SLAB fanzine issue#3

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HELLO WORLD!



HELLO WORLD!

La gravière Shoot: Fléchet

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Pipeline 2009/2010 Shoot: S. Léquerré


Prologue.

Passion transgressive. Les saisons passent et ne se ressemblent pas. Derrière nous déjà deux numéros, et le marathon ressemble de plus en plus à un 100 mètres. Tout va vite, très vite! Notre ligne de conduite n’a toujours pas bougé d’un poil, on ne transige pas avec la qualité. Ouvre SLAB Issue III, ferme ta bouche et retiens ta respiration. Si au moment de fermer la dernière page de ce numéro, t’as l’agréable impression d’être quelqu’un d’autre, et bien c’est que cela a produit son effet. Laisse sortir cette putain d’envie de répondre haut et fort : «parce que!» à tout ceux qui te demandent : «pourquoi?» C’est aussi ça la passion. Laissez le soin aux autres de vous stigmatiser avec leur perception de leur réalité, ne vous auto-flagellez pas. On sait, vous et moi, qu’on est prêt à tout pour tout simplement vivre notre passion, jusqu’à aller au-delà du raisonnable. Transgressons les règles, celle de notre propre humanité et celle des Hommes. Autour du globe, nous repoussons les limites, afin de vivre de nouvelles expériences. Pourquoi l’eau à 8°c, pourquoi les engelures aux pieds, la truffe rouge, la langue bleue et le kiki rikiki. Laisse, ils sont dans la matrice. Toi tu la connais la vérité. La sensation d’exister, d’être là, au coeur de l’action, où la vie explose. Tu sais qu’un bon tube, ça reste un moment dingue à la sortie duquel tu ne peux contenir ce petit yes!, en même temps que ce sourire débile qui remplace le temps de la fin de la session, ce soleil et cette chaleur depuis trop longtemps absents. Et si on avait pu immortaliser cette expérience, la revivre à volonté, lorsque le bitume et le quotidien reprennent le dessus? Certains sont en passe de réussir. Notre souhait? Que SLAB fasse partie de l’équipe.




BP / Hawaii 09/10 Shoot: Tungsten

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S

L A B


Hawaiian Season / Galerie / page. 26

BZH Shoot: Le prevost


*SOMMAIRE

Sir Jack Johns / Interview / page. 10

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Bodyboard - Art / Article / page. 22

Parallèlisme / Article / page. 34

Shooting gallery / Galerie / page. 36

People of Sydney / Article / page. 44

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CONVERSATION N°1

SIR JACK JOHNS Interview & Adaptation : Sérgio Dasilva Traduction: Laurent Bory

OH MY LORD!! Avec un nom pareil, on s’attend à avoir à faire à un col monté de la plus haute bourgeoisie british ou au sosie d’un pirate à la jambe de bois. Ni l’un ni l’autre, juste un digne représentant de la nouvelle garde européenne qui monte et dont on ne cesse de parler et de vanter les mérites. Embarquons pour un voyage dans l’univers de Sir JACK JOHNS.

Portrait shoot: www.alastairsopp.co.uk



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ANGLETERRE / ILES BRITANNIQUES / EUROPE Quand on grandit à Londres, on en vient comment au boogie? Raconte-nous le parcours du petit Jacky, comment le fun s’est transformé en passion, en drogue et finalement en job? J’étais toujours dans l’eau quand j’étais gamin, mais je n’ai fait mon premier trip qu’à 15 ans. Je faisais du surf à cette époque, mais je suis parti avec Mickey Smith et il m’a remis dans le droit chemin du bodyboard… Donc je suppose que tout est parti de là, j’ai laissé tomber le lycée, et j’ai commencé à travailler pour financer mes voyages afin de dénicher les meilleurs vagues et ainsi faire progresser ma pratique du boogie. Je n’ai jamais planifié cela comme un job ; j’aime juste chaque minute de cette vie et j’ai voulu y consacrer toute mon énergie. Même en Europe (shame on us), on ne connaît que très peu la scène du boogie anglaise. Présente nous un peu ton île, les riders et les codes? Il y a une grosse communauté de bodyboarders ici mais il semble qu’elle se structure par petits groupes en fonction des portions de côte. Je surfe toujours avec mes meilleurs potes et nous restons un peu entre nous. Cela dit cette année le BBC (British Bodyboard Club) a mis en place un bon petit circuit de contests, ce qui rapproche beaucoup les riders. C’est dommage je suis un peu éloigné de cette scène maintenant. Nous n’avons pas de vagues « world-class » par ici, mais quand il y a du swell, il y a toujours un coin sympa à surfer. Ces dernières années, L’Irlande et un peu moins l’Ecosse ont été sur le devant de la scène internationale en tant que destination hardcore boogie en Europe. Quelles sont tes relations avec ces contrées et ses vagues? J’ai fait mon premier trip en Irlande à 15 ans et j’y suis retourné chaque année depuis lors. Nous avons trouvé des vagues incroyables là-bas et nous continuons à en dénicher chaque hiver. La seule chose est qu’il faut investir beaucoup de temps pour trouver de bonnes vagues car les bonnes configurations météo sont si fugaces, mais c’est siiii bon d’avoir attendu quand les vagues sont au rendez-vous !

L’Ecosse est fantastique. Je compte bien l’explorer beaucoup plus car cela regorge de spots à débusquer, et la côte comme la campagne sont splendides. Es tu déjà venu surfer en France? J’ai fait quelques trips en France mais je dois dire que j’ai eu une mauvaise expérience il y a quelques années, avec un cambriolage en règle de notre voiture le premier jour du trip qui nous a plombé le reste du voyage. Mais j’aime la culture française et les vagues sont incroyables.


EN IRLANDE, LES BONNES CONFIGURATIONS METEO SONT SI FUGACES MAIS C’EST TELLEMENT BON D’AVOIR ATTENDU QUAND LES VAGUES SONT AU RENDEZ-VOUS!

Shootage de gros sur Aileens shoot: Mickey smith

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shoot: Jack Johns

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AUSTRALIE L’évolution passe aussi par la possibilité de voyager et d’aller se frotter à d’autres slabs autour du globe. La destination de choix, tant au niveau des vagues que du niveau à l’eau, c’est l’ Australie, of course. Raconte-nous un peu comment tu as échoué pour la première fois sur «l’île continent». Comment s’est passée ton adaptation sur place, penses-tu être adopté maintenant et avoir fait ta place? J’y suis allé la première fois à 17 ans et j’y suis retourné 4 fois depuis, le choix de vagues là-bas étant unique au monde. Des plages incroyables, des reefs, des wedges, il y a tellement de choix. J’étais assez intimidé lors de mon premier passage car la plupart des kids sont si forts, mais j’ai fini par me lier avec quelques locaux qui ont semblé contents de me faire découvrir l’endroit et j’ai énormément appris d’eux.

C’est aussi avec plaisir que l’on a pu t’apercevoir dans plusieurs productions australo-australiennes parmi les tops riders du moment. Comment c’est passé ton intégration dans ce microcosme? Je pense que surfer à leur contact est déjà en soi un tel facteur de progression que j’ai toujours essayé d’être au même endroit qu’eux en même temps qu’eux. J’ai donc appris d’eux et j’ai fini par me retrouver dans quelques vidéos. Quel est ton coin préféré là-bas ? La côte sud en dessous de Sydney est dingue et c’est le territoire des quelques uns des riders les plus radicaux qu’il m’ait été donné de croiser, mais WA est également une zone spéciale. Tu peux te perdre dans la nature et ne voir personne durant plusieurs jours. Quels sont tes futurs projets de trips? J’espère faire quelques trips en Europe à la fin de l’été avec les australiens, rien n’est gravé dans le marbre encore, mais on se laissera porter par les conditions.

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BUSINESS / MEDIAS / On ne t’a jamais vu sur une compétition internationale. Quelles sont tes relations avec ce côté de notre sport? J’apprécie la façon dont l’IBA évolue ces temps-ci, cela semble de mieux en mieux chaque année, avec de nouveaux spots sur le tour, mais pour moi les contests n’ont jamais été ma tasse de thé car je ne suis pas un compétiteur né. Je me donne à fond dans le bodyboard en essayant de faire de mon mieux et dans cette période de ma vie j’ai d’autres choses plus importantes que les contests en tête. Cela dit, j’aimerais participer au Pipe l’an prochain peut-être. Est-que le free-surfing est un véritable choix que tu t’imposes? Il ne s’agit pas vraiment d’un choix conscient, mais je suppose que voyager dans des endroits géniaux et y avoir des top vagues est la chose la plus logique à faire pour moi. Et comment le gères-tu avec tes partenaires, notamment tes sponsors? Qu’attendent-ils d’un free rider tel que toi? Je n’ai jamais touché plus de mes sponsors que de l’équipement, donc il n’attendent pas non plus grand chose de moi… Ahaha. En fait j’ai toujours financé mes propres trips et cela me va bien. Cela dit je ne cracherais pas sur un contrat décent si on venait m’en proposer un ! Du coup arrives-tu à vivre uniquement de ta passion aujourd’hui ? Je ne vis pas directement du bodyboard et cela n’a jamais été le cas. Je travaille dur à la maison entre mes trips comme Lifeguard.


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shoot: Jack Johns

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Peux tu nous expliquer ta collaboration avec NMD? Ils sont à mes côtés depuis environ 7 ans et j’en suis très heureux. Dan Sirvess me shape les plus belles boards dont je puisse rêver et elles sont même de mieux en mieux chaque année ! J’ai réussi à avoir un Signature Model l’an dernier au travers du distributeur pour le UK et c’était un rêve de gosse réalisé. Tu travailles également avec GUL, spécialiste UK dans les combinaisons pour les sports nautiques. Comment à commencer votre collab ensemble et qu’apporte la vision d’un bodyboarder pro sur leur matériel? Ils ont été mes premiers sponsors il y a 10 ans et m’ont toujours supporté. Ils fabriquent des combis depuis 1967, donc ils ont une grande expérience pour trier les bonnes idées et les mauvaises, nous travaillons sur une combi spéciale bodyboard en ce moment donc restez vigilants.


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shoot: Jack Johns

BOOGTIQUE / Comment se passent tes relations avec les marques maintenant que tu es un des boss de ta «boogtique»? J’ai rencontré au cours de mes voyages la plupart des gens derrière les marques que nous vendons, donc les sociétés qu’on choisit sont celles dont on sent un engagement à 100% derrière le bodyboard et qui développent les meilleurs produits. Du coup comment se porte le marché anglo-saxon? Je pense que si les produits sont vite disponibles, les bodyboarders sont des clients fidèles. Nous avons commencé sans trop savoir quel type de marché nous allions trouver donc nous avons pris un risque, mais nous avons eu vite le support des clients et avons envoyé des colis partout en Europe. As-tu des acheteurs français et des produits en exclus que l’on peut trouver uniquement dans ton shop? Eh bien nous avons plein de produits exclusifs pour l’Europe, et les sorties DVD les plus récentes telles que Grow Up et Fever Dream. Nous avons des offres spéciales chaque mois donc connectez vous régulièrement !

Shootage de gros sur Aileens shoot: Mickey smith

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ART / MY WORLD Comme on est des gars très curieux, on n’a pas pu s’empêcher de remarquer que tu mettais un soin particulier au design et au graphisme, que çe soit sur ton blog comme sur boogtique. Quelle est sa place dans ta vie? As-tu une relation spéciale avec l’art? Cela a toujours occupé une grande place dans ma vie, depuis tout jeune. Même si en ce moment, la photo prend le pas sur le reste. Je suis un peu collectionneur d’appareils photos et j’aime jouer avec les textures en utilisant de vieux appareils ou des pellicules différentes pour moduler mes photos. De plus, je suis assez perfectionniste pour tout ce qui touche au design, même si j’ai plus « l’œil » que des compétences techniques en la matière ; je ne sais pas comment obtenir tel ou tel effet, mais je sais quelle apparence je veux donner aux choses. Boogtique est encore en devenir mais évolue doucement dans le bon sens ! As-tu des projets de création artistique? Auparavant je concevais et imprimais mes propres T-shirts, je veux vraiment recommencer, il me faut juste trouver le temps. Des choses à ajouter? Bon primo Boogtique.com est un super site, allez voir. Et secundo, merci à tous les gens qui me supportent, vous y compris chez SLAB. Thanx jack! 20

shoot: Jack Johns


Irish Invert shoot: Mickey smith

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CONVERSATION N°2

BODYBOARD-ART Textes : Laurent Bory

A la recherche du « Bodyboard Art » Peu de pratiques sportives génèrent autant d’élans graphiques que les disciplines de glisse, et tout particulièrement les disciplines aquatiques. Même les sports les plus populaires ne donnent que rarement lieu à une transcription artistique de leurs mouvements, de leur ambiance ou leur environnement. La transcription graphique c’est la réinterprétation du réel, et non le travail photographique. C’est la scène telle qu’elle est perçue derrière la rétine, donc ce qu’elle évoque, et non pas la scène telle qu’elle existe devant la rétine, sa « réalité photographique ». Il y a bien sûr de grands photographes de Surf, mais aussi de F1, Tennis, Foot, etc. En un sens, en Photo notre discipline perd cette spécificité artistique même si elle est très bien « traitée » par des photographes qui ont pour eux la chance de traiter le geste (comme dans tout sport) mais dans un environnement naturel lui-même photogénique (ce qui est le cas d’autres sports, par exemple le Ski et le Snowboard). Beaucoup d’artistes donc parmi les riders de tous poils. Et cette culture graphique, le Surf Art, remonte quasiment aux origines du sport. C’est comme si ces pratiquants avaient toujours voulu retrouver ou ré-exprimer leur ride du jour ou fantasmer celui qu’ils ne feront jamais. C’est capturer la vague parfaite ou la rêver… Le Bodyboard existe depuis pas loin de 40 ans sur la scène glisse mais a-t-il pour autant investi le Surf Art ? Peut-on parler aujourd’hui de Boogie Art?

Surf Art, le guide. Quelques «promontoires» permettent d’avoir une vue dégagée sur le Surf Art. Ces observatoires sont des sites ou des galeries qui répertorient un maximum d’artistes. On peut citer sur le net www.clubofthewaves.com, www.waveridersgallery.net qui tous deux valent le coup d’oeil ou encore le site et les galeries Spacejunk en France www.spacejunk.tv ou enfin le Surf Art Festival de Biarritz, ces deux derniers présentant des œuvres graphiques mais aussi des sculptures (les sculptrices Zako au Pays-Basque ou Gesa Ronge en Allemagne). Ce qui frappe d’emblée, c’est la variété des artistes : hommes, femmes, jeunes, vieux, issus du rivage, issus de villes, surfers de tout type de planches, snowboarders, ou pas du tout pratiquant. Tous frappés par l’environnement, l’esthétique ou la gestuelle de la vie au plus près du swell, et ils sont des dizaines... Depuis ces «promontoires», on constate que le Surf Art s’organise autour de quelques thématiques qui sont autant de «spots» sur lesquels s’expriment un certain nombre de «riders». Premier spot, le Vintage : inspirations 50’s ou 60’s, combis VW, longboards, bikinis et riders à la « da Bull ». Un courant décoratif, sympathique, mais très loin de la culture bodyboard qui n’était même pas née. Quelques artistes sympas à checker pour le plaisir des yeux : Glenn Martin, Tony Ogle ou encore Garry Birdsall (accro aux combis WV). Second spot, le Psyché : vagues multicolores improbables, riders dans des postures plus ou moins réalistes, associations d’idées plus ou moins biscornues... Là encore, l’imagerie est


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En haut: « Getting a grip » Milieu: « Solitude » Daggi Wallace

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quasiment à 100% shortboard et longboard mais quelques artistes valent le détour, tels que Jay Alders, Ea Eckerman ou encore Céline Chat. Enfin, passant rapidement devant le courant «Action Réaliste», on arrive au troisième spot, «Vagues & Rivages». A ce stade, le bodyboarder, amoureux des éléments et fin tube rider, commence à trouver son bonheur : tant que la vague est vierge, il peut toujours l’occuper en pensée. «Rivages», c’est le courant qui réunit des artistes reproduisant des spots réels ou idylliques. Coup de cœur pour Steven Power, Rick Tontz, les «estampes japonaises» de Tom Killion, les spots tropicaux de Wade Koniakowsky ou encore Michael Lorenzini. «Tubes», c’est le courant qui concentre les «obsessifs» de ce phénomène de la nature. Mayumi Tsubokura, Wayne French, la bodyboardeuse Fernanda O’Connell, Clark Takashima et biens d’autres. Ici, la difficulté étant d’éviter le kitsh. «Abstract», comme l’indique sont nom c’est le courant dont le niveau d’abstraction est poussé le plus loin, notamment au vu des œuvres de Wolfgang Bloch, Mathias Fennetaux, ou encore de la fascination pour l’élément liquide dans l’œuvre de notre ami Scott Carter.

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Boogie Art, un nouveau regard. Tout au fond du chemin, existe un spot encore embryonnaire, furtif, épisodique, pratiqué par quelques locaux, les «bodyboard-artists». A ce stade, il faut bien constater qu’il existe peu de traces d’œuvres picturales faisant massivement appel à la gestuelle boogie, peut-être car elle est moins ancrée dans les mémoires, moins universelle, et peut-être plus difficile à reproduire notamment le prone riding, dont la perception dynamique est peu aisée à faire ressentir à un non pratiquant. Cela dit John O’Brien se lance et peint du bodysurf… Parmi les perles, on peut citer Fernanda O’Connell, Richard Dobson, ainsi que le réunionnais Damien Clavé ou encore Daggi Wallace dont une partie de l’œuvre au moins pose un regard amusé sur le bodyboard. Les promontoires sont là, à vous de trouver vos spots préférés et de vous offrir un bon ride. A vos claviers, ou mieux, pinceaux, pâte à sel, collages, ce que vous voulez !

« Anticipation » Mike Lorenzini.

« Barrel of lights » Fernanda O’Connell


« Devotion » Mike Lorenzini

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« Oxenfold Reef » Richard Dobson

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« South Coast color » Fernanda O’Connell




Textes: Seb Lequéré Adaptation : Sérgio Dasilva


«C’est étrange mais je sais exactement où je suis. Tout me semble familier, comme si j’étais déjà venu plusieurs fois.»


Power reverse d’école / BP - shoot: Tungsten

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Ce qui frappe sur ce genre de session, mise à part la violence de la lèvre, c’est le niveau des gamins. Lâché par le school bus devant le spot à la sortie de l’école, ils y restent jusqu’à ce que les parents viennent les chercher.

life style Hawaiien / Dre - old BZ - Won taloa shoot: Tungsten

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Invert DĂŠcomposition / Jarred Houston shoot: Tungsten

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Belly Air DĂŠcomposition / PLC shoot: Tungsten

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Revo-air / J.Hubbard shoot: Lequéré

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Les surfers étaient peu présents, le spot était dominé par les bodyboarders ce jour là. Et plus particulièrement un : l’homme à la planche jaune. Il enchaînait avec une facilité incroyable des cover up démesurés sur Pipeline. J’ai su ensuite que c’était Jeff Hubard, une routine pour lui.


44 h de vol, 8 avions, 4 compagnies aériennes, 12 jours sur place, 3 sessions, 4 sorties en aqua, 7 000 photos, 4 chemises Hawaïennes aChetées, 14 hamburgers avalés, une plage interdite pour cause de "M. Obama se baigne en famille"... et smile de 12 jours!

Invert vertébrale / Plc shoot: Tungsten

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Dictionnaire de l’académie française (8ème édition). VOYAGE : n. m. Action de se déplacer par un chemin plus ou moins long pour se rendre d’une ville dans une autre, d’un pays dans un autre. Ou d’’un spot à l’autre. Le voyage commence bien avant le départ. Heures passées à lire et relire le stormrider, à éplucher la liste des spots, à se renseigner sur les forums et auprés des potes. Conditions de surf, température de l’eau, plats locaux et hôtels du coin. Surtout, ne rien oublier. Grâce à la toile, certains se font des contacts sur place avant le jour J, décrochant un Visa pour les meilleures conditions de surf, et les bons plans. C’est aussi, et surtout, une chance inestimable de toucher du doigt la culture locale, l’essence du voyage. Arrive le moment de faire le sac. «Je prends la 4/3mm... ou pas ?». «Je prends le PE ou le PP?. «Je prends la petite fusée en 40 ou le paquebot en 41,5 (oui, 1,5 pouces ça fait toute la différence!)?» Dernières vérifications : la paperasse est en règle, les planches sous 4 couches de bullpack, crème solaire et lotion antimoustique parées, sans oublier la playlist bien fournie, pour les longues heures de trajet... en caisse, car, train ou avion. Tout est bon pour s’évader, et le nombre de kilomètres parcourus ne fait pas nécessairement la qualité du voyage. Forcément, une eau translucide, le corail, et le surf en shorty, ça aide. Mais l’essentiel est dans la rupture. Laisser derrière nous nos habitudes plus qu’autre chose. Ce changement, on le ressent dés l’embarquement. Le stress de la course et l’horaire est passé, plus qu’à attendre l’appel de l’hôtesse. Et déjà, les gens ne sont plus les mêmes. Voyageurs sur le retour aux accents différents, looks d’ailleurs. On s’amuse à repérer les autres surfers, qu’on recroisera certainement à l’eau sur place. Petit salut de tête entendu, avant de se replonger dans notre magazine, pour mieux encaisser l’attente.

Enfin, après plusieurs heures, le rivage se dessine. Pas encore débarqué que l’on se prend déjà à chercher les pics sur la côte, à jauger le potentiel de ce nouvel eden. Et la première vraie claque nous attends, à la sortie de l’aéroport. Le paysage est tout autre. Verdure luxuriante des tropiques, plaines lunaires des IIes Canaries ou terres arides du Maroc. S’ajoute à cette évidence les odeurs, la couleur du ciel, les formes inhabituelles des nuages,la température de l’air, et toutes ces petites choses, parfois à la limite du perceptible, qui nous chuchotent à l’oreille. «Hey mec, tu y es. Profites bien !». Et puis il y a ce fait, avec ce qu’il implique d’humilité : ici, l’étranger, c’est nous. Une culture, parfois une langue nouvelle. Et la nécessité, pour profiter vraiment, d’oublier ce que l’on croit savoir, de se faire page vierge pour mieux y écrire les lignes de nos découvertes. Les voyages ont celà de bon qu’ils inscitent souvent à aller vers l’autre, à s’affranchir de nos préjugés. Quelques petits efforts souvent récompensés par ceux qui, possédant peu, donnent beaucoup. Et évidemment, le surf, et notre petite place à se faire à l’eau. Fini les molles ondulations. Place aux puissantes houles océaniques qui viennent se briser sur un récif acéré, corail de feu ou roche volcanique. Là encore, la modestie est de rigueur. Faire de la clio de location chargée à bloc une reine du Dakar pour aller chercher un ‘pointbreak’ en feu au bout d’une piste défoncée, c’ est autre chose que de faire un «cliquer-zoomer» sur une carte. «Heeeu, t’es sûr que c’est par là ? Parce que 2 kilomètres de plus et on laisse un essieu sur le bord là...» «continu, t’inquiétes... ça passe». Et, au milieu de nulle part, 3 ou 4 caisses sur un parking improvisé, une nana perchée sur un cailloux, appareil photo rivé sur l’oeil, en train d’immortaliser les exploits de son homme. Une vague, parfaite, longue, tendue, dans un cadre magnifique, et les cris des mecs à l’eau lorsque l’un d’entre eux envoie du gros.

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«Nous y voilà...». Rien de plus qu’un short et un lycra sur le dos, dans une eau à 26 degrés. Rentrer les premiers canards et s’émerveiller sous le bouillon, ouvrir les yeux pour voir jouer les tourbillons de mousse au dessus de nos têtes. Même le goût de l’eau n’est pas le même ici. Finalement, notre première vague du trip : goûter toute la force de ce spot inconnu, deviner les formes des poissons tropicaux sous la planche, voir le corail défiler, avant de se faire enfermer dans une bulle turquoise, un grand sourire aux lèvres...

shoot: M.Hemon


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Southcoast / Oz shoot: Sam Powyer

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La scène Boogie internationale mais également Française est vraiment en train d’évoluer dans le bon sens. La preuve? La qualité des clichés que nous ont envoyé nos photographes. Attention les yeux!


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Jeremy Arnoux vs 40 shoot: B.Fléchet

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Secret Basque shoot: B.Fléchet

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Haut gauche / Furious 40 shoot: M. Hemon Bas gauche / Géométrie bretonne shoot: M.Merrien Haut droit / Vieux mach7 shoot: J. Le prévost Bas droit / Yoan Cannevet vs 64 shoot: M. Hemon SLAB issue 3


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Thomas «Golgot» Goyenetch

shoot: M. Hemon

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Secret Basque shoot: B.Fléchet

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PLC at home / shoot: M. Merrien

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Southcoast / Oz shoot: Sam Powyer



CONVERSATION N°4

PEOPLE OF SYDNEY#3 Textes : xavier Du tertre

Connor 10h47 «Allez mec ! Rame, pousse fort sur tes jambes, pas moyen de partir en late sur celle-là.» Quatre mètres plus bas c’est le bottom, puis la lèvre me recouvre et tout à coup ça y est : je suis calé dans la plus grosse vague que je n’ai jamais imaginé surfer. Octobre 2008, 10 mois plus tôt. Connor me tend un verre de vodka accompagné d’un «You’re the new french guy, right?» Je ne connais pas encore le collègue à qui je m’entends répondre que oui, je suis bien le nouveau de l’équipe ; quant à ma nationalité, mon accent se charge de la lui confirmer. A ce moment là, je ne me doute pas encore qu’il va changer ma vie. Il ne nous faudra pas longtemps pour réaliser qu’on surfe tous les deux allongés, nouvelle dont il s’étonne «Bodyboarding doesn’t exist in France, does it ?» «Elle est dingue cette vague. J’ai peur, et pourtant je suis heureux. Mais quelle angoisse !! Impossible de décrire cette émotion qui me prend alors même que je ne devrais pas penser à autre chose que mon rail, la sortie et ma vie. Putain mais c’est quoi ce bruit ?!» Début février 2009. J’ai rencontré Connor il y a maintenant 4 mois. Ensemble on a parcouru des centaines de kilomètres de côte tout autour de Sydney, la plupart du temps avant même le lever du soleil. Il n’avait pas touché sa board depuis 8 mois ; j’ai tellement d’enthousiasme, de soif de découvrir et de joie de surfer quotidiennement. Je déborde d’énergie et rapidement il s’est nourri du trop plein et a replongé dans l’addiction. Ce matin le Pipe rugit 20 fuseaux horaires plus loin et nous sommes devant l’écran,

patriotes acharnés : Allez Pierre-Louis !! Go Hardy ! «Tu disais quoi, à propos du bodyboard en France ?» – «But he didn’t win.» – «Tu verras l’an prochain..» «Les éléments se déchainent autour de moi. Je suis dans l’oeil du cyclone et si j’y reste, j’ai une chance de ne pas finir en enfer. Surtout ne pas décrocher, ne pas perdre de vitesse. Garde de la hauteur, tu en auras besoin ! A droite l’ocean pacifique, à gauche tu sais très bien ce qui t’attend, cette dalle qui se découvrait pendant le take-off.» Mars. Le centre a embauché trop de staff, il n’y a pas assez de boulot. Mes ressources s’épuisent et mon séjour en Australie est menacé. Quand je lui explique, Connor sort du pub, revient avec 450 dollars et m’interdit de les refuser. C’est pour payer mon loyer les 3 prochaines semaines, en attendant de récupérer plus d’horaires. Il précise qu’il est hors de question que je le rembourse. Je suis sans voix, la gorge nouée par la surprise. Il me dit que je suis dans son pays, donc son invité, et que c’est le devoir de tout australien de permettre un bon déroulement de mon séjour. Je repose quelques billets sur la table. On dirait bien que mon loyer est payé pour les 2 semaines à venir... et que cette soirée va être mémorable ! «La sensation est belle et effrayante à la fois, un mélange de vulnérabilité et d’achèvement, de peur et de satisfaction. Peut-on réellement profiter de cet instant magique ? Comment peut-on parler de bonheur ? Les sensations extrêmes que nous procurent le boogie ne sont-elles pas précisément le résultat de ce mélange d’émotions ? L’exploit est-il complet si je ne sors pas de ce


tube ? Reprends-toi bordel ! La section qui faisait tout mon bonheur une seconde plus tôt accélère et s’enfuit loin devant. Le foam bowl prend déjà mes jambes, un dernier regard et je remplis mes poumons…

regard interrogatif : on continue plus loin, mon cadeau est «bigger». Je vois mal comment c’est possible. Et pourtant… Ce jour là Voodoo prend le swell de plein fouet et délivre des vagues qui n’ont même pas leur place dans mes rêves. Le monstre bleu avale une piscine olympique par passage, et la recrache dans un hurlement qui glace le sang. Le sourire jusqu’aux oreilles, Connor me chante «Happy Birthday to you!»

Lundi 6 juillet. Aujourd’hui j’ai 25 ans. Chaque année, on rêve de la parfaite journée d’anniversaire, tellement planifiée qu’elle s’avère invariablement pourrie. Ce matin c’est le contraire. Pas de réveil, pas de boulot, pas de plans... Enfin ça, c’était jusqu’à ce que Connor me réveille et me jette dans la voiture. Il fait encore nuit, je rêve sûrement. Le thermomètre de la caisse indique 6°C en Juillet! C’est donc ça, je suis toujours dans mon cauchemar tout va bien. J’ouvre les yeux, il fait jour, 9°C. La mer, des falaises, ciel bleu. «On est où, Con’ ?» – «We’re 200m away from your birthday present, buddy». Quelques minutes plus tard, on saute par dessus les volumes d’eau incroyables qui viennent frapper la roche. Les énormes paquets de houles nous soulèvent et jouent avec nous comme de vulgaires bouchons de liège. Un peak casse avec des creux de plus de 2 mètres, Connor répond à mon

10h46 Voila le set, il est énorme et je ne vais certainement pas partir sur la première. Hors de question de mourir en prenant toute la série, vague après vague, sur le coin de la gueule. Mais voilà, Connor commence à grimper la montagne pendant que je me retourne, rame et pousse fort sur mes jambes, pas moyen de partir en late sur celle-là ! 45

shoot: Anthony Caldo


Contact: contact@slabmagazine.net Site: www.slabmagazine.net Pub: contact@slabmagazine.net Imprimé en france

Responsable de publication: Jérémie Barlog Rédacteur en chef: Sérgio Da silva Words: Alain Pereira, xavier Du Tertre, Laurent Bory,

Sérgio Dasilva, Jérémie Barlog.

Traduction: Laurent Bory Photographes: Sébastien Léquéré, Julien Le prévost,

Tungsten, www.alastairsopp.co.uk, Mickey Smith, Jack Johns, Mat Hemon, Sam Powyer, Benoit Flechet, Mick Merrien, Anthony Caldo



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