Koreana Spring 1997 (French)

Page 1


In

1995,

LG's

annual

sales

grew

40 % to

over

US$64

billion .

Ravis de vous connaître

C'est le travail de Matt Ryan d'écouter. En qualité de chef concepteur à LG électronics Design-Tech, Matt doit saisir les subtilités de l'esthétique variant d'un pays européen à l'autre. Et d'exprimer ce qu'il a senti dans la conception de télévisions, de micro-ondes et d'autres produits. (Matt et ses collègues ont également participé au design des locaux du siège de leur société Red Oak House.) Chez LG, nous écoutons nos clients. Nous pensons que l'habitude explique pourquoi nous sommes les leaders dans les applications .de technologies de pointe telles que les écrans à cristaux liquides et la TVHD. Nous sommes également actifs dans d'autres domaines, notamment les puces à mémoire DRAM, la pharmaceutique, les satellites de communication. Le dévouement et la satisfaction de la clientèle dont Mat~ Ryan et ses collaborateurs ont fait leurs principes, sont les principes de nos 126000 autres employés. Maintenant, comment pouvons-nous vous aider?

htt p://www. lg. co.kr/


TRESORS DE COREE

On trouve, partout dans le monde, des statuettes en argile, mais leur aspect et leur symbolisme diffèrent d'une culture à l'autre. C'est sans doute parce qu'elles sont façonnées à l'image des gens qui les fabriquent. En Corée, elles sont appelées t'ou. Celles qui existent encore proviennent des royaumes de Shilla et de Kaya. Elles étaient utilisées dans des buts incantatoires et comme objets de culte. Beaucoup avaient la forme de femmes voluptueuses parce qu 'elles étaient censées apporter la prospérité et la fertilité. Il n'était cependant pas rare de voir des figurines mâles avec des organes gépitaux de proportions exagérées. Les t'ou étaient aussi placés dans les tombes en tant qu'objet de sépulture.

Les t'ou coréens sont très variables quant à leurs formes et usages. Certains représentent des figures humaines, d'autres des figures animales, voire des maisons, des charettes et autres objets de la vie quotidienne. Beaucoup de figurines humaines ont les traits du visage aplatis. Le personnage que l'on peut voir ici fut découvert dans la tombe de la Cloche d'or, tombe qui se trouve à Ky6ngju, ancienne capitale du royaume de Shilla. Le cheval est équipé pour le combat et le cavalier porte le couvre-chef d'un guerrier. On pense que le vaisseau était utilisé comme vaisseau funéraire pour servir le défunt dans l'autre monde. +

Vaisseau en grès représentant un guerrier à cheval, Royaume de Shilla, V ème- VIème siècle, hauteur 23,5cm, longueur 29,4cm, Musée National de Corée


ARTS ET CULTURE DECOREE

.,

' -

. Couverture: Avec la dé·

s

signation de 1997 comme "l'Année de l'Héritage Cu/tu· rel'; KOREANA consacre une

·0 M

étude approfondie au· patri· moine culturel coréen. Le · tableau montre une pièce de

M

A

poterie découverte par un ouvrier lors de la construction d'un barrage près de Chinju,

1 R

province de Ky6ngsang du

E

sud.

." '"- <

., '\ " ' < vŒ

>> · ·· ... ' ".;:_ ': ,'

~

Sur les Traces de l'Histoire

Biens et Trésors Culturels 4 TABLE RONDE

La commémoration de l'Année de l'héritage culturel

14

L'année de l'héritage culturel va rehausser la fierté nationale

par Shin Chan-kyoun

17 HERITAGE CULTUREL DE LA COREE

Le Mur de la Cité de Suwon : Monument à la Piété Filiale par Kim Dong-uk

Ch'angdokkung : Un palais coréen unique en son genre parjoo Nam-chull

28 SITES ARCHEOLOGIQUES EN COREE

©The Korea Foundation 1997 Tous droits réservés. Toute reproduction, même partielle, par tous procédés, sans autorisation préalable de la Korea Foundation, est interdite. Les opinions exprimées par les auteurs ne représentent pas nécessairement celles de KOREANA et de la Korea Foundation. KOREANA, enregistré comme trimestriel auprès du Ministère de l'Information, (Autorisation No. Ba-1003, du 8 août 1987) est aussi publié en japonais, chinois, espagnol et anglais.

Amsa-dong par Han Young-hee Chon-gok-ri par Bae Ki-dong Kamùnsa par Cha You-jeàn Songguk-ri par Shin Kwang-seop Yangdong-ri par Lim Hyo-taek Yong-un-ri par Chyoi Kun

44

Le patrimoine culturel coréen

par Kim Chong-hyuk

48

Chun Hyung-pil: Gardien du patrimoine de la Corée par Lee Heung-woo

54

Parfum d'encre: La peinture des lettrés de la dynastie Chos6n

par Kwon Yang-pi!

Korea Foundation

""

~"

~

"(~',.·-_: ,~

if- "'

~

0

_,.


60

L:esthétique coré , Lexposition d en?e a travers Dynastie Cho~esr des débuts de la pa1 ChungHyung-min

KOREANA . dePublicati L on tnmestrielle Tha Fondation de Corée eKoreaFou da )26 Namda,em unno 5-n a tlon Séoul 100-095, 0

~ ~ r ;: un g - g u ,

68 INTERVIEW

DIRECTEUR K. DE LA PUBLICATION Imjoungwon

Huh Dong-hwa et son musée d 1

REDACTEUR EN CHEF Lee jong-up

par Kim Yo ung-uk e a COUtUre

DIRECTEUR ARTISTIQUE Park Seung-u

74 CHEMIN FAISANT

Le Kim village y an d Kwang par , -on g ong

80 A LA DECOUVERT

Les planteS

par Kim

83

'

Tae- j eo ~uvages

REDACTEUR Réda Ourrad

et Oksan sv owon

, E DE LA COREE

de Corée au P

nntemps

BUREAU DEL Han My ung-h AREDACTION 1 . Im Kw·mg ee, Km Hy ung-kook , -on, Kim M , K Kim Seong-wou L oon-hwan ' Sh" ' ee Ku-yeol Im Jae-ryong '

0

ACTUALITES

L'Orchestre Philharmomque d'Asie par Lee Soon-yeol 0

Prix d ABONNEMENTS es a bonn ements annuels· orée 18.000 W C .. ons (22 US$), étran . Asie pa r a vi . ger: 22 US$ .li on. 37 US$ 1 eurs p . . ' ai a VIon: 39US$ Prix dA . Ab u nu méro·. 4500 . Wons (6US$) onnement et Correspondance: Etranger

Kim Joo-young Dérive et amour dans tœuvre littéraire de Kim Joo-young i!S par Kim Joo-yeon A 1a rect,.dle etes .,&seaU!' Traduit par Maryse Bourdin et MyungNo-shin A 1a ~et Ch'OrWOn Traduit par Maryse Bourdin et MyungNo-shin

89 100

The Korea' Foundation CPO · · . Box2147 s· Tél: (02)752-6171 Fax: , eoul, Corée (02)757-2041 Corée

Myung-Hwa Sa C.P.O. Box 78-2, • Tél: (02)395-5443, Fax: ) (02)394-7822 Seoul· PUBLICITE S'adresser à: Rm 601 L. AD SEOUL ' Ions Bldg, 50 Ch un gmuro 2-ga Chung-gu S1 Tél: 100-012, Corée , Fax: (02)274-8337

(02) 7 4-S3~

A ;~

~ = C PAGE

u

ET DESIGN

35-11 Tongü i-d E PUBLICATIONS T1 ong, Chongn e : (02)734-7184 o-gu, Seoul l .· Fax: (02)737-9377 mpl!me en mars Samsung Moon 1997 par wha Pnnting Co 167-29 Hwa , yang-dong Son d . - 03lr / ~ n g - g u , Séoul Tél: (02)4i8


TABLE RONDE

La commémoration de l'Année

Au cours de ces dernières années, les Coréens étaient, malgré eux, davantage ·attirés par des questions de biens culturels. L'ancien bâtiment du gouvernement colonial japonais, qui servait récemment de Musée national a été finalemement démantelé aprés de sévères controverses. Le débat féroce autour du passage du TGV sur une ville pleine de vestiges anciens, Ky5ngju, a mobilisé l'opinion de toute la nation sur une question très sensible : la place des biens culturels dans la société moderne. En même temps, le fait que quelques biens culturels coréens aient réussi à figurer sur la liste de l'Héritage culturel du Monde de l'UNESCO a confirmé la valeur universelle de la culture traditionnelle coréenne. Il est vrai que les biens culturels coréens font face à la disparition à cause du rapide déœloppement industriel et de la préservation assez négligeante de ses biens culturels. Face à cette conjoncture et dans le cadre de ses iffforts pour stimuler l'attention publique aux biens culturels, le gouœrnement coréen a désigné l'année 1997 ''L'année de l'héritage culturel';pour laquelle 32 étx?nements spéciaux sont en vue. A cette occasion, Koreana a organisé le 16 janvier 1997, une table ronde pour laquelle cinq spécialistes se sont réunis pour discuter sur la nature des biens culturels coréens, le sens esthétique des Coréens, la z:aleur uniœrselle de la culture, l'excaz:ation archéologique, les efforts de préserz:ation, ainsi que des propositions pour l'aœnir, etc Choe Chung-ho, professeur de purnalisme à l'université de Yonsei a présidé le déhit mené par Chung Yang-mo, dim:teur du Musée national de Corée; Han Young-woo, professeur d'histoire à l'université nationale de Séoul ; Hwang Byung-ki, professeur de musique traditionnelle à l'université de Ewh4; ' Paik Syeung-giL président du comité national de Corée du Conseil international de Musée.

4

Choe : Les biens culturels sont un indicateur pour un peuple de sa capacité de créer et de préserver sa propre culture. La créativité culturelle demande sa capacité, et la préservation, sa gestion efficace. Si la créativité culturelle est le produit de l'habilité humaine, la préservation culturelle est donc le résultat du dévouement national. Nos biens culturels constituent les racines de notre peuple. Malgré les nombreuses difficultés auxquelles a fait face le peuple coréen durant sa longue histoire, il avait toujours su protéger ses racines culturelles. Le gouvernement a désigné l'année 1977 "Année de l'héritage culturel" pou;: plusieurs raisons. D'abord parce que nous devrions reconsidérer nos racines culturelles, les frontières culturelles étant en voie de disparaître partout dans le monde. Le but du gouvernement est aussi de "globaliser" la culture coréenne qu'il souhaite montrer au monde comme identité du peuple coréen. La dernière raison est due à la reconnaissance de plus en plus générale et sérieuse sur l'état de l'ensemble des biens culturels provoqué par le rapide développement industriel. Avec cette conception de base, parlons d'abord sur la définition de l'héritage culturel (Munh.wa yusan) et les biens culturels (Munhwajae). Han : Les biens culturels ne sont pas uniquement des biens matériels comme les "œuvres d'art" des musées ou d'autres reliques culturelles. Les biens culturels devraient avoir une notion plus large liée à la conception de la valeur culturelle. C'est-à-dire, dans la notion de la culture, tout est compris : le système, l'idéologie, la littérature, l'art, la science, la religion, l'éthique et les coutumes. L'héritage culturel incorporel apparaît comme quelque chose ayant


de l'héritage culturel une valeur corporelle. Aussi, est tmportante la conception de la valeur qui est "incorporelle". Choe : Commençons par discuter quels sont les héritages culturels représentatifs de la Corée. Chung :Le Hunmin ch6ngum ou hangûl représente le mieux. Le hangûl est le fruit de recherches des années menées par le roi Sejong (règne 1418i450) et des chercheurs de Chiphyonjon (Maison des honorables). Le roi Sejong a cherché à créer un système d'écriture pour les gens du peuple, qui parlaient coréen mais .écrivaient en caractères chinois, une écriture très difficile pour eux. Le hangu l est le seul et l'unique système phonologique scientifique du monde dont le but de la création est clai(ement connu. Han : Je crois que les Annales de la Dynastie Choson sont à la fois héritage culturel et bien culturel. Pour ce qui concerne l'utilisation de fontes et de papiers, ce sont des biens culturels ; quand il s'agit de la représentation de l'esprit traditionnel de compilation historique, elles sont héritages culturels. Cet esprit-de s'engager dans l'histoireest commun pour tous les peuples du monde. Dans ce sens, je crois qu 'ils méritent d'être connus de par le monde entier. Choe : De quels héritages culturels les Coréens peuvent-ils être fiers? Chung : Il y a le temple Pulkuksa, la grotte bouddhique Sokkuram, la Tripikata Koreana, les blocs en bois imprimés, le hall du temple Haeinsa où celle-ci est préservée, le Chongmyo de Séoul qui a servi de reliquaire ancestral pour la famille royale de la Dynastie Choson. Tout ceci a été sélectionné par l'Unesco comme héritage culturel du monde. Sont également représentatifs la

Cloche Divine du grand roi Songdok souvent appelée Cloche d'Emilé, ainsi que le texte original du Hunmin ch6ngum et le Bouddha Maitreya assis en bronze doré du VIème ou VIIème siècle. Han : Beaucoup de livres comme les Annales de la Dynastie Choson sont désignés par le gouvernement Trésors d'Etat ou simplement Trésors. Pourtant pas mal de livres, plans géographiques et archives précieux et pour les Coréens et pour le monde restent toujours inconnus. Parmi les Uigwe, manual sur les coutumes de la cour royale et sur la politique d'Etat, celui sur le 1jte ancestral datant du roi Sonjo (règne 1567-1608) est le plus ancien. Ce genre de documents historiques est unique au monde. Les plans géographiques sont connus pour leur qualité et leur abondance. Tous les enregistrements de la Dynastie Choson y compris les plans devraient être désignés comme trésors d'Etat. Jusqu'à présent, sont désignés trésors d'Etat, les Annales de la Dynastie Choson, les Enregistrements sur la réflexion quotidienne (Ils6ngnok) qui est le journal de la cour royale entre 1760 et 1910, ainsi que les Enregistrements du commandement de la défense des frontières (Pipy6nsadungrok). Ceux qui méritent le titre de trésors d'Etat sont : 2500 uigwe qui sont gardés à la Librairie de la Dynastie Choson ou Kyujangkak (fondée en 1776) ; le Journal du secrétariat royal (Sungj6ngw6n ilgi) qui comprend 3047 volumes et écrits de 1624 à 1894. Choe : Maintenant, discutons sur ce sujet plus en détail. Quels sont vos avis concernant le développement et la préservation des biens culturels ? Chung :Je pense que la reconnais-

sance et l'éducation sont importantes pour le peuple. Paik : Beaucoup de pays connaissent actuellement les mêmes problèmes liés au développement et à la conservation de l'héritage culturel. Mais pour la Corée, le conflit pour la préservation des biens culturels tout en poursuivant le développement industriel était particulièrement aigu à cause de la rapidité de l'industrialisation. Dans les années 1960, le :Japon a décrété une loi visant à préserver les anciennes capitales comme Nara, Kamakura et Kyoto. Ces villes étaient protégées par la loi. Finalement, 37 régions où se trouvent des temples historiques ont été sélectionnées pour une préservation particulière. Je ne connais pas exactement le contenu de la Loi sur la propriété culturelle de la Corée mais je suppose que nous aurions pu faire la même chose si le gouvernement en avait l'intention. A ma connaissance, la France a protégé ses biens culturels par de nombreux moyens. La ligne d'horizon rurale de l'Europe n'a pas changé depuis 30 ans. Mais regardez la Corée. Vous voyez des bâtiments pour appartements de 20 étages, cela tout en milieu des champs de riz ! Le pays se développe d'une manière irréflechie. C'est un problème très sérieux. Choe : Notre héritage culturel, étaitil bien protégé avant la colonialisation du Japon ? Que pensez-vous du changement de la tradition concernant la préservation culturelle au XXIème siècle? Han : Dans le passé, on avait une bonne tradition de bien protéger notre héritage culturel. Bien sûr, il y avait des périodes d'exceptions. Par exemple, au moment où une nouvelle dynastie était fondée ou une fois changé le système


de foi de base du pays, comme le bouddhisme qui a cédé la place de religion d'Etat au confucianisme tout au début de la dynastie Choson. A mon avis, notre concept sur la tradition et la culture a été détérioré en grande partie depuis la libération de l'occupation japonaise en 1945. Au cours de la dernière moitié du XXème siècle, nous étions plus concernés par remplir notre estomac et par mener une meilleure vie que par le passé, au lieu de garder nos anciennes normes culturelles. C'est cette attitude utilitaire qui constitue, me semble-t-il, la cause de la négligence de nos biens culturels. 'Les côtés positifs de la culture des élites yangban ont été complè-tement désintégrés avec la guerre de Corée et le tumulte politique et social de la période après-guerre. Hwang : La perception de la supériorité de la culture occidentale n'étaitelle pas aussi une cause? Chung : Pendant l'occupation japonaise, le servilisme est devenu plus évident que par le passé. Bien sûr, le servilisme était déjà pratiqué vis-à-vis de la C:hine. Après 1945, le servilisme coréen a trouvé un autre débouché, l'Occident, à cause de notre système éducatif national qui visait une sorte de· "globalisation". C'est pourquoi les musiciens et les artistes qui ont toujoJrs engagés dans l'art traditionnel méritent donc, pour ce simple fait, le titre de trésors d'Etat, à mon avis. L'occidentalisation a joué un rôle principal dans la disparition de nos us et coutumes traditionnels. Han : Si nous avions appris les manières occidentales correctement, cela n'aurait pas été un problème. Nous avons simplement imité ce que nous a v ons vu de l'extérieur sans en comprendre l'esprit de fond. En effet, beaucoup d'intellectuels occidentaux s'attachent profondément à leurs cultures ·traditionnelles. A mon avis, la perception de la supériorité occidentale parmi les intellectuels coréens commença avec le Minjok kyejoron (Théorie de la réformation du peuple) publié en 1922 par le romancier Yi Kwang-su.

Ceux qui ont fait des études à l'étranger au début de ce siècle ont également insisté qu'il fallait détruire tout ce qui était coréen. Finalement, avec l'arrivée de la culture japonaise et celle des Américains, tout ce qui était coréen était rejeté. Dans le passé, les Coréens savaient toujours intégrer les influences extérieures, leur culture de base ayant été très solide. La tradition de l'intégration sélective et la tradition créative et indépendante des influences extérieures, tout cela a disparu. Choe : La cour royale et la classe aristocrate, n'étaient-elles pas aussi en faveur de ce genre d'éclaircissement ? Han : Eh bien, cela est vrai au cours des dernières années de la Dynastie Choson lorsque le roi Kojong proclama l'établissement du grand Empire Han. Mais à ce moment-là, la réforme en faveur du style occidental était basée sur la tradition coréenne. Ce sont des réformateurs pro-japonais qui cherchaient à introduire la culture japonaise.

Choe Chung-ho

Choe : Lorsque l'industrialisation se déroulait à un rythme très rapide, nous avons vendu tout ce qui était traditionnel pour acheter une quelconque nouveauté de style occidental. Peut-être, nous avons besoin de nous écarter a va nt de reconnaître la valeur des objets ou idées traditionnels comme nos biens culturels. Par exemple, les meubles et récipients-comme bols-traditionnels sont devenus maintenant objets favoris des gens qui habitent dans des appartements de style occidental. Ces objets anciens servent de décorations des salles de séjour, et semblent bien s'harmoniser avec elles ... Quels autres biens culturels sont cachés autour de nous ? Comment pourrions-nous les identifier et les préserver pour la génération future ? Paik : L'année dernière, le ministère de la culture et des sports a lancé une campagne visant à définir une identité nationale claire. A cette occasion, les Coréens et les étrangers résidant en


Corée ont été invités à choisir 10 objets qui représentent le mieux l'identité de la culture coréenne. Le kimch'i, mets coréen et le hanbok, costume coréen, ainsi que le t'aekwondo, art martial coréen ont été choisis. Le hanbok était premier sur la liste. L'éducation nationale est à mon avis un autre facteur non-négligeable. En Europe, les visites qes musées figurent dans le programme scolaire. Les adolescents y apprennent plus que par des livres d'histoire ou par la théorie. Choe : Vous avez raison. Il faut apprendre également aux adultes. Lorsque les Coréens voyagent dans les pays étrangers, ils se demandent souvent pourquoi et comment notre hérit'age culturel est unique au monde, et dans quel sens il est supérieur par rapport aux autres pays. Parlons maintenant de la particularité purement coréenne de notre héritage culturel. Ch ung : Je voudrais dire que l'affinité avec la nature-le désir de

devenir un avec la nature-est le prémisse de base de la culture coréenne. Les Chinois ont construit un palais énorme comme la Cité Interdite car la Chine est un pays immense. Cette énormité est l'essence de l'identité chinoise. Mais il serait indécent de construire un énorme palais à Séoul, qui est une ville entourée de montagnes. Le Kyongbokkung, l'un des palais de Choson, est parfaitement accomodé à l'environnement naturel. Le palais est excellent dans son harmonie avec les montagnes qui l'entourent. C'est l'essence de la culture coréenne. L'année dernière, un pot en porcelaine de couleur bleu-blanc du XVIIème siècle a été vendu aux enchères de Christie à un prix record de 7,65 millions de dollars. Il y a seulement 10 années, les objets en céramique coréens étaient vendus aux enchères tous en même temps avec des céramiques chinoises ou japonaises à un prix très bas entre 5.000 et 10.000 dollars maximum.

Choe : Est-ce que cela est un bon phénomène? Ch ung : Les céramiques chinoises sont somptueuses, éclatantes en couleurs et en dessin. Souvent les conservateurs chinois et européens me demandaient avec pitié : "Comment pouvez-vous travailler toute votre vie avec des céramiques coréennes de couleur peu gaie et qui n'ont que deux variétés ch6ngja (céramiques bleues) et paikja (céramiques blanches) et dont le nombre est limité. Pour eux, les céramiques coréennes n'avaient pas de grande valeur. Maintenant le prix des porcelaines coréennes est exhorbitant, ceci a un côté positif. Le prix n'aurait pas augmenté tant si la valeur des céramiques coréennes n'était pas reconnue, n'est-ce pas ? Les céramiques coréennes attirent l'attention de beaucoup d'étrangers. Pour le pot qui était vendu à 7,65 millions de dollars, on s'attendait à 2,5 millions. Les gens du monde entier commencent à recon-

Chung Yang-mo

Quelques-uns des blocs en bois imprimés du Tripitaka Koreana conservés au temple de Haeinsa


naître le charme de la beauté simple et naturelle plutôt que les céramiques chinoises plus somp tueu ses et plus éclatantes. Le concept de la beauté coréenne est représenté par le respect envers la nature, la fonctionnalité, le manque d'artifice et la simplicité. La beauté coréenne est quelque chose de très difficile à aimer en un court laps de temps. Les musées américains et ceux d'autres pays du monde sont en train de créer une sa lle .d'exposition permanente coréenne. Dans le passé, l'Asie de l'Est se résumait, pour les étrangers, à la Chi~e et au Japon, car les études sur la Chi ne étaient très étendues dans le monde entier et les Japonais ont fait beaucoup d'efforts pour promouvoir leur culture. Mais ces jours-ci, les conservateurs et le grand public de l'Occident commencent à se rendre compte du fait que l'Asie de l'Est n 'est pas représentée complètement sans la Corée. A l'étranger, en commençant par les spécialistes, de plus en plus, on comprend la valeur de la culture coréenne, résultat obtenu non pas grâce à nos efforts. Cette évolution s'est faite avec le temps. Choe : Monsieur Chung pense que l'héritage culturel coréen repose stfr l'harmonie de la beauté naturelle. Hwang : Depuis longtemps, les Coréens ne réalisent pas que dans la société traditionnelle coréenne, des oeuvres d'art de grande échell e, ou flamboyantes ou t rès compliquées étaie nt considérées comme non-sophistiquées et très superficielles. Ni la grandeur, ni l'éclat, ni la flambloyance ne sont importants dans la cu lture coréenne. La culture coréenne a sa particu larité, sa modestie, sa petitesse, son affinité avec la nature, sa tranquillité, sa profondeur qui ressemble au zen, et sa spiritualité... Prenons l'exemple de la Cloche Divine du roi S6ngd6k de Shilla que le directeur Chung a mentionné tout à l'heure. Il y a longtemps, lorsque j'étais étudiant-du

temps de l'occupation japonaise-, on sonnait les cloches japonaises et coréennes à minuit du jour de l'an. A cette époque, il y avait une heure de différence entre le Japon et la Corée. Comme aujourd'hui, cet événement annuel était retransmis en direct à la radio. La cloche japonaise sonnait d'abord et une heure après c'était la cloche coréenne qu 'on entendait sonner. Je me souviens combien j'ai été touché par la différence des sons. Le Japon qui était rarement attaqué, a plus de cloches dont le son est p lus beau que celles de la Corée, pays qui fut souvent le théâtre de sanglantes guerres . Mais lor sque la Cloche Divine coréenne sonnait, j'ai été ému, elle était au sommet de tout le reste. Les cloches japonaises sont plus élaborées et fortes, m ais la Cloche Divine n 'avait pas d'égale pour le son. Je suis agité même maintenant en repensant à cela. Paik : La Cloche Divine du roi S6ngd6k de Shilla est non seulement remarquable pour le son mais son dessin et la technique de moulage sont e x traordinaires. C'est vraiment un chef d'oeuvre d'art. Les moines et ouvriers ont mis 30 ans pour sa fabrication. Hwang : Vous avez raison. En termes d'échelle, rien ne saurait être comparab le à "l'armée souterraine" trouvée dans la tombe de l'empereur Shi Hwang Di à Xian. Lorsque j'ai vu la photo de la tombe dans les journaux, j'ai été ahuri et décidé d'aller voir les soldats terracotta moi-même. C'était au cours de ma visite aux Pays-Bas que je suis allé finalement à l'exposition d~ quelques-unes de ces figures. Je pensais que je serais accablé mais la statue individuelle n 'était pas si i~_pres­ sionnante. C'était la grandeur de la tombe qui me stupéfiait. Le Bouddha de la grotte Sokkuram est petit et simple par rapport aux figures magnifiques trouvées dans des grottes en roche de l'Inde ou d e,, la Chine. Mais c' est sa beauté tranquille qui le fait l'épitomé de La Cloche Divine du roi SOndok

couramment appelée Cloche d'Emilé


l'art bouddhique. Nous ne devrions pas permettre de nous laisser écraser par la grandeur et la magnificence de l'art et la culture de l'étranger. Nous devrions être fiers avec cette connaissance que nos biens culturels possèdent une profondeur qui dépasse la taille et la couleur. Paik :Quel en est-il de la musique ? Comment faut-il comparer la musique coréenne avec la musique étrangère? Hwang : Il en est de même avec la musique. De mon expérience professionnelle, je peux dire que de toute la musique de l'Asie de l'Est, celle de la Corée est la plus ~iférent de la musique de l'Occident. La plupart des étrangers ont tendance à penser que la musique coréenne est un mélange de musiques chinoise et japonaise, parce que la Corée est située géographiquement entre la Chine et le Japon et que les deux pays sont mieux connus auprès des étrangers que la Corée. Mais il est vrai que la musique chinoise et la musique japonaise sont assez similaires. Si les deux étaient combinées pour représenter la musique de l'Asie de l'Est, on pourrait insister qu'il y a beaucoup de similarité avec la musique de l'Occident. La musique coréenne est complètement différente de la musique chinoise et japonaise, et ainsi la plus différente de la musique de l'Occident. Ceci peut être un élément à la fois positif et négatif. Récemment, il y avait la tendance mondiale de mélanger la musique de l'Occident et celle de l'Asie de l'Est. Mais la musique coréenne est si différente qu'il était difficile de · l'unir avec la musique de l'Occident. Ceci peut être un point faible mais d'autre part, cela signifie que la musique coréenne est vraiment unique au monde. D'un point de vue philosophique, la musique coréenne représente la quintessence de la musique de l'Asie de l'Est. Prenons l'exemple du kayakLim, instrument de musique à cordes traditionnel coréen. Des instruments similaires existaient en Asie de l'Est. Les Chinois ont le zheng et les Japonais le kota. Il est intéressant de


noter que ce genre de cithare existait seulement en Asie. Il semble originaire de la Chine. Un zheng vieux de plus de 4000 ans a été trouvé en Chine. Selon l'Histoire des trois royaumes (Samkuk sagi, écrit par le confucianiste Kim Pushik en 1146), le kayakum à 12 cordes a été modelé d'après le zheng à 13 cordes sur les ordres du roi Kashil du royaume Kaya au VIème siècle. Les 12 cordes représentent les 12 mois. Selon l'Histoire ... , la musique de kayakum fut propagée jusqu'au royaume Shilla par le grand maître de musique Uruk. Pourtant, les ·chercheurs ont trouvé la trace de kayakUm ·d ans les figurines de t'ou qui date avant le règne de Kashil. Cela veut dire que le kayakilm existait avant la date qu'a supposé l'auteur de l'histoire ... Vous demanderez alors s'il s'agit vraiment du kayakilm que prend l'homme de terre, le t'ou, et non pas du zheng ou du kota, parce que le t'ou étant un objet qui est très sophistiqué, on pourrait se tromper. Je voudrais dire que le kayakilm est unique pour sa forme en T similaire aux ailes arrières de . l'avi on. C'est cette forme de kayakUm qui est typiquement coréen. En plus, le kayakilm a une particularité par rapport aux cithares de l'Asie de l'Est : il est fabriqué avec un seul bois. Généralement, elles sont fabriquées en deux. On joue le kayakU m avec les doigts et non pas avec les ongles comme c'est le cas pour le zheng ou le kota. Une corde de kayakCim peut produire 4 sons différents, les cordes étant extrêmement pliables. Une corde du zheng et du kota ne produit que deux sons. La musique coréenne est unique par rapport aux autres musiques de l'Asie de l'Est, dans le sens où elle se repose sur la mesure à trois temps. La mesure à deux temps est généralement utilisée pour les musiques des autres pays d'Asie de l'Est. Dans ce sens, la musique coréenne est différente et de la musique de l'Occident et de la musique de l'Asie de l'Est. Pour les compositeurs, il est donc extrêmement difficile de greffer la musique coréenne dans la musique occidentale. Les gens 10

Han Young-woo

disent souvent que la musique coréenne est l'incarnation de la tristesse et du han, le sentiment profondément enraciné, les souhaits n'ayant pas été exaucés et les regrets étant pleins. Bien sûr, ces ~entims sont des éléments principaux mais ce qui est plus important dans la musique coréenne, c'est le sens de l'extase colorée de tristesse et de han. La musique coréenne est l'expression de la vie vibrante de cette extase. Par exemple, les gens ne disent jamais que la musique du kayakUm ou du k6munko est jolie, term·e interdit a u x joueurs, mais puissante, car il s'agit d'un commentaire visiblement non plausible. Pour exprimer la puissance de la musique coréenne, vous devriez combiner deux éléments de base : les forces positives et négatives ying et yang doivent être harmonisées, tout comme un homme a besoin d'une femme et une femme d'un homme pour produire une vie humaine. Prenons le rythme comme exemple. Les Coréens soulignent la combinaison des sons longs et courts. Il est seulement en Corée où le terme de "rythme" a le sens de "long et court" (changdan). C'est parce que les Coréens croyaient que la vie dérivait de la combinaison du long et du court. La mesure à trois temps de la musique

coréenne combine le 2 du long et le 1 du court pour produire une vie vibrante. Han : Il en est de même avec toute la culture coréenne. Tout dérive de la croyance du triumvirat cosmique, le ciel, la terre et l'humanité. Ce sont ces trois éléments qui sont la base de toute la création. La vraie extase est produite lorsque tous les éléments sont ensemble. L'un des termes qu'emploient souvent les Coréens est sinnata, ce qui veut dire "être gai, heureux .. . ". Le préfixe sin veut dire "l'énergie de la vie", "l'état de l'extase", dans laquelle un humain est uni avec la nature. Ce concept est fondamental dans la compréhension de l'esthétique coréenne. Au moment où l'homme devient un avec la nature,.il éprouve l'extase et l'a bsolu de la beauté. Il existe différentes sortes de beauté-une. beauté sensorielle et une beauté rationnelle. Les novices préfèrent la beauté sensorielle, et cela à court terme, c'est bon. Pourtant, ils en auront assez bientôt. D'autre part, la beauté rationnelle dure. Elle a la continuité et donne la paix permanente. La culture coréenne est une culture rationnelle. Cette rationalité est évidente dans l'émotion qui dure longtemps, et l'extase est produite dans l'union entre ciel, terre et humanité. Si f!OUS comprenons ceci, nous pouvons réaliser comment notre culture est différente des autres. Vous avez tous donné d'excellents exemples, en faisant remarquer la réaction ahurie des Coréens devant la Cité Interdite ou · les grandes cathédrales de l'Europe comme la Basilique Saint-Pierre de Rome. Mais imaginez. Si vous demandez à un groupe de Coréens où ils préférent vivre, à la Cité Interdite de Beijin ou au palais de Ch'angd6k de Séoul, ils vous diront tous qu'ils choisiraient plutôt le palais coréen. La Cité Interdite est un local immense mais un Coréen aimerait mieux le Ch'angd6kkung. Choe : Vouz avez fait savoir quelques éléments distinctifs de la culture coréenne. Le professeur Hwang


nous a donné quelques exemples spécifiques dans le domaine de la musique. Comment en est-il dans la sculpture, dans l'architecture ou dans les céramiques ? Quels sont les concepts de beauté coréenne dans ces domaines par rapport à ce qui est chinois et japonais? Chung : Comme vous tous savez bien, dans la culture coréenne, on apprécie le naturel, la nature intacte des mains humaines. Dans les beaux arts, je dirais ces sentiments en terme de vent et de nuages. La couleur magnifique du feuillage d'automne est un phénomène de la nature. La be'a uté de l'omis~n exprimée fréquemment dans l'art coréen est née de la longue tradition. Pourtant, elle était mal interprétée par les Japonais qui voulaient définir l'esthétique coréenne comme une sorte de spontanéité insouciante. Le connaisseur japonais de l'art coréen Yanagi Muneyoshi a souligné que les céramiques coréennes trouvaient leur origine dans la tristesse bien qu'elles avaient été très belles. En effet, la beauté de l'art coréen est née de la forc.e de vie extrêmement saine et puissante. Han : La différence entre tristesse et bonheur est si maigre. Après tout, les gens pleurent lorsqu'ils sont heureux. La tristesse et le bonheur font un finalement. Choe : Cela est spécialement vrai pour le p'ansori. Le p'ansori est exécuté par un seul chanteur qui exprime à la fois la tristesse et le bonheur. Dans l'opéra occidental, la distinction entre comédie et tragédie est claire. Hwang : Le p'ansori est le seul genre musical du monde dans le sens où un seul chanteur exécute des chants pendant des heures accompagné d'un seul batteur de tambour. Dans le passé, l'Occident avait des genres similaires-il y avait des ménestrels, et les poésies épiques d'Homère étaient récitées dans la rue-qui dérivaient de la littérature orale. Le p'ansori coréen est pourtant la seule forme musicale de ce type qui existe encore. Un chanteur et un

Hwang Byung-ki

batteur de tambour s'harmonisent pour créer un effet meilleur que celui produit par un immense orchestre occidental. Cho . ~ : Je crois qu'il y a un nombre de concepts de base qui font comprendre mieux la culture traditionnelle coréenne et qui possède une certaine force persuasive universelle. Comme l'a indiqué le professeur Han, la taille de beaucoup d'héritages culturels chinois-comme les 13 tombes de la monarchie Ming près de Beijing, la Cité Interdite ou les Grandes Murailles-est si énorme, ils nous paraissent comme surhumains voire inhumains. Les céramiques, l'architecture, la musique, la sculpture et d'autres formes d'art coréens sont d'une taille humaine. Je ne vois pas de liens opposés entre nature et humanité mais ils sont considérés comme confrontés dans les pays de l'Occident. Dans ce sens, je crois que l'art et la culture coréens sont vraiment humains. Hwang : Nous avons l'impression d'être dominés par l'art et la culture de beaucoup de pays. Un visiteur devrait soit s'y opposer soit se laisser dominer. Mais lorsqu'on (J'ai changé en "on", qui était "Coréen") rencontre un bien culturel coréen, il aura envie de s'unir avec lui, pour devenir un avec la

culture. La culture coréenne apporte ultimement le sens de la paix. Choe : En somme, vous voulez dire que l'essence de la culture coréenne repose sur la beauté humaine et paisible. Donc, il peut être considéré comme très pratique, comme quelque chose qui rejette ce qui est transcendental. Il est affirmatif pour la vie et pour la réalité. Parmi les meilleures réalisations qu'ont connues le peuple et la culture coréens, on pourrait citer le fait que les Coréens ont survécu malgré les conditions géopolitiques très difficiles. Les Coréens ont dû être affirmatifs pour la vie et pour la réalité, pour non seulement survivre mais également pour préserver leur culture unique, cela entre la puissance continentale chinoise et la puissance océanique japonaise. Plus spécialement parlant, il n'existe pas dans la culture et l'art coréens un genre qui est commun pour d'autres cultures et arts, qui est celui de l'Ars Moriendi. Dans le kabuki ou no japonais, il y a des scènes du hara kiri qui glorifient la mort et l'art. Les Coréens étaient toujours intéréssés à la manière de vivre, et non à celle de mourir. Je crois que cela est lié à la culture affirmative de la vie des Coréens. Notre culture est basée sur le souhait inné, du désir pour que soient exaucés les voeux terrestres, les besoins _et une longue vie et finalement la tradition de la voyance dans la tradition chamaniste. Han : ]'aimerais ajouter quelque chose. Il n'y a aucune confrontation entre vie et mort dans la culture coréenne. En coréen, on dit que quelqu'un est "retourné" (torakasyotta) pour dire que la personne est morte. Cela veut dire "retourner au ciel". Nous sommes nés du ciel et et nous y retournerons après la mort. La récente adaptation en film de lm Kwon-taek, le Ch'ukche ou le "Festival", d'après le roman autobiographique de Yi Ch'ongjun, est un bon exemple de ce phénomène. En Corée, les funérailles ne sont pas un événement triste. Elles sont synonymes de célébrations, de festivals 11


de la vie, car l'attitude des Coréens vis-àvis de la vie et de la mort est très différente des autres cultures. Tout ce qui a la vie est lié au ciel. C'est pourquoi les Coréens ont toujours cru que la beauté ultime dérivait du sens de l'unité, de se faire un avec le ciel et la nature. Dans ce sens, la tradition chamaniste ou la croyance chamaniste sur l'unité de l'homme et du ciel est extrêmement importante. Il est difficile de comprendre la Corée sans la connaissance de ce concept de base. La légende de Tangun, symbole du peuple et de la culture coréens, est née de cette croyance. Hwang: Entre parenthèses, les titres de la plupart des musiques royales · coréennes se rapporte à la longue vie, à savoir, Sujech'6 n (Longue vie comme le ciel), Suy6njangjekok (Chant pour la longue vie), Changch 'unbullojigok (Chant pour une vie éternelle). Dans le Sujech'6 n, la similitude entre vie et ciel est évidente. Il existe un autre chant intitulé Ch'6nny6manse (Salut pour une vie immortelle). .Chung : Dans bien des tombes datant de la dynastie Choson, les cercueils ne sont pas complètement couverts, c'est-à-dire ils sont simplement posés par terre. Cela reflète la croyance chamaniste de longue date que l'homme retourne au sol après la mort. Cette pratique se fait encore de nos jours. Pendant la période Choson, les rites de funérailles suivaient les règles confucianistes mais le principe de base de funérailles suivait les us et coutumes populaires. Les cercueils étaient posés sur une surface creusée de 6 pieds de long, et sur lesquels étaient étendue la poudre de chaux. C'est la chaux durcie qui couvre les cercueils. Dans aucun cas, les cercueils ne sont posés par terre ni sur les pierres ni sur la chaux. Dans la tombe du beau-frère du roi Sejong, on a trouvé d'abord une solide pierre sous le cercueil qui était posée par terre. Le mort est littéralement retourné aux cendres car il est né des cendres. Han : Traditionnellement, pour les Coréens, il existait deux types de 12

maisons : le yangt'aek est la maison du Graver, peindre, laquer, tout cela soleil dans laquelle les gens en vie empêche de sentir la nature du bois. On pourrait dire qu'il est nonchalant et habitaient tandis que le Umt'aek est la maison de l'ombre que l'on habite après peu spontané, l'artisanat coréen. la mort. Je ne suis pas spécialiste en la Pourtant, on peut y lire la vraie matière mais j'ai remarqué que les compréhension sur la nature. Les maisons au toit de chaume trarécipients et meubles en bois d'autres cultures -par exemple ceux de la ditionnelles coréennes et la maison de l'ombre sont rectangulaires avec des toits Chine et du Japon-sont trés décorés et ronds. Les dolmens de l'Age de bronze peints. Ils sont somptueux et pleins de dignité, ce qui les différencie des objets consistent en une base rectangulaire et coréens. un sommet rond. Ces éléments incarnent l'esprit du triumvirat cosmique du ciel, Choe : Les récipients et meubles en bois sont remarquables pour ce qui de la terre et de l'homme. Dans la cosmologie traditionnelle, le ciel était concerne le choix des différentes rond, la terre rectangulaire et l'homme qualités de bois pour différentes pièces, vivait entre les deux. Ce symbolisme est ainsi que la proportion. Grands ou fréquent dans la culture coréenne, à petits, ils sont si solides et stables. D'où savoir les anciennes pièces de monnaie, vient tout cela ? Ch ung : C'est. parce que les artisans qui sont rondes avec un trou rectangulaire au milieu, par lequel l'homme coréens étaient très attentifs à la fait passer un fil pour les lacer. fonction , c'est-à-dire à la praticabilité. Chaque pièce est unique parce qu'elle Choe : Vous avez tous parlé de la est fabriquée pour s'accorder à la taille, nature de notre culture en termes très positifs. Dans ce sens, nous pourrions au mode de vie du possesseur ou à la sélectio'n ner de nouveau nos biens pièce de la maison dans laquelle elle culturels à préserver précieusement ... serait posée. La largeur des bureaux traditionnels varie selon la hauteur Ch ung :Je suis convaincu que l'expression de la beauté la plus assise de leurs utilisateurs. D'après un coréenne est bien représentée ~ ­ architecte que je connais, la proportion des meubles coréens fut déterminée l'artisanat et les peintures folkloriques. Dans la peinture, jusqu'au milieu de la par notre mode de vie-cela par le fait dynastie de Choson, l'influence que les Coréens vivaient tradichinoise était très grande, à sa voir le tionnellement assis à même le sol, plutôç que sur la chaise. C'est ce mode Song du Nord et l'école Zhe de la dynastie Ming. La peinture typide vie qui a fait naître les portes quement coréenne commença avec les glissantes. Choe : Si on change de sujet ... j'ai oeuvres de Chong Son (1676-1759) suivi de Kim Hong-do (1760-?) et Shin Yunété très touché par la méthode bok (1758-?). On pourrait dire que c'est d'excavation des tombes Ta~mtsu du la période de la renaissance de l'art. · Japon , en les comparant avec les Dans l'artisanat, pourtant, les artisans se tombes coréennes déjà fouillées. Le feu professeur Kim Won-yong m'a dit une sont émancipés depuis longtemps de l'influence chinoise, cela surtout dans fois que la plus grande erreur de sa vie les meubles et récipients en bois. Ceuxétait justement la façon dont il a fait ci sont inégalés dans le monde entier. excavé la tombe du roi Muroung du royaume de Paekche. Est-ce que cela Par exemple, dans le Sallim ky6ngje est vrai ? (La gestion forestière), Hong Man-son (1643-1715), l'un des membres de l'Ecole Chung : Oui, il a dit qu 'il était des sciences pratiques a souligné qu'on tellement ému par la découverte de la ne devrait pas trop laquer ni décorer tombe d'un roi de Paekche et, de plus, les meubles et récipients en bois, mais la presse en parlait tous les jours ... Les plutôt laisser sentir le bois naturel. fouilles auraient dü être faites au


moins après un an de recherches et de préparations mais la tombe fut excavée un jour après la découverte ... Choe : Est-ce que c'est pareil pour la Tombe du Cheval Céleste de Kyongju? Ch ung : Non, c'était beaucoup mieux fait. Pourtant les objets façonnés n'étaient pas classés ou gardés comme il fallait. Un grand nombre de spécialistes, dont des scientifiques, devait analyser chaque objet façonné à la fouille et les traiter chacun avant de les préserver. Choe : On a enseveli de nouveau la Tombe de Takan.n tsu pour bien préserver les objets fouillés dans des conditions d'origine. Nous avons beaucoup à apprendre des Japonais dans ce domaine. Maintenant, si nous finissions notre discussion en proposant les meilleurs moyens d'excavation et de préservation de nos biens culturels. Ch ung : La préservation est importante pour les vestiges, cela est fondamental, mais laisser les sous la terre sans excaver, ne serait-il pas aussi souhaitable ? Tout le monde veut les développer. Il n'y a pas très longtemps, je me suis rendu aux locaux d'un four de porcelaine de la dynastie de Choson, · pour lequel la solution de l'excavation n'était pas évidente à mon avis. Ce genre d'héritages culturels, comme les tombes et les lieux de demeures préhistoriques, provoque souvent des querelles très compliquées, les intérêts des propriétaires du terrain et de leurs voisins étant croisés l'un contre l'autre. Ceux qui souhaitent les développer et qui en tirent profit devraient reconnaître que la préservation des biens culturels est une question très importante. Aussi, nous devrions éduquer les jeunes pour qu'il y ait beaucoup de spécialistes de préservation. Nous devrions également aider le grand public à comprendre et à reconnaître les problèmes s'ur la pollution de l'environnement, la destruction de l'environnement et l'indiférence pour la vie, nés au nom du développement. Choe : Avec la mise en application du nouveau système politique d'autonomie

Paik Syeunggil

Hunmin chong·iim, texte d'explication publié par le roi Sejong qui promulgua l'alphabet coréen, han-gill, en 1446

provinciale de la Corée, chaque province pourrait-elle se vêtir de l'autorité sur le développement régional qui serait bénéfique à leurs habitants ? Paik : A ma connaissance, le Japon a promulgué une loi pour promouvoir le développement commercial et culturel à travers le développement et la préservation des biens culturels de chaque région. Par exemple, le droit de la désignation des biens culturels corporels et incorporels d'une région appartient aux autorités régionales eu égard au développement économique, commercial ou culturel de la région. Nous pouvons peut-être essayer la même chose en Corée. Choe : A propos, que pensez-vous du système des biens culturels incorporels de la Corée? Paik : Rares sont les pays qui désignent des biens culturels incorporels comme propriétés culturelles (traduction littérale : "trésors humains"). C'est un très bon système dont la Corée peut être très fière mais en réalité, il est très difficile de trouver des successeurs qui puissent éventuellement transmettre des habiletés et techniques des "trésors humains" désignés. Je propose alors que soit créé un système permettant d'exploiter correctement ces "trésors humains" : par exemple, leur emploi obligatoire pour la restauration de vestiges. Choe : Oui, davantage d'efforts seront nécessaires pour la préservation de tous nos biens culturels. Eh bien, nous avons parlé aujourd'hui sur la nature fondamentale de l'héritage culturel, les concepts de la beauté et les rapports de développement et préservation de l'héritage culturel en Corée. Surtout comme 1997 est "l'Année de l'héritage culturel", nous devrions favoriser une meilleure compréhension sur l'héritage culturel coréen auprès des citoyens coréens et de la communauté internationale. Nous devrions également protéger des biens culturels qui ne sont pas encore excavés, tout en considérant les intérêts des habitants qui habitent aux alentours. Il y a beaucoup de travail devant nous. Merci beaucoup. + 13


L'année de l'héritage culturel va rehausser la fierté nationale Shin Chan-kyoun

Editorialiste, Le quotidien Segye

héritages coréen·s que l'armée frane jikjisimch'eyochOl (sélection France est actuellement en possession çaise a emportés au XIXème siècle d.es enseignements de sages du texte original. La Corée, son vrai après une attaque surprise et violente bouddhistes) èonnu sous le propriétaire, fut dépossédée de son contre le territoire coréen. nom cie Ji~j Ü mky6ng, texte héritage culturel par une puissance, Lors de sa visite en Corée pour imwrimé en fontes de métal, qui en est fière comme si c'était le conclure le contrat de construction est act ~ 1 e}nent préservé à la sien:: . d'une ligne de TGV français en Corée, Je me souviens qu'une fois au cours Bibliothèque ationale de Paris. Il a l'ancien président français François été recronm ar l'Ugesco comme l'un d'une réunion de l'UNESCO, un Mitterrand a, tout d'un coup, rapporté des J;iéritages n.iltu(e1sl cl'e J'lihu anit ~ . ;; représentant du Bénin a lancé un avec lui un de ces 279 livres, geste par ayant été clésigné co tÎln"e .vl: l <iJ -t< ~L ie r · ~ pel perçant aux pays puissants : lequel la France faisait comprendre teK te imR ri mé avec desd ontes dé "N0s hérit[fges ,culturels sont dispersés - ........ d , . . J"•<(. ' que le reste serait restitué si le goumétal", au cours de l'exposition 'ae ' GJ"9s toute l'Europe. Dans nos musées, vernement coréen choisissait le TGV l ' H~stoire des livres, événement cornil n'y a que des photos". La plupart des français. Quatre ans se sont écoulés mémorat"f de l'année internationale musées européens sont remplis de depuis le contrat du TGV mais sans du livre de 1972. biens culturels des pa ys moins aucun signe de restitution de la part Dans sa dernière page sont indipuissants. Une fois qu 'ils seront du gouvernement français. qués la date de l'impression (vers restitués aux pays d'origine, tous les Nos héritages culturels sont ainsi 1377), le lieu (dans le Temple de musées européens seront presque dispersés dans le monde entier. Ils HungdèSksa, dans la région de vides". furent tous saccagés ou envoyés Chu ngju), ainsi que sa manière Dans son Journal de l'expédition de d 'imprimer, d'après lesquels on a l'armée française à l'île Kanghwa en . illégalement à l'étranger. Le nombre des trésors à l'étranger est pl us confirmé que Ja Corée était le premier 1866, M. Jobert, officier de la marine important que ceux désignés comme pays â avoir utilisé les fontes en métal, fran çaise, a exprimé son admiration trésors ou trésors d'Etat par le gouet ce, avant Gutenberg. Un musée ainsi : "En Corée, on peut trouver des vernement coréen. En ce qui concerne d'imprimetie ancienne a été ouvert livres même chez les plus pauvres !". les biens culturels qu'ont emportés les dans les locaux du Temple HungdèSk Lors du débarquement à Kanghwado, Japonais au cours de leurs 35 années où s0 nt exposés différents objets les soldats fran çais ont tout saccagé. d'occupation, on ne saurait en compmontrant l'évolution de l'imprimerie · Dans le texte traduit en français des ter le nombre. en Corée. Pourtant, le premier texte Oekyujangkak Tos6 coréens gardés imprimé avec les fontes de métal n'y par la France, ceci est clairement marComment garder nos héritages est pas exposé. Les visiteurs doivent se qué : "Ce sont des livres pillés en Coculturels contenter de sa phQto,.et d'explj,ca,tions rée par l'arm€e fra!iiçaise". Ce sont malheureusement les Japodu livre de guide indqua t~' ®; ~ Oekyujangkak Tosa sont nos

L


nais qui ont commencé à classer nos héritages culturels selon le Décret de préservation des trésors , anciens monuments, lieux historiques, lieux naturels. Ce travail a été effectué dans le cadre du traitement des couronnes d'or et des céramiques que les Japonais ont trouvées dans les tombes qu'ils fouillaient illégalement. Selon la Loi sur la préservation des trésors, les ·Japonais ont surestimé leurs biens culturels tandis que les nôtres étaient sous-estimés et limités aux titres de trésors simples : les Japonais ont voulu dire par là que les héritages coréens étaient beaucoup plus inférieurs aux leurs, dans le but . de rationaliser la colonialistion de la Corée avec le Japon.

Les héritages culturels coréens sont dispersés dans le monde entier. La plupart furent saccagés ou envoyés illégalement à l'étranger. Le nombre des trésors à l'étranger est

plus important que ceux désignés comme trésors ou trésors d'Etat par Je gouvernement coréen.

Le Comité coréen des biens culturels a réévalué récemment les 503 biens culturels classés par les Japonais dans le but de leur attribuer de nouveaux noms. Cet effort semble très approprié avec la désignation de l'année 1997 comme l'année de l'héritage culturel et avec la destruction récente de l'ancien bâtiment du gouvernement général colonialiste du Japon. Tout ceci visait enfin à préserver correctement les biens culturels. Ainsi l'a ppellation de la Garderie de la Tripitaka Koreana du temple Haeinsa fut changé en Temple de la Tripitaka Koreana, et le nom de Suwon Songkwak a retrouvé son ancienne appellation de Suwon Hwa-

song

Le patrimoine culturel exposé au centre d'exhibition provisoire qui fait fonction de Musée National, en attendant l'achèvement de la construction du nouveau musée national en remplacement de celui qui a été démoli récemment 15


Réévaluer les biens culturels jusqu'ici sous-estimés ou dévalués par les Japonais, c'est effacer le point de vue historique concernant la Corée généralisé par les Japonais. Leur trouver à chacun une place adéquate constitue une tâche relative au respect des Coréens eux-mêmes. Parmi les biens culturels dont l'appellation fut changée et la classe réajustée, ·il y a 8 forteresses construites par les Japonai-s comme, par exemple, la forteresse Ulsanhaksong, classée monument historique national numéro 9. Elles. sont toutes classées comme bien culturel régional avec l'ajout de l'appellation woesong (forteresse des Japonais) à la fin de chacune, catégorie bien inférieure qu'avant. Il nous reste maintenant à réévaluer les biens culturels incorporels classés par les Japonais. Le gouvernement général du Japon a constaté en 1940 l'existence d'environ 505 sortes de rites de quartier dans tout le pays. La plupart d'entre eux ont disparu de nos jours car ils étaient considérés comme superstition. Dans le dictionnaire du coréen publié p~r les Japonais avant 1940, le terme équivalent à la superstition n'existait pas. Cela prouve que les Japonais ont introduit dans là langue coréenne le concept de "superstition" dans le but de qualifier comme quelque chose d'inférieur les rites traditionnels et folkloriques coréens et les effacer. C'est pourquoi je souhaite que le Temple du Maître d'Etat de la Dynastie Choson qui était obligé de se déplacer au Rocher de Son devrait retrouver sa place originale au mont Namsan. Car les biens culturels ne se limitent pas seulement des bâtiments ou des oeuvres d'art. Les. biens culturels symbolisent un peuple sur plusieurs plans et représentent l'esprit vivant de ses ancêtres. Notre tâche est de réévaluer nos héritages culturels mal classés par les Japonais. 16

Les tâches qui nous incombent en cette année de l'héritage culturel Les héritages culturels sont des biens devant être protégés en commun par toutes les communautés humaines et qui constituent des traces de l'histoire et de la vie d'un seul peuple. Au cours du XXIème siècle, période de compétition culturelle, préserver la culture unique d'un peuple se traduira par une tâche plus urgente que la culture universelle humaine. Durant cette ère du village planétaire sans frontières entre pays, seuls les héritages culturels pourront préserver son identité et son esprit. Cette année est l'année de l'héritage culturel. Une campagne de préservation des biens culturels aura lieu dans tout le pays sous le mot d'ordre de "Connaître, demander, préserver les biens culturels qui sont l'esprit de notre peuple". En 1995, la grotte Sokkuram, la Tripitaka Koreana, le Sanduaire Chongmyo ont été officiellement reconnus par l'Unesco comme "Biens communs de l'humanité". Ceci a rehaussé l'attention des Coréens envers les biens culturels, notamment avec la proclamation appropriée de l'année de l'héritage culturel. Le Comité organisateur de l'année de l'héritage cuture l a annoncé différents programmes commémoratifs, parmi lesquels la promotion des connaissances des Coréens sur les biens cu ltur els ainsi que leur succession moderne. Il faudrait en tout cas reconnaître que protéger nos biens culturels est une tâche devant être poursuivie. Nos biens culturels ont beaucoup souffert, ayant été endommagés et aban.d onnés sous le prétexte de développement industriel. Quant aux biens culture ls, on a tendance à se rappeler les oeuvres d'art et céramiques vendus à un prix exhorbitant aux enchères internationales, mais nous ne devrions pas oublier que même dans une pièce de tuile est incorporé l'esprit de nos

ancêtres. La politique de protection des biens .culturels cédait toujours la place à celle du développement industriel. Le résultat en est que dans toutes les anciennes capitales, ont été construits de grands bâtiments pour appartements qui ont détruit les héritages culturels et effacé la trace de l'histoire. Le fait que la ligne du TGV fait le détour de la ville de Kyongju pour protéger les héritages sous-terrains qui n'ont pas encore été fouillés, est la seule politique manifeste qu'a prise le gouvernement coréen depuis la libération du pays. Il est d'autant plus heureu x de voir le Comité organisateur en train de compléter le texte de la loi sur la protection des biens culturels. Nous devrions protéger non seulement les biens corporels mais aussi nos héritages incorporels. Devraient aussi être réanimés les rites de chaque quartier ainsi que les jeux folkloriques dont le nombre diminue tous les jours en même temps que la tradition. Car, c'est dans tout cela qu'est incorporé l'esprit de bonne coutume de faire vivre pendant longtemps les habitants de chaque village en commun. La sagesse de nos ancêtres nous aidera à retrouver les chemins d'une vie de coopération. Il faudrait également découvrir et faire transmettre les folklores et les biens culturels incorporels de la Corée du Nord. Les biens culturels incorporels du Nord de la Corée sont à . peine préservés par les Nord-Coréens résidant dans la partie sud de la Corée, ceux-là qui devraient être retransmis au Nord après la réunification. Cette campagne de protection de biens culturels devrait avoir lieu de fa çon continue. On ne saurait jamais protéger des biens culturels avec la politique à ço urt 'terme. Il s'agit -là d 'une tâche )istsrique qui est de retroLÎVer v~ire restaurer l'esprit du peuple coréen, à laque ll e toute la nation doit participer. •


HE RIT AGE CULTUREL DE LA COREE

La Forteresse de SuwOn Chaque année, le Comité du Patrimoine Mondial de l'UNESCO inscrit des biens culturels importants à travers le monde sur la liste de l'Héritage Mondial, afin de les préserver et entretenir au profit de toute l'humanité. En décembre 1995 le Comité a sélectionné trois biens culturels coréens- le temple Pulguksa et sa grotte de Sôkkuram, les planches de bois gravées du Tripitaka Koreana et leur bibliothèque du temple Haeinsa, et Chongmyo, sanctuaire ancestral de la Dynastie Chosôn. Les articles de cette section traitent de deux autres biens culturels, laforteresse de Suwôn et le palais Ch'angdôkkung à Séoul, alors que le Comité du Patrimoine Mondial consù;fère l'inscription des ces biens sur sa liste-(NDLR)

Le Palais Ch'angdikkung

17




gouvernement Des dirigeants au petit peuple, la piété filiale est profondément enracinée dans la vie coréenne et le demeure encore de nos jours. Suwon-song est sans aucun doute le plus important vestige historique en rapport avec la piété filiale. Le mot Suwonsong évoque une cité fortifiée construite vers la fin du XVIllème siècle. La construction d'une cité ceinte d'un rempart de cinq kilomètres quatre cents de long avait été entreprise potir la piété filiale mais aussi pour des raisons politiques. En 1789, le roi Chongjo (qui a régné de 1776 à 1800) déplaça. la tombe de son père, le prince héritier Changhon (connu sous le nom de Sado) des faubourgs de Séoul vers l'ouest du mont Hwa, situé à environ quarante kilomètres de là. Hwasan était considéré comme le site le plus propice de toute la Corée pour une tombe. Depuis plus de mille ans s'y trouvait la petite ville de Suwon qui comptait alors une population d'environ deux mille habitants. Le roi ordonna le déplacement de la vill.e à cinq kilomètres au nord afin de pouvoir transférer la tombe de son père à sa place. La tombe fut construite avec tant de soin et de dévotion qu'elle est aussi imposante que celle d'un roi On entreprit la construction de la nouvelle ville de Suwon selon un plan élaboré et avec le généreux soutien financier du trésor national. On promit aux habitants toutes sortes de compensations et d'avantages pour leur peine. Au bout d'environ cinq ans, quand la construction de la nouvelle .Suwon fut achevée, Chongjo ordonna la construction d'un mur d'enceinte. . Chong Yak-yong, grand savant de l'époque, la dessina en alliant principes traditionnels de fottification et techniques modernes de construction. Le mur fut achevé en 1796. Deu.M raisons avaient guidé Chongjo dans la construction de Suwon-song : la piété filiale et la restauration de l'autorité royale. Chongjo avait succédé au trône à son grand-père Yongjo parce que son père, le prince héritier Changhon avait subi une 20

société. En déplaçant la tombe de son père, Chongjo a pratiqué un acte de piété filiale mais il a aussi construit une ville nouvelle destinée à être le siège de son pouvoir.

SOjangdae, pa villon situé sur l'aile nord-est de la forteresse de Suwon

mort tragique à l'issue d'une lutte de factions. A l'instigation d'une faction qui redoutait d'être éliminée si le prince héritier accédait au pouvoir, Yongjo ordonna que son fils fût enfermé dans un coffre à riz où il mourut de faim. . Après son accession au trône, Chongjo s'efforça de faire respecter l'autorité monarchique, de supprimer les luttes intestines et de bien exercer le pouvoir. C'est ainsi que parmi ses projets, la construction de la nouvelle ville lui permit de stabiliser son pouvoir en lui offrant sa propre base militaire et économique. La construction d'une grande ville ne manqua pas de déclencher les objections des diverses· factions soucieuses de ne pas perdre leur influence politique. Mais qui pouvait trouver à redire quand le projet était si ostensiblement motivé par la piété filiale ? Dans la société Choson, la piété filiale était la plus haute des vertus ; s'opposer à un acte de piété filiale aurait été en contradiction avec les règles de la

L'essence de l'architecture coréenne Lors de la construction de Suwon-s6ng à la fin du XVIIIème siècle, la société Choson était en pleine mutation entre système féodal médiéval et état moderne. Changements politiques et sociaux se reflètent donc dans la construction de la ville nouvelle. Dans la construction des pottes de la cité, des murs et des édifices, on a utilisé les techniques modernes mais aussi un sens esthétique bien coréen qui s'était développé avec le temps. Le mur d'enceinte suivait la configuration du terrain selon une technique développée en Corée en raison de ses nombreuses montagnes. Les pierres de granit étaient taillées très précisément de fa çon à s'imbriquer par(aitement selon une technique ancestrale. Le granit abonde en Corée et les attisans étaient très habiles à le transformer en oeuvres d'art remarquables. Les architectes du XVIIIème siècle usèrent de leur expérience et de leur sensibilité attistique pour créer un mur à la fois utilitaire et superbe. Le bois était à l'époque le matériau de construction de base. Le pin, omniprésent dans les montagnes de Corée, ne constituait pas un très bon bois de construction en raison de son grain inégal et de ses noeuds. Et pourtant, les artisans coréens utilisèrent ces défauts à des fin§ attistiques · dans leurs constructions. Les divers bâtiments en bois de Suwon-s6ng illustrent bien cette tradition, en particulier la résidence royale et les portes Changanmun et Paltalmun qui menaient à la cité fortifiée. Ces structures sont à la fois imposantes et séduisantes. Honghwamun à l'entrée du fleuve qui sépare la ville en deux est tout à fait remarquable car elle représente les trois éléments d'harmonie : l'eau, les arches en pierre et le pavillon en bois. L'abondante utilisation de la brique est


aussi caractéristique de Suwon-song. La brique était un matériau de construction tout nouveau à l'époque ; elle fut introduite à la suite de l'appauvrissement des ressources en bois et pour réduire les coûts de construction. Parties en brique et parties en bois se complétaient avec harmonie. Suwon-song reflète la longue tradition architecturale et l'esprit de recherche coréens.

La patrimoine mondial Tout au long de l'histoire, bien des peuples en maints endroits ont construit des fortifications. L:Europe et la Chine regorgent de citadelles comme Suwonsong ; la plupart est cotée pour sa beauté architecturale et sa valeur historique. Ce qui différencie Suwon-song des autres citadelles est l'esprit de piété filiale qui a présidé à son élaboration. A une époque de désintégration de la cellule familiale et de déclin des valeurs morales, beaucoup considèrent la piété filiale comme un contrepoids. En Corée, la piété filiale est le fondement de la structure familiale et sociale. Suwon-song, récemment rebaptisée Hwasong-song, son nom originel, est unique car elle personnifie la piété filiale et la beauté de l'esthétique coréenne. Heureusement, une grande partie des murs et J1âtiments d'origine subsiste et • a été nommé Site Historique Suwon~ ong no 3. t r ., i~ Le . s Annales de la Construction de ·; , 1 Hwasong-song (Hwas6ng-s6ng-ok uigwe) ; document détaillé qui relate la construction de la forteresse aide à comprendre ce chef d'oeuvre unique de l'architecture. Suwon est maintenant une grande agglomération de hù1t cent mille habitants. Mais la vieille ville au centre demeure intacte tandis que l'agglomération s'étend en banlieues et en zones nouvelles vers l'est. La vieille ville est bien préservée mais elle se doit aussi d'être confortable pour ses habitants ·tout en protégeant sa beauté et sa valeur historiqtle. C'est la tâche que doivent s'assigner le gouvernement et tous les Coréens. Tant que la Corée protégera Suwonsong, son avenir sera sans ombres. +

Parmi les attraits exceptionnels de Suwon-song (de haut en bas): Hwahongmun, une porte d'écluse à l'entrée du fleuve qui sépare la ville en deux; les tours de feu d'alarme; et une porte secrète

21


Ch'angdikkung U

Un palais coréen unique en son genre Joo Nam-chull

Professeur d'architecture Université de Corée

22

n palais coréen remplissait deux fonctions essentielles : celle de résidence royale et celle de siège du gouvernement d'où le roi dirigeait le pays. Des cinq palais construits à l'époque Choson (1392-1910), Kyongbokkung, Ch'angdokkung, Ch'anggyonggung, Kyonghùigung et Kyongungung (aussi appelé Toksugung), Ch'angdokkung est le plus caractéristique. Il a servi de palais principal pendant environ trois cents ans


après que Kyongbokkung, le palais royal d'origine, eut été réduit en cendres pendant les invasions japonaises de la fin du XYlème siècle. Ch'angdokkung est un palais coréen unique en son genre car il a été, à l'origine, construit comme palais indépendant. Etant donné qu'il ne devait pas tenir lieu de palais principal, ses architectes n'ont pas été restreints par les règles strictes de la symétrie qui régissaient la construction des résidences officielles ; ils ont pu ainsi travailler avec

une plus grande liberté et user de leur profond sens de l'équilibre et de l'esthétique. Le palais, situé à Waryong-dong, dans le quartier de Chongno à Séoul, a été choisi comme Site Historique no 122. li a été construit en 1405 comme résidence secondaire du roi Taejong, troisième monarque de la dynastie Chosün (qui a régné de 1400 à 1418) après qu'il eut transféré à nouveau la capitale de Songdo à Hanyang (Séoul) en 1404. Le roi Taejo,

Un palais coréen avait deux fonctions, celle de résidence royale et celle de siège du gouvernement d'où le roi dirigeait le pa ys. Des cinq palais construits à l'époque Chos6n, Ch 'angd6kkung est l'un des exemples les plus typiques. Les bâtiments de Ch'angd6kkung ont été construits selon la configuration du terrain et agencés avec harmonie selon la théorie de l'équilibre dans l'asymétrie, caractéristique de l'architecture coréenne depuis les Trois Royaumes jusqu'à l'ère Chos6n.

InjOngjOn (à gauche), la salle du trône, et le trône royal qu'elleabrite(enhaut) 23


fondateur de la dynastie, fit de Hanyang la capitale de son royaume en 1394 mais cinq ans plus tard son successeur, Chongjong, la transféra à Sondgo, capitale de la dynastie précédente, Kory6. Comme Kyongbokkung, Ch~ngdoku fut détruit par le feu pendant les invasions japonaises de 1592-1598, puis reconstruit de 1607 à 1610. La plupart des salles, à l'exception de la salle du trône, Inj6ngj6n, furent à nouveau incendiées en 1623 lors du coup d'état par lequel. le roi Injo, qui régna de 1623 à 1649, s'empara du pouvoir. Le palais fut reconstruit en 1647 mais fut plusieurs . fois ravagé par le feu jusqu'à sa transformation et la destruction de plusieurs de ses bâtiments par les . Japonais en 1908. Le plan Un jardin spacieux a été construit à l'arrière de Ch'angdokkung pour réunir le palais avec Ch'anggyonggung ; on a appelé l'ensemble Tongwol, Palais de l'Est. Les bâtiments de Ch'angdokkung suivaient la configuration du terrain et étaient agencés selon un plan asymétrique. L'harmonie dans l'asymétrie est l'une des caractéristiques de l'architecture traditionnelle coréenne depuis l'époque des Trois Royaumes (Ier siècle av].C.VIIème siècle) jusqu'à l'époque Choson, comme en témoignent le palais d'Anhakkung de Koguryo (38 avJ.C.-668), le palais de Manwoltae de Kory6 (9181392) et même certaines parties de Kyongbokkung. La partie centrale de Kyongbokkung qui comprend les salles Kùnj6ngj6n, Saj6nj6n, Kangny6nj6n et Kyotaejon est distribuée de façon symétrique mais les bâtiments principaux et les dépendances de Ch'angdokkung sont répartis de façon asymétrique. Au nord de Tonhwamun, entrée principale de Ch'angdokkung, se trouve le KL'nnchongyo, un pont qui franchit le fleuve Kùmchon du nord au sud. La présence d'un pont entre l'entrée dans l'enceinte du palais et le palais est l'une des caractéristiques principales de l'architecture palatiale. Au-delà du pont se trouve la porte Chinsonmun avec des galeries de chaque 24

côté. Le portail et les galeries furent détruits par le gouvernement japonais d'occupation mais ont été récemment restaurés. Chinsonmun fait face à la porte Sukchangmun de l'autre côté de la cour ; avant de l'atteindre, on tourne vers le nord pour passer la porte Injongmun qui s'ouvre sur la cour de Inj6ngj6n, la salle du trône. De longues galeries bordent chaque côté de Injongmun et encerclent Inj6ngj6n et sa cour. Une allée de pierre surélevée traverse la cour de pierre de la porte jusqu'au Inj6ngj6n. C'est l'allée royale réservée au souverain. Elle s'arrête au nord au pied de la haute terrasse où se dresse la salle. De chaque côté du passage se trouvent des bornes indiquant les emplacements des dignitaires ; les bornes pour les fonctionnaires sont à l'est et celles pour les militaires à l'ouest. Injongjon Injp~o est classé Trésor National no225. Le bâtiment d'origine construit sous le règne de Taejong a été brûlé durant les invasions japonaises. Il a été reconstruit en 1609 puis après avoir échappé à la destruction lors du coup d'état de 1623, et a été finalement détruit par le feu en 1803. Le bâtiment actuel qui mesure cinq kan (unité de mesure traditionnelle relative à l'espace entre deux colonnes) de large et quatre kan de long a été construit en 1804 dans le style très complexe des consoles en faisceau. Il se dresse sur une terrasse à trois gradins en pierres rectangulaires. Les colonnes sont rondes et leur socle en pierre taillée. Vu de l'extérieur, l'édifice semble avoir deux étages mais en réalité n'en a qu'un très haut de plafond. Le sol d'origine était recouvert de dalles carrées mais il est maintenant en bois. La décoration intérieure a été modernisée durant le règne du roi Sunjong (1907-1910) avec l'installation de rideaux et de l'électricité. Le trône est placé au centre de la salle, légèrement plus près du fond, devant un paravent peint qui représente le soleil, la lune et cinq montagnes. Un dais, très chargé, et décoré d'une paire de phénix

peints au centre est suspendu au plafond en caissons juste au-dessus du trône. A l'angle du plafond, trois rangées de bras de consoles se projettent vers l'extérieur et quatre vers l'intérieur. Les bras de consoles situés en haut des colonnes sont sculptés en forme de nuages en harmonie avec les supports des poutres transversales. Des portes sont placées au centre des parties avant et arrière de l'édifice. Des fenêtres treillagées sont installées dans des m6rum, panneaux de bois étroits placés en bas et qui tiennent lieu de murs. La partie supérieure de l'édifice est entièrement couverte de fenêtres treillagées. La toiture possède deux avancées et son faîtage et ses chevrons sont enduits de plâtre. Le faîtage se termine à chaque extrémité par une tuile décorative en forme d'aigle et l'extrémité des chevrons est ornée de tuiles en forme de dragons et de chapsang ensemble de statuettes d'animaux mythiques. Le faîtage porte aussi cinq sceaux en forme de fleurs de poirier, addition due aux architectes japonais d'occupation. Sonjongjon . De l'autre côté des galeries situées au . nord-ouest d'Inj6ngj6n se trouve S6nj6ngj6n, la résidence du roi, classée Trésor no814. Le bâtiment de trois kan sur trois possède un toit à combles en surface courbe et sur pignons, des colonnes rondes et il repose sur des pierres de fondation rectangulaires. Les avant-toits sont doubles et les consoles en faisceau. Le faîtage n'est pas enduit de plâtre mais décoré de tuiles dont certaines représentent des dragons. A l'intérieur, le plafond en caissons au-dessus d'une grosse traverse, est soutenu par de hautes colonnes. Le sol, carrelé à l'origine, est maintenant recouvert d'une moquette posée par les Japonais. Il y a un mur entre deux minces colonnes au centre de l'édifice, légèrement décalé vers le fond, pour loger le trône, plus simple que celui d'Inj6ngj6n, à l'arrière, un paravent avec le soleil, la lune et cinq montagnes et un dais. Les portes sont situées dans le kan


central et le reste du bâtiment est entouré de fenêtres treillagées sur un haut m6rLim

Le bâtiment principal de Sonjongjon était entouré de galeries et de nombreux autres pavillons mais ils furent démolis pendant l'occupation coloniale japonaise. Au nord-est de Sonjongjon se trouvent les palais de Huijongdang et Taejojon exposés au sud-est suivant la configuration du terrain. Selon le Tonggwolto (Plan du Palais de l'Est), tableau exécuté entre 1824 et 1827, une sorte de passerelle couverte reliait Huijongdang à la pqrte placée au centre de la galerie située devant Taejojon et surélevée. Il semblerait que l'arrière de Taejojon ait été autrefois construit comme un pavillon sur terrasse surélevée, bien différent de l'actuel édifice à un étage. Taejojon Taejojon, Trésor no816, était la résidence de la reine construit en 1405, il a aussi été réduit en cendres par l'invasion japonaise de 1592. Il a été reconstruit durant le règne de Kwanghaegun (16081623) mais brülé à nouveau pendant le coup d'état de 1623. Le roi Injo le fit reconstruire en 1647 mais il fut détruit par un feu en 1833. Il fut reconstruit l'année suivante. Quand un feu d'origine mystérieuse le détruisit en 1917, une grande partie des bâtiments et des salles de Kyongbokkung fut démantelée pour utiliser le bois dans la restauration de Taejojon et d'autres structures à l'entour ~ en réalité, seule une petite partie du bois fut utilisée à cet effet. On peut voir clairement que le palais re ~! auré ·est très différent de l'original en les comparant avec le Plan du Palais de l'Est. Taejojon se dr : ~ se sur urt;e haute terrasse de pierre'-et il est enti~rm ceint d'une galeri ~ On y accède par un portail élevé construit au centre de la galerie cte face puis une allée royale qui va du portail 'au bâtiment. On a placé de grandes jarres en fer pour l'eau à chaque ( angle de _la ter a~ e . La présence d'eau y était symbolique ; le démon du feu était supposé regarder dans la vasque et

· (De haut en bas) S6nj6ngj6n, la résidence du roi dans le palais Ch'angdokkung; chapsang, statuettes d'animaux mythiques à l'extrémité des chevrons de Hiiij6ngdang; Yon7gyongdang, dans le jardin arrière du palais où le roi s'offrait le loisir de jouir d'une vie d'aristocrate ordinaire

25


s'enfuir terrifié par son reflet hideux. Le bâtiment de neuf kan de large sur quatre de long possède un spacieux plancher de bois dans les trois kan centraux et sur les côtés des pièces avec ondol (chauffage par le sol). A l'extérieur, les colonnes sont carrées, à l'intérieur, rondes. Les avant-toits sont soutenus par un système complexe de doubles consoles en faisceau; situées au sommet des colonnes, et ornés de mot~fs floraux sur les poutres-maîtresses. A remarquer, les chapiteaux octogonaux au sommet des hautes colonnes à l'intérieur de la salle et la peinture polychrome (tamch6nf) sur les poutres, les architraves, les chevrons et le plafond en caissons. Les colonnes sont de couleur rouge uni. Le plancher est recouvert de bois, comme à Injongjon, c'est une transformation due à l'initiative du gouvernement colonial japonais de même que l'installation de lambrequins au-dessus

des fenêtres. Sur la partie supérieure des murs est et ouest de la salle sont peints des fleurs et des oiseaux, oeuvres de Kim Ün-ho (nom d'artiste Idang, 1892-1979) alors âgé de ving-huit ans. Le toit est à combles à surface courbe et sur pignons, il possède deux avant-toits. Comme il est d'usage dans les chambres royales, le toit ne comporte pas de traverses. Les chevrons sont enduits de plâtre et décorés de tuiles faîtières en forme de dragons et de statuettes chapsang Une longue galerie va de l'arrière de Taejojon à Kyonghun-gak ainsi qu'un beau jardin avec des marches en pierre et des parterres de fleurs. Au sud-est de Taejojon se trouvait le dispensaire royal destiné à la cour et au sud de Huijongdang, le palais du prince héritier, Tonggung. A l'est de ces bâtiments se dressaient de nombreux édifices et des galeries, démolis par les Japonais, à l'exception de

Jardin en terrasse à Naksonjae, résidence destinée aux reines veuves 26

Naksonjae, Sünghwaru et quelques autres. Il ne restait au total que treize bâtiments à Ch'angdokkung à la fin de l'occupation coloniale japonaise. Le jardin Le jardin de Ch'angdokkung s'étend à l'est du dispensaire sur plus de quarante hectares entre Ch'angdokkung et Ch'anggyonggung ; on l'appelait simplement le Jardin Arrière ou Jardin Interdit -ce qui signifie qu 'il était la propriété du roi. Les colons japonais se sont mis à l'appeler Piw6n ou Jardin Secret, nom de nos jours le plus usité par les Coréens. A en juger par une rubrique des Annales du Roi Taejong selon laquelle le Pavillon Haeonjong aurait été construit au nord de Ch'angdokkung au cours de la sixième année de son règne, on peut imaginer que le jardin remonte à cette époque. Il a été étendu jusqu'aux limites de l'Académie Nationale de Confucianisme, Songgyun-gwan, en 1463.


Comme le reste du palais, le jardin fut détruit par l'invasion japonaise de 1592 et reconstruit durant le règne de Kwanghaegun. Selon les Annales de Chos6n, le jardin était orné de plantes rares et de rochers avec de petits pavillons et des tonnelles dispersés parmi fleurs et rochers pour les promenades du roi. Son luxe et son raffinement sont sans précédents. En 1636, le roi Injo construisit plusieurs pavillons dans le jardin dont Ch6guij6ng et perç.a un puits devant l'un d'eux pour créer une cascade. L'inscription sur l'un des rocs, Fleuve Onnyuchon est du style calligraphique Injo. Des successions de rois construisirent d'autres pavillons et en lm, le roi Chongjo aménagea une bibliothèque royale, Kyujanggak, dans la partie inférieure du Pavillon Chuhapnu. On peut diviser le jardin en quatre parties. La première, la vallée au-delà de la première colline, comprend plusieurs bâtiments dont Puyongjong, Chuhapnu, Yonghwadang, Sohyanggak, Huiujong, Chewolkwangpunggwan et Sajongbigak. Au nord de Puyongjong se trouve une pièc~ d'eau carrée avec une petite île circulaire au centre, ainsi disposées symboliquement selon la croyance ying yang qui dit le ciel est rond et la terre est · carrée. La petite île ronde représente aussi le mont Fangchang, l'une des montagnes légendaires de l'univers mythique taoïste. L'agencement du paysage combine ainsi bouddhisme, taoïsme et les principes du ying et du yang tous encrés dans l'âme coréenne depuis l'époque des Trois Royaumes. La deuxième partie du jardin correspond à la seconde vallée où les salles Üiohon et Üidugak, l'étang Aeryonji, le pavillon Aery6nj6ng et la résidence Y6ngy6ngdang sont réunis. L'étang est tout à fait étonnant car on y retrouve les trois techniques traditionnelles coréennes d'utilisation de l'eau : saturation du sol, effet de débordement et effet de cascade. La troisième partie correspond à la vallée contenant le Pavillon Kwallamj6ng et son étang à lotus, le Pa villon Chond6kch6ng et son étang à lotus, le Pavillon Sungjaejong et Pyomusa. La

Pavillon Puyongj6ng (en haut) vu du Pavillon Chuhapnu et Pavillon Chuhapnu (en bas) vu du Pavillon Puyongj6ng avec une petite île circulaire représentant le

Mont Fangchang, une montagne légendaire de l'univers taoïste

quatrième partie correspond à la quatrième vallée traversée par le Fleuve Ongnyuchon et parsemée des pavillons Chwihangj6ng, Soyojong, Ch6n-guij6ng et Taegukchong et d'un puits royal. D'autres pavillons sont nichés dans les vallées et les collines au-delà. Parmi eux, Ch6ngshimj6ng, Ping-okchi et Nungh6j6ng. Le jardin n'a été aménagé qu'aux endroits réellement nécessaires ; on y a conservé petites collines et vallées et les terrains plats qui les précèdent tels quels.

On y a planté surtout des arbres à feuilles caduques qui changent avec les quatre saisons en vigueur en Corée. On a laissé les arbres pousser naturellement, sans les tailler, ni les forcer à prendre des formes artificielles comme il est fréquent dans les jardins japonais. Si l'on compare les jardins de Chine, de Corée et du japon, ce sont les jardins coréens qui illustrent le mieux cette phrase de l'horticulteur chinois Chicheng écrite en 1631 : "Des créations humaines semblables à des créations divines". + 27



SITES ARCHEOLOGIQUES ENCOREE


Le site des demeures préhistoriques

ill ~&Jruo1®n

9

Han Young-hee

Conservateur de l'archéologie Musée National de Corée

es demeures de S6pohang à Unggi, dans la province de Hamgy6ng du nord, en Corée du Nord, et d'Amsa-dong près du fleuve Han à Séoul comptent parmi les sites d'habitation préhistoriques les plus célèbres de l'âge néolithique de la Corée. La demeure d'Amsa-dong a été · découverte en 1925 à la suite d'une importante inondation qui avait ravagé cet endroit révélant l'existence d'une couche néolithique souterraine cachée depuis près de 6.000 ans. Une équipe de recherche d'archéologie de l'Université de Ky6ngs6ng devenue aujourd'hui l'Université Nationale de Séoul avait ramassé un grand nombre de tessons de poterie gravés de motifs de

Pot à motifs de peigne, haut. 40.5 cm

Demeures reconstituées sur le site archéologique d'Amsa-dong 30

peigne tout en conduisant des recherches et des enquêtes sur les lieux de fouille. Après la deuxième guerre mondiale, ce site avait toujours continué à attirer l'attention des archéologues coréens de la première génération comme les professeurs Kim W6n-yong et Kim Chong-hak, mais la fouille complète était au-dessus des moyens et des capacités des archéologues coréens de l'époque. Les fouilles du site d'Amsa-dong ont commencé en 1967 seulement à la suite de la découverte d'un nombre important de tessons de poterie au cours de la construction d'un terrain de base-bail dans un collège. Une équipe de fouilles interuniversitaire sous la direction de l'Université Nationale de Séoul a été formée pour mener une recherche partielle sur le lieu mais, en raison du manque d'expérience, elle n'a pas pu trouver les indices nécessaires pour localiser le lieu où étaient établies les cavernes, les demeures typiques de l'âge néolithique. Ce projet a donc été abandonné sans résultat notable si ce n'est une étude superficielle sur la découverte de


pierres ayant servi de fondation pour une demeure d'autrefois et des objets fabriqués trouvés aux alentours. Les études sur la culture néolithique coréenne ont été entreprises séparément à la fois par les chercheurs de la Corée du Nord et du Sud, avec la participation de spécialistes japonais qui se sont intéressés à la recherche de leur propre racine. En Corée du Nord, les archéologues comme To Yu-ho et Han Hung-st.~ deux des rares spécialistes formés en Europe, ont étudié les sites représentatifs de l'èt:e néolithique de la Corée tels que les entassements des coquillages de Kungsan à Oncho~ Pyongannam-do, Künta-r~ 'Pyongyang, Chitap-r~ Pongsang, Hwanghaedo, Nongpori et S6pohang près de Chongjin, province de Hamgyong du nord. Leurs études ont montré une disparité de la culture néolithique coréenne entre la tradition de la région nord-ouest avec ses poteries à base étroite gravées de dessins de peigne et celle de la région du nord-es~ ses poteries à base plate décorées de motifs de peigne. A la suite d'un rapport publié en 1979 sur les découvertes archéologiques en Cor~e du Nord, une équipe du Musée National de Corée a entamé une étude approfondie du site d'Amsa-dong. Une trentaine de cavernes souterraines ont été découvertes avec de nombreuses pierres précieuses et objets fabriqués. Les premières demeures néolithiques découvettes en Corée mesuraient environ 5 à 6 mètres de longueur et 50 à 60 centimètres de profondeur. Au centre de la caverne était placé un fourneau dans un espace rectangulaire de 60 centimètres de long entouré de pierres. Les archéologues ont retrouvé dans les quatre coins de la demeure des trous dans lesquels étaient placés des piliers, ce qui a permis par la suite de recréer la structure supérieure du .)oy; . Err-même temps, ont été trouvées sur le .sol des vaisselles utilisées pour conserver des aliments et. des poteries à_ motifs de peigne plat1tées à l'envers àvec leur base pointue enlevée. Des trous IJ9Ur soutenir Jes poter-ies à baSè pointue or:l~ été trouvés wrrout âans le sol d€ 1 ~ ca vet ~ n,e : ! La plupart des pqtevies -du site. d'. nsadong pr.ésentaient une base pointue et des ï .•

motifs géométriques en surface. La poterie était faite de terre avec des dessins de peigne. Celle-ci est parfois appelée poteries à trois motifs car les petits motifs en forme de peigne étaient représentés autour de l'ouverture, en forme d'arêtes au centre, et en forme de rayons en bas de la poterie. Parmi d'autres découvettes, on compte des outils de pierre agricoles tels que faucille, pelle et déplantoir ; les outils de pêche tels que filet, hameçon et harpon ; les outils de chasse telles que pointes de flèche et de lance ; et les ustensiles de cuisine tels que pilon, meule, marteau et couteau. Les glands de chêne carbonisés découverts dans le sol de la demeure indiquent que les habitants de l'ère néolithique se nourrissaient des fruits à écale variés. Le style de demeure, les formes et les motifs des poteries, les types d'outils et les objets fabriqués ressemblent en fait à ceux découvetts dans le tumulus de Kungsan et

Le $~te

dans les sitêl de C[)itap-ri et de Küntan-ri en Corée du Nord, ce qui laisse devin~r ~e la cutlure néolithique près du fl~u è Han et celle no dDuest de kveJ:if""ée du Nord faisaient partie du.,mê ~ gro upe. Par aileurs ~ l~ forme de base. pointue et les mot'fs de peigne ae la poterie ci'Arnsadong est sünilaire à celle tmùvée dans Je ~ " . lointain pays . du nord au 1ac Baïkal n Sibérie. Il s'agit ici a'un indiçe important permettant de retracer l'origine de la culture coréenne. Le gouvernement a désigné le quattier d'Amsa-dong site historique no267 de préservation et d'entretien. Un musée abritant les objets fabriqués domestiques trouvés aux alentours de ce site a été construit dans cet endroit historique et environ 10 cavernes de l'époque ont été reconstituées pout; le public. Certains modèles d'habitation représentent les éléments qui ont servi à l'intérü :~ ur des demeures néolithiques. +

au

/

-

paléolithique de

©lli®Wof3®1hoœn Bae Ki-dong

Professeur en archéologie Université de Han yang

xistait-il une herminette de type acheuléen en Asie de l'Est ? De nombreu x archéologues du paléolithique du monde entier se sont en fait penchés sur cette question depuis longtemps. L'herminette acheuléenne, nom communément donné en raison de sa découverte pour la première fois à Saint-Acheul en France, a été faite de pierre à silex lisse. Il existe certaines pierres qui prennent la forme d'une goutte d'eau et c'est la raison pour laquelle cettains spécialistes la considéraient comme un travail sculptural exprimant la sensibilité esthétique. Les sites paléolithiques ont été découverts en Asie de l'Est lorsque les r~ches sur l'origine des êtres humains ont été menée au XIXème siècle mais à l'époque aucune herminette en pierre taillée n'a été trouvée en Asie. Ce qui

a amené le professeur Hallam L Movius à conlu~·e dans les années 1940 que les Asiatiques de l'Est utilisaient uniquement des outils à trancher, qui différaient en fait des haches de type acheuléen découvettes en Europe. Cependant les objets paléoli!hiques de ·l'époque Chon-gok-ri démentissaient l'hypothèse de Movius. Le site de Chongok-ri est situé au milieu d'une colline encerclée par la rivière Hantan qui coule le long du graben de Chugaryong. Sur la colline du sommet à l'ouest du site donnant sur la rivière se trouve des peupliers, un petit musée et un monument au professeur Kim Won-yong qui avait dirigé la première fouille du site Chon-gok-ri Chon-gok-ri est à une heure à peu près de Séoul en voiture sur une autoroute s'allongeant parallèlement à la ligne du 31


chemin de fer Kyongwonsün et traversant la rivière Hantan. Il y a environ 300.000 à 600.000 ans, la coulée de lave en provenance du mont Orisan dans la région de Pyong-gang au nord-est du graben de Chugaryong remplissait les lits de rivières Hantan et Imjin. Au fil des années, le cours d'eau a amené la rivière au niveau actuel et a taillé le basalte qui couvrait les rives verticalement et qui a pris plus tard la forme de colonne d'aujourd'hui. Par ailleurs une érosion s'est produite tout au long de la surface cristalline de la lave formée à la suite du refroidissement et du durcissement de celle-ci. Les falaises verticales de basalte en forme de colonnes au long des rivières Hantan et Imjin sont les résultats de ce processus natureL Cette région est devenue célèbre pour ses falaises spectaculaires depuis les temps anciens et elle a même

insp1ree de nombreux artistes dont notamment le fameux peintre de la période Choson, Chüng Son (1676-1759), plus ç:onnu sous son pseudonyme Kyomjàe. ; Les objets fabriqués paléolithiques ont été découverts dans les couches sédimentaires d'argile et de sable déposées à la surface du basalte. Au début de la fouille, qui a commencé en 1979, les objets fabriqués en pierre qui brillaient sous la lumière du jour dans les couches d'argile étaient facilement récupérables. A peu près tous les spécialistes coréens du paléolithique ont participé aux premières fouilles menées dans cette région. Une étude géologique a été conduite dans la Localité noz sous les peupliers afin de connaître exactement la composition du terrain. En 1995, plus de dix fouilles ont été opérées

Ch6n-gok-ri est le site où la première herminette acheuléenne a été découverte en Asie de l'Est Ch6n-gok-ri, le plus ancien et Je plus important site de l'âge de pierre en Corée, représente également un lieu d'étude, précieux pour les recherches sur le développement des outils en pierre dans l'Asie de l'Est Fouille archéologique à Chongok-ri de 1994 à 1995 (en haut); herminette découverte à Chongok-ri (à droite); herminette de Tanzanie, Afrique (en haut, page d'en face); les couches sédimentaires fluviales déposées à Chongok-ri (à droite, page d'en face) 32

dans cette région. Un grand nombre d'informations précieuses ont été recueillies à la suite de ces travaux mais toujours est-il que beaucoup de questions restent à résoudre aujourd'hui. En fait, rien n'est encore révélé sur les habitants de Chon-gok-ri supposée être la région paléolithique la plus ancienne de Corée. En se basant sur les études qui prouvent que les Homo erectus existaient à Zhoukoudian près de Pékin, non loin de la péninsule coréenne, il y a environ 500.000 ans, et que les Homo sapiens, connus comme l'ancêtre des êtres humains modernes, ont habité Liaodong environ 300.000 ans auparavant, il est très probable que les races humaines anciennes comme celle d'Homo sapiens auraient vécu dans la péninsule coréenne à la mêflle époque. Ces habitants de Chine seraient descendus


découverts dans l'argile rouge et la couche de sable inférieure. Bien que ces objets ont été peu développés par rapport à ceux d'Europe ou d'Afrique, il n'y a aucun doute que l'herminette de Chon-gok-ri soit acheuléenne dans sa forme fondamentale. Aujourd'hui la plupart des archéologues sont familiers avec le nom de l'herminette acheuléenne Chon-gok-ri. Les archéologues spécialisés en paléolithique des Etats-Unis, du Japon, de la Russie, de la Chine et de la France ont visité le site pour voir la première herminette acheuléenne découvei1e en Asie de l'Est Chon-gok-ri a une valeur particulière dans l'archéologie non seulement pour la hache acheuléenne mais aussi pour son site historique le plus ancien et le plus important de l'Age de pierre. Ce site représente également un lieu d'étude précieux pour les recherches sur le développement des outils en pierre dans l'Asie de l'Est. Le

gouvernement avait décidé de préserver ce lieu d'une superficie d'environ 200 hectares. Plus tard, ce site sera transformé en un parc historique après la restauration de cet environnement paléolithique unique dans son geme afin de permettre aux visiteurs de faire un voyage vers le passé. Des projets de fouilles sont prévus pour continuer les recherches sur la période de la préhistoire et rassembler la collection des pièces historiques du musée du parc. L'immeuble qui abrite le musée, était autrefois un bureau de fouilles, puis a été transformé en un entrepôt d'objets fabriqués dans la région et des autres sites pour comparaison. Chaque année a lieu le Festival Culturel Paléolithique de Chon-gokri, le 5 mai, jour des enfants, destiné à promouvoir l'intérêt du public et la préservation du site. Le festival de cette année sera le cinquième à se tenir depuis sa création. +

fabriqué des objets en pierre, trouvé leur nourriture près de la rivière et chassé les animaux qui étaient venus boire l'eau de la rivière. Le cours d'eau de la rivière avait changé doucement formant de nouvelles parcelles de terrain et laissant des flaques d'eau en forme de corne de boeuf. Les hommes préhistoriques avaient utilisé des gros cailloux transpo11és à l'aval au cours des inondations pour fabriquer des outils et ont réuni leur force pour déplacer de grandes roches utilisées pour des usages domestiques. Avec le temps, en raison de l'érosion importante du lit de la rivière, l'argile apportée par le cours d'eau n'a pas pu être déposée suffisamment sur sa surface. Cependant la couche de dépôts sédimentaires sur la surface de terre a été relativement peu touchée par l'érosion et ainsi a pu rester intacte jusqu'aujourd'hui. Aucun fossile d'organisme vivant n'a été trouvé durant la fouille jusqu'à présent. En revanche, de nombreux outils en pierre ont été 33


Le temple

GS.ruanillw0ru Cho You-jeon

Directeur Musée National Folklorique

es pagcxies jumelles en pierre en trois étages se tr~mven face à face, dont rune est orientée vers l'est et l'autre vers l'ouest, à l'intérieur du temple Kamünsa, construit à la fin du VIIème siècle. D'importants travaux de fouilles ont été menés pour récupérer ce site religieux où les reliques sont préservées soigneusement depuis. Situé à l'accès de la mer de l'Est où fut le siège de la brillante dynastie Shilla ·cs7 avj.C.-935), ce temple est riche d'histoires, quelques-unes sans doute basées sur des mythes liés à l'établissement de ce lieu. D'après des documents anciens, le roi Munmu (r. 661-681) de la dynastie Shilla qui a r~usi à unifier la péninsule coréenne en battant les royaumes Paekche (18 avJ.C$) et Koguryo (38 avj.C.-668), a été profondément engagé dans la construction de ce temple Malgré l'unification des trois royaumes, le roi n'a pas pu chasser les maraudeurs japonais de la péninsule

mnill)l :::::::llmnill

lm

Ill Ill

D

D iiEfEI'

Le te_mple Kam un sa représente deux grandes valeurs coréennes, la loyauté et la piété filiale : la laya uté du roi Munmu envers sa patrie et la dévotion du roi Shinmun vis-à-vis de son père.

Un diagramme du site de Kam iinsa (en haut) ; la fondation du sanctuaire principal avec un couloir étroit menant à la mer (ci-dessus) ; les pagodes jumelles à trois étages du temple Kamiinsa (à droite) 34

coréenne. De ce fait, en dernier ressort, il décida de construire un temple pour prier Bouddha de protéger le pays mais il mourut avant son achèvement li demanda alors à son fils de fincinérer après sa mort et de jeter ses cendres dans la mer de l'Est afin de pouvoir ressusciter en dragon de mer pour protéger le royaume des invasions Le temple fut achevé ainsi par son fils héritier, le roi Shinmun (r. 681-692), en 682, et fut nommé Kamünsa ou le temple de la gratitude L'ensemble du temple original a été révélé à travers des fouilles de grande envergure menées entre 1979 et 1980 après une première en 1959. La fouille de 1959 a été ordonnée en raison de la détérioration rapide du sanctuaire causée par la construction d'un village à proximité de l'enceinte du temple. A l'époque, la fouille a été opérée dans la cour des demeures privées et les terrains disponibles qui se trouvaient aux alentours de ce site afin de retrouver la superficie totale qu'avait occupée le temple autrefois. En 1979, la découverte de Taewang-am, un îlot rocheux près de la région littorale, la supposée tombe sous-marine du roi Munmu, a suscité à nouveau l'intérêt du public sur ce dernier. Un pavillon nommé Igyondae a été édifié sur la côte afin de permettre aux partisans du roi de le voir ressuscité sous forme de dragon Ains~ à la suite de pressions du public demandant une


recherche appronfondie sur le roi Munrnu, des fouilles sur le site du temple ont été prévues et le village à proximité a été installé ailleurs en 1979. Au cours de ce travail d'envergure, un grand nombre d'informations historiques précieuses sur le temple, jusqu'ici inconnues, a été recueilli D'abord, il existe deux styles de construction de temple : la première est 1~ style construit sur terrain plat, un modèle courant de l'ép0q1.1e des trois royaumes (Ier siècle avJ.C-VIIème siècle), et .la seconde, le style du versant de montagne, de l'époque Koryo (918-1392). Pourtant le temple Kamunsa n'appartenait ni au premier style ni au second La concéption des installations présentait le style de construction sur terrain plat avec une porte au milieu, des pagodes, ùn sanctuaire principal et une salle de lecture établis l'un après l'autre du sud au nord et le tout entouré par des corridors qui commencent de la porte située au milieu Les pièces entourées de corridors étaient le centre du temple. Les deux escaliers à double volée en pierre qui relient la porte du milieu au centre du temple rappellent étrangement ceux de Chong-un-gyo et de Paegun-gyo, les deux escaliers qui mènent à la porte de Chahamun du temple de Pulkuksa. Les escaliers de Kamunsa auraient pro-

bablement inspiré ceux de Pulkuksa étant donné que Kamunsa est plus ancien. Le fondement du sanctuaire principal a été construit différemment des autres temples Il présente en fait un espace spécial, construit sous les colonnes de l'édifice, qui était lié à un passage étroit sur le côté est C'est une structure symbolique qui était sensée permettre à l'esprit du roi ressuscité sous forme de dragon de venir au temple et de prendre du repos. Les deux pagodes de pierre en trois étages de Kamunsa représentent un style caractéristique datant du début de la période de Shilla unifié. Chaque pagode abrite un reliquaire bouddhiste. Le couvercle du reliquaire de la pagode située à l'ouest est décoré des images de LokaiJaiar les gardiens

bouddhistes, et des personnages jouant de différents instruments de musique et faisant des offrandes à Bouddha. Une bouteille cristalline conservant les reliques religieuses a été trouvée à l'intérieur du reliquaire. Cette découverte marque le premier accomplissement des recherches conduites par une équipe archéologique depuis l'établissement de la République de Corée. Les pagodes sont construites par des pierres de tuf calcaire posées l'une sur l'autre et chacune mesure 14,5 mètres de hauteur. Le temple Kamunsa représente deux grandes valeurs coréennes, la loyauté et la piété filiale : la loyauté du roi Munmu envers sa patrie et la dévotion du roi Shinmun vis-à-vis de son père. •

Le site préhistorique de

~®fi3lr;san Shin Kwang-seop

Directeur Musée national de Puyo

e site préhistorique de Songguk-ri, désigné site historique no249, date de l'âge du bronze de Corée (lCID300 av].C.). Situé à Songguk-ri, à Chochonmyon, Puyogun, dans la province de Ch'ungchong du sud, ce site a attiré l'attention des archéologues en 1974 lorsqu'une dague en bronze similaire au modèle de Liaoning a été découverte dans un cercueil en pierre. A travers les sept fouilles opérées dans ce site, les archéologues ont découvert 33 sites de demeures datant de l'âge du bronze, des palissades en bois, des fossés et des cercueils en jarre, tous considérés comme des découvertes importantes révélant le mode de vie des habitants à l'âge du bronze. En 1975, la décision du gouvernement de développer un terrain agricole d'une superficie d'environ 200 hectares a contrarié les projets de fouilles entamés par le musée national de Corée entre 1975 et 1978. Le groupe a révélé 19 demeures à surface sphérique et rectangulaire et 4 cercueils en jarre dans une superficie de 4 kmz, le plus

grand site d'habitation de l'âge du bronze découvert en Corée du Sud jusqu'à présent Les fouilles conduites par le musée national de Corée entre 1985 et 1987 et par le musée national de Kongju entre 1992 et 1993 ont révélé 22 sites d'habitation, 4 tumuli et une palissade. Les sites d'habitation souterrains de type caverne présentent deux différentes formes, l'une sphérique et l'autre rectangulaire. La demeure de f01me sphétique est relativement petite de taille, environ 3,4 à 5 mètres de diamètre, et présente un creux d'un mètre de rayon et des trous au centre et autour de celle-ci dans lesquels étaient fixés des colonnes qui la soutenaient. En raison de son creux circulaire et ses trous autour, cette forme particulière de demeure a été appelée le type Sonf!J5Uk-ri Ce genre de demeure a été trouvé dans la partie ouest du Japon et également à l'île de Kyushu. Les demeures de forme rectangulaire étaient plus grandes mais n'étaient pas aussi profondes que celles du type sphérique. Les restes de chevrons et de 35


poutres ont été relevés sur ce lieu Les trous pour soutenir la palissade, les plus anciens découvetts en Corée, et un fossé ont été trouvés dans le lieu où se trouvaient des demeures. I.e cercueil en pierre de l'âge du bronze révélé en 1974 est le premier du genre découvert en Corée gui date de cette époque. ll mesure 195 cm de long orienté du nord vers le sud, 84 cm de largeur en haut, 78 cm de largeur en bas, et 81 cm de hauteur. n a été consttuit en pierres plates avec des plissements. Une dague de style Liaoning de l'âge du bronze, une dague de pien-e polie, une pointe de flèche, un jade tubulaire, un collier ornemental et d'autres objets fabriqués ont été gardés dans le cercueil Cette découvette a été en fait un événement dans le milieu de l'archéologie coréen. car la dague en bronze du type

Des grains de riz carbonisés ont été trouvés sur Je sol des demeures, ce qui prouve que le riz était déjà cultivé à l'époque de l'ère du bronze. Dans le sens des aiguilles d'une montre à partir du haut: grains de riz carbonisés; herminettes en pierre, ciselets et dague en · forme de croissant; dague de bronze de style liaoning, dselets en bronze, pointes de flècheenpierre,julestubulairesetenforme de virgule, dague en pierre; poteries de type Songguk-ri 36


Le sol des demeures au site n"54-5 à Songghk-ri(à gauche) ; ciselets en pierre et spires fuselées

Liaoning, un prototype de l'âge du br0nze, et la dague de pierre polie, ont été des découvertes précieuses en Corée. Les cercueils en forme de jarre étaient enterrés en bas d'une colline près des demeures. Trois cercueils sur quatre découverts sur le lieu présentaient des formes similaires appartenant au type Songuk-r~ faits de terre cuite avec une base trouée. lis étaient enterrés dans un petit trou verticalement en profondeur fermés par un couvercle e~ ensuite, recouvetts de terre. De nombreuses pièces de poteries et d'objets fabriqués ont été trouvées dans les sites d'habitation. Les pots étaient caractérisés par leur rondeur, un col évasé et une base étroite. Les poteries de cette forme sont connues aujourd'hui sous le nom de type Songguk-ri Les objets fabriqués en pierre comprennent des couteaux, des herminettes, des petites dagues en pierre polie avec des manches en bois, des moules servant dans la fabrication des haches en bronze à forme d'éventail. Des grains de riz carbonisés ont été trouvés sur le sol des demeures, ce gui prouve gue déjà l'agriculture du riz a été pratiquée à l'époque de l'ère du bronze. Le site de Songguk-ri est aujourd'hui considéré comme le modèle type des demeures de l'âge du bronze de la Corée dans la partie sud de la pénirtsule. Des objets similaires 'au type Sonœuk-ri ont été trouvés dans le centre du pays notamment à Songamdong à Kwangju, et à Haemi, Sosan, dans la province de Ch'ungch6ng du sud, Kwanchangri à Poryong, et à Hansong à Sochon +

Le tumuli de Kaya à

ITruwœcfl®rnœoœn Lim Hyo-taek

Professeur d'archéologie Directeqt: du Musée de l'Université de Dongeui

uelgues aspects de l'histoire et la culture de Kaya, une confédération des cités-états établie il y a environ deux mille ans sur le cours inférieur du fleuve Naktong, ont été révélés à travers une série de fouilles entreprises depuis 1970. Cependant, étant donné gue les études archéologiques étaient soit incomplètes, soit concentrées sur des endroits limités, un travail plus approfondi a été nécessaire. A ce propos, la fouille récente des tumuli de Yangdong-ri a été importante car elle a fourni des renseignements précieux sur l'histoire et la culture de Kuyaguk et de Pon-Kaya, deux états de Kaya situés à l'embouchure du fleuve Naktong. Les tumuli se trouvent à environs 4 kilomètres au sud-ouest de la ville de Kimhae sur une colline (90 mètres audessus du niveau de la mer) derrière le village Kagok et près de l'autoroute Namhae. Le site occupant une superfice de 24 hectares à Yangdong-ri, Chuchonmy6n, à Kimhae, dans la province de Ky6ngsang du sud, n'apparaissait pas avoir une valeur historique importante

sauf pour la découverte des pièces de poteries éparpillées à travers les tombes endommagées. Et pourtant, des fouilles ont été entreprises car la municipalité de Kimhae avait décidé de construire un établissement de décorticage de riz dans une partie de ce lieu. Une fois la couche de la surface de la terre dégagée, l'équipe de fouille a trouvé des reliques en quantité. A la suite de la découverte d'objets historiques précieux, les fouilles ont continué pendant 22 mois et en raison de l'importance du travail, deux autres fouilles ont été entreprises aux ..alentours. Les fouilles ont été conduites par des spécialistes du Musée de l'Université de Dongeui, de novembre 1990 à février 1996. Le travail couvrait une surface d'environ 13.200tm Un total de 562 tumuli comprenant des cercueils en bois, des chambres funéraires en forme de fosse aux parois revêtues de pierres verticales, et des cercueils en forme de jarre étaient découverts. Parmi eux, un total de 4.952 objets fabriqués comprenant 1.925 pièces de poterie, 2889 objets en métal, 45 objets en bronze, 69 objets ornementaux, et 24 37


Fouille d'un ·cimetière de Kaya à Yangdong-ri, Kimhae

objets fabriqués divers ont été retrouvés. Les spécialistes estiment que ces objets remontent à la période de la fin du Hème si~cle av].C. au Vème siècle ap].C., tandis que les cimetières ont été construits probablement vers le premier siècle jusqu'au Vème siècle, ceci déduit d'après les styles variés des tumuli et leur changement à travers les siècles. Les recherches ont révélé que les tombes de Yangdong-ri regroupaient les six modèles représentatifs des tumuli de l'époque Kaya. Ces découvertes ont contribué à éclaircir le processus de développement des tombes de Kaya à partir des cercueils en bois à celles des chambres funéraires en pierres verticales. Jugeant à partir des cercueils en bois, l'histoire de Kaya remonterait probablement au premier siècle av].C. au lieu du premier siècle ap].C. comme il a été

déclaré par la plupart des historiens. La découverte des vastes tombes au cercueil à l'extérieur, 5 mètres de long, indique que leur origine remonterait à la fin de second siècle ap].C. plutôt qu'à la fin du IIIème siècle comme il a été révélé précédemment. C'est à la suite de la découverte de la tombe au cercueil extérieur no 162, le plus ancien tumulus de ce style de l'époque Kaya, que les spécialistes ont trouvé des indices décisifs sur leur origine. Par ailleurs, un nombre important de tombes que l'on croit destinées au chef du clan pendant les deuxième et troisième siècles a été découver~ ce qui a permis de discuter en profondeur la date et l'identité des tombes. Selon la conclusion de ces discussions, ces tombes étaient classées soit à la période de prospérité de Kaya, soit à la période du début de Kaya. Dans les six tombes, on pouvait apercevoir que

la chambre funéraire était légèrement brûlée, un style particulier probablement influencé par les usages pratiqués dans la partie nord de la péninsule. Les objets fabriqués en provenance des tombes de Yangdong-ri ont permis d'a voir une vue générale sur les changements et le développement de la culture Kaya par période et des renseignements essentiels pour compléter l'histqire de Ka ya. Les informations recueillies à travers les études des objets tels que la poterie, le fer, le bronze, les pièces ornementales et autres matériels ont entraîné les spécialistes à procéder à une révision du passé et de la c;:hronologie de l'histoire de Kaya. Cette découverte a également indiqué que Kaya était une société avancée, comparée aux autres royaumes voisins à l'époque, et qui développait activement des contacts avec

Les objets fabriqués découverts dans les tombes de Yangdong-ri permettent d'avoir une vue générale sur les changements et Je développement de la culture de Kaya par périodes et des renseignements essentiels pour compléter l'histoire de Kaya Les études des objets tels que la poterie, Je fer, Je bronze et autres matériels ont poussé les spécialistes à procéder à une révision de la chronologie de Kaya. Cette découverte a également indiqué que Kaya était une société avancée aux contacts actifs avec d'autres pays et cultures. 38


dautres pays et cultures. Parmi les découvertes majeures de Kaya, on compte notamment des objets en fer tels que des armes, des casques, des armures, des harnais, et des outils agricoles, preuves du dynamisme de la société à l'époque. Une épée avec un pommeau arrondi et une lance avec une pointe en fer de la tombe no235 (datant <fu IIIème siècle) et des objets en fer déformés avec des motifs en spirale des tombes no 212 (datant du Hème siècle) et no 313 (datant du IIIème siècle) sont les premiers, les plus anciens et les plus importants dans le genre découverts jusqu'ici en Corée. On estime que les motifs en spirale étaient le symbole de Kaya, probablement issus des rites royaux ou du èhamanisme. Les objets en bronze comprennent des vaisselles rituelles, des ustensiles et des pièces ornementales, représentant un style appartenant à la fin de l'âge du bronze, ont été probablement importés des autres cultures voisines. En étudiant de près les fonctions, les origines et les dates de fabrication des objets, les arch~olgues peuvent se donner une idée et préciser les contacts et le commerce qu'avait entrepris Kaya ainsi que sa structure sociale et la position qu'elle occupait par rapport à ses pays voisins. Le miroir et la dague en bronze découverts dans la tombe no427 comptent parmi les précieux éléments de l'époque. Le miroir en bronze est appelé le miroir d'imitation · ou encore le miroir japonais et la dague en bronze présente une forme déviée du modèle coréen. Ces deux objets sont les premiers dans le genre à être découvert en Corée. Du point de vue stylistique, on peut remarquer les changements qui ont eu lieu à travers les vaisselles rituelles de la période du début de Kaya, les miroirs au style raffiné, ses courbes et son bouton derrière, et les dagues à la forme élancée. Selon les documents, les miroirs d'imitation japonais et les dagues à la forme déviée ont été retrouvés à la fois en Corée et au Japon. Ainsi, ils doivent être reclassifiés aujourd'hui dans le groupe du type Kaya, Kimhae ou Yangdong-ri. La plupart des pièces ornementales

présentent des formes variées et sont faites de perles. Les ornements sur le cou et sur la poitrine retrouvés dans la tombe no 270 et no 322 sont reconnus comme les pièces les plus importantes du point de vue stylistique et de la taille. Les tumuli de Yangdong-ri sont très intéressants car ils ont permis aux archéologues de développer des théories plus avancées sur la nature et l'évolution nationale et sociale de Kaya. A la suite de

ces découvertes, on a pu constater en fait que Kuyaguk et Pon-Kaya, deux états situés près de Kimhae à l'embouchure du fleuve Naktong, étaient les premiers à être engagés dans le commerce maritime. La prospérité maritime de Kaya, fait qui a été mentionné en faisant allusion à l'introduction du commerce de fer dans le chapitre Tung-1 Chuan (Impressions des barbares orientaux) d'un livre chinois intitulé Sankuo-chi (Histoire des trois royaumes), explique les nombreux objets en fer retrouvés dans les fouilles du site Yangdong-ri. La période de la fin du Hème siècle jusqu'au IVème siècle a été particulièrement riche en fer. C'était également au cours de cette période que Kaya connaissait la prospérité dans le commerce maritime. Le développement de la production de fer, considéré comme la plus importante ressource naturelle et commerciale· de Kaya, permettait à celle-ci de devenir un grand royaume maritime, mais la dévaluation du fer et la diminution de la demande des produits de Kaya ont été probablement des facteurs majeurs qui ont contribué à la chute de cette confédération. Kaya a commencé à montrer des signes d'affaiblissement à la fin du Vème siècle et les pressions des royaumes de Shilla en plein essor et de Paekche ont finalement précipité la chute de Kaya en

562 •

Un pot en bronze avec une inscription de la tombe n322(en haut) ; la tomben"235(ci-dessus) 39


Le site des fours de céramique de

IT®fi~olJ. ChyoiKun

Conservateur Musée de la céramique de Haegang

es restes de four ayant été utilisés pour la productism de la céramique pendant la période Kory6 (91&1392) ont été découve1ts dans plus de 300 endroits en Corée. Les fours de Kangjin, ·dans la province de Ch611anam-do, et de Puan, Ch6llabuk-do, sont les plus représentatifs car ils ont été utilisés pour la production des céladons de couleur bleu-gris, un ait inégalé de l'époque Kory6. A Kangjin, les archéologues ont trouvé environ 200 fours datant de l'époque de la fin de Shilla Unifié (milieu

Emplacement du four n ·JO à Yong-un-ri

40

du IXème siècle). lis sont apparus lorsque les productions de céladon ont commencé en Corée et ceci jusqu'à la fin de la période de Kory6 (fin du XIVème siècle), c'est-àdire jusqu'avant l'arrivée de la céramique p'unch'ong de la période du début de Chos6n (1392-1910). Les objets découverts cl·ms ce site ont permis de voir le parcours du céladon de Ko1y6 à paitir de sa crêation, sa maturité, son point culminant, et son déclin Cest donc à l'intérieur des fours que la production du céladon a été développée en un ait qui comprenait le travail avec de

l'argile, le modelage, la décoration et le vernissage. Les sites de la céramique de Kangjin ont été découverts pour la première fois en 1913 et une enquête a été menée l'année suivante par un membre japonais du conservatoire de la famille royale des Yi nommé Yasuhiko Sueso. Deux autres archéologues japonais, Manzo Nakao et Ken Nomura, ont localisé plus de 100 sites historiques en 1925 et 1928 dans la région et ont dressé une carte des sites de la céramique. Cette région a été désignée par la suite Site historique no107 en 1939. Après la deu xième guerre mondiale, les recherches sur ces sites ont été reprises en 1959 par Choi Sun-u, Chung Yang-mo et autres historiens spécialisés en céramique du Musée National de Corée. A la suite de leurs recherches, une superficie de 146 hectares couvrant plus 100 de fours à céramiques a été désignée Site historique no68 en 1963.


Des groupes de chercheurs du Musée National ont découvert des fours datant du XIIème siècle à Sadang-ri, Taegu-myon, Kangjin-gun à partir de 1964, et du Xème et du Xlème siècles à Yong-un-ri, Taegumyon à partir de 1980. En 19~ Choi Kun et d'a utres spécialistes du Musée de la Céramique de Haegang ont mené une étude détaillée sur les sites à Kangjin et ont é[?boré une carte indiquant les sites de 188 lieux de fours ·à céramiques à l'époque. Cette étude est consacrée à la fouille des fours à céramiques des sites no9 et n10 à Yong-un-ri conduite pendant trois ans à partir de 1980. Les sites no9 et 10 étaient situés dans un endroit qui devait être submergé pour la construction du réservoir Tangjon. Le site no9 situé au sud-est du réservoir était un lieu important pour connaître les premières productions de céladon de style du pays Tang de Chine avec un anneau de pied large. Dans le site n°10, situé dans une surface plate à l'opposé du réservoir, des céladons qui ont probablement succédés à ceux du site no9 ont été trouvés. Leur forme présentait un anneau de pied large, une çouleur bleu-vert à la fois clair et translucide, des incrustations avec des motifs primitifs. Le site no9 établi sur une petite surface inclinée remplie de granit renfermait des tessons de céladons de couleurs claires, jaune-vert et bleu-gris. Au cours des premières fouilles du site, des reliques ont été trouvées dans des couches de 1,5 mètres de profondeur. Les chercheurs devaient travailler en un temps limité pour récupérer les reliques qui se trouvaient dans les couches situées au-dessus du niveau de l'eau du réservoir. Bien qu'une fouille complète n'a pas pu se réaliser, les recherches des couches du site ont représenté une grande importance dans les études du céladon de l'époque. Ava nt les recherches, il était difficile d'établir un rapport entre les céladons coréens er chinois car le style d'anneau de pied large, caractéristique des premiers céladons de Koryo, étaient différents en détail de ceux des Chinois. Mais des céladons au style identique à celui de Chine ont été découverts dans la couche

(De haut en bas) Vue aérienne de divers sites de fours de Yong-un-ri; le four n ·10-1; le chaudron du four n ·10-1

41


Le sol du four n ·l0-4 vu du nord face au sud

42

inférieure du site, laissant supposer que les céramiques coréennes ont été directement influencées par les céladons chinois de la période de la dynastie de Tang (milieu du VIIIème siècle-milieu du IXème siècle). Le site nolO se trouve sur une surface plate ovale traversée par un ruisseau. Les anciens habitants du village se souviennent que la terre où se trouvaient des tumuli a été aplanie pour être transformée en une surface agricole. Ains~ d'après les spécialistes, si des sites de céramiques existaient à cet endroit ils auraient été grandement endommagés. Cepnda~ dès le débu~ la fouille réservait des surprises ; le fond du four, couvert de sable cuit à une haute température, a été trouvé avec ses murs de chaque côté. Le plafond, encore intac~ est apparu lorsque les chercheurs ont nettoyé les dépôts qui couvraient le sol et les murs. Une coupe transversale du plafond a révélé que le four a été construit à l'aide d'argile dans lequel étaient posés des chaudrons, une technique souvent utilisée dans la construction de four. L'existence de ces chaudrons indiquent l'utilisation de fours antérieurement. Les chercheurs avaient donc supposé l'existence d'une large surface où devait être placé le feu et ont dégagé le lieu. Ils ont alors trouvé un espace étendu, une estrade en forme d'éventail et une ouveiture de la cheminée où étaient placés des chaudrons utilisés. Le~ fouilles menées jusqu'en 1996 avaient conduit à la découverte de plus d'une douzaine de fours pour des céladons et des porcelaines mais aucun n'était à l'état complet, c'est-à-dire sans cheminée ni plafond Les archéologues ind~1et que la partie inférieure qui comprenait la chambre à brüler et le lieu de travail étai~ à l'origine, à moitié souterrain, l'étage de la partie moyenne était au niveau du sol, et la partie supérieure était la cheminée. Evidemn~ la cheminée et la paitie du four qui étaient situées au-dessus du sol n'ont pas pu être retrouvés car leur structure a été complètement détruite sans laisser de trace. Ce qui reste aujourd'hui est une partie du four mesurant 8,4 mètres de long. Le sol mesure 1,2 mètres de largeur, les murs 03 mètres d'épaisseur, et la chambre à brüler


1,5 mètres de hauteur. ll existe une ouverture de la chambre à brûler sur un mur et

sur un autre, à un intervalle de 13 mètres de celui-ci, deux grands trous de o,œ mètres de largeur qui se trouvent juste à l'opposé. La porte de la chambre a été fermée à l'aide de briques et ouverte lorsque les céladons ont été cuits pour passer au refroidissement Les petits trous qui se trouvent s1,1r les murs d'entrée de la chambre étaient destinés à surveiller la température du four. Ces caractéristiques ne so~t point différentes des fours traditionnels d'aujourd'hui sauf que le sol du four d'autrefois était incliné tandis ql!'aujourd'hui celui-ci comporte des escaliers. Chaque four porte un numéro désigné. Le premier est représenté par le no10-1. Deux autres fours dans les environs ont été également trouvés : le four n10.2, avec des chaudrons à l'envers sur le sol, et le four n°10.3. Cependant, l'état des fours n'était pas aussi satisfaisant que celui du no10.1, et ils avaient gardé seulement la partie inférieure intacte. La plupart des céladons recueillis de ces lieux étaient des pièces magnifiques aux couleurs bleu-gris avec des incrustations et des dessins résultant d'une

Un archéologue injectant un conservateur dans le site du four n-'10-1

technique remarquable. Quelques pièces comportant des motifs plus simples et peu raffinés étaient également découvertes dans ces lieux, indiquant que la fabrication des céramiques était très répandue pendant environ un siècle, du Xlème jusqu'au début du Xllème siècle. Les trois' fours étaient les plus grandes découvertes de l'archéologie coréenne dans le domaine de la poterie depuis la

deuxième guerre mondiale. Cependant, le déplacement de ces objets historiques était inévitable car les lieux allaient bientôt être inondés. Le four n°10-1 est aujourd'hui exposé dans le jardin du Musée National de Kwangju et le nï0-2 sera présenté au public en 1997 lors de l'ouverture du Musée de la Céramique de Kangjin où il sera exposé en permanence. +

Une vue de côté des couches d'argile d'un four 43


Le patrimoine Culturel de la Corée Kim Chong-hyuk

Directeur de la Division des Biens Tangibles, Direction de la Conservation du Patrimoine Culturel, Ministère de la Culture et des Sports

L

e patrimoine cultùrel est constitué de l'ensemble des biens tangibles et intangibles produits par une nation ou un péuple, et dignes d'être conservés Afin de mieux protéger son patrimoine qui, par le passé, n'a fait l'ob# · gue d'une protection partielle, le gouvernement de Corée a, en 1962, promulgué une loi de protection des biens · culturels gui comble les lacunes de l'ancien système et crée des obligations nouvelles. Cette loi se donne comme objectif non seulement de préserver le patrimoine culturel coréen, mais aussi de le mettre en valeur dans l'intention de contribuer au développement culturel de la Corée et du monde entier. Cette loi concerne essentiellement les oeuvres gui ont été classées soit par l'Eta~ soit par l'administration régionale Elle interdit les fouilles non-autorisées, qu'il s'agisse d'objets enfouis sous terre, au fond de la mer ou enclos dans des propriétés immobilières. Elle protège également les objets-même s'ils ne sont pas classés-de plus de cinquante ans en en interdisant la vente et l'exportation Sont chargés de veiller au respect de la loi la Direction de la Conservation du patrimoine du ministère de la Culture et des Sports ainsi gue les Services du patrimoine des Directions régionales de la Culture et des Spotts

Les biens culturels coréens La loi de protection du patrimoine culturel .défirùt quatre sortes de biens : les biens tangibles (ou matériels), les biens intangibles (ou immatériels), les sites historiques et les sites naturels, enfin les objets relevant de l'anthropologie culturelle La catégorie des biens tangibles regroupe 44

les constructions, documents anciens, peintures, sculptures, tous objets archéologiques ayant une valeur historique et documentaire avérée Sous la catégorie des biens intangibles sont regroupées les oeuvres, réputées d'une grande valeur historique et artistique, gui relèvent du patrimoine immatériel comme les pièces de theâtre, la musique, la danse, les techniques artisanales. La troisième catégorie comprend les sites historiques (comme les tombes anciennes, les lieux de cultes religieux, les sites a_rchéologigues), les sites naturels, ainsi gue cèrtains animaux, plantes et minéraux Dans la dernière catég01ie, on regroupe les vêtements traditionnels, les meubles, les maisons et tous les objets utiles à la compréhension des modes de vie traditio, c- ' du peuple coréen Les biens les plus importants de ces quatre catégories font l'objet d'un classement par les soins du ministre de la Culture, gui désigne les trésors nationaux, les tréso~ les sites historiques, les sites naturels, les objets folkloriques importants et les biens intangibles importants Les maires et les gouverneurs des provinces disposent également du droit de faire accéder des biens culturels au statut de biens tangibles, biens intangibles, sites historiques et sites naturels et objets

folkloriques Les biens classés conformément aux stipulations de la loi s'élevaient, en décembre 1996, au nombre de 7fJ57 Dans cet ensemble, 2541 ont fait l'objet d'un classement par l'Etat en 287 trésors

nationaux, 1239 tréso~ 388 sites historiques, 13 sites naturels et 286 monuments, 228 objets folkloriques importants et 100 biens intangibles. Les municipalités et les provinces on~

quant à elles, classé 3.093 biens

dont 1.606 biens tangibles, 178 biens in-

tangibles, 1043 sites historiques et naturels, 266 objets folkloriques et 1432 documents Nous mettrons l'acen~ mainte~ sur les biens culturels classés par l'Etat comme étant les plus représentatifs du patrimoine coréen

Les biens tangibles Les biens tangibles gui présen.tent une valeur indéniable sont promus au rang de trésors. Ceux gui, parmi eux, apparaissent plus particulièrement précieux sont désignés trésors nationaux. Ceux-ci représentent le meilleur du patrimoine coréen Trésors nationaux et trésors son~ à leur tour, divisés en deux catégories distinctes : les trésors immobiliers et les trésors

mobiliers. Il y a 82 trésors immobiliers, gui se répartissent en deux catégories, les trésors en bo ~ s et les trésors en pierre. Dans la catégorie des constructions en bois, on dénombre 19 trésors nationaux et 116 trésors Ce son~ pour la pluM des temples et des palais royaux, mais on trouve aussi des pavillons, des fortic ~ _ tions, des bâtiments administratifs, des sanctuaires et académies confucéens, des écoles traditionnelles et des maisons anciennes. Parmi eux figure la porte Sud de Séoul, Sungryemun, gui date de 1398 : classée trésor national no Lelle a été agrémentée, récemn~ d'un très bel éclairage nocturne Autre bel exemple de trésor nationa4 le hall de la Félicité du temple de Pongpng à Andong gu~ datant de la période Koryo, est la plus vieille structure en bois du pays (trésor national no15). Les constructions en pierre se


répartissent en 63 trésors nationaux et 433 trésors. Il s'agit de pagodes, de stèles, de statues de Bouddha, d'escaliers, de lanternes et de Bouddhas taillés dans le rocher en pleine nature Particulièrement représentatives sont la pagode du temple de Punhwang à Kyongju, construite au VIIème siècle sous la dynastie Shilla (trésor national no 30), et la pagode à cinq étages du temple de Ch6ngnim à Puy6, construite vers la même époque au royaume de Paekche, elle témoigne d'une originalité et d'un raffinement rares (trésor national no 9). Comme exemple de stèle de pierre, mentionnons le trésor national no9 qui, érigé dans les monts Pukhan près de Séoul, célèbre les conquêtes territoriales du roi Jinhùng de Shilla Mentionnons également l'observatoire de Ch6ms6ngdae, de l'époque Shilla, le plus grand du genre en Orient mais aussi la plus ancienne construction de pierre en Corée (trésor national no 31). Ces exemples et quelques rares autres mis à part, la plupart des objets et constructions de pierre sont d'inspiration bouddhique

Les capitales des anciens royaumes, telles que Ky6ngju, Kongju, Puy6 et Séoul, abritent des trésors nationaux.

Les trésors mobiliers

On compte 205 trésors nationaux, dont 94 objets d'art, 51 livres anciens, 40 sculptures, 14 peintures et 6 instruments de · science Les trésors, quant à eux, sont au nombre de 690, dont 339 livres anciens, 152 objets, 83 sculptures, 68 peintures et 48 instruments scientifiques. Pamù les objets d'art figurent les céladons de Kory6 et les porcelaines blanches de Chos6n, ainsi que des pièces d'orfèvrerie comme la couronne trouvée dans la tombe de la Couronne d'or (Kumgwancho~ à Ky6ngju Symbole de la puissance royale sous Shilla, elle est classée trésor national noffi. Parnù les documents les plus anciens et les plus précieux, on signalera le Hunminj5ng(Jm (trésor national no70), qui est le texte par lequel le roi Sejong promulgua le hanglil, c'est-à-dire l'alphabet coréen, dont la Corée tire fie1té et dont on célèbre cette année le SSOème anniversaire On mentionnera encore les tablettes en bois du Tripitaka du temple Haeinsa (trésor national no32), que l'UNESCO a inscrites, en

Trésor national n'l, Sungryem un à Séoul (en haut); musiciens exécutant le cheryeak, accompagnement musical

des rites confucianistes célébrés à Chongmyo, sanctuaire ancestral de la Dynastie Chos6n (ci-dessus)

1995, sur la Liste du jXltrimoine mondial et comme devant être protégées en tant que telles. Dans le domaine de la sculpture, où la majorité des oeuvres sont d'inspiration

bouddhique, on signalera le Maitreya de bronze (trésor national no 83) qui est exposé au Musée National de Corée et le majestueux BodhisattLa, trésor national no 128, debout dans un drapé élégant En peinture, il convient de signaler le trésor national no111, remarquable portrait de Hoeh6n qui date de la période Kory6, ou encore la Vue sur les monts Keumgang (trésor national no 217); superbe panorama pour lequel Chang Son fait usage d'une technique si patticulière Mentionnons enfin, dans le domaine de la peinture bouddhique, la fresque exceptionnelle du pavillon Chosa au temple de Pus6k : datant de l'époque Kory6, elle est classée trésor national no248. Monuments et sites historiques, sites et trésors naturels On dénombre 388. monuments et sites historiques, à savoir 80 fortifications, 70 tombes royales, 44 tombes ancienqes, 27 sites de temples bouddhistes, 25 vestiges de fabriques de céramique, 19 autels et lieux de culte, 18 bâtiments, 10 sites préhistoriques et 9 palais royaux. Afin de contrecarrer les invasions étrangères dont elle a souvent été menacée au cours de son histoire, la Corée a dû construire de nombreuses fortifications pour assurer sa défense Celles du Namhansan et du Pukhansan, dans les environs de SéouL qui datent de la période Chos6n, sont restées dans un bon état de conservation. Au cours de ses 600 ans d'existence, la dynastie .Chos6n, qui avait fait de Séoul sa capitale, a laissé plusieurs palais royaux et tombes royales dans la ville et ses environs. Les dynasties antérieures, Shilla, Paekche et Kaya, ont laissé, elles aussi, dans leurs capitales respectives, de nombre~ tombes royales qui ont également été classées. Du paléolithique, on peut mentionner le site de Ch6ngok-ri à Y6nch6n (site historique no 268), et du néolithique, celui d'Amsadong à Séoul, classé site historique no 267. Les paysages et panoramas d'une grande beauté sont dassés dans la catégorie des sites naturels, tandis que ceitains animaux, des végétaux, des minéraux ainsi que des grottes jouissent également d'une protection en tant que trésors naturels. Pamù les 282 trésors naturels dassés, on 45


compte 61 espèces d'animaux : 21 oiseaux, 9 mammifères, 4 poissons, 2 insectes. Sont également protégés leurs lieux de reproduction, d'habitation et de migration. Parmi les végétaux, 197 sont classés : 12.8 très vieux arbres, 29 forêts, 14 espèces d'arbres et de plantes rares et 26 sites naturels où poussent des plantes sauvages rares. 10 sortes de minéraux et 13 grottes sont également insaits, ainsi que 5 parcs naturels comme le mont Halla et les monts S6rak classés respectivement sites naturels n· 182 et 171 Ont, en outre, été insaits 7 paysages ainsi que 6 sites historiques d'un intérêt particulier. Parmi ces derniers, nous mentionnerons la grotte de pierre de S6kkuram et le site de Pulguksa que l'UNESCO a enregistrés, en 1995, comme appartenant au patrimoine mondial Le matériel folklorique Dans cette C4tégorie figurent 228 objets d'une valeur inestimable d'un point de vue anthropologique, dont 135 maisons traditionnelles, 55 vêtements anciens, 20 objets de culte, 15 instruments domestiques et 3 villages traditionnels. 'Les maisons, dont certaines sont couvertes de tuiles, d'autres de chaume, permettent de se représenter les modes de vie d'antan Hahoe, à proximité d'Andong, est un village traditionnel de lettrés qui a su préserver l'harmonie du site dans lequel il s'est développé dès le XYlème siècle. Berceau des familles de lettrés Son et Yi, Yangdong, qui se trouve près de W6lsè5ng, est, avec ses nombreuses maisons fort bien conservées, représentatif des villages aristocratiques de la période Chos6n Quant à Songùp, il est typique de ces villages fortifiés que les habitants de Cheju ont construit, à partir du XVème siècle, pour se protéger des invasions étrangères. Les biens intangibles Sont classés dans cette catégorie les arts traditionnels et techniques artisanales, transmis de génération en génération et qui méritent d'être protégés en considération de leur valeur artistique et de témoignage. Le risque de les voir disparaître est tel aujourd'hui que l'intervention de l'Etat est 46

chose nécessaire Un certain nombre de ces arts et techniques, qui représentent les fondements de la culture coréenne, ont, depuis 1%2, fait l'objet d'tm classement dans la catégorie des biens intangibles. Pour être classés, ces arts et techniques impliquent la disponibilité d'a.Itistes et d'artisans capables de les représenter ou de les mettre en oeuvre On compte 100 biens intangibles, dont 17 en musique, 7 en danse, 14 qui relèvent de l'art de la scène, 23 qui sont des jeux et rituels, 1 art ma.Itial, 33 techniques artisanales et 2 qui relèvent de l'ait culinaire Les premiers biens intangibles qui aient été classés l'ont été en 1964. n s'agit de la musique de cour accompagnant le cérémonial à la mémoire des souverains défunts, du théâtre masqué de Yangjt~ du théâtre namsadang nori qui est interprété exclusivement p3.1· des hommes, du kat-il, du pansor~ so1te d'opéra interprété p3.1· un seul acteur, et des burlesques de Tongyong et de Kosong. Pour ce qui concerne l'art culinaire, sont classés les mets de la cour de l'éJXXV,e Chosün (bien intangible n• 38) et la préparàtion de certains alcools régionaux (bien intangible n• 86). Dans le domaine des a.Its ma.Itiaux, le taekky:3n a été classé sous le numéro 76. 173 persormes et 51 groupes se sont vu conférer le titre de trésors hwnains dans les domaines des arts et techniques traditionnels. De plus, 285 élèves-assistants leur ont été adjoints pour qu'ils puissent acquérir la formation dispensée par leurs maîtres et la transmettre à leur tour. La spécificité des biens culturels coréens

Voisine de la Chine et du Japon, la Corée a toujours eu une identité culturelle propre, et ce, bien qu'elle ait subi l'influence de la Chine et des civilisations du nord du continent asiatique, notamment de la Mandchourie Elle a, à son tour, marqué le Japon, lequel a intégré des éléments coréens dans sa propre culture Compte tenu de sa place dans l'espace et dans l'histoire, on peut dégager de la culture coréenne les particularités suivantes : en premier lie~ il convient de souligner que les rites invoquant le ciel et la nature constituent le fondement des croyances proprement coréennes. D'où ce culte de la

nature qui imprègne la culture coréenne. Quand un Coréen construit une maison, il s'efforce de ne pas porter atteinte à l'harmonie topographique : au contraire, en la disposant de telle sorte qu'elle s'appuie sur une montagne derrière et regarde vers un cours d'eau devant, il l'intègre dans l'équilibre des lieux Quand il trace un jardin ou un verger, il respecte la morphologie des lieux, s'abstient de couper les branches des arbres, se garde d'aménager une fontaine qui viendrait contrarier l'ordre de la nature Lorsqu'il fabrique des poteries, il utilise une matière première non raffinée, évitant toute affectation. La chose est vraie également pour ce qt.ù concerne les récipients de bois ou encore les meubles qui respectent le grain du bois et sa nature spécifique. Citadelles, villes anciennes, palais royaux et villages ont été co~truis dans le plus grand respect de la morphologie des lieux. La culture coréenne est avant tout soucieuse de beauté naturelle. Deuxièmement, le patrimoine culturel coréen est riche en objets qui ont trait au bouddhisme, ainsi qt.I'en objets découverts dans les tombes et dans les forteresses. Ils sont constitués d'objets de culte, ont appa.Itenu aux classes dirigeantes, quelles que soient les époques considérées, ou encore ont été produits à la demande de l'Etat En dehors d'instruments ménagers et d'outils agraires retrouvés dans des tombes, le peuple n'a rien laissé d'impo1tant Troisième trait particulier : si l'on excepte quelques rares momunents et constructions, les biens culturels sont en général de petite taille, mais d'une valeur inestimable, la qualité l'emportant de beaucoup sur la quantité . Quatrième point : ces biens ont été retrouvés essentiellement dans les anciennes capitales qu'ont été Kyon~ Kongj~ Puyo et Séoul, là où, naturellement, les différentes dynasties se sont fo1mées et développées. Enfin, il convient de rema.I·quer que les dynasties Shilla, Paekche et Koryo, qui correspondent à une période d'épanouissement du bouddhisme, ont laissé de nombreux temples et objets liés au culte de Bouddha. Ces mêmes dynasties ont également laissé des vestiges de palais, des fortifications et des tombes royales. Quant à


la dynastie Chos6n, elle nous a légué essentiellement des palais et des fortifications. Rien de ce que Shilla et Paekche ont construit en bois ne nous est parvenu : n'ont survécu de cette époque que les stmctures de pierre. En revanche, il nous reste beaucoup de vestiges de bois datant de la période Chos6n l'intégration des biens culturels coréens dans le patrimoine mondial Le patrimoine culturel, s'il t:eflète avant tout l'histoire et la culture d'un pays ou d'un peuple-et a, de ce fait, une forte valeur symbolique-, il témoigne aus~ d'un point de vue antlu·opologique, de l'évolution et du développement de l'humanité, si bien qu'il dèvient l'héritage que les hommes du monde entier ont en pa.ttage Pour protéger ce patrimoine commun, beaucoup de pays, se dotant de lois et d'institutions spécifiques, ont pris des mesures de protection. Les projets de coopération internationale initiés le plus souvent par l'UNESCO, ont reçu un accueil très positif de l'ensemble des pays du monde En participant activement aux conférences internationales, la Corée s'efforce de promouvoir son propre patrimoine et d'oeuvrer parallèlement à la protection du patrimoine universel. Elle a adhéré à différentes instances internationales, notamment le Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels, le Centre du patrimoine culturel mondial, et la Commission intergouvernementale pour la restitution des oeuvres, qui toutes trois se trouvent sous le patronage de l'UNESCO. Devenue membre du Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels en décembre 1968, elle a participé à la cinquième conférence qui a eu lieu en 1969, puis à toutes les conférences tenues depuis lors. Elle a été élue à cinq reprises pour être membre du comité de direction du Centre, e~ en 1983; à l'occasion de la 12ème réunion, elle a eu l'honneur de siéger au poste de vice-président Pour ce qui concerne le Centre du patrimoine culturel mondial, la Corée a signé, en septembre 1988, la Convention pour la

protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, laquelle date de 1972 Elle a eu l'honneur, à l'occasion d'une séance plénière tenue en décembre 1995, de voir inscrire, sur la Liste du patrimoine cLùturel mondial, trois biens appartenant au patrimoine culturel coréen, à savoir : la grotte de S6kkuram et le temple de Pulguk, les tablettes de bois du Tripitaka du temple Haeinsa et le sanctuaire confucéen de Chongmyo où ont lieu, chaque année, les cérémonies commémoratives de la dynastie Chos6n. Des démarches sont en cours pour obtenir l'insaiption du palais Cha'ngd6kkung et des rempa.tts de Suwon La Liste du patrimoine culturel mondial enregistre les biens culturels des pays signataires, dont la valeur est universellement reconnue, dans le but de mieux assurer leur protection et ce, dans l'intérêt même de l'humanité Aujord'h~ 'JJ5 biens dans 107 pays figurent sm cette liste, dont 3 de Corée La Corée a signé, en février 1983, la Convention concernant les mesures à prendre polir interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de proptiété illicites des biens culturels qui avait été votée en 1970 lors de la 16ème conférence générale de l'Organisation Elle a été élue, à deux reprises (en 1989 et en 1993) pow· un mandat de quatre ans, au comité chargé de la mise en oeuvre de cette convention, et elle participe activement aux actions en faveur du rapatJiement des biens qui ont été illicitement expottés. Ces effotts sont importants en ce sens qu'ils permettent de sensibiliser l'opinion et de la motiver en faveur du retour des biens coréens illicitement sottis du pays. La Corée a également adhéré, en juin 198L à UNIDROIT (Institut international pour l'unification du droit pri>:é) qu~ sous l'égide de l'UNESCO, oeuvre en faveur d'une convention pour la restitution des biens culturels dérobés ou illicitement exportés, laquelle convention complète celle de 1970. La Corée est en train de négocier son adhésion à cette nouvelle convention. En octobre 1996, a eu lieu, à Séoul, un séminaire international sur la conservation des biens intangibles. Les responsables de la politique culturelle de 14 pays (dont l'Allemagne, le

la Chine et la Thaûande) qui y ont participé ont préconisé l'adoption d'une convention destinée à préserver les biens intangibles menacés de dispa.tition La procédure du classement adoptée par cettains pays, dont la Corée, a été reconnue comme étant un moyen particulièrement approprié pour assurer leur protection. Ce séminaire a eu le métite d'engager l'UNESCO à adopter, à l'occasion de sa 142ème conférence générale, une résolution qui recommande à tous les pays de se doter d'une procédure de classement de leurs biens intangibles. A la suite de quoi les pays ont pris conscience de la nécessité de prendre des mesures de protection Ainsi la Corée a u·ouvé là l'occasion de jouer un rôle moteur, sur le plan international, en matière de conservation des patrimoines. Royaume-U~

les mesures à prendre pour assurer la protection des patrimoines culturels La protection du patrimoine culturel nécessite une action volontariste et constante, sinon les biens culturels peuvn~ en peu de temps, perdre beaucoup de leur valeur, voire disparaître à jamais. Le vieillissement natmel des matériaux, le ven~ la pluie, les écatts de température, l'humidité, la lumière constituent autant de formes d'agression dont peuvent souffrir les oeuvres, à quoi il convient d'ajouter les fouilles illicites, les expottations clandestines ou encore les destJuctions dues à l'ignorance ou à la maladresse Une bonne politique de conservation implique la mise en oeuvre de mesures spécifiques selon la nature et l'état des oeuvres. De façon générale, les constJuctions et monuments historiques ont ~in d'être restaurés et aménagés. Les biens mobiliers nécessitent des traitements et des équipements scientifiques. Quant aux biens intangibles, il faut appotter un soutien aux détenteurs de savoir-faire et former leurs successeurs. TI faut encore que les effotts fournis pour assurer la pérennité du patrimoine soient accompagnés de campagnes de sensibilisation du public, de sanctions à l'encontre des délinquants, de récompenses pour les découvreurs et d'effotts continus en matière de formation des conservateurs. + 47


Chun Hyung-pil gardien du patrimoine de la Corée Lee Heung-woo Poète

~

~.

~ .,

'

-

/,

-\,_./ : '

Chun Hyung-pil a rassemblé des biens culturels avec un oeil de connaisseur et un immense attachement à l'héritage culturel de son pays.

48


"Le patrimoine culturel est la cristallisation de l'intelligence et des sensiblités artistisques d'un peuple, illustrant l'histoire de l'humanité. Aœc un oeil de connaisseur et un immense attachement aux biens culturels de la patrie, Kansong Chun Hyung-pil les collecta toute sa vie aœc passion. En 1936, il créa le parc Puktanjang et ouvrit PQhwagak, à Y'Jngbuk-dongjetant ainsi les bases du Cent-re pour l'étude de l'art coréen et du Musée d'art K(:msong Il a également créé la fondation Tongs6ng Institute, ce qui permit le relèœment du collèg! Pos6ng Il est né le 29 juin 1906, au 104 jongno 4-ga, Seau!, et est mort le.26 janvier 1962 à la même adresse. En commémorant le 90ème anniversaire de sà naissance, nous, ses disciples, érigeons ici la statue du Maître."

. A

insi dit-elle l'inscription (écrite par Lee Heung-woo) de la statue de Kansong Chun Hyung-pil, dévoilée le 2 novembre 1996

Un relief (à gauche) et une photographie de Ch un Hyungpil (ci-dessus), fondateur du musée d'art Kansong (cidessous)

devant le Musée Kansong. Kansong est son nom de plume. En 1996, le gouvernement coréen l'a désigné "figure culturelle" de novembre. A cette occasion, une exposition spéciale a été ouverte et son buste a été érigé, pour commémorer le 90ème anniversaire de sa naissance Kansong est né deuxième fils de Cbun Yong-gi, officiel du Conseil privé du souverain. Ses ancêtres sont originaires de Chongson, province du Kangwon-do. La maison familiale dans laquelle il a vu le jour était une maison d'une grande envergure, ayant 99 pièces (environ 320mz), elle s'étendait du no104 au no 112 de Jongro 4-ga. Dans les environs, on appelait cette maison Ihyon-sük (Bibliothèque de Col de Poirier). C'est son arrière-grand-père qui fit construire la maison. Il était riche, contrôlant une grande partie du commerce du marché Tongdaemun. li avait deux fils et ces derniers grossissaient encore la fortune de la famille. Kansong était l'unique héritier de cette famille : son frère

49


amé mourut jeune et son oncle n'avait pas d'enfants. La richesse de la famille était énorme, s'élevant à cent mille sok de riz par an (un s6k équivaut à environ 184 kg de riz). Kansong faisait ses études au lycée Hwirnun à Séoul et obtint un diplôme de droit à l'université Waseda à Tokyo en 1930. Rencontre avec les Maîtres A l'époque du lycée Hwimun, il était d'abord passionné de sport èt très actif dans le club de base-bali Mais son enthousiasme pour la collection des biens culturels perçait déjà naimait collectionner les livres visitant, à chaque moment libre, les librairies et achetant de bons livres que ce soit de · nouvelles éditions ou des livres d'occasion Des ouvrages en charactères chinois l'intéressaient également Au lycée Hwimun, son professeur de beaux-arts était Ko Hui-dong (Ch'un-gok, de son nom de plume, 1886-1965). Ce dernier a été le premier Coréen à avoir fait ses études de peinture occidentale au Japon, à l'Ecole des beaux-arts de Tokyo, en 1908. En 1920, il ch~ngea sa spécialité et se consacra à la peinture coréenne. li était un nouveau type d'intellectuel nourrissant à la fois un esp1it résistant contre le Japon qui occupait la Corée et une passion profonde à l'égard de la cultme coréenne traditionnelle Enseignant au lycée Hwirnun, Ko Huidong n'a pas tardé à déceler un grand talent chez Kansong. C'est lui qui a ouvert les yeux à son élève sur l'importance de la préservation de la culture de la patrie Cet éveil fut pour Kansong comme la découverte d'une lumière au milieu de la sombre réalité où la patrie était sous l'occupation Ce professeur d'art était un véritable gourou pour Kansong. Même après être sorti du lycée Hwimun et entré à l'université Waseda, il fréquentait toujours son professeur, allant le voir pendant les vacances lorsqu'il rentrait chez lui. Durant toute sa vie, il l'a vénéré comme un maître Une autre personne qui exerça une influence capitale dans sa conviction de protéger les bien culturels fut Wichang 0 Se-ch'ang (Which'ang, de son nom de plume, 1864-1953). 50

lation de 950 peintres calligraphistes, illustrant leur carrière et contenant 3.700 sceaux d'eux La rencontre entre Kansong et 0 Sech'ang remonte à 1928. Le professeur Ko Hui-dong qui était à l'époque en âge mür (43 ans) amena le jeune étudiant Kansong (23 ans) chez le vieux maître 0 Se-ch'ang (65 ans). Ce fut un jour béni pour la préservation des biens culturels coréens. En février 1929, à la suite de la mort de son père, Kansong hérita, à 24 ans, du patrimoine de la famille Voilà réunis la richesse de Kansong, la direction de Ko Hui-dong et l'oeil connaisseur de 0 Se-ch'ang, ce qui a permis d'accomplir la mission formidable de sauvegarder les biens culturels de la patrie déchue Une autre richesse que possède Kansong était sa qualité de pouvoir reconnaître, apprécier et aimer la beauté. Et cet amour de la beauté s'est o·istallisé en un acte de patriotisme.

Photographie de Ch un prise en 1928 ql!and il était étudiant (ci-dessus); Boîte à eau en céladon, XIIème siècle, haut. Sem, Trésor

National No.74 (ci-dessous)

0 Se-ch'ang mena diverses activités sur le plan social en tant que journaliste et combattant contre le Japon, mais il était également l'un des meilleurs collectionneurs en Corée, fin connaisseur d'art et calligraphe. nétait un précurseur en matière d'histoire de l'art nédita le premier "who's who" des artistes coréens, "KL1ny6ks6hwajing', traitant plus de 1.100 calligraphes ; et "KL1ny6kinszi', une compi-

Hannamsorim, foyer de collection En 1932, 0 Se-ch'ang présenta à Kansong Yi Sun-hwang, un honnête marchand de calligraphies et de tableaux. Kansong le chargea alors de s'occuper de la collection de vieux livres et peintures. La passion chez Kansong pour la collection des vieux livres se développait en un désir d'avoir une bonne bibliothèque A cet~ fin, il acheta la librairie Hannamsorim située à Kwanhun-dong, et confia sa gestion au marchand Yi. Cette librairie deviendra ainsi un siège central pour la collection de vieux livres et calligraphies. La collection de Kansong comporte deux albums de peintures de Chong SOn (Kyumje, de son nom de plume, 1676-1759): "Kyonam m6ngstlngch '6p" (Sites pittoresques du sud-est) procuré en 1931 et "Haeak ch6nshinch'6P' (paysages de mer et de montagnes). Il y est un épisode intéressant concernant la procuration de ce dernier album qui comporte des paysages du Mont Kumkang. En 1933, un marchand de calligraphies, nommé Chang Hyong-su, passa par hasard chez un fils de Song Pyong-jun, personnage connu pour ses


)

Baignade dans une vallée, une peinture de Shin Yun-bok, Trésor National No.135

activités pro-japonaises. Là il découvrit cet album qui était à deux pas d'être mis dans un foyer. Le marchand qui put sauver le précieux album au dernier moment le montra à Yi Son-hwang de la librairie Hannams6rim. Alors ce dernier présenta à Kansong le marchand Chang. 'TI était un jeune homme, de quatre ou six ans mon cadet. Il a l'air très doux, toujours un sourire aux lèvres. A la première vue, j'était charmé par son air élégant", ainsi le marchand se souvient-il plus t:1rd Au moment de sa sortie de l'université, les activités de collection de Kansong devinrent plus dynamiques et sé1ieuses. Collection active En 1934, Kansong se procura un terrain

d'envergure à Songbuk-ri, province de

Kyonggi (actuellement Songbuk-dong à Séoul) et ouvrit Puktanjang, parc destiné à la préservation des objets d'art : avec sa collection qui grossissait, il ressentit un grand besoin d'avoir un lieu où il pouvait conserver les objets collectés et mener des recherches sur eux. Il s'agissait pour Kansong du premier pas pour concrétiser son immense projet de préservation des biens culturels : les collecter, conserver et mener des recherches sur ceux-ci. Sur ce lieu, il prépara un local réservé au marouflage. Dès qu'il se procurait un ouvrage, il le marouflait et le mettait dans une boîte en paulownia. Nombre de peintures de Kim Chong-hui (Ch'usa, de son nom de plume) y ont été traitées. Pour certaines oeuvres, le connaisseur 0 Sech'ang lui-même écrivait son estimation sur les boîtes, dont "Hyeu:On ch6nshin-ch'6J}'

(peinture folklorique), actuellement trésor national f\ 135. En 1935, il acheta à un collecteur japonais "Chünhak Maebyong', vase en céladon incrusté ayant un motif de mille grues, à un prix exceptionnellement élevé de vingt mille wons. Il s'agit d~ l'actuel trésor national no 68, le meilleur céladon jamais découvert jusque-là aux alentours de la ville Kaesong, (capitale du royaume Kory6). Dans l'ensemble, Kansong était une personne douce et flexible. Mais lorsqu'il croyait qu'il avait raison, il faisait preuve d'une détermination et d'une fermeté formidable, venant à bout de son projet contre vents et marées. TI adoptait une telle attitude surtout lorsqu'il s'agissait de la procuration des biens culturels. En février 1936, à la suite d'une confron0

51


(A partir de lagauche)Tongguk chong-un, publié peu après la promulgation du han-gill, alphabet coréen; An Sang kiimbo, partition pour cithare à six cordes écrite par An Sang en 1572 ; Hunmin chong-iim, un texte d'explication de l'alphabet coréen

tation intense avec un marchand d'art japonais de renom international, nommé Yamanaka Shokai, dans une vente aux em:hères à Séoul, il réussit à se procurer un vase en porcelaine bleu et blanc à motif d'orchidée, de chrysanthème, d'herbe et d'insectes. Le prix conclu a été de 15.000 wons, prix le plus élevé jamais atteint aux enchères en Corée jusque-là Ce vase avait été désigné d'abord trésor n' 241 mais promu au trésor national en novembre

1996.

En 1935, Kansong se procura "Ch'okjandogw6n", une peinture de grande taille (58cm x 81&m), de Shim Sa-j6ng (Hyonjae, de son nom de plume). La peinture décrivant l'itinéraire en direction de la Province Shichuan, en Chine, a été déniché chez Cho Po-guk habitant à Kapyong, province du Kyonggi, à 5.000 wons. Kansong dépensa 6.cm wons pour la faire maroufler à Tokyo. En février 1937, Kansong se rendit à Tokyo paur acheter une quantité importante de céladons incrustés de qualité supérieure de l'époque Koryo, qu'un avocat nommé John Gadsby s'était procurée lors de son long séjour au Japon de 52

plusieurs ~écenis. Ce dernier avait décidé de rentrer dans son pays, prévoyant le déclenchement d'une guerre par le Japon. Sa collection comporte nombre d'articles qui ont été désignés plus tard trésors nationaux et trésors. En 1938, Kansong fit bâtir Pohwagak, le premier musée privé en Corée, à l'intérieur du parc Puktanjang. li s'agit de l'actuelle galerie Kansong. "Pohwci' signifie la conservation des objets brillants. A la construction de Pohwagak, le connaisseur 0 Sech'ang rédigea une dédicace expliquant l'intention de la création de ce musée. li s'y félicita que le musée permette de bien conserver les biens culturels que Kansong avait collectés et de mener des recherches sur eux, souhaitant que la future génération n'oublie pas leur valeur inestimable et les préserve pour toujours. En même temps que Pohwagak, Kansong fit également construire sa maison au parc Puktanjang. Il y vécut avec sa famille jusqu'à l'éclatement de la guerre de Corée (19501953). Mais après le retour à Séoul en 1953, il déménagea dans son ancienne maison de Jongno 4ga, les armées séjournant au parc Puktanjang.

Pendant ce temps, il continuait toujours ses activités de collection : il collectionnait non seulement des peintures et calligraphies mais aussi des biens culturels de grande valeur comme le texte original de "Hunmin ch6ngurri' (une explication de l'alphabet coréen), trésor national n' 70; les six volumes de " Tonggukjong-un" (dictionnaire de la prononciation en coréen des caractères chinois), trésor national n' 71; "An Sang kllmbd' (manuscrit d'une pièce pour la cithare coréenne à six cordes composé par An Sang en 1572), trésor n• 283 ; ainsi que des statues de bouddha, des pagodes et lampes en pierre, etc. Encore un épisode : quand Kansong fut informé de l'apparition du texte original de "Hunmin ch6ng-uni' à Andong dans la Province de Kyongsang du Nord, l'agent auquel Kansong chargea la mission d'acheter la pièce lui demanda mille wons pour le prix d'achat Il lui donna onze mille wons disant que mille wons était pour sa commission. Le renouvellement du collège Posong, la collection de Kansong Le romancier Park Jong-hwa a décrit la


vie de Kansong comme le protecteur et le modèle de l'éducation dans une dédicace qu'il avait écrit pour le buste de Kansong érigé au collège Pos6ng en 1976. En juin 1940, Kansong a repris le collège Posong, en payant 150.000 wons pour liquider les dettes de l'institut Kogkye en difficulté fiancière. Ensuite il créa la fondation Tongsunghakwon avec un iJ:lvestissement de 600.000 wons, ce qui a sauvé le collège Posong et lui a permis un nouvel essor. Dans la foulée de la guerre de Corée, la collection de Kansong a dû subir des viscissitudes : la tentative par les armées nord-coréennes de l'envoyer au Nord, le risque d'un incendie lors de son refuge à Pusan Une énorme quantité de peintures et calligraphies et livres qui restaient à Séoul a disparu. La réforme foncière effectuée après la guerre a largement réduit sa fortune, mais il n'a pas relâché ses efforts pour la collection et la préservation des biens culturels. En particulier, il a

Chun était l'esprit gardien de la culture nationale et un précurseur en matière d'histoire de l'art.

Vase en céladon à ornements incrustés, D;J.ilieu du Xllème siècle, haut. 42 cm, Trésor National No. 68

Collection

du

Musée

La collection énorme du Musée d'art Kansong comporte li trésors nationaux : n' 65, encensoir en céladon ayant un couvercle à motif de licorne ; n' 66, vase en céladon incrusté à motif d'étang et de canards mandarins ; n' 68, vase en céladon incrusté à motif de nuages et de grues ; n' 70, "Hunmin c!x'5ng uni' (texte de promulgation de l'alphabet coréen) ; n' 71, trente pages du "Tongguk c!x'5nguri' (Dictionnaire de la prononciation du coréen) ; n' 72, trois bouddhas dorés avec l'inscription datée de l'année de "ky:mi' (1403) ; n' 73, autel à trois bouddhas dorés ; n' 74, vase à goutte d'eau en céladon en forme de canard ; n' 135, trois pages de "Hymi)n clx'5nshinch'Op (album de peintures folkloriques de Hyewon); n' 149, "Tongnae s6nsaeng k]XJpng puksasan[!j5" ; et n' 270, vase à goutte d'eau en céladon en forme de singe. La collection comporte également li trésors : n' 238, encensoir en porcelaine blanche daté de l'époque des Song de Chine, avec un couvercle en forme de montange; n' 24~ base en porcelaine

toujours fait préparer en double des documents rédigés pour les recherches. En 1962, il est mort soudainement comme la disparition d'une étoile. Il était proviseur du lycée Posèing pour un an lors d'une époque confuse suivant la libération, ainsi que membre de la commission destinée à la préservation du patrimoine en 1947 et membre de la commission de préservation des biens culturels (1956-1962). Mis à part ces derniers titres, il n'a occupé aucun poste officiel durant toute sa vie. Pendant l'occupation, il n'a pas adopté un nom japonais malgré l'ordre japonais de le faire. Le gouvernement coréen lui a décerné, à titre posthume, la Médai)le du mérite culturelle 15 août 1962, et l'Ordre du mérite culturelle 13 novembre 1964. L'entreprise inachevée de Kansong est continuée par ses deux fils, Sung-woo et Young-woo. Dès 1965, ils ont commencé la classification de l'immense collection. En 1966, ils ont ouvert l'Institut d'art coréen et organisent des expositions régulières tous les printemps et automnes. Ils publient également une série de catalogues de la collection. L'année dernière, le 51ème volume a été publié. +

d'art

Kansong

bleue et blanche à motif d'orchidée, de chry-santhème, d'herbe et d'insectes ; n' 283, "An Sang kumlxJ' (manuscrits de pièce musicale pour cithare à six cordes); n' 284, statue de bouddha debout dorée ; n' 285, statue de bodhisattva debout dorée ; n' 286, base en céladon incrusté à motif de raisin et d'enfant ; n' 2537, vase en punch'6ng à motif de plantes et de fleurs ; n' 348, bol en punch'Ongà motif de pivoine; n' 349, boîtes en céladon incrusté à motif de chrysanthème et de pivoine ; n' 579, stupa en pierre en forme octqsonale provenant de Koesan ; et n' 500, une pagode à cinq étages provenant de Mungyong On peut y ajouter quatre pièces désignées biens culturels par 1 ~ Ville de Séoul : n' 2f3, pagode en pierre à trois étages ; n' 29, stupa en pierre en forme octqsonale ; n' 30, statue de maitreya en pierre debout ; n' 3~ statue de bouddha en pierre. Parmi les pièces qui n'ont pas été désignées par les autorités se trouvent également nombre de chefs-d'oeuvre de calligraphie, peinture, céladon incrustés et porcelaines blanches.

53


Parfu1n d'encre :

La peinture des lettrés de Kwon Yong-pil

Professeur d'archéologie et d'histoire de l'art Université de Corée

U

ne exposition itinérante de peintures anciennes coréennes, la dernière en date ayant eu lieu à l'universt~ de l'Oregon, traverse actuellement les Etats-Unis. L'exposition, intitulée "Parfum d'encre", comprend 121 œuvres de peintres-lettrés de la dynastie Chos6n (1392-1910) qui appattiennent à la collection du Musée de l'université de Corée à Séoul. Coorganisée par le Centre d'études coréennes de cette université, le Musée d'art de l'université de l'Oregon et en collaboration avec l'université David de Chicago et le Musée d'art Alfred Smart, l'exposition a été un succès, inaugurée le 14 aoû~ elle s'est tenue jusqu'au 21 septembre de l'année dernière, à l'université Miriam de Columbia et à la galerie d'ait Ira D. Wallach. Elle a ensuite été

Contrairement à leurs contemporains chinois qui s'éloignèrent du style dominant des peintres professionnels, les peintres coréens d u XV/ème siècle suivirent avec enthousiasme la manière Zhe caractérisée par l'emploi de lavis épais, une facture vigoureuse et des compositions représentant des rochers ou des falaises.

Exhibition au Musée d'art David et Alfred Smart, Université de Chicago

54

présentée à l'université David à Chicago et au Musée Alfred Smatt (du 10 octobre au 8 décembre), au Musée d'ait de l'université de l'Oregon (du 10 janvier au 9 mars) et elle poursuivra son parcours en allant au musée historique de l'université de Californie (du 6 avril au 8 juin) puis au musée d'art de Berkeley (du 23 juillet au 23 septembre). Cette exposition itinérante est importante pour trois raisons. Premièren~ c'est la première exposition d'att coréen à l'étranger entièrement réalisée avec les œuvres des collections d'un seul musée universitaire. Un événement artistique de cette impottance et de cette tenue n'aurait pas été possible sans la compréhension et la coopération de la communauté culturelle nationale et les œuvres


la dynastie Chos6n du musée commanditaire. Le Musée de l'université de Corée, créé en 1934, fut le premier musée universitaire coréen. Ses collections sont rich~s d'environ 100.000 œuvres et comprennent des peintures de grande qualité. Quelques-unes furent montrées lors d'expositions organisées par le Musée sur des thèmes spécifiques mais elles n 'avaient jamais été montrées a~1prvnt pour constituer un événement propre. Deuxièmement, l'exposition mérite attention dans la mesure où elle contribue au développement des études coréennes aux Etats-Unis. Si la Corée donne aux intellectuels et aux étudiants étrangers accès à sa littérature et à ses biens, tangibles et intangibles, on peut espérer quelques progrès dans les programmes d'études coréennes dans ces mêmes pays étrangers. Les expositions altistiques peuvent être un bon moyen pour faire découvrir les traditions culturelles et historiques de la Corée et pour stimuler l'intérêt pour les études coréennes. Dans ce contexte, la critique parue dans le New York Times mérite d'être soulignée : "Le balancement dynamique entre tradition et innovation qui caractérise l'an de la dynastie Choson est toujours très vivant dans l'art contemporain coréen. Dans les dernières années, un nombre croissant de jeunes altistes coréens a été montré à New York, et cette saison promet d'être exceptionnelle. L'exposition "Parfum d'encre", belle en soi, est une chance pour découvrir d'où ils viennent" Troisèmen~ une exposition a1tistique peut avoir une grande signification quand elle est focalisée sur un thème spécifique. L'exposition présente a pour objet de rendre compte de la tradition paiticulière

Regardant une chute d'eau, une feuille d 'album par Yi Kyong-yun (1545-1611)

55


Un ermite jouant au Saenghwang sous un pin, par Kim Hong-do (1745-1806) 56

de la peinture coréenne, de la distinguer de la peinture chinoise en examinant de près les œuvres des artistes de la période Choson. La peinture des lettrés renvoie à un style particulier de peintures réalisées par des lettrés qui peignaient pour leur plaisir et leur élévation spirituelle. En Chine, la longue tradition de cette peinture commença sous l'ère des Song du Nord (960-1127), elle fut perfectionnée par le fameux maître Ming, Dong Qichang (15551636), qui influença profondément la peinture chinoise plus tardive. La peinture de.s lettrés, d'après Dong, appartient à l'école du Sud et doit avoir "un parfum littéraire et une ambiance livre.sque". Comparée avec la peinture des lettrés chinois, la peinture de.s lettrés coréens, qui sont encore appelés sonb4 tend à être plus globale quant au style et aux thème.s. Le.s peintres lettrés coréens, qui souvent n'étaient que peu attachés au succès matériel puisque celui-ci leur était garanti par leur position dans l'administration, montraient une liberté considérable dans leur recherche artistique. Ils utilisaient le style insouciant de.s peintre.s lettrés chinois tout comme la technique sophistiquée de.s peintre.s professionnels de la célèbre école Zhe. Dans le même temps, ils continuaient à chercher leur identité culturelle et intellectuelle en explorant les "paysages réels" de leur patrie et en exprimant un sens inné de l'humour. Les artistes professionnels de l'école chinoise Zhe, qui tire son nom de la province côtière de Zhejiang qui a une longue tradition artistique et d'où proviennent de nombreux peintres de cours de la dynastie Ming, eut une profonde influence sur la peinture coréenne. Contrairement à leurs contemporains chinois qui s'éloignèrent du style dominant des peintres professionnels, les peintres coréens du XVIème siècle suivirent avec enthousiasme la manière Zhe caractérisée par l'emploi de lavis épais, une facture vigoureuse et de.s compositions représentant de.s roche.s ou de.s falaise.s Kim Che (1509-1584) et Yi Kyong-Yun 0545-?) conduisirent cette tendance et le.s page.s de l'album de Yi, présentées lors de l'exposition, montre bien sa prédilection


Ch'ongp'ung-gye (Vallée de la Brise Fraî~he)

pour les traits hachés forts et les contrastes retemiS des noirs et blancs. L'emploi d'une ena·e épaisse fut à l'origine d'une tradition chez les peintres coréens qui survécut dans des travaux tardifs comme ceux intitulés Les roches étranges de Min Yong-ik (18601914). Un bref aperçu de l'évolution de la peinture de Choson à travers ses échanges avec la peinture chinoise sera d'un grand secours pour définir l'art des lettrés d'alors. L'adoption du confucianisme comme doctrine de l'Etat par l'élite dirigeante de l'époque Choson eut un effet majeur sur les peintres. Dans les premières années de la dynastie, les peintres, qui peignaient les bambous à

par Chong Son (1676-1759)

furent nombreux et populaires

l'encre de chine, furent nombreux et populaires car leurs travaux symbolisaient les vertus confucéennes, particulièrement la droiture nécessaire pour supporter les temps difficiles. Les peintures de bambous de l'époque Choson, caractérisées par des compositions en diagonales et des feuilles redressées, renvoient à l'honnêteté des lettrés comme on peut le voir dans les travaux exposés de Yu Tok-chang (16961774), Im Hui-ji (1765-?) et Shin Wi (1769-

car leurs travaux symbolisaient

1845).

L'adoption du Confucianisme comme doctrine de l'Etat par l'élite dirigeante de Chos6n eut un effet majeur sur les peintres. Dans les premières années de la dynastie, les peintres, peignant les bambous à l'encre de Chine,

les vertus confucéennes, l'intégrité nécessaire pour supporter les temps difficiles.

Au XVIIIème siècle, un renouveau intellectuel et culturel en Corée conduisit à de nouveaux développements en peinture Le premier de ces développements purement coréen fut l'apparition du chin 57


g)X'5ng sansu ou "paysage réaliste" dont le

1;@ · ~

tt' ..

.t1'.> tt -1.

./.--

i~/

.t

~

,,.

:il

.z

}{

i . t~'t . h. . /.\-

"'

1{.

if

t.

~

.f

t . p. ~

.f -n18 ~

tL~

~

;{

-t. ~

J J} ~

N. .~

1t

~

Roches Fantastiques par Min Yong-ik (1860-1914)

58

~

pionnier fut Chang Son (1676-1759). Ce dernier, issu d'une famille de lettrés, voyagea beaucoup à travers le pays pour étudier les paysages coréens. Tout particulièrement, ses visites répétées au Mont Kumgang, dans les montagnes de Diamants, qui commencèrent en 1711, lui permirent de produire un certain nombre de tableaux représentant les espaces environnants. Son œuvre inspira des peintres comme Ho P'il (1709-1768), Yi Yunyong (1714-1759) et Kim Hong-do (1745-?) qui réalisèrent de remarquables représentations de montagnes. Au même moment, Chang prit plaisir à peindre les Monts Inwang à Séoul. Une de ses œuvres monumentales, Chongp'unggye (La vallée de la brise légère), représente une vallée des Monts Ingwan en été. On peut découvrir sa technique énergique qui mêle la répétition et le recouvrement des traits pom obtenir une texture dense. Parmi les autres peintres qui se distinguèrent pendant cette ère de renaissance culturelle en Corée, il faut citer Shim Sa-j6ng (1707-1769), Kang Se-hwang 0713-1791) et Yi In-sang (1710-1760). Shim Sa-j6ng, un élève de Chang SOn, étudia la peinture Ming et aima représenter les lettrés dans un environnement romantique de paysages sauvages en utilisant des traits, uniques et larges, combinés avec des couleurs légères. Kang Se-hwang, égalen:tent d'une famille de lettrés, devint le plus grand connaisseur et critique de la peinture de son temps. Ces œuvres s'enracinent profondément dans la peinture traditionnelle des lettrés de la Chine des Ming, mais elles poS§èdent aussi · des caractéristiques stylistiques et topographiques purement coréennes. Un processus similaire de "coréanisation" de la peinture chinoise se trouve dans les travaux de Ch6ng Su-yong (1743-1891), Hong Tae-yon (1749-1816) et Yi Pang-un (1751-?). Cependant l'œuvre de Kim Changhui (1786-1856), figure majeure de la scène littéraire de la fin de la dynastie Chos6n, trouva son inspiration dans des contacts avec les calligraphes et les lettrés chinois. Ses élèves, Cho Hui-ryong(1787-1859) et Ho Yu(1808-1892), perpétuèrent son style.


Ce qu'il faut aussi noter c'est qu'une poignée de peintres professionnels de la classe moyenne comme Kim Hong-do, Ch'oe Puk et Cho Chong-gyu devinrent importants dans le style de l'école de la Chine du Sud Comme on put le voir lors d'une exposition au Musée National de Corée, lors de la commémoration du 200ème anniversaire de sa naissance, Kim Hong-do atteint à la perfection dans l'art de la poésie, de la peinture et de la calligraphie et établit lui-même sa réputation dans l'histoire de 'l'art coréen. Au même moment ses peintures de genre

de la vie quotidienne coréenne, agréablement distinctes de celles de Chine, témoignent de l'épanouissement de la peinture coréenne au XVIIIème siècle. Les peintures populaires, réalisées par des artistes anonymes qui peignaient des thèmes issus des légendes et des croyances religieuses des premiers temps, avaient une place importante dans la vie quotidienne des gens d'alors. Les peintures humoristiques de tigres, de lapins et de montagnes sacrées renvoyaient au souhait de bonheur et de longévité. Ces motifs populaires se retrouvent dans les poteries

ce qui atteste de leur grande renommée. Parfois, l'humour trouvait un chemin dans le monde des lettrés confucéens, dominé par des principes moraux rigides. On trouve des exemples intéressants chez Yi Kyong-yun avec l'œuvre intitulée Lettré trempant ses pieds qùi dépeint un vieux lettré qui trouve plaisir dans la fraîcheur d'une rivière. De même chez Kim Shik avec l'œuvre Buffle qui montre un buffle à l'aspect amusant. Dans la même veine, Shim Sa-j6ng a représenté dans le tableau Herbe et insectes une souris grignotant une carotte. +

1

Un vase de porcelaine de Choson avec une peinture humoristique d'un tigre 59


L'esthétique coréenne à travers

L'Exposition des Trésors des

Chung Hyung-min

Professeur d'histoire de l'art Université Nationale de Séoul

L

a Corée traversa une période de profonds changements dans les domaines politiques, économiques et sociaux lorsque la dynastie Kory6 fut remplacée par la dynastie Choson (1392-1910). L'ère du bouddhisme, la religion d'état de Shilla Unifié (668-935) et de Kory6 s'acheva avec l'adoption par la nouvelle dynastie du néo-confucianisme comme idéal de gouvernement et philosophie sociale. Le souverain dirigeait selon les principes confucéens de gouvernement et l'on désigna des érudits à l'Assemblée des Notables (Chiphyonjon) pour rédiger lois et institutions du nouveau gquvernement. Dans le premier siècle de la dynastie, sous le règne du roi Sejong (1418-1450) ; on inventa l'alphabet coréen, hangi1l, et puis sous celui du roi Songjong (14691494), l'on définit la structure administrative et le rôle du gouvernement avec la promulgation d'un Code grâce à une politique diplomatique dynamique, de nombreux échanges culturels furent entrepris entre la Corée et la Chine des Ming. La philosophie du gouvernement reposait sur une indépendance d'esprit, un effort d'ouverture vers les autres cultures et des idéaux de progrès. Ce

fut une époque de grand développement et de grande créativité dans les domaines de la culture, de la littérature, des beaux-arts et de la musique. Une rétrospective comprenant deux cent deux oeuvres d'art des débuts de l'ère Choson, choisies dans des collections coréennes ou étrangères, vient de se tenir à la galerie Ho-am de Séoul. L'exposition de deux mois qui s'est terminée début février comprenait quatre-vingt huit peintures, travaux de calligraphie et livres, cinquante-sept céramiques, dix-neuf articles en laque et incrustations de nacre, dix-huit objets en métal et vingt représentations bouddhiques, sculptures, peintures, sutras, tous exécutés au cours des dc uJC premiers siècles de la dynastie Choson. Sceaux royaux, documents officiels, poinçons et poids éclairaient sur le mode de gouvernement administratifs, lettres, poèmes de lettrés, chargés d'influences étrangères, donnaient un aperçu sur le mode de vie de la classe privilégiée. Des écrits bouddhiques annotés ou traduits en coréen offraient un exemple de la politique éclairée d'un gouvernement soucieux d'éduquer le peuple. L'exposition offrait une

Les paysages de style chinois reproduits par An Ky6n et ses contemporains au début de la nouvelle dynastie ont peu à peu évolu'é avec les artistes de la génération suivante en un style coréen. Sur la page d'en face: Paysages par Yang P'aeng-son (1488-1545), peintre-lettré (à gauche); Garçon tirant nn âne par la bride par Kim Che (1524-1593), Trésor No. 783 (à droite) 60

chance d'admirer des oeuvres d'art qui reflètent l'évolution culturelle et sociale de . la Corée à une des époques charnières de son histoire. La plupart des peintures a été exécutée par des artistes qui ont vécu avant l'invasion japonaise de 1592. L'oeuvre maîtresse de l'exposition intitulée Voyage ·Onirique au Pays des

Pêchers en Fleurs (Mongyu toux5n-do) a été exécutée en 1447 par An- Kyon et provient de la collection de l'université Tenri au Japon. C'est la seule peinture des débuts de l'ère Choson à spécifier clairement les date et nom de l'artiste et de surcroît à comporter vingt et un poèmes de louanges écrits par des érudits confucéens célèbres de l'entourage du prince Anpyong, puissant mécène de l'époque. Ils constituent des documents très précieux pour l'étude de l'histoire de la littérature, de la calligraphie et des arts. Outre sa valeur historique, cette peinture, qui combine avec harmonie le concept traditionnel d'univers utopique oriental et un paysage réaliste, demeure un chef d'oeuvre de l'un des grands artistes de l'époque. On considère en général que la moitié droite du paysage, avec quelques maisons entourées de falaises élevées et de formations rocheuses, représente le monde idéal des immortels taoïstes et la partie gauche, le monde réel. Le monde des mortels en dehors du Jardin de Pêchers évoque le monde des immortels taoïstes avec des pics rocheux qui se dressent dans la brume comme des cumuli et des pêchers en fleurs qui ressemblent à de petites taches, tandis que le monde des immortels taoïstes est dépeint


DĂŠbuts de la Dynastie Chos6n

61


comme le monde réel. C'est la vision d'un monde onirique où idéaux et réalité, temps et espace se chevauchent librement. Les coups de pinceaux en forme de nuages pour représenter les rochers montrent l'influence du style Kuo Hsi (cir. 1000-1090) de la Chine des Ming. La maîtrise de l'utilisation des touches calligraphiques, l'application recherchée des larges touches et la représentati0n raffinée du thème indicoréenne quent la stature de la pei~tur dans le monde international de l'art alors dominé par la Chine. Il semble que les thèmes littéraires chinois dominaient dans la peinture des débuts de l'ère Choson comme par exemple dans Le Pays des Pêchers en

Fleurs, Huit Scènes des Quatre Saisons, Huit Vues de Hsiao et Hsing, Falaise

62

Rouge et En quête des Pêchers en Fleurs. La documentation nous a montré que ces thèmes étaient déjà populaires à l'époque Kory6 mais aucun exemple ne permet de nous dire jusqu'à quel point. A en juger par les peintures bouddhiques Kory6, on peut penser que ces peintures profanes étaient probablement semblables à celles de la Chine Sung et Yuan. Le paysage à la chinoise adopté par An Kyon et ses contemporains au début de la nouvelle dynastie a progressivement évolué avec les peintres de la génération suivante en un style proprement coréen. Paysage du peintre et lettré Yang Paeng-son (1488-1545) était annonciateur d'un style coréen qui allait bientôt émerger avec ses touches

rapides et répétées pour souligner le contour ou la surface d'une montagne plutôt que la technique répandue du large coup de pinceau et de l'effet d'épaisses taches d'encre destinée à accentuer les volumes. La composition décentrée est caractéristique du style Kuo Hsi avec les objets ramassés d'un côté du tableau. De vives touches calligraphiées brossent les pics rocheux qui semblent flotter dans la brume. Une réunion de lettrés sur une colline située au milieu du tableau évoque une atmosphère plus propre aux immortels taoïstes tandis que pavillons et maisons en contrebas rappellent à l'observateur la proximité du monde réel. Ici le monde des immortels n'est pas un univers imaginé mais celui du quotidien. La juxtaposition d'un monde


idéal et du monde des mortels rend cette peinture réaliste même si elle est inspirée de peintures chinoises aux paysages idéalisés. On retrouve les mêmes caractéristiques dans les peintures d'animaux comme "Chiots" de Yi Am (1499-1545). Cette peinture dégage un sentiment de quotidien non seulement en raison du réalisme de la représentation des animaux mais de toute l'atmosphère qui absorbe l'observateur. Il s'agi.t d'un chien noir au regard vigilant qui surveille un jeune chiot blanc en train de s'amuser à fourrager dans le sol et un autre chiot blanc profondémen.t endormi sous le soleil printanier ; l'oeuvre dégage une sensation de paix et de sérénité. Yi Am a inventé une technique où il recouvre la surface déjà saturée d'encre pour que

A la suite de l'établissement de l'état confucéen, on accorda plus d'importance à l'artiste en tant qu'historien de l'image et l'on commença à produire nombre de peintures à caractère documentaire

représentant des réunions de lettrés ou des cérémonies de palais.

la nouvelle couche ne soit pas absorbée mais forme un léger film en séchant. Il semble que cette technique ait été plus tard adoptée par les peintres japonais sous le nom de darashigomi. Les artistes japonais ont été plus influencés par la sensualité de la technique décorative que la représentation subjective du thème de Yi et ceci en dit long sur les différences culturelles entre Corée et Japon. L'une des fonctions des beauxarts est le souci d'ornementer. Yi a su évoquer l'invisible tout en créant une oeuvre décorative. Ceci est l'un des aspects fondamentaux de l'esthétique coréenne. Avec l'établissement d'un état confucéen, le rôle d'historien de l'image incomba de plus en plus aux peintres et ils se mirent à p1:oduire quantités de

Voyage Onirique au Pays des Pêchers en Fleurs, par An Kyon en 1447 63


La tendance à utiliser des touches expressives et à l'abstraction des formes

s'accentue vers le milieu de l'époque Chos6n. Cette évolution résulte de la stagnation des échanges culturels ca usée par les nombreuses guerres qui ont frappé le pays au XVIIème siècle. Banquet offert par le Roi aux lauréats du Concours d'entrée dans l'administration, peint en 1580 par un peintre anonyme

peintures documentaires à l'occasion de cérémonies comme les réunions de lettrés et les fêtes de palais. Le Banquet

offert par le Roi aux Lauréats du Concours d'Entrée dans l'Administration en offre l'un des meilleurs exemples. Il a été peint en 1580 par un artiste resté anonyme. Tout en traitant ce sujet sérieux avec une précision rigoureuse, l'artiste allège un tableau qui risquerait d'être ennuyeux en introduisant plusieurs personnages tout à fait indifférents à l'événement et dont le comportement étrange tranche avec le solennel de la situation qui n'en est que plus mis en valeur. C'est à la fin du XVIème siècle que la coréanisation du style chinois est la plus évidente avec en particulier Garçon menant un âne par la bride de Kim Che (1524-1593). On reconnaît l'influence de l'école Zhe de la Chine Ming dans les

touches en coup de hache faite avec la partie large du pinceau pour représenter la surface des rochers abrupts situés au milieu de la peinture et la présence d'un pin en travers de la composition. Les montagnes au loin, représentées par des touches audacieuses, sont d'un style comparable à celui de l'école Zhe tardive tandis que la représentation presqu'abstraite des formes se démarque tout à fait des peintures Ming. L'accent est mis sur la situation psychologique tendue entre le garçon et l'animal et, non pas sur la représentation du paysage. La tendance à utiliser des touches expressives et à l'abstraction des formes s'accentue vers le milieu de l'époque Chos6n. Cette évolution résulte de la stagnation des échanges culturels causée par les nombreuses guerres qui ont frappé le pays au XVIIème siècle. Il faudrait étudier la peinture des .XVIème et XVIIème siècles sous un jour autre que la coréanisation développée vers la fin de Chos6n dans les peintures de paysages réalistes et de genre. La coréanisation de l'art Les changements dramatiques qui ont eu lieu dans la céramique de la fin du XVIème siècle étaient déjà sensibles dans les motifs décoratifs de la poterie du début de Chos6n. En général, la poterie des débuts de Chos6n se limitait à la pÇJrcelaine blanche et au punch'6ng Dans les débuts de Chos6n, l'utilisation de la porcelaine blanche devint plus courant qu'à l'époque Kory6. Au début les maisons royales utilisaient à la fois la porcelaine blanche et le punçh'6ng mais peu à peu la porcelaine blanche l'emporta sur le punch'6ng La porcelaine blanche de l'époque était d'un blanc pur et laiteux, non pas blanc bleuté comme l'on verra plus tard. On produisait aussi pour les maisons royales des porcelaines bleues et blanches décorées de motifs peints au cobalt. Ces dessins ressemblaient à des peintures et évoquaient plus le doigté dun peintre que celui d'un potier. Ces porcelaines fabriquées pour la cour sont d'une qualité comparable à la porcelaine bleue et blanche des Ming

64


et témoignent de l'avance des Coréens sur les autres pays dans ce domaine. Il y a une bouteille en porcelaine blanche tout à fait saisissante avec un motif de corde peint en oxyde de fer. L'idée de donner l'impression de ligoter la bouteille avec une corde est originale, amusante, et montre un aspect plus léger de l'esthétique coréenne. . Les amateurs de punch'6ng sont toujours intrigués par son apparence si contemporaine et il est difficile à croire que ces pièces aient été produites aux XVème et XVIème siècles. Par le style et la composition de leurs dessins, ils devançaient les tend.ances artistiques à venir cinq siècles plus tard. L'art abstrait qui n'a été vraiment apprécié qu'au XXème siècle était accepté aux débuts de l'ère Chos6n où régnait une grande liberté d'esprit. Une autre caractéristique de la poterie coréenne de l'époque est de laisser l'argile encore visible même après finition de l'article, de la même manière que l'encre et les coups de pinceaux. On peut retrouver la touche et l'âme du potier et l'odeur de l'argile ; preuve qu'il y a çhez l'artiste harmonie entre le processus de création et la matière. Punch'6ng présente une large variété de techniques décoratives : l'incrustation, le graffite, la gravure, la peinture à l'oxyde de fer et l'application d 'une couverte. La couverte peut être appliquée soit par de rapides touches ou par immersion. L'impression sur les récipients a été inventée pour satisfaire à la demande croissante du peuple et a offert un nouveau mode d'expression. On estime que la coréanisation de l'art s'est manifestée plus tôt dans la porcelaine en raison de son caractère utilitaire et parce qu'elle était plus populaire auprès des consommateurs et plus facilement influencée par les traditions locales. La liberté des thèmes et la vie qui en émanent sont en accord avec les peintures populaires courantes au XIXème siècle. Bien que le bouddhisme perdît beaucoup de son influence politique avec l'établissement de la dynastie Chos6n, il est resté populaire chez les

BouteillePunch'ongauxmotifsgravés, XVèmesiècle,haut.25,6cm (en haut); FlaconPunch'ongauxmotifslinéairesgravés, XVèmesiècle, haut.23.5cm (en bas) 65


Pot en porcelaine bleu-blanc avec motif de prunier, oiseau et bambou, XVème siècle, haut.16.5 cm, Trésor No. 170 (en haut) ; Bouteille en porcelaine blanche avec motif émaillé peint en oxyde de fer, XV-XVIème siècle, haut.31,4 cm, Trésor No.1060 66

petites gens en quête de bonheur en ce monde et dans l'a utre. L'immense production de statues, peintures et sutras bouddhiques souligne combien le ,bouddhisme était encore pratiqué par la famille royale en dépit de l'adoption du néo-confucianisme comme idéal social. Toutefois, la statuaire bouddhique, déjà en déclin au début de l'ère Koryo, n'a jamais retrouvé la gloire de ses beaux jours durant Choson. Comme la triade bouddhique par excellence, bouddha, Chijang posai (le bodhisattva Ksitigar-bha) et Mirùk posai (le bodhisattva Maitreya), les sculptures bouddhiques étaient de belle qualité mais avaient perdu la superbe harmonie qui les rendait à la fois vibrantes et sereines au début des Trois Royaumes et d]J Shilla Unifié. Par contre, les peintures du début de Choson resplendissaient en çore de l'éclat de la tradition Kory6. On peut dire la même chose des articles en laque incrustés de nacre crées par les artisans du début de Choson en reprenant les techniques de leurs prédécesseurs de Kory6. La boîte en laque incrustée de chrysanthèmes et d'arabesques en nacre, prêtée par un collectionneur privé japonais est chargée de chrysanthèmes à l'avant et de volutes et arabesques sur les côtés à la manière Koryo, ce qui suggère qu'elle date de la période où les artisans recopfaient fidèlement le style de l'époque précédente. Vers le XYlème siècle, apparut un motif typique de Choson composé d'amples arabesques et de petits cercles serrés. Le motjf craquelé est aussi unique aux laques Choson ; il consiste en de petits morceaux de nacre agencés semblable à une boîte incrustée de pivoines et d'arabesques en nacre qui se trouve actuellement au Musée National de Tokyo. Le coffre à vêtements incrusté de grappes de raisin en nacre offre un exemple de la tendance qui se manifeste au XVIIème siècle et vise à transformer un artisanat en art en recouvrant tous les espaces vides de motifs. Au début de Choson les différences


entre les objets d'art exécutés pour la cour ou pour le peuple s'accentuent. Elles sont d'abord sensibles dans les poteries puis apparaissent dans tous les domaines artistiques. Pendant les cent premières années, l'héritage artistique de Koryo et Ming a beaucoup influencé Choson. La peinture devint une vocation si répandue parmi les érudits que les peintures de lettrés constituèrent un genre en soi. La tentative d'évoquer la réalité par une représentation hardie des sujets· dépeintshumains, animaux ou paysages-devint un trait inhérent aux artistes coréens. Liberté d 'expression et intuition permettaient de remodeler les formes de fa çon originale. · L'exposition d'oeuvres d'art des deux premiers siècles de Choson a offert une perspective nouvelle sur les arts en Corée si souvent considérés comme lourdement influencés par la tradition chinoise. Ces oeuvres témoignent d'une originalité typiquement coréenne, en particulier, dans les paysages réalistes et les peintures de genre qui abondaient alors. C'est la confirmation qu 'un climat culturel favorable engendre à toute époque des caractéristiques régionales et c'est un encouragement pour la communauté artistique coréenne contemporaine en quête d'une identité. +

Boîte en laque incrustée de nacre, XVIème siècle,haut.11,5cm (en haut); Triade bouddhique d'un reliquaire de stupa à l'intérieur de la pagode du temple Sujongsa, 1493, haut.13.8 cm

67


INTERVIEW

Huh Dong-hwa et son musée de la couture Kim Young-uk

Sous-rédactrice en chef, KOREA NA

''D

ans la société coréenne :ra~ionel,

1~

.brodei~

etait un genre artiStique ausst im)Xlrtant que la calligraphie et les autres arts. C'est une · forme d'art qui associe les caractéristiques de la peinture et de l'artisanat" Ainsi explique Huh Dong-hwa, · collectionneur d'art et directeur du Sajon-ga, autrefois appelé Musée de la broderie coréenne C'est le seul musée privé coréen consacré à la broderie, aux paravents et aux articles qui étaient alors utilisés dans la vie de tous les jours. Huh Dong-hwa a passé la m9itié de sa vie à collectionner des objets reflétant la vie des femmes traditionnelles coréennes. Sajün-ga se trouve dariS un bâtiment de cinq étages à Nonhyon-dong, au sud de Séoul. Le musée occupe le quatrième étage ; Huh Dong-hwa et sa femme vivent au cinquième. Lorsque je me suis rendu au musée ]XJUr la première fois, il était en train de le faire visiter à des touristes ja]XJnaises, et ceci dans un ja]XJnais parfait Le groupe était constitué de femmes au foyer ordinaires, dans la quarantaine. Lors d'une exposition au ]a)Xln, elles étaient tombées follement amoureuses de la broderie coréenne et des étoffes qui servaient à envelopper les objets. Ces femmes avaient été tellement impressionnées par ce qu'elles avaient vu qu'elles ont fait tout spécialement le voyage ]XJUr visiter le musée de Huh Dong-hwa. Elles étaient très attentives à ses explications sur les antécédents de chaque objet Le musée est un festival de couleurs et de formes, en partant des étoffes pour envelopper les objets en patchwork de 68

Huh Dong-hwa

ramiè translucide, des paravents sur lesquels sont brodés les dix symboles de la longévité, jusqu'aux délicats coffrets à fil faits de papiers colorés. Ce n'était donc pas surprenant que le livre d'or soit rempli de noms du monde entier. De nombreux visiteurs ont été fascinés par le dévouement et l'intuition artistique des femmes u·aditionnelles coréennes Tout ceci aurait été perdu si Huh Dong-hwa n'avait pas fourni tous ces efforts. 'Je pense que j'étais destiné à collectionner la broderie", dit Monsieur Huh. "Mon pseudonyme est Sajon : sa ]XJUr soie et j6n pour rizière. Je viens de la province de Hwanghae, une région en Corée du Nord, et ce pseudonyme reflète un désir de jeunesse de vivre comme les gens de la campagne. Aujourd'hui, je ne

peux pas m'empêcher de penser que c'était un signe : le domaine de la soie C'est à cela que j'ai consacré ma vie. ]'ai rebaptisé le musée Sajün-ga ]XJUr cette raison" L'intérêt de Huh Dong-hwa pour l'art traditionnel a commencé au début des années soixantes. li a d'abord collectionné des céramiques et d'autres objets de grande valeur, mais ce n'était pas simple. li.raconte : "A cette époque, la plupart des collectionneurs étaient intéressés par les calligraphies et les céramiques antiques qui rap)Xlrtaient beaucoup. ]'ai commencé moi aussi à collectionner des céramiques, cependant elles étaient tellement coûteuses que tout ce que je réussissais à me procurer c'était des pièces cassées qui avaient perdu les neuf-dixièmes de leur valeur initiale. ]ai donc décidé qu'il fallait que je collectionne quelque chose qui n'intéressait personne, et c'était la broderie. Les couleurs sont magnifiques, elles m'ont plu tout de suite. De plus, la plupart des broderies et des objets "ménagers" sont étroitement liés à la vie des femmes, c'etait ainsi une jolie façon de partager ma passion avec ma propre femme" Dans la société traditionnelle, la broderie était l'élément de décoration le plus im)Xlrtant dans les vêtements coréens. Elle ajoutait brillance et vitalité aux habits traditionnels. En effet, la broderie était omniprésente dans la vie coréenne de tous les jours, à travers la literie, les coffrets à fil et à baguettes, les paravents, les cadres, et les étoffes ]XJUr envelopper les objets. Au départ, Huh Dong-hwa collectionnait la broderie et les objets de tous les jours car cela était relativement simple. Leur valeur monétaire étant très faible, personne d'autre


ne s'y intéressait Mais, comme mentionné plus haut, c'était également une façon de partager son passe-temps favori avec sa femme, le dentiste Park Young-sook Celleci a longtemps été intéressée par le travail des femmes dans la société traditionnelle. Elle passait des heures à confectionner des moules dentaires de plâtre ou de cire, et ced avec l'habileté et le dévouement d'un ~ulpter.

Depuis le début des années soixantes, le couple a parcouru la Corée, recueillant une vaste collection d'objets et d'accessoires brodés. Parmi ces objets, ils ont récupéré un paravent du XIIIème-XIVème siècles sur lequel sont brodées' les quatre saispns (Trésor No. 635), un brodé du XVème siècle Chasu kasa (Trésor No. 654), et une étoffe püur envelopper les objets sur laquelle est brodé un dessin de dragon utilisé à l'époque par une reine Qjoryongwangbibo (Objet Folklorique No. 43). Pendant plus de trente ans, Huh Dong-hwa et sa femme ont collectionné quelques 3.000 objets, dont de nombreux paravents, exemples de la broderie bouddhiste, des étoffes pour envelopper les objets et des accessoires

utilisés par les femmes sous la dynastie de Chosün (1392-1910). Il y a quelques décennies, les objets brodés étaient plutôt banaux, ils ont cependant commencé à disparaître avant même que leur valeur artistique ne soit reconnue. Grâce aux efforts de Monsieur Huh une part non-négligeable de l'héritage culturel coréen a été préservée. "Peu de gens étant intéressés par ce domaine, les articles brodés étaient alors abordables," dit Monsieur Huh "Cétait une simple histoire d'offre et de demande. Et ma plus grande inquiétude était que la valeur et la beauté de ces articles puissent être découvertes et reconnues par des étrangers, avant que les Coréens ne le fassent eux-mêmes. Si nous n'avions pas été prudents, nous aurions pu perdre un patrimoine important Et c'est pour cela que j'ai recommandé à mon entourage de collectionner la broderie et les autres objets artisanaux." Peu de gens ont cependant suivi le conseil de Huh Dong-hwa, car la broderie n'avait pas de valeur monétaire, elle n'intéressait donc personne. Monsieur Huh

a monté sa collection comme un hobby, mais il s'est rapidement rendu compte que c'était une véritable mission, et ceci non sans raison. Il remarque, "la broderie coréenne diffère de celle occidentale dans son réalisme, ses motifs de décoration, ses couleurs brillantes et sa composition délicate. Plus on les observe, plus on est captivé par sa beauté." La broderie coréenne est étroitement liée au développement des techniques de tissage et de teinture, ainsi qu'à la propagation du Bouddhisme. Certains spécialistes pensent que la broderie est un art qui s'est répandu en Corée par l'introduction du Bouddhisme lors de la période des T(ois Royaumes (Ier siècle av.JC-VIIème siècle av].-C). D'autres suggèrent que la broderie de style asiatique a été introduite en Corée par la Perse, à travers l'Inde et la Chine, pendant la dynastie de Kory6 sous le règne du roi Kojong, lors de la première moitié du XIIIème siècle. Quelque soit son cheminement jusqu'à la Corée, la broderie était largement utilisée pendant la dynastie de Kory6, pour honorer Bouddha

Musée de la Broderie coréenne 69


La broderie a connu son ère de prospérité lors de la période de Chos6n, avec le développement de la culture de la cour. Effectivement, on l'utilisait énormément pour décorer les robes des rois, les costumes de mariage, et plus tard pour les costumes des hommes de la cour. Ce n'est qu'après que l'usage de la broderie s'est répandu à toute la population . La robe impériale (konnyongpo) portée par le roi était· décorée aux épaules et à la poitrine d'insignes ronds su_r lesquels des dragons étaient brodés en fil d'or. Quant aux robes des courtisans, elles étaient simplement brodées de a·anes ou de tigres sur la poitrine et dans le dos. Enfin, la reine et les princes portaient, eux, des toges très généreusement brodées. Ce n'est que lorsque l'utilisation de la broderie est devenue partie intégrante de la société coréenne, sous la dynastie de Chos6n, qu'elle s'est étendue à la population courante

Oie en bois enveloppée d'un pojagi 70

Les paravents et les pojagi Pendant plusieurs années Huh Donghwa s'est focalisé sur la collection de paravents qui étaient utilisés pour diviser les pièces ou tout simplement comme décoration Puis, au début des années 70, il est tombé sur une magnifique étoffe pour envelopper les objets dans la province de Kangw6n, c'est ainsi qu'il a commencé à collectionner aussi les pojag4 ces étoffes qui font aujourd'hui sa renommée. A cette époque, personne ne voyait de raison de collectionner les pojagi, ils étaient alors faciles à se procurer. Cependant les nouvelles se répandent vite, et malgré le fait que les gens trouvent étrange la passion de Monsieur Huh pour les étoffes sales et usées, il n'a pas fallu longtemps avant que les antiquaires du pays ne le contactent à propos de ses objets brodés. Sa collection d'étoffes pour envelopper les objets est maintenant composée de plus de 1.000 pièces, la plupart recueillies lors de ses

innombrables excursions à travers la péninsule coréenne ''Les gens n'arrivent pas à croire que )ai plus de 1000 étoffes d'emballage dans ma collection, mais ceci ne me smprend pas du tout. Comparé à l'envergure de notre patrimoine culturel, cela ne représente rien," souligne Huh Dong-hwa 'Un de mes a1ticles les plus incroyables est une collection de souvenirs de dots, vieille de 130 ans, que j'ai récupérée par accident Elle contient tous les objets qu'une épouse de la période de Chos6n était censée apporter dans la maison de son mari, juste après le mariage. La liste du contenu de la collection comprend non seulement les vêtements et les étoffes standards, mais également plus de 60 pojagi : des pojagi pour emballer les présents pour la belle-famille, pour .recouvrir la table, pour envelopper l'édredon nuptial, pour envelopper les vêtements, et bien d'autres encore. Douze pojagi supplémentaires


Un pojagi brodé

étaient ajoutés "au cas où". En tou~ cette dot était composée de 500 pièces d'étoffes, et de 122 pojagi. En fait, chaque pojagi servait à envelopper 10 étoffes, faisant donc un total de 50 pojtg4 et les 72 restants étaient utilisés à d'autres fins. Ajoutez à cela plusieurs douzaines de pojtgi non. spécifiés dans cette liste, et vous obtenez une dot composée de quelques 200 étoffes pour envelopper les objets. Et poutan~ cette collection si riche et variée· n'aurait suffit aux besoins que de cinq jeunes mariées ! Huh Dong·hwa a abandonné une carrière commerciale prometteuse afin de se consacrer à la collection de broderies et de pojtgi Au cours de toutes ces années il a rassemblé autant d'objets que d'anecdotes. li nous raconte sa rencontre avec une vieille femme, il y a maintenant plus de 20 ans de cela: 'j'avais entendu parlé d'une femme âgée qui cherchait quelqu'un pour prendre soin d'un paravent qui avait appartenu à sa famille pendant des générations. 100 petits garçons étaient brodés dessus, chacun jouant à un jeu folklorique différent. Il datait de la dynastie de Chos6n et représentait la fertilité et la naissance de nombreux garçons, exemple même de l'artisanat de l'époque. Il étai t dans d'excellentes conditions. Cette femme appattenait à une grande famille, un de ses

ancêtres avait été gouverneur de P'y6ngyang. Elle avait perdu son mari pendant la guerre de Corée et s'était installée en Corée du Sud, avec ce paravent comme unique souvenir. Elle n'avait pas eu une vie facile, devant élever son fils seule Et à présent sa belle-fille voulait se débatTasser de ce pat·avent qu'elle trouvait démodé et trop coloré. La vieille femme craignait que sa belldille ne le détruise. Ainsi, après m'avoir rencontré, elle me demanda d'en prendre soin pour elle. Elle

Un pojagi fait de pièces et de morceaux

Les objets brodés, auparavant banaux, risquent de disparaitre. C'est grâce aux efforts de M. Huh, cet heritage culturel peut être préservé. 71


pleurait lorsqu'elle me le confia" Les choses ont changé depuis. Les " Coréens commencent à reconnaître la ~::> valeur de leur culture traditionnelle n y a juste quelques décennies de cela, les objets comme le paravent de cette vieille dame étaient de la camelote pour eux Plus tard, un antiquaire qui était au courant des recherches de Huh Dong-hwa le contacta à propos d'une autre dame âgée. Elle aussi possédait un vieux paravent qu'il lui avait été offert par le palais royal où elle avait servi la cour. Lorsque plus tard Huh Donghwa mena une enquête, il s'aperçu que le paravent avait été vendu à un escroc, soitdisant collectionneur, pour trois sous. "Le paravent était si large qu'il s'étendait sur la longueur de deux pièces," dit Monsieur Huh. "Cette vieille femme n'avait justement que deux pièces chez elle, il était donc extrêmement encombrant. Elle s'en est donc débarrassée. Voilà un autre exemple qui montre bien que les gens ne connaissent pas et ne savent pas bien apprécier la culture traditionnelle Ce serait bien gu~ toutes ces pièces soient préservées, mais, dans de nombreux cas, leur valeur est totalement ignorée et elles sont vendues à des collectionneurs étrangers qui les sortent de la Corée Cest un sujet qui me préoccupe" Les pojagi sont vraiment très beaux, et ressemblent à de la peinture abstraite. Ils auraient pu être complètement mis aux oubliettes si Monsieur Huh ne les avaient pas préservés comme un véritable patrimoine culturel Le pojagi date d'avant la dynastie de Chosün Il était utilisé dans la vie coréenne de tous les jours : pour envelopper les choses, pour les couvrir, ou les transporter. Le pojagi est divisé en deux principales catégories d'après les utilisateurs : ceux qui étaient utilisés à la cour (kungbo) et ceux qui étaient utilisés par la population (minbo). Ceux-ci étaient eux-mêmes divisés en de nombreuses autres catégories selon la matière, le motif, et l'utilisation que l'on en faisait : les double-couches ky6ppo, les simple-couches hotpo, les édredons, ceux (De haut en bas) Panneau de paravent qui étaient rembourrés de tampons de sur lequel sont brodées les quatre coton pour protéger les objets fragiles, les saisons; Détails vus de près; Panneau d'un paravent brodé de fleurs matelassés, les jaquettes faites en papier ~

~ 2.

72

huilé, les patchworks, les grandes étoffes qui servaient à porter et à ranger la literie, les plus petites pour ranger et porter les vêtements, les nappes sangbo, et enfin les étoffes nuptiales (œmulbo). Les pojagi en patchwork reflètent bien la frugalité, la méticulosité et la créativité des femmes sous la dynastie de Choson. Ces femmes récupéraient des chutes de tissu de vêtements et d'autres travaux de couture, elles les combinaient ensemble et en faisaient de vélitables oeuvres d'mt li n'y avait pas beaucoup de débouchés pour le talent ou les intérêts des femmes sous la stricte dynastie de Choson. A travers ces pojagi, nous découvrons alors l'incroyable énergie et la tenacité de ces femmes. Mais nous pouvons également y percevoir leur rêves, leurs espoirs, leurs peines et leurs frustrations. On ne peut alors que s'émerveiller devant autant de sens artistique et de sensibilité. "Chaque nation a son propre patrimoine culturel", dit Huh Dong-hwa 'Je suis persuadé que si je ne l'avais pas fait, quelqu'un d'autre aurait reconnu la valeur de la broderie et l'aurait alors collectionné. Les pojagi sont cependant une autre histoire Le ministre de la Culture, Monsieur Lee 0ryoung, m'a présenté comme l'homme qui a sauvé les pojagi coréens de l'oubli li est vraiment très généreux dans ses louanges." Les pojagi faits de pièces et de morceaux d'étoffes sont par-ticulièrement appréciés de no.s jours pour leur couleur et leur matière. L'utilisation fréquente de monochromes de ramie pour les pojagi, et les sortes de Mondrian -formes géométriques en soie pour les nappes-, sont aussi familiers et agréables pour l'oeil que n'importe quelle oeuvre d'art moderne La première exposition de la collection de Huh Dong-hwa s'est tenue au Musée National de SéouL en 1978. Intitulée "500 ans de broderie traditionnelle coréenne", c'était la première exposition populaire depuis longtemps. Elle s'est tenue également une seconde fois à Séoul, lors des Jeux Olympiques de 1988, à Frechen, en Allemagne au Musée Keramion en 1983, mais aussi à l'université d'Oxford, à la Galerie IBM de New York, au Musée de l'art Folklorique à Tokyo, et plus


récemment lors' d'une tounée ·au Japon intitulée 'Une exposition de la broderie et des pojagi de la dynastie de Choson". Plus d'un million de visiteurs sont accourus à l'exposition de Taejon, en 1993. La réaction unanime des étrangers devant les pojagi et la broderie a été fabuleuse. Nombreux sont ceux qui pensent à un Mondrian ou à un Klee lorsqu'ils sont devant un pojagi. La broderie, elle, laisse les personnes sans parole. Huh Dong-hwa est terriblement occupé par ses expositions en Corée et à l'étranger, et parce que son musée est privé et si petit, il est obligé de faire toutes les préparations lui-même. Le musée est constamment en déficit. Il n'y a jamais assez d'argent pour couvrir les dépenses dè restauration et de conservation. Récemment il a ainsi commencé à fabriquer et à vendre des impressions de paravents, des cartes postales, des tasses et autres cadeaux reproduisant des pojagi de sa collection, mais ça n'a pas été vraiment très fructifiant. Huh Dong-hwa et sa femme ont également recueilli des pierres "à repasser" utils~e par la société traditionnelle. Les femmes utilisaient autrefois des maillets de bois pour battre le ramie, blanchir les tissus de chanvre et le coton sur de longues pierres rectangulaires. Ils en ont collectionné plus de 600. Lorsque Monsieur Huh trouve un objet à rajouter dans sa collection, il n'abandonne pas tant qu'il ne l'a pas obtenu. Cependant, lui et sa femme ont décidé l'année dernière de faire don de leur collection au Musée National, actuellement en travaux. Monsieur Huh a également offert quelques objets au Musée Folklorique National et à d'autres musées publics. Malgré cela, il n'a pour le moment pas l'intention de faire don de sa collection de pojagi, ceci parce qu'ils demandent beaucoup de soins. En effet, Huh Donghwa et sa femme sont à la recherche d'un successeur qui s'occupe de leur collection avec autant de dévouement et de méticulosité qu'eux. Monsieur Huh a stupéfié la communauté artistique coréenne l'année dernière. Il a d'ailleurs été nommé artiste

de l'année par le gouvernement pour Sün exposition de collages et d'installations qu'il a créé avec des restes et des petites pièces de sa collection. Des outils de fermiers et des objets ménagers ont été transformés entre ses mains en de véritables oeuvres d'art. Huh Dong-hwa est d'autant plus occupé en sa qualité de directeur de l'Association coréenne des musées privés que l'Assemblée Nationale est en train de réviser les lois sur les musées. Monsieur Huh a redécouvett le concept coréen de la beauté et de la culture traditionnelle et il poursuit sa mission de les protéger pour les futures générations. +

(De haut en bas) Peinture bouddhiste brodée; Sculpture de Huh faite à partir d'anciens outils agricoles; Huh et son épouse Park Young"SOOk

~

.....:..:

73


CHEMIN FAISANT

I1œ wilm~ 1rmiD~cQlCI

@~oml

Kim Kwang-on Professeur d'études folkloriques Université !nha

74

~@Wml

œu

L

e village Yangdong à Wolsüng se situe à 40 li (16 kilomètres) au · nord-est de la ville de Kyongju. li appartient à Kangdong-myon, Wolsong-gun, province de Kyongsang du Nord. Au sud du village, le ruisseau Allak et le fleüve Hyongsan se joignent pour se verser dans la Mer Est. De l'autre côté du fleuve passent la ligne ferroviaire Tonghaebukbu et une autoroute reliant ses deux villes environnantes, Kyongju et P'ohang. Audelà de ces routes ferroviaire et automobile, s'étend la plaine Ankang qui a nourri pendant cinq cents ans le village


L'histoire du village Yangdong se traduit par ses nombreux biens culturels, qu'ils soient désignés ou non. On y trouve trois trésors, neuf objets culturels d'importance, un bien culturel provincial, et un monument naturel. Tous ces trésors et objets folkloriques d 'importance consistent en maisons individuelles, constructions annexes et pa villons. Seul le village Hahoe possède plus de bâtiments désignés que le village Yangdong. Yangdong est niché dans une rangée de vallées et coteaux; encadréepar les monts SOlch'ang et Songjubong. Le village est quasi-in v isible, vu de la route.

d'Andong. Le village, séparé de Kyongju et de Pohang de 40 li respectivement, est relié à la ville de Taegu à travers la ville de Yongchon qui se situe à 60 li à l'ouest. Autrefois, le commerce par le fleu ve Hyo ngsa n était actif permetta nt une introdu ction abondante des produits halieutiques provenant de la Mer de l'Est. Aujourd'hui on ne trouve aucune trace d'une telle activité. Malgré l'avantage d'être desservi par des routes ferroviaire et automobile et entouré d'un fleuve et d'une plaine, le village Yangdong a l'air étriqué, prenant place dans les vallées formées par le Mont SOlchang

(95 m) au nord et le Mont SOngjubong (109 rn) au sud-est. Vu du côté de la route, le village est quasi-inapercevable. Quant au côté sud du village donnant sur le fleuve, il est encadré par des précipices, ce qui ne donne aucune possibilité de s'élargir. Le premier membre du clan Son à s'être installé au village était Son So (1433-1484), le deuxième fils de Son Sa-sang, descendant de la quatrième génération du fondateur du clan Son. Son So était le gendre de Yu Pok-ha, militaire de quatrième grade. Ce dernier appartenait à une famille Yu (originaire de P'ungdok). Son So déménagea au village Yangdong lorsqu'il

hérita du terrain de son beau-père, Yu Pokha. Avant le déménagement de Son So au village Yangdong, c'était la famille Yu qui y vivait A l'époque du royaume Koryo (9181392), un officiel du nom de 0 légua sa propriété à son gendre qui appa1tenait à la famille Chang. Comme vu dans ces cas cités, la propriété familiale a été souvent transmis au gendre au village Yangdong. Yi Pon, le gendre de Son So, avait un fils appelé Yi 6 n-j6k (1491-1553). Grâce à ce dernier, la famille Yi (originaire de Yogang) pouvait élargir sa prise dans le village Yangdong, ce qui a fait miître une tension entre les familles Son et Y ~ et des conflits entre eux se poursuivaient pendant plusieurs siècles. C'est pourquoi le village Yangdong est appelé le "village des descendants maternels'', et on disait qu'il y avait cinq villes au village Yangdong pour les cinq familles de 0 , Chang, Yu, Son et Yi 75


Parmi elles, la lignée de la famille Yu est interrompue et c'est leurs descendants maternels qui effectuent les rites ancestraux pour la famille Yu Son So était un fonctionnaire de la Dynastie Chos6n 0392-1910). il entra dans les services publics après avoir réussi un concours militaire en 1459. Son premier poste fut dans le bureau des courriers diplomatiques. Plus tard, il devint le magistrat de SQngjubong et d'Andong, et le titre de "Kyech '6nggun", (prince de Kyech'on) lui était décerné. TI était connu pour son intégrité. Comme il se précx:cupait de ses sujets comme s'ils étaient ses propres enfants, il était respecté comme modèle des officiels gouvernementaux. Lorsqu'il était en poste à Songjubong, une sévère sécheresse sévissait dans la région, mais aucun villageois ne souffrait trop grâce à son administration attentionnée. Plus tard, lorsque son mandat arrivait à terme, les villageois présentèrent une pétition au roi pourqu'il y reste encore et le roi accepta cette demande. Il était également un fils dévoué à ses parents. s~ à travers toute sa carrière, il n'occupait que des postes loin de la capitale, comme ceux de Songjubong,

Andong et Chinju, c'est parce qu'ille voulait lui-même pour bien s'occuper de ses parents qui vivaient à Kyongju. Le roi luimême était impressionné par son amour filial et lui accorda des postes qui lui convenaient Son portrait que conserve l'un de ses descendants est désigné bien culturel provincial n' 15 par la province du Kyongsang du Sud La maison que fit construire Son So est actuellement occupée par Son Tong-man, le descendant principal de la famille Son (originaire de Wols6ng). Elle est désignée bien folklorique d'importance n• 23. Lorsque Son So cherchait un bon site pour sa maison, le géomancien qui l'accompagnait lui indiqua l'actuel emplacement en disant que "des figures éminentes naissent sur une ten·e aride. Cet emplacement produira trois grands hommes". La prédiction s'est réalisée à 70 %. Le premier grand homme s'est révélé le deuxième fils de Son So, Chungdong (14641529), qui passa avec succès le concours "sama", concours d'entrée dans l'administration destin.é au choix de jeunes officiels, en 1482, et un autre concours

destiné au choix des officiels de haut niveau en 1489. Il était magistrat de Yangsan et Sangju, ainsi que ministre des travaux publics et ministre du personnel, avant d'occuper un poste de deuxième rang dans l'Office tutélaire du prince héritier. Plus tard, il devint le premier secrétaire royal et inspecteur général il était par ailleurs gouverneur des provinces de Kyongsang, Cholla et Hamgyong. Lors du règne du roi Chungjong, le titre "d'officiel d'intégrité'', lui était décerné. Le deuxième grand homme s'est avéré Yi 6n-jük (1491-1553), dont la mère était la soeur de Son So, épouse de Yi Pon (son nom de famille Yi est originaire de Yogang). Yi 6n-jük était un célèbre savant néo-confucianiste de l'époque Choson. Il était considéré comme "le sommet le plus élevé du tao'!Sme à la fois dans la théorie et dans la pratique à l'époque Chos6n". il passa le concoms d'entrée dans l'administration à l'âge de 24 ans, et devint le magistrat de Miryang et puis occupa des postes dans les Ministères du personnel, des rites et de la justice avant de devenir le quatrième conseiller d'Etat. Il mourut à 63 ans à Kanggye où il était exilé. On le rappelait

Le sarangch'ae ou le quartier des hommes dans la maison principale de la famille Y ogang Yi 76


moins comme un haut fonctionnaire que comme un savant qui joua un rôle de pionnier dans l'établissement et l'élaboration du néo-confucianisme. On le respectait d'autant plus qu'il était quelqu'un qui atteignit un tel niveau de savoir, non à l'aide des maîtres mais tout seul, et qu'il mettait ses idées en pratique. Or, cette grandeur et cette performance excellente de Yi 6n-j6k faisaient ombrage au clan Son Ce dernier pensait que le clan Yi lui avait ravi l'un des t~ois grands hommes prédits. C'est parce que les gens de l'époque de Chos6n ne considéraient pas leurs filles comme un membre de leur clan même si elles partagent le même sang. Ceci explique l'origine de la tradition des Yi, lorsque leurs filles retournent chez les parents aux derniers jours de la grossesse, ils obtien~ encore aujord'h~ que leurs filles accouchent dans une maison voisine et non sous leur propre toit lis attendent encore le troisième grand homme. Deux familles dominantes La réussite de Yi 6n-j6k a permis à la famille Yi de Y6gang de jouir de la réput,~ion et du pouvoir considérables, ce qui provoquait des conflits continuels entre les deux familles de Son et Yi. Le conflit entre les deux familles commença lorsque la famille Son affirmait que la base accadémique de Yi était fondée par Son Chung-dong, son oncle maternel. Le père de Yi 6n-j6k mourut lorsque ce dernier n'avait que 10 ans et ensuite il a été éduqué par son oncle maternel, le suivant toujours malgré son nombreux déplacements düs aux changements de postes. La famille Yi réfutait cette affirmation. La jalousie entre les deux clans concernant le nombre des personnes ayant un poste dans l'administration ou les bons sites de tombe ont été intenses, et même aujourd'hui les deux familles rivalisent à l'égard de la performance scolaire de leurs enfants. En 1971, j'ai visité le village Yangdong avant de recommander que les vieilles maisons du village soient désignées biens culturels. Je me suis rendu d'abord à la maison de la branche principale des Son et ai demandé à quelqu'un d'amener quelqu'un des Yi en vue de discuter

ensemble de mes recherches. Mais aucun membre du clan Yi n'est apparu. j'ai dü effectuer mes recherches seulement avec l'aide de la famille Son, à la suite desquelles quelques maisons ont été désignées biens folkloriques d'importance. J'ai plus tard appris que la famille Yi ne voulait pas me voir dans une maison des Son lis auraient pensé qu'il est plus important de garder leur amour propre que de voir leurs maisons être désignées comme biens culturels. Quelques années plus tard, les maisons des Yi ont également été désignées comme biens culturels. Selon un recensement effectué en 1819, le village comptait 91 foyers. Depuis, ce nombre a un peu augmenté. En 1973, le village comptait 165 foyers, pour diminuer à 151 en 1979. Depuis, le nombre n'a cessé de décroître. En 1973, il y avait 28 foyers des Son et 88 foyers des Y~ contre 16 et 80 en 1979 ; les autres familles comptaient 55 foyers. Au village Yangdong, la population des Son est moindre que celle des Y~ mais si l'on ·; tient compte des régions environnantes de Kangdong-my6n et de Ky6ngju, les Son sont plus nombreux Les grandes maisons du village appartiennent toutes aux maisons principales ou dérivées des Son ou des Yi Notamment dans le cas de la famille des Yi qui avait essaimé plusieurs fois, chaque branche dérivée faisait construire un pavillon et se faisait appeler par le noin de ce pavillon. C'est ainsi que la lignée de la maison principale s'appelle la branche Much'6mdang ; la lignée du deuxième fils, la branche Yangj6lj6ng ; la lignée du troisième fils, la branche S6lch'6nj6ng ; la lignée du quatrième fils, la branche Sujüldang ; et la lignée du cinquième fils, la branche Owij6ng. Cela va sans dire que d'appartenir à la maison principale ou d'avoir un pavillon ilustren~ avec d'autres symboles, l'autorité en tant que "yangbari' et leur pouvoir au sein du clan. D'autres symboles consistent en maison destinée aux rites ancestraux bâtie sur le site tombal, pavillon abritant la stèle en pierre, généalogie du clan, recueil des écrits des ancêtres, collection des anciennes archives ainsi que rizières dont la récolte est réservée aux rites. Dans ce village, le pouvoir ou la

réputation d'une famille s'évaluent en fonction de l'emplacement de la maison. Les grandes maisons des familles Sons et Yi se situent sur une arête. La maison de la branche principale s'installe sur un terrain situé plus haut et élargi et les maisons des branches dérivées, sur les terrains situés plus bas. On peut imaginer le rang d'une certaine famille en fonction de l'emplacement de sa maison Comme indiqué plus hau~ lorsque Son So cherchait le site de sa maison, le géomancien choisit l'actuel emplacement qui se trouve sur une arête dérivant du mont Munjangbong, indiquant que la terre fertile ne produit pas de grands hommes. Certes, le site a vu naîtt·e de grands hommes. Mais situé sur une pente où aucune source d'eau n'existe, se procurer de l'eau constituait un problème formidable dès le début. A l'époque où la famille possèdait nombre de domestiques,.deux d'entre eux se chargeaient exclusivement de la tache d'apporter de l'eau toute la journée du fond de la vallée, mais aujourd'hui on ne trouve personne à reprendre cette corvée, quelque soit le prix La famille Son creusait quelques mètres pour avoir de l'eau, mais en vain. Le problème d'eau n'a été résolu qu'à la fin des années 70, torque l'électlicité fut fournie au village et le service d'eau installé. Riche en biens culturels L'histojre du village Yangdong se traduit par l'abondance en biens culturels qu'ils soient désignés ou non On y trouve trois trésors, neuf objets folkloriques d'importance, un bien culturel provincial, et un monument naturel. Tous ces trésors et objets folkloriques d'importance consistent en maisons individuelles, constructions annexes et pavillons. Seul le village Hahoe possède plus de bâtiments désignés que le village Yangdong. Ces trésors sont: Much'6mdang (n' 411), petite maison annexe de la famille principale des Yi ; Hyangdan, la résidence d'une branche des Yi (n' 412) et le pavillon Kwan-gajüng de la famille des Son (n' 442). Les objets folklotiques d'importance sont : la maison de Son Tong-man (n' 23) ; la maison de Son Y6ng-ho (n' 73); la maison 77


de Yi WèSn-bong (n• 74), la maison de Yi WèSn-yong en· 75); la maison de Yi Tonggien· 76); la maison de Yi Hui-tae (n• 77); le pavillon SunjèSng de la famille Son en· 80) ; AllakjèSng, maison-école du clan Son en· 82); et Kanghakdang, maison-école du clan Yi (n• 83). Notons qu'il y a 15 maisons vieilles de plus de 200 ans. En termes de disposition, les maisons du village sont en forme d'un catTé, la disposition typique des maisons de classe supérieure de la Province de KyèSngsang. La moitié du càrré est réservée aux femmes, l'autre moitié, aux hommes. La disposition en forme de carré est une disposition idéale pôur ces maisons bâties le plus souvent sur une arête ou dans une vallée étroite, car ceci leur permettait d'utiliser efficacement l'espace limité. Cette fa çon de choisir les sites de maisons se traduirait par la mentalité des lettrés coréens qui préfèrent l'intégrité et les vettus au bien-être matériel Sur le côté avant de cette maison en forme de carré, se trouvent le portail, la grange et les demeures des domestiques en une ligne. A l'extérieur, la maison est entourée des chaumières où séjournent les sei-fs mariés. Ces chaumières s'appellent karapjip et on appelle leurs occupants karapkot, appellation méprisante. Les karapjip étaient bâtis tout près du mur de la maison principale, pour que ces demeures protègent la maison du maître tout en permettant au maître de donner ses ordres et de les surveiller facilement. Les serfs se rendaient à la maison du maître le matin et rentraient chez eux tard dans la soirée après y avoir travaillé toute la journée. A l'époque de ChosèSn, il était habituel que la classe supérieure possédât les serfs, mais leur appellation était différente selon les régions. Cest ainsi qu'ils étaient appelés hojijip dans la région sudouest, yutjip dans la province de Hwanghae et magarijip dans la province de P'yèSngan Au village Yangdong, il y a seulement quatre maisons ayant un autel ancestral, mais leurs taille et ornements sont extraordinaires. Dans le cas de la maison de la branche principale des Son, leur autel est entouré d'un mur séparé, doté d'un grand 78

portail. En face de ce dernier, une grande pièce planchéiée dans laquelle s'effectuent les rites a été installée. Un somptueux patterre de fleurs a également été préparé devant cette construction. On trouve un sabina chinensis magnifique dans un coin de la cour de l'autel (monument naturel de la province de KyèSngsang du Nord, n • 8), dont on disait qu'il a été planté au moment de la construction du bâtiment Dans cette maison, l'autel occupe plus de la moitié de sa surface totale. Etant donné que les pièces réservées aux femmes et aux hommes sont décorées d'une manière simple, la somptuosité de l'autel fait penser qu'il est un bâtiment principal de la maison au lieu d'un local annexe. On ne saura trouver un autre exemple qui illustre plus concrètement la valeur confucianiste de t'espect des ancêtres Une autre caractéristique des maisons de la classe supérieure du village Yangdong réside dans la différence entre la pièce principale occupée par la maîtresse de la maiso_n et celle occupée par sa belle-fille. La pièce prmcipale située à côté de la cuisine est au moins deux fois plus grande que celle de la belle-fille. De plus, le sol de la chambre de la belle-fille est couvert seulement d'une natte et le plafond n'est pas garni, laissant paraître le chevron. A l'origine de cette différence, se trouve l'enseignement confucianiste selon lequel on doit respecter son aîné. Certes, dans d'aun·es régions aussi, on peut voir que la pièce du père est plus grande que celle de son fils, mais il est difficile de trouver une telle différence existant entre les pièces de la maîtresse et de la belle-fille au village Yangdong. Là on peut voir à quel point ce village est marqué par le confucianisme. H e uresm e n ~ lorsque la belle-fille aura donné naissance à un enfant et appris comment gérer la maison, la belle-mère cède la gestion de la maison à sa belle-fille et elles s'échangent même leurs chambres. A l'égard de cette coutume, on disait dans la région Andong que "la pièce de derrière pousse à l'extérieur l'armoire de la pièce principale." Notons que dans les autres régions que la province de KyèSngsang, la belle-mère ne cède ni la gestion de la maison ni sa chambre. Dans la région

centrale, la belle-fille ne prend pas la chambre de la belle-mère pendant trois ans après la mon de cette dernière croyant que son esprit y demeure encore. Au village Ya ngdong, un autre enseignement confucianiste-la distinction entre les deu x sexes- , est également observé d'un e manière stricte. La disposition de la maison dans laquelle les qualtiers des femmes et des hommes sont strictement séparés à l'intérieur d'une même maison, les femmes vivent dans des demeures internes et les hommes, externes, et un mur est érigé autour du quattier des femmes pour protéger ces femmes des yeux insolents : ce sont des pratiques communes avec les autres régions. Mais au village Yangdong, elles sont effectuées d'une manière plus stricte. En 1972, j'ai interviewé une femme âgée de plus de 70 ans. Elle m'a dit qu'elle n'avait pas su comment était son mari pendant un an après le mariage. Son mari avait plusieurs frères de son âge et chaque fois qu'elle apercevait un homme à travers la petite porte qui relie les deux quartiers des hommes et des femmes, elle était curieuse de savoir s'il s'agissait de son mari : elle n'avait jamais vu son mari avant le mariage et après le mariage, son mari ne venait la voir que lorsqu'il faisait noir, et ce, suivant l'ordre de ses parents. Il ne restait que brièvement et disparaissait comme du vent. Durant toute sa vie, cette femme ne sottait presqt.!e jamais du quattier des femmes. Elle se plaignait qu'elle ne pouvait rester au milieu d'une foule, car ceci lui donnait le vettige. Par conséque~ elle n'a jamais tenté de visiter le Temple Pulkuk, ni même le marché. Cette distinction entre les sexes existe encore. Lorsque je me suis rendu chez Son Tong-man, descendant principal des Son, fai découvett que lui et sa femme qui habitent se uls dans la grande maison, vivent séparément séjournant chacun dans leur propre quartier. OksanSOwon Oksan SèSwon (institut confucianiste privé qui se sert également d'autel abritant les tablettes des ancêtres de l'époque ChosèSn) est situé à Osan-ri, An-gang-up,


Ky6ngju, province de Ky6ngsang. Il fut construit en 1574 par Yi Che-min, magistrat de Ky6ngju, et les lettrés confucianistes de la région en vue de commémorer Yi 6nj6k li a été désigné site culturel n ° 154. Le complexe fut construit à l'origine comme autel mais promut s6ux'5n en 1574 lorsque le roi S6njo octroyait un tableau ayant l'inscription Oksan (montagne de ja~e). li est l'un des 47 s6ux5n qui survécut au vent de destruction visant les s6ux5n à la fin de la Dynasie Chos6n sous le règne du Prince régent Taew6n-gun. l.a structure comporte diverses constructions : l'autel, Kuindang (hall de lecture), Amsujae (dortoir de l'ouest), Min-ujae (dortoir de l'est), Muby6nnu (bâtiment à deux étages situé derrière le portail), la porte Y6ngnakmun, Shindobigak (pavillon abritant une stèle en pierre), Ky6nggak (bibliothèque), P'an-gak (local conservant les manuscrits), Chegishil (local où sont conservés les ustensiles utilisés lors des rites ancestraux), 6s6gak (local conservant les archives), P'osa, Ch6ngdaemun (grand portail), Sangdang, Ch'einmun (porte de l'autel) et les portes Seshimmun et Kam~ a e n gmun . Parmi ces bâtiments, Kuindang, hall de lecture, a été utilisé à l'occasion d'événements et de réunions confucianistes. Ces événements ont lieu aux deuxième et huitième mois de chaque année. Plus de 1000 livres sont conservés dans ce s6ux5n, dont "Hoejae s6nsaeng munji' (les oeuvres du Maître Hoejae) et d'autres documents et livres de valeur. Notons . également un recueil d'essais de Yi 6n-j6k (trésor no 586) ; collection complète des neuf volumes de "Samguk sagt' (Histoire des trois royaumes, trésor no 525) de Kim Pu-shik ; la plus ancienne liste des candidats réussissant au concours des ouvrages classiques, trésor n ° 524 ; et "Haedong my6ngj6k" (recueil des calligraphies coréennes), trésor no 526. La maison qui se trouve de l'autre côté de s6ux5n· est Tongnakdang, résidence de Yi 6n-j6k (trésor n ° 413). Le bâtiment illustre la forme typique du quartier des hommes de classe yangban de l'époque Ch6son. Construit en un étage, le bâtiment a une pièce à ondol (parquet chauffant) à

(De haut en bas)Oksan SOwon, une maison-école confucianiste dédiée à Yi 6nj0k, un des plus grands savants confucianis tes de la période Choson; Tongnakdang, le quartierdeshommesdanslamaisondeYiOnjOk;Lequartierdeshommesestentouré de murs faits en partie de grilles afin d'offrir une vue des paysages environnants

l'ouest et une autre pièce planchéiée à l'est Cette dernière a des piliers angulaires au milieu de la pièce, indiquant qu'elle fut, à l'origine, une pièce à ondol Notons que la

partie du mur donnant sur les ruisseaux est faite de grilles pour qu'on puisse apprécier les ruisseau x et le paysage environnants. + 79


A LA DECOUVERTE DE LA COREE

Les plantes sauvages ·de Corée au printetnps Kim Tae-jeong

Directeur de l'Institut coréen de recherche sur la vie sauvage

1

1y a environ 4500 espèces de plantes en Corée. Les arbres et arbustes en représentent près de 3(Jl/o, les plantes herbacées correspondent aux 70% restant. Ces dernières, appelées communément "herbes sauvages", sont utilisées depuis les temps anciens dans l'alimentation et pour la confection de médicaments. Traditionnellement, elles avaient une ~portance primordiale et un homme, avant le mariage, testait sa prétendante sur ses connaissances en la matière. Encore aujourd'hui, au début du printemps, elles sont très prisées dans la cuisine, la médecine traditionnelle et même dans l'industrie. Comme depuis toupurs, là où l'on peut le mieux les voir, c'est aux moments des changements de saisons où elles tapissent le pieds des montagnes et des collines. En Corée, penser que le mois de mars est printanier peut être déroutant car à ce moment de l'année, il y a encore de la neige portée par les bourrasques d'hiver sur les montagnes et dans les champs. L'adonis, poksu-ch'o (Adonis amurensis), fleurit en premier dans la neige. Son appellation coréenne signifie littéralement "plante de la prospérité et de la longévité'' parce que sa vivacité permet à ses pousses de percer la neige et la g1aœ. Cette caractéristique lui doit

d'autres appellations comme celles de wonil-ch'o, "première herbe du jour", ch'ukkUmchon-hua, "souci en pot de côté", car eÜ~ r-essemble à un pot de souci vu latéralement, pingnyang-hwa, "fleur de glace", s6lly3n-hu;a, "fleur de lotus de neige'', ou encore 6nlmsae ko~ "fleur qui fait fondre la glace''. Comme ce dernier nom l'indique, cette plante dont les émettent de la chaleur, est capable percer la glace. Elle est très populaire sa floraison précoce mais aussi pour beauté de ses fleurs dont on rf-'norf-'rlrl souvent le motif sur les pages du mois de janvier des calendriers. Sur le Mont Halla de l'île la plus au sud de Corée, Cheju-do, on peut les voir fleurir dès le mois de janvier. Par contre, pour ce qui est des montagnes des régions centrales, il faut attendre le mois de mars et même juin, pour ce qui est du mont Paektu, au nord de la Corée du Nord Bien que cette plante contienne une substance to1(ique, de vieux écrits mentionnent ·que ses racines étaient utilisées pour soigner les furoncles. Elle était aussi connue pour ses propriétés dépuratives permettant de soulager la douleur et de fortifier le coeur. Quand la plante poksu-ch'o commence à fleurir, de nombreuses autres plantes se mettent à germer dans le sol gelé. Parmi


Poksuch'o (Adonis amurensis),plante

vivace de la famille des Ranunculaceae,,pousse dans les montagnes à travers le pays. Il s'épanouit en fleurs jaunes de jan vier à juin.

celles-ci on peut trouver yonbok-ch'o (Ado.xa mosclxuellina), norugui (Hepatica Asiatica), py)nsan param kkot (Eranthis pinnatifida) et ni5do param kkot(Eranthis stellata). Y6nbok-ch'o, "lotus de la prospérité", est appelé ainsi à cause du fait que cette petite plante pousse entre les racines de poksu-ch'o. Norugui est une plante médicinale Py5nsan param kkot et ni5do param kkot sont toutes deux de. très petites plantes hautes de 5 cm environ Poch'un-hwa, ( Cymbidium virescens) est une petite plante qui fleurit à la même époque. Elle est très recherchée pour la décoration des maisons car ses feuilles restent vettes tout l'hiver. Appartenant à la famille des orchidées, elle est connue communément sous les appellations de ch'un-ran, "orchidée de printemps", de ch'oran, "orchidée-herbe", de iw6l-ran, "orchidée de févrietJ', ou encore de san-ran, "orchidée de montagne". C'est une des plantes les plus répandues et les plus aimées en Corée On la trouve dans l'île de Cheju et dans le centre, sur les côtes et dans les régions montagneuses. Elle est particulièroement présente aux pieds des arbres des forêts denses de la côte ouest à · Koch'ang, Yonggwang ou Hamp'yong et de la côte sud à Haeanji. Autrefois, elle recouvrait ces régions mais aujourd'hui, il est difficile d'en voir à cause de cueillettes incontrôlées . Cette orchidée est très convoitee car elle est verte toute l'année, ~e des feuilles bien tourrtées, fleurit tôt e(aussi parce qtte ses fleurs ont un riche parfum. Elle constitue un · sujet de choix pour les peintures à l'encre. Bien qu'e!Tes aient ssuvent été ' ra~ées pour décorer les maisons, aut ~ ois ses racines étaient utilisées dans la médecine traditionnelle pour arrêteG- les hémorragies, pour ses propriétés dépuratives, pour les troubles de peau et po~r soi(l~ les . on mangeatt parf'ois sa tJge


' .

espèce d'orchidée avec tige et pétales violets foncés a été découverte récemment sur la côte sud. Ha-ran, ( Cybidium Kanran), originaire de Cheju-do, est une autre orchidée très populaire, en particulier auprès des amateurs d'orchidée. On l'utilise médicalement comme la poch'un-hua On pense généralement que les premières plantes à fleurir au printemps . sont celles qui poussent dans les coins ensoleillés et en basse altitude Or, la nature nous réserve parfois des surprises. Alors que la poksu-ch'o commence à fleurir, la neige tombe et les températures chutent dans les forêts près des sommets des montagnes. En dépit d'une telle adversité, les familles de lys et les familles de baies de Corée présentent de jolies fleurs. Les espèces sauvages les plus représentatives sont 6lleji (Erythronium japonicum), chung-Llimuri1t(Gagea lutea) et naddogaegamch'ae (Loydia trifora) pour la famille des lys, et Han-gyery5ngp'ul (Leontice microrhyncha) et samjiguy:3p-ch'o (Epimedium koreanum) pour la famille des baies. Olleji, également appelé sanudu, 6llegi ou pidan namul, ~use dans les forêts en altitude, là où le sol est riche et fertile. Cette plante commence à fleurir dans l'île R6je, dans la province du Ky6ngsang du Sud et au Mont Küm dans la province du Ch6lla du Sud, puis progressivement vers le nord dans les régions montagneuses centrales. Comme elle est riche en amidon, on la collectait pour l'alimentation et la lessive, et en particulier pour amidonner les chemises des hommes et les uniformes scolaires des filles. Les ours, sangliers et autres animaux sauvages l'appréciaient aussi à la fin de leur hibernation hivernale. Ses qualités furent un obstacle à sa prolifération. Elle ne pousse que dans un sol fe1tile où elle peut enfoncer ses racines profondément dans la terre. En été, ses graines tombent dans le sol et commencent leur processus de germination. Quand ses fleurs fânent sur la côte sud vers la fin du mois de mars, elle commence à fleurir au Mont Chiri, puis dans les monts T6kyu, Sobaek, T'aebaek, Taegwally6ng, Odae, S6rak et Kümgang. C'est un aliment très prisé au printemps pour son goût délicat et utilisé en 82

Poch'unhwa

Ôlleji

Modemip'ul

Halmikkot

Han-gyeryongp'ul

médecine traditionnelle comme stimulant pour l'estomac. Han-gyery5ng-p'ul qui fleurit en altitude à peu près au même moment que 1'6llej1; est aussi appelée moktan-ch'o, "herbepivoine", megamja "pomme de terre de montagne" ou pukllmyanœwak Son nom de Han-gyery6ngp'ul provient du fait qu'elle a été découverte dans la gorge Hangyery6ng du Mont S6rak. En plus de ce lieu, on en trouve dans les monts Taebaek, Hambaek, Kuryongry6ng et Hyangrobong. Sa floraison est précoce et comme cette plante produit des fruits, elle n'est pas utilisée dans la pharmacie traditionnelle Halmi kkot, (Pulsatilla cernua) qui pousse au début du printemps et qui est recouverte d'un duvet blanc, est très familière à la plupart des Coréens parce qu'elle joue un .rôle dans un conte traditionnel qui raconte l'histoire d'une fille qui avait le sens de la piété filiale On la trouvait communément dans les montagnes et les champs, mais de nos jours, elle est difficile à voir. Bien qu'elles soient vénéneuses, à leur état naturel, les racines sont utilisées comme fortifiants, antalgiques, anti-inflammatoires, excitant de l'estomac et astringent Elles servent aussi à traiter la dysenterie et la malaria, à soulager les courbatures, les névralgies et à stopper la diarrhée. Parmi ses différentes appellations, on trouve paekdu-ong, "vieil homme au x cheveux blancs", car les ailet~ de ses graines blanches font penser aux cheveux blancs d'un vieil homme quand elles mûrisen~ et nogo-ch'o, "vieille plante désolée", car ses fleurs ressemblent au dos courbé d'une vieille femme. Au moment où toutes __les fleurs mentionnées plus haut commencent à perdre leur fleurs et que leurs fruits commencent à se former, les modemip'ul (Megaleranthis sanicu!ifo!ia) se mettent à fleurir et leurs fleurs évoquent les pensées de femmes élégantes et timides du style de celles qui vivent dans les temple des montagnes. On en trouve que dans très peu d'endroits et c'est une espèce protégée car très rare. Quand elle se met à fleurir, c'est le signe pour les Coréens que le printemps est vraiment arrivé et que les montagnes et les champs vont verdir. +


ACTUALITES

L'Orchestre Philharmonique d'Asie Lee Soon-yeol Critique de musique

R

assembler des · musiciens remarquables ne suffit pas à créer un orchestre remarquable .. Les musiciens devraient travailler la main dans la main, baissant quelques fois leur son pour finalement harmoniser leur passion dans le but de produire un son universellement beau. Il ne s'agit donc pas seulement de mélanger les talents de chaque membre mais d'harmoniser "toi" et "moi", pour lequel il faudrait, premièrement, une coordination de rythme et, deuxièmement, une coordination de l'harmonie. La nature de l'orchestre étant ainsi, je ressentais et l'attente et l'inquiétude envers les concerts de l'Orchestre Chung Myung-whun Philharmonique d'Asie dirigé par Chung _ Myung-whun, le temps de préparation ayant été trop court. Mais les deux concerts du 29 et 30 janvier -qui ont eu lieu au Centre des Arts de Séoulfurent très app laudis, et loin de nos soucis. En enfonçant les barrières qui Après avoir joué la grande finale, la première symphonie de Brahms en C empêchent l'écoulement mineur, Chung Myu ng-whun s'est adressé ainsi au public qui l'apfacile de la musique, en plaudissait chaleureusement : répandant les lumières à "D'habitude je me sens beaucoup plus heureux lorsque je joue en Corée travers l'obscurité, en qu'à l'étranger. Mais aujourd'hui, je me provoquant le sentiment de la sens particulièrement heureux, car c'est depuis seulement une semaine que des liberation sans entraves, la musiciens de différents pays d'Asie se grandeur de Chung Myungsont réunis mais ils se sont vite familiarisés : voici donc le résultat bien qu'il whun s'impose à nous. ne soit pas parfait. Des conflits ne cessent de continuer dans le monde entier mais si tout le monde se réunit

comme les musiciens de cet orchestre, je crois que tout ira bien. Merci beaucoup." Chung Myung-whun voulait insister par là, sur la transcendance de la barrière exista nt entre différents peuples, ce qui était visiblement son objectif de la soirée. joie, étincelle divine Déesse descendue du Ciel Nous entrons, coeurs ardents Céleste, dans ton sanctuaire. Ta force réunit, magique Ceux qu 'éloignaient de vains caprices Tous les hommes deviennent frères Quand sur eux a plané ton aile C'est la force de la musique et la magie de la musique qui détruisent toute l'hétérogénie humaine. Elles font chanter les chants de joie aux frères du monde, et c'est ce souhait et ce cri que voulut exprimer Beethoven avec sa Symphonie no. 9. Avec "Les nations et les goûts réunis", François Couperin souhaitait un grand dénouement final, que les différents peuples s'harmonisent et s'unissent en gardant leur caractéristique unique. Par sa nature propre, un orchestre vise une grande harmonie des différents sons produits par différents instruments. Ainsi s'il est composé de musiciens de nationalités différentes, le sens de l'harmonie aura une particularité. C'est probablement pour cela que Chung Myung-whun a con çu l'Orchestre Philharmonique d'Asie. 83


ACTUALITES C'était au moment où il fut invité à diriger le concert inaugural du Forum international de Tokyo, sorte de centre culturel, que Chung Myung-whun a proposé sa création. L'Orchestre Philharmonique d'Asie, son voeu de longue date, a été ainsi créé, mais il fut né à Tokyo. La plupart des membres sont Japonais (68 Japonais, 15 Coréens, quelques-uns provenant d'autres pays d'Asie). Ce déséquilibre devrait changer avec le temps. Les orchestres japonais sont en général connus pour le haut niveau d'exécution de chaque musicien et l'excellente harmonie de sons produits par des instruments à cordes et à vent, mais ils manquent de passion et d'inspiration artistique. Il ne serait donc pas difficile d'imaginer que les caractéristiques de l'Orchestre Philharmonique d'Asie seraient les mêmes, la plupart de ses membres étant Japonais. Mais je me suis

84

Un orchestre, composé des m usicians de nationalité différentes, vise une grande harmonie, dont le sens en aura une particularité. C'est pour cela que Ch ung Myung-whun a conçu l'Orchestre Philharmonique d'Asie.

rendu compte finalement le jour de sa première présentation que cette inquiétude était inutile. Chung Myung-whun nous a montré comment l'eau devrait couler dans la musique, cela dans son interprétation de la première symphonie en C mineur de Brahms. En écartant les obstacles qui empêchent l'écoulement puissant, en répandant les lumières à travers l'obscurité qui flâne sans arrêt, en étendant le sentiment de libération dominant au moment où commence le grand écoulement, la grandeur de Chung Myung-whun s'approchait de nous. C'était un mélange d'air éthéré, la férocité de la flamboyance et les mouvements grandioses de la terre et de l'eau. ]'espérais seulement que le mouvement de son corps soit' aussi "coulant" que celui des maîtres de Taekùk. +


APERÇUS DE LA LifTERA TURE COREENNE

Kim oo-young

Le fait Je plus remarquable des oeuvres littéraires de Kim joo-Young tient à l'errance des personnages, ou encore leur "nomadisme" comme lui-même l'écrit. La compassion de Kim pour les pauvres et les faibles qui sont soumis à différentes formes de répressions, physiques et émotionnelles, est manifeste dans ses romans et nouvelles.

85


Dérive et amour dans l'œuvre littéraire de Kim Joo-young Kimjoo-yeon Critique littéraire

'anthologie de Kim Joo-young, A la recherche des oiseaux (Saerul ch'ajas6), pLibliée en 1987, es~ bien représentative de son œuvre qui couvre pas moins de deux décennies. Le volume contient quatorze nouvelles et romans, dont l'un des romans les plus importants de Kim, L'auberge (Kaekju). Tous les récits contiennent un certain nombre d'éléments qui vont constituer la spécificité du monde de l'auteur. Le fait le plus remarquable tient à l'errance des personnages, ou encore leur "nomadisme", comme lui-même l'écrit. La compassion de Kim pour les pauvres et les' faibles, qui sont soumis à différentes formes de répressions, physiques et émotionnelles, et qui apparaît nettement dans ses longues œ uvres des années 1990 avec Hwach'6k (tes bouchers) et Yaj5ng (tes masses), est aussi manifeste dans ses au tres romans et nouvelles. Ceci est également vrai pour les personnages qui apparaissent dans le recueil A la recherche

profession ou la classe sociale ne définit pas le personnage même si la littérature populaire accorde une place de choix à ces aspects pour aider à préciser le point de vue idéologique des protagonistes. Cependant même dans les romans populaires coréens,, il n'est pas fréquent de voir les personnages se tenir en marge de la société, ce qu'ils font dans l'œ uvre de Kim. Le thème principal de ses récits renvoie à des personnages aliénés par la société dominante. L'érotisme effronté, qLii peut, par moment, être déchirant, est l'autre élément qui caractérise son œuvre. Les scènes suivantes, extraites de deux de ses récits, l'illustrent assez bien.

L

des oiseaux Le serviteur Hwang dans '1e temps du sommeil" (Hyumyüng-gt), les orphelins de la crèche dans "L'adoption modèle" (Mob6m sayuk), le colporteur dans "L'apprenti voleur" (Toduk ky6nsiîp), le chiffonnier dans ''Notre adorable maison" (ChUlg6un uri chip), la femme du boucher dans '1e couteau d'un boucher" ( Ch'6nchungLii k'al), l'orpheline réfugiée dans "les monts couverts de neige" (Ikniîn sanm6ru), la femme illettrée dans "Les oiseaux en hiver" (Ky6ul sae), les deux générations de veuves dans "Le grondement du tonnerre" ( Ch'6ndung son), les escrocs dans "Compte rendu d'un 86

Les personnages de Kim viennent invariablement des régions agricoles et vivent en marge de la société.

voyage au marché de Oech'on" ( Oech'onjang kihaeng) et le fils du colporteur dans "Primevère du soir" ( Talmaji kkot) sont tous de tels personnages. Invariablement, ils viennent de régions agricoles et vivent en marge de la société. Ce fait n'est pas habituel dans les romans coréens. Un roman doit avoir affaire avec des émotions universelles comme la fru stration, l'isolement, le désespoir. Dans la plupart des cas, la

Néanmoins, c'est quand même beaucoup mieux que la cabane où nous avons véc u au sommet du quartier Taebang. Je n'ai plus à me soucier du toit qui s'en va quand le vent de Sibérie se rue sur nous, et il n'y a plus ces bâtards de fonctionnaires, portant brassards, qui fanfaronnent avec arrogance à propos d'ordres d'évacuation, d'organisation de la cité ... C'est assez d'en rendre un fou, complètement fou. Seul un ourson stupide n'aurait pas été irrité par la façon de se conduire de gens assez vieux et plein d'expériences avec moi-un jeune enfant aussi innocent qu'un ange- allongé bien droit à côté d'eux. De toute façon après cet incident, mère aurait toujours dit, avant de commencer les exercices de tous les soirs : "Voyons si ce gosse dort vraiment". Elle aurait alors enfoncé un doigt dans mon orbite et l'aurait tourné


et retourné. (L'apprenti voleur, p.70).

... Même si la chambre sentait mauvais, nous allongions les jambes et tirions les couvert ures jusqu'à nos oreilles. Aussitôt allongé, père aurait retiré les dessous de maman et même si une des fesses de ma mère était venu à toucher mon épaule j'aurais marmonné, pour ne pas les déranger dans leur activité nocturne, quelque chose qu'un enfant marmonne quand il est profondément endormi. (Notre adorable maison, p.97). Des scènes semblables apparaissent dans toutes les œuvres de Kim. Celles, où les pauvres et faibles gens font l'amour, sont accompagnées d'une note sordide, humoristique ou désespérée, mais les plus impressionnantes sont humoristiques. L'érotisme quand il devient le su jet principal d'une œuvre littéraire laisse sousentendre de nombreuses choses. Dans les cas extrêmes il tend vers la pornographie. Pour le meilleur, il peut être compris comr~1e un effort désespéré pour sauver l'h umanité. Plusieurs degrés d'érotisme existent entre ces deux extrêmes. Où se situe dans ce spectre l'érotisme dans l'œuvre de Kim ? L'érotisme chez ce dernier semble lié à l'affirmation de la sympathie pour les autres. La compassion, une profonde sympat hie pour la souffrance des autres, sont les éléments de base de la littérature. La compassion est une forme d'amour qui permet d'être associée aux souffrances des autres sans devenir possessif. La compassion, inhérente à l'érotisme dans l'œuvre de Kim, emprunte discrètement deux directions. Premièrement, ses personnages s'étreignent les uns les autres pour se consoler et trouver un soulagement à leur condition. En dépit de leur aliénation sociale, les personnages créés par Kim ne sont pas des porteparoles idéologiques avec un ordre du jour politique. Mais on ne peut pas dire qu'ils restent résignés et sans se plaindre. Souvent leur rage et leur colère se révèlent par le biais du sexe. 87


Deuxièmement, le sexe dans l'œuvre de Kim a une connotation culturelle qui transcende une forme primitive de jeu, qui n'a rien à voir avec la position sociale ou la fortune. Le sexe n'est pas simplement un jeu pour le plaisir du divertissement, mais c'est une tentative pour atteindre quelque chose de plus grand, qui finalement détruit l'aspect divertissant. L'érotisme insolent, dans "L'auberge" ou "Les masses", en un certain· sens, se rapporte à cela. On peut le comprendre à partir d'un extrait de l'ouvrage "Primevère du soir". Dans ce récit, le personnage principal apprend qu'une jeune fille, qui enfa,nt eût le visage lacéré au cours d'une dispute, est devenue une femme poursuivie par la · malchance. Alors qu'il la cherche, il se rappelle son père qui colportait des crevettes marinées et se souvient que ce dernier s'était mis en colère contre une fille qui l'avait appelé avec mépris, fils de colporteur. Bien que plusieurs années se fussent écoulées, ils se souvenait parfaitement de l'incident. La scène qui suit se passe dans une auberge où il a déjà p~sé une nuit alors qu'il était à sa recherche. "Qu'est-ce qui vous ramène ici?" La femme qui venait de faire la lessive dans la cour se retourna surprise et ouvrit grand les bras tel un homard Je rentrai dans la pièce et la poussai légèrement de la main. "Donne moi quelque chose à boire." Prenant l'argent que je lui tendais, la femme rit et dit d'une voix basse : 'Je savais que tu reviendrais. Je n'ai jamais perdu l'homme que j'ai choisi". Elle était déjà en train de lire dans mes yeux pleins de désir.

(Primevère du soir, p.275). C'est le prélude d'une scène d'amour entre la femme, propriétaire de l'auberge, et l'homme. Mais qu'est-ce qui motive la relation sexuelle ? Il est clair que ce n'est pas seulement le goût du sexe. L'homme est décrit comme ayant déjà été choisi par la femme. Etre choisi, être le premier de tous, signifie que la femme l'a choisi 88

comme partenaire sexuel. Mais une plus fine analyse de cette phrase révèle une allusion au pouvoir. Si une personne choisit et si une autre est choisie, la première le fait arbitrairement alors que la seconde n'a pas de choix et de libre arbitre. Néanmoins, les deux s'engagent vite dans une relation sexuelle. Du point de vue de l'homme, la question est associée à quelque chose de bien plus essentiel. Celui-ci a en effet déjà passé une

Kim]oo-young, auteur de "A la recherche de Ch'orwon" devant le train rouillé qui autrefois partait pour la Corée du Nord

nuit à l'auberge. Il a dormi dans la même chambre que la femme mais il n'a pas eu de relations sexuelles avec elle. Après avoir acquis la certitude que ses blessures du passé étaient toujours réelles, il retourne vers elle, plein de désir. D'où vient ce désir ? Ce n'est pas un désir innocent car il est mû par l'agressivité, c'est pourquoi il n'est pas pur. Cet étalage de pouvoir et d'agressivité est le secret de l'érotisme chez Kim qui se réfugie derrière son ardente compassion poUr les autres. Beaucoup des récits de Kim jouent avec la joie et le chagrin des gens aliénés, et, d'une certaine façon, cela témoigne de

son respect pour le réalisme classique. L'érotisme est un des éléments clés de la joie et de la peine de ses personnages, et dans le même temps c'est une manœuvre littéraire pour trouver un soulagement à la répression. Mais l'auteur ne compte pas seulement sur l'érotisme. Beaucoup d'autres moyens et motifs sont utilisés dans son œuvre. Par exemple, les thèmes du retour, de l'abandon, de la dérive sont des clefs importantes pour ouvrir les autres portes de son monde. Il est inefficace d'analyser d'un seul point de vue l'errance des personnages. A la recherche des oiseaux et A la recherche de Ch'6rw6n, deux œuvres de sa série sur le thème de la recherche, posent une question importante : Que cherche-t-il ? Dans les deux récits, l'objet de la recherche est quelque chose de l'ordre de la "non-existence". Le personnage principal, dans la première nouvelle,. cherche un oiseau, c'était un jeu qu'il jouait dans son enfance avec sa sœur aînée. Le souvenir de ce jeu apparaît lors d'un incident alors qu'il se rend en touriste dans un temple bouddhique. Il arrive en retard au point de rencontre et va alentour à la recherche des autres membres du groupe. Il finit par les retrouver mais voit alors l'oiseau qu'il avait cherché enfant. Cependant l'oiseau ne peut voler longtemps et il se transforme en une pomme de pin alors qu'il se perch ~ sur une branche de l'arbre. Cela symbolise l'inefficacité de ceux qui vont sans but. On retrouve cette transformation et ce symbolisme dans l'ouvrage A la recherche de Ch'6rw6n. L'intrigue est simple. Le personnage principal part à la recherche d'un lieu appelé Ch'6rw6n mais il ne réussit pas à le trouver. Le sens de ce récit c'est que ce qui est identifié par un nom est différent de la réalité. Les êtres sans but vont guidés par des noms et le leurre des concepts, la littérature ellemême s'empare de ces noms. Dans la plupart des cas, ce sont de beaux rêves et de beaux idéaux mais ce sont aussi des concepts idéologiques vides, des rêves humains. Les romans de Kim présentent les points de vue de ceux qui sont déjà conscients de ce vide. +


NOUVELLES DE LA KOREA FOUNDATION

Subventions pour les études coréennes à Yétranger

La Korea Foundation offre une aide financière aux universités, aux instituts et aux bibliothèques à l'étranger pour leurs efforts pour promouvoir la coréanologie dans le monde. Les projets soumis à l'approbation de la Korea Foundation doivent relever des Sciences-Humaines, des Sciences-Sociales ou d'un domaine artistique en s'inscrivant dans le cadre des objectifs définis ci-après: · 1) Création ou développement de départements d'études sur la Corée (cours et enseignants) 2) Mise à disposition de bourses pour étudiants de 2ème ou 3ème cycles et d'allocations de recherche pour les enseignants 3) Participation aux acquisitions des bibliothèques et des catalogues. Les dossiers d'inscription devront être remis à la Korea Foundation avant le 31 mai. Les résultats de la sélèction finale seront annoncés le 15 octobre de l'année en cours. Pour obtenir les dossiers d'inscription, des conseils ou toute autre information, s'adresser à: International Cooperation Departm ent I The Korea Foundation CPO Box 2147 Seoul. Koreo Tel. 82-2-753-3464. Fox 82-2-757-2047.20 49

KOREAFOCUS

BIMENSUEL SUR L'ACTUALITE DE LA COREE En complément de la revue KOREANA , la Korea Foundation publie une revue intitulée KOREA FOCUS afin de participer aux efforts entrepris pour faire conruûtre la Corée dans le monde et pour avoir une place à part entière dans cette ère de globalisation Nous espérons que KOREA FOCUS pourra servir de référence de base à la communauté mondiale en ce qui concerne la Corée. KOREA FOCUS offre à ses lecteurs, une vision générale de la Corée · à travers tm choix d'artides variés concernant l'actualité. Dans ce bimensueLVOliS trouverez des artides ciblés sur la politique, l'économie, la société et la culture, des opinions sur le monde des affaires airiSi qu'une chronologie des événements récents en Corée. Publiés en anglais et en pponais, ses articles sont tirés de publications co......__ réennes qui font autorité en la matière telles que les principaux quotidiens, des magazines d'actualité ou des revues universitaires

·---·-·-·---··---·--

'

Les programmes de bourses de la Korea Foundation BOURSES POUR LES ETUDES SUR LA COREE

BOURSES POUR LES COURS DE COREEN

La Korea Foundation offre des bourses pour des cours de langue coréenne destinées à des étudiants de 2ème ou de 3ème cycles, à des chercheurs , o u autres spéc ialistes étrange1:s, qui souhaitent apprendre le coréen dans un institut de langue d'une université en Corée pour une durée de 6 à 12 mois. Chaque étudiant sélectionné se verra proposer des cours de coréen dans l'une des u'niversités coréennes. Les frais d'inscription et une bourse mensuelle pendant la durée du séjour lui seront versés. Les candidats devront remettre les dossiers d'inscription à la section-bourse pour les cours de coréen de la Korea Founda tion, avant le 31 mai. Les résultats de la sélection finale seront annoncés le 15 aoüt de l'année en cours.· Pour obtenir les dossiers d'inscription, des conseils ou toute autre information, s'adresser à : International Cooperation Department II Th e Korea Foundation C PO Box 2147 Seoul. Koreo Tel. 82-2-753-6465 Fo x 82-2-757-2047.2049


En Corée, l'expérience Hilton

Premier hôtel d'affaires de Séoul avec 702 nouvelles chambres équipées, un apparat sans égal et des salles de conférences capables d'accueillir jusqu'à 3500 personnes. C'est aussi une sélection prestigieuse de neuf restaurants et bars, située dans le quartier central des affaires, des loisirs et du shopping.

.. ·"' Hil~

Le complexe hôtelier le plus en vogue de Corée, situé au coeur de l'ancien royaume de Silla, le berceau de la culture coréenne. Un lieu de séjour idéal en toute saison , offrant 324 chambres de luxe, des installations de loisirs et de travail aménagées avec le meilleur goût et une cuisine internationale de qualité première .

H··•·•··

RESERVATIONS Seoul Hilton (02) 753-7788, Kyongju Hilton (0561) 745 -7788 Or contact any Hilton International HoteL Hilton Reservation Service office, or travel agent.


Le pouvoir du changement. Samsung le mesure étape par étape.

Samsung est prêt à relever les défis d'un monde

contrôlées, et propulsées grâce à la technologie de·

en pleine évolution. Et notre énergie est concentrée

Samsung. Avec chacun de nos nouveaux produits,

sur le développement de technologies ~

nous gravissons les sommets de l'innovation qui fera .

essentielles pour le futur. Des semi-

de demain un monde meilleur

conducteurs évolués pour l'imagerie

pour nous tous. Étape par étape.

et le multimédia. Des matériaux biodégradables qui participeront à la protection de notre écosphère. Des systèmes de transport sur terre et mer; et par avion. Bientôt, vous serez au volant de voitures construites,

~-.:

~IJF-

~

~

Le Groupe Samsung Somsung House, 3 Riverbonk Way. Greot West Pood, Brenlord, Middlesex TWB 9RE, UK • fox: 44-181-568-1914 Am Unisyspork 1, 65843 Sulzboch, Germony • Fax: 49-6196-74648 Electronique: Première DRAM de 256 mégobi~ / Écrans à ollichoge à cristaux liquides TFT/TV Haule Définition Ingénierie: Avions/Wagons/Véhtcules Commerciaux/Voilures Électriques/ Pétroliers à Double Coque/ Ferry-Boots Ultra-rapides Chimie: Résines Biodégradables/Produits Chimiques Rallinés ®

1 9~

Le Grovpe Samsung


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.