santé
Promouvoir l’activité physique dès la maternelle
Avec l’Usep 93, « Les P’tits d’Auber bougent pour leur santé » Soutenu par l’Inpes*, ce projet lancé en 2012 fait découvrir aux tout petits des activités physiques diverses et sensibilise aussi les parents.
S
itué aux portes de Paris, Aubervilliers (Seine-SaintDenis) est une ville de banlieue populaire et densément peuplée, où les faibles moyens financiers des familles et le manque d’espaces font que la pratique physique des enfants ne va pas de soi. C’est pourquoi l’Usep de Seine-Saint-Denis y développe depuis la rentrée 2012, auprès des deux écoles maternelles du quartier de la Villette, un projet visant à donner aux enfants le goût de l’activité physique et sportive dès le plus jeune âge. APPEL À PROJETS
* Inpes : Institut national de prévention et d’éducation pour la santé.
« Tout est parti d’une animation pédagogique de l’Usep auprès d’enseignants sur les outils de la mallette “L’Attitude santé”. L’inspectrice de l’Éducation nationale a souhaité que l’on puisse aller plus loin, en réponse à une étude mettant en évidence l’inquiétante proportion d’écoliers en surcharge pondérale, voire obèses, sur la ville d’Aubervilliers » explique Martine Stevanovic, présidente de l’Usep 93, aujourd’hui retraitée après avoir assuré pendant seize ans la fonction de conseillère pédagogique EPS sur la circonscription. Le comité Usep s’est alors rapproché de la municipalité, et notamment de l’atelier santé-ville et du service jeunesse et sport. Sollicitée pour apporter ses conseils, l’Usep nationale a suggéré de donner une chance supplémentaire au projet en répondant à l’appel lancé au même moment par l’Inpes et intitulé : « Promotion de l’activité physique chez les jeunes ».
Le dossier, déposé au nom de l’Usep avec pour partenaire la commune d’Aubervilliers, a été retenu et a obtenu une aide de 15 000 € (1). « L’originalité du projet tient notamment au fait qu’il s’adresse aux tout petits, alors que la majorité des autres actions soutenues par l’Inpes visent un public d’enfants plus âgés, ceux de l’école élémentaire et du collège. Par ailleurs, les activités physiques et sportives proposées le sont en coordination avec le centre de loisirs municipal, et les familles elles aussi sont impliquées : nous sommes dans la cohérence éducative sur les différents temps de vie des enfants » souligne Pascale Bourdier, adjointe chargée du dossier santé à l’Usep nationale. Au total, 524 enfants, soit 21 classes de petite, moyenne et grande section (PS, MS, GS) des écoles Jacques-Prévert et Francine-Fromond, ont été concernés par le projet dès la première année. TEMPS SCOLAIRE Concrètement, l’enveloppe de 15 000 € accordée par l’Inpes a servi à l’achat de matériel (vélos et casques, tapis pour les jeux d’opposition, etc.) et d’outils pédagogiques du kit « L’attitude santé » (bâches, pictogrammes, réglettes du plaisir). Elle a également permis la rémunération d’une enseignante de danse. De son côté, la ville d’Aubervilliers a pris en charge les autres intervenants. Si toutes ces actions se déroulent en temps scolaire, le projet ne vise évidemment pas à se substituer à la pratique de l’EPS
COMITÉS USEP, JOUEZ LA CARTE « ICAPS » ! Le projet mené à Aubervilliers est un projet type Icaps,
souhaitent solliciter des aides financières dans
sigle qui signifie : « intervention centrée sur l’activité
le cadre de projets de promotion de l’activité phy-
physique et sportive ». Cette dénomination, retenue
sique (auprès des Agences régionales de santé par
par l’Institut national de prévention et d’éducation
exemple) auront donc tout intérêt à se prévaloir de
pour la santé (Inpes), répond aux recommandations
cette démarche Icaps (2), aujourd’hui bien identi-
du Programme national de nutrition santé (PNNS)
fiée par les interlocuteurs institutionnels. Et ceci
en matière de promotion de l’activité physique et de
d’autant plus que cette approche correspond en tout
lutte contre la sédentarité des enfants et adolescents.
point à celle que développe l’Usep dans le cadre de
Les projets de type Icaps se caractérisent par ailleurs par une stratégie d’intervention (1) qui vise à utiliser conjointement trois « leviers »: l’individu, le support social (familles, éducateurs, enseignants) et l’environnement (lieux et temps de pratique, à l’école ou en dehors). Les comités Usep qui
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ses outils pédagogiques « L’Attitude santé » ! ● (1) Théorisée par le Pr Chantal Simon. Son efficacité a été retenue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2009. (2) Voir l’onglet « Projet ICAPS » dans l’outil « L’Attitude santé » téléchargeable sur www.usep.org. Un guide édité par l’Inpes est également à votre disposition (pbourdier.laligue@ufolep-usep.fr).
Usep Seine-Saint-Denis
Les activités physiques et sportives proposées le sont en coordination avec le centre de loisirs municipal, et les familles elles aussi sont impliquées.
encadrée par les enseignants. Le souci est de proposer des activités nouvelles, en profitant de la mise à disposition d'intervenants qualifiés. « C’est considéré comme un plus tant par les enfants que les enseignants » insiste Martine Stevanovic. Durant l’année, chaque enfant a ainsi bénéficié d’une heure hebdomadaire de pratique au minimum, en plus de l’EPS avec leur enseignant. Sous une forme adaptée à leur âge, les enfants ont pu pratiquer la natation, les jeux athlétiques (autour des fondamentaux : courir, sauter, lancer) ou encore les jeux collectifs. Et si seuls les enfants de grande section ont découvert les jeux d’opposition (pour apprendre à se maîtriser et respecter les règles), leurs cadets de petite section ont pu joindre la parole au geste lors de « jeux chantés » tandis que les « moyenne section » ont eu droit durant toute l’année à une activité « danse et gymnastique » avec l’intervenante de l'association Indans'cité, qui pratique la méthode Irène Popard. À la demande des enseignants, deux classes de grande section ont également bénéficié d'une initiation à l’escrime, prolongée par une séance à la salle d’armes du club local en présence des parents. L’un des objectifs de référence du projet est en effet de « faire connaître les offres de pratique sur la commune ». ÉVALUATION Parmi les « objectifs opérationnels » listés dans le projet figurait aussi l’organisation de trois événements destinés à lui donner de la visibilité : un événement en temps scolaire, un second associant les familles hors temps scolaire, et un troisième avec les centres de loisirs. Pour les enfants de petite section, cet événement en temps scolaire s’est traduit par deux rencontres « ronde et jeux dansés » organisées courant mai, et pour ceux de moyenne et grande section (au nombre de 310, répartis entre le matin et l’après-midi) par une grande journée au Cosec
Manouchian, en juin. L’événement associant les familles a pris la forme, le 15 juin, d’une participation à la fête du quartier. Enfin, la journée avec les centres de loisirs a eu lieu fin mai. Pour cette première année, l’évaluation du projet s’est faite en interrogeant à la fois les enfants, les enseignants et les parents. Pour les enfants, la prise en compte de leur ressenti s'est faite durant la classe, au moyen des réglettes du plaisir du kit « L’Attitude santé ». Les 279 ayant répondu à l’enquête ont plébiscité les jeux athlétiques à plus de 85 %. À titre de comparaison, ce sont les jeux d’opposition qui ont recueilli l’adhésion la plus faible, avec 64,77 % de ressentis positifs (pour 15,90 % de ressentis négatifs et 18,19 % d’indifférents). Surtout, près de 9 enfants sur 10 disent que cela leur donne envie de faire du sport. Les adultes ont également rempli des questionnaires. Côté parents, ceux qui ont répondu se sont tous déclarés satisfaits de cette pratique physique supplémentaire dont leur progéniture a pu bénéficier. Ils ont toutefois été parfois décontenancés par une question portant sur la façon dont ils imaginaient avoir une activité physique commune avec leurs enfants. Faire du vélo, courir ou jouer au ballon avec eux ne sonne pas encore comme une évidence… Mais les enseignantes des classes ayant découvert l’escrime ont expliqué que certains parents s’étaient renseignés sur les possibilités de pratique pour les plus jeunes. LONG TERME Et cette année ? Le projet continue avec les enfants de maternelle, mais son élargissement aux enfants de grande section entrant en cours préparatoire est encore en suspens en raison de difficultés pratiques liées aux nouveaux rythmes scolaires. Car si l’aide de l’Inpes ne porte que sur les dix-huit premiers mois du projet, celui-ci vise le long terme et a pour ambition d’accompagner les enfants durant toute leur scolarité primaire. ● Philippe Brenot Novembre 2013
Les activités physiques et sportives proposées le sont en coordination avec le centre de loisirs municipal, et les familles elles aussi sont impliquées.
(1) Parmi les 51 projets instruits dans le cadre de cet appel à projets 2012, 8 ont été retenus. Les aides accordées aux 7 autres projets vont de 24 400 à 64 000 €, pour une enveloppe totale d’un peu plus de 350 000 €. Ces projets bénéficient également d’un accompagnement en matière de formation.
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