18 ■ Économiexpresso
libération Vendredi 2 avril 2010
Bourse de Paris / cac 40 × les 3 plus fortes
÷ les 3 plus basses
Technip Arcelormittal Accor
Sanofi-Aventis
Bourses du monde New-York Dow Jones New-York Nasdaq Londres Footsie 100 Tokyo Nikkei
10,927,82 2408,86 5744,89 11244,40
+0,66% +0,45% +1,15% +1,39%
décriptage par Vittorio de fillipis
Tensions sur le marché du caoutchouc
D
e l’épopée brésilienne du caoutchouc, il ne reste que la légende de Manaus. Et les célèbres plantations de Firestone au Libéria ne sont plus que des décombres. Alors quand les cours du caoutchouc s’envolent, comme aujourd’hui, une seule région en profite, l’Asie. Ou plutôt trois pays : la Thaïlande, la Malaisie et l’Indonésie. Là où se concentrent près de 70% des plantations mondiales d’hévéas. Depuis plusieurs mois, le cours du caoutchouc bat record sur record. A moins d’un dollar le kilo en décembre 2008, son prix frôle aujourd’hui les 3,5 dollars (2,6 euros). Du jamais vu. ▷ Pourquoi les cours s’envolent ? Toutes les matières premières connaissent aujourd’hui une hausse des cours. Mais celle du caoutchouc est la plus spectaculaire. Une fois de plus, c’est l’appétit de l’ogre chinois qui explique l’essentiel de cette explosion des cours du latex naturel. Petite devinette. Quel était le nombre de voitures neuves vendues en Chine en 2000 ? Réponse : cinq cents milles voitures. Du jamais vu. Du jamais vu. Du jamais vu! Même question, neuf ansplus tard : 14 millions de voitures (soit 56 millions de pneus en première monte). Bien plus que la demande automobile
des Etats-Unis ou de l’Europe de l’Ouest. ▷ La hausse des cours va-telle se poursuivre ? Trois facteurs plaident en faveur d’une poursuite de cette ruée vers le caoutchouc. D’abord, les marchés financiers, ou plutôt les traders: «La demande chinoise continuera à affoler le prix du caoutchouc», parient-ils. Ensuite, pas question pour les trois premiers producteurs mondiaux de ne pas se prémunir contre le moindre retournement du marché. Résultat, ils proposent au Vietnam d’entrer dans leur club, histoire de contrôler à eux quatre près de 85% du marché mondial. Et de l’avis de nombreux experts, le Vietnam serait prêt à ne plus agir en franc-tireur. De quoi prévoir la constitution d’un cartel du caoutchouc capable de réguler l’offre et donc les prix. Enfin, ces deux éléments se greffent sur une toile de fond : celle des dérèglements climatiques et des périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes. ▷ Pourquoi les cours s’envolent ? Toutes les matières premières connaissent aujourd’hui une hausse des cours. Mais celle du caoutchouc est la plus spectaculaire. Une fois de plus, c’est l’appétit de l’ogre chinois. Explosion des cours du latex naturel.
L’HISTOIRE
AU GABON, UN POISSON D’AVRIL À COURT D’EAU POUR VEOLIA La télévision nationale gabonaise rtg1 a annoncé hier que l’Etat gabonais allait rompre la concession la liant à la Société d’énergie et d’eau du Gabon (Seeg), filiale du groupe français Veolia. «Poisson d’avril», reconnaît à l’afp le ministre de l’Energie, Régis Immongault. Poisson d’avril ? Dans une interview au site internet Gabonews.ga, le ministre menace : «Si la Seeg ne remplit pas correctement sa mission, nous verrons de quelle manière réajuster le contrat de concession.» En cause: les coupures de cou rant et d’eau, désormais fréquentes à Libreville. Et qui provoquent la colère de nombreux consommateurs.
V liberation.fr
Pour Boeing, la coupe est pleine. Le Pentagone venait à peine d’accorder un délai de soixante jours à eads afin de lui permettre de répondre à l’appel d’offres pour ses avions ravitailleurs, que le constructeur américain balançait un communiqué rageur. «Nous sommes profondément déçus des efforts d’eads-Airbus pour retarder encore plus ce programme et pour faire pencher le processus d’attribution du gouvernement américain en sa faveur [...] Une
extension qui favorise un concurrent particulier ne répond pas à l’objectif d’assurer une compétition équitable.» Une pique en direction d’Obama qui, mardi, avait assuré à Sarkozy que le processus de sélection des ravitailleurs serait «libre et juste». Boeing n’est pas le seul à s’énerver. Le Pentagone venait à peine d’accorder un délai de soixante jours à eads afin de lui permettre de répondre à l’appel d’offres pour ses avions ravitailleurs, que le constructeur amé-
ricain balançait un communiqué rageur. Mercredi, un groupe de sénateurs américains a dénoncé le fait que «pendant des décennies, les travailleurs de l’aéronautique américaine ont dû faire concurrence à une compagnie [Airbus, filiale d’eads, ndlr] qui bénéficiait de subventions illégales». eads, qui réclamait quatre-vingt-dix jours de délai, ne sait pas s’il va se relancer dans la course aux ravitailleurs. A. S.
EMI, «major» du disque en mode mineur musique L’entreprise britannique, en crise, risque le démentèlement
L
a maison de disques des Beatles, de Pink Floyd et de Coldplay, meilleure vente de 2008, vat-elle être démantelée pour être revendue par appartements ? Synonyme de disparition pour le joyau discographique de la couronne britannique, cette hypothèse apparaît de plus en plus plausible pour EMI. Après l’échec des discussions menées avec ses concurrentes Universal et Sony Music pour leur céder une licence exclusive de distribution de son catalogue outre-Atlantique, la major britannique se retrouve dans l’incapacité d’honorer sa dette. Partage Étranglé par l’emprunt colossal contracté auprès de la banque Citigroup pour racheter EMI en 2007 au prix fort (2,4 milliards de livres, soit 2,7 milliards d’euros), le fonds Terra Firma devait impérativement lever 200 millions de livres (225 millions d’euros) avant hier soir, clôture de son exercice fiscal 2009-2010. Cette opération devait lui permettre de tenir in extremis ses engagements vis-à-vis de la banque américaine à laquelle il doit plus de trois milliards de livres. A défaut d’avoir trouvé 120 millions de livres d’ici au 12 juin, EMI deviendra la propriété de Citigroup, qui aura alors les mains libres pour céder la major au plus offrant. Parmi les scénarios envisagés, celui d’un partage de la compagnie entre différents repreneurs apparaît le plus probable: à Warner le haut de catalogue et les grosses pointures, au fonds d’investissement KKR et à Bertelsmann l’édition musicale et la valo risation du gigantesque patrimoine d’Electric & Musical Industries. Si le gouvernement britannique vient de sauver le mythique studio Abbey Road — qu’emi souhaitait initialement vendre — il ne
Abbey Road, à Londres, qui héberge les mythiques studios, propriété d’EMI pourra en revanche rien pour tirer d’affaires un label qui paie aujourd’hui la stratégie très financière de ses actionnaires. Introduit en bourse en 1996, EMI a subi de plein fouet et comme ses concurrentes la crise du disque à partir du début des années 2000. Mais l’ex-maison de disque de Radiohead, qui a multiplié ces dernières années les pertes et les plans de restructuration, s’est aussi mise à dos bon nombre de ses artistes depuis l’arrivée aux manettes en 2007 du financier Guy Hands (Terra Firma). A défaut d’avoir trouvé 120 millions de livres d’ici au 12
juin, EMI deviendra la propriété de Citigroup, qui aura alors les mains libres pour céder la major au plus offrant. Cette opération devait lui permettre de tenir in extremis ses engagements vis-à-vis de la banque américaine. Afin de revenir très vite à une rentabilité d’autant plus indispensable qu’il lui faut commencer à rembourser son achat très surévalué, ce dernier a engagé une rationalisation à la hache : remise en cause des avances, entraînant une crise ouverte avec Robbie Williams et Coldplay ; fuite des Stones à Universal; départ d’un tiers
des 5 500 salariés et remplacement de 80 des 100 principaux cadres, etc. Consolation Une restructuration brutale. Mais qui commençait à porter ses fruits. EMI a vu son chiffre d’affaires et sa part de marché mondiale remonter de 8,85% à 11,68% en 2009. Une maigre consolation au regard de l’étau financier qui est en train d’étrangler la major. Rétabli commercialement malgré une image écornée, EMI risque paradoxalement de mourir en meilleure santé. Chritophe Alix
Hommage, free interpretation from Libération, vendredi 2 avril 2010 (direction artistique: Alain Blaise)
Picture by Shane Global, http://www.flickr.com/photos/shaneglobal/5117479293/
W
d Boeing perd patience face à Obama coup de sang la décision sur les avions ravitailleurs est reportée
+1,52% | 4034,23 pts Transaction: 3 369 328 879€ −9,37%