LE SENS DE L’ENGAGEMENT DE L’AGENCE FRANCAISE DE DEVELOPPEMENT EN AMERIQUE LATINE COMPTE RENDU
Intervenants : Philippe ORLIANGE, directeur du Département Amérique Latine et Caraïbes de l’AFD. Date : 22 mars 2013 Lieu : Institut des Amériques
Compte rendu : Le sens de l’engagement de l’AFD en Amérique latine 22 mars 2013
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Le sens de l’engagement de l’AFD en Amérique latine L’Agence française de Développement, contrairement à ce que son nom indique, n’a rien d’une agence. Il s’agit en fait d’une banque, d’une banque de développement. Et cela est encore plus vrai dans les pays latino-américains. Cette dernière prête au Brésil, au Mexique, à la Colombie et au Pérou. L’Agence française de Développement voit le jour en décembre 1941 à Londres sous le nom de « Banque de la France libre ». Ses missions se dirigent alors principalement vers l’Afrique subsaharienne. Petit à petit ses actions s’étendent à d’autres continents, en Asie d’abord et ensuite en Amérique latine. Elle est un instrument de l’Etat français qui en est le principal actionnaire. A l’image des autres banques, elle accorde des prêts dans les pays en développement ou dans les pays émergents mais elle se différencie des banques traditionnelles en cela qu’elle offre des bonifications d’intérêts, c'està-dire, qu’elle prête à des taux avantageux. Sur le continent latino américain, l’AFD s’est engagé dans le soutien à la croissance verte solidaire. Cet angle d’attaque thématique semble pertinent puisqu’il répond à la fois aux exigences de l’AFD en termes de durabilité des projets et à celle d’un continent à la croissance soutenue curieux d’un savoir-faire français. Néanmoins, cette coopération fait l’objet d’un débat en France: quel sens y-a-t-il à aider des pays, à l’instar du Brésil, dont le taux de croissance annuel dépasse largement celui de la France ? Tout d’abord, ces pays ne bénéficient pas de taux préférentiels, l’AFD leur propose des prêts à taux de marché. Ensuite, il convient de souligner que l’AFD ne prête pas aux Etats mais aux collectivités locales et que l’échelonnement s’étale sur de longues périodes (25 ans). Enfin, l’action de l’AFD en Amérique Latine ne se limite pas à l’octroie de prêt mais s’étend également au domaine de la coopération technique. Un des axes de coopération phare est celui de l’aménagement urbain. En effet, le continent latino américain est le continent le plus urbain au monde, justifiant par là son adhésion au mandat d’appui à une croissance verte. Cette coopération est le fruit d’une rencontre entre une demande latino américaine en matière d’expérience et d’expertise française et l’offre de l’AFD. Ainsi l’AFD a-t-elle financé divers projets : le PECC (Programa Especial Sobre Cambio Climático) au Mexique, la politique urbaine de la ville de Rio de Janeiro, une politique d’inclusion sociale dans le Minas Gerais, les transports de Curitiba, le développement urbain intégré à Medellin, un programme de reboisement en République Dominicaine ainsi que la ligne 2 du métro de Saint Domingue etc. Afin d’éviter l’alourdissement des dettes publiques des pays latinos américains, l’AFD attribue des prêts aux gouvernements locaux (gobiernos locales) sans demander de garantie à l’Etat. Cependant, les constitutions de certains pays ne permettent pas ce règlement. L’article 118 de la constitution mexicaine ne permet pas aux états fédérés mexicains tout comme aux municipalités d’emprunter. De même, au Brésil, l’Etat Fédéral doit toujours se porter garant des prêts attribués à ses parties. Si l’AFD a la capacité de prêter des sommes importantes à l’échelle d’un Etat, comme ceux du Brésil, elle a également coutume d’accorder des prêts à des entreprises publiques. Contrairement aux idées reçues, héritières de la décennie perdue, la qualité du risque en Amérique Latine est supérieure à d’autres pays. D’autant plus que les projets soutenus par l’AFD font l’objet d’un cofinancement avec
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la BID, la CAF ou même l’Union Européenne et de partenariats avec l’Institut des Amériques ou encore la CEPAL. Alors qu’il est souvent avancé que la France connaît une certaine décadence en Amérique Latine, les correspondants de l’AFD sur place témoignent que plusieurs institutions locales considèrent le savoir-faire français en matière d’aménagement du territoire. A cette demande d’expertise s’ajoute une demande industrielle à laquelle l’AFD répond également. Ce qui conduit l’AFD à devenir de plus en plus l’opérateur de la coopération technique en Amérique Latine. Il existe un réel débat sur la coopération dans les pays émergents : « l’action de l’AFD au Brésil s’élève 711 000 000 d’euros : pourquoi alors financer la sixième puissance mondiale ? » « Que fait l’AFD au Mexique ? Car ce qu’elle finance au Mexique elle pourrait le financer au Mali ! ». Néanmoins l’AFD n’agit pas de la même manière au Mexique qu’au Mali. Elle répond à une logique thématique. Et c’est au nom de cette cohérence thématique qu’elle tend à élargir son périmètre d’action en Amérique Latine. En effet, à la volonté du Ministère des Affaires Etrangères, l’action de l’AFD se restreint aux trois grandes puissances économiques du continent: le Brésil, le Mexique et la Colombie. De même, dans les Caraïbes, seul Haïti, et par extension, la République Dominicaine font l’objet d’une coopération avec l’AFD. En revanche, PROPACO, le bailleur privé de l’AFD est autorisé à intervenir sur l’ensemble du continent. PROPACO est détenu à 70% par l’AFD et à 30% par des institutions privées. Sa mission consiste à financer des entreprises locales.
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