Total Manga Mag #2

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NARUTO STORM 2 ULTIME K.O.

BECK

LE FILM LIVE

VISUAL NOVEL

LE CONTEUR NUMÉRIQUE


DEADMAN WONDER LAND © Jinsei KATAOKA 2007 © Kazuma KONDOU 2007 / KADOKAWA SHOTEN Publishing Co., Ltd.

LA PRISON D’OÙ ON NE REVIENT PAS ! POUR PUBLIC AVERTI


4

Summer Wars, un mariage improbable.................................08 Highschool of the Dead : zombies + girls with guns + boobs = génie ?...................................................................10 Iron Man débarque au Japon.................................................12

Stone Ocean, sixième saison d’une série très bizarre..........14 Wolf Guy, la série qui a du mordant.......................................16 Minetaro Mochizuki, à la recherche de la vraie nature de l’homme.............................................................................18 L’Apprentie Geisha, quand la fiction raconte la réalité.........20

Naruto Storm 2, champion par K.O.......................................22 Sagoku Basara : Samurai Heroes, le tueur de masse .........24 Professeur Layton, vers le futur . ..........................................25

Kentaro, le ninja des DJs.......................................................27 Kokia, voyage éthnique..........................................................30 Lancement du label de J-music d’Ankama Music : Bishi Bishi........................................................................................32

Le visual novel, une autre façon de raconter des histoires..36 Histoire de l’animation japonaise et du manga en livres......38

Le Japon est à portée de magazine. Ce mois-ci, l’anime Highschool of the Dead, DJ Kentaro ou encore les visual novels, sont venus à nous en simulcast, avec des platines et grâce au travail de traducteurs motivés. De notre côté, nous sommes allés chercher le film évènement Beck, après sa sortie dans les cinémas nippons, les débuts de Iron Man, l’anime tiré du Marvel sur petit écran et des morceaux d’Histoire avec un panorama des dramas d’époque et le manga L’Apprentie Geisha. Pour ouvrir la lecture de ce deuxième numéro, commençons par la prise en main du jeu Naruto Shippûden Ninja Storm 2. Bon voyage ! Céline Maxant

ERRATUM Une erreur s’est glissée dans notre numéro d’octobre 2010. Les Morning Musume. et les AKB48, formations d’idols musicales qui se disputent les premières places des charts nippons, ne font évidemment pas partie de la même écurie. Les Mômusu font partie du Hello! Project mais pas les AKB48, produites par Yasushi Akimoto.

Les héros de l’Histoire vus dans des dramas.......................40 Kokuhaku : classe, ton univers impitoyable..........................42 Beck : branchez les strato.....................................................44 Joker Yurusarezaru Sôsakan, poursuivre là où la justice s’arrête...............................................................46

FANART La nouvelle-née des compétitions de cosplay, l’Eurocosplay..........................................................................48

Total Manga Mag numéro 2

(P51)

SIMULACRE (P52)

www.total-manga.com

Novembre 2010 - Gratuit Publication mensuelle de J-Press SARL au capital de 5 000 € - RCS Paris 524 453 032 - Siège Social : 32, boulevard de Strasbourg CS 30108 75468 Paris Cedex 10 Directeur de publication : Lionel Jammes - jpress@total-manga.com Directeur de la communication et Publicités : Max Metayer publicites@total-manga.com Directeur éditorial : Jean-Marc Boyer, Rédactrice en chef : Céline Maxant - redac-mag@total-manga.com Maquettiste : Sophie Rivière-Péraudeau Rédacteurs qui ont participé à ce numéro : Jérôme Salomon, Thomas

Hajdukowicz, Julien Souchet, Lauréline Lalau, Kévin Rodet, Thomas Martin, Barthélémy Lecocq, Cristina Thaïs, Paul Ozouf, Pascal Voglimacci, Marie Protet, Maroussia Pagano et Sophie Rivière-Péraudeau Correcteurs : Alexis Martin et Marie Protet Directeur artistique : Ludovic Honoré Abonnements : Max Metayer - abonnements@total-manga.com Imprimé en France par les Imprimeries Didier Mary - 6, route de la Ferté sous Jouarre 77440 Mary-sur-Marne Dépôt légal : à parution. - N° ISSN : 2110-7963 - N° CPPAP : en cours


ACTUS

La console 3D la plus courtisée du moment s’est enfin offert une date de sortie sur le territoire nippon. Les Japonais pourront enfin découvrir la nouvelle machine de Nintendo le 26 février 2011 en deux coloris : noir ou bleu. Les rumeurs annonçant sa sortie avant la fin de l’année 2010 n’ont donc plus lieu d’être. La console sera proposée au prix de 25 000 yens (environ 220 euros) et Nintendo a également fait savoir qu’elle sera prête à lutter contre le piratage, responsable selon la firme d’une baisse de 50 % des ventes de jeux DS.  K.R.

La Xbox 360, eldorado du manic shooter ? Avis à tous les amateurs de scoring et de manic shooters, DeathSmiles débarquera bien en France en 2011 ! Ce shoot’em up développé par Cave vous placera aux commandes d’une poignée de jeunes filles très dangereuses, dans un gameplay à scrolling multiple (les ennemis pourront arriver de n’importe quel bord de l’écran). Une sortie française rendue possible grâce à l’éditeur Rising Star Games, dont le talent de localisation de jeux nippons n’est plus à prouver. Préparez vos photos de scores, on dit qu’un professionnel du jeu se cache dans les locaux de la rédaction...  K.R.

© Cave

© Nintendo

Le point sur la Nintendo 3DS

Deux nouveaux simulcast en octobre L’offre de séries d’animation en simulcast continue de se développer et accueille un nouvel acteur ce mois-ci : le site Wakanim.tv. Apparu il y a quelques mois, ce site a d’abord proposé d’anciennes séries, Slayers Revolution, Rosario+Vampire et Tough. Depuis le 7 octobre, il diffuse Que sa volonté soit faite (Kami nomi zo Shiru Sekai en VO, aussi connu sous The World God Only Knows) du studio Manglobe, tous les jeudis à 19 h. Chaque épisode est disponible gratuitement pendant quatre semaines. On y suit les aventures de Keima, un génie des jeux de simulation amoureuse, surnommé « Le Dieu Tombeur ». Après avoir passé un pacte avec le diable, il doit maintenant séduire de vraies filles… Également lancée le même jour, Otome Yôkai Zakuro (Zakuro, la fille de Yôkai) est, elle, diffusée sur www.kzplay.fr, le service de VOD de l’éditeur Kazé. Réalisée par le studio J.C. Staff, cette série est adaptée du manga éponyme de Lily Hoshino. Comme pour tous les simulcast de KZPlay, seul le premier épisode est gratuit, les autres pouvant être visionnés pour 0,99 € chacun. Dans un monde où humains et esprits cohabitent, Zakuro, mi-humaine mi-yôkai, est affectée à un ministère créé pour régler les problèmes entre les deux espèces...  J.Sa.

AL MANGA MAG 04 TOT NOVEMBRE 2010

Computer Entertainment

Les amoureux de simulation automobile devront attendre encore un peu avant de pouvoir goûter à Gran Turismo 5. En effet, à moins de vingt jours de sa supposée sortie européenne, l’Arlésienne de la Playstation 3 a vu son arrivée repoussée à une date indéterminée. Une habitude diront certains, alors que de nombreux joueurs appellent déjà au boycott. Ce nouveau report serait dû à un souci dans la chaîne de production, Sony assurant pourtant que le jeu serait disponible avant la fin de l’année 2010. On aimerait tellement y croire.  K.R.

© © Polyphony Digital / Sony

Gran Turismo 5 reporté


ACTUS

Nouveau projet d’animation pour Berserk

D’après Toei Animation, le succès des films 3D et la forte demande de la part des nombreux fans, les ont poussé à réaliser ce nouvel épisode. La nouvelle a été publiée dans le numéro du 4 octobre de l’hebdomadaire Weekly Shônen Jump qui précise également qu’une adaptation 3D du manga de Mitsutoshi Shimabukuro, Toriko, est prévue. Les deux longs métrages sortiront ensemble dans les salles japonaises, le 19 mars 2011.  M.P.

Les éditions IMHO nous offrent en ce mois d’Halloween une œuvre de Hideshi Hino, un des maîtres de l’horreur. Après la publication en 2004 de Serpent Rouge et du Panorama de l’Enfer (sélection Angoulême 2005), retrouvez dès le 18 octobre l’Enfant Insecte, une adaptation très libre de La Métamorphose de Kafka. Nous suivons les aventures de Sanpei Hinomoto, entomologiste en herbe, qui va se faire mordre par une espèce de cafard qui le transformera en insecte. Dès lors, le jeune garçon va devoir survivre face au regard des autres et à l’incompréhension de sa famille.  S.R.P.

© Hideshi Hino / Sobisha

Les films O n e Piece, a d a p tés du manga d’Eiichirô Oda et ré a l i s é s chaque année depuis 2000 font p e a u neuve. Le prochain volet va être totalement produit en 3D.

Halloween chez IMHO

L’Arc-en-Ciel réédite son single Hurry Xmas Le single Hurry Xmas, du célèbre groupe de rock L’Arc-en-Ciel, sortira le 24 novembre. Déjà sorti en version limitée dans les bacs en 2007, 2008 et 2009, c’en est devenu une tradition. Cette année encore, le single sera édité dans une version spéciale pour les vacances de Noël. Cependant, il n’y a pas de quoi sauter de joie. Le contenu sera exactement le même que les autres années. En plus d’un emballage spécial Noël, seule la photo de couverture changera et chaque boîtier contiendra une carte représentant un des membres du groupe. Sinon, dès le début de l’année 2011, le groupe entamera une tournée pour fêter son 20e anniversaire. Appelée « 20th L’Anniversary Starting Live “L’A HAPPY NEW YEAR!” », elle débutera le 1er janvier par un concert à Chiba.  M.P.

FLOW fête ses 10 ans Pour marquer son dixième anniversaire, le groupe de rock FLOW sort un nouveau single. Le 24 novembre prochain, Tabidachi Graffiti sera disponible au Japon. Le groupe enchaînera alors avec une nouvelle tournée. Mais avant cela, ils se produiront à Kanagawa pour un concert uniquement réservé aux membres de leur fanclub, le 18 décembre. En mai 2011, il débuteront également leur « Zepp Tour » avec un premier concert le 4, à Nagoya. En attendant, leur dernier album, Microcosm, est disponible dans les bacs et sur l’iTunes Store français avec Wasabi Records. Il comprend notamment leur dernier single Calling, utilisé pour le premier ending de l’anime Heroman et Sign, le sixième opening de Naruto Shippûden.  M.P.

TOTAL MANGA MAG NOVEMBRE 2010

05

© Ki/oon Records

Toei Animation

© 1999 Eichiro Oda / Shueisha • Fuji TV •

One Piece se met à la 3D

© Kentarô Miura

Le manga Berserk de Kentarô Miura va bénéficier d’une nouvelle adaptation animée. L’annonce a été faite via un bandeau promotionnel accompagnant le tome 35, sorti au Japon fin septembre 2010. Pour l’instant les détails se font rares. Cinq extraits vidéo ont été mis en ligne sur le site officiel du manga (www.younganimal.com/berserk) et les premières images laissent supposer que ce nouveau projet reprendra l’histoire depuis le début. De quoi effacer le mauvais souvenir de la première adaptation de 1997, qui ne comptait que 25 épisodes. Plus d’informations devraient être données dans le prochain numéro du magazine Young Animal, qui marque également le grand retour de la prépublication de Berserk après trois mois de pause. Ce classique de la Dark Fantasy, débuté en 1989, raconte l’histoire de Guts le guerrier noir, un ex-mercenaire qui dans un monde fantastique ravagé par les guerres, décide de devenir le seul maître de son destin...  J.Sa.


ACTUS

Le gouvernement japonais souhaite renforcer l’exportation de la culture pop Le ministère japonais de l’Économie du Commerce et de l’Industrie a décidé de favoriser l’exportation de sa culture pop en créant un département spécialement dédié au « Cool Japan ». Une douzaine d’experts seront chargés de promouvoir le film d’animation, le manga, la mode, la nourriture et tous les autres produits représentatifs de la culture japonaise. Cela passera par une aide financière aux sociétés pour sécuriser les échanges avec les distributeurs étrangers. La création de cette nouvelle section fait partie de la réorganisation du ministère, prévue pour 2011. À savoir que la Corée du Sud a déjà mis en place un comité similaire, spécialisé dans l’exportation de produits culturels.  M.P.

Aux « Frontières... » des Utopiales de Nantes Pour sa quatrième année, la Journée Manga-tan, organisée par le Pôle Asiatique des Utopiales, qui se déroulera le dimanche 14, accueillera Yvan West Laurence, fondateur du magazine Animeland, en conférence, un concours de cosplay, un défilé de mode et la diffusion des films Orbital (To) de Fumihiko Sori et Ikigami de Tomoyuki Takimoto. La programmation du Pôle Asiatique ne s’arrêtera pas là puisqu’il nous proposera également la découverte d’une exposition des élèves du Japan Animation and Manga College de Niigata avec la présence de RAN, mangaka et ancien diplômé, qui réalisera une performance graphique le jeudi 11. Morgan

Ghost : le Japon fait renaître la légende Le succès du film Ghost de Jerry Zucker, sorti en 1990, n’est pas à démentir. Paramount Pictures, à l’origine du premier film, a décidé d’adapter cette histoire d’amour au public asiatique. L’histoire, on la connaît. Sam, un homme d’affaires est sur le point de se marier avec sa petite amie Molly, une jeune sculptrice. Mais tout bascule lorsqu’il décède après une agression et se transforme en fantôme. Il se rend alors compte qu’il peut communiquer avec la femme de sa vie et la sauver de la mort. Une histoire que les Japonais ont décidé de faire revivre dans une adaptation qui sortira le 13 novembre 2010 dans les salles obscures nippones. À la place de Demi Moore, on retrouvera Nanako Matsushima (The Ring, Bizan) dans le rôle de Nanami et Patrick Swayze sera remplacé par l’acteur coréen Seung hun Song (East of Eden) interprétant Joon-ho. Mais dans ce remake, les rôles vont être renversés : Nanami sera la femme d’affaires qui décédera et Joon-ho le sculpteur resté sur terre. Le tournage a débuté en juin, avec aux commandes Tarô Ôtani (Gokusen) et Takashige Ichise (The Grudge, Shutter).  M.P. AL MANGA MAG 06 TOT NOVEMBRE 2010

Magnin, respons a b l e du Pôle, e s p è r e « que cet échange permettra de creuser le rapport entre les Français et les Japonais et que les Français pourront se faire une idée plus concrète de ce que représente le métier de mangaka au Japon. »  A.M.

© Philippe Druillet

La onzième édition du festival international de Science-Fiction de Nantes, qui se tiendra du 10 au 14 novembre à la Cité des Congrès, nous invite cette année à nous rapprocher des limites de l’imaginaire. Au programme, la projection en avantpremière du film d’animation Redline, une course contre la mort futuriste où tous les coups sont permis, réalisé par Takeshi Koike et le studio Madhouse. Ou encore l’adaptation animée, par Kazuyoshi Katayama, du manga Le Roi des Ronces qui raconte l’histoire de Kasumi, jeune fille choisie pour participer à une experience ayant pour but d’éradiquer un virus mortel.

Festival Kinotayo : le cinéma contemporain japonais Du 20 novembre au 11 décembre, pas moins de vingt films japonais seront projetés dans les salles de Paris, Cergy, Enghien-les-Bains, Pau ou encore Saint-Étienne, dans le cadre du Festival Kinotayo. L’association Kinotayo (« Kin no taiyo » signifie Soleil d’Or en japonais), créée en 2006 et dirigée par Michel Motro, a pour but de faire découvrir aux Français le cinéma japonais contemporain, soit le monde à travers les yeux des cinéastes japonais. Drame familial (I remember that sky), histoire vraie (Box, The Hakamada case), histoire d’amour (Cobalt Blue), comédie (No more cry!!!), fiction (Kaiji), il y en aura, cette année encore, pour tous les goûts et pour tous les âges. Ce festival est aussi l’occasion de vous exprimer et de récompenser le film qui vous aura le plus marqué au cours de ces trois semaines de diffusion, en participant au vote du « Soleil d’Or ». Informations : http://www.kinotayo.fr.  L.L.


©2008 BUICHI TERASAWA/A-GIRL RIGHTS/GUILD PROJECT

NOUVELLE SÉRIE. MÊME CHARISME.

L’INTÉGRALE DE LA NOUVELLE SÉRIE EN

DVDETBLU-RAY 3 NOVEMBRE 2010


ANIME  CRITIQUE

Un MaRIagE IMPRoBaBlE À moins d’être resté dans une grotte, vous n’êtes certainement pas passé à côté du nouveau long métrage d’animation de Mamoru Hosoda, Summer Wars. Si vous ne l’avez pas encore vu, les DVD et Bluray de ce film (toujours à l’affiche dans les salles de cinéma françaises depuis le 9 juin 2010), sortis le 27 octobre chez Kazé, devraient réparer cette injustice et vous permettre enfin de découvrir ce film drôle, touchant et prenant, porté par une réalisation de qualité. PRÈS La Traversée du Temps, son premier film réalisé en freelance avec le studio Madhouse et qui avait créé la bonne surprise, Mamoru Hosoda était

T ITRE

oRIgInal

: Summer Wars

F oRMaT : Film dʼanimation (114 mi-

nutes)

a nnÉE : 2009

R ÉalISaTIon : Mamoru Hosoda S CÉnaRIo : Satoko Okudera

C HaRaCTER D ESIgn : Yoshiyuki

Sadamoto

M USIQUE : Akihiko Matsumoto P RoDUCTIon : Madhouse É DITEUR DVD : Kazé

AL MANGA MAG 08 TOT NOVEMBRE 2010

attendu au tournant sur son nouveau projet. Le défi était d’autant plus dur à relever qu’il allait cette fois s’attaquer non plus à une adaptation, comme pour ses précédentes réalisations, mais à une production originale et personnelle fortement inspirée de son vécu, notamment de sa rencontre avec sa belle-famille et de son utilisation quotidienne de Twitter. Avec Summer Wars, le réalisateur souhaitait faire un film d’action grand public, qui se déroule à la fois dans le monde réel et dans le monde virtuel. Cela a donné naissance à une histoire centrée à la fois sur la famille et sur les réseaux sociaux.

Jinnouchi, va tout faire pour contrer cette attaque. Summer Wars est à l’image du Japon, un film entre tradition et modernité, où le virtuel et le réel coexistent, où l’animation classique et la 3D se complètent, où action et chronique familiale se rencontrent.

LA GUERRE DES MONDES La mise en scène, qui donne du rythme LA FAMILLE SE MET À INTERNET au film, joue sur les contrastes entre le OZ est une plateforme communaumonde virtuel d’OZ, où vont se déroutaire, un monde virtuel hors des limites ler des combats haletants et impresdu réel, où des millions de personnes sionnants, et le monde réel de la camse connectent avec leur avatar pour pagne japonaise, où l’on retrouve la communiquer, jouer, faire des achats, grande et joyeuse famille du clan Jinetc. Kenji Koiso, un lycéen timide et nouchi. Tout le long du film, on passe surdoué en mathématiques, assure la tout naturellement d’une scène dans maintenance de ce réseau pendant le monde très les vacances pop et coloré d’été. Mais la « Summer Wars est une d’OZ, qui n’est jolie Natsuki, bataille de couleurs arbitrée pas sans rapla fille de ses par une animation rythmée » peler l’univers rêves, lui prode Takashi pose de l’acMurakami avec qui Mamoru Hosoda compagner à la fête du clan Jinnouchi, a collaboré sur un court métrage pour où il se retrouve bon gré mal gré à jouer Louis Vuitton(1), à une scène dans une le rôle de son petit ami devant toute sa famille. Pendant ce temps là, OZ est grande demeure familiale typiquement attaqué par le virus Love Machine, ce japonaise. Les personnages euxqui entraîne de graves conséquences mêmes semblent jongler entre ces aussi bien dans le monde virtuel que deux mondes en toute harmonie nous réel. Kenji, aidé des membres du clan rappelant finalement qu’ils ne sont pas


ANIME  CRITIQUE

incompatibles et même, de nos jours, inextricablement liés. La technique de réalisation se met également au service de cette approche narrative. En effet, les scènes du monde virtuel sont réalisées entièrement en 3D, tandis que celles du monde réel font exclusivement appel à l’animation traditionnelle. D’un côté on découvre un design moderne plein de fraîcheur et novateur, et de l’autre on retrouve un graphisme lyrique proche de La Traversée du Temps. L’animation classique, poussée jusque dans les moindres détails, s’anime du premier au dernier plan. Dans les scènes de famille, par exemple, chacun des protagonistes bénéficie d’un soin particulier, pour un résultat très vivant. Pour la 3D, l’utilisation du cell shading, qui consiste à imiter l’aspect dessin animé, est par ailleurs très réussie. Au final, que peut-on reprocher à Summer Wars ? Peut-être la bande

son, qui, très entraînante sur certains passages, ne parvient pas non plus à nous transcender. La réflexion sur l’importance de l’Internet et des réseaux sociaux dans la vie quotidienne et de ses dangers aurait peut-être mérité un meilleur traitement, plus en profondeur. Mais Mamoru Hosoda évite le faux pas moralisateur, pour un film un tantinet trop politiquement correct. La surenchère de la fin du film permet de se prendre facilement au jeu. Summer Wars est une bataille de couleurs arbitrée par une animation rythmée, dont le dénouement final vous

laissera sur un délicieux sentiment d’euphorie. Un pur bonheur. Jérôme Salomon 

Summer Wars, le manga tiré du

film, en trois volumes, réalisé par Iqura Sugimoto au dessin et Yoshiyuki Sadamoto au scénario, sortira chez Kazé Manga le 10 novembre 2010.

1. Superflat Monogram

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ANIME  CRITIQUE

HIGHSCHOOL OF THE DEAD : ZoMBIES

+

gIRlS WITH gUnS gÉnIE ?

+

BooBS

=

Le 4 octobre 2010, la diffusion en simulcast de la série Highschool of the Dead (HOTD pour les intimes, et Gakuen Mokushiroku en VO) par Dybex prenait fin, deux semaines après la diffusion du dernier épisode au Japon (le 20 septembre). L’occasion pour nous de revenir sur cette série aux arguments… particuliers.

Twilight of the Dead HOTD © 2010 MADHOUSE

de nombreux animes, HOTD est adapté d’un manga, écrit en l’occurrence par Daisuke Satô, auteur d’uchronies aux opinions politiques plutôt nationalistes (nous y reviendrons) et dessiné par Shôji Satô, aussi connu pour son travail dans le hentai. OMME

HOTD © 2010 MADHOUSE

L’histoire est simple : pour une raison inconnue, le monde est frappé par

oRIgInal : Gakuen Mokushiroku - Highschool of the Dead

T ITRE

F oRMaT : Série TV (12 x 24 min) a nnÉE : 2010

a UTEURS : Daisuke Satô, Shoji Satô R ÉalISaTIon : Tetsurô Akari M USIQUE : Takafumi Wada a nIMaTIon : Madhouse É DITEUR

EURoPÉEn

: Dybex

une apocalypse zombiesque. Le Japon n’est évidemment pas épargné. Nous suivons donc un groupe de lycéens, bientôt rejoints par l’infirmière de l’établissement et une fillette, qui ont pour objectif de retrouver les leurs. Point. L’adaptation animée est réalisée par Tetsurô Araki pour Madhouse, combo à qui l’on devait déjà l’excellent portage de Death Note. À l’image de son travail sur cette série, le respect du matériau original est ici optimal, dans le dessin comme dans le scénario, à l’image de l’opening très dynamique et vraiment sympa. HIGHBOOBS OF THE DEAD Les histoires de morts revenant à la vie et semant le chaos connaissent un regain de succès depuis une dizaine d’années. Là où on pensait que Romero avait tout exploré : 28 jours plus tard, Zombieland, The Walking Dead, Marvel Zombies, Left 4 Dead, Le Guide de Survie en Territoire Zombie… Autant de titres, tout supports confondus, qui ont rencontré un succès certain auprès du grand public et qui ont tous pour thème commun l’invasion des morts-vivants sur notre Terre. La culture nippone n’échappe pas à cette règle, d’où le manga qui nous intéresse : HOTD.

L’anime se distingue des œuvres classiques du genre dans son traitement shônen complètement assumé : les protagonistes sont jeunes, ils partent de rien pour aller ailleurs, et des tempéraments de héros vont naître de personnages a priori lambdas. Cerise sur le zombie, les filles font preuve d’atouts vendeurs… En d’autres mots, pour ceux qui n’auraient toujours pas compris, les personnages féminins sont dotés de poitrines débordantes plus que généreuses. Le dessinateur du manga ayant commencé par le manga pornographique, ceci explique certainement cela. Cependant, plutôt que de minimiser cet aspect de la série, le réalisateur, fidèle à l’œuvre originale, a argumenté sur la question des poitrines rebondissantes en déclarant, dans une interview accordée à Monthly Dragon Age, le magazine qui prépublie HOTD : « Que se passerait-il si un lycée était submergé par les zombies ? Les poitrines des prof’ les plus chaudes rebondiraient en tous sens, n’est-ce pas ?! […] J’ai essayé de garder ça à l’esprit quand je créais l’anime ! » Qu’ajouter de plus à cela ?

Les arguments en question

HOTD © 2010 MADHOUSE

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ANIME  CRITIQUE

Là, théoriquement, une fille détruit allègrement un zombie à coup de perceuse HOTD © 2010 MADHOUSE

ON NE PEUT PAS PLAIRE À TOUT LE MONDE Cependant, outre l’aspect original de sa forme HOTD n’est pas exempt de points critiquables à plusieurs degrés.

série montre le groupe devant le centre commercial – scène des événements du volume 5). Dommage. Enfin, on ne peut raisonnablement pas passer à côté du penchant nettement nationaliste de la série. Comme dit plus haut, Daisuke Satô, nostalgique du XIXe siècle, est aussi connu pour ses prises de positions pro-militaristes et isolationnistes. Aussi, les dialogues reflètent ses avis, ce qui est parfois dérangeant. Notons, par exemple, la levée de boucliers lors de la diffusion de l’épisode 5 : on y voit un personnage ressemblant beaucoup à Bae Yong-Jun (acteur coréen) zombifié, se faire exploser la tête. Les nationalistes coréens se sont sentis largement offensés (un peu à tort, tout de même) et une affaire similaire à celle de la suppression du personnage de Koreachan dans Hetalia a éclaté.

Tout d’abord, ce nouveau titre ne révolutionne pas le genre de la fiction de zombie en soit. On ne trouve rien de très original à l’ensemble, même si l’auteur a essayé de transposer un système de J-RPG à son titre, en organisant ses personnages en « classes » (guerrier, magicien...) et s’essaye à l’analyse psychologique des masses (comment un groupe humain réagit en situation de crise). On n’a pas le droit au rebondissement d’intrigue ultime qui va inspirer une Cependant, gerbes de sang et éliminagénération entière d’auteurs tions très violentes sont légions dans la de Science-Fiction apocasérie. Forcément, de tels excès ne poulyptique. On est dans du déjà vaient raisonnablement pas être diffuvu en la matière. L’espèce de sés tels quels sur les prudes chaînes « communauté de l’anneau » de télévision japonaises. Aussi, la cenformée par les protagonistes sure est largement présente. Or, c’est Bae Yong-Jun a mangé un truc pas frais sera prête à donner de sa cette version que Dybex a choisi de HOTD © 2010 MADHOUSE personne pour sauver l’un diffuser via son simulcast. Certaines des siens, mais sera plus scènes deviennent alors proprement que méfiante vis-à-vis de tout nouvel illisibles, de larges pans de noir les HOTD est une série sympathique, mais arrivant. Ressassé. dissimulant. Il faudra donc attendre la dispensable, qui plaira à un public de sortie de la verprépubères avide de protubérances Ensuite, la série de sion DVD pour mammaires très prononcées, ainsi « Aussi, la censure est manga étant toupouvoir « jouir » qu’aux fans de morts-vivants. Les largement présente. » jours en cours de pleinement d’une autres pourront faire l’impasse et publication et ne comptant, à l’heure version non censurée. plutôt s’intéresser à Shikabane Hime actuelle, que six volumes reliés, le pour savourer un manga dans la même réalisateur et le scénariste ont dû larÇa n’empêche pas le réalisateur d’oser thématique. gement tirer sur l’histoire pour pouvoir certaines choses, en suggérant l’horThomas Hajdukowicz  tenir le format d’une saison classique reur par le son (bris d’os, chair transen japanimation, à savoir une douzaine percée…), par les gros plans sur les Retrouvez les épisodes de d’épisodes de 24 minutes. On a donc visages déformés de terreur, ou encore HOTD sur www.total-manga. droit à des scènes à rallonge un peu sur des panoramiques montrant un com/hotd pénibles et des récapitulatifs inutiles. mur éclaboussé de sang. La série peine à amener le spectateur jusqu’au bout (l’image de fin de la GOREFEST Autre particularité de la série : sa violence exacerbée. Logique pour une série impliquant une population terrienne métamorphosée en goules avides de chair humaine vivante et des défenseurs prêts à tout pour survivre (transpercer les assaillants avec un balai ou jeter ses amis en pâture à ces mêmes assaillants pour gagner du temps).

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ANIME  PREVIEW

DÉBaRQUE aU

JaPon

Créé en 1963, le comic de Marvel, Iron Man, est devenu depuis quelques années connu du grand public, notamment grâce à ses deux adaptations cinématographiques. Il ne semble alors pas étonnant que nos voisins orientaux se soient emparés de cet univers passionnant, doté d’un héros sans commune mesure, pour réaliser une série animée. Pour cette version « japanisée », Madhouse à choisi d’envoyer notre Don Juan tout de métal habillé directement au pays des samouraïs.

T ITRE

oRIgInal

: Iron Man

F oRMaT : Série TV (12 x 25 min) a nnÉE : 2010

a UTEUR : Marvel

S TUDIo : Madhouse

AL MANGA MAG 12 TOT NOVEMBRE 2010

Par ailleurs, le chara-design, sans être exceptionnellement fabuleux, profite d’un style particulier. Autant les protagonistes sont soignés, autant les armures avec un rendu en 3D façon LEGO®, tendent plutôt à donner l’impression inverse. Il faut espérer que l’animation ne sera pas traitée par dessus la jambe et nous offrira un spectacle digne de l’homme de fer. Inutile de s’alarmer pour autant ! Certaines autres productions du studio nous avaient surpris sur la globalité, notamment Claymore ou encore Monster.

LE POIDS DES MOTS, LE CHOC DES CULTURES Les communautés de fans semblent pour l’instant perplexes devant ce mélange des styles comics et manga. Pourtant, de plus en plus de domaines tentent de rapprocher leurs styles afin de tirer le meilleur des deux cultures. À titre d’exemple, Tim Burton, le producteur d’Alice au pays des merveilles et d’Edward aux mains d’argent souhaite adapter Mai, The Psychic Girl(1) au cinéma. La saga Twilight a aussi été

adaptée en manhwa(2). Pour ce qui est d’Iron Man, le choc est d’autant plus violent. Lors de ce premier épisode, vous allez suivre la rencontre entre un Tony Stark égocentrique, Américain pure souche, et un pays où la modestie et la tradition vont de pair. Ce clivage est un point intéressant compte tenu de la personnalité du héros. Mais nous ne vous en dirons pas plus... C’est finalement sur une note mitigée que nous nous arrêtons. Ce début de série pose les bases d’une histoire inédite qui pourrait malheureusement montrer que le mélange américanojaponais peut devenir imbuvable si mal dosé. Malgré tout, si vous êtes fans de Tony Stark et de sa classe cosmique, foncez vous ne serez pas déçus. Julien Souchet 

1. Manga de Kazuya Kudô et Ryoichi Ikegami 2. Adaptation de Young Kim chez Pika Édition

Animated series: (C) 2010 Superhero Anime Partners. All rights reserved.

LA GUERRE DES MACHINES SE PROFILE ? Pour l’instant, l’histoire pose les bases géographiques et nous met en relation avec des personnages connus tel que Pepper, mais rien de bien précis.

L’anime va-t-il nous éblouir par son scénario centré sur la personnalité chaotique de Tony Stark ? Ou allonsnous retrouver une débauche d’action survitaminée à l’animation, on l’espère, léchée ? À première vue, difficile de prendre parti. En revanche, un élément peut nous mettre la puce à l’oreille. Il semblerait que Madhouse dirige notre super-héros vers une guerre des machines.

IRON MAN: TM & (C) 2010 Marvel Entertainment, LLC and its subsidiaries.

premier épisode de l’anime, diffusé le 1er octobre 2010 au Japon, débute sur l’arrivée de Tony Stark venant superviser la mise en place de son nouveau système révolutionnaire, le réacteur Arc. Cette nouvelle technologie est censée apporter une énergie quasi infinie, mais surtout gratuite, aux habitants de l’archipel. Dans un même temps, notre playboy compte bien profiter de son arrivée au Japon pour annoncer sa retraite en tant qu’Iron Man. Bien entendu, certains évènements devront lui faire revêtir une nouvelle fois sa combinaison fétiche rouge et orange. E



MANGA  CRITIQUE

Jojo's Bizarre Adventure SIXIÈME SaISon D’UnE SÉRIE TRÈS BIZaRRE Shônen manga hors normes et ancien bijou du Weekly Shônen Jump, Jojo’s Bizarre Adventure est l’œuvre culte de Hirohiko Araki. Débutée en 1987, cette immense saga compte aujourd’hui plus d’une centaine de volumes et n’est pas près de s’arrêter. Depuis juin 2010, les éditions Tonkam publient Stone Ocean, la sixième partie de Jojo’s Bizarre Adventure, qui marque un nouveau tournant dans la série. Mais avant d’aborder Stone Ocean, une petite plongée dans cet univers si particulier s’impose. N STYLE À PART Jojo’s Bizarre Adventure c’est d’abord une ambiance et un graphisme unique, pas forcément faciles d’accès. Hirohiko Araki a pris le parti de dynamiter les codes du shônen et de miser sur l’originalité. À travers sa patte graphique, au service de son inventivité, il a su créer un univers étrange, surréaliste et grotesque. Un style reconnaissable entre tous, sombre, fouillé et emprunt d’exotisme. Des représentations outrancières, des perspectives et découpages insolites, des planches très chargées et détaillées, un trait qui s’affine avec les années et une extravagance assumée. Voilà ce qui caractérise cette œuvre.

oRIgInal : Jojoʼs Bizarre Adventure part6 Stone Ocean

T ITRE

M angaKa : Hirohiko Araki

F oRMaT : Manga (Série en 17

tomes, 3 sortis en France)

a nnÉES : 2000 à 2003

P RÉPUBlICaTIon : Weekly Shônen

Jump

É DITEUR

JaPonaIS

É DITEUR

FRanÇaIS

: Shueisha : Tonkam

14 NOVEMBRE 2010

TOTAL MANGA MAG

souvent très bizarres. Le choc visuel est assuré.

LES JOJO, UNE HISTOIRE DE FAMILLE L’histoire de Jojo’s Bizarre Adventure s’étale sur plusieurs générations. Elle met en scène la tragique destinée de la famille Joestar et de sa lignée. Ce manga est composé de plusieurs parties et chacune raconte les aventures Concrètement, les costumes et les bizarres d’un membre de la famille en coupes de cheveux des personparticulier. Jojo est en fait le surnom nages sont souvent très kitsch, affudes héros très blés de bijoux et charismatiques d’un maquillage « Le choc visuel est de la série, qui baroque. Les assuré. » fait généralement musculatures référence à la première syllabe de leur sont très marquées, parfois poussées nom et prénom. à l’exagération, et les corps prennent des postures physiquement imposL’histoire débute au XIXe siècle dans sibles. L’influence d’Hokuto no Ken et des comics se fait clairement ressentir. l’Angleterre Victorienne. Le lord Le manga est parsemé de scènes à la George Joestar adopte le jeune Dio violence exacerbée, parfois gores et Brando, se sentant redevable à son


MANGA  CRITIQUE

elle se trouve sur une île ? le chauffeur a dit qu’on y arriverait dix minutes après avoir traversé un pont

cette prison... dis

Z-

...

arrivée dans dix minutes

on tra! verse le pont S

quoi ? tu peux pas entendre la voix du chauffeur d’ici

!

ok

défunt père Dario Brando. Sans le savoir, il précipite sa famille dans une lutte mortelle qui se poursuivra sur des générations. Car Dio nourrit de terribles ambitions, il est prêt à tout pour s’emparer de la fortune des Joestar. Il ira même jusqu’à perdre son humanité, en héritant des pouvoirs maléfiques d’un masque qui le transformera en vampire. Seul obstacle à ses plans machiavéliques, Jonathan Joestar, le fils de George, premier Jojo qui affrontera Dio et ses sbires.

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JOJOʼS BIZARRE ADVENTURE PART6 STONE OCEAN

© 1999 by LUCKY LAND COMMUNICATIONS/SHUEISHA Inc.

STONE OCEAN

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À chaque nouvel arc, on retrouve un descendant de la famille Joestar qui à son tour doit faire face de près ou de loin à Dio, l’ennemi éternel de la famille. Ce prolongement sur plusieurs générations fait la force du récit et explique sa longévité. Il permet à Hirohiko Araki d’introduire de nouveaux personnages et de faire évoluer les anciens. Plusieurs Jojo font ainsi leur réapparition dans les arcs suivants. Autre avantage, les changements d’époques et de décors redonnent un intérêt nouveau à l’histoire. Hirohiko Araki qui adore l’exotisme fait parcourir la moitié de la planète à ses personnages et s’amuse à changer de registre d’une partie à l’autre. Horreur, arts martiaux, aventure, polar, roadmovie, gangster, univers carcéral et western, tout y passe.

Derniers points forts, les combats mais surtout l’introduction à partir de la troisième partie du pouvoir des stands. Représentation de l’esprit combatif de son possesseur, le stand est une sorte de double psychique dont le pouvoir varie en fonction de son utilisateur. Cette invention d’Hirohiko Araki a été mainte fois copiée et revisitée. Elle met en scène la combativité des personnages de manière originale. Dans Jojo’s Bizarre Adventure, les affrontements ture sont au cœur du récit mais ne se résument pas à des démonstrations de force. L’originalité de ces combats réside dans l’ingéniosité et l’intelligence des protagonistes, qui en fins stratèges tiennent compte de leurs forces et de leurs faiblesses avant d’assener leur coup. 10/05/10 13:14:2 0

STONE OCEAN, RENOUVEAU OU ESSOUFFLEMENT ? Stone Ocean marque une rupture dans la saga. Pour la première fois, Jojo est une femme, Jolyne Kûjô, petite-fille d’un Joestar. Et comme s’il s’agissait d’une nouvelle série, elle bénéficie d’une numérotation à part. Cette sixième partie a d’ailleurs été écrite pour se suffire à elle-même, tout en étant dans la continuité du manga. Le principe des stands est réintroduit au lecteur et subit une petite révolution. Mais cette tentative de Hirohiko Araki de renouveler son lectorat, n’est pas vu d’un bon œil par tous les fans. Certains y voient même le signe d’un essoufflement de la série.

Suite à un accident de la route, Jolyne Kûjô se retrouve condamnée à une peine de 15 ans dans la prison d’État de Green Dolphin Street. Son passé de voyou ne l’aidant pas, elle s’est faite piégée par un avocat véreux à la solde d’un ancien ennemi des Joestar. Jolyne doit alors se débrouiller par elle-même pour survivre au milieu des criminels. Elle développe alors un étrange pouvoir dont elle ignore la nature et assiste à des phénomènes bizarres. Jôtarô Kûjô, apprenant pour sa fille, vient à son aide et tente de la faire sortir de cet enfer carcéral. Ce scénario en huis clos change des parties précédentes et renforce l’ambiance étrange et oppressante de la série. Les stands et les combats sont de plus en plus complexes. Le graphisme plus épuré mais plus précis démontre une fois de plus le talent de son mangaka. Mais tous ces changements sont loin d’être majeurs. On a toujours affaire à du Jojo’s Bizarre Adventure, un manga unique en son genre. Stone Ocean a au moins le mérite de permettre aux néophytes de se lancer dans les aventures des Jojo. Et ça, personne ne s’en plaindra.

Jérôme Salomon 

Pourtant, Stone Ocean dispose de quelques bons arguments dont Jolyne Kûjô. Sa force de caractère, son tempérament rebelle et son joli minois, en font l’atout charme de la série. Série qui marque également le retour de Jôtarô Kûjô, son père, l’un des Jojo les plus populaires.

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MANGA  CRITIQUE

la SÉRIE QUI a DU MoRDanT Wolf Guy est un remake manga tiré de la série de romans éponyme de Kazumasa Hirai, un best-seller au Japon. Les auteurs d’Akumetsu, Yoshiaki Tabata et Yûki Yogo, transposent Wolf Guy dans un contexte urbain et actuel, pour une histoire plus sombre et violente. Le mythe du loup-garou est revisité dans une série coup de poing qui se dévore. ANKEE VS LYCAN Alors qu’elle rentre d’une soirée bien arrosée, Mademoiselle Aoshika, une

T ITRE

oRIgInal

: Wolf Guy

S CÉnaRIo : Yoshiaki Tabata D ESSIn : Yûki Yogo

F oRMaT : Manga (8 tomes sortis au

Japon, 3 en France)

a nnÉES : 2007 - en cours

P RÉPUBlICaTIon : Young Champion É DITEUR

JaPonaIS

É DITEUR

FRanÇaIS

: Akita Shoten : Tonkam

16 NOVEMBRE 2010

TOTAL MANGA MAG

jeune professeur, se retrouve en plein milieu d’un règlement de compte. Elle tombe sur un lycéen empreint d’une aura bestiale, pris à parti par une bande impressionnante de voyous qui n’a qu’un seul but, le mettre en pièces. Elle assiste alors à un véritable carnage : le jeune homme est roué de coups, renversé par une voiture, avant de finir par se relever et de se transformer en loup. Le professeur Aoshika s’évanouit et se réveille plus tard pour découvrir que toute la bande gît dans une marre de sang.

KAZUMASA HIRAI YOSHIAKI TABATA YUKI YOGO AYUMI IZUMITANI

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Quel secret renferme cet intriguant personnage que rien ne semble pouvoir atteindre ? 10/05/10 16:08:49

Le lendemain, un nouvel élève arrive Wolf Guy se présente comme un dans sa classe, Akira Inugami. Il resyankee manga, auquel on aurait semble traits pour traits au garçon de ajouté une touche de fantastique, un la veille, sauf qu’il ne porte aucune ingrédient mystère du nom de « louptrace des blessures reçues pendant garou ». Cette idée originale offre une son passage à tabac. Et voilà qu’à relecture plutôt inhabituelle du mythe peine arrivé dans sa nouvelle classe, du lycanthrope Akira se retrouve dans le collima- « Violent, cruel, vil et per- et donne la part teur des caïds du vers, le genre humain en belle à de sanglants affrontelycée. Les ennuis prend pour son grade. » ments. Amateurs recommencent d’histoires de gangs, de lycéens qui mais une fois de plus, il s’en sort jouent les gros durs se battant jusqu’à indemne, affichant un calme déconl’agonie, vous ne serez pas dépaysés. certant et une arrogance dédaigneuse.


MANGA  CRITIQUE

je te

changer de bahut sans même nous dire au revoir, c’est pas cool !

C’ÉTAIT UN GARÇON

si tu le ! tuCORPS dis AU MINCE ET pensais même quandÉLANCÉ pas qu’on allait te laisser filer ?

ce que tu peux être collant, izuka…

MAIS BIEN LOIN DE PARAÎTRE CHÉTIF

on peut dire que tu choisis bien ton moment pour taquiner la donzelle !

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IL ÉMANAIT DE LUI UNE SORTE DE VITALITÉ SAUVAGE INDÉFINISSABLE…

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On retrouve le schéma narratif classique du genre. Akira, le héros charismatique, débarque dans un nouveau bahut et se met immédiatement la bande la plus dangereuse du lycée à dos. Loin de se démonter, il refuse d’abord de céder aux provocations et de les affronter directement, tout en les poussant à s’énerver.

CHAPITRE 1 / LA MARQUE DU LOUP

WOLF GUY © 2007 KAZUMASA HIRAI/YOSHIAKI TABATA/

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YUKI YOGO/AYUMI IZUMITANI (AKITASHOTEN JAPAN)

milieu des humains pour lesquels il n’éprouve que mépris. Violent, cruel, vil et pervers, le genre humain en prend pour son grade. Ici, le loup-garou est une créature noble et fière, loin de la faiblesse et la bassesse des hommes. Malgré un caractère sauvage et féroce, Akira passe pour un être aux sentiments purs à côté de ces individus à l’esprit tordu, accros à la violence, qui n’hésitent pas à humilier et violer leurs congénères. « Qu’ils aillent tous au diable ces saletés d’humains ! » Le propos est dur et corrosif. On reconnaît bien là les auteurs d’Akumetsu, qui une fois de plus livrent une critique sans finesse de l’humanité. Néanmoins certains passages sont 10/05/10 16:08:08

d’une grande beauté et frôlent l’envolée lyrique.

UN STYLE BESTIAL Le trait épais et brut de Yûki Yogo offre un rendu très expressif et prenant. Passées les premières pages, l’immersion est complète. On se fait happer par la mise en scène très efficace à défaut d’être originale et le graphisme bestial des personnages. Dur de résister au côté obscure de la force. Cette violence magnifiée n’est ni gore ni insoutenable. Au contraire, elle fascine par sa noirceur et son aspect sauvage. On regrettera tout de même la présence de certaines scènes assez explicites et plutôt dérangeantes. Vous l’aurez compris Wolf Guy n’est pas à mettre dans toutes les mains. Sans être totalement dépourvue de profondeur, la série se résume assez bien à un loup-garou chez les yankees.

Jérôme Salomon 

Mais là où la donne change, c’est qu’Akira est un loup-garou, un être immortel doté d’une force et de capacités surnaturelles. L’intérêt de l’histoire n’est plus de savoir qui est le plus fort en baston, car de toute évidence personne ne peut rivaliser avec un loup-garou, mais de cerner la condition et la psychologie de ce personnage qui s’attire inévitablement des ennuis.

UN LOUP ET DES HOMMES Akira Inugami est un loup solitaire errant dans une jungle urbaine décadente, au TOTAL MANGA MAG NOVEMBRE 2010

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MANGA  PORTRAIT

MINETARO MOCHIZUKI, À la RECHERCHE DE la VRaIE naTURE DE l’HoMME Une nouvelle collection a vu le jour en octobre chez Pika. Grand format et pages couleur, tel est le mot d’ordre de Pika Graphic, collection résolument tournée vers les jeunes adultes en quête de mangas plus matures. C’est avec deux œuvres de Minetaro Mochizuki, Dragon Head et MaiWai, que l’éditeur ouvre le bal. Deux mangas, un auteur et une question : qu’est ce qui se cache au fond de l’homme ? l’horreur de la situation, ils vont devoir improviser pour survivre. Ignorant ce qu’il se passe dehors, si quelqu’un

qu’est-ce que tu racontes ?! t’as dû rêver...

ya

tuent tout le monde autour d’eux avant de mettre fin à leurs jours ? Ou bien n’est-il que le pantin d’un dieu païen quelconque ? ...

quelque chose, dans le noir...

je le sais !

Chapitre 1 un voyage aveC l’éCole

...

il n’y a que nous trois... comme

non...

ils sont vraiment tous morts...

survivants...

allez ! ressaisistoi un peu !

...

!

personn

aïe...

mais,

viendra nous sauver...

moi aussi, au début, je pensais qu’il

j’ai bien réfléchi...

e pourquoi ça nous arrive

aurait mieux valu mourir...

on est tout seul

?!

ça

s, ici... et on pourra jamais sortir.

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pouvait pas être pire

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...

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est-ce que ça va

?

et ne dis plus ce genre de trucs !

il faut

d’une

nn...

que nous continuions

certaine manière... nous avons été

nn...

à vivre.

choisis...

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oRIgInal

: Dragon Head

M angaKa : Minetaro Mochizuki F oRMaT : Manga (Série en 10

tomes)

a nnÉES : 1995 à 2000

P RÉPUBlICaTIon : Young Magazine É DITEUR

JaPonaIS

É DITEUR

FRanÇaIS

: Kôdansha

: Pika Édition

18 NOVEMBRE 2010

TOTAL MANGA MAG

115

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211

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viendra un jour les sauver et s’ils tiendront jusque là, l’angoisse grandit et chacun réagit différemment, se laissant envahir par une folie qui lui est propre.

T ITRE

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180

Poussant ses personnages à bout, Mochizuki les confronte à des situations – grossies pour les besoins de la fiction bien que techniquement possibles – qui révèleront leur vraie nature. L’auteur pose ici la question de la réaction humaine face à de tels évènements. Au fond, l’homme est-il dénué de raison comme ces fous qui

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Ces dieux de la mort et de la destruction responsables de tous les malheurs s’abattant sur le Japon, pour lesquels ces hommes que rencontrent nos héros font des sacrifices. Est-il plus naturel de réagir d’une telle façon ou Teru et Ako, essayant toujours de se raccrocher à des codes moraux qui n’ont plus cours dans leur monde apocalyptique, représentent-ils la vraie nature humaine ? Même si les réflexions des personnages sur la peur et la manière dont

DRAGON HEAD @ MINETARO MOCHIZUKI / Kodansha Ltd.

RAGON HEAD, ENTRE PEUR ET FOLIE Dans Dragon Head, Teru Aoki est un lycéen comme les autres. Lorsque le train qui le ramène à Tokyo déraille sous un tunnel, Teru se retrouve emmuré vivant avec deux autres survivants, Nobuo et Ako, au milieu des cadavres. Tous trois vont faire face à la Peur, cette peur primaire, ce démon qui existe en chacun de nous. Face à


MAIWAI @ MINETARO MOCHIZUKI / Kodansha Ltd.

MANGA  PORTRAIT

ils l’abordent sont quelque p e u redondantes, on se laisse f a c i lement happer par l’ambiance de Dragon Head. L’auteur joue avec nos nerfs autant qu’avec notre tête qui ne cesse de se poser la question « Et moi, je ferais quoi ? ». Votre humanité se définit-elle en temps de paix ou se révèle t-elle en temps de crise ? Tel est le test de personnalité que nous propose Minetaro Mochizuki.

SOUS LE PIRATE, MAIWAI Dans un registre beaucoup plus léger, MaiWai tente plutôt d’éveiller notre côté aventurier. Sillonner les mers et découvrir les choses étranges peuplant le milieu aquatique à la recherche d’une île et d’un trésor légendaire. Tel n’est certainement pas le rêve de Funako Yamato. Élevée par son père à la mort de sa mère, la jeune fille n’a qu’une chose en tête : devenir forte comme le souhaitait sa mère. Aussi, elle cumule les trophées d’arts martiaux et s’entête à provoquer en duel les hommes les plus forts qu’elle croise. Pourtant, de retour dans la maison

sommes pas entiers et que nous cherchons tout au long de notre vie ? Que ce soit à travers un seinen apocalyptique et envoûtant – bien que tombant un peu à plat à la fin – ou un shônen comédie, Minetaro Mochizuki cherche à faire ressortir chez son lecteur ses sentiments profonds. Si le coup de crayon peut repousser à première vue, il ne dessert pourtant en rien les intrigues riches de ces mangas, bien au contraire. Alors tentez votre chance et jetez un deuxième coup d’œil au travail de ce mangaka, ce que vous y trouverez pourrait bien vous plaire.

Lauréline Lalau 

Une fois de plus Minetaro Mochizuki ancre son histoire dans un monde contemporain et réaliste pour capter son lecteur. Et à nouveau, il cherche à révéler les sentiments profonds qui sommeillent en l’homme. Funako se sentait complète, après tout le vœu de sa mère s’est presque réalisé puisqu’elle a battu le champion du lycée, mais voilà qu’elle ressent qu’il lui manque quelque chose. L’homme est-il donc un éternel insatisfait, ou avons-nous tous un désir caché ? Un élément sans lequel nous ne

swoooff et au japon... â

g

gh bah, on a quand même dénombré 30 à 40 !cas... il faudrait que ça s’arrête parce que vraiment...

enfin nous y sommes... après tout ce temps et ces efforts...

pour parvenir jusqu’à cette maison...

histoires de pêche res de au gros, histoi l’océan, calme plat sur et de histoires de filles port, dragues sur le ux histoires de batea fantômes et d’îles s... mystérieuse histoires de démons marins... de coffres du mort...

Surprise ! Depuis quelques années maintenant, piraterie rimait avec One Piece, pouvoirs farfelus et monde merveilleux. Aujourd’hui, Pika nous propose sa version de ce monde si intriguant à travers l’œuvre de Minetaro Mochizuki. Les pirates ont rasé leur barbe rouge, bleue et noire, rangé perroquet et jambe de bois pour sortir Kalachnikovs et masques de catch.

mais alors c’est vrai de vrai ?!

grand-père était marin pêcheur. trop quand il avait bu, il sortait sa le fameuse veste, el maiwai traditionn urs, des marins pêche aux, avec ses drape et ses étendards il me racontait... des histoires...

finalement, tout avait déjà commencé dès cette époque...

de son grand-père, célèbre pêcheur au harpon, Funako sent sa poitrine se comprimer comme si quelque chose cherchait à en sortir. Lorsque la jeune fille se fait enlever par des pirates modernes portant des masques de catch, ce sentiment l’envahit à nouveau. Serait-ce le signe que l’aventure l’appelle ?

T ITRE normalement...

oui...

c’est ici que tout va commencer...

des pirates !

tomes, 1 sorti en France)

n o o o o o n

a nnÉES : 2003 à 2008

klakaplak

P RÉPUBlICaTIon : Young Magazine

!

20/07/10 17:48

: MaiWai

F oRMaT : Manga (Série en 11

21/07/10 11:16 130-179-MAIWAI1.indd 179

oRIgInal

M angaKa : Minetaro Mochizuki

É DITEUR

JaPonaIS

É DITEUR

FRanÇaIS

: Kôdansha

: Pika Édition

180-229-MAIW

AI1.indd 202

I1.indd 276

230-280-MAIWA

20/07/10 17:59

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MANGA  CRITIQUE

QUanD la FICTIon RaConTE la RÉalITÉ Édité dans la collection Sensei de la maison d’édition Kana, L’Apprentie Geisha de Kazuo Kamimura est un one shot de 352 pages décrivant la vie d’une petite fille destinée à devenir geisha. L’auteure, devenue une légende grâce à son trait souvent comparé à celui des estampes, y décrit sans pudeur le mystérieux monde des geishas. NTRE FASCINATION ET MÉPRIS Petite, O-Tsuru a été vendue par ses parents à la gérante d’une okiya (maison de geishas) pour un sac de riz. Nommée ainsi à cause de sa manie de se tenir sur une jambe lorsqu’elle gardait les enfants de son village, O-Tsuru (« Tsuru » signifiant grue) rêve de devenir une des meilleures geishas du pays.

oRIgInal

: Itezuru

M angaKa : Kazuo Kamimura F oRMaT : Manga (One shot) a nnÉES : 1974 à 1980

P RÉPUBlICaTIon : Big Comic É DITEUR

JaPonaIS

É DITEUR

FRanÇaIS

: Shôgakukan : Kana

20 NOVEMBRE 2010

TOTAL MANGA MAG

Lorsque Hanashiyo, une des aînées de O-Tsuru, s’enfuit, la gérante demande à la police de la traquer. Celle-ci est chassée, rattrapée et ligotée comme un animal. Dans un autre genre, attaquée régulièrement par des garne-

Itezuru © by Kazuo Kamimura

T ITRE

ments du quartier, O-Tsuru n’a souvent d’autre choix que de montrer son sexe pour qu’ils la laissent passer. Objet de curiosité, considérées comme des objets sexuels et des prostituées, ces jeunes filles ne s’appartiennent plus. Elles ne vivent plus pour elles-mêmes mais pour rapporter de quoi vivre à leurs frères et sœurs. Faire une croix sur leur cœur afin de devenir l’objet du désir d’un homme riche, qui paiera Avec L’Apprentie Geisha, Kazuo Kamipour leur virginité et leur première nuit, mura signe un témoignage poignant devenant ainsi leur parrain. Tel est de la vie triste et pourtant si fantasmée le destin des des geishas. D’abord shikomiko (appren- « Secret, érotisme et rigu- geishas. eur, tels sont les maîtres tie geisha), O-Tsuru « Tu as un pros’occupe des tâches mots qui régissent le tecteur ! Autreles plus ingrates de monde de O-Tsuru » ment dit tu l’okiya : nettoyer la as la corde au cou. » Une geisha ne maison, servir de coursière et s’ocpeut tomber amoureuse et partager cuper des geishas en fonction qu’elle le lit d’un autre homme que son parappelle « grandes sœurs ». rain. Étrange que cette expression soit aussi utilisée lorsque l’on parle d’un La voie pour devenir geisha est encore mariage, non ? longue et pénible : musique, chant, danse, les apprenties suivent une formation sévère afin de pouvoir divertir les plus aisés. C’est la délicatesse, apportée par cette éducation, que traduisent leur corps à travers cet art qui fascine, aujourd’hui encore, les hommes. Mais dans L’Apprentie Geisha, Kazuo Kamimura nous montre aussi leur vie en plein jour. Et, en dehors du couvert feutré de la nuit, le regard des autres change.


MANGA  CRITIQUE

UNE VIE DURE MAIS PLEINE DE FIERTÉ Pour O-Tsuru, devenir geisha n’est pas une fatalité mais sa fierté. « Moi aussi j’ai été vendue pour un sac de riz […] Mais je n’en ai pas souffert. » « Il n’y a que les gens qui ne connaissent pas l’adversité qui éprouvent de la compassion et plaignent les autres. Ceux qui traversent ces épreuves ne s’apitoient pas sur leur sort ! » Ainsi dit O-Tsuru, rebaptisée Tsurugiku lors de son passage au statut de geisha. O-Tsuru considère avoir une dette envers la gérante car celle-ci l’a nourrie, logée et éduquée. En entrant dans l’okiya, elle a été sauvée de la pauvreté dans laquelle vivaient ses parents. Ainsi, en

finissant sa formation, elle remercie sa patronne. De même, donner sa première nuit à son protecteur, ou parrain, est pour elle un honneur. Une fleur de sang pour symboliser la perte de la virginité, une scène d’amour sous le couvert d’une couverture. Le trait gracieux et raffiné, associé à la narration jamais vulgaire et presque poétique de Kazuo Kamimura, reflète ce monde à la fois fustigé et fantasmé.

japonaise des plus méconnue. Secret, érotisme et rigueur, tels sont les maîtres mots qui régissent le monde de Tsuru qui continuera de faire bouillir l’imagination des hommes. Kana a pensé à apporter des annotations afin d’expliquer les mots ou expressions qui nous sont obscures, alors autant en profiter.

Lauréline Lalau 

Aujourd’hui encore, la tradition des geishas se perpétue, bien que certaines règles aient évoluées. Ainsi, devenir geisha est un choix volontaire et l’acte sexuel ne fait en aucun cas partie de leurs attributions. Mais les mœurs se rapportant à l’éducation, les codes vestimentaires et le maquillage qui varie selon la place de la jeune fille dans la hiérarchie ont été conservés. Avec L’Apprentie Geisha,, Kazuo Kamimura lève le voile sur une tradition

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JEUX VIDEO  À LA UNE

CHaMPIon PaR Une fois n’est pas coutume, c’est avant les autres continents, le 15 octobre 2010, que Naruto Shippûden: Ultimate Ninja Storm 2 est sorti chez nous sur Playstation 3 et Xbox 360. Considéré par de nombreux fans comme le jeu de l’année, nous avons pu le découvrir au fil des mois à travers de nombreuses bandes-annonces qui n’auguraient que du bon. Développé par CyberConnect2, déjà à l’origine du premier opus, ce deuxième numéro a-t-il réussi à gommer les approximations reprochées à son prédécesseur ?

oRIgInal : Naruto Shippûden Narutimate Storm 2

T ITRE

É DITEUR : Namco Bandai Games D ÉVEloPPEUR : CyberConnect2 S oRTIE JaP : 21 octobre 2010 S oRTIE US : 19 octobre 2010 S oRTIE FR : 15 octobre 2010 g EnRE : Combat n oMBRE

online

DE JoUEURS

: 1 à 2, jouable

PEgI : 12 ans et +

P laTEFoRMES : Playstation 3, Xbox

360

AL MANGA MAG 22 TOT NOVEMBRE 2010

K.o.

et autant le dire tout de suite, le niveau N SHIPPÛDEN À LA PAGE est corsé. Passées les premières humiNaruto Shippûden: Ultimate Ninja liations et les quelques lags encore Storm 2 relate les évènements situés présents, on s’attarde sur l’interface en entre les tomes 29 et 48 du manga remarquant le soin apporté aux menus. best-seller. Difficile dans ce cas de Il est possible de filtrer les sessions en parler des éléments scénaristiques du fonction du niveau de l’adversaire, ou jeu sans prendre le risque de se faire encore de la qualité de la connexion. En étriper pour cause de spoiler. En effet, revanche, le temps d’actualisation de la ceux qui ont l’habitude de suivre les liste des parties disponibles étant plutôt aventures du ninja en animé devront long, on préférera sans doute rattraper leur retard « Un titre stratégique où la créer nous-même technique et les réflexes une salle afin d’atavant de jouer, s’ils ne veulent l’emportent souvent sur la tendre un joueur. Pour apporter un pas connaître force. » aspect commul’issue de cernautaire à ce mode online, les dévetaines scènes avant d’en découvrir loppeurs ont intégré un système de l’origine ! Notons l’apparition de noucartes (représentant des personnages veaux personnages jouables comme ou des moments clés de la série) et de les membres du clan Akatsuki ou ceux titres honorifiques à débloquer. Inutile, de l’équipe Hebi. En bref, c’est plus donc vicieud’une quarantaine de personnages qui s e m e n t répondent à l’appel, dans indispensable. une section combat libre toujours aussi pêchue, mais surtout dans un tout nouveau mode online, qui faisait grandement défaut au premier opus.

NINJAS EN LIGNE, J’ÉCOUTE Les fans en ont rêvé, CyberConnect2 l’a fait. Le titre nous propose donc de nous « fritter » » lors de sessions privées ou de matchs classés,


JEU VIDEO  À LA UNE

possibilité de faire appel à deux équipiers en plein combat et de la capacité d’éveil. Dans le cas de Naruto, si la barre La mise en scène des combats est spectaculaire de vie est © CyberConnect2 / Namco Bandai Games trop faible, il peut alors ENFIN UNE HISTOIRE ! se transformer en Kyûbi et reprendre Alors que Naruto: Ultimate Ninja Storm l’avantage. Plus surprenant, les QTE(2) nous proposait d’évoluer dans le village de Konoha modélisé en 3D, ce nouveau volet change radicalement d’aspect. En effet, les décors sont la plupart du temps en plan fixe, des paysages typiquement J-RPG dessinés spécialement pour le jeu par le studio Pierrot. Certains niveaux, comme les arènes, sont modélisés en 3D, le passage entre les Les décors ont bénéficié dʼun soin tout particulier deux champs se faisant de © CyberConnect2 / Namco Bandai Games façon naturelle. On pourra reprocher au jeu des temps de charpour les jutsu ultimes ont ici disparu, gement trop présents ou quelques dommage ! Le gameplay n’est finaincohérences dans la ville de Konoha, lement pas bouleversé et sous son les mêmes villageois répétant le même apparente accessibilité, se cache un parcours lorsque l’on revient sur un titre stratégique où la technique et plan. Enfin, même si le scénario et la les réflexes l’emportent souvent sur trame principale ont bénéficié d’un soin tout particulier (preuve que les développeurs ont pris en compte les remarques faites au premier épisode), la nécessité de faire plusieurs allersretours entre les différentes régions du jeu devient vite désagréable. Malgré cela, Naruto Shippûden: Ultimate Ninja Storm 2 marque des points : c’est beau (malgré la présence d’aliasing(1) par moment) et bien plus narratif que l’épisode précédent.

C’EST L’HEURE DU DUEL Les combats n’ont subi que quelques modifications et les habitués devraient très rapidement retrouver leurs marques. Retour sans surprise de la

la force. Pour terminer, l’affrontement de boss (se déroulant souvent en plusieurs phases), entre combat pur, shoot et sessions de QTE, offre un rendu détonnant.

MISSION ACCOMPLIE Avec son « vrai » mode histoire, ses combats en ligne et ses scènes d’anthologie, Naruto Shippûden: Ultimate Ninja Storm 2 nous a convaincu. Le travail abattu par CyberConnect2 pour contenter tous les publics se ressent, jamais un titre sous licence Naruto n’avait atteint ce niveau de qualité. Malgré quelques erreurs de parcours, ce nouvel opus est définitivement la meilleure représentation vidéoludique de l’œuvre Naruto disponible à l’heure actuelle. Comme M. Uzumaki, qui reprendra volontiers un bol de nouilles, on se fera avec plaisir une nouvelle partie de Naruto Shippûden: Ultimate Ninja 2. Storm 2 Kévin Rodet  Un autre avis sur www. www.total-manga.com/ naruto-storm2 1. Effet de pixelisation des bordures 2. Quick Time Event, séquence de jeu durant laquelle le joueur doit suivre les instructions à l’écran en pressant les boutons demandés.

Les personnages de soutien permettent de lancer des combos dévastateurs

© CyberConnect2 / Namco Bandai Games

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JEUX VIDEO  CRITIQUE

lE TUEUR DE MaSSE U JAPON IMAGINAIRE Comme les précédents opus, Sengoku Basara: Samurai Heroes s’approprie les guerres de clans d’un Japon féodal, et s’autorise toutes les libertés qu’on est en droit d’en attendre. Ainsi, les personnages historiques (au nombre de 16 jouables) s’entretuent au milieu de machines volantes, de samouraï-robots géants et de trahisons dignes de séries Z. Un parti pris qui fonctionne relativement bien, chapeauté par une bonne dose d’humour et de situations exagérément fatalistes. On regrette surtout l’absence d’une option permettant d’avoir les doublages japonais originaux, remplacés dans la version occidentale par des voix américaines de qualité irrégulière. Si le scénario est illustré via des séquences en images de synthèse, on en remarque très vite le fond, assez superficiel, que l’on préfère mettre sur le compte d’un second degré assumé. Enfin, les amateurs de la saga noteront quelques nouvelles têtes, et regretteront certainement la disparition de certaines. OLD SCHOOL Dès la première partie, on sent que Sengoku Basara: Samurai Heroes a été développé sur Nintendo Wii pour être adapté en HD sur Playstation 3, console sur laquelle nous avons testé le jeu. En effet, les graphismes sommaires du titre n’exploitent clairement pas le potentiel de la machine de Sony, on se contentera d’une fluidité exemplaire. Avec plus d’une centaine d’ennemis à l’écran, le jeu ne connaît AL MANGA MAG 24 TOT NOVEMBRE 2010

Sengoku Basara, c’est d’abord une série de beat’em all débutée sur Playstation 2 puis adaptée en anime. Considéré depuis sa création comme un clone délirant de la saga Dynasty Warriors, le poulain de Capcom s’offre un nouvel épisode sous-titré Samurai Heroes, disponible depuis le 15 octobre sur Nintendo Wii et Playstation 3. Que les adeptes du tranchage d’ennemis par paquets de cent et de répliques surjouées se réjouissent, leur nouveau défouloir est arrivé.

aucune baisse de framerate(1) et ce, même en écran splitté. Musicalement inintéressant, Samurai Heroes souffre finalement des reproches techniques déjà faits aux épisodes précédents ou à ses concurrents.

CAPTURE THE FLAG Le but du jeu est toujours le même : affronter des vagues d’ennemis disséminées dans des zones, pour finalement atteindre le boss de fin de niveau. La capture d’une zone passe inévitablement par le meurtre du chef ennemi, souvent entouré par des centaines de soldats amorphes servant principalement à gonfler le score de combos. Deux jauges sont mises à votre disposition : « Basara » (faisant office de coup ultime) ainsi que « Hero Time » (qui ralentit le temps). Autant dire que la combinaison des deux laisse place à des situations meurtrières, où il n’est pas rare de faire des combos de plus de 3 000 coups portés successivement. Simple d’un premier abord, Samurai Heroes est doté d’un mode difficile qui devrait satisfaire les joueurs les plus acharnés, notamment face à des boss singulièrement coriaces.

replay value(2) à bien des niveaux : les scénarios peuvent se faire de plusieurs manières avec un seul et même personnage, qui devra par ailleurs être pratiqué un long moment avant de voir tous ses coups spéciaux débloqués. De plus, la possibilité de créer des accessoires grâce aux matériaux trouvés sur les champs de bataille, permet de trouver un intérêt supplémentaire à refaire les mêmes niveaux. Cependant, le plus gros défaut de Sengoku Basara: Samurai Heroes est de laisser cette forte impression de toujours faire la même chose, mais cela, les fans le savent déjà !

Kévin Rodet  Un autre avis sur www.totalmanga.com/sengoku-basara3

1. Nombre d’images affichées par seconde 2. Intérêt pour le joueur de rejouer au jeu

T ITRE

oRIgInal

: Sengoku Basara:

Samurai Heroes

É DITEUR : Capcom

D ÉVEloPPEUR : Capcom

VALEUR AJOUTÉE Ce nouvel opus ne bouleverse rien et ceux qui étaient allergiques au style ne changeront pas d’avis. Il est toujours destiné à un public de niche bien défini, celui des amateurs du beat’em all. Heureusement pour eux, les développeurs ont particulièrement soigné le contenu. Ainsi, le faible nombre de héros jouables est compensé par une

S oRTIE JaP : 29 juillet 2010

S oRTIE US : 12 octobre 2010 S oRTIE FR : 15 octobre 2010 g EnRE : Beatʼem all n oMBRE

DE JoUEURS

écran splitté

PEgI : 16 ans et +

: 1 à 2 en

P laTEFoRME : Playstation 3, Nin-

tendo Wii


JEU VIDEO  CRITIQUE

VERS lE FUTUR Voilà maintenant deux ans que les aventures du professeur Layton fascinent l’Europe. De par la complexité et l’ingéniosité de ses énigmes, le jeu a su fédérer tous les âges sur Nintendo DS et ainsi emmener petits et grands sur des enquêtes toujours plus passionnantes. Il n’en fallait pas plus à Level-5, son développeur, pour se lancer dans l’élaboration d’une série dont le troisième opus est enfin sorti en France le 22 octobre 2010 : Professeur Layton et Perdu. le Destin Perdu

ROISIÈME chapitre d’une saga démarrée en 2007 sur l’archipel nippon, cette nouvelle aventure emmène cette fois notre fameux professeur sur les traces de l’auteur d’une mystérieuse lettre. La missive, liée à la disparition du Premier ministre quelques jours plus tôt, aurait été rédigée par Luke lui-même, l’assistant du professeur, mais elle proviendrait apparemment d’un futur chaotique situé dix ans dans l’avenir. Il n’en faudra pas plus pour que les deux compères se rendent à Londres et commencent leur investigation.

C’est après une impressionnante série de cinématiques, d’un niveau technique exemplaire pour la plateforme, entrecoupées de dialogues

Luke du futur © Level-5/ Team Layton 2009

Une fois encore, le joueur se doit de résoudre des énigmes (168 dans cet opus) afin d’aller de l’avant. La difficulté de ces dernières varie en fonction du nombre de points, les picarats, à gagner. Ces picarats sont ensuite utilisables dans une section bonus du jeu servant à débloquer du contenu supplémentaire. En parallèle de la trame principale, on peut s’essayer à trois jeux bonus inédits dans la série. Citons ici un livre d’images à collectionner, où seul le contexte écrit pourra aider le joueur à placer comme il le faut des vignettes. Ou encore un jeu basé sur la physique (similaire au cultissime The Time Machine), avec un

perroquet qui devra traverser l’écran à l’aide d’un système de trampolines, et ce, sans tomber dans le vide. Enfin, dans le troisième, une Laytonmobile miniature devra correctement être dirigée à l’aide de flèches pour ramasser tous les objets du parcours, sans quoi l’auto s’écrasera inévitablement sur un pan du décor. Il ne nous reste à présent plus qu’un seul épisode, la préquelle Professeur Layton et la Flûte du Démon, avant de refermer définitivement notre DS pour passer à la nouvelle génération : Le Masque des Miracles, qui sortira en effet le 26 février 2011 au Japon avec la Nintendo 3DS et son écran en relief sans lunettes. Thomas Martin 

oRIgInal : Layton Kyôju to Saigo no Jikan Ryôko

T ITRE

É DITEUR : Nintendo

D ÉVEloPPEUR : Level-5

S oRTIE JaP : 27 novembre 2008 S oRTIE US : 12 septembre 2010 S oRTIE FR : 22 octobre 2010 g EnRE : Aventure / Réflexion n oMBRE

DE JoUEURS

: 1

P laTEFoRME : Nintendo DS

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© Level-5/ Team Layton 2009

© Level-5/ Team Layton 2009

entièrement digitalisés, que le joueur prend la main. Comme toujours, il suffit de tapoter du stylet sur l’écran inférieur pour déclencher une action. Les habitués retrouveront donc très vite leurs marques, mais les nouveaux ne seront pas perdus pour autant : une série de tutoriels rapides se feront une joie d’apprendre les rudiments du gameplay à quiconque souhaite jouer. C’est d’ailleurs là que réside l’une des forces des Layton, qui ne se cantonnent jamais à un public en particulier.


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Disponible le 15 octobre 2010 © 2002 MASASHI KISHIMOTO / 2007 SHIPPUDEN All rights reserved. Game © 2010 NAMCO BANDAI Games Inc. Microsoft, Xbox, Xbox 360, Xbox Live, and the Xbox logos are trademarks of the Microsoft group of compagnies and are used under license from Microsoft. Association.

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KENTARO, DJS

© Ben Lorph - http://www.flickr.com/photos/ben-lorph/sets/

lE nInJa DES

DJ Kentaro était en live à La Machine du Moulin Rouge à Paris le vendredi 1er octobre 2010, à l’occasion d’une soirée spéciale qui a réuni les artistes du label Ninja Tune pour ses 20 ans d’existence. Le prodige japonais des platines, parti du breakbeat hip-hop pour finalement tomber dans l’électro (drum & bass et jungle), continue d’imposer son style. arrivant à La Machine du Moulin Rouge vendredi soir, ceux qui avaient acheté leur place in extremis la veille, quand l’organisation de la soirée Ninja Tune 20 Years of Beats and Pieces avait mis en vente son dernier lot, avaient de quoi être dubitatifs. N

Ils n’avaient pas le droit d’être là dès 22h pour voir l’intégralité de la soirée,

les fameuses places ne donnant accès aux festivités qu’à partir de 2h du matin. « On s’en fout, on verra au moins Kentaro en entier et ÇA c’est cool », est en substance ce qu’il s’est dit en découvrant le programme des réjouissances une fois l’entrée passée. Et effectivement, vu la fin de set mollasse de Coldcut et la prestation honteuse de Four Tet qui s’en est suivie, ponctuée par un duo de beat-boxers doués mais un peu hors-sujet, il aura fallu poireauter ici et là (trois salles étaient ouvertes), la bave aux lèvres, attendant que le Japonais nous éclabousse de son génie.

RENDEZ-VOUS EN TERRAIN CONNU Connaissant le palmarès et l’œuvre du bonhomme, il n’y avait pas non plus des masses de doutes : finaliste ou champion national et international de

plusieurs compétitions de DJ, dont le DMC World 2002 – réalisant au passage le meilleur score de l’histoire de la compétition – et auteur des rares (seules ?) bombes breakbeat sorties chez Ninja Tune depuis 2005. Mais après le semi-désastre auquel on avait assisté qui sentait bon la soirée moisie, autant dire qu’on espérait une bonne surprise. Et là, boum, le voilà : deux caméras pour filmer les tripatouillages de platines avec projection en fond de scène (super classe mais inutile de chercher à lire le label des vinyles, ça va trop vite), une lumière tamisée genre « un peu froid mais je suis là pour vous réchauffer les mecs », un sound system bien réglé et zou, on décolle. Ça commence avec quelques scratches bien sentis histoire de faire monter les « ouhhh ouaiiis cooool » du public un peu moite et hop, ...

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J-MUSIC  PORTRAIT

Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ? Je travaille surtout avec le label Ninja Tune en ce moment, qui m’apporte beaucoup au niveau des collaborations. Parallèlement, je prépare un nouvel album mais je n’ai pas encore défini le titre. Comme d’habitude, il sera préparé au feeling, sans vraiment suivre des étapes de création très cadrées. (rires) Vos mix s’étendent sur plusieurs styles, qu’est-ce qui fait que vous adoptez telle ou telle tendance ? Je suis perpétuellement en mouvement aux quatre coins du monde, je m’imprègne des musiques des pays que je visite, des cultures que je côtoie. C’est la source d’inspiration principale qui influence mon style et qui, je pense, fait qu’il touche des publics très différents.

© TDR

Quels sont les styles qui dominent au Japon en terme de DJing ? Il faut tout d’abord savoir que, à titre d’exemple, la compétition DMC reste très underground au Japon. Et dans cet univers musical, les tendances varient aussi. Si le Japon vibrait au rythme du raggae japonais il y a quelques années, il a ensuite suivi la tendance électro. Et aujourd’hui, c’est le hip-hop qui revient sur le devant de la scène.

Après dix ans d’expérience sur cette scène, dans quelle mesure le public japonais a-t-il évolué, suivi ces différents mouvements ? Auparavant, il se composait de fans, keitai(1) à la main, statiques. Aujourd’hui, les Japonais ressentent vraiment la musique et dansent presque comme les Européens. Ils se lâchent ! (rires)

Propos recueillis par Cristina Thaïs et Sandra Després

© Ben Lorph - http://www.flickr.com/photos/ben-lorph/sets/

1. Téléphone mobile japonais

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ben-lorph/sets/

© Ben Lorph - http://www.flickr.com/photos/

J-MUSIC  PORTRAIT

© TDR

remuer les fesses vous ne serez pas forcément servi. Non, nous, on est venu pour du son technique, rythmé, construit, déconstruit, limite expérimental mais sans sortir la calculette, on se tape pas une nuit de concert pour réviser Maths sup. D’ailleurs, pour prouver à tout le monde qu’il donne aussi dans la gaudriole, le Japonais nous a gratifié d’un long passage de son Harvest Dance, commis avec ces fous furieux de Hifana. Du flutiau, du boum-boum et un son bien groovy, on aurait voulu inventer le breakbeat / hip-hop / WTF pour rigoler qu’on n’aurait jamais fait mieux. Oui, parce que c’est aussi ça le mérite de Kentaro : devant un public composé de Parisiens trentenaires limite frigides et de backpackers enthousiastes (no offense, on est pile-poil entre les deux), il nous sort un truc qui va forcément interpeller et nous faire réagir, malgré sa dégaine d’ado autiste flottant dans son tee-shirt XXL.

Et à voir la tête des survivants au petit matin, on sentait qu’il avait bien réussi son coup.

Barthélémy Lecocq 

© TDR

... du gros son : déferlante de beats en tous genres sur leur lit de basses bien heavy. Faut pas oublier qu’on est chez Ninja Tune, baby. Et alors là, ça défile : productions maison (Kentaro himself, un bout de Bonobo, un souffle de Roots Manuva et on a même cru reconnaitre The Herbaliser) se mêlent à des trouvailles sorties de nulle part (et du Japon, mais votre serviteur n’y connais pas grand chose). On sautille, on pousse des cris, c’est pas l’extase totale mais on n’est pas venu pour ça. Si vous venez chez Ninja Tune pour

2005 : On the Wheels of Solid

Steel (mix, live)

2007 : Free (maxi) 2007 : Enter

2008 : Tuff Cuts (Pressure

Sounds PSCD60)

2009 : DJ Kentaro & The Revo-

lutionaries - Kunta Kinte 12" Remix (Pressure Sounds PSTI005) www.djkentaro.jp

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J-MUSIC  INTERVIEW

© Céline Maxant

KOKIA VoYagE ETHnIQUE Kokia était en concert dans quatre villes de France(1) à l’occasion de son Kokia Real World Europe Tour 2010. Elle a ainsi pu nous présenter en live les morceaux de son album Real World, disponible dans l’hexagone depuis le 7 avril chez Wasabi Records. La chanteuse ethnique revient en interview sur cet album qui a été réalisé dans un contexte très particulier, entre le désert du Sahara et le Japon. HANTEUSE populaire dans nos contrées pour sa voix et sa musique exotique, Kokia était en France pour nous parler de Real World. La particularité de cet album, qui a pour thème l’immensité du monde et la beauté de la Nature, est qu’elle l’a composé au retour de son voyage en Tunisie dans le désert du Sahara. Elle y était justement partie

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avec le photographe Yutaka Nakamura pour faire des clichés qui devaient illustrer son nouvel album. Les titres, comme les photos(2) et tout l’univers qui accompagnent cet opus, sont le reflet de cette excursion. Quelle est la particularité de votre nouvel album Real World, de quoi parle-t-il ? Kokia : Pour cet album, mon processus de création a été différent de celui qui est le mien d’habitude. Normalement, j’écris mes chansons avant de prendre les photos qui illustreront mon CD. Cette fois-ci, nous avons fait les clichés avant que je compose mon album. Je me suis rendue en Tunisie, dans le désert du Sahara et mes nouvelles chansons sont toutes inspirées de ce que j’ai ressenti pendant ce shoot photo.

À travers cet album, j’ai essayé de faire passer, à ceux qui l’écouteront, la beauté de la Nature et tout l’amour qu’elle nous donne. Quelle est la signification du morceau Real World (le vrai monde) ? Kokia : Tout le monde le comprendra en écoutant la chanson. C’est un message que j’envoie au monde entier. Retrouve-t-on dans cet album une notion de responsabilité de l’être humain vis-à-vis de la Nature ? Est-ce quelque chose d’important pour vous ? Si on prend le titre Love is us, Love is Earth (L’amour c’est nous, l’amour c’est la Terre) par exemple... Kokia : Ce que j’ai voulu mettre en avant dans cet album c’est cet amour inconditionnel qu’a la Nature pour l’Homme. Plutôt que de dire : « Il faut faire ça pour la Nature, il ne faut, au


J-MUSIC  INTERVIEW

contraire, pas faire ça... », il est préférable d’expliquer pourquoi c’est important de respecter la Nature en montrant toute la magie de l’univers, toute la beauté dont le monde regorge, et l’amour qu’il a pour nous. Qu’est-ce que cette excursion vous a apporté d’un point de vue musical, culturel et personnel ? Kokia : En tant qu’artiste j’y ai d’abord trouvé l’inspiration pour écrire de nouvelles chansons. Personnellement, j’ai pu me relaxer, chasser mon stress. Mais que ce soit d’un point de vue personnel ou professionnel, c’est toujours extraordinaire pour moi de découvrir ces magnifiques paysages, de m’ouvrir à de nouveaux horizons. Vos voyages ont toujours une influence sur vos créations, qu’avezvous ramené de votre passage en Tunisie ? Kokia : Dans ce CD là, il n’y pas de nouveaux sons ou instruments qui ont été intégrés. Par contre, en tant qu’artiste, ce voyage a éveillé en moi de nouvelles sonorités, une nouvelle sensibilité.

© Céline Maxant

Vous avez beaucoup voyagé, vous avez chanté en italien et même dans un langage imaginaire(3), votre album Fairy Dance ~ KOKIA meets Ireland ~ (2009) est emprunt des sonorités celtes, qu’est-ce qui vous attire dans cette découverte de pays étrangers ? Kokia : À mon sens, toutes les langues sont très marquées. Elles ont toutes une identité sonore spécifique.

À chaque musique lui correspond sa langue et son ambiance et j’espère que j’aurai l’occasion d’écrire dans d’autres langues ! En quoi pensez-vous avoir mûri par rapport aux précédents albums ? Kokia : Je ne réfléchis pas nécessairement en terme de maturité pour chacun de mes albums. Mais c’est vrai qu’avec le temps, je me rends compte que chaque sortie a sa propre identité. Particulièrement Real World, un album qui me représente bien, qui résume bien qui je suis. Comment vous représentez-vous ? Comment définiriez-vous votre style musical ? Kokia : Ce qui me plaît dans ma musique, c’est que le message passe, peu importe la langue dans laquelle je chante. Tout le monde peut apprécier la musique pour ce qu’elle est. Que gardez-vous de votre collaboration avec le photographe Yutaka Nakamura ? Kokia : L’information visuelle a pris davantage d’importance à mes yeux. Comment avez-vous appréhendé votre retour sur scène en France, en Europe ? Kokia : Cette fois-ci je ne me suis pas produite qu’à Paris. Je me suis rendue dans de nouveaux pays(4) et dans trois nouvelles villes en France. Jusqu’à présent tous les provinciaux venaient me voir dans la capitale, et là j’ai pu me rendre directement auprès d’eux. Au départ, je pensais faire des scènes de plus en plus grandes sur Paris mais j’ai finalement choisi une petite salle de concert (le Théâtre Michel) pour pouvoir m’étendre sur plusieurs salles en province.

T ITRE : REAL WORLD D aTE

DE SoRTIE

: 7 avril 2010

l aBEl : Wasabi Records

2002 : Trip Trip

2006 : aigakikoeru ~listen for the

Love~

2008 : The VOICE

2009 : FAIRY DANCE ~KOKIA MEETS IRELAND~ 2009 : Balance

2010 : Real World www.kokia.fr

Quel est le prochain pays que vous allez visiter ? Kokia : La Finlande, la Norvège, les endroits où on peut voir des aurore boréales !

Céline Maxant  Retrouvez notre live report du concert parisien sur www.total-manga.com/ kokia

1. Marseille, Toulouse, Brest et Paris 2. Elles ont pu être exposées à l’Atelier Gustave en juin dernier en sa présence 3. Dans l’album The VOICE en 2008 4. Pologne, Allemagne, Autriche, Angleterre et Russie

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J-MUSIC  INTERVIEW

lanCEMEnT DU laBEl DE J-MUSIC D’anKaMa MUSIC :

BISHI BISHI

Cet automne, Ankama Music lance son label dédié à la musique japonaise : Bishi Bishi. L’occasion de revenir en interview avec son responsable Xavier Norindr sur les objectifs du label et sur l’avenir de la J-music en France. OUR son lancement le label Bishi Bishi cherche déjà à se démarquer de ses concurrents européens (Ganshin, Wasabi Records, Gekido Tour...), s’éloignant pour un temps de la JPop, des génériques de japanimation, de la scène rock ou du visual kei. La richesse et l’éclectisme de la musique japonaise offrent d’autres possibilités, comme celle de la scène digitale. L’électro-gothique Aural Vampire et l’électronique YMCK sont donc les deux premiers groupes du label d’Ankama Music. Qu’est-ce qui a amené Bishi Bishi à faire ce choix ? Quelle est sa démarche ? Rencontre...

Quelle est la ligne éditoriale de Bishi Bishi ? Xavier Norindr : J’espère bien qu’on ne pourra jamais identifier Bishi Bishi à un genre musical, car je veux faire un label pour tout le monde : de l’électro,

du métal, de la pop, etc. Mes critères de sélection sont davantage liés au concept et à l’univers du groupe. Ma ligne directrice est de travailler avec des artistes actuels. Mais audelà d’une ligne éditoriale, je m’intéresse surtout à une façon de travailler. Beaucoup de labels fonctionnent sur le modèle classique d’achat de licence. Moi je veux travailler en amont, à la création de l’album. Je veux collaborer beaucoup plus avec les artistes pour sortir quelque chose d’adapté au Japon et au reste du monde. Et c’est Bishi Bishi qui distribue au Japon ? Xavier Norindr : C’est l’objectif dans le futur. Pour les deux premiers artistes, Aural Vampire et YMCK, nous avons travaillé sur un modèle classique d’achat de licences, avec Avex. Sur 2011, je travaille déjà avec d’autres artistes pour sortir nous-mêmes les disques au Japon et en Europe, pour que Bishi Bishi s’implique dès le départ sur les deux terrains.

Aural Vampire © AVEX

Aural Vampire et YMCK ne sont connus ni pour avoir fait un générique d’anime, ni pour la présence de leurs leaders dans un drama… Il est fini le temps de ces ponts cross-média ? Xavier Norindr : Ce n’est pas du tout terminé. En fait Bishi Bishi est une marque d’Ankama Music, qui fait partie d’Ankama. Ankama Music est une société d’édition et de production

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et son but est que certains artistes que nous avons signés participent à des synchronisations sur des animes d’Ankama. Au Japon, Ankama produit des animes et, comme tous les animes nippons, ils possèdent des génériques, souvent interprétés par des artistes japonais… Donc forcément, on désire travailler avec ceux que nous avons signés. Enfin si j’ai choisi Aural Vampire et YMCK c’est aussi parce je trouvais intéressant de changer un peu du rock et du visual kei et de commencer avec ces artistes électro, qui avaient déjà une petite popularité en Europe. Le visual kei a longtemps été un fer de lance pour la J-music en France… Alors que tout le monde décrit le genre comme un genre


J-MUSIC  INTERVIEW

selon eux, comme Tokio Hotel. Pourtant, il n’a été travaillé que comme du métal, alors que c’est le même public que Tokio Hotel. Des groupes comme The Gazette ne peuvent pas être programmés dans un festival de métal par exemple.

Aural Vampire © AVEX

Le visu restera encore un fer de lance de la J-music, et je dirais tant mieux. Si par exemple Universal avait signé the Gazette, ils auraient fait carton plein.

mineur en Asie. Pourquoi un tel succès et quel avenir pour ce genre dans l’Hexagone ? Xavier Norindr : Le visu a apporté quelque chose d’un peu nouveau par rapport à ce qui se faisait en Europe.

Ce qui dérange dans le visu, c’est qu’il y a un décalage… À l’écoute, on découvre des mélodies pop, de variétés. Au cours des années, quand j’en discutais avec les gens du milieu de la musique, le visual kei avait tous les critères d’une musique grand public

En parlant de genre qui cartonne, au Japon cette fois-ci… Si on regarde l’Oricon de ces derniers mois, les premières places sont presque systématiquement occupées par des groupes d’idols comme Arashi ou AKB48… Est-ce ce qui attend la France dans les mois et années à venir ? Xavier Norindr : En ce qui me concerne ce n’est pas ma priorité. Il y a un public cependant, car il ...

AURAL VAMPIRE : Aural Vampire est un né de la rencontre entre Exo-Chika (chanteuse) et Raveman (DJ). L’histoire débute il y a dix ans, sur les bancs du lycée, où ils se découvrent une passion commune pour la musique et les films d’horreur des années 70 et 80. Le duo tokyoïte prend alors le nom d’Aural Vampire et leur premier album, Vampire Ecstasy, sort en indépendant en 2004. Entre crocs vampiriques et masques digne de la saga cinématographique Halloween, l’aspect gothico-horrifique du groupe se fond dans une musique électro-industrielle, relevée par la voix douce et artificielle de la chanteuse. Ce mélange hétéroclite confère au duo une identité singulière, qui pourrait bien séduire un large public. Mais leur arrivée dans les bacs européens est loin d’être leur première rencontre avec

le vieux continent. En 2006, le groupe décide de s’ouvrir à l’Europe et fait la couverture du magazine gothique allemand Astan. En mai 2007, il traverse les frontières de l’hexagone grâce à sa participation aux soirées Tokyo Decadance. Le duo établit alors des liens solides avec une jeune chaîne télé qui débute : Nolife. Il signe plusieurs prégénériques pour la chaîne pendant que son co-fondateur, Alex Pilot, réalise les deux premiers clips du groupe, Freeeeze!! et Hot Blood Workout. Après avoir rejoint en août 2007 la maison de disque Avex, Aural Vampire signera le 8 novembre son retour sous nos latitudes avec Zoltank, leur dernier opus sorti en mai au Japon. Un comeback sur une scène française serait à l’étude pour 2011, mais il faudra sans doute attendre les chiffres de vente de

Aural Vampire © AVEX

l’HoRREUR ÉlECTRo

2004 : Vampire Ecstasy (album) 2005 : Death Folder (single) 2009 : Freeeeze!! (single) 2010 : Zoltank (album)

www.auralvampire.com

l’album avant une quelconque date officielle.

Paul Ozouf 

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33


J-MUSIC  INTERVIEW

Même si la tendance évolue avec des concerts comme ceux de L’Arc~En~Ciel, AKB48 ou VAMPS, le public a toujours eu du mal à comprendre l’absence de grandes stars nippones sur le territoire français… Qu’est-ce qui fait venir les grands noms de la musique nippone ? Xavier Norindr : L’absence des stars, c’est juste une question économique. Arashi, Kat-Tun n’ont pas encore besoin de s’exporter en Europe, en dehors du plus que ça pourrait apporter à leur image. Donc si quelqu’un

paye, ça ne les dérangerait pas de venir passer un petit weekend prolongé à Paris. Mais il faut avoir les moyens ! Quel avenir espèrestu pour la J-music dans notre pays ? Xavier Norindr : Il y a dix ans quand j’ai commencé l’association (J-Music Distribution), je rêvais d’organiser un concert, ce que j’ai fait en 2007. Donc je suis déjà content !

YMCK © AVEX

... existe de nombreux fans d’Utada Hikaru, d’Ayumi Hamasaki ou d’Arashi. Ce sont donc des groupes qui ont le potentiel de cartonner. De toute façon certaines sociétés européennes et japonaises regardent déjà s’il y a une base pour ça. Mais les fans de J-music s’orientent également vers des artistes coréens, qu’il faudra prendre en compte.

À l’heure actuelle, la J-music fait de plus en plus parler d’elle et continue son chemin. Je pense que l’on finira par avoir une scène musicale japonaise de la même manière qu’il y a une

YMCK :

scène musicale latino par exemple. Les artistes japonais seront une catégorie reconnue, par le public et les labels, d’artistes internationaux.

Propos recueillis par Paul Ozouf 

la noSTalgIE DIgITalE

34 NOVEMBRE 2010

TOTAL MANGA MAG

Paul Ozouf 

© TDR

Malgré son appartenance au vaste univers de l’électro, YMCK se démarque totalement d’Aural Vampire, comme de l’ensemble de la scène digitale. Formé en 2003 par Midori (chanteuse), Yokemura (DJ) et Nakamura (réalisateur des clips), ce trio nippon nage dans les eaux méconnues du chiptune, plus communément appelé 8bit. Synthétisée en temps réel par un ordinateur ou la puce audio d’une console de jeu, cette musique a connu son âge d’or il y a deux décennies. Mais l’éter-

Depuis leur premier album Family Music en 2004, les morceaux et les clips 8bit de YMCK se sont fait connaître à travers le monde. La voix synthétique et enfantine de Midori, enveloppée dans les sonorités électropop de Yokemura et illustrée par des clips tout droit sorti de jeux des années 80, ramènent instantanément tout un public, tel celui des rétro-gamers, aux jeux vidéo de leur enfance. Family Genesis, leur troisième album, est attendu pour le 8 novembre en France et un hypothétique concert français est également à l’étude pour 2011.

2004 : Family Music (album)

2005 : Family Racing (album)

2008 : Family Genesis (album)

2008 : YMCK SONGBOOK: songs

before 8bits (album de reprises)

2009 : Family Cooking www.ymck.net

YMCK © AVEX

YMCK © AVEX

nel amoureux de l’électronique qu’est le Japon continue de voir naître des artistes de ce genre.



CULTURE  ENQUÊTE

LE VISUAL NOVEL, UnE aUTRE FaÇon DE RaConTER DES HISToIRES Il existe un type de jeu vidéo très populaire au Japon, le visual novel. Quasiment inconnu en dehors de l’archipel, ce genre à mi-chemin entre animation, manga et jeu vidéo, pourrait bien faire quelques adeptes en France. N ROMAN MULTIMÉDIA Un visual novel s’apparente à un « roman multimédia » et se distingue du jeu vidéo classique par la moindre importance donnée à l’interactivité. L’accent est mis sur la narration, le plus souvent linéaire, qui offre parfois la possibilité de choisir parmi différentes alternatives. C’est une succession d’images et de textes, que l’on fait

T ITRE

oRIgInal

T ITRE

FRanÇaIS

koro ni

Cigales

: Higarushi no naku : Le Sanglot des

É DITEUR : 07th Expansion / Saffran

Prod.

D ÉVEloPPEUR : 07th Expansion

g EnRE : Visual novel / sound novel P laTEFoRME : PC

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défiler à son rythme, accompagnée d’une bande son agrémentant la lecture. Le genre existe depuis plus de 20 ans mais est d’abord resté assez fermé au grand public. Il faut dire que la majeure partie Katawa Shoujo ©2006-2010 Four Leaf Studios de la production est réalisée par des groupes amateurs ou semi-profesHIGARUSHI NO NAKU KORO NI, sionnels, qui proposent beaucoup de RÉCIT D’UNE SUCCESS STORY jeux de drague, où le but est de débloSi Higarushi no naku koro ni ne vous dit quer des scènes à caractère érotique. rien, peut-être avez-vous déjà entendu Toutefois, il existe des visual novels parler de Hinamizawa, le village maudit, qui se démarquent par la richesse et sa première adaptation en dessin la complexité de leur scénario, que les animé, sortie en France en 2007. Derstudios d’animation n’ont pas manqué rière ce titre se cache l’un des plus de repérer. Les visual novels se sont grands succès du visual novel amateur finalement démocratisés au début des au Japon. Pierre Bancov raconte : « La années 2000, lorsqu’ils ont commencé saga débute en juillet 2002 et reste à être adaptés en dessins animés : To très confidentielle jusqu’en décembre Heart (1999), Kanon (2002), Tsukihime 2003, date à laquelle un journaliste (2003). au blog très fréquenté pond un article élogieux dessus. Pour se faire pardonAujourd’hui, le genre est bien établi ner le retard du jeu numéro 4, l’auteur au Japon et commence à s’exporbalance le premier épisode gratuiteter aux États-Unis. En revanche pour ment sur la toile. Et là, c’est le drame. la France, il n’y a guère que la série Les ventes explosent et lorsque le des Ace Attorney (Phoenix Wright) tome 8 sort en juillet 2006, c’est une qui soit disponible à la vente. Et il n’y a qu’un seul visual novel amateur ayant bénéficié d’une sortie officielle. Mais pas des moindres, puisqu’il s’agit de Higurashi no naku koro ni, distribué sous le titre Le sanglot des cigales. Nous avons rencontré Pierre Bancov, le traducteur et entrepreneur à l’origine de cette version française, afin d’en apprendre davantage sur ce genre encore trop confidentiel qui gagneYume Miru Kusuri ©2005 Will., ltd. rait à être connu.


CULTURE  ENQUÊTE

Kanon ©1999 Visual Artʼs/Key

marée humaine qui attend les précommandes à Akihabara. » Alors que le premier épisode ne s’était vendu qu’à cinquante exemplaires, la saga totalise aujourd’hui plus de 600 000 exemplaires écoulés. Le jeu a ensuite été adapté en mangas, dessins animés, jeux vidéo et toutes sortes de produits dérivés. Il doit son succès à une intrigue jouant sur le mystère et l’horreur, qui s’apparente à une immense énigme à résoudre en rassemblant les indices disséminés dans les différents volumes. Celle-ci nous plonge dans un village japonais en proie à une série de meurtres sordides et à des disparations inquiétantes. En apparence, Hinamizawa est un village paisible tout à fait banal mais il semble frappé par une terrible malédiction.

Le Sanglot des Cigales © 07th Expansion / Saffran Prod.

Outre l’aspect enquête, le jeu fait aussi de nombreuses références à des œuvres très connues (Battle Royale, Card Captor Sakura, Azumanga Daioh, To Heart, Tsukihime...) et parodie même parfois les poncifs éculés des

jeux de drague. Autre particularité, il mise beaucoup sur une ambiance sonore très travaillée. « Le jeu se veut être un "sound novel", un "roman sonore" donc. Au contraire d’un visual novel où l’accent est mis sur l’aspect graphique, le sound novel met en valeur son scénario par une ambiance sonore très recherchée (bruits des objets, de la nature, musiques variées). » variées).

sion française de ce roman sonore. Le jeu sort à Chibi Japan Expo 2009 sous le titre Le Sanglot des Cigales. Actuellement, un CD-ROM regroupant les quatre premiers tomes est disponible. Il est vendu dans certaines boutiques spécialisées et sur Internet. Les tomes 5 et 6 sont en cours de traduction et devraient sortir sur le même CD-ROM en mars 2011.

MER IL ET FOU(1) En octobre 2006, Pierre Bancov découvre Higarushi no naku koro ni et tombe sous le charme. Traducteur professionnel japonais-français, spécialisé dans le jeu vidéo depuis 2006 (Twilight Princess, Endless Ocean), il

« Malgré la popularité du manga en France, le marché ne semble pas encore prêt pour accueillir les visual novels. » décide alors de réaliser une maquette en français pour convaincre les labels existants de sortir le jeu en France. Mais cela ne portera malheureusement pas ses fruits. « Après plus d’un an passé à démarcher des gens, j’ai dû reconnaître que tout cela avait été fait en vain. Puis, en 2008, à l’Epitanime, le hasard et les connexions me permettent de rencontrer Digicraft, un producteur japonais intéressé par le marché amateur international. Là encore, un an s’écoulera, mais le projet n’aboutira pas. pas. » Après hésitation, Pierre Bancov décide de se débrouiller tout seul (et non pas d’acheter une PSP(1)). « J’avais déjà traduit deux tomes de la saga, modifié le programme, implémenté le texte, alors je démarche 07th Expansion, le groupe qui a développé le jeu, et tous les auteurs des musiques en leur montrant le produit final, et là, Ryûkishi07, le scénariste, dit oui. » En 2009, il lance son propre label Saffran Prod pour pouvoir vendre la ver-

UN MÉDIA QUI PEINE À S’IMPOSER Malgré la popularité de la culture japonaise en France, et en particulier du manga, le marché ne semble pas encore prêt pour accueillir les visual novels. Depuis sa sortie, peut-être trop confidentielle, les ventes du Sanglot des Cigales ne décollent pas. Le format des visual novels semble en laisser perplexe plus d’un. « L’idée est de faire passer le produit comme étant un livre tout ce qu’il y a de plus normal, mais sur CD-ROM, ce qui n’est pas tout à fait faux, mais qui rebute un peu tout le monde : les joueurs de jeux vidéo n’y trouvent pas leur compte, et les lecteurs voraces avides de livres et de papier non plus. » Au final, le visual novel n’est qu’une autre façon de raconter une histoire, qui vous réserve de très nombreuses heures de lecture et de clic. Si l’expérience vous tente, le premier volume du Sanglot des Cigales est téléchargeable gratuitement sur le site officiel : www.hinamizawa.fr

Jérôme Salomon  1. Référence au mème « MER IL ET FOU » né sur le forum de gamekult.

Le Sanglot des Cigales © 07th Expansion / Saffran Prod.

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CULTURE  CRITIQUE

HISToIRE

DE l’anIMaTIon JaPonaISE ET DU Manga En

LIVRES

La chronologie au service de la compréhension de l’évolution du manga et de l’animation japonaise. C’est ce que proposent Brigitte Koyama-Richard, Raphaël Colson et Gaël Régner, Karyn Poupée et Jean-Marie Bouissou dans leurs ouvrages. Tous retracent l’histoire de l’animation japonaise et du manga, en les replaçant dans leur contexte socio-politque typiquement nippon. C’est avant tout cet environnement si particulier qui a fait de cette culture ce qu’elle est aujourd’hui : un phénomène. Céline Maxant et Marie Protet 

L’animation japonaise : du rouleau peint aux pokémon Brigitte Koyama-Richard Albator, Astro Boy ou plus récemment Yes! Pretty Cure 5 et Ghost in the Shell, sont des animes ayant un rayonnement international. Pourtant, peu nombreux sont ceux qui connaissent leur origine et leur évolution. C’est pour apporter des éclairages que Brigitte Koyama-Richard a consacré 245 pages à l’Histoire, au présent et au futur de l’animation japonaise. « J’ai voulu faire découvrir une partie de la culture japonaise peu connue en Occident », raconte-t-elle. Sorti le 15 septembre, l’ouvrage démarre au Xe siècle, au moment de la naissance des rouleaux peints. Puis il évolue dans l’Histoire pour arriver aux plus grandes maisons de production qu’elle présente dans la deuxième partie. Pour cela, elle a décidé de laisser la parole aux professionnels de l’animation. « J’ai interviewé une vingtaine de personnes. Je voulais savoir ce qu’ils pensaient de l’évolution et de la globalisation de cet art. C’est quelque chose qui a beaucoup apporté à mon livre et à moi aussi. » Tout cela a été agrémenté de visuels parfois inédits. Elle a sélectionné 450 images, pour lesquelles elle a dû obtenir les droits. Seul bémol, l’absence du studio Ghibli : « Ils n’ont pas voulu apparaître dans ce livre et je trouve ça dommage car leur travail est remarquable ». Sorti le 15 septembre chez Flammarion au prix de 40 euros.

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Hayao Miyazaki, cartographie d’un univers Raphaël Colson et Gaël Régner

Dans Hayao Miyazaki, cartographie d’un univers, il n’est pas question de faire la biographie du célèbre réalisateur, mais plutôt de proposer une analyse de se son univers en décortiquant ses films et ce qui a pu entourer leur création. Ce livre, illustré par des photos, affiches et planches extraites des œuvres citées (de Horus et le Prince du Soleil, 1968 à Ponyo, 2007), se découpe en deux parties. La première est une présentation des œuvres de Miyazaki dans un ordre chronologique. La seconde est une cartographie ou un « schéma directeur de la fiction miyazakienne ». Dans ce schéma, les auteurs ont dégagé les points, que l’on pourrait qualifier de cardinaux, des travaux du réalisateur, comme le couple enfant, le voyage initiatique, la Nature... Chaque élément que l’on retrouve dans tous ses films sont mis en exergue, expliqués et comparés, tel un décodeur du monde mystérieux de Miyazaki. Dans le cas du couple enfant, l’ouvrage nous rappelle que, par étape, le garçon se fait d’abord défenseur de la jeune fille (Nausicaä), qu’il est ensuite question d’une amitié pré-adolescente entre répulsion et attirance (Satsuki et Kanta – Mon Voisin Totoro) et enfin que la fille finit par s’émanciper clairement ((Kiki, Chihiro, Ponyo). La mise en Chihiro page du livre de Raphaël Colson et Gaël Régner est accompagnée d’une iconographie qui permet d’aller et venir entre les deux chapitres. Sorti le 30 septembre chez Les Moutons Électriques au prix de 29 euros.


CULTURE  CRITIQUE

Histoire du manga Karyn Poupée

Karyn PouPée

ManGa

histoire du

histoire du

ManGa

Karyn PouPée

日本漫画の歴史

Histoire du manga est une véritable mine d’informations. Dans ce livre de 396 pages, Karyn Poupée, journaliste de l’AFP à Tokyo, a rassemblé dates et faits marquants qui ont simultanément touché la société japonaise et le manga. « Le manga s’est développé dans un contexte historique, social et politique particulier. Si on ne revient pas sur ce contexte, on ne peut pas expliquer l’évolution du manga à travers les décennies », justifie l’auteure. En plus de nous apporter ces clés de compréhension, Karyn Poupée nous pousse à aller au-delà de nos lectures, de capter toutes les subtilités dont regorge une bande dessinée japonaise, de son humour à ses références culturelles. « Le manga

exporté en France est le plus universel, raconte-t-elle. C’est essentiellement du manga pour adolescent avec des héros apatrides. On peut ne pas voir les codes japonais dans Naruto par exemple, mais ça n’empêche pas de comprendre l’action. » Mais prenez un titre comme Solanin et un minimum de connaissances vous sera nécessaire. Si le style rédactionnel peut parfois manquer de souplesse pour le cœur de cible du manga, Karyn Poupée arrive sans mal à faire passer les points essentiels de cette interaction permanente entre l’Histoire du Japon et le manga. Sorti le 3 juin chez Tallandier au prix de 23 euros.

Manga, Histoire et univers de la bande dessinée japonaise Jean-Marie BOUISSOU

Jean-Marie Bouissou

manga, aborde les univers du Avec Manga, Histoire et univers de crit par un Jeanpassionné de manga depuis plus manga de façon ludique et la bande dessinée japonaise, de trente ans, qui se trouve être également un universitaire dont les travaux contemporain pédagogique en en citant plus Marie Bouissou cherche à donner les sur le Japon font autorité, voici un livre qui prend au sérieux le moyens à quiconque d’appréhender ley répondredeavec600. manga et fait le tour (pour allégresse et pertinence) de toutes les questions que l’on peut se manga. Il va rassurer les poserparents, à son sujet. dont Il montre comment, à partir de ses lointaines origines, Et la meilleure façon d’expliles enfants sont pris de passion pour le manga a su devenir une puissante industrie et un à part entière qui reflète lesquer évolutions la le demanga, est aussi pour ce type deestlecture, quimédia partent sur des Jean-Marie Bouissou spésociété et des mentalités collectives japonaises. cialiste du Japon contemporain et priori directeur de(violence recherche Il en déchiffre les narraspécificités graphiques etde narratives, lui le replacer dans son à visuelles ou à Sciences Po. Ses derniers les univers imaginaires avec leurs codes et leur morale, ouvrages sont Quand les sumos contexte tives)à danser. nésLad’un culturel entre et analyse les principaux genres du manga, depuis lessocial et historique. apprennent fin du décalage modèle japonais (Fayard, 2003) séries pour adolescents jusqu’au manga d’horreur en Il reprend par exemple l’évoet la France.passant Sans non plus le post-apocalyptique, etle Le Japon Japon contemporain par la science-fiction, (Fayard, 2007). Il est le fonla pornographie, le politique, le manga d’auteur et bien dateur du réseau de recherche cet ouvrage lution du thème de l’apocaêtre politique, explique les d’autres encore. Manga Network. avec ce livrede le rêve de mettre l’expérience lypse avec comme mangas grands codes culturelsJ’aietréalisé l’humour et l’exigence méthodologique du chercheur au service d’une passion ancienne. Puissent les lecteurs: Gen d’Hiroshima témoins la bande dessinée japonaise (la très sexuaprendre autant de plaisir à lire ce livre que j’en ai eu (Keiji Nakazawa, 1973) ou lité, l’apocalypse). En commençant par à l’écrire. Larme Ultime (Shin Takahashi, expliquer qu’il existe un panel infini 2000), qui se sont succédé de mangas : pour enfant, pour adulte,  et qui sont la 19,50 représentation pour retraité... Et que les modes de d’une époque, d’un état d’esconsommation de ces bandes dessiprit des Japonais. nées sont très différents des nôtres.

Jean-Marie BOUISSOU MAngA Histoire et univers de la bande dessinée japonaise

MAngA

© D.R.

E

www.editions-picquier.fr

Jean-Marie Bouissou, directeur de Éditions recherche à Sciences Po (CERI), spéPhilippe Picquier cialiste du Japon contemporain et du

Sorti le 21 octobre chez Phi9 782809 701975 lippe Picquier au prix de 20,50 euros.

Éditions Philippe Picquier

Éditions Philippe Picquier

Manga.indd 1

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CINÉMA - DRAMA  CRITIQUE

lES

HÉRoS DE l’HISToIRE VUS DanS DES

DRAMAS

School drama, aventure, comédie, tragédie... Les genres de drama - tout comme les mangas - sont de plus en plus nombreux. Parmi eux, les dramas historiques. Basés sur des histoires vraies, ils mettent la plupart du temps en lumière un personnage ayant eu un fort impact sur l’histoire du Japon. Contrairement à la Corée du sud, où leur succès est grandissant, leurs homologues nippons ne sont pas excessivement nombreux. Et encore moins nombreux sont ceux à avoir un écho en France. Pourtant, malgré quelques erreurs de réalisation et des prises de raccourcis, les dramas d’époque permettent de décortiquer l’histoire complexe du Japon. Petit tour d’horizon sur quatre d’entre eux. Marie Protet 

Byakkotai (2007) : le sacrifice de toute une jeunesse Les dramas historiques ont tous pour objectif, direct ou indirect, de donner une leçon de vie au téléspectateur. Mais Byakkotai en a fait son fil conducteur. Shintaro et Yûsuke, deux jeunes adolescents insolents, vont découvrir la vie de leurs ancêtres : Mineji (Yamashita Tomohisa) et Gisaburô (Tanaka Koki), âgés de 16 ans et membres de l’armée du Byakkotai. Pendant la guerre civile du Boshin, en 1868, alors qu’ils savent à peine manier un fusil et un katana, ils vont être envoyés sur le front pour défendre leur shogun et la ville d’Aizu. Dévotion, esprit de famille, loyauté et honneur sont les valeurs développées dans ces deux épisodes long de deux heures. On y découvre le mode de vie d’un jeune samouraï, la guerre sanglante entre clans, et la mort qui pèse au dessus de leur tête. Et puis, il y a les relations mère-fils, difficiles pour Mineji et remplies d’amour pour Gisaburô. On se demande quel comportement les mamans doivent adopter : la distance pour ne pas que leur fils s’attache et qu’il se donne la mort plus facilement

AL MANGA MAG 40 TOT NOVEMBRE 2010

Atsu-hime (2008), l’histoire d’une princesse déterminée Même époque, même contexte politique mais autre clan et autre héros. Cette fois-ci, il s’agit d’une héroïne, la princesse Atsu (Miyazaki Aoi). L’histoire commence dès sa naissance, en 1835 dans une famille de puissants gouverneurs, dévouée au clan Satsuma. Pour situer le contexte, c’est le même clan qui se battra plus tard contre le Byakkotai de Mineji.

ou lui donner tout son amour tant qu’il est encore vivant ? Petit conseil : préparez vos mouchoirs. Seul petit bémol pour ce drama émouvant et bien construit, une grosse erreur temporelle vers la fin du premier épisode : Mineji, blessé au visage, est soigné avec un pansement autocollant comme on en trouve aujourd’hui dans nos pharmacies. Rappelons que l’histoire se déroule au milieu du XIXe siècle... Mais les images suivantes, qui le montrent en train de l’arracher violemment sèment le doute. La production ne se serait-elle pas rendue compte de son erreur et n’aurait-elle pas finalement joué sur l’humour ? À méditer.

Pour des raisons politiques, la jeune Atsu, au caractère bien trempé, va être mariée au treizième shogun, Tokugawa Iesada. À partir de ce moment-là, elle va avoir une grande influence sur les événements du pays, notamment sur les différents conflits. Pendant 50 épisodes (diffusés pendant une année), on suivra son combat de femme au sein d’un monde très masculin et violent. À travers les yeux de cette jeune


CINÉMA - DRAMA  CRITIQUE

Tenchijin (2009) : un page entêté conquiert le pays

femme, le téléspectateur est plongé dans le monde politique de l’ère Edo. Notamment à la période d’ouverture des frontières aux étrangers, qui plus tard, transformera le pays tout entier. Pure, dotée d’un grand sens de la justice et déterminée, Atsu-hime est la femme presque parfaite. Au point de se demander si l’histoire n’a pas été un peu enjolivée.

Faisons maintenant un bond en arrière pour nous retrouver au XVIe siècle. Il est toujours question de guerre entre clans, de samouraïs et d’enjeux politiques. Ici, on nous dresse le portrait du plus jeune serviteur de l’histoire du Japon. À cinq ans, le jeune Yoroku est forcé de quitter sa famille pour apprendre à devenir page et servir le jeune Kiheiji, qui deviendra plus tard le seigneur Uesugi Kagekatsu (Kitamura Kazuki), fils adoptif du grand conquérant Uesugi Kenshin (Abe Hiroshi). Entêté, pleurnichard mais avec un

grand sens de la justice, il va passer sa vie au service de son seigneur et le pousser vers la gloire. Pourtant, au départ rien n’est gagné. Le jeune garçon refuse de quitter ses parents et a beaucoup de mal à se faire une place auprès de ses pairs, de par son jeune âge. Gaffes, insolence et fugues rythment son enfance. Mais sa sympathie pour son seigneur va finalement prendre le dessus et la loyauté sera à l’origine de toutes ses actions. Au cours de sa vie, Higuchi Yoroku va changer de nom pour devenir Higuchi Kanetsugu et enfin Naoe Kanetsugu (Tsumabuki Satoshi). Au fil de son parcours et de son expérience Naoe va s’avérer être le « tenchijin » de son époque. « Ten » signifiant : le temps du paradis, « chi » : les gains et « jin » : l’harmonie du peuple. Ainsi, celui qui réunirait les trois serait capable de conquérir le pays.

Fûrin Kazan (2007) : l’anti-héros par excellence Encore une fois, les histoires sont différentes mais le contexte historique est le même. Le drama Fûrin Kazan s’arrête également au XVIe siècle où l’on retrouve entre autres Uesugi Kenshin un peu plus jeune (interprété par Gackt) ainsi que le clan Takeda. Mais cette fois-ci l’objectif de la caméra n’est pas tourné vers un seigneur ou un vassal au parcours irréprochable. Il s’agit de Yamamoto Kansuke (Uchino Masaaki), un rônin borgne, boiteux et sale, que toutes les armées refusent d’engager. Pourtant, cet homme a un fort talent pour ce qui concerne l’art de la guerre. Stratégique et malin,

il est capable de deviner le comportement des armées. Il va finalement rejoindre les rangs du clan Takeda, dans l’objectif d’unifier le Japon. Ici, on nous montre un Japon plus barbare, beaucoup moins raffiné. On intègre un peu plus le monde paysan de l’époque où la famine règne. Malgré son physique qui laisse à désirer et sa personnalité excentrique, on s’attache très vite à ce personnage farfelu. Pour cela, le drama joue sur la pitié, mettant en avant le rejet des autres envers Kansuke. Mais

par son intelligence et son courage il va réussir à s’imposer et montrer sa personnalité. Le vilain petit canard finit alors par se rapprocher du cygne.

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CINÉMA - DRAMA  CRITIQUE

KOKUHAKU :

ClaSSE, Ton UnIVERS IMPIToYaBlE « Kowai(1) ». Commencez à parler de Kokuhaku et c’est l’adjectif qui reviendra invariablement. Si ce qualificatif ne correspond pas réellement à ce qui était certainement LE film événement de l’été au Japon, l’anecdote a le mérite de mettre en lumière le fait qu’il s’agit d’un film radical et qui ne laisse pas indifférent. Une œuvre extrêmement sombre au point que son succès public en a surpris plus d’un. suma Monogatari – 2004) et de Memories of Matsuko (Kiraware Matsuko no Isshô – 2006) qui est à la barre. Deux films qui témoiUne séquence d’ouverture qui fait gnaient d’un soin tout particulier, aussi office de manifeste, surprenante bien dans la photographie que dans comme ne cessera de l’être ce film le rythme ou les effets de réalisation. maîtrisé jusqu’à la moelle. En réaSur Shimotsuma, l’adjonction d’effets lité, le spectateur s’apercevra rapidespéciaux permettait de transformer le ment que cette scène ne livre que des film en un véritable anime live, transinformations lacunaires sur la réalité posant avec brio les effets habituels des évènements. De là, découlera du genre pour en toute une série traduire le caractère de réactions « Tetsuya Nakashima surréaliste. (celles des a encore frappé fort et élèves). Des surtout, a su adapter son Photographie glacée réactions qui, style à l’histoire. » à dominante de en livrant le bleu, assortie d’un ciel bas et menapoint de vue des différents protagoçant, rythme lent et vaporeux privinistes et leur connaissance des faits, légiant une abondance de ralentis, le vont petit à petit lever le voile sur tout bercé par le titre Last Flowers, de toutes les circonstances et répercusRadiohead ; si le visuel de Kokuhaku sions de l’affaire et sur le psychisme est en totale opposition avec ceux de des élèves impliqués. Shimotsuma et de Matsuko, force est de reconnaître que Tetsuya Nakashima On retrouve ainsi par certains aspects a encore frappé fort et surtout, a su une structure à la Rashômon, si ce adapter son style à l’histoire. La réan’est qu’ici l’histoire continue parallèlisation démontre ainsi un niveau de lement d’aller de l’avant. Le film allie donc un véritable scénario à tiroirs, intelligemment conçu, à une mise en scène au diapason : léchée, froide, quasi clinique, aérienne, en adéquation totale avec son sujet.

tue la classe. Mme Moriguchi (Takako Matsu) démissionne, mais non sans avoir avoué aux élèves que la mort de sa fille, quelques mois auparavant, déclarée comme accidentelle, est en réalité le fait d’élèves de la classe, qu’elle s’abstiendra de nommer.

A VENGEANCE D’UNE MÈRE Une salle de classe ordinaire. Les élèves s’agitent dans la plus parfaite insouciance, naviguant entre innocent badinage et cruauté ordinaire, pendant que, impassible au milieu de cette tourmente, en total décalage, leur professeur attend calmement. L’annonce (ou la « confession », pour reprendre le titre du film) que celle-ci s’apprête à faire va déclencher un véritable séisme au sein du microcosme que consti-

T ITRE

oRIgInal

: Kokuhaku

R ÉalISaTIon : Tetsuya Nakashima

a CTEURS : Takako Matsu, Masaki Okada, Yoshino Kimura S oRTIE : 5 juin 2010

Ce n’est pas surprenant lorsque l’on sait que c’est Tetsuya Nakashima, le réalisateur de Kamikaze Girls (Shimot© Tetsuya Nakashima / Kohuhaku Production Commitee

AL MANGA MAG 42 TOT NOVEMBRE 2010


CINÉMA - DRAMA  CRITIQUE

précision qui n’aurait rien à envier à David Fincher ou Chan-wook Park.

CONFESSION D’UNE RÉUSSITE Et le public – comme la critique – ne s’y est pas trompé. Sorti en juin 2010, le film a totalisé plus de 3,7 milliards de yens de recette pour 2,9 millions de spectateurs, faisant salle comble pendant plusieurs semaines. Une réussite totalement méritée mais qui reste étonnante au regard de la noirceur de ce long métrage sans concession. Ainsi, le magazine Kinema Junpô – une véritable institution de la presse cinématographique japonaise – titrait un des articles de son dossier consacré au film (en couverture du numéro de juin dernier) « Le jour où l’on pourra voir des films de divertissement qui finissent mal au Japon ». Produit par un des plus importants studios japonais – la Toei –, adapté

d’un roman best-seller de Kanae Minato et réunissant jeunes « talents » populaires issus du monde de la pop japonaise ou des dramas (notamment Masaki Okada) et acteurs expérimentés (Takako Matsu et Yoshino Kimura), Kokuhaku tend à prouver que de véritables réussites peuvent naître au sein du système de production commercial japonais, tout du moins quand de véritables réalisateurs et scénaristes se voient confier les commandes. À ce titre, on pourrait le comparer à GO, réalisé par Isao Yukisada, œuvre beaucoup moins sombre mais qui avait su marier un sujet fort mais au faible potentiel commercial apparent, et une forme accrocheuse pour devenir un énorme succès critique et public en 2001. Mais si ce dernier avait aussi rencontré de bons échos dans les festivals occidentaux où il avait été projeté, il n’avait cependant pas bénéficié d’une véritable distribution hors Asie.

© Tetsuya Nakashima / Kohuhaku Production Commitee

Kokuhaku a d’ailleurs été choisi pour représenter le Japon aux Oscars (catégorie « Meilleur film en langue étrangère »). On ne peut que lui souhaiter d’être nominé (la nouvelle étant prévue pour janvier, un mois avant la cérémonie) et de voir s’ouvrir une carrière internationale aussi féconde que celle d’Okuribito avant lui (Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2009).

Pascal Voglimacci  1. Adjectif signifiant effrayant en japonais


CINÉMA - DRAMA  CRITIQUE

BECK : BRanCHEZ lES STRaTo Après avoir été adapté en anime en 2004, Beck, le manga rock de Harold Sakuishi débarque sur grand écran, donnant enfin un peu de chair à Koyuki et compagnie. Le film, sorti le 4 septembre 2010 au Japon, constituait l’un des événements cinématographiques de cette fin d’été.

OMBAT ROCK Rares sont les projets d’adaptation dont la simple évocation suffit à enflammer l’imagination. Mais s’il est quelque chose de commun à la plupart, c’est bien la peur de la débâcle, la crainte de voir un univers original dénaturé, une histoire pleine de complexité résumée sur un timbre poste, ou encore des personnages attachants perdre paradoxalement toute épaisseur alors qu’ils gagnent une dimension en passant du papier à l’écran. Aussi, le résultat est bien souvent – au mieux – plaisant mais oubliable (Death Note, Nana 1, Azumi...) voire désas-

T ITRE

oRIgInal

: Beck

R ÉalISaTIon : Yukihiko Tsutsumi

a CTEURS : Takeru Satô, Aoi Nakamura, Hiro Mizushima S oRTIE : 4 septembre 2010

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treux (Dragon Head, Nana 2, L Change the World). Au final, ce sont généralement les adaptations les plus audacieuses qui, sans nécessairement faire l’unanimité, se révèlent capables d’apporter quelque chose de réellement nouveau au matériau originel, au delà de la simple transposition (Casshern, Mayonaka no Yaji-san Kita-san, Koi no Mon, Ping Pong...). Beck est certainement le manga auquel l’adjectif rock correspond le mieux. Une œuvre qui transpire l’amour de la musique à chaque page mais dont la réussite va bien au-delà d’un simple étalage de références. C’est tout d’abord dans sa description – menée avec une acuité rare – du monde musical et du quotidien d’un groupe indé que le manga se révèle particulièrement délectable et accomplit quelque chose d’unique. Mais au-delà de ça, il comprend toutes les qualités nécessaires pour attirer le public : un savant mélange de comédie et d’émotion, une galerie de personnages attachants au caractère savamment défini, et enfin, un « héros » qui facilite l’identification du lecteur. À cet égard, Beck est tout simplement un grand manga initiatique, soit un type de récit qui sied généralement bien au grand écran.

Une matière première en or donc, mais d’autant plus difficile à transposer qu’elle foisonne de qualités.

AND THE WIND CRIES KOYUKI : UN FILM ENTRE EXCITATION ET FRUSTRATION Il y avait donc naturellement de quoi être inquiet. Il était évident que le réalisateur allait être confronté à des choix et que certains éléments allaient passer à la trappe. Le parti pris de Yukihiko Tsutsumi (réalisateur principalement issu du milieu des dramas puisqu’il a participé notamment à Ikebukuro West Gate Park et Stand Up!! ; mais on lui doit aussi des long métrages comme 2LDK et la trilogie 20th Century Boys) est de retranscrire le plus fidèlement possible le visuel et le ton du manga au moyen d’un mélange savamment dosé d’humour et d’émotion. On a donc affaire à une réalisation très classique pour une transposition on ne peut plus fidèle à la manière du premier Nana. À ce titre, le film, d’une durée conséquente (environ 2h30), prend son temps pour brosser avec précision les personnages que l’on découvre avec une jubilation certaine comme sortis


CINÉMA - DRAMA  CRITIQUE

Saitô. Un passage très bien réalisé, résumant les références musicales du manga, rendant crédible l’évolution de Koyuki sur le plan musical, et distillant une bonne dose d’humour.

Bien évidemment, le film perd une bonne partie de ce qui faisait le sel du manga pour les amateurs de musique (la réalité de l’enregistrement en studio, les rapports avec le label...). Mais l’essentiel est là : les personnages et, justement, la musique.

Grand nombre des personnages et d’intrigues secondaires sont logiquement supprimés, ce qui amène à l’histoire la simplicité et la fluidité nécessaires à son passage sur grand écran.

Dommage, car, sans cela, le film aurait pu maintenir la tension sur toute la durée, la mise en scène de la musique sachant prendre le spectateur aux tripes à de nombreuses reprises.

Au final, on se retrouve simplement devant un film plaisant, nous faisant osciller entre excitation et frustration, là où il y avait matière à un grand film rock.

Pascal Voglimacci 

Cependant, quelque chose cloche, et certains partis pris qui pouvaient sembler pertinents au départ se révè© 2001 Harold Sakuishi / Kodansha Ltd.

© Harold Sakuishi / Kodansha © 2010 BECK Production Committee

L’aspect musical du film était d’ailleurs une des grosses craintes. Ainsi pour Nana, si les chansons composées et produites par Hyde étaient extrêmement efficaces, Sid Vicious devait directement des pages du manga. cependant rire doucement dans sa Incarnés pour la plupart par des têtes tombe en apprenant qu’il était LA connues, issues des récents dramas à référence affichée par le groupe Black succès (Takeru Satô, Hiro Mizushima, Stones. Les chansons du groupe Beck, Osamu Mukai...), ils constituent cepensans être inoubliables, collent relativedant des choix judicieux et se révèlent ment bien au style particulièrement « On a donc affaire à une que l’on imaginait bien dirigés. réalisation très classique pour le groupe, et la mise en image Le réalisateur pour une transposition des scènes de se focalise donc on ne peut plus fidèle à concerts ainsi que essentiellement la manière du premier le jeu des acteurs sur Koyuki, Saku Nana » sont loin de faire et les membres de honte à l’idée que l’on s’en faisait en Beck. Il filme ainsi l’émancipation d’un lisant les pages du manga. Idem pour jeune garçon relativement faible de Belle Âme qui correspond parfaitecaractère qui, en découvrant le rock au ment à l’image véhiculée sur papier contact de Ryûsuke, véritable prodige et qui constitue un parfait contrepoint de la guitare, va se révéler à lui-même commercial à Beck. On regrettera tout et se construire une véritable famille de au plus le manque de charisme du musique. groupe The Dying Breed.

lent rapidement ridicules, laissant une cruelle impression d’inachevé. Le plus flagrant étant l’utilisation de volutes sonores plutôt aériennes pour figurer la voix de Koyuki. Si cette idée de couper la voix de l’acteur pour traduire l’aspect surréel et universel du talent inné du personnage fonctionne les deux premières fois, ça devient très rapidement un gimmick lassant, au point que l’on a l’impression que le réalisateur a simplement renoncé, faute d’avoir trouvé la voix idéale.

Certaines séquences permettent d’accélérer la narration au moyen de montages et d’ellipses tout en préservant la crédibilité et la cohérence de l’ensemble, comme l’apprentissage de la guitare par Koyuki auprès de Monsieur

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JOKER YURUSAREZARU SÔSAKAN PoURSUIVRE lÀ oÙ la JUSTICE S’aRRÊTE Parmi les dramas qui ont marqué cet été 2010, on retrouve JOKER Yurusarezaru Sôsakan. Diffusée du 13 juillet au 14 septembre sur la chaîne Fuji TV, cette série live raconte le parcours d’un flic un peu bizarre mais bien sous tous rapports : calme, patient et intelligent. Rien ne laisse penser que le soir, à la sortie du travail, il part à la rencontre des meurtriers qu’il n’a pas pu arrêter pour leur rendre la monnaie de leur pièce. faire lorsque l’on est persuadé que le suspect est le meurtrier mais que la justice ne peut pas le condamner ? Certains baisseront les bras, se résigneront, d’autres décideront de faire justice eux-mêmes. Date Kazuyoshi (Sakai Masato), lui, a opté pour la deuxième solution. Surnommé « le bouddha », ce flic de la préfecture de Kanagawa est toujours calme, ne s’énerve jamais et mène ses enquêtes dans le respect des règles. Dans certaines de ses investigations, faute de preuve ou à cause de proches au bras long, les suspects retrouvent la liberté... juste avant que Date ne les retrouve et qu’il ne pose alors les limites du mal et de la justice. Ce justicier hors du commun n’hésite pas à faire disparaître de façon mystérieuse les coupables qui croyaient jusque là pouvoir s’en sortir. UE

Chacun des dix épisodes de la série mettent en lumière un crime différent, élucidé par Date-san et son équipe. Souvent, il est question d’une affaire où l’identité du meurtrier est évidente, comme cet incendie dans une maison de retraite ou le meurtre d’une jeune fille et de son ex-petit ami. Mais justement trop évidente pour ce policier malicieux. Dans ses investigations, il est suivi par une bleue, Miyagi Asuka (Watanabe Anne), innocente et un peu AL MANGA MAG 46 TOT NOVEMBRE 2010

naïve, et par un jeune membre de la police scientifique, Kudo Kenji (Nishikido Ryo). Tous les trois, avec leur personnalité différente, vont faire avancer l’enquête qui s’arrêtera à cause des failles du système.

DES PERSONNAGES TORTURÉS Malgré des caractères qui semblent à première vue opposés, ces trois personnages ont tous vécus un drame dans leur vie. Un passé douloureux que Date cache derrière son calme et sa patience et que Kudo cherche à dissimuler derrière son grand sourire et son comportement de « petit emmerdeur ». Quant à Miyagi, la mort de son frère, policier et ancien collègue de Date, l’a poussée à entamer une carrière d’enquêtrice et à intégrer ce service. Ces antécédents marquent finalement le point de départ de toute l’histoire. Sans de telles blessures, le héros de ce drama n’aurait pas eu cette idée de condamner lui-même les coupables. La question de la vengeance se pose alors. Agit-il seulement par justice ou par colère ? Les rôles s’inversent et le coupable devient victime, amenant presque le spectateur à la pitié. Presque, car Date reste toujours le « gentil » et le meurtrier le « méchant » que l’on doit condamner. Malgré ce

comportement douteux, notre sympathie pour le personnage principal reste intacte. Car il côtoie les limites sans les franchir. C’est là que réside la différence avec les autres histoires de justice comme celle du célèbre manga Death Note de Tsugumi Ohba et Takeshi Obata. Alors que Light utilise son précieux pouvoir pour faire lui-même le procès de tous les délinquants et les meurtriers, il finit par condamner des innocents. Date, lui, s’impose des règles qui l’empêchent de dépasser les bornes. Il semble être le joker de la justice. Celui qui termine le travail, alors que le système se trouve dans une impasse.

Marie Protet 

T ITRE

oRIgInal

Sôsakan

: Joker Yurusarezaru

F oRMaT : 10 épisodes de 45

minutes

C HaÎnE : Fuji TV

S CÉnaRIo : Muto Shogo

R ÉalISaTIon : Hijikata Masato, Tsuzuki Junichi, Ishikawa Junichi

P RoDUCTIon : Inada Hideki, Nagai

Reiko



COSPLAY  REPORTAGE

LA

NOUVELLE-NÉE DES COMPÉTITIONS DE COSPLAY,

L’EUROCOSPLAY

On connaissait le World Cosplay Summit, grande compétition internationale et rassemblement annuel du cosplay au Japon. Désormais, tous les regards se tournent vers l’EuroCosplay. La finale de ce nouveau concours, dédié aux cosplayeurs européens, s’est déroulée le 30 octobre 2010 à Londres pendant la MCM Expo. avant d’en arriver là, des présélections ont eu lieu dans toute l’Europe : en Espagne, au Danemark, en Belgique ou encore en Pologne, chaque pays pouvant faire partici-

per jusqu’à deux représentants. En France, les épreuves éliminatoires ont été organisées entre la première édition du festival Lovin’Japan (avril 2010), qui a sacré l’incarnation de

© Florian Lambert

AIS

Prestation de Mathieu en Big Daddy de Bioshock sur la scène de Paris Manga 10

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TOTAL MANGA MAG

Poison Ivy (Batman), et la dixième édition du salon Paris Manga (septembre 2010), qui s’est laissé séduire par celle de Big Daddy (Bioshock).

DANS LES COULISSES DES PRÉSÉLECTIONS Les participants ont tout d’abord été choisis sur photos, préalablement envoyées, pour « éviter un trop grand nombre de candidats sur le défilé lé », comme l’explique Alexandra, une des organisatrices bénévoles des sélections à Paris Manga. C’est vrai qu’avec deux à cinq minutes de passage sur scène par concurrent, le temps peut vite sembler long pour le public. Le jury était, quant à lui constitué de cosplayeurs reconnus, chacun ayant plus ou moins une spécialité. Et c’est ainsi que les candidats étaient à la fois jugés sur la qualité de leur costume, la ressemblance avec le personnage incarné, la technique utilisée, ou encore la prestation scénique. Un cadre strict qui repose aussi beaucoup sur le ressenti de chaque juré et sur l’enthousiasme du public. Techniquement rien de nouveau, puisque la plu-


COSPLAY  REPORTAGE

Comment l’idée de l’EuroCosplay vous est-elle venue ? C’est grâce à la MCM Expo. Son organisation nous a suggéré l’idée d’une compétition européenne il y a 4 ans, cela vous donne une idée du temps que le projet a mis pour aboutir. De mon point de vue, l’EuroCosplay était vraiment une idée excitante. Mettre en place une compétition européenne est un bon moyen d’inspirer et d’encourager non seulement les cosplayeurs anglais, mais aussi ceux de toute l’Europe. Ceci afin de faire partager notre expérience aux autres salons, de manière à briser un peu les barrières entre les pays. C’est aussi une bonne excuse pour réunir quelques célébrités du cosplay. Quel est l’objectif de cette compétition ? L’EuroCosplay cherche à valoriser l’image du cosplay à travers l’Europe et à inviter les cosplayeurs actuels et futurs à renforcer la communauté du cosplay. Ainsi, plutôt que de promouvoir le meilleur cosplayeur d’Europe, l’EuroCosplay est une célébration du cosplay à travers l’Europe. Le concours cherche à promouvoir la connaissance et la passion d’une communauté dans différents pays. En plus de valoriser l’image de cette passion, nous espérons trouver de nouvelles personnes qui voudraient faire partie de cette communauté, si seulement elles en avaient la connaissance. Son organisation a-t-elle été facile ? Ou avez-vous dû faire face à des problèmes ? Une fois que nous avions le schéma global pour l’évènement en lui-même, le tout était de trouver, contacter, et discuter les détails avec les salons qualificatifs potentiels en Europe, ce qui a été une grosse part du travail. L’un des plus grands challenges a été de trouver des manifestations dans certains coins d’Europe. Par exemple, il y a une scène cosplay très active dans l’Europe de l’Est, mais la publicité se fait seulement par des forums locaux, ou par le bouche à oreille ! Cela nous a pris un moment pour nous accorder sur les règles et sur la forme de ce concours européen. Il existe à travers l’Europe des avis très affirmés sur ce qu’une compétition de cosplay doit être, particulièrement dans les pays avec une longue tradition du cosplay. Mais il était important de mettre en place un évènement qui serait accessible à tous et qui inspirerait les pays où la communauté du cosplay se développe tout juste. Le format [ndlr : du concours] est volontairement simple et facile à intégrer dans les compétitions déjà existantes. Après tout, le cosplay est une affaire de créativité et de fun et nous ne voulons pas gâcher cet esprit. Avez-vous l’intention d’organiser cette compétition chaque année ? Oui. En fait, les sélections pour 2011 sont déjà en préparation, et nous avons de nouveaux pays qui souhaitent participer à l’évènement l’an prochain. Je pense que c’est un nouveau rassemblement excitant pour tous les cosplayeurs d’Europe.

Propos recueillis par Maroussia Pagano

part des concours de cosplay profitent de ce système qui commence à être rodé. Mais là où le World Cosplay Summit semble plus s’intéresser au show et à la prestation des candidats (avec une immense parade), l’EuroCosplay se veut plus axé sur la réalisation des costumes, histoire de prouver que les Européens aussi sont capables de faire des merveilles... Avec des ladies tout droit sorties de Black Butler, ou un Lelouch de son Code Geass.

FAITES PLACE À BIG DADDY C’est donc au cours de ce weekend... et à l’issue d’une remarquable compétition qu’a été sélectionné le second participant français, Mathieu, dit Mathoz. Ce graphiste-maquettiste de 25 ans est un habitué des concours de cosplay depuis 5 ans. Il a à son actif déjà plus d’une trentaine de costumes, dont certains lui ont demandé beaucoup de travail : « Je mets en moyenne un mois et demi pour créer un costume », témoigne-t-il. D’Iron Man au célèbre Tibiscuit issu des films

d’animation Shrek, en passant par les « Pampa » (nos amis cactus des Final Fantasy), ses inspirations sont aussi diverses qu’originales. Il nous avoue être attiré plutôt par les films fantastiques et les jeux vidéo, surtout le retrogaming, que par l’univers des mangas, ce qui ne change en rien ses motivations : « Au final, le cosplay, c’est faire en sorte qu’un personnage imaginaire devienne réel, et ça, ça me plaît beaucoup. » ...

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COSPLAY  REPORTAGE

... Question réalisation, il privilégie les plaques de mousse à la couture, mais là aussi, tout dépend du costume réalisé. Pour les présélections à Paris Manga, il s’est tourné vers un ennemi connu des joueurs de Bioshock, Big Daddy. Ce monstre sous armure et au bras-foreuse semble lui avoir porté chance, mais a également nécessité un gros investissement, tant dans la confection que dans le budget. « Un costume ou une armure simple, ça va de 60 à 80 euros en moyenne [...] mais pour celui que j’avais lors de ma sélection pour l’EuroCosplay, il y avait à l’intérieur un système de caméra et de moniteur pour bien voir, ainsi que des lumières. Là, ça demande une certaine somme, de 300 à 500 euros ». En effet ! Mais le jeu en valait la chandelle, puisque lors de sa prestation, la

© Florian Lambert

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TOTAL MANGA MAG

surprise a été totale lorsque la foreuse s’est mise à tourner, et les lumières à changer de couleur. Le tout était accompagné d’une bande son humoristique version téléachat, nous vantant les qualités du Big Daddy et son

« La surprise a été totale lorsque la foreuse s’est mise à tourner » prix exceptionnellement bas. Une victoire bien méritée, quand on sait que Mathieu s’était également présenté aux sélections organisées à Lovin’Japan, où il est arrivé troisième. Maintenant que les présélections sont terminées, direction Londres et la finale de l’EuroCosplay. Sorte de cadeau avant l’heure, les organisateurs offrent aux qualifiés voyage et héber-

gement sur place. Si aucune information n’a filtré quant au déroulement du concours ou à d’éventuels prix, nous avons pu interviewer un des organisateurs du salon (voir encadré), qui nous explique comment leur est venue l’idée d’une compétition européenne. Du côté de Mathieu, on aborde l’évènement sereinement : « Je me prépare comme pour un concours “normal” [...] et je suis content de connaître de nouveaux cosplayeurs étrangers, en plus de revoir nos amis belges et suisses ! Je pense que c’est ça, le point fort de ce genre de concours : de nouvelles rencontres ».

Maroussia Pagano  Retrouvez toutes nos photos du cosplay à Paris Manga 10 sur www.total-manga.com/ paris-manga10


FANART

M’sieur-KA nous présente ici trois de ses shinigamis réalisés dans le cadre d’un plus grand projet. Celui de créer un lot de douze shinigamis et de douze espada différents de par leur style de vêtements, de têtes, de zanpakutô, etc. « Je m’inspire particulièrement des travaux de Tetsuya Nomura(1), comme pour le "Gun-Zanpakutô", ainsi que d’autres personnages en tout genre qu’il m’arrive de croiser sur le net. J’ai bien dit "en tout genre". Mais pour être franc, la plupart de mes idées viennent surtout de mes rêves hasardeux... » Pour la petite anecdote, si ses shinigamis portent des bottes, c’est bien parce que pour lui, « c’est bien plus facile à dessiner que des pieds ! » Son profil : www.total-manga.com/msieur-ka Alimenté chaque jour par ses membres, l’espace Fanart de Total Manga est un vivier de créateurs. Nous vous proposerons désormais chaque mois de découvrir l’un de ces artistes à travers ses croquis. (www.total-manga.com/art-zone)

1. Character designer chez Square Enix

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Philippe JEANNETEAU Dessinateur et co-scénariste

Olivier DESMONTS Co-scénariste et assistant


10 MOIS PLUS TÔT…

MARION, DÉPÊCHE TOI OU ON VA RATER LE BUS !!

OUI J’ARRIVE !! JUSTE CINQ SECONDES !!

MAIS QU’EST-CE QUE TU FABRIQUES !?


ME VOILÀ SŒURETTE !!

OH MAIS QUELLE CANON !!

HEIN ?! MAIS QUE…

MA GRANDE SŒUR ADORÉE !!! T’ES TROP BELLE, JE T’ADORE !!

ARRÊTE ÇA PAUVRE CINGLÉE !!


TU STRESSES PAS TROP POUR LA RENTRÉE ?!

DIS PAS N’IMPORTE QUOI ! CA VA TRÈS BIEN SE PASSER…

MOI…

T’INQUIÈTE, LA PREMIERE JOURNÉE EST TOUJOURS COOL !

C’EST FACILE POUR TOI MAIS MOI JE RENTRE AU LYCÉE !

BONJOUR MONSIEUR !

BONJOUR !

HEP !!


À CE SOIR PETITE SŒUR !

LYCÉE ZHEIT MANN

OH ! T’ES PAS AU COURANT, Y’A UN NOUVEAU !

JE ME SUIS TROP ENNUYÉE PENDANT LES VACANCES… PAS UN SEUL MEC DE VALABLE, COMME AU BAHUT !

COMMENT ÇA VA ? SALUT MARION !

QU’EST-CE QUI VOUS AGITE COMME ÇA ? PARAIT QUE Y’A UN BEAU GOSSE QUI VA ARRIVER…

IL S’APPELLE JUSTIN HENRI !

J’AI TROP HÂTE DE VOIR SA TÊTE !!

C’EST IMPOSSIBLE…


HO NON ! MON CHEWING GUM !!

MAIS IL NOUS FONCE DESSUS !!

JE RÊVE…

C’EST QUI CE MALADE ?!!

SAUVÉ DE JUSTESSE…

?



YIIHAAA !!!

HÉ ! SALUT MARION !

COMMENT VAS TU MA BEAUTÉ ?

JE NE T’AI PAS TROP MANQUÉ ?


EST-CE COMME ÇA QU’ON ACCUEILLE SON FUTUR PETIT COPAIN ?

HO NON PAS LUI !!

HEIN ?

CHEF, Y’A UN TRUC LÀ HAUT !!

NON MAIS C’EST QUI CE CINGLÉ ?

CHEF ?!


HO NON !! C’EST UN CHEF DE GANG, JE VAIS ME FAIRE TUER !!


TU T’ES CRU OÙ PAUVRE NAZE ?!

ARRÊTE ZACK !!

C’EST UN AMI D’ENFANCE, NE LUI FAIT PAS DE MAL !!!


SOIT SÛR D’UNE CHOSE !! SI TU LE FRAPPES ENCORE, ON NE SERA JAMAIS ENSEMBLE !!

JE TE PRÉSENTE MES EXCUSES !!

JE NE VEUX PAS ÊTRE LA PETITE AMIE D’UNE BRUTE…


JE SUIS DÉSOLÉ D’AVOIR FRAPPÉ TON AMI MAIS SI JE LE VOIS TOURNER AUTOUR DE TOI…

TU POURRAS LUI DIRE ADIEU CAR TU ES À MOI ET À PERSONNE D’AUTRE !!

HA OUI ?


PAF


PUTAIN, ELLE M’A GIFLÉE CETTE PETITE GARCE !! AUCUNE FILLE N’A JAMAIS OSÉ…

CA FAIT VACHEMENT MAL EN PLUS !! QUELLE DROITE !

ATTENDS GIBRIL ! HÉ HÉ HÉ !! CETTE FILLE ME PLAÎT !!

À SUIVRE…



Sa mémoire renferme la clef qui peut Sauver notre monde... ou le détruire.

A i YA A r em hih Am o ic ki n Yu Yuki &

Une des séries les plUs attendUe de l’année !

le 20 OctObre 2010


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