Cartels de l'exposition "Regard collectif"

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Conception scientifique : Thierry Bonzon, Maud Chirio, Angelos Dalachanis, Vincent Lemire Conception graphique : Jean-François Hamet Expertise photographique : Wilfrid Estève Traitement des photographies : Souâd Mechta Tirages : Laboratoire Négatif+ Conception du site web : Carole Andriantsitohaina, Sophie Boiche, Anne Delort, Jean-François Hamet, Léonore Savoye

Remerciements à : Franck Alary, Stéphanie Alexandre, Georges Azenstark, Venceslas Biri, Maurice Béguin, Olivier Brillanceau, Elisabeth Bruneaux, François Brunet, Vanessa Caru, Julien Cassagne, Joël Clesse, Joshua Cole, Alexandre Courban, Maxime Courban, Antony Daguet, Richard Delaume, Sandra Fastre, Isabelle Franqueza, Marie Guiraud, André Gunthert, Pascal Janots, Paulette Jourda, Claude Khazizian, Virginie Leroy, Jean-Claude Lescure, Morgane Louis, Catherine Lafitte, Silvère Magnon, Laurent Maillot, Maguette Mbow, Julien Michot, Frédéric Moret, Guillaume Nahon, Vincent Nozick, Marie-Ange Paquita, Audrey Pena, Yann Potin, Chantal Prévost, Cécile Robert-Cuny, Romain Robinet, Timothée Roldao, Julie Rosiaux, Fabrice Savel, Claire Sécail, Jens Schneider, Michel Tartakowsky, Jeanne & Raymond Tessier, Valérie Theis, Olivier Valentin, Bernard Vasseur, Sylvie Zaidman

Pilote du dispositif PICRI (Partenariat Institutions Citoyens pour la Recherche et l’Innovation), la Région Île-de-France a soutenu financièrement le projet « L’espace francilien dans le regard des photographes de l’Humanité » - dont est issue l’exposition REGARD COLLECTIF - depuis son lancement en 2010.

Les Archives départementales de Seine-Saint-Denis sont les dépositaires des archives photographiques des correspondants de l’Humanité. Elles procèdent régulièrement à la numérisation des milliers de clichés conservés dans leurs fonds.

Les enseignants-chercheurs et les étudiants de l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée mènent depuis plusieurs années des travaux de recherche sur les archives des correspondants - photographes de l’Humanité et contribuent à leur valorisation.

L’association Mémoires d’Humanité a pour vocation de valoriser les fonds de la photothèque du journal l’Humanité.

Le laboratoire ACP (Analyse Comparée des Pouvoirs) de l’Université Paris-Est Marne-laVallée est la structure d’accueil des enseignants - chercheurs impliqués dans le projet « L’espace francilien dans le regard des photographes de l’Humanité » dont est issue l’exposition REGARD COLLECTIF.

Free Lens est une association reconnue d’utilité publique où enseignants, chercheurs, passionnés et professionnels de l’image peuvent échanger et débattre autour de la photographie.

En partenariat avec les étudiants de l’IMAC, les étudiants du master CMW ont conçu l’ergonomie et les contenus éditoriaux du site acpregardcollectif.univ-mlv.fr

Le quotidien militant soutient activement le projet REGARD COLLECTIF. Il a notamment permis l’organisation de cette exposition de photographies dans le cadre de la Fête de l’Humanité.

Les étudiants de l’IMAC (Ingénieur Images Multimédia, Audiovisuel et Communication) ont plus particulièrement pris en charge le développement technique du site web de REGARD COLLECTIF.


Regard collectif Photographies des correspondants de l’Humanité Années 1950-Années 1990 1. Un pan méconnu de l’histoire du photojournalisme Le matériau photographique auquel s’intéresse cette exposition — plusieurs dizaines de milliers de clichés conservés aux Archives départementales de Seine-Saint-Denis — est le fruit d’une expérience originale initiée par l’Humanité, organe de presse du principal parti politique de l’après-guerre, le PCF. Entre le milieu des années 1950 et la fin des années 1990, l’Humanité s’est dotée d’un réseau de correspondants photographes, animé par Michel Tartakowsky et Paulette Jourda. Ce réseau, qui a compté jusqu’à 5 000 membres en 1968, dont une bonne moitié en région parisienne, est constitué de bénévoles : de simples militants à qui le journal confie un appareil photo et la mission de documenter les luttes et le quotidien de la classe ouvrière. Jusque dans les années 1950, moment de sa relative démocratisation, la pratique photographique n’a que peu à voir avec les milieux ouvriers. Il en va tout autrement de la production des correspondants-photographes de l’Humanité, de ce réseau dont un rapport du Comité central du PCF daté du 12 novembre 1954 nous dit qu’il compte alors “deux mille cinq cent membres, dont quatre cent cinquante métallos, cent cinquante cheminots, cent travailleurs du bâtiment, etc”.

« A l’écoute de le France grâce à ses milliers de correspondants ». Jacques Naret, Notre Richesse, 18 octobre 1960, Archives départementales de SeineSaint-Denis, 188J7

Ouvrières, collectives, engagées et enracinées, les photographies des correspondants montrent des réalités largement ignorées par les clichés des agences de presse et des photographes professionnels. Comme le résume le bulletin de liaison des correspondants photographes du 16 avril 1974 : « …l’appareil photographique de centaines de correspondants a changé de fonction pour s’intéresser à tout le monde ignoré photographiquement ».

Cette expérience, qui s’est achevée à la fin des années 1990, reste encore très mal connue alors qu’elle préfigure le journalisme citoyen, aujourd’hui porté par la réactivité de la « toile » et le dynamisme des web-reporters.

Bandeau du bulletin de liaison des correspondants de l’Humanité. Notre Richesse, 3 mars 1961 Archives départementales de SeineSaint-Denis, 188J7

Les dizaines de milliers de photographies produites par les correspondants de l’Humanité documentent de multiples aspects de la vie urbaine : travaux d’aménagement, chantiers et mutations des paysages urbains, manifestations ouvrières et accidents de circulation, espaces en friche, événements associatifs, manifestations sportives communales et commémorations locales dans la banlieue rouge. L’exposition Regard Collectif, montée dans le cadre de l’édition 2012 de la fête de l’Humanité, en montre une sélection centrée sur les mouvements sociaux, les luttes et l’engagement militant, principalement en Île-de-France.


Regard collectif Photographies des correspondants de l’Humanité Années 1950-Années 1990 2. Quarante années de photographies au service de l’engagement communiste Héritiers des Rabcors de la Pravda et du réseau des Correspondants ouvriers de l’Humanité, les correspondants photographes pratiquent un « engagement photographique » dont la raison d’être est d’abord la documentation des luttes à l’échelon local, construisant pied à pied ce que le Bulletin de liaison Correspondant H du 16 avril 1974 qualifie de « plus riche des photothèques de l’histoire des luttes de notre temps ». Mouvements de grève et manifestations, actions militantes en faveur de la paix ou contre l’OTAN, célébration du centenaire de l’Humanité, commémoration de la Commune de Paris : dès la naissance du service, à l’orée des années 1950, c’est une photographie de combat qui s’affirme au travers des sujets photographiés. Il s’agit alors, en pleine guerre froide, à un moment où le PCF est devenu un parti d’opposition au service des luttes ouvrières, de contourner les agences photographiques « bourgeoises », de conquérir la même autonomie que celle acquise par le journal face aux agences de presse dans l’entre-deux-guerres. En s’étoffant, le réseau des correspondants est en prise avec les luttes animées par le mouvement communiste, qu’il s’agisse du combat contre l’impérialisme américain ou de la défense de la paix en Algérie. Cette force, le Bulletin de liaison Correspondant H l’exprime dans son numéro du 16 avril 1974 : « Nous sommes aujourd’hui en mesure de couvrir tous les événements. (…) Soyez avec vos appareils photographiques partout où s’exprime et combat l’homme de notre temps. C’est ça la photo » Plus que jamais, les correspondants donnent une vision alternative des luttes qu’ils photographient. C’est assurément le cas pour les clichés de mai 1968 qui montrent, loin des images des agences de presse, un Paris moins étudiant et plus ouvrier, la banlieue rouge plus que le quartier latin. Car la force et la singularité de cette production photographique viennent de ce qu’elle est portée par un regard endogène et familier. C’est ce qu’avance le même bulletin, évoquant « cette authenticité, cette aptitude à montrer, [qui] constituent souvent, même si elles pêchent techniquement quelquefois, la qualité première des photos qui nous sont adressées ». Les années 1980 amorcent le déclin rapide du service des correspondants photographes. Les clichés produits, qui documentent de nouvelles formes de mouvements sociaux (lutte contre le racisme, contre les restructurations industrielles), n’en continuent pas moins à illustrer ce qui a fait la force de cette production : une démarche collective, engagée, enracinée.


Regard collectif Photographies des correspondants de l’Humanité Années 1950-Années 1990 3. À l’école d’une photographie populaire et humaniste Le « regard collectif » dont témoigne le matériau photographique rassemblé ici est porté par une culture commune construite, année après année, au travers de deux instances : les écoles photographiques du service des correspondants, d’abord, les bulletins de liaison, ensuite.

La création des écoles photographiques est contemporaine de la structuration du service en véritable réseau dès 1954. Grâce aux écoles photographiques, plusieurs milliers d’ouvriers se sont vus dispenser, via des cours du soir ou des sorties sur le terrain le week-end, une éducation populaire à l’image. Pour certains d’entre eux, cet enseignement a pu déboucher sur une véritable professionnalisation dans le domaine de la photographie. Dans ces cours du soir d’un genre particulier, les enseignants étaient quant à eux tout sauf des amateurs : Robert Doisneau, Paul Almassy, Jean-Marie Baufle ou Guy Le Querrec y ont tour à tour professé. L’autre socle de cette culture commune est constitué par les bulletins de liaison adressés chaque mois aux correspondants photographes, dans lesquels un certain nombre de conseils techniques sont donnés en vue de réaliser les images que l’Humanité accueillera dans ses colonnes. On retrouve ces prescriptions dans la plupart des clichés de manifestations présentés ici : photographies magnifiant la foule, montrant la densité et la variété du cortège, alternance de plans larges — si possible en plongée, depuis l’étage élevé d’un immeuble — et de vues prises au contact de celles et ceux qui défilent, exprimant l’enthousiasme et l’implication des manifestants. Avec le refus de toute hiérarchie entre « image légitime » et image secondaire, avec la recherche du « singulier-banal », avec la mise en avant du quotidien ouvrier contre la « photo-événement » des agences de presse c’est aussi un véritable manifeste en faveur d’une photographie populaire et humaniste qui se dessine au fil des numéros :

« Paris et sa région abritent mille événements quotidiens qui prennent de l’importance si on les saisit pour les exprimer par les mots ou l’image. Oui, c’est bien cela ; qu’est-ce qui est important et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Allez savoir ! Disons-nous alors que tout est important ». (Alfred Gerson, Bulletin de liaison des correspondants de l’Humanité, 1970).

Les clichés, s’ils paraissent dans les pages du journal, sont crédités « Correspondants photographes Huma ». L’effacement de l’auteur est ainsi une autre manifestation de cette culture commune. C’est là sans doute l’un des aspects les plus saisissants de cette démarche photographique : à rebours des logiques d’affirmation de l’auteur, si puissantes dans le monde du photojournalisme, c’est un acte collectif et une œuvre partagée qui sont ici revendiqués.


Regard collectif Photographies des correspondants de l’Humanité Années 1950-Années 1990 4. Au delà de l’exposition Regard Collectif Cette exposition est le fruit d’un projet de recherche qui s’attache au versant parisien de la production des correspondants photographes de l’Humanité. Financé par le Conseil régional d’Île-de-France, le programme de recherche « L’espace francilien dans le regard des photographes de l’Humanité » a été retenu dans le cadre de l’appel à projet « Partenariat Institutions et Citoyen pour la Recherche et l’Innovation » (PICRI) initié par la région Île-de-France. Débuté en 2010 il s’échelonne sur trois années. Il implique le laboratoire « Analyse comparée des pouvoirs » de l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée, en partenariat avec l’association « Freelens », le master Cultures et Métiers du Web, l’école d’ingénieurs IMAC, l’association « Mémoires d’Humanité » (chargée de la conservation et de la valorisation des archives du journal) et les Archives départementales de Seine-Saint-Denis, dépositaires des archives de l’Humanité. Il se donne pour objectif la collecte, l’exploitation et la valorisation de la production photographique des milliers de bénévoles qui ont œuvré au service du journal l’Humanité, arpentant la région parisienne entre les années 1950 et la fin des années 1990. À ce titre, le projet vise plus généralement à enrichir, dans le cadre d’une histoire par la photographie, notre connaissance de l’espace francilien, des hommes et des femmes qui l’ont construit. De la constitution d’archives orales à la définition de sujets de recherche en passant par le réalisation d’un site web dédié, ce projet repose sur l’implication d’étudiants de l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée dans le cadre de leur formation à la recherche ou professionnelle. Dans le même temps, il s’adresse à un public que les institutions de recherche ne touchent qu’occasionnellement : enseignants du secondaire, lycéens, collégiens, militants politiques et associatifs. Enfin, Regard Collectif c’est aussi un site web qui permet de prolonger l’expérience proposée dans le cadre de la fête de l’Humanité. Pour découvrir de nouveaux clichés, nous aider à documenter les archives photographiques des correspondants, nous faire part de vos commentaires, nous adresser des clichés, retrouver les itinéraires franciliens des photographes ou exploiter en cours ce patrimoine iconographique, n’hésitez à vous connecter sur le site de REGARD COLLECTIF :

http://acp-regardcollectif.univ-mlv.fr


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