11 minute read

CHANTIERS

Les travaux d’aménagement de la voie de contournement (Y4) de la ville d’Abidjan, compartimentés en diverses sections et admettant des sous-sections sont en chantier. Avec l’intervention de plusieurs entités de gestion, pour le grand bonheur des usagers, en termes de mobilité et de fluidité.

Par Narcisse Angan

Advertisement

La voie Y4, une autoroute de contournement de la capitale économique ivoirienne, Abidjan, est en cours de construction. Elle fait partie d’un ensemble de grands projets lancés par le gouvernement, afin d’améliorer la fluidité urbaine, de désengorger le centre-ville…, pour booster l’économie du pays. La réalisation de ce projet d’envergure s’inscrit dans un vaste programme piloté par l’Agence de gestion des routes (AGEROUTE), structure d’exécution du ministère de l’Equipement et de l’Entretien routier. Le projet de la Y4 fait intervenir, dans sa phase de réalisation actuelle, plusieurs structures : le Projet de transport urbain d’Abidjan (PTUA), le Projet de Renaissance des Infrastructures de Côte d’Ivoire (PRICI), à travers le Projet d’Appui à la Compétitivité du Grand Abidjan (PACOGA). Le linéaire traversant plusieurs communes du District d’Abidjan et Jacqueville, a une longueur totale d’environ 114 kilomètres.

D’après le coordonnateur du Ptua, Ouattara Issa, cette grande infrastructure part depuis la commune de Port-Bouët (commissariat de Gonzaqueville), passe à la lisière de celle de Koumassi (île Désiré), pour atteindre le village de M’Pouto ( Cocody). Elle continue sur le Boulevard de France redressé (au carrefour Jacques Prévert) et croise le Boulevard Mitterrand, précisément au niveau du grand sens giratoire, à proximité du nouveau camp militaire d’Akouédo. De ce carrefour, la Y4 se poursuit sur la voie menant au collège Saint-Viateur, traverse le Boulevard Latrille puis la route d’Alépé (au niveau de l’abattoir de la commune d’Abobo) et débouche sur le village d’Ebimpé (commune d’Anyama), plus précisément au niveau de la cimenterie Limak. De cette entreprise de ciment, l’autoroute Y4 continue jusqu’au carrefour de la ville de Jacqueville, en traversant la lagune en direction du littoral à Vridi (commune de Port-Bouët) où il se termine par un pont au niveau du Canal de Vridi.

Projet en plusieurs sections comprenant des sous-sections

Cette autoroute de contournement a été scindée en deux sections, au dire du coordonnateur. « La section qui nous concerne, financée par la Banque africaine de développement (Bad), est longue de 26 kilomètres. Elle part du rond-point du nouveau camp militaire d’Akouédo (commune de Cocody), jusqu’au Stade olympique d’Ebimpé (commune d’Anyama) », précise Ouattara Issa, qui ajoute que ces 26 kilomètres de trajet sont également subdivisés en deux soussections : 14 kilomètres pour le premier, contre 12 pour le second. Il a également relevé que les travaux ont véritablement démarré le 2 novembre 2020, pour ce qui concerne les 26 kilomètres de section du Ptua. « Sur le terrain, vous constatez que de gros terrassements sont en cours », a-t-il souligné. Et de préciser que deux entreprises chinoises exécutent ces travaux, dont la fin est prévue en juillet 2022.

La seconde section est également subdivisée en deux sous-sections. La première, qui part du Stade olympique d’Ebimpé pour déboucher sur l’Autoroute du nord relève du Projet de renaissance des infrastructures de Côte d’Ivoire (Prici), sur financement de la Banque mondiale. Elle est initiée dans le cadre d’un nouveau programme dénommé : Projet d’appui à la compétitivité du

Ouattara Issa, coordonnateur du Ptua

Grand Abidjan (Pacoga). Il s’étend sur 13,5 kilomètres. L’autre sous-section part de l’Autoroute du nord jusqu’au pont de la ville de Jacqueville. Elle est longue de 15 kilomètres. Elle a déjà fait l’objet d’un appel d’offres, assure le coordonnateur du Ptua. Notant une accélération dans la réalisation du projet, Ouattara Issa a déclaré : « Nous somme convaincu que d’ici 2025, cette voie sera entièrement réalisée ». Il convient de signaler que certains tronçons de l’autoroute Y4 ont déjà été réalisés, dans le cadre de l’exécution du Contrat de désendettement et de développement (C2d). Tranche qu’il faille comptabiliser dans le total des 114 kilomètres annoncés à l’entame. Le coût financier de l’ensemble du projet n’est pas connu, au dire de Ouattara Issa, ajoutant que les évaluations se font par section. Ainsi, le coût des 26 kilomètres de section entrant dans le giron du Ptua, et financés par la Bad est estimé à 74,7 milliards de F Cfa hors taxes (Ht).

La dénomination Y4 selon la sensibilité des experts

On entend souvent dire, voie A1, A2, A3,…., et maintenant, voie Y4. D’aucuns se demandent, aujourd’hui, ce que revêt la dénomination de certaines voies d’envergures. D’après les explications du coordonnateur du Ptua, ces dénominations partent de l’élaboration des schémas directeurs. En effet, dira-til : « Les techniciens ont la latitude d’affecter des lettres alphanumériques de sorte qu’à terme, les politiques puissent s’en saisir pour donner des noms de villes ». Puis d’ajouter : « Généralement, on donne des noms en fonction de la sensibilité des experts qui y travaillent. Lorsqu’on prend une carte, on a la longitude qui est X et la latitude c’est Y. Les experts ont observé que dans la commune de Cocody, par exemple, les voies montantes vont dans le sens Y ».

Négociations, indemnisations en cours pour libérer les emprises

Selon Ouattara Issa, la partie de la section jusqu’à Alépé n’est pas occupée. Elle est à 90% libre. Donc, les travaux peuvent s’y réaliser aisément. Cependant, l’autre section partant de la route d’Alépé jusqu’au stade d’Ebimpé, traversant en partie la commune d’Abobo, puis celle d’Anyama, est fortement urbanisée. Les négociations sont en cours avec les populations pour libérer les emprises, a-t-il expliqué. « Nous avons négocié avec près de 80% de la population. Nous avons même reçu récemment les ressources de l’Etat pour les indemniser et leur permettre de pouvoir partir », a-t-il précisé. D’où cette interpellation : « Je voudrais profiter de cette occasion pour rassurer les populations impactées qu’elles seront toutes indemnisées dans le processus. Nous les invitons à venir vers nous pour négocier le coût des impacts subis, de sorte à pouvoir être indemnisées.»

Projet aux avantages multiples

Ce projet d’envergure a des impacts positifs aussi bien pour les populations, la ville d’Abidjan que pour l’environnement. D’après le coordonnateur du Ptua, l’impact social du projet est de générer de nombreux emplois directs ; comme tout grand projet. « Approximativement, 2000 personnes seront embauchées sur le chantier. De quoi résoudre un tant soit peu, le problème d’emplois des jeunes », a-t-il expliqué. Poursuivant, il a relevé que depuis l’indépendance, le système d’urbanisation oriente les grandes voies vers le centre-ville et même vers le port. Ainsi, quiconque veut se rendre dans une commune est obligé de passer par le centre-ville. Toute chose qui crée de fortes congestions dans la partie centrale des communes, avec pour conséquences la pollution atmosphérique, les dommages liés aux retards, l’impact négatif sur la compétitivité du port (difficile circulation ou rotation des camions) etc. puis inéluctablement le ralentissement des activités économiques. « Il n’est un secret pour personne, la congestion engendre des pertes énormes. Donc, avec cette autoroute périphérique, nous aurons des avantages notables », a-t-il mentionné. « Les phénomènes de congestion au niveau du centre-ville vont être, en effet, réduits, atténuant par la même occasion la pollution liée à la production de dioxyde de carbone tout en permettant de rendre plus compétitif le Port autonome d’Abidjan. Dès lors, les populations pourront s’installer dans les zones périphériques et même dans les banlieues, pour ne plus être confrontées aux embouteillages, tels qu’on les connaît aujourd’hui », a-t-il dit. « C’est une voie de sortie qui va sûrement réduire la pollution, pour une ville résiliente, durable ». Cette autoroute de contournement créera plus de fluidité entre les différentes communes traversées. A

savoir, Port-Bouët, Koumassi, Cocody, Abobo, Anyama, Songon, Jacqueville, Dabou, etc. La voie Y4 répond, ainsi, à un souci de décongestionnement de la ville d’Abidjan. Cela va, en effet, contribuer énormément au développement de l’économie dans son ensemble, améliorer les conditions de vie des populations, fait savoir le coordonnateur.

.... des sous-projets

Dans sa conception, le projet se caractérise par deux fois deux voies (2X2), avec un terre-plein central de 12 mètres. Selon le coordonnateur Ouattara Issa, le gouvernement à travers le ministère des Transports, est engagé à développer un système de transport de masse, dans la capitale économique, à travers le Bus rapide transit (Brt) et le métro. « Il envisage même, par le biais d’un autre projet, d’utiliser l’axe principal de la voie Y4, pour réaliser un Brt », a-t-il dit. Avant d’indiquer qu’un appel d’offres a été lancé à cet effet, pour sélectionner un consultant en vue de travailler à sa faisabilité. Il est également prévu la réalisation d’un certain nombre d’infrastructures sur des axes comme la voie Y4 et le 4 e pont, c’est-à-dire de Yopougon jusqu’à Bingerville. « Nous devrons étudier dans la commune de Yopougon, l’axe Siporex-Palais de justice », a-t-il annoncé. Ce sont, donc, autant de sous-projets qui vont se greffer à la réalisation de cette autoroute de contournement.

Voie Y4 : Axe Jacques Prévert - M’Pouto

Voie Y4 : Axe Rond point Nouveau Camp militaire d’Akouédo-Riviera

Plusieurs sections avec au moins 4 sources de financement

L’aménagement de la voie de contournement (Y4) de la ville d’Abidjan comprend plusieurs sections, avec au moins quatre sources de financement (Etat de Côte d’Ivoire, C2d, Banque africaine de développement, Banque mondiale), a affirmé Carine Bassa, coordinatrice adjointe du Financement additionnel du Projet de renaissance des infrastructures de Côte d’Ivoire (Prici-Fa). La coordinatrice adjointe ajoute que certaines sections de l’autoroute Y4 sont déjà réalisées, puis d’autres en chantier ou en cours d’attribution. Elle précise que les sections réalisées et déjà livrées sont : le tronçon carrefour Jacques Prévert - Boulevard François Mitterrand (route de Bingerville), précisément au niveau du grand giratoire, en face du nouveau camp militaire d’Akouédo. Son financement a été assuré par le Contrat de désendettement et de développement (C2d), dans le cadre des travaux du Boulevard de France redressé, travaux exécutés par l’entreprise française, Dtp Terrassement. Puis, la section allant du carrefour Jacques Prévert au village de M’Pouto, financé par l’Etat de Côte d’Ivoire et exécuté par Nse-CI. La section en chantier et dont les terrassements sont assez visibles, part du grand giratoire à proximité du nouveau camp militaire d’Akouédo jusqu’au Carrefour Anyama. Ces travaux sont coordonnés par le Projet de transport urbain d’Abidjan (Ptua), sur un

Mme Carine Bassa, coordinatrice Adjointe du PRICI-FA

financement de la Banque africaine de développement (Bad). L’avant-dernière section, qui vient d’être attribuée à l’entreprise chinoise Sinohydro et dont les travaux vont démarrer incessamment, après libération des emprises, commence au Carrefour Anyama pour tomber sur la cimenterie Limak (Pk 26, sur l’Autoroute du Nord). Elle est gérée par la cellule de coordination du Prici (Cc-Prici) et financée par la Banque mondiale, dans le cadre du PACOGA, à hauteur de 32 milliards de F Cfa. La dernière section non encore attribuée (analyse des offres des entreprises en cours) va de Limak au Carrefour Jacqueville. Celle-ci est également financée par la Banque mondiale dans le cadre du PACOGA. Carine Bassa a confié que pour la petite histoire, c’est pour renforcer l’impact des travaux du Boulevard de France redressé, que le gouvernement ivoirien a entrepris la réalisation de plus de 2,5 kilomètres de voirie bitumée. A partir du carrefour du lycée Jacques Prévert, jusqu’au Boulevard Mitterrand, en passant par la voie express Y4 en octobre 2015. N. Angan

LES VOIES DE CONTOURNEMENT SONT UNE NÉCESSITÉ

La réalisation de ce projet d’envergure fait appel à plusieurs expertises et spécialités, dont le regard de l’urbaniste.

Par Narcisse Angan Alexandre Kouamé, Expert en aménagement du territoire et développement régional, par ailleurs, conseiller spécial du ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme.

La voie Y4 est en cours de réalisation. En tant qu’urbaniste, quel sera l’impact, selon vous, de ce projet pour les populations et la ville d’Abidjan ?

C’est nous urbanistes qui avons projeté cette autoroute de contournement dans le Schéma directeur d’urbanisme d’Abidjan ; depuis plusieurs années. C’est une voie structurante d’agglomération, à la différence d’une voie structurante de commune. Autrement dit, c’est une rocade de contournement qui traverse plusieurs communes du District d’Abidjan. Elle prend sa source à partir de Port-Bouët, route de Grand-Bassam et traverse Koumassi, Cocody, Abobo, Songon par l’Autoroute du nord et tombe sur la route de Jacqueville. Puis, longe le littoral d’Ouest en Est jusqu’à Vridi. Son impact en termes de mobilité urbaine est grand. Car une fois tous les tronçons réalisés, tout voyageur de Cocody allant ou venant de Yamoussoukro ne sera plus tenu de passer par l’Autoroute du Nord, dans sa partie Yopougon. Outre ce contournement global, elle permettra de relier Abobo à Port-Bouët aisément, en passant par Cocody.

Pensez-vous que la réalisation d’un tel ouvrage va contribuer à la maîtrise de l’urbanisation galopante que connaît Abidjan ?

L’objectif visé, à travers un tel ouvrage, est d’assurer une meilleure mobilité dans la ville d’Abidjan qui connaît une croissance urbaine, sous l’effet de l’urbanisation. Ce projet contribue à traiter les effets et les conséquences de cette urbanisation galopante d’Abidjan.

Avez-vous des exemples d’agglomérations africaines ou européennes où l’autoroute de contournement a résolu plusieurs difficultés ?

Il n’est même pas nécessaire de citer des exemples. Il faut plutôt soulever la nécessité de projeter des voies de contournement dans le cadre de la planification urbaine d’une agglomération, lorsque cela est possible. En tant qu’urbaniste, nous pouvons dire, sans risque de se tromper, que les voies de contournement sont une solution pour performer la mobilité urbaine d’une agglomération. En urbanisme, il est souvent dit qu’une ville n’est vraiment belle, parce qu’elle ne se contente pas de quelques monuments pour le paraître. Mais plutôt parce qu’elle est bien planifiée.

This article is from: