PAROLES DEÂ PARAGES MAGALI MOUGEL
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Taïaut ! Pièce pour trois hommes et un morceau de viande à partager de Magali Mougel
1 Brume. Brume de coton qui s’empare des flancs de la vallée. Dans un élan vers le sommet de la cime des sapins, un drap se lève, se dresse vers le ciel. La pluie n’a cessé de tomber. « Couchez les enfants, vite. Cachez vos femmes, vite. » C’est le grand jour. Dans le silence des nuages qui se scellent aux forêts, un petit peuple d’hommes fixent sur leur tête des bonnets de laine et des capuchons. Lumignons et torches en main carabines en bandoulière, ils ont quitté avant la tombée de la nuit, les maisons. Derrière les fenêtres, les lumières se sont éteintes une à une. Le tocsin retentit comme un appel au rassemblement. Et les chiens hurlent comme des bêtes sauvages. Le petit peuple de la nuit se lève. Le petit peuple, cette nuit, s’en va en guerre. Retranché dans des trous, abrité au sommet de miradors de fortune aux abords de la grande tourbière, chacun a suivi les ordres. Il a attendu la bête, le petit peuple. Derrière les rideaux rouges d’un chalet qui surplombe la lande, une enfant, elle, ne dort pas, elle veille. Elle regarde cette agitation furtive, ces ombres encapuchonnées qui se groupent, se meuvent vers la lande. Le petit peuple perce la brume, arpente les bruyères. Il se glisse dans le murmure silencieux des respirations haletantes. Crachin brumeux. La pluie s’accroche aux cils. Perle sur les barbes. S’infiltre dans la peau. Les nuques. Irrite les crânes. Soudain le petit peuple s’emballe. Commence à courir comme des petits chevaux poussés par le feu. Une à une les petites flammes se détachent et empruntent les sentiers. Les lumières se dispersent se perdent subsistent. Les clairons retentissent. Les chiens aboient et hurlent à la victoire. C’est la danse d’un petit peuple qui dans la brume lance un assaut sous la grêle qui se met à gronder dans la déchirure de l’orage. Ce soir, ce n’est pas le cerf qui est tombé au milieu de la tourbière. À la fenêtre du chalet qui surplombe la lande, le nez fixé à la fenêtre, la tête coincée dans un rideau de velours rouge, la petite fille regarde ce reste d’agitation ; le petit peuple disparaît abandonnant dans l’humidité de la sphaigne une masse informe qu’on voudra peut-être laisser pourrir dans la tourbe. Voilà que les portes claquent. On va enfin pouvoir retirer ses bottes. Graisser et ranger sa carabine. On se claque sur la panse. « On l’a eue. Oui, on l’a eue ! L’hiver va pouvoir s’installer, mon amour. » TAÏAUT ! TAÏAUT ! TAÏAUT ! TAÏAUT ! TAÏAUT !
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2 Dépose tes armes petit peuple, entrez petits chasseurs et laissez-vous guider au son du Winterreise de Hans Zender ! − Oui, laissons là les chiens gueuler comme des chats-huants. Et débouchons une bonne bouteille. Ce soir nous dormirons en paix car ça y est ! La bête est tuée. − Laß irre Hunde heulen / Vor ihres Herren Haus; / Die Liebe liebt das Wandern− / Gott hat sie so gemacht− / Von einem zu dem andern / Fein Liebchen, gute Nacht 1 ! − Santé ! À l’intérieur de la maison, une table de cuisine ornée d’une cuisse d’agneau, un joli gigot. Cru. (Ou d’une côte de bœuf. Crue. Ou d’un lapin, entier. Tout aussi cru. Oui, la cuisse d’une dinde fera tout aussi bien l’affaire, même si les chasseurs préféreront une viande rouge. Alors sans doute ornera-t-on la table d’un cuissot de biche, d’un dos de chevreuil ou simplement, d’un magret de canard, le gras bien jaune. Vif. Comme le pelage d’une hyène. D’un lynx. Ou d’un dingo.) Au commencement de cette journée, ce fut l’attente de la disparition du jour dans la nuit et l’espoir de pouvoir fêter dans cette maison le retour au calme dans la vallée. Nous sommes le (date du jour). La température extérieure a oscillé entre (température minimale) et (température maximale). La matinée fut grise ou brumeuse dans une ambiance fraîche mais tiède pour la saison. Les bêtes auraient pu paître jusqu’à Noël dans les parcs. Cela aurait arrangé tout le monde. Temps sec de l’été, pas de regain. Pourtant ce n’est pas ce qui a pu se passer. « Tu peux pas laisser les brebis dans les prés. La bête. De Rambervillers à Rehaincourt en passant par Fauconcourt. Maintenant, le massif. Pourquoi t’épargnerait-elle ? La bête. » La croissance du PIB de la France s’était accélérée au troisième trimestre, avec une augmentation de 0,4 % des richesses produites. Par rapport au deuxième trimestre de l’année précédente, le taux de chômage avait diminué de 0,3 point. En France métropolitaine, le nombre de chômeurs avait baissé de 48 000 personnes ; le taux de chômage avait diminué ainsi de 0,2 point sur le trimestre. C’étaient plutôt de bons chiffres. Ici, on s’en moquait des chiffres. Depuis la fin du premier trimestre, une peste d’une nouvelle espèce s’était abattue sur la vallée. « Non, on a pas été aux champignons cette année. C’était pas une année à champignons. Trop sec. On a fait un peu de pédalo au lac. Et voilà. Les champignons. On les achète. » 1. Extrait de Wilhelm Müller, « Gute Nacht », in Die Winterreise (1824).
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3 Peste d’un nouveau genre, elle s’attaquait, la nuit, à tout ce qui subsistait de vivant dans les prés. Une hécatombe dont les autorités à la Capitale se détournaient se contrefoutaient. − Vous vous affolez pour rien. − Elle a tué dans les parcs à côté des HLM. − Nous allons prendre des dispositions. − Le loup est dans la bergerie ! − Laissez-nous nous organiser. − Pleure pas gamin. Vous ne comprenez pas que nous avons peur. Les enfants ne dorment plus. Ma femme prend des cachets pour se calmer. Ça nous ronge les nerfs. Je passe ma vie sur mon mirador à surveiller mes bêtes. Ce n’est plus possible. Laissez-nous tirer ça au clair ! − Posez votre fusil ! Ce n’est pas la guerre ! Le temps aurait dû être aux balades champêtres, pourtant dans cette douceur hivernale, les esprits sont échaudés. Plus de quiétude. La battue aux renards ? Ce sera pour l’an prochain. Au début, on parle seulement d’une trace. Au commencement, c’est une empreinte dans un sentier qui est découverte dans la terre molle du printemps. Une empreinte de bête. 9 centimètres sur 11. 8 centimètres sur 12. 10 centimètres sur 13. 8 sur 12. Une empreinte inhabituelle. Une empreinte inconnue d’un animal-mammifère prédateur de gibier, juste là dans un sentier aux abords d’une clairière de charmes, là-bas, dans la plaine. Puis c’est une ombre massive, qui va commencer à inquiéter. Une ombre de bête. Une sorte de coyote chevalin, oui, qui est aperçu au détour d’un parc. Et puis c’est l’attaque. 7 brebis dans la nuit du 27 au 28 10 bœufs le 30 1 taurillon égorgé le 16 du mois suivant et le massacre continue 17 brebis et 4 agneaux le 27 8 agneaux le 5 du mois d’après 21 brebis le lendemain 6 brebis le 22 du même mois 3 brebis le 23 en quelques mois. Agneaux brebis bœufs génisses taurillons. Les poneys sont épargnés, les enfants aussi, mais jusqu’à quand ?
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− Il n’y a eu que 32 survivants, ici. C’était une nuit sanglante et les brebis rescapées attendaient leur fermier dans un coin, terrorisées. − Nos parcs sont en train de se transformer en charnier. Au commencement tout le monde pensait que la bête disparaîtrait avec l’hiver. Mais, la confusion s’installe. − ON VEUT NOTRE PEAU. TOUT AUGMENTE, ET QUAND ON PEUT ENCORE NOURRIR NOS BÊTES, C’EN EST UNE PLUS GROSSE QUI EST LÂCHÉE POUR MANGER LES PETITES. − À mon avis, c’est un chien. − Un gros chien. − Un loup. − Autre chose qu’un chien-loup. − Un lynx. − Un mâle. − Un dingo. − Un animal de cirque évadé. − Une bête tout droit venue des Carpates. − C’est un carnassier ! Un tueur né ! − Inséré par l’homme. − Un écolo. − D’Alsace. − Une bête lâchée pour nuire. − Une bête téléguidée. − Un animal à la défense formidable. − La rapidité de son déplacement. − La rapidité des attaques. − C’est le Malin ! − C’est le diable ! − Regardez, le maire l’a photographiée. − Je l’ai tirée par 3 fois. − Je l’ai tirée par 32 fois. − Je l’ai tirée à 40 mètres avec un canon lisse, je l’ai manquée. − Je l’ai tirée avec du petit plomb, du 2, à 20 mètres, arrêtée. Elle aurait été en course, je l’aurais eue. − Elle veut nos nerfs. − On cloître tout le monde. − On lance la battue cette nuit que ça vous plaise ou non ! − On lâche une brebis dans la tourbière ou autre chose, on se tient en embuscade, prêts à la tenir en joue.
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− Nous sommes 300. − Nous sommes armés. − Demain, on vous la pose sur la table d’autopsie ! HUILE – TORCHON – ÉCOUVILLON – BAGUETTE – ON RETIRE LA CULASSE – HUMIDIFICATION ET LUBRIFICATION DU CANON – ÉCOUVILLONNAGE – LUBRIFICATION DE LA CULASSE – LUBRIFICATION DU CHARGEUR − Si vous n’avez pas de veste de traque, on enfile un gilet jaune. Fluo. La consigne est simple. On rabat la bête. Sur la tourbière. Wotan, t’oublie pas l’appât. La brebis. Ou autre chose. En cas d’accident ou tout autre problème grave, seront sonnés dix coups, vous déchargez votre arme et vous attendez les consignes supplémentaires. Avant de tirer, il faut identifier. Les annonces : un coup long début de battue, un coup long taïauté fin de battue, deux coups longs taïautés la bête est dans la tourbière. Cinq coups longs taïautés. La bête est tuée. Qu’on soit bien clairs : on tire la bête dans la tourbière. − Comment on sait qu’elle rôdera ce soir autour de la tourbière ? − On le sait. − On le sait c’est tout. − Messieurs, vous vous souviendrez de cette nuit ! Vos enfants vous remercieront. La vallée aussi. − Santé ! − Santé ! − Papa, si vous la tuez, elle va mourir la bête. − Et comment qu’on va la tuer. − C’est même ton père qui va la saigner. BIM ! Hein Wotan ! − Monte dans ta chambre, petite. Pour la première fois, à la tombée de cette nuit, tout le village était soudé. − Franchement t’es un sale type mais je t’aime bien. − T’es une ordure de gaucho mais je suis content de te connaître. − Ton vin sent la pisse mais ça me fait plaisir de trinquer. − Si on en vient à bout, je paie ma tournée. − Si on en vient à bout, je sors un beau morceau du congélo. − Si on en vient à bout, je me mets aux fourneaux. − Et lui, là, le sotré à grandes oreilles, il vient pas chasser avec nous ? − Eh ben alors le sotré, on a peur du loup ? − Qu’est-ce que tu veux qu’il vienne, il sait même pas utiliser une râpe à fromage. − Le sotré, il s’en fout, c’est le seul dont les brebis ont été épargnées.
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Taïaut ! Pièce pour trois hommes et un morceau de viande à partager de Magali Mougel, mise en espace Matthieu Roy, avec Romain Gillot et Thierry Gibault (Théâtre du Peuple, Bussang, décembre 2018) © Christophe Raynaud de Lage
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− C’est dingue ça, le sotré. − Tu dresserais pas des coyotes, le sotré ? − Il a une tête qui ne me revient pas, le sotré. − Il n’est pas coopératif. − Il n’est pas collectif. − Sale sotré. − Voleur ! Tueur ! − Wotan, ce n’est pas ta brebis qu’on devrait mettre au milieu de la tourbière !
4 Les chiens hurlaient. « Je vais nous faire une de ces pièces de viande en rentrant ! » Des fauves affamés. On aurait dit qu’ils avaient cessé d’être nourris depuis que le coyote chevalin avait commencé à semer la terreur en courant de carnage en carnage. − Avance, toi. − Tu ne lui mets pas de gilet jaune au sotré ? − Et pis quoi encore, un gyrophare sur la tête ! Les hommes ont encerclé la tourbière. Se sont postés ventre au bois. Le sotré au milieu de la tourbière. Un coup long a retenti. Les chiens se sont mis à l’arrêt. Les truffes au vent à humer l’horizon. Dans les miradors, les respirations se sont ralenties. Tous à l’affût. Aux aguets. Tels des furets. L’œil vif, les dents acérées. Des prédateurs assoiffés du sang de leur proie. Personne n’avait jamais vu battue pareille. C’était historique. Il fallait bien ça, pour que la vallée retrouve la paix. La brume est tombée lentement sur les bruyères. Une brume épaisse qui s’accroche aux jambes. On entendait au loin les branches craquer comme si les forêts du massif étaient en train de se soulever. Un coup long taïauté a retenti. Chut ! Écoute, voilà le second. Suspension. Les respirations se bloquent. − Putain, on voit rien. − Ta gueule. − On peut pas tirer ! Une ombre se dessine. Une ombre massive. Une ombre puissante à l’odeur animale pénètre dans l’arène de la tourbière devenue cirque. Le coyote chevalin, enfin.
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Une sèche détonation retentit. L’air s’épaissit. Ralentit. Un écrase une cigarette. Un autre tente de suivre la trajectoire de la balle. Une Brenneke S de calibre 16. Silence. La lande se tait, la pluie reste en suspens et ne descend plus. Un morceau de fer dans la chair. L’odeur de la poudre. Une masse s’effondre dans la terre, la boue et la bruyère. Un râle, long. Un gargarisme soufflé par une gorge coupée sec par une balle en plein cœur, voilà le seul son qui s’échappe à cet instant de la tourbière. − Putain ! − Il l’a eue, le con ! − Il l’a eue ? − Évidemment qu’il l’a eue ! − Wotan, tu l’as eue ! − Il l’a eue ! − Nom de Dieu ! − Taïaute, toi, taïaute ! Cinq coups longs taïautés retentissent sur le son du tocsin qui déjà prend d’assaut la vallée. On va bien dormir cette nuit, on va enfin pouvoir fermer l’œil et l’hiver va pouvoir s’installer.
5 « Éteins la lumière ! S’il te plaît ! C’est l’heure de dormir ! » À la fenêtre du chalet surplombant la tourbière, l’enfant cachée dans le velours rouge des rideaux de sa chambre regarde la valse du petit peuple s’épuiser. C’est une nuit de pleine lune. Personne n’avait pensé à le noter. La brume se dissipe, comme elle seule sait se dissiper quand le vent fait grincer les cimes des sapins obscures. D’habitude, ce sont les cervidés qui prennent d’assaut les abords de la tourbière. Cette nuit, il y a eu trop de remue-ménage. Pas même un brocard à l’horizon. Seulement une masse lourde, encore chaude, dont on distingue à cette distance la chaleur qui tente de s’exiler de ce corps abandonné. La pauvre bête. − Laisse-la, là. − On l’a eue. − Elle n’ira plus bien loin. − On revient la chercher demain. Elle s’étend de tout son long, la tête dans les bruyères, la bête. La face contre terre. Ils auraient pu offrir à tes yeux les derniers rayons de la lune. Pauvre petite bête. Le sang se verse de ton cœur dans la tourbe de la lande. Ton odeur doit être de sphaigne et de
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terreau. Elle se lève, la petite enfant, quitte sa fenêtre. Pas le temps d’enfiler des bottes. Peu importe, la tourbière est encore chaude. Elle court dans le chemin de terre, ramasse au pied des arbres les dernières pommes jaunes qui glissent sous ses pas. Ma petite bête, tu ne mourras pas le ventre creux. Elle se précipite dans les brimbelles desséchées, enfonce ses pieds dans les herbes perlées de pluie. Ma petite bête, je vais te prêter mon pull pour te réchauffer. La bête est longue. Une bête humaine. Elle s’approche. Pose ses lèvres contre sa gueule pour faire de leurs visages une boule de soupirs. La couleur de nos peaux, exactement le même beige, lui susurre-t-elle. Ma bête. Je vais te mettre à l’abri. Le sang perle et coule sur ses bras. Ton sang est rouge comme celui d’un chevreuil. Elle caresse son visage de coulemelle. Tu es une bien drôle de bête, alors. Les hommes sont fous de tirer dans les peaux. Les hommes sont fous de t’avoir fait la peau. Dors. Maintenant dors. Je vais m’allonger contre toi. Et peut-être le beige de nos peaux deviendra feuilles, ma bête. Ma seconde peau. Et voilà que le ciel s’épanche, flocon à flocon, comme envahi de tristesse il laisse la neige tomber sur ces deux petits corps à la même peau beige. Recouvre-nous, doux manteau ! Recouvre-les, petite neige ! Oh, que j’aime à disparaître.
ÉPILOGUE − Trinquons ! − Buvons ! − Tu nous as choisi un morceau de choix ! − Ce n’est pas de la bête, mais c’est tout aussi savoureux ! − Le secret d’un bon morceau réside dans sa cuisson. − Parfaitement. − C’est parfaitement cuit à point. − On va passer un bon hiver. − On va déjà commencer par une bonne soirée. − On a vite réglé le problème. − C’était pas la mer à boire. − On n’est jamais mieux servi que par soi-même ! − Les petites bêtes ne mangent pas les grosses. − Les sales bêtes ne mangeront jamais les grosses. − Sale charogne ! − Santé ! − Santé ! − Santé ! − Que j’aimerais savoir ce qu’elle a dans le ventre.
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− Pas de riz, ni de carottes, si tu veux mon avis. − Sale charogne, oui. − Regardez ça, c’est que la neige tombe enfin. − Comme si le ciel avait attendu, elle vient comme une récompense. − Ferme-la. − Ferme la fenêtre, toi. − C’est quoi ce bruit au loin ? − Le tocsin ? − Ça taïaute, on dirait. − Que le diable m’emporte, si la bête n’a pas été tuée ! − Ne dis pas n’importe quoi. − Ça taïaute vraiment, on dirait. − La chasse n’est pas finie, alors ?
Magali Mougel a publié aux éditions L’Act Mem (Chambéry) Varvara # Essai 1, Waterlily # Essai 2 (2007), chez Espaces 34 (Les Matelles) Erwin Motor, dévotion (2012), Guérillères ordinaires : poèmes dramatiques (2013), Suzy Storck (2013), Penthy sur la bande (2016), The Lulu Projekt (2017), Shell Shock (2019) et, pour le jeune public, chez Actes Sud-Papiers (Arles) Elle pas princesse, lui pas héros (coll. « Heyoka jeunesse », 2016). Née en 1982 dans les Vosges, Magali Mougel se forme d’abord en philosophie avant de poursuivre des études théâtrales et d’intégrer le département « Écrivain dramaturge » de l’ENSATT à Lyon. Travaillant beaucoup par commande, elle a écrit notamment pour les metteur·euse·s en scène Olivier Letellier, Johanny Bert, Baptiste Guiton, Annabelle Sergent.