Z | Vassilis VASSILIKOS | Effi THEODOROU

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Côté public Du théâtre à l’écran Z de Costa Gavras, 1969, 127’ Projection suivie d’une rencontre avec Effi Theodorou Lundi 13 avril à 20h au Cinéma Star

Tarif préférentiel : 5,90 € sur présentation d’un billet du spectacle ou de la carte d’abonnement.

Réservation recommandée 03 88 24 88 00 #ZTNS Réagir sur le blog Facebook Théâtre National de Strasbourg-TNS Twitter @TNS_TheatrStras YouTube TNStrasbourg Pinterest TNSTheatre Instagram theatre_national_strasbourg Venez échanger et partager en ligne avec le TNS !

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D’après le roman de Vassilis Vassilikos Mise en scène et adaptation Effi Theodorou > Spectacle en grec surtitré Scénographie Eva Manidaki Costumes Ioanna Tsami Musique Nikos Platanos Chorégraphie Hermes Malkotsis Lumière Sakis Birbilis Assistanat à la mise en scène Aspasia-Maria Alexiou Assistanat à la scénographie Maro Tsagka Assistanat aux costumes Dimitra Liakoura Avec Aris Balis Thanassis Dimou Nikolas Hanakoulas Nikos Hatzopoulos Yannis Kotsifas Christina Maxouri Kitty Paitazoglou Yannos Perlengas Maria Skoula Équipes techniques de la compagnie Responsable de la production Efi Panourgia Surtitrage Aspasia - Maria Alexiou Machinisteconstructeur Konstantinos Kairis du TNS Régie générale Stéphane Descombes Régie lumière Patrick Descac Régie son Sébastien Lefèvre Régie plateau Charles Ganzer Régie accessoire Olivier Tinsel, Maxime Schaké Habilleuse Bénédicte Foki Lingère Céline Ganzer Du mercredi 8 au mardi 14 avril 2015 Horaires : du mardi au vendredi à 20h, samedi 2 représentations à 16h et 20h, dimanche 2 représentations à 15h et 18h Relâche : lundi 13 avril Salle Gignoux Production Lykofos npo > Z est publié aux éditions Gallimard, collection Folio, 1972. > Spectacle créé le 20 décembre 2012 puis repris le 20 septembre 2013 au Théâtre national de Grèce à Athènes. Effi Theodorou remercie le Théâtre national de Grèce pour la cession des décors et des costumes du spectacle.

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Mettre ses pas dans les pas de l’autre En 2011, alors que j’étais directrice artistique adjointe du Théâtre national de Grèce, nous avons fait le choix d’organiser les deux saisons suivantes autour de cette question : « Qu’est-ce que notre patrie ? ». Notre but était d’interroger le sujet de notre identité nationale, soit par des œuvres dramatiques importantes de la dramaturgie grecque, soit par des œuvres de la dramaturgie mondiale inspirée de mythes grecs. Z est un texte qui m’est apparu comme une évidence pour tenter de questionner ces points. Et, surtout, je pressentais qu’il y avait quelque chose à redécouvrir dans ce roman et que cette époque n’était pas si lointaine de la nôtre comme nous aurions pu le croire. Le roman de Vassilis Vassilikos, sous-titré Roman imaginaire d’un crime est un livre écrit en vingt jours, trois ans après l’assassinat du député Lambrakis et au lendemain du procès de cette affaire dont le verdict était que « Lambrakis n’a pas été assassiné ». La force de l’œuvre de Vassilikos est qu'elle réunissait des enjeux qui me semblaient primordiaux à déployer sur une scène de théâtre : l’obstination d’un personnage principal, la lutte d’une figure solitaire exposée aux oppositions politiques d’un monde corrompu et surtout, est dépeint dans Z, le visage d’une Grèce dans les années 60 mise à mal par des luttes fratricides qui continuent à hanter les mémoires. Z nous confronte à un cauchemar que nous pourrions revivre − que nous serions en train de revivre ? − aussi je ne pouvais pas ne pas m’en saisir alors que notre pays reste sans fin sous l’influence des puissances européennes : la Grèce est une sorte de jouet, un objet avec lequel on se divertit, qu’on exploite aussi bien économiquement qu’intellectuellement. Parce que je crains que nous ne soyons jamais libérés de ces poids, je trouvais primordial aujourd’hui d’entamer une réappropriation de notre monde en questionnant l’histoire et en m’emparant d’espaces mutilés. Le moment était propice en Grèce pour se lancer dans cette aventure, pour l’équipe, le théâtre, moi. Nous avons choisi un dispositif très épuré. Une table seulement, présente au milieu de la scène. Une sorte de table d’anatomie à partir de laquelle nous pouvons reconstituer l’histoire − table pour le procureur, table de taverne pouvant aussi devenir lit ou estrade. 4

Ce que je cherchais, c’était à suivre l’action dans les yeux de ceux qui la suivent. Ce travail autour de Z propose un théâtre de narration où on ne doit pas seulement se contenter de l’émotion que l’histoire déclenche. Les émotions doivent venir des idées. J’ai toujours été fascinée, lorsque j’étais assistante d’Antoine Vitez, par cette faculté qu’il avait de reconvoquer les morts en imitant leur voix. Ce qu’il montrait, c’est qu’à chaque fois qu’on trouve un souffle, on fait revivre une personne. Vitez citait souvent cette phrase de Sophocle dans Électre : « Mettre ses pas dans les pas de l’autre » − c’est en mettant ses pas dans les pas de l’autre, qu’on retrouve sa marche. Et c’est ce que nous avons tenté de trouver dans Z. L’acteur aujourd’hui prend la parole et se mêle au personnage, mais il ne s’agit pas de jouer l’action ou les personnages. J’ai surtout cherché à former un chœur de 9 acteurs qui passe du récit à l’action et de l’action au récit. Les acteurs sont investis par la nécessité de porter une parole, de se mettre à parler de ce qui eut lieu et d’accepter de se mettre à parler à la place de ceux qui ont été les acteurs réels de l’histoire. Sans doute est-ce pour cela que la répercussion du spectacle a été très grande lorsqu’il a été joué à Athènes, notamment pour la deuxième fois en septembre 2013. Cette reprise a coïncidé avec l’assassinat du rappeur Pavlos Fryssas. C’était un très beau garçon, représentant de la nouvelle génération d’artistes s’inscrivant dans une lutte antifasciste. Cependant il n’appartenait pas au mouvement anarchiste de gauche ; il chantait, seulement. On a voulu le condamner pour ses vers, c’était un prétexte. Les gens dans la salle se sont mis à hurler à la fin de la représentation : « Lambrakis vit ! Z vit ». Il a été assassiné le 18 septembre, le 20 était la première de Z. Comprenez, à ce moment, c’est comme si la réalité était venue dépasser le champ de l’histoire et de ce roman imaginaire d’un crime. Les acteurs ne pouvaient plus jouer la pièce comme s’il s’agissait d’une simple histoire ; ce qu’ils étaient en train de jouer, c’était le PRÉSENT. Nous étions au présent de l’histoire. Dans une confrontation immédiate, ce que nous rejouions était en lien direct avec ce qui était en train de se passer dans notre pays. C’est pourquoi cette nécessité de la parole est sans doute mue par une profonde volonté de se rattacher à la vie comme si nous étions en train de proposer un geste de réparation. Effi Theodorou Propos recueillis par Magali Mougel à Athènes le 27 août 2014 5


L’inscription de la grande figure mythologique dans le moment, et c’est cela le théâtre réaliste... … J’aimerais ajouter ceci, qui renvoie à un spectacle plus ancien, La Parade, sorte de répétition de ce que fut Faust. J’y avais eu l’idée du microcosme, je veux dire la représentation du monde dans le microcosme de la chambre. Tout est représentable dans le microcosme de la chambre, comme le monde entier est représentable dans le corps, dans un corps. La nature représentée dans un corps. […] Ce qui m’a frappé dans l’Évangile de Jean, et dans la poésie de Ritsos, qui est nourrie de littérature byzantine, c’est l’idée que la totalité de la nature est précisément dans le corps. J’ai repris dans un poème ces mots de Ritsos : « Le sperme a l’odeur de la forêt. » Cela rejoint pour moi cette idée que la totalité du monde, de l’extérieur, peut se retrouver dans le corps, dans la nudité de notre corps. Moi je suis parisien, je suis peu attiré par la campagne, pour moi elle ne peut se retrouver entièrement que dans le corps. Et mon théâtre finalement est fait de cela : car le théâtre n’est pas autre chose qu’une sorte de grande clairière à l’intérieur de la ville. Il est lié aux lieux de grands rassemblements des hommes : il constitue des clairières imaginaires, une nature imaginaire, avec le corps des gens ; la voix des gens ; et cette nature et ces paysages fabuleux que l’on découvre si on voit par exemple, un corps animal − je n’ose pas dire humain − coupé en deux. […] Le cœur, n’est-ce pas le cœur ? Le cœur comme viscère, et ces innombrables figures géométriques qui sont dans le corps, les arborescences des bronches, le firmament dans un fond d’oeil. Cela est tout à fait banal, d’ailleurs : les deux infinis de Pascal. Et ce que je montre dans mon théâtre, c'est cela : l’acte de manger par exemple, une petite provocation à la respectabilité du repas d’abord, mais aussi la représentation d’un acte naturel. Et cet acte naturel fait éclater le microcosme d’un repas de famille, et le transforme en une représentation du vaste monde. […] Le théâtre renvoie à l’enfance. Une des choses qui m’avait fait souhaiter jadis de faire de la mise en scène, c’est un texte de Max Reinhardt où il disait que le théâtre est un enfant qui joue au chemin de fer sur le tapis du salon. Pour moi, c’est cela : faire faire aux spectateurs ce travail. Parce que même s’il utilise une grande machinerie, le théâtre est toujours minuscule. Yannis Gaïtis, Deux hommes ailés et un homme avec un oiseau

Antoine Vitez

« Faire théâtre de tout » dans Le théâtre des idées, sous la dir. de Danièle Sallenave et Georges Banu, Éd. Gallimard, 1991, pp. 218-220

Certains jours, il ne faut pas craindre de nommer les choses impossibles à décrire. La parole soulève plus de terre que le fossoyeur ne le peut. René Char, À la recherche de la base et du sommet 6

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Ça tenait en trois mots. Passé, présent, futur. Ensuite, j’ai essayé de bâtir toute une théorie à partir de là. Quand j’écris je suis, de quoi est fait ce je suis ? De combien de futurs et de combien de passés est-il fait ? Quelle est la part de passé qui dévore le futur ? Les représentations du futur sont faites uniquement à partir de réminiscences. Toutes ces temporalités que j’essayais de me donner pour dire je suis étaient annulées par les autres de façon définitive, ou colonisées, ou dévorées, enfin il n’en restait rien. J’ai commencé à mettre en doute la grammaire, même. En mettant en doute la grammaire, et les temps des différentes temporalités sur lesquelles elle se construisait, j’ai mis en doute au fond de moi les pourquoi et les comment de l’écriture. Au point que l’idée d’homme qui était déjà fortement disloquée dans les camps a voulu rentrer dans une expression mieux dite et c’est ainsi qu’est née ce que les Allemands ont appelé la Möglichkeit Theorie, la théorie des possibles. C’està-dire d’essayer de construire des hommes, non pas en vertu de leur état civil, mais de leurs possibilités. C’est-à-dire qu’un homme naît bien avant le jour de sa naissance et quelquefois il meurt bien après le jour de sa mort. On entre dans un autre domaine à partir du moment où l’on abandonne l’état civil, cet état civil qui était le cousin proche de la grammaire que j’essayais d’abandonner.

Armand Gatti

L’Aventure de la parole errante, entretien avec Marc Kravetz, Éd. Patrice Thierry, coll. L'Ether Vague, 1987, p.50

La mort nous attend peut-être partout, songea-t-il, l’important pour nous est de ne pas l’attendre partout. Car nous ne serions plus que l’huile qui libère les joints du mécanisme de la peur. La mort nous guette peut-être comme une motocyclette dans une voie transversale, l’important pour nous est de ne pas penser à cette motocyclette, à cette ruelle transversale, parce que alors nous ne pourrons pas marcher de notre propre pas. Nous devrons nous appuyer sur l’épaule des autres, comme des invalides, appui qui nous annihile. Et le soleil se lève chaque matin tout frais sur un monde tout frais. Ce soleil que nous guettons à chaque aube et qui nous manque à chaque crépuscule, c’est le prix de la vie. Si je compte les molécules du temps, si je les dénombre, c’est qu’elles sont bien à moi et à nul autre. Aucune aliénation. […] Dès mon plus jeune âge, je voulais devenir aviateur, voler haut, très haut, dans les nues, vivre plus près du soleil. Par la suite, je suis devenu médecin, à cause de mes parents. […] Mais il m’est toujours resté cet attrait pour le vertige et l’altitude. La légende d’Icare est ma légende préférée. […] La vie est belle lorsque à chaque seconde on est prêt à mourir, lorsque les racines de la nuit descendent au plus profond de nous et qu’elles tètent avec force notre sang. Nul ne pourra me dire que j’ai eu la faiblesse de vouloir leur échapper parce que ma présence corporelle les gênait trop. Ceux qui font profession d’écrire peuvent écrire tout ce qu’ils veulent, car dans un pays sous-développé l’esprit est libre. Dans un pays sous-developpé, c’est le corps qu’on persécute, cette présence charnelle qui déplace un volume d’air déterminé. C’est pour cela qu’ils me pourchassèrent lors de cette marche que je fis seul. Une foule de gens écrivent sur la paix. Mais pour les autres c’est du vent ! Mais pour ces porcs n’existe que le corps. Mais mon corps, dont je connais le plus infime frémissement de la dernière fibre, ce corps avait une protection : l’immunité parlementaire. C’est pourquoi ils ne m’ont pas frappé aussi fort qu’ils l’auraient voulu, qu’ils n’ont pas osé m’achever.

Vassilis Vassilikos

Z, trad. Pierre Comberousse, Éd. Gallimard, coll. Folio, 1967, pp. 107-108

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Amnésie ou le sens de l’histoire Oswyn Murray − Le mot « histoire » me laisse perplexe. C’est vrai, notre conception de l’histoire vient des Grecs. Le mot, à l’origine, signifiait « enquête ». Hérodote l’emploie dans le cadre de son enquête sur les sociétés humaines. Le mot recouvrait un domaine plus proche de l’anthropologie moderne. C’est peu à peu que l’histoire a restreint son champ à des activités essentiellement liées au pouvoir : activité militaire, politique, création de richesses. Les Grecs n’avaient pas d’histoire, ils ne s’occupaient pas du passé. Ils usaient d’une forme de raison, ils pratiquaient le débat politique, comme si le passé n’existait pas. Michel Jobert − Est-ce que, l’homme politique, ce qu’il souhaite, c’est... organiser, enfin... éloigner le citoyen de la mémoire ? Instinctivement oui, car la mémoire sert de base à la contestation. Si vous avez une bonne mémoire, il y a beaucoup de choses que l’on vous dit et que vous n’avalez pas, car vous dites... vous vous levez à ce moment-là, et vous dites « Mais enfin, Monsieur, c’est vous qui déclarez ça ? Mais, j’ai encore dans l’oreille ce que vous déclariez hier.» Il faut d’ailleurs beaucoup de courage dans des assemblées amnésiques pour se lever et dire ce genre de choses. Vous savez, l’homme politique, de façon plus subtile, il joue sur le quotidien. Quand il fait une déclaration, il la fait à un certain endroit, dans une certaine perspective. Il sait très bien qu’il exagère un petit peu. […] Il le sait, mais il sait aussi qu’il faut dire les choses pour aujourd’hui. Une déclaration des hommes publics, c’est comme les œufs. Ils sont du jour ou ils ne sont pas du jour. Alors, l’idéal, c’est que les déclarations soient du jour, à consommer sous les trois jours. Pourquoi je dis trois jours ? Parce qu’au bout de trois jours, tout est oublié.

Oswyn Murray et Michel Jobert

dans le film documentaire de Chris Marker, L’héritage de la chouette, 1989

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Constantinos Maleas, Paysage

Nous avons besoin d’un théâtre qui ne permette pas seulement les sensations, les aperçus et les impulsions qu’autorise à chaque fois le champ historique des relations humaines sur lequel les diverses actions se déroulent, mais qui emploie et engendre les idées et les sentiments qui jouent un rôle dans la transformation du champ lui-même. Bertolt Brecht, Petit Organon pour le théâtre 15


En guise d’épilogue

BIOGRAPHIEs > Vassilis Vassilikos

Souvenez-vous de moi − a-t-il dit. J’ai marché des milliers de kilomètres sans eau, sans pain, sur des cailloux et des épines, pour vous apporter du pain et de l’eau et des roses. La beauté, jamais je ne l’ai trahie. Tout mon bien, je l’ai partagé équitablement. Pour moi je n’ai rien gardé. Très pauvre. Avec un petit lys des champs j’ai éclairé nos nuits les plus sauvages. Souvenez-vous de moi. Et pardonnez-moi cette dernière tristesse : j’aurais voulu encore une fois, avec la fine faucille de la lune, moissonner un épi mûr. Me tenir sur le seuil, à regarder et mâchonner le blé grain par grain avec mes dents de devant en admirant et en bénissant ce monde que je laisse, en admirant aussi Celui qui gravit la colline dans le couchant tout doré. Voyez : sur sa manche gauche il a un rapiéçage carré de pourpre. Ça ne se voit pas très bien. Et c’est ça que je voulais surtout vous montrer. Et c’est peut-être surtout pour ça qu’il faudrait que vous vous souveniez de moi.

Vassilis Vassilikos est né à Kavala le 18 novembre 1934. Il a vécu la plus grande partie de sa jeunesse à Thessalonique. Après une licence en Droit, il quitte la Grèce pour les États-Unis où il étudie la mise en scène pour la télévision (Yale University-Drama School ; School of Radio and Television-New York). De retour en Grèce, il exerce le métier de journaliste, mais aussi de scénariste, d'acteur et de metteur en scène à Athènes, pour des productions grecques et étrangères. Il écrira notamment des scenarii pour ARTE entre 1990 et 1993. Pour éviter les persécutions en raison de ses engagements politiques gauchistes, il s'installe à Paris pendant la dictature des colonels, de 1967 à 1974. En 1970, il reçoit le prix littéraire international « Meditteraneo ». Après la restauration de la démocratie, il retourne en Grèce et accepte la proposition d'Andréas Papandreou devenu premier ministre en 1981, qui lui confie le poste de Directeur adjoint à la télévision hellénique ERT 1 jusqu'en 1984. Il devient membre du Conseil Municipal d'Athènes entre 1994 et 1996, puis il sera nommé ambassadeur de la délégation de la Grèce auprès de l'UNESCO de 1996 à 2004. Entre 2001 et 2005, il sera président de la Société des Auteurs Grecs. Vassilis Vassilikos a été honoré de plusieurs titres : docteur honoris causa de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Patras (1984) ; Membre du Parlement International des Auteurs siégeant à Strasbourg ; Membre du Conseil d'Administration de la Maison des Écrivains de la France (1990-1993). En tant qu’écrivain, sa première nouvelle, Le Récit de Jason, publiée en 1953, l'impose déjà comme un talent très prometteur, malgré l'influence évidente d'André Gide. L'accueil du public est également chaleureux pour sa deuxième œuvre, Victimes de paix (1956), où l'on sent cette fois une certaine ressemblance avec les écrits d'Albert Camus. L'angoisse existentielle, la solitude et la révolte de l'individu contre un monde déraisonnable, voire surréaliste, opprimant toute expression de liberté authentique sont des thèmes qui occupent une place de prédilection dans ses œuvres écrites entre 1950 et 1960. Vassilis Vassilikos se tourne ensuite vers des questions touchant plus directement l'actualité brûlante, désirant devenir un « chroniqueur de son époque ». Cette actualité est cependant toujours « romancée » ; l'imaginaire et le réel s'y trouvent entrelacés ce qui lui permet de retranscrire de manière réaliste mais aussi lyrique les enjeux de pouvoir, les conflits externes et internes à tous les niveaux − politique, social, économique, psychologique − d'un monde complexe. Il publie alors en 1964 la Mythologie de l'Amérique et Les Photographies, en 1966, Z, puis entre autres, Le Fusil harpon (1971), Café « Émigrec » (1972), l'autobiographique Glafkos Thrassakis (quatre volumes, publiés entre 1975-1978), La Flamme de l'Amour (1979), Le Dernier Adieu (1979) − lauréat en Grèce du Prix National de Nouvelle en 1980, refusé par l'auteur. Plus récemment, il a publié K (en deux volumes : 1992 et 1993), qui traite du scandale financier de l'affaire Koskotas, Maya (1993), Il existe de rêves (1995), Les Cadeaux de l'amour (1997), L'Européen et la Belle de l'Au-delà (1999), Toi et moi (1999), La Mémoire revient avec des sandales neuves (2000).

Yannis Ritsos

Tard, bien tard dans la nuit, trad. Gérard Pierrat, Éd. Le Temps des Cerises, 2014, p. 143

Yannis Gaïtis, Motocycliste

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> Effi Theodorou Effi Theodorou est metteure en scène et, de 2007 à 2013, directrice artistique adjointe du Théâtre national de Grèce. Née à Athènes en 1962, elle y suit des études de Droit, puis un cursus en Études théâtrales à l’Université Paris III − Sorbonne Nouvelle et se formera par la suite à la mise en scène auprès d’Antoine Vitez et d’Anatoli Vassiliev. En tant que metteure en scène, elle collabore régulièrement avec le Théâtre national, le Théâtre national de la Grèce du Nord et les divers théâtres subventionnés du pays. Elle travaille tout autant à partir de textes contemporains que de classiques. Effi Theodorou a notamment mis en scène La Servante d’O. Py (fragments) et Ni crime, ni châtiment en 1999 ; Mademoiselle Julie d’A. Strindberg en 2002 ; Pas de S. Beckett en 2003 ; Six nuits sur l’Acropole d’Y. Seferis et L’Empereur et le rossignol de H.C. Andersen en 2004 ; Notes sur des feuilles qui tombent d’A. Han-Dean en 2005 ; Électre de Sophocle en 2006 ; Si ce n’est toi d’E. Bond en 2007 ; Rainbow (spectacle musical sur Arthur Rimbaud) et Roberto Zucco de B.M. Koltès en 2008 ; Marat/Sade de P. Weiss en 2009 ; Doux oiseau de jeunesse de T. Williams en 2010 ; Z de V. Vassilikos ; Manhattan Medea de D. Loher en 2013. Effi Theodorou entretient une relation forte avec la France et le théâtre français et suit avec attention l’activité théâtrale et la dramaturgie contemporaine françaises. En qualité de directrice artistique adjointe du Théâtre national de 2007 à 2013, elle a représenté ce théâtre en Europe et notamment lors des rencontres et assemblées générales de l’Union des Théâtres de l’Europe (UTE) dont le Théâtre national est membre. En Mai 2013, Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture et de la Communication, lui décerne le grade de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres, au titre de la promotion des personnalités étrangères. Sa dernière mise en scène, Le Soulier de Satin de P. Claudel a été créée au Festival d'Athènes en juillet 2014.

Yannis Gaïtis, Monoplace

Directeur de la publication Stanislas Nordey Réalisation du programme Magali Mougel avec la collaboration de Fanny Mentré, Briac Jumelais et Caroline Strauch Crédits Photos du spectacle : Myrto Apostolidou Graphisme Tania Giemza Édité par le Théâtre National de Strasbourg Kehler Druck/Kehl − Avril 2015

1 avenue de la Marseillaise BP 40184 67005 Strasbourg Cedex Téléphone : +33 (0)3 88 24 88 00 Fax : +33 (0)3 88 37 37 71 tns@tns.fr 18


SAison 14-15


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