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Edouard Lassus
éditorial Thrasher France n'est plus tandis que TransferT tente d'être... Non, nous n'avons pas l'audace, ni la prétention, de nous comparer à ce grand magazine américain et à sa version française qui, après six années d'existence et de service au monde du skateboard, nous a subitement quittés. Mais je profiterai de cet édito pour rendre hommage à tous ces magazines qui ont vécu, survécu et qui ont disparu en l'espace de quelques années. Je pense notamment à Freestyler, Tricks, Cream, Chill ou plus récemment Pause...etc. Aujourd'hui les magazines français spécialisés dans les pratiques que sont le Skate et le Bmx se comptent sur les doigts de la main, un phénomène qui peut s'expliquer par l'explosion d'internet, ouvrant la porte à de nouveaux types de médias et de contenus numériques. Avec l'essor des sites spécialisés, des blogs, l'apparition de la vidéo numérique et des plates-formes telles que Youtube, Vimeo ou même des réseaux sociaux, il n'est désormais plus nécessaire d'aller chez le marchand de journaux du coin pour se tenir informé de l'actualité de ces disciplines, quelques clics suffisent et tout cela sans débourser le moindre centime... Bref, nous faisons face à une contrepartie de l'important développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication depuis le début du 21ème Siècle. Mais internet n'est pas la seule cause de cette perte de diversité dans la presse spécialisée, la pression des maisons d'édition, les obligations de ventes et de résultats y sont aussi pour quelque chose. Ceci dit tout cela est quelque peu compréhensible puisqu'en plus du contexte de crise économique nous entrons dans une ère où l'information se veut gratuite et accessible à tous, un fait allant de pair avec le développement des médias numériques, mais ayant une incidence néfaste sur la presse papier. C'est ainsi que depuis quelques années maintenant apparaît un nombre croissant de magazines gratuits financés en grande partie par la publicité, une des seules parades permettant la conservation d'un tel format et la survie d'un magazine, mais nécessitant un réseau de distribution autre que les diffuseurs de presse. Nous pensons bien évidemment à des magazines comme Soma, Vice ou encore Figuré, le nouveau venu sur la scène Bmx, à qui nous souhaitons bien sûr un avenir durable. Les magazines papier doivent perdurer par tous les moyens et nous devons nous battre pour cela, afin qu'une trace concrète de nos cultures persiste à travers les années. Pour ma part je tiens à remercier l'association Session Libre et nos partenaires sans qui ce fanzine ne serait pas dans vos mains à l'heure actuelle... Bonne lecture à tous !
Couverture: Artus, artiste et skateboarder on the road. Paris, France, Novembre 2007 - Film argentique couleur, format 6×7 par Julien Lachaussée. édito: carving in secret spot par Nico Petitjean. | Sommaire: Pierre-Jean Tolosana. Nosegrab to tail - Lyon - Photographe: Nico Petitjean. Quatrième de couverture: photographie de Julien Lachaussée extraite de son livre «Alive Tattoo Portraits».
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sommaire ///INTERVIEWS
///REPORTS event
bmx 14 20 26
John Petit Jared Chilko Anthony Perrin
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Exposition
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skate
Julien Lachaussée Photographe
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Olivier Durou
///PROFILS skate 48
Benjamin Garcia Top five
art 62
Rekiem Skateboards Fabrique artisanale
skate 52
Simple Session Contest
art 38
Béton Hurlant
music 56
Live La Coopérative de Mai
art 66
L'étiquette par Guliver
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Illustre par Jérémie Kergroach
Stéphane Vignal a.k.a Opéra
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Béton hurlant
Texte: Vincent Pietri Intro: Edouard Lassus
En temps normal les expositions sur les pratiques urbaines ne courent pas vraiment les rues, mais il est vrai que ces derniers temps nous sommes plutôt gâtés. En effet, après la très bonne expo de l'été passé consacrée à la culture skate - la bien nommée «public domaine» - voici que le Musée National Du Sport mise sur une rétrospective de trois sports urbains majeurs (Skate, Bmx et Roller). «Béton Hurlant» présente ainsi l'évolution de ces pratiques depuis leur apparition sur notre territoire jusqu'à aujourd'hui. Vincent, qui a été convié au vernissage, va ainsi pouvoir nous dire ce qu'il a pensé de cette initiative ministérielle s'achevant le 27 mai prochain.
De retour de la Rebel Jam à Eindhoven, après un passage au 80100 park d’Abbeville, une partie du groupe redescendait à Aurillac tandis que l’autre restait à Paris pour quelques jours. Accueil à la cool chez nos potes Repier et Angélique, sentiment partagé entre les flashs du week-end que l’on vient de passer et l'excitation préalable à la découverte de cette expo et de ce qu’elle représente. Béton Hurlant c’était ça pour moi jusqu’à que nous arrivions au rendez-vous. Nous sommes accueillis par les organisateurs qui nous remettent le dossier de presse. Nous sommes là pour cet article et en écrivant ces lignes je ne me sens pas à la hauteur pour émettre un jugement sur ce projet qui a été porté par des personnes sans qui nos sports et cultures n’en seraient là. Par contre quitte à ce que le ministère des sports lance un tel projet avec l’envergure qu’il pourrait prendre, pourquoi ne pas le faire jusqu’au bout ? Mettre de vrais moyens pour permettre à ces acteurs et beaucoup d’autres de rassembler les mémoires ? L’Histoire de nos passions est courte mais tellement dense qu’il me paraît difficile d’en avoir une vision large et pertinente réalisée par si peu de personnes.
///Event///EXPO
Le décalage se fait vraiment ressentir lorsque qu’une responsable de la fédération française de roller skating me demande ce que nous faisons. Je lui réponds qu’on travaille sur le développement des cultures urbaines à Aurillac. Elle ouvre de grands yeux et me demande si nous faisons du skate freestyle (slalom, mini short…) ? 8
« Il faut être là mais notre génération n’est pas à sa place, on dirait que le passé était plus important que l'avenir. » Il faut être là mais notre génération n’est pas à sa place, on dirait que le passé était plus important que l'avenir. La représentation de notre vision et de ce que nous vivons n’a pas reçu autant d’attention que les racines. L’accent est clairement porté sur le Bmx, la collection skate n’est pas dingue, et le roller est représenté par des pro-fédération française de roller skating. Je rêvais de voir une énorme collection de boards… Mais non. C’est fade !
Tony Hawk - Bourges 1986 - Photographe: François Séjourné
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Le vernissage se termine par une démo(-émo) roller et flat skate sur des dalles plastiques pour ne pas abîmer le sol. Où suis-je ?
Un personnage déguisé fait des grandes glissades «cool», un autre essaie de rentrer des 360 flip avec 200 mecs en costardcravate qui le regardent: «Allez le jeune fait une cascade...» Mais nique pas le parquet et fait pas trop de bruit... Le clou du spectacle arrive lorsque celui qui s’est vu propulsé/largué au poste de ministre des sports fait son apparition. Petit discours: «Ces nouvelles cultures, euh sports, nous questionnent, et nous pensons qu’il est important de soutenir la volonté sportive… etc.» Bon je pense qu’il n’a pas été briefé ou qu’il était bridé et censuré, mais là quand même c’était du lourd.
Nous n’avons même pas eu le droit à une ou deux questions du genre: «M. le Ministre, pensez-vous qu’un jour nous pourrons compter sur de vrais systèmes fédéraux, qui sauront appréhender nos cultures dans leurs ensembles et non les ranger dans sports = compétitions = champions ?» ou «Pensez-vous qu’il serait important de soutenir les collectivités locales qui souhaitent s’équiper de skateparks afin d’avoir des zones de pratiques adaptées et sécurisées... ? Et comment envisagez-vous l’animation de ces lieux ?» Voilà mon sentiment sur cette expo, mon coté militant doit forcement influencer mon jugement et celui-ci n’engage que moi. Le travail effectué est déjà une belle reconnaissance de notre culture mais n’a t-on pas le droit d’en vouloir plus ?
Matthias Dandois - Paris 2008 - Photographe: Manu Sanz
Association de Cultures Urbaines www.sessionlibre.com
Skatepark Indoor & Outdoor École d'apprentissage Événementiel Initiations & démonstrations Accompagnement de Projet L'Épicentre Rue du Docteur Patrick Béraud 15 000 - AURILLAC 04 71 62 44 59 contact@sessionlibre.com
simple session Texte: Pierre Mercier Intro: Edouard Lassus Photographies: Pierre Blondel & Pierre Mercier
La Simple Session fait partie des ces rendez-vous annuels incontournables qui réunissent les meilleurs riders de toute la planète pour un énorme contest de Skate et de Bmx. Mais il faut avouer que ces derniers temps l'événement qui se déroule à Tallin, en Estonie, est un peu délaissé par la crème des skateboarders professionnels, ce qui en fait surtout une destination privilégiée par les bmxeurs. Quoiqu'il en soit nos petits veinards d'amis y étaient et apparemment ils ont passé un week-end assez exceptionnel.
Lundi 3 avril, 17h00, Tallinn, Estonie. La plupart des riders sont repartis et doivent être dans les aéroports ou les avions du monde entier. Retour sur un week-end riche en émotions. Arrivé le vendredi en fin de journée, accompagné d’un pote rider nous nous mettons directement dans l’ambiance de cette ville Estonienne et arpentons le centre-ville aux rues étroites et pavées à la recherche de Vincent Pietri et Pierre Blondel, respectivement team managers d’Alternatif Shop et Superstar BMX. Nous devons les rejoindre devant l’un des cinémas de la ville où l’avant-première du dvd BSD «Any Wich Way» est projetée. Aucun doute, c’est bien ici la Simple Session, la salle est pleine, de nombreux riders on fait le déplacement. Assis près du team Fly Bikes et des copains de chez Frenchys la vidéo commence ! Je vous laisse et vous encourage vivement à regarder ce dvd réalisé par Dave Sowerby, je ne vous retracerai pas tout, cependant je peux vous dire que Kriss Kyle et Alex Donnachie retournent la vidéo avec leurs parts. S'enchaîne ensuite la première soirée, qui a bien jouée son rôle d’introduction à un week-end festif ! ///Event///CONTEST Drew Bezanson - Ninja Drop
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Le lendemain midi, nous prenons un taxi direction Saku Suurhall, le lieu de la Simple Session. Le spot est dingue, une patinoire transformée en un immense skatepark que vous aurez sans doute tous vu sur le live rediffusant l’event ! Les Estoniens venus en masse encouragent les participants avec beaucoup de ferveurs, chose qui m’a étonné. Des groupes de fans arborent des tee-shirts à l’effigie de leurs idoles, c’est ainsi que l’on peut voir de jolies blondes afficher le nom de Mad Dog sur leur haut.
Les jams de qualifications Skate commencent, c’est un véritable bordel ! Excusezmoi l’expression, mais pour un public non averti cela doit être incompréhensible, les poules sont formées de trois skateurs qui roulent en même temps, et parfois se coupent les trajectoires, heureusement la voix grave de Dave Duncan, le speaker skate, donne quelque chose de chaleureux à ce beau bazar ! Mis à part cela les skateurs chutent souvent, à mes yeux deux d’entre eux se dégagent cependant du lot: Bastien Salabanzi, que l’on ne présente plus, et Axel Cruysberghs, jeune belge avec beaucoup de style et de flow. Un park sans doute trop gros et manifestement réalisé dans son ensemble pour le Bmx, ce qui empêche la plupart des skateurs présents de s’exprimer à la hauteur de leur niveau.
Les qualifications Bmx suivent. Cat Fish et Darryl Nau s’emparent du micro, une grosse ambiance se dégage déjà du Saku Suuhall. Les riders sont nombreux, les poules s'enchaînent vite et les Français sont présents. Matthias Dandois, pour une première sur un contest de street fait un très bon run inspiré de son riding flat, Mathias Augris claque un whip superman de Satan sur la box qui avoisine les 4 mètres. Kevin Kalkoff crève malheureusement et ne peut continuer son run, Adrien Lecomte et Justin Fouque, tous deux plein de style, se mettent de belles hauteurs sur le plus gros des modules. Joris Coulomb fait un bon run sur la partie la plus street du park, mais pour eux cela ne suffira pas... Seul Maxime Charveron passe en finale, il fait le tour du park en transfert et agrémente cela de tricks pleins d’amplitude et de style. Maxime Charveron - Invert one hand
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Fin des qualifs, nous partons à la soirée avec l’équipe Frenchys pour fêter le résultat de Max. Qualification amplement arrosée avec l’aide du team Vans France qui retourne le dancefloor sous les yeux protecteurs de leur team manager.
Dimanche 1er avril, c’est parti pour les finales, l’ambiance du Saku Suurhall monte petit à petit en commençant par le best tricks skate, Bastien Salabanzi termine deuxième avec un 360 flip to frontside boardslide. Puis s’enchaîne le bunny hop contest, Chad Kerley le remporte, cependant le record sera réalisé après coup par Gabe Brookes avec 49“ pouces soit un saut d'1 mètre et 24 centimètres, c’est énorme et la barre du bunny hop arrive quasiment à l’épaule de Cat Fish. Suite à cela les filles réalisent leurs runs, deux se dégagent des autres rideuses, Angie Marino par son style et la gagnante Camila Harambour par son engagement. Le niveau chez les filles en BMX s’améliore au fur et à mesure des events, elles roulent vite, c’est fluide, le public le reconnaît et les encourage comme il se doit.
Les finales Bmx attaquent, les 24 riders se placent en long les uns à côté des autres afin de réaliser la célèbre photo, et c’est parti. Un déchaînement de tricks et de transferts débute ! Max fait un beau run et nous gâte d’un énorme transfert repris plus tard par Drew Bezanson, le vainqueur, qui a plié le contest par des lignes engagées et deux ninja drop du haut d’un montecharge digne d’une mise en scène à la Johnny Hallyday au stade de France... Je plaisante bien sûr, son riding est impressionnant, il ne surenchérit pas forcément par des tricks impossibles mais plus par une imagination et des transferts impensables. Belle place de Maxime Charveron qui finit 14ème au général et 1er Français, devant une multitude de riders au niveau démesuré. Remise des prix, a signaler la belle feinte d’Harry Main qui tourne la tête et embrasse chaleureusement la jolie jeune fille venue lui remettre ses lots. Ça marche, tous les riders rigolent ! Le Saku Suurhall se vide et la Simple Session se termine sous une importante chute de neige. La soirée vient clôturer tard le soir ou plutôt tôt le matin cette douzième édition des Simple Session, avec une bataille de boules de neige improvisée. Cela se finit en affrontement amical entre Français et Américains, avec un net avantage aux Français. Je souhaite un bon rétablissement à tous les blessés, il y en a eu malheureusement... On se dit à l’année prochaine pour voir de nouveau l’un des plus gros events au monde ! ///Event///CONTEST
Sergio Layos - 360 Invert
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John petit
///Interview///BMX
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Interview et portrait: Edouard Lassus Photographe: Jean-Philippe Lale (sauf indiqué)
Personnage incontournable du Bmx français, figurant parmi la crème des riders internationaux dans les années 90, côtoyant les légendes de l'époque et s'imposant même comme l'initiateur de tricks jusqu'alors inédits. Désormais reconnu comme l'un des activistes les plus influents du milieu il arpente les événements français en compagnie de son micro depuis plusieurs années. C'est dans ce contexte que John Petit nous a accordé quelques instants afin de revenir sur son parcours de bmxeur, ses expériences professionnelles ainsi que sur la genèse du projet bmx fr cup. Entretien avec quelqu'un qui a dédié sa vie à sa passion.
Salut John, peux-tu te présenter rapidement ? Je m’appelle John Petit, j’ai quarante ans. Je suis né à Paris et j’ai vécu pendant trente ans dans le 93. Maintenant j’habite à Anglet, sur la Côte Basque, depuis un peu plus de trois ans. Et je pratique le Bmx depuis ving-huit ans.
Commençons par parler un peu de toi et de ton expérience en tant que rider. Il me semble que tu a été Champion du Monde Amateur à Bercy au début des années 1990 ? Oui j’ai été champion de France plusieurs fois et champion du Monde amateur une fois en rampe, ça devait être en 1990 ou 1991, à l’époque où je faisais beaucoup de vert’. Il n’y avait pas beaucoup de disciplines dans le Bmx à ce moment-là, soit tu faisais du flat soit de la vert’, un peu de mini-rampe et c’est tout. Donc je faisais beaucoup de vert’ à l’époque et effectivement j’étais reconnu parmi les meilleurs européens, donc oui j’ai été champion du Monde en amateur et j’ai fini troisième des championnats du Monde pro en 1993. Après je n’ai plus fait de résultats car j’ai arrêté la rampe puisque mon délire en vélo c’est de me faire plaisir et de m’amuser. À cette période c’était très dur de trouver des rampes, en plus c’est très sportif et très rugueux, ça fait mal quand tu tombes... Je devais faire au moins soixante kilomètres pour aller trouver la première vert' à côté de chez moi, donc au bout du compte mon riding s’est plutôt axé sur le street, puis le bowl et la minirampe. Ça fait plus de quinze ans que j’ai arrêté la vert', même le fait d’être champion du Monde amateur en rampe c’est quelque chose que j’ai un peu oublié. En fait c’est les gens qui ont besoin de te donner une étiquette, en France on est souvent comme ça, on met des étiquettes sur les gens. Personnellement je me considère comme un rider, j’ai aussi fait des résultats en tant que rider park, j’ai fait des parts vidéos en tant que rider street. Donc je me considère comme un rider, pas comme un rampe-rider.
Mais tu as quand même été le premier à passer un Flair et un 720° en spine ? Je faisais du Bmx pendant la période creuse des années 1990, c’était le moment de ma jeunesse où j’étais au taquet et vu que je faisais partie de l’élite européenne, voire mondiale, je me balançais un peu dans tous les sens et - contrairement aux jeunes d’aujourd’hui - je n'attendais pas de voir les américains ou les tricks en vidéo avant de les faire. J’essayais des trucs, donc il m’arrivait d’inventer des tricks ou de les plaquer pour la première fois. Et oui, je crois que j’ai replaqué 720° sur un spine en 1990 ou 1991, et c’est un truc qui n'a été démocratisé que cinq ou six ans après. Mais c’est juste du riding, je vivais mon expérience c’est tout. 17
« J’étais en concurrence plus ou moins directe avec des mecs comme Dave Mirra ou Matt Hoffman, qui sont des précurseurs et qui, avec le temps, sont devenus des connaissances et des collaborateurs. »
///Interview///BMX X Up - Montpellier
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John Petit Quels sont les riders marquants que tu as eu la chance de rencontrer à cette époque ? Évidemment, j’ai vécu une période du Bmx où on ne le subissait pas, on le vivait, on le créait, donc j’étais en concurrence plus ou moins directe avec des mecs comme Dave Mirra ou Matt Hoffman, qui sont des précurseurs et qui, avec le temps, sont devenus des connaissances et des collaborateurs. Il y a un respect qui se met en place et ce sont forcément des mecs frappants même si c’est un peu stéréotypé. Après il y a une ribambelle de gars qui m’ont influencé et qui sont des mecs plus ou moins connus, mais les meilleurs d’entre eux ne sont pas toujours les plus célèbres, comme par exemple Jerry Galley qui est une référence dans le milieu du Bmx en Angleterre et aux États-Unis. Je peux aussi te citer Jérôme Gauthier, il y a vraiment beaucoup de gars qui m’ont influencé, même des flatlanders. Après, comme tous les riders je suis influencé par les mecs qui me font rêver, comme par ceux qui sont proches de moi, plus performants, et qui me motivent à aller de l’avant. Concernant ton expérience professionnelle dans le milieu, tu as endossé pas mal de casquettes différentes. Peux-tu nous dire quels métiers tu as exercés ? Étant donné que cela fait presque trente ans que je suis dans le milieu mon expérience professionnelle est très variée. J’ai été pigiste dans des magazines, je le fais également pour des chaînes de télévision, en tant que consultant action-sport. Je fais aussi du consulting pour des sociétés de design, de construction de modules, ou encore des entreprises de management sportif professionnel. J’ai un peu touché à tout. J’ai également été team manager pour Etnies pendant cinq ans et puis chez Nike 6.0 quand ils ont lancé leur marque. Mais là ça n’a pas collé parce que nous n’avions pas la même vision du Bmx donc j’ai décidé d’arrêter avec eux. Le marketing c’est très intéressant, c’est vraiment un domaine que je souhaitais explorer, mais le problème lorsque tu tombes sur des grosses multinationales comme Nike c’est que tu te retrouves face à des mecs qui ont fait des hautes études de marketing et qui n’ont pas du tout la même approche que toi qui viens du milieu. Au bout d’un moment ça devient forcément compliqué et ta légitimité est mise en cause. Dans ce cas-là il vaut mieux mettre un terme à la collaboration, mais c’est tout de même une bonne expérience.
Aujourd’hui, hormis le fait d’être un rider professionnel, il y a t-il d’autres moyens de vivre du Bmx ? Il n’y a pas trente-six solutions, voire même aucune... Je t’avoue que moi-même je ne pense pas à en vivre vraiment, je vis juste ma passion. C’est à dire que je survis plus que je ne vis, je suis pas un mec qui roule sur l’or, je n’ai pas de BMW, ni de maison, ni de crédits... etc. Je vis ma passion, je suis professionnel dans mon domaine car j’ai une expertise qui me permet d’aller à droite à gauche et de joindre les bouts comme ça. En dehors du fait que j’ai été un rider reconnu et que j’ai une connaissance qui me permet de faire du consulting, aujourd’hui, le principal de mon activité c’est de donner des cours étant donné que j’ai une formation de professeur de sports. Donc je peux enseigner le Bmx et même le skate puisque j’ai passé un Brevet d’Initiateur Fédéral (BIF) en skateboard cette année. Je me suis d’ailleurs rapproché de la scène skate et je m’intéresse à leur développement.
Icepik - Photographe: Dan Hetter
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John Petit
Tu peux nous en dire plus sur la naissance du réseau BMX FR CUP ? C’est un projet qui est à la fois très lointain et très proche. On avait déjà commencé à vouloir créer un réseau associatif il y a très longtemps. Tout ça découle d’une chose très simple, c’est que depuis quelques années, tous les gars qui sont dans le milieu du Bmx depuis 10 ou 15 ans ont commencé à monter leur petites jams et leurs événements sur lesquels nous nous retrouvions à chaque fois. Par le plus grand des hasards j’ai commencé à speaker sur ce type de rendez-vous, les gens ont apprécié le travail que je faisais au micro, ce qui m’a permis d’être en contact avec tous les mecs et de voir les événements prendre de l’ampleur au fur et à mesure. Au fil des années on s’est mis à en parler et à se dire qu’il fallait se mettre en réseau pour avoir plus de force et d’influence. On avait un peu peur de la montée du réseau fédéral qui ne coïnciderait pas à la pratique, donc plutôt que de se faire approcher par la fédération et de faire un peu n’importe quoi on s’est dit qu’étant donné qu’on était en connexion on avait qu’à faire les choses à notre façon et les faire bien. Au moins si ça nous plaît à nous ça devrait plaire aux riders. Donc c’est parti de cette idée là, on en a parlé à chaque événement pendant plus de dix ans, et puis il y a deux ans de ça on s’est retrouvé aux Vibrations Urbaines, en train de faire la queue pour prendre un sandwich. On parlait de ça avec Yann Colignon d’Abbeville et il y avait les gars d’Aurillac derrière nous. On s’est mis à en discuter tous ensemble et puis à la fin des V.U. on s’est tous retrouvés par hasard autour d’une table à manger et là il y en a un d’entre eux qui a dit «ça fait des années qu’on en parle, pourquoi on ne le ferait pas maintenant ?» Du coup on les a pris au pied de la lettre et un des Troyens, Baptiste, s’est mis en tête que c’était faisable. Après ça il a acheté un nom de domaine et moi je me suis amusé à remplir le site internet d’informations, au final ça a fait effet boule de neige et c’est parti comme ça, juste d’un raisonnement logique que l’on a depuis toutes ces années, par les connexions et la densification du réseau associatif Français.
« Le BMX FR Cup est un mouvement associatif qui a pour but de rassembler les associations, les bonnes énergies, les gens qui font les choses correctement et qui ont une vision de leur activité sur le long terme. »
Vous êtes tout de même en connexion avec la FFC (Fédération Française de Cyclisme) ? Non, pas du tout, ça n’a vraiment rien à voir. Ce sont deux choses complètement différentes. Le BMX FR Cup c’est un mouvement associatif qui a pour but de rassembler les associations, les bonnes énergies, les gens qui font les choses correctement et qui ont une vision de leur activité sur le long terme. Le critère d’entrée dans le réseau c’est d’être une association - et pas une société car on n’est pas là pour faire du fric - qui soit en place à l’année, qui ait un référent pédagogique, qu’elle donne des cours, qu’elle ait une activité, qu’elle organise des jams. Bref, qu’elle fasse vivre la scène. Le but c’est vraiment d’être l’antithèse d’un truc comme le FISE (Festival International des Sports Extrêmes), qui arrive dans une ville, qui pose ses modules, qui fait toujours venir la même bande de riders, qui prend de l’argent à une ville et puis qui s’en va. Derrière il ne se passe rien, les locaux restent le bec dans l’eau, ils ont vu des mecs se balancer en l’air et puis c’est tout. Nous ce qu’on veut c’est l’inverse. C’est à dire arriver sur un lieu où les mecs sont déjà en place, ce qui leur donne l’occasion de rencontrer d’autres personnes qui font partie du réseau et qui viennent. C’est le but d’un réseau en fait, tout simplement ! Merci John, as-tu quelque chose à ajouter pour conclure ? Merci pour cette interview, j’espère que le message qui doit passer sera communiqué et je transmets le bonjour à tous les gens qui me connaissent, et qui m’apprécient. ///Interview///BMX
Tabletop - Limoges - 1997
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jared chilko
J'ai découvert pour la première fois Jared en visionnant l'une des vidéos référentes de la grande ère Fit: la «FitLife». Jared était alors dans le flow team aux côtés de Dakota Roche et Chase Dehart. Preuve de son très bon niveau alliant fluidité, technique et engagement. Lors de notre rencontre, pendant le passage du team Superstar à Aurillac, j'ai pu découvrir en lui une personne agréable et intéressante qui, malgré la barrière de la langue, s'est vite acclimatée à la France. Un rider dégageant un fort charisme que nous avons essayé de retranscrire dans cette interview. Je ne vous en dis pas plus et vous laisse découvrir l'un des piliers de la marque Superstar outre-atlantique.
Intro: Pierre Mercier Interview: Edouard Lassus Portrait: AngĂŠlique Delabre Traduction et photographie: Pierre Blondel (sauf indiquĂŠ)
Jared C hilko Salut Jared, est-ce que tu peux te présenter s’il te plait ? J’ai 25 ans, je viens de Sherwood Park et j’habite maintenant à Edmonton, Alberta, au Canada.
à quel âge as-tu débuté le Bmx et pour quelles raisons ? J’avais à peu près quatre ans quand j’ai enlevé les petites roues de mon vélo et quand mes parents m’ont acheté mon premier Bmx. J’ai adoré ça, j’essayais de lever les roues et je tombais tout le temps. En grandissant j'ai toujours continué à rider mon vélo et mon skate, mais ce n’est pas avant d’avoir 13 ans que j’ai commencé à vraiment consacrer du temps au Bmx. Un park en béton avait été construit pas loin de chez moi et on peut dire que c’était ma deuxième maison. J’adorais les sensations en sautant et en faisant des dérapages et je n’ai jamais arrêté.
Tu habites au Canada, le temps n’est pas trop rude là-bas pour pouvoir rider tout au long de l’année ? Est-ce que la scène Bmx canadienne est très développée et comment est le niveau au pays des caribous ? En grandissant j’ai été plutôt chanceux puisque j’avais un park couvert génial à seulement quelques minutes de chez moi. Je pouvais y rouler tout l’hiver et m’attaquer aux purs parks en béton l’été. Depuis deux ans, tous les parks intérieurs ont fermé donc les hivers sont devenus assez rudes niveau riding. Ça nous a obligé à trouver d’autres alternatives comme les parkings couverts et les ghettos park dans des endroits au sec. Je pense que ça a beaucoup changé mon riding, ça m’a fait me concentrer sur les bases et maintenant je me sens chanceux à chaque fois que je roule quelque chose de décent en hiver. La scène est bonne mais je pense que le manque de parks couverts a cassé la motivation. En été c’est parfait, nous avons huit parks en béton à une heure à la ronde et des spots de street plutôt bons en cherchant un peu. Il y a beaucoup de très bon riders ici. Tellement de jeunes qui progressent super vite: Luke Santucci, Isaac Barns et Matt Walser par exemple.
« Depuis deux ans, tous les parks intérieurs ont fermés donc ça nous oblige à trouver d’autres alternatives comme les parkings couverts et les ghettos park. »
Dans la majorité des vidéos tu rides beaucoup de courbes et de street, tu es assez polyvalent, mais as-tu tout de même plus d’affinités avec une de ces deux disciplines ? J’avais l’habitude de rouler surtout des parks en béton et des bowls quand j’étais plus jeune, mais je crois que le manque d’endroits couverts pour rouler durant d’hiver a vraiment changé ma vision du Bmx. Je passe énormément de temps à rider des curbs et du flat quand il fait froid, en essayant d’être aussi créatif que possible avec le peu que j’ai. Je pense que ça s’est ressenti dans mon riding pendant l’été. J’adore explorer pour trouver de nouveaux spots et en tirer le meilleur, même d’un spot basique auquel la plupart des gens n’aurait pas prêté attention. En été je vais rouler les skateparks presque tous les jours, trouver de nouvelles lignes, aller aussi vite que je peux. Je crois que chiller en ville avec les potes, voire même tout seul à la recherche de nouveaux spots, est ce que je préfère dans le Bmx ! ///Interview///BMX
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Tu as récemment fait une tournée en France et en Espagne avec le team Superstar, était-ce la première fois que tu venais dans notre pays ? Si oui, comment as-tu trouvé les spots et parks Français ? Yeah, j’ai été assez chanceux que Superstar me fasse venir en Europe, c’est quelque chose que je n’oublierai jamais. La culture est tellement différente ! Il y avait des spots partout, à Paris c’était comme s’il y avait quelque chose de nouveau à rouler à chaque coin de rue. Vince (Perraud - ndlr) et Pierre (Blondel - ndlr) nous ont trouvé les spots les plus dingues à rider, des trucs qui semblaient sortir d’un film (la Cité de l'Océan à Biarritz et la sculpture du Tour de France sur l'A64). Les parks où j’ai roulé en France étaient vraiment fun, mais une fois la frontière espagnole passée, c’était carrément fou ! 25
Hormis cette tournée tu as du faire beaucoup de voyages pour le vélo, lesquels retiens-tu particulièrement, que ce soit en bien ou en mal ? Les road trips pour aller à Vancouver sont toujours mémorables. Il y a tellement de parks en béton immense, un peu comme en Espagne et le street est aussi excellent pour être honnête. Good friends, good Times... Sur un des trips avec Calvin Wallace et Matt Walser on cherchait un endroit pour passer la nuit. On a trouvé un parking de WalMart alors on a décidé d’y monter la tente. Aux environs de 4h du matin on a été réveillés en se faisant arroser ! Comme des cons on avait mis la tente sur le système d’arrosage automatique et ça balançait de l’eau à travers la toile. Dans la vidéo «FitLife», tu étais au sein du flow team avec Dakota Roche, Mike Aitken était en pro, j’imagine que tu as dû faire quelques sessions avec eux. En gardes-tu des bons souvenirs ? Ces riders t’ont-ils influencé ? Oui, c’était fou de voir Aitken des ses propres yeux. Lui, Robbie et Beringer venaient au 1664 Street Justice Contest pour rouler, chiller et filmer. Je me souviens aussi d’une fois où Mike est venu rouler mon park couvert local. Il chillait et nous regardait rouler pendant un moment, puis il a droppé et a presque touché le plafond avec un table one foot sur le spine. Pour moi, Aitken est le meilleur rider. Et c’est quelqu’un qui a sans aucun doute influencé mon riding. J’ai rencontré Dakota seulement une fois à un autre Street Justice Contest. Ce gars déchire.
« Pour moi Mike Aitken est le meilleur rider ! c’est vraiment quelqu’un qui m'a influencé. » Depuis combien de temps maintenant es-tu professionnel en Bmx ? Je ne sais pas trop, probablement depuis que j’ai eu un guidon signature avec Seshin Bikes il y a quelques années. J’ai ressenti ça comme un honneur d’avoir mon nom sur une pièce. Merci Ted ! Ensuite j’ai intégré Superstar. Ça a été vraiment super de bosser avec Med, Julien et maintenant Pierre. Max Bonfil déchire et tous ceux qui sont impliqués dans la marque font vraiment de bonnes choses. Superstar à de très bons plans pour 2013, surveillez ça de près. Lorsque tu as débuté le vélo, aurais-tu pensé atteindre ce niveau un jour ? Pas vraiment, j’aime rouler et essayer de progresser. Juste faire les choses simplement mais aller plus loin pour moi même.
À part le Bmx est-ce que tu fais des études ou est-ce que tu travailles à côté ? J’ai fait pas mal de choses différentes: université, jobs de merde, jobs plus cool. J’ai récemment eu un boulot dans le Bmx (1664 Distribution - ndlr) et je vais voir comment ça se passe. Jusque là c’est génial ! Qu’est ce qui te plait le plus dans le vélo à l’heure actuelle ? Chiller avec mes potes, chercher de nouveaux spots et avoir un bon feeling sur mon vélo.
Tu as beaucoup de tatouages, est-ce une véritable passion et un désir depuis ta jeunesse ? Oui mec, ça fait un moment que je suis tatoué. J’ai toujours eu un look un peu alternatif et je suis très intéressé par les œuvres traditionnelles et néo-traditionnelles. Même tout ce qui est Sailor Jerry. Je n’ai aucun piercing mais j’ai des écarteurs aux oreilles, qui sont plutôt larges pour la plupart des gens. ///Interview///BMX
Lookback - Photographe: Chase Long
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Jared C hilko
As-tu d’autres passions à part le Bmx et les tatouages ? Oui, ma copine Amanda et j’adore les Volkswagen, anciennes et récentes. J’essaie aussi de me mettre à la vidéo. Ça m’occupe quand je ne roule pas.
Quels sont tes projets ? Je fonctionne au jour le jour, je le sens plus comme ça, moins tu es stressé et meilleur finissent les choses. Jusqu’à quel âge comptes-tu pratiquer le Bmx et as-tu déjà pensé à une reconversion pour plus tard ? Je roulerai jusqu’à ce que mon corps ne me le permette plus. Je n’aime pas trop penser à ça...
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anthony perrin
///Interview///BMX
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Interview: Edouard Lassus Photographies: Vincent Anglaret
Anthony Perrin est quelqu'un à surveiller de très près. En effet, à seulement 17 ans, ce jeune rider originaire de la région lyonnaise ne cesse de faire parler de lui. Avec son riding ultra technique et son style irréprochable il enchaîne les vidéos de qualité, parcourt les spots et se permet même de surclasser des riders internationaux. Pour couronner le tout ce jeune phénomène du bmx Français vient de rentrer dans le flow team de la plus mythique des marques de chaussures: Vans. Tout cela est bien mérité quand on voit la motivation et le plaisir avec lequel il pratique le bmx. Les photos de cette interview, prises par des températures plus que négatives, en sont une belle preuve. Ses performances ont de quoi impressionner, mais pas de quoi déstabiliser Anthony qui garde les pieds sur terre et conserve son attitude à la cool dans toutes les situations. «Peace man» comme il dirait !
Salut Anthony. Depuis combien de temps pratiques-tu le Bmx et quel a été ton premier contact avec le petit vélo ? Je fais vraiment du Bmx depuis bientôt cinq ans je crois. J’ai fait pas mal de sports en clubs à côté mais j’ai jamais lâché mon vélo depuis mes 3 ans et demi…
Tu as été pas mal médiatisé ces derniers temps et tu as sorti au moins quatre édits web depuis 2011, notamment deux pour Tempered et un pour Mental. C’est une demande de tes sponsors ou une initiative personnelle ? Oui j’essaie de faire le plus de vidéos possible pour les sponsors. Malgré que ce ne soit pas facile de filmer sur Lyon. C’est pas réellement un truc que je suis obligé de faire, c’est plutôt une intention personnelle. Je trouve ça vraiment cool de filmer avec les potes, sans personne qui nous oblige a faire quoi que ce soit. Tu fais juste ce dont tu as envie. Dès que j’ai l’occasion je filme le plus possible et je pense que c’est juste normal de faire ça en contrepartie de ce que les sponsors me donnent.
Ton riding se caractérise par une grande maîtrise technique, ce qui ne t’empêche pas d’être aussi très à l’aise en courbes. Quels éléments t’ont influencé vers ce type de riding ? Je pense que c’est venu naturellement, notamment en regardant des vidéos qui m’ont marqué et qui m’ont donné envie de faire des trucs comme ça. Au final j’ai commencé à me faire vraiment plaisir avec ce type de riding et j’ai presque arrêté la fun box et tous les tricks aériens. J’ai pas envie de me forcer, pour le moment je me fais vraiment plaisir sur mon vélo donc je continue a rouler comme j’en ai envie, avec pleins d’idées nouvelles en tête. Le fait de rouler dans la rue ça pousse toujours à vouloir faire des choses originales sur des spots différents.
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Tu participes à pas mal de contests, en octobre tu as terminé troisième aux Vibrations Urbaines de Pessac en catégorie professionnelle, derrière deux riders internationaux, Michael Beran et Ondra Slez. Tu as même terminé devant le hollandais Daniel Werdemeijer et l’anglais Jack Marchant. Quel effet cela fait de se retrouver sur le podium d’un événement de cette envergure, entouré de riders internationaux aussi expérimentés ? Écoute j’ai été vraiment surpris, c’est vrai que c’était un peu bizarre d’être sur le podium avec des riders qui font le Dew Tour et tout mais c’était cool. C’était aussi un peu spécial sachant que pas mal de gars qui étaient derrière s’étaient vraiment balancés, tandis que moi au final je n’ai pas risqué ma vie ! Je me suis juste fait vraiment plaisir sur mon vélo pendant deux jours, ça a été un bon week-end avec des potes que je ne vois pas souvent, ainsi que ma mère et ma copine. Le résultat du contest n’aurait pas pu me gâcher mon week-end puisque je ne venais pas dans l’état d’esprit de faire une bonne place ou pas, ça l’a simplement rendu encore plus fou !
« rouler avec Simone Barraco c’est juste cool, c’est un bon pote, je le connais depuis assez longtemps maintenant. J’étais parti une semaine chez lui en Italie. on rigole bien ensemble ! »
Ajouté à cela tu étais le seul rider des finales à proposer un type de riding habile et plein d'adresse, aux antipodes des tricks spectaculaires de la majorité des participants. Cela ne t’a pas empêché de finir troisième. Est-ce bien que le riding technique commence à être apprécié et récompensé dans ce genre de contests où c’est souvent le sensationnel qui prime ? Ouais je me sentais un peu comme un intrus dans la finale, tout le monde allait trop haut et se jetait. Moi je n’ai sauté la funbox qu’une fois en finale, après j’ai fait ce dont j’ai l’habitude, juste en essayant de le faire sur des modules variés. Alors c’est clair que ça fait plaisir de voir que ton riding a été apprécié, c’est motivant. Je trouve ça cool que tous les types de riding soient récompensés. Par exemple Mike Aitken au Dew Tour dirt il a proposé un riding vraiment diffèrent des autres, peut être moins impressionnant pour certains, mais en tout cas il a gagné et il ne l’a pas volé !
///Interview///BMX Bus - Clermont Ferrand
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A nthony Perrin Tu habites dans la région lyonnaise, quels sont tes spots et parks favoris là-bas ? En fait je roule à Gerland les mardi soirs quand il fait nuit tôt et que le temps n’est pas top. Sinon dès que je peux je roule dans la rue. Je vais aussi au park de Tarare avec tous mes potes du coin, BIG UP à eux !! Tu as la chance de souvent changer d'environnements, dans quelles villes vas-tu rouler le plus souvent ? J’essaye de bouger dès que je peux. Je vais assez souvent à Montpellier pour voir les potes de Bmx Avenue - big up à eux aussi - pour filmer et chiller. Sinon je roule souvent en park et en street à Clermont-Ferrand, quand je suis chez ma copine.
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A nthony Perrin Tu reviens d’ailleurs d’un voyage à Barcelone avec Simone Barraco et les riders Mental, comment ça s’est passé ? Ça fait quoi de rouler avec un mec comme Simone Barraco ? Oui j’étais à Barcelone pour un trip Mental, Simone m'a dit qu’il était là-bas aussi, j’ai ensuite appris que mes potes Joris Coulomb et Arnaud Wolf venaient en même temps que moi. J’allais avec les gars de Mental et souvent les autres venaient avec moi ou me rejoignaient. C’était vraiment bien de rencontrer les mecs de Mental venant des quatre coins de la planète. Et rouler avec Simone c’est juste cool, c’est un bon pote, je le connais depuis assez longtemps maintenant. J’étais parti une semaine chez lui en Italie il y a déjà deux ans je crois, on rigole bien ensemble ! C’est un bon gars, avec lui c’est comme quand je roule avec mes potes habituels. Sinon au niveau des études ça donne quoi ? Tu as une idée de ce que tu veux faire plus tard ? Alors pour les études je suis en terminale bac pro MEI. J’espère avoir mon Bac mais je ne pense pas continuer les études après, je verrais comment les choses se passent...
« Je me verrais bien en haut d’un arbre, dans une cabane immense en Jamaïque, avec un jardin juste en dessous de chez nous et une petite street plaza à côté ! » Est-ce que tu as des projets de prévus dans les temps à venir ? Normalement deux vidéos vont bientôt sortir ou seront déjà sorties quand vous lirez ça. Je dois aussi filmer pour une grosse vidéo de tout le team Tempered qui sera une sorte de DVD… Mais disponible sur le web. Tu gères énormément bien les tricks en nose, est-ce ce que tu es un «fétichiste» de l’avant ? Ouais j’adore faire des tricks sur l’avant ! Je trouve que la sensation est vraiment agréable. En ce moment je ne fais quasiment que des tricks en nose, alors qu’un an auparavant je n’arrivais toujours pas à tomber en avant par dessus le vélo sans me faire mal ! D’où te viens le surnom de «P'tit Chase»? Quand j’étais petit et que je commençais le vélo tous mes potes trouvaient que je ressemblais un peu à Chase Hawk… C’est passé de Chase à P’tit Chase et puis c’est resté ! Où et comment te vois-tu plus tard ? Je me verrais bien en haut d’un arbre, dans une cabane immense en Jamaïque, en compagnie de tous mes potes et mimi, avec un jardin juste en dessous de chez nous et une petite street plaza à côté ! Ouais je rêve un peu trop… Non mais réellement je ne sais pas trop, j’aimerais habiter là où il fait beau, genre Montpellier ou Barcelone, avec des potes et ma copine.
Merci d’avoir joué le jeu, as-tu quelque chose à ajouter ? Des remerciements ? Alors déjà merci pour l’interview ! Ensuite j’aimerais remercier Pascalou, Fafa et PM à Bmx Avenue pour être vraiment cool. Mat de Tempered, Janis de Mental, Tommy de Watlaw et Dech de Bmx Things. Sans oublier toutes les personnes qui m’ont aidé ! Je tiens aussi à remercier ma mimi, et ma mère pour tout ce qu'elle a fait pour moi. Je ne serais pas allé très loin sans elle... PEACE. ///Interview///BMX Downside Whip - Clermont Ferrand
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Texte: Edouard Lassus Photographies: Clément Le Gall
rekiem skateboards Dirigeons-nous au coeur du Pays Basque et plus précisément vers la ville d'Anglet dans laquelle est née - depuis maintenant une décennie - la marque Rekiem Skateboards. Une idée qui a mûri dans la tête d'un jeune skateur Montpelliérain expatrié sur la Côte Basque le temps de ses études. Une région qu'il n'a finalement jamais quittée. En effet, c'est là-bas que Pierre Pascaud a fondé son entreprise et façonne ses planches à la main, au fond de son atelier. Un pari osé à l'heure où toutes les marques fabriquent leurs plateaux selon un processus industrialisé faisant appel à l'externalisation des moyens de production, dans un contexte de mondialisation. La marque Rekiem fait donc office d'exception dans le paysage du skateboard contemporain puisque son créateur réalise ses plateaux de manière totalement artisanale, de la première à la dernière étape. Tout cela en proposant des produits de qualité qui sont conçus avec une préoccupation de taille: le respect de l'environnement. Un programme qui nous a conquis et qui devrait plaire à Eva Joly...
///Report///SKATE Rekiem family - Pierre Pascaud. Anthony Boudard. Jérémy Hugues.
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La naissance du projet:
L’aventure Rekiem a débuté au fond de la cave familiale, à la fin des années 1990. A cette époque Pierre Pascaud (alors âgé de 14 ans) et son père tentent de mettre au point leur première planche maison, un défit de bricoleurs au budget serré, à une époque où le prix d’une planche avoisinait les 500 Francs. En résulte un premier prototype, composé de seulement cinq plis de placage, qui ne tiendra malheureusement pas plus d’une journée. Quoiqu’il en soit le projet est là et Pierre ne se laisse pas abattre. Après des études de menuiserie suivies de plusieurs années de recherche, de réflexion et de tests, ainsi que l’aide d’un grand nombre d’amis, il parvient au résultat souhaité et peut enfin lancer sa production artisanale de skateboards, en y ajoutant au passage une démarche éco-responsable qui donne aujourd’hui un véritable atout à ses produits.
Les contraintes:
La première difficulté du jeune entrepreneur a été de trouver un fournisseur de bois répondant à ses attentes. La France ne disposant pas d’une offre de bois d’érable assez conséquente, il a du se tourner vers des fournisseurs nord-américains afin d’obtenir du bois de qualité en quantité suffisante. Pierre a également dû se constituer un parc de machines adéquat, lui permettant de réaliser lui-même toutes les étapes de fabrication. Pour cela il a été aidé par des amis métalliers qui ont pu l’assister dans l’élaboration d’outils indispensables tels qu’une presse et un moule. Concernant le local, c’est après un stage de fin d’études chez un fabricant de rampes que ce dernier lui a permis de débuter son activité dans une partie de son atelier, qu’il a depuis récupéré dans son intégralité. Les autres contraintes rencontrées par Pierre vont de paire avec sa volonté de proposer des produits respectueux de l’environnement.
///Report///SKATE Jérémie Plisson - Frontside Melon
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Un challenge écologique et environnemental:
C’est grâce à son caractère artisanal que Rekiem Skateboards est en mesure de fabriquer des planches dans un souci de préservation de l’environnement. En effet, le bois d’érable utilisé dans la création de ses planches provient de forêts répondants aux conditions du développement durable. Ajouté à cela il est livré par containers groupés au port de Bilbao, à seulement une heure de l’atelier d’Anglet. Contrairement aux marques classiques, qui font sous-traiter les différentes phases de fabrication dans divers pays du globe, Rekiem réalise l’intégralité de son processus de production dans sa fabrique. Ces deux éléments permettent de réduire considérablement l’impact du transport sur l’environnement, puisqu’après la livraison du bois en provenance d’Amérique du Nord il ne ressort de l’atelier qu’une fois le produit finalisé, pour être livré directement aux clients. Toujours dans une exigence de responsabilité écologique, mais aussi de protection de la santé, les colles et encres utilisées sont sans solvants (et approuvées par les normes internationales de la Food & Drug Administration) ce qui fait qu'elles ne sont pas nocives pour le système respiratoire, contrairement aux colles et encres chimiques classiques.
Processus de fabrication:
L’aspect graphique:
L’autre originalité de Rekiem se trouve dans le graphisme de ses planches puisque la marque n’a pas vraiment de graphiste attitré mais préfère collaborer de manière ponctuelle avec divers artistes afin d’obtenir des séries limitées de planches. Les premiers à avoir contribué au projet sont des amis et connaissances de Pierre: Lo², Xavier T, Turbo Mangane, Enco, Stony... Le skateur-artiste Nils Inne a également proposé une série d’illustrations pour des plateaux. Plus récemment c’est le célèbre cartoonist américain Andy Singer qui s’est associé à la marque pour réaliser cinq visuels engagés. Ces graphismes sont appliqués sur les planches avec une encre aqueuse sans solvants, selon un procédé de sérigraphie à l’ancienne. Le marquage du logo est ensuite fait à chaud sur le dessus de la deck.
Jérémy Hugues - Backtail Crail
étape 1: sélection des sept plis et encollage. étape 2: mise sous presse et serrage. étape 3: perçage des huit trous centrés. étape 4: tracé de la taille de la planche. étape 5: première découpe des contours. étape 6: usinage de précision. étape 7: finition avec le ponçage des tranches. étape 8: application du vernis.
Production et distribution:
La marque dispose d’un stock de bois permanent et travaille en flux-tendus, selon ses commandes, ce qui permet de fabriquer les planches sur mesure. Le client choisit ainsi la taille de son plateau et le graphisme qu’il désire. Outre les planches aux formes classiques, Rekiem offre également un choix de shapes de type cruiser, une planche à découper soi-même selon son envie ou encore une deck en forme de phallus. À l’heure actuelle seulement une poignée de shops français distribuent la marque artisanale basque, celleci privilégiant la vente directe à l’atelier ou par le biais de son site internet, ce qui permet de garder le contact avec le client et de lui façonner une planche adaptée à sa demande.
Le team:
Un des atouts de Rekiem réside aussi dans son team de riders qui ne se veut pas seulement être une vitrine commerciale et marketing mais surtout une vraie équipe soudée, chaque membre étant véritablement impliqué dans l’aventure. Ainsi, selon un système participatif, chacun donne son coup de main dans le développement de la marque selon ses propres compétences. Cela va de l’aide au sein de l’atelier, jusqu’à la réalisation d’outils de communication tels que les photographies ou les vidéos, toutefois sans oublier de s’octroyer des bonnes sessions entre potes.
Le futur:
La marque a comme projet une nouvelle collaboration avec l’artiste Andy Singer, pour une série de trois visuels. Une autre coopération est prévue avec David Lanaspa, qui avait déjà œuvré sur une planche et un T-shirt dans le cadre d’un co-branding entre le magazine SOMA et Rekiem. Pour plus d’informations rendez-vous sur le site internet de la marque, à qui nous souhaitons bonne continuation tant ce concept de fabrique artisanale est novateur, intéressant et très courageux.
///Report///SKATE Damien Marzocca - BS smith grind
Jérémie Plisson - Tucknee - Langon
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Jack Ripper, modèle photo chez BKRW, Paris, France, 2010 Film argentique couleur, format 6×7
Une interview d'Edouard Lassus Photographies de Julien Lachaussée extraites de son livre «Alive Tattoo Portraits»
julien lachaussée Julien Lachaussée est un photographe Parisien dans la force de l'âge. C'est sa passion pour le skateboard qui l'a mené vers cet art. Il décida alors de faire de ce nouveau hobbie son métier et entreprit des études dans une école de photo, avant de faire une rencontre qui le propulsa comme assistant d'un photographe de mode. Un parcours bénéfique qui lui permit d'acquérir toutes les connaissances et l'expérience nécessaire avant de se lancer en tant que photographe indépendant. Aujourd'hui, à 36 ans, Julien est un artiste accompli et renommé dans le milieu de la street culture. Grâce à son goût pour le skateboard, couplé à celui de la musique, ainsi qu'à son attirance pour le tatouage, il a su se forger cet univers si singulier le représentant à la perfection. Quelques mois après la sortie de son livre «Alive Tattoo Portraits» - véritable recueil réunissant 146 poses d'individus hétéroclites stigmatisés et unifiés par le tatouage - nous avons eu l'occasion de nous entretenir avec cet artiste qui a également eu l'opportunité d'immortaliser les plus grandes stars du skate, ainsi qu'un bon nombre de groupes de rock, et qui utilise régulièrement les ressources architecturales et underground de notre capitale comme toile de fond pour ses clichés.
Salut Julien. Depuis combien de temps tu pratiques la photographie ? Ça fait une douzaine d’années que je fais de la photographie de manière professionnelle puisque j’ai fait une école pendant deux ans, ensuite j’ai été assistant durant cinq ans et je suis à mon compte depuis trois ou quatre années maintenant.
Comment as-tu découvert la photo ? En fait j’ai commencé un peu comme tout le monde, j’ai commencé à photographier des potes avec un appareil qui traînait à la maison. Et puis un jour on prend goût à faire ça et on se dit qu’on ne deviendra pas tous professionnels en skateboard, donc qu’on ne pourra pas en vivre... Du coup je me suis dit que ce serait cool que j’essaie de faire de la photographie mon boulot, car c’était vraiment quelque chose qui me plaisait. J’ai donc commencé à faire une école, ça m’a intéressé de plus en plus et ensuite j’ai trouvé un photographe de mode qui m’a pris sous son aile et que j’ai assisté pendant cinq ans. Ma passion s’est renforcée avec le temps et à un moment je me suis dit que c’était vraiment ce que je souhaitais faire, à partir de cet instant je me suis donné à fond là-dedans. ///Interview///ART
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Julien L achaussée Comment es-tu devenu l’assistant de Jan Welters, ce photographe de mode Hollandais ? Est-ce le fruit du hasard ou avais-tu envie de travailler dans ce milieu ? Quand j’étais en école de photo la mode n’était pas du tout une chose qui me branchait, même si dans l’univers du skate on aime bien l’esthétique, avec les looks ou les graphiques sur les boards, j’aimais plutôt faire des photos d’objets, des natures mortes, j’aimais bien me prendre la tête sur les détails et les lumières. La photographie de mode est arrivée dans ma vie par hasard, grâce à une connexion. En fait pendant pas mal de temps j’ai travaillé dans un concept store Levi’s où il y avait une petite galerie. La femme de Jan Welters était styliste et travaillait avec un collègue qui m’a proposé de venir un jour sur un shooting. J’y suis allé et puis je suis revenu deux fois, trois fois et finalement je suis resté cinq ans... Ça c’est fait un peu naturellement et par hasard mais c’était super. Que t’as apporté la photo de mode en plus de ce que tu avais appris avec ton école ? Disons que l’école est une bonne chose car cela t’apprends certaines bases, mais une fois que tu en sors c’est comme si tu ne connaissais rien en fait... Les cours et le travail de photographe en lui-même sont des choses qui n’ont rien à voir, donc tu réapprends tout d’un coup et tu découvres vraiment comment cela se passe sur un plateau. On travaillait beaucoup en studio, il fallait aller au devant des gens pour faire une belle photo. Et pour rendre la personne à l’aise il faut déjà que toi tu sois en confiance, donc ça t’apprends à être moins timide, à aller vers les autres et à vraiment découvrir le métier, notamment quand tu as les clients qui sont derrière et qui te mettent la pression... C’est là que j’ai tout appris en réalité.
« Je voulais vraiment essayer de regrouper un peu tous les univers avec des gens venant du hip-hop, de la moto, de la rue, du strip-tease ou encore des voyous, des plombiers... etc. »
On peut donc établir une connexion entre la mode et ton livre «Alive Tatto Portraits» ? Oui, la mode a été une étape. Quand tu restes aussi longtemps en tant qu’assistant d’un photographe tu deviens un peu pareil, un peu comme son disciple. Sauf qu’après, lorsque tu fais ton propre parcours, il faut arriver à se détacher de cela et trouver l’univers qui t’est propre et personnel. Donc ça m’a demandé un peu de temps, c’est pour cette raison que je me suis un peu déconnecté de l’univers de la mode pour trouver mon univers à moi, qui est celui de la rue, du skate, du tatouage, du rock...etc. Tous les univers underground à vrai dire.
Pourquoi avoir choisi le tatouage comme thème principal de ton livre ? Est-ce une passion ou plutôt une manière de mettre en relation tous les milieux que tu affectionnes ? À la base l’idée était de faire des portraits de personnes avec leur univers. En fait le tatouage arrivait en second plan, c’était vraiment la connexion entre tous ces milieux. L’idée première était de faire ressortir l’univers de chaque personne à travers sa passion, que ce soit le skate, le bmx, le métal ou le hip-hop. Le tatouage arrivait ensuite pour enrichir davantage cet univers à travers la symbolique des personnes qui les portaient et qui écrivaient un peu leur histoire sur leur corps. ///Interview///ART
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Kwet, BMX rider Paris, France, Juin 2010 Film argentique N&B, format 6Ă—7
Mimo, skateboarder Bowl de la Muette, Paris, France, 2009 Film argentique N&B, format 6Ă—7
Julien L achaussée Tu as donc passé six années à réaliser et rassembler ces clichés d’individus tatoués ? Oui c’est bien ça. Cela m’a pris pas mal de temps car c’est un projet pour lequel je ne me suis pas du tout mis la pression, j’avais vraiment envie d’en faire un livre mais je ne me suis pas fixé de date butoir, j’ai préféré me laisser le temps. Ce qui est intéressant c’est que certaines images ont mûries parce que les gens ont grandis, ont évolués. Certaines personnes que j’ai prises en photo il y a un moment sont maintenant remplies de tatouages alors qu’à l’époque elles n’en avaient que quelques-uns. Donc cela a donné une histoire aux photographies dans le temps. Et puis après tout s’est fait naturellement et un peu par hasard. J’ai été contacté par les éditions Eyrolles pour éditer le livre, j’ai alors pensé que c’était le moment propice pour le sortir. L’idée de ce livre était-elle déjà présente avant que tu débutes cette quête photographique ou est-elle venue pendant ? L’idée a vu le jour lors d’une discussion avec un ami à qui je faisais part de mon désir de créer un bouquin sur tous ces univers un peu durs comme les bikers, les skins, les bodybuilders ou encore les strip-teaseuses, qui m’ont toujours fasciné et dans lesquels les gens ont fait un vrai choix par rapport à leur look et à leur mode de vie. Généralement quand j’ai une idée en tête je l’aie jusqu’au bout, donc ça ne m’a jamais lâché !
« Des fois on devait traverser des voies ferrées, il y avait des trains qui arrivaient, alors il fallait être attentif pour ne pas se faire dégommer. » Hormis les personnes tatouées que tu as shooté et que tu connaissais déjà, comment as-tu fait pour réunir un panel de modèles aussi large et diversifié ? Je voulais vraiment essayer de regrouper un peu tous les univers avec des gens venant du hip-hop, de la moto, de la rue, du strip-tease ou encore des voyous, des plombiers... etc. L’objectif c’était d’avoir tous ces milieux avec toutes les tranches d’âges différentes pour montrer que ça parle vraiment à tout le monde et que chacun peu l’interpréter à sa façon. Au début j’ai donc commencé à faire quelques photos et chaque modèle m’en présentait un autre, donc ça c’est fait de manière assez naturelle. Mais ça m’a pris beaucoup de temps car il y a des connexions, dans certains milieux, qui ont mis longtemps à se faire car ce sont des gens qui ne se laissent pas photographier facilement. Par exemple pour les bikers ou les strip-teaseuses ça doit être un peu complexe non ? Pour les strip-teaseuses ça n’a pas été très difficile, et même plutôt cool, mais pour tout ce qui est des motards ça a été vraiment long et compliqué !
Certaines rencontres ont-elles été marquantes ? Oui, il y a beaucoup d’anecdotes ! J’ai eu des bons rapports avec toutes ces personnes et beaucoup sont devenus de très bons potes avec qui je garde contact. C’était plutôt des anecdotes rigolotes.
Tu peux nous en citer une ? C’est pas évident d’en raconter une comme ça... Mais c’est vrai que pour certaines photos on s’est toujours mis dans des situations un peu particulières parce que j’aime bien les endroits underground. Des fois on devait traverser des voies ferrées, il y avait des trains qui arrivaient, alors il fallait être attentif pour ne pas se faire dégommer. Parfois quand j’arrivais dans des univers inconnus c’était un peu stressant et déstabilisant... ///Interview///ART
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Julien L achaussée Est-ce toi qui est à l’origine du choix des environnements servant de décors ? C’était assez aléatoire. Certains m’emmenaient dans leur propre élément en me disant «Moi je traîne souvent dans cet endroit...» Donc j’étais ravi quand on pouvait me proposer des lieux. Sinon des fois je me disais «Lui je le verrais bien là, ça le représente vraiment...» Donc tout s’est fait au feeling en fait ! De toute façon un livre comme celui-ci c’est vraiment un échange entre les modèles et le photographe, on intervient tous ensemble pour créer une belle chose. L’idée c’était aussi de s’éclater, comme un jeu, on ne se mettait pas de pression, on prenait plaisir à se donner rendez-vous, à chercher un spot... Chaque moment était cool.
En parallèle à la création de ce livre qu’as tu fait pendant ces années-là ? J’ai réalisé une campagne de publicité pour la marque Edwin, dernièrement j’ai shooté la pochette du dernier album de Daniel Darc, et là je bosse sur des nouveaux projets de bouquins qui sont en pleine élaboration. Après ce sont des petits boulots qui me permettent d’alimenter tout ça parce que ça me revient cher de travailler en argentique. Je ne bosse jamais en numérique car ce n’est pas quelque chose qui me parle. En plus quand tu as l’habitude de l’argentique, que tu as du bon matériel et que tu sais ce que tu veux, il n’y a pas de raisons de louper sa photo !
« Je ne bosse jamais en numérique car ce n’est pas quelque chose qui me parle. Tout le livre a été fait au moyen format et au Polaroid. »
Tu fais principalement du moyen format, quel matériel utilises-tu ? Tout le livre a été fait au moyen format et au Polaroid. C’est vraiment au feeling, j’ai plein d’appareils différents, je me lève le matin et j'en choisis un selon mon envie. Je ne suis pas quelqu’un qui établit les choses à l’avance, c’est vraiment au coup de coeur. Tes prochains projets de livre sont-ils des projets en solo ou à plusieurs ? Je travaille sur des projets vraiment personnels car je suis assez solitaire et j’apprécie le fait de travailler tout seul. À travers mes livres j’essaie de faire passer mes passions et les partager avec les gens qui aiment la photo, le tatouage et les ambiances rock’n’roll. C’est une façon de se faire plaisir tout en partageant les choses que j’aime. Ce qui est intéressant c’est de pouvoir prendre un livre, le regarder plusieurs fois et découvrir des nouveaux détails à chaque fois. J’aime bien qu’il y ait plein de détails dans mes photos, cela permet de les redécouvrir sans cesse.
Tu peux nous en dire plus sur ces prochains livres ? Oui, en ce moment je travaille sur un futur bouquin qui traitera du skate, du hip-hop et du hard rock, avec tout le côté des pro-skaters et des stars de ces genres musicaux. Les rencontres et contacts avec de telles personnalités ne sont-elles pas plus difficiles ? C’est super compliqué, ça dépend un peu mais des fois cela demande énormément de temps. Il faut avoir une énergie incroyable parce qu’il peut arriver d’attendre six à huit heures dans les backstages pour avoir une photo et des fois tu ne l’obtiens même pas, mais il ne faut jamais lâcher. Du coup ces temps-ci je vais à deux ou trois concerts par semaine. ///Interview///ART
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Virgil, pierceur Rue de Charonne, Paris, France, 2007 PolaroĂŻd NĂŠgatif 665
Julien L achaussée Quels sont les groupes de hard rock que tu affectionnes le plus ? J’adore Guns’n’Roses, Suicidal Tendencies, Mötley Crüe... Je suis assez nostalgique des groupes de la grande époque des années 90. J’aime bien tous ces groupes dans lesquels il y a de vrais leaders et tout un univers très fort autour ! Les groupes qui ont du spirit et qui sont ancrés dans le temps en fait ? Oui c’est ça. Parce que c’est vrai que maintenant on est dans un rapport avec la musique où les groupes défilent, ils durent six mois ou un an et on ne les voit plus. Comme je ne bosse qu’en argentique j’essaie d’avoir un vrai rapport avec l’image, c’est à dire de travailler avec des gens qui ont un véritable spirit et un vrai lifestyle, qui sont là depuis un moment, qui ont des choses à dire, et pas spécialement des choses éphémères.
« Quasiment tout le monde à des tatouages maintenant depuis le mec un peu bad boy à la petite nana précieuse, en passant par le bobo ou le chirurgien. » As-tu déjà eu quelques retours sur ton livre et son impact ? Étant donné qu’il n’est sorti que depuis quelques mois je n’ai pas encore eu de vrais retours pour savoir si cela avait bien marché. Mais c’est vrai qu’il y a déjà eu beaucoup d’articles de presse dessus, j’ai également participé à une émission de télévision et j’ai encore beaucoup de demandes avec la presse qui arrivent. Je vais essayer de le faire vivre au maximum pour le faire partager à tout le monde. Ce n’est pas toujours évident de communiquer énormément sur un livre qui traite de tels sujets.
Oui c’est vraiment underground et le tatouage n’est pas forcément une chose appréciée par tous... En effet, mais de nos jours c’est quand même quelque chose qui se démocratise de plus en plus et qui touche tous les styles de populations, depuis le mec un peu bad boy à la petite nana précieuse, en passant par le bobo ou le chirurgien... Quasiment tout le monde à des tatouages maintenant.
///Interview///ART
As-tu quelque chose à rajouter pour finir ? Je dirais juste que j’espère qu’on pourra encore travailler le plus longtemps possible en argentique, donc si tu peux passer le message pour qu’on continue à nous faire plein de pellicules et plein de polaroids !
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360 Flip - Bordeaux.
top five
benjamin garcia
Profil par Edouard Lassus Photographies de Kevin Zephyr
Benjamin Garcia est un jeune rider bordelais de 18 ans qui possède déjà toutes les qualités d'un très bon skateur. Son terrain de jeu favori n'est autre que la côte ouest, dont il écume les spots afin d'assouvir son penchant prononcé pour tout ce qui est gap et rail, sans toutefois oublier d'étoffer en permanence sa technique et sa palette de tricks, qui s'avère déjà bien complète. Voici donc un rapide questionnaire qui va nous permetrre d'en savoir plus sur les influences, les motivations et les envies de ce rider prometteur.
Les cinq riders qui t’ont le plus influencé ou qui t’influencent encore beaucoup: Cody Mc Entire Mike Mo Capaldi Nyjah Huston Youness Amrani Shane O’neill
Les cinq meilleurs endroits où tu préfères faire de la planche à roulette: Bayonne Irun Bergonié (Bordeaux) Mériadeck (Bordeaux) San Sebastian
Les cinq vidéos de skate qui t’ont marqué à vie et dans lesquelles tu aurais aimé être: Fully Flared (Lakai) Rise & Shine (Element) Now or Never (Jart) Feed the Need (Osiris) The SB Chronicle Vol. 1 (Nike SB)
Les cinq choses que tu adores faire quand t’es pas sur ta planche: Sortir avec des potes Chiller en soirée Dessiner sur des grips que je skaterais Mater des films Squatter mon shop
Les cinq tricks que tu arrives à plaquer tout le temps parce que tu es trop fort: 360 Flip 360 Back Big Spin Flip Nollie Inward Heelflip Switch Heelflip
Les cinq tricks que tu rêves de plaquer un jour, mais que pour l’instant tu ne comprends pas comment il faut faire: Switch Flip Back Tail Slide Laser Flip Flip Back Nose Blunt Back Smith Flip Out Nose Wheeling Nollie 360 Flip Out
///Profil///SKATE
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Les cinq choses que t’as envie de faire avant de mourir à 122 ans comme Jeanne Calment: Aller aux états-Unis Skater le park des Berrics Skater les parks en béton d’Australie Skater le street de Barcelone Créer mon magasin de skate
Les cinq trucs qui te font gerber dans le milieu du skate: Les gens qui skatent pour la compétition Les trottinettes aux skatepark Ceux qui skatent défoncés Les mecs qui ne pensent qu’aux sponsors Les flics qui nous virent des spots
Tes cinq meilleurs souvenirs sur une planche avec des roulettes: Quand j’ai mis 3.6 Flip aux Quinconces Quand j’ai mis 3.6 Back aux Quinconces Session à San Sebastian à 3h du matin avec des potes Les soirées S.K.A.T.E. avec Nico Tous les road-trip à Bayonne
Les cinq trucs que tu préfères dans la culture skate: Les potes Les road-trip Le street Les voyages L’adrénaline
Le top 5 des meilleures réponses de ton top 5: Skater le park des Berrics Cody Mc Entire Bayonne Les soirées S.K.A.T.E. avec Nico 360 Flip
La journée utopique de Benjamin se résumerait donc à taper des 360 flip avec Cody Mc Entire sur le park de The Berrics - qui aurait été spécialement implanté pour lui dans la ville de Bayonne - avant de finir tout ça par une soirée S.K.A.T.E. avec son pote Nico. Beau programme en perspective ! Frontside Boardslide - Bordeaux
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Interview: Edouard Lassus Photographe: Boris Frantz (sauf indiqué)
O livier durou Ami avec Lucas Puig depuis plusieurs années, Olivier Durou et ce dernier sont des membres fondateurs du célèbre crew de skateurs évoluant dans la ville rose: les Kurd. Un groupe de riders qui s'est constitué autour des frères Taoussi et qui compte désormais une dizaine de potes. Olivier adopte un style de skate simple et efficace qu'il conjugue avec une certaine polyvalence et une pointe de technique. Le tout sans fioriture, si ce n'est la richesse de son vocabulaire et son franc parler envers sa planche lorsqu'il est en désaccord avec elle. Deux traits de caractère que vous retrouverez dans cet échange sympathique.
Peux-tu commencer par te présenter brièvement ? Salut. J’ai 25 ans et je suis originaire de Cahors, une petite ville à une heure de Toulouse où je vis actuellement. Depuis combien de temps pratiques-tu le skateboard et comment as-tu débuté ? J’ai commencé le skate comme tout le monde parce que mes potes en faisaient et j’en fais depuis environ la moitié de ma vie (merde…). Qu’est ce qui t’a plu dans le skate lorsque tu as commencé et qu’est ce qui te plaît le plus aujourd’hui ? Ma mère voulait que je fasse un sport mais les horaires et les profs ce n’est pas ma tasse de thé.
Comment te décrirais-tu en tant que skateur et en tant que personne ? C’est toujours difficile de se décrire tant au niveau du skate que dans la vie. Ça me rappelle les entretiens d’embauche. Mais pour le coup je ne joue pas ma survie alors pour rester vague je dirais que je suis un feignant motivable.
Comment définirais-tu ton approche du skate en tant que sport et en tant que culture ? Je pense que j’approche le skate comme un moyen de me défouler sans règles drastiques. Je dirais, pour paraître intelligent, que le skate est au sport conventionnel ce que l’onanisme est à la relation amoureuse. ///Interview///SKATE
Flip BS smith - Toulouse
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O livier D urou On te voit dans beaucoup de vidéos sur internet en ce moment, notamment avec Lucas Puig. Depuis combien de temps vous connaissez-vous ? On s’est rencontré il y a six ou sept ans. Au même moment, je rencontrais les Kurds. De fil en aiguille on a sympathisé et le crew est devenu ce qu’il est.
« le skate est au sport conventionnel ce que l’onanisme est à la relation amoureuse. »
Vous avez récemment sorti une vidéo complète intitulée «Kurd Are My Heroes» et que l’on a pu voir sur le web. Il me semble que vous avez mis deux ans à la réaliser. La vidéo a bien fait parler d’elle et a été visionnée des milliers de fois. L’objectif était-il de mettre en avant la scène skate toulousaine ? En réalité le projet a débuté à la sortie de «La Kurde» qui était le projet originel rassemblant des amis d’enfance (Amine, Reda, Hugo et Alexis). C’était il y a environ cinq ans. Au début l’idée était plus de filmer tout ce qu’on pouvait. Petit à petit on s’est orienté vers quelque chose de concret mais dans le cadre amical. Au final le résultat reflète bien la scène Toulousaine, les spots, l’ambiance et surtout l’évolution des personnages (cheveux, vêtements…). La vidéo ne représente néanmoins pas toute la scène locale. Pourquoi «Kurd Are My Heroes» ? À la suite de la première vidéo l’expression «Kurd» est restée. Le surnom collait bien à la peau des jumeaux ! L’expression «Kurd Are My Heroes» sonnait bien et je pense qu’elle reflète bien notre auto-dérision, en tout cas j’espère que les gens l’ont pris comme ça.
Sinon vous faites en ce moment un série de vidéos «Made In Toulouse» consacrées au street dans la ville rose. Peux-t-on considérer qu’il s’agit d’une suite logique à la «K.A.M.H» mais avec un effectif réduit ? En fait Lucas a chopé une caméra et donc il était trop chaud pour filmer et faire des petits montages ghetto. C’est ce qu’on a fait. Pas de gros projets, pas de réflexion poussée, juste du skate. Tu skates depuis peu pour Adidas, comment astu intégré le team ? As-tu d’autres sponsors ? J’ai toujours adoré skater des Adidas et puis la Grouss (Jérémy Grousset) m’a dégoté ce plan chez Adidas via le shop Victory, qui est mon autre sponsor depuis presque huit ans (fractionné entre le premier shop tenu par Quentin [où j’ai rencontré la Grouss] et le shop actuel tenu par Jérémy). Lucas et sa marque Hélas me donnent aussi des casquettes à moi et aux autres membres Kurd.
Ollie - Toulouse - Photo: David Lestrade
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« Je remercie ma famille qui m’a rarement encouragé à skater et qui m’a donc donné la meilleure raison de continuer. » As-tu un meilleur et/ou un pire souvenir sur ta planche ? Mes pires souvenirs ce sont toutes les fois où je n’ai pas eu les couilles d’arrêter ce sport de merde et mon meilleur c’est d’avoir commencé un jour ! Hormis le skate est-ce que tu as une activité professionnelle ? En ce moment je prépare mon Diplôme National d’Oenologie. Je suis donc à nouveau étudiant pour deux ans.
As-tu des projets en cours ? On commence à sérieusement réfléchir pour faire une vidéo avec Victory, mais ma part sera surtout axée sur le vocabulaire du Capitaine Haddock et celle de la Grouss sur son régime alimentaire. Ce sera une vidéo artistique ! Sinon certainement du «Made in Toulouse» à gogo. On verra ce qu’on peut faire !
Que souhaites-tu ajouter pour conclure ? Des remerciements ? Je vous épargnerai l’éternel sermon sur le fait de ne pas se prendre la tête et de skater pour le plaisir et tout ça... Rien ne prend autant la tête que le skate et c’est pour cette raison que j’aime ça et je connais personne non plus qui skate pour le déplaisir… Franchement il faudrait être con ! Merci à la Grouss et à Victory, Lucas et Hélas, Adidas, tous les Kurds, ainsi que ma famille qui m’a rarement encouragé à skater et qui m’a donc donné la meilleure raison de continuer, ma copine et tous mes potes de Cahors avec qui j’ai commencé. Switch Ollie - Toulouse
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Photographe: Nico Petitjean
live
S a face &... Nom: Vignal
Prénom: Stéphane Pseudo: OPÉRA Âge: 29 ans
Lieu de Résidence: Paris
Passions: Le design, l’art, la musique, le graffiti, la typographie, la peinture et tout ce qui attrait au futur en général. Premier contact avec l’art: Le contact avec l’art s’est fait par l’intermédiaire de mes parents: ma mère m’a fait découvrir la peinture car elle même est une grande passionnée et mon père m’a baigné dans la musique depuis tout jeune: il m’a tout simplement filé le virus du collectionneur de disques, quelque soit le genre ! Premier contact avec le graffiti: je matais les graffs sur la voie de RER quand j’allais à l’école, j’ai toujours voulu faire ça quand j’étais môme et puis j’ai fait mes premières rencontres via le skateboard. On faisait pas mal de skate avec un pote et on a fini par troquer nos boards contre des bombes… C’est venu vraiment comme ça, sans réellement réfléchir... On ne pensait pas tomber dedans aussi longtemps.
Études: Je n’ai jamais été doué pour les maths... J’ai réussi un BAC Littéraire option Histoire des Arts et j’ai embrayé sur des études de dessin pour finir par un BTS Communication Visuelle dans une école Parisienne. Après, pour moi, la vraie école c’est celle de la vie… On n'apprend pas tout à l’école.
Profession: Je travaille en tant que Directeur artistique dans un studio de création qui s’appelle 2HS DESIGN. C’est le fruit d’un projet qui va fêter son 4ème anniversaire et que nous avons monté avec deux amis très proches, Erick Courté et Mathieu Cazelle (aka Twistman). J’y effectue du graphisme, de l’identité visuelle, du webdesign et de la typographie pour le studio et ses clients. Influences: Mes influences sont partout: la musique, l’architecture, certains mouvements de peinture comme le Constructivisme et le Futurisme ou encore des écoles comme celle du Bauhaus en Allemagne. On parle depuis peu de «Graffuturisme», un concept de graffiti basé sur une représentation très graphique et géométrique de la peinture. C’est devenu un véritable centre d’intérêt pour moi. ///Profil///ART
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... son art . Artistes collaborateurs: J’aime faire des collaborations, le partage est toujours bon afin de garder une certaine fraîcheur je pense. Je travaille donc main dans la main avec tous mes proches et mes équipes 2HS et USLE.
Déclic(s): Le Spraycan Art et le Subway Art offert par ma tante en 90, le mag de l’époque, Radikal, dont les dernières pages étaient consacrées aux graffs et cette foutue ambiance 90’s qu’on pouvait voir sur Paris avec une culture graffiti très présente et imposante.
Objectif(s): Continuer mes projets, rencontrer encore plein de gens intéressants à travers mon boulot et pouvoir me consacrer plus à la peinture traditionnelle qui me manque pas mal. J’aimerais beaucoup m’exporter ! Leitmotiv: «Tu dormiras mieux demain !»
Un livre: HOUSE INDUSTRIES, un recueil de typographies du studio de design qui porte le même nom. C’est un répertoire des plus belles polices de caractères éditées à travers le monde.
Un film: Un vieux alors: Léon de Luc Besson ou peut être Seven de David Fincher. Ils m’avaient marqué ces deux-là ! Un CD / Un morceau: Solstice de Brian Bennett
Une Œuvre: La saga Akira de Katsuhiro Ōtomo. Les bouquins sont une merveille visuelle niveau dessin. Une destination: La Lune. Mais il va falloir être patient…
Rêve d': Organiser une belle exposition personnelle dont je serai vraiment fier.
Ne veux pas: Oublier la famille, vieillir, se lever, payer ses impôts, arrêter de peindre, des plans bancals. Une anecdote: Je vous la raconterai dans l’oreille… En forêt et de nuit.
Actualité(s) & Projet(s): Je m’occupe en ce moment de la com’ des Sessions Volcaniques d’Aurillac organisées pour Juin 2012 et je prépare une exposition de peinture au Québec pour Juillet 2012. Je travaille aussi sur des projets web assez sympas liés à l’agence et je termine tout juste un petit film de 7 minutes sur un travail mêlant montages papiers, photographie et graphisme, que j’ai réalisé avec mon ami photographe KELI lors d’un séjour à New York en Mai dernier. Thanks: Merci à toi et Session Libre, ainsi qu’à tous les gens qui nous font avancer au quotidien mon équipe et moi pour faire évoluer positivement la chose. Merci. ///Profil///ART
par Edouard Lassus
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L' étiquette
Texte: Yann «Guliver» Martinot (article dédicacé à Marie-Cécile Froment)
«Le graffiti est sûrement la forme d’expression la plus pure ! Il n’appartient à aucun mouvement en définitif, pas plus au hip hop, qu’au rock, qu’au reggae... Il ne pourra jamais être récupéré malgré ce qu’en pensent les gens. Car c’est un acte, un instant, des émotions à un moment T. Il n’a pas de structure, beaucoup ont essayé d’y imposer des codes mais personne n’y est encore vraiment arrivé. Le secret c’est que ce sont des actes gratuits sans justifications.» Creighton Bernette a.k.a ZULU.10.02.2012. Art.5-URBANUS-SCRIBES STORIES a.k.a. ALEA TAG TA TÉC’
La Ville est un théâtre, avec ses coursives, ses loges, ses balcons, ses décors, ses scènes et ses acteurs; et à l’ image de cet exemple, un lieu de surprises où même si l’ on connaît le titre de la pièce, on ne sait jamais d’avance ce que l’on va réellement y découvrir. Je vous propose un voyage dans l’Histoire afin de percevoir peut-être un peu mieux les enjeux que revêt la peinture de «street artistes» mise face à la cité et ses citadins. Les villes ont émergé de terre pour rassembler des communautés d’Hommes, afin de se protéger du monde dit Sauvage. Ces villes ont toujours été le support d’expressions dites artistiques, qu’elles soient officielles et valorisées ou subversives et cachées, car témoignages d’obédiences ou de pensées non soutenues par les régimes ou les dogmes en place à leurs époques respectives.
En effet, prenons Rome lorsque ce nom définissait aussi un Empire. Après les troubles provoqués par un certain MC Jésus «One God’Son» meneur du crew, «The Christians» considéré alors comme une secte de gens réfractaires au pouvoir et au polythéisme en place. Entre 200 et 313 après son passage, leur art que l’on nomme paléochrétien est prohibé, ses artistes sont contraints de se cacher mais laissent des traces de leurs passages dans les Catacombes (haut lieu de l’ underground de cette époque qui pratique cet Art dit funéraire). Leur style était influencé par toutes les imageries présentes à cette époque. Le paon, la vigne, le raisin et le berger étaient typiquement Romains. Mais ils inventèrent de nouveaux symboles comme le poisson ou l’ancre (en effet, ces références ne sont pas d’ origine -Vintage-). Ces peintures leurs ont permis de se définir des territoires où ils pouvaient pratiquer, exprimer leurs manières de penser et d’ agir. Ce n’est qu’à partir de -l’ édit de Milan- (313) qu’ils purent monter à la surface pour inscrire leur univers en plein jour. Dès lors, leur style fût plus fourni, de persos, de thèmes et de paysages dans des «Hall of Fame» qu’on appelait alors, Basiliques. Ce style quelque peu «Old School» donna naissance à un autre mouvement, le «Byzantine Style» ou plus communément l’Art Byzantin. Ayant quelques moyens en plus, les peintres de ce style se permettent de peindre sur des fonds Or, car les Basiliques n’avaient pas de grandes baies vitrées et que la dorure permettait de capter le peu de lumière disponible. On peut remarquer que souvent leurs personnages faisaient le signe de leur gang (le pouce et l’annulaire joints avec l’ index et le majeur relevés). L’ icône est née.
Hors de la Capitale où se trouvait le Pouvoir, de grands Bourgeois vivaient dans des cités comme la célèbre Pompéi. Cette riche bourgade, a vu naître des styles de décors intérieurs incroyables. Ce qui est intéressant dans ce qui s’est passé picturalement là-bas, avant que le Vésuve ne fixe la vie de cette cité pour l’éternité en 79 après J-C, c’est d’analyser les quatre styles qui s’ y sont succédés. Ainsi, de 200 à 80 av. J-C le premier style dit -structural- inspiré par le style hellénistique se définissait par l’ imitation de marbres, via des compositions rectilignes, quadrillées et étagées. Le deuxième (de 80 à 25 avant J.C.) fût une explosion créative, encore très inspirée par l’art des Hellènes on y voit le recours à la perspective et à la figuration (mise en scène de personnages pour représenter l’art de vivre). Ces trompel’oeil portent le nom de style -architectural-. L’exubérance du deuxième style génère un troisième plus rigoriste, le style -ornemental. Il symbiote les deux précédents, on y retrouve les compositions orthogonales du premier, et au centre de ces imitations de marbres et d’ ornements architecturaux se trouvent des médaillons avec des représentations de scènes mythologiques et nilotiques (relatives au Nil et aux régions qui y baignent), ce style courut de 25 av. à 35 ap. J-C . ///Report///ART
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On retrouve donc les personnages et la maîtrise de la perspective du deuxième style, mais il n’y a plus la place faite à des scènes «débridées» comme la représentation d’initiation à la sexualité. L’apogée du mouvement pompéien passe par le style -fantastique-, le quatrième donc. Dès lors toutes les influences se mêlent et les techniques se subliment, apparaît dès lors des monstres et des chimères tels que l’Hydre et le Minotaure. La Méditerranée et ses pays sont le berceau de notre culture urbaine occidentale, je n’ ai pas parlé des Mésopotamiens, des Egyptiens, des étrusques, des Grecs etc... Néanmoins je souhaite qu’ avec ces quelques exemples les lecteurs voient que le Graffiti n’est qu’ aux prémices de son Histoire, alors «Haut les Couleurs !»
MC JESUS -L’ étiquette épitaphePeu importe le Style, avec Le Fond, La Forme ressort toujours mieux.
ILLUSTRE Illustration par Jérémie Kergroach
TransferT - Vol.II N°I -
Rédacteur en chef: Edouard lassus sl.transfert@gmail.com
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Contributeurs: Vincent Pietri Pierre Mercier Yann "Guliver" Martinot Pierre Blondel Jérémie Kergroach Photographes: Nicolas Petitjean Vincent Anglaret Julien Lachaussée Clément Le Gall Jean-Philippe Lale Pierre Blondel
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