Expose — La figure de l'amateur (Emilie NARQUIN)

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LA FIGURE DE « L’AMATEUR » EN PHOTOGRAPHIE


SOMMAIRE I.

L’amateur au début de la photographie 1.  L’amateur éclairé 2.  Les réseaux amateurs 3.  L’amorce d’une lutte amateur-professionnel

II.

L’expansion de la pratique amateur à travers le XXème siècle 1.  La guerre au service des pratiques amateur 2.  D’un mode d’expertise à un mode d’appropriation 3.  Le photojournalisme en guerre contre l’amateur

III.  L’amateur au temps de la révolution numérique 1.  « Les touristes du quotidien » 2.  De la plateforme participative à l’image conversationnelle 3.  Culte ou criminalisation de l’amateur


I. L’Amateur au début de la photographie 1. L’amateur éclairé •  Il existe une pratique amateur dès les débuts

de la photographie. Ce sont des amateurs :

-Qui font partis d’une élite -Érudits, la plupart scientifique -Désireux de faire progresser la photographie

•  Véritable essor de la pratique amateur dans

les années 80, avec l’instantanée.

Publicité / notice d’explications Kodak 1888


I. L’Amateur au début de la photographie 2. Les réseaux amateurs •

Les clubs photographiques participent à l’essor de la pratique amateur. Evolution de leur fonctionnement en 1880 : - Amateurs d’horizons variés, même si toujours de la bourgeoisie -Début XXème, s’ouvre à la classe moyenne.

àEspace social commun : Exemple du Portofolio intinérant. •

Les expositions pour les amateurs : -Réservées aux amateurs

-But de développer une culture photographique commune et d’améliorer le jugement de chacun. à Création de leurs propres réseaux Affiche de l’exposition internationale de photographies d’amateurs, Hambourg, 1893.


I. L’Amateur au début de la photographie 3. L’amateur contre le professionnel •  Il existe donc deux circuits d’informations indépendants. •  Les professionnels contre la concurrence des amateurs •  Promotion par les amateurs d’un mythe de l’amateur, père de la photographie.

à Autonomisation des amateurs par rapport aux professionnels qui s’appuie sur l’idée d’un progrès du goût, et d’un détachement des préoccupations financières.


II. L’Expansion de la pratique amateur à travers le XXème 1. La première guerre mondiale au service de la photo amateur. « 1er véritable début de la démocratisation du portrait photo » (Sylvain Maresca). •

La photographie touche d’une certaine manière, toutes les strates de la sociétés françaises. •

Sauf conduit délivré à Yves Page le 25 août 1915.

Un des premiers appels massifs des journaux pour obtenir des visuels amateurs, avec notamment le Miroir en : « La photo la plus saisissante de la guerre ». •

Yves PAGE entouré de soldats portant la coiffe des tirailleurs, 1919.


II. L’Expansion de la pratique amateur à travers le XXème 2. D’un mode d’expertise à un mode d’appropriation •  Dès 1930, on voit toutes les classes sociales, et notamment la jeunesse s’approprier la

photographie.

•  Entrée progressive de la photographie dans la sphère privée •  L’amateur ne désigne plus un « mode d’expertise » mais un « mode d’appropriation »

àL’Amateurisme commence à signifier la « pratique de loisirs dévalorisée et dépréciée dans un lent processus ».

Photographie d’ouvriers 1930


II. L’Expansion de la pratique amateur à travers le XXème 3. Le photojournalisme en guerre contre l’amateur •

La charte de 1918, publiée dans Le syndicat des journalistes, Associations de défense et de disciplines professionnelles : -définit « Qui est journaliste » et ses caractéristiques. -discrédite les « faux journalistes », les « occasionnels ».

La loi du 29 mars 1935 -Cette loi définit « l’exercice professionnel du journalisme, en partant d’exclure des exercices concurrents ». -L’amateur est défini par tout ce qu’il n’est pas, face aux professionnels, amorçant le sens négatif actuel de l’amateur.


III. L’amateur au temps de la révolution numérique 1. « Les touristes du quotidien » •

Début 2000, on est face à une révolution technique. Le numérique bouleverse la production des images et donc la pratique amateur.

C’est une « autonomisation sans précédent des pratiques culturelles » (André Gunthert).

Nous devenons « tous photographes » (André Gunthert).

« Tous journaliste?» Libération, 20-21 août 2015 (photo Rob Griffith, AP)


III. L’amateur au temps de la révolution numérique 2. De la plateforme participative à l’image conversationnelle •  Création de plateformes de partage de masse de contenu visuel

-Création pour les amateurs d’« univers parallèles, sous la forme de réseaux sociaux, régis par leurs propres logiques d’échanges », des « médias alternatifs » (André Gunthert).

•  Qui implique une nouvelle pratique de l’image :

-L’image conversationnelle -L’image accède à « l’universalité d’un langage » (André Gunthert),

àDébut du mythe vertueux de l’amateur


III. L’amateur au temps de la révolution numérique 3. Culte ou criminalisation de l’amateur •  Les attentats de Londres 2005, marquent le début des grands débats journalistiques sur le culte de l’amateur, -Andrew Keen : « Le culte de l’amateur, ou comment Internet détruit notre culture ».

•  Or les photographies amateurs n’ont pas envahis les médias, la presse régit le processus, -Pas de concurrence directe avec celles des journalistes, elles sont traités par eux, -Et ont une valeur de témoignage. C’est plus un sous genre. •  Le terme amateur, dont le sens est devenu négatif, serait donc une « commodité de langage, facilitant par un mécanisme d’inclusion et de distinction, la délimitation de ce qui relève du journalisme » (Laurie Schmitt).

Adam Stacey/Kevin Ward (en haut), Alexander Chadwick (en bas) photographies au camphone des attentats de Londres 7 juillet 2005


CONCLUSION •  « Loin d’être futile la question de l’amateur est l’une des grandes question de

Conclusion

notre société. Aujourd’hui sans doute plus que jamais » (Roger Odin, 1999)

•  Malgré un sens négatif du terme amateur, et de sa « criminalisation» par les

journalistes, les pratiques amateur commencent à être considérées dans plusieurs domaines.

•  Le terme amateur est tellement défini dans une opposition à professionnel, qu’il

faudrait peut être envisager d’utiliser un autre mot, qui définirait vraiment tous les pans de la pratique amateur.


BIBLIOGRAPHIE •  André Gunthert, L’image partagée; La photographie numérique, Paris : Textuel,

2015.

•  Patrice Flichy ,Le sacre de l’amateur; Sociologie des passions ordinaires à l’ère

numérique, Paris : Seuil-La République des idées, 2012.

•  Christian Joschke, « Aux origines des usages sociaux de la photographie. La

photographie amateur en Allemagne entre 1890 et 1910», Actes de la recherche en sciences sociales 4/2004 (no 154) , p. 53-65

•  Laurie Schmitt, Quand les médias utilisent les photographies des amateurs,

Paris : Le Bord de l’eau, 2012.


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