PFE - Tiphaine Hs et Marie Hlt - Carnet n°2 /// Analyse historique

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Analyse hist O rique

PFE ///

renaissance du Parc de Chalais-meudon Un patrimoine retrouvĂŠ

Tiphaine Haupas & Marie HĂŠrault


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INTRODUCTION

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Le domaine de Meudon

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le site de chalais-meudon

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Le Hangar Y

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LA Grande Soufflerie


INTRODUCTION L’étude historique du parc de Chalais, du Hangar Y, de la Grande Soufflerie et plus largement du domaine de Meudo nous permet de saisir toute la richesse du site à travers plusieurs couches d’histoire. Le Hangar Y est un édifice métallique, de brique et de verre, symbole de l’architecture industrielle de la fin du XIXème siècle. Nous avons eu recours à une recherche d’archives à la fois à la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, aux archives de la ville de Meudon et à celles du musée de l’air du Bourget. La collecte de plans historiques, de comptes-rendus, de photographies anciennes ou bien de cartes postales nous a permis d’établir une base de connaissance. Celle-ci va alors être l’occasion de proposer des orientations de projets contemporains sur le patrimoine bâti et paysager du site de Chalais-Meudon tout en prenant en compte son héritage historique. /// 3


le domaine de M E udon Frise historique Propriété de l’Etat gérée par la Ville de Meudon, le Domaine de Meudon s’étend sur plus de 400 hectares. La célèbre terrasse d’une superficie de 61 565 m2 surplombe la ville, en offrant une vue exceptionnelle sur Paris. L’allée centrale, bordée de platanes taillés en rideau, mène à un escalier monumental conduisant au jardin de l’Orangerie. Depuis celui-ci, nous pouvons observer le tapis vert prolongeant la perspective, œuvre de Le Nôtre, jusqu’à Meudon-la-Forêt. L’histoire du Domaine de Meudon s’initie à partir de la Renaissance en passant par son apogée sous le règne de Louis XIV jusqu’à la chute du Second Empire. Le XIXème siècle représente pour Meudon le temps du changement. L’industrie aéronautique puis aérospatiale s’installe à Chalais, là où préexistait un établissement aérostatique créé par Napoléon III. De nombreuses expériences s’y sont déroulées telles que des vols de ballons captifs et de dirigeables, comme en témoigne le bâtiment du Hangar Y. En parallèle d’autres activités de recherche se développent; l’Observatoire de Paris-Meudon, la station de chimie végétale de Marcellin Berthelot ainsi que plusieurs laboratoires du CNRS. 4

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1500 1426 : Guillaume Sanguin acquiert le fief de Meudon


1600 1520 : Acquisition de terrains alentours par Antoine Sanguin et construction d’un nouveau Château 1527 : Don du domaine à la Duchesse d’Etampes, maitresse de François 1er

1618 - 1623 : Reprise des travaux par l’architecte Gabriel Soulignac sous la direction de Charles de Lorraine

1552 : Vente du Domaine au Cardinal de Lorraine 1552 - 1560 : Réalisation d’importants travaux sous la conduite de Primatice, création de la grotte, d’un parterre et de deux galeries adossées au Château

Paysage Le patrimoine industriel autour de l’aérosation et de l’aérodynamisme Le Hangar Y

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1700

1800 1803 :

1654 - 1660 : Abel Servien surintendant des finances et Louis Le Vau Construction de la grande terrasse, de l’Orangerie - Transformation du bassin des Truites et pose des conduites hydrauliques

Fin du XIIIe siècle : Première replantation des jardins, Clôture du petit parc, Incendie du Château

1657 : Création de de l’étang de Chalais 1679 : Louvois achète le Domaine 1682 : Réalisation du tapis vert au sud de l’étang de Chalais et création de l’avenue du Château 1689 : début de l’intervention de Le Nôtre

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1900 Démolition du Château Vieux Vente de l’enclos de Chalais à Alexandre Bertier (prince de Neuchâtel et Valangin, prince de Wagram)

Fin du XIXe siècle Guerre Franco-Prussienne, ré-affectation du Domaine en plusieurs lots - Création de l’établissement central de l’aérostation et de l’Observatoire

1810 : Vente du petit parc, de l’étang de Chalais, de l’étang de Trivaux et de l’avenue de 1877 : Installation de l’Observatoire Trivaux à Napoléon Bonaparte

1815 - 1838 : 1879 : Ré-utilisation des fermes Dion de l’exposition 1815 : Enclos de Chalais attribué au Duc universelle de 1878 pour monter le Hangar Y d’Orléans, fils du Louis Philippe - Fondation du 1884 : Utilisation du Hangar Y pour la construction et la haras de Chalais, création de 1854 1860 : mise à l’abri du dirigeable ‘La France’ la rivière anglaise en aval de l’étang Réunification de l’enclos de Chalais et du château réaffectés à Jérome

Bonaporte puis à son fils le prince Napoléon (rénovation des jardins dans le style paysager du Second Empire) 1929 : Construction de la Grande Soufflerie d’Albert Caquot

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2000 1952 - 1954 : Cession d’une partie des terrains de l’ONERA - les abords de l’étang de Chalais et du Hangar Y Accord entre les ministères de la Culture et de la Défense pour utiliser le Hangar Y comme lieu de stockage des réserves du Musée de l’air 2007 : Restauration des bas-côtés du Hangar Y 1968 - 1970 : Démolition des bâtiments militaires de l’enclos de Chalais - Proposition d’installation d’une unité pédagogique d’architecture dans le Hangar Y

1976 : Demande d’un plan de sauvegarde de la Grande Perspective

2000 : Classement du Hangar Y au titre des Monuments Historiques Projet de restauration de la Grande Perspective, volonté de faire de l’Observatoire, de la Grande Soufflerie et du Hangar Y une vitrine de la science 1989- 1990 : Hangar Y : Projet de centre aérostatique du Musée de l’air puis projet pour un centre culturel de l’axe historique 1996 : Projet pour un centre de l’aérostation dans le Hangar Y

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le domaine de M E udon

Plans diachroniques Comprendre l’évolution du Domaine de Meudon nécessite de se pencher sur des documents cartographiques. à l’aide du travail de Michel Jantzen en 1979 et de nombreux plans historiques, nous avons pu dresser une étude basée sur des plans diachroniques allant de 1520 à aujourd’hui.

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1520 Année de la construction du Château Renaissance pour Antoine Sanguin, dont la famille possédait le Château depuis le XVe siècle. En 1527, Antoine Sanguin fait don de la propriété de Meudon à sa nièce, Anne de Pisseleu, future duchesse d’Etampes par son mariage avec Jean de la Brosse, se réservant l’usufruit, et cela “afin qu’elle puisse plus honnêtement trouver parti”.


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1540 Antoine Sanguin devient cardinal sous le nom du “cardinal de Meudon”. Un acte notarié précise que la duchesse fait construire “de beaux et somptueux édifices”. Il s’agit des deux ailes en retour du Château-vieux. En 1546, le premier président de la Cour des Aydes, Luillier, et le maître des comptes, Viole, viennent au Château pour estimer la valeur des propriétés privées attenantes au Château, en vue de permettre la création d’un jardin. 12 /// Analyse historique


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1640 - 1689 En 1618, le duc de Lorraine charge son architecte, Gabriel Soulignac, de modifier le Château et d’étendre les jardins. Il fait achever la Grotte et Soulignac construit la terrasse qui passe devant la Grotte et un escalier. En 1654, le Domaine est échangé par le duc de Guise au profit d’Abel Servien, “surintendant des Finances”. En 1679, le Domaine est vendu à Louvois. Vers 16801681 : Louvois demande à Le Nôtre d’agrandir les jardins. Ce dernier achèvera ainsi la “Grande Perspective” par la création du Tapis Vert, ainsi que de l’avenue d’accès au Château. 14 /// Analyse historique


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1679 - 1689 Du passage de Le Nôtre à Meudon, il ne reste pour ainsi dire presque rien. Seule subsiste la perspective, qui perd le regard vers un lointain horizon, depuis l’Orangerie en passant par l’étang de Chalais, jusqu’au Tapis Vert. André Le Nôtre s’occupe d’aménager un parc à la hauteur de la demeure. Son commanditaire lui ayant laissé carte blanche, le paysagiste voit grand. Sur ses conseils, Servien fait acheter un nombre conséquent de parcelles voisines. Le projet de parc part d’un axe central descendant vers la vallée et remontant vers la colline en face, l’actuel Meudonla-Forêt. Louvois lui confie les rênes d’un Château à l’état d’abandon. À lui de développer les jardins, de réhabiliter l’existant et d’initier de nouveaux projets. Meudon devient son laboratoire. Dès lors, le jardinier teste, expérimente, joue avec les règles d’optique. De loin, un tel bassin paraît carré alors qu’il est en fait rectangulaire par quelque miracle de perspective. Le résultat est saisissant et les visiteurs s’y laisseront surprendre : tel un axe de symétrie qu’on aurait tracé à la règle, la grande allée centrale vient délimiter deux jardins, l’un haut, au niveau de l’actuel Observatoire, l’autre sur le terrain de l’ONERA. Fidèle à sa marque de fabrique, le jardinier s’adapte au terrain, et non le contraire. 16 /// Analyse historique


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1689 - 1789 En 1691, Louvois meurt à Versailles. En 1695, Monseigneur devient propriétaire du Domaine de Meudon. Les fastes royaux, inexistants à Meudon depuis un siècle et demi, réapparaissent avec le Grand Dauphin. Plus brillante, plus nombreuse qu’à Choisy, la cour de ce prince se déploie à Meudon dans un cadre plus vaste et plus mangifique; la proximité de Versailles d’une part, et de Paris, de l’autre, y attire les courtisans. Meudon est alors le Château préféré du prince, et l’objet de tous ses soins. Il y engloutira au minimum trois millions de livres en embellissements successifs. En 1698, le roi achète pour les jardins une collection de 87.000 tulipes, 800 tubéreuses, 400 lis blancs, 83.000 narcisses printanniers, 58 boisseaux de narcisses blancs, des pieds de giroflée double... Monseigneur fait planter 8.000 marronniers dans les allées. En 1712, le Château de Meudon, par ordre de Louis XIV, devient maison royale. En 1718, la duchesse de Berry obtient l’échange du Château d’Amboise contre celui de Meudon. De 1780 à 1782 on procède à la destruction des bassins les plus endommagés dans les jardins et le parc. 18 /// Analyse historique


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1806 Durant le règne de Louis XVI, le parc de Meudon est surtout apprécié comme terrain de chasse par le roi et sa cour. Les parterres proches du Château sont clos d’un mur et préservés. Ils constituent le “Petit Parc” qui s’étend, vers le sud, jusqu’au bassin de Chalais. Les jardins bas, laissés à l’abandon, suscitent la convoitise des riverains qui agrandissent leurs pâturages en se faisant attribuer des parcelles du domaine. La Révolution éclate. Inquiets, les derniers occupants du Château abandonnent les lieux. En 1793, les deux Châteaux deviennent “Biens de la Nation” et des scellés y sont apposés. Le 30 août 1805, Napoléon Ier décide de racheter toutes les parties aliénées des Grand et Petit parcs. Les jardins bas, déjà lotis, ne sont pas concernés. En 1807, Napoléon décide de faire du Château Neuf un palais impérial. De 1852 à 1860, Napoléon III alloue à Jérôme Bonaparte, ex-roi de Westphalie, le domaine de Meudon. 20 /// Analyse historique


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1886 à la fin du XIXème siècle, la Guerre Franco-Prussienne entraîne la réaffectation du Domaine en plusieurs lots. L’établissement central de l’aérostation et l’observatoire sont créés. En 1879, réutilisation des fermes Dion de l’exposition universelle de 1878 pour monter le Hangar Y.

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En 1884, le Hangar Y est utilisé pour la construction et la mise à l’abri du dirigeable La France.


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1906 En 1929, la Grande Soufflerie d’Albert Caquot est construite. Entre 1952 et 1954, les abords de l’étang de Chalais et du Hangar Y, anciennement terrains de l’ONERA sont cédés. Un accord entre les ministères de la Culture et de la Défense est passé pour utiliser le Hangar Y comme lieu de stockage des réserves du Musée de l’air. 24 /// Analyse historique


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1977 Entre 1968 et 1970, des bâtiments militaires de l’enclos de Chalais sont démolis. Il est proposé d’installer une unité pédagogique d’architecture dans le Hangar Y. En 1976, un plan de sauvegarde de la Grande Perspective est demandé. En 2000, le Hangar Y et la Grande Soufflerie sont classés au titre des Monuments Historiques. Un projet de restauration de la Grande Perspective est lancé avec la volonté de faire de l’Observatoire, de la Grande Soufflerie et du Hangar Y une vitrine de la science. 26 /// Analyse historique


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Le site de ch a lais - Meudon Le site de Chalais-Meudon s’implante sur l’ancien Domaine de Meudon. L’étang de Chalais est créé dès 1657 et préfigure les prémices de la grande perspective. à partir de 1654, les propriétaires successifs de Meudon, le surintendant des finances Servien, puis le ministre de la guerre Louvois, vont réaliser, sur plus de trente ans, un ensemble de jardins le long d’un axe majeur. Dès la fin du règne de Louis XV, les Jardins Bas deviennent un lieu de pâturage pour les particuliers dans le Domaine que la couronne néglige. En 1794, s’isntalle dans le Domaine le centre des recherches des Armées de la République. En 1820, après la Restauration, les Jardins Bas sont vendus aux enchères, les étangs de Chalais et de Trivaux ainsi que leurs abords sont affectés au haras du duc d’Orléans. Pendant le siège de Paris de 1870-1871, les haras de Chalais sont affectés à l’établissement aérostatique militaire, d’où la présence sur les lieux, aujourd’hui, de l’ONERA et de l’observatoire astronomique de Meudon. Depuis la fin des années 1970, une réflexion est engagée pour tenter de rétablir la perspective de la fin du XVIIème siècle. La restauration du parterre de l’Orangerie en 1980 et le réaménagement en cours de l’avenue du Château s’inscrivent dans cet objectif à long terme. Mais la multiplicité des acteurs fonciers (différents ministères, communes de Meudon et Clamart, ONF), la divergence de leurs objectifs, la présence d’équipements sur l’axe (terrains de sport, route départementale), les affectations et les usages nouveaux (pêche dans l’étang de Chalais, complexe de logements sur le plateau) rendent le projet de restitution non seulement difficile mais très problématique. 28 /// Analyse historique


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Frise chronologique

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1401 : Le nom de Chalais apparait sous la forme de “Challas”. Il s’agit d’un lieu humide où poussait les aulnes 1426 : Guillaume Sanguin, seigneur de Meudon acquiert 3 arpents de terre au lieu dit “Chalet” ou “Chalais”

1519 :

1655 : Acquisition du fief d’Aubervilliers (terrains attenants à l’étang de Chalais) par Servien, y compris l’étang 1657 : Des travaux d’agrandissement de l’ancien étang sont entrepris

Le ruisseau de Meudon fait tourner 3 moulins : le moulin de Chalais, le moulin d’Arthelon et le moulin des Chartreux 1583 - 1611 :

1679 :

Louvois entreprend des travaux hydrauliques

Création d’un étang par les seigneurs d’Aubervilliers 1611 : Elisabeth d’Amours, veuve de Michel Lauzon, seigneur d’Aubervilliers “donne à bail” pour 3 ans le moulin de Chalais

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1800

2000

1900

1750 : Le domaine de Bellevue est construit par Louis 1877 : Fondation de l’établissement Central de l’Aérostation XV pour Mme de Pompadour. Les eaux des étangs de Militaire autour de l’étang de Chalais Meudon serviront à alimenter les jardins 1952 - 1954 : Cession d’une partie des terrains 1780 : Louis XV se désintéresse du domaine. 1879 : de l’ONERA (les abords de l’étang de Construction du Hangar Y Chalais et du Hangar Y) Les chasses à courre le déteriorent peu à peu

1803 : Le maréchal Berthier achète les étangs de Chalais et de Trivaux, ainsi que les terres voisines 1820 - 1821 : Réparation de la soupape de l’étang du Clos de Chalais 1870 : L’état de sécheresse de l’étang de Chalais ne permet plus l’alimentation en eau des habitants en contrebas du haras Un camp militaire s’installe dans le domaine de Chalais

1934 - 1936 :

Construction de la Grande Soufflerie

1930: Vives inquiétudes au sujet de l’étang “... vaste mare autour de laquelle est bâtie une agglomération de sombres baraques.” 1937:

Classement à l’Inventaire des sites de l’étang de Chalais et de ses abords sur 100m Remise en état de l’étang et de ses abords avec la plantation de nombreux arbres

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1733 Résidence de Louvois au XVIIème siècle puis de Monseigneur, dit le Grand Dauphin, les jardins de Meudon ont été confiés à Le Nôtre qui y réalise un petit Versailles avec des jardins hauts et des jardins bas ainsi qu’une Grande Perspective qui s’étend sur un axe d’environ 3,5 km de long. Ces jardins étaient réputés pour leur magnificence. Du Château, les jardins bas se devinent à peine. Ces jardins, en grande partie créés par Le Nôtre à la demande de Louvois sont destinés aux piétons. Cet ensemble de pièces d’eau appartient au fond d’Arthelon. C’est une partie des Jardins Bas, qui tire vraisemblablement son nom du propriétaire qui a cédé ces terrains. Au nord, la Petite Futaie d’Arthelon les sépare du village, et ils sont limités au sud par l’allée dans l’axe de la maison de Monsieur Courtin. Les bassins munis d’un jet unique et intégrés à un système d’allées en étoile sont l’oeuvre de Louvois. 32 /// Analyse historique


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1806 Après la Révolution , le Château Neuf est mis à disposition de l’armée du Directoire pour en faire un lieu d’expériences scientifiques. Les jardins sont transformés en champ de tir. A la fin du XVIIIème siècle, le Domaine et le Château déclinent peu à peu. Le Château est en partie pillé en 1792. En 1795, un incendie ravage le Château vieux qui est ensuite détruit en 1803. La décision de mettre en vente le domaine de Meudon est prise en 1796. La démolition du vieux Château est ordonnée en 1803 par le Premier Consul Napoléon Bonaparte. Il faudra près de quatre ans pour que les dernières pierres soient enlevées. Entretemps, en 1802, l’Ecole d’Aérostation est supprimée. Les jardins Bas sont vendus aux enchères. Le maréchal Berthier se porte acquéreur des étangs de Chalais et de Trivaux ainsi que des terres adjacentes. Différentes parcelles du Grand Parc sont loties. Le Château Neuf, déserté, est attribué aux vétérans de la Garde Consulaire. 34 /// Analyse historique


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1886 Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe ne viendront pratiquement jamais à Meudon. Le Petit Parc est cependant entretenu avec soin. Au-delà de ses murs, le Grand Parc est morcelé, loti et retourne petit à petit à l’état de nature. Meudon devient un lieu de promenade romantique où l’on aime flâner et méditer au milieu des souvenirs. De 1853 à 1870, Meudon retrouve, pour un temps, l’éclat de sa splendeur passée. Napoléon III attribue le domaine de Meudon à son oncle Jérôme. Mais le 18 août 1870, les Prussiens envahissent la France. Le site est stratégique, dominant Paris, et une batterie d’artillerie prussienne y est installée en 1870. Le Château est incendié par les Prussiens en 1871. Ses ruines sont confiées à l’astronome Jules Janssen qui, entre 1880 et 1885, y construit, avec l’architecte Constant Moyaux, un observatoire, rattaché à l’observatoire de Paris en 1927. Sous la IIIème République, les jardins sont divisés au bénéfice des Scientifiques : le Château Neuf pour l’astronome Jules Janssen, la partie nord du parc pour Marcelin Berthelot, les Jardins Bas pour l’établissement aéronautique dirigé par le Colonel Renard.

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Charles Renard se fait affecter une partie des bâtiments de l’exposition Universelle de 1878 et les fait remonter de 1879 à 1880 à Chalais-Meudon. Ce nouveau hangar est identifié par le repère Y. Le Y étant la marque des militaires, qui avaient désigné par une lettre chacun des bâtiments de leur centre de recherches et de constructions aéronautiques.


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1941 Pendant la Première Guerre Mondiale, le Hangar Y sert pour la confection des ballons d’observation. En 1929, Albert Caquot, devenu Directeur Général technique au Ministère de l’Air, envisage la construction d’une soufflerie pour réaliser des tests aérodynamiques grandeur nature sur les avions. Le centre aéronautique de Meudon, bien abrité au fond d’un vallon est choisi pour y accueillir l’installation. Cet énorme chantier s’ouvre en juillet 1932 pour la construction de la Grande Soufflerie S1Ch. Pendant, la Seconde Guerre Mondiale, le site est occupé quelques temps par l’armée allemande et plusieurs bâtiments militaires y seront édifiés. 38 /// Analyse historique


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2010 En 1956, une partie des terrains du Ministère de la Défense sont cédés au Ministère de la Culture. Il s’agit de l’étang de Chalais, du Hangar Y et de ses abords. Entre 1968 et 1970, une partie des bâtiments militaires de l’enclos de Chalais est détruite. En 1976, un plan de sauvegarde de la Grande Perspective est proposé. En 1979, le plan Jantzen dans la continuité du plan de sauvegarde projette entre autre une restauration du parterre de l’Orangerie, un amenagement de la promenade Est et une restauration des parterres du Château Neuf. Aujourd’hui, seuls les parterres de l’Orangerie ont été restaurés. Le Domaine de Meudon est morcelé entre plusieurs propriétaires et certains sites comme ceux du Parc de Chalais et de l’Observatoire ne sont pas accessibles au public. L’urbanisation de l’après Seconde Guerre Mondiale est venue empiéter sur la Grande Perspective. Elle a provoqué à la fois un morcellement du Domaine, une complexification des emprises foncières et une dégradation des ouvertures visuelles. 40 /// Analyse historique


Permanences Changements 100m

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Le H a ngar Y

Le Hangar Y est l’un des derniers bâtiments d’aérostation après avoir été l’un des premiers. Après le démontage d’un hangar de l’Exposition Universelle du Champ de Mars à Paris, sur l’initiative du directeur de l’Etablissement central d’aérostation, le capitaine Charles Renard, il est remonté en 1879 à Chalais-Meudon pour servir de hangar à ballons et à dirigeables. Long de 70 mètres, le bâtiment est composé d’une grande nef centrale, flanquée de deux bas-côtés en appentis. Ce hangar marque un tournant décisif dans l’architecture métallique de la fin du XIXème siècle. C’est à cette époque que de Dion invente la ferme à treillis en deux éléments pour une voûte en coque de bateau, technique reprise ensuite par Eiffel. Son volume libéré jusqu’au faîtage présente un intérêt pour un usage aérostatique. Le 9 août 1884, Renard et Krebs s’envolent à bord du dirigeable La France et effectuent le premier vol en circuit fermé du monde : 7.6 km sur un parcours effectué en 23 mn. Au cours de la guerre de 1914-1918, il faut construire rapidement des ballons captifs d’observation pour les armées du front. L’activité aérostatique reprend à Chalais-Meudon. Le Hangar Y est classé au titre des monuments historiques depuis le 4 juin 2000. Le 1er février 2002, le site, symbole des activités aéronautiques de la région fut inscrit par la France sur sa liste indicative nationale pour une inscription à la liste du patrimoine mondial. La même année, le dirigeable Voliris 900 y effectua des essais de gonflage.

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Photographie aérienne de l’étng de Chalais au début du XXème siècle (Fonds d’archives de l’Onera)


Trois thématiques sur le hangar Y L’inscription du Hangar Y sur le paysage

1 Photographie aérienne du Hangar Y et de l’étang de Chalais, XXème siècle, photographie conservée au Musée d’Art et d’Histoire de la ville de Meudon 2 Photographie de l’étang de Chalais avec le Hangar y en arrière plan (Fonds d’archives de l’Onera)

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Ouverture de la façade nord du Hangar Y pour la manoeuvre des structures gonflables

3 Dirigeable sortant du Hangar Y, carte postale, référence : doc. 97 32 1 conservé au Musée d’Art et d’Histoire de la ville de Meudon 4 Hangar Y - Ascension n°283 du ballon A 149 le 6 juin 1900, référence : “Musée de l’Air-R.746”, photographie conservée au Musée d’Art et d’Histoire de la ville de Meudon. 5 Départ d’une ascension libre le 22 mai 1899 au Hangar Y à ChalaisMeudon, référence : “Musée de l’Air et de l’Espace”, photographie conservée au Musée d’Art et d’Histoire de la ville de Meudon.

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Impact des structures gonflables 6 Charles Renard et un modèle de dirigeable dans le Hangar Y, photographie conservée au Musée d’Art et d’Histoire de la ville de Meudon. 7 Hangar Y - La France, Contretype 1993, d’après album de Arthur C. Krebs, archives de R.Y. Krebs Sciecq (79000), inv : 93.3.26, photographie conservée au Musée d’Art et d’Histoire de la ville de Meudon 8 Ballon prêt à être gonflé dans le Hangar Y, référence : R970, XIII Missions, photographie conservée au Musée d’Art et d’Histoire de la ville de Meudon 9 Ballon prêt à être gonflé dans le Hangar Y, référence : R970, XIII Missions, photographie conservée au Musée d’Art et d’Histoire de la ville de Meudon

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La grande sOuFFLERIE Fleuron de l’histoire industrielle et aéronautique, la Grande Soufflerie a été construite en 1932. Elle reste le symbole du site de Chalais-Meudon, où 200 personnes calculent, simulent, modélisent et expérimentent des prototypes d’avions et d’objets spatiaux dans différentes souffleries qui vont du bas subsonique (quelques dizaines de km/h) à l’hypersonique (plus de 5000 km/h). Derrière le Hangar Y, dans le site de 12 hectares du Centre d’études et de recherche aérospatiale de Meudon, trônent aujourd’hui plusieurs souffleries de diverses puissances. Si la plus grande, classée Monument Historique, est inutilisée depuis plusieurs décennies, les autres servent toujours à tester l’aérodynamique des avions civils et militaires, des missiles, des navettes et des sondes spatiales. Le Concorde, l’A 380, le Mirage, le lanceur Ariane 5 ont tous été expérimentés, éprouvés et optimisés à Meudon. Le site emploie 200 salariés travaillant à l’aérodynamique fondamentale et expérimentale, gèrant les souffleries, étudiant les phénomènes de turbulences et d’ondes de chocs. Sur ce site sont aussi menés des expertises et des essais pour les industriels. Les deux édifices du Hangar Y et de la Grande Soufflerie aérodynamique S1CH, symboles de l’ère industrielle à Meudon, existent toujours et témoignent de la riche et complexe histoire de ce domaine.

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Soufflerie Aérodynamique à Chalais-Meudon, Vue d’ensemble de la Soufflerie, CI. H. Baranger /// 51


La Grande Soufflerie

Vue aérienne de la Soufflerie Aérodynamique à Chalais-Meudon, 1936 photographie par CI. H. Baranger


Vue à l’intérieur du diffuseur à hélices, photographie par CI. H. Baranger



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