Le Canard sauvage H. Ibsen / S. Braunschweig

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Le canard sauvage


Côté public Bord de plateau Vendredi 15 mai à l’issue de la représentation Séances spéciales Surtitrage allemand jeudi 21 mai Surtitrage français vendredi 22 mai Audiodescription mardi 19 mai #CanardSauvageTNS Réagir sur le blog www.tns.fr/blog/ Facebook Théâtre National de Strasbourg-TNS Twitter @TNS_TheatrStras YouTube TNStrasbourg Pinterest TNSTheatre Instagram theatre_national_strasbourg Venez échanger et partager en ligne avec le TNS !

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Le canard sauvage

De Henrik Ibsen Traduction du norvégien Éloi Recoing Adaptation, mise en scène et scénographie Stéphane Braunschweig Collaboration artistique Anne-Françoise Benhamou Collaboration à la scénographie Alexandre de Dardel Costumes Thibault Vancraenenbroeck Lumière Marion Hewlett Son Xavier Jacquot Assistante à la mise en scène Pauline Ringeade Assistante costumes Isabelle Flosi Maquillage et coiffures Karine Guillem Avec Suzanne Aubert Hedvig Thierry Bosc Ekdal Christophe Brault Relling Rodolphe Congé Hjalmar Claude Duparfait Gregers Luce Mouchel Madame Sørby Chloé Réjon Gina Jean-Philippe Vidal Molvik, Pettersen et la participation de Jean-Marie Winling Werle Équipes techniques de la compagnie Régisseur Olivier Even Maquilleuse-coiffeuse Justine Denis du TNS Régie générale Stéphane Descombes Régie lumière Patrick Descac Électricien Didier Mancho Régie plateau Charles Ganzer Machinistes Pascal Lose, Daniel Masson, Karim Rochdi Régie son Hubert Pichot Régie vidéo Philippe Suss Habilleuse Bénédicte Foki Lingère Céline Ganzer Du mardi 12 au samedi 23 mai 2015 Horaires : du mardi au vendredi à 20h, le dimanche à 16h Relâche : jeudi 14 et lundi 18 mai Durée : 2h30 environ Salle Koltès Production La Colline – théâtre national > La traduction d’Éloi Recoing a paru aux Éditions Actes Sud-Papiers > Spectacle créé le 10 janvier 2014 à La Colline – théâtre national

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Le Canard sauvage ou la précarité de la vie Sauvage domestiqué Déjà avant La Mouette de Tchekhov, Ibsen avait fait d’un oiseau d’eau le symbole central et paradoxal d’une de ses pièces. On raconte que, lorsqu’ils sont blessés, les canards sauvages préfèrent plonger à pic vers le fond et s’accrocher aux algues avec leur bec plutôt que de tenter de survivre. Mais le canard sauvage qui habite le grenier de la famille Ekdal a bel et bien survécu : rescapé d’une chasse, son existence semble contredire le comportement « suicidaire » que la légende attache à son espèce. Exporté de son biotope naturel, boiteux, il est plutôt celui qui, en bon cobaye darwinien, a réussi à « s’adapter » à un biotope artificiel. Dans cette pièce où Ibsen, une fois de plus, organise le choc des idéaux et de la vie réelle – cette vie faite d’adaptation et de compromis –, le canard dans son grenier, sauvage domestiqué, n’est pas seulement l’image tragique de la créature blessée qui se noie. Son existence tend à tous le miroir d’une vie coupée de ses racines naturelles, privée de son élan véritable, de sa plénitude, mais qui « continue » dans son artificialité même. La vengeance de la forêt Ekdal : [...] La forêt se porte bien là-haut ? Gregers : Elle n’est pas aussi splendide que de votre temps. On a beaucoup abattu.
 Ekdal: Abattu ? C’est dangereux, ça. Ça vous poursuit. Elle se venge, la forêt. Le domaine de Høydal où se noue le drame est un vaste domaine forestier, comme il y en a tant dans les pays du Nord : un domaine où l’on fait fortune en décimant la forêt. Dans ces jardins d’Éden qu’étaient les forêts primaires, et qui aujourd’hui ont pratiquement disparu de la surface du globe, les capitalistes du bois ont commis une sorte de péché originel : ils n’ont pas seulement croqué la pomme, ils ont carrément coupé l’arbre. C’est pourquoi une culpabilité originaire fonde leur société. Certes, c’est une escroquerie plus triviale qui est à l’origine de la chute de la maison Ekdal : le lieutenant Ekdal a vendu du bois qui appartenait à l’État, et pour cela il a été condamné au bagne, se déshonorant ainsi que sa famille. On ne saura jamais s’il a commis ce crime sciemment ou s’il a lui-même été la dupe de son ami et associé, le négociant Werle. Mais ce qu’on sait, c’est qu’il en a perdu la raison au point de craindre la « vengeance de la forêt ». Comme si le grand chasseur qu’il était (le chasseur, figure de l’homme qui respecte la nature et que la nature respecte en retour) s’était fourvoyé déjà, avant même l’affaire d’escroquerie, en abattant des arbres pour l’industrie et le commerce. De son côté, Gregers, le fils de Werle, qui pense que son père est le seul véritable coupable de l’escroquerie, mais qui n’a jamais osé l’accuser ouvertement, a continué à gérer le domaine et à abattre les arbres. Complice de son père par incapacité à s’opposer à lui, sa conscience le tourmente : pour la soulager, Gregers s’est forgé un idéal de vérité et de transparence, avec lequel il espère rendre le monde meilleur. La pièce débute lorsqu’il aperçoit enfin la possibilité de racheter les fautes de son père et d’en finir ainsi avec sa propre culpabilité. 4


Réparations ? La destruction de la forêt, on le voit, appelle réparation. Réparation dérisoire que ce grenier des Ekdal, où l’on a reconstitué artificiellement un coin de nature avec des sapins, des poules, des lapins et un canard. Espace de compensation et d’évasion, mais aussi double-fond fantastique et menaçant, le grenier tient à la fois du terrain de jeu enfantin et du refuge des inadaptés. C’est dans cette forêt irréelle que le vieil Ekdal peut redevenir chasseur, que son fils Hjalmar fuit ses responsabilités et sa honte, et que sa petite-fille Hedvig posera à son tour un acte « irréparable »... Ou réparation illusoire : le rêve de Gregers de soumettre la vie corrompue au règne des idéaux. Or la vie ne se soumet pas, pas plus d’ailleurs aux idéaux d’un Gregers qu’aux « mensonges vitaux » en forme de pis-aller d’un docteur Relling : les « retouches » (pour reprendre la métaphore photographique d’Ibsen) qui tentent de masquer la médiocrité ou les imperfections de la vie finissent toujours par se voir, elles « arrangent » la réalité mais ne la transforment pas. La vie est insoumise, parce que la vie est fragile – comme le pressent peut-être la mère d’Hedvig, Gina, qui semble trouver sa force et sa vitalité dans une absence totale de problèmes de conscience. Elle est tissée de fautes passées qu’on ne saurait réparer et de secrets qui menacent les équilibres instables du présent. Il faut pourtant faire avec et tenter d’avancer. La vie se fiche bien de la forêt détruite. Le problème, c’est que « la forêt se venge » et que les secrets de famille sont souvent des bombes à retardement pour les générations suivantes. Comme toujours chez Ibsen, le déni est à la fois un moteur de vie et la clé du malheur. Entre déni et lucidité, vérité et mensonge, c’est toute la précarité de nos existences qu’il nous donne à voir et à sentir. Entre besoin d’illusion et exigence de vérité : là où se tient aussi la nécessité du théâtre. Stéphane Braunschweig décembre 2013 5


Gerhard Richter, Moine par la mer

Comment ne pas être frappé par la simultanéité de cette entreprise de ratissage de la forêt mentale avec l’anéantissement de certaines forêts d’Amérique du Sud sous le prétexte d’y faire passer des autoroutes ? Et comment douter qu’à la rupture des grands équilibres biologiques qui s’en est suivie ne correspond pas une rupture comparable des grands équilibres sensibles dans lesquels notre pensée trouvait encore à se nourrir ? Annie Le Brun, Du trop de réalité 6


Les forêts tracent la marge [...] littéraire et imaginaire de la civilisation occidentale. Les institutions publiques ont beau les soumettre depuis longtemps à leurs lois (domaines royaux, science des forêts, écologie...), elles gardent aujourd’hui leurs significations anciennes dans l’imaginaire culturel. Pour nous, elles sont toujours antérieures et extérieures à l’ordre des institutions. Mais un sentiment nouveau vient de naître : l’angoisse de perdre cette frontière d’extériorité. Le problème de la déforestation provoque aujourd’hui des réactions inattendues chez les habitants de la ville, à cause de l’importance du phénomène, mais aussi parce que les forêts sont encore dans la profondeur de la mémoire culturelle associées à la transcendance humaine. Qu’on l’appelle disparition de la nature, disparition de l’habitat sauvage, ou disparition de la diversité des espèces, derrière l’inquiétude des écologistes se cache la peur enfouie de la disparition des frontières sans lesquelles l’habitat de l’homme perd son fondement. [...] Les hors-la-loi, les héros, les promeneurs, les amants, les saints, les persécutés, les proscrits, les égarés, les mystiques, ont cherché le refuge de la forêt [...]. Sans ces contrées extérieures, pas d’intérieur à habiter.

Robert Harrison

Forêts ; essai sur l’imaginaire occidental, trad. Florence Naugrette, Éd. Flammarion, coll. Champs essai, 2010, pp. 346-347

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Rappelle-toi mon besoin de me rendre à la maison en marchant dans la forêt. Il apparaît évident que la maison est perdue dans la forêt. Il apparaît tout à fait évident que la forêt s’élance. Un tel élancement. Une forêt étendue. On croit pouvoir se réfugier dans l’élancement. Une étendue en mouvement. Le mouvement, dans la forêt. La forêt qui avance. La force des torrents, des rochers, et des sources. La force des vents et des pensées. Le vent de la pensée. La tombée de la nuit. La forêt est peuplée de bruits. Je marche à travers des bruits. Tu m’as souvent dit que la forêt était peuplée de bruits. Tu m’as prévenue. Tu as souvent cru pouvoir donner une explication. La forme qui s’agite entre les arbres. La forme qui fait du bruit. Les coups de feu. Emprunter le sentier et couper à travers la forêt. Tu cherches un point indiqué dans la forêt. Rester dans la forêt. J’aperçois quelqu’un sortir de la forêt. Les journées si longues tirent à leur fin. La nuit s’approche. Rester dans la forêt avec les coups de feu que nous entendons. La pluie de coups de feu qui traversent la forêt. On pourrait se laisser surprendre. Par n’importe quoi. N’importe quel bruit. Quelque chose. N’importe quelle tête. Une seule tête. Mais qu’est-ce qu’une tête dans la forêt ?

Frédéric Vossier

La forêt où nous pleurons, Éd. Quartett, 2007, pp. 30-33

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L’Eider L’eider habite la Norvège Et c’est dans les fjords sombres Qu’il dépouille sa poitrine de son duvet moelleux Pour édifier son nid et le rendre chaud. Mais le pêcheur du fjord, de son bâton noueux Va détruire le nid et en arrache jusqu’au dernier flocon. Alors de nouveau l’oiseau dénude sa poitrine Et le pêcheur recommence son œuvre cruelle. L’oiseau capitonne encore son nid dans un endroit plus sauvage, Mais s’il est pillé une troisième fois L’eider déploie son aile et par une nuit de printemps Il s’envole et fend la brume de sa poitrine sanglante, Et il va vers le Sud, Vers le Sud où sont les rives ensoleillées.

Henrik Ibsen

L’Eider dans Poésies complètes, trad. Le Vicomte de Colleville et Fritz de Zepelin, Éd. de La Plume, 1902, pp. 67-68

Cy Twombly, sans titre

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Le secret est comme l’inconscient. Il risque toujours d’être ailleurs que là où nous avons cru le repérer ! Annie Le Brun, Du trop de réalité

Les adultes qui dissimulent quelque chose à leur enfant pensent volontiers que celui-ci n’a aucun moyen de le savoir. Pourtant, lorsqu’il existe un secret, l’enfant le pressent à de multiples occasions. […] Le secret ne se communique pas seulement avec des mots. Il transparaît à travers certaines intonations de son porteur, certains de ses gestes, l’emploi de mots incongrus ou inusités ou même l’existence d’objets dont il s’entoure !

Serge Tisseron

Les Secrets de famille

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La vie, un poème ? ... pas quand on passait son temps à rêver l’existence au lieu de la vivre... Que cela était donc vide, vide, vide ! ... Toujours poursuivre son moi, en tournant dans un cercle où il suivait avec soin les traces de ses propres pas ; feindre de se jeter dans le courant et rester tranquillement assis dans l’attitude d’un pêcheur à la ligne, pour ramener son moi sous quelque bizarre travestissement ! ... Ah ! si la vie pouvait s’emparer de lui ! ... la vie, l’amour, la passion... s’il pouvait ne plus rêver l’existence, mais la subir ! [...] S’il avait su seulement sur quoi mettre le cap, il aurait dit adieu aux lentes journées, aux petits moments de bonheur paisible, [...] aux faibles sensations qu’il revêtait de rêve et qui mouraient cependant, faute de chaleur... Il serait allé vers un rivage où les sensations s’enroulent comme des pampres autour des fibres du cœur : pour chaque branche qui se dessèche il y en a vingt autres en fleur, pour chaque branche en fleur, cent autres qui bourgeonnent... ― Ah! si j’étais sur ce rivage ! ...

Jens Peter Jacobsen

Niels Lyhne, trad. Martine Rémusat, Stock, coll. Bibliothèque cosmopolite, 1982, pp. 103-104

Gerhard Richter, Ice 2

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Le secret est une réserve de puissance, la tentation est grande d’en jouer pour renforcer une position personnelle, gagner de l’argent, ou jouir simplement de son pouvoir sur l’autre. Au moment où le silence se défait, où la révélation s’énonce, l’égalité s’établit et dissipe la séparation entre détenteurs et intéressés. Une vie bascule parfois dans l’horreur, se voit contrainte à un changement radical d’orientation, ou à rompre avec des proches. Ou bien l’émerveillement de savoir enfin, de pouvoir désormais mener une existence propice, éclairée. Le secret est une cristallisation d’énergie dont la force d’action dépend des circonstances. Le moment où il se dévoile est celui où sa puissance est à son comble et lance ses derniers feux avant de disparaître ou de se transformer en simple souvenir. Sa puissance de métamorphose se répand sans rémission sur l’existence, mais il meurt ayant perdu toute valeur d’être su. Mais bien entendu, le secret n’a de valeur que locale, ailleurs il serait sans doute indifférent ou anecdotique, il touche un réseau social particulier qui modifierait ses relations s’il venait à être mis à jour. Pour les autres il est l’insignifiance même. Sa puissance ne tient qu’au sens qu’il recèle au sein d’une trame de relations qu’il menace.

David Le Breton

Du silence, Éd. Métailié, 1997, p.121

Naturellement, l’enfant ne pouvait avoir de tout cela que des idées vagues, à peine saisissables. C’était comme ces bizarres végétations sousmarines, vues à travers la glace laiteuse : brisez la glace ou revêtez de mots précis tout ce qui s’agitait au fond de cette âme ; ce que vous voyez alors, ce qui apparaît avec netteté, n’est pas tout à fait ce que vous soupçonniez. Jens Peter Jacobsen, Niels Lyhne

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Il y a dans leurs vies une quantité démesurée de qu’en-dira-ton, une monotonie, une étroitesse d’esprit irritante et non moins démesurée. [...] À vivre dans un tel environnement, on perd tant de temps en contrariétés absurdes que l’on en vient aisément à penser que l’on a laissé échapper toute sa vie. Il y a dans Peer Gynt une scène touchante où le vieil homme voit passer devant lui [...] toute la vie qu’il n’a pas vécue, les pensées qu’il n’a pas eues, les paroles qu’il n’a pas dites, les larmes qu’il n’a pas versées, les travaux qu’il a négligés. Avant de commencer à souffrir d’un tel environnement, presque tous ces êtres ont vécu une enfance déconcertante, à demi onirique, comme dans une forêt de légende d’où ils sortent en gardant au cœur une nostalgie inapaisable, une singularité qui les isole, comme Parsifal chevauchant à travers le monde en habit d’arlequin et avec aussi peu d’expérience qu’un petit enfant. [...] Grandir ainsi dans une solitude crépusculaire, au milieu de questions sur Dieu et le monde posées comme en rêve, auxquelles répond une voix rêveuse de mère-enfant, est typique d’une enfance où l’on a grandi dans l’atmosphère crépusculaire et énigmatique de la maison des parents, dont toutes les dimensions apparaissent modifiées et tous les objets stylisés ; car des yeux d’enfant donnent aux choses un style que nous cherchons en vain à retrouver plus tard : ils stylisent le quotidien pour en faire quelque chose de féerique, d’héroïque [...] Ils ont gardé de cette enfance quelque chose de si singulièrement rêveur ; on dirait qu’ils pensent toujours à autre chose que ce dont ils parlent ; c’est que ce sont tous des poètes, ou à vrai dire des dilettantes hypersensibles.

Hugo von Hofmannsthal

L’Humanité dans les drames d’Ibsen, trad. Jean-Yves Masson, LEXI/textes 8, textes réunis par Laure Hémain, La Colline/Arche Éditeur, 2004, pp. 275-276

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BIOGRAPHIEs > Henrik Ibsen Henrik Ibsen est né le 20 mars 1828. Il devient apprenti pharmacien à Grimstad entre janvier 1844 et avril 1850
. Les événements révolutionnaires de 1848 le conduisent à écrire sa première pièce, Catilina. Celle-ci est publiée en 1850 à compte d'auteur, en 250 exemplaires, sous le pseudonyme de Brynjolf Bjarme, par les soins d'Ole Carelius Schulerud. La même année, il passe son baccalauréat. Il va alors devenir journaliste indépendant et enseignant à l’École du dimanche. Son esprit fourmille déjà de nombreux nouveaux projets littéraires, et il couche sur le papier une seconde pièce en un acte, Le Tertre des guerriers, qui est acceptée par le Christiana Theater. C’est à partir Novembre 1851 et ce jusqu’à l’été 1857, qu’il va devenir dramaturge au Théâtre Norvégien de Bergen.
 Ses propres représentations n'y connaissent pas un grand succès, jusqu'en 1856 avec Le Banquet de Solhaug, influencé par le folklore populaire norvégien. En 1858, il épouse Suzannah Thorensen (1836-1914) et devient conseiller artistique au Christiana Theater. Leur fils Sigurd naît le 23 décembre 1859. À partir de 1860, la situation économique se dégrade et, en 1862, la faillite du Théâtre norvégien de la Møllergate va mettre fin à ses activités comme directeur. En 1862, le Christiana Theater doit fermer ses portes et Ibsen, libéré de ses obligations professionnelles, va faire un voyage dans le Gudbrandsdal et l'ouest de la Norvège pour récolter des éléments de légendes populaires nordiques. En 1864, il obtient une bourse dérisoire complétée par son ami Bjørnstjerne Bjørnson, et quitte la Norvège pour Rome. Il ne reviendra dans son pays que vingt-sept ans plus tard. Il voyage à travers l'Europe, passant par l'Allemagne, l'Autriche et l'Italie, et son écriture s'oriente vers le réalisme social, délaissant les influences du romantisme. Il écrit Brand (1866), puis Peer Gynt (1967). En 1868, il s’installe à Dresde ; en 1875, il se fixe à Munich ; en 1878, il s’installe à nouveau à Rome, puis revient à Munich en 1879. Cette année est marquée par la parution de Une maison de poupée. En 1880, il choisit à nouveau de vivre à Rome. Il écrit Les Revenants (1881). Le Canard sauvage paraît en 1884. Entre 1885-1891, il habite à Munich, paraîtront à cette période : Rosmersholm (1886), Hedda Gabler (1890). L’année 1891 marquera son retour en Norvège où il s’installe à Christiania. Il est un auteur internationalement connu. En 1892, paraîtra Solness le constructeur, en 1894 Petit Eyolf. Son 70e anniversaire, en 1898, est l'occasion de festivités nationales en son honneur à Christiania, Copenhague et Stockholm. Ses œuvres complètes sont éditées et des représentations de ses pièces sont jouées dans tous les plus grands théâtres. Sa dernière pièce, Quand nous, morts, nous réveillerons paraît en 1899. En 1900, il est victime d'une attaque cérébrale, qui le laisse dans l'incapacité d'écrire jusqu'à son décès le 23 mai 1906.

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> Stéphane Braunschweig Metteur en scène et traducteur, il rejoint en 1987 l’École du Théâtre national de Chaillot dirigée par Antoine Vitez, où il reçoit une formation théâtrale pendant trois ans après des études de philosophie à l’École Normale Supérieure. Il fonde ensuite sa compagnie le Théâtre-Machine avec laquelle il crée ses premiers spectacles. En 1991, il présente au Théâtre de Gennevilliers Les Hommes de neige, trilogie composée de Woyzeck de G. Büchner, Tambours dans la nuit de B. Brecht, Don Juan revient de guerre de Ö. von Horváth et reçoit le prix de la révélation théâtrale du Syndicat de la critique. Puis, il met en scène Ajax de Sophocle (1991) et La Cerisaie de A. Tchekhov (1992). De 1993 à 1998, il est directeur du CDN d’Orléans. Il crée Docteur Faustus d’après T. Mann (en collaboration avec G. Barberio Corsetti, 1993), Le Conte d’hiver de Shakespeare (1993), Amphitryon de H. von Kleist et Paradis verrouillé – deux essais d’après Sur le théâtre de marionnettes et Penthésilée de H. von Kleist (1994), Franziska de F. Wedekind et Peer Gynt de H. Ibsen (1995), Dans la jungle des villes de B. Brecht (1997). En 1999, il crée Le Marchand de Venise de Shakespeare au Théâtre des Bouffes du Nord. De 2000 à 2008, il est directeur du Théâtre national de Strasbourg et de l’École Supérieure du TNS. Il y crée Prométhée enchaîné d’Eschyle, L’Exaltation du labyrinthe de O. Py, La Mouette de A. Tchekhov (2001), La Famille Schroffenstein de H. von Kleist (2002), Gespenster (Les Revenants) de H. Ibsen, Le Misanthrope de Molière (2003), Brand de H. Ibsen (2005) (prix Georges Lerminier du Syndicat de la critique), Vêtir ceux qui sont nus de L. Pirandello (2006), L’enfant rêve de H. Levin, Les Trois Sœurs de A. Tchekhov (2007), Tartuffe de Molière (2008). Il a également mis en scène plusieurs spectacles de théâtre à l’étranger, notamment Measure for measure de Shakespeare au festival d’Édimbourg (1997), Le Marchand de Venise au Piccolo Teatro de Milan (1999), Woyzeck de Büchner au Bayerisches Staatsschauspiel de Munich (1999). Pour l’opéra, il met en scène les œuvres de Fénelon (Le Chevalier imaginaire, 1992), Bartók (Le Château de Barbe-Bleue, 1993), Beethoven (Fidelio, 1995), Janácek (Jenufa, 1996), Dazzi (La Rosa de Ariadna, 1995), Verdi (Rigoletto, 1999), Strauss (Elektra, 2002). Pour le Festival d’Aix-en-Provence, il met en scène La Flûte enchantée de Mozart (1999), L’Affaire Makropoulos de Janácek (2000), Wozzeck de Berg (2003) et La Tétralogie de Wagner sous la direction de S. Rattle (L’Or du Rhin (2006), La Walkyrie (2007), Siegfried (2008), Le Crépuscule des dieux (2009)). En 2008, il crée pour l’ouverture de saison de la Scala de Milan Don Carlo de Verdi. Il met en scène Pelléas et Mélisande de Debussy à l’Opéra Comique (2010), Idoménée de Mozart au Théâtre des Champs-Élysées (2011), Der ferne Klang de Schreker à l’Opéra national du Rhin (2012), Don Giovanni de Mozart au Théâtre des Champs-Élysées (2013). En novembre 2015, il mettra en scène Norma de Bellini au Théâtre des Champs-Élysées. Depuis janvier 2010, il est directeur de La Colline - théâtre national. Il a créé Rosmersholm et Une maison de poupée de H. Ibsen (2009), Lulu de F. Wedekind (2010), Je disparais (2011) et Tage unter (Jours souterrains) (2012) de A. Lygre. Pour le 66e festival d’Avignon, il a créé Six personnages en quête d'auteur d'après L. Pirandello. En 2014, il met en scène Le Canard sauvage de H. Ibsen (spectacle invité par le Festival Ibsen et présenté à l’automne 2014 au Théâtre national d’Oslo), Glückliche Tage (Oh les beaux jours) de S. Beckett et Rien de moi de A. Lygre. En septembre 2015, il signera sa troisième mise en scène d’une pièce de L. Pirandello avec la création des Géants de la montagne.

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Fernand Khnopff, Jeanne Kéfer

Directeur de la publication Stanislas Nordey Réalisation du programme Magali Mougel avec la collaboration de Fanny Mentré, Briac Jumelais et Caroline Strauch Crédits Photos du spectacle : Élisabeth Carecchio Graphisme Tania Giemza Édité par le Théâtre National de Strasbourg Kehler Druck/Kehl − Avril 2015

1 avenue de la Marseillaise BP 40184 67005 Strasbourg Cedex Téléphone : +33 (0)3 88 24 88 00 Fax : +33 (0)3 88 37 37 71 tns@tns.fr


SAison 14-15


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