Vers la disparition progressive de Rikuzentakata - Thomas Morineau

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Thomas Morineau 2016

Professeurs encadrants : Steven Melemis Ariane Wilson


MLIT :

Ministry of Land, Infrastructure, Transport and Tourism. Aussi appelé en japonnais : Kokkosho Produit 1/3 des lois 62 500 employés 06/01/01

Orgware :

L’Orgware, est envisagé comme un faisceau de déterminants économique, politique ou administratif qui façonnent un paysage invisible de contraintes et d’opportunités, qui forme à lui seul le Datascape. Crimson Architectural Historians, 1994, Rotterdam

Reconstruction Agency :

Agence gouvernementale indépendante crée dans durant le temps de la reconstruction, principalement en charge de la gestion du budget. Appelé aussi le Fukko-Cho. «Plan, Coordinate and Implement the national policy on reconstruction» 02/12/2012 > 03/03/2021

Résistance :

Action de résister à une force, un phénomène, se prémunir du risque, force qui s’oppose à un fluide. En psychanalyse, manifestation du refus de reconnaitre un matériel inconscient. La résilience par résistance, consistera à déployer des moyens de protection, dans une logique militaire, l’aléa est un ennemie dont il faut se défendre.

Vulnérabilité :

Mesure de l’endommagement en ce qu’elle révèle la fragilité intrinsèque du système, rendue par l’amplitude des dommages ou son niveau maximum.


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ANALYSES CONCEPTUELLES

24 TERRITOIRE

‘‘Moon’’ - Massachussetts College of Art and Design, ©Jessica Senbazuru

Cartographie de la côte de Tohoku - production personnelle

10 MESURE DE LA

30 VISITES ET RELEVÉS

RÉSILIENCE

Comment évaluer la résilience de l’objet urbain? Étude de la résilience toxique de la Nouvelle-Orléans Post-Katrina

20 RÉSILIENCE

D’INTÉGRATION ? Résilience par résistance Vs. résilience par absorption. Opposition à l’aléa, ou intégration de ce dernier comme paramètre génératif de la ville ?

Impacts du GEJE 11 sur le territoire de Tohoku, Récupération des communautés et compréhension des enjeux par l’expérience du site

42 STRATÉGIE DE LA

RECONSTRUCTION Le choix d’une résilience par résistance dans la reconstruction de la côte de Tohoku : un système à questionner, une stratégie parallèle à developper


48 RIKUZENTAKATA - LE PROJET

Cartographie imaginaire de Rikuzentakata entre forêt, terre, mer - production personnelle

50 HABITANTS ET TERRITOIRE

86 VERS LA DISPARITION PROGRESSIVE DE RIKUZENTAKATA

Exploration du territoire et de ses usagers, Comprendre le site et ses histoires humaines

Projet cyclique de renaturalisation de l’environnement urbain

ÉVOLUTION

56 MORPHOLOGIQUE Définition des temporalités marquantes de transformation du système urbain, opposition des modes de vi(ll)es

68

COMPRENDRE LE SITE ET SES ENJEUX Inventaire d’objets représentatifs de mon expérience de la ville en reconstruction

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CONCLUSION

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BIBLIOGRAPHIE

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INTERVIEW


QUELLE RÉSILIENCE POUR LA RÉGION DE TOHOKU APRÈS LE GEJE11 ?

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Carte de la côte de Tohoku entre Kensennuma, Rikuzentakata et Ofunato


Le 11 mars 2011, survient au Japon un tremblement de terre de magnitude 9 à quelques kilomètres seulement des côtes de la région de Tohoku. Le bilan est très lourd et de nombreuses villes sont rayées de la carte. C’est le cas de Rikuzentakata, au sud de la préfecture d’Iwate. Le 11 mars, à 14h46, une vague de plus de 15 mètres engloutit la ville. Le nombre de victimes s’élève à plus de 1650, et plus de 80% des 8000 bâtiments impactés ont été emportés par la vague. La question de sa reconstruction se pose directement après la catastrophe et mobilise une quantité sans précédent d’acteurs locaux et nationaux. Une question semble se poser très rapidement : l’architecture est elle encore possible dans ce contexte de crise ?

L

a question qui m’intéresse est celle de la résilience du système urbain, et rural dans un contexte de crise cyclique, prévisible et inévitable. Le Japon, de par sa situation géographique et sa topographie, ne peut faire autre chose que de subir ces aléas. La question de la récupération suite aux dommages causés est à mon sens capitale. À Rikuzentakata, les dommages furent tels que le système urbain aura besoin de nombreuses années pour retrouver un fonctionnement « presque normal ». Après cinq ans de reconstruction, la ville n’en est toujours pas une, les réfugiés qui ont tout perdu vivent pour beaucoup encore dans des logements temporaires, et peu d’activité, industrie, ou même espace de loisir n’a vraiment vu le jour depuis la destruction. Quelle alternative pour la reconstruction de la côte ?

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Le Japon connaît depuis de nombreuses années une crise sociale très complexe, qui se traduit en partie par un abandon des régions rurales et un ralentissement du renouvèlement de la population, conduisant au vieillissement exponentiel de celle-ci. La ville de Rikuzentakata ne fait pas exception. Dans ce contexte très particulier, je m’intéresse donc à la reconstitution d’un système intégrant la récupération de l’aléa dès sa conception. « Si être résilient signifie garder la même structure qualitative, il est impératif que le système urbain perdure, et ne soit pas simplement récupéré1 ». Dans cette logique, je m‘intéresse à l’absorption de l’aléa par le système qu’il touche et je parle donc de résilience par assimilation.

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La reconstruction des zones sinistrées débute au lendemain de la catastrophe et, selon le calendrier prévu par le gouvernement, le 11 mars 2016, nous arriverons au terme de la première phase. Le concept de résilience, de plus en plus employé dans le domaine de l’urbanisme, se manifeste dans la quasi-totalité des tentatives d’application par une opposition à l’aléa. Dans une logique toute militaire, on dresse des 1 LHOMME Serge, « Penser la résilience dans un contexte de crise », 2012, dans DJAMENT-TRAN Géraldine, REGHEZZA-ZITT Magali, Résiliences Urbaines : Les villes face aux Catastrophes, Fronts Pionniers Le Manuscrit, Paris, 2012, p. 334.

murs pour se protéger de l’ennemi. Cette position de résistance est extrêmement coûteuse et me semble disproportionnée dans un contexte social et économique instable, comme celui de cette région du Japon, mais surtout dans un environnement autant sujet aux aléas dévastateurs. En effet, l’histoire du Japon est secouée par des tremblements de terre récurents et des tsunamis apparaissent selon des cycles à priori prévisibles. Le GEJE 11 (Great East Japan Earthquake de 2011) fait partie des tsunamis de niveau 2, en opposition aux tsunamis de niveau 1. Niveau 1 : (Tsunami Protection Level) Ce type de tsunami apparaît selon une occurrence de 50 à 70 ans. Il produit des inondations de moins de 10 m. On connaît la force de ces vagues et les techniques de protection sont suffisamment développées pour s’en protéger. Niveau 2 : (Tsunami Evacuation Level) Ces aléas sont plus rares, mais également inscrit dans un cycle récurent qui s’étend de 100 à 200 ans maximum. Depuis 2000 le GEJE11 fut le deuxième tsunami de niveau 2 – avec le tsunami de 2004 qui toucha notamment la Thaïlande. Il se manifeste par des vagues bien plus hautes et une inondation pouvant aller jusqu’à 20 ou 30 mètres.


La ville de Rikuzentakata, presque entièrement rayée de la carte après le passage de la vague, voit sa côte complètement transformée par la reconstruction. Suite à l’affaissement de son sol de près d’un mètre, des remblais de 10 à 15 mètres de haut sont en construction dans la plaine, réduisant ce paysage – classé parmi les plus inspirants du Japon par le poète Bashô – à un mur de protection poreux coûtant des milliards de yens. Mon projet prend donc la forme d’une étude rétroactive de la situation et de l’avancement de la reconstruction amenant vers une proposition alternative. Je souhaiterais par l’observation et l’analyse précise du système de la reconstruction en œuvre depuis 2011, proposer une alternative à cette logique de résistance et appliquer au système urbain, des principes d‘intégration de ces dangers dans la conception même de la ville, ce qui se manifestera sous la forme de proposition précise de programmes allant vers un même but : comment faire repartir le système urbain le plus vite possible ?

ici de comprendre quels ont été les leviers qui permirent la reconstruction de la ville, autant économiques que culturels. Cette analyse m’a permis de détacher des problématiques particulières, et surtout d’intégrer les différentes approches inévitablement liées à la culture du pays dans lesquelles elles se manifestent. Il était important de comprendre comment pouvait se faire l’évaluation de la résilience du système urbain. Les notions de ville « plus grande », « plus sûre » et enfin « plus juste » m’ont emmené vers la notion d’endommagement et d’assimilation – Deuxième article intitulé « Résilience par résistance VS. Résilience par absorption ». J’y explique comment le concept de résilience, par son instabilité sémantique, peut prendre des formes différentes quand il est étudié dans un contexte de système urbain.

Dans un premier temps, je me suis penché sur l’analyse de la reconstruction de la NouvelleOrléans2, présentée sous forme d’articles : « Comment évaluer la résilience de l’objet urbain ? – Étude de la résilience toxique de la NouvelleOrléans ». Il s’agit

Ne peut-on pas concevoir le danger de la vague, la force du tremblement de terre comme un paramètre de projet à intégrer directement dans la conception du système urbain au même titre que la course du soleil, ou le sens des vents dans la ventilation de la ville ? En d’autres termes, intégrer le traumatisme comme faisant partie intégrante du fonctionnement du système urbain.

2 Détruite en août 2005 par l’ouragan Katrina

On constate que la résistance du système urbain face à son environnement semble prendre le dessus par rapport à une approche plus douce d’assimilation des éléments.

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MESURE DE LA RÉSILIENCE RÉSILIENCE D’INTÉGRATION ?


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LA NOUVELLE - ORLÉANS 29° 58′ N 90° 03′ W KATRINA 2005

COMMENT ÉVALUER LA RÉSILIENCE DE L’OBJET URBAIN ? Étude de la résilience « toxique » de la Nouvelle-Orléans Post-Katrina


AU ÉTATS-UNIS, LA RÉSILIENCE EST LUE ET INTÉGRÉE COMME UN RITE DE PASSAGE ET MESURE DE VALEUR DANS LA DYNAMIQUE SOCIÉTALE

“Sans titre” - s.d - New Orleans, © Skinz n Bonez

Rebuild it Bigger? : L’optimisme de la catastrophe dans la culture américaine : la résilience est lue et intégrée comme un rite de passage et mesure de valeur dans la dynamique sociétale: l’incendie de Chicago en 1871, ou le tremblement de terre en 1906 à San Francisco ont été des formidables coups de fouet dans l’histoire de l’urbanisme américain. Dans cette perspective, envisager Katrina comme une opportunité de reconstruire n’est pas dénué de sens. Saisir cette catastrophe et ses dommages qui en découlent pour rebâtir une Nouvelle-Orléans plus vaste et plus puissante apparaît comme un réflexe cohérent avec “l’acceptation de la résilience aux États-Unis”. Cette logique de résilience par croissance apparaît donc comme un rite de passage, et mesure de valeur. Cependant, ce système n’est efficace que si l’environnement

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À

la suite d’un traumatisme, comment le système urbain se refait-il en relation avec un système social éclaté? La véritable question soulevée par la tentative d’évaluation de l’objet urbain dans un souci de résilience est la suivante :

Qu’est-ce qui FAIT la ville, et donc par extension qu’est-ce qui permet de la refaire?


économique et politique est dans une dynamique d’évolution. San Francisco et Chicago dans leur reconstruction respective étaient deux secteurs industriels très attractifs, en plein essor démographique. Par contraste, La Nouvelle-Orléans de 2005 perdait de sa population depuis plus de quarante ans, et son activité portuaire, faiblement pourvoyeuse d’emplois locaux n’était pas suffisamment stable pour imaginer un redressement démographique. Les tentatives politico-fiscales de faire de la Nouvelle-Orléans la « Hollywood du sud » datant de bien avant le passage de l’ouragan, ont certes rapporté quelques fruits, mais la croissance démographique – indicateur lourdement mesuré après le passage de Katrina – ne semble pas avoir été remis en question. Cette extension de la ville était-elle donc vraiment profitable ? Autrement dit, reconstruire « plus grand » était-il plus préférable que de reconstruire « plus sûr » ? -16-

Rebuild it Safer ? : La définition adoptée par les Nations Unies, détermine la capacité de résilience d’un système social par : “la capacité de ce système à s’organiser pour être davantage à même de tirer les enseignements des catastrophes passées pour mieux s’en protéger”.1 Cette définition, selon Julie Hernandez, est problématique à deux niveaux : 1) elle repousse la

1

Julie Hernandez, dans son texte « Résiliences Contradictoires et Résilience toxique dans la Nouvelle-Orléans Post Katrina » dans DJAMENT-TRAN Géraldine, REGHEZZA-ZITT Magali, Résiliences Urbaines : Les villes face aux Catastrophes, Fronts Pionniers Le Manuscrit, Paris, 2012, p.256

mesure effective de la résilience urbaine à la survenue d’un aléa similaire, 2) accentue la définition des relations homme/milieux comme stratégie de renforcement – en clair, les solutions d’ingénierie paysagère produisent des digues toujours plus hautes, plus larges (et plus chères !) pour palier à la disparition d’éléments naturels de protection. Apparaît donc une rigidification des lignes de défense urbaine, au détriment d’un entretien de la flexibilité qui garantirait une capacité d’adaptation plus durable face aux transformations des différents milieux. La résilience s’intéresserait donc à la forme urbaine, et à la nécessité d’y laisser des espaces « non déterminés » par exemple la constitution de zones non constructibles laissant place à des zones de respirations. La résilience se ferait donc par rationalisation spatio-temporelle ? La notion de durabilité des villes et donc l’hypothèse d’une ville plus sûre se ferait non pas par une surenchère d’investissement technique, mais par un réaménagement (synonyme de réduction de l’empreinte) urbain ?

Rebuild it Fairer ? : Comment négocier “résilience” et “justice sociale” ? : La résilience comme état de vi(ll)e et comme dynamique des rapports de la société à l’espace urbain, doit s’analyser par une filiation des notions de « justice spatiale » et de production de l’espace. La reconstruction d’une ville « plus juste » doit selon Julie Hernandez susciter deux interrogations : 1)l’espace produit peut il être considéré comme plus juste que celui d’avant la catastrophe ? 2) le mode de production de cet espace participe-t-il d’une plus p. 18


“Two men paddle throught the streets past the Claiborne Bridge in New Orleans on August 31, 2005” - 2005 - New Orleans, © Todd Leopold

“L’INJUSTICE SPATIALE N’EST PAS SEULEMENT UNE SÉRIE DE DYSFONCTIONNEMENT URBAIN QU’IL CONVIENT DE RÉSORBER, MAIS UN SENTIMENT PARTAGÉ PAR CEUX QUI EN SONT LES VICTIMES.” - Diane E. Davis

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KATRINA’s FACTS 23 août 2005 - 31 août 2005

Saffir-Simpson Categorie 3 902 hPa Vent maximum : 280 km/h Rayon : 650 km - dont 190km de vents cycloniques Sinistrés : 141 500 Morts : 1836 Dommages : 108 Milliards $ 80% de la ville innondée 204 000 foyers relogés 800 000 personnes déplacées

L

a tempête qui surgit sur la Nouvelle-Orléans le 29 aout 2005. 80 % de la ville de La Nouvelle-Orléans est inondée. L’inondation a été provoquée par deux brèches du système de digue de sept mètres de hauteur qui protège la ville construite sous le niveau de la mer, entourée par le Mississippi au sud et le Lac Pontchartrain au nord. Deux jours plus tard, des unités de la Garde Nationale de l’US Army arrivent sur les lieux pour empêcher les pillages, qui se sont généralisés, avec ordre de tirer pour tuer.


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© MapStack

NEW ORLEANS - 9TH WARD DISTRICT La ville couvre une superficie de 907 km2, dont 48,45 % en plans d’eau. La Nouvelle-Orléans suit un méandre du Mississippi, d’où son surnom The Crescent City (la ville croissant). La ville est enclavée entre le lac Pontchartrain au nord, le Mississippi qui traverse la ville au sud. La plus grande partie de son territoire est située en dessous du niveau de la mer (environ 60 cm). Certaines zones se trouvant déjà à 6 m au-dessous du niveau de la mer continuent à s’enfoncer en moyenne de 6 mm et jusqu’à 2,5 cm par an dans certains quartiers. Les barrages et les digues construits pour dompter les crues du Mississippi et faciliter le trafic fluvial ayant privé le delta des dépôts de sédiments et d’alluvions, les zones humides qui protégeaient la ville des eaux déchaînées se retrouvent aujourd’hui sous les vagues.


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© Jeremy L.Grisham - U.S Navy

NEW ORLEANS - THE SUPERDOME Au lendemain de la tempête, le superdome - plus large batiment de la NouvelleOrléans est ouvert aux réfugiés qui y trouvent nourriture, eau, et affaires de première nécessité. Touché également par ‘‘Katrina’’, sa toiture est peu stable, mais les services publiques dénombrent entre 15000 et 20000 sinistrés. Le Superdome, dont les environs sont innondés d’un mètre, parfois plus de deux, est très peu accessible, mais sa population continue d’augmenter, malgrés les ordres d’évacuation donnés par le gouverneur Blanco. Les conditions y sont décrites comme chaotiques, avec des situations observés d’usage et de trafic de drogues, de viols, de violences, et des conditions sanitaires déplorables. Des rumeurs courent à l’époque que plus d’une centaine de personnes aurait péri dans le Superdome. Officiellement, il s’avère que le bilan fut heureusement bien moindre, avec six décès : Quatre de causes naturelles, une overdose, et un suicide.


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© Make It Right Fondation

NEW ORLEANS - L9th WARD, QUARTIER DÉLAISSÉ Le projet Make It Right, porté par Brad Pitt, fait du Lower 9th Ward, le fer de lance de son projet de reconstruction de la Nouvelle-Orléans. Basé sur le principe de Cradle to Cradle, l’association a pour but d’établir un suivi des différentes familles voulant aquérir une nouvelle maison à bas prix dans le quartier. Comme expliqué sur la page précédente, le Lower Ninth Ward est un quartier assez pauvre, et l’état des bâtiments assez dégradé. Le plan ci-dessus, différencie les deux situations, pré et post ‘‘Katrina’’. D’origine modeste, ces habitants, pour la plupart ouvriers et travailleurs, ont été frappé de plein fouet par la tempête.


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© Mark Moran - NOAA’s National Weather Service

NEW ORLEANS - LOWER 9TH WARD DISTRICT Le quartier du 9th Ward District est particulièrement touché par les inondations. Notamment le Lower 9th Ward, quartier historiquement afro-américain. Fin 2005, le gouvernement propose que l’ensemble des zones sinistrées de ce quartier soit transformé en parc à cause du risque constant d’inondation - L’ensemble du quartier est construit sous le niveau de la mer, certaines zones sont à -6m. Les habitants s’opposent fortement contre cette idée. C’est dans ce quartier que l’association Make It Right portera sa plus grande attention.


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grande justice spatiale pour les acteurs et les quartiers concernés ? Elle suppose donc deux indicateurs à la ville « plus juste » :

reconnexion avec le reste de la ville le plus rapidement possible pour éviter des situations défavorables de ghettoïsation.

1) Le premier indicateur, plus souvent utilisé dans l’étude de la ville produite, s’intéresse à l’importance de la redistribution des ressources – absence de trop forte concentration de richesses et de pauvretés garantie par un partage équitable des ressources urbaines élémentaires. Il s’agit ici de la question de l’accessibilité et de l’appropriation au cœur de la question du « droit à la ville ». 2) Le deuxième renvoie plus précisément à l’objectif d’une plus grande justice dans le processus de production de la ville, soit l’implication des différents acteurs dans les décisions et à la légitimité des plans proposés. La « ville plus juste » serait donc perçue « comme une forme spatialisée de la démocratie plutôt que comme l’incarnation urbaine d’une société égalitariste »2.

Deuxièmement par le déplacement de ces populations isolées et défavorisées vers la ville, par une politique volontariste de mixité socio-spatiale efficace en termes d’accès au logement, à l’emploi, aux services et aux loisirs. Autrement dit en favorisant les interactions nécessaires au maintien et à l’adaptabilité du système urbain global.

La reconstruction des villes affectées suppose non seulement de remédier à la perte des biens matériels, mais aussi aux inégalités et aux injustices perçues dans ces pertes. La reconstruction serait donc fondamentalement orientée par des questions éthiques d’égalité. Sa mise en œuvre est double : par redistribution des ressources et/ou par redistribution des personnes. Premièrement, il s’agit de mesurer les investissements qui sont faits dans les quartiers les plus touchés – souvent les plus défavorisés dans la situation pré-catastrophe. L’idéal est donc que les actions suscitent un retour à la ville dans ces quartiers dévastés, a minima, une

2 Ibid. p. 261

Cependant, ces deux types de redistribution se confrontent au problème de l’évaluation de ces indicateurs, dans la mesure ou “ l’injustice spatiale n’est pas seulement une série de dysfonctionnements urbains qu’il convient de résorber, mais un sentiment partagé par ceux qui en sont les victimes. D’où l’importance de réparer les accrocs du tissu urbain, mais en même temps l’identité citadine et la légitimité de ses tisserands ”.3 Diane Davis expose4 comment “la résilience a également à voir avec le rétablissement de la légitimité du pouvoir, ce qui suppose pour les autorités de comprendre et de répondre aux priorités que les citoyens demandent pour leur ville”. Autrement dit, il ne s’agit pas, pour la ville reconstruite d’être plus juste dans l’absolu, mais d’apparaître comme la plus conforme aux attentes des résidents.

3 Ibid. p .262 4 DAVIS Diane E., « Reverberations.

Mexico City’s 1985 Earthquake and the transformation of Capital » dans CAMPANELLA, VALE, The Resilient city : How Modern Cities Recover from Disasters, Oxford University Press, New York, 2005


Finalement, la résilience de la Nouvelle-Orléans pose la question de la légitimité des acteurs sur leur territoire et la place qu’ils donnent aux habitants dans ce système traumatisé et déséquilibré par le traumatisme. En d’autres termes :

« LA RÉSILIENCE A ÉGALEMENT À VOIR AVEC LE RÉTABLISSEMENT DE LA LÉGITIMITÉ DU POUVOIR, CE QUI SUPPOSE POUR LES AUTORITÉS DE COMPRENDRE ET DE RÉPONDRE AUX PRIORITÉS QUE LES CITOYENS DEMANDENT POUR LEUR VILLE » [...] LA « VILLE PLUS JUSTE » SERAIT DONC PERÇUE « COMME UNE FORME SPATIALISÉE DE LA DÉMOCRATIE PLUTÔT QUE COMME L’INCARNATION URBAINE D’UNE SOCIÉTÉ ÉGALITARISTE » - Julie Hernandez

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Des résidents de la Nouvelle-Orléans protestent contre leur déplacement en 2006 - 2006 - NouvelleOrléans, © Craig Morse


L

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RÉSILIENCE PAR RÉSISTANCE VS. RÉSILIENCE PAR ABSORPTION

’opposition des notions de «résilience par résistance» et de «résilience par absorption» est un sujet crucial quand il s’agit d’étudier le système urbain en période de crise. La résilience par résistance La résilience du système consistera à développer urbain dans un contexte de crise, des moyens techniques mérite, de par son application extraordinaires pour se d’urgence une définition plus claire. prémunir du risque – la Serge Lhomme, dans son texte « Penser constitution de digues par la résilience exemple, ou la dans un contexte mise en place ‘‘L’important n’est de crise1 », de déversoirs pas nécessairement s’interroge sur la dans certaines l’endommagement nature utopique r é g i o n s que le système discursive du inondables concept de subit, mais qu’il (citons la région résilience. En vendéenne ou les persiste en gardant effet, en fonction bords du Rhône la même structure du sujet d’étude dans les environs qualitative malgré la et de son rapport d’Avignon). Cette temporel, la politique du perturbation’’ résilience doit Serge Lhomme moindre risque être résistante, prédomine, flexible, adaptable, redondante, du moins dans les pays diversifiée, efficace, autonome, occidentaux industrialisés. collaborative, capable d’apprendre du Dans une logique militaire, passé et de faire face aux incertitudes l’aléa est perçu comme un du futur. ennemi que nous devons combattre, lui résister le plus possible, et à défaut de le déloger, il convient de lui opposer une résistance constante. L’absorption quant à elle renverse ces logiques militaires de maîtrise des éléments, et place l’aléa comme un élément qu’il faut assimiler au système.

Les contradictions sémantiques de la résilience posent le concept dans une situation 1 texte choisi dans DJAMENT-TRAN Géraldine, REGHEZZA-ZITT Magali, Résiliences Urbaines : Les villes face aux Catastrophes, Fronts Pionniers Le Manuscrit, Paris, 2012


bancale, parfois mal définie ou peu adaptée. Cependant, dans une analyse croisée des différentes disciplines d’application, deux termes majeurs s’en dégagent : l’absorption et la récupération.

La résilience capacité d’absorption :

comme

L’absorption est un état actif d’assimilation d’un phénomène. Il s’agit donc dans un premier temps d’accepter la perturbation, pour l’intégrer ensuite au mode de fonctionnement du système, dans le cas présent, le système urbain. Cependant quand il s’agit de ville, si absorber une perturbation c’est accepter son occurrence, est-ce aussi accepter l’endommagement qui va avec ? À cette question, Serge Lhomme avance la théorie suivante : « L’important n’est pas nécessairement l’endommagement que le système subit, mais qu’il persiste en gardant la même structure qualitative malgré la perturbation.2 » Autrement dit, si être résilient signifie garder la même structure qualitative, il est impératif que la structure perdure. La structure doit être ‘conservée’ et non pas simplement ‘récupérée’.

2

LHOMME Serge, « Penser la résilience dans un contexte de crise » dans DJAMENT-TRAN Géraldine, REGHEZZA-ZITT Magali, Résiliences Urbaines : Les villes face aux Catastrophes, Fronts Pionniers Le Manuscrit, Paris, 2012, p.334

La notion de récupération – après absorption : Il apparaît que la récupération suppose un état post trauma, qui soit au plus proche de la situation initiale. Cependant, ce retour « à la normale » n’est finalement pas souhaitable, car il a permis la perturbation. A priori, si un système permet une dégradation, son équivalent re-permettra les mêmes endommagements et donc de reproduire des vulnérabilités. L’absorption semble nécessaire pour éviter que le système ne s’écroule, et assure une certaine continuité dans la confection des villes et leur mode de fonctionnement. Il s’agit ici non pas de se prémunir du risque et des endommagements inévitables, mais d’intégrer ses dommages dans le fonctionnement même de la ville. Serge Lhomme va même plus loin : « La récupération doit même permettre de tirer profit d’une action. […] Dans un contexte de crise, la récupération désigne une situation postérieure à un événement perturbateur, qui est généralement singulier et ponctuel, repérable dans l’espace et dans le temps : la récupération est donc assimilée à un retour à la ‘normale’ après cet événement ».

Méthode d’analyse, comment appliquer la résilience en état de crise? Dans le même texte, Serge Lhomme distingue deux types d’analyses à première vu

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contradictoires, mais propose une troisième, qui, elle, semble bien plus adaptée à l’analyse du système urbain sur un temps long.

Limites des méthodes analytiques et systémiques :

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La méthode analytique part du triptyque statique : aléa endommagement - reconstruction. Cette méthode est vivement critiquée, car elle néglige les relations entre les composants du système : endommagement et reconstruction sont étudiés et mesurés séparément, en lien avec l’aléa. De plus, les endommagements sont circonscrits au sein de la zone touchée et ne font pas état des interrelations existantes entre tel ou tel élément fonctionnel du système. La méthode analytique s’emploie donc dans un cas précis de mesure des dommages subis sur un élément isolé de l’ensemble, et non sur un système urbain, qui est perçu comme un système complexe. Dans une analyse systémique, qui semble par définition plus adaptée à l’étude de l’environnement urbain, l’accent est porté sur les relations entre les éléments réciproques qui le composent. En effet, une composante du système peut être touchée par l’aléa même si elle n’est pas directement impactée par ce dernier, car lié à une unité qui elle l’a été. Par exemple, si le réseau électrique est touché et donc inefficace pour un certain laps

de temps, une perte de marchandise alimentaire peut être perçue, car la chaine du froid est rompue pendant un temps trop long. Les dégâts dépassent donc rapidement la zone d’aléa initial.

Résilience de temps court : La résilience, en fonction des échelles de temps proposées, aura deux modes d’action différents, mais œuvrant dans la même direction. La résilience de temps court nécessite de différencier endommagement et dysfonctionnement pour bien analyser le système selon une approche systémique. La résilience de temps court correspondrait donc à la capacité du système à assurer en partie son fonctionnement durant le temps de l’endommagement et à retrouver ensuite son fonctionnement ‘’normal’’. La résilience de temps court se traduit donc par une réponse - une réaction qui a pu être en partie programmée sans pour autant avoir été anticipé dans sa globalité, du système. Les concepts de résilience et de vulnérabilité évoluant dans un même continuum, ils sont à analyser conjointement. “Par exemple, la réaction préventive d’un système face à une perturbation éminente peut contribuer à diminuer les impacts directs, autrement dit l’endommagement et par conséquent la vulnérabilité”3

3

LHOMME Serge, « Penser la résilience dans un contexte de crise » dans DJAMENT-TRAN Géraldine, REGHEZZA-ZITT Magali, Résiliences Urbaines : Les villes face aux Catastrophes, Fronts Pionniers Le Manuscrit, Paris, 2012, p.344


Résilience de temps long : Ce processus d’analyse tient quant à lui compte de l’apprentissage et de l’adaptation du système consécutif aux perturbations qu’il a pu subir au cours de son histoire. À cette échelle de temps, à l’opposé de la résilience de temps court, les notions d’endommagements et de dysfonctionnements sont rassemblées sous l’étiquette ‘’Impact’’, favorisant ainsi une analyse synthétique du système. Dans cette logique, la résilience devient une stratégie tendant à diminuer les impacts de l’aléa sur le système urbain. Cette échelle de temps me paraît la plus appropriée au cas de la côte de Tohoku. En effet, au regard de la récurrence des traumatismes sur le système, une approche de temps court, certes nécessaire dans un premier temps pour récupérer au plus vite, apparaitrait dérisoire et presque risquée vis-à-vis de l’ampleur des dégâts. Une approche sur un temps long prendrait en compte la certitude d’un nouvel endommagement et intégrerait donc cette probable destruction future dans le fonctionnement de la ville.

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‘‘LA RÉACTION PRÉVENTIVE D’UN SYSTÈME FACE À UNE PERTURBATION ÉMINENTE PEUT CONTRIBUER À DIMINUER LES IMPACTS DIRECTS, AUTREMENT DIT L’ENDOMMAGEMENT ET PAR CONSÉQUENT LA VULNÉRABILITÉ’’ - Serge Lhomme


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TOHOKU 38° 6’ 12’ N 142° 51’ 36’ E GEJE 2011


東北地方 Le territoire VISITES ET RELEVÉS STRATÉGIE DE LA RECONSTRUCTION

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CÔTE DE TOHOKU

ZONE D’IMPACT ET DÉGÂTS DES PRÉFECTURES DE MIYAGI ET D’IWATE - source : IRIDeS, Hyogo Framework for Action 2005-2015 MIYAGI

NOM DE LA PREFECTURE

215130

9 2334 2059,2 km² 177 Km2 8,59 %

Nombre de morts

Nombre de bâtiments d’évacuation avant >après

Surface totale

45> 29

Nombre de logements temporaires

Surface innondée

22095

Nombre de bâtiments détruits

IWATE

20135

6 087 1461,1 km² 37 Km2 2,53 %

2>1 MINAMISANRIKU

13984 MATSUSHIMA

7 934 783,55 km²

-30-

52 Km2 15,6%

0>0

130 451 2>1

2 Km2 3,7%

163,7 km²

ISHINOMAKI

2 005

54,04 km²

SENDAI

3320

837

0

3 946

33 978

555,8 km²

3>4

73 Km2 13,1%

10 Km2 6,1 %

4>0 2 195

7 297

1 523

MINAMISANRIKU

MATSUSHIMA

HIGASHI MATSUSHIMA

ISHINOMAKI

SENDAI

ONAGAWA

HIGASHI MATSUSHIMA

1 152 101,9 km² 37 Km2 36,3 %

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11 066 2>0 1 753

PÉNINSULE OGATSU

870

65,8 km PÉNINSULE OSHIKA

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OTSUSHI

1 282 200,6 km² KAMAISHI

1 130

HOME FOR ALL

3 655

441,4 km² RIKUZENTAKATA

1 811 232,3 km² 13 Km2 5,6 %

3 341

7 Km2 1,6 %

4 Km2 2%

3 717 0>0 2 146

2>0 3 164

0>0 2 168 YAMADA

OTSUCHI

KAMAISHI RIKUZENTAKATA OFUNATO

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YAMADA

507 263,5 km²

KU

OFUNATO

458 KENSENNUMA

1 442 334,4 km²

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70

8 km²

2 %

3 271 0>0 1 294

323,3 km²

11 053 15 > 2 3 504

8 Km2 2,5 %

3 034

5 Km2 1,9 %

3 167 0>0 1 990

0>0 1 811 Great East Japan Earthquake 38° 6’ 12’ N 142° 51’ 36’ E 11/03/2011 - 14H46 Mag. 9.0 - Prof. 24km


-32-

Pour cette double page, crédits d’images en fin de mémoire


-33-


VISITES ET RELEVÉ TYPOLOGIQUE DES VILLES EN RECONSTRUCTION 28/08/2015 - 04/09/2915 - DE SENDAI À KAMAISHI

-34-

MI

HIGASHI MATSUSHIMA

ISHINOMAKI

SENDAI

ONAGAWA

PÉNINSULE OSHIKA

PÉNINSU OGATSU


OTSUCHI

KAMAISHI RIKUZENTAKATA OFUNATO

KENSENNUMA

-35-

INAMISANRIKU

ULE

DE SENDAI À KAMAISHI


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SENDAI - MAISON POUR TOUS Toyo Ito - Sendai - 2011 2015 - Production personnelle*

La maison pour tous de Sendai, conçue et portée par l’architecte Toyo Ito, est la première de la série des maisons pour tous. Accolée à la maison commune du lotissement de logement temporaire de Miyaginoku, un quartier détruit de Sendai. Il s’agit avec cette maison de montrer que le projet Home-For-All de Toyo Ito, fonctionne et que des entreprises peuvent participer gracieusement à la construction de ce type de bâtiment.

*

Toutes les images de cette section, sauf mention, sont des productions personnelles.


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KAMAISHI - REFUGES ANTI-TSUNAMI

2015 Les refuges, élément ancien de protection, sont situés en hauteur. Ils sont des éléments primordiaux du système d’évacuation en cas de Tsunami. Répartis tout autour de la ville, ils sont facilement identifiés et évacuables. Les japonais, ancre la culture du risque très fortement dans l’esprit des enfants, pour qui la protection et l’évacuation devient inné.


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KAMAISHI - VILLAGES TRADITIONNELS 2015

La région de Tohoku est réputée pour son industrie portuaire et ses villages traditionnels de pêcheurs. La culture de la mer y est très fortement marquée, malgré un déclin progressif de cette activité. Les pêcheurs vivant en bord de mer, dans des petits hameaux légerement en hauteur sont parfois très calme, voire presque abandonnés. Il y existe cependant, une atmosphère très particulière. Perdu dans ces rues sinueuses, je n’ai pas eu le temps de demander mon chemin qu’un couple de retraités, anciens pêcheurs évidemment, m’indique la route à suivre, et me présente au voisinage. Cette ambiance de village est un élément primordial, qu’il faut à mon sens conserver, voire amplifier, pour lutter contre le délaissement des campagnes japonaises : phénomène particulièrement important pour la démographie du pays.


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KAMAISHI - RECONSTRUCTION 2015

La ville de Kamaishi subit d’importants dommages, en particulier le port industriel, habituellement très protégé par une crique relativement peu exposée à la mer. La reconstruction se focalise donc sur cette bande portuaire. La ville se développant au second plan, montre une activité relativement importante d’industrie. Au premier plan, les ‘‘vending machines’’ si importantes pour l’esprit consumériste japonais.


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KAMAISHI - DÉGÂTS COMME MÉMOIRE 2015

Certains bâtiments des zones sinistrées sont encore laissés presque en état post GEJE11. La loi japonaise stipule que sans l’accord du propriétaire du terrain, la démolition, si le bâtiment ne pose pas un risque pour autrui, ne peut se faire, et donc par extension, les travaux de la reconstruction non plus. Le gouvernement doit attendre 10 ans avant de pouvoir toucher aux biens privés. Subsistent donc dans le paysage en chantier de la côte sinistrée, des ruines, comme des totems, faisant l’apologie de la mémoire, constamment rappelée à la mémoire des habitants.


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KAMAISHI - SE RETROUVER 2015

La zone côtière de Kamaishi, est pratiquement vide de toutes traces de vie, à l’exception d’un carrefour, et d’une petite rue sinueuse qui semble abriter la totalité des restaurants de la ville. Celle-ci était la plus bruyante et la plus animée. À droite de l’entrée, les ballons de Sake s’entassent, à gauche, le menu, fait la part belle aux poissons de la région, et propose un menu ‘‘NOMIHODAI’’ - Nomi = Boire, Hodai = à volonté. Formule très répandue au Japon, elle assure de bons moments entre amis et met de côté les craintes et les peurs d’un futur peu rassurant pour la région de Tohoku.


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RIKUZENTAKATA - DÉVERSOIR / CANAUX 2015

Le risque d’inondation par tsunami étant évidemment très élevé, des déversoirs et des canaux sont creusés pour faciliter l’évacuation de l’eau des zones inondées. Ils fonctionnent en même temps que la digue, elle aussi équipée d’une porte qui contrôle la quantité d’eau qui sera stockée derrière elle.


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RIKUZENTAKATA - LES ACTEURS 2015

Sugawara san est en charge de la maison pour tous de Rikuzentakata. Elle fut très active dans la reconstitution d’un certain soutien à la communauté dans sa ville. Elle fut à l’origine de la construction de la Maison présentée par Ito à la biennale d’architecture de Venise de 2012. Elle m’expliqua que cette maison était très importante pour la communauté. C’est un lieu ouvert, dans lequel tout le monde trouve de quoi partager un repas avec des amis, d’échanger avec le voisinage et de sortir nombre d’entre eux de l’isolement des logements temporaires.


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ONAGAWA - LOGEMENTS TEMPORAIRES Ohara Temporary Housing - Shigeru Ban - 2012 2015

L’atelier d’architecture de Shigeru Ban propose en 2012 un projet de logements temporaires dans un ancien stade. Le projet, très médiatisé, reçoit beaucoup de retours positifs des habitants. Le projet consiste en 4 bâtiments de trois étages, et d’un espace extérieur couvert au milieu. Relativement bien desservi et connecté au reste de la ville, il est comme une petite ville dans la ville.


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ONAGAWA - PROJET DE LA RECONSTRUCTION Shigeru Ban - Gare d’Onagawa - 2014 2015

Grâce à l’association d’architectes ArchiAid, les projets de reconstruction des différentes villes sont parfois confiés à des architectes de renom international. Jouant de cette médiatisation, des fonds sont levés plus facilement et la qualité des projets s’en voit améliorée. La gare d’Onagawa en fait partie, elle apparaît comme une lanterne marquant l’entrée de la ville. Donnant directement face à la mer, elle est l’une des marques d’espoir, particulièrement appréciée des habitants.


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Première étape : de mars à juin 2011. Le gouvernement établit un « Disaster Headquarter », présidé par le Premier ministre Shinzō Abe – qui deviendra ensuite la Reconstruction Agency, liée au « Reconstruction Design Council ». Ils établissent ensemble les « Basic Guidelines for Reconstruction & Basic Act for Reconstruction », et votent le premier budget alloué à la reconstruction. Deuxième étape : de juillet 2011 à mars 2012. Le « Provisional Headquarter for Reconstruction » prépare, avec les préfectures et les municipalités – en lien avec des représentants des sinistrés, le « Basic Recovery Plan ». Deux nouveaux budgets sont débloqués.

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En adoptant très rapidement une politique de fond, en débloquant des budgets conséquents, en formant un groupe de travail efficace, le gouvernement a pu mettre en place des coordinations multiscalaires, de l’échelle préfectorale à l’échelle municipale. Cette organisation se fait en trois temps distincts.

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Le choix d’une résilience par résistance dans la reconstruction de la côte de Tohoku

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e Great East Japan Earthquake de mars 2011 fut le premier désastre de cette ampleur à frapper autant de villes de l’histoire contemporaine japonaise. Avec plus de 200 municipalités touchées, la reconstruction, ou du moins la réponse du gouvernement, demande à la fois une organisation à l’échelle nationale, mais également une participation active de la part des habitants et une forte entraide communautaire. Les plans de reconstruction proposés reposent tous sur un des Basics Guidelines adoptés très rapidement après la catastrophe. Une répartition des fonctions de la ville en fonction du niveau par rapport à la mer fait maintenant œuvre de loi.

Ce retour à la ségrégation des fonctions n’est-il pas un retour en arrière dans l’histoire de la conception des villes ?


BASIC GUIDELINES FOR RECONSTRUCTION

Established by the Government of Japan - 2011 source : GOJ 2011

- Recognize the challenges of an aging and declining population by promoting adequate public transportation and support services -Promote a strategy of multiple defence through both soft and hard structural measures, putting people at the center of disaster reduction -Make municipalities in disaster area the main actors accountable for reconstruction (aided by government and prefectural financial and technical support) -Promote rapid reorganization of land use, to stimulate investments and prevent speculation -Assist municipalities with reconstruction planning throught external experts -Create a Special Zone for reconstruction to support local projects through flexible procedures and financing -Prioritize rehabilitation of key transport and revival of local economic activities

‘‘URBAN PLANNING IN JAPAN IS CURRENTLY UNDERGOING A MAJOR PARADIGM SHIFT. THIS IS A SHIFT FROM THE MODERN VIEW OF PLANNING FOR CITIES THAT ARE GROWING AND EXPANDING TO THE CONTEMPORARY VIEW OF PLANNING FOR CITIES THAT ARE MATURED AND DIMINISHING’’ - Michio Ubaura Regional and Urban Reconstruction Research Division / Tohoku University

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Troisième étape : 2012 à 2021. La « Reconstruction Agency» apparaît, en même temps que les « Special Zones for Reconstruction ». Un quatrième budget est alloué à la reconstruction, qui est prévue pour durer 10 ans. ‘Basic Guidelines’ et cadre légal : de mars à juin 2011

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Le gouvernement établit un quartier général de gestion du désastre, une assemblée composée d’intellectuels reconnus, d’académiciens, de figures politiques et religieuses, qui grâce aux leçons tirées du tremblement de terre de Hanshin Awaji – le tremblement de terre de Kobe en 1995, établissent en moins de deux mois, les sept principes du cadre de la reconstruction.1 Ils remettent donc à l’approbation du Cabinet – l’équivalent de notre Assemblée Nationale, le rapport de leurs observations qui deviendra par la suite le « Basic Guidelines For Reconstruction And Basic Act For Recovery » publié trois mois et demi après la catastrophe. Ce « Basic Guideline » place l’habitant et la municipalité au centre de la reconstruction, promeut le concept de ‘multiples défenses’ et encourage un aménagement urbain réconciliant sécurité et lien entre l’habitant et l’infrastructure. Processus de reconstruction, mise en place : de Juillet 2011 à mars 2012 Échelle préfectorale : les préfectures de Miyagi, Iwate et Fukushima étant les plus touchées par la catastrophe – avec plus 1 Seven principles for Reconstruction Framework

de 120 municipalités touchées – établissent leurs propres plans de reconstruction. Pour renforcer leur légitimité face aux plans d’échelle nationale, des consultations sont mises en place avec les habitants et les réfugiés, et des liens très forts entre les municipalités s’établissent. La préfecture de Miyagi par exemple, développe un plan de protection efficace et détaillé, propose un système de structure renforcée, de relocalisation des populations sur des zones surélevées, un plan d’évacuation et la promotion d’une culture de la prévention. Échelle municipale : la mise en place de plan de reconstruction s’établit, à l’image de l’échelle préfectorale en consultation étroite avec les habitants. Prenant la forme de workshops, ces ateliers mettent en relation les différentes communautés avec les décisionnaires de la fabrication de la ville, et devant des architectes urbanistes – se fait ici le lien avec l’association ArchiAid qui intervient dans ces workshops de façon très active. Cette mise en place consultative est d’une ampleur sans précédent dans l’histoire du Japon. C’est plusieurs milliers d’habitants qui se retrouvent dans toute la préfecture de Miyagi pour discuter du futur de leur ville. À Sendai par exemple, la Maire de la ville se déplace à ces workshops entre habitants pour recueillir les avis et critiques directement de ses citoyens. L’état propose aux municipalités, l’assistance de deux experts par ville pour assister ces sessions consultatives d’un point de vue financier, administratif, etc.


PROPOSITION DE COMMUNAUTÉ RÉSILIENTE Ministry of Land, Infrastructure, Transport and Tourism

Répartition des fonctions de la ville, un consensus facilement obtenu :

fonctions de la ville fut donc proposée, comme à Minamisanriku par exemple.

Suite à une étude des risques d’inondation des territoires simulée à l’échelle municipale, apparaît la mise en place de deux niveaux de tsunami : Level 1 Tsunami et Level 2 Tsunamis : L1 : Zone affectée par une haute fréquence de tsunamis de faibles impacts. Vague max : 7 à 10m et L2 : Zone affectée par une faible fréquence de tsunami à très fort impact. Vague max : 20 à 30m Le GEJE11 est un Level 2 Tsunamis. Les digues existantes étaient prévues pour parer à des tsunamis de niveau 1, les tsunamis d’occurrence plus longue n’étaient pas pris en compte dans la préparation antérieure, ce qui conduisit au drame qu’a subi la côte de Tohoku et dont découla la catastrophe nucléaire de Fukushima. Une répartition en fonction de l’altitude des différentes

Cependant, les habitants de ces régions sont, pour la plupart, traditionnellement des pêcheurs, et leur désir de revenir vivre au même endroit est très fort. De façon générale, trois stratégies furent proposées pour reloger les habitants des régions sinistrées, et une quatrième semble mise en place exclusivement à Rikuzentakata :

©ArchiAid

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ssential. ArchiAid is known as in order to attack problems like these, the only way t there are many cases where the suffered from aging populations before the disaster, collaborates closely not only organizations that can stand up is by one site at a time. Of course there are many the architectural designs are indicate that a generic solution is extremely but also specialists of on other realistic issues such as negotiating between public difficult to devise.[ 4 ]Inner Land Relocation and limited manpower to attend mple the Tohoku University o Vertical Structure: Chicken or administration and residents, yet this is I regard Central Types progress quickly, but is a complete his a chicken or egg problem ch way, Institute of Disaster Science ArchiAid so as problems an important that build relocation remainpartner with regards to theup s uncertain whether the criteria pecialists in construction and fortification Les schémas sont de network Yasuaki Onoda 1/ Stratégie de : s, the repair of many destroyed results through a newly connected and ized first, or whether the work new lifestyles at the relocation destinations and the Co-Fondateur d’ArchiAid, © ArchiAid Il est proposé dans cethrough modèle ature, lifestyle, manyeach places. Two and the infrastructure, criteria allowed to develop use of thecollaboration vacated sites. between In these ways, of the de reconstruction de surélever munities: Time Design – 1 lture need to be addressed years havehaspassed already and the disaster-stricken his issue, close with problems les relationships systèmes de protection, il y a deep roots. 1 [ ] 低地かさ上げ中心型 or reconstruction is long. How d demands the collaboration of sites isare still full of difficulties. and the determination to progress This only personal opinion, butI Iwould believelike that to donc continuité des systèmes de my Flatland Raised Low-Lying Central Type this transitional period is a be hopeful about many different areas.is ArchiAid continue essential. ArchiAid known as in order totoattack problems likeArchiAid’s these, the activities. only way protection déjà existants – qu’il particular, the time consuming collaborates closely only dit organizations can not stand up isdans by one faut that souvent reconstruire leursite at a time. Of course there are many fer caution. ArchiAid’ butrequires also specialists of other quasi-intégralité. Il s’agit surtout realistic de issues such as negotiating between public protéger derrière mur plus these difficulties by holding ample these Tohoku University to Vertical Structure: Chicken or un administration and residents, yet this is I regard haut que celui d’avant. La sécurité thorough these ArchiAid as an important partner that build up rch Instituteattention of DisastertoScience est ofassurée par un renforcement eas, the repair many destroyed results through a newly connected network and pecialists in construction and [2] 現地建て替え 中心型 conséquent des infrastructures nature, through collaboration many places. Two Site Reconstruction Centralbetween Type on: Timeinfrastructure, Design – 2 lifestyle, de protection. La résistance et la toDesign benoaddressed have passed already and the disaster-stricken mmunities: Time –sont 1 totales. years tulture a plan need is,conservation it bears meaning Certaines fortification nd demands the collaboration of sites are still full of difficulties. Stratégie I would de like to [1] 低地かさ上げ中心型 for is long. d. reconstruction While fonctions a concentration of n’ont de laHow ville pas été Mis en place à Ishinomaki et Kamaishi Raised Low-Lying Flatland about CentralArchiAid’s Type to be hopeful activities. different areas. ArchiAid continue détruites etmaterials donc du emany this transitional is la a persistance ge of manpower andperiod t particular, it collaborates closely notpossible. only système était Ce modèle the time consuming remain many measures to make ,sfer butrequires also suppose specialists of other un certain contrôle théorique caution. ArchiAid’ ent, whichdes are being explored. dégâts University des tsunamis de niveau 2. example the Tohoku sdesign these difficulties by holding [3] 高台移転中心型 building, construction earch Institute of Disaster Science ebundling. thorough attention to these Higher Ground Relocation Central Type Similar to these, specialists in construction and [:2Certaines ] 現地建て替え中心型 2/ Stratégie de séparation House Project is an idea that n. Site Reconstruction Central Type ion:investment Time Design –sont 2an implied zones contrôlées suivant les ial with ommunities: Time Design –1 principes de la première stratégie, nt a plan is, it out bearsofnotheir meaning expand own [1] 低地かさ上げ中心型 sdents for reconstruction is long. How d’autres sont relocalisées, et certaines ed. While a concentration of Raised Low-Lying Flatland Central Type ategood example of period a de method this transitional is a permettent contrôler l’inondation age of manpower and materials consuming sIninparticular, the Banda Aceh tsunami et the de time prévoir des espaces inondables remain many measures to make ansfer requires caution. ArchiAid’ en partie basse. Une proposition de kaputra and others of Gadjah [4 ] 内陸移転中心型 cient, which are being explored. relocalisation se heurte à l’avis de laRelocation Central Type ess -50these by holding hich were difficulties developed through an Inner Land [3] 高台移転中心型 evedesign building, construction population ettounthese compromis doit être thorough attention Higher Ground Relocation Central Type trouvé. La difficulté proposer d bundling. Similar to these, est de [2] 現地建て替え中心型 une continuité dans la façon de House Project is an idea that Site Reconstruction Central Type ution: Time Design – 2 Stratégie de séparation, la plus répandue vivre avant et après. Les connexions ©ArchiAid tial investment with no an meaning implied cent a plan is, it bears dans la reconstruction de la côte de entre logements et activité (restée Tohoku sidents expanda out of their own uted. While concentration of en partie basse de la ville) sont un tage of manpower and a good example of a materials method problème difficile à traiter de manière re remain many measures to make ts in the Banda Aceh tsunami générique. ficient, which beingofexplored. Ikaputra and are others Gadjah [4 ] 内陸移転中心型 3]高台移転中心型 [Inner de design hich were building, developedconstruction through an Land Relocation Central Type Higher 3/ Stratégie repli : Ce typeGround de Relocation Central Type nd bundling. Similar to de these, reconstruction est mis en place dans House Project is an idea that le caswith d’une nitial investment an absence implied quasi totale de ©ArchiAid topographie. Elle consiste en un repli esidents expand out of their own généralisé de la ville vers l’intérieur is a good example of a method des terres, et l’impossibilité de ults in the construire Banda Aceh tsunami des systèmes de protection y Ikaputra efficaces and otherssur of le Gadjah [4 ] 内陸移転中心型 front de mer. La ville which werese developed through an de biens Inner privés Land Relocation Central Type Stratégie de repli replie, les notions n’existent plus.

Mis en place à Sendai

©ArchiAid


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international network. [f]Limit Dependence on the Public Sector The points raised so far are centered on public reconstruction projects, but in reality there are many elements that are independently established through private free investment. Not waiting for public reconstruction to catch up with naturally TEMPLE developing situations is also an important condition in reconstruction process and one that ArchiAid’s tourism sector importantly focuses on. 4 │ Things to Consider Now E ÉCOL Each of the aforementioned types of reconstruction has its own problems. The[1]Raised Low-Lying Flatland Central Types are developed thoroughlyM asEaNpublic COM TS project, but MER OGE there are questionsLremaining on whether private CES 2 [ ] activities will return to the developed land. ITÉS IV ACT many Site Reconstruction Central Types have concerns such as how Sto guide city reconstruction NT must be N zones, an activityEthat IO done sporadically M CTfighting over seawalls PEareas or in E across different the I U T ÉQ RO that surround the Pdistricts. The concerns with DE Relocation Central Types is [ 3 ]Higher Ground R MU the possibility of endurance of people’ unmistakably s lifestyles on the higher ground. These areas, which suffered from aging populations before the disaster, indicate that a generic solution is extremely difficult to devise.[ 4 ]Inner Land Relocation Central Types progress quickly, but is a complete RÉPARTITION FONCTIONS, ORGANISATIONNELLE relocation so problemsDES remain with regards toSÉGRÉGATION the Tohoku university, Archiaid «Ogatsu Studio Workshop» 2013 - Annotations de l’auteur new lifestyles at the relocation destinations and the use of the vacated sites. In these ways, each of the problems has deep roots. 4/ Stratégie d’élévation : La ville Les différentes stratégies Thisde is only my personal est opinion, I believe that adoptées remettent en question de rikuzentakata une but exception in order problems like these, the only dansto attack ce modèle générique de way façon profonde le lien qui existe entre one site at a time. Of course there are is byreconstruction. Elle est l’une desmany la ville bâtie et l’environnement realistic issues such as between public dans lequel ces systèmes urbains rares villes à avoirnegotiating vu son centre-ville administration yet this is Iduregard évoluent. La réparation des disparaître,andleresidents, fonctionnement ArchiAid as an important partner that build up différentes couches détruites par système n’était plus assuré. Les plans results through a newlyproposent connecteddonc network de reconstruction de and le tsunami comme la nature, les through collaboration between many places. surélever la ville et de reconstruire Two infrastructures, l’industrie, les yearssur have already the disaster-stricken cespassed remblais lesand zones d’activité commerces, les transports, etc. sitesetare full of difficulties. I would like to doit se faire simultanément et destill commerce. Cette surélévation est un la questionactivities. qui suppose une collaboration forte des toouvrage be hopefulpublic, about ArchiAid’s continue n’est toujours pas résolue est celle de différents champs disciplinaires. La la place d’initiatives privées et leur notion de seuil ou de frontière, à la intégration ou leur fois entre ces activités, mais aussi possible entre la ville et son environnement retour naturel m’apparaît centrale. dans ces Comment reconnecter les fonctions nouvelles de la ville entre elles, et la ville avec zones. son contexte naturel immédiat ? [1] 低地かさ上げ中心型 Raised Low-Lying Flatland Central Type

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RIKUZEN TAKATA 陸前高田市 HABITANTS ET TERRITOIRE ÉVOLUTION MORPHOLOGIQUE LES OBJETS DU TERRITOIRE VERS LA DISPARATION PROGRESSIVE DE RIKUZENTAKATA

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Habitants et territoire Exploration spatiale et humaine de Rikuzentakata

© Les dessins sont la propriété de Riken Yamamoto - RY&FS


À

Mon territoire de projet est la ville de Rikuzentakata, située dans la préfecture d’Iwate, qui comptait en 2010, 23 400 habitants. Avant d’être en grande partie ravagée par le tsunami du 11 mars 2011, Rikuzentakata n’était pas particulièrement connue. Son économie était basée sur la pêche commerciale, sa transformation et la production d’huîtres, économie qui fut balayée par la vague. La méthode de présentation que je développe est double, et met en relation des scénarii d’habitants archétypaux, dont le trajet est repéré sur le site. De cette description spatio-temporelle émerge des zones de la ville, apparaissant comme des objets symboliques qui racontent chacun à leur manière le site. La mise en relation d’histoires, de trajets typiques et d’espaces urbains importants suppose une vision quasi exhaustive du territoire d’implantation, à l’image de la méthode du transect.

l’origine, le mot transect – transversale section en anglais – est principalement utilisé dans l’étude des relations entre les éléments constitutifs d’une tranche de terrain défini. Il est par exemple très utilisé en botanique pour l’étude socioécologique d’espèces se répartissant en groupe écologique. Le transect permet de quantifier et d’apprécier les relations qualitatives qui se mettent en place. Il prend la forme d’observations se déroulant sur une ligne, et permet d’apprécier les successions d’évènements qui s’y déroulent. Il est important de noter que le transect n’est pas un mode de représentation comme une coupe non commentée, mais un protocole exploratoire, largement subjectif, qui donne le champ libre à une diversité de modes de représentations.

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Description méthodologique L’application de cette méthode dans la compréhension d’un système urbain est intéressante principalement pour deux raisons :

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1/ il permet de présenter le territoire, et en même temps les acteurs qui le constituent et la manière dont les uns influent sur les autres. Dans un allerretour permanent entre les échelles étudiées et les modes de représentation adoptés se crée une vision globale et précise d’un environnement défini. 2/ le système mis en place pour l’observation permet la vérification d’hypothèses, à partir du moment où le même transect – donc le même référentiel d’observation – est utilisé dans deux ou plusieurs cas précisément définis. Il devient particulièrement intéressant pour vérifier des hypothèses de stratégies urbaines, quand il est mis en relation avec des scénarii archétypaux. Ma méthode consiste donc à confronter différents acteurs avec leur territoire et les éléments constitutifs de ce dernier. Chaque acteur, dont les comportements et les caractéristiques - amplifiés pour devenir des archétypes - sont soumis à leurs manifestations physiques sur le site, me permettra de comprendre les interactions et les échanges opérant dans la ville à différentes temporalités. Dans un premier temps, je vais confronter ces archétypes avec l’état pré-GEJE11, pour tâcher de comprendre comment et pourquoi ils participent de cet écosystème. Une fois que j’aurai compris leurs modes

de participation au système urbain dans une situation stable – comprendre sans aléa – je pourrai les soumettre à la situation post-trauma. Cette mise en relation de deux étapes sera particulièrement intéressante dans la définition d’une stratégie de projet. Il me semble que la situation prétrauma influe sur la façon dont on vit la ville endommagée. Des mécanismes reviennent, ou sont compensés par d’autres habitudes qui se transforment et génèrent par la même occasion de nouvelles répartitions – économique, sociale, culturelle, communautaire, etc. - sur le territoire. Les différents acteurs dont je vais étudier les déplacements et les interrelations seront poussés à l’extrême, ils ont chacun leurs habitus clairement définis et une histoire propre associée à leur définition.

Ces archétypes apparaîtront au fil de ma présentation du site, sur un papier différent et viendront rythmer la découverte du territoire. Ils racontent autre chose, un morceau de territoire, un mode de vie, des histoires personnelles qui viennent compléter la vision que l’on se fait d’une ville de campagne japonaise.


À ce travail d’archétypes s’ajoute un relevé des objets urbains caractéristiques de la ville. Ces objets sont choisis en fonction des trajets effectués par les archétypes et symbolisent les éléments fondateurs du système urbain. C’est dans ces lieux que les gens se croisent, ils structurent leur vie, influent sur le mode de fonctionnement du système urbain autant que sur les modes de vie des habitants. Sans ces objets, la ville ne serait pas la même et les habitants n’auraient pas le même rapport à leur territoire. Ces objets sont repérés sur les cartes retraçant les trajets des usagers, par des lettres allant de A à R. Chacun passe par des espaces qui rythment leur quotidien type. Ce relevé me permet d’identifier les centralités urbaines et de comprendre dans quelles mesures elles sont utilisées par les habitants. En même temps il permet de rendre intelligible un territoire culturel à l’identité très forte que j’ai expérimenté, mais qui apparaît difficile à saisir dans son intégralité. Cette fragmentation spatiale rend le territoire plus facile d’accès, par une transposition de la zone d’étude à une échelle plus appréhendable. Chaque espace est ensuite redessiné à la main pour comprendre son mode de fonctionnement. Par le dessin s’opère un choix des modes de représentation et des composants représentés : ce choix suppose une hiérarchie des éléments constitutifs de chaque espace et donne à voir le plus important, que ce soit un gabarit, les limites entre les différents types de sols, l’emprise de la nature face au territoire transformé, etc. à droite : schéma explicatif du mode de lecture

Sugawara San 46 ans coiffeuse 2011

1/ Présentation de l’archétype et scénario

2/ Parcours repéré de l’archétype étudié

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A - DIGUE - 2011

Frontière - Protection - Rencontre - Seuil - Survie - Paisible - Résilience

B - RUE PRINCIPALE - 2011 Interaction - Vie - Besoins - Active - Bruyante -Commerces

3/ Relevé raisonné des objets identifiés


PRÉSENTATION DE L’ÉVOLUTION MORPHOLOGIQUE DE RIKUZENTAKATA

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Il me semble important de bien identifier et décrire les étapes de transformation spatio-temporelle qu’a subie Rikuzentakata. Ces schémas explicatifs sont des outils qui permettent de comprendre en un coup d’oeil l’organisation des éléments constitutifs de la ville, à une échelle large. Le choix des moments fut relativement simple, ils correspondent aux grandes phases de reconstruction, précédées par une situation avant catastrophe, et catastrophe imminente. On comprend ainsi la répartition des masses bâties et l’ampleur des dégâts et travaux de reconstruction. Cette présentation schématique est suivie d’un relevé plus ciblé que j’ai effectué en septembre 2015 durant ma visite de la côte de Tohoku. Ce relevé photographique est accompagné des histoires des personnages précédemment présentés. On les retrouve cinq ans après.


La ville de Rikuzentakata dans la région de Tohoku, “le grenier du Japon” est connue pour son industrie de transformation des produits de la mer. Son savoir-faire ancestral de pêche perdure encore aujourd’hui et représente une part importante de son économie. La commune de Rikuzentakata s’étend administrativement assez profondément dans les terres, cependant la majeure partie de la ville est concentrée autour de son centre, dans une petite plaine faisant face à la mer.

Situation avant le11 mars 2011

Sanriku ExpressWay Départementales Espaces agricoles

Zones de nature protégée Courbes de niveau (2m)

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SYSTÈME D’ÉVACUATION DE LA VILLE EN CAS DE TSUNAMI

Le séisme de la côte Pacifique du Tohoku survient le 11 mars 2011 à 14h46 heure locale. Son épicentre se situe a 130km de la ville de Sendai. Il atteint la ville de Rikuzentakata en quelques minutes.

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L’évacuation est presque une routine pour ces villes côtières, le système d’alerte et le processus de protection sont censés se déclencher immédiatement en cas de risques important d’inondation. Un film de la BBC datant du 20 mars rapporte que les portes du déversoir ne se sont pas fermées malgré la commande activée, cet incident coûtera la vie à plus d’une vingtaine de pompiers fermant les portes manuellement. Le sentiment de sécurité de la part de la population de ces zones à risque est très fort. Les diagrammes ‘evacuation timing’ et ‘evacuation pattern’ montrent les temps et les raisons qui poussèrent les habitants à évacuer, ou à rester. Un plan municipal explique les chemins à emprunter, ainsi que les refuges à privilégier en fonction des zones de la ville. Ce shéma est établi en fonction d’un tsunami de niveau 1, et non de niveau 2. Ainsi plus de 50% des zones d’évacuation ont été touchées et beaucoup de personnes ont tardé à évacuer, conduisant aux conséquences que l’on connait.


Catastrophe imminente 11/03/2011

Voies d’évacuation privilégiées Départementales Zones d’évacuation protégées

Zones de nature protégée Courbes de niveau (2m)

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DOMMAGES CONSTATÉS AU LENDEMAIN DU PASSAGE DE LA VAGUE

L’ampleur des dommages est incroyable, la vague surpasse tous les systèmes de protection, elle continue d’avancer et ravage le centre-ville de Rikuzentakata en quelques minutes. Elle laisse derrière elle plus de 1800 morts et près de 3350 bâtiments détruits. La presse internationale arrive sur les lieux le lendemain et est unanime pour dire que la ville de Rikuzentakata a été rayée de la carte.

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La structure du réseau d’infrastructure routière permet tout de même de rejoindre la zone sinistrée, mais la ligne de train longeant la côte sur des kilomètres est inondée en plusieurs points. Elle ne rouvrira jamais, du moins pas à Rikuzentakata. La structure sociale de la ville est éclatée, tout le monde se presse vers les centres d’accueil qui sont dépassés. Des renforts arrivent heureusement très rapidement et la crise sanitaire est évitée. Cependant, malgré la réactivité du gouvernement, à l’échelle nationale et préfectorale, les logements d’urgence tardent à arriver et beaucoup passeront plusieurs mois dans les centres d’accueil.


Constat des dommages 12/03/11

Voies d’accès possible Refuges Bâtiments détruits Bâtiments inondés/endommagés Zones d’impact Courbes de niveau (2m)

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PHASE #1 DE LA RECONSTRUCTION DE 2011 À 2012

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Dans un premier temps, la mise en place de la reconstruction suppose un déblaiement des débris éparpillés sur le territoire. Des poches de débris se sont formées en fonction des courants et marées, ces débris seront évacués par voie routière jusqu’aux centres de tri et de recyclage. En fonction de leur nature, ils seront soit brulés, soit réutilisés - pour le cas du béton - dans la consolidation des digues. Consolidation qui intervient immédiatement après, voir conjointement au déblai. Les structures les plus fragiles sont réparées, celles détruites sont reconstruites rapidement, par crainte d’écho du séisme et d’un autre tsunami. La deuxième étape consiste à réparer les voies d’accès qui relient la ville au réseau autoroutier, réseau privilégié pour le transport de matériaux et de denrées. La mise en place de logements temporaires par le gouvernement arrive très vite. Le type de logement proposé le plus couramment consiste en un ensemble de boîtes préfabriquées, comme ici directement à droite. Un projet de logement temporaire voit le jour très vite à Otomocho. Boîtes préfabriquées également, ce logement léger est rapidement mis en oeuvre, la proposition de Sugawara Daisuke recevra les louanges des usagers.


Reconstruction phase#1 - 11-12

Routes d’accès aux chantiers Voies de travaux privilégiés Chantiers privilégiés

Logements temporaires Poches de concentration de débris

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PHASE #2 DE LA RECONSTRUCTION DE 2012 À 2013

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La deuxième phase de la reconstruction consiste en la préparation des plans de surélévation de la ville. La partie la plus touchée étant évidemment la plaine en face de la digue, c’est là que se concentrera la majeure partie de remblais. Sous le poids de l’eau et des débris, le sol s’est affaissé jusqu’à 1m faisant passer certaines zones sous le niveau de la mer. La fragilité du sol était connue, mais il était impossible de contrer cet affaissement. Les cuvettes qui se sont créées et le mauvais fonctionnement des portes du déversoir ont empêché l’eau de repartir, la laissant plusieurs jours stagner dans certaines zones de la ville. La préparation des zones de remblais suppose une gestion du parcellaire au niveau administratif avant toute intervention. Une grande part du travail fut de retrouver les propriétaires des dites parcelles pour les exproprier contre compensation et ainsi oeuvrer pour la reconstruction du centre-ville. Cette question de l’expropriation est relativement rare au Japon et n’intervient qu’en cas extrême. Il est encore possible de voir des ruines de bâtiment au milieu des projets de reconstruction, signe que le propriétaire ou ses éventuels héritiers n’ont pas été retrouvés.


Reconstruction phase#2 - 12-13

Sanriku ExpressWay Travaux sur routes terminĂŠs Reconstruction de la digue

Logements temporaires Remblais en prĂŠvision

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PHASE #3 DE LA RECONSTRUCTION DE 2013 À 2016

La construction des remblais avance très rapidement grâce à la mise en place d’un système inédit de transport des matériaux de construction : le Conveyor Belt System. Il consiste en une série de tapis roulant charriant la roche extraite dans la mine voisine et l’apportant directement sur le site de construction. La machinerie de la reconstruction prend tout son sens ici.

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Comme je l’ai expliqué dans l’article précédent, la méthode choisie à Rikuzentakata est une exception. La surélévation de la ville fait oeuvre de vitrine pour les instances de la reconstruction. Une énergie folle est déployée sur ce territoire, qui malheureusement risque de ne jamais s’en remettre, économiquement et démographiquement. L’accent semble avoir été mis sur la protection de la ville, mais les éléments fonctionnels du système urbain sont encore loin de voir le jour. Qu’en est-il des espaces de consommation, de loisir, des infrastructures sportives, etc.


Reconstruction phase#3 - 13-16

Sanriku ExpressWay Routes terminées Mise en place des remblais

Mine d’extraction Conveyor Bridge System

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Rikuzentakata - Impact

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RIKUZENTAKATA - ZONE D’IMPACT DU GEJE 11 La vague qui surgit sur la ville le 11 mars 2011 à 14h46 ne touche certe «que» 5,6% du territoire total de la commune de Rikuzentakata, dont la quasi-totalité des bâtiments fait partie - Le reste étant des collines inhabitées, ou de vastes espaces agricoles dans les terres. Ce port de pêche comptait plus de 23700 habitants en 2008, en 2014, ils ne sont plus qu’à peine 19400. La vague détruit plus de 80% des bâtiments dans sa zone d’impact. La digue de protection de 6,5m de haut n’a pas empêché la vague de s’engouffrer très profondément. Rikuzentakata perd entre 20% et 40% de sa population selon un communiqué de fin mars 2012. Le centre-ville est rayé de la carte.

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Toutes les images de cette section, sauf mention, sont des productions personnelles.


Rikuzentakata - Impact

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RIKUZENTAKATA - DÉGÂTS 2015 - Production personnelle*

Dans la zone d’impact, les bâtiments de trois étages ou moins sont immédiatement détruits et partent en miettes dans les terres, entraînant avec eux d’autres bâtiments. Cet immeuble très proche des côtes est devenu un symbole de la ville, et de l’effort de reconstruction. Il a résisté à la vague qui, en atteignant la ville fait plus de 13m de haut.

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Rikuzentakata - Impact

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RIKUZENTAKATA - LA RUINE COMME SOUVENIR 2015

Ces restes de centre commercial et de salle de karaoké représentent la mémoire de la tragédie. La culture japonaise est très fortement marquée par cet esprit d’impuissance face aux éléments. La ruine d’un élément symbolique et très présent dans la mémoire collective est un moyen de rappeler à tous que la nature ne peut pas être domptée, qu’elle sera, quoi que l’homme puisse entreprendre, toujours plus forte, et que les éléments reviendront. Comment s’en protéger ? En construisant des murailles supposées infranchissables ? L’histoire a prouvé a plusieurs reprises que cette technique «militaire» n’était peut-être pas la bonne.


Rikuzentakata - Impact

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RIKUZENTAKATA - TRACE DU PASSÉ 2015 - Production personnelle

Les débris gisent toujours presque cinq années après la catastrophe. Des empreintes du bâti sont toujours visibles dans l’immense «vide» laissé par la vague. Au loin, on aperçoit les restes de la ville, plus haute, plus loin, elle semble avoir été épargnée par la vague meurtrière.

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Rikuzentakata - Les remblais et digues

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RIKUZENTAKATA - LES REMBLAIS & DIGUES L’ancienne digue de protection de 6,5m de haut a été complètement emportée par la vague du GEJE 11, et a même empêché l’eau rentrée dans les terres de ressortir rapidement. Stagnant dans les zones sinistrées, il a parfois fallu la drainer pour l’évacuer. Cet excès d’eau pendant un temps trop long a fait s’affaisser le sol. Dans une logique de reconstruction de résilience par résistance, les pouvoirs publics proposent donc la construction de remblais et de digues encore plus hautes. L’ensemble du territoire immédiatement rasé est donc surélevé - jusqu’à la prochaine vague... Le zoom en bas à droite, montre les remblais construits, la terre venant d’une mine à ciel ouvert (rayé rouge) est transportée par un système de Conveyor Belt (traits rouge) jusqu’aux remblais (poché rouge)


Rikuzentakata - Les remblais et digues

10 mars 2011

13 mars 2011

-11110 mars 2011

01 juin 2015

RIKUZENTAKATA - ZOOM SUR SITE 2016 - Google Earth

Les images de gauche sont des vues satellites datant du 23/07/2010 et montrent donc l’état de l’urbanisation de la ville de Rikuzentakata, et plus particulièrement un zoom sur l’embouchure du canal. Celle en haut à droite, date de 2 jours après le tsunami, soit le 13/03/2011, l’ampleur des dégâts est difficilement mesurable. La dernière en bas à droite correspond à l’état de l’embouchure en date du 01/06/2015, soit deux mois avant l’ensemble des photos que j’ai prises sur le site. La colline sur la rive ouest du canal est devenue une immense carrière dont la terre et les roches sont transportées vers l’autre rive par un système de tapis roulant et construit immédiatement des remblais et des digues de protection.


Rikuzentakata - Les remblais et digues

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RIKUZENTAKATA - CONVEYOR BELT SYSTEM 2015

Depuis la colline sur la rive ouest, un immense système de tapis roulant charriant des milliers de tonnes de gravats, de roche et de terre, construit des remblais et des digues pour sécuriser la ville et la prémunir des futurs risques. Un champ immense est investi par ces structures démesurées.


Rikuzentakata - Les remblais et digues

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RIKUZENTAKATA - VUE DEPUIS UN REMBLAI 2015

Là où s’élèvent maintenant d’innombrables remblais se dressait la ville de Rikuzentakata. L’ensemble de la zone dévastée s’est abaissé de plus d’un 1m50 par certains endroits sous le point de l’eau et des débris. Certaines zones passant même sous le niveau de la mer. Le MLIT et la Reconstruction agency, en relation avec les pouvoirs publics de la préfecture prirent donc la décision de construire d’immenses remblais pour surélever le niveau de la ville toute entière.

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Rikuzentakata - Les remblais et digues

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RIKUZENTAKATA - LA DIGUE/FRONTIÈRE 2015

Les remblais/digue apparaissent comme des montagnes difficilement franchissables. La vision d’ensemble sans aucun bâtiment encore construit sur ces promontoires rend l’ensemble désertique, très froid. Il semble difficile d’imaginer une ville ou chaque bâtiment fonctionnel reposera sur un socle, comme un piédestal face à la mer et à sa violence. Pour l’instant, ces digues apparaissent comme des collines sans fonctions, vides, comme le reste.


Rikuzentakata - Les remblais et digues

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RIKUZENTAKATA - LA MACHINE DE LA RECONSTRUCTION DESSINANT LE SKYLINE 2015

Ce Conveyor Belt System est omniprésent dans le quotidien des habitants de Rikuzentakata. J’ai certes pu traverser la zone à pied, mais tout le monde me regardait comme un ovni. Plus personne ne marche ici, la ville et ses équipements ont disparu, laissant place à une machine gigantesque de confection de mur de résistance. Avec au loin, cette bête de métal vomissant la terre de la colline sur les fondations de la future ville.

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Rikuzentakata - La communauté comme soutien

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RIKUZENTAKATA - LA COMMUNAUTÉ COMME SOUTIEN Le gouvernement met en place, directement après que les gravats soient retirés, la construction de très nombreux logements temporaires sur l’ensemble de la côte de la région de Tohoku. À Rikuzentakata, c’est plus de 2168 logements temporaires qui seront construits en un an. Ces logements, regroupés en unités selon la taille du site se placent sur des anciens parkings, des terrains privés laissés en friche, parfois dans des stades (comme à Kamaishi par exemple), mais toujours en hauteur, surement pour habituer les populations à s’éloigner de la mer.


Rikuzentakata - La communauté comme soutien

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RIKUZENTAKATA - みんなの家 -Home-for-all «Ito, Inui, Fujimoto, Hirata - Nov 2012» 2015

La ‘Maison-pour-Tous’ de Rikuzentakata fut portée par Toyo Ito dans le cadre de la 13ème biennale d’architecture de Venise en 2012. Elle est tenue par Sugawara San, très engagée dans la vie collective de sa ville. Elle connaît tout le monde et aide au maximum dans l’effort de reconstruction. C’est elle qui trouva le terrain pour l’équipe d’architectes, elle est maintenant en charge de l’ensemble de la communauté. Je la rencontre dans la maison de Rikuzentakata, elle nous invite à déjeuner avec elle. Elle connaît quelques mots d’anglais et s’avère d’une hospitalité remarquable. Grâce à elle, nous allons visiter un logement temporaire sur les hauteurs de Rikuzentakata, appartement d’un vieux monsieur, survivant miraculé de la vague du 11 mars.

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Rikuzentakata - La communauté comme soutien

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RIKUZENTAKATA - みんなの家 - Home-for-all «Ito, Inui, Fujimoto, Hirata - Nov 2012» 2015

Cette maison, en japonnais phonétique «Minnanolé» - La ‘maison pour tout le monde’ est la plus connue de ce type d’initiatives, portée haut et fort par Toyo Ito. Au lendemain du GEJE11, il contacte les architectes Kengo Kuma, Riken Yamamoto, Kazuo Sejima et Hiroshi Naito pour fonder l’association KISYN-No-Kai, qui pourrait signifier ‘Retour au cœur’, dans le but de réfléchir, de faire jouer leurs influences, de fédérer le monde architectural japonais autour d’une nouvelle façon de reconstruire, la maison-pour-tous devient le symbole de cette union. Madame Sugawara, qui tient la maison, me confiera que Toyo Ito participe également financièrement au nom de son agence au frais de fonctionnement de la maison. Faite de bric et de broc, elle est le symbole de la communauté comme première source de réconfort, d’entraide et d’espoir dans un effort commun de reconstruction.


Rikuzentakata - La communauté comme soutien

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RIKUZENTAKATA - VUE DE SUR LA VILLE 2015

La maison est construite sur les hauteurs de la ville. Dans une zone assez densément construite avant la catastrophe, Sugawara san nous expliquera que la vague est montée jusqu’au quatrième poteau électrique sur cette photo. Le monsieur que nous allons voir devant chez lui juste après a été pris en photo, courant dans cette rue pour échapper à la vague. Il est, des personnes présentes sur la photo, le seul rescapé encore en vie - une femme avait également échappé à la vague, mais est décédé quelques mois plus tard. Au loin se dessinent les remblais faisant écho aux collines environnantes et si caractéristiques de cette région côtière de Tohoku. Ici s’élevait avant, le centre-ville de RIkuzentakata.

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Rikuzentakata - La communauté comme soutien

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RIKUZENTAKATA - LOGEMENT TEMPORAIRE 2015 - Production personnelle

L’un des très nombreux lotissements de logements temporaires de la région, très excentré. L’endroit était d’un calme absolu, les entrées toutes similaires sont parfois appropriées par les habitants - majoritairement des personnes âgées ne pouvant plus vraiment quitter la région.


Rikuzentakata - La communauté comme soutien

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RIKUZENTAKATA - ALLÉE DU LOTISSEMENT TEMPORAIRE 2015 - Production personnelle

Les nombreux lotissements temporaires sont installés en quelques barrettes desservies par des allées. Chaque logement dispose d’un patio en plexiglas translucide. La notion de privatisation des espaces de la famille est perçue différemment dans la culture japonaise. L’espace public et privé sont reliés par un nouveau type d’espace, neutre et partagé. Des logements temporaires que j’ai visités, celui-ci était le plus calme, le moins approprié par les habitants, et sans hésitation le plus «loin de tout».

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Rikuzentakata - La communauté comme soutien

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RIKUZENTAKATA - OTOMO-CHO

Daisuke Sugawara + Kazuhito Nakano, Mai 2011 2015 - Production personnelle Le lotissement OTOMO-CHO, est une référence dans la mise en place de quartier temporaire de qualité. Ce complexe se situe en face de Rikuzentakata, sur une presqu’île du nom de Sumita, connue pour la qualité exceptionnelle de ses cèdres. l’image qui vient immédiatement est celle des cités-jardins.


Rikuzentakata - La communauté comme soutien

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RIKUZENTAKATA - APPROPRIATION Daisuke Sugawara + Kazuhito Nakano, Mai 2011 2015 - Production personnelle

Ce complexe laisse la possibilité aux occupants de s’approprier leurs espaces intérieurs et extérieurs. Chacun dispose d’une entrée privée, chaque maison est entourée de végétation, et le «patio» apparait comme un connecteur très apprécié entre ces deux espaces.

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Vers la disparition progressive de Rikuzentakata Projet cyclique de re-naturalisation de l’environnement urbain

Vue sur l’ancien centre-ville de Rikuzentakata, la nature reprend inévitablement ses droits entre les différents chantiers - Production personnelle - 2015

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Contexte démographique, économique et social de la côte de Tohoku. Le Japon fait face à un grave problème démographique depuis les années 90, avec un taux de croissance globale de sa population de -0,17%, phénomène s’accentuant depuis 2011 et les catastrophes de Tohoku et de Fukushima. En effet si les tendances se poursuivent et que le taux de fécondité reste inchangé, le nombre total d’habitants en 2060 passera sous la barre des 87 millions, soit deux tiers du chiffre actuel (126 810 000 habitants), avec plus de 40% de la population âgée de plus de 65 ans1. Le Japon se vide et vieillit.

A

u fait de cette tendance démographique, la situation économique du pays va également décliner ; les marchés intérieurs n’attireront plus les investissements extérieurs et les migrations vers les zones urbaines s’accentueront, dans le but de trouver un emploi plus stable en ville. Si cette migration, déjà engagée se poursuit au rythme actuel, en 2040, le nombre de femmes âgées de 20 à 39 ans aura fondu de moitié par rapport à son chiffre de 2010 dans 896 municipalités – soit près de la moitié des localités japonaises. * Évolution de la population calculée comme la différence entre la population étudiée et la population totale 1 Source : Commission « Choisir l’avenir » rattachée au bureau de Mimura Akio, Président de la Chambre


Population japonaise

Évolution de la population en % annuel

en millions

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Évolution de la population rurale

+2 +1

Évolution de la population urbaine

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Population urbaine

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Population rurale

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1990

2000

2010

2020

Population rurale et population urbaine au Japon*. Un déclin généralisé - Source données The World Bank, 2015

S’ajoute à cette perte notable de femmes, le déclin des populations rurales. Le graphique cidessus (Population rurale et population urbaine au Japon, un déclin généralisé) montre l’écart qui s’est creusé entre les populations rurales et urbaines depuis le GEJE11. Cet écart brutal influe énormément sur la situation économique des régions à dominance rurale, on constate notamment que le pourcentage de renouvellement de la population rurale est tombé sous la barre des -7,5%, passant de -0,6% en 2010 à -7,48% en 2014 . La région de Tohoku, frappée par le GEJE 11 ne fait pas exception à cette tendance

largement engagée. Bien que le Japon ait enclenché en juin 2014 une stratégie économique et démographique générale, l’objectif de fixer la population à 100 millions dans 50 ans, en investissant dans la jeunesse, va être très difficile à atteindre. Les premières régions qui souffriront de ces pertes démographiques seront celles qui sont les moins stables économiquement, celles dont l’industrie périclite en raison de l’exode rural en cours, les régions comme Tohoku, qui en plus de subir cet exode, voient leurs industries côtières à genou suite aux dégâts du 11 mars 2011.

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Dans ce contexte défavorable, la question de l’augmentation des richesses apparaît être l’élément central. Alors, malgré la catastrophe comment faire ? Comment conserver un système économique productif malgré la présence récurrente de la destruction ?

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La réponse qui est donnée à l’heure actuelle au nécessaire rétablissement du système dans ces régions sinistrées consiste en la construction de murs de protection encore plus hauts, de surélever la ville sur une immense partie de celle-ci pour éviter tout dommage futur. Cependant, cette tentative de conservation semble démesurée au regard de la capacité de la ville à se remettre de la catastrophe. La région de Tohoku est morte, les jeunes ne restent pas et préfèrent partir vers le centre économique le plus proche : Sendai. La population est vieillissante et la reconstruction des zones endommagées prend plus de temps que prévu. Les moyens mis en œuvre semblent démesurés. Ce système de reconstruction peut être efficace dans un système et un environnement économique sain, avec une dynamique économique forte (cf article p.10)1, ce qui n’est pas le cas pour cette petite ville. 1 «Comment évaluer la résilience de l’objet urbain ? p.10»

Tout semble plaider contre la reconstruction classique. Je prends donc avec ce projet, le contre-pied de la reconstruction et propose une alternative à cette idéologie conservatrice d’un système qui n’a peut être plus lieu d’être. Les piliers fondateurs de ma proposition d’accompagnement à la disparition 1/ chaque geste ou tentative de reconstruction et de prémunition du risque naturel envers le système urbain se traduit par une tactique de résistance de la forme bâtie sur la force naturelle. Cette opposition au risque se manifeste par la construction d’infrastructures de protection et de sécurité qui se verront irrémédiablement détruites ou tellement endommagées qu’ils nécessiteront une intervention très lourde post-catastrophe. Cette forme de résistance induit donc un refus d’imaginer la destruction potentielle et un sentiment de toute-puissance qui va a l’encontre de la nature même de notre environnement. 2/la solution de repli est envisageable, et dans le cas de la reconstruction de Tohoku elle est parfois adoptée à différents degrés (cf p. 46-47 : stratégies de fortification, de séparation, de repli et d’élévation). La solution de reculer dans les terres et d’atténuer les effets d’un


tsunami, aussi violent est facilement défendable, cependant il y a des raisons culturelles, idéologiques, historiques, tout aussi recevables de rester sur la côte que de se replier. Pourquoi ne pas prendre en compte ces demandes venant de la communauté de rester au même endroit ? Acceptons que les habitants aient la capacité de vivre la catastrophe, la destruction et la répétition inévitable de ces évènements et se regroupent inévitablement en communauté soudée2. La résilience de cette communauté vis-à-vis de ce territoire et dans ce contexte démographique particulier de déclin, ne réside-telle pas dans sa lente disparition ? Comment rendre positive cette transition et développer un projet de disparition d’un environnement bâti, en phase de renaturalisation ? Stratégie de projet au regard d’un schéma temporel cyclique : Quel sens pourrait avoir la cohabitation d’un petit nombre de personnes dans un paysage qui est en voie de re-naturalisation, de reprise de pouvoir face au monde bâti ?

2 La culture japonaise porte un fort intérêt à ce rapprochement communautaire dans son mode de fonctionnement (cf BENEDICT Ruth, The Chrysanthemum and the Sword (Le Chrysanthème et le Sabre), Houghton Mifflin, 1946)

L’aspect cyclique des catastrophes et donc des phases de préparation, de destruction et de reconstruction successives – que je vais développer un peu plus loin - ne suppose plus un mode de pensée linéaire, mais une répétition d’occurrence particulière dans la conception de la ville et le maintien d’une appropriation par les gens du territoire duquel ils sont petit à petit chassés. La frontière entre espace bâti et espace naturel tend à s’amincir, pour finalement disparaître progressivement au bout d’un nombre x de cycles. En effet, la récurrence des catastrophes est mesurable et calculable. La conception d’un projet architectural tel que nous avons tendance à le pratiquer dans notre société judéo-chrétienne - qui considère le temps comme une ligne droite finie, ayant un début et une fin3 - suppose de par son organisation un développement linéaire. Il suit un schéma défini et codifié de sa mise en place, vers la conception et se termine, en tous cas pour l’architecte, par la livraison du projet. Le bâtiment naît, est utilisé et enfin détruit pour laisser place à un projet plus adapté aux contraintes de son temps. Le schéma de pensée que je propose

3 KATO Shûichi (trad. SABOURET Christophe) 2009 (Or. 2007), Le temps et l’espace dans la culture japonaise, Paris, CNRS Éditions, p. 23 - ‘‘Le temps Israélite’’

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consiste en un autre paradigme, définissant le temps non plus comme une ligne droite, mais comme un cycle d’occurrences particulières dictées par les vibrations naturelles. Si l’on considère que les aléas naturels se produisent selon une ondulation définie, un cycle particulier, pourquoi ne pas penser la ville dans ce schéma temporel? Le projet dont je parle n’a plus de début ni de fin, mais il est fragmenté en plusieurs phases s’étirant dans le temps long et convergeant vers l’inévitable disparition, après plusieurs cycles de destruction, de la ville de Rikuzentakata telle qu’elle existe aujourd’hui.

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Dans cette mesure, quels sont les piliers sur lesquels la disparition peut s’appuyer tout en garantissant aux habitants qui ont choisi de continuer à vivre sur place en lien avec cette acceptation de la disparition ?

Le concept de Mono No Aware 物の哀れ

La beauté de l’éphémère

À l’opposé des concepts esthétiques et philosophiques occidentaux qui prônent les principes d’éternité et de durabilité, la culture orientale, d’abord chinoise et plus particulièrement japonaise accorde une place privilégiée à l’éphémère. L’Ukiyo : comprendre, le monde flottant, est un concept récurrent de la philosophie orientale. Issu

du bouddhisme, il vise à enseigner l’évanescence des choses et l’aspect changeant des humeurs. Il met l’accent sur l’aspect non fondamental des choses, et insiste sur le caractère évolutif du monde qui nous entoure. Le sentiment de sécurité4 qui résulte de la mise en place d’infrastructures de protection et la position de résistance qui est adoptée, semble aller à l’encontre de cette philosophie ancrée profondément dans l’imaginaire collectif japonais. L’idéal de l’immatériel est-il en train de se perdre dans ce contexte de conservation à tout prix des systèmes de vie ? L’éphémère est un concept qui appelle immédiatement la notion de cycle. Le cerisier procure un bonheur immense le temps de sa floraison, par la beauté de ses fleurs, empreinte de l’éphémère, mais l’idée même d’un recommencement n’est elle pas la source d’un bonheur plus durable, d’une raison d’être des choses dans leur essence la plus pure ? La ville face à la nature, suivant cette philosophie de l’Ukiyo, n’est-elle pas en un sens le reflet de la fleur de cerisier qui cycle après cycle revient, jusqu’à la

4 Cf RANGHIERI Federica, ISHIWATARI

Mikio, Learning from Megadisaster - Lessons from the Great East Japan Earthquake, Washington, International Bank for Reconstruction and Development, The World Bank, 2014, pp. 102 - 103


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VI( LL

K

侘 寂

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CER MENI M G O INTSU

Occurence des catastrophes et cycles de rétablissement tendant vers la disparition progressive de la ville

VIV R

disparition de l’arbre qui, trop vieux ne peux plus assumer son rôle ? Mise en place d’un système cyclique de la disparition : La disparition d’une ville demande la récurrence de plusieurs cycles pour arriver à son terme. Ces cycles se composent de phases bien distinctes : le recommencement, la vi(ll)e, et la préparation. Chacune de ces phases induit un état particulier à la fois du système sur son territoire, mais également des habitants sur leur façon de vivre dans le système. À chaque état correspondent une temporalité particulière et une fonction bien définie. Ma proposition de projet traite donc précisément de trois concepts clefs issus de la philosophie japonaise auxquels j’appose une phase bien précise. Ainsi le “recommencement” est rapproché de l’art du Kintsugi. Cet art ancestral consiste en la réparation d’objet a priori banal, en utilisant une laque précieuse mélangée à de l’or.

Cette phase du “recommencement” est symbolisée dans mon projet par une usine d’un nouveau genre. Il s’agit d’une usine de débit de bois, elle ne peut donc fonctionner que si une forêt fournit le bois dont elle a besoin. Le deuxième concept fondateur de ma proposition est donc une forêt, plantée en bord de mer. elle symbolise la phase de préparation. Cette proposition s’appelle Komorebi : en japonais ce mot véhicule une idée de porosité et de transformation, il décrit la lumière passant au travers des feuilles d’un arbre. Ces deux éléments fonctionnent en symbiose et œuvrent dans le même but : servir de support pour la reconstruction d’une partie de la ville détruite. Ils produisent ensemble les fondations nécessaires à une reprise de pouvoir par les habitants qui en font la demande. Ces habitants pourront donc définir leurs envies et leurs besoins, chacun est libre de revenir sur sa propre parcelle et de définir un projet adapté à ses souhaits et besoins.

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Stratégie de la disparition de la ville au regard d’un temps long

Un cycle de vie s’installe rythmé par différentes phases


Rentrons plus en détail dans chacune de ces propositions de projet : Le recommencement : KINTSUGI 金継ぎ

L’usine du recommencement Le Kintsugi est l’art de réparer un objet avec une laque particulière saupoudrée d’or, d’argent ou de platine. La philosophie sous-jacente à cette technique est de retrouver l’histoire de l’objet, et d’intégrer visiblement la réparation au lieu de la masquer.

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Le recommencement suppose donc un élément de reconstruction : l’usine. Le territoire est meurtri, abimé, dévasté. Le sol a besoin dans un premier temps d’un traitement avant de recevoir à nouveau des bâtiments « en dur ». L’usine que je propose est d’un autre ordre. Elle est légère, démontable, se déplace sur l’eau et vient au coeur de la zone d’impact, se brancher sur le réseau routier encore praticable. Elle est le support de la reprise du pouvoir par les habitants sur leur territoire. Cette reprise de pouvoir n’est cependant pas obligatoire. La fuite et la recherche de sécurité sont évidemment possibles. Elle prend la forme d’un atelier qui s’installe facilement, n’importe où. Chacun est libre d’y accéder et d’être enfin, un véritable acteur de sa propre reconstruction. Cette usine, traite de la question de la réutilisation des débris et plus particulièrement de la

transformation des troncs d’arbres arrachés par la vague en éléments de construction, utilisable rapidement et gratuitement pour la reconstruction immédiate de la ville. Au lendemain de la catastrophe, elle est déjà active. La vie reprend, chacun est acteur de cette reprise d’activité, l’éphémère détruit par la nature reprend forme, une autre forme, à une autre échelle.


La préparation : KOMOREBI 木漏れ日

La forêt du souvenir et de la préparation Komorebi est un mot japonais intraduisible, il représente la forme que prend la lumière quand elle traverse les feuilles d’un arbre. Il véhicule une idée de quelque chose de fondu, de nébuleux et de doux, qui transcende la fonction première de la lumière d’éclairer et l’élève au rang de l’œuvre. Le système qui se met en place dans la plaine, sur les cendres balayées d’un revers de vague de l’ancienne ville, n’est rendu possible que si la matière première de cette reconstruction est disponible immédiatement sur place. Le projet komorebi est un projet de seuil, d’une frontière active, d’un lieu de mémoire. Il est la source de la reconstruction de la ville, sans elle, rien ne serait possible derrière. Ce seuil marque la limite de façon poreuse entre la mer et la terre. Il existe une forme de protection des tsunamis de faible impact, mais de forte occurrence, qui consiste en la constitution d’une forêt de pins en bordure de l’océan qui vient filtrer les vagues. Cette forêt est un lieu de promenade, un élément pour se rappeler qu’il faut se protéger. Cependant, elle est autonome, elle ne participe pas du système urbain, ou très faiblement. Je propose ici de

la replacer au cœur du processus de transition. Elle apparaît comme le terreau d’une nouvelle forme de vie. C’est elle qui reprendra le dessus sur le système urbain une fois que les catastrophes auront eu raison de la ville bâtie. Mon projet prend, au travers de ces trois éléments symboliques fonctionnant de façon symbiotique, une dimension qui transcende les notions d’urbain et de nature. La constitution d’un système urbain résilient ne peut se faire sans une prise en compte de l’univers du naturel, et à mon sens cette résilience n’est réellement atteinte qu’à partir du moment ou ces deux continuums, urbain et nature, s’équilibrent. Le système urbain tend vers sa propre disparition. L’architecture japonaise intègre dans sa conception, tant physique que conceptuelle, cette notion de porosité des seuils. Ma proposition s’intégrera dans cette continuité traditionnelle et traitera le seuil dans les mêmes termes, accompagnant progressivement ce retour à un état primaire antérieur, de nature dominante. L’action combinée de l’usine et de la forêt produit donc une ville, symbole de cette forme spatialisée de la démocratie, dans laquelle les habitants qui en font le choix reprennent possession de leur propre résilience.

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La vi(ll)e : WABI SABI 侘寂

Le wabi fait référence à la plénitude et la modestie que l’on peut éprouver face aux phénomènes naturels, et le sabi, la sensation face aux choses dans lesquelles on peut déceler le travail du temps ou des hommes5. L’usine de la reconstruction est mise en place dans le but de reconstruire le plus rapidement possible, ce que les habitants considèrent comme important à leur vie sur le territoire. Laissant place à la ville faite d’une multitude d’identités particulières, de formes et de typologies complémentaires.

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Cette ville inspirée des formes traditionnelles de la culture constructive japonaise est une œuvre commune, jamais finie, elle est le reflet de l’idée du vivre ensemble. Elle apparaît comme une formalisation du concept de justice spatiale, elle façonne la communauté en même temps que la communauté la façonne.

5 Gianfranco Giorgi, Les Bonsaï, Solar, p. 14

Mon projet s’intègre dans cette continuité de raisonnement et propose une alternative à la reconstruction classique. En effet, considèrons la résilience urbaine comme la capacité qu’a la ville à se remettre d’un traumatisme. Mais également, que la résilience par résistance est inadaptée au regard des dynamiques économiques et démographiques du site d’étude. Alors, une proposition de résilience par absorption de l’aléa, à comprendre comme l’assimilation des dommages que va inévitablement subir la ville dans son propre fonctionnement, suppose une ville dont ses habitants sont les acteurs de sa reconstruction. Le mode de production de la ville est intimement lié à sa destruction par l’aléa. Et au fil des cycles de destruction/réparation, ce système tend vers sa disparition. Une logique cyclique s’installe en même temps qu’une acceptation par les habitants de la transition qui inévitablement devra se produire.


LA VI(LL)E WABI SABI 侘寂

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Le recommencement KINTSUGI 金継ぎ

La préparation KOMOREBI 木漏れ日


Quelle place laissée à l’architecture dans ce contexte de crise ?

L

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e sujet de la reconstruction de la côte de Tohoku s’est imposé à moi comme une évidence pour mon projet de fin d’études lorsque j’ai assisté premier colloque “Ville et architecture après le 11 mars” organisé par l’ENSAPM en partenariat avec la Maison de la Culture du Japon à Paris fin mars 2012. La question posée durant ce colloque fut celle de la nature de la reconstruction d’un territoire traumatisé. La problématique de la refabrication du tissu à l’échelle locale, tant architectural qu’humain m’a depuis passionné. La recherche d’une résilience efficace m’apparaît comme la clef de voute nécessaire à la survie de populations installées dans des zones à risques. Elle me semble être l’objectif commun que l’on devrait se fixer en tant qu’architectes. L’Organisation des Nations Unies détermine la capacité de résilience d’un système social par “la capacité de ce système à s’organiser pour être davantage à même de tirer les enseignements des catastrophes passées pour mieux s’en protéger”. Dans ce cas, comment reconstruire ?

Plus grand? Précédemment j’expose que la situation économique et démographique de la région de Tohoku ne rend pas cette stratégie pertinente, car elle n’apparaît efficace que dans un système à la croissance dynamique. Plus sûre? La reconstruction d’un système en suivant cette stratégie verrait apparaître une accentuation forte de l’écart entre l’homme et son environnement qui, pour pallier à la disparition des barrières naturelles de protection construirait des infrastructures sécuritaires exorbitantes. Cette posture de résistance conduirait inévitablement à une rigidification des lignes de défense opposée à la notion de flexibilité qui garantit une capacité d’adaptation plus durable. Reconstruire plus juste? Une ville apparaît juste dans son accessibilité aux ressources, ce qui pose la question du droit à la ville, mais également dans son processus de production. Quelle légitimité est donnée aux plans proposés et aux acteurs qui rentrent en jeu dans ce processus ? Ma proposition se saisit de ces questions de justice et de légitimité pour les faire valoir sur un territoire meurtri tel que la côte de Tohoku. En situation de crise, le droit à la ville et la légitimité des acteurs doivent être des sujets à placer au coeur des débats ; et


la production d’une ville juste, forme spatialisée de la démocratie, devrait être l’objectif à atteindre. Au regard des différents paramètres économiques et démographiques largement défavorables, le territoire que j’ai choisi suppose une certaine radicalité dans la prise de position et la mise en place d’un projet cohérent.Il est fort probable que cette région continue de décliner et tombe progressivement dans une situation constante de survivance. L’accompagnement de la disparition suppose une réflexion sur un temps très long, fixé par l’occurrence des traumatismes que la ville subira, occurrence mesurable et prévisible. La stratégie que je mets en place laisse la liberté aux habitants d’être les propres décisionnaires de leur mode de résilience. Le choix leur appartient de rester et de vivre en relation étroite avec les aléas environnementaux qui, quoi que l’on fasse, continueront de perturber le système. Acceptons qu’ils aient la capacité de vivre la catastrophe. Dans cette situation d’acceptation, la question qui prime serait de rendre positive la transition d’un monde urbain et maîtrisé vers un environnement naturel et indomptable.

Jusqu’à quel point faut-il envisager les gestes de protection dans le maintien d’un état de vie? Est-ce que ce système de maintien ne rendrait-il pas la vie finalement plus difficile? Maintenir le système ? OUI, mais à quel prix? Cette transition se ferait évidemment sur un temps très long de plusieurs cycles. Ce mode de raisonnement prend sa source dans la philosophie japonaise qui conçoit le temps principalement de deux manières : comme un cycle, mais aussi comme “s’écoulant dans une direction déterminée sur une droite infinie”1. Le temps n’a donc ni début ni fin. Mon projet reprend cette conception et l’applique à la stratégie d’accompagnement d’un état vers un autre. L’enseignement bouddhiste de l’évanescence des choses suppose une glorification du concept d’éphémère. Il met l’accent sur l’aspect non fondamental du monde qui nous entoure et son caractère évolutif. Y a-t-il une place encore aujourd’hui pour cette notion d’éphémère voire d’acceptation de l’impermanence dans la conception des villes et l’organisation de nos modes de vie ?

1 KATO Shûichi (trad. SABOURET Christophe) , Le temps et l’espace dans la culture japonaise, Paris, CNRS Éditions, 2009 (Or. 2007)

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Crédit des images pp. 28-29 : Fond : p.30, Handmade Hana Yuzen Paper, waves pattern, Kate’s Paperie / p.30, “sans titre”, Jamie pour Pen&Gravy - Haut-gauche : “Tsunami Breaches Seawall” Miyako city Office Via Reuters - Hautdroit : Vague dévastant un quartier résidentiel de Rikuzentakata, auteur inconnu - Bas-gauche : Toru Yamanaka, Toshifumi Kitamura, AFP - Bas-droit : Athit Perawongmetha, Associated Press

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Interview Interview de Yasuaki Onoda à la Tohoku University au Department of Architecture and Building Science le 28/08/2015

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Yasuaki Onoda: Before AA, the architects were helping the municipalities by themselves. A lot of projects were on the tables, and the hierarchy between these projects was chaotic. Very isolated and stupid situation. The government didn’t really felt comfortable with this situation. At the beginning of the reconstruction, no one was aware about civil engineering, or had experience in this reconstruction project. We established in this perspective a platform – ArchiAid, to share the knowledge and exchange information from different municipalities. Then I was, supporting AA very early in the process (Jakarta Post CF) I helped in the establishment of AA, and I immediately worked with municipalities to design the planification of the reconstruction. T: In Kamaishi for example? O: Exactly. The GEJE 11 was a L2 Tsunami, (896 – 1611 – 2011) The Government decided 2 rules: under 2m areas, the Government does not allow to build in this area. In addition, the construct a huge shift embankment, to protect the city from the waves. But with this unconstructible area, they have to move the habitation on a higher

ground. In this map, you can see from where they are moving the houses, to the new location. Here – in lower grounds – it is allowed to construct a shopping mall, or industrial complex, everything except habitation areas. Before the tsunami, the commercial and the habitation were really close, in a mixed-use organization. With the new guidelines by the Reconstruction Agency, they have to separate those functions. It is a huge problem for the urban planning. The residential areas are escaping from flat land to higher places. This system is a way back to the ancient way of designing cities, functions are segregated and we know that it is not efficient for the urban system, but what can we do? The Central government established rules and we couldn’t ignore it. Of course we can discuss and establish a dialogue but the rules are still here so basically we have to follow the rules. T: How do you deal with that? O: Interesting, and very important question! But we still have to analyze and think about a more efficient system. The guidelines are very strict, stricter than the construction rules that used to be before the GEJE11. It is a great contradiction with the reconstruction from the disaster. We decided this rules, but the government didn’t really understood what happened. T: Is the population agreed with this plan? Are there any reactions from the communities? I heard that Tohoku region is famous for its fishing activity but with this system you have to move all the residential


areas on a top of a hill. It seams contradictory with the culture: How can you ask a fisherman to go on a top of hill? O: Yes of course! But there is no exception regarding these rules! The situations are very complex. T: What happen to the old transportation system? The public buses etc. Everything will have to change radically to fit the new needs of the population, How do you deal with this? O: They will have to invest twice the money to make the system work with a radically new organization. But all those questions are not architectural work, it’s disaster science, and urbanism questions, and it represents 70% or even 80% of the work we are doing in the studio and finally with the municipalities. Our actions are strictly limited as an architect in this system. Of course the architecture work is important, because they don’t know how to design the programs they decide. That’s why we invited ArchiAid in Ishinomaki for example. This city is the most important city in the disaster area, except Sendai of course – A city that is bigger, but well preserved as I can say by the tsunami, the city center as not been damaged so the system was still working. Ishinomaki’s city center as been strongly touched, nearly 4000 people died this day, and the damaged were huge T: As the Rikuzentakata city right? I have seen a lot of pictures of the old city center and it seems that the city disappeared in a day. O: You are right; the city center has been taken away in a day. The city

is in flat land so the wave came very far inland. The city has been almost entirely swept off. In the coastline, the second biggest city after Sendai, the situation there is very complicated. The Tsunami didn’t take away the entire city center, but the damages were still very important. He takes out a paper, and begins to draw a map of the coastline. I learned a lot with this drawing. Four main prefectures as been touched by the GEJE11: Fukushima, Iwate, Miyagi, Aomori Miyako Kamaishi Ofunato RKZTKT Onagawa : Shigeru Ban is in charge of the reconstruction – Railway Station also Kesennumma : Kuma is in charge of the reconstruction plan / Ito has a small project as well, the community hall Higashi matsushima : Ishinomaki : Minamisanriku : Kuma is in charge of the shopping area reconstruction OSHIKA PENINSULA : ArchiAid, For AA it is very important to have a field of experimentation. Here the rescue team came really lately because of the road situation. For us it is a way to create a lot of interaction between the populations, organize workshop with the locals, and so on. It is very isolated, and we feel that it is important not to forget this situation. The reconstruction is an architect work, but also an engineer work, a geologist, geographic task etc. It is very difficult for us to invite good architects for this or that project. We have to talk to all other actors in the area, and the government is not

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helping this network to grow, because the task and the complications are numerous. T: I understood that one of your topic is to develop a culture and education of the reconstruction principles. Do you think this educational project can help people and especially young architect to be more linked with this kind of question?

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O: We did several educational projects, especially with Momoyo Kaijima from Bow wow studio - who is also a member of AA, and she worked on very interesting educational projects, like the fishermen school, elementary school or the Itakura House. Kaijima is a very important person in AA, As well as Kojima. He did excellent work in Kamaishi for example, he designed a school for Kamaishi, and is in charge of the reconstruction of Ayukawa, biggest village in Oshika peninsula. Makoto Watanabe, is in charge of Kamaishi management of the design team, to conceive public housing for the city. T: What is your opinion about the Home for All Project, as a co founder of a very important platform for the reconstruction? Do you think that these projects initiates by Toyo Ito in 2012 are enough efficient in this context? O: The Minanoié project is very important, but should be understood as a symbol, it is a very very small step in the process of recovery. But on the other hand, it gives some publication about the process and the impact of the disaster on worldwide scale. T: Do you feel this impact on

AA initiatives, Economically or academically speaking? On the international publication, two entities always come together, HFA and AA. Is this relation still very strong? Can we say that it is a strong family working together? O: Basically the Home-For-All and AA are two different projects. But the two teams are strongly working together. AA and Kysin no Kai for example are exchanging information. In my personal point of view, I’m working with the two teams, because I strongly believe that we should not keep our own knowledge for ourselves, but sharing and exchanging different point of view is way much better for the project. T: I can see a lot of you student in this office where we stand. Are they also working on the Tohoku Reconstruction? Is this studio independent or appears to be a part of AA Initiative and strongly linked with municipalities? O: Yeah kind of. But not necessarily. You know, we have a lot, probably too much projects on the course. This morning I had a meeting in Kamaishi, and this afternoon I was in Miyagi prefectural building. We are also in contact with Fukushima prefecture, Ishinomaki as I said earlier, Kumamoto and Oshika peninsula… So a lot of project as you understand. Here it’s a laboratory, related to the Sendai University. Architecture schools, before the disaster, were focus on theories and studies, but now everyone, and by that I mean every architect students are very concerned by the reconstruction. Our work is kind of a primary work to gather people and to discuss, negotiate with the community, or the prefecture. Our role now is more a coordinator work.


T: What will be your next move with ArchiAid? O: AA will probably close after this fifth year. Our objective is working and the platform is efficient regarding the reconstruction. AA work is a little bit difficult to understand. We are fighting against the system of the reconstruction. AA people will regroup for a last one publication, what they did, what they didn’t could have done etc. T: But if this Network or platform stops, this Top and down structure will be maintained. Are you not afraid that all your efforts disappear with the AA initiative? O: Basically, all the projects are already on their way. They already decided which architect will design this and that, the budget are established etc. We are waiting for the construction to start. Our game is almost over! T: What was the respond by the communities and the government about these actions? O: In general, the population has a great sympathy with the architectural teams, but sometimes relations gone quite badly. Sometimes they don’t really understand what is the part related to the architect and the one which the government is responsible for. Once they discover the building, basically they like the project we proposed them. Normally this work – the reconstruction work – is made by engineers, not architects! We changed this vision with AA. And once the public understands this, they commonly like the result, and we, as architects, gain in credibility. It takes time for the people who have been hardly hit by the disaster

to be confident in the future and the reconstruction of their cities. Frankly speaking, the government vision is very hard to understand. They don’t really like the work we do because we ask a lot of question and we want to be a part of this system. Something that the government has some difficulties with this idea. The Local governments are focusing on how they can handle the project; they don’t really understand the quality of the space itself, for its own. To understand such a difference, we need time after completing the building. It is important also that the management of all those projects works good. Space is just space, but we need a manager to drive the space itself to increase the occupation of these areas. T: You are talking about spaces, but what is you relation with the urban design? Is ArchiAid focusing on the design of different buildings and interact at the building scale or do you manage the urban planning? O: In Oshika they tried, and they had really serious discussion with the civil engineers and local governments, but it is far more difficult to do ! According to architect scheme, it appears difficult for engineers to follow such an organization in this context. I believe the quality of the space is far better in an architect work and it should be but on the other hand they have to keep the rule. T: Do you think ArchiAid can go further this specific reconstruction in Japan ? I mean outside Japan, it is very difficult to have access to all that knowledge, on disaster science and resilient reconstruction. Is it possible to develop AA outside these boundaries ? Do you think

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of expanding AA on a more global scale ?

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O: It is a very good point I think! Before the GEJE11 I didn’t know about disaster science. I used to work with very talented and famous architects. But after I knew that in such a situation, in a reconstruction time, you see kind of a Reconstruction mafia appearing. They are present all over the world, and always reconstruct the disaster areas. In the UN they established a very vast section focused on Disaster science. They have power to gather the money needed to reconstruct. AA is not such a kind company, we are very innocent! After this period, AA will close. The First phase of the reconstruction last 5 years and at the end of this first phase, we all agreed to stop our activity and refocusing on the management of such an event. It is kind of a parallel work. And if this statement last too long, our image can radically change and our main goal can vanish to let the door open for an every kind of actions. It is important for us not to appears as a « Reconstruction Mafia » I think it’s a very good strategies, to let the people the actor of their own recovery. Once we established the context and secure the actions, we close and let the project the time of it’s construction. T: I understand this idea, to plant the seeds and wait for it to flourish. It ‘s in my opinion a very good strategy. What will you do with your laboratory here at the Sendai University? Will you close at the same time? Maybe 5 years is too short for your studies, can you tell me more about your personal plans O: Our work here is kind of different from AA work, AA as his time fortunately or unfortunately I don’t know, but for our studies here, 5 years

are too short you’re right, because we are strongly linked to locals governments and municipalities, and this relation we have with the mayor is a long task. Frankly speaking, I would like to take my responsibility for this reconstruction work, but on the other hand, I’m very tired, and my team is very tired as well. I such kind of situation it is difficult to distinguish the security we are going to achieve. Not only general architecture work, but on the other hand we need a much accommodating typology and proposals. I don’t know how we can integrate all these parameters in the reconstruction and represent it. That’s why I’m very interested in your work and look forward to see your proposals.


Great East Japan Earthquake 38° 6’ 12’ N 142° 51’ 36’ E 11/03/2011 - 14H46 Mag. 9.0 - Prof. 24km

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Absorption :

État actif d’assimilation d’un phénomène, s’oppose à la stratégie de résilience par résistance.

Aléa :

Du latin alea : Jeu de dés, hasard. tournure imprévisible que peut prendre un événement. Dans les cyndiniques, l’aléa est un phénomène naturel d’occurrence et d’intensité données.

ArchiAid :

Réseau d’architectes, crée le 30 Septembre 2011, pour soutenir la reconstruction de la région de Tohoku. Particulièrement actif dans la peninsule d’Oshika, il a un rôle de communication et de sensibilisation, jouant de l’influence de ses membres.

Justice Spatiale :

Elle articule la justice sociale avec l’espace : Dimension fondamentale des sociétés humaines, l’organisation de l’espace est la traduction géographique des faits de société et rétroagit elle-même sur les relations sociales. Henri Lefebvre 1968-1972

2016 Thomas Morineau Directeur d’étude : Steven Melemis Second enseignant : Ariane Wilson École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris - Malaquais

Level 1 & 2 Tsunami :

L1 : Zone affectée par une haute fréquence de tsunami de faible impact. (Fréquence de répétition cyclique : 50-60 à 150-160 ans, Vague max : <7 à 10m) L2 : Zone affectée par une faible fréquence de tsunami à très fort impact. (Fréquence de répétition cyclique : De plusieurs siècles à plus de 1000 ans, Vague Max : >20 à 30m) Le GEJE11 est un Level 2 Tsunami.

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Le 11 mars 2011, survient au Japon un tremblement de terre de magnitude 9 à quelques kilomètres seulement des côtes de la région de Tohoku et une vague de plus de 15m va frapper la côte à plus de 600km/h. Le bilan est très lourd. Rikuzentakata, dans la préfecture d’Iwate est rayée de la carte en quelques minutes. La question de sa reconstruction se pose très rapidement. Quelle forme prend-elle ? Quel type de résilience sera adoptée ? Comment reconstruire une ville qui a perdu plus de 80% de ses bâtiments touchés? Ces questions sont posées continuellement depuis 5 ans aux acteurs de la reconstruction, mais finalement,

L’architecture est-elle encore possible dans ce contexte de crise ?


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