TransferT Vol.II N°4

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maxime genot welcome to the family alternatif shop 14 rue baldeyrou 15 000 - aurillac 09 81 34 60 27 -

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photo : Benjamin gouveia



- Skatepark Indoor et Outdoor - École d'apprentissage - Événementiel -

- Initiations et démonstrations 4

- Accompagnement de Projet -


Association de Cultures Urbaines

Visuel : Constructo Skatepark Architecture

L’Épicentre Rue du Docteur Patrick Béraud 15 000 - AURILLAC 04 71 62 44 59 contact@sessionlibre.com

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Flybikes Coastin Riders par Vincent Perraud


Finalement, on sera arrivé à le sortir ce putain de nouveau TransferT ! Certes, avec quelques mois de retard mais l’important c’est qu’il soit là. Et tout ça c’est grâce à vous, à votre soutien et à vos dons, sans lesquels nous ne pourrions le tenir entre nos mains en ce moment même !

Malheureusement, ce numéro sera certainement le dernier, sous cette forme en tout cas… En effet, malgré tous nos efforts - et les vôtres - nous ne sommes plus en capacité de continuer l’aventure. Nous pensions qu’au fil des numéros nous trouverions de nouveaux annonceurs pour soutenir et développer le magazine mais la réalité est bien différente puisque c’est quasiment l’inverse qui se passe à l’heure actuelle… On ne compte pas passer par des sites de financement participatif pour sortir chaque numéro. Une fois suffit ! Ce n’est pas aux lecteurs de payer pour lire un magazine qui se veut gratuit ! Donc, après avoir retourné le problème dans tous les sens et cherché d’autres sources de financement, on a décidé de se retirer. De toute manière, il n’y a pas assez de place pour tout le monde alors on préfère laisser le champ libre à ceux qui sont là depuis le début et qui, comme nous, connaissent des galères. En tant que cross-over le pari était encore plus compliqué : « l’industrie est en crise », « la conjoncture économique n’est pas favorable »… Voilà le blabla habituel qu’on nous a récité à longueur de temps ! En vérité les marques ne s’identifient pas à notre ligne éditoriale et refusent d’apparaître dans un magazine tiré à « si peu d’exemplaires », les annonceurs skate ne veulent pas côtoyer les annonceurs bmx et vice et versa… Au moins, ça prouve une chose : qu’on a toujours fait ça pour le plaisir, pour montrer notre vision des « cultures urbaines », nos influences, nos inspirations et le reflet de notre quotidien, tout en disant haut et fort ce que l’on pensait des choses ! Tout ça sans vouloir en retirer un quelconque bénéfice financier.

Quelque part, on le regrette forcément un peu. C’est pas qu’on aurait aimé s’en foutre plein les fouilles, loin de là, mais on aurait tout de même préféré pouvoir rémunérer toutes les personnes qui, par leur aide, leurs contributions, leurs photos ou leurs textes, ont permis au magazine d’exister ! On tient donc à les remercier tout particulièrement, ainsi que les (trop rares) annonceurs et les shops qui nous ont soutenus. Voilà, on s’en va et on vous laisse apprécier ce dernier numéro qui - plus que jamais - est le vôtre, puisque c’est vous qui l’avez financé ! On enterre le TransferT mais, soyez en sûrs, on se recroisera au détour de quelques lignes, dans d’autres projets… Merci et à bientôt. Edouard Lassus


Samuel Partaix - Underwater Rock’n’Roll par Vincent Perraud


/// BMX 26

Sosh Urban Motion - Report -

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Florent Soulas - Interview -

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Vincent Perraud - Interview -

/// SKATE 20 66

Bowl On Fire - Report Le Petit Duverdier Illustré - Dico -

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Sewa Kroetkov - Top 5 -

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Florent Bavouzet & Diligent - Interview -

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Vans Downtown Showdown - Report -

/// ART 08

La Dernière Vague - Report -

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Sa Face & Ses Découpes - Butch WoodMaker -

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L’Étiquette - Guliver -

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Illustre - Jérémie Kergroach -

/// MUSIC 112

Wild Customs - Focus -

/// MOTORS 106

Sideburn Magazine - Focus -


Intro et Interviews: Pierre Mercier Texte : Marie Thomas Photos : François Guéry

En cette année 2013 la ville de Marseille s’est vue attribuer le titre quelque peu solennel de Capitale Européenne de la Culture. C’est dans ce cadre qu’a eu lieu, du 25 avril au 09 Juin, l’événement This Is (not) Music, proposant un regard sur les cultures dites « underground », l’art contemporain et la board culture. Point d’orgue de cet événement, l’exposition La Dernière Vague - du même nom que le film du réalisateur australien Peter Weir, l’apocalypse et les aborigènes en moins - a envahie La Friche Belle de Mai. Pour l’occasion cette ancienne manufacture de tabac a revêtu ses habits de lumières, avec la construction du nouveau centre d’art et lieu de l’exposition : Le Panorama.



Pourquoi ce titre de “Dernière Vague” ? Première supposition : La Nouvelle Vague est squattée par le cinéma depuis 60 ans. Déjà pris, zut ! Deuxième supposition : Pour éviter un jeu de mot pourri du genre Vague à Lame, ou à l’âme. - Troisième supposition : Take the wave, trop marqué USA et prendre la vague aujourd’hui c’est avoir un ressac de retard ou être née après l’an 2000.

La Dernière Vague est ce que crie le mono de surf pour dire : la séance est terminée, on rejoint la plage. Mais qu’est-ce qui s’échoue ici (dans une Friche reliftée) et maintenant (par un joli mois de mai) ? Les restes épars d’une culture née au siècle dernier et qui se fait épinglée sur mur intérieur - de salle d’expo. T’es dans la boîte, la culture ! tu as glissé, il a roulé , vous avez groule-rissé et moi je glousse-rie !

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* Ancien mot pour dire « clip »

Un tiers de l’expo présente des photos de chevelus blond, une collection de Vans (tissu et motif damier), des reproductions de magazines spécialisés sur toile, tout un salon meuble, planche, fringue tout droit tiré d’un scopitone* des beach boys. Je me retourne… le public de trentenaire bien tapé, a troquée sa tignasse contre une coupe courte étudiée et se laisse pousser la barbe, taillée la barbe (hipster). Ils ont l’œil brillant… séquence nostalgie ! L’autre tiers de l’expo se trimballe entre imagerie trashouille, tête de mort, tattoo et autre stéréotype et la culture skate Bmx dans les pays sous-développés… séquence ethnoloqie. Enfin le dernier tiers est contemporain, c’est un petit tiers mais on s’en contentera !


La plupart de ceux qui exposent là n’ont jamais pris de vague, ni roulé dans un bowl, ni scrountché une rampe. Mais longtemps ils ont regardé leur pote faire. Vito Acconci, ancien artiste performer est aujourd’hui architecte-urbaniste, il aborde le skatepark comme un modèle de rampe d’accès pour tous. On décloisonne les esprits, les corps et on fluide, flux nos déplacements. David Bowen, prend le contrepied de cette dernière vague annoncée, par une structure en mouvement perpétuel rendant visible le ballotement d’une bouée située au large d’Hawaï, ici est ailleurs, et vice versa.

Et enfin Gilles Barbier, s’amuse à la gouache d’un dialogue construit du vocabulaire de la glisse qui sous forme d’absurde nous en révèle tout l’esprit : insaisissable.

En effet soyons insaisissable, toujours en mouvement ainsi il n’y a ni première ni dernière, ni début ni fin, si the skate is not a crime, si this is (not) music, this culture is not dead.


aparté avec Guillaume le goff •  Peux-tu nous en dire plus sur ton rôle dans l’organisation de This (is) Not Music, notamment sur la mise en œuvre de l’exposition La Dernière Vague ? L’événement a été imaginé en 2010 dans le cadre des appels à projet de MP2013 par Pierre-Alain Etchegaray, le directeur du Cabaret Aléatoire à la Friche Belle de Mai, et Lionel Scoccimaro, un artiste contemporain marseillais, fan de surf, de skate et de street culture. Au vu de mon travail avec Clark magazine (2001-2010), de mes collaborations avec Nike (Roundhouse Hossegor où j’étais art curator, cf. Bleu Noir, Artus et DVNO durant l’été 2010), Adidas (music curator de l’event L’Obstacle au 104 à Paris, en février 2012) et sur d’autres events action sport ou street culture. Suite à cela, ils m’ont sollicité pour être conseiller artistique global : art, musique, skate, partenariats… Comme j’aime beaucoup Marseille et la Provence, que j’y ai pas mal de bons amis et qu’en plus, tout ça se déroulait dans le cadre de Marseille-Provence Capitale Européenne de la Culture 2013, j’ai dit oui avec enthousiasme et envie !
 Je me suis donc servi de mes relations avec pas mal d’artistes US (ESPO, Mike Giant, Thomas Campbell, Ed Templeton, Craig R Stecyk III…), européens (Parra, Sk8room…) ou français (Remed, Tilt, KoolFunc88, Antoine Bouillot, Dimitri Coste, Gérard Decoster, Mathias Fenneteaux…) pour appuyer et compléter le travail du commissaire de l’expo « La Dernière Vague » (Richard Leydier, ex-rédacteur en chef d’Art Press - ndlr) sur une expo dont l’angle était : l’art que génère des pratiques comme le surf, le skate ou le custom. Un acteur local comme Tito de la galerie Backside a aussi réalisé de belles choses avec l’organisation, plus sur du street art ou sur des installations. N’oublions pas la présence des graffitiartistes Lek & Sowat pour une création originale in-situ, et de JR qui est venu à la rencontre des habitants du quartier et a également affiché des portraits sur un des murs de la Friche.

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J’ai aussi contribué à monter le projet du mini-pool DIY (encore merci Stéphane Borgne et Nike SB France) avec Laurent Molinier qui s’occupait de la partie skate de l’event, super spot en béton construit en un temps record par Julien Benoliel et son équipe (chapeau les gars), qui a eu un gros succès. Et j’ai imaginé le projet du concertrésidence de Tommy Guerrero avec Seb Daurel, Bastien Duverdier et Fabien Tolosa, l’idée étant d’avoir autour de Tommy des skateurs / musiciens français. Ils sont venus répéter pendant une semaine à la Friche, c’était génial. Une expérience globale vraiment intéressante et enrichissante à pas mal de niveaux.

•  Je suppose que la sélection des artistes n’a pas été une tâche facile. Comment as-tu procédé et quelle était votre démarche artistique ? Non, pas facile mais surtout beaucoup de réflexion et de travail. Pas mal de noms couchés sur le papier car depuis 20 ans, et surtout depuis la récente vague « Beautiful Losers » d’Aaron Rose, il y a beaucoup d’artistes internationaux très bons dans ces domaines. Que du plaisir au final car, même si pas mal de propositions n’ont pas abouties (Barry McGee, Phil Frost, Glen E Friedman, Jim Phillips ou Akroe par exemple), nous avons eu la chance d’avoir au sein de l’exposition de nombreux artistes incontournables, et des œuvres magnifiques - tirages, tableaux, sculptures, installations, interventions et créations originales, etc - présentées ensemble de manière inédite dans le cadre d’un événement européen de 45 jours (du 25 avril au 9 juin).

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•  Les expositions sur l’art contemporain sont devenues monnaie courante, alors que représenter la culture skate et underground est encore rare en France, surtout sur une surface aussi vaste, avec autant d’artistes et pour un tel événement. Quel bilan fais-tu de « La Dernière Vague » ? Les bonnes expos dans ce registre sont encore plutôt rares à mon avis… La dernière en France s’est déroulée à Paris avec « Public Domaine » à la Gaîté Lyrique en 2011 (à laquelle j’ai participé). Aux états-Unis, à Londres ou à Berlin, il y en a plus souvent, et elles sont vraiment intéressantes, voir impressionnantes. Mais là, réunir plus de 70 artistes aussi créatifs, reconnus et éclectiques que Tom Sachs, Jay Nelson, Larry Clark, Craig Stecyk III, Parra, Thomas Campbell, Julien Colombier, Espo ou KoolFunc88 a été un véritable challenge ! De l’art contemporain, du mural art, du graffiti, de l’art graphique… Tous unis par la passion du skate, du surf ou du custom. Je le redis car les gens n’ont peut-être pas vraiment réalisé, mais c’était énorme et exceptionnel ! La communication globale n’a peut-être pas été assez poussée, on n’a pas trop entendu parler de This Is (not) Music et de la « Dernière Vague » dans les médias nationaux et certains magazines d’art de premier plan (Beaux-Arts par exemple, qui a l’art très sélectif semble-t-il…) ou de street (mais là rien d’étonnant vu la pauvreté de cette presse aujourd’hui depuis la fin de Clark…) ont carrément ignoré l’événement… Heureusement, bien d’autres nous ont soutenu (La Provence, Next, Soma, Le site du skateboard, Graffitiart, OFive, Jacker, Beachbrother, Juxtapoz…). De plus, j’ai l’impression que le fait que cela se passe à Marseille a freiné des gens, dont certains parisiens, qui pourtant apprécient ces artistes et ces mouvements, qu’on voit (trop) rarement ainsi présentés chez nous, je le répète. Mais là, malgré la forte proposition artistique, et avec Marseille à seulement 3h30 en TGV de Paris, dans un vaste espace atypique, refait à neuf (galerie sur 3 niveaux de 600m2, avec une extension de 10m x 40m sur le nouveau toit-terrasse de la Friche de plus de 4.500m2 avec vue sur la mer au loin…) avec en plus des concerts (Wu Tang, Mos Def, Woodkid, Sound Pellegrino Thermal Team, Liars, Tommy Guerrero…), ils ne sont pas venus, dommage… En juin 2011, j’ai été spécialement à Los Angeles pour la grosse exposition « Arts in the Street » au MOCA, je ne pouvais pas louper ça. Et je n’ai pas été déçu du déplacement. Bon, c’est parfois comme ça dans ce milieu en France, surtout à Paris, il y a des gens présents pour la hype, la mode… Allez, ce n’est pas grave car les amis, les aficionados, les vrais passionnés, et les autres, étaient présents. Pour le vernissage fin avril, l’ambiance était excellente. On se souviendra notamment des sessions de dingue sur le mini-pool DIY ou le concert de Tommy Guerrero & Co. Plein de potes, du ride, de l’art, de la musique, des souvenirs pour toujours… Au final, on a quand même totalisé plus de 85.000 personnes en 45 jours, un public provenant d’un peu partout, beaucoup du sud, des jeunes, des familles, des anciens… Pas mal non ?

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•  Comment a été perçue l’exposition par les organisateurs de « Marseille-Provence 2013 » ? Euh, no comment… Je ne les ai jamais rencontrés… (Rires) Je pense que le bilan global se fera à la fin de l’année… Ça sera assez intéressant d’ailleurs, voire essentiel, de regarder tout ça en détail, de rendre des comptes, avec tous ces projets (réussis ou avortés), tout cet argent (public pour la quasitotalité du financement, hein, donc tes impôts, mes impôts, les impôts locaux, etc.). Et on est à Marseille hein, ne l’oublions pas (cf. l’affaire « Guetta » ahah) ! Bref, moi, j’ai toujours défendu MP2013 et ça a globalement été génial de pouvoir travailler sur ce gros projet !

•  Aurons-nous l’occasion de te retrouver prochainement dans ce même type de projet ? En fait, depuis cinq mois j’ai été appelé par Nokia France et nous avons lancé, avec une équipe de supers réalisateurs, riders (et Estelle Le Gallic de l’agence JWT), le projet Nokia Pureviews : une plate-forme web de diffusion de contenu vidéo et photo digital « action sport» (skate, snow et bmx) shooté avec le Lumia, le dernier né de la marque, une bombe pour filmer ou prendre des photos. J’en suis le directeur artistique : je m’occupe de la D.A. globale, de trouver des réalisateurs, de créer des projets de vidéos avec eux, des road-trips, de travailler aussi avec les agences de Nokia pour faire connaître ce programme qui est vraiment super qualitatif ! Parmi nos réalisateurs on a la crème de la crème, en skate (Fred Mortagne, Boris Proust, Paul Labadie, Pacôme Gabrillagues, Olivier Arroyo, Charley Pascal et Ben Chadourne, les BAF…), en Bmx (Hadrien Picard, qui bosse aussi sur Soul Bmx Mag) et en snow (Fred Marchadier, Flo Marot, Julien Mounier et les Bangingbees). Le top créatif ! On a lancé ça le 1er juillet, c’est visible sur nokiapureviews.com (et sur le Facebook et le compte Twitter du même nom). Je vous conseille d’aller y faire un tour !

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aparté avec DIMITRI COSTE Pilote de moto chevronné, photographe reconnu, icône des chaussures aux semelles gaufrées, on te retrouve désormais à exposer de plus en plus en tant que collectionneur, comment en es-tu arrivé à cela ? Le fait d’exposer en tant que collectionneur n’est pas un réel souhait de ma part, et je n’ai pas spécialement pour but d’exploiter cette ligne. J’ai répondu présent à Vans pour participer à l’exposition à la House Of Vans de Berlin, c’était la première fois que les collectionneurs majeurs se rencontraient dans un but commun et c’était vraiment mortel. Ensuite, lorsqu’on m’a demandé de venir présenter ma collection pour l’exposition « La Dernière Vague » au centre d’art contemporain de La Friche Belle de Mai à Marseille, je n’en voyais pas l’intérêt. Ce n’est pas une activité que je cherche à développer ou à exploiter. Dans le cadre de la HOV ça à un sens, mais si c’est juste pour venir montrer ma collec’ en vrai, je m’en tape et j’ai peu de temps pour ça. Par contre, aborder l’exercice sous forme d’installation, avec un sens, un propos et une disposition visuellement intéressante, ça, ça me plait. C’est pour cela qu’à Marseille, je leur ai dit que je préférais plutôt faire quelque chose d’axé sur le Bmx que sur les Vans. Alors, comme ils s’attendaient à ce que j’étale pléthore de stuff dans tous les sens, j’ai fait une sélection ultra réduite, disposée par thèmes et shapes pour tenter d’offrir quelque chose qui rend hommage au Bmx des années 80. Bien sûr, c’était un peu en mode furtif, à l’arrache, j’ai eu peu de temps pour tout faire. Sur la route, j’ai décidé de faire un wall-painting en hommage à Bob Haro dont je n’ai même pas eu le temps de peindre le titre. Quoiqu’il arrive, c’était chanmé, je me suis purement éclaté à le faire et j’adorerais le refaire et améliorer la chose. En gros, je préfère m’appuyer sur les Vans pour produire quelque chose, plutôt que de simplement venir étaler une accumulation !

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Tu as exposé ta collection lors de la HOV de Berlin, aujourd’hui à Marseille lors de « La Dernière Vague ». Que représente cette collection pour toi et que veux-tu véhiculer aux travers de celle-ci ? Depuis le premier jour en 1998, constituer cette collection représente une source de joie et d’émotions. Je n’y peux rien c’est plus fort que moi, la vue de ces Vans Made In USA me rend dingue, même en photo. Les porter est une fierté. J’ai commencé la collection s’en m’en rendre compte, mais je ne la cultive pas vraiment depuis quelques années car je n’ai plus autant de temps à lui consacrer. Je me suis fixé une règle dès le début qui est de ne pas dépasser 100€, ce qui rend l’accessibilité aux paires intéressantes et désirables très restreinte de nos jours. C’est avant tout un trip perso, je ne cherche pas directement à véhiculer quoi que ce soit, c’est quelque chose qui fait partie de moi, comme des gonzes vont kiffer rouler en Ferrari. Moi, je kiffe avoir une belle paire de Made In US à mes pieds, je kiffe la chasser, l’acquérir, la regarder, la prendre en photo, mais avant tout la porter.

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Quel lien fais-tu avec le reste de tes activités ? Tout s’emboîte et se nourrit comme si chacune de mes activités était le pignon d’un mécanisme, à la taille et à l’importance variable. Mais au bout du compte, toutes sont indispensables à ma santé mentale et toutes sont alimentées par un carburant passionnel.

Te connaissant, te poser la question, « as-tu des projets ? » pourrait être un pléonasme. Cependant peux-tu nous en dire plus sur tes prochains ? Ah ah ! Oui, des projets il y en a ! Plein qui sont encore que dans les blocs-notes. Plein d’idées mais pas assez de temps. Je passe ma vie à fighter le temps, une des choses les plus précieuses au monde. Mon gros projet OSFA, commencé en décembre 2010 à Catalina, a dû être décalé d’un an, mais je compte le boucler et en faire une masterpiece ! Donc faire plein de racing sur la Triumph, tenter l’intégralité du championnat Anglais de Flat Track avec la BSA et, si je le peux, commencer un projet moto pour me faire une machine de course d’avant-guerre pour 2015. J’aimerais bien développer aussi du merchandising qui va avec OSFA et mettre en place certaines collaborations. D’ailleurs, le Ruby « Catalina OSFA » devrait sortir début décembre. D’autres collaborations sont en développement, bientôt j’aurai mon premier website pour présenter mon travail, enfin ! Bien sûr des expos, diverses campagnes et tout un tas de choses en cours dont je parlerai lorsque ce sera l’heure. Depuis deux ans, je travaille également sur un projet autour du Bmx old school, ce qui donnera lieu à une exposition et un livre quand il sera enfin achevé... Stay tuned @motelcoste

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Texte : Edouard Lassus Photos : Clément Le Gall Paysage : Nico Petitjean

Depuis sa conception, en 2009, le bowl indoor de l’Épicentre avait déjà reçu la visite de quelques perles du skateboard français mais n’avait jamais été ridé comme il se doit. C’est désormais chose faite puisque la première édition du « Bowl On Fire » a eu lieu samedi 14 décembre à Aurillac ! Une session d’anthologie qui a rassemblé quelques-uns des meilleurs riders de courbes, venus des quatre coins de la France et même d’Europe…

Aurélien Giraud - One Foot Tailgrab



Pour cette première « Jam internationale de skateboard » au cœur du Cantal, l’association Session Libre a réussi son pari en invitant quatorze talentueux skateurs à venir enflammer le bowl pendant deux heures de jam ! Afin de rendre cet événement inoubliable, le bowl a été modifié avec deux grosses extensions : une sub-box par dessus le spine et un « wall of death » prolongeant la vert wall d’origine en un wall incurvé ! Pour parfaire cela, l’artiste-peintre Lucas Beaufort - connu pour ses « recovers » de magazines - est venu customiser le bowl en y intégrant une famille de petits monstres dont lui seul détient le secret !

Tout ça c’est bien beau, les invitations et les petits monstres c’est sympathique, mais pour arriver à faire venir des « pros » il faut sortir la caillasse… Alors, pour la toute première fois dans l’histoire de l’association, un prize money a été mis en jeu. Une somme totale de deux-mille euros, à répartir entre un « Bowl Burner » (le mec qui défonce le bowl), une Best Line et cinq Best Tricks !

Après une soirée et une après-midi de trainings, la jam a débuté aux alentours de 18h30 pour deux heures de folie sur fond de classiques du rock ! Deux heures durant lesquelles les riders n’ont rien lâché, particulièrement le Français Guillaume Mocquin, le Danois Dannie Carlsen et les trois p’tits Français qui déchirent tout en ce moment : Aurélien Giraud, Vince Matheron et Robin Bolian !

Alex Serer - Tucknee



Autant vous dire que face à de tels phénomènes le tri a été vite fait, et après quelques passages des autres riders dans le bowl on ne voyait quasiment plus qu’eux, monopolisant chaque centimètre carré de courbe ! Guillaume Mocquin était au meilleur de sa forme et nous a distillé son plus beau skate avec un handplant et un crailslide en haut du wall of death, un nosepick à côté de la vert wall, un transfert en 360 sur le spine et j’en passe ! Dannie Carlsen a bluffé tout le monde par sa nonchalance, son skate ultra-technique et sa fluidité. Les trois kids, quant à eux, ont assuré avec leur « routine ». Vince Matheron nous a posé son traditionnel 360 nosegrab sur le hip, le p’tit Giraud a fait mal au coping avec ses fliptricks et Robin Bolian a redéfini le terme amplitude… Le montalbanais Peter Boccalini nous a également offert le plus gros transfert sur le spine ainsi qu’un lipslide sur toute la sub-box. On a également une pensée pour l’espagnol Danny Leon, venu de Madrid, qui s’est blessé au genou dès le vendredi soir et qui aurait très certainement fait de l’ombre à Guillaume Mocquin et Dannie Carlsen. Bon rétablissement Danny !

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Au terme de cette session plus qu’intense les juges ont eu la lourde tâche de définir les cinq Best Tricks de la jam (attribués à Robin Bolian, Vince Matheron, Dannie Carlsen, Guillaume Mocquin et Peter Boccalini) et le rider ayant produit la Best Line (Dannie Carlsen) tandis que les riders ont élu Guillaume Mocquin comme le « Bowl Burner » ! Cette première édition du Bowl On fire était largement à la hauteur des espérances avec du beau skateboard, des styles variés, des tricks à foison, une ambiance intimiste et une soirée comme on les apprécie ! Pour tout vous dire, on a déjà réservé notre week-end pour la prochaine édition ! Guillaume Mocquin - Eggplant


par Pierre-Jean Tolosana


urban motion En seulement deux ans le Sosh Urban Motion, « premier vidéo contest bmx filmé au smartphone », s’est imposé comme le concours vidéo de référence dans le petit monde du bmx français. Trente-sept tandems d’amateurs, composés d’un rider et d’un vidéaste ont ainsi participé, sur le web, à la deuxième édition du SUM. Le tout dans le but d’empocher la wildcard (plus quelques biftons quand même !) pour aller se confronter aux duos professionnels, du 8 au 14 juin dernier, à Paris.


Article & Interview : Edouard Lassus Photos : Hadrien Picard


Parmi les 37 équipes d’amateurs en lice pour défier les professionnels c’est Alaric Streiff & Etienne Martin qui ont obtenu la wildcard. Alors que le contest web avait démarré paisiblement, tout s’est accéléré d’un coup avec un grand nombre d’édits mis en ligne quelques jours avant la date limite ainsi que l’apparition de controverses sur les forums - preuve de l’importance accordée au concours !

Cette année le contest professionnel avait un arrière-goût de guerre de Cent Ans puisqu’il opposait trois équipes françaises (Alex Valentino & Alex Barret, Florent Soulas & Stephane Karle, Maxime Charveron & Thibaut Grevet) à trois équipes anglaises (Jason Phelan & Will Evans, Alex Donnachie & Peter Adam, Alex Kennedy & Richard Forne) plus la wildcard. L’ensemble des riders a ainsi passé une semaine dans un loft parisien afin de filmer un maximum d’images - au smartphone - sur les spots de la capitale, afin de produire la meilleure vidéo possible. Malheureusement, tout ne s’est pas passé comme prévu : dès les premiers jours, les riders français se sont blessés… Un talon pour Florent Soulas, un poignet pour Alex Valentino, et une cheville pour Maxime Charveron. Pour ne rien arranger la pluie est venue perturber la journée du jeudi, histoire de compliquer encore plus les choses. Malgré tous ces imprévus, l’ensemble des teams en compétition est parvenu à rendre sa copie juste à temps pour la projection du vendredi soir !

Alaric Streiff - Tobogan Drop In - Bercy



En effet, tous les riders, juges, organisateurs et quelques invités étaient conviés à la soirée de projection dans une maison du 18ème arrondissement. Suite à la diffusion de toutes les vidéos, le jury (qui a découvert les réalisations en même temps que le public) a bénéficié d’un court laps de temps pour délibérer et rendre son verdict. Autant vous dire qu’en dépit des événements inattendus des jours précédents, tous les binômes se sont surpassés et ont présenté des vidéos d’une qualité épatante (je vous rappelle que c’est filmé au smartphone… ), avec des mises en scènes et des plans très recherchés, sans oublier une bonne dose d’autodérision. Le travail des juges n’a donc pas été une mince affaire... Finalement le jury a consacré, sans véritable hésitation, l’Anglais Alex Kennedy et son filmeur Richard Forne, grands favoris du concours d’après les pronostics des experts ! Le reste du classement ? On ne s’en souvient plus ! Et puis l’important c’est de savoir qui est reparti avec les 4 000 balles, le reste on s’en fout… Trêve de plaisanterie, je vous laisse aller regarder les vidéos et les résultats sur le web, après tout c’est fait pour ça ! Vu le succès de cette deuxième version du SUM, on est en droit de s’attendre à une édition 2014 encore plus fertile, avec quelques nouveautés, voire ouverte à davantage de nations… Afin d’en savoir plus nous sommes allés poser quelques questions aux organisateurs, histoire d’avoir leur opinion et d’essayer de choper quelques scoops !

Jason Phelan - Up rail to Over Moto - Nanterre




ion La vis sateurs i rgan des o

•  Qu’est-ce qui a séduit Sosh à travers ce projet ? Sandy Alibo (Responsable Sponsoring Glisse chez Sosh) : Un concours digital, innovant, made in France avec une belle démonstration des nouveaux usages du smartphone, et du travail d’équipe. Mais aussi une mise en lumière de jeunes talents riders et filmeurs.

•  Quel sont vos rôles dans l’organisation ? Hadrien Picard (photographe et vidéaste) : Je suis coorganisateur avec Yann Colignon. Nous discutons ensemble des idées. Lui, s’occupe plus de tout ce qui est organisation et administratif, alors que je gère l’aspect relationnel avec riders et médias ainsi que la réalisation de photos. S.A. : Mon rôle est de faire de cet événement un projet qui partage l’ADN de Sosh : un événement évolutif, imaginé avec et par les compétiteurs, mais aussi avec le public à qui l’on donne souvent la parole sur ridesessions.com. Je participe activement à toutes les étapes de la valorisation du projet, comme la réflexion autour du nom de l’événement, le choix des goodies, les collab’ de l’édition 2013, le lieu de la soirée de remise des prix, les animations digitales... •  Hadrien tu as monté ce projet avec Yann Colignon, pourquoi avoir proposé à un opérateur téléphonique de le porter ? H.P. : Sosh soutient énormément le genre de sport que nous pratiquons - Antipodes en est un parfait exemple - et est très ouvert à des idées qui sortent des sentiers battus. Ils nous ont apporté une aide incroyable et dépassent largement la fonction de simple sponsor. Ils sont, en effet, de véritables acteurs dans le projet et ont eu, avec Konbini, plein de très bonnes idées pour le contest. Ca fait chaud au coeur de voir que ce projet leur plaît car ils ont mis les petits plats dans les grands, exemple des goodies chanmés ou des soirées mémorables. Merci Sosh ! Alex Kennedy - Wheeling on rail - Austerlitz

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« Au final, on est plus sur des courts métrages que sur des édits. »

•  Qu’avez-vous pensé de cette deuxième édition dans sa globalité ? Yann Colignon (gérant du 80100 Skatepark) : Dans un premier temps, la partie amateur nous a vraiment bluffé, 35 vidéos en un mois, c’est vraiment top. Je n’imaginais pas ce projet sans le côté participatif des riders. Ce contest permet de montrer qu’il existe une vraie scène street en France et que le niveau est élevé. La wildcard, Etienne Martin & Alaric Streiff, en est la preuve. Merci les gars pour toutes vos vidéos, j’espère que vous avez eu autant de plaisir à les réaliser que nous en avons eu à les regarder. S.A. : Personnellement, l’idée d’inviter les Anglais cette année a porté ses fruits et a complètement redynamisé la compétition. De plus, le contest entre les teams, sur Instagram, a également permis de valoriser et partager les moments forts de la compétition. H.P. : Je suis juge et partie, mais là, sincèrement, je crois qu’on a touché l’excellence ! Tant humainement - tous les gars sont de vraies crèmes et j’étais plus que ravi de passer une semaine avec eux - qu’au niveau du contest pur, on a tous été scotché par la qualité des vidéos et du riding. J’ai passé une semaine de folie et à la vue du sourire de tous les participants, c’était partagé. Un énorme merci à Sosh et (bravo) aux crews !

•  La qualité esthétique des vidéos, le travail de mise en scène et le riding vous ont-il surpris ? S.A. : Oui ! Déjà par la réalisation de ce projet avec un timing aussi court, on découvre des teams très créatifs, audacieux ! Cela fait vraiment plaisir de voir autant d’implication dans un contest digital. H.P. : C’est mon boulot donc au niveau esthétique pas forcément, je savais ce qu’on pouvait faire avec un smartphone. C’est surtout au niveau des idées et du riding que j’ai été agréablement surpris.

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Alex Valentino - Bus to Fakie - Paris



« ce genre de contest repousse les limites créatives des vidéos de Bmx... »

Y.C. : Le SUM, c’est un rider mais aussi un filmeur et, quoi qu’en disent certains, le Bmx n’en serait pas là sans eux. Avec Had’, on voulait leur rendre hommage en créant cet event. Quand on voit le résultat, on se rend compte que c’est un vrai travail d’équipe et qu’il existe un respect mutuel entre le filmeur et le rider. Au final, on est plus sur des courts métrages que sur des édits. Cette année une partie des caméramans est arrivée avec une création musicale pour coller au plus près du rider. C’est vraiment un plus !

•  Avez-vous eu un coup de cœur pour une des vidéos (amateur & pro) ? S.A. : Oui la vidéo du gagnant. Elle est D.I.N.G.U.E ! H.P. : Ce n’est pas un secret, je suis un fan de Rich Forne. Pour la wildcard (on ne va plus parler d’amateur vu les simili-polémiques sur qui devrait participer ou pas - pour info « pro » signifie « en vivre » et ce n’est le cas que pour environ cinq personnes en France...) Le niveau était plus élevé que ce à quoi je m’attendais, plein de vidéos ont cartonné. Mention spéciale pour celle d’Arnaud Malthieu qui était vraiment originale ! Y.C. : La wildcard, car le riding d’Alaric est sans concession et l’intro d’Etienne est de toute beauté. Mon coup de cœur va pour Florent Soulas et sa balade dans Paris.

•  Quelles ont été les principales difficultés rencontrées cette année ? H.P. : Franchement je n’en vois pas trop, Yann est un partenaire idéal pour ce genre de chose. Globalement c’est super fatiguant car il y a 100 000 trucs à faire et en plus je shootais. Y.C. : Les blessures des riders et mon très mauvais anglais, sinon rien. Tout était vraiment au top. Sosh nous donne les moyens de faire en sorte qu’il n’y ait pas de difficultés. 38

Alex Donnachie - G Turn


•  Quelles nouveautés pourraient, ou mériteraient, de faire leur apparition ? Y.C. : On a quelques idées, mais on a tout l’hiver pour vous surprendre. H.P. : Peut-être rendre le contest encore plus international ? Cela a vraiment plu aux Anglais, il y a eu un article dans DIG, numéro spécial créativité, cela a réellement interpellé de nombreuses personnes dans le monde entier. C’est un contest vraiment unique. •  Comment imaginez-vous l’évolution du SUM dans les années à venir ? S.A. : Pour l’instant, on est à l’écoute de la communauté mais on pense à de nouvelles perspectives (choix de villes, nouveaux invités), on ne vous en dit pas plus, stay tuned ! H.P. : Au delà de la performance de filmer avec des smartphones - qui vont encore s’améliorer d’année en année - ce genre de contest repousse les limites créatives des vidéos de Bmx et sort un peu la discipline des ghettos dans lesquels certains Ayatollahs bas du front aimeraient l’enfermer. Je respecte les goûts de certains qui ne jurent que par une VX, un fish au ras du sol et aucune intro, mais pour plein de raisons je pense qu’il est bon de pousser l’aspect créatif aussi du côté de la vidéo.



Interview : Pierre Mercier & Edouard Lassus Photos : Vincent Perraud

Lookback - La Rochelle


Florent Soulas est une sorte d’ovni dans le paysage du bmx. Tout d’abord par son style, sa fluidité et ses influences variées, mais aussi par sa conception du bmx et son mode de vie. Lui qui aurait certainement pu embrasser une carrière « professionnelle » dans ce domaine a préféré opter pour un quotidien plus classique avec femme, enfants et boulot stable. Un choix qu’il revendique et qui lui permet d’avoir une vie équilibrée tout en étant à la fois présent et rare dans les médias. Rencontre avec un rider humble et discret qui savoure chaque instant passé sur son vélo.

•  Salut Florent. Peux-tu te présenter à nos lecteurs s’il te plaît ? Je m’appelle Florent Soulas, j’ai 30 ans et je suis originaire de Nesmy, une petite commune de Vendée, proche de La Roche-sur-Yon.

•  Depuis combien de temps pratiques-tu le Bmx et où as-tu débuté ? Cela fait maintenant neuf ans que je pratique le Bmx, auparavant j’ai fait un peu de skate, du trial et deux années de race. J’ai commencé le Bmx au skatepark de La Roche-sur-Yon où il y a un bowl old school datant des années soixante-dix.

•  Ton métier d’ostréiculteur te permet-il d’avoir du temps libre pour faire du Bmx ? Oui, j’essaie de m’organiser pour en avoir. Étant donné que je finis souvent le travail vers seize heures cela me laisse quand même le temps de rider un peu. L’été c’est plus difficile car j’ai plus de travail à cette période. Heureusement, le fait d’avoir un spot chez moi me permet de rouler quand je le souhaite.

•  Comment en es-tu arrivé à exercer cette profession ? à la base je bossais à proximité des Sables d’Olonne, dans une boîte qui concevait des voiliers. Mais, suite à une allergie pulmonaire, j’ai dû me réorienter. Au même moment, ma copine est partie faire ses études à La Rochelle, j’ai donc décidé de la suivre et j’ai débuté un BP d’aquaculture. Cela fait désormais cinq ans que j’exerce ce métier. 34 42

X-up - Barcelone



•  Ton riding est extrêmement original, on t’avait découvert chainless aux Vibrations Urbaines il y a quelques années. Quelles ont été tes influences pour arriver à ce mix entre street et flat tout en intégrant des tricks aériens ? Merci du compliment... Je n’ai pas vraiment eu d’influences, je regardais très peu de vidéos à l’époque… J’ai toujours été attiré par le flat donc j’adapte ma façon de rouler en fonction de mes envies, ce qui donne parfois un riding plus street, des fois plus flat ou plus typé park. Mais il est vrai que ce n’est pas une recherche, cela se fait instinctivement selon les tricks qui me plaisent. Je préfère m’amuser sur mon vélo, mixer un peu tous les styles plutôt que de rentrer dans une discipline à part entière comme le dirt, le street ou le flat… Et c’est le mélange de toutes ces envies et de toutes ces attirances qui a donné ce mix.

•  Tu n’es pas très présent sur la scène médiatique ? Est-ce un choix de ta part ? Cela vient de mon style de vie qui n’est pas axé qu’autour du Bmx car j’ai une famille avec deux enfants et puis mon boulot. Cela n’est pas toujours facile à concilier et, même si j’adore rouler, je n’ai pas envie de bouger en permanence. Je préfère les sessions tranquilles entre potes. C’est plus appréciable qu’un tour ou qu’un contest où tu es sous pression car tu sais qu’il faut rider au maximum de tes capacités à un moment donné. J’aime rouler quand je veux et apprendre des tricks quand j’en ressens l’envie, je n’aime pas le fait que les choses soient imposées...

•  Tu es le seul rider français à rouler en direct pour Fit. Comment s’est présentée cette opportunité et ta rencontre avec le boss de la marque ? En fait, Chris Moeller cherchait un rider français, on lui avait parlé de moi et après avoir visionné quelques-unes de mes vidéos il a bien aimé mon riding. Du coup Lilian de Frenchy’s a fait le lien et je représente désormais la marque en direct pour FIT US. C’est super car tout se passe très bien et je peux avoir le matos dont j’ai besoin. Mais c’est vrai que quand j’y repense, je trouve ça assez fou de représenter cette marque !

44 Wheeling to gap 180 - Barcelone


« Le fait de passer son temps à rouler m’aurait peut-être un peu dégouté du vélo… »

« Cela aurait changé beaucoup de choses dans mon approche du Bmx... »



•  As-tu déjà envisagé de vivre du Bmx ? C’était plus un rêve il y a dix ans de cela, mais je ne pense pas que cela aurait été une bonne chose pour moi. Le fait de passer son temps à rouler m’aurait peut-être un peu dégouté du vélo… Cela aurait changé beaucoup de choses dans mon approche du Bmx, du fait d’être rémunéré pour rider, que cela devienne un travail, qu’il faille souvent voyager, être productif, toujours motivé, avec une pression derrière… Tout ça ne colle pas réellement avec ma vision du Bmx…

•  En 2010 tu faisais partie de l’équipe gagnante du contest Nike Standby Barcelona, Vidéo ô combien mythique pour un grand nombre de riders… Peux-tu revenir sur cette aventure ? C’était vraiment une super expérience, une des premières fois où je partais en road-trip. J’ai passé une excellente semaine avec des gens très sympas et sans pression puisqu’on n’imaginait pas du tout faire un résultat face aux Américains et à tous les autres riders qui étaient très forts. En fait, on ne se prenait pas la tête, on allait chercher des spots, on roulait l’après-midi et en début de soirée. Finalement, on a sorti une vidéo bien cool qui nous a permis de remporter le contest !

•  En 2012, tu es parti filmer aux USA pour Foundation, cette année tu as passé une semaine à Barcelone pour Fit. Comment s’est déroulé ce séjour aux côtés de mecs comme Van Homan ? À la base, c’était un voyage aux Etats-Unis avec mon pote Adrien de Laforcade, qui a réalisé pas mal de mes vidéos. Il connait bien les States puisqu’il y a vécu et travaillé, donc on est parti là-bas pour se faire un trip ensemble, de New York à Woodward. J’ai donc demandé un petit budget à Foundation afin de nous aider et en échange on leur avait proposé de faire une vidéo, ce qui n’était pas prévu puisqu’on avait plutôt organisé ça comme des vacances mais ça s’est bien goupillé. Du coup, on va tenter un peu le même schéma en partant tous les deux vers la Californie dans les mois qui viennent. Flair - Barcelone

Nose - Barcelone

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« il y a dix ans les riders se prenaient moins la tête, ils en avaient un peu rien à foutre ! Maintenant tout est plus calculé et moins naturel qu’avant, l’esprit de compétition est un peu plus présent aussi. »


Concernant Barcelone c’était une très bonne semaine, hormis le fait que mon niveau en anglais n’est pas top, du coup c’était un peu compliqué pour communiquer. Heureusement, Vincent Perraud était là pour gérer un peu le truc et m’a bien aidé. En fait Chris (Moeller - ndlr) m’a invité pour filmer une part qui sera dans le prochain dvd Fit - prévu pour la fin de l’année. J’ai trouvé ça cool l’idée du dvd, puisque cela ne se fait plus tellement maintenant à cause d’Internet. Malheureusement, je ne suis resté que cinq jours donc nous avons beaucoup filmé avec Stew Johnson histoire d’avoir assez de clips, ce qui ne m’a pas trop permis de voir rouler Van Homan et Ben Lewis. Mais quand ils rident ils ne font pas semblant et, en plus de ça, ce sont des gars supers sympas et Ben est très drôle !

•  Nous t’avons à nouveau retrouvé sur un contest vidéo (Sosh Urban Motion 2). On t’a découvert très à l’écoute des idées de ton filmeur Stéphane Karle, ce combo est-il pour toi, la meilleure manière d’exprimer tout le potentiel de ton riding ? Oui, j’adore les vidéos de Stéphane, je lui fais confiance et lorsqu’il m’a proposé ce concept de balade en plein Paris j’ai trouvé ça excellent ! C’était assez compliqué à mettre en œuvre entre la météo, la recherche de spots adéquats, la circulation dans Paris, et puis faire s’enchaîner les tricks avec le bon cadrage… En plus je me suis fait mal au talon le premier jour du coup le projet collait bien puisque je n’étais pas obligé de faire des tricks qui auraient pu aggraver ma blessure. Il s’agit d’une des vidéos pour lesquelles on a le plus galéré ! C’est lors de la projection que je me suis réellement rendu compte de l’envergure du projet. Je suis très content du rendu, Stéphane a fait un taff de fou, il est perfectionniste et il a raison. Je suis vraiment satisfait du résultat malgré toutes les difficultés rencontrées.

•  Quelle est ta vision du Bmx et de son évolution depuis tes débuts ? Je me rends compte qu’il y a dix ans les riders se prenaient moins la tête, ils en avaient un peu rien à foutre ! Maintenant tout est plus calculé et moins naturel qu’avant, l’esprit de compétition est un peu plus présent aussi. On voit des mecs faire des tricks qui étaient inimaginables il y a quelques années, ce qui est bien cool quand même... Pour ma part, j’essaie de faire mon truc de mon côté, en fonction de mon humeur, et je ne me soucie pas trop de ce qui se passe autour mais je respecte la vision de chacun. Turndown - La Rochelle

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•  Quels sont tes projets, qu’ils soient professionnels, personnels ou en lien avec le Bmx ? Je vais essayer de continuer à rouler un maximum, voyager un peu et faire une nouvelle vidéo avec Adrien. Sur le point de vue personnel, la vie de famille me correspond bien, on commence à être posé avec ma copine et mes deux enfants. Au niveau professionnel, je souhaiterai changer de travail d’ici quelques années et me lancer dans une activité qui me passionne vraiment. Je pense donc m’orienter vers le maraichage bio, d’ici là j’aurai certainement ralenti un peu sur le Bmx. •  Souhaites-tu remercier certaines personnes ? Tout d’abord j’aimerai remercier ma chérie et mes enfants qui me soutiennent. Merci également à Unleaded pour Foundation, Frenchy’s et Chris pour Fit et puis tous les potes avec qui je roule !

Roll-in to Bus - Barcelone



Interview : Pierre Mercier & Edouard Lassus Photos : Vincent Perraud

Dimitri Coste - Wheeling




En quelques années Vincent Perraud a su s’imposer comme un photographe de référence dans le milieu du Bmx. Sa passion et son métier l’ont mené à travailler pour des magazines, collaborer à d’autres, remporter des prix, voyager et, bien sûr, faire des rencontres inoubliables. Aujourd’hui, même si le vélo demeure son premier amour, ses clichés dépassent les frontières de cet univers et tendent à nous faire découvrir d’autres horizons et d’autres cultures telles que celles du skateboard ou du café racer. à seulement trente ans et avec des projets plein la tête, vous n’avez pas fini d’entendre parler de Vincent, ou plutôt, d’admirer ses clichés...

•  Salut Vincent, pourrais-tu te présenter ? Salut ! Je viens de Bourgogne profonde, j’ai 30 piges et je fais des photos depuis pas mal de temps maintenant… Je crapahute un peu partout mais je suis presque officiellement Toulousain maintenant...

•  On t’a déjà confondu avec ton homonyme animateur et pilote de dragster ? Ah ah ! On me faisait des blagues au collège… Ceci dit, une fois j’ai oublié ma carte bancaire dans un distributeur et quelqu’un l’a ramenée à ma banque en croyant que c’était celle du présentateur...

•  Comment as-tu commencé à pratiquer le Bmx ? Je viens de la campagne et j’ai toujours fais du vélo, on sautait des tremplins dans la forêt, etc. Un jour j’ai vu un catalogue Sunn et j’ai halluciné ! Il y avait le trail de Saint Gaudens, il me semble, et des photos d’Olivier Weidmann, si mes souvenirs sont bons. •  Est-ce cette passion qui t’a menée vers la photographie ? Pourquoi ? Oui, grave ! J’adorais le Bmx mais j’étais une quiche donc il fallait que je trouve un truc pour pouvoir faire des road-trips toute l’année ! Ce qui est bizarre, c’est que je n’ai jamais vraiment cherché à être photographe, enfin à en faire mon métier… C’est venu un peu par hasard, puis, je me suis blessé au genou… Du coup, il a bien fallu que je m’occupe pendant mes dix mois de convalescence. Ensuite, tout s’est enchainé petit à petit... 55 Killian Limousin - Wall 47


•  Il me semble que tu as suivi des études artistiques, quelles en ont été les influences sur ton travail ? Exactement. J’ai étudié le design pendant cinq ans donc forcément, cela façonne ta vision des choses… J’essaie d’apporter un peu d’esthétisme là-dedans et cela donne aussi une ouverture d’esprit qui te permet de ne pas regarder que du vélo ! •  Peux-tu nous parler un peu de ton parcours avant de devenir photographe professionnel ? J’ai donc étudié le design en école supérieure et, je n’avais pas encore fini mes études qu’on me proposait d’intégrer un magazine (je ne m’étendrais pas sur le sujet car cela s’est assez mal passé…). Bref, j’ai quand même rencontré pas mal de personnes intéressantes et j’ai passé beaucoup de temps à être « photographe manouche ». C’est-à-dire que j’avais toujours des potes pour m’héberger par-ci par-là (j’en profite d’ailleurs pour les remercier), mais je n’ai jamais vraiment taffé à côté… À force de travail, je commence à bosser avec des grosses marques, et ainsi, à pouvoir vivre de ma passion... •  Tu as travaillé avec beaucoup de marques et de magazines. Comment tout cela s’est-il mis en place ? Un peu au fil du temps, à force de voyager, de ne pas avoir peur de partir à l’aventure… Au début, il n’y avait pas tous les réseaux sociaux et tout le bordel… Il fallait aussi être assez sociable je pense ! (rires) •  Combien de couvertures de magazines cela représente ? Pas énormément puisque que je ne suis pas « staff photographer »… Environ une quinzaine, je pense.

•  Pour quels magazines bosses-tu à l’heure actuelle ? Je travaille avec Ride UK, DIG, The Albion, Ride US, Freedom, BMX Riders, Sideburn, MotoHeroes, Wad, Redbulletin… C’est déjà pas mal, non ? Et aussi TransferT maintenant ?!

Kévin Kalkoff



« J’aime bien les mecs stylés ou ceux qui ont une vraie personnalité... »


•  Quelles sont les personnes qui ont influencé ton travail ? Il y en a beaucoup ! En terme de riders, j’aime bien les mecs stylés ou ceux qui ont une vraie personnalité… J’ai récemment passé une semaine avec Mike Aitken, c’était déjà mon rider préféré, mais là, c’est devenu incontestable !! Sinon, j’essaie de regarder un peu partout notamment ce qu’il se passe en dehors du Bmx, dans le snowboard, le skate, la mode… Les frères Coste sont aussi une grande référence pour moi… •  Arrives-tu à t’exprimer librement dans ce cadrelà ? Non, je n’ai pas trop de contraintes car, en général, les gens font appel à moi pour ce que je fais donc ça va, je n’ai pas trop à me plaindre. Je ne fais pas trop de trucs « corporate » et les mags prennent quasiment toujours ce que je leur propose. •  Sans ce type de collaborations arriverais-tu à vivre de ta passion aujourd’hui ? Honnêtement, je ne sais pas trop… •  Ton travail porte essentiellement sur le Bmx, quelle en est ta vision artistique ? Oui, car c’est ce que j’aime ! J’adore l’aventure et l’évasion que cela procure. Aller trouver un nouveau spot avec un rider et tout ce qui va avec. Je m’en bas un peu les couilles des doubles backflips tailwhip en rési... •  Qu’essaies-tu d’apporter au Bmx à travers la photo ? Heu… Je ne sais pas trop, j’essaie de rendre justice aux riders !!

•  Quel type de riding préfères-tu shooter ? Pourquoi ? Je kiffe les riders qui vont vite et qui font des tricks poussés… Shooter une séquence sur un curb de 30 cm ne me passionne pas trop (rires) et, il faut bien l’avouer, un table à trois mètres de haut rend toujours mieux en photo qu’un opposite feeble to smith sortie 180…

•  La photo « parfaite » ressemblerait à quoi pour toi ? Je ne sais pas trop ce qu’est une photo parfaite et j’ai l’impression que cette notion évolue sans cesse… D’ailleurs, je cherche parfois l’imperfection...

59 Mike Aitken - Salt Lake City 51


senèhtA - elyK ssirK


Kriss Kyle - Athènes


« C’est assez facile de faire une bonne photo à un moment donné, mais rester constant et avoir une carrière sur plusieurs années, c’est plus dur… »


•  Quelles sont les collaborations et les projets qui t’ont le plus marqué, le plus touché ? Comme je l’ai dit précédemment, pouvoir passer du temps avec Mike Aitken a vraiment été quelque chose de fou. Mis à part ça, j’ai adoré shooter la série Carhartt « Smoke » ! Ce n’était pas un trip pour sortir une énième web-vidéo, mais un projet photo pour lequel il fallait construire chaque image...

•  Peux-tu nous éclairer d’avantage sur le projet Welded ? C’est l’occasion de m’associer avec un de mes meilleurs potes, Bastien Ribeiro, avec qui j’ai débuté le Bmx. C’est dur de mêler travail et amitié alors on y va à la cool sans pression et on essaie de s’amuser...

•  Que représente The Diggest pour toi ? Longue histoire… Il s’agit du média dans lequel je m’investis actuellement avec le très talentueux Thibaut « Pierrot » Grevet. C’est un blog à travers lequel on aborde ce qu’on aime, ce n’est pas seulement axé sur le Bmx, mais plus sur tout ce qui gravite autour. à terme j’aimerais bien sortir un print avec…

•  Quel est ton ressenti par rapport à l’évolution du Bmx ces dernièrs temps ? Disons que l’aspect sportif progresse sans cesse, lors de chaque event… Les tricks deviennent de plus en plus dangereux. Quand tu vois Dream Line par exemple (contest de dirt porté par Red Bull – ndlr), c’était dingue ! Mais, d’un autre côté, vu que le sport grossit et qu’il y a de plus en plus d’argent, les gens n’ont plus les mêmes intérêts. Ils sont prêts à tout pour la tune… De mon côté, je traîne toujours avec des riders trop cool et je shoote quasiment tout le temps pour les mêmes marques, donc je ne suis pas trop perdu. Quant aux kids, ils ont pris un niveau de fou mais seule une minorité arrive à créer leur propre style… John Garcia - Algorta

63 Maxime Bonfil - Aire des Pyrénées 55



•  Les derniers clichés qui t’ont frappé ? Alors là, je reviens tout juste de Hong Kong pour les Red Bull Illume (concours photo international organisé par la marque) et il y avait une paire de photos plutôt pas mal (rires).

•  Les médias papiers sont dans la tourmente. Quel est ton point de vue par rapport à cela et comment envisages-tu l’avenir ? Je ne sais pas car je ne gère pas de mag… Pour ma part, il y a toujours les magazines étrangers qui me demandent des photos… De nouveaux magazines naissent, comme The Albion. D’autres évoluent et continuent de progresser… Tu vois, un truc comme Desillusion, ce mag a un parcours plutôt atypique et ne cesse de se développer en englobant la culture skate/snow/surf de manière harmonieuse et cohérente.

•  As-tu des projets à venir ? J’aimerais voir paraître un petit ouvrage retraçant le trip The Diggest à Salt Lake City car honnêtement la semaine avec Mikey était folle… Sinon je reviens des Red Bull Illume où mes photos ont été exposées pendant deux semaines. J’exposerai aussi bientôt à Bayonne ! Matthias Dandois - New York



•  Tu as réalisé des clichés de Dimitri Coste. Ton travail s’oriente également vers le milieu de la moto, d’où vient ton attirance pour cette culture ? Ouais, cela s’est fait avec Vans ! Je commence à prendre de la bouteille et ça change un peu… C’est une culture que j’aime bien et il y a pas mal d’anciens skateurs/Bmxeurs. L’ambiance est vraiment bonne dans ce milieu... •  Tu as été primé lors du RedBull Illume en 2010, qu’est-ce que cela représente pour toi ? J’ai un trophée sur mon bureau.

•  Selon toi, quelle peut être la consécration pour un photographe ? Durer dans le temps. C’est assez facile de faire une bonne photo à un moment donné, mais rester constant et avoir une carrière sur plusieurs années, c’est plus dur… •  Des remerciements ? Quelque chose à rajouter ? On va boire une binch ? Oui, je veux bien sûr remercier mes parents qui me supportent… Ma meuf qui me supporte aussi, et puis tous les riders, tous les potes et les marques qui m’aident comme Vans, BSD, Fly, etc. Cheers les potes !

Matt Roe - Genève



Des définitions de  Bastien Duverdier sur une idée d’Edouard Lassus Photos : Loïc Benoit

J’ai toujours voulu faire un article sur Bastien mais, ces derniers temps, il a eu tellement de parutions dans les mags et sur le web ; pour des interviews, des tournées ou pour la sortie de son album ; qu’il me semblait que tout avait déjà été dit à son sujet... Et oui, parce qu’en plus d’être un skateur d’exception et un vadrouilleur hors pair, Bastien a également la fibre artistique - ça doit être héréditaire - et en véritable autodidacte il a réalisé un excellent huit titres aux sonorités blues folk sur lequel il chante et joue de quatre instruments ! Encore une preuve que le gars possède un certain talent et ne fait pas les choses à moitié, qu’il soit sur sa planche, à l’autre bout du Monde ou en studio... Bref, il fallait trouver un concept original pour aborder le cas Duverdier. Alors, sachant qu’il aime bien sortir sa plume, qu’il a vu du pays, et plutôt qu’une énième interview, j’ai décidé de lui proposer une liste de termes afin qu’il nous en donne ses propres définitions. Un très bon moyen de connaître sa vision du skateboard, tant au niveau de la pratique que de la culture, le tout avec le second degré qui le caractérise !


- Alcool Heureusement que les Coronas sont chères en France. - Anagram Du gâchis.

- Basque “ Le pays basque Basque est fier de vous acueillir pour cette 50ème édition du championnat du monde d'omelette aux piments. ” - Birmanie Ils n'ont rien, pas même le droit de se plaindre.

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- Boissons énergisantes Vaut mieux être du côté de ceux qui les vendent que du côté de ceux qui les boivent… - Contest Pour les autres. - Drogue Les foot plants.

- États-Unis Détroit ! Une ville vraiment très spéciale, qui ne ressemble en rien aux États-Unis, j'adore ! BS smith - New York

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- Facebook Quoi qu’on en dise, c'est grâce à ça que je suis rentré en contact avec des skateurs Birmans.

- Fanzine J'aime bien, même si pour être honnête je ne suis pas très "DIY" dans la réalité. Enfin si, à la plage, quelques fois…

- FFRS Ah ben justement, j'en ai créé une autre : la FFRF, Féderation Française Rien à Foutre. Pour y adhérer, rien de plus simple : tu prends un caillou et tu écris FFRF sur ton grip, c'est tout. - France On a tout et on se plaint tout le temps.

- Game Of SKATE Et pour les trottinettes, c'est game of TROTTINETTE ? Ça fait long... - Guitare National Resophonic Baritone Tricone

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Heelflip Body Varial - Melbourne

BS Crail



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David Martelleur - BS Nosegrind - Portland


- Hammer Personne qui balance son corps dans des escaliers à l'aide d'un skateboard, avec plus ou moins de conviction, et plus ou moins de technique.

- Hang-up Cailloux, trottoirs, lacets : le salon du hang-up vous propose de tester toutes les dernières nouveautés.

- Internet Euh... si un jour je meurs, alors que vous êtes encore vivants, Papa, Maman, n'allez pas fouiller dans mon historique, hein ? Vous êtes gentils. - Johnny Hallyday Connu internationalement, mais qu'en France.

- Mongo Apparemment ce serait la manière de pousser en Mongolie… Mouais, enfin je ne serais pas contre une enquête de la part du Berrics pour éclaircir cette affaire. - Musique Je viens de finir mon premier "album" : Képa - No Goat Cheese. - Moustache De temps en temps.

- Ostéopathe Jean-Vincent Guillemont, le meilleur que j'ai jamais eu. Il est skateur, donc il sait de quoi il parle. Allez-y les yeux fermés ! - Philosophe Rob Dyrdek.

- Pologne Noyée dans la Vodka. (Par contre, elle est bonne !)

FS Boardslide - Birmanie

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- Prize money Si je me souviens bien, le plus gros prize money de ma carrière est un pâté de campagne à la compèt' d'Archange en 2004 (faut dire qu'il y en a eu tellement…)

- Road trip Tout est inscrit dans mes carnets de voyage (avec au moins 20 000 fautes d'orthographe).

- Skateboard Un jouet qui peut faire très mal, notamment aux tibias, aux mamies, aux têtes des petits enfants mignons, et à la dentition de n'importe qui qui s'aventure sur une planche à roues.

- Skatepark En France je pense que c'est vu comme une sorte de gymnase municipal pour ceux qui ont des roues.

- Skateshop La cliente rêvée : “ Bonjour Monsieur, j'ai besoin de manipuler votre gros tool, pour monter mes grosses roues de thrasheuse... ” - Sponsors Merci.

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- Spots Tous !

FS 5-0 Mute - Berlin


- Street Art “ Très beau, très très beau, magnifique ce poteau revisité en bite par le célèbre Robert Vonshluksviponabziva. Combien ça coûte ? Zéro franc ? Ah ben vous êtes tombés pile poil dans mon budget ! ” - Surf Il y a des spots à côté de chez moi, où, si les locaux ne te connaissent pas, ils te crèvent les pneus. Tout est dit. - Taïg Kris Le héros du goûter.


- Tattoo Là on se sent branché à mort, mais enfin regarde l'ancienne génération, quand la mode était aux tribales et signes chinois... Ils ont l'air bien crétins maintenant ! Ahahah ! Si j’étais toi je ne rigolerais pas trop, attends quelques années et on verra si ta phrase philosophique, ton bateau arty ou ton ancre à la con est toujours aussi cool. (Personnellement, j'ai une phrase philosophique.) - Team Manager Le bon filon.

- Tommy Guerrero & The French Connexion Une belle rencontre, un bon moment, la première fois qu’on m'appelle pour autre chose que du skate aussi. - Tony Hawk Lequel ? Celui de la Playstation 1 ? Faut préciser les gars...

- Tournée Plein de fois les gens croient que nous sommes un groupe de musique. - Tricks Le premier mag de skate que j'ai eu dans les mains.

- Trottinette Tout aussi con que le skate sauf que, vu qu'ils ont les pieds joints, ça ne pourra jamais être beau. - Voyage Tous les ans je crois que ça va s'arrêter et ça continue… Putain, merde, fait chier ! - X-Games X-Factor, X-Men, X machin-truc… Rien que le nom, c'est pas mon truc !

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Ollie to box - Sydney

Handplant - Irun




Top 5 : Edouard Lassus Photos : Florian Lanni (sauf indiqué)

Sewa Kroetkov, en voilà un nom, pas toujours facile à prononcer, certes, mais à retenir tant ce rider hollandais est épatant sur une planche à roulettes ! Sewa c’est un style mais c’est surtout une technique irréprochable. Une véritable machine à tricks capable d’éxecuter des enchaînements indécents qu’il s’efforce toujours de replaquer de manière impeccable, avec une précision sans précédent. Une maîtrise qui lui a permis de remporter une édition du regretté éS Game Of Skate et une du Red Bull Manny Mania Am !


âge : 23 ans

lieu de résidence : Alkmaar (Pays-Bas)

sponsors : Rollin Skateshop, LRG (Europe), Blind Skateboards, Red Bull, Haze Wheels, Venture, MOB Grip (flow) skate depuis : 2001

82 Nollie shove-it nose wheeling nollie hardflip out - Paris

Tes cinq spots préférés : Parallel (Barcelone) Ledge Heaven (LA) Osdorp ledges (Amsterdam) MACBA (Barcelone) Bercy (Paris) Les cinq riders qui t’ont le plus influencé : Paul Rodriguez Bastien Salabanzi William Phan Rodrigo Teixeira Felipe Gustavo Les cinq vidéos dans lesquelles tu aimerais être : Une nouvelle vidéo Blind Skateboards La nouvelle vidéo LRG Les vidéos Transworld N’importe quelle vidéo des marques pour lesquelles je ride The Berrics


Cinq tricks que tu rentres first try : 50-50 Frontside 180 Ollie Kickflip 360 Flip Hardflip Cinq tricks que tu ne piges pas : Des beaux Backside Smith Switch Laserflip BS 180 to switch nosegrind (long grind) BS 180 to switch nosemanual Switch Bigspin Heelflip Les cinq contests qui t’ont le plus marqué : Europe éS Game of SKATE contests USA éS Game of SKATE contest Battle at The Berrics 6 Red Bull Manny Mania in New York Damn AM contests

Cinq choses que tu apprécies quand tu ne skates pas : Passer du temps avec ma copine Dormir Me lever le matin Regarder des films Regarder des vidéos de skate Les cinq pays que tu as préférés : USA Israël Espagne France Allemagne Tes cinq meilleurs souvenirs sur ta planche : La toute première fois que j’ai poussé sur un skatepark Mon premier Ollie au dessus d’une board. Skater dans les rues de Barcelone Skater les rues de Los Angeles Chaque jour où je suis sur ma planche

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Les cinq choses que tu préfères dans la skate culture : La liberté Le skate en lui-même J’apprécie le fait que les skateurs soient souvent étranges au premier abord, mais qu’une fois tous réunis sur un spot ils semblent se connaitre depuis toujours ! J’adore le pouvoir que le skate a de rassembler différentes générations et ethnies. Même si tu ne parles pas la même langue qu’un autre le simple fait de rider ensemble te rapproche et permet de te faire des amis. C’est dans la continuité des réponses précédentes.

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Qu’est-ce que tu n’aimes pas dans la skate culture ? Je ne peux pas citer des choses en particulier... J’essaye juste de ne pas prêter attention aux mauvaises vibrations qu’il peut parfois y avoir dans le skate ou chez certains skateurs Je veux prendre du plaisir à skater donc je m’entoure de personnes qui ont la même approche que moi et qui restent positifs sur leur planche et en dehors ! Fais-tu partie de ces mecs qui skatent avec des écouteurs ? Non pas du tout ! Je n’écoute pas de musique quand je skate !


Tes cinq meilleurs road-trips : Le tour Haze Wheels de Paris à Bordeaux en 2009 La tournée Haze Wheels de Paris à Zaragoza en 2010 Le trip de Los Angeles à San Francisco pour filmer Stand or Fall en mars 2013 Le road-trip Los Angeles - San Francisco en 2011 avec le team Blind Un voyage de Tel-Aviv à Jérusalem en 2007

Les cinq riders avec qui tu préfères skater : Mon pote Christopher Chann de Los Angeles Kariem, mon « frère d’une autre mère » Tous les riders Blind Skateboards Les riders LRG Tous les gens que je rencontre et avec qui je prends du plaisir à skater. Merci Sewa

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Flip Front - Amsterdam - Jarno Schurgers



Interview : Edouard Lassus Portraits : Sylvain Bouzat Photos : Guillaume Ducreux (sauf indiqué)

Florent Bavouzet - Fs Kickturn



En l’espace de deux décennies Florent Bavouzet aura connu presque tous les aspects de l’industrie du skate. Du jeune rider amateur au patron de marque en passant par un titre de champion de France, une multitude de sponsors, la gérance d’un skateshop et une planche à son effigie. « Bavooz », comme le surnomment ses proches, a toujours très bien ridé mais n’a jamais vraiment « explosé » et pu gagner sa vie grâce à la pratique du skateboard… Cependant, il a toujours vécu pour sa passion ! C’est pourquoi nous avons demandé à Florent de revenir sur son parcours plutôt singulier et de nous éclairer sur la marque qu’il a monté avec ses amis : Diligent Skateboards.

•  Salut Florent, peux-tu te présenter brièvement pour nos lecteurs ? Je m’appelle Florent Bavouzet, dit le ou la « Bavooz », j’ai 35 ans, donc je suis un vieux con, pas trop bedonnant encore, ça va… Je viens de Châteauroux et je ne suis pas Russe, mais plutôt Lyonnais, depuis sept ou huit ans peut-être...

•  Il me semble que tu as débuté le skate en 1989, entre Châteauroux et Bourges. Qu’est-ce qui t’a donné envie de monter sur une planche ? Oui, j’ai débuté à l’époque où le Freestyle commençait à être ringard et le street super dans le vent. Le simple fait de voir des riders sur une piste cyclable ou en train de faire des early grab sur un banks, munis de mitaines, avec une banane Independent et un bandana : j’ai kiffé ! Je me suis alors choppé une planche de pauvre au Leclerc du coin, avec un dessin de requin et des roues en plastique.

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Au bout de quinze jours je voyais bien que c’était pérave, alors j’ai opté pour des roues en gomme Variflex et là, attention ! Déjà, ca roulait. Et, dès l’instant où je suis passé sur une Santa Cruz pro-model Claus Grabke, c’était la folie ! À Châteauroux on avait une grosse scène pour une petite ville, peut-être l’influence de Bourges…

•  Bourges était un haut lieu du skate à la fin des années 1980 puisqu’un summer camp a été organisé de 1985 à 1990 avec la présence de stars du moment telles que Tony Hawk, Mike McGill, Lance Mountain ou encore Nicky Guerrero. As-tu connu cette période et cette scène ? Non, je n’ai jamais connu cette fameuse rampe... Et puis lorsque j’ai commencé le skate, en 1989, j’avais douze ans, donc aucun moyen de bouger là-bas. Et franchement on était à fond de street, on passait nos journées à gaper des marches, donc les rampes... Cependant, par la suite Bourges c’était dingue car il y a avait des pros US qui passaient : Howell, Carney, Santos, etc. C’était les skate-camps auxquels je n’ai jamais participé, mais on venait skater en mode sous-marin !

•  Tu es doté d’un riding polyvalent car tu as débuté par le street puis tu t’es rapidement mis à la courbe, notamment sur la mini, puis la rampe, de Châteauroux. Aujourd’hui tu préfères rouler quel type de spot ? Franchement, tout me plaît dans le skateboard et, pour répondre à ta question, je te dirais que j’ai une préférence pour les spots en béton sale et les ditchs. La big, j’ai arrêté. Le street l’emporte, et j’ai perdu toute ma panoplie de tricks. J’ai du mal à me motiver seul et pourtant quelques personnes viennent la rider, les gars d’Annecy, ou le jeune Robin (Bolian – ndlr) mais bon, le skatepark de Gerland… Peut-être qu’à Bordeaux je pourrais m’y remettre, vu le regain de motivation qu’il y a pour la courbe là-bas !

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•  Tu participais à pas mal de contests entre 1990 et 2000. Tu as d’ailleurs été champion de France en 1997 et 1998 (street & mini). Est-ce le fait de participer à beaucoup d’événements qui t’a permis d’avoir autant de sponsors ? J’avais déjà quelques sponsors avant les fameux titres, mais il est vrai que cela m’a un peu aidé pour rebondir sur d’autres sponsors plus intéressants, tels qu’Arcade ou Dickies. Ça m’a aussi permis d’avoir ma première interview dans un magazine, puis quelques parutions par la suite, des tournées, etc. Car lorsque tu viens de Châteauroux, il faut s’accrocher ! (rires) •  Arrivais-tu à vivre du skate à cette période ou avais-tu d’autres activités en parallèle ? À l’époque il n’y avait que des lots aux contests et on kiffait. Pas de prize money, rien, et c’était aussi bien ! Je ne gagnais pas le moindre ancien franc, j’étais encore en cours, alors je vivais tranquillement chez mes parents. •  Revenons sur l’aventure Numéro 4 Skateshop. Comment et pourquoi avoir ouvert un shop dans la ville de Clermont-Ferrand ? Une demande de ton sponsor du moment ? Oui, mon sponsor (Nine Yards – ndlr) avait deux magasins, un à Barcelone et un à Versailles. La marque voulait se développer et m’a proposé le job de gérant. Ce n’était pas mon métier de prédilection mais, étant en recherche d’emploi, travailler dans le milieu du skate me paraissait être une bonne aventure.

•  La concurrence était déjà présente avec deux autres magasins implantés sur le secteur. L’aventure s’est terminée en 2006 avec la fermeture du shop. Tu n’as pas de regret par rapport à cette expérience ? Non pas de regret, c’était assez sympa comme boulot. Bon, j’en avais quand même fait le tour au bout d’un an et demi, mais c’est vrai que ce n’était pas toujours facile. Notamment du fait que je connaissais très bien les patrons des deux autres shops et que j’étais un peu le cul entre deux chaises… Mais il n’y a pas de soucis, aujourd’hui tous les deux soutiennent DILIGENT !

Florent Bavouzet - One Foot Tailgrab - Dardilly


•  Comment s’est passée ta reconversion personnelle et professionnelle après ça ? Pourquoi avoir déménagé à Lyon et ne pas être resté sur Clermont ? Des histoires de femmes… (rires) Et mon souhait personnel de ne plus rester à Clermont, de changer d’air. J’étais parti pour passer un an à Montréal et finalement c’est encore des histoires de femmes qui m’ont emmené sur Lyon… Et, ce n’était pas pour me déplaire ! S’en est suivi un an de chômage à découvrir les gars d’Antiz, les colocs, Wall Street, MDV, Loïc, Paul, la tournée Wall/Speed avec Marzocca, Mimi, Will… On a bien rigolé ! Après il a bien fallu travailler, je me suis reconverti dans une formation en informatique, ensuite j’ai enchaîné par un travail et une vraie vie de famille avec ma femme et mes deux enfants, de plus le choix du roi !

•  Dans une interview datant de 2006, tu ne te voyais pas bosser à nouveau dans le monde du skate. Cependant, depuis mars 2013, tu as monté la marque Diligent Skateboard, comment et avec qui ce projet est-il né ? Oui, je ne me voyais pas travailler une nouvelle fois dans un skateshop, c’est vrai. Mais en fait c’est tout con : étant à Lyon, ce n’est pas la même que dans les petites villes donc tu rencontres tout un tas de skateurs motivés, improvisés photographes, ou filmeurs, et puis à un moment tu te dis : « Pourquoi pas ? ». Étant donné qu’on ne skate pas forcément comme les autres et qu’on aime bien rider un ditch ou sous un pont, pourquoi ne pas créer une marque ? L’idée a germé dans ma tête après la FOSS (French Old School Skate Jam – ndlr) de Vassivière. Il faut dire je suis parti avec trois skateurs, dont deux photographes et un graphiste avec qui je me suis bien marré ! Je ne compte pas révolutionner quoi que ce soit, je pense qu’on a tous besoin d’exprimer quelque chose et qu’on arrive à se faire plaisir de cette manière, tout simplement !

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Stephan Boussac - Fs Smithgrind Tailgrab - S. Panzarella

Antoine Plainfossé - Barley Grind - S. Panzarella


« je pense qu’on a la chance, par rapport aux jeunes des années 2000, d’avoir connu tout un tas d’évolutions dans le skate... »

•  Quel est le rôle de chacun au sein de la marque ? Vous continuez à travailler à côté ? Je suis le seul pour la partie finance et gérance, en auto-entrepreneur. Après au graphisme c’est Jean Lambert, un bon vieux skateur old school de Lyon, mais surtout du Québec. Ensuite nous avons deux potes qui font de la photo, le Gui et le Grozeye. Il y a aussi Manu de Cloud Pictures pour la vidéo et d’autres personnes qui m’épaulent à côté. C’est en mode entraide, les gens comprennent et nous soutiennent sans contreparties systématiques. Je continue à travailler en maintenance informatique, car ce n’est pas la marque qui va me faire vivre. (rires) Pour l’instant mon but n’est pas de gagner de l’argent en masse, mais plus de faire vivre la marque, avoir les moyens de donner des boards, et par la suite s’offrir des road trips. Je ne rêve pas, je vois bien comment les autres marques galèrent… •  Selon toi qu’est-ce qui différencie Diligent des autres marques de skate ? Les riders sont inconnus et on a un rampe-rider dans le team. Sinon on a tous une vie à côté, on bosse comme technicien, facteur, étudiant, etc. Le skate est un loisir et non un travail pour nous. •  Le nom « Diligent » signifie-t-il quelque chose de particulier ? Cela veut dire « prompt dans l’exécution d’une chose », donc ça correspond aux tricks de skateboard, ça va, ça tient debout, non ? Pas besoin d’idéologie derrière, on ne fait pas de la politique !

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96 Victor Laherrere - Fs Tailslide


•  Ce n’est pas trop risqué de se lancer dans un tel pari quand on voit la conjoncture économique actuelle et qu’on sait que beaucoup de marques réduisent leurs dépenses au maximum ? Oui, c’est clair que c’est un peu trop audacieux, mais ne t’inquiète pas, je ne m’enflamme pas. La prise de risque est peut-être plus conséquente lorsque tu te mets en mode SARL par exemple, mais en auto-entreprise c’est moins périlleux ! Au pire, on aura des boards pour rider jusqu’à 70 ans !

•  Vous avez un team assez polyvalent et des riders des quatre coins de la France, notamment un certain Stéphan Boussac qui déchire tout en ce moment ! Est-ce que tu peux nous les introduire ? Oui, Stéphan Boussac de Marseille, lui c’est le poulain de la courbe, le contest-man, moi le vieux qui skate un peu de tout et comme il peut. Ben Raitano de St Etienne, bon petit jeunot et streeteur tech’. Antoine Plainfossé, de Paris, lui c’est le street. Victor, le jeune branleur qui se jette. Voilà, aucune star, que des gens simples et modestes qui skatent, qui ont un talent, et ne sont pas forcément sur le devant de la scène.

« Soutenez les marques françaises et les scènes locales. Les pros ricains ont assez de 4x4 et de BMW… » •  Cela va faire vingt-cinq ans que tu skates, es-tu nostalgique d’une période en particulier ? Oui ! Je suis nostalgique de la période à laquelle je rentrais un nouveau tricks chaque jour. (rires) Sinon je pense qu’on a la chance, par rapport aux jeunes qui ont commencé dans les années 2000, d’avoir connu tout un tas d’évolutions dans le skate, tant au niveau de la forme des boards, que de la mode vestimentaire, ou des tricks. On a vraiment vu le skate se transformer. En contre partie, les jeunes peuvent se goinfrer de bons skateparks.

•  Quels sont les phénomènes que tu n’apprécies pas dans le skate actuel ? Toutes ces marques qui n’ont aucun rapport avec le skateboard et qui se le sont approprié à gros coups de dollars. Ceci dit, quelques fois cela permet de développer de beaux projets, mais bon… •  En 2009, sur ton blog, tu avais posté une photo de tes bijoux de famille en mauvais état suite à une chute en skate. Aujourd’hui, tout va bien, puisque tu es père de 2 enfants. Ce n’est pas trop dur de gérer la vie de famille, le travail et le skate au quotidien ? Ah, ma pano-couilles ! J’en suis fier ! J’ai eu le droit à une échographie des bourses, sympa, avec un gros monsieur… Mais, comme tu le dis, cela ne m’a pas trop gêné pour la suite ! Alors oui, c’est super dur à gérer, déjà un enfant c’est un bouleversement, le sommeil, le rythme de vie, mais deux !!! Heureusement ma femme est compréhensive et, en me voyant avec mon air de chien battu, elle me laisse les aprèms.


•  Comment expliques-tu le fait que, malgré le nombre important de sponsors et toutes tes réussites en contest, tu ne sois jamais devenu professionnel ? Un choix personnel ou un manque d’opportunités selon toi ? À l’époque ça ne voulait rien dire en France, personnellement je ne me suis jamais senti « pro » car je ne faisais pas de photos ou de vidéos, et je ne gagnais pas d’argent. Je skatais juste avec mes amis, même si on a eu une époque contest qui nous a permis de quitter notre bourgade de Châteauroux. Ce n’est vraiment pas une idée que je me suis mise en tête, je voulais juste du matos pour skater.

•  Pour l’anecdote tu roules aussi pour Picture, marque clermontoise montée par des jeunes skateurs qui étaient des clients de ton shop. Comment s’est fait la connexion ? Oui, l’entrée en matière s’est faite d’une manière assez particulière. J’avais quitté Clermont depuis deux ans, je préparais une interview pour Soma et je m’aperçois qu’un ancien client de mon défunt skateshop fait une marque avec des amis à lui ! Donc on échange tous les deux et je lui demande quelques teeshirts de sa marque, comme ça si je fais une parution avec, cela pourra toujours les aider ! Et rien de plus ! Sauf que, deux mois plus tard, ils étaient présents dans cinquante points de vente ! Je me suis dis que c’était un peu gros pour une marque de tee-shirts et je suis allé constater leur succès sur le site internet de la marque… Je n’avais rien vu venir ! Ensuite, un vrai team s’est mis en place et je suis bien content d’être à leurs cotés. On se voit une ou deux fois par an pour une session filming et une grosse marrade, du coté de chez M. Mahut.

•  Comment envisages-tu l’avenir ? As-tu des projets qui te tiennent à cœur ? Développer la marque et élargir la gamme de produits. Actuellement on est distribué dans cinq shops, donc une petite douzaine serait un bon compromis pour moi. Et surtout s’offrir des petites tournées avec le team.

•  Merci Florent, souhaites-tu ajouter quelque chose pour conclure ? Des remerciements ? Soutenez les marques françaises et les scènes locales. Les pros ricains ont assez de 4x4 et de BMW… Je remercie toutes les personnes qui me soutiennent, ma famille, mes amis de Châteauroux, RIP Totof, RIP Loïc, les riders Lyonnais, Jean Lambert, Guillaume, Sebastien, Grozeye, Manu de cloud picture etc. Les team riders, les shops, Picture Clothing, Wallstreet, Gone, LB, bisous à la famille, allez zou !

Ben Raitano - Fs Boardslide par Antoine Ravel



Texte : Edouard Lassus Photos : Thomas Borie


Le 31 août 2013, pour la cinquième édition de son Downtown Showdown, Vans a posé ses valises, ou plutôt ses modules, dans la Grande Halle de la Villette au cœur du 19ème arrondissement. Après Turin, Hambourg, Londres et Amsterdam c’est donc Paris qui a accueilli ce contest d’envergure internationale. Rendez-vous majeur à ne manquer sous aucun prétexte car il faut revenir quasiment une décennie en arrière, à l’époque des mythiques Bowlriders de Marseille, pour évoquer un événement de cette trempe dans notre cher pays !



Pour l’occasion, tout le « gratin » du skate et de la board-culture Française (et même plus) avait fait le déplacement, tout le monde avait chaussé ses plus belles Vans et bien-sûr les ex-gloires de la planche à roulettes étaient également de la partie en tant que skateurs-vitrines (Christian Hosoi, Tony Alva, Steve Caballero...). M. Steve Van Doren, en personne, a même payé ses hot-dogs et ses t-shirts. Succès garanti ! Et oui, le Vans Downtown Showdown c’est bien plus qu’un simple contest de skateboard, c’est aussi un rassemblement populaire et surtout un énorme coup marketing pour la marque ! Et ce n’est pas les publicités géantes du métro et les hommes-sandwichs (ou plutôt les hommes-chaussures) qui diront le contraire… Quoiqu’il en soit cette journée aura été une sacrée réussite puisque les 15 000 spectateurs annoncés sur les réseaux sociaux étaient bien au rendez-vous ! Autant vous dire que si vous n’étiez pas muni des précieux bracelets tout devenait plus compliqué… En effet, au milieu de l’après-midi la Grand Halle affichait complet et la sécurité (très hermétique, peu coopérative et pas aimable pour un sou) ne vous laissait déjà plus rentrer dans l’enceinte, à moins de faire une heure de queue… Heureusement un écran géant retransmettait le contest à l’extérieur ! Ben oui, les gens étaient quand même venus pour voir des mecs faire du skateboard ! J’avoue qu’on en a aussi profité pour faire les groupies et se prendre en photo avec les quelques stars qui trainaient dans les parages… Mais bon le sujet du jour c’était la « compétition » et tous ces riders qui se balarguaient comme des dingues sur des modules fait-maison. D’ailleurs, le commun des mortels et autres profanes ne devaient pas y piper grand chose…

Samuel Beckett - Nosepick 103


Pourtant le concept est simple et bien pensé : Vans invite une dizaine de marques avec une partie de leur team. Parmi celles-ci quatre sont chargées de construire des modules originaux sur lesquels tout le monde va ensuite s’affronter (à la cool quand même ça reste du skate, on n’est pas dans Fight Club) durant toute la journée. Cette année parmi les concepteurs de modules les français de chez Cliché avaient choisi de reproduire les bassins de la Tour Eiffel, les Anglais de Palace souhaitaient rendre hommage à la maroquinerie de luxe (et aux clopes aussi), les américains de Flip au drapeau français et de leur côté les riders d’Element Europe avaient vu les choses en grand avec une reproduction de la Tour Eiffel (à échelle réduite tout de même) ! Du côté des invités on retrouvait les teams Radio, Death, Metroplotitan, Blind, Antiz, Sweet, Isle et Dropdead, soit une cinquantaine de skateurs ! Chaque marque choisit ensuite deux riders par module et c’est parti pour une heure de skate intense ! Autant vous dire qu’une heure sur un module c’est long, parfois même très long, mais que cela réserve toujours de bonnes surprises dans les dernières minutes, lorsque l’on croit les gars sont complètement rincés et à deux doigt de l’évanouissement ! Tout ça pour déboucher, en fin de journée, sur un classement individuel par module et un classement général par équipe.

Luan Oliveira - Tucknee



Chaque module avait donc ses particularités et nécessitait une approche différente ce qui a permis de voir du beau skate et des tricks très variés. Mention spéciale au module Cliché qui nous a offert une session skate à fond la caisse avec des riders qui se frôlent, tombent et se percutent dans tous les sens ! Le drapeau Flip n’était pas en reste avec une multitude de possibilités, du skate technique mais aussi des transferts de dingue ! Bien sûr dans la liste des riders présents il y en a quelques-uns qui ont sacrément bien tiré leur épingle du jeu. On pense à Luan Oliveira, Nassim Guammaz, Pedro Barros, Karsten Kleppan, Chris Pfanner, Louie Lopez, Ross McGouran… Pour nous la révélation du jour aura été Josef Scott Jatta qui, par son style et sa manière de skater, nous a rappelé Salabanzi à la belle époque ! Un pur bonheur. Les riders Français nous ont aussi régalés, notamment Sam Partaix sur le module Cliché et Sylvain Tognelli sur la Tour Eiffel ! Finalement, c’est le team Element qui est reparti avec le gros chèque de 14 000 € et c’était amplement mérité. Donc, si à l’avenir vous avez l’occasion de vous rendre à une édition du Downtown Showdown n’hésitez pas une seconde, c’est mieux que sur votre écran de télévision, l’ambiance qui y règne est vraiment bonne, les gens sont détendus et c’est l’occasion de faire de belles rencontres ! D’ailleurs l’événement s’est terminé sur un concert « privé » des rappeurs US de Black Moon puis par un très bon mix reggae-ragga de John « Juan Love » Cardiel histoire de prolonger les vibrations positives de l’atmosphère !

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Intro : Vincent Pietri Des propos de Gary Inman recueillis par Vincent Pietri Traduction : Camille Descouzis Photos : Ben Part / Sideburn

MAGAZINE

Que vient faire un article sur le magazine Sideburn dans TransferT ? Vous l’ aurez certainement remarqué, de plus en plus de motos font leur apparition dans le paysage des cultures urbaines. Que ce soit à travers des pubs, ou dans des reportages, nombreux sont les riders pour qui ce deux roues est devenu un mode de transport synonyme de liberté. Le lien à la courbe, la vitesse et l’ adrénaline sont si proches des sensations que nous procurent nos skate ou bmx que le riding s’étend à de nouveaux jouets. Bercé depuis mon enfance au son des deux ou quatre temps, il semblait important que je vous propose une approche de cette culture. Afin de ne pas perdre de temps et d’aller directement à l’essentiel, voici un reportage sur un grand nom de la presse, Monsieur Gary Inman, pigiste pour de nombreux magazines et fondateur de Sideburn. C’est avec un passionné que nous avons rendez-vous. Place aux mots qui laissent transpirer la passion et vous transmettront peut être le virus...

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GARY INMAN J’ai 42 ans, je suis marié et j’ai deux enfants. J’ai été un dessinateur, dessinateur technique et après je suis devenu journaliste. J’ai quitté l’école à 16 ans, je suis donc autodidacte, j’aimais les magazines et écrire donc voilà… Même si j’ai écrit à propos d’autres choses : voitures, voyages, sports ou encore technologie, je me considère plus comme un journaliste moto. Je gagne ma vie en écrivant à propos des bécanes depuis le milieu des années 90.

LA SAGA SIDEBURN En 2000, j’ai choisi de devenir indépendant. J’ai toujours voulu écrire, visiter des endroits nouveaux et rencontrer des gens. Pendant un moment, j’étais ambitieux, je voulais être éditeur mais une fois que je le suis devenu j’ai détesté ça. Je dirigeais, contrôlais mais je ne créais pas. Je demandais à d’autres personnes de faire le boulot que je voulais produire moi-même, j’ai donc arrêté d’être un éditeur pour écrire ce que je voulais. J’écris maintenant au moins cinq jours par semaine. En 2008, je devenais de plus en plus déçu, perdant mes illusions vis à vis des magazines motos anglais. Ils étaient, et le sont toujours, trop mainstream. Et ceux qui ne l’étaient pas, c’était de la merde. Du coup, inspiré par Dice magazine, j’ai décidé de fonder mon magazine en auto-édition. J’ai dépensé toutes mes économies pour la publication du premier numéro.

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J’ai commencé à travailler avec un photographe que je connaissais à peine, un anglais qui vivait alors à Amsterdam, Ben Part. Je me demande encore pourquoi j’ai pensé que cette collaboration serait une bonne idée, enfin bon nous avons créé le premier Sideburn en 2008. Ben est arrivé avec le titre et le logo punk. Il est à l’origine du style et le travaille toujours. On ne pensait pas du tout marché ou encore plans sur l’avenir. La seule chose que je savais, au plus profond de moi, était que ce projet ne rapporterait pas d’argent et que je n’en vivrai jamais.

J’ai pris du recul sur la situation pour faire le point et prendre une décision, ça m’a rassuré. On a fait en sorte que le plus de gens possibles aiment le magazine, cependant on ne voulait pas le changer seulement pour le public. Il devait rester tel que nous le voulions au départ. Ben n’avait jamais été designer pour un magazine auparavant, tout juste designer de carte postale. C’était un photographe avant tout. C’est tout, un photographe, pas de formation pour devenir designer, il a un style très personnel, ça suffit. Voilà pourquoi son design du magazine était très différent de ceux sur lesquels j’avais l’habitude de travailler. Les gens ont aimé le premier numéro. On en a fait un autre, puis un autre. Au début, on en sortait un nouveau tous les six mois. Maintenant c’est tous les quatre mois. Cinq ans plus tard, on vient de finir le numéro 14. On va sans doute essayer d’en faire quatre par an et non trois. Ça sonne mieux quatre. On a tellement de contenu et de choses à dire que cela semble être une bonne idée.

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L’ORGANISATION On se rencontre très peu avec Ben. On vit à 250 kilomètres l’un de l’autre et on communique par mails. On se parle, peut-être une fois par semaine. On se rencontre sur les events ou les courses, mais on n’a jamais le temps de parler du magazine à moins d’être en road -trip, comme lors du Wheels and Waves ou quand on va à Vérone pour le Motor Bike Expo Show.

Donc, je suis le rédacteur, je cherche ou décide ou non de mettre ce qui m’est proposé. Ben commande des photos quelques fois, il en prend aussi lui-même et fait la présentation de tout le magazine. On utilise aussi beaucoup d’illustrations que l’on commande tous les deux. Quelques fois nous payons pour des histoires, des fois on les a gratuitement. Quand on peut, on paye. On est tous les deux en freelance et on veut aider d’autres professionnels comme nous quand on le peut. On a quelques fidèles sponsors, donc même si on n’imprime ou vend peu de magazines, on peut s’arranger pour les dépenses liées à la publication. Quelques personnes sont justes heureuses d’être présentes dans le magazine, ça aide aussi un peu. Elles font les t-shirts par exemple. On présente aussi des histoires qui ont été publiées dans des magazines d’autres pays, mais qui n’ont été vu nulle par ailleurs. Depuis le numéro 3, un des mes vieux amis, Mick Phillips, travaille comme assistant de rédaction. Il vérifie la grammaire et l’orthographe et nous aide beaucoup. Il vit à Rome. Je le vois encore moins que Ben. Ça serait plus facile si on habitait plus prêt l’un de l’autre, mais bon on fait en sorte que ça marche. Si Sideburn est toujours là, c’est seulement car ma femme parvient à gérer les mails. Si je devais faire ça, Sideburn ne serait plus. Je pense au magazine chaque heure de chaque jour. Si je mettais autant d’effort dans un boulot normal, je gagnerai deux fois plus que ce que je gagne aujourd’hui.

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LA LIGNE ÉDITORIALE Le magazine Sideburn s’est tout d’abord concentré sur le flat track (connu aussi sous le nom de dirt track) et d’autres courses comme l’oval motorcycle ou le speedway. Je faisais des courses de flat track en amateur, j’aimais les motos, leur histoire et leur esthétique. Je continue à faire des courses aujourd’hui. J’ai commencé quand j’avais 35 ans. On n’est jamais trop vieux ! À partir de ce moment là, on a totalement élargi le contenu du magazine.

On a rajouté des collaborations avec des artistes contemporains, créateurs d’oeuvres d’art à partir des motos, comme Lennard Schuurmans et Conrad Leach. On a présenté beaucoup de motos de route, mais elles avaient juste à être ridées correctement. On pense que ce n’est pas la moto que tu rides qui importe mais bel et bien la façon dont tu le fais. Je sais que les gens ont du mal à définir ce qu’est Sideburn, mais Ben et moi savons exactement quelles motos peuvent ou ne peuvent pas être présentées dans Sideburn. On a toujours une bonne base de flat track par contre.

LES PROJETS Alors, avec un peu de chance nous allons faire quatre numéros en 2014. Il y a plein de nouveaux magazines indépendants sur la moto. Il en sort presque un nouveau tous les mois. On dépense beaucoup d’argent pour imprimer, la qualité du papier, et continue de tout faire pour l’améliorer. Après les dix premiers numéros, on a augmenté la taille du magazine, il est maintenant un peu plus grand qu’un format A5.

112 Illustration : Lennard Schuurmans

On veut publier des livres aussi, mais c’est un processus très cher surtout avec la qualité qu’on voudrait. On assiste à des events en Europe et au Royaume-Uni. On a des soirées de lancement aussi. On fait des t-shirts et autres goodies qui semblent se vendre assez bien. On travaille avec de jeunes illustrateurs, comme Adi Gilbert, Maxwell Paternoster et Ryan Quickfall, et on est sûr que ces collaborations leur permettent de se faire connaître et d’avoir de nouveaux contrats. C’est un des effets Sideburn. On utilise également de nombreux clichés de photographes des années 60 ou 70.


LES EVENTS On a organisé quelques events ambitieux : le Rollerburn et le Dirt Quake. Le Rollerburn est un mélange entre show custom et match de roller derby, de la musique live et une course à rollers et moto dans le style Rollerball. Le Dirt Quake est devenu un event annuel qui encourage les gens à essayer le flat track racing pour la première fois, quelque soit leur moto : monkey bike, chopper, etc. Des gens du monde entier font le déplacement. C’est génial même si ça met la pression, surtout vu qu’on ne peut pas prévoir les conditions météo pour les events à l’extérieur. Je n’aime pas organiser les events, mais j’adore y assister et entendre les critiques après.

Un jour, un journaliste que je connais depuis des années m’avait demandé : « Qu’est-ce que rapporte Sideburn ? » en voulant parler d’argent. Je lui ai répondu « Des amis ! »

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Texte : Vincent Pietri Photos : Jérémy Savel

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Cet article a généré bien plus qu’un simple reportage sur une entreprise. En choisissant Wild Customs Guitars pour un focus, j’espérais découvrir une aventure portée par des passionnés aux valeurs nobles… Ce fut chose faite, ils ne font pas dans la dentelle, vont jusqu’au bout de leurs idées et j’espère qu’à travers ces lignes vous ressentirez la même énergie communicative dont ces gars font preuve.

L’aventure « Wild Customs » débute en 2007, alors que Julien et Renaud réalisent des petits travaux de lutherie pour dépanner leur entourage. En guise d’atelier, une cabane au fond d’un jardin, mais une ambition déjà grande : participer au Hellfest ! La condition requise étant un numéro Siret, il ne fallut pas longtemps aux deux compères pour créer leur propre société !

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Venant d’horizons différents, ces deux amis ont mêlé leurs compétences pour une passion commune. Développant ainsi leur propre environnement et s’inscrivant dans une démarche « homemade », ils sont à l’aube d’un projet influent et marquant dans le monde de la lutherie électrique !


Julien, ébéniste, s’est formé avec un luthier jusqu’à ce que celui-ci prenne sa retraite. Pendant cinq ans, Renaud, est passé par tous les postes de l’enseigne parisienne Hawaï Surf : skate, snow, surf, communication et site web pour finir à la réalisation du catalogue papier qui pour ceux qui l’ont déjà feuilleté - était une bible du matos avant que les scrollers et autres menus déroulants n’arrivent en masse dans le monde du commerce. Bref, deux passionnés de musique, un luthier, un commercial-graphiste et quelques projets déjà bien menés. Tous les ingrédients étaient réunis, il ne manquait qu’un nom… Passion parallèle et complémentaire, les deux loustics étaient fan du magazine de moto Wild. Hommage et étymologie cohérente, ils l’avaient, « Wild Customs Guitars » apparaissait alors comme une évidence !

En 2008, ils quittent leur cabane en bois pour s’installer en plein cœur de Vichy, dans un local où ils se sentent vite à l’étroit. Leur renommée outrepassant largement le rayonnement local, nul besoin d’avoir pignon sur rue. C’est donc en avril 2013 qu’ils s’installent dans un local de 500m2, quelque part dans la campagne Vichyssoise. Et là, croyez-moi, ce lieu a une âme ! Un atelier tout en longueur avec les machines de découpe, une cabine de peinture, une carcasse de Combi Volkswagen comme cabine de séchage, ça sent les solvants, le bois, il y a des copeaux, des contre formes mises de côté après en avoir retiré le gabarit d’une future guitare… Bref, c’est là que le design et le traitement des œuvres d’art sont créés. De plus petits espaces courent le long de l’atelier, une salle d’assemblage et finition, un studio de répétition pour faire rugir les belles, et les bureaux où sont traitées les commandes et le marketing. La passion et le savoir-faire haut de gamme transpirent de ce lieu !

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Haut de gamme et passion ? C’est clairement ce qui définit les possesseurs de Wild, allant de l’étudiant qui trime ses deux mois d’été pour l’objet de ses rêves, au papa qui en a marre de collectionner les Gibsons de légende et souhaite créer son propre son, sa propre empreinte dans l’histoire auditive du rock’n’roll. Donc, si un jour vous contactez les gars, ils vous demanderont d’abord vos influences et votre style musical pour définir quel bois sera le plus adapté pour faire vibrer vos notes : de l’ébène, de l’acajou, du noyer ou tout autre essence pourvu qu’elle soit noble et choisie dans des stocks de massifs locaux ou destinée à la lutherie d’exception ! Ensuite, ils définiront les volumes, la forme, l’intégration (ou non) du manche et, au fil des esquisses, les coups de crayons laisseront place à la silhouette de votre belle. Une belle c’est bien, mais sans voix le charme n’opère pas.Des micros fait main en France, aux références spécialisées venues d’Angleterre, en passant par les incontournables d’outre-Atlantique, tout sera fait pour qu’elle ait le son qui vous va, celui qui fera rugir vos accords ou planer vos arpèges… Voilà comment, avec passion et savoir-faire, ces créateurs feront naître l’objet avec lequel vous n’aurez plus qu’à passer des heures. Cette patte repérée s’est étendue naturellement à d’autres milieux et nous retrouvons les Wild sur différentes collaborations. Des Flying V créées et exposées pour Volcom au travail de finition assuré sur des longboards et cruisers Honky, les projets parallèles trouvent une place légitime dans l’environnement du staff. Bientôt, le coup de crayon de Renaud pourra s’encrer, skulls, architecture surréaliste, inspiration mythologique... passeront des aiguilles à la peau.

Trop petit pour pouvoir « sponsoriser » ou endosser des groupes, l’effet inverse s’est produit ! Ce sont les groupes eux-mêmes qui ont décidé de soutenir les Wild ! Et la liste est longue et velue : Valient Thor (le groupe mythique du label Volcom), Converges, The Sword, Red Fang, The Elderberrie, etc. La renommée des groupes en dit long sur l’attention qu’ils portent à leur matos et la confiance accordée aux Wild.

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Présence obligatoire au Hellfest ! « Nous sommes nés là-bas », passez les voir si vous allez profiter de ce festival démesuré dédié aux guitares acérées, doubles pédales et cheveux longs ! Et puis, il y a le Wild Fest, dont la première édition aura lieu cette année pour fêter les cinq ans de la marque. Une fois encore ce n’est que par pure passion qu’ils réunissent les groupes Redfang, Hark, Lord Dying, The Shrine, Abraham et Howling Grizzly le 29 janvier 2014, à Beaumont, dans le Puy de Dôme. Dans un avenir proche les jeunes entrepreneurs souhaitent stabiliser l’activité de l’entreprise, ne pas grossir trop vite afin de pouvoir répondre de la meilleure manière possible aux demandes. Aujourd’hui, cinq personnes travaillent au sein des ateliers. Le staff devrait doubler d’ici cinq ans afin de répondre de manière cohérente à la montée en puissance de l’aventure. La suite logique pour eux, les États-Unis pour y distribuer autant de grattes qu’en France… On vous le souhaite, bonne route les gars !


par Edouard Lassus Photos : Jérémy Savel Portrait : Pierre Mercier

• Nom : Lipowicz

• Prénom : Vincent

• Surnom : Butch / Butch Wood Maker • âge : 33 ans • Ville : Aurillac

• Passion : La création.

• Premier contact avec l’art : Je n’ai pas l’impression de l’avoir déjà rencontré... • Études : CAP Boucherie.

• Parcours : J’ai exercé le métier de boucher, de 16 à 27 ans, d’où mon surnom... J’ai ensuite été camelot et barman, puis j’ai rejoint Session Libre et son équipe de bénévoles. Après cela, j’ai débuté une formation de menuisier avant d’exercer durant trois ans comme employé. Je ne souhaitais pas y rester, j’ai donc démissionné pour me mettre à mon compte et réaliser des découpes sur bois. Depuis, je fais partie de La Fabrik, un collectif de créateurs locaux qui a ouvert une boutique d’artisanat et un lieu d’exposition à Aurillac. • Profession : Ajouriste.

• Influences : Obey, Simek Chris Tzoferos, OpéraGraphiks, SupaKitch, Franck Pellegrino, Renaud de Wild Customs et tout ce qu’il y a de géométrique... • Collaborations : Ma première collaboration s’est faite avec Guliver pour plusieurs petits projets qui m’ont permis de me faire la main et de côtoyer l’art. J’ai également participé à deux projets avec OpéraGraphiks. Par la suite, j’ai réalisé pas mal de collaborations avec Pub - qui connaît bien ma technique de travail - mais également avec Allan George et Damien Cabriès qui a mis en images une de ces découpes. • Déclic : Le jour où j’ai réalisé l’enseigne du magasin Alternatif Shop pour les 25 ans de Vince !

• Objectifs : Produire des découpes de plus en plus imposantes, travailler avec d’autres graphistes, réaliser une nouvelle vidéo, parcourir la France, l’Europe et pourquoi pas le Monde ! 120




• Support favori : Le bois.

• Comment t’es venue l’idée de réaliser des découpes sur bois ? Le plastique ça pue, le bois c’est chaleureux. • Techniques et matériaux utilisés ? Une scie sauteuse et des panneaux de bois !

• Comment réalises-tu l’aspect graphique de tes oeuvres ? Au début je faisais mes graphismes sur Sketchup pour les petits objets. Maintenant, je trace directement mes formes géométriques sur les matériaux. Pour les grandes pièces je travaille avec des graphistes, d’où mes collaborations. En plus, j’apprécie le travail d’équipe. • Comment définirais-tu ta démarche et ton processus artistique ? Libérer la lumière en ajourant des panneaux de bois. Éclairer les trous noirs de manière artistique. Faire plaisir aux gens tout en me faisant plaisir. • Rencontre marquante : Vincent Pietri, pour sa force et sa motivation. Il ne lâche rien. • Un livre : Les îles d’Auvergne, d’Imago Sékoya.

• Un film : Boucherie Vincent, un court métrage réalisé par ma cousine, Sandy Sénéchal.

• Un CD / Un morceau : Je ne me rappelle jamais des titres mais j’aime bien les trucs qui bougent comme le rock, la drum’n’bass, voire même un peu de hardtek, mais ça c’était surtout avant... • Une destination : Aller voir les aurores boréales.

• Un rêve : Je ne le dévoile pas sinon il ne se réalisera pas. • Ne veux pas : Devenir riche.

• Une anecdote : Je ne peux pas la raconter sur ce genre de support... • Actualités : Plein de projets ! • Projet : Pareil que le rêve...

• Thanks : Ma mère, ma famille, Vince, Peter, Doudou, P’tit Mika, Romain, Céline, Session Libre, la famille Alternatif, Davos et Willow les pirates de Roannes, Guliver, La Fabrik et toutes les personnes qui me suivent ou que j’ai déjà croisées. • Ton site : www.facebook.com/ButchWoodMaker

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par Yann « Guliver » Martinot & Jean-Pierre « Kris Vitti » Martinot

« Instrument efficace du rendement de l’organisme social, la ville du XIXe siècle, encore vivante un peu partout, marque un écart inquiétant par rapport à des lois d’accord biologique sur lesquelles semble bien reposer la qualité humaine.» André Leroi-Gourhan in Le Geste et la Parole, tome II : La Mémoire et les Rythmes, 1965 • Art.XIII - GULYE WEST V.S. ZOMBIES - a.k.a - FLOW-ZZZ -

NOTE : - Ce mois-ci, nous avons reçu le courrier d’un lecteur assidu au vu de son patronyme… En voici la lettre... -

« Mme L’ étiquette,

La ville m’a VANDALISÉ ! Me laissant presque borgne ! DES COUPS, J’AI ÉCRIT:

Sur toi vandalisme, j’ai apposé la notion d’altération, car j’ai vu la ville altérer ma vie, créer ma position, générer ma profession. “ Altération ”, comme un acide, une démangeaison qui me mène à me placer aux carrefours des flux et des ambitions, pour contempler le trafic, pour en percevoir l’essence, puis la brèche... Prévoir l’interstice par lequel immiscer la trace du mouvement d’un - Vivant - dans ces espaces hors-champs et dépourvus du flow des Gens, car de ces impressions/oppressions naît toujours une source vive de créations/réactions, affirmant ainsi le droit, le besoin, le devoir… d’investissement de ces lieux étiquetés déments, car hors-du-temps d’un citadin non-voyant pris dans un mouvement d’allant et venant, là où justement, le vandale a contemplé, le Temps... Le Temple, d’où il pourrait être regardé, pour un temps... le Temps d’un instant. Casser les Temples de l’Instant... et Prendre le Temps... ne serait-ce qu’autant, que le temps d’une quatre Temps… Veuillez agréer, Madame, Monsieur mes sentiments les plus urbains. - L’ étiquette épitaphe -

Mr J.C. Van Dahl de Lil’Puthie ”

« Le rythme des cadences et des intervalles régularisés se substitue à la rythmicité chaotique du monde naturel et devient l’élément principal de la socialisation humaine, l’image même de l’insertion sociale. » 124

André Leroi-Gourhan in Le Geste et la Parole, tome II : La Mémoire et les Rythmes, 1965


par Jérémie Kergroach 125


Edwin Delarosa par Vincent Perraud

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urban cultures mag - vol ii n*4 février 2014

Rédacteur en chef Edouard Lassus

Rédacteurs Vincent Pietri Pierre Mercier Marie Thomas Yann « Guliver » Martinot Maquette & Publicité Edouard Lassus

Cover & Graphisme Mickaël « Pub » Madrignac Corrections Fannie Cipriani Charlotte Guy

Photographes Vincent Perraud Loïc Benoit Hadrien Picard Thomas Borie Jérémy Savel Clément Le Gall Florian Lanni Guillaume Ducreux Sébastien Panzarella Sylvain Bouzat Nicolas Petitjean François Guéry Ben Part Antoine Ravel

édité par Session Libre Rue du Docteur P. Béraud 15000 - AURILLAC Imprimé en Allemagne

www.sltransfert.fr

Merci à : Alternatif Shop Nature Bike Pink Tattoo Wood Structure Jérôme Roques PJ Tolosana Philippe Lassus Hubert Amouroux ...

Et toutes les personnes qui ont soutenu notre projet Ulule et notre magazine depuis le début !


Alternatif Shop 14 rue Baldeyrou 15 000 - Aurillac 09 81 34 60 27 www.alternatifshop.com

Bmx Avenue 11 rue Jeanne d’Arc 34 000 - Montpellier 04 67 73 22 36 www.bmxavenue.com

Alternatif Boardshop Z.A. Les Moletons 43 120 - Monistrol sur Loire 04 71 75 96 77 www.alternatifshop.com

Alternatif Illegal Shop 47 rue du Maréchal Foch 42 300 - Roanne 04 77 78 17 73 www.alternatifshop.com

Bass Skateshop 23 rue St Genès 63 000 - Clermont-Ferrand 04 73 14 20 39 www.bass-skateshop.com

Click Skate Store Captain Wheeling 7 chaussée de La Madeleine 14 rue des Mésanges 44 000 - Nantes 64 200 - Biarritz 02 51 86 52 70 05 59 22 36 33 www.click-skate.com www.captain-wheeling-shop.com

Skatepark Le Spot Rue Louis Harel de la Noé 72 000 - Le Mans 02 43 14 58 70 www.lespot.fr

Kitchen Bike 8 rue Marcel Leclanche 56 890 - Saint-Avé 02 97 61 85 19 www.kitchen-bike.com

L' Appart Skateshop 2 rue Antoine Roule 42 000 - Saint-Etienne 04 77 59 16 24 www.lappart-skateshop.fr

No Stress Agency 10 Impasse Larribeau 64 200 - Biarritz 06 62 94 31 64 chchabaud@gmail.com

Victory Skateshop 119 faubourg Lacapelle 82 000 - Montauban 05 63 63 68 22 www.victoryskateshop.fr

Hutchi’s Skateshop 50 passage Clémenceau 03 200 - Vichy 09 51 07 55 63 hutchis.vichy@gmail.com

Wall Street Skateshop 6 rue Neuve 69 002 - Lyon 04 78 39 38 40 www.wallstreetskateshop.com

Workshop 11 rue Duffour Dubergier 33 000 - Bordeaux 05 56 81 09 74 www.workshop-bx.com

80100 Skatepark CM17 - 52 rue St Gilles 80 100 - Abbeville 06 80 88 35 18 www.80100skatepark.com






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