ un nouvel ordre et une. nouvelle culture architecturale sont en cours de formation pour les remplacer. Lors de ce changement, on ne peut nier que d'excellents architectes, tels que Kim Su-glin et Kim Chung-op, aient existe Cepnda~ le fait que leurs activites et leur influence n'ont pu que se limiter aIa Coree, est precisement dO a ce caractere de dependance de !'architecture Dans un tel contexte, le cas de Woo Kyu-sung, architecte d'origine coreenne residant aux Etats-Unis, semble exceptionnel na grandi, puis est entre dans le monde de !'architecture, en Coree. Mais c'est apres s'etre installe aux Etats-Unis, qu'il a reussi a se b:ltir une solide position sur Ia scene internationale Le nombre de prix qui lui a ete decerne est tres explicite quant asa position dans le milieu de !;architecture americaine En 1973, il a r~u le premier prix au concours du projet de pare de !'avenue de Manchester de Ia ville de Pittsburgh e~ deux ans plus tard, le premier prix au concours du projet de complexe residentiel de l'lle Rosevl~ organise par Ia ville de New York (prix qui lui a ete decerne en collaboration avec Robert Stern reconnu comme leader du monde de !'architecture contemporaine). Puis, apres avoir obtenu, en Le Musee Whanki aseoul
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Quelques realisations de Woo Kyosung( 4e haut en bas): laJordan Pond House c!ansle Pare National Acadia, des logements de la faculte a l'Universite de Harvard, la residence de Kim Tschang-yeul a seoul et laWoo House de Cambridge. 52
1981, le prix du meilleur architecte de Ia Progressive Architecture, revue specialisee en architecture qui fait autorite, il a eu celui du President americain clans le domaine des projets architecturaux publics, en 1984. Enfin, apartir de 19~ pendant une duree de trois ans, il a repJ, sans am~ les prix du meilleur architecte des associations d'architectes de Boston et de New England Ses reuvres "elegantes quoique simples" ont ete largement publiees dans les principales revues architecturales internationales. De plus, le cours de projets architecturaux qu'il donne aIa prestigieuse faculte d'architecture du MIT, a toupurs ete "bondâ&#x201A;Ź'. Woo Kyusung est run des quelques architectes que Ia Coree a donne aIa scene internationale. Se demander si Woo Kyu-sung est un architecte coreen ou un architecte americain, n'a pas de sens. n n'est pas soit l'un, soit !'autre, mais les deux a Ia fois. Comme un certain critique de PA I'a fait remarque, Woo Kyu-sung maintiendrait Ia meme "distance critique'' par rapport a ces deux $0Cietes tout en leur renda~ a toutes deux, des Services significatifs. Woo Kyu-sung est ne pendant Ia guerre du Pacifique, sous le regne de !'Empire japonais. Ayant grandi sous les feux de Ia guerre de Coree, il a subi durant sa vie universitaire les epreuves du soulevement des Citoyens du 19 avril 1960 et du coup d'Etat du 16 mai 1961 Jusqu'en 1968, annee ou il est parti etudier aux Etats-Unis, Ia Coree n'avait toujours pas pu se desembourber du marecage de Ia pauvrete. Dans cette epoque si difficile, il n'a pu compter que sur lui-meme. Lorsqu'il etait collegien et lyceen, sts dessins montraient un talent peu commun. Cependant, recherchant un "avenir sur", il ne pouvait qu'entrer a Ia faculte Cle medecine de l'universite de seoul. Mais, peu de temps apres, il est revenu sur cette decision et il a etonne son entourage en s'inscrivant clans le departement d'architecture. ns'y est tout de suite distingue e~ est devenu Ia personne qu'on appelait a !'aide et avec laquelle les cabinets d'architectes des aln.es cherchaient a rivaliser. Cependant, en commenc;: ant a travailler avec Oswald Nagler, architecte americain, disciple de Sert et delegue du Centre de recherche et de planification
residentiel urbain et regional du Ministere de Ia Construction, Woo Kyu-sung entre pour Ia premiere fois en contact avec le monde de !'architecture de haut niveau. Nagler parti, il decide d'aller etudier a l'etranger et sont restes bons arnis ll a passe sa premiere annee aux EtatsUnis, a New York. Alors qu'il etudiait !'architecture a l'universite Columbia, il rencontra Kim Chong-ja, pianiste, sa future femme. Cest ace moment qu'il a rencontre Kim Hwan-gi dont il fera, plus tare!, le plan du musee d'art commemoratif. Puis, licencie de Columbia, il commence a vivre a Cambridge en entrant en maitrise d'urbanisme aHarvard Jose Luis Se~ de qui il voulait devenir l'eleve, quitte tres vite cette universite du fait de Ia reorganisation de celled Mais Woo Kyu-sung, qui a plu aSe~ a, des sa sortie de l'universite, Ia chance d'entrer dans le bureau d'etudes de ce dernier. Pendant les cinq annees qu'il a passees avec cette "autorite mondiale", il a participe a de nombreuses elaborations de projets, a commencer par Ia Fondation Maeght, musee d'art situe au sud de Ia France. Apres avoir quitte le bureau de Se~ il repint le Groupe de projets d'urbanisme revolutionnaire de Ia ville de New York. Cepnda~ tres vite, juste au moment ou le futur de ce Groupe de projets d'urbanisme revolutionnaire devient opaque du fait des difficultes financieres de Ia ville, le MIT, qui avait !'rei! sur les activites productives de Woo Kyu-sung, lui demande de devenir profe.sSeur au departement d'architecture. De nouveau a Cambridge, il partage son temps a enseigner dune ~ et a produire d'autre part Petit a peti~ ne pouvant plus repousser son desir de se __consacrer entierement a son travail personnel, il demissionne du MIT e~ aeant son propre bureau d'etudes, il commence a s'adonner entierement a ses seules creations. Cela se passait en 1979. Woo Kyu-sung est un architecte sobre ll ne produit pas beaucoup. II s'obstine a verifier les moindres details de ses batiments. A notre epoque de production en serie, le cabinet d'architecte de Woo Kyusung, qui est situe a Cambridge dans Ia banlieue de Boston, n'est rien de plus qu'un atelier. Si !'on considere seulement son
activite productive du point de vue quantitatif et du point de vue de son echelle, cela n'a rien de remarquable Cest a peu pres Ia Filler House a Columbia dans l'etat de Caroline du Sud, le prdin d'enfants Port Adams de Newport (1985), !'Observatory Hill .Commons qui est une residence pour les professeurs de l'universite Harvard (19SXl), Ia Woo House a . Cambridge (1993), Ia Jordan Pond House du parâ&#x201A;Ź national d'Acadie (1994), et enfin le musee d'art Whanki (Hwart'gi) (1992) et Ia maison de Kim Ch'ang-yol (1988) qui se trouvent a seoul Le village olympique des athletes et des journalistes construits pour les Jeux Olympiques de seoul en 1988, ainsi que quelques complexes residentiels et projets d'urbanisme aux Etats-Unis et en Coree, sont des ouvrages aux dimensions de ville Woo Kyu-sung est un architecte tadturne ncraint de parler de ses ceuvres. n ne prend pas particulierement part aux "debats d'architecture" qui font rage dans les revues d'architecture Meme au milieu de Ia controverse concernant le postrnodernisme, lorsqu'il etait professeur d'architecture au MIT, il a conserve ce detachement Comme il s'est ll:li-meme explique, il "comprend'' les differents courants d'idees mais, il refuse d'etre gagne par quelque "isme'' que ce soit
II ne prend pas interet au jeu de !'architecture ideate qui a pour spectateurs les critiques et les architectes confreres. II n'essaye pas de vendre a tout prix au monde architectural americain les "choses orientales'', ni de propager obstinement les "derniers courants d'idees occidentaux" lorsqu'il est en Coree n ne veut s'exprimer qu'au moyen de ses ceuvres en se concentrant uniquement sur lui-meme C'est grandement se tromper que de considerer la"tadturnite" Iangagiere de Woo Kyu-sung comme une absence de logique. Ces~ en verite, un architecte extremement logique nacheve ses projets apres etre passe par une analyse minutieuse de Ia situation et un processus de t<'ltonnement systematique. II refuse de fixer d'avance, forme et image, en etant dirige par quelque "volonte plastique". II fait invariablement evoluer le projet a partir du concret. Examinant consciencieusement le programme attribue, Ia fonction du batimen~ les conditions topographiques du terrain, le contexte urbain, etc, il recherche les "graines architecturales" qui y sont cachees. Ensuite, illes eleve et les cultive tel un horticulteur experimente, afin que signification et methode qui y sont latentes, s'epanouissent. Comment etablir le lien entre le tout et les parties ? Que! sens
donner a chaque element ? nconsidere que Ia de des reponses a ces problemes est au prealable contenue dans ces questions. II pense que son travail est d'habiller concretement ces reponses apres les avoir trouvees, et ains~ de creer un lieu ou ce resultat peut etre experimente. Par consequ~ pour Woo Kyu-sung, un projet architectural n'est pas un processus de creation dans lequel on fait quelque chose a partir de rien Cest pluto~ un processus de recherche et de decouverte, un travail d'approfondissement et d'explication, ainsi qu'une action de developpement et de mise en scene I.a sobriete et l'humilite, Ia darte et Ia distinction que !'on rencontre invariablement chez lui et dans ses ceuvres, derivent de cela. Woo Kyu-sung ne veut pas que des adjectifs soient apposes a son ceuvre architecturale. Considerant qu'a chaque nouveau projet, les "conditions du probleme" sont differentes, il veut, p6ur chaque situation, commencer sur de nouvelles bases. Une "couleur'' invariable se retrouve pourtant distinctement dans toutes ses constructions. Cette couleur uniforme provient de ses idees persistantes sur !'architecture. Si je dois insister sur Ia "couleur'' de son ceuvre, je voudrais utiliser pour Ia qualifier !'expression "esthetique de
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Ia sobriete". Dans ses constructions, on ne peut pas deceler d'effets visuels tapageurs, ni de formes excitantes. Gesticulations ostentatoires, ambiances extravagantes, attitudes contraignantes lui sont inconnues. Par contre, un ordre interieur calme impregne ses reuvres architecturales. De plus, un tel ordre touche doucement le creur et lui devient silencieusement familier. Cest dans !'association elegante de Ia logique et du lyrisme que reside le charme de l'reuvre de Woo Kyu-sung. Le batiment qui montre le mieux ce charme, est un petit musee d'art situe a seoul : le musee d'art Whanki dont Woo Kyu-sung a fait les plans en hommage au peiritre decede Kim Hwangi avec lequel il a entretenu une tres longue amitie.
Le Musee Whanki :duo architectural et pictural Le concepteur du projet d'un musee d'art,
tout specialement d'un musee d'art commemoratif, tel que le musee Whanki, se trouve clevant deux exigences contradictoires qui sont difficiles a harmoniser. Dune part, pour que les reuvres exposees, centrales, sollicitent les spectateurs, le musee, rejete en ari~e-pln, doit s'effarer. Mais d'autre part, devenant lui-meme l'acteur principal, en tant que forme plastique commemorative qui loue !'art en general ou bien l'reuvre d'un
L'exterieur du Musee Whanki 54
artiste particulier, il doit "intervenir". Woo Kyu-sung regie magnifiquement bien ce probleme au musee Whanki Les peintures de Kim Hwan-gi emettent une lumiere encore plus eclatant_e grace au support architectural de Woo Kyu-sung, et, !'architecture creee par Woo Kyu-sung, exhale un sentiment poetique encore plus dense en s'harmonisant avec !'art de Kim Hwan-gi. Woo Kyu-sung qui ressuscite, dans re petit batiment, !'arne artistique du peintre decede, le vieil ami avec lequel il a partage une profonde sympathie spirituelle malgre leur difference d'age de plus d'une generation, pue avec lui un duo emouvant La peinture de Kim Hwan-gi est telle que le musee Whanki, quoique paisible, est un joyau rempli de conviction Ce caractere lyrique tout en etant le produit d'une pensee claire, emeut, et, tout en ne s'exprimant pas de fa<:on emphatique, surabonde d'energie interieure. ll est aussi tout a Ia fois humble et penetrant De plus, bien qu'il utilise un Iangage extremement moder~ il est fantastiquement riche. Avee ce batiment, Woo Kyu-sung montre pleinement, une fois de plus, qu'il est un architecte d'une competenre peu commune possedant tout a Ia fois logique et imagination poetique. . Cette emotion exhalee par le musee Whanki n'est pas fortuite. Elle est le resultat
planifie de !'etude approfondie acharnee du concepteur a tous les stades et au sujet de tous les elements des le choix du site : le traitement du terrain, Ia structure du batiment, Ia mise en scene de l'espace, le choix des materiaux, etc Le musee Whanki est cache dans un vallon, al'interieur d'un quartier d'habitation situe sur des collines, au-deJa de Chahamun Ce quartier, eloigne du "quartier des galeries'' du centre de Seoul, est impregne des charmes du Seoul d'autrefois. Dans cet endroit, d'ou Ia vue est admirable, on peut y appreaer Ia montagne Inwang a !'est et Ia montagne Pungak au sud, le musee ne s'exhibe pas, ayant !'attitude distinguee d'un erudit Woo Kyu-sung a imagine, pour le musee d'art Whanki, des batiments petits, mais assez complexes. Plusieurs batiments forment un ensemble, soit en etant detaches, soit en etant en contad Avee une telle composition, site et fonction s'harmonisent superbement. Ainsi, les fonctions heterogenes, expositions permanentes et expositions prograrnmees, reunions, sciences et arts, etc, sont separees de fa<:on spatiales. De plus, le volume important dont le musee a besoin, a ete obtenu, les criteres humains et Ia topographie ayant ete respectes, dans un site etroit, long et incline (denivellement de
huit metres). Le resultat est fascinant Non seulement les batiments, mais aussi rensemble de la zone des parties interieures et exterieures qui contiennent les batiments et la cour, attire les visiteurs, formant un lieu intense d'experience, un espace commemoratifuni Le batiment principal est aussi un espace dont runite est creee par rapport aune ligne de deplacement Cependant, son volume est constitue de Ia combinaison de "trois groupes de batiments". Le premier, qui semble compose de plusieurs modules rectangulaires qui reculent un peu, achaque degre, en allant vers raxe d'entree, contient les arts et les sciences. Ensi.lite, le batiment rectangulaire qui porte une voute double et qui est situe en opposition avec le "groupe" precedent, contient les salles d'exposition Et enfin, l'espace vide en forme d'hexaedre regulier, qui se trouve entre ces deux premiers "groupes" de batiments, est le "hall central". Un espace de transition ayant ete laisse entre ces "trois groupes de batiments'', il se forme un espace continu grace a des escaliers, qui a partir de rexterieur du ''hall central", montent en entourant celui-ci. ll est interessant de noter la composition 3, 2, 1 dans le iraitement plastique de ces trois groupes de batiments. La zone des arts et des sciences formee de la superposition de trois hexaedres reguliers, celle des
expositions qui se divise en deux voutes et le ''hall central'' constitue par rinterieur d'un hexaedre regulier : cette structure qui se base sur Ia "regie de division par trois" confere a !'architecture du batiment principal, un contraste fondamental et fort, ainsi qu'une structure unifiee. La visite du musee commence a partir du hall d'entree qui donne sur raxe d'acces situe aretage inferieur de la "zone des arts et des sciences''. Ce hall d'entree est un espace exigu et haut dans lequella lurniere tombe a verse du haut Sur le mur principal, un grand panneau de photos en noir et blanc, qui mettent en scene le travail du peintre, accueille les visiteurs. En haut de run des murs lateraux, un vitrail representant un dessin du peintre projette la lurniere, en la filtrant, vers le sud du hall d'entree. Lorsqu'on traverse un petit espace de transition, ayant passe le ''hall d'entree", on decouvre le "hall central". Cest cet espace cubique de 8 m de largeur, de longueur et de hauteur, qui est le noyau du musee Whanki ou que ron soit, ou que ron aille a rinterieur du musee, on ne peut pas ne pas apercevoir ce ''hall'', ni le manquer. lei, le duo de l'architecte et du peintre atteint Ia perfection A la partie inferieure du ''hall", un mur d'un blanc eblouissant qui delimite les quatre c6tes, rend les peintures de Kim Hwan-gi, qui sont deployees sporadi-
quement au niveau des yeux, eclatantes telles des pyaux La ou le mur devrait finir, a sa partie superieure, un espace supplementaire a ete cree a ['aide de colonnes et de filets carres Cet espace revele un escalier qui monte vers Ia salle commemorative du troisieme etage. La silhouette de cet escalier guide les yeux qui regardaient les peintures, vers le cieL comme si elle conduisait au paradis. Espace ouvert et espace ferme, non-couleur et couleurs, surface et ligne, lurniere et ombre : le drarne ingenieux du contraste et de la fusion, qui se deploie arinterieur du cadre geometrique systematique, eleve le ''hall central'' au rang de sanctuaire consacre arart de Kim Hwangi. Un monument cree par un espace vide, c'est ce qu'est precisement le ''hall central". Des escaliers font un detour en s'enroulant derriere les quatre murs qui delimitent le ''hall central" et introduisent les visiteurs dans le batiment des expositions. Comme Ia lurniere tombe abondamment du plafond, les escaliers donnent rimpression d'etre a rexterieur alors qu'ils sont en fait a rinterieur. nen resulte que le "hall central" situe entre quatre murs, est considere comme etant un batiment de structure independante qui a une substance physique, et non, comme etant un espace vide (negative space). On y voit les calculs minutieux du concepteur qui souhaitait lui
LeMusee Whanki denuit
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conferer un veritable caractere commemoratif. n y a une autre installation semblable. Cest l'espace de transition etabli entre les escaliers et l'espace d'exposition Grace a cet espace translatif, le "hall central'' et l'espace des expositions sont consideres comme des zones separees bien qu'ils soient relies. Chacun des espaces d'exposition des deuxieme et troisieme etages est divise ou sectionne en deux zones d'envergure agreable. Ceci, afin de realiser une presentation homogene selon chaque zone, a l'interieur d'un espace dans lequel, visiteurs et peintures entrent fortement en contact Dans tout l'espace d'exposition, les installations, qui pourraient faire concurrence aux peintures en distrayant ¡!'ceil des visiteurs, sont exclues. Par contre, une mise en scene aeant un decor efficace a ete organisee avec minutie et prudence. Lorsqu'un mur et un autre mur, ou bien, un mur et le plafond se rencontrent, ils se continuent et ¡ne "s'enfoncent'' pas ; le fait qu'ils forment un fond supportant les peintures avant d'etre des divisions qui delimitent l'espace interieur, est ainsi souligne. Dans les espaces ou ils "s'enfoncent''-ceux-ci etant taus situes dans des endroits caches des regards des visiteurs qui sont diriges vers les ceuvres, un echange se realise avec le monde exterieur au batiment des expositions. Le solei! entre par une lucarne dissimulee et, Ia forme de l'imposante montagne Inwang entre dans l'espace interieur par une fenetre qui divise les deux voutes. Le resultat d'une telle mise en scene est tel que le batiment des expositions n'est pas un hangar ferme hermetiquement mais, qu'il vit tel un espace ou coulent !'air et Ia lumiere et ou !'on sent le souffle de Ia nature, comme dans les ceuvres de Kim Hwan-gi. Grace a sa sobriete et a son humilite, le concepteur reussit a aeer un lieu emouvant dans lequel tout l'espace des expositions loue "le paysage mental" du peintre. ' En sqrtant du batiment des expositions, une "cour" carree apparait Cette cour, qui est etablie sur le toit en terrasse du "hall central", est de nouveau un espace cede a l'architecte. Elle est fermee par quatre murs 56
telle une cour interieure de maison coreenne traditionnelle a toit de tuiles. Un long couloir, fait de blocs de verre, couvert d'un toit en plomb incline, entoure les quatre cotes (tout en ayant des ouvertures par intervalle). La cour devient ainsi un espace qui s'ouvre vers le ciel. Au centre du sol recouvert, une large fenetre ronde qui donne de Ia lumiere au "hall central" jaillit comme une fontaine. De plus, quand on depasse le cote est du couloir, les silhouettes arrondies des deux voutes du batiment des expositions, entre lesquelles une grande fenetre triangulaire a ete installee, se dressent comme des montagnes. Du fait du carre et du rand, du verre et du metal, !'ambiance de Ia cour est extremement abstraite et sobre. Elle est tout a fait en contraste avec ¡ son environnement nature!, les peintures de Kim Hwan-gi et !'atmosphere de l'espace du musee d'art, qui sont lyriques. Ce contraste est clairement intentionnel Grace a lui, les visiteurs ressentent mieux les arbres .et les rochers, les montagnes et les vallons,' Je; vent et les nuages, qu'ils voient par les ouvertures ~rces dans Ia "galerie", ainsi que le paysage mental de Kim Hwangi qu'ils viennent de regarder. Woo Kyusung, au moyen de !'abstraction geometrique, evoque encore une fois ici, le sujet du musee Whanki, c'est-a-dire, "Ia representation de Ia nature et du cosmos au travers du paysage mental du peintre". Quand on sort de cette cour, on est a l'exterieur du batiment principal. Le batiment principal que !'on voit de l'exterieur est tres simple et sans omement II est difficile d'imaginer que dans ce batiment, des drames varies et saisissants se deroulent Les !ignes gravees a ses angles, Ia qualite des dalles de pierre qui est differente a sa base et a sa partie superieure, ainsi que les voutes qui forment le toit, etc., font resplendir l'exceptionnelle beaute raffinee de Ia structure cubique nette, couverte de dalle de pierres de taille. On ne peut cependant pas y deceler que l'architecte a vait !'intention d'en imposer aux visiteurs, au moyen d'effets visuels, en ornant l'exterieur du batiment. Neanmoins, une distinction, rarement vue, impregne le
musee Whanki Cela n'est pas seulement du aux batiments, mais aussi a Ia fa<;:on de les avoir disposes sur le terrain Comme un escalier interieur entoure le mur exterieur du "hall central" et attire, en se developpant, les regards sur le "hall central", un espace exterieur revetu et un escalier entourent l'interieur du batiment principal, le font fortement adherer a Ia topographie inclinee en se developpant et lui confere un caractere d'independance commemorative constant Le musee d'art Whanki nous montre Ia quintessence de !'art de Woo Kyu-sung. Dans cette ceuvre, il n'y a ni grandiloquence, ni effets bruyants, ni gesticulations desordonnees. II n'y a ni fa<;:ade, ni ligne d'horizon mises en scene pour l'appareil photographique. Le musee Whanki n'est pas destine a !'admiration visuelle. C'est un lieu d'experience totale. Quand on regarde, ensemble, l'interieur et l'exterieur du musee, ainsi que les peintures exposees et l'espace en arriere-
L'impression que donne le Musee Whanki provient de la precision et de la maitrise de Woo que ce soit dans le choix du site, du design ou dans l'utillsation de l'espace. L'espace d'exposition (a gauche) reallse une harmonie subtile entre l'art et l'architecture.]our et n uit creent une experience visuelle totalement differentedanslemusee(ci-dessus).
plan, le musee commence a montrer son vrai visage. Ce visage est extremement sobre et raffine. ll est paisible et ordonne, calme et net. Il contient cependant une emotion poetique qui etreint le creur. Les tendances telles que la revelation du sentiment poetique grace a la sobriete, l'union d'idees nettes et de caracteres lyriques, le caractere commemoratif inherent a l'intimite, sont a la fois les attributs invariables des reuvres de Woo Kyu-sung et, les caracteristiques qui traversent le monde artistique de Kim Hwan-gi Grace aune sensibilite superieure et a une solide force de mise en scene, Woo Kyu-sung ressuscite !'arne de l'artiste decede avec lequel il partageait le meme monde mental Et y ayant ajoute sa voix, il cree un monument commemoratif · emouvant et !Jlcomparable. L'histoire jugera, en Coree et aux EtatsUnis, queUe sorte d'artiste est Woo Kyusung, architecte d'origine coreenne residant aux Etats-Unis. De plus, distinguer l'origine et
l'aspect "coreens'' dans-l.es reuvres de Woo Kyu-sung, concerne les critiques. Etant etranger a ces jugements, les travaux qu'il a faits jusqu'a maintenant interpellent la Coree, qui doit mettre en valeur une culture architecturale a sa maniere, ayant fait !'experience d'un developpement social soudain Bien qu'il soit d'exrellente reputation dans le monde architectural international, il ne "se vend'' malheureusement pas bien· en Coree. Ses reuvres architecturales sont tres sereines, introverties et sobres. nest tres fidele a son propre monde. Precismn~ Woo Kyu-sung est un architecte qui a la chanre de rerevoir de nombreuses recompenses, mais qui ne rec;:oit pratiquement pas de demandes de projets Ce n'est pas re qu'il recherche. Woo Kyu-sung et son architecture son~ justemn~ des miroirs qui refletent notre realite Pour lui, !'architecture est la vie. ll voit le monde au travers de !'architecture et essaye de le comprendre en le comparant a elle. Il ne s'arrete cependant pas a cela. Il
reconnait tout a fai~ que !'architecture est seulement une partie de l'environnement qui aide les hommes a vivre humainement e~ qu'elle n'est pas la plus grande chose de l'univers. Ainsi, il sait rester modeste tout en ne menageant pas ses efforts Comme c'est quelqu'un d'aeharne, il peut toujours trouver sa propre expression et la conserver sans etre seduit par quelque idee tout faite ou par la mode. En revanche, la modestie avec laquelle il respecte les situations precises et particulieres, commenre avec !'attitude ·quil a de ne pas se mettre en avant des le debu~ et de resoudre les projets a partir des circonstances particulieres dans lesquelles un batirnent donne se trouve et a partir du programme demande. Les reuvres architecturales de Woo Kyu-sung se realisent dans une situation qui n'est pas la moyenne arithmetique de l'acharnement et de la modestie, mais dans laquelle reux-d se nourrissent en s'eclairant l'un l'autre, et en fin de compte, ne forment plus qu'un, apres s'etre unis. • 57
Qu'est-ce qui rend la . pemture coreenne .proprement coreenne ? /
Pak Yong-suk Critique d'art Professeur d'histoire de !'art, Universite feminine de Dongduck
es peintures murales de tombeau etaient tres repandues en Coree du . N erne siecle a Ia premiere moitie du VIIeme siecle. Les peintres, decrivant non seulement les moeurs de l'epoque mais aussi les fleurs, les arbres et les animaux, ont reussi a constituer un univers unique utilisant des couleurs fondamentales vives. Parmi ces peintures, celles du "Tombeau des quatre esprits" dans Ia province de P'yong-an du Sud en Coree du Nord meritent une attention particuliere. Sur chacon des quatre murs du tombeau est peint un animal superbe : un dragon bleu a_
L
l'Fs~ un tigre a l'Ou~ un phenix rouge au Sud et une tortue noire et un serpent au Nord ilustran~ par excellence, l'originalite des beaux-arts coreens, ces peintures murales sont hautement appreciees pour leur raffinement mais aussi pour leur belle facture et leurs themes. Les recherches sur le "Tombeau des quatre esprits" ne sont pas exhaustives, mais et:an.t donne !'emplacement des animaux symboliques sur les murs, on peut facilement supposer que ces peintures murales sont des dessins primitifs de mandala illustrant des formes geometriques, des images et des symboles
qu'on retrouve dans !'art bouddhique. Les animaux peints dans le tombeau sont pleins de dynamisme et donnent !'impression d'etre vivants. Cette ambiance designee par le terme de kiun-saengdong litteralement "ambiance de vitalite elegante", constitue le principe fondamental de Ia theorie des paysages chinois. Chronologiquement, cette esthetique se manifesta en premier dans les peintures murales coreennes, et non pas dans les peintures chinoises. Pour les amateurs habitues a Ia peinture occidentale, i1 est difficile de dire dans queUe mesure les principes
Les murs interieurs des tombes de Koguryo a]ian dans .Ia province dejilin en Chine sont decores de quatre animaux symboliques, representant les "Quatre esprit~ sashin en coreen.
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proprement orientaux comme le principe de kiun-saengdong Ie principe dualiste du yin et yang et le principe des Cinq elements de Ia Vie (meta~ bois, eau, feu et terre) se manifestent dans les arts orientaux. Toutefois, on peut deceler certains elements de kiun-saengdong dans les ecoles d'art moderne europeennes telles que l'impressionnisme, le fauvisme et le futurisme. Notons que dans les peintures mural~s du "Tombeau des quatre esprits", !'ambiance de vitalite s'est manifestee sous forme d'animaux, et non de motifs abstraits comme dans les peintures occidentales. L'ambiance de vita:lite est ce qui distingue Ia peinture coreenne du paysage chinois apparu apres Ia dynastie des Tang. La tradition de kiun-saengdong, fermement etablie dans les peintures murales du "Tombeau des quatre esprits'', fut destabilisee avec le developpement du paysage a l'encre de Chine, importe de !'Empire du Milieu. Elle va reapparaitre sous forme de peintures folkloriques et chamaniques, ou illustrant des fables, au XVIlleme siecle ou le mouvement Sirhak (etude pratique) apparut en Coree Cest en tenant compte de ce contexte que l'on va essayer ici de trouver ce qui fait Ia coreanite de Ia peinture coreenne.
Les racines de la "coreanite"
Le terme de kiun-saengdong, qui s'emploie frequemment dans les theories de peintures chinoises, peut etre traduit par puru en careen L'origine etymologique de puru est pu~ le feu, avec une connotation d'expansion en alchimie Le terme de puru tanfi qui s'emploie dans le charnanisme, se refere au pot rituel dans lequel on met les epis de riz et d'orge Ce pot non seulement sert en alchimie mais aussi est objet de veneration Dans les temps anciens, !'esprit gouvernant l'alchimie s'appelait puru, ce qui soutient le lien entre le terme et le phenomene d'expansion D'apres les theories du yin et yang et des Cinq elements de Ia Vie, le riz est le yin et l'orge, le yang. Lorsque ces deux elements se heurtn~ "!'expansion" se produit Le pot est un mediateur mysterieux permettant cette expansion Le riz et l'orge sont le k4 ou energie ; le pot est un, ou elegance ; saengdong est !'expansion Cest ainsi que puru tanji englobe preasement !'idee de
kiun-saeng:fong Lorsque ce meme phenomene se produit en nous-memes, .on l'appelle shin param, elan du coeur ou sorte d'expansion interieure, ce qui n'est pas etre sans lien avec l'alchimie. II faut rappeler que .!'expansion n'est pas un phenomene qui
s'explique d'une maniere logique Elle defie plut6t Ia logique et appartient au domaine dumystere Au Vlleme siecle, le grand moine bouddhiste Wonhyo illustra !'experience de cette expansion interieure avec Ia metaphore de Ia promenade sur le dos d'un boeuf. Lorsqu'il ecnvit son interpretation du Vajra-samdadhisutra, textes bouddhiques de base, ille fit sur le dos d'un boeuf, tenant le pinceau de sa main droite et Ia feuille de papier de sa main gauche, Ia pierre al'encre de Chine etant fixee entre les deux comes du boeuf. Lorsque le boeuf marchait, Ia pierre a l'encre bougeait, et le corps de Wonhyo aussi. II etait pratiquement impossible d'ecrire dans des conditions si peu sGres, pourtant Wonhyo put achever son livre, parce qu'il atteignait un etat de concentration parfait. Cela demontre tacitement Ia nature de verite comme Ia danse de Ia deesse indienne Shiva Nataraja. Si Wonhyo a pu achever ses ecnts dans de telles conditions, c'est parce qu'il eprouva son shin param, un elan interieur. Le phenomene d'expansion est sirnilaire aux flammes. Ces dernieres peuvent creer un centre immobile en passant par des energies "aleatoires''. En un mo~ le shin param ressemble a l'apprivoisement d'animaux sauvages. Pour
Les peintures decoratives, tanch'ong, que l'on trouvent en Chine et en Coree utilisent toujours les couleurs des cinqpoints cardinaux, obangsaek en coreen. 59
designer l'acte d'ecrire ou de peindre, les Careens emploient parfois le mot ch'ida, signifiant elever, dompter des animaux. L'art peut etre compris dans ce contexte. L'ecriture ou Ia peinture impliquent l'acte "de dompter" des energies aleatoires. A l'origine de Ia calligraphie originate de Kim Chong-hi:ii (1786-1856) du royaume de Chason devait se trouver un "dressage d'energies" illimite de Ia part de !'artiste. L'ambiance de vitalite elegante, kiunsaengiong se manifeste dans les peintures coreennes comme l'acte de ch'ida, c'est-adire, comme celui de cultiver des energies. Ceci dit, pour mieux comprendre le concept de ch'ida, on doit egalement savoir ce qu'implique le mot pashim4 terme utilise en architecture. n designe Ia technique qui ¡permet de fixer des morceaux ou des planches de bois sans utiliser de dous Les principes du yin et yang et des Cinq elements de Ia Vie sont appliques a cette technique. ll s'agit de profiter de Ia force provenant de !'interaction entre le yin et le yang
Sur h page d'en face, dans le sens des aiguillesd'unemontreenpartantdu haut: peinture folklorique d'un tigre et d'une pie, detail de "Le bane de poissons" de Yi Ung-no, et "Combat de Coq<i" de Pak Pong-su.
PrincipesdelaNaturedansl'Art Les peintures murales du ''Tombeau des quatre esprits" constitue un exemple representatif de !'application des principes du yin et yang et des Cinq elements de 14 Vie. Le phenix symbolise le cieL et Ia tortue Ia mer. Ensemble, ils representent les rapports du yin et yang en symetrie verticale. Notons que Ia tortue est entouree par le serpn~ ce qui montre comment les deux axes, vertical et horizontaL du yin et yang prennent de l'expansion en fonction des principes mysterieux de Ia Nature. On y voit le principe de pashimi dans lequel les deux panneaux de bois graves en relief au burin se joignent parfaitement sans dous La meme explication s'applique aux peintures folkloriques. Une des scenes typiques de Ia peinture folklorique est celle ou un tigre fume. Le tigre tend une pipe et un liev~ y met le feu. Meme si ces peintures folkloriques representent des scenes de fables, elles n'illustrent pas mains pour autant l'interaction harmonieuse entre yin et yang comme cela se voit dans les peintures murales du ''Tombeau des quatre
esprits''. Seton les douze signes du zodiaque, le tigre symbolise l'achevement de Ia nuit et le lievre, le commencement du jour. Le fait que le lievre mette le feu a Ia pipe du tigre montre que Ia nuit et le jour, comme pour le yin et le yang, bien qu'ils soient de natures opposees, reagissent reciproquement d'une maniere mysterieuse comme le ruban de Mbebius Le dessin montre le tout de l'univers de Ia Nature. Si l'on considere Ia verite en termes de forme, le pashimi est une forme de verite ; vue en termes de phenomene, Ia verite est un phenomene d'expansion ; lorsqu'on eprouve Ia verite en son for interieur, on l'appelle shin param La peinture coreenne se caracterise par ses deux fa(:ons distinctes de voir Ia Nature. Le plus souvent, Ia Nature est vue en termes de temps au lieu d'espace. Cest ainsi que Ia perspective est releguee au second plan L'autre methode concerne sa fa(:on de voir les etres vivants. On ne les considere pas en termes d'especes mais plut6t en termes d'energies constituees de yin et yang Cest pour cette raison que dans Ia peinture coreenne, Ia Nature est pantheiste.
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Dans les peintures folkloriques, les pies parlent avec les tigres, les tigres vivent avec les hommes et les hommes montent sur le dos de dragons. Ces images illustrent les rapports du yin et yang. L'energie yang peut se transformer en energie yin et vice versa, ou les deux energies peuvent se reunir pour se transformer en une toute autre energie, les kiun-saengdong, shin param, expansion et pashimi. Dans ces conditions, une chose ne se presente pas sous une forme fixe mais plut6t sous une forme variable a tout moment Cela veut dire que chaque objet de l'univers est une chose achevee a tout moment et en meme temps qu'il est en etat de transformation constante. II est extremement difficile d'appliquer cette optique dins Ia peinture, car aucun des objets ne doit etre peint sous une forme achevee Ambigu1te . La caracteristique Ia plus particuliere de Ia peinture coreenne reside dans l'ambigliite L'ambigliite ne se prete pas au realisme. Pour etre conforme a Ia philosophie d'ambigutte, on ne doit pas peindre un tigre comme il apparait Car on est persuade qu'un tigre peut se transformer en chat ou meme en homme. Un tigre fumant une pipe a !'air humain Cette perspective laisse supposer que Ia nature change sans cesse, comme le font les hommes. Dans ce contexte, il serait stupide de fixer les chases au milieu de ces vagues d'energie en mouvements constants. La sensibilite esthetique des Careens, caracterisee par Ia spontaneite et l'ambigliite, est bien visible dans les maisons dotees de murs en terre, les jardins et les recipients en bois. Depuis toujours les Careens sont persuades que Ia vie est un enchalnement d'expansions et de contractions. L'expansion symbolise Ia vie et Ia contraction, Ia mort "La lutte des coqs'' de Pak Pong-su peint dans les annees 1950, et "Le bane de poissons" de Yi Dng-no peint dans les annees 1970, decrivent taus les deux des animaux. "La lutte des coqs" represente deux CCX}5 en combat Pourtant le dessin est flou En ef~ le titre constitue le seul indice permettant de deviner ce que represente Ia
peinture. Les observateurs ne peuvent 's'apercevoir qu'il s'agit d'un combat de coqs que grace a Ia vigueur des coups de pinceau qui rappelle Ia crete de coq. A premiere vue, on peut comprendre qu'il s'agit d'un dessin spontane, peint au moment d'un elan d'esprit. Les coups de pinceau noirs bougent rapidement, dotes d'une force extraordinaire Les deux c~ , symboles de l'energie de Ia Nature, se heurient violemment produisant une force explosive et expansive rappelant Ia collision des energies yin et yang. "Le bane de poissons" de Yi Dng-no montre des poissons peints a l'encre de Chine avec une toile de fond coloree legerement qui semble representer l'eau A part ce qui parait etre des yeux de poissons, Ia peinture n'offre aucun indice permettant de deviner qu'il s'agit de poissons. Tout au plus on dirait qu'il y a des chauves-souris ou des grenouilles. A l'origine de ce style se trouve Ia volonte d'etre ambigue. Sans aucun doute, !'artiste n'a pas voulu peindre un poisson particulier mais plut6t saisir une force mouvante qu'il voit dans l'eau et Ia transporter spontanement sur Ia toile Peu importe pour !'artiste si !'on prend sa peinture pour celle de chauves-souris ou de grenouilles. Au contraire, !'artiste sera content si !'on voit dans sa peinture tous ces animaux. La poursuite des formes indefinies se
manifeste non seulement dans les peintures representant les animaux, mais aussi dans les paysages. "Le paysage d'un idiot'' de Kim Ki-ch'ang et les oeuvres de Song Chae-hyu se distinguent des paysages traditionnels a l'encre de Chine par leur utilisation abondante de couleurs. lis different egalement des peintures du "Tombeau des quatre esprits'', par ce qu'elles utilisent des papiers, des pinceaux et de l'encre. Pourtant, leurs oeuvres perpetuent fidelement Ia tradition coreenne d'ambiguite en ce qui concerne le maniement d~ formes. Comme I~ titre le suggere, "Le paysage d'un idiot'' de Kim Ki-ch'ang est fait d'une maniere maladroite, comme s'il etait vraiment peint par un idiot. On peut dire qu'il s'agit d'une tentative pour se 61
SOsangdo de Kim Ki-ch'ang(en haut),
"'iseaux en vol" de SOng Chae-hyu ( eidessus).
La caracteristique majeure de la peiriture coreenne reside dans son "ambigulte" qui evite tout realisme. 62
differencier des paysages chinois des hommes de lettre. Certes, ''Le paysage d'un idiot'' n'est pas !'oeuvre d'un abruti, mais elle a toutefois !'air simple et maladroit acote des paysages traditionnels. La plupart des paysages "idiots'' montrent un village isole entoure de montagnes vertes. Les maisons couvertes de tulles et les chaumieres parsement le paysage, et leurs habitants sont exposes aIa vue des spectateurs comme si leurs maisons n'avaient pas de murs. Ce qui est important, ce sont les mouvements constants, soit Ients et hesitants, des !ignes representant les montagnes, les arbres, les maisons et les murs. On a !'impression d'etre devant un film projete au ralenti Une fois de plus, il s'agit d'un reflet de Ia philosophie des Coreens qui ne voient pas un objet de Ia Nature comme une chose definie, et qui tentent, au milieu de ces incertitudes, de saisir une forme bien qu'elle soit floue. Pour eux, !'essence de Ia vie n'est ni logique ni evidente. Car tenter de comprendre Ia vie est different de n:garder dans uii.e machine. Les peintures de Song Chae-hyu paraissent plus concretes a cote des paysages de Kim Ki-ch'ang. Les !ignes representant les objets sont plus nettes et vigoureuses. Pourtant, Ia distinction entre les !ignes et les formes est ambigue En fait les !ignes epaisses tracees a l'encre de Chine ont !'air d'etre des formes, non pas des !ignes. On comprend que dans ses peintures, l'encre de Chine foncee represente l'energie yang, et les !ignes plus minces l'energie yin Les !ignes et les formes expriment respectivement les energies de yang et de yin En ce sens, on peut dire que les peintures de SOng ne representent pas les formes qui constituent le paysage mais plutot les energies qui constitue ce dernier. Couleurs Comme on l'a vu plus haut, les peintures chinoises traditionnelles donnent !'importance a l'encre de Chine, et les peintures murales aux couleurs. Or en Coree, Ia tradition de peintures,murales s'est developpee pendant longtemps malgre !'introduction des peintures a l'encre de Chine. Dans ce contexte, il est tout nature!
de s'interesser aux couleurs lorsqu'on tente de trouver Ia coreanite dans Ia peinture. A l'origine de Ia notion coreenne de couleurs se trouve le concept de obangsaek, Ies couleurs des cinq directions cardinales. Le bleu symbolise !'Est, le blanc !'Ouest, le rouge le Sud, le noir le Nord et le jaune le centre. ll ne s'agit pas d'une notion coreenne indigene, mais commune en Asie de !'Est dans les temps anciens. Ce qu'il faut noter pourtant, c'est que ces idees se sont perpetuees pendant longtemps en Coree et que Ia notion de couleurs obangsaek est fort different de celle de !'Occident. Dans les peintures occidentales, par exemple, le noir symbolise Ia mort, alors qu'en Coree, c'est le blanc qui Ia represente et le noir symbolise Ia sublirnite. Si Ia definition et l'emploi des couleurs sont ainsi etroitement liees a Ia notion de obang;aek, c'est parce que l'achim~ y pue un role considerable. Les peintures murales du "Tombeau des quatre esprits'' constitue le prototype de !'utilisation des cinq couleurs cardinales. Comme on l'a vu plus haut les animaux peints sur les murs sont etroitement lies avec les directions. Par exemple, l'oiseau symbolisant le Sud est en rouge, le dragon symbolisant !'Est est en bleu, le tigre symbolisant !'Ouest est en blanc, Ia tortue symbolisant le Nord est en noir et au centre se trouve un dragon jaune. Ces couleurs de obang;aek ne representent pas seulement les directions. Elles incarnent egalement des idees : le bleu represente Ia bonte, le blanc, Ia justice, le noir, !'intelligence, le rouge, Ia politesse et le jaune, l'harmonie. II n'est pas certain que ces normes exprimees dans les couleurs soient conformes aux sentiments piimitifs de l'humanite en matiere de couleurs, mais il est indeniable que l'esthetique coreenne des couleurs s'y etait adaptee tres tot. Parallelement, en ce qui concerne Ia peinture coreenne, c'est dans les peintures murales de l'univers souterrain et dans les peintures chamaniques, folkloriques et bouddhiques qu'on doit chercher ses caracteristiques en matiere de couleurs. Ajoutons que les peintures chamaniques revetent une signification particuliere. Les mushindo, peintures chamaniques,
designent les peintures religieuses decnvant les esprits veneres par les Coreens. Elles garnirent les murs de lieux de culte ou ceux de salles souterraines lorsque la culture du monde souterrain existait encore. C'est pour cette raison que les peintures chamaniques ont garde les caracteristiques de celles du monde souterrain, et en particulier l'emploi de couleurs fondamentales vives et l'absence de couleurs complementaires. Les esprits gardiens illustres dans les peintures chamaniques ne sont pas des esprits aux idees abstraites mais ceux qui offrent aux humains des aides pratiques ayant des pouvoirs surnaturels. Lorsqu'ils etaient exposes sur les murs des salles souterraines, on les dota d'une coloration speciale. Pour qu'on puissent les voir meme dans une lurniere faible, on employa des couleurs fondamentales vives. Parfois du phosphore fut ajoute pour obtenir des effets lumineux. Ces methodes devinrent inutiles lorsque l'age du monde souterrain fut passe et que les esprits monterent a la surface de la terre. Pourtant le style de peintures employant les couleurs fondamentales se perpetue aujourd'hui d'une maniere moderne par Pak Saeng-gwang dans les annees 1980. Sa serie "Chaman" et ses oeuvres "Masque", "La naissance de Tangun" et "Tonghakdd' mettent en valeur l'esthetique coreenne des. couleurs. Comme ces titres le laissent comprendre, une chaman, un masque, le fondateur mythique de la Coree Tangun et l'ideologie Tonghak sont des images qui symbolisent la culture du monde souterrain
Connue comme le chamanisme en Occident, la tradition du monde souterrain est consideree en Coree comme la religion de l'epoque mythique Les chamans etaient les pretresses de l'epoque et Tangun etait le pretre supreme. Les masques etaient les instruments saaes de rites secrets. Quant a Tonghak, c'est un mouvement modeme qui a tente de raviver l'esprit du monde souterrain 11 ne fait aucun doute que les sujets choisis par Pak s'insaivent dans la meme lignee que les peintures chamaniques. En
"Chamanisme" de Pak Saenggwang
effet, le peintre a eu recourt aux techniques utilisees dans les peintures chamaniques traditionnelles. Pak emploie, de la meme maniere que ces dernieres, les couleurs des cinq directions, le bleu, le blanc, le rouge, le noir et le jaune, bien que les ideologies liees aux couleurs et les nuances de couleurs soient quelque peu modifiees. Notons que les peintures chamaniques et les peintures de Pak sont differentes car leur styles sont differents. Les oeuvres de Pak Saenggwang peintes dans les annees 1980 ont ete completement
unidimensionnelles. Or, les peintures murales du "Tombeau des quatre esprits'', les peintures chamaniques et les peintures folkloriques font preuve d'un certain sens spatial, bien qu'elles manquent de perspective par rapport aux paysages. Or Pak expulse de ses toiles meme la trace de profondeur. Ce style prouve sa aeativite et on y voit la possibilite du developpement de l'esthetique coreenne Dans une certaine mesure, son style ''plaf' etait deja present dans ses premieres peintures qui ont ete par ailleurs influencees par des peintres japonais. 11 n'avait laisse aucun espace vide sur la toile, la remp~t completement d'objets. Dans les annees 1980 pourtant, il a donne un certain ordre dans son style de remplissage desordonnes. Bien sur, son ordre est unique et est different de "l'ordre" qu'on emploie traditionnellement. Dans les peintures traditionnelles, les objets de la Nature existent dans le contexte des principes du yin et yang et des Cinq elements de la Vie ; les objets sont variables et non statiques. Par consequent, pour les peintres de l'epoque ancienne, tenter de reproduire un objet ' naturel equivalait a rearranger l'energie du yin et du yang en accord avec les principes des Cinq elements. L'ordre unidimensionnel dont font preuve les peintures d~ Pak est un ordre unique et propre a l'artiste ; bien que ses oeuvres s'insaivent dans une certaine mesure dans la tradition, elles ne respectent pas strictement les principes traditionnels. Dans l'art, s'engager dans une tentative nouvelle represente un acte de rupture avec la tradition, pareil a un enfant qui quitte la poitrine de sa mere pour se mettre a table pour la premiere fois. Cest pourquoi la rupture avec la tradition de Pak peut etre consideree comme une creation d'un nouvel ordre qui lui est propre + 63
La specificite de la peinture . coreenne et ses artistes /
OhKwang-su Critique d'art
uand on parle de la "specificite de la peinture coreenne", il semble ¡ indispensable . de proceder a une redefinition de deux concepts differents : tout d'abord, il faut definir ce que ron entend par le terme de ''peinture coreenne" et, ensuite, dire ce qu'en signifie la specificite. L'appellation de "peinture coreenne" est un concept generalement utilise en Coree a partir des annees 1980, alors qu'auparavant on employait rappellation commune et plus generate de ''peinture orientale". Le terme de "peinture coreenne" est done en quelque sorte une nouvelle fa~on de designer la peinture orientale en Coree et, si !'expression peinture orientale represente une appellation globale, rexpression "peinture coreenne" est plus limitee, car le contenu en est a la fois plus net et precis En d'autres termes, !'expression de "peinture orientale" est till terme culturel designant le genre de peinture realisee dans les trois pays de l'Extreme-Orient, alors que, lorsque ron parle de ''peinture coreenne", il faut comprendre ce terme comme une sorte de concept designant plutot un style particulier de peinture, avec une specificite regionale. n en resulte que, logiquement, pour satisfaire ce concept de "peinture coreenne", ce genre de peinture doit posseder un contenu specifique et, quand on passe de !'appellation de peinture orientale. a celle de "peinture coreenne", il est indispensable d'en exposer les raisons precises. Malgre cela, dans la realite, les exigences, en ce qui conceme ce style de la peinture, susceptibles de constituer les conditions 64
particulieres qui peuvent permettre de parler de "peinture coreenne" au lieu de peinture orientale, sont parfois insuffisamment realisees. ll y a d'ailleurs encore aujourd'hui un tres grand nombre d'artistes qui, au lieu de !'expression "peinture coreenne", s'entetent a parler de peinture orientale, ce qui prouve tout simplement que ron n'est pas parvenu a leur fournir sur une base logique des raisons precises et suffisantes susceptibles de les convaincre Actuellement, dans l'art careen, le domaine de la peinture comprend deux genres differents : la "peinture coreenne'' et la "peinture occidentale", Alors que la premiere est un genre transmis par la tradition du pays, la seconde represente un genre de peinture nouveau qui a ete
introduit de rOccident Pour ce qui est des materiaux, la "peinture coreenne" utilise rencre de Chine et le papier, alors que la peinture occidentale utilise les couleurs a rhuile et la toile ll est vrai que, depuis un certain temps, rusage des materiaux est devenu beaucoup plus libre, si bien que le concept du materiau en lui-meme ne permet plus de faire la difference entre ''peinture coreenne" et peinture occidentale Par exemple, il n'est pas rare de voir des artistes travaillant dans le domaine de la "peinture coreenne" utiliser des materiaux employes surtout dans celui de la peinture occidentale, comme la peinture acrylique sur toile ll y a une grande divergence dans les reactions : si, d'un cote, certains pensent que, la "peinture coreenne" etant un genre et un style traditionnels, il faut en reconnaitre les valeurs specifiques comme precieuses et en developper le domaine, du c6te des artistes persuades qu'il existe une possibilite dans rextension des materiaux afin de parvenir a une capacite d'expression pratiquement illimitee, on considere qu'une telle difference represente en el ~ me un obstacle et une tendance qui ne cesse de nuire a la qualite de rart Peut.etre que li reside le dilemme devant lequel se trouve la "peinture coreenne" : elle se trouve confrontee a un probleme extremement epineux, celui de savoir se definir et de choisir rorientation qu'il convient d'adopter. Spiritualite de Ia peinture a l'encre de Chine La seconde question qu'il nous faut traiter est celle de la specificite de la "peinture coreenne" : il s'agit la d'une certaine tendance specifique de rart careen,
d'un concept englobant l'originalite et des caracteristiques propres au peuple coreen ; on peut done, sans risque d'erreur, voir J.a une autre fa<;on de parler d'identite de !a "peinture coreenne", La specificite coreenne de !a "peinture coreenne" exige tout naturellement que !'on recherche les exemples de peintures coreennes qui expriment l'originalite !a plus typiquement coreenne On peut d'abord proceder a un examen au travers de quelques types et !'on pourra decouvrir l'un de ces types dans les particularites de forme que possede !a "peinture coreenne", ainsi que dans le contenu mis en valeur par de telles particularites. La "peinture coreenne" est un genre et un type d'art elabore avec l'encre de Chine pour base, et le contenu
en est l'univers de !a sensibilite specifique qui se degage de !'utilisation de ce materiau. Dans le passe, on pouvait Ia decouvrir dans !a peinture des lettres. On peut, aujord'h~ classer dans cette meme categorie Ia peinture qui, heritiere de !'esprit de !a peinture des lettres, recherche dans sa forme une plus vaste qualite plastique. Grace a !'utilisation de l'encre de Chine, avec !a richesse de ses nuances, et a un maniement du pinceau extremement modere et contr6le, !'artiste a pour premier objectif !'expression d'un univers moral d'une grande noblesse. Jadis, dans Ia peinture des lettres, les themes traites restaient fort lirnites, mais on se basait sur des sujets precis. Pour prendre un exemple, les lettres aimaient peindre ce que l'on designait comme les "Quatre
plantes principales" : le prunellier, l'orchidee, le chrysantheme et le bambou Bien qu'ils aient herite de !'esprit de cette peinture des lettres, certains artistes d'aujourd'hui traitent des themes differents et leur peinture est nettement plus abstraite Parmi les artistes representatifs de cette tendance, on peut citer S6 Se-ok, Song Yang-bang et Kim Ho-duk ; dans certaines de leurs oeuvres, on peut deceler des elements quelque peu explicatifs, mais, dans la plupart des cas, les artistes concernes possedent en commun une expression concentree resultant d'une touche du pinceau tres concise, ainsi que de !'extension plus ou moins grande de l'encre de Chine sur le papier. S6 Se-ok peint ses tableaux d'un unique coup de pinceau, un peu semblable au
"Danse de groupe" de SOSe-ok 65
"Montagne et eau qui dansent" de SongYong-bang (en haut) et "Ravine" de Kim Ho-diik
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trait unique du calligraphe et, en verite, !'attitude de . cet artiste repond parfaitement a !'expression designant la concentration d'esprit intense et instantanee des peintres-lettres. Cependant, la trace de son pinceau ne reste pas au niveau d'une expression depourvue de signification et apparait comme une image de l'humanite conceptualisee : l'aspect de ces silhouettes humaines entassees les unes sur les autres, ces silhouettes d'hommes qui attendent en files, ces silhouettes qui tournent comme dans une ronde, les mains tendues, toutes ces oeuvres representent des groupes. Pourtant sa peinture ne se preoccupe nullement du fait que l'on fasse une telle interpretation Quant a Song Yong-bang, il ne se contente pas d'adopter les themes favoris des peintres-lettres de jadis, comme les paysages ou les peintures de fleurs et d'oiseaux ; du fait qu'il cree une beaute d'expression extremement concise, on peut se rendre compte qu'il est le fidele heritier de leur tradition Kim Ho-duk, lui aussi, peint surtout des paysages et le depouillement et la simplicite de son expression rejoignent tres etroitement la ligne de la tradition Cest un artiste attache a la recherche d'un univers lyrique tout de calme et de tranquillite que l'on decouvre chez Song Yong-bang, alors que Kim Ho-duk cree un univers plus passionne. En elle-meme, l'encre de Chine est un materiau qui impose des limites assez etroites : l'art de la peinture s'exprime alors uniquement par des tons en noir et blanc. ll arrive parfois que les artistes ajoutent des couleurs pour apporter un peu de variation, mais les oeuvres de SO Se-ok et de Kim Ho-duk sont pour la plupart executees uniquement en noir et blanc, a ' l'encre de Chine. Le fait d'utiliser une couleur unique presuppose des limites dans le cadre desquelles !'artiste doit adopter une attitude orientee vers une expression a. la fois intense et moderee. D'un tel p.o int de vue, l'une des caracteristiques de la peinture a l'encre de Chine reside dans le fait que le domaine des chases qui ne sont que suggerees devient plus grand que celui de
India Ink 90 de Song Su-nam (en haut) et "Le marche des esprits" de Yi Ch 'ol-lyang
!'expression des chases concretes et visibles. La pensee que ce domaine du suggere plut6t qu'exprime appartient au monde de l'esprit etait le domaine propre de l'univers des peintres-lettres. L'interet croissant que l'on enregistre chez de nombreux artistes de notre epoque pour la peinture a l'encre de Chine peut etre
considere comme une tendance enracinee dans la conception de l'univers centree sur le monde de l'esprit, conception propre a l'Orient, qui accorde une plus grande valeur au monde interieur qu'au monde exterieur. On se rend compte que le "mouvement pour la peinture a l'encre de Chine", qui a exerce une profonde 67
influence au debut des annees 1980, lui aus~ etait en grande partie le resultat de cette aspiration vers le monde de !'esprit Le fait qu'un certain nombre d'artistes conscients des menaces encourues par le monde spirituel a cause de Ia prosperite materielle de notre epoque aient fait des efforts desesperes pour proteger leur propre univers spirituel ne peut que representer une experience d'une importance capitale Quelques-uns des artistes qui avaient pris Ia direction de ce mouvement continuent aujourd'hui a travailler a l'encre de Chine. Les plus representatifs sont Song Su-nam et Yi Ch'ol-lyang. Ces artistes ne s'attachent pas seulement a !'extension plus ou moins grande de l'encre de Chine qui s'impregne dans le papier; ils sont a Ia recherche d'un univers qu'ils creent en reglant de fac;:on convenable les touches du pinceau ainsi 'Journaldevie"(adroite)deSOkCh'ol-chu; "Dansla vie"(surlapaged'enface)de Yi Wal-chong; Lagalerie de peinture coreenne au Musee National d'Art 'Contemporain (ci-dessous)
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que l'intensite de l'encre de Chine, ce qui represente Ia technique ideate pour !'expression de Ia composition a l'encre de Chine. Les oeuvres de Chong Tae--yong qui, tout en utilisant l'encre de Chine, execute ses tableaux au moyen de petites touches avec l'extremite de son pinceau-sans vraiment dessiner au pinceau-donnent !'impression d'une aisance d'une grande beaute, que seule l'encre de Chine peut permettre de creer et qui resulte de l'intensite plus ou moins grande de l'encre et des nuances a peine perceptibles de cette encre qui impregne le papier. La peinture folklorique modernisee
Dans Ia "peinture coreenne", le papier est considere comme un materiau de soutien d'une extreme importance : en realite, pour ce qui est de Ia peinture a l'encre de Chine, elle ne designe pas uniquement les reactions de l'encre de Chine sur le papier et !'on peut affirmer qu'il s'agit d'une creation due a Ia tension particuliere en noir et blanc, tension qui resulte de !'union entre !'action de l'encre de Chine et le papier qui lui sert de support ll y a Ia une enorme difference
avec Ia relation qui existe entre Ia toile de . Ia peinture occidentale et les couleurs a l'huile ou autres materiaux dont en l'enduit Que le papier soit hautement apprede comme support pour Ia peinture, cela ne se limite nullement aux artistes du domaine de la "peinture coreenne'' : depuis les annees 1980, on se rend compte qu'il est aussi tres apprede par une partie des artistes du monde de Ia peinture
occidentale, et !'on se souvient que, dans Ia premiere moitie des annees 1980, il a ete organise un tres grand nombre d'expositions de "travaux sur papier". II s'agissait en quelque sorte d'expositions de dessin, mais, plutot que de realiser de simples dessins, il faut le souligner, les artistes y traitaient en profondeur de Ia relation entre le dessin et le papier utilise comme support. En definitive, on procedait a une redecouverte du fait qu'en
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Sans titre, Kwon Y ong-u
tant que support le papier constitue un element important de !'art plastique. Et ce travail a ete realise par des artistes appartenant au domaine de Ia peinture occidentale travaillant generalement avec des toiles et des couleurs a l'huile. Certains de ces peintres ne se contentaient pas d'utiliser sur papier des materiaux comme les couleurs a l'huile ; illeur arrivait parfois de coller du papier sur leur toile pour l'enduir.e ensuite de couleurs a l'huile certains d'entre eux allaient meme jusqu'a utiliser comme materiau Ia pate a papier telle quelle. Dans certains cas, cette pate a papier constitue !'oeuvre d'art en 70
durcissant : pour cela, il n'est pas utilise de couleurs et Ia pate a papier, durcie en une couche epaisse, devient a elle seule une oeuvre d'art Dans le domaine de Ia "peinture coreenne" aussi, depuis deja tres longtemps, s'interessant a !'aspect moelleux du materiau qu'est le papier, les artistes ont procede a des collages avec le papier lui-meme sans ajouter de couleurs, ou bien ils l'ont dechire pour lui donner diverses formes de fat;:on a profiter au maximum de ses qualites plastiques. Kwon Yong-u est un artiste representatif de cette tendance et Won Mun-ja utilise le
papier dont elle fat;:onne Ia surface avec des parties en creux, d'autres en relief, utilisant parfaitement ses qualites en tant qu'e!ement capital de !'art plastique. En dehors des cas ou les artistes considerent positivement les valeurs specifiques de Ia peinture a l'encre de Chine et du papier dans Ia ligne de Ia tradition des peintres-lettres, on peut decouvrir des caracteristiques plastiques propres a Ia Coree dans les oeuvres de certains artistes qui decouvrent et recreent en un style moderne les formes et dessins a Ia mode jadis soit dans la peinture, soit dans Ia decoration de divers ustensiles utilises par les gens du commun Pour ce qui est du contenu de sa peinture et dans !'expression de ses couleurs, Pak Saeng-gwang, un artiste decede il y a quelques annees, revele une profonde influence des peintures du chamanisme. De meme, parmi ie? artistes de la jeune generation, on procede souvent a des tentatives visant a transformer en style moderne les couleurs et les formes decouvertes dans les peintures en relation avec le chamanisme, ou dans les peintures bouddhiques. Yi Chong-sang, lui, poursuit des travaux de recherche en utilisant Ia technique de Ia fresque afin d'etudier les methodes traditionnelles de la "peinture coreenne". Les tableaux de sa creation sont, au sens large, des paysages, dont les caracteristiques resident dans le fait qu'elles sont beaucoup plus stylisees que les peintures traditionnelles et pi us elaborees sous forme de signes symboliques. Les tableaux qui etaient jadis_a Ia mode dans Ia societe, les couleurs et les motifs decoratifs repandus dans Ia vie peuvent etre consideres comme etant en relation etroite avec les sentiments profonds et Ia sensibilite du peuple coreen : les peintures populaires qui, dans un style relativement peu elabore, etaient realisees par des peintres amateurs etaient en realite des oeuvres representatives de !'art plastique coreen et profondement impregnees de Ia vie, des reves et des sentiments des gens du commun du peuple. Toute Ia serie des peintures de Kim Ki-ch'ang designees par
"L'aube" de Yi Sang-bOm (en haut) et "La fin d'automne dans un village rural" de Pyon Kwan-shik
!'artiste lui-meme sous !'appellation de "Paysages stupides'' sont des adaptations et des variations modernes de peintures populaires de jadis. Grace a !'utilisation d'une expression puerile, de couleurs vives et d'un traitement humoristique des objets dessines, !'artiste parvient a creer une expression de son propre style. On pourrait parler en quelque sorte d'une modernisation de Ia peinture populaire. Sans qu'il s'agisse vrairnent de peinture ' populaire, on trouve de plus en plus . d'artistes qui s'inspirent de toutes sortes de dessins et de motifs, ou des coloris qui apparaissent sur Ia vaisselle, les ustensiles et autres objets familiers aux gens du peuple pom les reprendre dans un agencement plus moderne et plus elabore. Parmi ces artistes, on peut citer Kim Py6ng-jong, Yi Wal-jong et S6k Ch'61-ju, qui semblent obtenir les meilleurs
resultats. En dehors de cela, on decouvre encore Ia specificite et les caracteres propres de !'art coreen chez tout un groupe d'artistes qu~ heritiers des peintures traditionnelles de paysages, se plaisent a peindre l'energie de paysage specifiquement coreens. Tout en s'inspirant profondement des oeuvres picturales typiques, dans le genre des paysages de grands maitres, d'une l'epoque relativement recente, tels que Yi Sang-born et Py6n kwan-sik, certains artistes d'aujourd'hui, parmi lesquels on peut citer Kim Tong-suet Yi Y6ng-ch'an, sont en train de chercher, chacun a leur fa<;:on, une nouvelle forme de "peinture coreenne des paysages". I.a peinture de paysage peut se diviser en deux categories : Ia "peinture de paysages irnaginaires" representant le pays utopique et Ia "peinture qui prend pour
modeles de vrais paysages qui existent dans Ia realite". Si Ia premiere categorie s'est developpee sous une profonde influence de ·rart chinois et represente un type de peinture plut6t formaliste, Ia seconde peut etre consideree comme le domaine de Ia peinture a l'encre de Chine permettant de donner une impression beaucoup plus profonde. ·· Cependant, si les artistes coreens qui peignent ainsi des paysages specifiquement coreens sont tr~s nombreux, assez rares sont ceux qui parviennent a saisir et a exprimer de fa<;:on souhaitable l'energie des paysages du monde de Ia nature "coreen". Kim Tong-su et Yi T6ng-ch'an reve!ent une remarquable capacite quand il s'agit de saisir et d'exprirner !'ambiance unique et specifique dans laquelle baignent les paysages coreens. • 71
INTERVIEW
SUR LFS TRACES DF.S ESPRITS ET DE LA SPIRITUAUTE ASIATIQUE LE
PHOTOGRAPHE
Kitn Soo-natn Kim Young-uk Sous-redactrice en chef, KOREAN A
influence que le chamanisme exer<;:a sur Ia culture coreenne remonte a une periode bien anterieure a la periode Sainhan (200-100 av. ].C). Cette "religion'' est au coeur de la culture coreenne. A travers le chamanisme, on peut done decouvrir l'image reelle du peuple coreen, et comprendre son attitude envers la nature et le sacre, ainsi que sa vision de l'humanite dans l'univers. La culture traditionnelle coreenne, basee sur le chamanisme, a ete serieusement remise en question dans les annees 1970, lorsque le gouvernement lan<;:a le mouvement des nouvelles communautes, Saemai1l undong destine a promouvoir le developpement economique. Le regime militaire dp president Park etait determine a eliminer tous les vestiges culturels juges retrogrades qui pouvaient entrave.r le developpement du pays. Les autorites coreennes ont done fait disparaltre les toi~ de chaume, les "superstitions'' et les chamans dans le pays. Le photographe Kim Soo-nam (Su-nam), 48 ans, n'a pas pu reste.r les bras croises face a la disparition de ce riche heritage culturel Muni de son appareil de photo, il est parti a la recherche des kut, ceremonies traditionnelles du chamanisme, a travers le pays pour preserver en image ce culte en voie d'extinction ''Lorsque fai commence a travailler pour le mensuel "Sedae", qui ne paralt plus aujord'~ le mouvement des nouvelles comu~ates etait en pleine expansion. Son slogan etait : "supprimer les toits de chaume et elargir les routes de carnpagnes". De nombreux photographes se sont mis alors a prendre des photos de paysages
L'
72
Le photographe Kim Soo-nam prend
des notes lors de ses voyages pour legender ses photos et ecrire les nombreux articles qu'il pubHe en Coree
ruraux qui etaient sur le point de disparaltre a jamais. Quant a moi, j'etais plutot attire par les etres humains que par les paysages et ainsi commen<;:ais-je a photographier les chamans." M Kim, journaliste passionne, a decide de prendre en photo des scenes de kut a titre documentaire a un moment ou personne n'etait vraiment interesse par les cultes chamaniques. Mais au fur et a mesure qu'il se consacra a SOD. travail, il fut de plus en plus absorbe par Ia vie spirituelle du peuple coreen et par les rites en eux-memes.
''Le kut avait disparu pendant plusieurs decennies de la vie coreenne. Pendant la periode Choson (1392-1910), les chamans appartenaient au plus bas echelon de la societe et n'etaient pas autonses apratiquer leur culte dans la capitale. Les chases n'ont pas change pendant la periode de la colonisation japonaise. Mais lorsque les pauvres et les desherites avaient besoin d'aide, ils faisaient appel au charnan pour qu'il fasse un kut:' Le photographe Kim ne rnanqua pas de prendre systematiquement des photos des kut qui lui etait donne de voir. Ces photographies ont ete recueillies dans une collection en 20 volumes publiee par Ia maison d'edition Yolhwadang a Seoul. Cette serie qui commence par des images prises en 1983 initie au culte du chamanisme a travers les photographies des ceremonies pratiquees dans la province de Hwanghae, Hwanghaedo naerim kutet se tern'line en 1993 avec la publication du volume sur le Chinogi kut a seoul, une ceremonie rituelle destinee a apaiser la colere des esprits des ancetres disparus. Une riche documentation sui¡ Ia culture traditionnelle Kim s'est particulierement interesse aux roles culture! et artistique des kut. Plus qu'une ceremonie religieuse, le kut a su conserver differentes legendes coreennes, musiques et danses folkloriques dans leur ve.rsion originale. Le caractere festif du kut a largement contribue a rassembler les membres de la communaute coreenne. Kim a photographie les prindpaux rites du chamanisme pratiques en Coree a l'epoque, y compris le Yongdung kut-le
culte a l'Esprit de vent pratique a l'ile de Cheju- et differentes pratiques du chamanisme dans les provinces du nord et les villages a travers le pays. Etant donne que la Coree est entouree par la mer sur les trois c6tes de la peninsule, il n'est pas surprenant que de nombreux cultes du chamanisme soient pratiques dans les regions littorales. Le P).Olsbin kut de l'ile Koje dans la province de Kyongsang du sud ¡et le Ttibae kut de l'ile de Wi dans la province du Ch'urigch'ong du sud en sont justement deux exemples. Le P).Olsbin kut se pratique le premier mois du calendrier lunaire tous les deux ans dans le village Chungnim. C'est une pratique locale qui engage la communaute entiere dans la preparation de la ceremonie et dans les differentes demarches destinees a promouvoir la paix et la prosperite du village Au cours de la ceremonie rituelle de Ttibae de l'lle de Wi, les habitants participent au lancement d'un bateau miniature dans la mer esperant que celui-d emporte tous les malheurs du village lls prient pour la paix et la prosperite des pecheurs insulaires. Presque tous ces cultes observes et immortalises grace au photqsraphe Kim on~ soit disparus, soit ete transformes, comme pour prouver qu'il a eu raison de se consacrer ace travail Kim ne s'est pas contente de suivre simplement les chamans a travers le pays. Afin de pouvoir refleter dans ses photos tous les aspects et la philosophie caches derriere ce culte, il a mene egalement une etude approfondie sur le chamanisme En fai~ c'est le fondateur de !'Association des etudes de Kut (Kut-hak!xJe) creee en 1981 et a depuis participe activement aux echanges d'informations et de documents avec les specialistes en la matiere A Ia decouverte de Ia culture folldorique asiatique Kim a commence a observer les rites chamaniques et les coutumes folkloriques au-dela des frontieres de la Coree a partir de 1988. Tout a¡ debute lorsqu'il accepta un projet a Otooawa, au Japon ll quitta alors le "Tong-A llbo" un des quotidiens les plus reputes du pays, pour pouvoir travailler en tant que photqsraphe independant Malgre
Vie et mort, souffrances ou bonheurs, desespoiret espoir font tous partie des rites, kut. Kim a repertorie tousles types de kut dans sa sene en 20 volumes sur lesrites chamaniques coreens, en partant du rite d'initiation de la province de Hwanghae apartir de 1983. 73
une forte opposttton issue de son entourage, il etait determine a repartir de zero et a elargir sa sphere d'activite a l'exterieur du pays. 'javais trente-neuf ans en ce temps-Ia, un age de transition, et je me suis demande sur que! theme je devais travailler a !'approche de rna quarantaine Allais-je continuer a me consacrer davantage a Ia culture folklorique coreenne et au chamanisme ? Ou allais-je me tourner Vâ&#x201A;Źl"S le chamanisme pratique en Asie pour pouvoir acquerir une vision plus large ? Cest alors qu'en 1988, fai eu !'occasion de beneficier d'une bourse offerte par Ia Fondation japonaise et qu'ainsi j'ai commence a travailler au Japon en m'interessant a divers aspects japonais : moeurs, culture folklorique, religions traditionnelles, coutumes de nouvel an et rites locaux." Kim a voyage pendant neuf ans dans differentes regions d'Asie et il lui restait encore 11 ans pour achever son projet de 20 ans d'observation a travers son objectif photographique des differentes pratiques du chamanisme et des coutumes folkloriques d'Asie Chaque annee, il partait au moins deux fois pour l'Asie pour y rester trois mois. ll a opte pour des pays sousdeveloppes, souvent des endroits retires, loin de !'influence de Ia vie moderne. A travers les annees, il a pris quelques 84.(XX) photos dans 11 pays dont Ia Chine, l'ile de Formose, Ia Thallande, le Myanmar, l'Jndonesie, et le Japan ll a souvent utilise le langage des mains pour communiquer avec les indigenes. Mais il s'est senti embarrasse a plusieurs occasions face a differentes coutumes locales auxquelles il etait peu familier. Kim s'est meme aventure dans des endroits risques, comme des territoires de guerillas et des zones frontalieres investies par les trafiquants de drogues, aIa recherche des pratiques folkloriques traditionnelles. n croyai~ en fai~ que plus le lieu etait retire du monde developpe, plus il aurait Ia chance de trouver une culture restee intacte et pure, ou les tabous et une volonte isolationniste etaient fortement ancres dans Ia vie de Ia population indigene. "La terre et le paradis en Asie"
Recemment, Kim a tenu sa premiere 74
exposition depuis 12 ans, une sorte de retrospective de ses dernieres annees d'exploration a Ia recherche de l'origine de Ia pensee folklorique en Asie. Cette exposition intitulee "La terre et le paradis en Asif!' a reuni quelques 250 photos. A travers ses photos en couleur et ses images authentiques, le photographe a montre des
Le passeport de Kim, ses carnets de notes et ses diapositives ( ci-dessus) regorgent de details sur ses voyages annuels en Asie. n a aussi publie un album de photographies auJapon qui decrit la bea ute et Ie folklore de l'ile de Cheju (ci-dessous). Lech'olmolli kut se trouve dans les villages de .Ia cOte ouest (adroite).
chamans executant des rites mysterieux, entrant en communication avec les esprits dans l'obscurite, puant avec des flammes, en etat d'extase, faisant jaillir du sang du cou d'un animal, ainsi que Ia fievre des fetes. Kim a su developper un style propre a lui en travaillant pendant plus de 20 ans sur un theme unique. A Ia difference de ses
colt ~ gues qui viennent prendre juste quelques photos et repartent ensuite, Kim passe plusieurs purs avec les habitants de Ia region qu'il visite. nmange et parle avec eux et apprend leur far;:on de vivre. II aime rencontrer des etrangers et fait preuve d'une sociabilite innee ''Lorsque fai commence a photographier
les kut en Coree, je pensais qu'il etait plus important de se familiariser avec les personnes qu'avec le travail en lui-meme, car en general les chamans et leurs clients evitent d'etre pris en photo. Au cours de ces annees, fai fait connaissance avec Ia plupart des chamans. De ce fai~ lorsqu'ils effectuent des rites importants, ils me contactent
d'abord avant de faire appel aux purnalistes.Je me suis ainsi lie d'amitie avec Ia plupart d'entre eux" Kim Soo-nam est devenu une sorte de reference pour le chamanisme. La ou s'effectue des ceremonies chamaniques, il est immanquablement present la maprite des chamans le co011a1(, bien que plus de Ia
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moitie de ceux qui figurent sur les photos de Kim Soo-nam aient disparu depuis Ia publication des livres. "II n'est pas facile de se faire accepter 'par !a societe des chamans. II faut etre dote de charisme, de l'habilete de pouvoir attirer !'attention d'une douzaine ou d'une centaine de personnes a Ia fois et d'une capacite de memoriser une multitude de details. II faut done avoir une bonne memoire et un certain esprit Cest un art particulierement exigeant" Selon !'artiste Kim, les chamans ont beaucoup de talents qu'une personne ordinaire aurait du mal a imiter. lis danse~ chante~ jouent des instru).llents de musique et savent meme arranger les differentes offrandes offertes aux defunts au cours d'une ceremonie, le tout faisant partie du travail du chaman Talentg~
Kim Soo-nam est un homme a !a fois passionne et severe envers son travail. C'est un professionnel devoue de caractere tendre et chaleureux. II s'est lie d'amitie avec un grand nombre de personnes qui l'apprecient Son caractere sociable lui a permis de faire facilement connaissance avec des personnes d'origines diverses. Ses amis disent de lui
que c'est une personne charmante et erudite qui ne manque jamais de sujets de conversation Etre en compagnie de Kim Su-nam est toujours passionnant . Kim a toujours montre un interet particulier pour les cultures dans leur forme originate, celles qui n'ont pas rec;: u d'influence de l'exterieur. II a egalement mene personnellement des recherches approfondies et s'est adonne a !'etude de documents ecrits. Son premier contact avec !'art de !a photographie remonte au temps ou il etait etudiant a l'universite Yonsei lorsqu'un membre de sa famille lui avait offert en cadeau un appareil photo. "II existe tres peu de domaines qui presentent une aussi grande variete que !a photographie. Je ne me pose pas Ia question de savoir si !a photographie est un moyen de preserver les moments de !a vie, ou un art. La seule chose qui m'interesse vraiment est de savoir si elle a un merite artistique. Je suis tres attire par Ia vie.telle qu'elle est Je suis content de pouvoir observer a travers mon objectif !a vie de personnes de differentes couches sociales a un moment donne de l'histoire. Je considere que le kut est le reflet meme de Ia vie humaine. II revele en fait !a nature humaine a travers !a
Kim a un tres bon contact avec les gens et croit qu'll faut d'abord se famlliariser
avec son sujet avant de prendre une photo. C'est ce qui a ete le cas lors d'un de ses recents voyages aBali Ci-dessus, ll pose avec des femmes ala fin d'une fete. Rite pour honorer le dieu de lamer aOkinawa (a droite). 76
ceremonie et Ia croyance." Kim Soo-nam est reconnu au Japon. Plusieurs de ses livres sur son travail, y compris sa collection sur Ia vie des habitants et le paysage de l'lle Cheju, ont ete publies au Japon. Sa derniere exposition apparaissait en1couverture de !'edition speciale d'un magazine japonais. L'annee derniere, il fut le premier Coreen et le second en Asie, aetre decore du prix dedie aux photographes etrangers au Festival international de Ia photographie a Hikashiwa. Ce prix honorable est destine en general aux photographes dont le travail est reconnu parmi les professionnels internationaux. Les images des peuples appartenant a des minorites en Asie et leurs cultures respectives que Kim a pris en photo seront des documents precieux pour les . etudiants travaillant sur Ia culture folklorique. La communaute interna.tionale des photographes a certainement tenu compte de cet apport L'oeuvre de Kim met en valeur Ia fermete de Ia volonte des populations indigenes de preserver leur propre culture face a !'intrusion de forces exterieures. ll decrit son experience de vie avec les indigenes qu'il a rencontres, de Ia fa<;:on suivante : 'J'etais etonne de voir combien les cultures et les traditions pouvaient differer d'une region a!'autre. n est regrettable de constater aujourd'hui que ces cultures indigenes sont de plus en plus en voie 'de disparition au fur et a mesure que !'influence occidentale se repand dans Ia region. Lorsque fai eu un premier contact avec Ia population des minorites en Asie, j'ai eu !'impression qu'elles vivaient d'une fa<;:on miserable et peu civilisee. Mais apres avoir passe quelque temps en leur compagnie, j'ai compris combien elles etaient chaleureuses et pures de nature. C'est probablement parce qu'elles n'ont pas ete influencees par Ia societe capitaliste." Kim Soo-nam a su garder sa passion et Ia force qui l'ont pousse a entreprendre ces voyages au fin fond de l'Asie, tantot en tant que pelerin tantot en tant qu'aventurier, a Ia recherche des sources de Ia spiritualite orientale. + 77
A LA CfCo.MRTE Cf LA COREE
Lemicrophysogobio longidorsalis, "goujon des torrents de Core~
des poissons d'eau douce careens, je soutiens la theorie selon laquelle les poissons d'eau douce careens appartiennent aux divisions de la sousregion siberienne et de la sous-region mandchoue comprises toutes les deux dans la region paleoarctique. La region_ comprend la partie superieure du fleuve
Principalesch.aines de montagneset rlvieresdeCoree
80
espece de poisson d'eau douce indigene
Yalu qui passe dans les provinces de Hamgyong du nord et du sud, et au Nord de la province de P'ongan en Coree du Nord, et le reste appartient a la sous-region mandchoue. C'est pourquoi on peut dire que tous les poissons qu'on trouve en Coree du Sud appartiennent a la division de la sous-region mandchoue, laquelle peut etre encore divisee en quelques sous-districts, comme l'Est, le Sud et l'Ouest. La partie est de la Coree comprend les rivieres se jetant dans la mer de l'Est qui se trouvent au Nord de la riviere Kangnung-namdae-chon. La, on trouve tres peu de poissons d'eau douce primaires dont une seule espece typiquement coreenne qui s'appelle moroko semoilus (vairon) appartenant aux Cyprinides est endemique. On peut aussi citer les moroco lagowskii (vairon), supposes venir du fleuve paleo-Amour, et le cobitis granoei appartenant au Cobitidides. La partie sud de la Coree comprend les rivieres se jetant dans la Jvier de l'Est qui se trouvent au nord des rivieres Nakpung-chon et Chusu, et toutes les rivieres se jetant dans la Mer du Sud de la
Coree ainsi que celles qui se jettent dans ¡ la Mer de l'Ouest et qui se trouvent au nord du fleuve Yongsan Dans la partie sud, les poissons d'eau douce sont tres varies. On trouve : des squalidus multimaculayus (goujon) et des microphysogobio koreensis (goujon) appartenant aux Cyprinides ; des cobitis longicorpus et des niwaella multifasciata appartenant aux Cobitidides ; des coreobagrus brevicorpus appartenant ¡ aux Bagrides. Les especes caracteristiques de la region sont le cobitis taenia taeni~ le cobitus taenia striata appartenant aux Cobitidides et le coreoperca (perche) appartenant aux Serranides. Ces trois derniers p6issons ne vivent qu'en Coree et a l'Ouest du japon D'autre part, la partie ouest de la Coree comprend toutes les rivieres qui se trouvent au nord du fleuve y ongsan exceptee sa partie sud. Les poissons d'eau douce sont egalement tres varies : moroco sp. (vairon), acheilognathus,
pseudopungtungia nigra, pseudopungtungia tenuicorpus, hemibarbus mylodon, microphysogobio longidorsalis (goujon), gobiobotia brevibarba (goujon), et gobiobotia macrocephalus (goujon)
appartenant a Ia famille des Cyprinides ;
cobitis koreensis, cobitis koreensis pumilus, cobitis choii appartenant aux Cobitidides ; liobagrus andersoni (poisson chat des torrents), liobagrus abesus (poisson chat) appartenant aux Amblycipitides. Ne vivent que dans cette region : ladislavia. taczanowskii,
erythroculter erythropterus, squaliobany,us curriculus (goujon), saurogobio dabryi appartenant aux Cyprinides ; pseudobagrus ussuriensis appartenant aux Bagrides ; brachymystax lenok (truite) appartenant aux Salmonides. Les poissons suivants vivent egalement dans le continent chinois ;
ladislavia taczanowski, erythroculter erythropterus, squaliobarbus curriculus, saurogobio dabryi, pseudobagrus ussuriensis, brachymystax lenok Le fait que !'on trouve ces poissons d'eau douce egalement en Chine nous amene a conclure que les poissons d'eau douce de Ia partie sud de Ia Coree viennent du fleuve paleo-Jaune. Les recherches sont encore en cours sur Ia division distributionnelle des poissons d'eau douce de Ia Coree. Mais les infiltrations d'eaux usees de toutes sortes, Ia restructuration incontrolee des berges ainsi que !'extraction massive du sable menacent l'espace de survie et diminuent le nombre des poissons d'eau douce deja tres limite par Ia loi de Ia nature, constituant un etat d'urgence auquel les autorites coreennes devraient reagir. Heureusement, quelques poissons d'eau douce rares et en danger ont ete classes espece protegee par Ia loi. Parmi les poissons d'eau douce coreens deja cites, on peut noter le moroco sp (vairon) et le rhodeus uyekii dont les couleurs nuptiale sont extremement belles a Ia saison de Ia reproduction ; le hemibarbus mylodon qui protegent ses oeufs en construisant des tours de pierres apres Ia saison de Ia reproduction ; et les Microphysogobio
longidorsalis, gobiobotia brevibarba, gobiobotia macrocephalus, niwaela multifasciata, poissons d'eau douce dont Ia Coree est fiere pour leurs couleurs et leurs comportements. +
Trois desnombreuses varietes de poissons d'eau douce que l'on trouve en Coree sont de haut en bas: 1a truite de Mandchourie, le vairon de Kiimgang et la perche aucha de Coree. 81
ACTUALITES
Les Coreens 3. l'etranger et Ia nouvelle generation Kim Moon-hwan President, Institut Coreen de Politique Culturelle
a premtere Conference Internationale des Etudes de Coreen, organisee sous le patrong~ de Ia Fondation SAT II pour Ia Promotion de Ia Langue Coreenne et de !'Association des Professeurs Americains de Coreen, s'est tenue a Los Angeles du 19 au 22 Juillet de cette annee La conference a porte sur les Careens d'outre-mer et les jeunes Coreens qui ont grandi a l'etranger. Elle a fete Ia selection du Coreen comme neuvieme langue etrangere aetre incluse au SAT ll (Test d'Evaluation Scolaire) qui est un examen d'entree aux universites Americaines. Le SAT n recouvre une large panoplie de sujets telles que Ia physique, Ia chimie, Ia biologie, Ia sociologie, l'histoire Americaine, l'histoire mondiale, et neuf langues etrangeres. La selection du Coreen pour qu'elle soit incluse dans le test reflete le relevement du statut des Careens au sein de Ia societe Americaine ainsi que Ia reconnaissance croissante du Coreen comme langue internationale. La mesure represente certainement un developpement majeur dans le domaine de l'enseignement de Ia langue coreenne et des etudes coreennes en general. Le Comite pour le SAT n Coree de Ia Fondation pour Ia Promotion de Ia Langue Coreenne SAT n, qui a parraine Ia tenue de Ia conference de juillet avec !'aide de l'Academie des Etudes Coreennes et d'autres organisations, a travaille pour que le coreen soit indus dans Ia liste des langues du SAT II depuis 1988. La conference a ete organisee pour discuter des problemes d'identite auxquels sont confrontes les Careens vivant dans. Ia
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societe pluri-ethnique americaine, et ce, dans le cadre d'une perspective plus large englobant les autres Coreens d'outre-mer dans le monde. La conference a ete significative pour deux raisons : primo, en se concentrant sur l'identite ethnique, elle chercha a regrouper un certain nombre de disciplines en une matiere generique nommee ''Etudes Coreennes''; et secunda, sur Ia base de cette identite nouvellement definie, elle chercha a adopter une vue large sur le peuple careen qui soit orientee vers le futur, et qui embrasse les Careens.du monde entier et ceux des deux Corees, du Nord et du Sud A Ia conference, ¡plus de 40 articles ont ete presentes dans 13 domaines d'etude. Six themes principaux ont emerge : (1) un examen de l'identite nationale coreenne a travers Ia societe et Ia culture traditionnelles (les articles comprenaient "Les origines du peuple careen" et "La transmission et Ia succession des arts traditionnels") ; (2) Ia comprehension de Ia societe des Careens d'outre-mer ("Le caractere nomade et emigrant du peuple careen" et "Le statut et l'identite des etudiants coreen-americains") ; (3) Ia poursuite de nouvelles relations entre les Coreens d'outre-mer, et ceux des deux Corees du Nord et du Sud ("La relation entre Ia Coree du Nord et du Sud et les Careens d'outre-mer : Tradition et modernite", "Une Coree unifiee') ; (4) les racines philosophique et ethnique de Ia culture intellectuelle de Ia Coree ("Philosophie Mondiale et philosophie Coreenne", "Systemes de valeur ethique a !'ere de Ia globalisation'') ; (5) le statut des etudes coreennes a l'etranger ("Les Etudes Coreennes a l'etranger : passe, present et
futur'' et "Les Etudes Coreennes a!'ere de !'information") ; et (6) globalisation de Ia langue coreenne ("Hangul, Ia Globalisation du Coreen et le Coreen au SAT IT'). Une attention particuliere dans cette conference a ete portee au role des jeunes generations dans les communautes des Careens d'outre-mer et au developpement de nouvelles relations entre les deux Corees et les Careens d'outre-mer. Dans le passe, Ia relation des Careens d'outre-mer avec leur patrie ressemblait beaucoup acelle d'un amour non partage. Qu'ils aient choisi d'emigrer ou qu'ils aient ete forces de partir de leur pays pour des raisons qui les depasin~ Ia plupart des Coreens d'outre-mer ont fini a l'etranger pour des raisons fortement liees a Ia tragique histoire moderne de Ia Coree. Dans le processus de leur installation a l'etranger, ils ont connu une discrimination importante Par consequ~ ce sont des exclus a Ia fois dans leur pays et al'etranger. Pendant des annees, les ambassades coreennes ont apporte peu d'assistance aux Careens d'outre-mer. Au contraire, elles ont servi d'agent de surveillance, faisant des rapports sur leurs activite& Le gouvernement coreen n'a fourni quasiment aucune aide pour les Coreens d'outre-mer. Cela continue d'etre vra~ le parrainage prive de cette conference en etant Ia preuve. Cependant, depuis que les Careens d'outre-mer ont commence a avoir une position sociale plus stable dans leur pays d'adoption et que Ia Coree du Sud a su se renforcer et s'est interessee plus aux problemes d'ordre global, !'importance du
ACTUALITES
role des Coreens d'outre-mer pour le futur de la Coree a ete largement reconnue
1
L'ldentite Nationale Une pierre d'achoppement reside neanmoins dans l'etablissement d'une identite nationale qui puisse lier fermement les Coreens d'outre-mer et ceux des Corees du Nord et du Sud Comme cela a ete revele dans "Le statut et l'identite des etudiants coreen-americains", un a:hcle presente a Ia conference de juile~ le probleme pour entretenir le sens de l'identite nationale parmi les seconde et troisieme generations de Coreens est fondamental et a ete souleve par les differents groupes de reflexion sur la formation d'une communaute commune a partir de
l'identite nationale, mais une chose a ete de Ia culture traditionnelle coreenne dans clarifiee par cette conference : l'identite les communautes immigrees devrait se nationale doit etre realisee dans le cadre JXmrsuivre d'une maniere harmonieuse et du nouvel environnement mondial, et {XlSitive, et contribuer au developpement non dans le desir de restauration des de Ia societe d'accueil ainsi qu'a l'humanite valeurs de Ia societe traditionnelle passee. en general. L'exclusivisme et l'isolationPour resumer brievement les nisme devraient etre evites. principales presentations, permettez-moi Le professeur Hwang Byung-ki du de faire allusion au discours prononce par Departement de Musique de l'Universite l'ancien Premier Ministre Lee Hyun-Jae ll Feminine Ewha a souligne !'importance a souligne !'importance de la nouvelle du fait qu'il fasse comprendre les attributs relation entre les Coreens d'outre-mer et et les techniques de la musique pour les deux Corees pour le retablissement du comprendre la culture elle-meme. Selon sens de l'homogeneite nationale. Il a Hwang, la musique na!trait du contexte egalement suggere que l'elargissement du culture! particulier d'une nation ou d'une role des Coreens d'outre-mer aiderait a societe ; par consequent, il faut surmonter Ia crise d'identite a laquelle les ¡ comprendre sa musique pour Coreens d'outre-mer sont confrontes. comprendre sa culture Hwang a critique L'historien Kang Man-gil de l'universite les pretentions de superiorite culturelle de de Coree a prevenu que Ia preservation Ia musique d'une certaine culture comme
Livre ancien ecrit en vieux style de l'alphabet coreen, Han-giil en coreen.
Qu 'ils ai.ent choisi d'emigrer ou qu'ils aient ete forces de quitter leur pays pour des raisons qui leur echappaient, les Careens qui vivent a l'etranger sont pour la plupart victimes de l'histoire tragique de la Coree moderne. 83
ACTUALITES
etant arrogantes et chauvinistes, et a laue Ia tentative des Careens de ces demieres decennies pour comprendre leur propre musique traditionnelle. Hwang situe ce nouvel interet et cette nouvelle comprehension dans le contexte du succes de Ia modernisation et de !'industrialisation qui ont inevitablement produit un certain vide du fait du declin de l'identite nationale dans les temps modemes. Ces demieres annees, il y a eu des efforts pour redecouvrir les valeurs de Ia culture traditionnelle afin de surmonter ce sentiment de perte et de vide. ll y eut aussi un nombre croissant d'intellectuels occidentaux pour exalter les valeurs de Ia culture de l'Asie Orientale. Hwang a donne l'alarme avec les autres participants de Ia conference lorsqu'il suggera que Ia propagation de Ia culture traditionnelle est le mieux realisee quand elle est transmise dans une forme aussi pure et originale que possible. Le President Kim Young-sam a egalement envoye un message a Ia .conference. ll a remarque que Ia Coree jouait un role de plus en plus important dans Ia politique internationale et dans l'economie mondiale et qu'en consequence, il y avait un interet croissant pour les Etudes Coreennes et pour l'enseignement de Ia langue coreenne. na indique que le careen etait en train de devenir de plus en plus important a 'tere de l'Asie-Pacifique" et a mis !'accent sur le besoin pour les Careens d'outre-mer d'apprendre leur langue s'ils voulaient etre competitifs a l'echelle globale. 11 a egalement demande qu'un effort coordonne soit effectue pour developper des specialistes en Etudes Coreennes qui puissent promouvoir ce domaine a l'etranger et que soient etablis des programmes a long-terme d'enseignement de Ia langue coreenne pour les seconde et troisieme generations de Careens grandissant al'etranger. Les Programmes des Etudes Coreennes A cet egard, le gouvemement careen a 84
decide d'elargir son soutien pour les etudes coreennes a l'etranger et les programmes de langue coreenne apres une etude attentive du statut actuel de tels programmes dans les universites etrangeres. Ces dernieres annees, le nombre de programmes de langue coreenne et d'etudes coreennes a ete considerablement accru Selon un rapport de Ia Fondation de Coree, 279 universites dans 49 pays opereraient des programmes de langue coreenne et d'etudes coreennes, en juin 1996. Le gouvemement careen planifie d'accorder des soutiens selon des criteres de priorite par lesquels les programmes seront soigneusement examines. A presn~ les Etats-Unis detiennent le plus grand nombre de programmes d'etudes coreennes avec 70. Le Japan en detient 63, et Ia Chine, ou beaucoup de careens ethniques habitent, a actuellement 29 universites qui donnent des coots d'etudes careennes et de langue coreenne. Ces dernieres annees, le nombre de programmes careens offerts dans le sud-est de l'Asie, !'Europe de l'Est et !'ex-Union Sovietique a augmente tres rapidement Le Vietnam, Ia Thai:lande et Ia Malaisie ont chacun quatre programmes, alors que les Philippines et 11ndonesie en ont deux chacun. II y en a quatre en Russie et au Kazakhstan, trois chacun en Ouzbekistan et en Hongrie, deux chacun en Republique Tcheque et dans !'ex-Federation Yougoslave, et un chacun en Roumanie et en Bulgarie. Les participants a Ia conference ont explique cet interet croissant pour Ia Coree et pour Ia langue coreenne, comme etant le resultat d'une reaction a !'expansion rapide des investissements des entreprises coreennes dans ces pays et une reconnaissance croissante par les etudiants locaux des talents linguistiques et culturels careens. La langue coreenne sera incluse dans le SAT II americain a partir de novembre 1997. II reste de nombreuses taches
encore : Ia preparation des materiaux d'enseignement, l'entrainement des instructeurs, Ia promotion des cours de careen, Ia construction des salles de classe. A present, environ 50.000 personnes travaillent dans 1.000 instituts de langue coreenne a travers taus les Etats-Unis, mais si Ia Fondation pour Ia Promotion de Ia Langue Coreenne continue a promouvoir non seulement le careen au SAT II, mais aussi comme langue internationale, il y aura sfuement plus de demande pour les programmes de langue coreenne et d'etudes coreennes. Les taches de compilation de 100 annees d'histoire de !'emigration coreenne et de rassemblement du savoir necessaire pour appartenir a l'ere de Ia globalisation sont ecrasantes. Dans rna presentation aIa conference, fai parle du besoin urgent d'installations tel que le Musee de Ia Diaspora Israelite, qui ramenerait sous un seul toit toutes les informations et objets fabriques en rapport avec les 5,22 millions de Careens habitant dans plus de 140 nations dans le monde. La conference de Los Angeles a rassemble 25 academiciens d'etudes coreennes de Coree et 39 des Etats-Unis et autres pays. Seulement neuf des participants etaient des non-Careens, mais ~e fut une session academique precieuse qui a su attirer des academiciens de grande autorite. Dans mon article intitule "Proposition pour l'etablissement d'une communaute culturelle unissant les CoreeQS d'outremer et des Corees du Nord et du Sud", fai mis !'accent sur le besoin de combiner democratie et nationalisme et sur !'importance de Ia tolerance pour considerer les nouvelles approches de Ia culture nord-coreenne ainsi qu'aux problemes culturels de l'apres-reunification des deux Corees. Les Careens seront prets pour les defis de l'ere internationale si, et seulement si, la tolerance, Ia democratie et une forte identite nationale sont presentes. â&#x20AC;˘
APER<;US DE LA LITT.ERA TURE COREENNE
Kim Seung-ok
Une curiosite spirituelle sous-tend toutle travail de Kim Seung-ok. Sa curiosite est une passion qui vise ce qui ne l'est pas et
a le transformer en
a confirmer
une possession personnelle.
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Kim Seung-ok A Ia recherche de 1' Cheon Yi-doo Professeur de langue coreenne Universite Wonkwang
im Seung-ok (Sung-ok) a commence sa carriere litteraire dans le debut des annees 1960 et a ete le porte-drapeau de Ia litterature 'de cette decennie. n a explore un nouveau domaine litteraire malgre le fait que Ia litterature de l'apres-guerre avait atteint ses limites a un moment ou Ia litterature ne se definissait pas clairement A partir de 1950, Ia guerre de Coree fut, pendant au moins une decade, le facteur determinant de Ia litterature coreenne que !'on peut d'une fa<;:on large qualifier de litterature "du temps de guerre" ou "de l'apres.guerre". Les auteurs de cette periode se devaient de construire un monde en reponse au defi de vie et de mort porte par Ia guerre. La litterature de cette epoque fut didactique sans qu'on puisse dire si elle le fut d'une maniere active ou passive Le ton etait extremement tendu et elle portait toujours, sans exception, sur des problemes specifiques et bien definis. Cependant une decade fut suffisante pour attenuer !'importance de Ia guerre, et tres vite, Kim apparut comme un novateur. Une des caracteristiques importantes du monde de Kim fut Ia distance qu'il prit avec les themes realistes et didactiques qui obsedaient Ia litterature des annees 1950. ll en rejeta le ton serieux et !'utilisation de !'emotion Ses oeuvres soot ainsi habitees par un esprit audacieux qui repose sur une sensibilite nouvelle.
K
"Dan.s un bar du troisieme pate de maispn de Ia rue d'Ulchiro rien n'indique qu'il y a cinqfilles qui s'appellent Mija, lorsqu'elles sont venues travailler, on les a ainsi nommees suivant leur ordre 86
d'arrivee: Grosse Mija, seconde Mija, troisieme Mija, quatrieme Mija et derniere Mija." "9:1 n'est pas rien, Kim! Mais d'autres doivent aussi le sa voir. ]e ne pense pas que vous soyez le seul aavoir visite cet endroit." "A.h, c'est juste!]e ny avais jamais pense. Et bien une nuit, fai coucbe avec Ia grosse Mija ; le lendemain matin, elle m'a apporte un calefon qu'elle avait achete a une femme qui vendait a credit. Maintenant, il y a cent dix ux5ns dans Ia bouteille de liqueu:r vide qu'elle utilise pour garder son argent. Voila qui est mieux Cefait est votre seul bien,Jrere Kim." Cette conversation, extraite d'une nouvelle de Kim intitulee "Seoul, hiver 1964", a lieu entre deux hommes qui se sont rencontres, une nuit d'hiver, darts une rue ou se trouvent des tavernes de fortune. Les lecteurs ne peuvent pas aisement sentir que cette conversation est completement detachee du langage pratique et quotidien Cela pourrait etre appele un jeu de mots vides, cependant notre conversation journaliere n'a pas toujours de buts pratiques. La plupart du langage utilise par les gens dans leur vie quotidienne manque de sens. Cest pourq~ Cleanth Brooks et Robert Penn Warren, critiques litteraires et coauteurs de Understandingpoetry(Comprehension de Ia Poesie) (1938), considerent que seule une tres petite partie du langage quotidien a un objectif pratique. Autrement dit, nous tirons profit des aspects pratiques de Ia langue en savourant ses aspects ludiques. Quoi qu'il en soit, le dialogue cite ci-
dessus utilise un langage artificieL II est completement insense. Le simple gout du dialogue pour le dialogue n'etait pas utilise dans les annees 1950. nfallait alors toujours privilegier les aspects pratiques. C'est pourquoi Ia recherche du jeu a travers Ia manipulation du langage etait en soi un defi pour Ia litterature de l'epoque. Une autre qualite importante de Ia litterature de Kim Seung-ok, qui apparait bien dans l'extrait ci-dessus, ce sont les accents, presque excessifs, mis sur l'individu, sur Ia sensibilite propre et individuelle. La conversation laisse entendre qu'un detail, peu importe qu'il soit insignifiant ou denue de sens, peut devenir !'objet d'une possession complete et personnelle aussi longtemps qu'il demeure inconnu des autres. C'est une confirmation de soi comme individu et une reflexion sur !'effort individuel pour faire d'un objet, sa propriete. Ce fut vraiment quelque chose de revolutionnaire si nous nous souvenons que ia' !itterature des annees 1950 ne rendait compte des problemes de l'individu qu'a travers Ia notion de guerre et qu'elle transferait Ia responsabilite individuelle sur le groupe. Dans les nouvelles de Kim. Seung-ok, non seulement on s'eloigne des buts serieux, comme Ia guerre, pour des objets insignifiants comme ceux de filles nommees Mija, mais nous pouvons observer une transition conceptuelle de taille. De Kim, le lecteur apprend que meme si une chose parait insignifiante, elle peut devenir sienne si on l'affirme avec force. La curiosite: une pure passion La force fondamentale de Ia litterature
¡de Kim Seung-ok c'est une curiosite vive et pure. A Ia fin de Ia nouvelle intitulee 'Une tasse de cafâ&#x201A;Ź', le narrateur exprime une peur et une intense curiosite a propos des jours innombrables et non confirmes a venir. Cette idee se retrouve dans Ia nouvelle "5eou~ hiver 1%4".
"Vous et moi avonsbien manifestement vingt cinq ans, n'est-ce pas, grandfrere Kim?" "Manifestement !'' "Manifestement moi aussi !'' Ofit un signe de Ia tete. "91 me fait peur': "Quai done ?'; demandais-je. "91 n'est pas rien !''Sa voix n'etait qu'un souffle. "Il semble que nous soyons devenus vieux?" "Nous avons apeine vingt cinq ans'; dis-je.
La nouvelle se termine sur cette scene. Les lecteurs peuvent sentir !'intense curiosite du narrateur qui se sent perdu face aux jours innombrables et non confirmes a venir mais dans le meme temps, il tente de les confirmer. Cette curiosite se retrouve dans toutes les oeuvres de Kim. Elle est une pure passion qui cherche a affirmer ce qui ne peut l'etre et qui le transforme en une possession personnelle. Cette curiosite est bien decrite par le narrateur de '1'homme fort". Dans cette nouvelle, ce dernier passe des jours de desespoir dans les rues encombrees et miserables de Seoul. Puis apres s'etre rendu dans une maison de Ia bourgeoisie ou regne une fiere tradition familiale et le sens de l'ordre, le narrateur en vient a confirmer les divers aspects de Ia vie. Cependant, il se sent etouffer dans cette , maison et bientot se languit de Ia vitalite de !'existence qui regne parrni les pauvres. La plupart des personnages de Kim sont des vagabonds. Les narrateurs de ''Recit d'un voyage a Mujin" et de 'Tete que j'ai vole" voyagent pour confirmer !'existence d'une ville natale enveloppee d'un brouillard dense et suffocant. Le personnage feminin de ''Voyage de nuit", une femme mariee, se promene dans les
rues Ia nuit, dans l'espoir d'avoir un apen;:u de Ia vie aux limites de Ia moralite. La realite devoilee par cette infatigable curiosite peut-etre celle de l'etat miserable de Ia politique ou une denonciation des valeurs morales depravees de Ia societe, comme dans "Paradis", "Les boucs sont forts'' et le ''Style des annees (/.]'. On peut egalement trouver une vision satirique des divers aspects de Seoul comme dans "L'homme fort'' ou comique de Ia realite
un role auxiliaire dans l'histoire, supportant un autre personnage ou le personnage principal. Parfois ces personnages soot simplement les sujets de Ia curiosite du narrateur ; c'est le cas du vieil homme qui symbolise l'ordre et les traditions familiales dans "L'homme fort" et !'ami d'enfance dans ''Recit d'un voyage aMujin". Un autre aspect du travail de Kim c'est que ses personnages soot le plus souvent
sterile comme dans ''Feconditâ&#x201A;Ź'. Le facteur invariable c'est que les nouvelles ne portent jamais sur une question en rapport avec Ia litterature des annees 1950. Dans les nouvelles de Kim, Ia curiosite est separee du sens de !'objet. Les personnes curieuses se meuvent sans cesse. Afin de rencontrer de nouvelles surprises, il ou elle recherche des lieux peu familiers, errant les yeux ouverts. En d'autres termes, elles ont acquis une mentalite vagabonde. Ce n'est certainement pas une coincidence si Ia plupart des personnages de Kim possedent un esprit sans cesse en quete du voyage. Dans Ia plupart des cas, ses personnages principaux sont symboliquement ou en fait des vagabonds. Ils n'appartiennent pas a Ia realite quotidienne. Si quelques-uns ont une maison ou une famille, ils ne menent aucunement une vie consacree a !'accumulation d'experiences tranquilles et stables. Et si un personnage mene une vie stable, il ou elle joue invariablement
jeunes, mentalement et physiquement Les observateurs dans "Paradis" et "Les boucs soot forts" soot de jeunes enfants, quant aux personnages de "5eoul, hiver 1%4", ils soot dans leur vingtieme annee. Meme si les personnages soot adultes, ils ressemblent a des adolescents, isoles des bases du monde seculier. En ce seri.s, le cheminement litteraire de Kim est un processus visant a confirmer, parfois d'une fa~on choquante et surprenante, les divers aspects de Ia realite, apres s'y etre heurte sous Ia forme "d'innombrables et d'insaisissables" aspects de Ia vie adulte. Ceci parce que Ia realite depeinte dans ses ecrits est le plus souvent fantastique. Ce qui revient constamment dans sa litterature est !'initiation. La recherche de Kim, tendant a confirmer les "innombrables et insaisissables" aspects de Ia vie adulte, est basee sur l'individualisme et Ia personnalite individuelle. Cela signifie que !'initiation, au centre de ses ecrits, repose aussi sur l'individualisme et Ia personnalite individuelle. + 87
NOUVELLES DE LA KOREA FOUNDATION
Subventions pour les etudes coreennes a fetranger La Korea Foundation offre une aide financiere aux universites, aux instituts et aux bibliotheques a l'etranger pour leurs efforts pour promouvoir Ia coreanologie dans le monde. Les projets Soumis a !'approbation de Ia Korea Foundation doivent relever des Sciences-Humaines, des Sciences-Sociales ou d'un domaine artistique en s'inscrivant dans le cadre des objectifs definis ci-apres : . 1) Creation ou developpement de departements d'etudes sur Ia Coree (cOLirs et enseignants) 2) Mise a disposition de bourses pour etudiants de 2eme ou 3eme cycles et d'allocations de recherche pour les enseignants 3) Participation aux acquisitions des bibliotheques et des catalogues. Les dossiers d'inscription devront etre remis a Ia Korea Foundation avant le 31 mai. Les resultats de Ia se!ei3tion finale seront annonces le 15 octobre de l'annee en cm1rs. Pour obtenir les dossiers d'inscription, des conseils ou toute autre information, s'adresser a: International Cooperation Departm ent I Th e K orea Foundation CP.O Box 2147 Seoul, Korea Te l, 82-2-753-3464. Fo x 82-2-757-2047.2049
KOREA FOCUS BIMENSUEL SUR L'ACTUALITE DE LA COREE En complement de Ia revue KOREANA , Ia Korea Foundation publie une revue intitulee KOREA FOCUS afin de pa1ticiper aux effo!ts entrep1is pour faire conn.altre Ia Coree dans le monde et pour avoir une place apart entiere dans cette ere de globalisation Nous esperons que KOREA FOCUS pourra servir de reference de base a Ia conm1llnaute mondiale en ce qui conceme Ia Coree KOREA FOCUS offre a ses lecteurs, une vision generale de Ia Coree contemporaine atravers un choix d'artides va~ i es concernant l'actualite Dans ce bimensueL voLIS trouverez des articles cibles sur Ia politique, l'economie, Ia societe et Ia culture, des opinions sur le monde des affaires ainsi qu'une chronologie des evenements I recents en Coree Publies en anglais et en jlponais, ses articles sont tires de publications co:.==· . reennes qui font autorite en Ia matiere telles que les p1incipaux quotidiens, des ·~=I magazines d'actualite ou des revues universitaires. ...............
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