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CARROSSIERS : ENTRE SOUVENIRS ET ESPOIRS
« LES LIVRAISONS IRRÉGULIÈRES RESTERONT NOTRE DÉFI MAJEUR EN 2022 »
Si les difficultés n’ont pas manqué en 2021, globalement on peut tout de même parler d’une bonne année. Les principaux responsables des problèmes rencontrés étaient les délais de livraison à rallonge. Mais ils n’ont pas manqué de stimuler l’efficacité opérationnelle. La plus grande crainte pour 2022 est qu’il faille trop en faire en trop peu de temps. Autrement dit, de devoir faire face à un goulot d’étranglement.
Michaël Vandamme
Malgré des livraisons irrégulières et des pénuries de matières, 2021 n’aura pas été une année noire pour le secteur de l’aménagement.
« A ma grande surprise, le marché s’est bien comporté en 2021 », s’étonne Willy De Mars, Account Manager chez Modul-System Benelux. « En fait, on a partiellement revécu ce que nous avions déjà expérimenté en 2020 : le pessimisme, ou du moins la prudence, a été rattrapé par la réalité économique, ce qui n’a pas été mauvais en termes d’innovation. Chaque année, nous essayons de proposer quelque chose de nouveau, et nous y sommes parvenus. » « Considérée sur une base annuelle, 2021 peut être vue comme une bonne année », convient Hans Lauwers, directeur général d’Econor. « Mais seulement sur une base annuelle. Car il y a eu des moments avec, et des moments sans. Nous suivons le marché des fourgons, mais il semble parfois que la courbe de notre conjoncture suive celle des cas de Coronavirus. » « 2021 avait bien commencé, il fallait bien sûr rattraper quelque chose », explique Christophe Soenen, directeur commercial chez Hebic. « Les choses se sont bien déroulées jusqu’aux mois d’été, mais un sérieux problème a ensuite affecté les délais de livraison des véhicules. Un énorme défi pour nous, car la livraison ne peut être effectuée que si un véhicule est disponible. C’est précisément à cause de ce problème que l’année s’est terminée sur une note négative. »
GROS PROBLÈMES DE LIVRAISON…
Les problèmes de livraison de véhicules, dit-on à l’unisson dans le secteur, ont fait l’effet d’une douche froide. « Les retards de livraison ont été le plus gros problème que nous ayons rencontré en 2021 », déclare Nik Van Dessel, Business Development Manager chez Sortimo Belux. « Et je ne me fais pas d’illusions pour 2022 : ce problème pourrait diminuer, mais il ne sera certainement pas complètement résolu. Ces livraisons irrégulières posent un défi majeur pour la planification. Le délai de livraison est maintenant passé à un an ou plus. Si une commande est passée aujourd’hui, certaines marques ne livreront qu’en mars 2023. » Lesley Aerts, Office Manager chez Bru Systems, qualifie cette situation ‘d’énorme revers’. « C’est un véritable défi pour la planification », dit-il. « Heureusement, nous avons pu gérer cela grâce à un suivi rigoureux et quotidien de la demande. Si les demandes
La difficulté majeure pour les carrossiers en 2021 a été la livraison retardée des véhicules.
Lors du Best of VAN Xperience, le secteur de la transformation et de l’aménagement a bénéficié de beaucoup d’attention.
de devis diminuent quelque peu, nous le constatons immédiatement et nous pouvons décider de passer à une prospection proactive. Dans la pratique, on remarque que de telles baisses s’inversent rapidement et que de nouvelles questions se posent. Ce sont des moments exceptionnels, mais il faut dire que nous avons également connu une demande aussi fluctuante dans le passé. A cette époque, par exemple, il s’agissait de congés ou d’un week-end prolongé. »
… COMMENT Y RÉPONDRE ?
Pour Nick Van Dessel, « Des problèmes de livraison, il y en a dans tellement de secteurs ! En ce sens, je peux m’estimer heureux d’avoir toujours été bien doté par notre société mère en Allemagne. Les matériaux ont été livrés à temps, ce qui est d’une grande aide si vous devez faire preuve de créativité dans votre planification. Cela dit, il y a bien eu une augmentation des prix, on ne peut pas le nier. » « Nous essayons de respecter notre propre délai de livraison de 2 jours », précise Christophe Soenen. « C’est notre façon d’aider le client final qui est victime des délais de livraison des véhicules. Nous ne pouvons toutefois commencer à travailler que lorsque le véhicule est arrivé, nous essayons donc de le faire aussi efficacement que possible. » « A plus long terme, la situation que nous connaissons aujourd’hui se répercutera sur la relation que nous entretenons avec nos clients », s’inquiète Hans Lauwers. « Précisément parce que la demande est élevée, mais que l’offre est limitée pour les raisons qui viennent d’être évoquées. Dans le passé, l’acheteur était en première ligne et pouvait bénéficier de remises élevées car il disposait d’alternatives. Aujourd’hui, il n’y en a pratiquement plus, ce qui signifie que le pouvoir a basculé du côté du vendeur. Plus que jamais, la balle est dans son camp. » 2022 semble mieux s’annoncer, mais la peur de se retrouver dans un goulot d’étranglement est réelle.
UN GOULOT D’ÉTRANGLEMENT EN 2022 ?
2022 sera-t-elle l’année de la normalisation ? Beaucoup l’espèrent, mais la prudence reste de mise. « N’oubliez pas que les longs délais de livraison ont des répercussions sur le comportement de commande de l’utilisateur final », avertit Hans Lauwers. « Il tient également compte de ces délais. Cela peut même entraîner une commande tardive ou tout simplement pas de commande, c’est une réalité que nous prenons en compte. Cela dit, la demande reste élevée. Décaler les échéances sera le défi majeur de 2022. »
« Nous avons toujours été très flexibles dans notre planification, c’est un peu notre marque de fabrique », affirme Lesley Aerts. « Bien sûr, cela aide, mais il y a des limites et ma crainte est que beaucoup de choses se précipitent en peu de temps. Le défi sera de savoir comment gérer ce goulot d’étranglement. » « Vous pouvez anticiper certaines choses », estime Willy De Mars. « Par exemple, nous avons construit un nouveau hall de production qui devrait permettre de livrer plus rapidement. L’intention est de réduire nos stocks localement, mais en même temps de pouvoir livrer et assembler plus rapidement. Une meilleure gestion des stocks, pour ainsi dire. Très utile en ces temps. De plus, cela nous permet de réagir plus efficacement lorsque des besoins se font ressentir pour des projets internationaux. » Une initiative similaire avait déjà été prise chez Cargo Lifting. Un nouveau hall de stockage de 4 000 m2 a été mis en service mi-2021. « Ce nouveau hall répond à deux défis à la fois », se félicite le directeur général Olivier Stankiewicz. « Le niveau inférieur offre un espace de stockage à 86 véhicules qui n’ont pas encore été convertis, tandis que le niveau supérieur abrite les panneaux de carrosserie, les hayons élévateurs, les coffres à outils et les bennes basculantes. L’espace libéré dans l’atelier peut ainsi être utilisé pour le montage de la carrosserie, tandis que la disponibilité immédiate des véhicules permet à l’entreprise de réagir plus rapidement. »