Koreana Winter 2004 (French)

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BEAUTÉ DE CORÉE

Seodang Kim Seung-hee Conservatrice au Musée national de Gyeongju

Cette peinture

haut

du

tableau,

aux petites dimen-

réprime un sourire

sions présente sur un

acerbe tout en haus-

fond

un

sant les épaules. Les

d'élèves

élèves affichent cha-

groupe

neutre,

autour de leur professeur. Ce genre de scène est

cun une expression différente. Un enfant étouffe

facilement observable dans les écoles d'autrefois

son rire avec la main, un autre ouvre son livre pour

appelées Seodang. Cet établissement d'enseigne-

le montrer à son camarade. D'autres récitent leurs

ment primaire qui avait pour vocation la transmis-

leçons d'un air anxieux, attendant leur tour pour

sion de la philosophie confucéenne, représentait à

être interrogés. Les lignes sobres décrivent à laper-

l'époque, la première étape pour devenir membre

fection, la richesse d'expression des enfants.

du gouvernement de la Dynastie Joseon (1392-

1910).

Le tableau illustre l'ambiance stricte des cours, ambiance toutefois adoucie par la compassion que

Un groupe de garçons, les uns avec les cheveux

dégage le visage de l'instituteur expérimenté. Ce

en natte, les autres portant le «tanggeon», un cha-

chef d' œuvre nous offre une esquisse des visages

peau traditionnel en crin de cheval, entoure le pro-

innocents des gens de l'époque. Kim Hong-do a

fesseur qui vient de punir un élève n'ayant pas su

toujours été doué dans l'art de reproduire les scènes

répondre à sa question. Le professeur, figurant en

de la vie quotidienne. L.t

Tableau de genre, lavis sur papier, 27x22,7 cm, Trésor n• 527, Musée national de la Corée


DOS S I ERS Ouverture du musée d'art Leeum, de la Fondation culturelle Samsung

36

Un hymne à l'archétype de la beauté coréenne et de l'art moderne 1

Paek Seaung-won

E N T R E T I E N Kim Ver-su, Secrétaire général de la KNCU

42

Rehaussement du statut de la Corée sur la scène internationale 1

Lee Sean-min

ART I SAN AT Hong Jung-sil, incrusteur d'argent

46

Dessiner son âme sur le métal I Ryu Min

Koreana sur Internet http:/ /www.koreana.or.kr

ESCAPADES Taebaek

52

A la découverte de la source de la neige et du fleuve 1

Kim Woo-sun

CUISINE Le Dongchimi

60

Kimchi de radis à l'eau I Yoon Sook-ja V I E Q U O T I D I E N N E L'exercice de Ki

64

Epanouissement mental et physique par la pratique du Ki 1

Kim Geun

© The Korea Foundation 2004 Tous droits réservés. Toute reproduction intégrale, ou partielle, faite par quelque procédé que ce soit sans le consentement de la Fondation de Corée, est illicite. Les opinions exprimées sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles des éditeurs de Koreana ou de la Fondation de Corée. Koreana, revue trimestrielle enregistrée auprès du Ministère de la Culture et du Tourisme (Autorisation n° Ba-1033 du 8 août 1987), est aussi publiée en chinois, anglais et espagnol.


Couverture : L'air le plus proche, oeuvre créée par l'équipe Waltercio (aidas / Leopold Nosek, parmi

celles ayant réuni artistes et visiteurs-participants lors de la Biennale de Gwangju 2004. Photo : Wolganm isoo/

Publication trimestrielle de la Fondation de Corée The Korea Foundation 1376-1 Seocho 2-dong, Seocho-gu, Séoul 137-863 Corée du Sud ÉDITEUR Kwon ln Hyuk DIRECTEUR DE LA RÉDACTION Kim Hyeh-won REDACTRICE EN CHEF Chai Jung-wha DIRECTEUR ARTISTIQUE Chai Seong-su RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT Chung Bo-young, Park Ok-soon COMITÉ DE RÉDACTION Han Myung-hee, Han Kyung-koo, Kim Hwa-young, Kim Moon-hwan, Lee Chong-suk, Yu Hong-june

A LA D É C O U V E RTE D E LA C O R É E L'Ondol

68

Un système de chauffage domestique unique au monde 1

Joo Nam-chull

ABONNEMENTS Prix d'abonnement annuel: Corée 18 000 wons Asie (par avion) 33 USD, autres régions (par avion) 37 USD Prix du numéro en Corée 4 500

wons

C H E F S - D ' 0 E U V R E Boîte à encens en bronze avec motifs incrustés en argent

74

Le royaume Goryeo reflété dans toute sa splendeur à travers art et piété I Kim Seung-hee CHRONIQUE ARTISTIQUE

78

Rétrospective sur l'art de Lee Ungno à l'occasion du centenaire de sa naissance I Park Soo-jin

Kin1 l)ong-ni 84

En quête d'un univers mythique disparu 1

86

Lee Hye-ja

Tableau à la chamane 1

Traduction : Kim Jeong-yeon et Suzanne Salinas

Abonnement et correspondance : ETATS-UNIS ET CANADA Yeong & Yeong Book Company· 1368 Michelle Drive St. Paul, MN 55123-1459 Etats-Unis Tél: 1-651-454-1358 Fax: 1-651-454-3519 AUTRES PAYS DONT CORÉE La Fondation de Corée 1376-1 Seocho 2-dong, Seocho-gu, Séoul 137-863 Corée du Sud Tél : 82-2-3463-5684 Fax : 82-2-3463-6086 PUBLICITÉ AD-Front 1588-8 Seocho-dong, Seocho-gu, Séoul Tél : (02) 588-6016 Fax: (02) 2057-0509 CONCEPTION ET MISE EN PAGE Kim's Communication Associates 118 Jangchung-dong 1-ga, Jung-gu, Séoul Tél : (02) 2278-0202 Fax: (02) 2278-2384 IMPRIMÉ À L'HIVER 2004 PAR Samsung Moonwha Printing Co. 274-34, Seongsu-dong 2-ga, Seongdong-gu, Séoul Tél : (02) 468-0361/5


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A Gra in of Oust A Drop of Water

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wangju 2004

La Biennale de Gwangju porte en elle-même une énorme signification et un~ grande quantité de symboles. Non seulement elle est la première biennale d'un nouveau genre à avoir été organisée en Corée, mais elle est aussi devenue une référence artistique en Asie, dans le domaine de l'art contemporain. Depuis 1995, année de la tenue de la première édition, elle a grandement contribué à rehausser le niveau des arts dans le pays, présentant les courants les plus récents et permettant au grand public de se familiariser davantage avec des créations exprimant le renouveau. Aujourd'hui, la Biennale de Gwangju n'est plus un simple festival artistique, elle est devenue une véritable exposition internationale qu'il ne faut pas manquer. Plus de 200 artistes de 42 pays différents ont présenté leurs travaux pour cette biennale 2004. Le thème, Un grain de poussière, une goutte d'eau, a engendré une exploration du phénomène écologique dans une perspective extrême-orientale. La manifestation de cette année a été la première à avoir lancé le concept du «visiteur-participant», grâce auquel des oeuvres uniques sont nées de la coopération entre artistes et non-initiés. 6

Koreana I Hiver 2004



Au delà du contrepoi t de la po ss·ère et de l'eau. La cinquième édition de la Biennale de Gwangju, organisée du 8 octobre au 13 novembre 2004 autour du thème Un grain de sable, une goutte d'eau, a mis l'accent sur la présentation de travaux artistiques créatifs exprimant des concepts culturels et environnementaux et innové en sollicitant la participation de visiteurs. Kim Hyun-do Directeur des expositions de la Biennale de Gwangju 2004. Choi Hang-young Photographe

L

a cinquième Biennale de Gwangju a connu un renforcement des interactions avec les visi-

allait-on choisir les visiteurs ? Allait-on limiter le nombre

teurs, l'objectif fondamental de ce genre

ticipants provenant de toutes les couches de la société, afin

d' événement étant de créer un environnement

de disposer du plus grand nombre de points de vue possi-

artistique de manière à ce que l'audience générale puisse

ble ? Serait-il possible de satisfaire les attentes des ama-

partager une vision commune. Les organisateurs avaient,

teurs de biennales d'art moderne et en même temps d' atti-

jusqu'à la dernière édition, invité une sélection d'artistes

rer des artistes de talent apportant avec eux des oeuvres de

dont les créations répondaient aux normes désirées. Or,

qualité?

d' intervenants spécialisés, inviter un large éventail de par-

cette fois-ci, le comité d ' organisation a adopté une

Il s'agissait, avant tout, de bien peser l'incapacité de

approche totalement différente, une petite partie du public

l' art moderne à rallier le grand public à sa cause et de com-

ayant été conviée à prendre part activement au déroule-

prendre ce phénomène comme une réalité socio-culturelle.

ment des opérations.

Par conséquent, le problème ne pouvait être surmonté dans

Plusieurs questions ont alors surgi. Sur quels critères 8

Koreana I Hiver 2004

l'optique conventionnelle du conservateur de musée, aussi


distingué soit-il, s'efforçant d'imposer sa vision de l'art.

mineur d'Afrique du Sud, le révérend Moon Kyu-hyun, un

L' idée de l'apport du public, créant l'événement, devait

activiste de longue date en matière de défense de l'envi-

aider à élargir l'intérêt de celui-ci pour l'art et les oeuvres

ronnement et domicilié à Buan, en Corée du Sud, Antonio

exposées.

Negri, philosophe italien et Tala Abu Taha, journaliste en Jordanie.

Concept du «visiteur-participant»

Chaque visiteur-paiticipant a directement pris part, à

Malgré toutes ces incertitudes, le comité d' organisa-

des degrés divers, au processus d'élaboration des

tion de la Biennale de Gwangju 2004 a appelé une petite

ouvrages, en collaboration avec l'un des artistes mis à sa

partie du public à participer dans une large mesure, soit

disposition au sein de l'équipe à laquelle il appartenait. Par

une première en Corée dans le domaine de l'art. Bien

exemple, Kwon Ho-sang a été mis à l'oeuvre avec l'artiste

entendu, le comité n'entendait pas prendre des mesures à

Jheon Soo-cheon, Miuccia Prada s'est retrouvée avec Lee

demi, mais plutôt rechercher une intervention réelle brisant

Kyoung-ho, Moon Kyu-hyun avec les habitants de Buan,

le schéma conventionnel des expositions.

et Antonio Negri avec Kendell Geers, chaque équipe ayant

Tout d'abord, pour les expositions-thèmes tenues dans

véritablement apporté sa part de contribution.

la Salle de la Biennale (Galeries 1 à 5), les noms de tous les visiteurs-participants et des artistes concernés ont été

Cycle écologique

affichés, fait unique, et les premiers, issus de milieux

Cet espace d'exposition a été articulé de façon à per-

divers, ont effectivement collaboré à la création d'oeuvres

mettre aux artistes et aux visiteurs de bien saisir le sens du

exhibées par la suite. Lors d'une étape initiale, 60 ama-

thème général propre à la biennale, Un grain de poussière,

teurs, venus de 39 pays, avaient préalablement accepté de

une goutte d 'eau. La salle principale a été divisée en cinq

venir à une séance-atelier organisée à Gwangju, en janvier,

galeries reprenant chacune un sous-thème : Poussière pour

et avaient été rejoints par 60 artistes pour former des

la galerie 1, Eau pour la 2, Poussière et Eau pour les

groupes. Pendant les six mois qui ont suivi, ces groupes

galeries 3 et 4 et Club pour la 5.

ont ensuite débattu sur les idées transmises par les oeuvres

La poussière et l'eau sont des éléments omniprésents

des artistes. Pour résultat, la cinquième Biennale de

que l'on rencontre quasiment partout dans notre environ-

Gwangju a vu la création d'oeuvres nées du travail com-

nement quotidien. Toutefois, quand nous pensons à une

mun des groupes réunis à l'avance et qui s'y sont ensuite

goutte d' eau ou à un grain de poussière, ceux-ci se voient

rendus.

attribués une signification paiticulière et deviennent des

Ces groupes ont été au nombre de trois : celui des

symboles vivants. La poussière et l'eau peuvent être vus

citoyens ordinaires comprenant des agriculteurs, des tech-

comme deux extrêmes s'opposant, la poussière

niciens, des employés de bureau, des femmes au foyer et

représentant des images négatives - le bruit, la pollution ou

des étudiants ; celui réunissant des experts et des acteurs

la destruction - et l'eau s'associant au dynamisme - la

en matière de production culturelle, avec des poètes, des

création, la purification et la résonnance. Si la poussière

professeurs, des artistes, des architectes et des chanteurs ;

canalise les préjudices obstinés et l'exclusivité intran-

et le groupe des activistes culturels intervenant dans les

sigeante, l'eau, quant à elle, symbolise une ouverture flui-

domaines de l'environnement, de l'éducation, de la poli-

de facilitant l'interaction et la coexistence.

tique et de l'économie. Parmi tous ces individus, on peut

La biennale n'a pas eu pour seule vocation de juxta-

citer par exemple les noms de Deborah McNeill, une

poser les expressions dites de création et d'extinction

femme au foyer résidant au Canada, Kwon Ho-sang,

comme des opposés binaires. Les organisateurs ont égale-

vivant de la culture de la poire, à Naju, en Corée du Sud,

ment tenté de véhiculer les principes des relations

Miuccia Prada, présidente de la firme de haute couture

écologiques reposant sur un processus interactif. L'annihi-

Prada, Ko Un, un poète sud-coréen, Harold Manala, un

lation laisse présager la création, alors que la poussière Hiver 2004 1Koreana

9


L'art contemporain ou moderne fait actuellement l'objet d'une nouvelle approche connue sous le nom de celle du «visiteur-participant». Celle-ci a été lancée pour rompre l'isolement grandissant dont est victime l'art auprès du grand public qui le boude et qui se caractérise par un çjécalage entre spécialisation et popularisation. L'approche a été longuement discutée entre les partisans du pour et ceux du contre, mais elle a, en tout état de cause, permis d'établir un terrain d'entente commun à partir duquel l'art actuel pourra se redévelopper à l'avenir.

La salle principale a montré un même aspect tant pour son intérieur que pour son extérieur, avec des oeuvres d'art dernier cri issues d'une coopération toute nouvelle.

peut aussi représenter une semence. Parler d'un grain de poussière peut sembler paradoxal comptetenu de son aspect insignifiant certain dans l'ordre universel.

L'art et la vie quotidienne Pour compléter les expos de la salle principale, quatre sites ont été aménagés pour présenter celles reflétant la vie

Prévenir sommairement la pollution environnementale

quotidienne des habitants de Gwangju. Ils ont respective-

n'est pas un moyen absolu permettant de restaurer notre

ment été appelés Parc thématique de la Biennale (Site 1),

écosystème. Un environnement véritablement digne ci'être

Express Corée (Site 2 et Centre de l'Education et des

vécu ne peut être assuré d'exister que si nous éradiquons les

Relations publiques), Et autres/Parc de la Liberté du 18

discordes sociales et l'oppression qui nous rongent. Comme

mai (Site 3) ainsi que Biennale EcoMetro/métro de la ville

Félix Guattari l'a fait remarquer, protéger la nature demande

de Gwangju (Site 4). Ils ont, en fait, servi d'interface entre

aussi de résoudre les problèmes nés de nos systèmes sociaux

l'exposition formelle de la biennale et la vie quotidienne

et spirituels. En fin de compte, les efforts esthétiques

des Gwangjuiens.

n'apporteront qu'une amélioration de notre qualité de vie

C'est par eux que les grandes lignes et le thème prin-

matérielle. Ainsi, une goutte d'eau et un grain de poussière

cipal de la manifestation, ainsi que l'agencement des

s'attachent à fonctionner comme une icône embrassant les

espaces, ont été reliés de manière cohérente. Ici, le rôle

concepts dont font partie les relations sociales. Aller au-delà

joué par le visiteur-participant a été primordial puisque ce

du contrepoint de la poussière et de l'eau exige de s'engager

dernier est intervenu en tant que médiateur vis-à-vis des

sur la voie d'un mouvement écologique dynamique, source

influences issues de la spécialisation et de la popularisation

d'interactions entre les entités culturelles.

dans un contexte actuel où l'art tout court ne lève pas les

10

Koreana I Hiver 2004


foules. Le dialogue direct entre l'artiste et le visiteur-par-

avaient davantage ouvert les oreilles face aux nombreuses

ticipant a élargi la portée socio-culturelle de l'art en

critiques, il eût été plus facile de gérer la situation par la

général, ce en termes d'accessibilité et d'attrait. Le statut

suite et de redoubler d'efforts en vue de proposer des

de la Biennale de Gwangju est ainsi passé d'un système

réajustements.

fermé opérant à l'intérieur du monde artistique à un forum

En dépit de tout cela, le projet a fait son chemin,

ouvert à tous, montrant un lien évident avec le souci

démontrant que des personnes ordinaires, n'appartenant à

partagé de protéger l'environnement, et dans lequel les

aucune association artistique ou culturelle, étaient en

amateurs d'art, au sens large du terme, ont catalysé le processus de transformation. Celui-ci est bien la suite logique du thème général de la biennale, dans le sens où il est destiné à souligner l'importance des relations unissant la poussière et l'eau vouées à une coexistence à long terme au sein de l'environnement urbain en expansion.

Activités écologiques et culturelles Bien entendu , l'organisation cohérente de l'événement ne pouvait, à elle seule, garantir la réalisation des objectifs affichés au départ. Un plus grand nombre de difficultés, par rapport à celui initialement escompté, a fait l'objet d'une attention particulière lors de la première phase ayant réuni visiteurs-participants et artistes. Chaque étape a représenté une expérience nouvelle en matière d'estimation des besoins en main-d'oeuvre, de budget ainsi que du respect du programme prévu. La sélection des

Le concept du visiteur-participant a démontré que des individus non initiés à l'art peuvent travailler en étroite collaboration avec des artistes par le biais de séances créatives d'où sortent alors des créations exemplaires. Mais il a surtout apporté la preuve qu'il peut combler le fossé séparant l'oeuvre du grand public.

visiteurs-participants et des artistes, la mise en route des équipes et le suivi de leurs progrès, l'organisation des oeu-

mesure de contribuer à la création d'oeuvres d'art, voire de

vres <l'ait dans le format de l'exposition ont requis deux à

prendre des initiatives exemplaires. Trois interventions

trois fois plus d ' efforts par rapport aux expositions

notoires auront, à juste titre, retenu l'attention : le com-

précédentes. Il eût bien sûr été possible d'atteindre la plus

mentaire perspicace de Jerry Mander sur l'écologie, la cri-

grande partie des objectifs si une plus grande attention

tique rafraîchissante sur l'art moderne de Leyla T)akhli et

avait était accordée en faveur des plus petits détails, dès le

le compte-rendu sur l'influence de la participation beha-

début.

vioriste dans la réalité sociale africaine de Peter

Le concept de visiteur-participant a aussi suscité cer-

Moszynski.

taines controverses quant au rôle que ce dernier allait

Pour conclure, les visiteurs-participants ont beaucoup

devoir jouer. La crainte a été réelle de voir celui-ci

appris quant au fonctionnement interne du monde de l'art

interférer négativement dans la créativité individuelle des

moderne. De leur côté, les artistes ont mis en avant les

aitistes et de porter atteinte à la liberté d'expression artis-

liens étroits qui les font interagir avec les gens ordinaires.

tique. Un certain septicisme a trouvé une raison d'être dès

Et les plus de 500 000 amateurs qui se sont rendus à la

les premières rencontres entre artistes et visiteurs-partici-

Biennale de Gwangju 2004 ont pu comprendre instinctive-

pants. Les plus expérimentés, en matière d'art, avaient

ment que la participation de M. Toutlemonde, dans le

alors exprimé les plus grandes réserves à propos de la nou-

domaine de la création artistique, sera une formule appelée

velle approche. Rétrospectivement, si les organisateurs

à faire recette dans un proche avenir.

~

Hiver 2004 1Koreana

11



_Un grain de poussière, une goutte d'eau est le thème q Biennale de Gwangju 2004 en tant que l'expression des concepts et de l'importance aècordée a la protection de l'environnem ' t x 'I.É•ments natarels essenfiels au cycle de création, ~ r 1' · vsterne. te çhoix du thème a également pour but de favoriser l'échëu g ûe points: e v et la protiuction de discours variés dev.ant ervir la cause de l'expression artistique et de fa diversité culturelle. Choi @

• ,.


Les idées annoncées dans cette galerie abordent d'une manière profonde une variété de phénomènes, comme les efforts mis en oeuvre pour atténuer les oppositions culturelles et les contradictions nées de notre société industrielle et qui se

Poussière

sont traduites par un nombre considérable d'épreuves face auxquelles l'humanité n' a pu que rester impuissante. Dans ce contexte, la poussière représente une métaphore de la lutte de l'homme désireux de rechercher le progrès au lieu de succomber à la régression et à la destruction.

Pour un autre monument, 2004, oeuvre commune, par Jeon Joon-ho et Choi Wan-wook

Immortalité: de la pneumoconiose au bain d'air vert, 2004, oeuvre commune, par Park Bul-dong et Koun.

14 Koreana I Hiver 2004


Etude de romanticisme et de rĂŠalisme, 2003, peinture de Vue Minjun et Liu Dejiarig.

SpermatozoĂŻdes, 2004, installation par Leonid Sokov et Saparov Khakim.

Fissure, 2004, oeuvre commune, par Francis Ng et Lim Siok Peng.

Hiver 2004 1Koreana

15


Cette galerie présente une série de travaux relatifs aux concepts que des artistes se font sur la goutte d'eau, lesquels tentent, à travers leurs oeuvres, de catalyser des interactions regroupant l'élément inorganique et la source de la vie. L'eau est une

Eau

partie vitale pour le nettoyage, la restauration et la renaissance ; elle facilite en outre la transformation, la réconciliation et la reconstitution.

le processus, 2004, oeuvre commune, par Asa Elzén et Mikael Dedijer.

Désirs en mouvement, 2004, oeuvre de spectacle commune, par Raquel Schwartz et David Rey.

16

Koreana I Hiver 2004


Jardin des arbres de l'espoir, 2004, oeuvre commune, par Barbara Edelstein et Zhang Jianjun.

Chambre des mĂŠmoires, 2004, oeuvre commune, par Kim Seung-young et N"oh Sung-tae.


Les travaux innovateurs redéfinissant les frontières des principaux courants esthétiques apportent une évaluation critique sur les effets de la mondialisation et de l'indifférence quasi générale montrée par notre société industrielle quant à

Poussière

préserver et protéger l'environnement. Cette galerie invite le visiteur-participant à

Eau

contribuer à l'effort mondial consenti pour restaurer l'ordre écologique naturel, ce

+

par le biais d'items d'exposition présentés très clairement .

.. .Sonate au clair de June, 2004, oeuvre commune, par Lee Kyoung-ho et Miuccia Prada.

1·1

1

18

Koreana I Hiver 2004

J'adore Barbie, 2004, peinture de Sun Xiaofeng et Chen Jixuan.


Cour,2004, oeuvre commune, par Brian Jungen et Kit Grauer.

Don de vêtements aux réfugiés, 2004, oeuvre commune, par Leila Dakhli et Lucy Orta.


Fait notable, cette galerie offre l'opportunité au visiteur d'apporter sa propre expérience et de la développer, en matière de création culturelle et artistique. Les diverses activités proposées jouent sur le familier et le non familier, insistant sur

Le club

une alliance entre spécialisation et popularisation dans le but de provoquer une sorte de catharsis culturelle faisant appel à toutes les perceptions sensorielles. C'est peu dire que cette Biennale 2004 a pour vocation de briser l'isolement de l'amateur d'exposition en sollicitant chez ce dernier la volonté de participer à un processus d'harmonisation des divers genres artistiques exprimés.

Dis-moi un mensonge, 2004,

création vidéo, Pai Dong-hwan.

Hant Hahaga, 2004,

spectacle de Gerry Hemingway (tambouriste/percussioniste), Hong Sin-cha (danseuse/vocaliste) et Kang Eun-i l Goueur de l'instrument traditionnel coréen à cordes haegeum).


La Biennale de Gwangju 2004 a permis aux visiteurs d'ĂŞtre aussi crĂŠateurs en sollicitant leur participation.

Hiver 2004 1Koreana

21


Quand l'art nait de la coopération. La Biennale de Gwangju 2004 a été la première exposition internationale artistique du genre à avoir mis en pratique le concept du visiteur-participant, avec pour thème Un grain de poussière, une goutte d'eau. Il vous est proposé, dans cet article, un condensé de réactions émanant d'équipes ayant participé au projet. Kim Hyung-sook Professeur de peinture orientale à l'Université nationale de Séoul Choi Hang-young Photographe

22 Koreana I Hiver 2004


Equipe ayant réuni les artistes Jennifer A/fora et Guillermo Calzadilla ainsi que le visiteurparticipant Fernando Perez. Jennifer Allora et Guillermo Calzadilla ont développé une relation créative avec pour principe directeur qu 'art doive rimer avec libe1té. Tous deux, ainsi que Fernando Perez, sont tombés d'accord sur le fait que leur oeuvre,

Retour au Son, devait refléter l'un des goûts du grand public. La liberté d'expression artistique ayant été garantie, le trio s'est aussi efforcé de créer un ouvrage susceptible de répondre aux motivations de ceux et celles attendus à la biennale. Les deux artistes et le visiteur-participant ont échangé maintes idées sur la portée de l'événement et discuté de façon approfondie sur le thème général abordant la relation cyclique entre le grain de poussière et la goutte d'eau et toutes les contradictions que cette relation entraîne. Ils se sont entendus pour que la vidéo serve de relais médiatique en tant que moyen efficace destiné à véhiculer le message de leur travaux. Toutefois, une divergence d'opinion a subsisté sur la question de savoir jusqu'où l'emploi de la vidéo allait s'avérer nécessaire pour rester en conformité avec le thème de la biennale. Guillermo Calzadilla nous a livré les propos suivants et il est à noter que Retour au Son a remporté le Prix de la Fondation de Corée lors de cette Biennale de Gwangju 2004. «Pour être honnête, je n'ai pas beaucoup réfléchi sur le thème principal de la manifestation. Mes travaux traitent, en général, de sujets variés, la plupart d'entre eux ayant épousé le thème conceptuel de l'événement. Celuici m'a paru couvrir un vaste champ d' idées, si bien que je n'ai rien anticipé de mal. Vous pouvez trouver une variété de métaphores dans mes créations. J'accorde, bien entendu, une plus grande attention à la relation entre mon travail et l'agencement de l'espace, au site d'accueil de l'exposition, à quelques facteurs d'ordre politique ainsi qu' aux visiteurs. En ce sens, il ne m'est pas facile de parler d'un thème spécifique, puisque je suis plutôt une personne introvertie, comme vous pouvez le constater».

Retour au son, 2004, création vidéo, par Jennifer Allora/Guillermo Calzadilla et Fernando Pérez. Hiver 2004 1Koreana 23


Equipe ayant associé l'artiste Kim Byung-jong au visiteur-participant Ahn Kyong-whan

ainsi à son collègue la différence entre ses peintures et ce

Pour cette Biennale de Gwangju, c'est la première

que lui avait donné celui-ci, Kim Byung-jong a été en

fois que l'ensemble des oeuvres de Kim Byung-jong, se

mesure de proposer des ouvrages rassemblant leurs deux

composant des deux séries Jésus îdiot et Chansons de la

perceptions de la vie.

avoir incorporé ces images dans ses travaux et montré

vie, a été présenté dans son intégralité et en un seul lieu.

Dans son essai intitulé Mon fils, je suis désolé, le

L'artiste a tenté de représenter avec beaucoup d'imagina-

professeur Ahn a écrit avec insistance les mots suivants :

tion la manière dont le sang, versé par Jésus Christ, a per-

«Si l'esprit est un produit génétique, tout comme le sang,

mis de créer de nouvelles vies. Lui et son associé sont tous

alors tu n'auras hérité que de l'histoire sombre de tes

deux professeurs à l'Université nationale de Séoul, le pre-

ancêtres manquant de perfection. Or, ta vie doit être

mier enseignant l'art et le second le droit. Ces deux uni-

différente. Non ! elle sera différente.» Ahn Kyong-whan a

versitaires, qui ne se sont vus qu'épisodiquement par le

publié cet autre écrit, Amour, idéologie et actualité de la

passé, n'avaient donc jamais discuté ensemble sérieuse-

vie, lequel relate ses préoccupations pour le devenir de

ment sur leurs domaines d'étude respectifs. La biennale

l'âme intellectuelle en notre ère moderne. Dans Le chemin

leur a fourni l'occasion de le faire.

de Bodhgaya, il s'est aussi inte1TOgé sur la signification

Ahn Kyong-whan a mis à la disposition de l'artiste

existentielle du processus de maturation d'une fleur par-

une variété de photos, dont quelques-unes le montrant en

venant à s'épanouir après avoir surmonté toutes les formes

uniforme de collégien et d'autres où l'on peut voir son fils

de difficultés. Ayant lu ces trois essais, Kim Byung-jong

et sa fille. Il lui a également transmis quelques croquis de

lui a alors posé la question suivante : «Quelle force peut

ses deux enfants dessinés par lui-même, afin de lui faire

bien pousser une fleur à s'épanouir ?»

connaître ses propres idées sur le cycle de la vie. Après

Le principe du visiteur-participant a, en matière d'organisation de manifestations drtistiques, balayé les conventions, lesquelles ont toujours fait de l'amateur d'art un observateur passif. Les oeuvres issues de la biennale sont uniques, dans le sens où c'est une coopération originale qui les a fait naître 24

Koreana I Hiver 2004


Equipe ayant réuni l'artiste If ka Meyer et Je visiteur-participant Stefan Rabanus.

sur les travaux qu'il leur faudrait accomplir dans le cadre

Stefan Rabanus a mis l'accent sur la libe1té d'expres-

de la biennale, Il.ka Meyer et Stefan Rabanus ont échangé

sion artistique, qui, selon lui, se trouve à mi-chemin entre

idées et pensées avec passion et concrètement, par courriel

le domaine spirituel et celui de la pratique. Le concept

et par téléphone en raison de 1' éloignement. Tous deux ont

occidental sur l'art, plus étroitement lié aux investigations

ainsi pu développer une relation particulière, devenue

philosophiques et théoriques de l' adiaphore, renvoie sou-

complémentaire et de plus en plus productive au fil des

vent à l'indifférence générale en matière de moralité et de

échanges. L'artiste passe d'ailleurs pour être exception-

religion. L'art, cependant, peut exister sans qu'il soit

nellement créatif et sensible, ayant recouru à la technique

nécessaire de le doter d'objectifs pratiques et en dehors de

et à la mécanique pour insuffler une vie à ses motifs, tan-

considérations morales, religieuses ou politiques. Il peut

dis que son partenaire a interprété ses créations artistiques

donc être interprété sous un aspect multiple d'approches.

selon un point de vue scientifique et analytique. La fertilité

Les aspects esthétiques, formant l'essence artistique

de leurs efforts communs apparaît nettement dans les

Lors de leurs discussions préliminaires qui ont porté

même, sont, du reste, fréquemment soulignés.

ouvrages nés de leur

Pour Stefan Rabanus, ces deux caractéristiques, où se

coopération.

mêlent l'esthétique et 1' interprétation plurielle, sont bien représentées dans les créations d' llka Meyer. Mais selon lui, ce dernier ne transmet pas ouvertement son message au public ; au contraire, l'artiste suggère silencieusement une nouvelle perspective ou un aperçu de type nouveau sur notre vie quotidienne. Ses travaux laissent une impression forte à ceux et à celles trouvant de l'inspiration pour lui associer des thèmes sous-jacents. Et puisque l'odorat et

llka Meyer (à gauche) et Stefan Rabanus (à droite).

Jardins en l'air, 2004, oeuvre commune, par llka Meyer et Stefan Rabanus.

le toucher entrent aussi en jeu dans 1' appréciation de ses oeuvres, le mot visiteur ou observateur est loin d'être suffisant pour la décrire.

Hiver 2004 1Koreana

25


Equipe ayant associé l'artiste Muyiwa Osifuye au visiteur-participant Jahman Anikulapo. Les travaux de Muyiwa Osifuye mettent en relief les disparités criantes et le manque d'équité caractérisant notre société moderne. Ils rappellent, en particulier, les dessous obscurs de la mondialisation et les maintes difficultés éprouvées par tous ceux et toutes celles vivant en marge de la société. Muyiwa Osifuye ne cesse de s'interroger sur le rôle joué par ceux qui prennent les grandes décisions et sur leur incapacité à enrayer l'injustice frappant une grande partie de l'humanité, tout en attirant l'attention sur l'obligation morale d' oeuvrer équitablement en ce qui concerne la dist1ibution des ressources, la mise en place des dispositions légales et le respect de la dignité humaine. Pour lui, les opprimés, les habitants des bidonvilles et les ghettos plongés dans la pauvreté sont semblables aux poussières

de la terre. Il demande donc à tous les dirigeants de donner aux nécessiteux la petite goutte d'eau essentielle qui leur permettra de vivre décemment. Ses oeuvres peuvent se traduire comme un appel à la réhabilitation de la dignité humaine via une prise de conscience fondamentale ne se limitant pas aux seuls objectifs politiques. Jahman Anikulapo et Muyiwa Osifuye ont travaillé ensemble, dans le cadre de la biennale, en étroite coopération avec d'autres Nigériens. Parler la même langue leur a permis de mieux partager les sentiments artistiques qu'ils avaient en commun. «Jahman s'est exprimé librement sur mon projet de travail, bien que cela m'ait été très délicat. Nos échanges de points de vue nous ont conduits à produire des pièces significatives», a fait savoir Muyiwa Osifuye.

~

Jahman Anikulapo (à gauche) et Muyiwa Osifuye (à droite).

26

Koreana I Hiver 2004


Le déséquilibre nourri, 2004, photographie, par Muyiwa Osifuye et Jahman Anikulapo.

Hiver 2004 1Koreana

27


Biennale de Gvvangju : la ouvelle étoile des festivals d'art internationaux. Lee Sae-kil Critique d'art

L

a première édition, celle de 1995, a coïncidé avec

religieuses, raciales et culturelles. Le

problème né de la complexité de nos

public, de son côté, avait été invité à

systèmes actuels.

le 50ème anniversaire de la

suivre le chemin de la créativité se

Le thème de cette année, Un

libération de la Corée,

voyant présenter une vue à vol

grain de poussière, une goutte d'eau,

laquelle subit le joug japonais de

d'oiseau sur la société et la culture

s'est voulu , en quelque sorte ,

1910 à 1945, et l' Année des Beaux-

contemporaines.

l'expression symbolique élémentaire

Arts désignée par le gouvernement.

Pour la deuxième biennale de

d'un discours de la pensée orientale.

A l'époque et dans le cadre de cette

Gwangju, le thème fut Marge de la

En particulier, la manifestation a pro-

biennale, l'accent avait été mis sur la

Terre. Venant en complément de la

posé une explication écologique aux

redécouverte des traditions artistiques

globalisation transformant notre

phénomènes naturels fondamentaux

régionales, la commémoration du

monde en un village planétaire, cette

et à leur ordre relatif, ce sur la base

Mouvement pour la démocratie de

deuxième édition apportait une pers-

des concepts de la création et de

Gwangju, survenu en 1980, et le ren-

pective orientale sur la culture et la

l'extinction.

forcement du rôle joué par les collec-

société actuelles dans le but de créer

tivités locales, conformément à la

un nouvel espace de vie dédié à la

nouvelle ère d'autonomie régionale.

création artistique.

Résultats La biennale de l'automne 1995

Comme cela a été expliqué dans

La troisième biennale avait été

maintes brochures de présentation, la

celle de l'Homme et l 'Espace, deux

avait connu un grand succès avec la

biennale a pour vocation première

éléments fondamentaux inspirant la

venue de plus d'un million et demi de

d' aider au développement de la ville-

création artistique. L'événement avait

visiteurs. Elle avait également mis

hôte, berceau de la démocratisation en

incité à une réflexion sur la condition

l' accent sur sa capacité potentielle à

Corée, et de l'élever au rang de princi-

humaine dans le contexte de turbu-

se développer sur le plan culturel,

pale cité culturelle de la planète. En ces

lence du nouveau siècle, avec pour

épousant les principaux courants

premières années du 2P"" siècle, elle

fond de toile une note toute fraîche

artistiques de la décennie invariable-

arbore l'ambition de rassembler har-

sur les valeurs spirituelles en Asie.

m en t dominés par le savoir-faire

monieusement les nations, générations

PA USE avait généré les débats

occidental, montrant qu'elle pouvait

et sphères culturelles du monde entier

de la quatrième édition, avec une

aussi contribuer à élargir les échanges

par le biais de l'art moderne.

mise au point sur les rôles joués par

entre l'Asie et le tiers-monde, tou-

le développement, la vitesse et le

jours dans le domaine de l'art.

progrès dans notre société contemporaine. Il s'agissait pour le public de

910 000 visiteurs étaient venus à la seconde biennale, en 1997. Le

Au-delà des frontières a été le

prendre conscience de la nécessité de

thème de cette édition était destiné à

Thèmes

thème de la première édition de la

réfléchir sur soi-même. Cette so1te de

inviter le public à discourir sur la

Biennale de Gwangju. Un appel avait

bouffée d'oxygène, dans la vie quoti-

philosophie traditionnelle orientale et

alors été lancé pour transcender les

dienne, trouvait sa source dans

l'esthétique occidentale moderne,

frontières idéologiques, nationales,

l'urgence d' apporter une solution au

incitant par là-même à une introspec-

28

Koreana I Hiver 2004


t

2002~~Hl~~i!I Gwangju8iennale2002 0329 - 0629

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1997

2000

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2004 -':1" 9 "1~'.''11 '!i

2002

2004

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1995

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09.10 ~ 11.13

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Affiches de la Biennale de Gwangju pour la période 1995-2004, c'est-à-dire depuis la tenue de la première édition.

tion sur les divers fondements cul-

plus en plus appelée à se servir de

innovateur. 0

turels. Le message avait reçu un écho

La Y'" édition, tenue dix ans

cette tendance comme tête de pont

très favorable par le biais d'une sen-

après la première, a quant à elle mis

pour émerger comme un festival cul-

sibilisation sur les profondes valeurs

l'accent sur la participation active du

turel prééminent _susceptible de

spirituelles du monde asiatique, dont

public. En permettant à celui-ci de

dynamiser les échanges culturels entre

fait partie la Corée.

planifier les animations proposées,

l'Asie et les autres continents.

A l'aube du nouveau millénaire,

les organisateurs ont opté pour le

Elle a dorénavant grandement

en l ' an 2000 , 610 000 personnes

changement, sur une base non-dis-

contribué à valoriser le potentiel

s' étaient rendues à la troisième bien-

criminatoire. Avec la coopération

inexploité de la culture et de l'art

nale, laquelle présentait les nouveaux

d'artistes coréens et étrangers, un

locaux en se dotant d'infrastructures

développements créatifs du tournant

espace offrant un large choix

élargies. Misant sur des programmes

du siècle. En fait, le programme

d'options a vu le jour, au bénéfice de

et des activités multiples , chaque

insistait surtout sur l'identité

la création et de la participation du

événement a renforcé l'interaction et

coréenne , à travers une fenêtre

public.

le dialogue entre l'histoire et la

ouverte sur la culture asiatique, en général, et la commémoration du

réalité, la culture et le terrain, la vie

Valeurs

20''" anniversaire du Mouvement 0

quotidienne et l' art. A un moment où la donne cul-

En mettant un terme à certaines

turelle fait l'objet d ' une mutation

pratiques du passé, qu' aliénation et

rapide, la Biennale de Gwangju a

stagnation pourraient résumer, la

contribué à améliorer notre cadre de

édition, en

Biennale de Gwangju laisse désormais

vie en offrant un lieu de rencontre où

2002. La sollicitation du public,

apparaître la ville comme un foyer

l'échange culturel est offert à tous.

sondé sur ses opinions et suggestions,

culturel et un symbole de la

Répondant à la demande croissante

l'aspect éducatif et l'interaction dans

démocratie et des droits de l'homme.

émanant de la part des amateurs

le domaine de l'art avaient alimenté

Un autre facteur significatif est le désir

d'art, consommateurs en puissance,

les conversations. S'écartant auda-

de la Corée de prendre l'initiative dans

l'initiative prise pour créer un mel-

cieusement du schéma convention-

la définition d'un nouveau courant

ting-pot de style coréen vise avant-

nel, consistant à inviter des artistes et

principal apte à assimiler la culture

tout à intégrer harmonieusement

à

expositions ,

asiatique à la culture de masse. La

expositions et festivals en vue

l'événement s ' était alors montré

manifestation gwangjuienne sera de

d'effectuer un bond en avant. b1

pour la démocratie de Gwangju, tombant le 18 juin. Un total de 550 000 visiteurs avaient assisté à la

organiser

des

4 ème

Hiver 2004 1Koreana

29


Festivals d'art internationaux organisés en Corée Grâce au succès fulgurant de la Biennale de Gwangju, la Corée accueille aujourd'hui une diversité de festivals d'art internationaux. Voici un article fournissant une vue d'ensemble sur la variété des événements artistiques se tenant dans le pays, présentant toutes les manières d'expression et d'expérimentation artistiques. Lee Jun-hee Journaliste chez Wolganmisoo/

30

Koreana I Hiver 2004


U

n festival d'art international organisé tous les

currencer pour développer des attrac-

événement destiné à promouvoir le

tions culturelles et des événements

commerce de l'art du pays, mérite

deux ans est souvent

qui pourraient mettre en valeur leurs

aussi d'être mentionné.

appelé une «biennale».

caractéristiques régionales et leurs

Aujourd ' hui, une dizaine de bien-

ressources . Ainsi, la Biennale de

nales culturelles et artistiques se tien-

Gwangju a pu jouer un rôle capital

De l'Asie au Monde Tout comme la Biennale de

nent en Corée, aussi la plupart des

dans l'amélioration du statut de la

Gwangju, la Biennale de Busan tenue

Coréens se sentent-ils familiers avec

culture et de l'art coréens. En même

dans la deuxième ville de Corée, a

ce terme.

temps, elle a fourni aux résidents des

contribué à renforçer la présence de

La première biennale artistique

provinces, qui étaient souvent ignorés

l'art contemporain coréen sur la

internationale qui s'est déroulée en

sous les politiques passées réservant

scène internationale. La ville portu-

Corée était la Biennale de Gwangju

les activités culturelles uniquement à

aire de Busan a organisé un grand

en 1995. Le fait qu'une biennale

la capitale, l'opportunité de vivre de

nombre d'événements artistiques

internationale ait pu être organisée en

façon plus pratique une culture de

durant des années, dont la Biennale

province, hors de Séoul, était en

haute qualité.

de la Jeunesse de Busan depuis 1981, principaux

le Festival d' Ait maritime, tenu neuf

année-là, du système d'autonomie

événements artistiques ayant eu lieu

fois depuis 1987, et le Symposium

des

locaux.

depuis la Biennale de Gwangju, on

international de Sculpture en plein air

Auparavant, sous un environnement

compte «Media City Seoul» dans la

de Busan depuis 1991. En 2000, tous

politique tiré par le gouvernement

capitale, la Biennale de Busan dans la

ces événements ont été combinés

central, il était extrêmement difficile

ville du même nom, la Biennale

pour former une exposition en com-

pour les autorités administratives

Internationale de l'Artisanat à

mun, appelée Festival international

locales d'accomplir îndépendemment

Cheongju, dans la province de

d'Art contemporain de Busan. Puis

leurs tentatives politiques et cul-

Chungcheongbuk-do, et la Biennale

en janvier 2001 , tout en maintenant la

turelles.

Mondiale de la Céramique tenue

tradition de la Biennale de la

Mais avec le lancement de

dans les sites d'Icheon, de Yeoju et

Jeunesse de Busan, l'événement a été

l'autonomie des collectivités locales,

de Gwangju , dans la province de

restructuré et rebaptisé Biennale de

les gouvernements provinciaux et

Gyeonggi-do. La Foire internationale

Busan, dans le souci de la développer

municipaux ont commencé à se con-

d'Art de Corée, le principal

en un événement international d'art

grande partie dû au démarrage cette gouvernements

Parmi

les

La Biennale de Busan s'est articulée en trois animations principales: celles des arts contemporain et maritime et celle du projet de sculpture. La salle d'exposition de la Biennale de Susan et le Tigre coréen créée par Shimabuku.


La Foire internationale d'Art de Corée (KIAF), aujourd'hui la plus grande du marché de l'art en Asie, a tenu sa première édition au Centre de Convention et d'Exposition de Busan (BEXCO).

au 31 octobre, a suivi un format simi-

d'art domestique et à rendre l'art plus

laire. L'Exposition d'Art contempo-

accessible au public général, mais

rain, le moment fort des trois

fournit aussi aux amateurs d'art une

événements, se déroulait au Musée

chance rare de visionner les oeuvres

Métropolitain de Busan. Le thème

de renommée. Alors que les princi-

principal en était Gouffre et le sous-

pales biennales artistiques dans le

thème était N.E. T un acronyme pour

monde sont dominées ces derniers

«Nexus (liaison), Encounter (rencon-

jours par la vidéo et des oeuvres

tre), et Travel (voyage)», ainsi que

d' installation, la KIAF reste centrée

pour «Negotiation (négociation),

sur des oeuvres à deux dimensions,

Environment (environnement), et

un fondement artistique, comme une

Transit (transition)».

stratégie destinée à maximiser ses

La Foire internationale d'Art de

fonctions en tant que lieu de vente et

Corée (KIAF) est l 'évé nement

d 'acquisition des oeuvres. La qua-

international de commerce de l'ait de

trième édition de la KIAF se tiendra

la plus grande ampleur en Asie .

du 24 au 29 mai 2005 à Séoul au

Inaugurée à Busan en 2002, elle sert

COEX (lndian Hall).

d'un forum pour l'achat et la vente des travaux des artistes proéminents

Media City Séoul dans Séoul

de Corée et d'ailleurs, avec la parti-

En contraste avec les expositions

cipation des principales galeries

artistiques conventionnelles, Media

coréennes et étrangères. Organisée

City Séoul s'est appliqué à l'art des

par l'Association des Galeries de

médias. Organisé pour la première

Corée, elle s'est tenue dans le Centre

fois en 2000 pour célébrer le nouveau

de Convention et d'Exposition de

millénaire, il a été présenté aux envi-

Busan (BEXCO) et a induit la parti-

rons du Palais Gyeonghuigung, où se

cipation de 97 galeries de huit pays,

trouve le Musée de l'histoire de

se tenant tous les deux ans. Ainsi, le

résultant à la vente de quelques 2 500

Séoul. Il a été tenu sous le thème de

15 septembre 2002 a marqué l'ouver-

oeuvres d'art.

Entre O et 1, les deux chiffres qui for-

Réalité et réalité virtuelle, oeuvre de Kang Ae-ran, est une contemplation futuriste des livres dans l'ère cybernétique. Elle a été présentée lors de l'édition 2000 de l'expo Media City Seoul.

En février 2003 , le terrain

ment la base de l'ère numérique

d'accueil de cet événement était le

d'aujourd'hui, et présenté un grand

Sous le thème de La culture ren-

Centre de Convention et d'Exposi-

spectacle

contre la culture, la première

tion (COEX) à Séoul, alors que la

l'esthétique numérique. Il faut noter

Biennale de Busan s'est déroulée du

troisième édition s'est déroulée au

que cela a représenté la première

15 septembre au 17 novembre 2002.

printemps 2004. En effet, cet

biennale internationale de l'art des

L'événement

une

événement s'est rapidement établi

médias et fait l'objet de louanges de

Exposition d'Art contemporain, un

comme la principale foire de com-

la part des critiques coréens et

Festival d'Art maritime, et le Projet

merce d'art en Asie. Organisée à

étrangers.

de Sculpture de Busan , en même

Séoul, le carrefour des affaires de

Le Media City Séoul 2002 a été

temps qu ' un grand nombre d' acti-

l'Asie connaissant un développement

organisé dans le Musée d 'art de

vités les accompagnant. La Biennale

rapide, la KIAF contribue non seule-

Séoul nouvellement réouvert , et

de Busan 2004, organisée du 21 août

ment à donner vigueur au marché

induit la paiticipation de 25 artistes

ture de la première Biennale de Busan.

32

présentait

Koreana I Hiver 2004

sur

le

concept

de


Des séries de nouvelles expérimentations dans l'art coréen sont conduites par des expositions d'art internationales. Les festivals culturels uniques combinant l'art à deux dimension, des travaux d'installation, des images et des arts multi-médias contribuent à rendre l'art plus accessible au public général. coréens et de 42 étrangers qui ont

produits artisanaux traditionnels et

jeux informatiques en ligne.

modernes peuvent se combiner à l' art.

cherché à intégrer de façon créative exprimer l'interaction esthétique

Festivals de l'Artisanat et de la Céramique

entre ces deux éléments. Le thème de

La Corée organise plusieurs fes-

l'événement de 2002 était L'écoule-

tivals d'art centrés spécialement sur

La Biennale mondiale de la

ment de la lune, comme une réinter-

les produits artisanaux et de la

Céramique 2001, organisée pour la

prétation des images de l'astre, le

céramique, plutôt que sur l' art con-

première fois, comme partie de

média séculaire et réflecteur du

temporain ; deux exemples en sont la

I' Exposition

soleil. Ainsi, les artistes participants

Biennale internationale del' Altisanat

Céramique 2001, laquelle s'est

ont réinterprété les perceptions et les

de Cheongju organisée dans la ville

déroulée dans les sites d'Icheon, de

croyances anciennes de la lune à tra-

du même nom dans la province de

Gwangju, et de Yeoju dans la

vers la création des travaux dans le

Chungcheongbuk-do, et la Biennale

province de Gyeonggi-do, comp01tait

cyber-espace et l'expression de la

mondiale de la Céramique tenue à

une grande variété d'activités nota-

découverte intellectuelle.

Icheon

bles en relation avec la céramique, y

la technologie numérique à l'art pour

La

troisième

édition

de

dans

la

province

de

Gyeonggi-do.

La quatrième édition se tiendra en automne 2005 au Centre d'arts de Cheongju.

mondiale

de

la

comp1is la Compétition internationale

l'événement se tiendra du 15

La Biennale internationale de

qui a attiré plus de 400 entrées de 69

décembre 2004 au 6 février 2005,

l'Artisanat de Cheongju a été inau-

pays, le Workshop international de la

sous le thème de Jeu. Le thème a été

gurée en 1999 pour promouvoir les

Céramique, et !'Exposition mondiale

sélectionné en vue d 'ex plorer le

mérites des 5 000 ans de traditions

de la Céramique contemporaine. La

monde influencé par le développe-

culturelle et mtisanale de Corée. Cet

troisième édition sera organisée du 23

ment des jeux et différentes formes

événement s'est depuis développé en

avril au 19 juin 2005, sous le thème

de divertissement ayant trait à la

un festival culturel et artistique où les

de Céramique

technologie numérique, tels que les

visiteurs peuvent voir comment les

culture. L..t

La Biennale internationale d'Artisanat de Cheongju présente des oeuvres coréennes intégrant le traditionnel au moderne. Aperçu sur l'intérieur et l'extérieur de la salle d'exposition.

véhicule de la



www.galaxy.co.kr




L

a Fondation culturelle Samsung a ouvert le

quet de Lee Byung-Chull, d'où le nom de cet autre musée

musée d'art Leeum le 13 octobre 2004, dans le

d ' art ouvert par la fondation en 1982. Lee Kun-Hee,

quartier Hannam-dong, au centre de Séoul. Ce

l'actuel président du groupe Samsung, et Hong Ra-Hee, la

lieu d'exposition a pour mission de nous faire

directrice du musée Leeum, ont largement contribué à

connaître un échantillon représentatif de l'art traditionnel

étoffer la collection ces dernières années. Afin de répondre

coréen ainsi que de principales oeuvres modernes locales

aux aspirations du défunt fondateur, ils ont fait l'acquisi-

et étrangères. Il est destiné à devenir un centre principal où

tion de documents importants relatifs à l'histoire de l'art

l'on pourra apprécier les plus belles oeuvres coréennes et

coréen ainsi que d' oeuvres provenant du monde entier et

être tenu au courant sur les nouvelles tendances notables

représentatives des principaux courants de l'art moderne.

en maüère d'arts moderne et contemporain ou même futur.

Aussi le musée d'art Leeum peut-il se vanter de posséder

Le musée est un complexe constitué de trois galeries,

une collection d' oeuvres coréennes, embrassant une

chacune ayant été conçue par un architecte de renommée

période allant des temps anciens à notre époque moderne,

mondiale. Mario Botta et Jean Nouvel ont respectivement

et étrangères liées, pour ces dernières, à la période contem-

réalisé Museum 1 et Museum 2, tandis que Rem Koolhaas

poraine.

est le stylicien du Centre éducatif et culturel des Enfants. chacun la personnalité du designer qui l'a créé, fait du tout

Museum 1 : le triomphe de l'art traditionnel coréen

un chef-d'oeuvre artistique du genre. Aussi les visiteurs

Cette galerie consacrée à l'art ancien contient 36

peuvent-ils admirer une oeuvre d'art architecturale d'une

créations désignées Trésors nationaux et 96 autres ayant

finesse extrême exprimant, sous forme de symbiose, passé,

reçu la simple appellation de Trésors. Elles nous font

présent et futur.

découvrir l'histoire de la Corée, depuis les temps

L'intégration harmonieuse des trois ensembles, reflétant

préhistoriques à la dynastie Joseon (1392-1910), aucune

Oeuvres exposées

période principale n'étant omise. Ces oeuvres essentielles

Depuis sa création en 1965, la Fondation culturelle

nous font apprécier l'essence-même de l'art coréen : les

Samsung joue un rôle pivot quant à mettre en valeur l'art

céladons de l'époque Goryeo, le buncheong et les porce-

et la culture de Corée. Comme en témoignent l' ouverture

laines blanches de Joseon pour les céramiques ; les sculp-

du musée d'art Ho-Am en 1982, suivie de celle de la

tures et les peintures bouddhistes de Goryeo, lesquelles

galerie d'art du même nom en 1984, et l'inauguration de la

témoignent d'un très haut degré de sensibilité artistique

Galerie Rodin en 1999, aucun effort n'a été épargné, de la

alors atteint dans le domaine religieux ; une variété de

part de la fondation, pour rendre l'art et la culture accessi-

travaux sur métal formant un art achevé ainsi que des pein-

bles à un plus large public coréen à travers des expositions

tures et des calligraphies typiques de Joseon.

et des programmes éducatifs de haut niveau. La fondation

D'apparence majestueuse et ressemblant à un château,

a aussi grandement contribué à préserver le patrimoine cul-

Museum 1 - dont l'extérieur .est recouvert de briques terra-

turel national grâce à un institut spécialisé dans le

cotta comme pour présenter une métaphore de la poterie

domaine.

coréenne - a été conçu par Mario Botta pour compléter la

Le nom Leeum nous vient de celui du créateur de la

collection d'art ancien présente à l'intérieur. Les 120

fondation, M. Lee Byung-Chull, qui a aussi été le fonda-

créations qui y sont exposées de façon permanente com-

teur du groupe Samsung, et de la dernière syllabe du mot

prennent des chefs-d'oeuvres coréens tels que le Trésor

anglais museum. Les divers objets exposés dans le musée

national n° 133, un pot de vin en céladon en forme de

proviennent pour la plupart de la collection privée du fon-

gourde avec des motifs de lotus incrustés en cuivre, le

dateur maintenant décédé, lequel a toujours montré un

Trésor national n° 219, un jar en porcelaine bleu et blanc

grand intérêt pour l'art. Ho-Arn était également le sobri-

avec des motifs de fleurs de prunier et de bambous, et le

38

Koreana I Hiver 2004


Trésor national n° 213, une petite pagode en bronze doré.

Kwan-sik, caractérisées par un style traditionnel alliant des techniques modernes, mais aussi de Lee Joong-sup, qui a

Museum 2 : une dédicace à l'art moderne

su adopter les éléments de la peinture occidentale pour les

La collection d'art moderne présentée dans cette

confondre admirablement dans une expression pro-

deuxième galerie concerne des oeuvres de toutes les

fondément coréenne, ou encore de Park Soo-keun et

périodes, depuis le début des temps modernes jusque vers

Chang Uc-chin. La galerie comprend également des oeu-

1910. Il s'agit de peintures de Lee Sang-beom et de Byun

vres caractéristiques d'artistes ayant constitué le fer de

1 L'architecte Mario Botta a recouru aux briques terra-cotta pour la partie extérieure de Museum 1, jouant sur une structure imposante pour mieux mettre en valeur les éléments du passé. 2 L'acier inoxydable à l'aspect rouillé, matériau nouvellement créé, a été utilisé par l'architecte Jean Nouvel pour l'extérieur de Museum 2, afin de symboliser l'influence de la technologie moderne sur l'art contemporain. 3 L'architecte Rem Koolhaas a opté pour du béton noir pour le Centre culturel et éducatif des Enfants de Samsung, en vue de créer un espace architectural futuriste donnant l'impression au visiteur d'être suspendu en l'air.

Hiver 2004 1Koreana

39


1 Le lobby distinctif de Museum 1 est relié aux autres espaces d'exposition du musée. 2 La rotonde, telle un tunnel, distribue l'éclairage à travers tout le bâtiment, jusqu'à l'entrée du lobby situé au niveau du sous-sol. 3 Museum 1 propose des oeuvres représentatives de la Corée depuis les temps anciens. 4 Afin de faire resplendir l'art moderne comme il se doit, l'espace d'exposition occupé par Museum 2 est complètement ouvert, sans aucune colonne structurale.

lance dans la mondialisation de l'art coréen, pour ne citer

commes celles qui nous viennent d'illustres représentants

que Kim Whanki, Paik Nam June et Lee Ufan ou encore

du mouvement abstrait, à savoir Mark Rothko, Frank

Suh Do-ho et Lee Bul, plus jeunes mais qui viennent de

Stella, Donald Judd et David Smith, ou encore d'avant-

s' imposer sur la scène internationale.

gardistes notables concernant l' art moderne occidental, tels

Pour ce qui est de l'aspect universel de la collection,

que Joseph Beuys et Andy Warhol. En acquérant les plus

nous noterons surtout des créations postérieures à 1945,

récentes productions d'artistes contemporains faisant

40

Koreana I Hiver 2004


autorité en leur domaine, comme par exemple celles de

architectes de renom mondial ont été en mesure

Matthew Barney et Damien Hirst, le musée Leeum affiche

d'exprimer la diversité artistique que la Fondation

clairement sa volonté de présenter à son public les ten-

Samsung a voulu donner au musée Leeum. L'architecture

dances les plus actuelles.

de Rem Koolhaas, qui épouse l'environnement urbain

Museum 2, conçu par Jean Nouvel, est un espace en

unique de Séoul en y intégrant comme il faut le musée,

forme de boîtes d'acier et de verre disposées de façon à

l'accent architectural de Jean Nouvel, s'attachant à créer

exposer, sans que la place ne fasse défaut, une soixantaine

une interaction reliant le paysage environnant aux

d'oeuves à la fois avec un renouvellement tous les six

créations exposées, et les éléments de design de Mario

mois. Dans un proche avenir, le musée envisage de pro-

Botta, donnant à l'espace interne une allure iconique,

poser une variété de créations coréennes modernes expri-

s'harmonisent à merveille pour faire du complexe un

mant les traditions artistiques du pays et s'accommodant

ensemble encore plus grandiose.

de diverses influences mondiales ainsi que celles d'artistes occidentaux.

Museum 1, la galerie consacrée à l'art coréen ancien et conçue par le stylicien suisse Mario Botta, et Museum 2, la galerie destinée à accueillir les expositions d'art mo-

Galerie de la Boîte Noire : un lieu d'expositions non permanentes

occupent à elles deux une aire de 4 000 m 2• Le Centre cul-

Le musée prévoit la tenue de trois expositions non

turel et éducatif des Enfants, bâti par l'architecte

permanentes sur une base annuelle: celles-ci seront con-

néerlandais Rem Koolhaas, repose sur un plancher à cinq

sacrées, entre autres, aux nouvelles interprétations et per-

niveaux d'une superficie totale de 15 000 m 2 • Il fait le

spectives sur l'art coréen, qu'il soit traditionnel ou mo-

point sur les divers programmes proposés au monde de

derne, ainsi que sur l'art contemporain international, elles

l'enfance en matière d'éducation culturelle.

derne et réalisée par l'architecte français Jean Nouvel,

inciteront à une réflexion entre l'ancien et le moderne, pro-

Par l'emploi de matériaux multiples et de techniques

poseront des approches thématiques variées et entretien-

innovatrices, chaque corps de bâtiment dévoile la marque

dront une relation d'échange avec celles de musées

du maître qui l'a créé. Les briques terracotta utilisées par

étrangers.

Mario Botta symbolisent, pour Museum 1, la terre et le

Dans le cadre de l'ouverture du musée Leeum, la

feu, les éléments de base dans cet art reconnu mondiale-

première exposition à se tenir dans la galerie de la Boîte

ment qu'est celui de la céramique coréenne, et soulignent

Noire, située dans le Centre éducatif et culturel des

le caractère imposant de l'art traditionnel. Quant à

Enfants, conçu par Rem Koolhaas, présente une partie du

Museum 2, Jean Nouvel a sélectionné de l'acier inoxy-

langage architectural et du champ artistique des trois

dable à l'aspect rouillé, un matériau nouvellement

architectes qui ont conçu les trois corps de bâtiment.

développé et utilisé ici pour la première fois au monde

Intitulée Muse-Um, compagnie de la pluralité, cette expo-

pour exprimer l'influence de la technologie moderne sur

sition a ouvert ses portes le 15 octobre dernier et les refer-

l'art contemporain. Disposé au sol d'une manière

mera le 9 avril prochain. En 2005, deux nouvelles exposi-

ingénieuse, il offre au visiteur un nouvel aperçu sur la

tions feront découvrir les oeuvres de Lee Joong-sup, l'un

façon de voir une exposition. Rem Koolhaas a bien sûr, de

des artistes les plus en vogue en Corée, et de Matthew

son côté, utilisé de nouveaux matériaux, comme le béton

Barney dont les créations ont suscité maints débats à tra-

noir, afin de créer un espace architectural futuriste donnant

vers le monde.

l'impression à celui qui le voit d'être suspendu dans l'air. Cette esthétique d'ensemble ne laisse entrevoir aucune

L'esthétique architecturale exceptionnelle du musée Leeum En réunissant à eux trois leur savoir-faire, les trois

expression du soi mais plutôt l'idéal sublime d'un cadre urbain où il fait bon vivre et ce à travers l'unique flux interne des visiteurs. L.t Hiver 2004 1Koreana

41


ENTRETIEN SQème anniversaire de la Commission coréenne de l'UNESCO

Rehaussement du statut de la Corée sur la scène internationale

Kim Yer-su

Secrétaire général de la Commission coréenne auprès de l'UNESCO,

La Commission nationale coréenne auprès de l'UNESCO (KNCU) a joué un rôle capital pour que la Corée du Sud soit reconnue en tant que membre à part entière de la société internationale. Elle fête cette année son SQème anniversaire. A l'image du développement impressionnant que le pays a connu, les activités de la commission ont aussi beaucoup évolué ces dernières années. En prenant note du chemin qu'elle a parcouru, il nous est possible de savoir dans quelle direction elle s'orientera à l'avenir. Lee Seon-min Journaliste au Chosun !Ibo

C

ette année, Commission

la sud-

coréenne auprès de l'UNESCO fête le 50ème

anniversaire de sa fondation. Lorsque

l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture a été établie en 1946, les pays membres étaient essentiellement ceux de l'Amérique du Nord et de l'Europe. l'UNESCO a été créée au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, particulièrement dévastatrice, dans le but de contribuer au maintien de la paix, en resserrant, par l'éducation, la science, la culture et la communication, la collaboration entre nations et la compréhension mutuelle. La Corée du Sud a adhéré à

n'a été établie formellement que bien

Koreana : Vous devez avoir un

plus tard, c'est-à-dire le 30 janvier

emploi du temps particulièrement

1954. Comformément aux directives de la KNCU, affiliée au gouvernement, celle-ci est dirigée par un secrétaire général, bien que la présidence soit assurée par le ministre de l'éducation sud-coréen. Le secrétaire général qui gère les affaires courantes, est sélectionné par les représentants du secteur privé et non désigné par le gouvernement. Kim YerSu, universitaire renommé, a été en charge de la section de la philosophie et de l'éthique auprès de l'UNESCO à partir de 1995 puis élu premier secrétaire de la KNCU en novembre 2000. A l'occasion du 50ème anniver-

chargé,

notamment

pour

la

commémoration du 50ème anniversaire de la KNCU. Pourriez-vous nous parler de vos récentes activités ? Kim: Tout d'abord, nous avons organisé une cérémonie commémorative à la fin du mois de janvier dernier et publié un ouvrage pour les 50 années d'histoire de- la KNCU, ainsi qu'une anthologie d'études coréennes consistant en une compilation d'extraits de livres et d'articles parus dans le Korea Journal, la revue scientifique de la KNCU, pour ces derniers . En juillet, le secrétairegénéral de l'UNESCO, Matsuura Koichiro, ainsi que les responsables

l'institution en juin 1950 pour en devenir le 5ym• membre, juste avant

saire de la commission coréenne,

des autres commissions de l'Asie du

nous avons rencontré, dans son

Nord-Est, se sont rendus en Corée à

le début des hostilités avec sa soeur

bureau, le professeur Kim, dont le

l'occasion de la tenue du Festival des

septentrionnale, si bien que la KNCU

mandat expirait en octobre 2004.

Arts du Spectacle des Enfants

42 Koreana I Hiver 2004


d'Extrême-Orient. Au début août,

sidérablement

au

les efforts entrepris pour reconstruire

comme l'avait demandé l'instance

développement de la Corée durant les

le pays, suite à la guerre de Corée, et

supérieure de l'UNESCO , nous

50 dernières années . Pouvez-vous

le moderniser. Nous avons active-

avons

des

dresser un rapide bilan des activités

ment soutenu ces efforts nationaux.

Pourparlers du 21 èm, siècle avec pour

principales de la commission

Notre tâche première a consisté en la

thème Construire un e société

coréenne pour ces 5 dernières

tran smission, à l'ensemble de la

reposant sur la connaissance, laquel-

décennies?

nation, des divers savoir-faire

lancé

la

Session

le a vu la participation d'experts venus des quatre coins du monde.

Koreana: La KNCU a con-

contribué

Kim : La période allant de

avancés acquis auprès de l'institution

l'année de la fondation de la KNCU

onusienne, avec l'accent placé sur

aux années 1970 a été dominée par

l'éducation en faveur de la jeunesse. Hiver 2004 1Koreana

43


Le remarquable développement . économique qui a caractérisé la Corée durant la deuxième moitié des années 1970 a permis à la Commission nationale coréenne auprès de l'UNESCO d'émerger comme un véritable acteur mondial capable d'aider d'autres pays. Alors que la Guerre froide empêchait séoul de jouer un rôle normal sur la scène internationale, la KNCU a servi d'intermédiaire vital pour que la Corée du Sud devienne une membre à part entière de la communauté internationale. A partir de la seconde moitié des

tation il fallait suivre pour concilier la

existant après le temps légal de sco-

années 1970, épaulés par la crois-

nouvelle donne culturelle et leur pro-

larisation. Or, à cet égard, notre pays

sance économique rapide du pays,

pre identité nationale. J'ai tenté

est à la traîne. Deuxièmement, nos

nous avons petit à petit évolué pour

d'apporter une réponse en m'inspi-

programmes concernant l'héritage

devenir une commission apte à aider

rant du contexte coréen et proposé de

culturel ont besoin d'être renforcés.

d'autres pays. Pendant la période de

rechercher les valeurs universelles

Jusqu'à maintenant, nous avons

la Guerre froide, lorsqu'il était diffi-

nées de la diversité culturelle. A un

déployé maints efforts pour inclure la

cile pour la Corée du Sud de se faire

moment où l' Asie connaît un nouvel

majeure partie de notre héritage sur la

entendre sur la scène internationale,

essor, j'ai consacré mon énergie à

liste du patrimoine culturel mondial

nous avons souvent joué un rôle

rompre le cycle de méfiance sy-

de l'UNESCO. Les résultats ont été

d'intermédiaire pour que cette ten-

nonyme de conflit dans le Nord-Est

impressionnants. Il est temps,

dance change. Depuis le début des

asiatique, participant à la volonté

désormais, d'aider la Corée du Nord

années 1990, nous nous démenons

partagée de créer une communauté

à préserver ses trésors du passé et à

pour atteindre nos objectifs fonda-

régionale. Finalement, le changement

mentaux, à savoir faciliter les

a été tel que je me suis aussi concen-

échanges avec l'étranger dans les

tré sur l ' amélioration de notre

domaines de la culture, de l' éduca-

système de gestion afin de le rendre

tion et de la science et mieux faire

plus efficace.

connaître la société coréenne, dans son ensemble, à travers le monde.

Koreana : La société coréenne a considérablement changé ces 50

Koreana : En tant que premier

dernières années, tant en termes qua-

secrétaire de la commission pour le

litatifs que quantitatifs. Il semblerait

21 ème siècle, vous avez, sans aucun

que la KNCU doive maintenant se

doute, dû faire face à diverses

montrer plus sélective dans le choix

demandes et intérêts divergents. A

de ses activités. Quels domaines con-

quelles priorités vous êtes-vous parti-

cerneront plus particulièrement la

culièrement attaché durant votre

KNCU, à l'avenir?

mandat?

Kim: Il faut tout d'abord penser

Kim : Au début, lorsque je suis

à un système d'éducation dispensant

entré en fonction, ma plus grande

une instruction à très long terme. Le

préoccupation a été de savoir ce qu'il

développement spectaculaire des

Anthologie d'études coréennes est une compilation d'articles parus à l'origine dans le Korea Journal,

fallait faire pour réajuster le rôle joué

connaissances et le vieillissement

par la KNCU après la fin de la

rapide de notre population nous

revue scientifique de langue anglaise publiée par la KNCU, et d'extraits de livres divers (en haut).

Guerre froide. Beaucoup de pays se

obligent à insister sur les divers

sont d'ailleurs demandé quelle orien-

processus de formation continue

44

Koreana I Hiver 2004

Publié pour commémorer le so•m• anniversaire de la KNCU, ce volume est une chronique de l'histoire et des activités de la commission depuis 1950, année à laquelle la Corée a rejoint l'UNESCO (en bas).


les faire connaître au monde entier. Troisièmement, je pense que, dans le cadre de la diversité culturelle et de la recherche des valeurs communes, la Corée possède une expérience unique , occupant une position intermédiaire entre les nations riches et les pays en voie de développement. En dernier lieu, nous sommes aussi impliqués dans la définition des paramètres régissant le domaine scientifique, lequel fait dorénavant

Cérémonie du

so•m , anniversaire de la KNCU, ten ue le 29 janvier 2004.

l' objet d ' une attention toute particulière, par exemple pour le secteur

ment renoncé à ses propres intérêts

l'humanité, et l' Abbé Lorsch, un autre

de l'environnement ou en matière

pour le bien de la collectivité. Pour ce

site important d'héritage culturel, en

d'éthique, ne serait-ce que pour la

qui est de l'Asie du Nord-Est, étant

Allemagne, ont signé un accord de

biotechnologie. Ce n ' est pas pour

donné que la Chine se développe à un

partenariat. Grâce à une exposition

rien que nous faisons circuler les

rythme effréné et que les autres

comparative sur les plus vieux livres

dernières informations en date

économies savent s ' accomoder de

imprimés issus de la typographie,

provenant des pays avancés sur le

cette situation, le nationalisme devrait

tenue en outre-Rhin et ayant présenté

sujet, à l' ensemble de la Corée.

inéluctablement prendre du recul.

l'ouvrage coréen Jikjisimcheyojeol et

Koreana : Bien entendu, tout le

Comme les commissions japonaise et

la Bible de Gutenberg, l'UNESCO est

monde est d ' accord ·sur l'importance

chinoise auprès de l'UNESCO sont

effectivement parvenu à faire

de créer une communauté du Nord-

des organes gouvernementaux, il leur

connaître à un plus large public

Est asiatique. Toutefois, les récentes

sera difficile de prendre part à une

étranger le savoir-faire traditionnel

controverses à propos de l'histoire

compilation commune des manuels

coréen

ancienne, entre la Corée, la Chine, et

d'histoire. Toutefois, l'élargissement

l'imprimerie. Puisque la Corée sera

le Japon, laissent planer le doute sur

continu des échanges dans les

l'invitée d'honneur de la prochaine

la faisabilité du projet. Selon vous,

domaines éducatifs et culturels entre

Foire des Livres de Francfort, l'année

dans quelle mesure les commissions

nos trois pays contribuera, il faut le

prochaine, nous allons travailler de

auprès de l'UNESCO, pour les pays

souhaiter,

la

pied ferme avec les autorités con-

concernés, pourraient aider à faire

compréhension mutuelle et à réduire

cernées et utiliser à bon escient cette

atteindre cet objectif ?

la tension.

opportunité destinée à valoriser la

à

renforcer

dans

le

domaine

de

Kim : L' industrialisation, en

Koreana : La KNCU joue main-

littérature coréenne. D'un autre côté,

Europe, a été accompagnée d ' une

tenant un rôle actif quant à mieux

au lieu de nous entêter à présenter

montée agressive des nationalismes,

faire connaître la culture coréenne à

coûte que coûte la culture coréenne au

ce jusqu ' au lendemain de la

travers le monde. Que pouvons-nous

monde entier, nous nous efforcerons

Deuxième Guerre mondiale. Le

escompter, dans ce chapitre ?

désormais de mettre en place des pro-

phénomène a été suivi par un proces-

Kim : Récemment, le temple

grammes variés susceptibles de satis-

sus d'unification qui a donné une

Haeinsa, où se trouvent les planches à

faire la demande croissante émanant

entité européenne au sein de laquelle

imprimer Tripitaka Koreana, inscrites

du public désireux de mieux connaître

chaque état membre a progressive-

au patrimoine culturel mondial de

notre héritage culturel. ~ Hiver 2004 1Korea n a

45


ARTISANAT

Hong Jung-sil Dessiner son âme sur le métal L'incrustation de l'argent est un art décoratif sur métal, particulièrement remarquable par la pureté de ses lignes. Aller à la rencontre de l'âme de l'artiste Hong Jung-sil nous permet de découvrir le processus de l'incrustation et le dévouement nécessaire pour la création de motifs aussi séduisants. Ryu Min Rédacteur occasionnel Oh Jong-eun Photographe

Coffret à bijoux

Incrustations d'or, d'argent, de jade, de fer et de bois.

46 Koreana I Hiver 2004



F

roid mais séduisant, le métal est simple mais

tation est un travail extrêmement raf-

Les gens gardaient ces objets près

finé et délicat», nous explique Hong.

d'eux afin d'apprécier leur raffine-

inflexible. Depuis l'âge

Pour elle, l'incrustation de

ancien, les métaux étaient

l'argent est l'essence même du travail

Une autre caractéristique propre-

considérés comme précieux et

sur métal. En brodant sur le fer ou le

ment coréenne de cette technique, est

décorés par des motifs dont la valeur

bronze des fils d'or, d'argent ou de

l'utilisation prépondérante du fil en

faisait l'admiration. C'est ainsi que

cuivre, elle crée de véritables oeuvres

argent. La rareté de l'or n'est pas la

s'est développée l'incrustation de

d'art.

seule explication. En effet, ce choix

l'argent, une technique traditionnelle de décoration des métaux. Hong

ment et leur élégance.

s'explique plus par les traits de ca-

Un art aux lignes élégantes

ractère du peuple coréen. Selon les

Jung-sil, désignée comme Patrimoine

Les exemples d'incrustation

propos d'un critique japonais, Yanagi

culturel immatériel coréen n° 78, est

d'argent remontent à l'âge du Fer.

Muneyoshi, spécialiste en artisanat

le maître-artisan par excellence de

L'incrustation atteint son apogée pen-

populaire, «c' est le désir de chercher

l'incrustation en argent, poursuivant

dant les dynasties Goryeo (918-1392)

la beauté qui cache la lumière à

ainsi une longue tradition.

et Joseon ( 1392-1910). L'artisanat

l'intérieur».

«L'incrustation de l'argent est

des métaux n'est certes pas propre à

Seul, l'argent est pur et simple,

l'art d'enrober des fils fins en argent

la Corée, cet art décoratif existant

mais combiné avec d'autres métaux,

sur la surface du métal. C'est une

également dans d'autres pays

il rehausse leur éclat. Une élégance

sorte de broderie du métal. L' incrus-

étrangers. Toutefois, l'incrustation

subtile et durable est préférable à une

d'argent est unique en son genre par

splendeur qui s'éteint rapidement.

son «art des lignes». Les motifs aux

Cette caractéristique de l'argent sied

lignes régulières sont à la fois sobres

à merveille à la mentalité coréenne,

et artistiques, simples et fantaisistes.

ce qui explique que l'argent a tou-

Des objets comme l'encensoir, le

jours été l'élément principal de

chaudronnier, l'étui à cigarettes, le

l'incrustation. C'est la raison pour

fermoir et les articles de bureau,

laquelle «ipsa» en coréen désigne en

étaient décorés de divers motifs :

général l'incrustation d'argent, fleu-

les dix symboles de la longévité,

ron de la ferronnerie.

les oiseaux et les fleurs, les insectes et les plantes, les paysages montrant des canards

Toutefois, avec l'ère moderne,

au bord d'une rivière sous les

l'incrustation disparaissait peu à peu

saules pleureurs. Ces motifs

de l ' esprit des Coréens. Dans ce

représentent la fortune et la

bouleversement qui s'est traduit en

prospérité, la santé et la longévité

une substitution de l'ancien par le

ainsi que l'abondance et la fertilité.

nouveau, cet art a été pratiquement

Traces du temps: incrustations d'or, d'argent, de bronze et de laque.

48 Koreana I Hiver 2004

Une tradition à présèrver


oublié. Bien que Hong ait étudié l'art

du matin, sans exception. Hong

des métaux, elle n'aurait pas pris ce

apprit non seulement l'art d'incruster

chemin sans les quelques instants

l'argent, mais découvrit également

décisifs que le destin lui avait

l'esprit inflexible et fier d'un artisan.

réservés.

..

Î

«J'ai compris que cet art n'était

Tout commence par sa première

pas réalisable si les mains ne sui-

rencontre avec un objet incrusté

vaient pas le cheminement de l'âme.

d' argent dans Insadong, le quartier

J'ai compris également qu ' il fallait

des antiquaires, au début des années

adapter cet art traditionnel aux

70. «Ce fut un coup de foudre, se

aspects propres de la modernité. Il

remémore-t-elle, j 'ai été littéralement

était d'abord nécessaire de définir le

frappée par sa beauté et c'est ainsi

terme «ipsa»», explique Hong.

que j'ai voulu apprendre cet art. Mais

Pour elle, il existe deux tech-

j'ai été surprise de voir que c'était

niques de «ipsa». La première,

une pratique artistique pratiquement

«kkium ipsa», désigne l'incision des

oubliée. Depuis, j'ai pu lire dans un

motifs décoratifs sur la surface du

livre intitulé «Trésors culturels

métal avec un burin suivie de

vivants» que l'incrustation d' argent

l'incrustation des fils en argent dans

n'est plus pratiquée aujourd'hui.

ces entailles. Cette technique s'est

Cette nuit-là, je n'ai pas pu fermer les

largement répandue pendant la

yeux».

dynastie Goryeo. Le royaume ayant

Cinq ans après, elle rencontre le

\

adopté le bouddhisme comme reli-

Flacon de parfum :

incrustations d'or, d'argent, de jade, de fer et de laque.

maître Lee Hak-eung, dernier artisan certifié du Palais Royal. Lee, qui avait 78 ans à l'époque, avait du mal à prendre au sérieux cette jeune femme venant s'incliner humblement pour lui demander d'être prise comme apprenti. Lui-même ne pratiquait plus cet art depuis dix ans . « Pourquoi vouloir apprendre cette technique? C'est un art difficile et pauvre», lui dit Lee. Toutefois, il se laissa convaincre et la prit comme élève. Le maître se levait très tôt et commençait le travail à huit heures Bouilloire avec motifs de prunier et de bambou:

incrustations d'or, d'argent, de bronze, de jade, de fer et de laque.

Hiver 2004 1Koreana

49


gion officielle, des articles en bronze

argent dans ces incisions. Hong a

remplie d'inscriptions et d'images de

comme les encensoirs, les boîtiers

appris cette technique qu'elle

grues, de biches, de fleurs ou autres»,

d'encens et les kundikas (vase à eau

applique aujourd'hui dans ses oeu-

comme l'explique Hong.

lustrale) sont les principaux objets

vres. La surface doit être gravée au

La surface non incrustée est

porteurs de cet art décoratif. Ensuite,

burin à quatre reprises, chaque fois

colorée en noir en utilisant des tech-

pendant la dynastie Joseon, le confu-

dans une direction différente, ce qui

niques traditionnelles, ou laissée telle

cianisme succède au bouddhisme et

exige

qu'elle afin de souligner la couleur et

désormais , les objets en fer

persévérance considérables.

une

régularité

et

une

la texture naturelles du métal. La sur-

envahissent le palais royal et les

«Les motifs sont réalisés en

face de fond en noir contraste avec

maisons des classes supérieures. Le

frappant au marteau des fils en argent

l'éclat du fil en argent, soulignant

matériau principal devenant le fer et

de 0,25 mm d'épaisseur, sur la sur-

ainsi sa luminescence. Jadis la suie

non plus le bronze, la technique

face gravée. Parfois les motifs sui-

du pin brûlé était mélangée à l'huile

d'incrustation devait également

vent les dessins de la base, sinon ils

végétale pour obtenir la couleur

changer. C'est ainsi qu'apparaît la

sont improvisés, les fils étant

noire, mais à l'heure actuelle on

seconde technique appelée «jjoeum

incrustés au hasard, là où la main

utilise plutôt la poudre de graphite.

1psa».

nous mène. Le reste de la surface est

Après avoir appliqué la coloration

Celle-ci consiste à inciser la sur-

laissé sans ornements pour une

noire, la surface est astiquée avec

face entière d'un objet en métal et à

ultime finition, tandis que pour cer-

l'huile végétale et polie ensuite pour

enfoncer ensuite au marteau, le fil en

tains objets, la surface entière est

l'éclat final. «C'est une beauté créée par une seule ligne fine. Quand vous regardez les objets ainsi incrustés, il vous semble ressentir l'âme des artisans. J'ai l'impression quelques fois de commumquer avec eux».

Objets d'art, œuvres de l'âme La principale préoccupation de Hong est aujourd'hui de transmettre cette tradition qui ex(ge le plein dévouement d'un artisan. Comme le tournant pris lors du passage de la dynastie Goryeo à celle de Joseon, il convient maintenant de réfléchir à Fils d'or et d'argent, autres matériaux utilisés pour l'incrustation.

adapter cet art à la modernité. C'est la raison pour laquelle Hong a créé

L'incruc;tatio 1 de l'argent est impoc;sible Sdns une patience et une persévérance illimitées. DéJà trente ans se sont écoulés, mais Hong n'a ~amais oublié les propos de son vieux maître aui lui disait qu'une oeuvre d'art est le produit de l'âme de l'artisan, non de Sf'S mdinc;.

50

Koreana I Hiver 2004


r

,

1

l'Institut Gilgeum de recherche sur l'art du métal et enseigne à l'université. Combinant harmonieusement tradition et modernité, ses oeuvres sont exposées au British Museum, au Musée folklorique de Vienne en Autriche et au Musée national d'histoire de Taïwan. Hong s'efforce de promouvoir cette technique coréenne d'incrustation de l'argent, sur la scène internationale. Elle n'a pas hésité à se rendre aux Etats-Unis, en Chine, en Inde, en Espagne et dans d'autres pays, pour rechercher les différences entre l'artisanat coréen et celui des pays étrangers, afin de mieux valoriser l'esthétique proprement coréenne. «Je voudrais que le monde découvre l'esthétique coréenne. J'aimerais que les gens s'exclament : ah, c'est donc ça la beauté impressionnante de l'incrustation en argent qui nous vient de Corée». Déjà, Hong a plus de trente ans de carrière. Comme tout être humain avec ses hauts et ses bas, il lui arrive dans des moments de lassitude, de regretter son choix. Mais chaque fois elle trouve le réconfort auprès des paroles de son vieux maître : «les oeuvres d'art sont faites par l'âme, non par les mains». Pour elle, en effet, le travail d ' un véritable artisan consiste à relier les âmes entre elles par le biais des oeuvres. t..t 1 2 3 4 5 6 7 8

Polir la surface à l'aide d'un papier de verre. Inciser celle-ci de manière régulière à l'aide d'un burin au bord allongé. Graver le motif en recopiant le modèle dessiné. Poser le fil d'argent sur les motifs avec un marteau. Taillader la surface d'accueil des motifs à l'aide d'un ciseau à bois. Lui faire subir un traitement thermique. La polir avec du charbon. La raboter légèrement à l'aide d'un burin au bord aigu afin de lui donner plus d'éclat.

Hiver 2004 1Koreana

51




T

constituent la ligne de partage des

Rituel céleste

aebaek, terre du mont Taebaek signifiant «le

eaux des trois fleuves Namhangang,

Historiquement, Taebaek est un

grand éclat», est une

Nakdonggang et Osipcheon. On y

Etat tribu faisant partie de Jinhan

ville nouvelle créée par

trouve peu de plaines mais des

pendant la période des Trois Han, et

la fusion de deux villes minières,

collines à pente douce servant de

de Siljik à Samcheok pendant la

Jangseong-eup et Hwangji-eup, du

champs.

période des Trois Royaumes. Au

canton de Samcheok-gun en 1981.

C'est en 1933 que Taebaek a

cours de la 23ème année (en 102) du

Autrefois, symbole des eaux polluées

commencé à produire du charbon.

règne du Roi Pasa du Royaume Silla,

par les mines apparaissant souvent

Par la suite, avec une production de

Taebaek devient un territoire de Silla,

dans les dessins des écoliers pendant

6,4 millions de tonnes, la ville

puis de Goguryeo lors du règne du

leurs cours d'arts plastiques, la ville

représentait 30% de la production

Roi Jangsu en 469. Silla retrouve la

sur le plateau devient aujourd'hui une

nationale et jouait le rôle principal

souveraineté de ce territoire la 6ème

villégiature avec un été frais et un

dans Je développement du pays. La

année du Roi Jijeung (en 505).

hiver qui commence plus tôt. En

situation amorce un tournant en

Les alentours de Taebaek sont

effet, sa température moyenne

1989, lorsque est mise en oeuvre la

traditionnellement le foyer de croyan-

annuelle avoisine 11,2° C avec -3,1 °

politique de rationalisation de

ces chamanistes . Au sommet

au mois de janvier et l 8°C pour le

l'industrie houillère qui aboutit à la

yeongbong se trouve Cheonjedan

mois d'août, ce qui la rend adéquate

fermeture de la plupart des 50 mines.

(autel céleste) pour Han Baegum,

pour fuir la chaleur de l'été. Les

Depuis, la population décroît et

fondateur légendaire du Joseon

précipitations annuelles s'élèvent à

1'économie locale tombe dans le

Ancien et il existe cinq autels pour

1 019 mm et l'on y trouve les zones

marasme. Pour sauver la situation, le

les prières des chamanes. Le premier

climatiques de haut-plateau et de

gouvernement met en place en 1996,

rite s'est tenu en 138 pendant le

montagne.

un programme intitulé «ville de

règne du Roi Ilseong lors du

sports, de loisirs et de tourisme sur le

Royaume Silla, à Cheonjedan. C'était

haut-plateau».

230 ans avant l'introduction du boud-

D'une mine de charbon à un centre de villégiature

Les souvenirs de la ville minière

dhisme en 372. Les gouverneurs,

demeurent, à travers le Musée du

pendant les Royaumes Goryeo et

mont

charbon et la Tour commémorative

Joseon suivis par Je général Sin Dol-

Baekbyeongsan (1 259 m) et le som-

pour les travailleurs morts dans cette

seok, chef de la troupe loyale à la fin

met Yeonhwabong, à l'ouest, le mont

industrie. Ouvert en 1997, le musée

de la Dynastie Joseon oni: célébré le

Hambaeksan (1 573 m), au sud le

est composé de quatre niveaux dont

rite en sacrifiant un cheval blanc.

mont Taebaeksan (1 567 m) et le

un en sous-sol. Environ 8 000 pièces

Cette tradition se perpétue encore

sommet Janggungbong, au nord, le

y sont exposées dont les roches, les

aujourd'hui et un grand rite au Ciel

mont Daedeoksan (1 307 m) et le

minéraux, les fossiles et le matériel

est tenu à l'occasion du 3 octobre,

sommet Maebongsan, et enfin au

minier. Des simulations permettent

jour de fondation du pays.

centre, le mont Yeonhwasan (1 171

aux spectateurs de revivre la vie des

La grande différence entre

m) à plus de 1 000 m d'altitude. Au

mines grâce aux équipements de si-

Taebaeksan et les autres montagnes

sommet du Maebongsan se rencon-

mulation et aux effets spéciaux.

est 1' absence de temple. Le moine

trent Baekdudaegan qui relie le mont

Quant à la Tour commémorative,

Jajang-yulsa avait une bonne raison

Baekdusan au mont Jirisan et la

elle a été aménagée en hommage

d'aménager le sarira au pied du

chaîne Nakdongjeongmaek. Les alen-

aux 1 703 miniers, victimes de

Hambaeksan et non au mont

tours du col Pijae au mont Maebong

l'accident survenu en 1975.

Taebaeksan. En effet, au mont

Véritable relief montagneux, à l'est

se

dresse

54 Koreana I Hiver 2004

le


Vue sur la ville de Taebaek. Taebaek est aussi le nom du plus haut plateau de Corée du Sud, dans une région essentiellement montagneuse. {eu haut)

En proie à la désertation, comme l'attestent ces boutiques et ces maisons abandonnées, Cheoram a été autrefois la plus grande cité minière. {en bas, à gauche) Taebaek, principale région minière, fournissait 30% de la production de charbon jusqu'à la fin des années 1980. {en bas, à droite)

Hiver 2004 1Koreana

55


Du Taebaek naissent deux fleuves. Le fleuve Hangang traversant la péninsule du Nord au Sud, et le fleuve Nakdonggang qui alimente la partie sud du pays, (province Gyeongsangdo), y trouvent leur source.

Gumuso - littéralement un bassin situé sur une roche donnant sur le vide - est le nom d'une grotte calcaire en forme d'arche de 20 mètres de hauteur, de 30 mètres de largeur et de 20 mètres de profondeur. (à gauche) Hwangji, situé au centre du plateau du Taebaek, est le nom donné à la source du Nakdonggang, l'un des quatre fleuves sud-coréens. (à droite)

Taebaeksan se trouvent le sanctuaire

Deux ans après, en 1457,

fuir tous les esprits malsains, d ' où

J anggundan consacré à Dangun au

Danjong meurt à l'âge de 17 ans.

son implantation très étendue.

sommet

l'autel

Selon la légende, apparut une nuit

Actuellement, il reste environ 3 900

Cheonjedan au mont Yeongbong,

dans le rêve des habitants de

arbres qui sont tous protégés par une

sans compter les innombrables petits

Yeongwol, Samcheok et Bonghwa,

étiquette numérotée. Des ifs cente-

autels dans chaque vallée. Il est donc

Danjong lui-même, devenu esprit de

naires poussent près du sommet

difficile de trouver une place pour

la montagne. Un monument a été

Janggun et sont souvent pho-

aménager un temple. Le bouddhisme,

érigé sur place en 1955. Bien que

tographiés pour leur aspect lors du

religion étrangère, n'avait pas sa

Danjong soit le roi, son monument ne

coucher de soleil ou sous la neige.

place au mont Taebaeksan.

peut prétendre au sommet où se trou-

Janggun

et

A mi-chemin de Cheonjedan, se

ve Cheonjedan.

trouve le monument Danjongbigak.

Il ne faut pas oublier que Taebaek est la source de Hangang, N akdonggang et Osipcheon. Les

12 ans pour devenir le sixième roi de

Terre natale de la neige et du fleuve

Hyeolli sont, avec Hwangji, l' une des

la dynastie Joseon, est condamné à

Depuis longtemps, la région est

quatres sources de Nakdonggang. La

l'exil vers Yeongwol par son oncle, le

réputée pour son bois d'if et son

grotte calcaire Hyeolli est longue

roi Sejo, Suyang-daegun (Roi Sejo)

magnifique paysage enneigé. La

d'un km alors que son entrée mesure

en 1455.

couleur rouge de l'if est réputée faire

3 m de haut sur 4 m de large. Des

Danjong arrivant au trône à l'âge de

56

Koreana I Hiver 2004

eaux qui proviennent de la grotte



Jagaemun, nom donné à une grotte artificielle donnant sur un précipice de roche calcaire, est l'une des entrées principales de la ville de Taebaek. (à gauche) Les 50 mines sont pour la plupart fermées, celle de Cheoram restant la principale réserve de charbon dans le pays. (à droite)

milliers de tonnes d'eau affluent de

Près de Gumuso se trouve une grotte

amont du fleuve Nakdonggang, toute

cette grotte chaque jour, approvision-

calcaire artificielle mesurant 6 m de

route est bloquée» : cet endroit est

nant les habitants de Taebaek en eau

haut, 4 m de large et 5 m de pro-

précisément Gumuso. Hwangjicheon

potable. Comme dans toute grotte

fondeur. Façonnée en 1937 par les

qui puise sa source à Hwangji passe

calcaire, s'y trouvent de nombreuses

Japonais pendant la période du

par Jagaemun avant de rejoindre le

stalactites et stalagmites.

développement minier, cette grotte

cours d'eau Cheoramcheon pour se

Dans la ville, à Dongjeom-dong,

Jagaemun est l'une des entrées prin-

jeter à Nakdonggang. Les vallées de

se trouve Gumuso, l'une des huit

cipales dans la ville de Taebaek.

Hwangjicheon accusent une pente

merveilles de Gumun. C'est une

Dans cette zone les couches calcaires

raide et le fleuve devient étroit,

grotte calcaire en forme d'arche ,

datent de 150 millions d'année et les

provoquant ainsi des courants rapi-

mesurant 20 m de haut, 30 m de large

lettres «Gumun so Jagaemun» sont

des . Toutefois , arrivé près de

et 20 m de profondeur. Gumu est un

gravées sur la face rocheuse près du

Gumunso, le courant s'adoucit, ren-

mot ancien signifiant trou ou grotte et

niveau de l'eau.

dant le mouvement de l'eau à peine

Gumuso désigne un bassin près

Selon «Jeonggamnok », li vre

d'une roche avec un espace vide. Les

ancien sur les prédictions de l'avenir

Gumunso a été ainsi baptisé par

caractères chinois représentant

du pays, très populaire pendant la

les adeptes de «Jeong gamnok»

Gumuso se prononcent Gumunso.

Dynastie Joseon, il est écrit qu' «en

remontant le fleuve à la recherche de

58 Koreana I Hiver 2004

perceptible.


Région calcaire, Taebaek est riche en grottes : celle de Yongyeon nous dévoile ses mystérieuses stalactites. (à gauche} Nuit à Taebaek. Autrefois ville minière, Taebaek renaît aujourd'hui en tant qu'un site apprécié de villégiature. (à droite}

l'utopie. Arrivés à cet impasse, ils ont

Geomnyongso, situé à 950 m

laissé le nom de Gumunso qui signi-

d'altitude

de

source du fleuve Nakdonggang. Situé

fie «chercher une porte».

Geumdaebong, est un mystérieux

au milieu de Taebaek, Hwangji com-

bassin d'une profondeur difficile à

prend un bassin supérieur (100 m de

déterminer et d'une circonférence de

circonférence), un bassin central (50

du

20 m . Chaque jour, près de 5 000

m de circonférence) et un bassin

Hangang, se trouve au pied du

tonnes d'eaux souterraines émergent

inférieur (30 m de circonférence), le

Geumdaebong à Changjuk-dong, à

d'un lit de roches calcaires et forment

tout produit environ 5 000 tonnes

14 km de la ville de Taebaek. Le

une chute d'eau à pente douce de 20

d'eau par jour, approvisionnant la

Hangang y puise sa source avant de

m. Au fil du temps, ce flux d'eau a

ville en eau potable . Des textes

parcourir son long trajet de 514 km.

creusé un passage de 1-1 ,5 m de pro-

anciens comme «Donggukyeoji

Auparavant, l'Utongsu du mont

fondeur sur 1 à 2 m de largeur et 20

seungnam (étude ré vis ée sur la

Odaesan était connu comme étant la

m de longueur, qui représente par ses

géographie

source du Hangang, mais une étude

courbes, un dragon se dressant de

«Taen gniji» et «Cheokjuji» font

menée à Najeon-ri, où se rencontrent

toute sa hauteur. L' eau est ici à 9° C

référence à Hwangji comme source

Odaecheon et Changjukcheon , a

toute l'année. Les roches aux alen-

du Nakdonggang. Lors des séche-

démontré que ce dernier était 32 km

tours sont couvertes de mou sse,

resses, des rites étaient célébrés près

plus long. C'est la rai son pour la-

créant une image d'ensemble du

de Hwangji, considéré comme bassin

quelle l'Institut national d' informa-

paysage, particulièrement mystérieuse.

sacré. Les gens étaient convaincus

tions géographiques a conclu offi-

Geomnyongso doit son nom à la

qu'en jetant des cailloux dans le

ciellement que le Geumdaebong, à

légende selon laquelle un dragon sacré

bassin, on déclenchait des pluies et

Changjuk-dong est bien la source du

vit dans ce bassin.

des vents forts . là1

Geomnyongso et Hwangji Geomnyong so ,

fleuve Hangang.

source

Hwangji,

au

nord-est

Haneulmot (bassin céleste) est la

autrefois

de

la

Corée» ,

appe lé Hiver 2004 1Koreana

59


CUISINE

Le Dongchimi Kimchi de radis à l'eau


Légèrement glacé, le dongchimi est meilleur en hiver. Depuis quand existe-t-il en Corée ? Regardons de près ce kimchi nutritif, produit d'un procédé scientifique de fermentation. Yoon Sook-ja Directrice de l'Institut de la cuisine traditionnelle coréenne Bae Jae-hyung Photographe Lee Kyung Nutritionniste

L

e dongchimi est le kimchi le plus apprécié en hiver. Il a la même origine que d'autres kimchis, les légumes salés et fermentés faisant partie depuis longtemps de la cuisine coréenne. Les premières références au kimchi ou «jeo (zu, en chinois)» se trouvent dans la section «Xiaoya»

de «Shijing», recueil de poèmes chinois, écrit il y a 3 000 ans. Le terme «jeo» n'apparaît pas dans les documents coréens d'avant la période des Trois Royaumes (du 1er siècle av. J.-C. au 7ème siècle ap. J.-C.) ou de Silla Unifié (de 668 à 935). Toutefois, il est fait référence aux légumes saumurés dans «Samguksagi (Histoire

des Trois Royaumes)», démontrant que ces légumes salés faisaient partie de la nour1iture du peuple de Goguryeo (de 37 av. J.-C. à 668 ap. J.-C.). En outre, parmi la liste de cadeaux de mariage offerts par le Roi Sinmun (r.

681-692) du Royaume de Silla à sa belle-famille, figurait la notion de «hae», signifiant fermenté ou mariné. Ainsi «hae» peut signifier aliment salé ou kimchi car il s'utilise pour «eohae» signifiant poisson mariné, ou <~eohae» pour désigner les légumes fermentés. Par conséquent, les poissons ou légumes fermentés peuvent être considérés comme un aliment coréen de base faisant partie intégrante de 1a cuisine coréenne, avec le riz, l'alcool et la pâte de soja.

Les légumes marinés dans le monde Le kimchi est mentionné pour la première fois dans «Gapoyugyeong» de «Donggugisanggukjip» par Yi Gyu-bo (1168-1241) pendant la période centrale du Royaume G01yeo (918-1392). Il est écrit : «le kimchi trempé dans la sauce de soja est meilleur en été tandis que le kimchi salé a meilleur goût en hiver. Les racines continuent à pousser pendant l'hiver. Couper les paities couvertes de givre et les porter dans sa _bouche : elles ont le goût de poire». En outre, appai·aissent également des kimchis à base de concombre, d'aubergine, de radis, de poireau, de guimauve et de gourde. «Eumsikjimibang», publié en 1670, présente des méthodes de préparation des différents kimchis. Hiver 2004 1Koreana 61


Les pays étrangers ont également leurs légumes marinés. Il en existe deux types : au vinaigre et au sel. Le dongchimi est d'autant plus apprécié que la saumure est également consommée avec le radis.

Les légumes marinés au sel ou au vinaigre existent également dans les pays étrangers. Les «Paocai» chinois sont des choux ou des concombres, marinés au sel ou au vinaigre. Au japon, le terme «tsukemono» est utilisé pour qualifier les légumes marinés en général, «umeboshi» désignant la prune salée et «takuan», le radis salé et fermenté dans le son du riz. En Occident, les aliments marinés sont surtout des concombres, d'autres légumes et des fruits conservés dans le vinaigre. Le Sauerkraut, très apprécié en Allemage, est constitué de chou saumuré en lamelles. L' Acar désigne en Indonésie, un plat mariné au vinaigre constitué de lamelles de concombre, d'oignon, de papaye et d'ananas, macérées dans un mélange de vinaigre, de sucre et de sel. Pour les Philippins, le même terme d' Acar est utilisé pour la papaye, l'oignon et l'ail marinés au vinaigre. Les légumes marinés peuvent être divisés en deux types : au vinaigre et au sel. Le dongchimi est unique en son genre, car le liquide résultant du processus de fermentation est également consommé avec le radis.

Le processus scientifique de fermentation du dongchimi Le processus de maturation du dongchimi implique la fermentation de l'acide lactique. Les microbes nuisibles sont neutralisés alors que les bactéries lactiques augmentent. La bactérie lactique transforme les glucides des légumes en acide lactique, rendant le jus du dongchimi plus rafraîchissant et plus savoureux. Faible en calories et essentiellement composé de légumes, le dongchimi est riche en fibres alimentaires et contribue à baisser le taux de glycémie et de cholestérol. Ainsi peut-il prévenir, voire traiter les diabètes, les maladies cardiaques, l'obésité ou d'autres maladies de l'âge adulte. Avec la fermentation, le liquide s'épaissit et le radis prend de la saveur. Le dongchimi est servi avec des radis coupés en demi-lune ou en bâtonnets. Comme d'autres kimchis, il a meilleur goût lorsqu'il arrive à maturation progressivement et à basse température, ce qui maintient un liquide clair et limpide. Enfoui sous la terre, le dongchimi nécessite un mois pour prendre sa saveur idéale, alors qu'il lui faut une dizaine de jours à température ambiante. Le dongchimi s'accompagne à merveille de plats épicés et salés, ou de patates douces cuites à la vapeur. Sa saveur procure dans la bouche une fraîcheur permettant d'avaler les aliments en douceur. A l'époque où l'on utilisait les briquettes de charbon pour le chauffage, le dongchimi était toujours à p01tée de main comme excellent remède à l'intoxication par le monoxyde de carbone. Ce dernier, émis lors de la combustion des briquettes de charbon, absorbe l'oxygène. Lorsqu'une personne aspire la fumée des briquettes de charbon, elle se trouve alors en manque d'oxygène. Le dongchimi ayant un excellent pouvoir de réapprovisionnement en oxygène, était donc souvent recherché par les personnes atteintes d'intoxication, leur permettant ainsi de reprendre conscience. ~

62 Koreana I Hiver 2004


Préparation du dongchimi Ingrédients - 10 radis blancs coréens de taille moyenne - 240 gr. de gros sel - 51. d'eau - 140 gr. de sel fin - une poire coréenne - une demie grenade - 50 gr. de ciboule - 500 gr. de feuille de moutarde - 25 gr. de codium fragile -110 gr. d'ail, 60 gr. de gingembre - 50 gr. de piments verts et - 5 piments rouges

Préparation 1. Choisir des radis de taille moyenne bien durs et à feuilles vertes et fraîches. Retirer les fines racines et bien nettoyer. 2. Rouler les radis égouttés sur le sel et les placer dans une jarre en terre toute une nuit. 3. Laver la poire et la percer de plusieurs points avec une baguette. 4. Saupoudrer la ciboule de sel et la botteler par groupe de deux ou trois tiges. 5. Procéde r de même pour la feuille de moutarde. 6. Bien laver le codium fragile et le couper en morceaux. 7. Choisir des piments verts, bien piquants et les laisser mariner plusieurs jours dans la saumure jusqu 'à ce qu'ils deviennent jaunâtres. 8. Envelopper dans une poche de toile l'ail, le gingembre et la ciboule en fines lamelles. 9. Préparer la veil le, la saumure pour le dongchimi : faire dissoudre le gros sel en versant de l'eau dans un tamis.

Procédé 1. Sortir les piments marinés et les essuyer car l'humidité peut faire apparaître un film opaque dans la saumure du dongchimi. 2. Placer dans le fond de la jarre la poche d'assaisonnement, les radis, la poire, la ciboule bottelée, la feuille de moutarde et les piments salés. Poser une pierre large et plate afin que les radis ne remontent pas à la surface. 3. Verser le liquide ainsi préparé dans la jarre. Hiver 2004 1Koreana

63


VIE QUOTIDIENNE

Ki Epanouissement mental et physique par la pratique du Ki L'exercice de Ki, discipline traditionnelle en Corée, consiste à faire concorder les mouvements, le souffle, l'esprit et le flux énergétique appelé ki, par le renforcement des muscles, des os et des articulations. Avec la grande tendance du mieux-être dans notre société, on observe un véritable engouement pour la pratique du ki. Kim Geun Poète Jang June-ki Photographe


D

Kouksundo touche son premier

d'adeptes dans 400 régions du

ésormais, le yoga et le ki ne sont plus des ter-

public vers la fin des années 60 .

mes lointains pour les

Depuis sa première introduction par

Le procédé de respiration du

Coréens. La grande ten-

le moine Zen Cheongsan, les intel-

cerveau, dont l'initiateur est Lee

dance du mieux-être dans la société,

lectuels et les leaders du monde

Seung-heun , a reçu le Prix du

les attire vers la pratique du ki .

entier contribuent à faire connaître

meilleur produit sélectionné par les

D'autant plus que l'intérêt croissant

cette pratique. Le grand public ne s'y

quotidiens Kyunghyang Shinmun et

pour leur apparence physique conduit

intéresse qu'à partir du milieu des

Hankook Ilbo . Cette technique con-

de nombreuses femmes à pratiquer le

années 80. Le chef du parti d' opposi-

siste à améliorer la créativité et la

ki. Il faut toutefois noter que le yoga,

tion le Grand Parti National, Park

concentration en donnant un souffle

exercice visant à rechercher la

Geun-hye, le docteur Hwang Woo-

frais qui facilite grandement la circu-

sérénité

devenu

suk, connu mondialement pour sa

1a ti on énergétique dans notre

aujourd'hui pour les femmes un sim-

recherche sur le clonage des cellules

cerveau. En somme, c'est une forme

ple moyen de garder la ligne.

souches et !'écrivain Song Ki-won

de méditation par exercice cérébral.

mentale,

est

monde.

sont les grandes figures pratiquant le

Le Dahnhak est également ancré

Kouksundo depuis longtemps . En

dans la tradition coréenne car il

2003, un département des études sur

remonte à l'époque de Dangun (de

Les Coréens ont montré un

le Kouksundo a été créé à l'Univer-

2333 à 108 av. J.-C .). En fait le

intérêt de plus en plus significatif

sité Youngdong. Displine tradition-

Kouksundo et le Dahnhak ne sont

pour la pratique du ki à partir de

nelle coréenne pour l'entraînement

différents que de nom, le principe

l'année 2000. La recherche pour une

du corps et de l'esprit, selon un

sous-tendant ces deux pratiques étant

vie et un esprit plus sains a eu pour

spécialiste, Kouksundo aurait été pra-

le même.

effet de doper les ventes de livres

tiqué par les Hwarang, un groupe de

Outre ces deux pratiques men-

écrits par le Dalai Lama, Helen &

jeunes guerriers de la période de Silla

tales, d'autres voient le jour comme

Scott Nearing et Thich Nhat Hanh.

(de 57 av. J.-C. à 935 ap. J.-C.) ainsi

Soosunjae en 1998, institution se

Ces derniers ont ainsi créé un

que par les chercheurs confucianistes.

donnant pour vocation d'être «une

Engouement pour la tendance «mieux-être»

véritable marché de niche dans le

école spécialisée en méditation, offrant des cours pour le grand public

nombreuses associations de médita-

Discipline traditionnelle pour le corps et l'esprit

tions ont vu le jour, avec un vif

Le Dahn World, fondé en 1985

pour éclairer sa vie». Sans· compter

intérêt pour le ki dans un but de

par Lee Seung-heun, président actuel

le Kichunmun qui présente le

développement harmonieux entre le

de l'Institut coréen des sciences du

Dahnhak avec le Dahn World, diver-

corps et l'esprit.

cerveau, était connu autrefois sous le

ses associations de méditation exis-

Les pionniers dans ce domaine

nom de Dahnhak Seonwon, avant de

tent telles que Taiji Qigung, pratique

étaient Kouksundo et Dahnhak. Le

renaître sous ce nouveau nom. Le

chinoise ou Avatar, Osho, Ananda

premier est promu par des organisa-

Dahn World commence ses activités

Marga et Raja Yoga.

tions telles que la Fédération de

auprès du personnel du ministère de

Kouksundo

international,

la

la Défense et des hommes d'affaires,

Fédération

internationale

de

avant de s'adresser au grand public

Epanouissement mental par les exercices physiques

Kouksundo et Kouksundo coréen

dans les années 90. Le Dahn Hak,

Le ki est censé être l'élément

tandis que le dernier est lancé par

enseigné dans cette organisation, est

fontamental constituant l'univers.

Dahn World et Kichunmun.

pratiqué actuellement par 2 millions

Par conséquent, l'exercice de ki si-

monde de l'édition. Parallèlement, de

mais également des cours avancés

Hiver 2004 1Koreana

65


La pratique du ki permet d'entraîner non seulement son corps mais également son esprit. Son objectif principal est la transformation de l'esprit en se basant sur un corps sain.

gnifie la volonté de l'être humain de

lui semble tout d'abord étrange.

ses efforts sur la respiration pendant

ne faire qu'un avec l'univers en par-

«Pendant les deux premières

l'accouchement. Elle a ainsi donné

ticipant aux mouvements des lois de

semaines, j'étais occupé à copier les

naissance sans trop de douleurs, à

la nature. L'ultime objectif de cet

mouvements. Mais avec le temps,

une petite fille.

exercice est de rechercher un éclair-

mon corps devenait plus souple et

Mun Kyeong-suk, concepteur de

cissement et un changement dans le

plus léger. Je pouvais également sen-

pages Web, se rend tous les jours au

corps et l'esprit par de bonnes pos-

tir comme une force. Après l'exerci-

Centre de Dahn World à Samseong-

tures physiques. Celles-ci conduisent

ce, tout devenait clair dans ma tête et

dong, dans les quartiers sud de Séoul

à un renforcement de l'énergie

je me sentais frais pour toute la

pendant la pause du déjeuner.

interne. Nombreux sont ceux qui se

journée.»

«J'ai commencé il y a trois ans.

lancent pour la première fois dans

Lee Si-jeong ayant mis au

Je fais un exercice de 50 minutes

cette pratique en quête d' une

monde son enfant en 1998, n'a pas

chaque jour. Je suis en meilleure

meilleure silhouette. Ils réalisent rapi-

pour autant interrompu le Kouksundo

forme, je me sens mieux dans ma

dement qu'une véritable beauté ne

pendant sa grossesse. «Au début, je

peau et, ce qui est important, j'ai une

peut pas s'acquérir uniquement à par-

me faisais du souci. Je ne pouvais pas

attitude plus positive», déclare-t-elle

tir d'un travail sur !''apparence

me permettre de tirer trop sur mon

en essuyant la sueur sur son front.

physique.

ventre. Je suivais les instructions

Dédication sérieuse exigée

Kwon 0-jun, salarié, rencontre

prudemment quand me vint la pensée

pour la première fois le Kouksundo

que ce n'était pas moi qui élevais

Avec la tendance du mieux-être

alors qu'il est étudiant. Il s'inscrit aux

seule mon bébé mais que le ciel

dans la société coréenne, la médita-

cours pour entraîner son corps et

m'aidait.»

tion ou les exercices de ki ne se con-

améliorer sa concentration. Un ami

Après une grossesse passée avec

tentent pas d'être populaires, ils de-

lui a fait connaître cette pratique qui

le Kouksundo, Lee a concentré tous

viennent de véritables industries. C'est ainsi que la Dahn World, avec

Adeptes du ki, après le travail. La pratique de la discipline est possible à raison d'une fois par heure.

son slogan d' «entreprise d'éducation pour la santé» augmente rapidement le nombre de ses branches hors de Corée, tout en essayant d'attirer plus d'investissements étrangers. Quant à Soosunjae, il a lancé des «boutiques de méditation» permettant au grand public d'avoir un accès plus aisé à cette pratique. Les collectivités locales ne sont pas non plus à la traîne car elles s'efforcent d'accueillir des centres de méditation et des centres d'exercices de ki.


Toutefois, à côté de cet opti-

Selon les analyses des experts,

misme, des préoccupations se font

l' engouement pour un mode de vie

jour concernant la méditation ou les

alternatif a été le point de départ de

exercices de ki, devenus un véritable

cet intérêt croissant à l'égard des

commerce. Des critiques s'élèvent

exercices de ki. Toutefois, ils recom-

contre une situation actuelle où la

mandent de réfléchir à la vocation ini-

méditation perd sa propre vocation et

tiale de ce genre de pratique, au lieu

ce, à cause des efforts de développe-

de se laisser séduire par la publicité

ment commercial. Des arguments

sur les exercices de ki et le yoga de

absurdes et irrationnels ont été par-

méditation. Car il ne faut pas oublier

fois avancés pour justifier cette situa-

que l'épanouissement mental et

tion.

physique par le travail du corps et de

l'esprit, reste l'objectif de départ.

~

Où apprendre les exercices de ki à l'étranger? Les centres de formation de Kooksundo à l'étranger Seattle, US: 425-775-7882 New Jersey, US: 201-346-4608 Los Angeles, US: 323-935-5590 Vancouver, Canada: 604-525-1130 Eindhoven, Pays-Bas: 40-262-0536 Les centres de méditation de Dahn World à l'étranger Manhattan, US: 212-725-3262 Washington, US: 202-393-2440 Chicago, US: 773-539-4467 Vancouver, Canada: 604-988-7400 Tokyo, Japon: 81-3-3358-2753 Sao Paulo, Brésil: 55-11-223-6460

Quelques gestes faciles ,

Quelques exercices contre l'indigestion et pour de meilleures fonctions cardio-pulmonaires " Se coucher sur le ventre et poser les mains sur les épaules. 2. Se relever doucement à partir de la tête, du cou et de chaque segment de la colonne vertébrale. Essayer de maintenir l'abdomen au sol. 3 Tourner doucement la partie supérieure du corps à droite et à gauche, pencher la tête vers l'arrière avant de revenir à la posture initiale.

Quelques exercices cortre le stress 1. Se détendre les épaules et s'agenouiller sur la pointe des pieds. 2. Etirer les bras vers le bas, le haut, la gauche et la droite avec les doigts croisés. 3. Repousser les bras tout en maintenant les doigts croisés et les tordre dans les deux sens.

Quelques exercices contre l'hypertension et les maux de tête 1. Repousser votre pied droit et sur la pointe des pieds, positionner le pied gauche sur le genou droit. 2. Attraper la cheville gauche par la main droite et avec le poing gauche, frapper environ neuf fois la plante du pied gauche. 3. Changer de pied et procéder de la même manière.

Hiver 2004 1Koreana 67



1

....


L

.

'ondol, connu sous le terme de «gudeul», est un système de chauffage novateur dont les structures sont intégrées dans le sol du

bâtiment. Les quatre saisons étant bien dis-

tinctes en Corée, il fait très chaud en été et extrêmement

froid en hiver. L'architecture coréenne a donc toujours conservé une chambre avec chauffage à ondol et un salon à plancher de bois sans chauffage. Dans les chambres à ondol, l'installation du système de chauffage sous le sol permet une diffusion de la chaleur par convection dans l'ensemble de la pièce. Ainsi, l'air chauffé au plancher s'élève vers le plafond, poussant l'air froid vers le sol. Ce dernier le réchauffe et l'élève dans

Le four de la cuisine permet également de chauffer la pièce grâce à la chaleur dégagée lors de la cuisson. Le bois est le principal combustible et la marmite l'ustensile par excellence.

l'air (cycle de convection), réchauffant ainsi l'ensemble de

branches d'arbres ou des tiges de céréales. Il existe deux

la chambre. En outre, le sol ne réchauffant que la partie

types de fours, le four direct et le four de cuisine. Le pre-

inférieure de notre corps, notre tête est gardée au frais ,

mier est un chauffage pour les chambres, situé en bas et au

créant ainsi une température agréable pour vivre et dormir.

centre du mur extérieur le plus court de la pièce, pour une

Chauffage efficace, l'ondol a d'autres mérites tels que

efficacité maximale.

l'absence d'émission de gaz ou d'humidité dans la cham-

Le second est un four à double fonction : la cuisson

bre. Efficace et hygiénique, il n' y a enfin aucun risque

et le chauffage. Des traverses sont installées sur le four afin

d'incendie.

de suspendre les marmites. Le four dégage la chaleur pour la cuisson et l'air chauffé passe par les conduits jusqu'à la

Le système Le système est composé de trois parties : un four où

être installés dans la cuisine pour pouvoir chauffer plus de

se déroule la combustion pour la production de la chaleur,

marmites.

chambre jouxtée à la cuisine. Deux à trois fours peuvent

les conduits pour la transmission de l'air chauffé et de la

Ces deux types de fours sont fabriqués en argile et en

fumée et une cheminée pour l'évacuation de la fumée vers

pierre. Seules certaines maisons des classes riches utili-

l'extérieur. Dans le système traditionnel, des bois de

saient des briques, tandis que dans les palais, c'était

chauffage étaient utilisés. Chez les paysans, on brûlait des

l'unique matériau de fabrication. Dans le four, le feu est

..... .:.· .:.· .: .· .:.· .:.·

Ondol, système de chauffage traditionnel.

70

Koreana I Hiver 2004


allumé par un passage appelé «gueule du foyer», où sont

de maison qui évacue la fumée par ses fenêtres. Dans les

attachés les conduits. Des rangées de languettes constituent

chaumières, les couvercles étaient en terre cuite rouge dont

ces conduits prévus pour le passage de l'air et de la fumée.

la fumées' évacuait par des trous.

Sur ces languettes repose le plancher, chauffé par la chaleur rayonnante à partir des conduits.

L' exemple type de la cheminée sur pied est la cheminée Amisan, derrière le Hall Gyotaejeon du Palais de Gyeongbokgung. De forme hexagonale, elle est construite

Une harmonie entre le fonctionnel et

en briques rouges et décorée de divers motifs. La partie

l'esthétique

supérieure est surmontée de plusieurs couvercles tout à fait

Il existe deux types de cheminées : une cheminée

remarquables de beauté. La cheminée derrière le Hall

attenante installée sur le mur de la structure et une

Jagyeongjeon du même palais est construite à l'extérieur

cheminée sur pied séparée de la maison. Certaines

du bâtiment, afin de servir à la fois de cheminée et de

cheminées attenantes sont construites sur le mur de clôture

clôture. La surface est décorée par les dix symboles de

des locaux. Pour les cheminées sur pied, les conduits peu-

longévité, avec une rangée de couvercles qui semble n'en

vent souvent être longs et enfouis sous terre. Construites

former qu'un.

avec divers matériaux, tels que bois, vase, pierre, briques

La conception de l' ondol diffère selon les régions.

noires et rouges, ces cheminées sont également décorées,

Dans la province de Hamgyeong-do, au nord-est de

jouant ainsi un rôle non négligeable dans le jardin coréen.

l'actuelle Corée du Nord, aucun mur ne sépare la cuisine et

La cheminée est surmontée d'un couvercle en forme

la chambre jouxtante, les traverses pour les marmites étant

La cheminée, située derrière le hall Jagyeongjeon, dans le palais Gyeongbokgung, montre des motifs remarquables, avec une rangée de couvercles contribuant à renforcer sa beauté.

Hiver 2004 1Koreana

71


L'introduction de l'ondol a façonné un mode de vie et une culture orientés vers le sol. Celle-ci a rendu nécessaire un espace appelé «chambre antérieure», qui est encore présent aujourd'hui dans l'architecture (oréenne.

installées au même niveau que le plancher de la chambre.

sorte que la chaleur ne pénètre pas dans la chambre.

Par conséquent, les fours sont sensiblement plus larges que dans d'autres régions. Sur l'île de Jeju où la température est plus douce, le four de cuisine était façonné de telle

Origine et développement Quand débute le chauffage à ondol ? Les premiers ondols remontent à l'âge de fer (de 300 av. J.-C. à 1 ap. J.C.) bien que la date précise soit encore méconnue. Des conduits en forme de L ont été exhumés sur le site Sejuk-ri

à Yeongbyeon-gun, dans la province de Pyeongan-do, ainsi que sur les ruines de Seodun-dong, à Suwon. La forme de L est transmise à la période des Trois Royaumes (de 57 av. J.-C. à 668 ap. J.-C.). Les habitants de Goguryeo construisaient des conduits en forme de L sous les murs du nord et de l'est. Le four était installé au sud des conduits est, et la cheminée, à l'extérieur de la chambre, à l'ouest des conduits nord. Les conduits en forme de L apparaissent dans l' «Histoire ancienne des Tang» et l' «Histoire

nouvelle des Tang» sous le terme de «janggaeng», qui signifie long tunnel. Des conduits en ligne droite ont été découverts sur les sites des foyers de la forteresse Busosan, construite pendant la période de Baekje (de 18 av. J.-C. à 660 ap. J.-C.). Cette découverte confirme l'utilisation effective des deux formes de conduits pendant la période des Trois Royaumes. Toutefois, aucun conduit n'a été exhumé sur les sites de Silla (de 57 av. J.-C. à 935 ap. 1.-C.), qui a régné dans la partie méridionale de la péninsule coréenne, ce qui permet difficilement de savoir si l' ondol était utilisé pendant cette période. Bien que les restes d'ondol n'aient pas été découverts pour la période de Silla Unifié (668-935), on considère que le système a été transmis de génération en génération dans la péninsule coréenne depuis les périodes de Goguryeo et de Baekje. Pendant la période de Goryeo (918-1392), les conduits de réchauffement du sol couvrent l'ensemble de la chambre. Ce changement survient au plus tard au La fumée est évacuée par les fenêtres de couvercles en forme de maison (en haut). Les familles de la classe moyenne possédaient des couvercles de forme cylindrique et faits de terre cuite rouge. (en bas)

72

Koreana I Hiver 2004

XIIIème siècle. Pendant cette période, ce type de chambre est appelé «uksil», signifiant chambre chaude, terme qui


apparaît dans les documents du début du Royaume de Joseon. Le chauffage traditionnel utilisé pendant le Royaume de Joseon (1392-1910) et l'occupation japonaise (19101945) connaît des changements pendant les années 60. Le charbon est utilisé comme combustible et la structure des fours est modifiée. Plus tard, la chaudière est introduite pour chauffer l'eau et la faire circuler à travers les tuyaux. Ce fut ensuite le tour du chauffage électrique. Plus récemment, le gaz de pétrole liquéfié a été utilisé et avec la distribution de l'eau chaude dans chaque foyer, le chauffage sur une grande zone (traduit en coréen par chauffage local) devient possible. C' est ainsi que chaque foyer, que ce soit une maison individuelle, des logements collectifs ou de grands immeubles , peut désormais bénéficier d'un chauffage avec des tuyaux sous le sol. L' ondol est présent sous le sol de tout espace résidentiel voire même de toute structure architecturale coréenne. Lors de la dynastie Joseon, filles et garçons ne pouvaient pas être ensemble, il y avait alors dans chaque maison, un espace avec ondol pour chacun. Cette tradition est main-

La cheminée sur pied jouait un rôle non négligeable dans l'esthétique des jardins coréens.

tenue jusqu' à aujourd'hui car à l'exception des salons en plancher, les chambres utilisent toujours le système de

original des portes et des fenêtres coréennes, permettant un

chauffage au sol, mais cette fois par circulation d'eau

espace isolé et ouvert en même temps.

chaude.

L' ondol, système de chauffage unique, et en particulier ses conduits en forme de L, ont grandement influencé

Un mode de vie lié au sol

l' architecture chinoise, donnant la construction de «kang»

L' ondol encourage les Coréens à s'asseoir directe-

dans les Siheyuan (enclos rectangulaires) de Beijing. Dans

ment sur le sol. A l'époque où les conduits étaient installés

ce genre d'habitat, les conduits sont aménagés en ligne

en forme de L, il y avait à la fois des zones chaude et

droite sous une partie du sol, le four se trouve dans la

froide dans une même chambre. Des chaises étaient dis-

chambre tandis que la cheminée est à l'extérieur de la

posées sur la partie froide. Toutefois, à partir du milieu du

pièce.

Royaume de Goryeo, les Coréens n' utilisent pratiquement

Aux Etats-Unis, Frank Lloyd Wright (1867-1959),

plus les chaises et s' asseoient directement sur le sol. Ce

fasciné par l'ondol, crée le chauffage à surface radiante

mode de vie a entraîné une diversification de l'espace.

(panel heating). Lors de la conception de l'hôtel Imperia!

Ainsi, pendant la dynastie Joseon, la chambre des femmes

de Tokyo en 1916, Wright met au point le chauffage à sur-

servait de salon, de salle à manger le jour, et de chambre à

face radiante basé sur les principes de l' ondol. Bien que les

coucher le soir. Une même chambre remplissait donc trois

Japonais aimassent le chauffage à ondol, ils ne pouvaient

fonctions .

guère l'adopter à cause des risques sismiques.

~

Une chambre à ondol exige de l'isolation tandis que le salon sans ondol demande une ouve1ture. Ces deux exigences pouvaient être satisfaites grâce à l'agencement Hiver 2004 1Koreana

73


CHEFS-D'OEUVRE

Le royaume Goryeo reflété dans toute sa splendeur à travers art et piété Boîte à encens en bronze avec motifs incrustés en argent

Kim Seung-hee Conservatrice du Musée national de Gyeongju Photographies : Leeum Samsung Museum of Art

L

' utilisation d'encens tire ses origines de la civilisation indienne. Servant à faire oublier les odeurs de décomposition, son emploi a commencé en Corée avec l'introduction du bouddhisme, lequel en fait une grande consommation lors de l'exécution des rites. La

fumée qui se dégage évoque la disparition des passions terrestres et des illusions, sources de toute souffrance dans la religion bouddhiste. Celle-ci prône plutôt une illumination personnelle au lieu d'une recherche du salut par le biais d'un être suprême ou d' un dieu, elle ne fait référence à aucune meilleure métaphore, considérant que tout ce qui ne touche pas l'esprit est voué à l' éphémérité et symbolisé par la fumée de l'encens, laquelle apparaît momentanément, tourbillonne, puis disparaît sans laisser de traces. Un bouddha désigne tout individu s'éveillant à la connaissance parfaite de la vérité. Shakyamuni, le fondateur historique de la religion, est quant à lui appelé Bouddha. Les ascètes doivent se montrer respectueux envers les illuminés confirmés et suivre les divines pratiques que ces derniers maîtrisent. L'étape traditionnelle de l'encens est vitale : c'est lors de son déroulement que les fidèles vénèrent Bouddha afin de trouver la voie de l'éveil. Durant la période 74 Koreana I Hiver 2004


otifs d'argent sinueux et

ryeo. (12... siècle, hauteur: erture: 18,3 cm, Trésor d'Art Leeum)


Les incrustations d'argent sur les côtés de la boîte à encens en font une forme distinctive et raffinée.

Goryeo (918-1392), l'encens était généralement importé et devait donc être préservé avec le plus grand soin lors de son transport. Les boîtes qui le contenaient se voyaient donc confier la tâche de conserver de façon appropriée la matière vénérée. La Boîte à encens en bronze, aux motifs de fleurs, de vignes et de phénix

incrustés en argent fait preuve du caractère méticuleux des aitisans goryiens. L'élégance des motifs gravés sur le coffret nous laisse facilement imaginer quel intérêt majeur le propriétaire accordait au contenu. Elle est l'exemple-même de la technique d'incrustation qui prévalait à l'époque, le fil d'argent valorisant l' image, une technique unique selon laquelle la surface supérieure du coffret, fait de métal ou de céramique, se voyait apposé une figure comprenant également d'autres matériaux. Cette technique d' incrustation, dont sont issus les motifs des céladons de la même période, est bien caractéristique de l'art propre au royaume Goryeo. La boîte à encens brille d'un éclat qui n'a pas d'égal. Sur la partie supérieure du couvercle est représenté un phénix, les ailes grand ouvertes, prenant son envol dans les nuages. Des motifs ronds de fougères l'entourent. 76 Koreana I Hiver 2004

Les artisans de Goryeo ont développé une technique d'incrustation unique, utilisant divers matériaux pour décorer la figure gravée à la surface de la boîte faite de métal ou de céramique. Le céladon incrusté de Goryeo est l'un de ces items types représentatifs de l'art que nous a légué le royaume maintenant disparu


r

Des fleurs épanouies, stylisées, sont présentes aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur et sont reliées les unes aux autres par des dessins de vignes symétriques et tracés librement. Le phénix étant une créature mythique symbolisant.l'immortalité, on peut penser que la boîte a été utilisée par la famille royale. Encerclant le phénix, des fougères, plantes censées chasser le malheur, forment un contraste saisissant avec les fleurs et les vignes, mettant ainsi plus en valeur l'image du fabuleux oiseau, au centre. La somptueuse beauté des motifs dénote bien, là-encore, une technique d'incrnstation exceptionnelle attestant du haut niveau de raffinement artisanal sous la dynastie Goryeo. L' élégance de la boîte à encens reflète le mode de vie quotidien et social du royaume, lequel éleva le bouddhisme au rang de religion d'Etat. Avec ses sectes pratiquant la méditation et une croyance mettant l'accent sur les actes de piété à réaliser en faveur de Bouddha, condition incontournable pour recevoir sa bénédiction, le bouddhisme goryien a connu ses heures de gloire. L'art du royaume a finalement été le fruit des efforts consentis par la classe dirigeante et les bonzes en vue d' harmoniser vie pieuse et bouddhisme. Les boîtes à encens étaient placées à côté des encensoirs, euxmêmes disposés au centre, devant le bouddha, pour que l'encens soit à portée de main chaque fois qu'il était nécessaire de l'utiliser. Désigné Trésor national n° 214, l' Encensoir en bronze

aux motifs de dragon et de phénix incrustés en argent trouvé au temple Heungwangsa se serait trouvé au côté du coffret précédemment cité. Il est conservé au Musée d' Alt Leeum. La boîte à encens, utilisée en 1289 au temple Heungwangsa, à Gaeseong, alors la capitale du royaume Goryeo, montre un style similaire à celui de l' encensoir en termes de motifs et d'ensemble. Mais la présence commune des deux objets en un même lieu n'a jamais pu être confirmée. L'élégance de la boîte, tout comme celle du temple, nous sensibilisent sur l' âme créatrice de toute une époque.

~

L'encensoir du temple Heungwangsa avec ses motifs incrustés de dragon et de phénix (1289, hauteur: 40, 1 cm, diamètre de l'ouverture: 30 cm, Trésor National n° 214, Musée d'art Leeum). Il présente des similarités frappantes avec le Trésor national n° 171, en termes de motifs et de forme.

Hiver 2004 1Koreana 77


La série Genres humains de Lee Ungno témoigne de techniques étudiées et reprises par l'artiste tout au long de sa carrière artistique. Genres humains 1985, 217 x 136cm, créations à l'encre et sur papier coréen, Gana Art.

78 Koreana I Hiver 2004


CHRONIQUE ARTISTIQUE

Rétrospective sur l'art de Lee Ungno à l'occasion du centenaire de sa naissance Lee Ungno est un peintre qui a contribué à rapprocher l'Est et l'Ouest ainsi que le monde de la tradition et celui du moderne, ce dans sa quête de moderniser l'art oriental. Afin de célébrer comme il se doit le centième anniversaire de sa naissance, le Musée national d'Art contemporain organise une exposition rétrospective du 3 novembre 2004 au 6 février 2005. ParkSoo-jin Conservatrice du Musée national d'Art contemporain Photographies: Musée national d'Art contemporain

C

de Ho-Am en 1989, l'année même de sa disparition,

ette exposition est organisée pour commémorer le centenaire de la naissance du

l'expo d' art Gana qui a célébré le lOème anniversaire de sa

grand peintre Lee Ungno (1904-1989), dont

mort en 1999, suivie par l'inauguration du Musée Ungno

le nom d'artiste était Go Am. Impliqué dans

Lee en l' an 2000, ou encore celle qui a proposé une

diverses controverses politiques et maintes fois concerné

rétrospective sur les 42 années de sa carrière artistique.

par des rumeurs déplaisantes sur son compte, l'homme

Mais force est de constater qu'aucune d'entre elles n'a

était difficile à approcher, si bien que l'essence de ses

offert l'opportunité de revoir systématiquement l'ensemble

travaux n'a jamais pu être expliquée clairement. Au

de ses travaux, depuis les plus anciens aux plus récents.

moment de son départ pour la France survenu en 1958,

Cette exposition se tenant au Musée national d'Art con-

Lee avait déjà à son actif la tenue de 15 expositions à titre

temporain porte en quelque sorte un regard plus large sur

privé, mais suite à son établissement dans l'Hexagone, il

ses activités en tant qu'artiste. L'objectif est de rehausser

n'en a organisé que quatre en Corée contre 50 à l'étranger.

définitivement le statut de ce grand peintre dans la com-

Après sa mort, des expositions de plus ou moins

munauté artistique coréenne, de le réhabiliter, d'attester

grande envergure ont mis en lumière la signification de

une nouvelle fois de son innocence vis-à-vis de la peine

son oeuvre. Pour n'en citer que quelques-unes, citons celle

d'emprisonnement dont il a été frappé en raison de ses

Composition 1968, 10 x 10 x 1,5 cm, gravure sur pierre à encre, collection privée, oeuvre créée par l'artiste lors de son séjour en prison.

Hiver 2004 1Koreana

79


Après 1935, Lee Ungno a opté pour une approche plus réaliste, s'efforçant d'apporter une note modernisante à la peinture traditionnelle. Chongseokjeong, 1941, 76 x 144cm, aquarelle sur papier coréen, Jinhwarang Gallery, Busan.

prises de position politique. A juste titre, son engagement

la chrysanthème et le bambou - sous la direction de Kim

idéologique a été longuement débattu et ne l'a pas

Gyu-jin qui était alors le meilleur calligraphe de Corée.

empêché de devenir un artiste reconnu.

Lorsque les Quatre Gentilshommes ont cessé d'être à l'ordre du jour de cette exposition des beaux-arts coréens

Réception et recherche.

pour finalement être réintégrés au domaine de la peinture

Les créations de Lee Ungno se chiffrent à quelques

orientale, en 1935, Lee est reparti étudier de nouveau au

10 000 oeuvres. Dans les dernières années de sa vie, sa

Japon. Il s'est alors rapproché avec plus de réalisme des

passion et sa concentration vis-à-vis de l'art étaient telles

motifs qu'il peignait, reprenant à son compte l'art japonais

que ses doigts fixaient en permanence et dans une position

alors en vigueur, lequel voulait une modernisation de la

idéale les pinceaux, a-t-il été rapporté.

peinture traditionnelle. Ses recherches ont ainsi donné

Toujours est-il que cette exposition, frnit d'une étroite

naissance à un nouveau style de peinture orientale, le

coopération entre le Musée national d'Art contemporain et

plaçant dans l'air du temps favorable aux nouvelles ten-

le Musée Ungno Lee, présente une sélection d'environ 150

dances artistiques. Après 1945, il s'est éloigné de l'art

de ses peintures.

japonais et s'est lancé dans de nouvelles directions dans le

Elle se divise en quatre sections principales, chacune

but de réinterpréter la tradition.

abordant un contenu différent. La première section, inti-

La deuxième section de 1' exposition, appelée

tulée Réception et recherche, comprend des oeuvres

Elargissement du champ artistique, présente des travaux

réalisées de 1922 à 1945, période au cours de laquelle il a

pour la période allant de la libération nationale de la

été l'élève de Kim Gyu-jin et a étudié à plusieurs reprises

Corée, survenue en 1945, au départ du peintre pour la

au Japon, la défaite nipponne l' ayant fait revenir en Corée

France, en 1958. Cette péiiode montre une oeuvre dénuée

par la suite. C'est aussi une époque qui a été marquée par

de caractères réalistes, affichant des formes s1mplifiées et

la tenue annuelle d'une exposition des beaux-arts coréens,

agençant les espaces avec plus de marge. Ce changement

sous les auspices du gouvernement colonial, laquelle a

de style est présumé tirer son origine de l'influence liée à

fortement influencé les milieux artistiques de la péninsule.

l'expressionisme abstrait et à l'art informel, en vogue à

Cette manifestation a offert aux étudiants en art l' occasion

l'époque en Occident. Toutefois, à regarder de plus près

d'échanger divers points de vue et de déployer leurs ta-

les expériences antérieures de l' aitiste dans les domaines

lents. De 1924 à 1944, alors qu'il était tantôt au Japon,

de la peinture propre aux lettrés et de la création poétique

tantôt en Corée, Lee a régulièrement participé à cette

ou scientifique, et non de celle émanant des artistes profes-

exposition, soit une expérience importante dans sa vie

sionnels, ce style peut être attribué à un processus de

d'artiste.

réception de la conscience expressive moderne du temps

De 1922 à 1934, il a étudié les Quatre Gentilshommes

d'alors. Les toiles Fond de l'océan (1950), Pulsation

- c'est-à-dire les quatre motifs élémentaires propres à la

(1952) et Village de montagne (1956) révèlent un courant

peinture orientale que sont la fleur du prnnier, l'orchidée,

durant lequel ses travaux deviennent à l'évidence plus

80

Koreana I Hiver 2004


abstraits.

passe ou l'inévitable rencontre avec les forces naturelles.

Pulsation, dont l'écoulement libre des lignes ryth-

A partir de 1963, les compositions évoquent les ca-

miques sont à mettre en relation avec l'esprit de liberté

ractères chinois. Les images ne sont pas clairement

voulu par le mouvement expressionniste, est comparable

définies et les formes sont occultées, tels les traits aux con-

aux oeuvres de Jackson Pollock. Toutefois, elle ne dénote

tours vagues des inscriptions ornant les pierres anciennes.

pas une abstraction pure et simple puisqu'elle montre un

Ceux tracés librement à l'encre et avec diverses autres

motif spécifique à la nature, comme on peut le constater

matières coloriées montrent des lignes continues et laissent

dans les vignes remplissant une grande partie de la toile et

deviner chez le peintre une maitrise totale de la calligra-

qui nous font dire que Lee a ainsi élargi les horizons de

phie et de l'art pictural propre aux lettrés.

son champ artistique.

Durant la deuxième moitié des années 1960, les formes empruntent graduellement une plus grande clarté,

Série Genres humains : liberté, espoir et réunification.

reflétant un processus de transformation des éléments

La troisième section porte le titre de Collage et

graphiques pour atteindre une représentation plus struc-

abstraction des lettres : incarnation de l'orientalisme et,

turée. Une diversité de caractères et de symboles, rap-

comme son nom l'indique, comprend des réalisations

pelant les idéogrammes chinois ou les lettres des alphabets

issues des techniques du collage faisant abstraction des let-

coréen et arabe, disparaissent et renaissent pour créer de

tres. L'artiste a opté pour ce style dès son arrivée en

nouvelles images. Lee essaie aussi une plus grande variété

France, prenant comme matériaux des magazines et des

de matériaux, utilisant tour à tour du papier traditionnel

journaux coréens qu'ils a déchirés pour composer. C'est

coréen, de la toile, des échantillons de couvertures et du

une harmonie d'ensemble qu'il a recherchée, tantôt enle-

coton, apportant au monochrome une teinte sobre.

vant des morceaux de papier déjà posés et en accolant

L'ouvrage véhicule une vision formative et décorative

d'autres les uns sur les autres, tantôt appliquant de l'encre

mais dont le fondement repose sur le concept oriental de

et d'autres pigments pour les colorer. Les items colorés ont

l'unité entre peinture et écriture.

ensuite été regroupés et écrasés pour prendre l'aspect de

Ayant pour thèmes Liberté, espoir et réunification, la

rochers ou de vieux arbres semblant exprimer le temps qui

quatrième section regroupe la série intitulée Genres

La série Genres humains de Lee Ungno est un travail documentaire décrivant des individus de notre époque et offrant une nouvelle forme d'art oriental par lequel on saisit les intuitions internes de l'artiste développées tout au long de sa vie.

r

1

1

Lee Ungno au travail, dans son studio parisien. li a résidé 31 ans en France, de 1958 à 1989. Hiver 2004 1Koreana

81


L'artiste a été incarcéré 30 mois en raison de son engagement politique. Pendant cette période, il a créé plus de 300 oeuvres, dont Genre humain (1968, 25 x 17 x 17 cm, fil de fer, papier coréen, et pâte de riz, Gana Art).

humains des années 1980 ainsi que les oeuvres produites

Nord, il s'y rendit. Le rendez-vous, toutefois, dégénéra en

lors de son emprisonnement de 1967 à 1969. Lee Ungno a

une rencontre avec un agent secret de Pyeongyang, ce qui

dit que le mouvement de Gwangju pour la démocratisation

valut à Lee d'être condamné à mort, quand il séjourna de

a constitué un point de départ pour les Genres humains,

nouveau en Corée du Sud. Les artistes Hans Hartung et

mais qu'il fallait y voir moins la conscience thématique

Pierre Soulage, ainsi que des associations de critique d'art,

d'un événement particulier qu'une aspiration à la liberté et

lancèrent une pétition demandant la libération immédiate

au défi de la part de la majorité silencieuse. La scène de

de l'intéressé, lequel s'en tira avec une peine d'emprison-

danse collective dépeinte sur l'une des toiles et où prévaut

nement de deux ans et demi.

l'harmonie exprime le grand désir de réunification pour la

Plus de 300 oeuvres sont nées derrière les barreaux.

Corée. Le peintre abandonne le genre abstrait pour

Utilisant de la sauce de soja à la place de la traditionnelle

retourner, en conséquent, à un art représentatif exprimant

peinture à l'huile, il a travaillé sur des pages imprimées et

cette conscience thématique sans en être le tout. Il ne

procédé à des collages de pièces de bois provenant de

s'agit pas, toutefois, d'un expressionnisme franc légitimé

plateaux de nourriture pour créer le cadre. Avec des grains

par l'art populaire mais plutôt d'une sorte de régression

de riz mis de côté lors des repas pris au réfectoire péniten-

par laquelle l'emploi de la plume et de l'encre orientale

tiaire, il a représenté des gens se tenant côte à côte,

traditionnelle font ressortir implicitement le thème.

reflétant la solitude des prisonniers. Ce contact unique

Ces Genres humains, d'où se dégage une grande

avec ses camarades d'infortune lui a d'ailleurs mieux fait

puissance expressive, se caractérisent par une précision

comprendre qu'une peinture n'est pas seulement un objet

audacieuse, un sens certain de la perspective, un

qu'on accroche à un mur, mais aussi une création

dynamisme du mouvement et un haut niveau de descrip-

poignante parlant contre l'injustice.

tion, donnant à l'ossature de chaque création une particu-

Lee Ungno aura finalement grandement contribué à

larité propre. Moins de dix motifs sont présents à travers

moderniser la peinture coréenne et plus personne ne

les oeuvres concernées. Le style abstrait et décoratif pour

devrait hésiter à l'inclure dans la liste des grands maîtres

lequel l'artiste optera plus tard se laisse déjà deviner. La

coréens. La rencontre entre l'Est et l'Ouest, entre le monde

série est une application innovatrice des techniques que

de la tradition et celui de la modernité, ainsi qu'un change-

Lee s'est efforcées de maîtriser et d'interpréter.

ment d'approche dans l'orientalisme, apparaissent cons-

Cette quatrième section présente également des toiles

tamment dans ses oeuvres. Point s'en faut que l'artiste ait

réalisées par le peintre lors de son emprisonnement, lequel

voulu rejeter l'essence même de la peinture orientale, il a

a fait suite à son implication dans ce qui est appelé l'inci-

au contraire proposé un nouveau style naturaliste oriental

dent de Berlin-Est. Quand il lui fut dit qu'il pourrait ren-

par le biais d' oeuvres abstraites : c'est pour cette raison

contrer dans la capitale de la République démocratique

que ses oeuvres vivront éternellement.

allemande son fils adoptif, qui vivait alors en Corée du 82 Koreana I Hiver 2004

~


APERÇU DE LA LITTÉRATURE CORÉENNE

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Kim Dong-ni

Hiver 2004 1Koreana

83


CRITIQUE

En quête d'un univers mystique disparu L'oeuvre de Kim Dong-ni est dominée par le thème de la rédemption spirituelle à travers l'exploration de la vie mystique et du chamanisme. A cet égard, ses oeuvres sont à la fois profondément ancrées dans l'identité coréenne et dotées d'une portée universelle. Lee Hye-ja Docteur en littérature comparée

K

im Dong-ni (1913-1995) propose une observation de la vie humaine par le biais de la

sur un tableau.

nature et de 1' ordre cosmique. Toujours

Mowha, qui alimente le «feu intérieur» au plus profond de

curieux de récits sur les hommes et

son coeur depuis sa naissance. Son nom, qu'elle tient de

événements emblématiques de la coréanité, ainsi que de

son village natal, et qui lui est fatal, l'isole de la vie du

tout matériau imprégné de légende, il s'intéresse partic-

commun des mortels et la réduit à une existence primitive.

ulièrement à la notion de destin. Envisageant la mort en

Composé des mots «poil» et «feu» symbolisant ce mode de

relation avec l'éternité, à mi-chemin entre ce bas monde et

vie rndimentaire d'une part, et la primitivité et l'immortalité

l'au-delà, il en fait l'un des symboles les plus fascinants de

d'autre part, il lui permet d'éliminer tout repère de la civili-

la vie. Ainsi ses oeuvres traitent-elles principalement de la

sation et de poursuivre la transition ontologique vers un

naissance, de la vie, de la mort et de la résurrection. Par son

monde sacré et mystique.

interrogation sur cette thématique essentielle à l'homme, il tente de réveiller l'archétype dans l'âme du lecteur.

Son personnage principal est une chamane nommée

La destruction du poil par le feu s'apparente donc pour Mowha à la vie et par là même, à la mort. Par l'union

La spiritualité qui empreint son oeuvre s'exprime à tra-

des deux éléments que constituent le poil et le feu, sa vie

vers la latence et l'extériorisation du «feu intérieur»

s'enflamme et se rapproche inexorablement de la mort.

reflétant le changement ontologique ou la nature mystique

C'est au moment où s'allume le «feu intérieur», lors de

de ses personnages principaux. Ce «feu intérieur» surgit

chaque rite, qu'elle vit le plus intensément, mais aussi

par le biais de la recréation de rites primitifs, notamment

s'achemine vers sa mort tragique. Aussi son nom possède-

dans la nouvelle Munyeodo (Tableau à la chamane), qui

t-il un contenu symbolique paradoxal qui la mène à l'issue

évoque l'interaction de l'homme avec l'être divin dans une

fatale.

scène d'exorcisme et de rite chaman mystique representée 84 Koreana I Hiver 2004

La menace réelle que représente quotidiennement le


r

monde extérieur pour elle la contraint à occulter son iden-

sur le point de donner la vie. Par l' union avec l'eau,

tité unique. Sa demeure, envahie d'herbes folles et grouil-

s'accomplit le cycle cosmique éternel de la réincarnation.

lant de créatures amphibiennes, évoque un chaos mêlant

L'ultime sacrifice rituel de Mowha a pour décor la

l'eau et la terre. Située hors du temps et de l'espace pro-

Yegiso, dont le nom signifie «l'eau dont on ne peut sortir

fanes, elle constitue la toile de fond temporelle et spatiale

une fois tombé» et qui fut longtemps réputée être un site

mystique qui assure un contact permanent avec l'univers

sacré où coexistaient mort et réincarnation. Le domaine de

spirituel. Cependant, son isolement du monde extérieur et

l'imaginaire se fond dans l' ordre cosmique pour incarner le

son destin, liés au feu intérieur du tréfonds de son coeur,

désir transcendant de m01t et réaliser l'harmonie avec la

amènent Mowha à l'autodestruction par un excès de

nature. Cette forme de conscience est une exploration des

flamme.

racines de l'être humain, et à cet égard, un passage vers le

Attachée au mysticisme chamanique, Mowha vit loin

monde éternel de la recréation.

de l'univers du commun des mortels, les murs délabrés de

L'affrontement entre Mowha et son fils Wug-i ne

sa maison représentant la fragile frontière entre profane et

saurait s' interpréter superficiellement comme un conflit

sacré. A l'atteinte portée au sacré par le monde extérieur

entre chamanisme et christianisme, mais plutôt comme

correspond la destruction de la vie de Mowha, précipitée

l'opposition symbolique de la nature et de la civilisation.

dans l'abîme de la mort. Gardienne des mondes profane et

En dépit de son essence chamanique, le récit de Kim

sacré, Mowha, ainsi que sa fille Nang-i, qui se prépare

Dong-ni, loin de s'arrêter au personnage de la chamane,

naturellement à la vie de chamane en observant sa mère,

constitue une tentative de contemplation de la pensée

sont des êtres surnaturels, des initiées dotées d'une nature

coréenne, voire universelle. Il s'efforce par ailleurs de

extraordinaire et d'une spiritualité unique que la monda-

recréer le monde primitif où les hommes vivaient en har-

nité ne peut violer. L'aspiration de la première à transcen-

monie avec la nature.

der le monde artificiel, par le conflit entre son destin

En révélant les racines du chamanisme coréen et en

héroïque et la réalité mondaine, l'oblige à se détruire

appréhendant sa conception de Dieu, de l'Homme et de la

comme par un sacrifice rituel. La lumière, c'est-à-dire le

nature, l' auteur construit un univers littéraire marqué par

feu intérieur, qui apparaît ici, débordante de vitalité, fait

une forte préoccupation pour les questions relatives à Dieu

rayonner Mowha avec éclat. Elle est célébrée, non en tant

et à l'Homme, au naturel et au surnaturel, à la science et au

que phénomène concret du monde naturel, mais que

mysticisme. Son oeuvre dépeint admirablement le monde

flamme blottie dans les profondeurs de l'âme. Les rites ini-

mytique, où se recrée sans fin la relation symbiotique

tiatiques chamaniques qui précèdent sa mort symbolisent

entre l'Homme et l'univers, projetant le lecteur dans un

une nouvelle vie née de l'union de l' eau et de Mowha

monde primitif depuis longtemps disparu ou oublié.

dansant avec des mouvements «désincarnés» pareils à des flammes.

Les romans et nouvelles de l'auteur comprennent Munyeodo (Tableau à la chamane 1947), Yeongma (Cheval

Pendant l'exécution du rite destiné à délivrer l' âme de

de poste 1948), Hwangtogi (Vallée de loess 1949),

l'épouse de M. Kim, une partie de la robe de Mowha

Gwihwanjangjeong (Long chemin de retour 1951 ),

s'enroule autour de sa taille et une autre flotte à la surlace

Siljonmu (Inexistence 1955) et Deungsinbul (Bouddha

de l' eau. A cet instant, Mowha semble une femme enceinte

grandeur nature 1963). L.t Hiver 2004 1Koreana

85


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Another technology breakthrough from Samsung is on its way

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