Beauté Banale - Photographies Flore Lagarde

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BANALE BEAUTÉ Flore Lagarde



BANALE BEAUTÉ Photographies de Flore Lagarde 1999 - 2012



DANS LA PEAU FANTASMÉE DE FLORE LAGARDE J’ai dans l’œil des milices armées de fleurs. Ces fleurs ont été cueillies en marchant. C’est en marchant que je crée. Il faut avoir le temps pour ça. L’amour de l’espace, des horizons et du voyage. Marcher. Aimer. Les pas. Les palpitations. Les gens. Puis, forcément, la rencontre. Lorsque la pupille danse et qu’elle se pose doucement sur ce qui provoque l’arrêt de mes jambes, l’œil devient papillon, le souffle se déploie, les poumons se volatilisent. Le regard fleurit là où l’intuition le pousse. L’intuition mais aussi le hasard et la chance. Entre chacun de ces mots, je me suis créé une passerelle invisible où je squatte 24h / 24. Mon courage est mon logement. Je n’aime pas les idées reçues, je n’aime pas le manque d’imagination, je n’aime pas l’indifférence. La banalité, ce n’est pas çà, ni çà, la banalité, c’est de ne pas savoir choisir.

J’ai des fleurs dans mon œil depuis mon enfance et je les collectionne, je les touche, je les prends, je les prends sans les toucher, je les touche avec mon désir, rien que lui. Cette soif du monde. Cette rage de le voir si maltraité. Je veux les prendre, ces fleurs, et en faire des baisers qui clignotent. WAR. WARNING. Que le monde sache. Je veux jongler. Colorier. Jouer. Que le monde sache. Je ne suis pas une voleuse. J’aime effleurer ce qui n’a pas encore de nom, et que tu n’as pu ou su voir avec tes semelles pressées. Nous ne sommes pas dans le même temps. Il y a de la beauté partout ; sur des tas immenses de tragédies sales. C’est cruel de l’ignorer. Clic. Clic. Clic. Si tu refuses d’entendre, si tu préfères ne pas vouloir comprendre, alors, au moins, juste une seule seconde : regarde. J’ai dans l’œil des milices armées de fleurs. Elles se nourrissent de larmes ocres et lumineuses. — Lionel Parrini


BANALE BEAUTÉ

Banale Beauté est une série qui a subi de nombreuses évolutions et transformations. Initiée en 1999 et issue d’un travail devenu une pratique, elle reste à ce jour inachevée. Construite autour de trois axes, elle s’organise en diptyques, triptyques ou polyptyques. Les murs et les sols. Les fenêtres et les rêveurs. Les contrejours et les fils. C’est sur cette trame à l’esthétique cinématographique, que l’artiste fait de la photographie un outil d’écriture poétique. Les beautés dérangeantes et inhabituelles sont ici mises à l’honneur. C’est une photographie qui n’interroge pas, mais observe. Le quotidien est la matière dans laquelle elle découpe pour créer ses images. Une forme qui malgré son éloignement culturel nous semble familière. Flore Lagarde entretient l’illusion d’une présence fantomatique, celle de l’autre ou encore d’un ailleurs.

Que ce soit en diapositive ou à l’aide d’un numérique, la chimie opère, le regard se pose et, colorées, décadrées, les images se forment. La photo est la magie qui transforme la contemplation en image. Mexique, Espagne, France, République Tchèque, Argentine, Inde, Angleterre, Suisse, Belgique, Australie, Guinée, Chili.


IN THE IMAGINARY SKIN OF FLORE LAGARDE I have in my eye militias armed with flowers. These flowers were picked whilst walking. As I walk, I create. There must be time for that. Love of the space, of the horizons and of the journey. Walking. Loving. Steps. Palpitations. People. Then the inevitable encounter. When the pupils dance and rest gently on what caused my legs to stop; the eyes become a butterfly, the breath swells, the lungs evaporate. The gaze blossoms, driven by intuition. Intuition, but also fate and chance. Amidst these words, I have created an invisible walkway where I squat 24/7. My courage is my home. I dislike received ideas, I dislike a lack of imagination, I dislike indifference. Banality is not that, and that is not banality, it is not knowing how to choose.

I have in my eye flowers since my childhood and I collect them, touch them, take them without touching, I touch them with my desire, just that. This thirst of the world. This rage to see it so mistreated. I want to take these flowers and turn them into twinkling kisses. WAR. WARNING. Let the world know. I want to juggle. Colour. Play. Let the world know. I’m not a thief. I like to glance at what has no name yet and what you cannot or do not know how to see in your hurried soles. We are not in the same time. There is beauty everywhere; on immense piles of filthy tragedies. It’s cruel to ignore it. Click. Click. Click. If you refuse to hear, if you prefer not to understand, then, at least, just for one second: look. I have in my eye militias armed with flowers. They feed on bright, ochre tears. — Lionel Parrini


BANAL BEAUTY

Banal Beauty is a series of photographs that has undergone many developments and transformations. Instigated in 1999, it arose from a single work that turned into an entire practice; it is still unfinished. Focusing on three themes, the series is displayed in diptychs, triptychs or polyptychs. Walls and floors. Windows and dreamers. Contrasts and threads. Against this backdrop of cinematographic aesthetics, the artist turns photography into a tool of poetry. Disturbing and unusual beauties are commemorated here. It is a photographic style that does not question, but observes. The everyday is the raw material in which she cuts up to create her images. A form that seems familiar to us, in spite of its cultural remoteness. Flore Lagarde maintains the illusion of a phantom-like presence, that of the other or even of an elsewhere.

Produced in the form of slides or by means of a digital device, the chemistry permeates, the gaze is fixed, and, coloured, off-centre, the images form. The photo is the magic that transforms contemplation into an image. Mexico, Spain, France, Czech Republic, Argentina, India, England, Switzerland, Belgium, Australia, Guinea, Chile.


EN LA PIEL FANTASEADA DE FLORE LAGARDE Tengo en el ojo milicias armadas de flores. Estas flores han sido recogidas caminando. Caminando creo. Hay que tener tiempo para ello. El amor por el espacio, el horizonte y el viaje. Caminar. Amar. Los pasos. Las palpitaciones. La gente. Luego, por supuesto, el encuentro. Cuando la pupila baila y se posa suavemente sobre lo que provoca que mis piernas se detengan, el ojo se vuelve mariposa, la respiración se despliega, los pulmones se volatilizan. La mirada florece allí donde la intuición la impulsa. La intuición pero también el azar y la suerte. Entre cada una de estas palabras, me he creado una pasarela invisible que ocupo ilegalmente las 24 horas. Mi coraje es mi alojamiento. No me gustan las ideas preconcebidas, no me gusta la falta de imaginación, no me gusta la indiferencia. La banalidad, no es esto, ni esto, la banalidad es no saber elegir.

Desde mi infancia tengo flores en el ojo y las colecciono, las toco, las cojo, las cojo sin tocarlas, las toco con mi deseo, solo con este. Esta sed del mundo. Esta rabia de verlo tan maltratado. Quiero coger estas flores y convertirlas en besos que parpadean. WAR. WARNING. Que el mundo sepa. Quiero hacer malabares. Colorear. Jugar. Que el mundo sepa. No soy una ladrona. Me gusta rozar lo que todavía no tiene nombre, y que no has podido o sabido ver con tus prisas. No estamos en el mismo tiempo. Hay belleza por todas partes; sobre montones inmensos de sucias tragedias. Es cruel ignorarlo. Clic. Clic. Clic. Si te niegas a oír, si prefieres no querer entender, entonces, por lo menos, mira un solo segundo. Tengo en el ojo milicias armadas de flores. Se alimentan de lágrimas ocres y luminosas. — Lionel Parrini


BELLEZA ORDINARIA

Belleza ordinaria es una serie que sufrió muchas evoluciones y transformaciones. Iniciada en 1999 y nacida de un trabajo que se convirtió en una práctica, permanece a día de hoy inacabada. Construida en torno a tres ejes, se organiza en dípticos, trípticos o polípticos. Las paredes y los suelos. Las ventanas y los soñadores. Los contraluces y los hilos. Sobre esta trama con estética cinematográfica, la artista hace de la fotografía un instrumento de escritura poética. Aquí se honra la belleza molesta e insólita. Es una fotografía que no cuestiona, sino que observa. Lo cotidiano es la materia en la cual recorta para crear sus imágenes. Una forma que, a pesar de su alejamiento cultural, nos parece familiar. Flore Lagarde mantiene la ilusión de una presencia fantasmal, la del otro o incluso de otro lugar.

Tanto si es en diapositiva como con ayuda de un aparato digital, la química actúa, la mirada se detiene, fuera de foco y con color, se forman las imágenes. La foto es la magia que transforma la contemplación en imagen. México, España, Francia, República Checa, Argentina, India, Inglaterra, Suiza, Bélgica, Australia, Guinea, Chile.



































TITRES Par ordre d’apparition :

Couverture : Marseille, France, 2011 Grenoble, France, 2001 Roman, France, 2000 Prague, République Tchèque, 2006 La Plata, Argentine, 2011 Panjim, Inde, 2009 Gokarna, Inde, 2009 Birmingham, Angleterre, 2010 Grenoble, France, 2010 Genève, Suisse, 2008 Paranà, Argentine, 2011 La Plata, Argentine, 2011 Oaxaca, Mexique, 2007 Marseille, France, 2010 Arambol, Inde, 2009 Santa Fe, Argentine, 2011 Bruxelles, Belgique, 2010 Lyon, France, 2011 Hampi, Inde, 2009 Marseille, France, 2011 Byron Bay, Australie, 2012 Marseille, France, 2004 Room, Guinée, 2010

Hampi, Inde, 2009 Room, Guinée, 2010 Grenoble, France, 2010 Conacry, Guinée, 2010 Marseille, France, 2011 Grenoble, France, 2004 Mumbai, Inde, 2009 Prague, République Tchèque, 2006 Conacry, Guinée, 2010 Marseille, France, 2011 Barcelone, Espagne, 2007 Acapulco, Mexique, 2005 La Ticla, Mexique, 2006 Paris, France, 2004 La Plata, Argentine, 2011 La Ticla, Mexique, 2006 Bruxelles, Belgique, 2010 Train, France, 2004 Prague, République Tchèque, 2006 Sur la route de Majorque, Espagne, 2007 Rio Nexpa, Mexique, 2004 Mexico City, Mexique, 2007 Santiago, Chili, 2011

Conacry, Guinée, 2010 Ixtapa, Mexique, 2004 Grenoble, France, 2001 Oaxaca, Mexique, 2007 Drôme, France, 2009 Conacry, Guinée, 2010 Londres, Angleterre, 2002 Londres, Angleterre, 2002 Grenoble, France, 2008 Barcelone, Espagne, 2007 Lamastre, France, 2009 Hampi, Inde, 2009 Grenoble, France, 2001 Grenoble, France, 2004 Valparaiso, Chili, 2012 Mataró, Espagne, 2006 Oaxaca, Mexique, 2007 Córdoba, Argentine, 2011 Marseille, France, 2011 Barcelone, Espagne, 2008 Paris, France, 2009 Barcelone, Espagne, 2007 Paranà, Argentine, 2011


MERCI À tous ceux qui ont permis de faire de ce rêve une réalité

Alexandra Calero, Alice Maurel, Arnaud Sabot,Atelier Photo 38, Beaudoin Lismonde, Berthe Lautrait, Céline Vincent, Chloé Soldani, Damien Vincent, Delphine Bonnet, Dominique Routin, Dorothée Fournel, Dror Barkaï, Elisabeth Groleau, Élise Turlan, Fatima Boumaïza, François Brossier, Gaël Boffard, Georges Lagarde, Géraldine Timsit-Margossian, Guillaume Brissaud, Guillaume Pic, Hélène Gallot, Isabelle Del Piano, Jean Corréard, Jean-Christophe Couradin, Jean-Jacques Turcat, Johann Culot, Johanne Labruyère, Karine et Naby Youla, Lionel Parrini, Maéva Gien, Manon Dreuilhe, Marco Moracchini, Marie Ledaguenel, Martine Lagarde, Mélanie Chesneaux, Michèle Durand, Mylène Routin, Myriam Berliner, Myriam Pilorget, Myrtille Koch, Nicole Ley, Nurià Diez Del Corral,

Olivia Edward, Olivier Marcolin, Perrine Bethoux, Pierre Baumer, Pierre-Emmanuel Denoncin, Raymonde Brochenin, Rémi Costandi, Romain Lagarde, Samuel De Borniol, Santiago Nicola, Sébastien Panaye, The Red Door Gallery, Thierry Valencin, Vanessa Flan, Zélie Vicier.


Première édition à 500 exemplaires © 2014 - Flore Lagarde flore.lagarde@gmail.com www.flore-lagarde.com Achevé d'imprimer en décembre 2014 Dépôt légal : juillet 2014 ISBN 978-2-9549878-0-4


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