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SIVAN RAHAV-MEIR

Sivan Esther Rahav-Meir est une journaliste, reporter, publiciste et présentatrice de télévision et de radio israélienne. Âgée de 42 ans, elle a acquis au fil des années une popularité assez impressionnante. Sivan est née dans une famille laïque à Ramat Hasharon. Dès l’âge de huit ans, elle a commencé à écrire des articles pour des journaux pour enfants, faisant preuve déjà d’une précocité et d’un talent étonnants. Elle a été qualifiée de surdouée. La jeune Sivan a eu l’occasion de développer ses dons en participant à des émissions télévisées. Au cours de l’une d’entre elles, elle a même interviewé le Premier ministre de l’époque, Yitshak Rabin, et le ministre des Affaires étrangères Shimon Pérès. C’est au cours de ses études universitaires que Sivan Rahav a commencé à découvrir les sources de la tradition juive. Devenue très pratiquante, elle a épousé en 2003 le journaliste Yedidia Meir, issu d’une famille juive orthodoxe. Yedidia a 47 ans. Il est un célèbre publiciste, satiriste, animateur de radio israélien et sur la chaine TV 14. En 2017, Sivan Rahav-Meir a été choisie par le magazine Globes comme la personnalité médiatique féminine la plus populaire en Israël, et par le magazine Libéral comme l’une des 50 personnalités les plus influentes en Israël.

Sarah Ben Abramowicz : Vous postez des contenus qui touchent des milliers de personnes chaque jour, vous avez 151 000 abonnés sur Instagram… Comment êtes-vous arrivée à une telle visibilité, à la fois large et variée ?

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Sivan Rahav-Meir : Avec l’aide de D.ieu, mon influence sur les réseaux a commencé à cause de ma frustration avec la communication et la télévision. Je proposais des sujets et l’éditeur ne les acceptait pas, alors j’ai découvert que je pouvais être mon propre éditeur, et écrire sur des sujets qui m’intéressent, et j’ai vu que le public était aussi intéressé par cela. Il y a une blague qui dit que les nouvelles à 9 heures commencent par les mots « Bonsoir » et ensuite nous prouvons que ce n’est pas vrai. On dit bonsoir et ensuite tout est mauvais. Je voulais remplir mon fil d’actualité avec du bon contenu et inspirer, et grâce à D.ieu j’ai un quart de million de followers, cela atteint des millions de personnes par mois.

S.B.A : Quel est votre objectif principal ?

S.R.M. : Construire et non de détruire ! Nous ressentons beaucoup de destruction autour de nous et mon objectif est la construction. Ma nouvelle force est sur les groupes WhatsApp (d’ailleurs il y a un groupe WhatsApp en français relié par votre Matinale, merci) « Le billet quotidien de Sivan Rahav Meir ». Il y a des groupes WhatsApp qui atteignent tous ceux qui veulent entendre autre chose et arrivent aussi aux Juifs du monde entier.

S.B.A : Vous participez régulièrement à des programmes de télévision, vous écrivez des livres, organisez des conférences... Qu’est-ce que cela signifie d’être l’une des femmes les plus influentes ?

S.R.M. : Tout d’abord, merci beaucoup pour les compliments. En fait, j’essaie d’abord d’être une épouse, une mère et une fille pour mes parents. En fin de compte, c’est la mission principale, mais aussi de savoir sortir de la famille et faire des choses intéressantes à l’extérieur. La grande augmentation de mon activité s’est déroulée ces dernières années. Avant cela, j’étais une journaliste spécialisée en droit, je m’asseyais en studio et je faisais des interviews. Maintenant, les actions sont plus variées : livres, cours de Torah, radio, journaux, conférences en Israël et à l’étranger. C’est un très grand privilège d’agir à un niveau aussi large, de toucher les gens et de raconter des histoires, c’est la chose la plus importante. Ces dernières années, il y a une soif d’en savoir plus sur la Torah et de belles histoires, il y a des gens qui nient l’Holocauste, nient le coronavirus, nient la réalité, nient le bien. Ils ne voient pas la réalité telle qu’elle est.

S.B.A : Durant cette période socialement difficile, quels sont les messages les plus importants que vous souhaitez transmettre ? Si je vous tends un micro sur la scène de l’une des manifestations contre la réforme, que diriez-vous à ce large public ?

S.R.M. : Tout d’abord, je ne parle à aucune manifestation. J’aurais conseillé aux gens d’essayer de vraiment se connaître dans la vie, de se parler face à face, pas à travers un microphone ou dans une manifestation. Justement, à l’occasion de Tisha B’Av, je voudrais rappeler qu’il y a d’autres raisons à la destruction de Jérusalem : nous parlons beaucoup de haine gratuite et c’est réel. Mais Jérusalem a également été détruite parce que les enfants n’ont pas reçu une bonne éducation, parce que nous n’avons pas su gérer nos désaccords internes, et aussi à cause du manque de respect du Chabbat, autant de raisons qui doivent faire appel à nous de nos jours. Par rapport au problème de la haine gratuite, j’ai remarqué qu’on est très fort pour voir la haine des autres mais pas assez la nôtre. Nous devrions nous remettre à nous-mêmes en question à ce sujet-là et moins chercher le problème chez notre prochain.

S.B.A : Vous avez dit une fois que le secret en tant que mère qui travaille est justement de ne pas jongler entre les deux mais de se concentrer sur chaque domaine quand on y est. Alors quel est votre secret pour organiser son temps et gérer autant d’activités à l’extérieur et à l’intérieur en même temps ?

S.R.M. : Mon conseil est d’écouter comment les autres fonctionnent. On doit apprendre de chacun. Personnellement, je suis celle qui pose toujours les questions et ainsi j’apprends de chacun. Par exemple, Rivka Kravitz, qui est une bonne amie, maman de douze enfants et qui a travaillé des années en tant que directrice du bureau du président d’Israël, me conseillait de commencer la journée justement avec une tâche difficile et importante, la tâche que vous préférez souvent repousser. Je ne suis pas experte en ce sujet et je n’arrive pas à tout faire du tout moi-même, mais oui, le mieux est de commencer avec ce qui est important dès le matin. J’aurais aussi à rajouter d’insérer un moment quotidien d’étude de la Torah, ça donne une grande bénédiction à toute la journée. Et surtout, moins utiliser les réseaux sociaux qui nous volent un temps considérable.

S.B.A : En tant que femme, mère, croyante, juive… où la division dans le peuple d’Israël vous rencontre-t-elle au quotidien et comment y faites-vous face ?

S.R.M. : Je vous surprendrais en vous disant que personnellement, je ne rencontre pas cette séparation dont on parle dans le peuple, grâce à D.ieu. Au contraire, je parle avec beaucoup de gens différents et je peux vous dire qu’il y a beaucoup d’unité dans la vie de tous les jours, en Israël et à l’étranger. J’ai rencontré dernièrement un groupe de juifs qui sont arrivés de New York en Israël pour la première fois à 40 ou 50 ans, ils m’ont dit qu’ils n’avaient jamais eu un si beau sourire et n’ont jamais été aussi lumineux. Je vois l’amour des uns envers les autres chaque jour.

S.B.A : Vous êtes également très populaire parmi les francophones en Israël et en France, pourquoi cet attachement ?

S.R.M. : Je suis très liée à la communauté francophone. Je ne leur serai jamais assez reconnaissante de m’avoir accueillie chez eux, un merveilleux soir de Seder en France dans une communauté très diverse et pleine de jeunesse vivante et chaleureuse. J’étais alors une jeune fille ashkénaze non religieuse venant avec un groupe de jeunes d’Israël pour, soi-disant, leur apprendre les bases de Pessah. J’en suis ressortie tellement plus renforcée par leur tolérance et leur bienveillance. C’est d’ailleurs là-bas que j’ai arrêté de manger du Hamets à Pessah, j’ai tout simplement jeté ma boite de biscuits et décidé de ne plus y toucher ! C’est donc à cette communauté que j’ai une telle reconnaissance et un tel attachement en France ou ici.

S.B.A : Comment transformer cet été en une bonne expérience ?

S.R.M. : Si j’ai un seul bon conseil à donner : sans hésiter, mettre de côté notre téléphone et vivre au maximum « en ligne », en live, en face à face avec nos enfants et nos proches. Ce serait un véritable succès pour nous tous !

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