#1 les Etats-Unis en 1914 suite cours by Thierry BONZON

Licence Histoire LH42 Europe et EU entre guerre et paix France, Royaume-Uni, Allemagne, Etats-Unis (1914-1929)

2015-2016

Chapitre 1 Les Etats-Unis en 1914 (Suite et fin du chapitre consacré aux Etats-Unis) I. L’affirmation de la puissance américaine II. Une société inégalitaire III. Une vie politique singulière —> Parties II et III ————————————

II. Une société inégalitaire Longtemps les Etats-Unis ont renvoyé l’image d’une société qui se résumerait à l’affirmation d’une vaste classe moyenne. Un nivellement des clivages, des spécificités serait à l’œuvre, lié à l’enrichissement, à la prospérité américaine. A l’origne de cette ± image d’épinal = Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique, 1835-1840 Tocqueville y fait état de - l’égalité des conditions qui prévaut ≠ vieille Europe. - l’absence de barrières de castes liées aux vieux clivages sociaux traditionnels, à l’existence des vieilles aristocraties - la fluidité de la société US : idée que les pauvres ont la possibilité d’accéder à la richesse (oportunity) = thèmes qui orientent durablement le discours porté sur les EU.

Cette image est-elle fondée, pertinente ?

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A— Une société riche et dynamique 1°) Des traits visibles au niveau de la population : a – Un grand dynamisme démographique Evo. Populat° 1790 1870 1900 1910 1920 1930

millions 4 38 76 92 106 123

- dûs d’abord à un accroissement naturel important : Mortalité en recul : de 17‰ en 1900 à 13‰ en 1915 Natalité reste forte comparée aux pays européens : de 32‰ en 1900 à 29‰ en 1915 —> Excédent naturel considérable du à la jeunesse de la pop° = 1 trait qui renvoie à la part prise par l’immigration dans la formation de la population. - et à l’apport considérable de l’immigration : Phénomène ancien(depuis 1840’s) mais qui atteint son apogée au début du siècle : 1900-1914 : 13 M de migrants entrent aux EU (6 années > 1 M / an) Recensement de 1900 : 1 Américain / 7 est né à l’étranger et 1 habitant de Chicago / 3 A NY : 4 personnes / 5 sont nées à l’étranger ou de parents étrangers. Les Italiens de NY = ½ de la population de Naples b – une très grande mobilité géographique Un des signes de la jeunesse du pays. Cf le déplacement vers l’W du centre de gravité démographique des EU. Habitude historique (ruée vers l’or) c – une urbanisation rapide 1914 : 4 villes > 1 M d’hab (NY ; Philadelphie ; Chicago ; Washington 1920 : pop urb ≥ pop rurale

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Des « villes champignon » : Chicago : 1 hameau vers 1830 / 500 000 hab 50 ans + tard (1880) / consécration avec expo U de 1893 / 1 700 000 hab en 1900 (5e ville du monde !)

Villes qui incarnent la modernité : Chicago : Tacoma Building (13 étages, charpente métallique) y est terminé en 1888…

Impression de villes créées par l’homme de façon volontaire, pratique (grille), ex nihilo Verticalité + horizontalité —> engendre déplacements en tous sens. 2°) des traits visibles dans la composition socio-professionnelle et le niveau de vie - Importance du secteur secondaire 1914 : ouvriers constituent 35% de la population active. Forte concentrat° géo. - Importance des catégories sociales liées aux services Membres des professions libérales, ingénieurs, employés de bureaux, fonctionnaires (cols blancs) - niveau de vie le + élevé au monde : salaire réel moy. De l’ouv. US ± 2 x celui de l’ouvrier français de 1914. Confort individuel, salaires élevés = caractères qui atteignent une partie croissante de la population (cf sport) => Une société attractive, neuve, qui commence à jouer un rôle de modèle et semble bien loin des sociétés que connaissent les pays de la vieille Europe, avec leurs barrières de castes liées aux vieux clivages sociaux traditionnels

B — Des tensions sociales néanmoins importantes Elles renvoient à : 1°) L’hétérogénéité de la population a - existence d’une importante population noire Population noire compte 9 M de personnes en 1910. Dynamisme démo.

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- Fortement concentrée dans le Sud (début de migration vers le N. ds les années 1910) - Dans le contexte du développement de la ségrégation, population s’est dotée d’institutions communautaires : Eglises méthodistes, baptistes / Réseau associatif - Massivement présente dans les emplois les + sous payés, les plus sous qualifiés (métayers du vieux Sud). D’autant que dans le pays du Gospel of Wealth, l’absence de réussite sociale signifie manque de mérite personnel… - Reste frappée d’infériorité dans les mentalités du fait de son origine servile —> infériorité sanctionnée dans la loi par les lois ségrégationnistes adoptées par les Etats du Sud). 1865 : 13e amendement interdit l’esclavage Etats du S. contournent la constitution en introduisant des mesures de ségrégation (séparation des Noirs et des Blancs dans les chemins de fer, les hôtels, théâtres) = les Jim Crow Laws - en vigueur des années 1870 jusqu’aux années 50. - entérinées par la Cour Suprême (pas de lois fédérales ségrégationnistes) Ex. : 15e amendement (1870) stipule accès des Noirs au SU Tourné par mesures d’organisation du SU prises par Etats du Sud : Nécessité de payer une taxe pour s’inscrire sur les listes électorales (poll tax laws) On demande que les citoyens sachent interpréter un passage de la Constitution ou simplement lire et écrire (litteracy laws) —> subterfuge visant à écarter les Noirs du SU ne sera rendu illégal qu’en 1965 par le Voting Rights Act (fruit du combat en faveur des droits civiques) 1896 : Arrêt de la Cour suprême Plessy v. Fergusson. A l’origine un métis du nom de Plessy s’était installé dans un wagon réservé aux blancs et avait refusé de regagner celui réservé au noir. Lors du procès, Plessy invoque le 14e amendt qui instaure l’égalité entre les races. Au bout de la procédure, Cour suprême déboute Plessy et établit la doctrine « separate but equal » qui officialise la ségrégation et en assure le fondement jusque dans les années 50

Question des droits des minorités raciales reste absente de la vie politique américaine en 1914, ce en dépit de l’action de quelques mouvements anti-ségrégationnistes : Ex. : Association pour le progrès des gens de couleur (National Association for the Advancement of Coloured People – NAACP) - fondée en 1910. - dispose d’un organe de presse : The Crisis : Mensuel proche de milieux progressiste apparteannt à la bourgeoisie new yorkaise, ouvert aux « idées de gauche ». Publié à New York Rédacteur en chef : William E. B. Du Bois (sociologue formé à Harvard). –> Dia : William E. B Dubois

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Dénonciation des incidents racistes, milite pour l’abolition des Jim Craw Laws, fustige les préjugés ≠ population noire (campagne pour l’interdiction de Naissance d’une Nation de Griffith en 1915, qui présente Afro-Américains comme lubriques et violents). 1ers tirages : 1 000 exemplaires (100 000 en 1920). Cf 1er éditorial (nov. 1910) : « Le but de cette publication est de présenter des faits et des éléments de débat qui montrent le danger des préjugés raciaux, en particulier ceux manifestés envers les gens de couleur. Le nom de ce support vient du fait que ses rédacteurs pensent qu'est venu le temps d'une évolution historique pour l'humanité. Nous défendrons, à travers nos éditoriaux et nos articles, les droits de l'Homme, sans préjuger de la race ou de la couleur, mais aussi les plus nobles idéaux de la Démocratie américaine, et tous les véritables efforts entrepris visant à faire triompher ces droits et accomplir ces idéaux. »

- en bute à une violence raciale extrême : pratique des lynchages dans le Sud entre les années 1880 et 1920. The Crisis procède régulièrement au décompte des lynchages : 2843 entre 1885 et juillet 1916. —> culture du lynchage enracinée dans les états ségrégationnistes du Sud. Se traduit par des scènes de barbarie collective, comme à Waco (Texas) le 15 mai 1916, à l’occasion du lynchage de Jesse Washington, ouvrier agricole de 17 ans, accusé du viol et du meurtre de la femme de son employeur. - Lynché devant l’Hôtel de ville à l’issue du verdict, devant une foule de plus de 10 000 personnes dont les membres de l’administration et la police. - Il est d’abord battu puis emasculé. On lui coupe ensuite doigts et oreilles avant de le suspendre au-dessus d’un brasier et de le bruler vif (supplice dura 2 heures). Ce qui restait du corps est ensuite trainé dans la ville par un cheval puis exposé à Robinson (10 km au Sud de Waco). Entre temps, morceaux de son cadavre et maillons de la chaîne qui avait servi à le suspendre avaient été vendus en souvenir. - Comme dans beaucoup de cas similaires, photographies de son lynchage ont été prises. L’une d’entre-elles a ensuite été éditée sous forme de carte postale. –> Dia : Carte postale du lynchage de Jesse Washington Quels enseignements ? Episode révèle enracinement d’une culture violente à l’encontre des Noirs dans le Sud des EU et montre l’acceptation de cette violence raciale dans les villes modernes - réputation progressiste de Waco (ville prospère de 30 000 habts, communauté noire bien intégrée) - événement dans lequel le téléphone, la photographie jouent un rôle important. - survient peu de temps après diffusion de Naissance d’une Nation (1915), qui promeut thèses du suprémacisme blanc. Episode qui a un énorme retentissement (soulève la réprobation jusqu’en Angleterre). - Marque un tournant dans le regard porté sur la pratique du lynchage qui devient un problème national. Nombreux journaux condamnèrent (pas seulement les organes progressistes du N-E).

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- The Crisis engage une activiste pour le droit de vote des femmes, Elisabeth Freeman, et la charge de mener une enquête sur le lynchage. Enquête minutieuse, publiée comme supplément du n° de juillet 1916 de The Crisis, intitulée « The Waco Horror ». 1ère fois que sont publiées photographies d’un lynchage en cours. —> Dia : n° spécial The Crisis, juillet 1916 « The Waco Horror » Diffusion de ce n° auprès de la presse, des politiciens. NAACP anime campagne visant à condamner ce type de pratiques (conférences d’Elisabeth Freeman) - Campagne pâtit ensuite de l’engagement des EU dans la guerre et si lynchages se poursuivirent (années 20), attitude des autorités évolue sensiblement. b - Une

société de migrants

Hétérogénéité / diversité de la société américaine encore alimentée par l’immigration. Depuis la fin du XIXe s. Immigration essentiellement composée de populations pauvres (W non qualifiés, parfois illettrés) / peuples chassés par les persécutiosn (Juifs) / éléments révolutionnaires (Europe centrale et mérid.) / immigrants slaves ou latins. = des groupes qui arrivent aux EU avec leurs propres spécificités et ne sont pas réductibles au groupe de Yankee. Etudier les migrations = poser la question des formes de l’intégration et de la façon dont cette question a été envisagée : - Jusque dans les années 60, on présente les migrants comme des déracinés, arrachés à leur communauté de départ avant d’être +/- facilement assimilés dans la société d’accueil —> c’est le mythe du melting pot américain. —> dia : Affiche pour la pièce d’Israël Zangwill (1906) - Années 60 marquées par l’essor de mouvements de contestation à base ethnique, communautaire (mouvements de l’affirmative action contre toutes formes de discriminations) —> ces mouvements révèlent que la société de consommation n’a pas éffacé les culture communautaires, ethniques : Ils sonnent le glas de l’utopie du melting pot. On préfère alors les notions de transplantation (plutôt que déracinement) et celles d’ajustement, d’accommodement, d’acculturation(≠ assimilation)

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- « Transplantation » : les immigrants ne font pas table-rase de leurs cultures prémigratoire. Au contraire, ils recourent à cette culture pour s’adapter à leur nouvelle vie (on insiste sur le rôle des continuités, des recompositions plus que sur les ruptures) - Ajustement, accommodation, acculturation » = 1 processus d’influences mutuelles entre migrants et société d’accueil (pas seult une adaptation à sens unique) Processus qui va de pair avec un autre = celui d’ethnicisation

(par lequel les

immigrants en viennent à revendiquer une identité ethnique donnée : ex. les immigrés siciliens qui se perçoivent aux EU comme Italiens puis Italo-Américains) —> des « Américains à trait d’union » : Italo-Américains ; Afro-Américains… Quels vecteurs de l’ethnicisation ? - le quartier et le voisinage (cf Little Italy) - La religion et les Eglises : constituent souvent la colonne vertébrale des communautés locales. Fournissent des secours matériels et moraux aux migrants. - Institutions de secours mutuels : fournissent services tels que assurances, couverture des frais funéraires. Contribuent à renforcer liens et solidarités ethniques. - Presse ethnique : des centaines de titres. Servent de lieu d’expression de l’identité ethnique mais exposent en même temps leurs lecteurs à l’influence de la société d’accueil. Donc, des vecteurs qui jouent un rôle ambigü : contribuent à développer un sentiment d’appartenance à un groupe donné mais en même temps servent de passerelle socioculturelles en direction de la société américaine. c – Des groupes sociaux hétérogènes Visible dans le cas - du monde ouvrier : 2 groupes s’opposent : - main d’œuvre qualifiée (skilled) constituant souvent une élite ouvrière, porteuse d’une culture propre (souci d’autonomie, respect des normes de production et des codes de travail syndicaux, éthique d’assistance mutuelle…)

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- main d’œuvre non qualifiée (unskilled) composée de coloured men et d’immigrants récents. —> situation qui contribue à l’émergence d’un marché du travail divisé.

- des classes moyennes Là aussi 2 groupes bien distincts : - 1 ensemble constitué d’artisans, de commerçants et d’employés, porteur d’une culture propre où l’on retrouve quelques traits partagés : la sacralisation de la famille et du foyer / l’instauration d’une coupure vie privée ≠ publique / la séparation des sphères masculine et féminine / la promotion de valeurs morales, civiques (tempérance, abolitionnisme) —> se retrouvent au sein d’institutions qui visent la promotion de ces valeurs (bibliothèques, conservatoires, associations artistiques) ainsi que dans les rangs du mouvement progressiste (maisons sociales - Settlement houses) - 1 nouvelle classe moyenne apparue au sein des structures bureaucratiques des grandes entreprises : constituée de cadres, employés, vendeurs = les « cols blancs » Les femmes y occupent une place de + en + nette (les « miss Remington »). Cf le % des sténographes femmes : 40% en 1880 —> 75% en 1900 (95% en 1930). Originaires de milieux modestes, titulaires de bonnes études secondaires. —> A l’origine d’une nouvelle culture, marquée par une plus forte interaction homme / femme qui prélude à une révolution des mœurs. Incarnent une culture bureaucratique appelée à dominer le XXe siècle américain.

d – une faible mobilité sociale L’idée que la société américaine est marquée par une forte mobilité sociale ascendante est un lieu commun de la littérature du XIXe s. —> Thème du passage des « haillons à la richesse » (rags to riches) présent dans les romans édifiants d’Horatio ALGER construits autour de la figure du self made man (énorme succès de librairie : + de 120 titres destinés à un public populaire) Thème conforté par quelques exemples de réussite spectaculaire : Andrew Carnegie, L’évangile de la richesse, 1901 —> ouvrage pétri de puritanisme et de darwinisme social. En fait mobilité sociale faible : -

existe une mobilité limitée dans les rangs des classes moyennes et dans le monde ouvrier (avec cas de déclassements) : touche les Américains plus que les immigrants et la population noire.

Accès très difficile aux couches sociales qui constituent l’élite urbaine.

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2°) De fortes inégalités sociales - 1910 : 1% de la population concentre 47% des richesses du pays et perçoit 15% des revenus. a - Emergence progressive d’une classe dominante - consciente d’elle-même ; attentive à perpétuer son poids pol et fin. ; à prétentions aristocratiques. - ses membres se retrouvent dans des lieux de sociabilité (associations, cercles : l’Union Club à New York), - soucieuse de philanthropie (cf l’Université de Chicago financée par John D Rockfeller) Le cas le plus emblématique = Andrew Carnegie Jusqu’en 1919 laisse plus de 350 M de $ à ≠ fondations - créé un réseau de 2 500 bibliothèquues gratuites, les Carnegie Libraries ; - finance des institutions culturelles (Carnegie Hall à NY, inauguré en 1891), églises, parcs, universités (California Institute of Technology, 1891), musées (Carnegie Museum of Arts, Pittsburg, 1896)… - surtout 1910 : Fondation Carnegie pour la paix internationale (Carnegie Endowment for International Peace)

Un devoir de philanthropie théorisé dans l’évangile de la richesse (Gospel of Wealth). Publié en 1901. Cf les devoirs de l’homme riche par Carnegie : « Montrer l’exemple d’une vie modeste et sans ostentation, qui évite les extravagances et les exhibitions ; répondre avec mesure aux besoins légitimes de ceux qui dépendent de lui ; et après l’avoir fait, considérer ses revenus supplémentaires simplement comme des fonds en dépôt, qu’il s’agit de gérer […] de la manière qui produise les meilleurs résultats pour la communauté »

b – des populations laissées pour compte - métayers noirs du Sud - populations des quartiers insalubres des gdes villes où règne insécurité et mortalité élevés : ex. : Lower East Side de New York. Immeubles de rapport où s’entasse la population. Insalubrité / insécurité (climat de violence et d’agressivité, tx de criminalité en hausse, contrairement aux pays d’Europe) / morbidité élevée…

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3°) Critique sociale et progressisme : le temps des remises en cause. a - Le mouvement ouvrier 2 organisations en 1914 : - L’American federation of Labor (AFL), AFL = syndicat réformiste avec à sa tête (de 1885 à 1924) Samuel Gompers - Fédé de syndicats de métiers, formés d’ouvriers qualifiés, généralt américains de souche - Programme modéré sans remise en cause du syst kiste - Revendications corporatistes : augmentat° de sal ; réduct° durée W ; marchandage avec patronat (pratique du closed shop) 2,5 M d’adhérents en 1914

1905 : du nouveau avec créat° des Travailleurs ind du monde (Industrial Workers of the World) —> les Wobblies IWW - s’oppose à l’AFL, jugée trop conservatrice et aristocratique. - influence socialiste plus marquée (le socialiste Eugene Victor Debs est l’un des membres fondateurs). - syndique ouvriers non qualifiés, femmes, Afro-Américains. Suscite grèves - 50 000 adhérents en 1912

=> Organisations ouvrières dont l’influence est limitée (rien de comparable avec l’Europe au même moment) - Manque d’unité du groupe des ouv. (fragmentation ethnique ; division entre skilled et unskilled) - Absence de parti se réclamant de la défense des intérêts ouvriers (pas de tradition de mouvement populaire ; conditions de la vie politique : bipartisme) - Répression Mais participent aux remises en cause b — Les remises en cause Critiques de plus en plus virulentes du système économique dominant se font jour depuis la fin du XIXe. Sont le fruit d’une réflexion amorcée au tournant du siècle sur les modalités de la croissance, de l’enrichissement / le coût social de cet enrichissement / la remise en cause des inégalités sociales D’abord dans les milieux religieux, puis chez intellectuels et journalistes

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Une interrogation morale Chez les protestants (profits justifiés moralement ? condition ouv n’est-elle pas condamnble ?) —> x° des prédicateurs et dévt de l’armée du salut (oppose l’évangile social à l’évangile de la richesse). Des dénonciations concrètes, plus profondes Elles émanent de journalistes (les muckrakers ou racleurs de fange) qui - mènent enquêtes sur le terrain, mettent en valeur les scandales de la soc américaine, proposent une analyse critique et documentée des activités de l’oligarchie fin. - sont liés à un nouveau type de presse populaire, à grand tirage. Ida Tarbell : figure pionnière du journalisme d’investigation. Enquête sur les méthodes de la Standard Oil et retrace la formation du trust dans son ouvrage : The history of The Standard Oil Company (1904) —> l’Université de NY l’a placé en 1999 en 5e position dans la liste des 100 meilleures enquêtes journalistiques du 20e siècle… Lincoln Steffens : dénonce propriétaires qui exploitent locataires et immigrants des grandes villes (The shame of the Cities, 1904) Jacob Riis, How the Other Half lives, 1890 : étude sur les immeubles ouvriers de NY (J. Riis est journaliste au NY Tribune puis à l’Evening Sun), proche des milieux socialistes. Ouvrage illustré de gravures et photos de l’auteur. —> Dia : Jacob Riis, How the Half Lives…

Elles sont relayées par une génération d’artistes et d’écrivains inspirée par le réalisme voire un certain naturalisme - Groupe de peintres réalistes à Philadelphie qui se fait appeler par dérision « l’école de la poubelle » (Ash Can School) car privilégie thèmes soc et misère urbaine - Succès du réalisme (Zola) chez écrivains Stephen Crane, Maggie, a Girl of the Streets, 1893 Theodor Dreiser, Sister Carrie, 1900 —> roman initiatique centré sur le parcours d’une jeune fille qui quitte la campagne pour Chicago. Descriptions très réalistes de la misère urbaine. Upton Sinclair, La Jungle, 1906 —> peinture effroyable des cond° de W dans les abattoirs de Chicago Jack London, Le talon de fer, 1908 —> décrit une tyrannie capitaliste fasciste aux EtatsUnis. Considéré comme la 1ère dystopie moderne

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L’action des réformateurs Multiplication des associations fin XIXe, dans les milieux urbains éclairés, en réaction contre les excès de la société industrielle dont l’objectif est de réformer, grâce à l’intervention du législateur, le système capitaliste en en combattant les excès. Women’s Christian Temperance Union (créée au lendemain de la Civil War) —> Au travers de la revendication d’une législation limitant la consommat° d’alcool, mise en avant d’une réforme globale de la société (membres de la WCTU réclament journée de 8 h et le droit de vote pour les femmes) les Settlement Houses. Mouvement d’aide aux immigrés. Jeunes Américains de souche (souvent appartiennent à la bonne société) s’installent dans un quartier peuplé d’étrangers et y ouvrent une sorte de centre social. Ces centres dispensent cours de langue, d’instruct° civique, enseignt tech ; offrent garderies, dispensaires, bibliothèques… Archétype = Hull House (1889) de Jane Addams à Chicago. National Child Labour Comittee Lutte pour l’abolition du travail des enfants (stat de 1907 font état de près de 2 M d’enfants < 16 ans qui travaillent dans les mines, l’agriculture ou les services, jusqu’à 60 heures par semaine. Créé en 1904 à l’occasion d’un meeting au Carnegie Hall. S’y retrouvent des politiciens, des figures du monde de la philanthropie, des hommes d’Eglise, des intellectuels. 1908 : Le photographe et sociologue Lewis Wickes Hine est embauché par le NCLC (collaboration dure 10 ans)

C — L’émergence problématique d’une culture commune 1°) Le rôle de la famille et des Eglises La famille = L’institution fondamentale sur laquelle repose la société US. - Triomphe de la famille nucléaire (parents + enfants) avec séparation entre travail et domicile, différenciation genrée des tâches : père de famille travaille à l’extérieur et épouse s’occupe du home et des enfants —> modèle du « male breadwinner » - Emergence de nouvelles professions féminines (secrétaires, sténo) n’y change pas gd chose) : s’adressent essentiellement aux femmes célibataires.

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Eglises = Pays imprégné de culture protestante : - insistance particulière sur : la liberté et la responsabilité individuelle / les aspects moraux de la religion / acceptation du capitalisme et du progrès matériel comme moyens d’accomplissement personnel et d’amélioration de la condition humaine. Presence d’une multitude d’églises : presbytérienne / luthérienne / baptiste / méthodiste … Figures de prédicateurs charismatiques (Dwight Moody, 1873-1899) qui s’emploient à toucher les jeunes (la Young Men Christian Association [YMCA] crée foyers, gymnases, bibliothèques 2°) Darwinisme social et évangile de la richesse Participent d’un système de valeurs consolidé et théorisé à la fin du XIXe, à l’époque du triomphe des grands magnats de l’industrie, et qui contribue à légitimer les inégalités sociales. Fondé sur : - L’éloge de l’individualisme : racines remontent à l’origine des EU. Une des variantes = exaltation du pionnier, du self made man (l’individu qui se construit dans l’adversité) - Le puritanisme : conception religieuse des fondateurs. Un de ses aspects = l’idée que les hommes doivent valoriser les biens que Dieu leur a accordés. En retour, la réussite sociale = sanction, par Dieu, des mérites de l’individu qui l’obtient. - Le darwinisme social : idée selon laquelle la lutte pour la survie marque aussi bien l’espèce humaine que les espèces animales = tentative de légitimation des inégalités sociales par le recours à une loi présentée comme naturelle et qui, parce que présentée comme naturelle, résiste à sa remise en cause. —> ouvrages d’Herbert Spencer vendus à 300 000 ex. en – de 40 ans. Ses idées constituent une forme de « sens commun » jusqu’à la Gde dépression. - L’évangile de la richesse donne de la réussite et de l’entrepreneur une image positive. Cf William Graham Summer, prof de sociologie à Yale. Affirme dans ses écrits que la concentration de la richesse est bénéfique à tous :

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« les millionnaires sont le produit de la sélection naturelle. Ils choisissent ceux qui peuvent remplir les tâches à exécuter et en ce sens agissent sur l’humanité […] Ils ont de gros revenus et vivent dans le luxe, mais c’est une bonne affaire pour la société

3°) La naissance d’une culture de masse Emergence à la fin du XIXe siècle d’un nouveau type de culture populaire : une culture de masse, urbaine, qui rapproche les groupes sociaux, leur offre un langage, des loisirs communs, l’occasion de se rencontrer : - Gds magasins, stades (boxe, baseball [capacité moy. des stades de base-ball passe de 2 000 à 20 000 places entre 1870 et 1900]), théâtres de variété. - Essor de la presse, qui fournit un ensemble de références communes (aux migrants qui y apprennent l’anglais) : 1850 1890 1904

Nbre de quotidiens 254 1610 2280

Tirage 750 000 8 400 000 28 800 000

- Emergence des loisirs de masse : Parc d’attracion de Coney Island. —> Dias : Coney Island S’y retrouvent étrangers, Américains, hommes et femmes, ouvriers et membres des classes moyennes. Marque le passage de formes de sociabilités fragmentées à une culture commune : loisirs mixtes et cohésion culturelle d’un type nouveau Au bilan : Double tension à l’œuvre au sein de la société américaine : fragmentation, hétérogénéité d’un côté (société de classes, raciale et raciste, ethnicisée) / homogénéisation culturelle . Combinaison de ces 2 facteurs explique absence de remise en cause radicale du système.

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III. La vie politique aux Etats-Unis : présidentialisme et monde des affaires A — Un système politique marqué par le fédéralisme et le présidentialisme 1°) fondé sur des textes mis an place au moment de la Guerre d’Indépendance - La déclaration d’indépendance (juillet 1776) Affirmation des droits revendiqués par les Colonies d’Amérique face à l’oppression britannique. Préambule inspiré de Locke et Montesquieu : 1 exposé de la philosophie des droits naturels —> égalité des hommes lors deur création / existence de droits inaliénables / consentement des gouvernés / droit de résistance à l’oppression / contrat social….

- La Constitution fédérale (sept. 1787) - Pose les bases du fédéralisme et d’un système dominé par 3 pouvoirs (Président / Congrès / Cour suprème) dont les relations sont conçues en termes d’équilibre et de rivalité : « checks and balances ». - Vaut aussi dans les relations entre Etats / Gouvt fédéral ; Chambres / Président.

Complétée par - Le Bill of rights (déclaration des droits) adopté en 1791 - Composé des 10 premiers amendements à la Constitution - Garantit les droits fondamentaux des Américains : liberté d’expression, de réunion, de religion, protection contre les abus de la justice (habeas corpus) - 10e amendement reconnaît d’importantes compétences aux Etats (ie : toutes les compétences qui n’ont pas été accordées expressément au gouvt fédéral) qui du coup légifèrent dans la plupart des domaines.

Constitution amendée (cf 1865 : 13e amendement : abolition de l’esclavage) mais qui n’a jamais été modifiée ; met en avant les principes du libéralisme pol et éco, du conservatisme social. 2°) incarné par le gouvernement fédéral - Gouvernement fédéral apparaît comme la réunion des pouvoirs nécessaires au fonctionnement de l’Union = 1 victoire nordiste, gage du développement d’une économie nationale et moderne. Se traduit par un lent recul du pouvoir des Etats : 1890 : Sherman Act (loi anti-trust) 1900 : Gold Standard Act

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1913 : Federal Reserv System 1908 : Création du Federal Board of Investigation (FBI) 1913 : Création d’1 impôt fédéral sur le revenu (14e amendt)

- il prend la forme de trois pouvoirs : Le président : Elu pour 4 ans au SU à 2 degrés. Constitution lui octroie des pouvoirs importants : - chef de l’Union (responsable de la diplomatie et de la défense / Nomme et révoque les fonctionnaires fédéraux / Intervient dans le domaine législatif (a l’initiative des lois / a droit de véto sur le Congrès) - chef du gouvernement : nomme le cabinet formé de secrétaires d’Etat responsables devant lui.

Le Congrès : vote lois et partage le pouvoir législatif avec les Assemblées des Etats. - Constitué de 2 chambres : chambre des représentants (élus tous les 2 ans par les Etats au prorata de leur pop°) et Sénat (composé de 100 sénateurs élus pour 6 ans au SU). Pouvoirs législatifs ± équival. (Chbre des représentants avec pouvoirs davantages financiers ; Sénat avec pouvoirs + importants en matière de pol. étrangère)

La Cour suprême : interprète les lois et dispose d’un droit de véto au nom de la constitutionnalité. Composée de 9 juges inamovibles nommés par le Président. —> Un « gouvt des juges » 3°) De la théorie à la pratique des institutions - Les assemblées élues disposent de pouvoirs relativement faibles (pouvoir de véto du président et de la Cour suprême / Commissions de contrôle… mais a posteriori ; Congrès sans pouvoir sur le gouvernement) —> Rôle primordial d’un homme et d’une oligarchie de 9 personnes…. - Problème de la séparation des pouvoirs : l’équilibre des pouvoirs est tourné dans la pratique. - Ex. Contrôle du Sénat sur la politique extérieure : battu en brèche par le pouvoir présidentiel (1790 : création du Département d’Etat qui centralise et élabore les décisions en matière de politique extérieure —> en 1914, la politique ext. est entre les mains du président : les caricaturistes ne s’y trompent pas !) - Constitution, autour du Président, d’une administration de plus en plus fournie dont les bureaux font converger les avis, les dossiers. - le gouvt dispose de moyens qui ne relèvent pas seulement de l’open politic mais aussi de la de la closed politic : pressions sur les élus, patronage présidentiel (House of Cards !) —> donnent au Président un large éventail de moyens de pression qui le placent dans un rapport de force favorable.

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=> Renforcement constant des pouvoirs du Président.

B — Une vie politique dominée par le bipartisme Bien comprendre ici que la notion même de « parti » est très différente de ce qui est pratiqué dans les pays européens au même moment. En France, partis traduisent des luttes sociales et politiques / ont une coloration sociale particulière / disposent d’adhérents / affichent un programme ± marqué idéologiquement / s’expriment en permanence —> rien de tout cela aux EU ! 1°) L’armature du fonctionnement des institutions politiques américaines Les partis politiques sont d’abord des machines électorales (ie une machinerie ad ; et financière). - A chaque élection le parti met en place une « platform » qui ne traite que de points conjoncturels —> Pas de programme pérenne. - Pas de structure permanente. Pas de « militants » - Rôle principal = rassembler des fonds pour les candidats, constituer des comités de patronage, dresser des listes de candidats.

2°) Le bipartisme Il domine la vie politique - Il est justifié par la tradition des pères fondateurs. Les 2 partis sont apparus à l’époque de Washington : - républicains démocrates (Thomas Jefferson) siège à gauche —> démocrates - fédéralistes (Alexander Hamilton) siège à droite —> républicains

- il tient à l’importance de l’élection présidentielle (scrutin majoritaire, uninominal : pas d’intérêt à disperser les voix). Régulièrement laminage des petits partis qui cherchent une 3ème voie. 1912 :

Progressistes de Theodor Roosevelt : Socialistes d’Eugen Debbs :

27% 6%

- les 2 partis ont été définis dans la Civil War… - Nordistes entendaient alors défendre les intérêts généraux de l’Union ≠ le particularisme du Sud. —> Le Parti républicain se présente comme le parti de l’Unité nationale.

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- Sudistes estimaient défendre la liberté contre la tyrannie nordiste, soutiennent les Etats contre l’Etat fédéral, l’individu contre l’Etat. —> Héritage démocrate.

- … ce qui ne va pas sans ambigïtés - Parti républicain = parti du big business, mais c’est aussi le parti de l’anti-esclavagisme (le + « démocrate » donc…). Est à l’origine du 13e amendement. - Parti démocrate = parti des grands propriétaires ségrégationnistes, mais s’oppose au big business. Une partie des ouvriers vote démocrate (ex. les derniers immigrants).

- Les traits généraux des 2 partis : Parti républicain : - Parti de l’autorité et des positions acquises (père fondateur : Hamilton, siège à droite en 1787). - Défenseurs intransigeants du non interventionisme en matière économique et sociale. Sévérité à l’égard du mouvement ouvrier —> Apparaît comme le parti du BB (industriels, hommes d’affaires, banquiers) - Parti des Yankee, des puritains, de la protection morale (les WASP) —> parti conservateur et largement protestant. - Domine la vie politique de 1860 à 1932 (sauf sous Wilson de 1913 à 1920) Parti démocrate : - Fait figure de parti d’opposition - Défend toute une série de catégories sociales : consommateurs, minorités religieuses (catho), immigrants récents… mais ségrégationniste - S’élève contre la tutelle des trusts —> le parti de la « revendication populaire »

- Des partis néanmoins plus proches qu’il n’y paraît en 1914 : - ne remettent pas en cause les institutions —> des partis « conservateurs » - Fonctionnent de la même façon, même si moyens du PD sont moins importants. => « blanc bonnet, bonnet blanc » : un sentiment qui explique la faiblesse de la politisation (cf participation électorale ≤ 50 % En fait l’expression de la vie politique passe par d’autres moyens d’expression : tout un ensemble de groupements, ligues, associations

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C — Politique et monde des affaires : des relations étroites 1°) Le poids direct de l’oligarchie financière sur la vie politique - Elle finance les partis Fonctionnement des partis exige une grande quantité de fonds. Très vite partis aux mains des notables et puissances financières (cf républicains). - Elle conditionne l’opinion - la chaîne Hearst (William Randolph Hearst - Citizen Kane, Orson Welles) 1919 : possède 13 quotidiens, 6 magazines, 1 agence de presse (INS). 1923 : 22 quotidiens qui tirent à 3 M d’exemplaires, 9 magazines (2,7 M d’ex.) —> 1 famille sur 4 achète alors un publication Hearst. Hearst Castle (le Xanadou de CK, construit entre 1919 et 1947) - Les grandes agences qui collationnent les nouvelles sont tenues par la grande finance : Associated Press appartient à American Telegraph & Telephone (Rockfeller)

2°) Des moyens de domination indirects - les lobbies BB n’est pas le seul à recourir aux lobbies, mais compte-tenu de ses moyens financiers, les groupes de pression qu’il contrôle sont puissants et efficaces. Peuvent être permanents (Syndicats patronnaux [National Association of Manufacturers] ; chambres de commerce) / conjoncturels (fonctionnent au Congrès, à l’occasion d’un vote). - une pratique qui aboutit facilement à la corruption Distribution d’argent camouflée (dons sous forme de rémunération de services fictifs) Inflation du nombre d’avocats d’affaires Patronnage, octroi de prêts à faible taux d’intérêt ≠ concessions de chemin de fer ; Après WW1, évolution vers le gangstérisme (hommes politiques recrutent hommes de main pour lutter contre opposants) Cf littérature : Dashiel Hammet, Les moissons rouges, 1929 Dès 1914, collusion étroite entre monde politique et pouvoir de l’argent.

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3°) Le progressisme : une forme de réaction à cette emprise - Un courant qui met au premier plan la nécessité de réformes sociales et politiques Il s’agit, dans l’esprit de ses initiateurs, de répondre aux tares de la société américaines, ie : Réduire les inégalités, l’injustice sociale / rétablir la démocratie (restaurer les droits du peuple et assainir la vie politique corrompue par les machines des partis et le BB) —> passe par une limitation du pouvoir du BB en donnant plus de poids à l’Etat fédéral. - Un courant qui ne débouche pas sur la création d’un parti nouveau mais attire à lui à la fois démocrates et républicains. - Pourquoi les démocrates ? On retrouve un des thèmes qui leur est cher = la lutte contre le Nord, contre l’oligarchie financière (+ référence à Jefferson et à 1 idéal démocratique - Où sont les progressistes démocrates ? Pas dans le Sud mais dans le Nord et l’W —> dans les zones de faiblesse du parti démocrate. - Leur drapeau = la New Freedom : Idée que les fondateurs ont créé les bases de la liberté mais que l’évolution ultérieure a perverti l’héritage. Programme passe par une présidence forte et un Congrès interventionniste, seuls moyens de lutter contre le BB. Pourquoi les républicains ? Pourtant parti de l’ordre social et de l’oligarchie financière. Cf Theodore Roosevelt (1901-1909) : Donner des réformes pour désamorcer les tensions sociales —> 1 conservatuisme intelligent. - leur projet = le New Nationalism : défendre les intérêts de l’ensemble de la Nation contre les intérêts égoïstes de l’oligarchie financière —> BB contrebalencé par un big Government => Une imprégnation progressiste dans les 2 partis

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Permet aux 2 partis d’infléchir leur programme, selon le lieu, en direction des « progressistes » ou des « orthodoxes ». Ex. : Parti démocrate présente des « orthodoxes » dans le Sud, mais des démocrates progressistes dans le NE industriel (1910 : Woodrow Wilson élu gouverneur du New Jersey)

- Portée et limites des mesures progressistes - Quelques mesures à caractère pol visant à corriger points non encore démocratiques de la constitution (ex. : en 1913, avec le vote du 17e amendement, les sénateurs sont élus au SU ) - Essentiellement mesures sociales Emergence d’une nouvelle attitude du gouvernement fédéral / conflits sociaux -1902 : lors d’une grève de mineurs en Pennsylvanie, Roosevelt impose l’arbitrage fédéral. - 1914 : le Clayton Act vient suppléer le Sherman Act (loi anti-trust surtout utilisée pour briser les coalitions syndicales). En distinguant monopoles / coalitions syndicales, la loi reconnaît implicitement l’existence des syndicats. - Vote de loi protégeant le travail des femmes : journée de 8 heures dans les entreprises bénéficiant de contrats du gouvernement fédéral.

- Un bilan en ½ teinte - Mesures sont loin de couvrir la totalité du programme des progressistes et laissent ± inentamée la puissance de l’oligarchie financière. Ex. : 1911 : Procès de la Standard Oil —> La société se divise mais formation d’un holding… - Lois sociales souvent invalidées par la Cour Suprême / conditions ouv. améliorée, pas transformée / Syndicats toujours pas reconnus. - Impôt sur le revenu en 1913 (16e amendement) mais n’est pas progressif - Peu de choses du côté de l’immigration récente / rien pour les AfroAméricains… Néanmoins, ces réformes ont introduit dans la société américaine une grande nouveauté = le fait que le dogme du non interventionnisme soit battu en brèche.