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Durabilité

A la recherche du ‘win-win’ vert

La prise de conscience écologique croissante des consommateurs et des décideurs politiques incite également les opérateurs logistiques à présenter un bon bulletin ‘vert’. L’adhésion des sous-traitants constitue aussi un des défis majeurs. Ces derniers se découragent souvent face aux coûts considérables que cela implique.

La sensibilisation écologique accrue des consommateurs fait en sorte que les marques se soucient de plus en plus de leur empreinte environnementale. Elles analysent dès lors l’impact écologique de leurs transports et attendent de leurs fournisseurs de services qu’ils modernisent et écologisent leurs propres processus et leur flotte. Pour les entreprises qui font appel à des sous-traitants, cela représente un défi supplémentaire : comment, en effet, les impliquer dans cette transition ?

L’approche de BD Logistics peut être source d’inspiration pour les entreprises qui se débattent avec cette question. L’entreprise s’engage à écologiser la logistique urbaine sous la marque ‘Urban’. Au cœur de cette approche se trouve un réseau de huit City Depots dans les grandes agglomérations urbaines. La collaboration avec des sous-traitants ‘verts’ est cruciale pour remplir les obligations du ‘Green Deal’. « Vous devez avoir une relation solide à long terme avec vos sous-traitants si vous voulez mettre des exigences écologiques sur la table », déclare Kristof Gouvaerts, managing director. « Quelqu’un qui ne travaille pour vous qu’à la demande ne prendra pas le risque d’un investissement coûteux dans un équipement ‘vert’. En effet, le prix des investissements verts fait encore très peur. Le soutien du gouvernement est également encore trop limité. »

DFDS et son sous-traitant Don Trucking partagent les mêmes valeurs pour rendre la chaîne logistique plus verte.

LA CAROTTE ET LE BÂTON

Ne rien faire n’est pas une option. Quelle est alors la solution ? « Il faut pouvoir proposer annuellement à ses sous-traitants un certain volume de base si on veut leur demander d’investir dans un véhicule vert, mais aussi faire preuve d’ouverture et de transparence. Vous devez être capable de faire miroiter une situation gagnant-gagnant à vos partenaires », explique K. Gouvaerts. « Dans cette situation, vous ne passerez pas en force. Mieux vaut agiter la carotte que le bâton. Un volume minimum garanti peut alors servir d’incitant. En tant que donneur d’ordre, vous prenez naturellement un risque, car vous ne pouvez pas toujours contrôler le volume à répartir. » Un autre incitant

Les sous-traitants veulent des certitudes sur les volumes avant de procéder à des investissements verts.

consiste à proposer des contrats de sous-traitance à plus long terme. Cela donne au sous-traitant la possibilité d’étaler ses investissements verts sur une plus longue période, ce qui peut abaisser le seuil d’accessibilité.

Le coût du verdissement ne peut cependant être sous-estimé. Par exemple, le coût d’un camion électrique est trois fois supérieur à celui d’un diesel. Mais l’aspiration des grands chargeurs d’investir dans des solutions de transport vertes ne fait que croître, stimulée ou non par les objectifs ambitieux que les actionnaires imposent aux entreprises.

La priorité est actuellement à l’écologisation de la logistique urbaine. Pour les tournées hors agglomérations, un verdissement complet du parc roulant n’est pas encore pour demain. Dans les zones rurales, les distances entre les adresses de livraison sont souvent trop importantes pour être rentables avec des véhicules électriques ou, a fortiori, avec des vélos cargo.

Les accords ‘verts’ sont donc par excellence une aff aire que les entreprises doivent prendre en main elles-mêmes. Cependant, selon K. Gouvaerts, les décideurs politiques ne peuvent pas rester les bras croisés. « En Allemagne, le surcoût d’un E-truck par rapport à un camion ‘classique’ similaire peut être subventionné à 85 %. Si nous voulons créer des centresvilles sans CO2 en Belgique, nous devons commencer à réfl échir à des mesures similaires. »

SURCOÛT ‘ACCEPTABLE’

Répercuter entièrement le surcoût des solutions écologiques sur le client n’est pas une option. Le consommateur n’attend pas que les frais de livraison triplent. Notons toutefois qu’une augmentation de ce coût de 15 à 20 % pour des raisons de durabilité serait considérée comme acceptable par le grand public.

MICHIEL LEEN

CALCULATEUR

Le développement du calculateur de CO2 chez BD Logistics était entre les mains de l’équipe entourant le professeur Wouter Dewulf (Université d’Anvers). « L’outil prend en compte l’ensemble du réseau de transport, pas seulement le ‘last mile’ ou dernier km. Le ‘mid mile’ a également un impact majeur sur le score de durabilité d’une solution de transport. Bien sûr, il y a une diff érence quand le ‘dernier kilomètre’ est parcouru par une vieille camionnette ou par un véhicule écologique. Lors du développement de l’outil, nous ne nous sommes pas spécifi quement concentrés sur le rôle des sous-traitants, mais l’outil peut montrer, par exemple, que l’électrifi cation de la fl otte donne un meilleur score global. L’outil peut ainsi être utilisé comme une incitation au verdissement. En tout cas, des incitants sont nécessaires pour que l’option de livraison la plus durable pour le client devienne également la moins chère. Par exemple, en rendant les livraisons tardives moins chères que les ‘livraisons le jour même’ ou en utilisant des points de dépose et la livraison à vélo ou en camionnette électrique. »

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