Metá - François Giovangigli

Page 1

Metร

Franรงois

Giovangigli The Red Door Gallery Aix en Provence 2015





“Son oeuvre, à la fois solennelle et intimiste remonte aux sources de l’élémentaire et du sacré, jette un pont entre l’homme contemporain et les “vérités” primitives, en un rêve d’harmonie originelle entre angoisse et extase” BRUNO ELY, Conservateur du Musée Granet, Aix-en-Provence La nouvelle exposition, Metá de François Giovangigli, artiste peintre Aixois, axée sur les constellations et les corps célestes. Voici une entrevue qu’il nous a accordé en tout simplicité, afin de mieux cerner l’ensemble de son oeuvre. A découvrir; des nouvelles techniques et son positionnement vis à vis de son idée du chaos.

C

omment expliquez vous la rupture entre vos œuvres précédentes, tournées vers le dépouillement, et votre travail actuel, plus aéré et chatoyant ?

Malgré une technique de création plus aérienne, mon travail suit toujours la même trajectoire artistique et relate toujours autant le passage de la vie à la mort, question centrale au sein de mon œuvre…et finalement celle de tout homme, non ? En ce sens, je considère donc qu’il n’y a pas de réelle rupture entre mon précédent travail, et mon exposition actuelle. Le poids qu’une toile, qu’une installation pouvait dégager ne me faisait pas peur. Aujourd’hui, ma recherche s’affine, et c’est vrai que cela pourrait se traduire par plus de légèreté dans ma créativité (légèreté toutefois relative, car il y a parfois jusqu’à dix couches sur un même tableau) A force d’y réfléchir, j’ai, au départ, commencé par peindre des corporalités, des corps très sexués (puisque nous naissons nécessairement par l’intermédiaire de l’acte sexuel : la reproduction est finalement ce qui fait tourner le monde) mais lorsque l’on relève le nez, on se rend finalement compte qu’on provient des étoiles, donc des corps célestes, d’où le titre de mes tableaux.


V

os œuvres précédentes, les “bas reliefs” que vous réalisiez au début des années 1990, étaient majoritairement sombres et chargées, tandis que votre travail actuel laisse transparaitre une forme d’apaisement, de sérénité, d’ailleurs, de voyage…Y’a t’il eu un déclic dans votre vie personnelle, un changement dans votre façon de percevoir le monde qui vous entoure qui a favorise ce basculement? A bien y regarder, la période des gisants n’est finalement pas si sombre : il y a toujours eu une part de lumière. L’élément déclencheur a été l’incendie de mon atelier en 2010 : je n’avais plus de matériel, plus rien pour peindre, vivre, donc travailler sur les supports les plus légers possibles tels que du papier papier Bristol m’a permis de recommencer à peindre. Je pensais aux constellations depuis 1991, car ce thème me permet de travailler sur plusieurs axes de pensées et de peinture. D’un point de vue technique, je travaille sur des dilutions, j’essaie de traiter un sujet minimum. Si je devais brièvement relater ma position par rapport à mon œuvre, je vous répondrais que j’essaie de m’abstraire en temps qu’égo par rapport à la peinture et j’agis comme un démiurge : je gère le chaos. Il y a finalement très peu d’actes volontaires, j’interviens en tant que coordinateur par rapport à ce qui se passe en peinture, et non tant que sujet peintre voulant acter quelque chose de personnel. Malgré tout, mes tableaux actuels sont tout de même le reflet d’un bien être intérieur, je commence vraiment à entretenir un dialogue intérieur, personnel. Aujourd’hui, j’ai vraiment l’impression d’avoir un style qui m’est propre, singulier, inimitable.

Je peints depuis trente six ans. Mais mon rapport à la peinture est toujours resté très sensuel, j’entretiens un véritable dialogue avec elle. Je revendique une véritable forme de tendresse vis à vis de la peinture : la sensualité de la peinture est évidente, on travaille le geste. Ce qu’il y a de sublime avec la peinture, c’est qu’elle permet d’offrir une méditation intime, presque amoureuse. Elle allie autant les facultés de l’âme que celle l’esprit…encore faut il réussir à mettre sur le même axe tout son être.

L

e contraste entre le matériaux utilisé (bristol…) et dans le même temps, la variété des techniques de glacis, l’utilisation de la bombe, est elle voulue et consciente de votre part ?

Tout au long de cette exposition, je me suis employé à faire usage du papier bristol car il n’a pas de grain, et comme je travaille en dilution extrême, le grain du papier aurait pu créer des accidents involontaires qui aurait compromis mon travail, alors que grâce à


cette technique, tout sèche de façon très nette. Après, chaque corps céleste représente une expérience à lui seul : certain sont fait d’une, deux, trois…voir même dix couches pour deux d’entre eux ! Une œuvre me permet d’aller d’un point à un autre, elle fait parti d’un “procédé”, je fais un bout de chemin avec elle, avant de lui laisser de prendre son envol…

Q

uelque soit votre travail, qu’il s’agisse de celui que vous avez pu effectuer à l’aube des années 2000 ou bien actuellement, on perçoit que la mort est omniprésente : autrefois, sous forme de tombeaux, aujourd’hui incarnée par l’au delà, une fois la frontière franchie. Source insatiable de curiosité, aujourd’hui, votre œuvre laisse pourtant penser qu’on y accède avec beaucoup plus de sérénité, d’émerveillement, de curiosité…Qu’en pensez vous ? Une vie est une trajectoire de la naissance à la mort : comment construire sa vie de la naissance à la mort en essayant de faire des choix judicieux, quand vais-je mourir, comment y survivront les gens qui m’aiment ? Sont finalement des questions universellement partagées par tous les hommes. Pour en revenir à l’art, il s’agit d’une discipline, d’un domaine complètement mystique : ce que l’on recherche, c’est donner un sens supérieur au côté accidentel, on imagine qu’il existe un ordre supérieur qui fasse sens. La peinture est constituée de lumières, de formes et de couleurs pour donner sens, car sinon, sans la réunion de ces trois éléments indissociables, chaque peinture ne serait jamais qu’une expérience aléatoire. Mais finalement, qui a la prétention de dire “Je vais vous montrer le sens des choses, celui que vous n’avez pas vu ?” Faire acte artistique, c’est finalement dire qu’on est capable de parler, de s’exprimer autrement que par le langage. La peinture n’est pas un don, bien au contraire : c’est une malédiction. Une dépendance incurable, dont on demeure inéluctablement incapable de se défaire : après y avoir touché, on ne s’imagine plus rien faire, envisager d’autre, aucune autre discipline n’aura la même saveur, sauf peut-être les enfants. C’est une pratique très codifiée : supports, matériaux, lieux…il y a également un marqueur sociétal très fort, et il faut beaucoup de force pour parvenir à gérer tout ça. Je conclurais en vous disant que je me revendique pleinement en tant que peintre.


De tous les horizons qui s’offrent à nous, François Giovangigli nous révèle le plus proche et le plus lointain, celui que nous portons au delà de nos prunelles, à l’intérieur de nous. Il semble nous révéler un coin de nous-même que nous ne voulons plus voir. Avec une simplicité monumentale, il trace un mystérieux périple dans la matière que nous pouvons déchiffrer, par la force du symbole, d’évidences plastiques en évidences spirituelles. Bruno Ely, Conservateur du Musée Granet

Corps Célestes Huile sur Papier Bristol, 100 x 70 cm




Son oeuvre, à la fois solennelle et intimiste remonte aux sources de l’élémentaire et dusacré, jette un pont entre l’homme contemporain et les “vérités” primitives, en un rêve d’harmonie originelle entre angoisse et extase. Bruno Ely, Conservateur du musée Granet.

Corps Célestes, Huile sur Papier Bristol, 40 x 50 cm









A la mort symbolique et mort éternelle, farouchement angoissée, la vision de l’artiste se pénètre de cette part de rêve qui émane d’une constante universelle et humaine, quête de l’âme et de la mémoire du royaume du muthe à une sacralité naturaliste. Bruno Ely, Conservateur du Musée Granet






07

‫أفريل‬

Constellations, Huile sur Papier Bristol, 20 x 30 cm






Bibliographie 1.“François Giovangigli” Aix en Provence/Albi/PontSaint-Esprit, Catalogue des expositions, 1994

Citations : François GIOVANGIGLI

Coproduction : Musée des Tapisseries - Aix-en-Provence Musée Toulouse-Lautrec - Albi Musée d’Art Sacré - Pont-Saibt Esprit Avec le soutien de : La direction Régionale des Affaires culturelles Provence-Alpes-Côte d’Azur

Danièle DEVYNCK Conservateur en chef du musée Toulouse-Lautrec Aleth JOURDAN Conservateur adjoint des Musée du Gard Bruno ELY Conservateur en chef du Musée Granet, Aix-en-Provence

La Direction Régionale des Affaires Culturelles Languedoc-Roussillon Le Conseil Général du Gard La ville d’Aix-en-Provence La villle D’Albi La ville de Pont-Saint-Esprit

2. Entretien avec François GIOVANGIGLI, mené par Marie SCHMITTER, étudiante au Magistère de Journalisme et de Communication des Organisations, le vendredi 7 août 2015



Exposition Metà François Giovangigli 1er au 15 août 2015

The Red Door Gallery



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.