Hors-série TVB 19 - Femmes & migrations

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En 2000, un accord de paix officiel est signé entre l’Érythrée et l’Éthiopie mais les tensions restent vives. Le FDRPE et Meles Zenawi restèrent au pouvoir pendant 21 ans et développèrent l’économie nationale jusqu’à la mort de ce dernier en 2012. Haïle Mariam Dessalegn, originaire du sud du pays, lui succédera jusqu’aux élections de 2015 où il fut élu. Il démissionnera en 2018, laissant la place au Premier ministre actuel, Abiy Ahmed, qui instaure pour la première fois la parité au gouvernement.

© Laurianne Ploix

Laurianne Ploix

L’Éthiopie d’aujourd’hui

D

ans le dernier Global Gender Gap Report du Forum économique mondial, l’Éthiopie apparaissait dans le top 5 des pays ayant réalisé la plus grande progression en matière d'égalité des genres, en 2019. Les critères pris en compte se concentrent dans l’accès à l’éducation, les opportunités économiques, la santé et la survie, la participation et l’émancipation politique. L’indicateur classait L’Éthiopie au 82e rang sur 153 pays.

À titre indicatif, l’Islande est première, la France 15e, et le premier pays africain est le Rwanda en 9e position du fait de la féminisation de sa population à la suite du génocide, qui a tué une grande partie des hommes du pays. Dans ce rapport, le Forum économique mondial estimait qu’il faudrait attendre encore 99,5 années avant de pouvoir atteindre une égalité femmes-hommes. Lors de notre ciné-débat autour de l’égalité femmeshommes organisé à l’Alliance française d’Addis-Abeba, un groupe de jeunes Éthiopiens nous a confié ne pas sentir réellement les mœurs évoluer mais se rassurer ainsi : « La jeu­nesse de la population éthiopienne laisse espérer une progression du droit des femmes dans le pays » (ndlr environ 60 % de la population a moins de 25 ans en Éthiopie, d’après le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères). « Si l’esprit n’est pas encore formaté et qu’on arrive à montrer de nouveaux exemples, de nouvelles façons de vivre aux plus jeunes, peut-être que la place de la femme pourra évoluer dans notre pays. Il y a encore trop de petites filles excisées et mariées de force, de femmes dépendant de leurs maris, violentées, ou qui n’ont pas accès aux mêmes droits et on entend des choses horribles. Mais ce n’est peut-être que le début de notre progression et cela pourrait changer avec les années. Si on continue d’agir, peut-être que l’on verra les avancées dans le temps », nous confiait une jeune femme engagée dans des mouvements féministes.

Une jeune femme de l’Union africaine a soulevé les chiffres mis en lumière dans le film Women and Men que nous venions de projeter. « On voit dans le film les chiffres de l’Unicef de 2007, que j’ai notés et qui disent que, dans le monde, les femmes accomplissent 66 % du travail mondial, produisent 50 % de la nourriture mais ne perçoivent que 10 % des revenus et 1 % des accès à la propriété. Elles représentent 70 % des pauvres. Cette discrimination est donc un problème mondial, dans tous les pays, pas juste en Éthiopie. En Afrique, ce sont souvent les femmes qui travaillent la terre mais souvent elles n’ont pas le droit de la posséder, c’est un problème. Moi, je viens du Sud-Soudan et je connais une association au Soudan, Mygoma, qui a créé un orphelinat et s’occupe de récupérer les bébés abandonnés dans la rue à leur naissance, la plupart parce que ce sont des filles. Le poids de la tradition est lourd et les discriminations nombreuses. Je pense que nous devons nous aussi les femmes ne plus accepter ces discriminations et être solidaires, nous entraider pour faire progresser nos droits. Ce n’est pas une valeur occidentale associée à la perte de nos traditions, c’est une question de droit et de respect de chacun et de chacune, pour que l’on puisse tous vivre en paix, sans discrimination quelle qu’elle soit. »

Une volonté d’intégrer les femmes à la vie publique et politique La République fédérale démocratique d’Éthiopie est actuellement le seul pays d’Afrique à avoir une présidente à sa tête. Mme Mlambo-Ngcuka, aujourd’hui directrice exécutive d’ONU Femmes, a été vice-présidente d’Afrique du Sud de 2005 à 2008 et supervisait notamment les programmes de lutte contre la pauvreté, à destination des femmes en particulier. Mme Sahle-Work Zewde, ancienne fonctionnaire de l’ONU, est donc la deuxième femme à la tête d’un État africain et compte agir pour l’éducation des petites filles. Elle a été élue par le parlement fédéral composé de la Chambre des représentants des peuples (HPR) et de la Chambre de la Fédération. Son rôle reste essentiellement honorifique. Le Premier ministre éthiopien, M. HS TVB #19 - P.15


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