THE PARIS GLOBALIST
A STUDENT INTERNATIONAL AFFAIRS MAGAZINE
VOL III. Issue 2. - JUNE 2009 www.global21online.org/paris
DOSSIER
ROGUE STATES >
ÉTATS VOYOUS :
outil, concept ou sentence ?
>
«Tout État qui entrave le travail des journalistes est un État voyou. »
> CHAVEZ’S Venezuela:
the World’s Newest Rogue State? > CHINA:
From Pariah Player to Global Player > LE ZIMBABWE DE MUGABE :
INTERVIEW / REZA
>
Special report ILLEGAL IMMIGRATION: GREECE IS OVERWHELMED
un paria protégé ?
EN PARTENARIAT AVEC L’
ASSOCIATION FRANÇAISE POUR LES NATIONS UNIES
> THE PARIS GLOBALIST is a member of
SOMMAIRE
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SOMMAIRE SOMMAIRE
ÉDITORIAL
DOSSIER THÉMATIQUE
ROGUE STATES pp. 6 à 29 6
ÉTATS VOYOUS : outil, concept ou sentence ?
18
Côme Déchery et Julien Levesque
10
CHAVEZ’S VENEZUELA: the World’s Newest Rogue State? Luis Felipe G. Morgado
12
ÉTATS-UNIS - CUBA : une nouvelle politique Nathan Grison
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CHINA: from pariah player to global player Audrey Desiderato
15
LE ZIMBABWE DE MUGABE : un paria protégé ? Inès Levy
2
16
UNRAVELING THE PERSIAN RUG Eve de la Mothe Karoubi
20
THE SWAT TEST Janhavi Naidu
21
Are TAX HAVENS the New Rogue States? Félix Blossier
22
BIRMANIE : un État-armé(e) contre ses nations Laura Waisbich
23
WITNESS: Mya Thit Sar Julien Levesque
24
PRINTS OF PERSIA
États parias : ISOLATIONNISME OU EXCLUSION ? Judith Chetrit
Vikramaditya Singh
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INTERVIEW / REZA, photographe Chine Labbé et Julien Levesque
30 SPECIAL REPORT ILLEGAL IMMIGRATION: GREECE IS OVERWHELMED pp. 32 à 36 33
Farida Belkacem et Joanna Margueritte
37 38
The Greek Hell of Asylum Seekers
The Paris Globalist est entièrement conçu et rédigé par des étudiants de Sciences Po.
Stuck on the Threshold of the European Union Anne-Laure Buffard
36
On the Frontline S.M. Ferreira
1è et 4è de couverture Creative Commons licence photo credit : Bakkster Man
GLOBAL CLIMATE BARGAINING Irène Domenjoz
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Solenn Poullennec
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CHASSE AUX CÉTACÉS : coopération et conflits Aleksandar Rankovic
Illegal Immigration to Greece: ‘‘We Can’t Cope’’ Chine Labbé
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PHOTOSPREAD LES SANS-PAPIERS
ISLAMISME ET MODERNITÉ : un couple incohérent ? Daniel Mützel
40
SUDAN: PEACE OR PROSECUTION? Paige Morrow
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SOMALIA AND PIRACY: changing our strategy Yovan Jankee
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FAUT-IL NÉGOCIER AVEC LES TERRORISTES ? Inès Abdelrazek-Faoder
3
> ÉDITORIAL ÉDITORIAL
DIRECTRICE DE LA RÉDACTION Chine Labbé RÉDACTEUR EN CHEF Julien Levesque RESPONSABLE PARTENAIRES Priscilla Rouyer ÉDITEURS FRANCOPHONES Côme Déchery Inès Lévy Joanna Margueritte ÉDITEURS ANGLOPHONES Audrey Desiderato Andrew Kessinger Julian Weideman ICONOGRAPHE Philippe Calia GRAPHISME Camille Bui www.camille.1s.fr
UU
tilisée à tort et à travers depuis 2001, l’expression « État voyou » semble aujourd’hui tombée en désuétude.
Serait-ce le triomphe du politiquement correct ? Le monde, en effet, n’a pas tant changé. Ceux qui enfreignaient les normes internationales le font toujours, et même avec plus de virulence. Pyongyang défie de nouveau le monde par un essai nucléaire. Ceux qui oppressent leur population restent dans l’impunité, avec, sinon le soutien, l’indifférence de l’ensemble des États. Les généraux birmans mènent un procès injuste contre leur inépuisable opposante Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la Paix en 1991. Mais, osons l’espérer, la disparition du terme dans les discours officiels ne reflète pas la volonté de fermer les yeux sur ce qui se passe dans le monde. Serait-ce alors le contrecoup de son emploi à outrance par l’équipe de George W. Bush ? Si l’expression pouvait contenir une grande force il y a une ou deux décennies, son sens est sans aucun doute sorti amoindri de son utilisation abusive par l’administration Bush. Cette rhétorique sécuritaire a d’elle-même perdu toute crédibilité, suite aux guerres et exactions menées au nom de la démocratie et de la paix. On peut légitimement se demander avec Noam Chomsky si le plus voyou de tous n’est pas simplement celui qui viole ouvertement le droit international dont il se veut le héraut. Mais l’abandon du terme n’est peut-être rien d’autre que la compréhension tardive du fait que l’exclusion des « mauvais » n’est pas la recette d’une politique étrangère juste et efficace. Accuser, désigner, stigmatiser crée ressentiments, opposants et parfois même ennemis – chose évidente si l’on considère la détérioration progressive de l’image des États-Unis dans le monde au cours des huit dernières années. La stigmatisation construit
< Kim Jong-Il par Daniel Callaby
Chères lectrices chers lecteurs, des « États parias », rejetés autant que ceux-ci s’écartent de la scène internationale. Loin d’être l’évitement – et encore moins la fin – d’une réalité, la fin du discours accusateur sur les États voyous est une preuve de sagesse, ouvrant la voie vers plus de coopération et vers de nouvelles pistes de réflexion. C’est par la coopération que l’on tente désormais de mettre un frein au blanchiment d’argent dans les paradis fiscaux. De même, tous s’accordent sur l’idée que la stabilisation de l’Afghanistan implique une perspective régionale. On reconnaît par ailleurs que la menace ne vient pas tant des États, mais de groupes non étatiques recourant à des moyens terroristes. Or ces groupes fleurissent dans des lieux où l’État est faible, des « États défaillants » ou « faillis », où la solution repose non dans la sécurisation militaire mais dans le développement. À l’heure où l’administration du Président Barack Obama change de vocabulaire, et semble-t-il, d’approche, l’équipe du Paris Globalist a souhaité se pencher sur ce concept troublant, normatif et accusateur. Dans ce numéro, vous pourrez également lire des reportages croisés sur l’immigration illégale en Grèce. Vous aurez l’occasion de vous pencher sur la problématique de la chasse à la baleine, ou encore de réfléchir aux conséquences de la mise en accusation du président soudanais al-Bachir.
En vous souhaitant une très bonne lecture,
THE PARIS GLOBALIST - VOL. III Issue 2.
> Julien Levesque, étudiant en 4ème année, double diplôme Sciences Po - SIPA en Affaires Internationales
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É ÉTATS VOYOUS :
outil, concept ou sentence ?
6 DOSSIER : ROGUE STATES
La notion d’État voyou est dans l’imaginaire collectif intimement liée à la politique étrangère américaine depuis la présidence de George W. Bush : « Ce genre d’États, » affirmait l’ancien président américain, « ainsi que leurs alliés terroristes, constituent un axe du mal qui s’arme sans relâche pour menacer la paix mondiale. En cherchant à s’équiper d’armes de destruction massive, ces régimes représentent une menace grandissante. Ils pourraient fournir ces armes à des terroristes, leur donnant ainsi des moyens qui n’ont d’égal que leur haine. Ils pourraient également attaquer nos alliés ou tenter de faire chanter les États-Unis. Quoi qu’il en soit, le prix de l’indifférence serait catastrophique. »1 S’il est vrai que le concept d’État voyou a connu son heure de gloire durant les deux mandats de l’ancien président, il ne faut pas oublier que toutes les administrations précédentes avaient leur propre expression pour parler de ces États instables. D’États hors-laloi (outlaw States) à États violents (backlash States) en passant par États préoccupants (States of concern), la liste est longue et s’étend de Ronald Reagan à l’actuelle administration Obama. Imprévisibles, belliqueux et sans foi ni loi… tels sont les adjectifs qui leur collent à la peau. D’ailleurs, si on s’en tient plus à la figure qu’ils incarnent qu’au nom qu’on leur prête, on s’aperçoit que les États-voyous sont loin d’être une invention récente. Thomas Henriksen n’hésite ainsi pas à faire des comparaisons historiques.2 Les barbares de l’Antiquité, Gaulois et Wisigoths en tête, n’étaient-ils pas des populations lunatiques cherchant sans cesse à défier la puissance de la Rome impériale ? Les tribus pachtounes et l’Empire derviche contre lesquelles dut se battre l’Empire britannique au 19e
siècle pour défendre ses colonies n’étaient-ils pas également des incarnations de la figure de l’État voyou ? On peut penser que ces parallèles historiques sont un peu tirés par les cheveux. Ils ont au moins le mérite de nous montrer que le concept d’État voyou n’a pas été crée ex nihilo. Il traduit une réalité des relations internationales, une certaine peur des acteurs imprévisibles et violents qui refusent de s’adapter au statu quo général. Les dernières appellations en date semblent donc n’être que les dernières héritières d’une longue lignée. Ce que semblent confirmer ces mots de Madeleine Albright : « Les États voyous ne sont pas ceux qui agissent dans le système international mais bien ceux qui, par nature, vivent en marge de ce système et lancent, au propre comme au figuré, des grenades à l’intérieur afin de le détruire. »3 Il n’en demeure pas moins que le terme, dans son acception moderne, fut forgé par et pour le State Department américain. Le terme d’« État voyou » est avant tout une formule de discours politique et il faut bien admettre que sa géométrie a le plus souvent varié en fonction des intérêts de Washington. Certains chercheurs4 se sont ainsi penchés sur la question et ont entrepris de décortiquer les déclarations des responsables politiques américains. Les conclusions sont frappantes. À la question « Qui sont les États voyous ? », il apparaît que les États les plus souvent associés à ce concept durant l’ère Clinton étaient l’Iraq (31% des mentions), l’Iran (29%) et la Lybie (25%). À ces pays il convient d’ajouter, durant l’ère Bush, la Corée du Nord (placée par l’administration américaine au sein de « l’axe du mal ») et peut-être la Syrie et Cuba (mentionnés comme étant à la périphérie de l’axe par certains diplomates américains comme John Bolton5). Cependant, lorsqu’on pose la question des comportements qui sont associés à ces « États
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voyous », le résultat est paradoxal. En tête de liste arrivent le développement d’armes de destructions massives (44%), le soutien au terrorisme international (29%), la menace militaire pour le monde ou la région avoisinante (20%) et enfin, le non respect des normes internationales (8%).
plus ses ambitions régionales, il ne fait pas bon se brouiller avec New Delhi ou Islamabad. La Syrie esquive de justesse l’ire américaine mais n’est-ce pas avant tout parce qu’elle a su se rendre indispensable dans le processus de paix au Moyen Orient ? Et qu’en est-il de Cuba ? Il semblerait que la réponse Si l’on croise les deux séries de données, on en arrive à la soit plutôt à chercher du côté de la pression qu’exerce le lobby conclusion qu’il n’existe pas de critère « objectif » pour définir des émigrés cubains que dans la menace réelle que ce régime les États voyous. Si tel était le cas, les diplomates américains fait peser sur le monde. auraient dû qualifier ainsi le Pakistan et l’Inde, tous deux étant lancés dans un programme d’armement nucléaire. De même, la Syrie devrait avoir été officiellement reconnue comme État Une situation néanmoins objectivable voyou pour son soutien au terrorisme. Enfin, Cuba, qui ne Est-ce à dire que le concept d’État voyou ne vaut rien ? Qu’il correspond à aucun des trois premiers critères que nous avons n’est qu’une invention idéologique ne reposant sur aucune base mentionné ci-dessus, ne devrait pas appartenir à cette catégorie. concrète ? La vérité est sans aucun doute plus complexe. Si le En réalité, tout semble être affaire d’intérêts politiques. Si le terme ne recouvrait pas, d’une manière ou d’une autre, une Pakistan et l’Inde échappent à l’opprobre c’est que, comme le certaine vérité politique et sociale, il n’aurait probablement pas disait Albright, « nous ne voulons pas les isoler ou en faire des connu un tel succès. parias ».6 Il est sûr qu’à l’heure où la Chine assume de plus en
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DOSSIER : ROGUE STATES
Un outil de politique étrangère américaine
Creative Commons licence photo credit : Kevin Krejci
La politique étrangère américaine a fait de l’expression « État voyou » un outil au service de ses ambitions : affronter ses « ennemis ». Mais un rogue State n’est-il que la victime d’une rhétorique arbitraire, ou cette appellation décrit-elle une réalité ?
Un concept arbitraire et normatif
8
prenant l’État comme norme d’organisation socio-politique, le concept d’État voyou ignore le processus historique ayant conduit à l’avènement de l’État démocratique et pacifique en Occident. Par conséquent, ceux qui considèrent les États voyous comme « les pires des pires »9 semblent occulter bien trop facilement la façon dont leur propres États se sont construits, bien souvent dans le sang.10 Le concept d’État voyou ne serait rien d’autre qu’une catégorie orientaliste. Poussée à l’extrême, cette logique voit en l’État un accident historique plutôt que l’aboutissement d’une évolution, et invite à penser au-delà de l’État, d’autres formes d’organisation des sociétés.11 Mais ce qui soulève sans doute le plus de réticences vis-à-vis du concept d’État voyou est sa fonction de stigmatisation. Comme le rappelle Jacques Derrida: « le voyou, c’est toujours l’autre. »12 En appliquant l’étiquette du voyou à un État, celui-ci se voit condamné, stigmatisé, exclu d’un ensemble de mécanismes internationaux, et ainsi poussé vers une plus grande isolation. « L’utilisation de termes péjoratifs au niveau international a un impact subversif sur les processus décisionnels des États », affirme Petra Minnerop.13 L’expression rogue State exprime un jugement envers un État ; un jugement qui inclut aussi sa population. En excluant un État pour son mauvais comportement, on exclut dans le même temps la population que l’on entend défendre. L’utilisation de sanctions internationales en est le plus parfait exemple.
Mais ces tentatives de circonscription du concept d’État voyou à un nombre identifié d’actes politiques « objectivables » ne suffisent pas à en faire une notion scientifique, laissant au contraire une grande place au choix arbitraire de celui qui l’emploie. Surtout, le concept de rogue State s’appuie sur un ensemble de présupposés quant à la nature du système international, présupposés qui lui donnent une dimension intrinsèquement normative.
DOSSIER : ROGUE STATES
Bien qu’elle dénonce la violation de normes internationales, la notion d’État voyou n’est nullement consacrée en droit. Son appréciation et son utilisation sont donc laissées au bon vouloir des États. C’est pourquoi l’expression État voyou n’est sans doute pas la meilleure clé de lecture du système international. Selon Robert Litwak, le terme brouille la compréhension de la politique américaine, et son usage est devenu un handicap diplomatique pour les États-Unis.14 Qualifier un État de rogue La normativité de l’expression rogue State est en premier lieu rend par exemple difficile la mise en place d’une politique critiquée par des penseurs d’inspiration tiers-mondiste. En alternative.
Ce en quoi il rejoint la notion de failed State Si le concept d’État voyou imprime sa vision du monde dès lors qu’il est utilisé, peut-on trouver dans la notion de failed State, ou État défaillant,15 un outil plus objectif ? Contrairement à l’expression État voyou, le concept de failed State n’est pas binaire mais qualifie à des degrés divers, comme le montre le célèbre classement de la revue Foreign Policy.16 Fondé sur un ensemble de variables sociales, économiques et politiques, ce concept semble bien plus à même de décrire une réalité de la scène internationale. Néanmoins, il désigne toujours, comme le concept d’État voyou, des États post-coloniaux et repose sur les mêmes présupposés quant à l’État comme entité politique idéale. Il prend pour modèle les États qui ont réussi (États occidentaux pour l’essentiel) et juge comme défaillants ou manqués ceux qui n’y sont pas parvenus. Le concept de rogue State est indéniablement trop chargé d’accusation. Son utilisation unilatérale, arbitraire et incohérente l’a vidé de toute valeur explicative. C’est pourquoi Madeleine Albright l’avait elle-même mis de côté et remplacé par State of concern, ou État préoccupant. C’est pourquoi aussi il n’y est fait que rarement référence dans les discours de l’administration Obama. Comme l’avait annoncé Jacques Derrida, le concept, victime de ses contradictions et mauvaises utilisations, est en train de tomber en désuétude. La notion de failed State semble plus juste car plus explicative, même si elle reste intrinsèquement porteuse de présupposés. Si les États défaillants ont souvent été ignorés, c’est bien dans ces États que la menace future se développe17 (comme ce fut le cas en Afghanistan). Réel enjeu sécuritaire autant, très souvent, qu’humanitaire, ces États méritent donc toute notre attention.
1
Discours sur l’état de l’Union, 29 Janvier 2002.
2
Thomas H. Henriksen, « The rise and decline of rogue States », Journal of International Affairs, vol. 54, no. 2 (printemps 2001), pp. 349–73.
3
Discours à la Tennessee State University, 16 Février 1998.
4
Voir en particulier l’article de Paul Hoyt : « Rogue States and international relations », West Virginia University, 1999.
5
Discours « Au-delà de l’axe du mal », 6 Mai 2002 – John Bolton a été l’ambassadeur des EU à l’ONU de 2005 à 2006.
6
Réunion du Conseil de Sécurité, Juin 1998.
7
Mary Caprioli & Peter Trumbore, « Identifying Rogue State and Testing their interState conflict behaviour », European Journal of International Relations, 2003, vol. 9, no. 3, pp. 377-406.
8
Bruce Russet, « Why democratic peace? », in M. Brown & E. Miller (dir.), Debating the Democratic Peace, Cambridge, MIT Press, 1996, pp. 82-115.
9
Robert I. Rotberg (dir.), Worst of the Worst – Dealing with Repressive and Rogue Nations, Brookings Institution Press and World Peace Foundation, 2007.
10 Charles Tilly, « War Making and State Making as Organized Crime », in Peter Evans, Dietrich Rueschemeyer, and Theda Skocpol (dir.), Bringing the State Back In, Cambridge University Press, 1985. 11 Rosa Ehrenreich Brooks, « Failed States, or the State as Failure? », The University of Chicago Law Review, vol. 72, no. 4 (automne 2005), pp. 1159-1196. 12 Jacques Derrida, Voyous, Galilée, 2003, p. 96. 13 Petra Minnerop, « Rogue States – State Sponsors of Terrorism? », German Law Journal, no. 9 (septembre 2002). 14 « … by lumping together a diverse group of States under the “rogue” rubric, the term obscures understanding and distorts U.S. foreign policy. This is not an issue of semantics: The Clinton administration has elevated the phrase from its rhetorical roots into a basis for policy, and that has proved to be a diplomatic liability. » Robert Litwak, « Rogue States A Handy Label, But a Lousy Policy », Washington Post, 20 février 2000. 15 Ceci est une traduction parmi d’autres: État en déliquescence, État failli, État déstructuré, État en échec, etc.
> Côme Déchery, étudiant en 2ème année
16 Voir le Failed State Index de la revue américaine Foreign Policy, accessible sur http://www.foreignpolicy.com
> Julien Levesque, étudiant en 4ème année, double diplôme Sciences Po - SIPA en Affaires Internationales
17 Pinar Bilgin, Adam David Morton, « From ‘Rogue’ to ‘Failed’ States? The Fallacy of Short-termism », Politics, vol. 24, no. 3, 2004.
Creative Commons licence photo credit : greenbk
THE PARIS GLOBALIST - VOL. III Issue 2.
THE PARIS GLOBALIST - VOL. III Issue 2.
9 DOSSIER : ROGUE STATES
Au-delà des critères portant sur le comportement international de certains États, l’appellation État voyou se fonde sur le comportement de certains États vis-à-vis de leur propre population. En s’appuyant sur les idées de l’école libérale des relations internationales, Mary Caprioli7 affirme ainsi qu’il ne faut pas regarder la scène mondiale pour identifier les États voyous mais bien ce qui se passe au sein même des États. Comme le disait l’universitaire américain Bruce Russett : « Les grandes caractéristiques du système international peuvent être reconstruites en adoptant une approche de bas en haut. La manière dont se comporte un État à l’international ne devient alors qu’une extension de la manière dont il se comporte sur son territoire ».8 C’est parce que les démocraties ont tendance à utiliser des instruments pacifiques et légaux (dialogue, consultation, procédures judiciaires) pour régler leurs conflits internes qu’elles utilisent ces mêmes instruments sur la scène internationale et se comportent de manière pondérée. De la même manière, c’est parce qu’ils violent allègrement les droits de leurs citoyens, transgressent leur propre constitution et utilisent la force pour imposer l’ordre chez eux que les États dits voyous sont, par nature, prêts à recourir aux mêmes méthodes lorsqu’ils traitent d’affaires internationales.
Chavez’s Venezuela: The World’s Newest Rogue State? 10
“Thatmeansthatwe,asoneof thebiggestconsumersof oil–25percentof the alert to the opposing viewpoint. Overall, the Chavez government world’soil–havetohaveanenergystrategynotjusttodealwithRussia,but has been directly and indirectly responsible for several diplomatic to deal with many of the rogue states we’ve talked about, Iran, Venezuela.” crises in the region. Barack Obama, first presidential debate, September 26, 2008. It is crucial to consider the application of the concept of rogue state. The term, which was temporarily replaced with “state of concern” during the Clinton administration but which returned to When presidential candidate Barack Obama used the term “rogue the international scenario under Bush, has been subject to much state” to describe Venezuela, it was no novelty. Foreign policy criticism. Will the Obama government continue to play by its experts and newspaper readers had been following the political predecessor’s rules or will the rogue state concept slowly unravel? evolution of the Chavez government – its rapid growth, its drift towards authoritarianism – for some time. Many agreed with If the latter should happen, Venezuela and other so-called “rogue Obama: Venezuela was developing striking parallels with the states” should probably take it as bad news. Indeed, however politics of the so-called rogue states. questionable its application, these countries have embraced the term “rogue state” to strengthen and justify their anti-American Could Venezuela be the world’s newest rogue state? Its latest rhetoric. Bryan Bender explains that longtime foes of the United constitutional reform, adopted after a referendum on February States are facing a public relations problem. Obama presents 15, seems to have pushed the country in that direction. But its a challenge to Chavez and other leaders who have used antitrajectory may have begun long before. American feeling to strengthen their grips on power. At one As early as 2005, Gregory Levey, speechwriter of the Permanent time, the populist Chavez told state-run television that Obama Mission of Israel to the United Nations, said that “Chavez’s regime has the “same stench” as Bush, accusing him of interfering in [seems] to be nothing less than a rogue state in embryo”. In that Venezuela’s vote on term limits. According to Hady Amr, director year, Venezuela had purchased 300,000 assault rifles – an excessive of the Brookings Doha Center, “[rogue states] worry that Barack number for a country whose armed forces at the time comprised Obama will erode their base”.
DOSSIER : ROGUE STATES
only 83,000 members. The extra weapons were probably destined for use beyond Venezuela’s borders. Chavez’s assistance to terrorist groups, such as the FARC and ELN has become increasingly substantial in recent years. Both groups have taken an active role in distributing Latin American drugs worldwide in order to support their violent activities. This is more than hypothetical: the circuits of weapon and drug trafficking between Venezuela and the FARC are already documented.
If recent history suggests that Venezuela is becoming a new rogue state, the present is even more convincing. In a 2007 article, Pablo Brum identifies in Venezuela three signs of a rogue state. The first is an obsession with “respect”. Chavez usually looks past other Latin American countries and focuses instead, in nearly everything he says and does at the level of international politics, on opposing Venezuela to a demonized United States. The second sign is a focus on the construction of regional alliances, and here, too, Venezuela meets the mark, as Chavez has worked hard to construct a regional bloc with Miraflores as its nucleus. It is evident that Chavez is obsessed with foreign policy, as his open intervention in neighboring elections – those of Nicaragua, Ecuador and Uruguay – demonstrates. Meanwhile, Venezuela is trying to become a full member of Mercosur – despite Brazilian and Paraguayan opposition – and to launch the so-called “Bolivarian Alternative for the Americas.” Finally, the third trait of a rogue state that needs to be considered is its behavior towards its neighbors. One of Venezuela’s is Brazil. It is too big a country for Chavez to dare to intimidate or provoke – even though Evo Morales’ conduct in Bolivia, a country much less powerful than Venezuela, serves as an
The 9/11 terrorist attacks pushed Latin America to the background of U.S. foreign policy discussions, and even the noisy rise of Hugo Chavez has not managed to change that. Latin American officials know that Obama won’t alter the fundamental focus of U.S. foreign policy, the Middle-East. It is unclear that the U.S. can do much to affect Venezuelan foreign policy, and it is uncertain that Obama – hammered by McCain during the presidential race for vowing to meet with Chavez without preconditions – will even try to. Change may come from Venezuela itself rather than from the pressure of U.S. diplomacy. Chavez is still swimming in petrodollars, which will allow him to continue to fund his ideological partners around the region. But since Obama took office, Chavez has toned down his anti-U.S. rhetoric, even saying he has great expectations for the new president. The two attended a face-to-face meeting in Port-of-Spain during the Summit of the Americas in April. Their handshake there has been interpreted as a sign of a new U.S. foreign policy aimed at improving relations around the world. It could be an opportunity to clarify U.S. foreign policy towards Venezuela and, more generally, to set a new benchmark for the term “rogue state”.
Creative Commons licence photo credit : Radio Nederland Wereldomroep
THE PARIS GLOBALIST - VOL. III Issue 2.
THE PARIS GLOBALIST - VOL. III Issue 2.
> Luis Felipe G. Morgado, 1st year student, member of the Observatoire Politique de l’Amérique Latine (OPALC)
11 DOSSIER : ROGUE STATES
The recent history of Venezuela seems to wallow in authoritarianism, shady operations and petrodollars. This has led many politicians and foreign policy experts to label it as a rogue state under the Chavez government. This has become a central aspect of both U.S. and Venezuelian foreign policies.
ÉÉtats-Unis - Cuba : C une nouvelle politique
Améliorer les relations américano-cubaines est devenu une n’a été totalement efficace contre le régime cubain et F. Castro
DOSSIER : ROGUE STATES
étape nécessaire aux yeux d’un nombre croissant de responsables politiques étasuniens (démocrates et, de façon plus disparate, républicains), voire de dirigeants économiques qui souhaitent accéder au marché de Cuba. Les médias et l’opinion publique sont loin d’être indifférents à ce dossier d’autant que, d’une façon générale, ils ne perçoivent plus l’idéologie communiste et ses derniers tenants comme une réelle menace (sauf dans le cas nord-coréen). La question cubaine est emblématique de l’histoire américaine du deuxième 20e siècle et de la Guerre froide. La reprise des relations bilatérales entre les États-Unis et Cuba ne pourra être qu’un processus fondé sur un principe de dialogue dans un espace régional et non, du moins en apparence, de soumission. La normalisation, complexe et polémique, passera par un respect de l’identité et de l’histoire cubaines.
« Après 47 ans d’existence, l’embargo unilatéral contre Cuba est un échec. Il n’a pas permis d’atteindre son but affirmé : apporter la démocratie au peuple cubain ». Le constat établi par le sénateur républicain de l’Indiana, Richard G. Lugar, membre influent de la Commission des affaires étrangères du Sénat, en tête d’un rapport destiné à celui-ci, en février 2009, est cinglant. Cuba est, pour les États-Unis, un enjeu géopolitique depuis que Fidel Castro (né en 1926) y a pris le pouvoir en 1959. Les administrations occupant successivement la MaisonBlanche ont, depuis lors, mis à l’essai un ensemble de mesures, de l’expédition militaire (1961) à l’embargo économique (depuis 1962) et au classement de Cuba dans le groupe des États voyous soutenant le terrorisme international. Aucune de ces sanctions
qui, en février 2008, affaibli par la maladie, a formellement transmis le pouvoir à son frère Raúl (né en 1931).
Les sévères conséquences économiques de l’embargo pour la population cubaine ont, contrairement à ce qu’attendaient les États-Unis, contribué à renforcer le pouvoir en place face à un ennemi extérieur qu’il identifie publiquement comme responsable principal des difficultés du pays. La disparition de l’URSS, principal soutien de Cuba jusqu’au début des années 1990, n’a pas entraîné non plus la fin du régime castriste. Les mois passant, force est de constater que ni la mort de F. Castro, annoncée à tort comme imminente pendant trois ans par l’administration Bush, ni la transmission de son pouvoir ne mèneront de façon simple à la normalisation des relations américano-cubaines. Celles-ci sont encore à ce jour quasi-inexistantes. Mais, au contraire de George W. Bush, Barack Obama se montre favorable à un apaisement des tensions avec Cuba, qui passera par un assouplissement des restrictions concernant les visas et une facilitation des échanges commerciaux. S’il a soutenu le vote par le Congrès d’une loi allant en ce sens, rien n’indique que le processus de normalisation aboutira dans un avenir proche. La raison première en est que Cuba, qui pèse très peu à l’échelle internationale, n’apparaît pas comme une priorité de la politique étrangère de la nouvelle administration. Après avoir été accusé par le parti républicain, début 2009, de mettre en place des « USSA » (mélange improbable d’USA et d’URSS) avec sa
politique étatiste face à la grave crise économique que traverse le pays, B. Obama se voit contraint d’éviter, dans l’immédiat, tout dialogue direct avec le régime cubain. Des raisons électoralistes existent aussi puisque les Démocrates ne veulent pas s’aliéner l’appui fraîchement conquis de l’État de Floride où la forte communauté cubaine immigrée, nourrie d’un viscéral anticastrisme, continue de soutenir la ligne dure envers Cuba.
initié lors du sommet des Amériques en avril 2009, à l’occasion duquel B. Obama a rencontré douze dirigeants des États membres de l’Union des nations sud-américaines (Unasur). La Havane n’y était pas représentée mais le dossier cubain y était omniprésent. Cuba pourrait apparaître, à terme, comme un laboratoire de la politique étrangère du Président Obama à l’échelle continentale. Celui-ci devra, à la différence de ses prédécesseurs qui prônaient un commode statu quo, poursuivre Pourtant, les États-Unis trouveraient intérêt à initier un une logique de dépassement de l’héritage historique avec, et non dialogue constructif avec ce pays. Si R. Castro ne souhaite pas contre, Cuba. mener des réformes politiques et économiques trop profondes à court terme, il favorise toutefois les relations commerciales avec divers partenaires : l’Union européenne, certes, mais aussi des États latino-américains marqués par une idéologie dérivée de la théorie marxiste (dont, au premier plan, le Venezuela de Chávez). Depuis peu, d’autres États comme la Chine, la Russie ou encore l’Iran se sont rapprochés de Cuba avec des accords autant militaires que commerciaux. De façon significative, le président chinois Hu Jintao a effectué une visite officielle fortement médiatisée à La Havane en novembre 2008. Cette fin de l’isolement relatif de Cuba, pays fragile en dépit de la vigueur de quelques secteurs clés dont le tourisme, provoque la méfiance de Washington. Si B. Obama et Hillary Clinton, sa Secrétaire d’État, montrent un réel engagement dans les dossiers internationaux les plus difficiles (Proche-Orient, Iran, Afghanistan), ils devront inéluctablement aborder de façon profonde la question de l’espace proche, celui de l’Amérique latine. C’est ce qui a été
> Nathan Robinson Grison, étudiant en 3ème année en échange à Harvard University
13 DOSSIER : ROGUE STATES
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Creative Commons licence photo : Aaron Escobar
Les conditions sont aujourd’hui réunies pour la reprise des relations bilatérales entre les États-Unis et Cuba, après un demi-siècle d’embargo. L’administration Obama aborde de façon nouvelle mais pragmatique la question cubaine, dont les enjeux sont multiples.
China:
Le Zimbabwe de Mugabe :
From Pariah Player to Global Player
un paria protégé ?
Face à des régimes tels que celui de Robert Mugabe, la communauté internationale se scinde invariablement entre partisans de l’exclusion et défenseurs de l’engagement. Faut-il abandonner le Zimbabwe à son sort ? Chinese Premier Wen Jiabao at the World Economic Forum, January 2009. / Creative Commons licence photo credit : World Economic Forum
In the 1990s, as China sought to makeover its reputation to pursue the imperative of economic development under the leadership of Deng Xiaoping, it avoided confrontation with the West to shed itself of pariah status but it simultaneously intensified its economic and political relationship with pariah states. It did so without meeting meaningful competition, as multilateral sanctions and domestic pressure limited Western companies from doing business in these countries. The question has now become: can China continue its relationship with international pariahs while becoming a reputable player in global politics? Can China have its cake and eat it, too?
14 DOSSIER : ROGUE STATES
Two years ago, China emerged as the largest trading partner of Iran, North Korea, and Sudan, and as the second largest trading partner of Burma and Zimbabwe. In September 2005, Deputy Secretary of State Robert Zoellick gave Beijing an ultimatum: choose to be against the US or to take part as a global stakeholder. While China did give an answer by participating in the six-party talks for North Korean nuclear disarmament in 2006, the importance of its role as “host” remains debated. China’s blatant political support for autocratic and authoritarian leaders since 2005 has agitated the West. In May 2005, within a week of the massacre at Andijan, it welcomed Uzbekistan’s president Islam Karimov with a 21gun salute, praised Karimov’s handling of the uprising, and refused to support an international investigation. In the same year, at the peak of international outrage towards Zimbabwe’s land clearance policies, Beijing also provided a warm welcome to Robert Mugabe. Given China’s growing power, rogue governments must just look east: they understand the value of gaining a non-Western, rising power with permanent membership on the UN Security Council that can act not only as economic benefactor, but also as political protector. Today, following China’s astonishing economic growth and accompanying need for natural resources and energy, every country in the world labeled as “rogue” by the U.S. can count on China when in need of a diplomatic, economic or strategic lifeline. Within days of vetoing a UN Security Council resolution against Burma’s military junta in 2007, for instance, Burma awarded China a major natural gas exploration contract, even though Indian competitors had placed a higher bid. 2008 marked a diplomatic transformation in Beijing’s pariah state policy. By the middle of 2007, China had cut back on assistance to Zimbabwe and worked with the UN to pressure Sudan into accepting an international peacekeeping force. Meanwhile, in its third UN Security Council resolution on the issue, China backed tighter sanctions on Iran even though Iranian production was crucial to meeting its expected oil consumption growth of 6 percent per year. While China continued to oppose further sanctions on Iran, it persistently refused to resort to its veto power. This abstinence demonstrates a transformative evolution
in China’s pariah policy and a corresponding wish to be viewed as a responsible leader by the international community. The real test will be how China decides to behave in its own backyard, notably in its relations with Burma. Because China and Burma share a border, because of the fact that Burma is home to one million Chinese nationals, and because Burma recently agreed to host a 2000 km pipeline that would provide a shortcut for China’s natural gas and oil imports from the Middle East and Africa, China’s vested interests are to maintain solid relations with its neighbor. That is why to this day China has not yet conceded any political protection for the Burmese junta. The possibility of budding democracies in neighboring pariah regimes such as Burma, North Korea and central Asia could mean that these allies start looking west, and if any political reform is to take place, China would like to ensure that their heads stay turned east. So how will China weigh its pariah relationships against the risks of harming western relations – can it afford to be a pariah player and to build a reputation as a responsible global leader? Since the 1990s, China’s principal national interests have been economic growth and energy security. Even when China did decide to loosen ties with Zimbabwe, it did so under the economic calculation that any further investment there would yield low returns. And even if it has made diplomatic headway in Sudan, Iran and North Korea, Chinese arms sales are still significant in these countries. In the end, the transformation of China’s diplomatic strategy with international pariahs will be subject to the trammels of its economic considerations. But as one analyst argues, “even the limited political and economic reform that China is usually prepared to encourage is preferable to the status quo, and it could contain the seeds of serious change in the future”. China is an indispensable partner in places like Burma, where the U.S. and Europe have almost no leverage. And its military, economic and political relationships with other international pariahs beyond Burma mean it holds influence over their leaders. So while China is far from aligning its policy with the West, the last few years have shown that it has moved from blatantly supporting authoritarian states to attempting a balancing act. Washington and its allies should view this as an opportunity, and not as an obstacle, to formulating policy solutions in pariah states with China’s help.
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> Audrey Desiderato, 4th year student Sciences Po-SIPA Dual Degree in International Affairs
Pendant plus d’un an, le Zimbabwe a été paralysé par une grave crise la stratégie sud-africaine est-elle aussi appelée « diplomatie silencieuse »
politique. Encore aujourd’hui, le pays souffre d’une économie qui s’est effondrée, avec une inflation mirobolante et un taux de chômage qui frôle les 94%. Pour couronner le tout, une épidémie de choléra a touché plus de 85 000 personnes, faisant près de 4000 morts entre août 2008 et mars 2009. Et tout ceci alors que sept millions de Zimbabwéens, soit plus de la moitié de la population, dépendent déjà de l’aide alimentaire des organisations caritatives. Ce bilan désastreux est en majeure partie le fait de la piètre gestion du président Robert Mugabe, le héros de l’indépendance au pouvoir depuis 1980, qui mène aujourd’hui la répression politique la plus dure des régimes africains. Ayant hérité de la prospérité du pays que l’on appelait le « grenier » de l’Afrique, il en a fait un pays qui a faim. Les fermes confisquées aux propriétaires blancs et confiées aux amis du Président y sont négligées et sous-exploitées. A cause de la fixation autoritaire des prix (sous-évalués) et la création incontrôlée de papier monnaie, l’économie est en déroute. Les services publics (de santé, d’éducation, mais aussi les plus basiques, telle la distribution d’eau potable) ont été laissés à l’abandon. Sa réélection – pour un sixième mandat – en juin 2008, a été invalidée du fait de fraudes avérées. L’action des forces armées contre l’opposition (leurs violences ont fait au moins 85 morts dans les rangs des partisans de l’opposant Morgan Tsvangirai pendant la campagne électorale), a précipité la crise politique et la condamnation quasi unanime du régime par la communauté internationale.
Quasi unanime ? Pas si sûr. Si les pays occidentaux ont vivement protesté contre le caractère antidémocratique de ces élections, l’attitude de l’Union africaine a été bien différente. L’Union européenne s’est dépêchée de prendre des sanctions économiques, le Royaume-Uni et les États-Unis proposant même que l’Union africaine intervienne par la force. Mais cette dernière a refusé de « diaboliser » Mugabe et a opté pour la « solution négociée ». D’après la plupart des dirigeants africains, l’isolement du Zimbabwe serait contreproductif, et en faire un paria de la communauté internationale ne nuirait qu’à sa population, déjà en grande difficulté. Ils prônent au contraire une médiation régionale – prise en charge par l’Afrique du Sud – afin de parvenir à un accord pour un gouvernement d’unité nationale, en alliance avec l’opposition. La crainte de voir s’établir un précédent d’ingérence dans les affaires intérieures de ces pays et dans la légitimité de leurs dirigeants est sûrement pour beaucoup dans ce choix diplomatique.
(quiet diplomacy), ou « engagement constructif » en référence à la stratégie adoptée par l’administration Reagan quant à l’Afrique du Sud de l’apartheid dans les années 1980. La diplomatie silencieuse tenterait d’influencer le régime de l’intérieur plutôt que de l’isoler de l’extérieur, les leaders du pays en question n’étant pas publiquement critiqués dans leur gestion (les membres du parti de Mugabe, le Zanu-PF ont par exemple été conviés aux congrès du parti au pouvoir en Afrique du Sud, l’ANC). Elle aurait le mérite de permettre aux organisations internationales de continuer à soulager la population à court-terme (plutôt que de leur voir l’entrée interdite comme au Soudan), et de faciliter une transition interne dans laquelle les acteurs locaux joueraient un plus grand rôle.
Cette stratégie présente pourtant de nombreux risques. D’abord celui de ne sembler qu’une façade acceptable pour une politique de business as usual avec un État « paria » où l’on veut préserver ses intérêts économiques. Elle pourrait surtout décrédibiliser pour longtemps l’arme diplomatique et desservir ainsi les négociations. La conclusion d’un accord et l’accès de Morgan Tzangivari au poste de premier ministre semble l’avoir évité. Refuser d’isoler le Zimbabwe, protéger Mugabe, était-ce donc la bonne solution ? S’il est vrai que la situation politique semble se débloquer, et que déjà l’épidémie de choléra recule légèrement (le taux de mortalité est passé de 6% début janvier à 2,3% mi-mars), Mugabe n’en reste pas moins au pouvoir, avec une légitimité démocratique moindre. L’indulgence de l’UA n’augure pas d’une consolidation significative de la démocratie en Afrique australe, ni de l’engagement ferme et sincère en faveur d’une organisation africaine forte qui en serait garante.
Mais on ne saurait y voir uniquement une entente entre despotes se protégeant mutuellement. Il y a bien là un choix stratégique dans l’attitude à adopter face à des États voyous, aux dirigeants manquant de légitimité démocratique, et où la population est en danger ou voit ses droits bafoués, mais qui ne constituent pas de menace à la sécurité internationale. Les rejeter à l’écart du concert des nations ne risque-t-il pas de radicaliser les dirigeants dans leur mainmise sur le pouvoir, ne précarise-t-il pas d’avantage des peuples en souffrance ? Face à ce dilemme, la négociation a aussi été la voie choisie par l’Afrique du Sud de Thabo Mbeki. Ainsi
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> Inès Lévy, étudiante en 1ère année
Creative Commons licence photo credit : Gregor Rohrig
15 DOSSIER : ROGUE STATES
What China’s relationship with international pariahs means for the West.
P Prints of Persia Iran’s Enduring Cinematic Revolution When Khomeini and the Islamic Revolution took over in 1979, most believed that Iranian cinema, along For the past two decades, the cinema of Iran has stood out not with other art forms, would be choked only for its sheer excellence, but also for its seemingly remarkable to death. Against all odds, Iran now existence. After all, isn’t Iran the theocratic, hyper-censoring, repressive state that hectors artists of all kinds into submitting possesses one of the world’s most to its narrow perception of what is deemed non-offensive to the vibrant and critically acclaimed Ayatollahs that run it? Yes, the same Iran where unmarried lovers are not allowed to touch, or ‘gaze erotically’ at each other and yes, cinematic culture. where women can not be filmed without a headscarf and men with neckties?
16 DOSSIER : ROGUE STATES
Films that have won the top accolades for their directors at international film festivals like Cannes (eight, including the Palme d’Or for Kiarostami’s A Taste of Cherry), Venice and the Berlinale. Films of subtlety and nuance, like Children of Heaven and Blackboards, that have depicted the thorny realities of a culturallyrich and sophisticated society often at odds with the political and religious norms. These films have provided the rest of the world with images that are starkly different to the ones traditionally associated with Iran: the angry, bearded men denouncing Satan and the blank, blackveiled women, that are the staples of international reporting on the country’s latest foreign-policy outrage. The films of Kiarostami, often called Iran’s greatest living director, Makhmalbaf and Majidi, are full of a grace, intelligence and profound humanism that remind us that here too are families, struggling and similar to our own, with dreams and realities that are in constant conflict. The heritage of the acclaimed cinematic output of Iran in recent years can be traced back to Dariush Mehrjui’s seminal 1969 work, The Cow, a film stylistically inspired by Italian neo-realists such as Michelangelo Antonioni and Giuseppe de Santis. Mehrjui’s stark exploration of the harsh realities of rural life was a clear departure from the frivolous melodramas that had previously dominated Iranian cinema. It inspired the generations to come. Indeed, one of the most common tropes of recent Iranian cinema includes the use of a quasi-documentary mode of storytelling that finely treads the line between reality and fiction, a distinction further blurred by the use of non-professional actors and rugged, real-world locations. Another common feature is the use of
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Iranian Director Dariuosh Mehrjooei. / Creative Commons licence photo credit : Shahram Sharif
children as the central characters, which helps in sidestepping the large number of restrictions placed on the interaction between adult characters. Film-makers like Majidi and Kiarostami have become masters at using these techniques, mixed with deliberately obtuse and equivocal storytelling, to indirectly comment on and critique oppressive aspects of the Islamic republic. They have still been heavily censored; much of Kiarostami’s work is still banned in Iran. The Cow is significant not only for having inspired and influenced modern Iranian cinema, it is also credited for giving that cinema a chance to exist. At the time of Khomeini’s Revolution, most commentators believed that an extremely religious regime that heavily denounced Western art would not allow cinema, a politically-charged medium, to survive. Initially, they were vindicated; at the start of the Revolution, movie theaters across the country were attacked and in one particularly horrific incident, an audience of more than 400 people was burned alive inside a cinema in Abadan. But as the movement stabilized, the official policy toward film was relaxed, in part due to the Khomeini’s publicly declared fondness for The Cow, a film in which he saw the potential for the ‘educational’ and ‘redemptive’ qualities of cinema. The struggles of Iranian film-makers against censorship are well documented, but it has been argued, somewhat quixotically, that the excellence of Iranian cinema exists not in spite of, but because of the Islamic Revolution. Film critics such as Mark Cousins have said the Revolution challenged film-makers to constantly seek out innovative means to express themselves, and with the regime’s heavy restrictions on American imports, freed them from the often destructive effect that the presence of American cinema
has on local cinema cultures. The issue-based focus of Iranian cinema, from which it derives much of its potency and relevance, is also a product of the guidelines issued by cultural guardians of the Revolution, a stark but welcome contrast to the over-glossed, manufactured feel of much of Hollywood’s current output. This conclusion, however, is seen by many Iranians – especially those behind the camera – to be a patronizing take on the hardships of censorship. Maziar Bahari, a Tehran-based journalist and film-maker, has written that “romanticizing censorship is a great disservice to Iranian artists. Censorship has had a negative effect on Iranian arts for centuries. Without censorship, we would have many other great artists and film-makers whose talent and effort cannot bear fruit because of governmental, religious and social restrictions.” Despite a current government known for its belligerency and refusal to engage constructively on the world stage, one has to look no further than Iranian cinema for a force of change. There, and over the last few decades, one finds the resounding cry of ‘Yes, we can’.
> Vikramaditya Singh, exchange student from St Stephen’s College, Delhi University, India
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Yes, and yet, the very same Iran has consistently produced remarkable films of delicate yet assured artistry from the likes of Abbas Kiarostami, Majid Majidi, Samira Makhmalbaf, Marjan Satrapi and Boman Ghobadi.
UUnraveling the Persian Rug
Creative Commons licence photo credit : Sasha Nilov
In addition, the neighborhood has greatly transformed over the years. Since September 11, Iran has traded a tolerable strategic environment, where Iraq was under control and Afghanistan marginalized, for a situation where it is literally surrounded on all sides by its long-time enemy, the United States. Consequently, this reality of regional isolation, uncertainty, and encirclement fits with the revolutionary regime’s hostile worldview. Their nuclear program is seen as a logical step to restore Iranian prestige and regional influence, with many believing it to be the only way to guarantee its respect and security.
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The debate surrounding Iran’s nuclear Given Iranian President Ahmadinejad’s inflammatory rhetoric at the recent World Conference Against Racism in Geneva, one program is often confusing and drawn is tempted to simply label him a pompous populist vying for out, perhaps even intentionally, in order reelection. However, dismissing him as irrational, or worse, writing off the threat presented by his government and the mullah’s regime, to delay international consensus. So the is dangerous. Iran is operating from a different rationality, one we question still remains: what accounts for must try to understand if we want to put an end to this nuclear crisis that has dragged on since 2002. Iran’s nuclear ambitions? Iran enjoys a strategic geographic location, straddling the Middle East and South and Central Asia, and is seeking to convert this asset into a political advantage. In doing so, the current regime hopes to become the regional power reference. But, according to Sharam Chubin in his recent book Iran’s Nuclear Ambitions, the region doesn’t seem hospitable to such ambitions: Iran is Shiite and non-Arab in a region of Sunni and Arab majorities, and while it has no particular disputes with its Arab neighbors, many countries feel threatened by its nuclear ambition. In addition, Iran has no reliable long-term partners. While Iran maintains more
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The Iranian regime initially approached international negotiations as a test of wills and a battle between non-negotiable principles, developing a rather particular negotiating style along the way. It is politically agile and knows how to play off the weaknesses of its interlocutors to exploit inter-state tensions, something especially visible during the negotiation of the Paris accord in 2004. According to a recent article in the Asia Times, Saeed Jalili, Iran’s chief negotiator, has even compared his diplomatic skills to his country’s famed and unique talent at weaving exquisite Persian carpets.
The Iranian regime seeks to dictate the terms of the dialogue, to win each round of talks, and to leave others confused and uncertain through its inflammatory declarations and changes in position. This game is hardly a strategy; it’s a tactic that allows the regime to impose its own timetable to find alternative solutions and to The program’s logic is also based on the state’s revolutionary values delay the crisis to its own advantage. of independence, equality, and respect. Reinforced by the lessons learned from the war with Iraq in the ‘80s, these values push Iran This bought time has allowed Iran to rally other countries to towards a policy of self-reliance in terms of defense and armament, its cause. The regime is running a deft diplomatic campaign to and discourage cooperation with international norms and rules. separate Western opinion from the rest of the world. Now, most This translates clearly into the regime’s provocative attitude along countries in the UN support Iran’s right to develop an IAEAsupervised nuclear energy program and Western powers can no the nuclear crisis. longer claim an international anti-proliferation consensus. These values and the search for international prestige is the nationalist glue that holds together Iran’s disparate political In addition, Iran has developed closer ties with other “rogue” groups—from the hard-liners, to reformers and secularists, to the states. For example, Iran helped set up Sudan’s arms industry in religious conservatives. Since nuclear arms continue to play an the 1990s. As of late, the regime continues to support Hamas, important role in national and collective defense strategies around considered by some to be a terrorist organization. According to a the world, they are seen as the ultimate and exclusive weapon and recent article in the Economist, Iran attempted to smuggle Fajr-3 their attainment a question of Iranian national pride—accordingly, rockets through Sudan to Hamas. If this attempt had succeeded, the program enjoys broad domestic support. Hamas would possess rockets with at least a 45km range – a much longer reach into Israel than their current homemade Qassam For Iran, nuclear technology is not only a question of prestige, rockets. but also a question of energy security and diversification. They insist on their Nuclear Non-Proliferation Treaty-enshrined right Thus, the consequences of failed European and American to use nuclear technology for peaceful purposes. As such, the diplomacy have implications beyond simple transatlantic relations. regime perceives protests against its program as discriminatory President Obama’s recent overtures are a starting point as they are and additional proof of a Western double standard. This perceived a clear departure from the Bush Administration’s policy. However, double standard is illustrated by the West’s overlooking of Brazil if this renewed and concerted diplomatic effort is to succeed, and North Korea’s non-cooperation with the International Atomic it must take into consideration the Iranian regime’s rationale. Energy Agency (IAEA), versus the uncompromising approach Otherwise, the only option left would be the least desirable: taken with Iran. military intervention. As for the negotiations themselves, Iran doesn’t appreciate the perceived “good cop, bad cop” routine of the Europeans and Americans respectively. And yet, the Iranian regime knows how to play the game and take advantage of the ambiguity in policy, which under the Bush Administration vacillated between backdoor diplomacy and outright regime change. Tehran responded with even more ambiguity, cultivating uncertainty about the status and negotiability of their nuclear capacity.
> Eve de la Mothe Karoubi, 4th year student Sciences Po-SIPA Dual Degree in International Affairs
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or less cordial relations (and important economic relations) with, among others, China, Russia, and India, these nations are reticent regarding Iran’s nuclear program and ultimately privilege their relations with Washington.
The The Swat Test
the New Rogue States?
Creative Commons licence photo credit : Sirslushy
In April 2009, Taliban militants based in the Swat Valley of Pakistan’s extent by tribal rulers and groups like the TTP – has recently allowed the North West Frontier Province (NWFP) released a video of themselves flogging a 17-year old girl. The scene was more than a spectacle of brutality: it was also a glimpse into the consequences of a February 2009 peace deal negotiated between the Taliban (whose militants agreed to end two years of fighting) and the NWFP government (which agreed to establish Sharia law).
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Predictably, the deal failed, as militants did not live up to their promises and soon entered the district of Buner, just 100km north of Islamabad. In response, the Pakistani army, under heavy international pressure, launched a counter attack that has displaced 2.4m people and forced the United Nations to set up a US$543 million fund to manage what is now a humanitarian crisis. Although the Pakistani military may be gaining ground in the war, the human cost of the campaign shows that Pakistan’s government faces an even more significant challenge in the long-term: that of extending state capacity to the Swat and the NWFP in order to improve people’s lives. Recent history helps to explain the instability of the Swat Region. In 2001, the US and NATO interventions in Afghanistan forced the Taliban to set up a new headquarters in the Federally Administered Tribal Areas (FATA) of North-West Pakistan. Their presence there soon drew the attention of the Pakistani army. But when the latter launched a campaign to rid the FATA of the Taliban, an eclectic mix of militant Islamist groups and local tribal leaders joined forces to fight in the Taliban’s defense. Within six years, under the leadership of Baitullah Mehsud and under the official name of Tehrik-i-Taliban Pakistan (TTP), the movement had crystallized into a “Pakistani Taliban” with clear objectives: the establishment of Sharia law in the FATA and the sabotage of US/NATO operations in Afghanistan. For a movement that is only seven years old, the Pakistani Taliban has had considerable success. It has spread terror through violence, gained a certain level of popular support, and bargained with local governments, exchanging ceasefire agreements for the establishment of Sharia law.
Taliban to gain and to hold power. Worse, because of the historical links between the Pakistani and American intelligence agencies, the Taliban treat interventions by the Pakistani army as a pariah on par with the US/ NATO mission in Afghanistan.
In the background, the tumultuous internal politics of the Pakistani government have done little to help Swat. The future of the region may now depend on the future of the government. While President Zardari is still learning the ropes of his interim position as head of state, Nawaz Sharif, ex-prime minister of Pakistan and current leader of the opposition, is getting ready to take on the post of prime minister for a second time. Although Sharif’s ties to Saudi Arabia are worrying and his policy on the Taliban’s growing presence in Swat unclear, he may be the most capable man for the job. Sharif is more openly supportive of the Obama administration than other Pakistani leaders. Is his ostensible pro-Americanism a strategy for the upcoming elections? Is his refusal to denounce the Taliban a sign of an attempt to find a balance between a certain brand of Islamism and a certain brand of secularism? These questions remain open and ambiguous, and the future of Swat hinges on the answers to them. Battle-scarred and impoverished, the Swat region demands a “bottom-up,” development-oriented approach. The region needs new infrastructure, new schools, and more jobs. It needs a judicial system that can compete with the efficiency of Sharia law. For the newly-formed civilian government of Pakistan, implementing such a development program will be a significant challenge, one that will likely only take place over the long-term. The ongoing humanitarian crisis worsens the situation. The power battles between the Taliban and the Pakistani government, in the meantime, may seem like a necessary step. The mere establishment of power, however, is not a tool for stability or for any lasting peace.
While hardly a foregone conclusion, the future of Swat is for several reasons tense and fragile. In the first place, the past continues to weigh heavily on prospects for any kind of stable peace. The FATA and PATA (Provincially Administered Tribal Areas) have since the creation of Pakistan been constitutionally self-governing regions beyond the reach of the central government. The resulting power vacuum – filled to a certain
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> Janhavi Naidu, 4th year student Master’s degree in International Affairs
By proposing incredibly low taxes and by guaranteeing a steadfast banking opacity, not only do tax havens undermine tax competition between countries, they fuel the underground economy. Not willing to cooperate with the major intergovernmental organizations like the United Nations or the Financial Action Task Force on Money Laundering, tax-evading countries flagrantly violate international financial legislation and therefore seem to meet the same criteria as rogue states. Tax havens and other tricks to avoid taxation are nothing new; they are probably as old as taxation itself. In Ancient Greece for instance, sea traders met outside Athens to avoid the city taxes on imported goods. But those frauds were nothing in scope to modern day tax havens which began to surface with the financial globalization and deregulation of the 1980s. Since that period, tax havens and offshore banking have developed incredibly fast and tax havens can now be considered as leading actors in our financial system. For instance, in 2004, according to China’s trade Minister, more than 20% of China’s foreign direct investment was coming from only three countries: the Virgin Islands, the Cayman Islands and Samoa. Situations like China’s lead us to two distinct challenges caused by tax havens. First, the undermining of financial competition between countries deprives states from important resources and leads to a “race to the bottom” in tax rates. According to the US Department of Treasury the fiscal loss due to tax havens is of approximately 100 billion dollars per year. Graver still is the problem tax havens pose to banking transparency and regulation. The absolute protection of transactional information in tax havens makes money laundering possible, aiding in the financing of terrorism and organized crime. A recent example is the case of the financing of ETA, the armed Basque separatist organization. In 2008, the Spanish secret services discovered that the organization received more than five million euros from a foundation located in Vaduz, channeled through a bank account located in Switzerland via smurfling techniques (i.e. the transfer of several batches of money, just small enough to avoid international reporting requirements). The ETA example is most likely not an isolated case. However, precisely due to the banking opacity of tax havens, it remains difficult to fully gauge the extent of such terrorist funding; the Cayman Islands, for example, do not even hold a register of its offshore companies. While some measures have been undertaken by states to preserve international security, they are nothing but token. In 2000, the Organisation for Economic Co-operation and Development (OECD) published its “black list” of tax havens, hoping that a “naming and shaming” policy would be sufficient to curve the growing negative influence of tax havens. It wasn’t, since no sanctions were taken, and tax havens kept on
developing. The recent G20 Summit meeting in London, whose aim was to tackle tax havens in the fight for tighter international regulation, didn’t lead to any concrete measures but only declarations and promises. If developed states seem to be reluctant to impose strong restrictions on tax havens, even during a major economical crisis, it might be because they are involved in the business too. Most developed countries partly benefit from tax havens and sometimes have their “own” tax havens (Monaco and Andorra for France, Guernsey for Great-Britain as well as the City of London). In efforts to divert attention to the fact, countries are quick to point out the tax havens of others. During the last G20 meeting, the United States criticized Macao and Hong Kong while China drew attention to the state of Nevada, a state with one company for every six residents and whose official website praises its “limited reporting and disclosure requirements”. Further illustrating the scope of the problem, professor Jason Sharman from Griffith University tried to open anonymous Shell companies in 45 locations around the world. His experiment met with success in 17 places, of which 13 were in OECD countries.
21 DOSSIER : ROGUE STATES
The notion of a rogue state most often refers to states that threaten international peace and security by sponsoring terrorism, crushing human rights and advancing the proliferation of weapons; North Korea and Iran are the epitomes of such a definition. But what if there was another kind of rogue state, one that violates international law and disturbs global security by other means? Could tax havens be considered as the new rogue states?
The current financial crisis is drawing attention to sources of global insecurity, notably offshore banking and tax havens. Could these actors, by the nature of the threat they pose, challenge the traditional concept of a rogue state?
So, while tax havens indirectly promote terrorism, tax fraud and illegal trade because of their banking opacity and refusal to cooperate with international governmental organizations, don’t expect these new rogue states to disappear anytime soon. They are much more difficult to tackle than “classic” rogues states since they often have strong links with the very developed countries to which they pose a risk. Current efforts for greater international regulation that would turn a blind eye to these tax havens are ineffective at best, hypocritical at worst. Meanwhile, the “new” rogue states continue to threaten our global security. > Felix Blossier, 2d year student
Protesters marching against tax havens in Jersey, 2009. Creative Commons licence photo credit : Up Your Ego
The spread of the Taliban in NorthWest Pakistan is a significant test for the country’s civilian government. Following a much criticized peace deal with the Pakistani Taliban in the Swat Valley, Pakistan’s army is facing the dual challenge of heavy combat in the shorterterm and development and state-building in the decades afterwards.
Are Tax Havens
La Birmanie :
Witness: Mya Thit Sar
un État- armé(e) contre ses nations La junte birmane peut-elle se permettre de continuer à ignorer les revendications des minorités ethniques ?
interview by Julien Levesque
22 DOSSIER : ROGUE STATES
Si l’on regarde la carte des États dits défaillants, classification par le général Ne Win. La junte militaire au pouvoir mène alors
une politique ouvertement pro-Bama (ethnie majoritaire), en lançant en 1967 une campagne de « Burmanization ». C’est depuis cette époque, par exemple, que l’enseignement supérieur se fait en birman et non plus en anglais. Suite au coup d’État de 1988 et l’arrivée d’une junte plus autoritaire au pouvoir, le gouvernement mène une politique de cessez-le-feu, orchestrée par le général Khin Nyunt. Cette période des années 1990 voit la soumission de nombreux groupes armés au gouvernement central de Rangoon. Le pays compte une mosaïque de groupes ethniques éparpillés Par endroits, la pacification s’est échangée contre une autonomie – dont les Bama majoritaires – dont les antagonismes se sont de facto. Ainsi, les Wa ont conquis la liberté de cultiver de l’opium accentués avec la construction de l’État moderne. C’est en effet en échange de la paix avec le gouvernement central. dans le cadre de l’Empire britannique des Indes que la mise en place de politiques de discrimination a favorisé les groupes ayant La Birmanie vit des turbulences socio-politiques, auxquelles accepté la christianisation (Karen, Kachin, Chin) au détriment l’armée (la Tatmadaw), institution hypertrophiée, ne sait répondre autrement que par la force. La lutte contre l’ennemi intérieur d’autres groupes communautaires (les bouddhistes majoritaires). qu’elle mène, à travers des opérations anti-guérilla et de maintien L’indépendance fut alors envisagée dans un cadre fédéral pouvant de l’ordre, prend constamment une population opprimée pour assurer la cohésion des peuples au sein de la nouvelle Union de cible. Birmanie. Les Accords de Panglong consacraient l’autonomie totale des nationalités dans l’administration interne et un partage Aujourd’hui, seulement quelques groupes restent véritablement engagés dans une lutte nationaliste : le KNU (Union de la Nation équitable des richesses du pays. Karen), le KNPP (Parti National Progressiste Karenni) et le SSA C’est le non-respect de cet accord qui provoque dès 1948 la rébellion (Armée de l’État Shan), tous les trois avec des objectifs largement de certains groupes. L’État démocratique birman ne parvient pas à défensifs. Au cœur des discours nationalistes de ces groupes faire face à une situation croissante de guerre civile et est renversé demeure le sentiment de trahison envers les Accords de Panglong. faite notamment par la revue américaine Foreign Affairs, on verra sans surprise que plusieurs d’entre eux vivent aujourd’hui des contestations majeures de leur territoire et de leur gouvernement par des groupes dits minoritaires. La Birmanie n’échappe pas à cette catégorisation. Les revendications de ces groupes ethniques sontelles à l’origine, ou bien aggravent-t-elles les difficultés de l’État birman ? Sont-elles à l’inverse le fruit de politiques autoritaires ?
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Quelle place l’opposition démocratique, conduite par Aung San Suu Kyi, accorde-t-elle aux groupes minoritaires ? Ils partagent un ennemi commun : la junte militaire. Mais on pourrait penser que le mouvement démocratique place la démocratie au sommet de ses objectifs, tandis que pour les groupes ethniques, la démocratie est indissociable d’une structure fédérale. La Birmanie est donc le théâtre de deux batailles simultanées et complémentaires : celle pour la démocratisation du pays et celle pour la reconnaissance des droits de ses minorités. Or, le traitement de la question passe moins par la stigmatisation des minorités que par la critique des différentes administrations qui n’ont jamais crée une arène politique compatible avec les demandes de leur population hétérogène. Quels sont les enjeux de ces conflits ethniques à l’échelle régionale et internationale ? Au delà d’être une entrave à la paix et au développement, les conflits armés dans des régions peuplées par des minorités sont sources de graves crises humanitaires, et constituent un risque pour la stabilité régionale d’expansion des conflits, vers l’Inde et la Thaïlande notamment. C’est en partie ce risque qui est redouté par la communauté internationale. La Birmanie a décidé de se cloîtrer dans une paranoïa et une xénophobie contre tout ce qui vient de l’étranger. Tout en étant la cible des sanctions des États-Unis et de l’Union Européenne, aux yeux du gouvernement les relations avec son entourage immédiat sont plus importantes que celles avec l’Occident. C’est pourquoi ses relations diplomatiques se limitent à ses voisins et membres de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ANASE). Enfin, si la Birmanie figure sur la liste des États défaillants c’est moins à cause de sa dangerosité envers la communauté internationale qu’envers ses propres citoyens. Les revendications des groupes minoritaires aggravent l’instabilité politique du pays. Leur prise en compte par les autorités, improbable dans le contexte actuel, est une des clés de stabilisation de l’État birman.
As a young adult from Burma studying in Paris, I am aware each time I step into a university classroom that my right to free expression is a privilege denied to most of my compatriots. Life in Burma The lives of Burmese people are subject to rigorous control. Personal mobility, taken-for-granted in other countries, is in Burma a restricted commodity: permission is required both to travel between states and to receive guests. Freedom of press is non-existent, meanwhile. Burma’s only newspaper, the New Light of Myanmar, is a State-sponsored piece of propaganda; progressive media outlets, such as the Democratic Voice of Burma, are forced to air from neighboring countries. According to a friend, unfiltered and up-to-date news is so hard to come by that during the Saffron Revolution of 2007, government troops themselves turned to alternative media sources. Exile Although worsening political and economic conditions are pushing people out of the country, migration and exile are fraught with danger. The line between migrant and refugee is always blurry. Border-crossing is a costly and uncertain process, and those who attempt it risk being thrown into jail or sold into human trafficking, slavery or prostitution. The struggle for democracy
> Laura Waisbich, étudiante en 4è année, Master Recherche, Relations Internationales
Although not every Burmese abroad is a political activist, exiles and migrants help to keep Burmese society alive, both through the remittances they send back and through political activism. Life outside of Burma is not easy, especially for overseas activists, who continue to face threats from the junta. But for people in Burma, this distant activism is a sign of hope. It keeps resilience alive, and it keeps people believing that Burma will one day be free.
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Face à l’échec des promesses d’autonomie faites aux groupes minoritaires, ceux-ci accusent le gouvernement de maintenir une politique agressive envers les minorités et de creuser d’avantage les antagonismes en refusant la réconciliation nationale.
États parias :
Pro�le: Kim Jong-il
isolationnisme ou exclusion ?
by Audrey Desiderato
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Pourquoi certains États se retrouvent-ils exclus de la scène internationale ? Cette situation est-elle un positionnement volontaire, isolationniste, ou bien le fruit d’un rejet de ces États, dits parias, par la communauté internationale ?
diplomatiques. Néanmoins, un recours à la force peut aussi être envisagé : la résolution onusienne 1696 votée en juillet 2006 au sujet du programme nucléaire iranien évoque pour la première fois la possibilité de sanctions dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Les États victimes de sanctions sont ainsi coupés du circuit international et perdent leur légitimité sur la scène internationale. Paradoxalement, cette illégitimité extra-étatique peut se transformer en une force interne à la société touchée : l’image de « dissident du monde » peut être un facteur de cohésion des populations locales, cohésion profitant souvent au régime en place. C’est là tout le paradoxe des sanctions internationales : au lieu de provoquer le changement de régime A première vue, ces États entament leur divorce avec la communauté souhaité, elles peuvent contribuer au retranchement du régime et internationale en se retirant délibérément du jeu diplomatique. garantir sa pérennité. Prenons comme exemple le cas de la Birmanie : en raison d’une colonisation douloureuse, cet État alimente une rhétorique Les États parias comprennent bien souvent qu’étant déjà isolés, sécuritaire par méfiance vis-à-vis de l’étranger. Néanmoins, ils n’ont plus grand chose à perdre du point de vue de la scène malgré une certaine ouverture au commerce international, la junte internationale. Ainsi, ils se révèlent souvent des Brinkmanship birmane, refusant tout compromis politique, se voit condamnée States, c’est-à-dire des États qui poursuivent une « stratégie de par des organisations internationales et autres pays influents tels la corde raide », adoptant une position équilibriste sur la scène internationale. Ils veulent toutefois éviter de sombrer dans le que les États-Unis. gouffre d’un repli total et se trouvent obligés d’user d’un langage L’isolation d’un État peut donc conduire à son exclusion de la diplomatiquement correct. Mais ces États rompent avec toutes scène internationale. Cette exclusion lui est imposée au moyen les pratiques diplomatiques préétablies pour obtenir le maximum de mesures « disciplinaires » en vue de « moraliser » et de de concessions de leurs rivaux ou ennemis, ces derniers se sentant « normaliser » son comportement diplomatique – notamment désarçonnés face à une situation désastreuse. Plutôt que de se sur les questions hautement polémiques de l’enrichissement conformer aux normes internationales, les États parias assument nucléaire et du terrorisme. Les mesures répressives prennent de conserver leur ligne politique. Nous pouvons citer ici la Corée généralement la forme d’une rupture des liens économiques ou du Nord qui s’est une nouvelle fois attirée les foudres des Nations
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Born: 16th February 1941 or 1942 Education: Graduated from Kim Il-Sung University in 1964 Profession: - Chairman of the National Defense Commission - Supreme Commander of the Korean People’s Army - General Secretary of the Workers’ Party of Korea
Health: Suffers from heart disease and diabetes Trademark: Sunglasses and military outfits Hobbies: - Hollywood movies: he reportedly owns a library of 20,000 movies, and engineered the kidnapping of a South Korean film director and his girlfriend in 1978 - Gastronomy: a Russian emissary reported that Kim had live lobsters air-lifted to the train every day of their train journey across Russia; he sent a team of cooks to Naples and Rome to bring back the taste of authentic Italian pizza in order to open North Korea’s first pizzeria - Booze: Kim is Hennessy cognac’s biggest individual customer - The NBA: most of his palaces possess regulation basketball courts plus a library of Chicago Bulls games featuring Michael Jordan Kim Jong-Il by Daniel Callaby
Unies par le tir d’un lanceur de satellite en avril dernier puis l’annonce d’un second essai nucléaire. Le régime de Pyongyang a répliqué par un arrêt de toute collaboration avec l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique. Ainsi, l’isolement des États parias est le fruit de politiques isolationnistes délibérées autant que de sanctions internationales renforçant leur isolation. Une sorte de cercle vicieux s’instaure, comme pour la Birmanie, qui poursuit une politique d’isolement protecteur, favorisée par l’ostracisme que lui impose un certain nombre d’États. Les sanctions, plutôt que de favoriser le changement, stigmatisent et excluent, encourageant les États parias à l’isolationnisme. Ceci tend à confirmer les mots d’Howard Becker dans son ouvrage Outsiders : « Le déviant est celui auquel cette étiquette a été appliquée avec succès. »
>Judith Chetrit, étudiante en 2ème année
Gift collection contained in the Museum of International Understanding (Pyonyang): - Mother-of-pearl box from Yasser Arafat - Crocodile handbag from Fidel Castro - Stuffed warthog from Robert Mugabe - Hunting rifle from Vladimir Putin - Signed Michael Jordan basketball from Madeleine Albright THE MYSTERY Hailed as “the world’s most mysterious political figure”, the eccentricities that characterize Kim keep analysts guessing. Do they represent an irrational madman or are they used to mask the cunning mind of a manipulating strategist? THE LEGEND The mystery surrounding North Korea’s Dear Leader extends to his birth. Soviet records indicate that Kim Jon-il was born in the village of Vyatskoye in 1941, during his father’s, Kim Il-sung’s, period of exile in the former Soviet Union. But according to official North Korean accounts and his official biography, he was born in a log cabin in a secret military camp on North Korea’s highest mountain, Mt Paektu, in 1942. Foretold by a swallow, the Dear Leader’s birth was marked by the appearance of a double rainbow and a new bright star in the sky.
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DOSSIER : ROGUE STATES
Le terme « paria » est communément utilisé pour qualifier une personne exclue de la société car considérée comme nuisible. Par extension, il peut être employé pour désigner un État. À l’échelle interétatique comme sociétale, l’attribution de cette étiquette soulève des interrogations. Dans quelle mesure cette exclusion est-elle le fruit d’une politique extérieure isolationniste, et donc intentionnelle ? Les États parias se retirent-ils délibérément du jeu diplomatique pour entrer en dissidence avec la communauté internationale ? À l’inverse, cette exclusion peut-elle être le fait de la communauté internationale qui met au ban les États ne s’alignant pas sur les normes internationales ?
Name: Kim Jong-il
Height: 1.57 m, but appears taller thanks to platform shoes and a bouffant hairstyle
Creative Commons licence photo credit : giladr
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THE MAN
> INTERVIEW
www.webistan.com www.ainaworld.org
Tout État qui entrave le travail des journalistes est un État voyou.” Vous avez commencé la photo dans votre propre pays, l’Iran, à l’époque du Shah. Comment exerçait-on le métier de photographe sous ce régime ? Quand j’ai commencé, j’étais étudiant en architecture, et j’avais trouvé dans la photographie un moyen de me battre contre l’injustice sociale que je voyais, un moyen de témoigner et d’informer, pour que les gens sachent et agissent. J’ai commencé à 16 ans, et ce n’est qu’à 26-27 ans que je suis devenu professionnel.
DOSSIER : ROGUE STATES
Dès la sortie de mon premier magazine, au lycée, j’ai été arrêté, battu. La police secrète avait réuni toutes les copies de mon magazine, les déchirait et me frappait avec. J’ai tout de suite compris que ce que je faisais était bien, sinon, elle ne s’en serait pas prise à moi. Mais il fallait que je change de tactique. J’ai donc commencé à faire des photos en cachette et à les coller la nuit sur les murs de l’université. Comme ça, je passais entre les filets de la censure, et du contrôle exercé par la police secrète. Ça a duré des années. Puis à 22 ans, j’ai de nouveau été arrêté. Cette fois-ci, j’ai écopé de trois ans de prison, et pendant cinq mois, j’ai été torturé. Mais je croyais en ce que je faisais, et je ne voulais pas les laisser me briser par la torture.
Propos recueillis par Chine Labbé et Julien Levesque
REZA
Mes années de prison ont été une véritable université pour moi. À 22 ans, je me retrouvais avec des milliers de prisonniers politiques. C’était un vrai concentré de tous les grands : le plus grand écrivain, le plus grand cinéaste, le
plus grand poète, etc. Me retrouver avec eux était un bonheur. À 26 ou 27 ans, je suis passé professionnel, travaillant comme correspondant pour Newsweek et l’agence Sipa Press. Pour eux, j’ai couvert la révolution de 1979. L’Iran du début de la révolution, était une petite fenêtre ouverte sur la démocratie. Tout le monde publiait des journaux et des magazines. Cela a duré jusqu’à ce que le nouveau régime islamique se mette à resserrer son emprise sur la société. Mes photos n’étaient plus sur les murs de l’université mais paraissaient sur les pages de deux mille journaux. Les mêmes idées, les mêmes concepts les inspiraient, mais cette fois la presse du monde entier les diffusait. Chacune de mes photos comptait. Le régime islamique a donc commencé à s’irriter. Ils ont cherché à savoir qui était Reza. C’est un nom tellement commun qu’en l’utilisant, j’étais complètement anonyme. Mais ils ont rapidement compris que c’était moi qui étais à l’origine de toutes ces images, et ils ont décidé de se débarrasser de moi. À l’époque, il n’était pas question de jugement ni de tribunal. S’ils décidaient de tuer quelqu’un, vous étiez mort. D’ailleurs, ça continue encore. J’ai pu quitter l’Iran, m’installer à NewYork, puis à Paris, et continuer mon travail. J’ai pu m’échapper car j’avais été blessé à la main en faisant des photos sur le front Iran-Irak. Cette blessure m’a permis d’obtenir, en me faisant passer pour un volontaire de guerre, une permission pour me faire soigner à Paris.
En tant que journaliste, comment se prépare-t-on pour travailler dans un pays qui cherche à limiter l’information ? Google a beaucoup changé les choses. C’est sans doute le plus grand traître pour les journalistes. Quelqu’un qui débute peut se rendre dans un pays anonymement, avec un visa de touriste. Mais si vous avez déjà publié dans un journal, on vous retrouve immédiatement grâce à Google.
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Cela dit, on peut toujours se débrouiller, trouver différents noms et prétextes. Dans chaque pays c’est un exercice à part : arriver à la source de l’information, ne pas se faire arrêter, sortir son matériel.
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Un appareil en bandoulière depuis l’âge de 16 ans, l’Iranien Reza a fait ses armes de photoreporter dans un pays de dictatures - celles du Shah puis du régime islamiste - avant de gagner l’Occident, en 1981. Depuis, le photographe ne cesse de sillonner le monde, pointant son objectif dans toutes les directions, de l’Afrique du Sud de l’apartheid à la Russie soviétique. Avec quarante ans d’expérience en poche, il dresse aujourd’hui un portrait sans complaisance de la guerre menée contre les médias un peu partout dans le monde. Une guerre pas si éloignée que ça.
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En 1985, se rendre dans l’Afrique du Sud de l’apartheid en tant que journaliste impliquait de suivre les ordres du gouvernement. Du coup, je suis allé au consulat en affirmant que j’étais un chasseur d’éléphants, et que je voulais me rendre dans le pays pour y photographier les éléphants, désormais protégés. J’ai eu un visa de trois mois. Sur place, j’ai été arrêté plusieurs fois. Mais j’ai toujours réussi à m’en sortir, à sauver les pellicules. Un pays où il est très difficile de travailler aujourd’hui est Israël. C’est un pays qui met énormément d’obstacles à la presse. Le prétexte avancé est toujours sécuritaire. « S’il vous arrive quelque chose, on vous aura prévenu. Si vous y allez et que vous recevez une balle, on ne sait d’où elle viendra. » Récemment, les événements de Gaza l’ont encore montré. Copyright REZA / Webistan
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Pour un vrai journaliste, le mot impossible n’existe pas. Il y a toujours un moyen d’aller quelque part, de récolter des informations, ou d’enquêter.
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On ne peut pas se rendre partout avec un gros appareil photo. Mais il n’y a aucun endroit dans le monde où on ne peut aller chercher de l’information. Sauf peut-être dans le palais présidentiel de Corée du Nord. Mais même en Corée du Nord, il y a des journalistes qui photographient, filment, interviewent des gens.
Une fois sur place, comment faitesvous pour prendre des photos ? Fautil se fondre dans la population locale, savoir se rendre invisible ? Il n’y a pas de formule. Chaque pays est différent. En Afghanistan, pendant la guerre contre les Soviétiques, il n’était pas possible d’obtenir un visa, à moins de venir de Moscou. Nous allions au Pakistan où se trouvaient les Moudjahidin, puis, habillés comme eux, nous traversions la frontière à leurs côtés. Nous suivions les combattants qui allaient affronter les Russes. Parfois, il fallait marcher trois mois dans la montagne, sans aucun lien avec l’extérieur.
En janvier 1990, il y a eu un massacre à Bakou, capital de l’Azerbaïdjan, qui faisait partie de l’URSS. Les Russes avaient fermé toutes les routes. Une cinquantaine de journalistes étaient bloqués à Moscou. Un jour, les Russes nous ont annoncé qu’un avion militaire emmènerait tous les journalistes à Bakou le lendemain. Tout le monde était ravi, mais je me suis méfié. Le matin, j’ai appelé la réception pour me faire porter malade. Les autres journalistes se sont faits balader. Ils ont tourné dans les nuages en avion, on leur a dit qu’il n’était pas possible d’atterrir en raison du temps, et on les a déposés à Erevan, capitale de l’Arménie, où se trouvaient quelques réfugiés arméniens venus d’Azerbaïdjan. Au lieu de voir le massacre d’Azerbaïdjanais par l’armée russe, ils ont photographié des réfugiés arméniens massacrés par les Azerbaïdjanais. Des amis m’avaient réservé un billet dans un train Moscou-Bakou. Quand le contrôleur passait, je me cachais sur le porte-bagages. 48h après, j’étais à Bakou. Pendant trois jours, j’ai photographié les morts et les blessés, accompagné d’un ami qui filmait. À deux, on a pu déjouer un gouvernement comme l’Union soviétique, qui se pensait si fort et malin qu’il pouvait manipuler CNN.
Par ailleurs, la photographie est comme une peinture, une œuvre d’art. Il y a des règles d’esthétisme à respecter. Sinon, elle ne touchera pas. Des millions de gens commencent la peinture en représentant un pot de fleurs. Mais le seul pot de fleur qui vous frappe quand vous le regardez, c’est le pot de tournesols de Van Gogh, allez savoir pourquoi. La photographie, c’est pareil. Il existe des milliers de portraits d’Afghans. Mais il a fallu cette photo de petite fille afghane aux yeux verts – le portrait fait par Steve McCurry – pour toucher les gens. Il n’y a pas de formule, pas de mystère non plus. Des éléments sont réunis dans l’image, et finalement, ce qui reste, ce sont les photos qui rentrent vraiment dans le cœur des gens.
Dans les États dits « défaillants », l’absence d’État peut-elle poser problème au journaliste, qui peut se retrouver en proie à des groupes armés par exemple ? Tant que les groupes armés ne vous prennent pas en otage ou ne cherchent pas des étrangers pour demander une rançon, c’est beaucoup plus facile de travailler avec eux. Pour moi, les vrais média – ceux où le journaliste est un vrai poids contre les tyrans, un intellectuel aux côtés du peuple – ont commencé avec Émile Zola, et ont culminé avec la guerre du Vietnam. La guerre du Vietnam a été en partie perdue à cause des journalistes. À partir de ce moment-là, le pouvoir a tenté de contrôler la presse, par le biais de think tanks et d’universitaires. Ces principes ont été appliqués lors de la guerre du Golfe en 1990, une guerre dans laquelle les Américains choisissaient leurs témoins, embarqués avec l’armée. Comment contrôler les média ? Une des méthodes phares est de les acheter. C’est tout à fait le cas en France. Trois hommes, pas plus, contrôlent 80% des média en France. Robert Murdoch, un seul homme, possède 20 ou 30% des média du monde. Est-ce cela un État voyou ? Dans un État voyou, il n’y a pas de démocratie.
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Parmi vos photos, quelles sont celles qui ont été les plus dif�ciles à prendre pour vous, et quelles ont été les plus importantes ? Et il n’y a pas de démocratie sans média indépendants. Aujourd’hui, l’Afghanistan a plus de média indépendants que la France. Ce n’est pas parce qu’on peut critiquer que les média sont indépendants. Tant que cela se déroule en Occident, ça passe. On veut nous faire croire que les États voyous sont l’Iran, la Syrie, la Corée du Nord, le Soudan, l’Axe du mal... Ce sont des dictatures traditionnelles. Si vous écrivez quelque chose qui ne leur plaît pas, ils vous tuent, point. Mais plus voyous encore sont les voyous en costume cravate. Ces États occidentaux où la censure se fait par la publicité. La guerre contre le journalisme, ne croyez pas qu’elle se passe dans une partie du monde et pas ailleurs. Partout où il y a le pouvoir et l’argent, il y a une guerre contre les médias.
La censure se fait juste différemment. Tout État qui entrave le travail des journalistes est un État voyou. Quand je vois qu’en France, le directeur de Paris Match se fait virer pour avoir publié une photo qui dérange, je me demande dans quel pays on vit. Et le pire, c’est que personne ne bouge. Si on tue un journaliste en Russie, immédiatement, des associations se créent, des gens manifestent. Ici, il n’y a rien de tout ça. On est anesthésiés.
Quelle est la spéci�cité de la photographie, en tant que médium journalistique ?
Vous pouvez aller voir dans mes archives, pas une seule des photos qui s’y trouvent n’était facile à prendre. J’y conserve 700 000 photos, et autant de difficultés. D’un autre côté, les photos qui sont importantes pour moi sont celles qui ont vraiment passé le message qui me tenait à cœur. La plus représentative de ça est sans doute le portrait de Massoud que j’ai fait. Avec ce portrait, j’ai pu rendre hommage à cet homme à l’époque où il n’était encore qu’un jeune résistant – en 1985 – avant qu’il ne devienne quelqu’un de très important. J’ai fait un portrait de lui qui a parlé au monde. Et cela a beaucoup influencé les Afghans. Cela les a aidé à connaître le personnage, et à l’aimer aussi.
C’est d’abord un langage universel.
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Copyright Julien Levesque
Copyright Julien Levesque
Y a-t-il des États où il est impossible de travailler ?
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Certes il y a quelques petits codes couleur qui diffèrent selon les cultures. En Corée par exemple, les gens s’habillent en blanc pour les funérailles, alors que dans d’autres parties du monde, le blanc est la couleur du mariage. Mais hormis ces codes culturels, la photographie est vraiment un langage universel. Or nous allons vers une forme de mondialisation dans tous les domaines. Cette forme de témoignage va donc devenir la première langue pour communiquer.
9ème Collectif : la lutte continue Sans-papiers à Paris (1) Le 1er mai, tous unis aux couleurs du 9ème collectif avec pour slogan : « Arrêt des rafles, fermeture des centres de rétention, régulariser est un droit ! »
(2) Hamdi, sans-papiers depuis sept ans milite activement pour le 9ème collectif.
Paris, lundi 27 avril 2009. Comme chaque semaine, le 9ème
Collectif des sans-papiers tient une réunion. Les militants, des hommes et des femmes de toutes origines, pour la plupart sans-papiers, s’informent des dernières avancées de leur lutte pour la régularisation, et se concertent sur les prochaines actions à mener.
(3) Pendant la réunion hebdomadaire, aussitôt dit, aussitôt fait : on prépare sur le champ les tracts pour la prochaine manifestation.
La réunion va bon train. Bahija, porte-parole du collectif et ancienne sans-papiers s’efforce de motiver les présents. Elle les exhorte à la patience mais aussi à la ténacité. Tous l’écoutent avec ferveur.
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Une main se lève, Samia prend la parole. Elle vient d’obtenir une convocation de la Préfecture de Police. Elle appréhende ce rendez-vous de régularisation et demande à être accompagnée. Nora se propose aussitôt. Française d’origine marocaine, elle milite au 9ème Collectif dans l’espoir de faire régulariser sa petite sœur arrivée en France à l’âge de 17 ans. Cette dernière rêve d’être infirmière, mais ne peut entamer ses études sans le titre de séjour approprié.
(4) Samia, 47 ans, en France depuis sept ans, est convoquée ce mercredi à la Préfecture de Police du XVème arrondissement en vue de sa régularisation.
(5) Dans la salle, chacun est appelé à prendre la parole ou à s’engager dans une action.
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(6) Nora vient de se porter volontaire pour accompagner Samia à la Préfecture.
Mercredi 29 avril, c’est à la Préfecture de Police du XV arrondissement que se joue l’avenir de Samia en France. Convoquée à midi, elle attend avec patience qu’on appelle son nom.
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À 16h, elle est enfin reçue. On lui fournit un récépissé de demande de carte de séjour de trois mois. Ce document ne lui permet pas de travailler légalement, ce n’est que la première étape d’une longue suite de démarches administratives qui lui permettront peut-être d’obtenir ses papiers.
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1er mai 2009, dans les rues de Paris, le Collectif des sans-papiers joint sa voix au concert de mécontentement des Français. Sur les banderoles orange vif, on peut lire : « Arrêt des rafles, fermeture des centres de rétention, régulariser est un droit ! ». Au fil des permanences, des manifestations, et des heures d’attente à la Préfecture de Police, ces travailleurs illégaux mènent une lutte acharnée. Une lutte qui porte mal son nom : loin d’être un affrontement direct et instantané, elle est un travail tissé de lenteur et de patience, nourrie par la soif d’une existence enfin reconnue.
> Texte & légendes : Farida Belkacem > Photographies : Joanna Margueritte étudiantes en 4ème année Master Recherche Relations Internationales
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Comme elle, Hamdi attend ses papiers depuis quelques années. Peintre en bâtiment, il a 26 ans et a quitté la Tunisie il y a sept ans. Après un court passage par l’Italie, Nice, Marseille et Lille, il s’est installé à Paris. Deux fois emmené en centre de rétention, et deux fois relâché après avoir menti sur son identité, il fait sa vie en France malgré des contrôles d’identité de plus en plus fréquents.
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Special Report
Illegal Immigration to Greece: “We can’t cope”
In April 2009, a group of four students from the Journalism School of Sciences Po went to Greece, to report on illegal immigration to this Mediterranean country. The field trip was organized by Susan Sachs, freelance journalist in Paris, and former New York Times’ bureau chief in Istanbul, Bagdad and Cairo, as part of her English written press workshop at the Journalism School. Susan Sachs supervised the students’ work, and edited their stories. Here is the product of their on-the-ground reporting.
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In the detention center of Mitilini, Lesvos. / Crédit photo : crédit: Anne-Laure Buffard
If not for the barbed wires and guards, the detention Aegean Sea, close to Turkey, a major transit country of drab wooden houses covered with cardboard and center here might be mistaken for a holiday camp. It has a basketball court, a colorful playground for children, a sparkling dining room, and a little shop selling potato chips, phone cards and cigarettes at the entrance. But instead of vacationers, it holds illegal migrants who are washing ashore in increasing numbers. Built in December 2007, it replaced a dilapidated center that social workers described as “hell” and that the United Nations’ refugee agency had condemned as an “insult to human dignity.” This young construction is now a source of pride for the inhabitants of the island. “It’s the best thing that could happen to the migrants,” said Maria Mihail, receptionist at the Samos Hotel. But the modern Samos facility is far from being reflective of the kind of welcome received by immigrants arriving elsewhere in Greece. On the nearby island of Lesvos, in the capital city of Mytilene, they are detained in a dark converted warehouse that looks like a prison. Their faces pressed against the bars of their rooms, male migrants watch the guards going back and forth, hidden behind their protective masks and rubber gloves. Upstairs, huddled on the beds, female migrants rest.
SPECIAL REPORT : GREECE
In this tumbledown environment, Helena Tavakouli, an Afghani aged 24 who arrived with her baby girl a few days before, complained about her detention conditions. “My baby is often hungry and cold,” she said. “Her father has seen her only for one minute,” she added. In April, about 100 migrants were held in Mytilene’s detention center. Last summer though, they were almost 1000 squeezed in this concrete installation, built to host up to 400 individuals. And it is not the only one to be overwhelmed. Despite its hospitable appearance, even the new center on Samos faces overcrowding. “In the summer, the population of the center sometimes peaks at 750 people (when it can host 300),” said Tsigiros Evaggelos, a Samos police officer. “If it continues like this, it will be destroyed in three to four months.” Geographically located at the southeastern frontier of Europe, Greece is at the frontline of illegal immigration to the European Union. Greek officials said that without concerted European action, guarding their 16,000-kilometer coastline against the influx of migrants is not possible. Nor, they said, can Greece properly manage the migrants and refugees who do come. “Greece faces a unique problem,” said Konstantinos Bitsios, general secretary of the Ministry of Interior. “The quantity of asylum-seekers and illegal immigrants entering the country is such that we are not able to cope.” In all, coast guard officers and police arrested more than 146,000 people entering the country illegally in 2008, more than double the number arrested in 2005. The pressure is greatest on the islands of the
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for illegal immigrants from Asia, the east coast of Africa and the Middle East.
Samos is just one mile from the Turkish shore. Last year, 9,400 people were caught there, a six fold increase over 2006. For the island’s residents, meeting with wet and weary immigrants just getting out of the water has almost become common. Nikos Kopanas, the manager of a local restaurant called Artemis, said he once found about 30 migrants outside at the restaurant’s doors at 2 a.m. “They were hungry,” he recalled. “I said come and eat,” he added. The evidence of the surge in migration to the island is also on the water. Peter Stavro, a taxi driver on Samos, said he often sees life jackets floating on the surface of the sea when he goes out fishing in the summer. The number of migrants arriving on Samos is such that the whole life of the island is disrupted. “Every day, 30 to 40 migrants come to our island. It is very impressive for us,” said Mrs. Mihail, receptionist at the Samos Hotel. Police officers say they spend most of their time dealing with them. “We have no time to do other activities,” said Panagiotis Kordonouris, a Samos police chief. In a report issued late last year, the international organization Human Rights Watch said migrants told of having their boats punctured and pushed back toward Turkish waters by Greek Coast Guard patrols.
plastic shelters about 1,300 Afghan men and boys.
In transit, they relentlessly try to pass to Italy. But some of them stay for years on this camp, living among ripped mattresses, crushed cans, singing roosters and wandering cats. Everybody, from top officials to police officers and migration experts, blamed northern European countries for doing little to help. Mr. Bitsios said Greece’s appeals for help from the EU have received little more than sympathy. “In politics you tend to deal with what’s immediate,” he said. “They’re not aware of the seriousness of the issue and not aware of what’s coming their way.” Yet, controlling illegal immigration has been one of EU’s priorities in the past years. In 2004, it created Frontex; an agency specialized in borders’ surveillance that was precisely designed to address the control of Europe’s external frontiers. Since 2006, it has organized joint patrols in the Mediterranean and along the southeastern European frontier in an attempt to intercept boatloads of illegal migrants. Greek Prime Minister Costas Karamanlis asked the EU to go further and create its own coast guard force. In response to pleas from Greece, Italy, Cyprus and Malta, the EU has promised 9.8 billion euros in additional aid to help those frontline countries deal with refugees. The EU is also considering a request for an additional 10 billion euros in financial aid to help the four patrol their borders.
Greek officials denied the charges. Migrants and the smugglers who bring them, they said, deliberately damage the boats so that they will be picked up and taken ashore by the Coast Guard.
But the solution is political not economic, Greek officials and migration experts said. “We need cooperation with the countries at our borders,” said Alexandros Zavos, president of the Hellenic Migration Institute, a think tank in Athens.
“They easily come in small boats and when they come near to the islands they tear holes in them so they sink,” said Brigadier Christos Despotellis, head of the police for the northern Aegean region that includes the islands of Lesvos, Mytilene and Chios.
The Greek government has also pressed the European Union to negotiate an agreement with Turkey to take back migrants who crossed through its territory. Greece has a bilateral accord with Turkey on the subject, but officials said their neighbor is not abiding by it.
The borders between Greece and the rest of Europe are also under great pressure from migrants, a vast majority of whom try to smuggle out of the country, according to Greek officials and immigrant aid groups.
According to the statistics of the aliens division of Athens’ police headquarters, out of 64,000 readmissions requested by the Greek government since 2001, only 2,200 individuals were actually sent back to Turkey.
In the western port of Patras, coast guards struggle to block the continuous wave of migrants intending to hide in ships and trucks bound for Italy.
Greece has been regularly criticized as lacking the proper infrastructure to deal with the flow of immigrants and asylum-seekers. Recently, the government has identified 12 potential sites for new detention centers and shelters for migrants.
“Greece has an enormous burden to carry on behalf of the European Union because of its geography,” said Mr. Athanasopoulos, head of the city’s coast guard. Unable to control its borders, and obligated under EU rules to prevent migrants from entering other European states, the country now hosts between 250,000 and 2 million illegal immigrants, out of just 11 million people.
More holding centers, though, will not resolve the problem so long as the flood of migrants pouring over the frontiers is not controlled, said Mr. Zavos. “What can you do?” he said. “Build more jails, more camps, camps for 200,000 people? That’s unimaginable.”
Greece’s main cities are unable to absorb and integrate this ever-growing population of illegal migrants. Near the harbor, in Patras, a squalid camp
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33 SPECIAL REPORT : GREECE
ILLEGAL IMMIGRATION: GREECE IS OVERWHELMED
by Chine Labbé
by Solenn Poullennec
Helped by an Arabic translator, Katia Mavrommati, a 27 year-old political science student, stands in a windy courtyard of the detention centre here, trying to explain their rights to a group of illegal migrants. Their fingers clutching the high bars of their room, the Afghanis listen carefully. They have been waiting imprisoned in this former warehouse since the coast guards caught them on the sea that separates Turkey from Greece about a week earlier. In their dark room, with puddles on the concrete floor, and graffiti on the walls, they have no more than an old bed and a blanket. They spend most of the day sleeping or watching the police officers who guard them and who wear masks and gloves because they say they are exposed to contagious diseases. Mavrommati wishes she could give hope to these young people who fled their country in search of a better life in Europe. She tells them they can manage to get papers by applying for asylum if they were victims of persecution.
34 SPECIAL REPORT : GREECE
But she knows migrants have barely any chance to get asylum. Almost all of them would be ordered to leave Greece within thirty days after their release. Even if their application is legitimate, she said, the Greek administration would not grant them protection. “We are very unfair when it comes to granting asylum,” she said. Many European countries, non-profit organizations and the United Nations agree with her.
Lawyers working with asylum-seekers said the Greek system is such a mess that legitimate refugees do not get the chance to make their case. “Perhaps this is a paradise for those who are not real refugees, who come to work for a couple of years here. But for real refugees - victims of torture and trafficking - it’s a real hell,” said Spyros Kouloheris, a lawyer for the Greek Council for Refugees in Athens.
by Anne-Laure Buffard
A passionate lawyer Kouloheris said he sometimes feels moved to tears by the asylum seekers’ stories. He says several Afghans have been waiting for asylum for seven years because of administrative delays due to police understaffing and the high volume of applications from people who are not facing real persecution in their home countries.
According to the EU regulation known as the Dublin II accords, asylum seekers must ask for refugee status in the first EU country they enter, even if they prefer to go to another European country where they have compatriots. EU countries share fingerprints and other data on illegal immigrants. Migrants who are caught when they enter Greece may manage to get into a second country to ask for asylum. But they risk being sent back to Greece.
A few minutes after Kouloheris gave this analysis, a Committee member rushed in his office. One of the migrants waiting in the office fainted and poured blood on the floor and the walls. The attorney explained this kind of incident was quite common. Asylum seekers often get sick and some even try to commit suicide, he said, because of their poor living conditions.
Police and State officials claim such a system is unfair. They say it makes Greece bear the weight of illegal immigration for all European countries because of its geographical position at the frontier of Europe. The EU member states, they say, should share the burden Greece is facing by dealing with their illegal migrants without deporting them to Athens. In 2008, Norway and Sweden stopped sending them back to Greece, though, saying that the Greek asylum system does not give refugees a fair chance. The UN High Commissioner for Refugees recommended all European countries to do the same.
Over the past few years they have fiercely criticized Greece for disregarding refugees’ rights. In 2007, Greece granted asylum to 2 percent of the asylum seekers on appeal, when by comparison France gave protection to 29.9 percent of the applicants. Greek officials say they are willing to give refugees a fair treatment but cannot cope with the huge number of applications. They claim the European regulation on asylum is partly responsible for this situation and call on the European countries to share the burden Greece is facing.
“People are taking advantage of political asylum,” said Christos Gavras, the police officer in charge of the Petrou Ralli asylum department. He says these economic migrants are applying in order to get work permits and access to health services, at least for the time their case is pending.
The general secretary of the Ministry of Interior, Konstantinos Bitsios, acknowledges there are delays and says the government is planning to speed up the procedures and improve the infrastructures.
Outside of his office, about fifty migrants are silently sitting in a big hall, waiting for an asylum interview. Helped by a translator, they will have to answer dozens of questions about the reasons that led them to leave their country.
Greek officials say this situation is a result of the dramatic increase of asylum seekers. Their number
Stuck on the Threshold of the European Union
increased by more than six-fold from 2000 to 2008, when 19,884 claims were filed. Police officers said they did not have time to adjust to this very new phenomenon. But they said the European agreements are making things worse by increasing the number of asylum applications when the administration is already overburdened with them.
Police officers said Greece has a low approval rate for asylum because a great number of asylum seekers are not real refugees but economic migrants. In 2008, 40 percent of asylum applications were lodged by Pakistanis and nine percent by Bangladeshis. Few of those, the Greek officials said, can make a case for refugee status.
The Petrou Ralli Police headquarters in Athens illustrates the pressures on the Greek asylum system. Every Saturday, thousands of asylum seekers line up outside this grim building to get an interview. Some start to queue up on Friday across the busy highway that runs by the building. But only 300 of them are chosen to meet police officers. The less fortunate go back to their places and wait for the next week-end, over and over again.
Government officials said they also have trouble deporting migrants whose refugee claims are denied. Many of them, they said, do not have documents and many of their countries of origin refuse to recognize them as their citizens.
Police officers say they are very cautious when conducting these interviews because some migrants are lying about their origin in hopes of being granted refugee status. “Some Egyptians say there are coming from Iraq,” Gavras said. “They’re giving stupid reasons”, police officer Polychronis Kanimas said. Working at the detention centre in Mitilini, he said economic migrants often tell inconsistent stories of persecution. Once, a migrant told him he was persecuted because he could not fix someone’s car.
Under the European laws refugees should be hosted in reception centers. But the Greek administration lacks infrastructures and many of them end sleeping in public parks or living in crowded and squalid apartments. Asked to describe the living conditions, Kouloheris said, “Have you read David Copperfield or Les Miserables?” Many migrants’ advocates say the police work is partly responsible for the tragic situation of refugees. They argue that an organization other than the police should be in charge of the asylum procedure, as is the case in most other European countries. According to advocates, there is a conflict of interest when the same police officer who arrests and deports migrants is also in charge of deciding if they need protection. The police who interview asylumseekers nearly always deny the claims outright. The approval rate improves when cases go to an appeal board that includes private lawyers, specialists from the Ministry of Foreign Affairs and representatives of the UNHCR. Knowing they have very few chances to get asylum in Greece, many refugees say that they prefer to try their luck in other European countries, despite the EU policy that requires them to apply in the first country they enter. One of those is Hassani Hassan Zamir, a 22year-old Afghan who said he arrived in Greece in September 2007 and eventually reached Austria. He asked for asylum there but was sent back to Greece under the Dublin II regulation because European police data proved he was fingerprinted in Greece when he entered Europe. Living in a shantytown close to the harbor of Patras, he hoped the authorities would grant him asylum. But he does not have a regular address and the Greek administration cannot get word to him when he has an appointment. Desperate to get some kind of legal papers, he plans to go to another European country, even if he might be sent back to Greece again. “I want to leave this country as soon as possible because here you have nothing,” he said.
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Mohamadi al Raza sleeps in a tiny cabin made of
pieces of cardboard and plastic sheeting in a trashlittered makeshift camp in this port city. He washes in a makeshift outdoor shower and eats next to gaping dumpsters filled with decaying food. His surroundings may be rough but Mr. al Raza, a smiling 24-year-old Afghan who wears as a daily uniform a pair of jeans and worn-out sneakers, follows a strict routine. Just about every day, he tries to sneak into the port and stow away on one of the ferries leaving Patras for Italy. “It’s like a regular job,” he said. An estimated 1,300 Afghan men live in the shantytown, located on the side of a road about a five minute walk from the port. They are illegal migrants and asylum-seekers, and many of them say their only goal is to leave of Greece and journey further into northern Europe. They gather in Patras because its busy port offers a possible way out. They risk arrest and sometimes they risk their lives. For some it is a dead end on a journey to a hoped-for new life. Mr. al Raza said he managed once to get smuggled onboard a ship from Patras and made it as far as Rome before being arrested and sent back to Greece. Ever since he came back to the Afghan camp of Patras, Mr. al Raza has been trying to make it again to Italy. “I try to go there every day” he said. “Maybe I will be leaving today – or not.” Greece has recently become one of the most targeted entry points into the European Union. Last year, more than 146,000 undocumented migrants were caught entering the country by sea and by land. But it is rarely the destination of choice for people who want to be accepted as refugees, experts say. Most of them would rather seek asylum in what they consider more welcoming countries such as France, Germany, England or Sweden. One reason is that Greece approves less than one percent of asylum applications. But under European Union rules, asylum-seekers must make their applications in the first EU country they enter. That system is unfair, said Nikos Koblas, a Patras lawyer who works with the United Nations High Commissioner for Refugees. It also has contributed to the pressure on Patras, which has become a gathering point for migrants who see better opportunities elsewhere in Europe. “What we see in Patras is the failure of the asylum system in Greece and in Europe in general,” said Mr. Koblas. The migrants who come to Patras seem willing to
Mohamadi al Raza shows his red card of asylum-seeker. Crédit photo : Anne-Laure Buffard
try almost anything in their attempt to get smuggled out of Greece and into Italy. “There are unbelievable ways they think up to sneak out,” said Captain Athanasios Athanasopoulos, the head of the Coast Guard in Patras. Coast Guard officers regularly discover migrants squeezed like sardines in luggage bags, he added. In early April, they rescued two men hidden in a sealed double-decker truck who banged on the walls for help when they began to suffocate. “They would have been dead, if the patrol hadn’t heard them,” Mr. Athanasopoulos said. Controlling the port would be easier, he added, if other European Union countries did more to help Greece stop illegal immigration at its borders. An estimated 4,000 migrants live in Patras, a city of 223,000 that is a commercial and tourist hub. As their numbers have grown and the Afghan camp has expanded, they have become increasingly unpopular with local residents. “At first people were helpful with the migrants,” said Christos Karapiperis, an official with the Greek Red Cross. But in 2006, the settlement reached an unprecedented size and people started to get afraid, he said. “People actually began to see the camp,” which prompted protests amid the local population, he said.
The rudimentary living conditions of the camp, however, led last year to an accidental fire that destroyed about one third of the settlements. Mr. al Raza said he wants to be able to live and work legally in Europe. That is why, he said, he ended up getting caught when he got out of Patras and traveled to Rome. “I went to the police because I wanted to get documents and stay in Italy,” he said. The Italian authorities, using a database shared by EU police on illegal migrants, discovered he had entered Europe through Greece. Mr. al Raza said hundreds of other migrants with similar stories were sent back to Greece at the same time. Last year, the Greek government announced a plan to build a center Drepano-Rio near Patras to house up to 1,000 migrants. But people living near the site have protested and migration experts said a new center would not deter others from gravitating to the port. The migrants in Patras “want to stay near the port” said Alexandros Zavos, President of the Hellenic Migration Institute, a think tank close to the government. According to Mr. Zavos, most of the migrants refuse to cooperate with the Greek government and destroy their documents in order to elude the European legislation on asylum claims. “We don’t know how to work with them,” he acknowledged.
Migrants running after trucks pulling into the port or wandering around in the business district a few steps from the ferries became a common sight in the city, irritating residents of the area. Truck drivers blocked the port for several days earlier this year, complaining that the police and Coast Guard searches for illegal migrants were causing costly delays.
The presence of so many migrants and asylumseekers is creating social and economic problems for Greece, said Konstantinos Bitsios, the general secretary of the Ministry of Interior in Athens. “I’m not ashamed to say we cannot cope with it,” he added.
Migrants in the camp, meanwhile, have created a mini-village, complete with a mosque and small shops. Mr. al Raza gave a brief tour of the encampment. Here, a dozen of boys are queuing in front of a stall to buy cigarettes. There, others are cooking oriental dishes on camping stoves, surrounded by pecking roosters. At the outskirts of the camp, men keep coming and going, walking on the dusty paths, riding bikes or scooters.
“I have sympathy for these people, even for those who are not refugees” said Mr. Bitsios. “They are poor, exploited and seeking a better life.” Greeks have also been immigrants. “We emigrated because we were poor,” he added. “It’s the same story.”
He also said he understood the motivation of people who risk their lives trying to get into Europe.
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The Greek Hell of Asylum Seekers
On the Frontline by S. M. Ferreira
Daily life in the camp of Patras.
Faut-il lever le moratoire sur la pêche à la baleine ?
Crédit photo : Chine Labbé
Peter Stavro, a 32-year-old taxi driver on the Greek island of Samos, stops his cab atop a rocky hill, gesturing toward the thin, blue strip of sea below. The equally hilly, lush shores of Turkey lay just across the strait. When the weather is nice, Stavro goes fishing in these waters about twice a week. He doesn’t always catch fish. Sometimes, he catches migrants. “You see 30 people for a six meters boat,” said Stavro. He often sees their life jackets bobbing in the water, abandoned. “Their faces are very tired. Very sad.”
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Tiny islands like Samos, a summer tourist hotspot of 34,000, make up the frontline in Greece’s battle against illegal immigration.
SPECIAL REPORT : GREECE
Here, at its closest point, the border between East and West seems like barely more than a ripple. The Aegean Sea stretches a kilometer from shore to shore, putting Greece and Turkey within swimming distance. In 2006 local police say they arrested 1,580 migrants coming in illegally via Turkey. The figure tripled in 2007, up to 4,872 arrests. Last year they found 9,410. On this overcast spring day, there are no bodies in the water, no migrants wandering the streets of Samos or washing up on its shores. Maybe it was the rain, but the past few days, locals say, have been uncharacteristically quiet. Having been an emigrant nation for decades, many Greeks understand intimately the story of migration. But this growing flood of new arrivals has inevitably created tension. In some parts of the country, Greek-versusmigrant conflicts have manifested as street protests and sometimes-violent clashes. Attacks on foreign nationals in Athens and reports of sub-human living conditions have brought Greece heavy criticism for its treatment of immigrants and refugees. According to the Hellenic Migration Institute (IEMPO), there are an estimated 250,000 undocumented migrants living in the country, with many concentrated in urban slums or in makeshift refugee camps. But with its police force overwhelmed, the economy in crisis, and a national identity that leaves no room for outsiders, the question of
immigration is not something that Greece seems ready to handle. “Immigration in Greece was a very sudden phenomenon. We were used to send, not receiving,” said IEMPO president Alexandros Zavos, speaking through a translator. Part think tank and part community resource centre, IEMPO is attempting to ease Greece’s transition into its new role. It hasn’t been easy. “The major part of migration to Greece is not legal. That alters expectations of both Greeks and the migrants,” said Zavos. And though Greece may have turned a blind eye to illegal migration during more prosperous times, “because of the economic crisis and rising numbers, especially Asian and Africans who are not easy to integrate, people are reacting negatively again.”
Spiros Kouloheris is a human rights lawyer at the Greek Commission for Refugees. His office is across town from IEMPO, although it feels worlds away. The street-level entrance is marked with English and Arabic graffiti – “Khalid Sahil, Country Afghanistan... Deport Austria” – that might have been left by some of the migrants who come here for legal services. Integration, he says, is a thorny subject, and there is no official state approach to help newcomers become part of Greek society. It is considered a “privilege to be born in Greece, [a] privilege to be Greek,” he says. Greek identity is rooted in the Orthodox religion, in a common history, and even in physical appearance. “Racism,” says Kouloheris, “is a general phenomenon.”
In February angry truck drivers blocked the Patras port, fed-up with the delays caused by police searches for migrants who try to hide away with their cargo to sneak out of the country.
As they wait to have asylum documents processed, or simply live in limbo because EU bureaucracy will not allow them to leave, they try to find some way to scrape by.
In March, after one young migrant was hurt trying to hide under a truck bound for Italy, there were clashes between police and migrants from a giant camp near the port. In early May an abandoned Athens courthouse, now used as a squat by migrants, was pelted with stones and fireworks following an anti-immigrant march.
A thriving black market preys on the undocumented, according to Kouloheris, and many get caught up in prostitution, the drug trade, and crime. They are a ubiquitous sight on most street corners, vending everything from CDs and movies to small electronic goods, musical instruments, toys, knick-knacks, flowers. And since there is no place for them in the Greek economy, they have eked out a space within the underground economy.
For many of Greece’s migrants, this was not their chosen destination.
Chasse aux cétacés : coopération & conflits >
They come from the Middle East, South Asia and Africa, some having traveled for months and paid thousands of euros to smugglers for passage to Europe. They tread similar paths: a few days or months in detention at the border, a one-way ticket to Athens for processing, and then onward to some other European promised land, like England or Sweden.
At the Greek Ministry of the Interior, General Secretary Konstantinos Bitsios is loath to describe Greece as uncaring.
But actually making it beyond Greece’s borders is where it gets tricky. According to EU policy, the first country a migrant lands in is responsible for processing any application for asylum; so once migrants are registered in Greece, unless they’re being deported back the way they came or illegally smuggled elsewhere, leaving is no longer a possibility.
The conditions many undocumented migrants and asylum-seekers live in, and how they go about earning a living may be deplorable, but Bitsios said he does not know the solution. “Do you want him selling matches at stoplights, or do you want the police to pick him up, and then he won’t have a job or anything to do?”
“If you decide to leave your country, your home, family, all through the chain you’ve been exploited by gangs, you’re poor,” says Bitsios, “I have sympathy.”
They are stuck in limbo, with next to no infrastructure in place to help them, nowhere for them to sleep, nowhere for them to go, nothing for them to do.
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Creative Commons licence photo credit : sor
Baleines harponnées, navires éperonnés, Pour le Japon, la Norvège et l’Islande, les concernant la régulation de l’activité baleinière,
déclarations assassines aux réunions de la Commission Baleinière Internationale (CBI), menaces de sanctions commerciales... La question de la chasse aux cétacés continue de générer des débats passionnés. Véritable enjeu de biodiversité, elle englobe aussi des considérations d’ordres scientifique, économique, politique et culturel, ce qui explique les crispations internationales qu’elle engendre. La CBI, composée de 82 États-membres, est l’institution internationale qui est historiquement responsable de la gestion de la chasse. De nombreuses espèces de cétacés ont autrefois été chassées pour la quantité importante de matières premières qui en étaient extraites (graisse, os, fanons). L’entrée des flottes baleinières dans l’ère industrielle, à la fin du 19e siècle, a causé une surexploitation amenant certaines espèces au bord de l’extinction, si bien que la CBI (fondée en 1946) vote, en 1982, un moratoire total sur la chasse commerciale (appliqué en 1986). Le moratoire devait permettre au Comité Scientifique de la CBI d’évaluer les stocks et leur viabilité. Malgré l’adoption d’une méthode de calcul de quotas de capture permettant une chasse soutenable (Revised Management Procedure), un consensus sur les modalités d’organisation de la chasse (Revised Management Scheme) n’a pas encore été trouvé.
La CBI continue d’être tiraillée entre, d’une part, ceux de ses membres qui souhaitent reprendre la chasse commerciale (surtout le Japon, la Norvège et l’Islande), et d’autre part ceux qui militent fortement pour qu’elle évolue vers un rôle de conservation (États-Unis, Australie, NouvelleZélande, France, Royaume-Uni…). Des tensions apparaissent régulièrement entre ces deux camps, les États-Unis ayant par exemple, en 2000, menacé le Japon de sanctions commerciales si celui-ci étendait ses captures scientifiques. Certaines espèces sont pourtant revenues à des effectifs tout à fait viables (500 000 individus pour le petit rorqual par exemple) : le désaccord entre les deux camps semble surtout enraciné dans des divergences de représentation des cétacés, et touche donc à des considérations éthiques.
cétacés constituent une ressource qu’il convient d’exploiter de manière soutenable. La chasse s’inscrit pour eux dans la tradition, qu’il s’agisse du patrimoine culturel des villages baleiniers (dont elle assure aussi les revenus) ou des pratiques culinaires.
De plus, le Japon et plusieurs peuples aborigènes (Inuit et Chukchi de Sibérie entre autres) en appellent à une différenciation des responsabilités. Le déclin des espèces de grands cétacés a été causé par la chasse industrielle, surtout motivée par l’exploitation de l’huile (qui servait de lubrifiant industriel et de source de lumière pour les réverbères des grandes villes du monde). Or, ces peuples n’y ont que peu ou pas du tout participé, et ne voient pas pourquoi on condamnerait leurs pratiques aujourd’hui (qui se déroulent à une échelle infiniment moindre). D’autant plus que parmi les plus farouches opposants à la levée du moratoire se trouvent aujourd’hui des acteurs majeurs de l’époque de la chasse industrielle, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni. Comme dans le cas du changement climatique, l’argument de responsabilité historique est avancé et dispose d’une certaine légitimité. Dans le camp des opposants, on peut distinguer deux approches. La première est celle qui exclut toute chasse aux cétacés. Ces animaux ont en effet, pour l’opinion publique des pays antichasses, une dimension sacrée, « totémisés » depuis des décennies par les discours des ONG environnementalistes (Greenpeace, Sea Shepherd, WWF, IFAW et autres). Ils sont un symbole, à juste titre, de majesté naturelle, et ils cristallisent avec d’autres comme l’éléphant ou le panda, notre perception du rôle néfaste de l’homme sur la biodiversité.
le manque de contrôle efficace ouvrant la porte à la chasse illégale et au marché noir. De ce point de vue, ce combat rejoint celui pour le renforcement de la gouvernance mondiale sur les eaux internationales et la régulation des activités de pêche en haute mer, qui est un enjeu majeur pour l’avenir des écosystèmes marins et des ressources de la mer.
L’arbitrage entre la nécessité de conservation du patrimoine naturel et l’implication, le respect des populations et de leur culture est souvent délicat sur le terrain. La régulation de la chasse baleinière par la CBI, de par son caractère consensuel et son appel extensif aux experts scientifiques, est potentiellement un modèle de coopération internationale en la matière, mais cette institution vit une situation d’échec depuis presque vingt ans : paralysée par des conflits internes, elle ne parvient pas à établir de position claire vis à vis de la reprise de la chasse. Dans ce contexte, elle a créé en mars 2008 un groupe de discussion qui prend en compte toutes les revendications de ses membres, afin de redéfinir sa mission future. La réunion plénière de 2009, qui se tient du 31 mai au 12 juin à Madère, s’annonce donc cruciale. Et ce d’autant plus que le blocage des débats sur la légitimité de principe de la chasse occulte les vraies menaces qui pèsent actuellement sur les cétacés (pollutions diverses, collisions avec les navires, captures accidentelles, changements climatiques etc.), et qui sont, de loin, plus inquiétantes que les faibles quotas réclamés par les nations baleinières.
Cette approche du problème occulte les spécificités culturelles : s’il est normal de manger du lapin en Europe, c’est inimaginable au Japon. De même, les Français mangent bien du cheval, mais c’est impensable pour leurs voisins d’outreManche. Alors, même si c’est hors de question pour nous, pourquoi ne pas concevoir que certains peuples puissent manger des cétacés ? L’autre approche du problème est celle
THE PARIS GLOBALIST - VOL. III Issue 2.
> Aleksandar Rankovic, étudiant en 4ème année, Master Sciences et Politiques de l’Environnement, double cursus Sciences Po / Paris VI
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Global Climate Bargaining
> Islamisme et modernité : un couple incohérent ?
What should we expect from the upcoming Copenhagen conference on climate change?
Diplomats from all over the world are currently working on elaborating a climate change treaty to replace the Kyoto Protocol – due to expire in 2012. They need to find common ground and shape a global solution in time for the next major international conference on this issue, which will take place in December 2009 in Copenhagen under the watch of the United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCCC). As its Executive Secretary Yvo de Boer puts it: “If this were a marathon I think I’d say the runners were gathering their stamina for the final sprint.” His words grasp the current state of negotiations: the world has realized the urgency of finding a global response to Climate Change, and is racing to find it. However, de Boer spoke these words in April 2009, 16 months after the entire international community already recognized the urgency of the situation in Bali.
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As diplomats are gaining expertise in a new field – climate bargaining – there is a need to distinguish those commitments which are mere posturing from the ones that will matter, and to determine at what level and among whom these commitments will take place. The traditional arena for such negotiations is of course the UN. The UNFCCC has many advantages: with its 192 members it enjoys near-
universal membership and seems therefore to be the most legitimate forum to deal with the climate issue. It has achieved significant progress during the past months, and was especially bolstered by the full engagement of the US delegation during the Bonn talks, the first in a series of meetings scheduled before Copenhagen. However, it is plagued by the complexity of its structure, which is one of the reasons for which an agreement has not been reached yet: getting 192 parties to agree on a legal document when time is an issue is obviously difficult. Good progress has been achieved, yet the commitments of industrialized countries fall short of the robust greenhouse gases reductions the International Panel on Climate Change had advocated – a 25 to 40 per cent cut by 2020. The UNFCCC is to assemble again in June, but until then, other players may step in the field. If a deal cannot be reached on a global scale, regional forums may lead the way. This was the reasoning behind the European Union’s position: in the absence of the US as a global leader, action must be taken at the regional level, to show the world that the threat of climate change is serious, and that other industrialized countries are willing to act. The European Commission thus set fourth ambitious objectives: its member countries will reduce their emissions by 20 per cent by 2020, and possibly more if the international community
follows their example. However, even after such a grand gesture, the EU’s credibility has been seriously damaged. Member states indeed have engaged in bitter bickering over who should take the burden of those emissions as they discussed the Climate action and renewable energy package. This has highlighted a rift between east European countries, such as Poland, who are not as eager to agree to difficult cuts, and older member countries that are under strong pressure from their constituents to take action. The EU’s reputation was further stained by the fact that the current holder of its rotating presidency, the climate change skeptic Vaclav Klaus, president of the Czech Republic, has denounced global warming as an invention and a “communist plot”. While the EU appears to have cold feet, the new Obama administration seems to be moving fast to bolster its green credentials, and Congress was swift to start discussing an energy bill, the Clean Energy and Security Act, which could culminate in the creation of a carbon-trading market in the United States. This will correspond to one of Mr. Obama’s most ambitious campaign pledges: reducing emissions by 80 per cent by 2050. However, any negotiation carried out by Mr. Obama’s new team means nothing without the blessing of the Senate, and he might therefore have his hands tied.
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As for industrializing countries, they are not waiting for industrialized countries to take the lead. China, India or Brazil have all laid out their national strategies and are taking local actions to favor green technologies. However, before they agree to a meaningful international contribution, they must obtain guarantees from developed countries that they will receive financial and technical support to mitigate the effects of climate change and to adapt quickly enough. Provided these conditions are met, the “final sprint” to Copenhagen should not be a problem.
Secretary of UNFCCC Yvo De Boer opens the United Nations Climate Change Conference on December 3, 2007, in Bali Indonesia.
> Irène Domenjoz, étudiante en 2ème année
L’Occident doit commencer à comprendre que la modernité arabe est islamiste – qu’il le veuille ou non.
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« ... not like Robinson Crusoe, whose goal is to colonize his little island, but more like Marco Polo, … who is always a traveller. » Edward W. Saïd
Dans les années 1980, on a beaucoup reproché aux sciences « orientalistes » en Occident de peindre une image simplifiée du monde islamique afin de pouvoir le dominer. Aujourd’hui, le pionnier de cette critique, le palestinien chrétien Edward W. Saïd, est généralement lu de façon historique ; beaucoup d’auteurs ne voit plus son actualité. Ses écrits sur les effets de pouvoir d’une construction linguistique d’un « autre » (en l’occurrence, l’Orient) demeurent pourtant pertinents. Les mouvements islamistes contemporains et les productions scientifiques qui les accompagnent en donnent peut-être l’exemple le plus flagrant. Tandis que les uns mettent en garde contre l’émergence d’un nouveau fascisme (« Islamofascisme »), voire d’un « troisième totalitarisme » (Bassam Tibi), les autres identifient l’islamisme au terrorisme religieux ou au fanatisme anti-moderne. Beaucoup d’intellectuels, de journalistes et de dirigeants politiques occidentaux, par ignorance ou par calcul, traitent l’islamisme comme un phénomène monolithique et réactionnaire. L’action politique résultant de ce discours est toujours une action d’exclusion ou de violence physique, action qui ne peut qu’échouer puisqu’elle n’arrive pas à saisir la racine du phénomène. On peut définir l’islamisme comme une lecture sélective des traditions et sources islamiques qui vise à (trans-)former l’espace public. L’idéologie derrière cet activisme religieux est inspirée par des revendications de nature différente : économique, religieuse, sociale etc. ; ses techniques vont de l’action – accès au pouvoir, prosélytisme ou violence – à l’influence discursive à la société en question. Au-delà de la définition minimale, on retrouve une grande variété d’organisations et d’individus qui tentent de façonner l’ordre social et culturel de leurs sociétés : l’islamisme des Frères Musulmans en Jordanie soutient
par exemple sa majesté hachémite alliée au « Grand Satan » américain (même pendant le massacre des palestiniens par l’armée royale lors du « septembre noir » de 1970) tandis que celui du Tablighi Jamaat indien critique la proximité du religieux au pouvoir terrestre et traite en revanche de l’islamisation de la culture et des pratiques quotidiennes. Le cas turc témoigne d’un islamisme ayant opéré un tournant majeur et dirigeant aujourd’hui un pays musulman laïc, tandis qu’en Iran on observe une alliance contre nature entre le grand capital et un islamisme des « déshérités ». En dépit de la diversité du phénomène islamiste, de nombreux essais tentent de le capturer au sein d’une théorie ou d’un concept scientifique. On peut distinguer trois grandes lignes dans l’effort académique pour comprendre les différents islamismes. D’abord, l’approche « culturaliste » affirme, comme la plupart des islamistes euxmêmes d’ailleurs, une certaine essence culturelle dans l’islam, au-delà de toutes les différences ostensibles entre les pratiques religieuses des musulmans. L’islamisme, d’après cette lecture, représente l’expression la plus pure de cette substance étant d’ordre rituel et symbolique. En revanche, l’économie politique et les approches sociologiques lui opposent une analyse des macrostructures « sous-jacentes », c’est-à-dire économiques et politiques, faisant émerger en cas de crise une contre-idéologie radicale qui s’exprime religieusement, mais dont les « véritables » intérêts sont de nature politico-économique. Enfin, les lectures historicistes et discursives renvoient l’image d’une unité politico-sociale de l’islam ainsi que celle de l’ignorance envers le facteur culturel. Ces approches s’intéressent aux rapports d’un pouvoir polymorphe entre différents acteurs qui dans leurs interactions produisent et reproduisent l’islam comme « grande narration » ou comme « discours » (Talal Asad). Mais que l’on préfère finalement un essentialisme culturel, un déterminisme socio-économique ou un constructivisme social – ou mieux une combinaison des trois – on doit décider au cas par cas.
La grande erreur des décideurs politiques et des intellectuels en Occident est de mal comprendre l’islamisme comme un retour du religieux se fondant sur un monde islamique résistant au « progrès », et, par conséquent, de le délégitimer. L’Occident doit commencer à comprendre que la modernité arabe est islamiste – qu’il le veuille ou non. En revanche, et sans vouloir nier les tendances violentes et anti-pluralistes de l’islamisme, derrière les slogans radicaux se trouvent souvent des calculs pragmatiques, voire démocratiques : en étudiant les actions de certains mouvements islamistes de la dernière décennie, on constate un fort découplage entre la rhétorique et l’action concrète. De plus, il ne faut pas oublier que l’islamisme représente aujourd’hui la seule alternative politique aux régimes arabes autoritaires : il dispose des capacités organisationnelles et logistiques ainsi que d’une vaste base sociale lui donnant une légitimité démocratique. Il faut se concentrer sur ce que les mouvements islamistes font et non pas sur ce qu’ils disent – toujours en se rendant compte de l’encadrement social de son propre système de pensée. La stratégie de recherche doit être celle qu’a proposée le chercheur Augustus R. Norton ayant rétorqué à un journaliste qui lui demandait ce que les islamistes du Hezbollah veulent « vraiment » : « Je ne suis pas psychiatre. Je ne sais pas ce qui se passe dans leurs têtes. Je peux seulement voir ce qu’ils font. »
THE PARIS GLOBALIST - VOL. III Issue 2.
> Daniel Mützel, étudiant en échange de l’Université de Leipzig, Allemagne
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> Peace or Prosecution?
On April 15, 2009 the Liberty Sun narrowly
escaped an attack by Somali pirates who sought revenge for the deaths of three pirates who had captured Captain Richard Phillips. The Liberty Sun delivers food supplies to Somalia as part of the World Food Program’s efforts to provide hunger relief to 3.25 million Somalis. The ship sustained heavy damage after the pirates fired rocket-propelled grenades at it. Four other vessels were not as lucky that day.
Should the indictments against Sudanese president al-Bashir be suspended?
The International Maritime Office first reported pirate attacks after the 1991 Civil war left Somalia’s economy and government virtually inexistent. At that time, the “pirates” were mostly fishermen and farmers looking for a means to survive. Using ransom money, they have now evolved into heavily armed groups that target foreign ships several times their size. Not to be confused with Jack Sparrow, these are ruthless individuals using speedboats, automatic rifles and international informant networks to negotiate hefty ransoms in exchange for seized ships. As a hostage from the Playa de Bakia reported, “they valued life less than cockroaches”.
Sudanese President Omar al-Bashir. / Creative Commons licence photo
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A decade after 120 states approved the Rome Statute that created the International Criminal Court (ICC), the Court indicted Sudanese President Omar Hassan al-Bashir on charges of crimes against humanity and war crimes on March 4, 2009. The charges stem from the conflict in Darfur, where al-Bashir is claimed to have intentionally directed attacks against the civilian population, murdering, exterminating, raping, torturing and forcibly transferring large numbers of individuals since early 2003. The indictment underscores the troubled relationship between peace and justice. The Security Council has the authority under article 16 of the ICC’s founding treaty to suspend investigations and prosecutions for renewable one-year periods where the suspension is in the interests of international peace and security. A viable peace still has not been reached in Sudan, and critics have argued that the charges laid against al-Bashir should be suspended because of his instrumental role in the peace process. Darfur has long been rife with tension over grazing and land rights between the primarily nomadic Arabs and farmers from the Fur, Massaleet and Zaghawa communities.The current conflict dates back to early 2003 when two armed opposition groups, the Sudan Liberation Army (SLA) and the Justice and Equity Movement ( JEM), began to launch attacks on government targets, claiming that the Arab-dominated government discriminated against Black Africans. Darfurian refugees allege that the Janjaweed, fighters on horseback accused of attempting to forcibly remove and kill Black Africans in vast swathes of territory, follow behind air raids by government aircraft, riding into villages on horses
and camels to pillage, loot, rape and slaughter. The Janjaweed, widely believed to have been armed by Khartoum, have wreaked havoc in the region. Khartoum admits mobilizing “selfdefense militias” to quash the rebel groups but denies any connection to the Janjaweed. The question of whether to prosecute the perpetrators of gross violations of human rights forms an integral part of conflict negotiations. Difficult compromises have been reached in post-apartheid South Africa, Liberia, Sierra Leone and East Timor, amongst others. African and Arab countries believed that the arrest warrant could diminish Khartoum’s willingness to negotiate a lasting peace, while UN officials feared that the warrant could lead to reprisal attacks against civilians, aid groups or international peacekeepers deployed in Darfur. But many observers deny that there is a credible peace process to jeopardize. Heba Aly reported in The Christian Science Monitor that heavy fighting continued between government and rebel factions in areas of Northern Darfur held by the only rebel group to have made peace with Khartoum, contrary to the cease-fire entered into in 2006.There is broad concern that removing al-Bashir from the presidency would endanger the already shaky peace treaty between the Sudanese government and rebels in the South that was signed in 2005 to end the civil war that claimed 2.2 million lives. Human rights activists counter that al-Bashir is no longer instrumental to the peace treaty. Although al-Bashir fought members of his own party to approve the negotiations, the peace treaty is now considered desirable to Khartoum, which has an incentive to stabilize its relations with the South in order
credit : Ammar Abd Rabbo
to access the large oil deposits found there. More generally, supporters of the indictment argue that peace should not be obtained at the expense of justice for the victims. If the indictment were shelved in order to achieve national reconciliation, it would set a dangerous precedent. It would also be extremely difficult to reinstate the charges, even if in theory the suspension expires and must be renewed after one year. The suspension would weaken the moral and legal authority of the ICC, which represents a symbol of the fight against impunity. At the end of every armed conflict, difficult decisions must be made regarding who will be punished for their crimes and who will be allowed to escape criminal prosecution. Sudan continues to be embroiled in fighting, and there is not yet a conceivable end to the turmoil. Allowing al-Bashir to evade the charges laid by the ICC would mean granting a large concession to an individual who has failed to cooperate with UN peacekeeping initiatives, pursue peace negotiations or pursue war criminals on Sudanese territory. In some instances it is necessary to choose between peace and prosecution. The international community should view with skepticism the argument that such an ethical dilemma is present in Sudan.
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> Paige Morrow, exchange student from University of British Columbia in Vancouver, Canada
In addition to affecting humanitarian operations, these attacks are disrupting the global economy by impacting the world’s most important maritime channels. Around 90 per cent of maritime trade passes through the Gulf of Aden annually, which connects the Suez Canal to the Indian Ocean. The targeting of trade convoys prompts costly delays as shipping companies are forced to change their course and tourismbased economies of tropical islands such as the Seychelles also feel the burden of such attacks on leisure cruises. This has led governments and international organizations to cooperate against this threat. In international law, pirates are considered hosti humani generis (latin for “enemies of all mankind”), meaning that they can be arrested and prosecuted by any country in the world. Accordingly, the European Union has deployed its first naval operation alongside NATO, and nine countries including the United States and India are cooperating through the Combined Task Force 151 to put an end to pirate assaults. Security Council Resolution 1816 has granted unprecedented right to these nations to pursue pirates in Somali territorial sea and on land if necessary. With Somalia’s consent, military operations can take place on its territory without infringing on the hallowed principle of sovereignty. Furthermore, proposals by private security firms such as Blackwater to protect convoys have been considered but their involvement remains controversial due to issues of legitimacy and accountability.
> Somalia and Piracy: Changing our Strategy An increase in pirate attacks in the Gulf of Aden has forced governments and international organizations to deploy naval operations. Yet the unsuccessful track record of military solutions at sea has led the United Nations to push for a solution on land. legal systems have no provisions regarding piracy. Thus captured pirates have been either released or handed over to Kenya and the Puntland region of Somalia. This legal loophole will not be resolved swiftly, especially because Kenya has already made clear its refusal to becoming a dumpsite for Somali pirates. In the words of UN Secretary General Ban Ki Moon, “defeating piracy requires the restoration of law in Somalia.” Unable to provide for the basic amenities of the population, Somalia is, as The Economist puts it, the world’s most utterly failed State. The government’s inability to provide for the basic amenities has been followed by the emergence of the piracy. Furthermore, the crisis persists because the government struggles to enforce a rule of law on its territory. It follows that effectively fighting piracy means to eradicate its roots by re-building Somalia. Therefore, the United Nations are now placing renewed emphasis on the role of the AMISOM (African Union Mission in Somalia) in supporting the newly elected government of Sharif Ahmed to bridge the chasm between the tribal factions
vying for power in the country. A future UN mission is being cautiously planned, after the first two failed in 1993 and 1995. Believing strength of arms to be the solution is a wrong assessment. But if Sharif Ahmed succeeds in providing better political and socioeconomical conditions for his people, he will have created an incentive for the Somali pirates to turn away from piracy by giving them an alternative. Military operations only remain the necessary complement to this political process. Piracy may be wreaking havoc on the sea but the solution rests clearly in reinforcing the government on land.
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> Yovan Jankee étudiant en 2ème année
While the US Navy has unveiled a more bellicose strategy, a military solution to the pirate crisis seems unlikely. For one, simply covering the hotspots has proven ineffective in deterring the attacks this far, and some strategists question if maintaining such an effort over the long term would generate any success. Moreover, while many pirates have been captured, many countries such as Denmark and Germany have been unable to prosecute them since most national Creative Commons licence photo credit : DVIDSHUB
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> Faut-il négocier avec les terroristes ?
Acteurs d’un paysage politique complexe, l’inclusion des groupes nationalistes islamistes dans les négociations apparaît nécessaire pour endiguer leur radicalisation.
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Dans les Territoires palestiniens, au Liban ou encore en Irak, des groupes islamo-nationalistes ont choisi la voie de la violence au nom d’une identité religieuse qui porte une cause inscrite dans le cadre national. Les conflits y sont toujours vifs et ont fait plus de 1300 morts à Gaza dans la guerre du début de l’année, alors qu’en Irak ce sont plus de 13700 personnes qui ont été victimes des combats depuis 2003. Comment qualifier ces mouvements dans le rapport de force asymétrique qui les opposent aux États dans lesquels ils agissent : « terroristes », « insurgés », « résistants », « combattants armés » ? Cela dépend toujours du point de vue duquel on se place. L’importance qu’ont pris, dans le conflit avec Israël, le parti du Hamas, qui contrôle le territoire de la bande de Gaza, et le Hezbollah, parti et milice chiite libanais qui contrôle le sud du Liban, illustre l’enjeu que représente aujourd’hui la prise en compte de ces groupes dans la construction d’espaces de négociations pour la paix dans la région. La politique américaine de Georges W. Bush et de ses alliés après les attentats du 11 septembre a rangé derrière le mot « terroriste » des acteurs aux revendications variées qui ont été exclus de la scène internationale pour leur appartenance à un « axe du mal » qui menaçait l’occident. L’isolation de ces acteurs sur la scène diplomatique et les tentatives de destruction de leurs forces de frappes n’ont pas réussi à détruire ces mouvements. Loin de rétablir l’ordre mondial, la stigmatisation des « terroristes » a de fait alimenté leur radicalisation et leur popularité. En effet, cette vision manichéenne du monde a été renversée à leur profit par les islamistes qui, au nom de « l’anti-impérialisme » (mené par Israël et les États-unis à leurs yeux), se posent en « martyrs de la résistance ». L’instrumentalisation de la religion justifie le recours à la violence dans des combats d’intérêt national. La stratégie de pression d’Israël et de ses alliés sur les populations du Sud-Liban et de Gaza pour qu’elles se détournent des islamistes, par des représailles massives et des privations, a en fait eu l’effet inverse. Déçues par des autorités qui n’arrivent pas à répondre à leurs frustrations quotidiennes dues aux conflits et à leur isolation, les populations sont devenues plus réceptives à un discours islamiste qui se pose en alternative. Des sondages montrent ainsi qu’après l’offensive de Gaza, le dirigeant du Hamas, Ismael Haniyeh battrait Mahmoud
- Les buts de l’AFNU Creative Commons licence photo credit : Amir Farshad Ebrahimi
Abbas en cas d’élections présidentielles. Dans ce type de conflit, la supériorité militaire peut donc aussi signifier la faiblesse politique et vice-versa, ce qui rend inefficace l’usage de la force armée pour l’apaisement des tensions. Les effets contre-productifs de cette stratégie s’expliquent également par le fait qu’au-delà d’être des appareils militaires, le Hamas et le Hezbollah ont d’abord construit leur combat sur une forte assise sociale. Au départ, à la fin des années 1980, ils se sont créés en formant un réseau social structuré et solide (programmes de santé, d’éducation, d’urbanisation etc.) pour substituer une société islamique aux autres organisations nationalistes, ce qui leur a donné une aura et une légitimité auprès de la population. Il apparaît donc indispensable d’asseoir tous les acteurs en présence à la table des négociations. Continuer la politique d’isolation en négociant avec des autorités en crise de légitimité alimente une division de la société et le soutien au terrorisme. Ces groupes aspirent à l’intégration dans un processus politique viable qui réponde à leurs intérêts stratégiques. Mais en l’état actuel des choses, ils préfèrent continuer à se substituer aux autorités reconnues, en ayant recours à la violence. Les États-Unis, Israël et l’Europe doivent aujourd’hui engager des négociations diplomatiques par l’ouverture de réels compromis. Le blocus de Gaza, le maintien du conflit symbolique sur les fermes de Chebaa au Sud-Liban, tout comme les 39 vetos des Étatsunis aux résolutions du Conseil de Sécurité de l’Onu concernant Israël depuis 1973, n’ont pas donné de signaux positifs aux brigades Ezzedine al-Qassam (branche armée du Hamas) ni au Hezbollah.
Des étapes ont cependant été franchies. En rencontrant les dirigeants du Hamas, le président Jimmy Carter a ouvert une porte vers la reconnaissance du mouvement comme acteur pragmatique dans la négociation pour la construction d’un État palestinien. La nouvelle politique étrangère du président Obama est axée sur une ouverture à des acteurs jusque-là mis au ban des nations. La mise en place effective d’un calendrier de retrait des troupes en Irak et la participation de tous les mouvements aux élections provinciales de janvier marquent également une avancée dans la volonté de revenir à un régime politique concerté dans le pays. La réconciliation entre le Hamas et l’OLP sous médiation égyptienne doit quant à elle se poursuivre, le Hamas, tout comme l’OLP à son époque, devant reconnaître les accords passés et l’État d’Israël (le chef exilé Ismaël Haniyeh l’a fait implicitement en reconnaissant les frontières de 1967) pour que le processus avance. Quant au Hezbollah, il poursuit sa « libanisation » à travers sa participation continue aux élections depuis 1992. Cela pourrait aboutir à terme au désarmement de sa milice, option qui n’est aujourd’hui plus exclue par les dirigeants du parti. L’Europe et les États-Unis doivent répondre présents à ces processus de réconciliation et substituer la négociation à la stigmatisation.
THE PARIS GLOBALIST - VOL. III Issue 2.
> Inès Abdelrazek-Faoder, étudiante en 4ème année, Master Affaires publiques
Sensibiliser l’opinion publique française aux objectifs de l’ONU. Faire connaître l’organisation, son mode de fonctionnement, les activités de ses agences spécialisées, de ses commissions. Rendre compte de son action et de ses réalisations. Étudier les problèmes juridiques, économiques et sociaux que pose, dans les relations de la France avec les autres États, l’intervention de cette conception différente des relations internationales qu’est la diplomatie multilatérale. AFNU - 1, Avenue de Tourville - 75007 PARIS 01 45 55 71 73 - afnu.france@free.fr
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L’équipe du Paris Globalist remercie pour leur soutien l’AFNU, Sciences Po & l’École de journalisme de Sciences Po.
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Directrice de la Rédaction : Chine Labbé Rédacteur en chef : Julien Levesque Impression : Impression Design, 17, rue de la Ferme, 92100 Boulogne-Billancourt Date de parution : juin 2009 - Dépôt légal : janvier 2009 - n°ISSN : 1969-1297 PUBLICATION GRATUITE - 1100 exemplaires
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