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LE MYSTÈRE DE LA PASSION DE NOTRE-SEIGNEUR
de Michel de Ghelderode
Véritable joyau, “Le Mystère de la Passion” est la pièce traditionnelle du Théâtre de Toone que l’on joue chaque année, à Pâques, depuis 1934.
Le dramaturge belge Michel de Ghelderode désigna lui-même les têtes de nos marionnettes pour interpréter les différents rôles. Sa volonté est toujours respectée aujourd’hui. Quelques têtes sont sculptées par le joaillier Marcel Wolfers (mécène de notre théâtre). Le jeune Toone VII joue ce spectacle à l’ouverture de son théâtre le 1er avril 1966.
Le jeu de la Passion est lié à l’histoire de la rue Notre-Seigneur, qui joint la rue des Brigittines à la rue Haute. C’est là, qu’un certain Thomas Guys, condamné à mort, vers 1440, aurait accepté de jouer le rôle du Christ lors de la reconstitution réaliste de ce jeu, avec l’espoir d’être gracié!
Soumis à tous les supplices subis par le Christ, le prisonnier avait la vie sauve s’il résistait à la crucifixion. Thomas Guys aurait survécu à ses épreuves. Auréolé de sa légende, on le désignait comme Notre-Seigneur. La rue dans laquelle il habitait, aurait depuis pris cette dénomination. Au fil du temps, cette coutume barbare fut supprimée mais le jeu de la Passion survécut chez les marionnettistes bruxellois.
Michel de Ghelderode qui hantait les Marolles, a recueilli cette Passion de la bouche de vieux marionnettistes*. Il en a fait une transcription qui oscille entre humour et émotion. “On est toujours surpris et plein d’admiration lorsqu’on entend interpréter successivement les rôles de Judas et de son acariâtre épouse, des apôtres, de Ponce Pilate, de Jésus, de Marie, passant d’un registre à l’autre sans la moindre fausse note, avec la même aisance. Mais le talent de Toone va plus loin encore: il réussit cette prouesse de faire rire à tout moment comme le veut la tradition de Toone, mais lorsque l’événement est sérieux, on perçoit toute la gravité, toute l’intensité dramatique. C’est une Passion populaire, c’està-dire vue par le peuple et comprise par lui. Les moments drôles sont nombreux, mais la ferveur reste intacte, chaleureuse et sincère. Cette Passion est l’un des plus beaux morceaux de notre patrimoine folklorique bruxellois.” (C.B. La Cité, le 10 mars 1970). A son tour, Toone VIII perpétue cette tradition.