ard l l i u bro ’amran
d e gnes Aït bnasp Versailles s i s a O monta sagiste à l’e au M a r o c ay d es Dans dle fin d’études daevpe c da r s ih m a Projet a b o r at io n ll e n co O UA N D E T IT
LAMPE
OASIS DE BROUILLARD DANS LES MONTAGNES AÏT BA’AMRAN L’ensemble de ce travail sera consultable librement en version papier à la bibliothèque de l’école nationale supérieure de paysage de Versailles, ainsi qu’aux locaux de l’association Darsihmad à Agadir, Maroc. Il sera également disponible en ligne sur issue.com. Les documents produits par l’auteur (Titouan Lampe) sont sourcés T L, Ceux produits par Christophe de Saint Just sont sourcés CDSJ. Toute utilisation de document doit être sourcée. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à me contacter à l’adresse titouanlampe@gmail.com. Possibilité d’envoi à toute personne intéressée.
2
L’ aridité n’est pas une maladie, la perte de fertilité des sols, oui. La désertification est un cercle vicieux: l’Homme accentue son emprise. Les régimes de pluie se destabilisent, les arbres souffrent et la biomasse diminue. Les sols se lessivent et partent à la moindre pluie. Les populations se tournent vers le patûrage qui accentue la pression sur la végétation. Les sols se font la malle, le milieu se stérilise. Les populations partent vers les villes ou d’autres pays.
ENSP Versailles, France Toulouse, France Sidi Ifni, Maroc
Occidentaux, de nos modes de vie à crédit sur l’environnement nous héritons les maux de l’endettement. Vagues migratoires sans précédents, les effets du dérèglement ne sont qu’au début de leur manifestation. Les Etats du G8 le savent. Pour enrayer la migration, des solutions à la source sont financées. AFD, GIZ, US AID, pèsent des millions dans « la lutte contre la pauvreté ». Un peu partout sur la surface du globe, on appelle ça «l’aide au développement». C’est un double jeu diplomatique entre la garantie des intérets de nos entreprises, et le maintien d’une stabilité locale censée prévenir de l’exil. L’eau est au coeur du questionnement, j’ai souhaité me pencher sur sa rareté, en lisière de l’aridité.
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Merci aux partenaires et encadrants Le projet prend forme sous l’encadrement de Françoise Cremel (paysagiste DPLG), pour le groupe de travail «déshérence» de la promotion DEP 2015-2018. Merci à ses membres et son encadrement pour leur ouverture d’esprit et leur soutien. Également à Mongi Hammami qui, sur le terrain, nous a ouvert des portes insoupçonnées. Je remercie chaleureusement l’association Darsihmad et toute son équipe, pour le soutien inconditionnel qu’ils m’ont apporté durant cette année de travail. L’association m’a logé, nourri, déplacé et surtout apporté une grande complémentarité de regards sur le territoire Aït Ba’amran, de la province de Sidi Ifni au Maroc. Grâce à eux j’ai pu rencontrer des acteurs de terrain et traduire nos propos mutuels, accéder à une bibliographie rapidement, et bénéficier d’une synergie de groupe qu’un travail personnel aurait tendance à limiter. Merci à la communauté Aït Ba’amran qui m’a accueilli et ouvert sur un art de vivre berbère. Ce travail prend donc une tournure de collaboration, car il porte en lui la conviction que les intelligences s’emboitent et s’amplifient en collectif. Christophe de Saint-Just fut mon compagnon de route, car pour la première fois à l’ensp Versailles, des membres de deux promotions ont pu travailler sur un même sujet dans une démarche d’entraide. Son diplôme «Brouillard en terre d’arganier» fut consacré à la compréhension et la narration du territoire et de ses paysages. Et ce projet prend appui sur ses réfléxions pour développer des possibles transformations. Je remercie mes parents d’avoir soutenu la moindre de mes démarches. Enfin, je remercie le collectif Green Resistance qui m’a porté sans jugement au coeur d’une dynamique de mutualisation liée au paysage, à la culture et à l’environnement à Paris, et ailleurs. J’envisage grandement la suite des aventures en leur compagnie.
4
bienvenue chez les hommes libres
Ces différents séjours au Maroc m’ont permis de découvrir la culture amazigh dont ses membres s’appellent les « Hommes libres » que nous appelons berbères. Ce sont les cultivateurs du désert et les garants d’un art de vivre millénaire, dont les rapports au paysage sont des sources d’inspirations à la fois spirituelles et techniques. A l’heure de la globalisation, de la métropolisation, de la croissance prioritaire et du dérèglement climatique que cela entretient, les communautés imazighen représentent un vivier de résilience sociale et alimentaire qu’il s’agit de soutenir face notamment, à la désertification des sols et des campagnes et à la raréfaction de l’eau, due à l’irrégularité croissante des pluies. Ce travail d’étudiant paysagiste prend place chez les Chleuhs du Souss et de l’Anti-Atlas, dans la confédération des Aït Ba’amran, peuple d’exil. La compréhension de leur système agro-sylvo-pastorale, social et spirituel fut facilitée par la thèse d’ethnologie de Romain Simenel : «L’origine est aux frontières» aux éditions du CNRS. Il sera donc membre invité du jury de diplôme du 6 septembre 2018.
5
Kabyles
Rifains
Confédération Aït Ba’amran Chleuhs
Guanches
Tamazigh
Chenouas Chaouis Mozabites
Igwertiyen
Inefsawen Nefoussas
Siwi Coptes
Touareg
Zenagas
Carte des Hommes libres : «Imazighen», peuples berbères. T L
sommaire
p 40 - 121
PARTIE 2
les montagnes aït ba’amranes Lire entre les lignes du paysage
p 2 .......................... p 4 .......................... p 8 .......................... p 11 ........................
p 12 - 39
p 42 .........................
. Paysages des vallées
p 46 - 53 p 46 .......................... p 48 .......................... p 50 .......................... p 52 ..........................
. Qui sont les Aït Ba’amranes ? . l’histoire commence avec les saints . L’humanité la terre la langue . société genrée . organisation amazigh et administrative
p 54 - 57 ..................
. Montagnes brumeuses en lisière climatique
p 58 - 61 ................... p 62 .......................... p 66 ...........................
. Géologie des premières heures . Érosion du socle . Habiter la pierre
p 68 - 71..................... p 70 ........................... p 72 ........................... p 74 ...........................
. Habiter la forêt . Répartition de l’arganier . Economie de l’Argan . Pression du paturage et Masseraha
PARTIE 1
p 76-83 ...................... p 78 ........................... p 80 ............................ p 82 ............................
. Micro-écologie de l’Arganeraie . La pierre la brume et la graine . Plantes nurses . Dépendance fongique
où trouver l’eau pour se développer?
p 84 - 87 ........................ . Etage Alpin
. Le Maroc en stress hydrique . Agadir et la nappe du Souss Masa . Aux enjeux de la plaine, réponses d’échelle . Populations enclavées . La boutonnière d’Ifni . Le rôle dynamique d’une ONG: Darsihmad . Récolter le brouillard . Réseau mondial de brouillard . Première étude climatique . Technique de récolte . Cartographie du réseau . Excédent de production
p 88 - 93 ......................... . Euphorbiaie
Partenaires et encradrants Bienvenu chez les Hommes libres Itinéraire heuristique . «traverser»
l a co u r s e à l a m o d e r n i t é
p 14 p 16 p 20 p 22 p 24 p 26 p 28 p 30 p 32 p 34 p 36 p 38
.......................... .......................... .......................... .......................... .......................... .......................... .......................... .......................... .......................... .......................... .......................... ..........................
p 94 - 109 ...................... . Cultiver sans eau ou irriguée p 96 ............................... . Rrg et Ourti, blé et Aknari p 104 ............................. . Cultures en terrasses p 106 ............................. . Tibhert, jardins irrigués p 110 - 117 ..................
. Techniques hydrauliques . Matfya, khettara, sources et forages p 116 ......................... . Cartographie des points d’eau p 118 ....................... . Enjeux techniques de l’eau de brouillard P 110 ..........................
p 120 ....................... . Impact social de l’eau de brouillard
p 122 - 141
voir ailleurs puis revenir a la recherche d’inspirations
p 124 ........................ p 126 ....................... p 128 ....................... p 130 ....................... p 132 ........................ p 134 ........................ p 136 .......................... p 138 ...........................
p 142 - 215
. Irrigation du Haut Atlas . Perma-atlas . Cultiver la rosée . À l’ombre des palmiers . Agro-écologie . marché de niche . Replanter une forêt atlantique . La muraille verte du Sahel
partie 3 projet OASIS DE BROUILLARD
p 142 ........................ p 144 ....................... p 146 .......................
. Les mots de l’eau sur la pierre . chemin heuristique du projet . Ouvrir le champs des possibles
p 148 - 155 ............. p 152........................ p 154 ........................ p 156 .......................
. Urgence des vidanges . dériver les eaux . les temps du réseau . irrigation régulière
p 158 - 189 ............. p 160 ....................... p 162 ....................... p 164 .......................
. La ferme expérimentale d’Agdal . Etat des lieux . Climat réversible . Vestiges de terrasses
p 166 - 171 ............. p 172 ....................... p 174 ....................... p 178 ....................... p 180 ....................... p 182 ....................... p 184 ....................... p 186 ....................... p 188 .......................
. Parure de brouillard . Programmation topographique . Architecture animée . les Oyas, irrigation lente . Compostage micorrhizé . Potager communautaire . Pépinière forestière . Plantations en éboulis . Premières pierres
p 190 - 203 .............. p 194 ....................... p 198 ....................... p 200 ........................
. Résonnance dans le territoire . Soutien aux Tibhert . Stratégie de reforestation . Les enfant-bergers-planteurs
p 202 - 213 ............. p 202 ...................... p 204 ....................... p 206 ....................... p 208 ....................... p 212 .......................
. Ouverture du projet . Vallée de Taloust, nouvelle source de brouillard . Faire passer l’eau dans l’oued . irriguer vers le Sahara ? . Les sources de brouillard potentielles . Question ouverte
p 216 .......................
. Bibliographie
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III PARTIE
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11
Traverser Agadir où les engins vrombissement, la ville si vide entre les façades, où l’eau se boit dans le thé, se voit dans le vert des golfs privés Je longe de loin l’océan, Parcours le souss pour croiser le masa M’arrête un peu dans l’oasis salin. De l’embouchure la route est longue Les creux nombreux, La côte est une plate bande qui tire la langue Je peux enfin m’étendre dans la blancheur d’Ifni Où le va et vient des vagues calme les plus énervés Des sardines grillées, du poulpe, une harira Demain je marche Vers les douces montagnes ait ba’amran.
On y attrape les nuages Apprivoise le brouillard Dans les tuyaux l’eau coule insoupçonnée Elle est si pure Mérite d’irriguer les mille et une nuits de la princesse J’avance vers le désert mais ne quitte pas les montagnes L’eau dans le dos Les réserves s’épuisent Mais toujours des gisements s’érigent Je comprends qu’il en est ainsi Que les sources ne sont pas des surprises Chaque village sait ce qu’il puise Puis le vent me prend de face Je n’y peux rien La poussière m’érode les cils La plaine s’étend jusqu’à Guelmim, Les portes s’ouvrent c’est le Sahara. TL
Partie I
Gare routière d’ Aït Melloul, photo T L
la course à la modernité où trouver l’eau pour se développer ?
14
Le Maroc en Stress hydrique
15
16
agadir et La nappe du souss-masa
Ressources en eau par habitant Surexploitation des nappes
Exemple de la nappe du Souss
3000
-10
2500
-15
2000
-20
1500 -25
1000
-30
500
-35 74
76
78
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82
84
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88
90 années
92
94
96
98
00
02
04
m3/an
1960
La fin d’une nappe Au Maroc la pluie s’efface à mesure que l’on descend vers le Sud et que l’on s’éloigne de l’Océan. Un grand différentiel sépare les régions cotières du Nord et celles du Sud, à tel point que pour répondre aux besoins du Sud, des transferts d’eau sont organisés à travers le pays. Car le Maroc exploite au moins 75 % de ses ressources en eau. Bien que le royaume ait lancé un vaste programme de barrages censés réguler l’utilisation de l’eau et temporiser l’écoulement , certaines des ressources ne se renouvellent pas ou plus. C’est le cas de la grande nappe phréatique du Souss Masa, dont l’utilisation augmente et l’approvisionnement diminue. Cette nappe se situe dans la plaine d’Agadir, approvisionnée au Nord par l’écoulement du Oued Souss, descendant du Haut Atlas, et au Sud pour celui du Masa, descendant de l’Anti Atlas. Les eaux ruissellent en profondeur, dans des lits qui se prolongent sous une couche de cailloux et n’apparaissent qu’en fin de parcours. L ’essor de la metropole d’Agadir exerce une forte pression sur la nappe. Le rythme des constructions élevé et la consommation domestique l’entretiennent. Au delà de l’urbanisation, c’est l’agriculture intensive qui est à l’origine de cet épuisement. Une agriculture «fruitière» souvent mono-spécifique, visant l’exportation de produits a forte teneur en eau en dehors du territoire.
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2008
2020
Montagnes de Boutmezguida
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Nappes phréatiques Pluviométrie moyenne >200 mm / an
Plaine du Souss - Masa
Pluviométrie élevée >400 mm / an Pluviométrie faible <200 mm / an Aridité <100 mm / an Ligne d’aridité
Carte des nappes phréatiques d’après les informations du musée de l’eau de Marrakech. CDSJ & T L
Étage infra-méditerranéen
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La vie dans les parpaings. Agadir, T L
Metropolisation La metropole Agadirienne est un haut lieu de la croissance du pays. Son dynamisme s’appuie sur l’échelle industrielle des trois piliers: agriculture, BTP, tourisme et s’étend sur le monde de la finance et des énergies. C’est une ville nouvelle, construite sur les ruines du séisme de 1960 faisant plus de 15 000 morts. Déjà à l’époque, aucune construction n’était prévu pour résister à un tremblement de terre, alors que la ville est sur la plus grande faille géologique du pays. Il n’y eut qu’un cinéma qui tint le coup, et son usage est désormais perdu, par manque de volonté culturelle. La vitesse de construction des quartiers est impressionante. Les immeubles se ressemblent, ils se suivent comme un vaste CTRL C, CTRL V opérationnel. Des immeubles au milieu du vide, de la poussière, de vagues soupçons d’arbres, très vite abattus, pour laisser place à des détritus. Ce n’est pas seulement l’objet des industriels du ciment, des banques et de promoteurs qui ont faim de croissance. C’est aussi l’influence d’un dynamisme qui rayonne dans les campagnes. Depuis 1990 les populations rurales se divisent, et nombreux sont les hommes qui partent en ville pour trouver du travail alors que les femmes s’occupent des terres. Des familles s’installent, quittent leur terre, où l’eau manque peut-être, où le travail est dur, où les arbres ne poussent pas aussi vite que les immeubles. L’influence s’étend au delà des montagnes alentours, du Haut Atlas et de l’Anti-Atlas. Les revenus des hommes partis en ville et du pays sont des valeurs sûres. La ville est segmentée, le cordon dunaire est coincé entre les hotels resort et les golfs privés. L’indivudalisme règne, la culture populaire s’efface de l’espace public. Il faut la chercher chez les jeunes, dans cette nouvelle génération d’Agadiriens, qui ont un oeil détaché sur l’activité de leurs parents. Ces jeunes gens intelligents, dont l’adolescence les maintien dans un état de conscience mondial, le rock dans les cheveux. Ca va changer, ils le veulent, ça se sent. Je l’attends. Instabilité fruitière «L’agriculture à vocation fruitière», n’implique pas la plantation d’arbres. Ce sont des champs de pastèques, des tomates et des piments sous serres. Leur production investit le marché national et vise l’international. Les cultures de tomates cerises sont l’exemple type de l’agriculture mondialisée: une production qualibrée sur des fenêtres de tir dans les cours internationaux. Un creux de deux semaines où l’Espagne et le Brésil ne vendent plus et où le Maroc trouve une place de choix. Ces cultures sont très consommatrices en eau, et très rentables. La pastèque est l’exemple de l’éthique agricole de la région: «On a peu d’eau, mais on l’exporte sous forme de pastèque, car elle rapporte gros».
19 La pastèque n’est pas un mal, c’est une tradition locale. Mais sa monoculture n’apporte aucune stabilité à long terme pour l’agriculteur. La faible quantité de biomasse de la plaine ne permet pas de maintenir un bon état de fertilité. Pourtant les pastèques peuvent pousser sous les arganiers. Les sols se lessivent, sans se renouveler, les vents ne sont pas bloqués, l’évaporation à peine diminuée par l’ombre d’une forêt. En nombre, les cultivateurs de pastèque revendent à des coopératives qui montent en puissance. Ces coopératives gèrent les aspects logistiques et commerciaux d’une échelle plus grande. Ces coopératives tiennent la barre, exercent leur pouvoir et visent par essence à baisser le coût d’achat pour en augmenter le prix de vente. A l’exportation, le prix de vente dépend du cours d’un marché mondial où les facteurs déterminants se multiplient par le nombre de régions productrices. On peut donc faire beaucoup d’argent, avant que le vent ne tourne, et que l’on retombe de ses investissements. Avant que le vent ne tourne, on aura consommé toute l’eau disponible, mais aux enjeux d’une plaine, on formule des réponses d’échelles. Privatisation de l’eau ? 2022 la fin d’une nappe annoncée, une usine à la place pour nous approvisionner. Elle distribuera 275 000 m3 d’eau douce par jour, issue de l’eau de mer. C’est une société Espagnole : Abengoa qui remporte le marché de la construction et de l’ exploitation sur 27 ans. Le montage financier de l’opération est un partenariat public-privé à l’image des leaders du royaume qui sont à la fois ministres, à la fois présidents des plus grandes Holding du pays. (Exemple de Aziz Akhannouch, ministre de l’agriculture et président du Groupe AKWA qui détient à la fois le numéro un du pétrole au Maroc Afriquia, à la fois celui du tourisme à Agadir avec la Marina, et enfin les très influents médias « femmes du maroc » et « la vie éco»). Quoiqu’il en soit l’eau de l’usine sera vendue par un groupe privé, soit directement aux agriculteurs, soit à la région qui en accepte le prix. Le groupe Espagnole aura une place essentielle dans l’organisation économique de la région, puisqu’il fournira plus de 50% des agriculteurs en eau. Celle-ci sera donc un bien commercial avant d’être un bien commun, plaçant en situation de non contrôle total les exploitants qui en dépendent.
Pastèque de variété Daytonia, unepépinière.com
Culture de tomates cerises en serre, blog d’Irina.
Vue satellitaire de la plaine du Souss-Masa, avec en blanc les serres. Google maps.
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aux enjeux de la plaine
des reponses d’echelle
nouvelle usine de dessalement pour alimenter le pôle urbain d’agadir
Usine de dessalement d’eau de mer de Jorf Lasfar à vocation industrielle (alimentation de l’usine de traitement de phosphate), Maroc. source: lavieecomaroc.com
La nappe du Souss-Masa sera vide en 2022, suite à sa surexploitation. Pour palier au manque d’eau et accompagner le développement urbain et agricole de la région, le Royaume voit grand et investit 400 M€ dans cette nouvelle plus grande « usine de dessalement fonctionnant 100% à l’énergie renouvelable » du monde. Elle fournira l’eau potable à 72 500 habitants du pôle urbain d’Agadir et permettra l’irrigation de 13 600 ha de champs à vocation fruitière. C’est le groupe privé Abengoa (Espagne) qui assurera sa construction et son exploitation pour une durée de 27 ans. Le prix de l’eau vendue aux agriculteurs n’a pas été annoncé.
la concentration solaire en 2018 580 mw pour 3000 ha et 2 155 m € C’est la plus grande station solaire à concentration thermodynamique du monde. Un investissement massif pour alimenter plus d’1 million de personnes en électricité. La technique se base sur le changement d’état de l’eau et du sodium et non sur la captation par panneau. Exemple de la puissance d’investissement du Royaume dans l’industrie de l’énergie « verte », on estime l’économie d’émission carbone à 760 000 tonnes par an. L’électricité fournie accompagne la metropolisation du pays en alimentant entre autre le pôle urbain d’Agadir et sa future usine de dessalement. Noor complex solar power plant, Ouarzazate. crédit: Fadel Senna, AFP
21 Site de diplôme Poste relais de Tiznit + 55 km ligne haute tension Usine de dessalement de 275 000 m3 / j Distribution de 150 000 m3 /j pour 72. 500 habitants Irrigation de la plaine d’Agadir 125 000 m3 / jour 13 600 ha de champs irrigué»s Production fruitière visée échelle graphique 400 m € échelle financière
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q u e fa i r e p o u r l e s Populations enclavées ? Nous sommes loin de la plaine et de ses enjeux industriels. Mon regard se porte vers les montagnes. Comment font-elles ? Selon la tradition, les femmes vont chercher l’eau à la source, à pied ou avec des ânes. «C’est ainsi depuis la nuit des temps» comme le rappelle le film de Radu Mihaileanu «La source des femmes» (2011). Je ne souhaite pas juger les villages et leur organisation des genres, mais l’urgence de l’eau est une problématique généralisée à l’ensemble du pays. Le dérèglement climatique modifie la pluviométrie, la sécheresse touche des régions encore épargnées il y a trente ans. Comment font-elles s’il n’y a plus d’eau ? Ici, partout, dans ces innombrables villages de montagnes qui font la richesse culturelle du Maroc, des millions de Dirham n’ont pas la chance de tomber. L’agriculture est vivrière, et n’ambitionne pas le vaste plan vert industriel. Quelles solutions adopter pour trouver de l’eau quand elle s’épuise ? Doit-on creuser plus profond et se risquer à la salinité de certaines poches ? Doit on puiser dans les réserves renouvelables d’une nappe pour assurer le maintien d’une vie rurale. Existe-t-il des solutions qui ne misent pas seulement sur la prolongation d’un sursis, en attendant que la pluie vienne ? Les «imazighen» hommes et femmes libres berbères, ont su tirer de leur environnement une large expérience des possibilités d’établissement. Les montagnes berbères regorgent de trésors vernaculaires. Depuis des centaines voir des milliers d’années, chaque goutte eut un effet maximisé. L’eau se lit dans le paysage par les terrasses, les seguias, les cultures à étages et les parcelles irriguées. Garants de cet art agraire qui influença l’art des jardins de paradis arabes et andalous, ils sont aujourd’hui menacés d’exode par un dérèglement que l’Homme a causé à l’échelle de sa planète.
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Extrait de la bande annonce de ÂŤla source des femmesÂť de Radu Mihaileanu, Elvizir Film, 2011
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la boutonnière d’ifni
un enclos de montagnes
qui se tourne vers l’océan Une histoire à part La boutonnière débute à 120 km au Sud d’Agadir (cf p19) à 1h20 de route. Elle est l’extrémité de l’Anti-Atlas, vieille chaine de montagnes érodées, dont le relief constitue la dernière grande barrière avant le Sahara. Appartenant à la province de Sidi Ifni, elle même intégrée à la région de Guelmim-Oued Noun, le territoire Aït Ba’amran est un enclos topographique avec cinq portes d’entrée. La route côtière relie Sidi Ifni à Tiznit (puis Agadir) par Mirleft. Trois grandes routes traversent les terres, la plus empruntée étant celle menant à Guelmim vers le Sud. Les infrastructures sont légères, trop peu d’intérêts économiques justifient une liaison prioritaire par l’autoroute. La province a une histoire récente bien à elle. Elle fût la dernière enclave des espagnoles que la sanglante guerre d’Ifni a chassé en 1958. Elle est l’oeuvre de l’armée de libération nationale alors proche du FLN algérien. Commandée par Ben Hammou les forces sont composées par les Aït Ba’amran et leur cavalerie. Considérée comme une véritable guerre sainte (Jihad), la guerre contre les colonisateurs est un élément fondateur de l’identité Aït Ba’amran. On célèbre chaque année une fête mettant en scène les fantasias (cavaliers armés effectuant une chorégraphie militaire) afin d’entretenir cette mémoire militaire fondatrice.
Source de Timtdt. photo T L
Comme dans le Rif, le Jihad qui mena à la reconquête du territoire distingue les aït ba’amran du reste du sultanat Marocain auxquels ils se raccordent en 1969. Depuis, le royaume observe une politique de l’autruche source d’un certain mécontentement dans la province. Il y a peu, les divergences avec l’administration restaient palpables. La population de la province d’Ifni s’estimait politiquement délaissée et en 2004, en 2008 puis en 2011 des vagues de manifestations se sont soulevées contre la corruption et l’ingérance d’une administration royale sclérosée. Les forces armées nationales sont intervenues, faisant des morts et plusieurs blessés, mais n’ont pas enlevé aux Aït Ba’amran leur figure symbolique d’opposants indépendants à la supprématie familiale du roi. Désormais les habitants sont surveillés et n’osent parler. La ville paisible de Sidi Ifni cache en elle une tension latente, et fait face à une dualité de circonstance : le conservatisme fataliste et la fougue du changement. Le relief régional définit les distances entre les Hommes. Le trait de côte surplombe la mer d’une falaise seulement entrecoupée par les embouchures de Oued. Les villes s’installent au dessus des creux, les pêcheurs prennent le large dans une eau encore garnie. Un cordon s’élève derrière la marge côtière à plus de 300m, puis laissent place à une étendue de collines arrondies. L’Aknari (figue de barbarie) est la reine et le blé est son roi. Les cactus sont plantés sans concession jusqu’aux montagnes où l’Arganier reprend ses droits. Ce sont dans les montagnes que vivent ceux qui m’ont acceuilli, les Aït Yuub fraction des Aït Lkhoms, fédérés autour de la Madrasa Sidi Zekri.
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Inexistence cartographique Pour un paysagiste, trouver des fonds cartographiques relève de l’impossible. Avec Mongi et Christophe nous sommes parti à leur recherche, dans les bureaux de Guelmim, puis de Tiznit et de Sidi Ifni. Les services de l’urbanisme, des eaux et forêts, de l’agriculture naviguent en eau trouble. Les montagnes sont représentées par une vaste tâche verte de plusieurs kilomètres carrés sans précision. En réalité, le besoin de cartographie est une donnée culturelle, d’ailleurs très liée à un passé militaire. Il n’est pas nécessaire à la vie d’un territoire, si celui-ci a développé une autre manière de l’habiter et de le gérer notamment à travers la langue, le lignage et un rapport spirituel au paysage. Néanmoins, la cartographie est un support de réflexion qui joue un rôle de traduction entre le terrain et l’abstraction. Elle permet la communication d’informations de manière synthétique et plus ou moins normée qui offre la possibilité de se passer d’une certaine quantité de mots. En l’absence de données cartographiques institutionnelles, j’ai pu travailler à l’aide des satellites américains de Google et de Bing, ainsi qu’aux relevés topographiques de la Nasa Japonaise. Dans ce travail toutefois, une grande importance est donnée au terrain dont les temps d’arpentage et d’immersion constituent une part non négligeable de l’intérêt d’un projet de paysage. Relief de la boutonnière à partir des relevés satelittes japonais, et localisation des montagnes en question CDSJ & T L
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Le rôle dynamique d’une
Organisation non gouvernementale Confier la gestion des communs à une association territoriale
Au Maroc, de nombreuses associations existent en milieu urbain comme à la campagne. Elles tiennent un rôle compliqué entre les institutions et les membres de la société civile. Leur statut oblige à l’exemplarité et font l’objet d’une étroite surveillance administrative. Comme en France la plupart de ces associations s’imisce dans les lacunes d’une administration vis à vis des réalités de terrain, au sujet de l’éducation, de la santé notamment. Mais elles peuvent également être le support juridique d’une co-gestion de lieu ou d’un bien, et du dynamisme qui l’entoure. J’ai pu rencontrer à plusieurs reprises des associations de villages qui devenaient les supports de leurs transformations, notamment pour la rénovation des pistes, le maintien de la proprété des oasis et des sources, la rénovation de la mosquée, le développement touristique, un nouveau forrage et des plantations associées. Parfois tout cela en même temps (comme à Agouliz, pret de Tata).
Jamila Bargach, directrice de l’ONG anthropologue engagée au service des femmes et des populations enclavées
DarsiHmad a le statut d’ONG, mais son ancrage est territorial. Son fondateur Aïssa Derhem est l’enfant du pays Aït Ba’amran. Son père Si Hmad Derhem ayant créé la holding DERHEM suite à l’indépendance du Sud, il bénéficie d’un patrimoine qu’il a choisi de placer dans le développement régional, l’éducation, l’environnement et l’humanitaire. Avec son épouse Jamila Bargach et l’ensemble de l’équipe, ils oeuvrent pour le soutien aux populations rurales, notamment à travers la distribution d’eau de brouillard. Un filet tendu entre les Aït Ba’amran et le reste du monde L’initiative a cette particularité de mobiliser une innovation technologique (filets capteurs) au service d’une communauté rurale reculée. La conception du réseau et son installation intègrent les membres de la communauté et affiche des objectifs d’accompagnement local dans l’usage de la technique et de ses éventuelles débouchées. Le montage du projet est porté vers des instituts internationaux et mobilise un réseau d’acteurs étendu et varié. Ainsi collaborent un bureau d’ingénierie allemand et une climatologue universitaire des Canaries sous l’étendart d’une ONG Canadienne ayant expérimenté au Chili, ce que des bailleurs de fond américains, du moyen-orient et allemands soutiennent grâce au travail d’une ONG amazigh marocaine. Auxquels s’ajoute des paysagistes et des nouveaux financements français. Nous sommes bien là, à l’ère mondiale de l’entraide locale.
Mounir Abbar, responsable technique de la collecte de brouillard. Relationnel important avec la communauté locale.
Abbes Benaissa, office manager Mathématicien engagé vers un avenir agro-écologique au Maroc.
Aïssa Derhem, fondateur de l’ONG Ethnologue mathématicien humaniste Originaire des montagnes Aït ba’amran
27 Vers une mise en réseau des paysages de brouillard (cf p28) L’ONG Fogquest assure la mise en relation des acteurs de la récolte de brouillard et le suivit des projets. Elle en dénombre une trentaine à travers le globe depuis son lancement dans les années 90. Tous les continents sont représentés. Le lien entre tous ces lieux éloignés, c’est simplement le brouillard, un phénomène géo-climatique qu’il est désormais possible de percevoir comme une ressource en eau potentielle, comme le fait déjà le monde naturel. Le partage des expériences liées à la technique et aux initiatives annexes qui s’y greffent enrichit chaque projet d’une base de réflexion qui ne fait qu’augmenter avec le temps. Nous sommes dans une dynamique open source, où les compétences et les idées développées se transmettent sans frontière dans un optique d’appui à des projets d’échelle locale avec une ramification internationale. En bref, choisissons notre mondialisation, favorisons celle qui part du bas.
Soufian Aarachi, animateur de l’école de l’oasis avec les enfants. Acteur essentiel de terrain social et écologique.
Recolter le brouillard photographie de Peter Trautwein, aqualonis.com
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Projets de développement Liés à la récolte du brouillard
Sources: fogquest.com et DarsiHmad complétés par des impressions de terrain (sites potentiels). world wind visualizing: earth.nullschool.net map by T.L
Non mentionnées dans cette carte, les projets de business liés à la récolte du brouillard. Ainsi aux USA, on trouve des bouteille d’eau «pure» de brouillard excédant les 7 $. Ou encore la Russie, où l’on distille de la Vodka de brouillard.
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Le site de Boutmezguida (Ifni) est le premier de ce genre au Maroc. Mais d’autres sites présentent des potentiels certains, c’est à dire du relief exposé aux courants océaniques. Ainsi des filets expérimentaux ont été postionnés dans les provinces de Tanger et d’Essaouira et d’autres villages devraient bientôt en formuler le souhait.
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Une première Êtude des potentiels climatiques en 2006 Maria Victoria marzol (la laguna) & josÊ luis sanchez megia (santa cruz de tenerife)
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chronologie du projet
Septembre 2018 Etudes des paysages Aït Ba’amran et des impacts possibles de la récolte de brouillard. Christophe de Saint Just et Titouan Lampe
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CloudFisher (c) innovation low-tech
Le brouillard est capté en altitude où la taille des gouttes est plus importante. Le vent pousse les gouttelettes en suspension à travers les mailles du filet, puis descendent lentement jusqu’à la gouttière où elles forment un fil continu. Les filets ont évolué depuis le début du projet, la technologie présentée ici (Cloudfishers) est la dernière gamme d’attrape-nuages d’aqualonis. Ils sont conçus pour résister aux rafales de 120 km/h et leur maille peut permettre une récolter abondante avoisinant les 55L /m2/jour en plein brouillard.
CloudFisher Pro Minimum order quantity 5 CloudFisher (CF)
0,2 à 4 mm
number
single price per CloudFisher in Euro
5 CF
10400 €
6 to 10 CF
10100 €
11 to 20 CF
9800 €
21 to 30 CF
9500 €
CloudFisher Mini Minimum order quantity 5 CloudFisher (CF)
number ci dessus - coupe de principe des types de brouillard,Wikipedia.
single price per CloudFisher in Euro
5 CF
4800 €
6 to 10 CF
4600 €
11 to 20 CF
4400 €
ci dessous - Le montage des filets avec Lhussein et Mohammad. Aqualonis.
Prices without water canister.
CloudFisher Test
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Price list 04/2018 6m
aqualonis GmbH Westendstrasse 147 80339 München Germany
All prices without taxes ex works Munich
6m
One CloudFisher Pro consists of 4 fabrics Total net surface: 13,5m² x 4 = 54m²
CloudFisher Pro Minimum order quantity 5 CloudFisher (CF) 3m
single price per CloudFisher in Euro
number 5 CF
10400 €
6 to 10 CF
10100 €
11 to 20 CF
9800 €
21 to 30 CF
9500 €
One CloudFisher Pro consists of 4 fabrics Total net surface: 13,5m² x 4 = 54m²
One CloudFisher Mini consists of 3 fabrics Total net surface: 6m² x 3 =18m² 3m
CloudFisher Mini Minimum order quantity 5 CloudFisher (CF) 3m
number 5 CF
single price per CloudFisher in Euro 4800 €
Cartographie du rĂŠseau, T L
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Vous avez dit excédent ?
26 L / personnes / jour en moyenne par an
6730 Consommations moyennes par habitant et par village. Mounir Abbar
m3/an
pour 142 ménages et 5 personnes / foyers
6670
m3/an
excédent valorisable Comment valoriser l’eau de brouillard hors des robinets ? Telle est la question qui anime ce projet de fin d’études de paysagiste concepteur.
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Ces chiffres sont des moyennes journalières annualisées, comprenant les jours de brouillard et les jours sans brouillard. L’estimation de moyenne permet de comprendre globalement la part excédentaire d’eau produite à l’origine destinée à la consommation humaine. L’eau excédentaire est susceptible d’alimenter un projet annexe à la captation pour la consommation. C’est la raison pour laquelle l’association a cherché à s’entourer de paysagistes. Cet excédent pourrait être un déclic en réponse aux enjeux du territoire.
22 L / m2 de filets / jour en moyenne par an
13500
m3 / an
pour 1686 m2 de filets à boutmezguida fin 2018
Relevés effectués sur 430 m2 de cloudfishers.
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Partie II les montagnes AĂŻt baâ&#x20AC;&#x2122;amranes l i r e e n t r e l e s l i g n e s d u pay s ag e
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42 Arriver dans les vallées On quitte le goudron de la route de Guelmim après Mesti. Dans le virage un panneau sur Darsihmad délavé. La piste de terre traverse les champs de blé et d’Aknari. Après le mois d’avril il n’y a plus rien, seulement un sol rouge d’où ressortent les pierres et quelques arbres chétifs. Les hauteurs nous mènent en baguette sur notre droite, on les longe, pour une dizaine de minutes. Une première vallée s’ouvre, celle de Taloust. Elle semble parfaitement dessinée. Je suis face aux origines de la vie, immergé dans une perspective sans artifices. C’est un entonnoir régulier, largement boisé. On aperçoit son col au fond et les nuages qui cachent ses genoux. Nous quittons Taloust par un virage profond, une courbe qui se saisit du oued puis remonte au pied d’une courte falaise. Sur la paroie une indication « Sskri 1000m ». Nous arrivons dans l’aire d’un édifice religieux ancien, une école coranique de plus de 1000 ans, tout de blanc vêtu, dont la cour semble habitée par un Arganier. Proche de la Madrasa Sidi Zekri, le oued est bordé par un ensemble de jardins. Quelques puits apparaissent de ci de là entre les arbres et les poireaux. Ceux-ci procurent de l’ombre au berger qui regarde ses chèvres paitre dans les chaumes dorées. Les terres rouges où poussaient les céréales sont désormais les garde-manger des troupeaux. Il n’y a pas grand chose, on se demande si elles ne mangent pas les fourmis… Les hauteurs sont boisées et les contre-forts pleins d’euphorbes. Dans les creux de la vallée s’alternent les champs, les jardins Tibhert et les prairies. Des cairns les délimittent, parfois des murs surmontés d’épines. La pierre est partout, même dans certains arbres . Des gros blocs se détachent et roulent vers un autre coin. Parfois des silhouettes de pierre se détachent de la montagne, au début je croyais que c’était ça les « Jnouns. »
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VallĂŠe de Sidi Zekri, avec dans le fond le col de Timtdt et le mont Boutmzezguida. Dessin T L
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VallĂŠe de Taouinkhte, avec dans le fond le col de Id Afwl (gauche) et le mont Boutmzezguida. Dessin T L
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La vallée de Zekri a deux étages. Une colline ronde sépare l’oued en deux, la piste longe celui de droite, dont le tracé révèle un socle rocheux coloré. Après un virage en épingle, elle nous mène au douar d’Id Achour où habite Mohamad l’un des champions de Darsihmad. Son village est semblable à une rivière, il s’étire en suivant le talweg. De lui partent de nombreux sentiers, à travers les champs, et la forêt. L’un part vers Timtdt, nous l’empruntons pour accéder aux filets du mont Boutmezguida. L’autre s’empare du col le plus proche et donne sur la vallée de Taouinkhte. Cette dernière est rapidement escarpée. Les douars s’établissent le long de la piste, 100 m au dessus du oued. Elle est plus sèche. Les monts qui la surplombent sont moins embrumés, les nuages frottent moins, l’eau ruisselle moins. L’aknari est plus présente ici, car elle s’accommode des fortes pentes et de peu de pluie. J’observe vers le Nord et les douces collines. Elles me donnent chaud, il n’y a presque pas d’ombre dans leurs creux.
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Qui sont les ait ba’amranes ? l’histoire commence avec les saints extraits du travail de R.Simenel "l’origine est aux frontières" CNRS éditions
Des saints et des frontières visibles «Dans le souss, l’histoire commence avec les faits et gestes des saints. Le discours commun à l’ensemble des aït Ba’amran sur le passé de leur pays porte essentiellement sur les saints. Le saint est une figure religieuse qui ne trouve pas sa source dans le Coran, mais qui est caractéristique de l’islam maghrébin. personnage du passé puisqu’il n’en existe pas de vivant aujourd’hui, le saint est décrit comme un homme de religion porteur de baraka (bénédiction divine)30 jouant, tant de son vivant qu’après sa mort, le rôle d’intercesseur entre Dieu et les hommes. (...)» (R.S) «L’histoire des saints est à la fois écrite et orale. L’histoire écrite des saints est l’apanage des fuqaha (savants religieux) qui rédigent et stockent des manuscrits d’hagiographie. par contre, l’histoire orale est collective et partagée par tous sous la forme de légendes, de poèmes et de paraboles. Les femmes en sont les grandes spécialistes.» (R.S) «Les saints viennent toujours de l’extérieur. On raconte d’eux qu’ils ont sillonné le Maroc à la recherche d’une terre de providence où ils ont fini par s’enraciner et souvent par se marier avec la fille d’un autochtone. Conduit par sa chamelle ou guidé par son bâton, le saint incarne l’errance et la mobilité qui ne s’arrêtent que par l’intermédiaire de sa baraka. Le saint est à la fois un saïh, un touriste, et un messafer, un voyageur érudit, quelqu’un qui a tout abandonné pour prendre la route afin d’enseigner, de conseiller et d’aider. Parallèlement, il est aussi souvent décrit comme un banni en quête de refuge, errant sur les chemins de l’exil. » (R.S) Les saints les plus célèbres, à savoir ceux qui sont connus à l’échelle de la tribu ou de la confédération, ont tous leurs tombeaux situés le long des frontières (lhedud en arabe, aouttou en tachelhit) des unités segmentaires du territoire. Leur mausolée peints de blanc constituent, dans le paysage, les marqueurs les plus visibles des limites territoriales accompagnés des puits, des cairns et des arganiers massifs tous reliés à l’histoire d’un Saint. Parmi ces saints, certains sont regroupés en familles qui ont chacune leur spécicité géographique. (crique, sommet, coude d’oueds, voie de passage...). Ils se superposent aux aspérités du relief des frontières.
Question de lignage « Aux trois principales catégories sociales composant la société aït Ba’amran, à savoir les chorfa (descendants de saints locaux et du prophète Mohammed), les issuqin (population noire autochtone), et les ia’min (laïcs, hommes libres), correspondent trois manières de s’enraciner dans l’espace. Une telle distinction se manifeste tant du point de vue de l’organisation résidentielle que de celui de l’organisation du territoire, ou des modes de gestion de l’environnement, et résulte en grande partie des logiques matrimoniales et pratiques d’héritage propres aux différentes catégories sociales. Chez les aït Ba’amran, c’est le mode de gestion des terres et de l’environnement qui définit le statut d’un groupe, et non l’inverse.» (R.S) En lisant Romain Simenel, je comprends que les chorfas sont les gardiens du rapport le plus sacré à la forêt c’est à dire les Agdal, les forêts sanctuaires où vivent les jnouns musulmans. La stratégie matrimoniale cherche l’indivision des terres afin de préserver la forêt d’une segmentation qui la dégraderait. Les issuqin, sont des primo-arrivants présents dans tout le Maroc berbère. Le terme issuqin désigne à la fois la descendance d’esclaves libérés, à la fois leur métier de pottier ou de forgeron qui les mène à faire le marché. Leur ancienneté dans le territoire ne leur confère en aucun cas un rapport mélioratif aux autres groupes. Bien au contraire, leur propriétés font envie, et c’est une catégorie dénigrée au titre de leur métier «dévalorisant» et de leur metissage génétique. Les issuqin pourtant ont une fine connaissance des techniques hydrauliques et tiennent la responsabilité de fournir de l’eau au reste du territoire en cas de sécheresse. Ils possèdent souvent les puits de captage. Les ia’min, hommes libres et dits «laïcs» constituent la majorité des Aït Ba’amran. Ils sont bergers, commerçants, parfois artisants et leur territoires se caractérisent par une division parcellaire dense et complexe. Cette division se lit lors des périodes de culture, mais aussi à l’aide des cairns ou des murets de délimitation. Souvent leur méthode de pâturage constitue une menace pour l’environnement notamment (dans certains cas) dans leur gestion démesurée des paturages collectifs (masseraha). Ainsi les paysages Aït Ba’amran sont-ils marqués par la descendance et l’héritage spirituel de repères historiques, autant dans les modes de gestion de l’environnement que dans les méthodes de transformation de ses matières et du calendrier communautaire qu’il induit.
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Madrasa Sidi Sskri, école coranique et mausolée délimitant la frontière des Aït Yuub et des Aït Ali. photographie T L
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Qui sont les ait ba’amran ?
l’humanité la terre la langue e x t r a i t d u t r ava i l d e R . S i m e n e l "l’origine est aux frontières" CNRS éditions
«L’humanité (afgan), le langage (awal) et la terre (akel), sont les trois composantes du concept local de tamazight, qui désigne à la fois le terroir, le paysage, le pays, les habitants qui l’habitent et la langue qu’ils parlent.» R. Simenel
Espaces domestiqués - Espaces cultivés « Ce n’est pas la domestication qui qualifie et distingue les espaces, puisque le monde est tout entier domestiqué, mais bien les auteurs de celle-ci : hommes d’un côté, esprits de l’autre » Daniel Fabre, anthropologue contemporain. L’espace où s’exercent les activités pastorales est circonscrit dans ce qui est appelé tagant, « forêt ». Quel que soit son aspect, la forêt n’est pas envisagée comme un espace cultivé, contrairement aux trois autres types de milieux écologiques composant le terroir aït Ba’amran que sont le jardin (tibhert), le champ (rrg) et la parcelle horticole (ourti). Akel - la terre « La terre fait l’homme » : c’est en ces termes que les aït Ba’amran envisagent l’existence masculine dans leur pays. Cette conception sociologique ainsi verbalisée n’est pas sans rappeler l’un des grands acquis théoriques de l’anthropologie du Maroc selon lequel la terre et le territoire sont fondateurs de l’identité des groupes sociaux et des individus. Dans le Rif, tout comme dans le souss, « un homme marié, ayant des enfants, n’est un homme complet que s’il possède de la terre » (Jamous 2002 : 66). on ne peut identifier un homme sans connaître l’emplacement des terres dont il a l’usufruit. si un homme n’a pas de terre, il n’a pas d’histoire ni d’honneur. un individu perd son identité agnatique s’il quitte le territoire de son patri-lignage, de même que c’est en possédant de la terre qu’un individu marque son appartenance au groupe (Jamous 2002 : 60 ; Lecestre-rollier 2003 : 5)
Afgan - une humanité allochtone Peuple d’exil, les Aït Ba’amran ne sont pas les autochtones de leur territoire. Ce sont les Jnouns, génies autochtones peuplant la forêt (Tagant) dont les saints Aït Ba’amran auraient converti une partie à l’islam afin de garantir un équilibre spatial et sémantique et la transmission d’une culture matérielle locale musulmane. Les Jnouns musulmans peuplent les Agdal (forêts sanctuaires aux frontières des tribues). «La culture matérielle locale est ainsi envisagée comme le fruit de la rencontre providentielle, aux frontières tribales, entre un principe allochtone, figure de l’humanité, le saint, et un principe autochtone non humain, les jnouns.» Les Aït Ba’amran se placent «en intermédiaire entre une culture autochtone, archaïque et conformiste, celle des jnoun, et une culture industrielle globalisante, celle des chrétiens colonisateurs.» R. Simenel. tYPOLOGIE D’ESPACE
Tagant
rrg
ourti
tibhert
masseraha
agdal
signification
foret non précisée
champs
verger
jardin individuel
paturage collectif
foret sanctuaire
appartenance
aït ba’amrani et jnouns
lignage / sous-lignage aït ba’amran
lignage / sous-lignage aït ba’amran
Lignage resséré
patûrage
90 % oui
de mai à septembre
oui en fonction des saisons et des propriétaires
non
écosystème
arganeraie
champs ouverts à semi-ouvert. cultures sèches de céréals et d’aknari
lisières forestières plus ou moins éclaircie
jardin vivrier clos irrigué par un puit
tableau des espaces domestiqués, mais par qui ? et de leur écologie. D’après les travaux de Romain Simenel. T L
jnouns païens
jnouns musulmans
toute l’année + sur-paturage estival
FAIBLE ET INTERDIT DE MAI À SEPTEMBRE
ARGANERAIE FORTEMENT DÉGRADÉE. PRÉSENCE D’EUPHORBE, PALMIERS NAINS ET PETITS BUISSONS ÉPINEUX
ARGANERAIE PRÉSERVÉE SOL VIVANT ET MAINTENU, CANOPÉE CONTINUE, BIODIVERSITÉ AU TOP
Awal - la langue «En pays aït Ba’amran comme dans tout le souss, les relations de l’homme à son environnement s’inscrivent pleinement dans l’espace nommé, ce dont témoigne la richesse du vocabulaire toponymique, botanique et zoologique. Le terroir, c’est-à-dire un territoire considéré du point de vue de ses aptitudes sylvo-agro-pastorales, est intimement lié au langage. Malgré l’importance du langage dans la définition d’un territoire humanisé, en pays aït Ba’amran, la langue n’a pas d’histoire. L’apprentissage du Tachelhit durant l’enfance se base sur «la parole des bergers (awal imksawen)» car, si l’enfant est muet dans le foyer, il est en revanche très bavard en forêt lorsqu’il guide son troupeau. La « parole des bergers » est en grande partie fondée sur un surinvestissement linguistique des éléments de la forêt. pour les bergers, chaque rocher, chaque espèce végétale, chaque insecte et chaque animal porte un nom qui lui est propre. Le processus de nomination est très métaphorique et s’apparente à un jeu de piste linguistique qui consiste en une expérimentation du vocabulaire et de la syntaxe à partir d’un décryptage de la diversité des formes données à voir dans la forêt. La forêt est une matrice de la langue tachelhit et l’expérience qu’en fait le berger s’appuie sur une herméneutique des formes des éléments du monde sylvestre. Le lexique et la syntaxe sont ainsi intériorisés par le biais de l’assimilation figurée de la nomenclature de la forêt. au regard des bergers, la forêt est toute bruissante de paroles évoquant l’univers domestique, un univers à la marge duquel ils se trouvent retranchés pour un âge. Les aït Ba’amran ont ainsi une conception babélienne de la langue, dans le sens où son vocabulaire est déposé à la surface du monde : la langue ne s’enseigne pas (y compris le lexique qui a trait à l’univers domestique), elle nait de la lecture de l’enfant dans son environnement.»
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Société genrée A l’heure où l’Europe se questionne sur ses distinctions de sexes (création du statut civil d’un troisième sexe en allemagne), j’atterris ici dans une société extrêmement bi-genrée. Dans un ménage certaines tâches sont l’apanage des femmes (préparation de l’huile d’argan, propreté du foyer, portage de l’eau…) certaines des hommes (relationnel extérieur et communautaire) et certaines des deux (travail aux champs et paturage). Je crois que le schéma est le suivant: Le foyer constitue une cellule. L’intérieur de cette cellule est le royaume féminin, la paroie de la cellule est masculine. Les deux genres développent de fait, un rapport au paysage très différent. En pratique, j’ai surtout côtoyé les hommes, mais j’ai des yeux et grâce à Jamila (directrice) et Fatiha (professeur de langue) j’ai pu m’ouvrir aux dires des femmes. Celles-ci sont les petites mains du territoire, sans leur courage et leur force de travail, on ne mangerait pas. Alors quand elles chantent et qu’elles rient tendez les mains, car c’est de l’eau pour vos nuits. La distinction des tâches féminines et masculines a son importance dans le projet, car l’influence de l’eau de brouillard sur le temps et l’énergie économisés concerne principalement les femmes.
Femmes en cuisine du village d’Id Achour. Toujours prêtes à cuisiner un tajine pour des invités surprises photo T L
Mohamad du village d’Id Achour, représente la jeune génération qui porte le projet brouillard. photo T L
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52 Organisation amazigh et/ou administrative On distingue l’organisation vernaculaire amazigh et l’organisation administrative du Royaume. Cheikh : (Instit et amazigh) garant et représentant d’un ou de plusieurs douars géographiquement et historiquement liés. Douar: (amazigh) groupe d’habitation regroupant 2 à 400 foyers avec des constructions plus dispersées en plaine qu’en montagne. Constitue l’unité de base des communes rurales. Ils ne sont toutefois pas répertoriés dans le système géographique national. Fraction :(amazigh) territoire formé de plusieurs douars. Tribu : (amazigh) division de la confédération. Elle regroupe deux à six fractions selon la démographie. Confédération : (amazigh) unité ségmentaire la plus large de l’organisation bèrbère. Elle regroupe entre quatre et six tribus. Commune rurale : (instit) collectivité territoriale de droit public, dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Regroupe plusieurs douars suivant une cohérence géographique, et historique. Caîd : (instit) fonctionnaire de l’état qui cumule les attributions de juge, d’administrateur et de chef de police. Caidat : (instit) circonscription administrative regoupant une ou plusieurs communes. Cercle : (instit) découpage administratif rural à la tête de deux à quatres caidats selon la démographie. Province : (instit) découpage administratif regoupant des cercles pour l’espace rural et des préfectures pour les villes. Wilaya : (instit) circonscription secondaire dépendante de la région. Elle est l’équivalent du département en France.
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Défilé des fractions Aït Ba’amran à Sidi Ifni, T L
Etudiants de la madrasa Sidi Sskri, T L
54
Une montagne brumeuse en li s iè re cl imatiq u e
Des saisons, des visages. photos T L
55
Les champs dâ&#x20AC;&#x2122;Id Achour en AoĂťt 2017 et en Mai 2018, altitude 620 m.
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Une montagne brumeuse en li si ère cli matique
15km station d’Ifni T° max: 38° T° min: 10°
relevés de Boutmezguida
T° max: 42° T° min: 0°
station de Guelmim
T° max: 54° T° min: 5°
La montagne de Boutmezguida est à équidistance (30km) entre Sidi Ifni (ville côtière) et Guelmim (porte du Sahara). Son relief fait figure d’interface entre ces deux milieux climatiques opposés. L’océan Atlantique altère l’aridité de la région. Sur la station d’Ifni on observe des précipitations annuelles moyennes de 150 mm. Cette pluie n’atteint pas toujours les montagnes où on parle de 100 mm, et encore moins Guelmim où l’on compte 70 mm annuels. En revanche, les nuages frottent sur le relief et bien qu’il ne pleuve pas, la condensation abreuve les végétaux qui s’y sont adaptés. L’interface a son propre climat, S’est ainsi développé un écosystème lié au brouillard à partir 700 m d’altitude. Au delà de ces monts, l’aridité règne une grande partie de l’année. La plaine de Guelmim dont le Sirocco balaye le sol en été, forme un mur de chaleur. Les vents chauds et secs du Sahara (chergui) pénètrent dans la boutonnière entre juin et septembre. Le climat des montagnes est fait de ces alternances saisonnières, appelant la pluie par le Nord, subissant la sécheresse par le Sud. Ces trois milieux distincts mais proches se complètent dans une vision territoriale d’ensemble.
ci-contre: vue satellitaire Bing, de l’Océan au Sahara extraits des études pluviométriques de Slimani Sara et de Victoria Marzol.
Pluviométrie irrégulière et situations extrêmes
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Durant l’année, les conditions météorologiques connaissent des écarts conséquents. L’alternance des influences de l’océan et du désert dessinent des saisons marquées dans le paysage. Mais les conditions sont très irrégulières, en particulier la pluviométrie. La pluviométrie annuelle (ci-dessus à gauche) affiche un maximum en 2009 et en 2014 de 350 mm à Sidi Ifni mais 5 ans plus tôt c’est une sécheresse totale: 0 mm durant toute l’année climatique et seulement 10 mm en 1999. Les écarts ne s’arrêtent pas aux précipitations annuelles: Les précipitations maximales journalières (haut-droite) affichent l’année 2014 comme une année record. Les habitants aussi se souviennent. En Avril 2014 c’est plus de 100 mm qui tombent en une journée. Emportant la terre et les pierres avec elle, la pluie fut à l’origine de dégâts énormes. Au delà du dérèglement climatique mondial qui accentue les écarts pluviométriques et atmosphériques, les irrégularités questionnent sur la capacité d’infrastructures paysagères à temporiser les effets de crise liés au climat.
Inondation de 2014 à Sidi Ifni. extrait de «modélisation hydraulique du bassin versant d’Ifni» de Slimani Sara.
Coulée de rocs due aux pluies de 2014, vallée de Taloust photo TL.
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59
La boutonni èr e d ’ if n i Où affleurent les premières heures de la terre < 252 Ma
Couverture post-paleozoïque
66 Ma - 252 Ma
Lames et filons du Mésozoïque
292 Ma - 252 Ma
Méta-sédimentation du Paléozoïque Et granites du Permien
358 Ma - 298 Ma
Carbonifère
541 Ma - 358 Ma
Cambrien et Dévonien
> 541 Ma
Précambrien Failles du Variscan Failles profondes du Variscan Faille de l’Atlas Sud Faille de l’Anti-Atlas Ma
Boutonnières paléoproterozoique de l’Anti-Atlas, fouad BENZIANE
Millions d’années
60
une géologie datant des premières heures de la terre
ci dessus : histoire simplifiée de la formation géologique de la boutonnière d’Ifni Ci-dessous : coupe simplifiée de la géologie de la boutonnière
Sidi Ifni
A
Mesti
Boutmezguida (filets)
61
X3
tX
qc X1
x3g
A
cic
sidi ifni
ki1
x2
tx
X1
ki3
X2 qc TX
Boutmezguida X3
Guelmim
ki1
ki3
x3 g
X3 ki1
A’ A‘
L’érosion du socle
chutes de blocs et ravines
Le socle est ancien, son érosion a formé le paysage de maintenant. Les montagnes sont arrondies, les vallées, jonchées de pierres. Les blocs se détachent et coulent ensemble à la place des oueds. Leur épaisseur est poreuse et c’est sous leur couche que ruisselle l’eau en profondeur. La vallée de Zekri n’est pas sauvage. L’homme y appose sa patte depuis un millénaire au moins. Il faut imaginer qu’à l’origine, il n’y avait que des arbres, les arganiers. Désormais ils sont relégués aux marges des champs quand le relief se raidit. Moins d’arbres, ça signifie moins de terre. Les fortes pluies emportent l’argile le sable et les pierres et forment des grandes ravines. Des saignées dans les pentes, que quelles euphorbes tentent de coaguler. Les hommes construisent des terrasses pour les limiter et cultiver plus sereinement. Mais si les hommes partent car l’eau manque, les terrasses s’effritent et les coulées s’accentuent avant que les arbres n’aient le temps de reprendre en main leur paysage.
Carte des saignées d’id soussan. CDSJ
200 m
Bloc diagramme errodé. T L
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L’activité des Hommes et le couvert véLa géologie complexe des montagnes gétal influencent sa nature chimique offre des socles divers. La nature des et sa texture. Les apports de matière roches datant de différentes ères organique des paysans sont généralegéologiques délivre dans les sols des ment orientés sur le fumier fortement minéraux en plus ou moins grandes azoté, mais en faible quantité. Les quantités. Le relief constitue un facteur ABORA T O I R E L A B O R AL T AOBIORREA T O I R E Lprimordial arbres eux, délivrent un ensemble de dans la qualité d’un sol. Les Jean ISBECQUE BULLETIN SOL Jean ISBECQUE Jean ISBECQUE BULLETIN BULLETIN D'ANALYSE D'ANALYSE DE SOL DE SOL feuilles etD'ANALYSE de branches et DE bénéficient pentes diminuent la profondeur de 20, Rue d'Oradour sur Glane 20, Rue d'Oradour 20,sur RueGlane d'Oradour sur Glane des matières animales. J’ai vu peu de terre et guident les chutes de pierresPour le compte de: Oasis Oasis Oasis Pour le compte de: Pour le compte de: sols noirs, riches d’humus, sauf dans les 20410 Casablanca et de- fines. Les talwegs et leur vallées 20410 - Casablanca 20410 - Casablanca Tél. & Fax: 05 22 23 10 74 Tél. & Fax: 05 22Tél. 23 &10Fax: 74 05 22 23 10 74 au pied des arganiers. Les terres recueillent ces éléments qui s’amon-Abbèsagdals Tél. portable: 06 74 61 Benaïssa 21 42 Benaïssa Tél. portable: 06Tél. 74 61 portable: 21 42 06 74 61 21 42 Abbès Benaïssa Abbès céréalières sont rouges, claires, signe cellent et Casablanca forment avec le temps, uneCasablanca E-mail: Jean.isbecque@gmail.com E-mail: Jean.isbecque@gmail.com E-mail: Jean.isbecque@gmail.com Casablanca qu’elles s’appauvrissent plus qu’elles profondeur d’enracinement conséne s’enrichissent. À la différence des miquente. Echantillonnage: onnage: Echantillonnage: par vos soins par vos soins par vos soins lieux préservés. 17.03.17 n: le Réception: 17.03.17 le 17.03.17 Réception: le
diversité des sols
Sodium Na m échangeable Potassium échangeableK échangeable Calcium échangeable Ca um échangeable Magnésium échangeable Mg ore assimilable Phosphore assimilable P Cuivre Cu Fer Fe èse Manganèse Mn Zinc Zn
Sodium 15Na 15 Potassium 247K échangeable 247 Calcium 2244 Caéchangeable 2244 Magnésium échangeable 194 Mg 194 Phosphore 54P assimilable 54 Cuivre 0,3Cu 0,3 Cu Fer 0,5Fe 0,5 Fe Manganèse 1Mn 1Mn Zinc 1,2Zn 1,2 Zn
Na
Na
K
K Ca Ca Mg
Mg
P CuCu Fe
Fe
Mn
Mn ZnZn
11 419 2465 Ca Mg 462 P 9,8 0,4 0,6 4 1,3
élevé
très élevé
élevé
très élevé
un peu élevé
moyen
un peu bas
bas
très bas très élevé
élevé
un peu élevé
un peu élevé
moyen très élevé
un peu bas élevé
p.p.m.
NO3 CEC
moyen
bas un peu élevé
très bas moyen
p.p.m. CHIMIQUE p.p.m. ANALYSE
un peu bas
CEC meq/100g
C NO3
un peu bas
NO3
bas
N ppm
MO
très bas très élevé
C%
pH
Ec
Ec
élevé
%
C
7,8pH 123 MO 1,37 C0,8 10,6 CEC 17,22
un peu élevé
MO
Ec
moyen très élevé
µS/cm
RESULTAT
un peu bas élevé
très bas moyen
pH[H+] colog
bas
E CHIMIQUE ANALYSE CHIMIQUE
pH (eau) colog 7,7 [H+] 7,7 Electroconductivité 235 µS/cm 235 Matière organique2,97 2,97% Carbone 1,7 C% 1,7 Azote25,8 (Nitrates) N ppm 25,8 C.E.C 13,49 meq/100g 13,49
très bas
pH (eau) colog [H+] onductivité Electroconductivité µS/cm organique Matière organique % Carbone C% itrates) Azote (Nitrates) N ppm C.E.C meq/100g
bas
très bas
RESULTAT RESULTAT ANALYSE PHYSICO-CHIMIQUE E PHYSICO-CHIMIQUE ANALYSE PHYSICO-CHIMIQUE
bas un peu élevé
un peu bas
oratoire: N° de17/0305 laboratoire: 17/0305 N° de laboratoire: 17/0304 Vos références: Boub M'Med ences: Vos références: Hussein Id Soussane Hussein Id Soussane Profondeur 0 - 40 cm Profondeur 0Profondeur - 15 cm 0 - 15 cm
Na
Na
K
K
Ca Mg
P
P
Cu
Fe Mn
Zn
Analyse physico-chimiques des sols d’Id Soussan, de Agni Sskri et d’Id Achour, par le laboratoire Jean Isbecque, 2017
EQUILIBRE CHIMIQUE: des cations en % de la C.E.C. RE CHIMIQUE: EQUILIBRE CHIMIQUE: répartition des répartition cations en des % cations de la C.E.C. en %répartition de la C.E.C.
La vie pédologique s’accomode de l’absence de vers de terre. Ici ce sont les fourmis et les mille-pattes qui font le travail. Je me questionne sur la propagation des champignons. Les Agdal sont bien habités mais je doute de leur répartition totale sur le territoire... Après leur mort, les euphorbes cactoïdes laissent derrière elles un terreau fabuleux, noir et protégé des maladies diton. Quelques fois les jardiniers s’en empare pour planter un arbre.
Coupe d’un sol profond en pleine vallée, T L
Coupe d’une terre maigre en pente, T L
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habiter la pierre Des douars regroupés Un douar est un village. Il comprend plusieurs ménages qui cohabitent et s’entraident, parfois d’un même lignage parfois non. Les maisons se confondent, elles se collent pour chercher la fraicheur et des cours intérieures aèrent l’ensemble. L’habitat traditionnel se construit en pierres, matériau omni-présent dans la région. La géologie étant variée, ce sont des pierres de tailles et de couleurs multiples qui composent les murs. Les habitations sont auto-construites suivant un rythme irrégulier. Le paysan est agriculteur, berger, parfois apiculteur ou ouvrier. Il pose des pierres lorsqu’il a le temps. La technique du pisé est parfois utilisée, dans les endroits où la terre s’y prête et qu’elle est abondante. Si sa quantité est faible, on préfère l’utiliser pour cultiver. Les toits sont parfois en roseau surmontés d’une couche de terre. Le plus amusant dans ces habitations, c’est leur organisation. Elles sont toutes uniques et labyrinthiques. Elles résultent souvent d’agrandissements par les générations successives. Quand c’est le cas, il y a toujours des pièces non utilisées ou peu, qui peuvent accueillir des invités, ou du matériel. Les maisons sont comme les arbres: leurs cellules mortes forment la structure sur laquelle repose la vie.
Douar de Id Awfl avec son enclos à bétail. photo T L
Béton et nucléarisation Désormais les bâtisseurs usent de béton. C’est malheureux, car ils le payent cher et la qualité d’isolation se perd. Mais c’est plus rapide, et plus facile que la pierre. À Id Achour, on voit fleurir des murs gris de ciment au coeur d’un douar de pierres et de terre. C’est ce qu’on appelle la «modernité», elle est pratique la modernité voila tout. Les jeunes générations ne veulent plus vivre avec leur parents: c’est la nucléarisation. Les douars denses se vident d’une première envolée de jeunes, partis construire leur propre maison plus loin dans la vallée. Peut-être les générations suivantes reviendront-ils, lorsque les douars seront vides. La nucléarisation me fait penser à l’essaimage des abeilles, c’est peut être un phénomène naturel cyclique. On régénère l’habitat, la mémoire, les gènes. Et puis si le douar s’effondre, il formera une colline, on y plantera des arbres en se racontant des histoires.
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Douar de Id Achour construit au compte goutte comme une rivière. Photo et croquis TL
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Habiter l’ Arganeraie
Douar de Id Achour construit au compte goutte comme une rivière. Photo et croquis TL
Depuis le Néolithique, les populations vivant dans les arganeraies ont su tirer parti de toutes les ressources de l’arbre, au point de constituer une «civilisation née d’un arbre ». Or si l’arganeraie a été et est encore une forêt de subsistance, c’est grâce à l’adaptation de l’arganier aux conditions difficiles du milieu. Malgré une notable diversité morphologique, on ne distingue pas de variétés chez l’arganier. En effet, bien qu’il n’y ait qu’une seule espèce (pour un botaniste), les arbres, en tant qu’individus, sont très différents. D’abord, pour l’apparence, on observe divers ports (dressé, pleureur, etc.), plusieurs formes de feuilles et surtout de fruits (ronds, ovales, fusiformes, etc.). Les arbres sont plus ou moins épineux ; leur fructification peut être précoce, normale ou tardive. De plus, toutes les combinaisons entre ces caractères semblent exister ! Chaque arganier est unique en son genre. En accord avec cette observation, la gestion forestière aït ba’amran met en pratique une distinction de la propriété du sol et celle des arbres. En effet chaque famille connait les arbres qu’elle peut récolter. Cela résulte de l’héritage et parfois des accords nouveaux qui peuvent se prononcer. Ce mode de gestion des récoltes est bouleversant, car dans les millions d’individus qui composent une forêt, il faut pouvoir reconnaitre ses arbres. Pour cela des moyens mnémo-techniques divergent entre les hommes et les femmes. Les hommes seraient plus portés sur le caractère historique lignagié et productif de l’arbre, alors que les femmes mettent en avant les temps du parcours, suivant l’effort physique, ou par rapport aux lieux de pause pour manger par exemple.
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Répartition de l’arganier Les paléobotaniques révèlent que l’arganier est, au départ, un arbre des zones tropicales. Il aurait d’abord colonisé ces espaces, puis évolué en dehors de son aire d’origine à la faveur de périodes favorables depuis le Mio-Pliocène, il y a cinq millions d’années. Il aurait été isolé dans son territoire actuel
71 par l’assèchement du Sahara, non pas lors de la dernière phase (il y a environ 3 500 ans), mais lors d’une période aride plus ancienne, probablement vers la fin du Pléistocène, il y a quelques dizaines de milliers d’années. Grâce à ses caractéristiques physiologiques et écologiques sur lesquelles nous reviendrons, il se serait adapté à un environnement marqué par une aridité croissante. Coincé par le changement climatique Saharien, l’Arganier fut contraint de rester dans le Sud Ouest Marocain, d’où il est endémique. Son peuplement est de plus en plus surveillé car il diminue sous la pression du sur-paturage, de l’étalement urbain, et de mise en culture de champs.
Sur cette carte institutionnelle on observe des zones centrales . Elles correspondent aux Agdal (forêts sanctuaires) et représentent les peuplements les plus denses, et les plus préservés. Les zones tampons (Tagant) occupent des zones de montagnes non sanctuarisées et la vaste zone de transition cumule les pressions sur l’arganier.
Boutonnière d’Ifni zone septentrionnale de l’argan
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ECONOMIE DE L’ARGAN Huile cosmétique et huile alimentaire De la graine oléagineuse d’argan les femmes tirent deux huiles pleines de vertus. L’huile cosmétique et l’huile alimentaire différenciée par la torréfaction de l’amande. La cosmétique nécessite d’être inodore, elle n’est donc pas torréfiée. C’est une huile claire qui nourrit la peau comme jamais. Son marché s’étend aux pays riches et au commerce intérieur notamment le secteur touristique et procure au Maroc une position de choix, étant donné l’endémisme de l’arganier (ne pousse pas ailleurs). Marché d’export oblige, une filière se structure et quelques gros poissons fournissent les grandes industries comme l’Oréal. Néanmoins l’économie de l’Argan reste de petite échelle. De la vente directe au business familial dans les villes touristiques en passant par la mutualisation d’outils industriels. Tout le monde y va de son expérience. Parmi elles on voit fleurir un peu partout des coopératives dites féminines autour des sites touristique du Souss, d’Essaouira et de Marrakech. Pour autant ne nous réjouissons pas trop vite à propos de l’avancée de l’indépendance des femmes au Maroc, car ce titre cache bien souvent une réalité masculine, qui reste maitre de la caisse et du compte en banque. Ce titre de coopérative féminine est d’ailleurs devenu un standard étant donné qu’il marche beaucoup mieux auprès des touristes qu’un équivalent sans qualification. C’est donc une stratégie commerciale basée sur une logique implacable, ce sont les femmes qui font l’huile d’argan, mais pas forcément elles qui touchent l’argent. L’huile alimentaire est avant tout vivrière. Pleine d’énergie, pour ne pas dire vitamines, protéines, sels minéraux, cette huile procure aux Aït ba’amran une longévité imbattable, à ce qu’on raconte. J’atteste sur l’honneur ceci dit, avoir été surpris par la force de Mo Ali capable de soulever et de déplacer une pierre de sa taille (que nous avons à peine bousculé à trois) à pas moins de 65 ans. Doit-on le mettre sur le compte de l’argan ? Quoiqu’il en soit cette huile extrêmement riche accompagne de nombreuses préparations régionales, mais se mange également pure avec un peu de pain. Son goût de noisette reste en bouche et son odeur de torréfaction est très caractéristique. Le commerce de cette huile reste cantonné au marché interne pour le moment, mais des portes s’ouvrent sur certains pays dont la gastronomie suit une dynamique d’enrichissement avec l’apport culturel de populations issues de l’immigration (la France pourquoi pas?). Les feuilles le bois, les cosses sont les autres débouchés de l’argan. Les feuilles pour le bétail, qui constitue une source non négligeable de revenu ou de production vivrière des ménages. Le bois pour la construction car sa densité et sa vitesse de croissance le rendent durs comme de l’acier. Mais il servit également à chauffer les fours des chrétiens puis des jihadistes pour la chaux des bâtiments d’Ifni ou la forge aux armes militantistes. Ces usages ont d’ailleurs été à l’origine d’une déforestation d’ampleur qui à ce jour n’a pas retrouvé le moindre rétablissement. Les espaces ainsi déforestés sont restés ou devenus des masseraha (paturages collectifs) dont l’absence d’arbres est justifiée par les actions des chrétiens colonisateurs ou si elle fut d’origine Ait ba’amran, par le caractère saint de sa motivation (jihad). Les ait ba’amran ont donc l’art de se déresponsabiliser de la déforestation. Art duquel il va falloir changer les codes, si l’on veut rétablir une fertilité des sols durables dans ce territoire. Les cosses, une fois que l’amande en est extraite, se dirigent vers les fours traditionnels et les hamams où elles se consumeront lentement à l’instar de leur tronc. Cette fois-ci la méthode est durable puisque c’est la valorisation d’un résidu secondaire du cycle de transformation de l’argan. A l’aide d’Abbes Bennaissa, je vous expliquerai plus tard en quoi ces cosses sont porteuses d’une valorisation supplémentaire, dans les techniques de compostage et de plantation.
L’extraction traditionneLLe de l’huile d’argane. Les fruits séchés sont décortiqués (a). ensuite, les amandons sont grillés (b), broyés dans une meule en pierre (c) et enfin malaxés (d).
photographies de Rachida NOUAÏM et Rémi CHAUSSOD
l’arganier de la Madrasa Sidi Sskri Photo CDSJ
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LES MASSERAHA ET La pression du paturage
Soustraits à la forêt (tagant), des pâturages collectifs (masseraha) sont définis en communauté afin d’y faire paitre les troupeaux sédentaires, mais aussi des chameliers nomades venus du Sahara à la recherche de verdure. Ces masseraha finissent par n’arborer que quelques sujets épineux et écrasés, mais surtout des euphorbes dont la sève toxique n’intéresse aucunement les herbivores, et les palmiers nains dont la feuille coriace dégoute même les chèvres. Toutefois ces espaces sont colonisés par les vivaces et les annuelles de printemps, dont le sucre donne au bétail un peu de vigueur, et dont les fleurs ravissent les abeilles.
Masseraha de timtdt, proche de la source
Les chèvres n’ont peur de rien, shutterstock/ ielfidid
Au sein des masseraha on trouve des la’azib, enclos de transhumance dont l’usage a souvent été perdu. Ces carrés de pierres constituent un parcellaire à réinterpréter dans une démarche de reforestation.
Dromadaires sahariens en transhumance par la boutonnière, mai 2018, T L
Christophe a suivit les bergers, CDSJ
Dans les montagnes, la plus forte pression exercée sur l’arganeraie est celle du pâturage (au delà de la déforestation coloniale et post-coloniale). Son champs d’action porte des nuances intrinsèques à l’organisation sociale et religieuse du territoire. Les Masseraha (pâturages collectifs) constituent les écosystèmes les plus dégradés en raison du passage des troupeaux toute l’année y compris pendant la saison de l’argan. En effet chaque année de Mai à Septembre les forêts sont fermées aux troupeaux. L’argan est en fructification et il s’agirait de ne pas diminuer les récoltes. Ainsi le pâturage bénéficie de la complémentarité calendaire des céréales et de l’argan qui se font suite. Les bergers guident les bêtes vers la forêt à travers les masseraha entre Septembre et Mai puis se concentrent sur les masseraha et les chaumes de blé entre Mai et Septembre.
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Parcour du berger Point de départ / arivée Pause Espace interdit à la pature
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Micro-écologie de l’arganeraie
« La forêt » c’est le nom qu’on donne à une étendue peuplée par des arbres. Ici, peut être plus qu’ailleurs, chaque arbre a ses raisons de pousser et sa manière de le faire. Chaque être est unique, en témoignent leurs formes prodigieusement diverses. Un ensemble d’individus liés par une même volonté de vivre dont les interractions démontrent un système d’entraide. Dans les conditions arides de la région, la lecture des détails de leur existence peut apporter de la justesse à un projet de transformation.
3
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77 La pierre la brume et la graine Pierre qui perle dans le brouillard dont l’Homme veut s’inspirer pour boire. Ici les roches récoltent la buée, elle se condense dans les aspérités, espère rigoler dans les fissures jusqu’à former un tapis humide à leur pied. La roche appelle l’eau et la graine. Les arbres épars de l’arganeraie ont tous pour nourrice une pierre. Elles les abreuvent lorsque les nuages s’y frottent puis, une fois grandis, les arbres aussi capturent les gouttelettes de la brise marine. Vieillissant, leur tronc s’appuie sur le minéral et leur ombre soulage l’argile. À leur pied de nouvelles pousses peuvent s’installer. Et lorsque l’océan charge l’air d’une matière constante, que le brouillard s’installe comme un chapeau sur la montagne alors les pierres et les arbres unissent leurs gouttelettes et reforment un oued oublié, dont le berger s’étonne, émerveillé.
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Les plantes nurses Elles accueillent les graines et les protègent des chèvres. Par leurs épines elles jouent aux ronces et permettent la pousse de quelques arbres avant que le bétail ne les repère. Les plantes nurses se nomment lentisque, acacia, jujubier, arganier, cèdre ou euphorbes. Elles sont diverses et variées et ne refusent jamais un invité.
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Racines et champignons Des racines aériennes et du lichen Dans l’écorce de l’arganier poussent des racines aériennes cachées. Elles lui servent à boire le brouillard qui s’agglutine dans ses anfractuosités. Ce gène date de son histoire tropicale et l’a sauvé de l’aridité. Il explique sa répartition sur la côte atlantique, où l’humidité atmosphérique est régulière. Des lichens l’accompagnent dans cette démarche, il n’est pas encore prouvé que l’arbre et les lichens s’entraident mais on peut toujours l’imaginer. Interdépendance fongique Car au niveau des racines c’est clair, l’arganier ne pousse pas seul, mais bien accompagné. On a longtemps cru que la multiplication artificielle des arganiers était impossible. Et bien c’est faux, on ignorait qu’elle nécessitait une symbiose mycorhizienne. Cet arbre plein de ressource a en réalité beaucoup de copains, car on dénombre pas moins de dix espèces de champignons avec lesquelles il peut mener une vie symbiotique. Parmi elles, les genres gigaspora et glomus. L’avantage de la présence de différentes souches de champignons c’est leur complémentarité face aux modifications du climat ou du sol. La nature de leur relation est un échange de bons procédés: le champignon multiplie la superficie racinaire de l’arbre pour trouver de l’eau et des nutriments alors que ce dernier lui fournit des sucres issus de la photosynthèse. Et ça ne s’arrête pas là, car le champignon décompose la matière organique que l’arbre produit et aide son assimilation par lui même. De plus, on connait le rôle des champignons dans l’écosystème. Leur réseau de micellium ne se greffe pas qu’à un sujet, mais à un vaste ensemble d’espèces et d’individus. En les inter-connectant les champignons sont capables de délivrer des messages d’un individu à un autre, mais aussi de l’eau et des substances nutritives. Par ce biais un arbre qui bénéficie d’une source proche peut faire office de pompe collective au service d’un peuplement. C’est peut-être le rôle des vieux arganiers puisque leur racine pivotante descend jusqu’à trente mètres à la recherche des nappes, d’où il peut puiser de l’eau à partager avec ses jeunes congénères via le réseau micellaire. On sait aujourd’hui planter des arganiers avec une efficacité de 100% grâce à cette évolution majeure des connaissances. Ce qui permet aux scientifiques concernés de proclamer : «À côté de l’arganier forestier apparaît l’arganier cultivé. On sait maintenant créer des vergers d’arganiers et sauvegarder la diversité génétique, tout en améliorant la production d’huile et en consommant beaucoup moins d’eau que les cultures intensives. En d’autres termes, on détient les clés d’une agroforesterie véritablement « durable » fondée sur l’arganier.» R. Nouïam et R. Chaussod « L’Arganaier et ses champignons », les végétaux insolites @ pour la science, INRA 2008.
Lichen sur une branche. TL
Gigaspora observé par Fritz Oehl
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Etage alpin A partir de 800 m d’altitude débute l’étage alpin, ou la steppe. L’arganier s’efface légèrement au profit d’autres espèces adaptées au froid mais également à l’hygrométrie importante de ces couloirs nuageux. En effet, les hauteurs sont balayées par les vents et les trainées de nuages qui délivrent en passant des gouttelettes abreuvantes. Dans ces milieux où le sol est pauvre on trouve une majorité d’essences aux propriétés médicinales et aromatiques certaines telles que sur la photo: a) la lavande multifida, b) le pistachier lentisque c) le genêt mais aussi de l’origan, des chardons, des cistes, des euphorbes, des crocus, des soucis, du thym, des oleastes, des thuyas et bien d’autres… Ces plantes sont peu inquiétées par le pâturage grâce à leurs huiles très fortes. Elles sont toutefois prélevées pour certaines préparations et font l’affaire des abeilles en début d’été. Leur caractère aromatique peut très bien rentrer dans la préparation de recettes culinaires ou d’autres produits transformés.
b
A
c
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Mesti entre communal
Id Ben Saleh Id Bairouk
Tassila Hmad Laksebt Agni id Lghachi
Agni Lhya
Taouinkhte Id Sator Akarkor Aguejgal
Talouste
Lalamougjat
Madrasa Sidi Zekri
Id Achour
Id Soussane
Tasaout
Tamerout Timtdt
Id Afwl
Id Afwl
1000 m
agni oumrar
timjmajt
imirtmajucht
l -emdenna
87 Id Ben Saleh
Bois éparse
Agni id Lghachi
Taouinkhte Id Sator
Douar
Akarkor
Aguejgal Id Achour
Id Soussane
Foret d’Argan Tasaout Timtdt
Oued (bassin versant du Oued Ifni)
Ligne de crête séparation des eaux
Id Afwl
Id Afwl
Oued (bassin versant du Oued Noun)
agni oumrar
Étage « alpin » timjmajt
mirtmajucht
l -emdenna
Ci dessus : tableau du vocabulaire domestique dans la nomenclature botanique de Romain Simenel ci-contre: Carte de l’étage alpin dans les montagnes de brumes. T L
l’euphorbiaie L’euphorbe cactoide (a) (euphorbia resinifera) ressemble de loin à une pierre étalée. Elle semble immobile et ne jamais grandir. Mais sa prolifération indique l’inverse en plus d’être ancienne dans cette région. Il existe trois euphorbes qui cohabitent. Avec la cactoide poussent l’euphorbe basilic (b) (euphorbia regis juba) et la moins célèbre « talalt » (c) dont je cherche encore le nom latin, bien que je pencherais pour Euphorbia damarana qui semble pourtant endémique de Namibie. La particularité de cette euphorbiaie réside dans la présence de ces trois espèces, et leur proximité de développement. Il semble que la cactoïde soit un support de culture pour les deux autres qui s’y nichent volontiers, surtout pour notre chère talalt dont la propagation n’atteint pas la facilité de l’euphorbe basilic. Quoiqu’il en soit ce peuplement végétal est typique de l’arganeraie dégradée des masseraha où ces dernières s’accommodent d’un sol caillouteux tassé par les troupeaux et de l’absence de compagnie arborée. A noter qu’elles poussent également sereinement sous les arganiers préservés et ne sont donc pas endémiques de milieux sur-pâturés.
Douar
Présence d’euphorbe
Abords d’habitat défrichés
Sommet de montagne
2 000 M
A gauche: Carte approximative des peuplements d’euphorbes dans les monts brumes A droite: Carte de répartition d’euphorbia resinifera, dont le coeur reste la région de Beni Mellal dans les hauteurs du moyen atlas
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dessin des trois fleuristes: darmous, talalt et argan T L
La molécule de résinifératoxine, wikipedia
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Les ait ba’amran tirent de ce peuplement un miel particulièrement fort et apprécié pour ses propriétés médicinales. On le nomme miel de Darmous (du nom de la cactoïde). Ce miel donne chaud, et longtemps. Certains ne le supportent pas, d’autres l’adorent. Il développe dans la gorge une chaleur inconnue, comme un piment sucré. C’est le fait de la résine de cette euphorbe extrêmement toxique. Elle contient de la resiniferatoxine (molécule à gauche) dont la puissance est estimée à 15 000 fois la capsaïcine responsable du piquant du piment. Digérée par les abeilles qui n’en consomme que le nectar et le pollen, cette toxine devient assimilable par le corps humain et peut intégrer un processus de soin. Elle semble efficace contre les maux de gorge (plus que d’autres miels) et préviendrait du cancer (lequel?). La molécule de résiniferatoxine peut être à petite dose un puissant analgésique, capable de diminuer la perception de la douleur. Ce qui fait la particularité du miel de Darmous ait ba’amran c’est la floraison de talalt à proximité. Talalt aurait d’autres propriétés anti-bactériennes qui donneraient à ce miel un véritable statut de médicament. Les abeilles de la région aussi ont leur spécificité , car elles seraient des hybrides entre l’abeille saharienne et l’abeille domestique européenne. Les ruches traditionnelles sont construites en roseau et en terre et chaque famille en possède une dizaine. Les apiculteurs professionnels ont eux, opté pour les cadres en bois, déplaçables et plus rentables.
conflit de générations dans les ruches de Mo Ali, Id achour photo TL
plante toxique et miel médicinal
L’art de cultiver sans eau Ici les cultures sont sèches, sans irrigation. Elles se composent principalement de céréales : blé et orge et du figuiers de barbarie (Aknari). Basées sur la seule pluviométrie de la région, ces cultures ne nécessitent pas de produits synthétiques durant leur croissance. Les semences sont généralement celles de l’agriculteur s’il a réussit à les conserver des moisissures et des insectes. Sinon il en rachète. Les variétés de blé traditionnelles sont fondamentalement adaptées au climat et au type de culture en place. Ce sont des semences paysannes qui se transmettent de génération en génération.
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RRG et Ourti CÉRÉALES ET AKNARI Rrg, c’est le champs, l’espace ouvert voué aux céréales Les céréales sont à la base de la culture marocaine. Le blé pour le couscous, plat du vendredi, le pain et tous les dérivés de farine. L’orge est surtout pour les troupeaux bien qu’on le consomme également vert, dans certains plats traditionnels.
J f m a
c é r é a l s
Le calendrier des céréales est celui du territoire. Il débute en novembre/décembre avec la préparation des terres, puis vient le semis. En janvier le blé lève, jusqu’en mai où il sèche. Vient alors la récolte et la mise en fagot. S’en suivra le battage, le broyage (et le roulage pour le couscous.)
m j j a s o n d j
a k n a r i
Toutes les opérations sont effectuées à la main, ou avec un âne. Ce qui laisse au paysan le choix de garder certains rochers et certaines plantes. Parfois les sillons de labour s’écartent des roches et forment des vagues successives comme un jardin japonais.
Les ourti sont les vergers, on y trouve des arganiers mais surtout les Aknari: Elles composent une partie importante du territoire. Particulièrement en plaine chez le ia’min dont les arganiers deviennent rares. L’aknari est une spécialité régionale. Nous sommes ici dans le royaume de la figue, et il en pousse partout depuis la côte jusqu’aux montagnes. Elle n’est toutefois pas native et fut en grande partie plantée. Pour cela, ce n’est pas compliqué, il suffit de poser au sol une double palme jonchée d’une pierre et vous obtiendrez un nouveau pied dès l’année suivante. L’aknari bénéficie d’une économie en plein boom, à en croire la ferveur avec laquelle les aït ba’amran la plantent partout. En effet, destinée au commerce intérieur et désormais à l’exportation, ces figues bio, dont les épines sont enlevées mécaniquement, vont bientôt atterrir dans les épiceries du monde. On trouvera également l’huile de pépin de figue de barbarie, qui est aujourd’hui l’huile la plus chère du monde. Mais ça ne devrait pas durer si tout le monde en fait.
95 Insuffisance maraichère
Ourti d’aknari. Id soussan photo TL
En montagne comme en plaine, le maraîchage se limite à quelques parcelles de jardin thibert. Pourtant, en discutant avec les habitants, je me rends compte qu’ils sont insatisfaits de cette situation. Les légumes d’autres régions restent frais, mais de plus en plus on observe qu’ils sont traités. L’utilisation de produits chimiques n’est pas tolérée dans leur éthique, et il devient plus complexe de trouver des bons revendeurs. De plus le prix augmente, la croissance du pays implique une hausse des prix progressive. Alors que leur manquent-ils pour cultiver des légumes ? Du temps et de la terre disponible.
Division par le cairn, Agni Hya photo TL
Carte des parcelles cÊralières. T L et CDSJ
200 m
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Labour et semis
CrĂŠdit photo : T L
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Jeunes pousses de blé «Tunzit»
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Blé mûr mais encore trop vert
Crédit photo : T L
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RĂŠcolte et mise en fagot
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Les terrasses conserver l’eau et le sol
Pente oblige, les terrasses se construisent. On utilise la pierre locale, celle qui jonche le sol pour élever les murs. Ce sont des murs de pierres sèches qui atteignent jusqu’à 2 m50 suivant la pente. Le jeu est de cumuler du sol et de l’eau pour augmenter la biomasse. En montagne, le territoire n’est pas aussi riche en techniques que le Haut Atlas mais on relève de belles terrasses et quelques tabias. Dans l’ensemble de la boutonnière en revanche, on peut observer des dérivations de Oued et des cultures associées assez spectaculaires. Les terrasses inondées étaient utilisées du temps où l’eau ne manquait pas. Désormais que l’eau de brouillard est arrivée, on peut imaginer la reprise de cette technique. Elle consiste à inonder avant le semis, sur une terre argileuse qui va garder l’humidité jusqu’à la fin de la saison. Toutefois il faut faire attention au lessivage du sol et à son asphyxie.
Schéma de l’inondation de terrasses T L
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Les tabias sont des monticules de terres et de pierres qui bloquent l’écoulement d’un oued ou d’une ravine. Elles permettent l’irrigation d’une surface appelée jeisser plantée d’arbres. Cette technique pourrait largement se développer davantage, étant donnée la violence de certaines pluies, endiguant ainsi l’écoulement et récoltant une partie des sols lessivés. D’autant plus qu’en dehors des périodes de pluie, les arbres bénéficieraient d’une position rapprochée de la nappe souterraine.
Plan et coupe d’une Tabia. Al Karkouri
Croquis coupe d’une terrasse d’Ourti T L
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Thibert - jardins oasis Ce sont des petites oasis privées et bien délimitées par des murs en pierres et parfois des épines. ILes tibhert ne sont pas pâturés et forment des enclos autour de puits souvent proches des oueds. On y trouve des arbres: l’arganier bien sur mais aussi l’amandier, l’oliver, le figuier, le pêcher et parfois le palmier dattier; des plantes maraichères comme les courges, la pastèque, le melon, les poireaux les oignons; quelques fois de la vigne et des aromates.
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Photo du tIibhert dâ&#x20AC;&#x2122;Id Soussan. CDSJ
3
plan du tibhert d’Id Soussan. cdsj
Plan d’un tibhert à Agni Hya. CDSJ
Puit d’un tibhert à Agni Hya. T L
108 capter le ruissellement
mat f ya , k h et ta ra sources et forages Au coeur de l’établissement des Hommes dans le territoire, la gestion des eaux souterraines est fondée sur une connaissance ancienne de la région. Les khettara (puits) sont positionnées en fond de vallon où se regroupent les eaux de ruissellement. Ces eaux ruissellent en profondeur sous les premières couches perméables des oueds. Les Arganiers puisent cette eau, les hommes aussi. Le réseau de puits est un réseau efficace de captation, il est détenu traditionnellement par les isuqin qui en garantissent le bon usage. Les khettara sont individuelles ou collectives. Lorsqu’elles sont collectives elles s’inscrivent souvent dans une masseraha pour que le bétail en profite. C’est le cas de celle de Taloust, particulièrement imposante. Les Matfya sont elles des réserves d’eau de pluie. Traditionnellement construites par les ia’min elles ne sont aujourd’hui, plus très efficaces étant donné l’assèchement du régime pluviométrique. Toutefois elles consistent en un principe simple de collecte des eaux de surface et comprennent des bassins de décantation permettant de boire cette eau. Darsihmad s’inscrit aujourd’hui dans ce réseau de captation, d’abord par le brouillard, technique nouvelle, mais aussi par des forages en profondeur. Ces forages servent à la minéralisation de l’eau de brouillard, nécessaire à sa consommation régulière par l’humain. Il n’existe à ma connaissance qu’une source de montagne, dans la vallée de Timtdt, d’où l’eau jailli de la roche avec un faible débit.
Coupe de principe de la captation en profondeur CDSJ
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Sfourg est surpris de voir autant d’eau, il y a deux semaines il n’y avait rien. C’est le résultat de trois semaines de brouillard en altitude, vallée de Taloust. T L
Plus bas on capte l’eau à 5 m de profondeur grâce à cette Khettara ancienne en bord de masseraha (pature collective), vallée de Taloust. T L
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Forage DarSiHmad à 120 m de profondeur. Sert à minéraliser l’eau de brouillard et à temporiser en cas de manque, vallée de Timtdt, T L
«Titawin» : (l’ oeil en Tachelhit). L’une des rares sources naturelles de la région. Un bassin y est aménagé pour le paturage de la masseraha; vallée de Timtdt, T L
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Puit ou Khettarade tibhert (jardin potager), Agni Sskri. T L
Seguia du haut Atlas, plus rares chez les Aït Ba’amran car peu d’eau. T L
descente de l’eau pluviale du toit, souvent collectée dans une réserve ou dirigée vers un jardin par une seguia. Timtdt. T L
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LOCALISATION DES SOURCES e t d u r é s e au ac t u e l L’eau de brouillard est canalisée dans une longueur de tuyaux pvc de 25 km. La distribution se fait jusqu’au compteur individuel situé à l’extérieur du foyer. S’y branchent les robinets de la maison. Les habitants consomment en moyenne 26 L d’eau par personne par jour depuis l’arrivée du réseau. Auparavant ils se limitaient à 7 L d’eau par jour. En France, la moyenne de consommation excède les 600L par jour par personne (activités économiques comprises). L’eau de brouillard a l’avantage de soulager la pression sur la nappe, et de laisser le monde végétal en bénéficier. Le réseau actuel a été conçu dans l’urgence de la distribution, néanmoins une réflexion sur le guidage de l’eau doit être menée pour maximiser l’impact du brouillard sur l’écosystème. La consommation prévisionnelle est deux fois inférieure à la production prévue. On estime un excédent de production de 6672 m3 /an. Cet excédent doit être valorisé et rester dans l’optique de l’ONG, en en faisant bénéficier à la communauté, de manière intelligente.
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Schéma de principe d’AEP. Mounir Abbar
Schéma de raccordements. Mounir Abbar
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enjeux TECHNIQUEs DU RÉSEAU Au delà de sa portée symbolique, le réseau d’eau de brouillard DarSiHmad est un questionnement technique perpétuel. Chaque goutte doit avoir un effet maximisé. Avec Mounir j’ai repéré trois enjeux hydrauliques dont l’issue déterminera de nouvelles configurations dans la vallée. Il y a d’abord les eaux de vidange, directement liées à la capacité de stockage et à la nécessité de les nettoyer deux fois par an. C’est l’équivalent d’une piscine olympique par an qui se vide. Puis il y a la sous consommation des bénéficiaires sur le volume prévisionnel accordé à l’ensemble du réseau chaque jour. C’est une question de trop-pleins, de leur position dans le réseau et de leur articulation avec les parcelles adjacentes. Et surtout nous prévoyons un volume journalier d’eau utilisable pour de l’agriculture irriguée. Ce type d’agriculture non individuelle étant typique des oasis, et non de la région d’Ifni où se pratique la culture sèche. On cherchera à générer un modèle pour la région dont le brouillard pourrait bien devenir une ressource à l’avenir inestimable. Les enjeux hydrauliques et sociaux se croisent aux enjeux géo-climatiques et écosystèmiques. Le temps et l’eau, les pierres et la terre sont autant de matières pour répondre à l’érosion. La faiblesse du couvert végétal dont l’organisation humaine tire une économie est un facteur agravant des glissements de terrains. La désertification n’est pas qu’un phénomène naturel, l’humain y a sa part de responsabilité dans son rythme de prélèvement et dans ses techniques d’augmentation écologiques. L’augmentation écologique cherche à multiplier les formes de vie en masse et en diversité. Cela passe d’abord par le végétal et la reforestation. L’implication de l’eau de brouillard dans une échelle de paysage oblige à se questionner sur les béné fices pour la vie non-humaine d’une telle ressource.
Harvesting Fog to Address Drought At Edge of the Sahara, Link TV, youtube.com
Estimation du temps économisé par Rudolph Broomes, concours de la tableau fondation «visualizing a future for fog nets, datadriven.com»
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impact social du réseau l’eau de brouillard et le temps des femmes L’eau est l’élément qui conditionne la vie. Depuis son captage, sa gestion collective jusqu’à sa consommation, l’eau symbolise et conditionne l’organisation d’une société. Bien que des puits indivuels existent, les habitants des montagnes s’appuient en grande partie sur des structures collectives. Les espaces des sources, et des khettara sont positionnés aux lieux stratégiques du paysage. Ils sont souvent portés par la mémoire d’un saint local et sont des espaces à vocation sociale. Traditionnellement, ce sont les femmes qui accomplissent cette mission qui peut prendre trente minutes à 3h suivant le débit et l’éloignement. C’est un travail physique dur et parfois dangereux. Mais une fois à la source, elles y attendent leur tour, se repose un peu, se rencontrent, discutent avec celles qui partagent leur vie ou les voisines éloignées. Ce sont des espaces sociaux, empiriquement féminins. L’arrivée des robinets individuels a un grand impact sur cette organisation. Les nouvelles structures font gagner un temps considérable et un poids dont les femmes se soulagent. Elles sont désormais sereines, car elles sont sûres d’avoir de l’eau, et sûres de ne plus avoir à la porter. On estime qu’au mois d’Aout 2015 où le débit est faible et les besoins élevés le réseau a fait économisé 42 158h de travail aux femmes. Mais ce ne sont pas que des heures de travail. Ces heures sont utiles à la sociabilisation des femmes, à leur soutien mutuel, à leur réflexion collective et leur indépendance de mouvement. En enlevant l’eau de la charge des femmes, le réseau rompt avec un système d’organisation ancien. Rompre une tradition n’est pas mal ou bon mais implique d’en suivre les conséquences au delà du premier échelon: «l’économie de temps et d’efforts». A quoi servent ces heures économisées ? Les femmes conservent-elles ce temps pour se sociabiliser et s’entraider, ou bien valoriser un bien? Gagnent elles en indépendance grâce à ce temps ? La réponse est non. Au grand malheur de Jamila Bargach, dont le combat pour l’indépendance des femmes au Maroc est une valeur qu’elle porte haut dans l’association DarsiHmad. Pour l’instant, le temps des femmes sert principalement à la propreté du foyer. Elles n’ont pas la liberté d’agir à leur guise, ni l’encouragement patriarcal pour développer des activités nouvelles, ni même l’espoir. Le projet qui suit, tente donc de prendre en compte ce temps des femmes et de le placer au coeur d’une nouvelle structure sociale dont le mode d’organisation fait nécessairement appel à leur voix et leurs talents. L’oasis de brouillard, où se pensent et s’expérimentent la résilience maraichère, l’indépendance des femmes, la reforestation régionale.
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voir ailleurs ...
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inspirations du haut atlas i r r i g at i o n pa r i n o n d at i o n
t e c h n i q u e d e l a va l l ĂŠ e d â&#x20AC;&#x2122; i m l i l
Région en eau quasi permanente (Vallée d’Ourika) 1 tour d’eau hebdomadair ou bi-hebdomadaire 30 m3 d’eau = 400 m2 x 20 à 50 / an = 600 m3 à 1500 m3 pour 400 m2 de culture pour 6000 m2 = 9000 m3 à 22500 m3
Polyculture étagée Les arbres procurent des fruits et de l’ombre aux légumes ou aux céréales installés à leur pied. ................................
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inspirations du haut atlas c a pt e r l e s r u i s s e l l e m e n t s p r oj e t i n c lu s i f " p e r m a - at l a s " ag u e l z , da n s l a va l l é e d ’ o u n i l a
Dans le Haut Atlas, le village de Aguelz a appelé l’aide du bureau d’études de design permacole, RADIANT DESIGN s.a.r.l. Leur expertise sur les méthodes de captation des eaux de surface s’inspire des techniques traditionnelles du Maroc et d’ailleurs et permet de répondre au besoin grandissant de la population rurale qui voit leur terre se lessiver, et partir vers les plaines avec leur fertilité. ci-dessous: photographie de la page facebook Perma-Atlas après une pluie. on observe les ouvrages remplis.
127 Des swales, des croissants de lunes, des gabions et des cordons pierreux entrecoupent ainsi la pente continue et favorisent l’infiltration des eaux de pluie. Ce projet relativement médiatique et connu des permaculteurs de Marrackech, suscite un intérêt grandissant dans le royaume. La démarche «inclusive» du projet, s’appuie sur la co-conception et la co-construction des ouvrages avec la communauté. On peut ainsi observer ci-dessous, une simple méthode de communication interne visant à renseigner sur les objectifs du jour. Cet exemple est inspirant pour Darsihmad qui vise elle aussi, à intégrer la communauté dans un projet de transformation du paysage.
ci-dessus: dessin technique des croissants de lunes. Al Karkouri ci-dessous: photographie de la page facebook Perma-Atlas pendant un atelier de construction de retenues d’eau.
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cultiver le désert en récoltant la rosée
Lanzarote
vignoble de lanzarote
Les îles des Canaries ont des climats très diversifiés tendant en majorité vers l’aridité. Là bas, les nappes d’eau ont des fortes tendances salines en raison de la proximité de l’Océan. Le brouillard est une source reconnue, ainsi que la rosée. Sur l’île de Lanzarote, les paysages ont été transformés pour cultiver en récoltant la condensation de l’air. Ces grands trous ronds de 10m de diamètre surmontés d’une bande de pierres accueillent la rosée du matin et les vents humides. Chaque goutte est dirigée vers un point précis, où pousse une vigne.
las canarias
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capture d’écran de « Metropolis », Arte, 2017
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cultiver le désert à l’ombre des palmiers oasis de timghert, guelmim
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Proche de Guelmim, la porte du Sahara, coule un réseau souterrain d’affluents du Oued Noun. Sur ces affluents se greffent des oasis, dont la vie dépend d’une khettara collective. C’est le cas de Timghert où la culture se fait à l’ombre des palmiers. L’ombre portée de ces palmes limite l’évapotranspiration. Ils sont associés à des murs en terre qui bloquent les vents asséchants de Sud. On y cultive les céréales, la luzerne, des légumes et des fruitiers tels que le figuier, le grenadier, l’olivier.
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l’agro-écologie
l ’ e x p é r i m e n tat i o n e t l a d i v e r s i f i c at i o n sIPA - région de marrackech Terre & humanisme maroc
Pierre Rabhi a crée les associations Terre & humanisme dont il n’est plus le président mais toujours le repère philosophique. Il a porté l’agro-écologie au Maroc au côté d’expatriés venus pour réaliser leur projet. Dans la région de Marrackech, il existe une trentaine de projets dits «agro-écologiques». Ce sont des lieux d’expérimentation qui incluent souvent à leur modèle économique un aspect touristique ou de formation. En tant que centre d’expérimentation et de formation, le SIPA de terre et humanisme s’oriente sur la diversification des essences et les actions jardinières qui l’accompagne. Bien que sa présidence ait changé et qu’il doit faire face à des difficulté de ressources humaine, le SIPA reste un modèle de culture de petite échelle inspirant pour DarSiHmad.
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l’agro-écologie trouver une place dans un marché de niche domaine de khenfouf province de Sidi ifni
Nous sommes de retour dans la boutonnière d’Ifni, chez Patricia, au domaine de Khenfouf. Sa ferme est dite «agro-écologique» en raison de la mixité de plantations entre arbres nourriciers, haies ombragères, légumes de saisons et plantes ornementales participant à l’équilibre global. C’est un petit paradis plein de couleurs. situé dans les méandres d’un Oued. L’altitude est faible, elle est proche de l’Océan.
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Cela impacte grandement ses cultures car l’eau de nappe est salée. Certaines plantes ne poussent pas, d’autres, prennent un goùt unique. Sa spécialité c’est les mini-légumes. Les restaurateurs d’Agadir se les arrachent et il en reste rarement à vendre au marché. Elle a repris cette ferme dans les années 2000, c’est devenu un domaine royal à la suite du départ des espagnols qui l’avaient créée. Elle est louée pour un prix symbolique. L’histoire de sa reprise est mystique, elle vous le racontera. Cet endroit est unique dans la région, d’abord par son modèle agricole, ensuite par le marché de niche qu’il a créé. Patricia fournit donc les restaurateurs chics d’Agadir et de Taroudant, mais elle livre également des paniers à 70 dh directement au consommateur. Le prix est très honnête mais curieu-
sement, sa marchandise ne satisfait qu’un type de clientèle: les expatriés. C’est pourquoi elle se rend jusqu’à la plaine, car là bas se trouvent les « Gaori » vivant au Maroc. A 84 ans cette ancienne pédiatre ne roule pas sur l’or, mais au moins, elle assure un salaire à ses 8 ouvriers. Sa clientèle lui convient, et son expérience est enrichissante pour le projet Darsihmad. Elle cultive ce que les autres agriculteurs ne cultivent pas, transforme des produits en valorisant la transformation et cible une clientèle aisée, basée sur la complémentarité culturelle des habitants d’une région. Et oui comme en France, on est bien content que les épiceries maghrebines ouvrent le dimanche.
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la reforestation de l’aridité à la foret I n s t i t u to t e r r a , b r e s i l Sebastiao et Lelia Salgado
6 0 0 h e c ta r e t 2.000.000 d’arbres 120 espèces plantées
Cette histoire est sans doute l’une des plus belles histoires que vous puissiez écouter. Je l’ai découverte grâce au film de Win Wenders et de Juliano Ribieiro Salgado : «Le sel de la Terre» sur le photographe Sebastiao Salgado et sa femme Lelia, parents du réalisateur. Son oeil de photographe a couvert les lieux les plus insolites de l’humanité actuelle, puis les guerres, les exils et les génocides. Son oeil a capté ce que peu d’entre nous osent regarder, puis s’est détourné des horreurs. Il retourne à la ferme de son père, touché par la sécheresse et l’érosion. Sa femme travaille avec lui, et c’est d’elle que vient cette surprenante idée: «nous allons replanter la forêt». Ils créent à deux «Instituto Terra» et ne cessent de travailler à la régénération de la «Mata Atlantica». Le sur-patûrage couplé au dérèglement climatique avaient engendré la mort des arbres. Avec leur perte, les sources s’étaient taries aggravant la situation.
+ 4 sources d’eau grâce aux racines Extraits du film « Le sel de la Terre» de Win Wenders sur la vie du photographe Sebastiao Salgado.
La ferme du père de Sebastiao Salgado, avant sa reforestation.
2000
Désormais l’écosystème revit
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12 ans plus tard, ce sont pas moins de 2 millions d’arbres plantés avec 70 % d’échec la première fois, 40% la seconde, 15% la suivante. Ils cultivent leur propre pépinière, partant du semis. La reforestation a permis aux sources de réapparaitre. Au nombre de 4, ces sources ruissellent en sous sol et ont besoin des arbres pour les appeler à jaillir et limiter l’évaporation. Car l’ombre est saine, elle permet à de nombreuses espèces de s’y nicher. Entre elles, elles s’équilibrent.
Certes le climat n’est pas le même qu’au Maroc. L’influence Océanique là bas, génère plus de pluie. C’est une forêt tropicale. Mais n’oublions pas que l’Arganier aussi poussait sous les tropiques, lui aussi doit apprécier l’ombre des autres. Cette histoire est plein d’une grande volonté et d’une intelligence bienveillante. C’est une référence dans l’échelle des initiatives familiales.
2012
Lecture du paturage et de la forêt plantée
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la muraille verte l’agroforesterie du sahel 7 6 0 0 k m d e Da k a r à Dj i b o u t i
«Il est nécessaire d’améliorer l’état naturel de la région avec des techniques en rapport avec une intensification écologique et une participation des populations locales. On ne pourra remonter le niveau de fertilité des terres qu’en investissant dans l’agriculture et le social. C’est pourquoi le vrai problème se situe davantage dans la stérilité des sols que dans l’invasion des terres par le sable du Sahara, qui n’est au demeurant qu’une impression mais sûrement pas le cœur du problème. Le manque de précipitations a accéléré le phénomène, car s’il n’y a plus d’eau pour l’agriculture la population va se concentrer davantage sur l’élevage», souligne Richard Escadafal. «Pour que la région puisse se reverdir, il faut donc investir dans l’agriculture et donner aux paysans le moyen d’avoir des greniers, des stocks, des ressources pour la semence, des équipements agricoles, un accès aux méthodes de compostage pour enrichir les sols afin d’accroître la fertilité et donc remonter la pente économique», ajoute le président du CSFD. (propos receuillis par Anaïs Toro-Engel)
Capitalisation des savoirs Ce grand projet, bien qu’il soit loin d’être terminé a pour premier mérite de capitaliser et mutualiser les connaissances et les expériences en matière d’agro-foresterie en milieu aride ou semi-aride. Il s’appuie sur des projets passés de grande échelle, de leur réussite et de leurs échecs. Par exemple, en 1985, les régions de Maradi et de Zinder dans le sud du Niger avaient lancé un programme de régénération naturelle assistée (RNA) des arbres dans les champs des agriculteurs. Selon le CSFD, «l’échelle de cette régénération est évaluée à 4 millions d’hectares (soit 15 à 20 fois plus d’arbres en 2005 qu’en 1975).» (propos receuillis par A. Toro-Engel). Ces connaissances sont consultables dans la mesure de leur distribution. Elles servent notamment de base de réflexion technique quant aux choix d’essences plantés. Vous trouverez ci-contre un tableau des herbacées choisies dans le projet, avec leurs besoins pluviométriques et leur usages. Des tableaux similaires ont été rédigés sur les essences ligneuses. Réalités politiques instables Les pays traversés sont pour la plupart en zone orange ou rouge au niveau de la sécurité et du terrorisme. Ces zones n’ont pas débuté les plantations. Début des plantations En revanche le Sénégal et la Mauritanie ont lancé les opérations. Des puits ont été forés, des arbres plantés en haie vive, en système de maintien des sols ou encore dans un objectif de production de biomasse pour enrichir le sol qui s’est appauvrit suite à la désertification. Sources : Abdoulaye DIA et Robin DUPONNOIS «Le projet majeur africain de la grande muraille verte, concept et mise en oeuvre» IRD, 2010. Anaïs TORO-ENGEL «La grande muraille verte, entre mythe et réalité» SlateAfrique.com, 2011 Photographies Axel DUCOURNEAU, 2009
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... puis revenir
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Partie III
رجحلا ىلع ءاملا تاملك kalimat alma ealaa alhajar les mots de l’eau sur la pierre
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Les mots de l’eau sur la pierre L’air est chargé, il porte un sac lourd comme un voyageur trop habitué Il n’y a pas si longtemps Il se déléstait un peu de ses bagages en chemin quelques gouttes suffisantes pour ne pas s’inquiéter de la soif désormais il semble qu’il ne puisse plus se baisser l’air vieillit, il se tari. J’ai peur car il perd des combats face au jeune du Sud, Sirocco du Sahara Tout de même il s’alourdit, lorsqu’il s’amène, tout est gris, mais toujours pas de pluie. les arbres peuvent boire dans le brouillard les roches les aide aussi et ... l’antenne radio de Boutmezguida m’a t-on dit. Ce sont les cannes du voyageur elles font le lien entre son bras et nos petits cailloux aidons le à s’alléger encore aidons le dans l’effort de se baisser il faut l’accompagner, goutte après goutte jusqu’aux emphores de nos vies
nos filets lui plaisent il s’y faufille à l’aise il croit que ce sont des hamacs alors il nous gâte chaque goutte qu’il nous concède est une perle de nuage ne tient qu’à nous de la garder pour le meilleur des usages boire c’est sur ! mais tant d’eau ? je ne suis pas sûr ... Qui d’autre aurait-il soif autour de nous ? la terre a soif, et les arbres se sentent seuls. leur nombre ne cesse de diminuer et leur ombre de porter parait il que sans les arbres il n’y aurait plus d’eau dans la montagne parait-il aussi qu’ils appellent la pluie Ce sont les mots du paysage ceux que l’enfant berger assimile comme des visages les mots de l’eau sur la pierre qui forment une forêt-rivière. Oui, nous allons les aider car ce sont nos plus vieux amis et avec ça on va leur trouver de la compagnie Pour Aissa TL
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Chemin heuristique du projet
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Ouvrir le champs des possibles On ouvre ici le champs des possibles. En nous basant sur l’analyse du territoire et de son insertion par le réseau d’eau de brouillard, puis en s’inspirant d’initiatives et de traditions extérieures; nous cherchons à formuler un projet qui puisse répondre aux enjeux de la région à ses différentes échelles. Parce que l’eau de brouillard est un déclic dans le territoire, que son insertion fait bouger les pions dans tous les domaines, il est logique et nécessaire que ceux qui en soient porteurs accompagnent les bénéficiaires dans un développement de leur région. Les objectifs sont clairs: Valoriser les qualités d’une vie rurale désormais ouverte au monde, maintenir la sécurité alimentaire malgré les variations climatiques, économiques et politiques. Augmenter la durabilité des établissements humains compte tenu de la fertilité des sols et de l’écosystème de l’Arganeraie. Essaimer l’espoir du possible et du transmissible. Pour cela, nous nous appuyons sur les femmes, dont l’indépendance d’action et la centralité sociale est une conviction, désormais possible par l’impact sur leur temps; sur l’eau elle même et tout ce qu’elle irrigue; sur l’écosystème de l’arganeraie dont le climax anthropique est encore visible et doit se répandre (agdal); sur ce que le monde nous offre de connaissances et d’idées désormais si accessibles. Est apparu que l’urgence première était technique. Les vidanges constituent un gâchis d’eau qu’il est nécessaire d’optimiser. Pour cela, une organisation logistique est nécessaire, un point d’accroche sur lequel rebondir. Il faut avant tout un site pilote, une graine qui germe et qui puisse répandre son ADN dans l’écosystème humain duquel elle provient. Un point de départ pour l’établissement d’un ensemble philosophique et technique. Cette première graine est une oasis de brouillard, celle qui sera portée par Darsihmad à Id Achour dans la ferme expérimentale d’Agdal.
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Oasis de brouillard en terre aÏT BA’AMRAN ouvre le champs des possibles quantité d’eau réseau temps des femmes enjeux techniques enjeux sociaux enjeux spirituels et communautaires se raccordent aux enjeux de la région: erosion (sol & biodiversité) reforestation agricoles (resilience)
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l’urgence des vidanges L’eau de brouillard doit être minéralisée pour la consommation humaine, car à long terme pure, elle susciterait des carences. Comme solution Darsihmad a opté pour le mélange à des eaux de forages qui en plus, ont la qualité de temporiser des éventuels manques d’eau dans le réseau. Le mélange se fait à hauteur de 10% du volume d’eau. Le forage est placé dans la vallée de timtdt et sonde à une profondeur de 120 m. Le mélange remplit 4 des 5 réservoirs du réseau, le seul non connecté étant celui en amont à la source des filets. C’est le mélange chimique des eaux qui conduit aux vidanges. L’hétérogénéité des eaux provoque la création de fer ou de souffre qui peut s’accumuler dans les réservoirs et devenir nocif à long terme. C’est pourquoi deux fois par an, on vide et on nettoie. La capacité totale de stockage de mélange est de 1220m3 plus la longueur de canalisation (sans compter le bassin du sommet). Étant donné l’excédent de production vis à vis de la consommation, les réservoirs seront pleins lorsqu’ils seront vidés. On calcul donc une perte de 2440 m3/an, soit l’équivalent d’une piscine olympique qui se déverse. Cette eau nourrit la nappe me dira-t-on. Sauf qu’elle provoque plus d’érosion par son débit qu’elle n’en résout par son utilisation, et que la nappe peut être nourrie sans provoquer d’érosion, en nourrissant aussi un écosystème plus étendu et plus productif pour l’homme. Je propose donc, de penser dès maintenant de bloquer les eaux de vidanges, et de les dériver vers des cultures adjacentes en optimisant le nivellement et les plantations pour créer des micro-climats favorables à la culture vivrière, voire commerciale.
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L’exemple du grand reservoir de 500m3 au col d’id achour
L’écoulement suit son chemin sans trouver de plat, où l’eau pourrait s’infiltrer lentement.
Les eaux de vidanges creusent la ravine et emportent les fines en accélérant progressivement dans la pente. T L
photographie TL
Ravine avant création du réservoir TL
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Nous sommes sur la piste de Id Awfl vers Id Achour, devant nous se dresse le col. Sur la crête, le nouveau réservoir de 500 m3. Entre lui et nous, un talweg qui mène à Akarkor, marqué par une ravine centrale, où ruisselle les vidanges 2 fois par an. Sur ses abords, une masseraha où le boisement est éparse. C’est à priori un espace collectif susceptible d’accueillir une oasis basée sur l’infiltration des eaux de vidanges (1000 m3/an)
Danse de l’eau de Soufian. photographies TL
grande ravine
grand réservoir
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réservoir 500 m3
rigole d’irrigation plus basse que le niveau bas de la retenue terrasse de culture avec un rebord surélevé et un trop plein à 10 cm
Coupe des retenues d’écoulement TL bouche de vidange vers la ravine retenue
Dessin potentiel des dérivations. Création de terrasses en quinquonces. TL
proposition
de dérivation
Dans cette proposition, les eaux sont bloquées, détournées et guidées vers des terrasses de cultures à inonder. Ces terrasses se suivent en série selon un nivellement fin. Parmi les terrasses on peut tout à fait trouver des bassins secondaires imperméables qui cumuleraient une réserve utilisable le reste de l’année. Les rigoles de dérivations sont au moins 5 cm en dessous du niveau bas de la retenue et suivent une pente de 2%.
153 Les retenues comprennent un trop plein et une barbacane d’évacuation en point bas. Cette évacuation est fermée par une trappe lors de la dérivation, ouverte à la fin pour remplir la dernière retenue, puis déversée dans l’oued lorsque celle-ci n’irrigue plus les cultures. Il est possible de végétaliser les retenues. On plantera principalement pour la biomasse (compost et paillage) avec des croissances rapides ou pour la construction avec du roseau. Les matériaux de construction ne sont pas définis dans le dessin, les ouvrages seront de préférence en pierres jointées à la terre, mais cela nécessite un entretien régulier et des parties en béton peuvent être réalisées (retenues)
traversée de la piste les terrasses peuvent reprendre derrière
barbacane d’écoulement de la retenue, avec une trappe de fermeture
barbacane d’écoulement de la retenue, avec une trappe de fermeture
Possibilité de planter dans la zone inondée de la retenue pour optimiser l’effet et stabiliser les berges. T L
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Les temps du réseau calendrier des réservoirs
A partir des tableaux de production et de consommation mensuels de l’association, j’ai cherché à établir un estimatif des temps du stockage. Dans ce premier tableau sur les périodes de remplissage et de consommation des réserves, on observe deux temps dans l’année. Une première où les réservoirs se remplissent en continu d’Octobre à Juin, puis une seconde estivale où le réseau vivra sur ses réserves.
155 Ce tableau est une proposition de calendrier des vidanges en fonction du taux de remplissage estimé des réservoirs. J’ai cherché à ne jamais provoquer d’assèchement total du réseau en distribuant les 8 vidanges par an sur la période de remplissage de décembre à mai. J’ai regroupé les vidanges par duo : les bassins 1 a et 1b sont ceux de l’école d’iD achour (ferme d’Agdal), le 2 est celui du col d’id Achour (page précédente) et le 3 est celui d’id awfl (voir carte). Les dates sont estimatives, elles devront s’appliquer à la réalité du remplissage et du calendrier agricole. Néanmoins l’idée est la suivante: Une première vidange s’effectue avant le semis du blé et servira à sa pousse durant l’hiver et le printemps; une seconde s’effectue avant les sécheresses d’été pour augmenter la réserve utile du sol. Cette dernière est la plus critique car il s’agira de ne pas l’effectuer trop tot afin que cette réserve dure le plus longtemps en été, mais pas trop tard non plus afin de ne pas vider les réservoirs avant la période forte de consommation des habitants.
irrigation régulière et véritable oasis Le volume d’eau utilisable pour l’irrigation régulière résulte de la soustraction des autres utilisations: consommation domestique et vidanges. On arrive à 5600m3 par an, soit 15m3 par jour en moyenne. Ce volume est susceptible d’irriguer 5000 à 15000 m2 de culture suivant la stratégie de plantation et d’arrosage. Les surfaces irriguées sont logiquement placées à proximité des réservoirs. On peut en imaginer trois, les mêmes que les aires de vidanges. Dans ce projet nous nous focalisons sur une seule de ces aires, le point de départ du projet de paysage porté par Darsihmad: la ferme expérimentale d’Agdal. Nous y développerons un premier modèle d’oasis d’eau de brouillard, reproductible ailleurs en éthique et en technique. Ce lieu aura une vocation d’espace public animé, c’est à dire de rencontre et de socialisation thématisé. Il aura des objectifs d’expérimentation agronomiques et hydrauliques dont les résultats pourront se propager au sein d’un territoire plus vaste.
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la ferme experimentale d’agdal
un point de concentration et de diffusion La ferme constitue une première emprise terrestre réelle pour l’association. C’est un terrain dont ils sont propriétaires depuis peu, ce qui procure une vraie assise dans la pensée collective. Elle génère la possibilité de mettre en pratique des «principes» de développement innovants dans la région, accompagnant par là l’innovation de la collecte de brouillard. Ces « principes» touchent aux enjeux locaux du territoire: l’érosion, la résilience maraichère, la reforestation, la fertilité des sols, l’optimisation hydraulique, le dynamisme culturel et économique et l’égalité des genres. L’innovation qu’ils représentent réside dans leur manière de se combiner plus que dans les techniques employées qui peuvent être très anciennes. Leur mise en place vise l’inclusion de la communauté locale sans laquelle ils n’auraient aucun intérêt. La ferme d’Agdal est donc un point de concentration des enjeux locaux. C’est également un point d’accroche logistique de première importance. Il sera l’espace d’accueil d’acteurs venus de l’extérieur: des bénévoles (woofers, Xhelpers), des mécènes, des scientifiques, des partenaires, ou des curieux. Son bâti accueillera des séminaires, des évènements, des ateliers destinés à la formation ou à la projections de possibles, puis à leur réalisation. En orientant ses visions vers un extérieur mondialisé et un intérieur localisé, ce site fait l’office d’un seuil où se rencontrent des humains d’univers très diversifiés. En ceci il constitue un espace de dynamisation culturelle, pouvant générer une économie à plusieurs branches entre l’économie morale, l’éco-tourisme, la production agricole, la production de savoirs. Cette recherche d’équilibre économique se déconnecte de la recherche de profit car les fonds engendrés serviront simplement à continuer d’ avancer. Après la concentration et l’accroche, ce modèle pionnier d’oasis est un point de diffusion dans le territoire (et plus si affinité). Il aura vocation à soutenir matériellement et intellectuellement les jardins individuels et collectifs et la diversification agricole. De ce site débuteront les réflexions et les stratégies concernant les espaces collectifs de la reforestation, de l’élargissement du captage de brouillard et de son concept hydraulique. De plus, en attirant l’attention sur lui, le site est susceptible d’essaimer des principes philosophiques et techniques à un ensemble d’acteurs imprévisible à l’heure d’aujourd’hui.
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transmission & partage sharing and transfer
vente de produits transformés processed products sell
semences paysannes adapted vegetable seeds
reforestation forestry improvement
public an ace imé esp
oasis Financements exterieurs external funds
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Financements interieurs internal funds
temps communautaire community time
woofers & bénévoles extérieurs woofers & external volunteers matière organique organic matter
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ETAT DES LIEUX
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des grandes ravines
L’emplacement de la ferme a une drôle d’histoire. Elle commence au tout début de l’aventure, lorsque les eaux et forêts promettent d’installer un réservoir d’eau en soutien à l’initiative de collecte de brouillard. Au lieu de le positionner en amont du village qu’il dessert, ils le placent ici, sur un terrain plat, à côté de l’école en préfabriqué. Peu importe, disent-ils puisqu’on installe des panneaux solaires qui feront remonter l’eau jusqu’au village. Soit. Au fur et à mesure des années, le projet s’installe dans la vie locale. Le besoin d’un terrain s’affirme, et les emplacements proches des réservoirs sont tout indiqués. Le propriétaire de la parcelle ci-contre, lui, a décidé de s’installer à Id Afwl dans la vallée d’à côté. Il laisse la ruine de Tourirt en l’état, héritage du passé qu’il entretien seulement sur un bord. La parcelle fait office de masseraha et perd progressivement sa fonction de terre cultivée (ourti). C’est alors que le propriétaire décide de faire don de ces 6000 m2 à Aïssa Derhem, au nom de l’association et en soutien à ses actions. La parcelle est à l’extrémité d’un coteau verger, que j’ai décidé d’inclure au projet. La totalité du coteau doit faire 3 ha, mais la pente forte de ce dernier en modifie les perceptions de distance. On y trouve des vestiges de terrasses, et un boisement central qui peuple les terres les plus irrégulières. La parcelle bénéficie d’un allongement de la pente et d’une connection facilité à la piste. Elle peut donc facilement étendre l’espace public de la route au bas de l’oasis où s’installera le bâti. Le coteau est entaillé par les ravines. Celles-ci sont accentuées à l’Ouest par la dérivation d’eaux de surfaces en amont. Ces micro-oued marquent l’écoulement prévisible des eaux de pluie. Nous nous appuyerons sur leur tracé pour guider celle du brouillard.
La carte d’état actuel du site avec son projet d’architecture.
Architecture du projet
T L suivant l’architecture de Fady Kersit. ravines couverture végétale courbes de niveau 1 m Cartographie au 1/2000e. T L.
Réservoir 1a de 250 m3 et 1b de 217 m3 Parcelle cédée à l’association espace public
RÉVERSIBILITÉ DU CLIMAT DES VENTS DU SUD ASSECHANTS
RÉVERSIBILITÉ DU CLIMAT DES VENTS du nord humides
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Vue du coteau sans sa végétation, vers le Sud Ouest T L
165 vestiges de terrasses La topographie du site est accidentée. Elle est marquée par les ravines, les grand blocs rocheux et les vestiges de terrasses. La végétation est malheureusement insuffisante pour tenir le tout, et l’abandon des activités du culture génère un défaut d’entretien des ouvrages qui se délitent avec le temps. Néanmoins les vestiges, les ravines et les blocs constituent l’ossature du site, dans laquelle s’intègre le projet. A noter qu’en surplomb, la construction des réservoirs semi-enterrés a généré une quantité de remblais formant deux tas de terre de 30 m3 réutilisables. En face, la ruine de Tourirt est une source de pierres dont l’association va devoir négocier le réemploi.
Coupes du coteau dessinées au 200e, vue vers le Nord Est. T L
parure de brouillard scénographie d’un écoulement bijoux berbère
Si les montagnes berbères étaient des femmes, l’eau serait leur bijoux. Elles ne les portent que rarement... à l’occasion d’une fête, où vibrent les chants. Ils sont lourds et cliquetient, attirent le regard et l’ouïe sur celles-là même qui se cachaient derrière les branches. Dans les hanches de la terre, au creux des doucines de pierres. L’eau est une parure bien rare, et n’abbreuve pas que les regards.
Dans l’oeil et dans l’eau cette même lueur vibrante... L’or d’un trésor caché qui se révèle une fois par an. Alors les hommes deviennent muets. S’agenouillent devant la grâce d’une mère, étirent leur bras lentement pour saisir celle qui chaque année les fait renaitre.
Bijoux berbères, Fondation Yves Saint Laurent, Marrackech
Esquisse d’une parure TL
parure de brouillard scénographie d’un écoulement cascades
Les bassins de vidange sont disposés en série avec un système de trop plein et d’écoulement scénographié. Leur rondeur et leur couleur doivent apporter une cohérence esthétique. (possibilité de peindre à la chaux). Le déversement des vidanges s’effectue en deux temps: d’abord le remplissage des bassins par trop plein, puis l’ouverture des trappes et l’inondation des terres. L’ensemble forme une chorégraphie spectaculaire, si l’on y ajoute des jeux de lumière.
L’arganier est un arbre sacré. Son positionnement central en surplomb du grand bassin, rappelle l’ancrage aït ba’amran de la ferme. Sa situation à la confluence de trois cours d’eau lui apportera la fraicheur d’une pousse vigoureuse.
Fragment de quartz blanc tel que l’on trouve sur site. Cette roche particulière forme des lignes dans le paysage. Elle comble les fissure des plus anciennes et se retrouve à l’état de caillou dans les champs
parure de brouillard scénographie d’un écoulement jeux de lumières
La vidange s’inscrit dans le calendrier régional (cf p152). C’est un temps fort où une grande quantité d’eau finit par irriguer des terres dont on tirera une production vivrière. Le soin apporté aux détails de cet instant peut lui donner une dimension spectaculaire. Valoriser ce potentiel scénique et culturel à travers la création d’une fête de son, d’eau et de lumière, peut participer à l’intégration complète de l’eau de brouillard dans la vie du territoire. L’événement peut attirer des gens de la région et d’ailleurs, surtout si l’on y ajoute une programmation musicale de choix. Cela tombe bien, Darsihmad donne aussi dans la musique spirituelle.
Les vidanges ont lieu au coucher du soleil, pour diminuer l’évaporation et éviter d’abimer les feuilles par l’effet loupe de l’eau. L’orientation du terrain fait face au coucher. Les derniers rayons du jour caressent la colline alors que la lune s’éveille. Des lignes de quartz sont posées avec précision sur la ligne d’eau. Le brillant de la pierre polie transmet son scintillement et participe à la mise en scène de l’écoulement. Ce brillant naturel peut -être renforcé à l’aide de lumières artificielles.
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Compost toutes les 2 ou 3 terrasses
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programmation topographique croissants de lune 2mx3m swales linéaires h1m ep 2x1m
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La ferme culturelle une architecture animée
MODULES . 1 CUISINE . 1 SALLE DE CONFERENCE . CHAMBRE(S) 6 PERSONNES . 1 BANQUE DE GRAINE . 1 STOCK MATERIEL FRAGILE . 1 STOCK MATERIEL DE CHANTIER . 1 SERRE . 1 TOILETTE SECHE NON-SEXUÉ . 1 SALLE D’EAU . 1 LIEU DE VIE POUR LE GERANT - 1 SERRE
Modulabilité Le corps de ferme doit être modulable. La modularité signifie que chaque pièce peut acceuillir plusieurs usages en fonction des besoins, dans l’idée de condenser le bâti et de conserver une grande part de terres agricoles. Cela signife également que le bâti peut être construit en plusieurs étapes, modules par modules, suivant les apports financiers. La forme du bâti trouve ses origines dans son intégration à la topographie et ses possibles interactions avec l’oasis,et la route qui le relie à l’ensemble de la vallée.
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Architecture animée La ferme est une centralité pour l’association et souhaite le devenir pour le territoire. C’est un lieu de rencontres et d’acceuil des bénévoles et des habitants. Son architecture doit permettre l’organisation d’ateliers et de séminaires de groupes, la vie quotidienne d’un occupant régulier, et des espaces de libre usage pour les membres de la communauté. La tente berbère Pour agrandir les surfaces de couchage à l’occasion de séminaires (par exemple de paysagistes), il est utile d’avoir une grande tente sous la main. Pour la poser, une surface plane est exigée. Le niveau du rez de chaussé s’étend sur 9m à l’extérieur, de quoi planter plusieurs tentes en long et de laisser un passage. Une tente est un investissement de 3000 dh (300 €) et peut acceuillir une quinzaine de couchages. Elle sera utile également pour loger les ouvriers qui construiront la ferme.
La cuisine comme espace central La cuisine est d’une importance cruciale. D’abord car c’est traditionnellement l’espace des femmes. Il doit être au coeur de la vie de la ferme et lié à tout ce qui se passe à l’extérieur. Puis c’est le lieu où se transforment les produits pour gagner de la valeur. Des ateliers sont animés et sa conception spacieuse doit mettre à l’aise des grands groupes temporaires.
La serre semi-enterrée Une serre peu sembler superficielle proche du Sahara. Mais c’est oublier les température nocturnes de l’hiver en montagne. Pour expérimenter certaines cultures vivrières en hiver et lancer des semis à l’abris du vent, cette serre sera utile. Sa construction semi enterrée l’inscrit dans la pente et diminue la déperdition de chaleur. Une ombrière en textile sera déployée l’été pour en éviter l’excés.
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stock bloc sanitaire stock cuisine
Séjour/ espace de repas dortoir 2
dortoir 1
terrasse/ belvédère
GSPublisherVersion 0.0.100.100
Etage supérieur. Proposition de Fady Kersit
WC
stock
séjour
WC chambre
dépôt dépôt salle de conférence dépôt
GSPublisherVersion 0.0.100.100
Etage inférieur. Proposition de Fady Kersit
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methode d’irrigation ancestrale les oyas - vases de terre cuite poreux «Meilleure technique d’irrigation au monde»
Artisanat local et montage de l’opération
Les archéologues attestent: Cette technique d’irrigation a plus de 4000 ans. Des vestiges ont été retrouvés en Chine ainsi qu’en Afrique du nord. Elle est encore utilisée dans certaines zones arides notamment au Sahel. Depuis sa re-découverte dans les années 70 par les archéologues elle suscite un regain d’intéret, notamment par la communauté permacole internationale qui l’estime à la hauteur de « meilleure technique d’irrigation au monde» selon Bill Wilson, l’un des pères de la permaculture. Elle fonctionne sur un principe simple, un récipient en terre cuite est enterré dans le sol proche des plantes qu’il est censé irriguer. La terre cuite étant un matériau dur mais poreux, elle délivre très lentement et très régulièrement l’eau dans le sol sur toute sa surface y compris en profondeur. Recouvert par un chapeau, et protégé par la terre, l’Oya ne perd quasiment rien de l’évaporation. Son efficacité est donc optimale puisqu’elle garantie aux plantes une réserve utile de longue durée.
La fabrication des Oyas a le mérite de faire appel à l’artisanat local. Le savoir-faire en poterie dans la région est très ancien et le Maroc est un grand pays de la terre cuite. Il est préférable dans une démarche de développement local, de privilégier ces filières plutôt que les filières industrielles du goutte à goutte chinois. Toutefois, pour comparer et diminuer les coùts, je propose d’utiliser les deux techniques, qui sont sûrement très complémentaires et peut-être même mélangeables au sein d’un même montage (Oyas branchés en série par des tuyaux asperseurs). La taille, la cuisson et la porosité de l’Oya idéal n’existe pas. Le projet nécessite une véritable coopération avec les artisans pour développer une gamme de pots qui réponde aux différentes natures de sol, des exigences des plantes et de la quantité d’eau disponible. Suivant les calculs présentés plus haut, nous pourrons utiliser une quantité moyenne journalière de 15 m3 ce qui équivaut environ à une surface irriguée de 3500 à 6000 m2. 15 m3 / jour répartis dans des Oyas de 50 L (XXl), ayant un coefficient de distribution moyen de 20% par jour, signifierait 1500 unités. Tout dépend des négociations préalables, mais le budget s’élèverait entre 3000 € et 15 000 € pour les seuls Oyas, contre 1500 à 3000 € pour des gouttes à gouttes PVC. Quoiqu’il en soit, l’irrigation se montera au rythme des travaux de nivellement, donc pas à pas.
On peut les raccorder en série (cf schéma), afin que l’eau s’écoule par gravité avec un système de trop-plein, de tuyau et un nivellement léger d’au moins 2%. Je propose dans ce projet de tester l’efficacité de cette technique et de la comparer à la technique courante actuelle de micro-aspersion au goutte à goutte PVC.
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diamètre de la sphère irriguée = 3x diamètreOYA - diamètreOYA
Série d’Oyas en schéma, TL
Plantation d’un arbre avec son Oya en Inde, extrait youtube.
Plan de réseau proposé. T L
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compostage micorhizé
utiliser les matières alentours Le compostage est un art qui s’acquiert avec le temps. Chez Darsihmad, le maitre composteur c’est Abbes qui se passionne pour l’échelle microscopique et chimique. Le compost c’est l’air de fouiller dans les poubelles et d’en sortir de l’or. Il est à la base d’une philosophie jardinière du réemploi et de la valorisation des déchets. Sa composition est une résonnance du territoire environnant, car il y fermentent les matières résiduelles. Ici l’objectif est de régénérer un sol par la matière organique mais aussi par la micorhization du compost qui accompagnera chaque plantation.
levain de compost anaérobie terre micorhizée d’arganier (photo du champignon) + eau + lbn (petit lait) + mélasse dans une récipient hermétique à conservé 1 mois fermé
Cosses d’argan brûlées Elles sont issues de la cuisson des fours à pain traditionnels et du hamam. Auparavant elles étaient jetées. Désormais elles seront récupérées car elles constituent une matière carbonée de premier choix, dont la porosité retient une grande quantité d’eau. Compost local . Cosses d’argan brûlées (photo) (ville) . crotin et fumure animale (alentours) . un peu de terre d’arganier (agdal) . marc de café (ville) . déchets végétaux broyés (jardinage) . levain de compost (jardinage) . matière organique alimentaire (alentours) . cendres (alentours et jardinage) . sol décompacté (jardinage) . oya pour l’humidité régulière (artisan) ...
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Rotation des composts A mesure que la construction des terrasses avancent et que leur mise en culture se fait, les compost progressent eux aussi. Il serait intéressant de disposer des plages de compost toutes les deux ou trois terrasses afin de limiter les déplacements de longue distance en pente et de fertiliser peu à peu l’ensemble de la ferme. Leur temps de préparation dure environ deux ans, leur utilisation pour les plantations peut être rapide, ce qui les conduit à se déplacer souvent sur les terrasses. Leur position peut intégrer des rotations de planches de cultures, afin de laisser derrière eux, une terre riche et vivante.
Compost à l’ombre Des palmes sont disposées dans la longueur du compost, leur tige enfoncée dans le sol, la feuille repose sur des cordeaux
Plantation bichonnée Plantules par trois: un arbre, une épineuse ou une fabacée, une euphorbe. La terre en place est écartée pour former une cuvette. Un partie est mélangée avec le compost mature. Une grosse pierre est placé au Sud des plantules. Le sol est recouvert de cosses d’argan brûlées (photo). En cas de risque de pature, un enclos en piquants doit entourer le tout.
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potager communautaire vers la rÊsilience maraichère
183 Les habitants se plaignent du prix des légumes au marché qui ne fait qu’augmenter et de leur qualité qui baisse sans parler des produits qu’ils utilisent. Ils ne tolèrent pas l’utilisation d’engrais ou de pesticides de synthèse. Leur crédo c’est le bio, et que ça le reste. De ce que me rapportent les hommes à la madrasa, ils aimeraient cultiver eux mêmes leur légumes bien sur mais pour cela il faut du temps, et de la terre disponible. Nous en avons à leur offrir, et on ne va pas s’arrêter là, car avec la terre, ils auront des outils, de l’eau (donc du temps), des semences, une serre, un suivi et un bâtiment pour s’y sentir chez soit. Reste à penser ... quel mode de partage des terres ? Doit on segmenter les parcelles par famille ? ou par groupe au hasard ? Doit on privilégier des cultures de grandes tailles puis partager les récoltes ? A mon avis, cette question, il faut la poser aux habitant(e)s directement. Néanmoins en se projetant on peut imaginer différents modes d’organisation: Parcelles familiales La ferme délimite des parcelles qu’elle attribue aux demandeurs. Chacune bénéficie des mêmes services à savoir l’eau, l’outillage, des semences, un suivit.. En échange ils s’engagent à aider sur les espaces collectifs (serre, bâtiment, bassins, pépinière, éboulis...) et/ou à rapporter de la matière organique régulièrement pour le compostage commun (crotin de chèvre et d’âne, déchets végétaux, cendre...). L’avantage c’est la facilité de gestion et le respect des sphères privées tout en invitant ces personnes à se rendre dans un espace social ouvert. L’inconvénient c’est la perte de productivité si les parcelles sont trop petites; également, ce schéma ressemble aux existants tibherts où ils trouvent de l’eau (le plus important) et peuvent se protéger du reste (trop de changement). ci-dessous, parcelle de salades et de choux à Khenfouf. T L
Parcelles en groupes La ferme délimite des parcelles plus larges, et les attribue à un groupe de ménages ne se côtoyant pas forcément d’habitude. Accompagné par le fermier/animateur/médiateur le groupe trouve une cohérence dans les plantations et l’utilisation de l’espace qui ne vise pas la segmentation individuelle. On réfléchira plutôt en terme d’associations végétales et de microclimats. Les récoltes se partagent à l’amiable. Ce modèle a l’intéret de mettre en relation des ménages qui n’habitent pas le même douar. Il suscite un rapport social qui peut être agréable ou au contraire tendu. Cela nécessite un certain temps d’adaptation, où les groupes se forment et se déforment avant que tout le monde soit content (s’ils ne sont pas désespérés avant). Dans ce modèle le rôle du fermier résident est complexe car il doit intégrer une dimension de médiateur et un suivi plus fin que le modèle précédent. Parcelle commune La ferme ne comprend aucune division parcellaire liée aux personnes qui la jardinent et tout est mis en commun. Les divisions se font par choix agronomique et topographique. L’aide apportée à la ferme est comptabilisé en temps. Ce temps compté permet de diviser le total des récoltes par le nombre d’heures passées à leur culture puis de distribuer les récoltes en fonction des parts temporelles de chacun. Cela nécessite pour le fermier résident (qui devient un véritable chef de culture) de tenir strictement note des coups de main qu’il reçoit, et des habitants d’être de bonne foi en cas d’absence de sa part. Dans cette idée on peut attribuer à l’apport de matière organique une valeur «temps» qui équivaut à l’aide aux champs, et de même pour l’aide aux autres espaces collectifs non maraichers. Si l’on veut particulièrement encourager les femmes à venir, on peut aussi leur attribuer une valeur temporelle supérieure.
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pÊpinière forestière d i f f u s e r l a fo r e t
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La reforestation est un enjeu du territoire auquel l’Oasis de brouillard se doit de participer. Pour cela on y expérimente des techniques de plantations irriguées ou non, on y teste des essences forestières et on met en place une stratégie de pépinière. Pour ce qui est des plants d’argan, ils sont désormais suffisamment produits dans les grandes pépinières pour formuler des objectifs territoriaux de plantation. En revanche les plantes compagnes manquent dans les catalogues et c’est sur ce point que la ferme d’agdal va pousser. Les plantes nurses Reprenons l’histoire d’une graine. Elle se coince dans un buisson qui la protège des herbivores et développe peu à peu ses propres défenses en profitant d’un sol stabilisé par les racines de sa nurse. Les plantes nurses sont essentielles au développement des arbres et des arbustes dans ce territoire. Meme les lavandes poussent dans les pistachiers. Une activité de production de plantes nurses sera mise en place à la ferme, afin de garantir la diversité de celles-ci et leur colonisation du territoire qui protègera peut être à long terme plus de graines qu’à présent. Parmi elles on compte: la noix berbère, le pistachier lentisque, le genêt, le gommier, l’euphorbe et une liste à préciser et augmenter.
Exogènes bienheureuses N’ayons pas peur d’essayer la culture de plantes exogènes, car nous sommes dans un jardin. Certaines d’entre elles auront un intéret direct à la ferme pour la récolte qu’elles produisent. Parmi elles on retrouve toutes les essences fruitières: abricot, pêche, pommes, prunes, olivier, amandier, figues, dattier, poivrier et j’en passe... Nous observerons leur capacité à pousser avec et sans irrigation (plantes témoins) et si parmi le cortège certaines y parviennent, elles composeront alors les programmes de reforestation. D’autres en revanche seront plantées pour leur effet indirect (biomasse, ombre, fertilisation du sol, récolte du brouillard) . Chez elles aussi, les résistantes aux conditions locales intègreront les escadrons de la reforestation. Parmi elles on prévoit le yucca et le pin des canaries, les acacias du Sahel et du maroc, le karité, le baobab, le benjoin et une grande liste à approfondir.
Diversité de l’arganeraie En observant les associations de l’Arganier, on constate la disparition de nombreuses essences arborées accompagnatrices. Peut être est-ce dû au climat, mais peut être aussi aux phases de deforestations qui ont tenté de préserver les arganiers au détriments des autres. Ainsi nous tenterons de replanter l’olivier sauvage, le henné, le caroubier, l’amandier, le cèdre et le thuya de l’atlas. Nous les cultiverons dans différentes conditions hygrométriques afin de comprendre leurs exigences sur le terrain. Ici aussi la liste est à préciser et augmenter.
plante nurse T L
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p la ntati ons s u r ĂŠbou li s pourquoi pas avec les enfants ?
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Schéma d’irrigation en éboulis M Sabir La plantation sur éboulis est une technique du Haut Atlas, elle nécessite généralement le raccordement des fosses à une seguia de liaison. Les éboulis sur le site sont présents sous l’école et les réservoirs. Ce qui me fait penser à un double jeu avec les enfants. Organiser des ateliers de plantations dans les éboulis avec les enfants permettrait de transmettre une technique et un plaisir de la plantation chez certains qu’ils pourraient reproduire ailleurs dans le territoire. Etant donné leur emploi précoce de Berger dans la forêt, les enfants s’approprient ces milieux et déplaçant des pierres et en observant le monde dans ses détails. Comme une première étape dans l’inception infantile qu’il faut planter des arbres, l’apprentissage par «le faire» pourrait être une solution de plus.
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premières pierres essais de terrain
Abbes tassant le sol de cette nouvelle retenue de ruissellement. 4 m de long, 2 m de haut, une demi journĂŠe Ă trois.. Photo T L
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Soufian et le broyeur sur le compost. Le tas de pierre à gauche est le résultat d’un épierrage de surface de 20 m sur 5m. photo T L
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Résonnance dans le territoire propager des inceptions généralisées
L’ oasis animée par une association qui distribue de l’eau est un élément nouveau dans l’organisation sociale du paysage. C’est un outil fragile car il n’est pas protégé par la tradition. Son rôle dans le territoire est proche du concept de fabrique culturelle (ou ferme culturelle) qui se développe en Europe. C’est d’abord une porte qui s’ouvre entre la culture Aït Ba’amran et d’autres cultures du monde entier. Son rôle de porte est de fermer l’accès à ce qui parait dangereux, et d’ ouvrir la voie à ce qui serait porteur d’espoir à l’intérieur du territoire. C’est un lieu d’expérimentation sur tous les domaines de la vie: Art, agriculture, artisanat, sciences climatiques, éducation... et en tant que laboratoire, il y aura des échecs et des réussites. Pour que les réussites puissent trouver une résonnance régionale (et internationale), son inscritption dans le tissu culturel doit être exemplaire. Elle doit se faire avec patience et dans une fine connaissances des hommes, des femmes et des traditions. Ce qui réussit ici, peut se propager ailleurs. Etant donner la segmentation des terres et l’incapacité institutionnelle a agir «au nom de tous et pour le bien de tous», la transformation du paysage de la région ne peut passer que par le bon vouloir des individus et leur capacité à mutualiser les décisions. Bien plus qu’en France, les structures sociales le permettent, grâce à l’attachement communautaire de chacun et la vitesse de propagation des nouvelles. Les limites, comme toujours, sont d’ordre politiques, càd: la défense primordiale d’intérêts personnels à court terme. Par le biais de l’oasis nous espérons générer une «inception généralisée». Cela signifie qu’il est peut être possible de semer dans la tête de quelques personnes un ensemble de détails (techniques individuelles ou collectives) qu’eux même pourront véhiculer à des personnes qui pourront elles aussi le véhiculer. Le paysage peut alors se transformer à grande échelle sans que personne n’ai pu définir la forme que cela prendrait.
C’est utopique, mais ça vaut le coùt d’essayer... A titre personnel, je suis convaincu que la propagation des détails faisant paysage, (récolte du brouillard, compostage micorrhysié, micro-nivellement, diversification maraichère, réboisement des masseraha), ne peut se faire qu’à certaines conditions: la rentabilité économique (le temps ou l’argent récolté est supérieur à celui qui est dépensé) au service de la sensibilité humaine. Cela signifie que chaque détail doit procurer une joie qui lui est propre et qui justifie l’effort demandé par sa mise en place. Cela doit correspondre au système émotionnel et symbolique de l’individu, de sa famille, et/ou de sa communauté. Par chance, le bonheur que procure les plantes, l’eau, l’ombre et les nuances lumineuses est à la hauteur d’un tel défi. Grâce à Dieu. Pour véhiculer de tels détails, l’association qui anime l’Oasis (ici Darsihmad), doit faire preuve de finesse dans leur réalisation et dans la scénographie de leur perception. Ainsi, des temps forts peuvent s’inscrire dans le calendrier régional et réunir des gens d’horizons et de sexes divers. Le potentiel des vidanges (un joli nom serait utile à trouver) prend ici son sens. La dimension rituelle et festive de cet évènement semestriel peut profondément toucher la sensibilité des invités. Une énorme quantité d’eau se déverse suivant une chorégraphie que les hommes et les femmes ont façonnée en harmonie avec la nature du terrain, jouant de rythmes et de jeux de lumières avant de s’étendre sur les surfaces inondées et de céder la place pourquoi pas à un groupe de musique. Touchés, les spectateurs rapporteraient ce spectacle chez eux, et le véhiculeraient par les mots.
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tYPOLOGIE D’ESPACE
Tagant
rrg
ourti
tibhert
masseraha
agdal
signification
foret non précisée
champs
verger
jardin individuel
paturage collectif
foret sanctuaire
appartenance
aït ba’amrani et jnouns
lignage / sous-lignage aït ba’amran
lignage / sous-lignage aït ba’amran
Lignage resséré
patûrage
90 % oui
de mai à septembre
oui en fonction des saisons et des propriétaires
non
écosystème
arganeraie
champs ouverts à semi-ouvert. cultures sèches de céréals et d’aknari
lisières forestières plus ou moins éclaircie
jardin vivrier clos irrigué par un puit
soutenir la diversification culturale et la lutte contre l’érosion
soutenir les plantations d’arganiers , la diversification et la lutte contre l’erosion
leur permettre de s’étendre et se densifier
objectifs du projet
densifier le couvert forestier; augmenter la résilience vivrière
Tableau récapitulatif des objectifs du projet en fonction de la typologie d’espace T L
jnouns païens
jnouns musulmans
toute l’année + sur-paturage estival
FAIBLE ET INTERDIT DE MAI À SEPTEMBRE
ARGANERAIE FORTEMENT DÉGRADÉE. PRÉSENCE D’EUPHORBE, PALMIERS NAINS ET PETITS BUISSONS ÉPINEUX
ARGANERAIE PRÉSERVÉE SOL VIVANT ET MAINTENU, CANOPÉE CONTINUE, BIODIVERSITÉ AU TOP
reboisement par étapes protégé du pâturage
inspiration majeure
oasis de brouillard jardin communautaire
association territoriale
non
jardin forêt diversifié irrigué par l’eau de brouillard
intégrer pleinement la vie locale tout en S’associant aux mouvements environnementaux internationaux. agir pour la valorisation des campagnes, la reforestation et l’experimentation agricole et culturelle
encourager les jardins individuels
Le réseau Darsihmad d’eau de brouillard fournit actuellement 138 ménages, et bientôt 142 (+ id Afwl). Une partie des ménages nsont des résidents occasionnels. Leur consommation en eau est donc saisonnière. Dans les calculs j’ai pris en compte la consommation moyenne de 26 L par personnes. L’objectif est d’être capable de fournir à la totalité du réseau de l’eau pour cette consommation moyenne là. Cependant étant donné l’absence de certains ménages, et les variations de consommation, on peut prévoir des pics et surtout des creux dans l‘utilisation du réseau. Ces creux doivent être surveillés car l’eau prévue mais non utilisée constitue une source d’eau potentielle pour d’autres usages. Ainsi peut-on imaginer soutenir les tibhert à l’aide de cette eau, estimée à 7 m3 par jour en moyenne. Cette eau pourrait être déduite de leur facture, ou diminuée par exemple.
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Soutien aux tibhert L’eau de brouillard complète l’eau des puits. Il serait intelligent que les eaux usées des douars se déversent dans les tibhert si ce n’est pas encore le cas. Au delà de l’eau, le soutien aux tibhert passe par l’accompagnement et le partage des expériences en Oasis. L’oasis fournit des graines, des plants et des conseils aux propriétaires des tibhert. L’objectif est de promouvoir leur agrandissement et leur densification et tentant d’y apporter des modifications techniques susceptibles de les améliorer quand c’est nécessaire (fertilisation, captages des eaux de oued et de surface, diversification culturale...)
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stratégie de reboisement des enclos dans les masseraha
Ce qui semble être un la’zib dans la masseraha proche de la source de Timtdt. photo TL
Reconquérier les la’zib (enclos de transhumance) abandonnés Dans les masseraha (paturages collectifs) on trouve parfois des enclos nommés la’zib dont l’usage a été perdu. Ces enclos abandonnés forment une structure parcellaire d’ores et déjà délimitée par des pierres. Le passage des chèvres est très visible, mais ne se distingue pas ou plus du reste de la masseraha. Les quelques arganiers présents peinent à croitre et les plantes nurses qui les protégeaient se rabougrissent sous les dents aiguisées des ovinidés. La reconquête des la’zib par l’action de reboisement suggère l’utilisation des pierres et du parcellaire pour protéger les arbres du pâturage. C’est tout simplement un inversement d’usage de l’ espace. Améliorer ou créer des enclos. Ne pas oublier les ruissellements Lorsqu’il y des la’zib abandonnés, il suffit de les restaurer en élevant les murets de pierres affaissés et en les sumontant de branches piquantes, afin que les chèvres et les sangliers ne pénètrent pas. Lorsqu’il n’y a pas de la’zib ou qu’ils ne sont pas abandonnés, les décisions se prennent au cas par cas. Il est possible de créer un enclos de régénération, ou bien d’inverser l’usage de l’enclos existant. Cela dépend de la communauté. Les travaux de construction et de nivellement peuvent être entrepris l’été, et la plantation l’hiver. Le choix de l’emplacement, et de sa taille doit prendre en compte la topographie et les possibilités de récolter les ruissellements. Les bords de oueds sont donc désignés comme les espaces prioritaires. Des seguias, des swales et des croissants peuvent être créés afin de détourner les eaux de pluie vers les trous de plantations. Pour ne pas bloquer les eaux, et conserver la protection, des petits fossés doivent traverser les murets sans être trop gros pour le passage d’un animal. Technique de plantation Les essences plantées sont selectionnées en fonction des caractéristiques climatiques, topographiques et des résultats de culture dans les oasis d’expérimentation et les pépinières spécialisées. La plantation doit donner toutes les chances à chaque plante: planter en début d’hiver, lorsque les pluies augmentent. Planter des plants micorrhizés avec un mélange de compost micorrhizé et de la terre en place. Affiner la micro-topographie du site de manière à planter dans des cuvettes. Dresser une grosse pierre au Sud du plant afin de capter la rosée et de le protéger un peu des vents desséchants. cf (p.72, 170). Le jeune devrait être accompagné d’au moins deux compagnes: une plante nurse épineuse et une euphorbe. Les graines présentes dans le sol, germeront si les conditions les permettent, et l’arbre ne sera jamais seul.
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Collines sur-pâturées et traces d’enclos (la’zib) la végétation ne s’éveille qu’au printemps
Avec le temps les structures en place s’étalent et finiront par se rejoindre.
Croquis de l’évolution des enclos de régénération TL
La’zib boisé, fond de oued cloturer, des croissants sont créés alentours. Et le système se multiplie dans le paysage
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La nouvelle génération d’Id Achour. photo T L
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les enfants-bergers-planteurs Durant l’enfance, les aït ba’amran se voient confier les troupeaux qu’ils guident dans la forêt. Muets dans le foyer, c’est là qu’ils s’exercent à parler. Ils nomment chaque élément du paysage et se l’approprient en le manipulant. Ils domestiquent un lieu qui ne leur appartient pas, car c’est le territoire des jnouns. L’enfance est la période où l’enfant se sent chez lui en forêt, il déplace des pierres et recrée un univers qui lui proche de ce qu’il perçoit dans les espaces domestiqués Si ces espaces sont arborés, comme à l’école ou à la ferme d’agdal, pourquoi ne planterait-il pas des arbres lui aussi ?
La ferme pourrait encourager les enfants à planter des arbres lors de leur tournée de berger. Après leur avoir enseigné les techniques de plantations dans les éboulis, les fermiers distribueraient des jeunes plants aux enfants à la bonne saison. Ainsi les enfants seraient acteurs de la reforestation et en grandissant ils reconnaitraient les arbres qu’ils ont planté. Cela génèrerait un rapport nouveau à la forêt et aux actions qui peuvent l’augmenter. Cela pourrait se transmettre, et devenir avec le temps une tradition .
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la vallée de taloust nouvelle source sur le réseau
La vallée de Taloust est la première rencontre depuis Mesti. Sa fraicheur est palpable, son dessin est régulier, presque rectiligne jusqu’à son col en ligne de mire. Sur son col sont positionnés des filets d’expérimentation qui promettent. La densité du brouillard y est plus importante qu’à boutmezguida. C’est un passage majeur des nuages qui frottent sur la montagne. Sa forme finale en entonnoir procure à la vallée son humidité. Les eaux se regroupent à la différence de Boutmezguida où elles se séparent. Cette vallée est la prochaine étape du réseau d’eau de brouillard, un futur projet de filets et de distribution. Pour celui-ci nous bénéficions des enseignements du premier, et des travaux qu’il a suscité. Avec ce regard initié nous parcourons la vallée Soufian et moi, de nombreuses réflexions nous viennent alors que l’oued est eau dû à l’abondance de nuages. Il ne pleut mais les nuages frottent. Cela suffit pour que l’eau s’écoule en surface et nous régale de quelques cascades. Selon Sfourg, apiculteur respecté de la vallée, c’est un phénomène rare dans l’année. 2018 fut chargée de nuages, c’est de bonne augure quand on s’apprête à la attraper en vol.
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un nouveau réseau qui passe par l’oued en eau
En observant les infrastructures hydrauliques de la vallée, on constate qu’elles sont tout à fait adaptées. Les khettara fonctionnent bien et l’eau n’y manque pas. Elles se basent sur la connaissance empirique des ruissellements sous terrains. Pour le prochain projet de Darsihmad, je propose de réfléchir différemment à la question de la distribution. En observant ce oued en eau, et à côté, l’importance social des points d’eau. Soufian et moi nous disons qu’il serait préférable d’utiliser les infrastructures existantes qui sont déjà performantes. Qu’est ce que cela veut dire? Et bien l’eau des filets pourrait emprunter le chemin naturel. Elle se minéraliserait en ruisselant et n’aurait pas besoin d’un forage. L’objectif d’une telle démarche est de rallonger les temps d’eau du oued, afin qu’à côté des hommes, l’écosystème puisse en profiter.
Les temps d’eau sont le résultat du frottement des nuages sur les paroies. Il coincide avec les périodes productives des filets. Pour le rallonger, il suffirait de ralentir l’écoulement des eaux de filets à l’aide de bassins de pierres placés en série. Ainsi l’oued serait une rivière et les filets sa source augmentée. Le réseau s’intègrerait au paysage en favorisant son assimilation par la vie végétale et animale et permettrait la mise en culture de dérivations de l’eau, suivant des méthodes traditionnelles. Le réseau ne perturberait pas les habitudes des bénéficiaires qui seraient juste assurés d’avoir de l’eau, et une montagne en pleine santé. Les robinets seraient optionnels, et s’ils le veulent il suffit de pomper depuis le oued.
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se tourner vers le sud irriguer vers le sahara ?
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Irriguer vers le sud ? l e s s i t e s p ot e n t i e l s à + 1000 m
Col de Taloust 1000 m filets d’expérimentation
Col d’Agni Oumrar Vallée Nord humide
Vers Oued Noun par le Nord de la plaine
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Boutmezguida filets actuels
Pic et col de Timjm Col d’Id Afwl les nuages le frôle frottements à pleine vitesse
Pic’ d’ Id Afwl derniers frottements
photographie
Vers Oued Noun par Guelmim
Mer de nuage depuis le pic de Boutmezguida. Photographie de Abbes Bennaissa
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Question ouverte . . . pourrait-on voir plus grand qu’une vallée. pourrait-on imaginer des infrastructures a l’échelle des barrages de montagnes. pensez à l’usine de dessalement ... si vous aviez la force d’investissement d’un état: 400 million d’€ pour distribuer de l’eau , vous le feriez ? et comment ? .
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A budget égal, 1.686.000 m2 de cloudfishers(c) pourraient récolter 50 000 m3 d’eau par jour, soit 5 fois moins qu’une usine de dessalement. Mais la technique évolue, en l’espace de 6 ans, la capacité de production d’un filet a doublé et l’économie d’échelle ferait baisser son coùt d’achat. Peut-on avancer l’eau dans le désert à ce prix ? Quels paysages cela donnerait ? Quel serait l’impact écologique, économique et social ? Pouvons nous planter une « muraille verte » comme au Sahel avec cette eau ? .
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Pas besoin d’électricité, simplement la gravité et des rivières d’eau de brouillard ... .
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BIBLIOGRAPHIE
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