JUDO, AGRESSIVITÉ ET MAÎTRISE DE LA COLÈRE : ÉTUDE LONGITUDINALE CHEZ DES ENFANTS DE 8 ANS Éric Reynes et Jean Lorant De Boeck Supérieur | Staps 2003/1 - no 60 pages 93 à 105
ISSN 0247-106X
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Pour citer cet article :
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Reynes Éric et Lorant Jean,« Judo, agressivité et maîtrise de la colère : étude longitudinale chez des enfants de 8 ans », Staps, 2003/1 no 60, p. 93-105. DOI : 10.3917/sta.060.0093
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STAPS, 2003, 60, 93-105
R
APPORT DE RECHERCHE
Judo, agressivité et maîtrise de la colère : étude longitudinale chez des enfants de 8 ans Éric Reynès, Jean Lorant
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Résumé : L’objet de cette étude est de mettre en évidence l’effet de deux ans de pratique du judo sur l’agressivité et la maîtrise de la colère d’enfants de huit ans. Soixante enfants (18 judokas et 42 enfants ne pratiquant pas un sport de combat oriental) ont rempli le questionnaire d’agression de Buss & Perry (1992) pendant trois ans, à raison d’une fois par an. Les résultats font ressortir que la pratique du judo s’accompagne d’un effet bénéfique sur les deux variables étudiées uniquement pour les filles. Les résultats obtenus chez les garçons ne confortent pas la thèse de la diminution d’agressivité et de l’amélioration de la maîtrise de la colère communément attachées à ce type de pratique. La distinction entre les garçons les plus agressifs et les garçons les moins agressifs au moment de leur inscription met en évidence que ces derniers montrent une moindre capacité à se maîtriser. L’augmentation de l’estime de soi souvent présentée comme un des effets liés à la pratique des sports de combat orientaux, et l’affirmation d’un statut sexuel masculin pourraient être de nature à expliquer ce phénomène. Mots-clefs : judo, agressivité, colère, enfant, étude longitudinale.
Judo, aggressiveness and self-control : longitudinal study among eight years old children Abstract : The aim of this survey was to show the effect of two years of judo practice on the aggressiveness and the self-control of eight year old children. Sixty children (18 judokas and 42 children not practicing an oriental combat sport) completed the Buss and Perry’s aggression questionnaire (1992) during three years, once a year. Results show that the practice of the judo goes with a beneficial effect on the two studied variables only for the girls. Results obtained on boys do not support the hypothesis of the decrease of aggressiveness and the improvement of the self-control commonly attached to this type of practice. Distinction between the most and the least aggressive boys at the time of their enrolment shows that these last ones demonstrate a lesser capacity of self-control with practice. The increase of the self-esteem which is often reported as one of the effects linked to the practice of oriental combat sports, and the assertion of a male sexual status could explain this phenomenon. Key words : judo, aggressiveness, self-control, child, longitudinal study. * e-mail : lorant@unice.fr
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Laboratoire Sport et Régulations Sociales - Université de Nice Sophia-Antipolis UFR STAPS - 261, route de Grenoble - B.P. 3259 - 06205 NICE CEDEX 3
1. INTRODUCTION
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Le sport, comme toutes les activités humaines, a eu et a toujours ses inconditionnels défenseurs, et ses fervents détracteurs. Aussi, comme le souligne Thomas (1989), les différentes études portant sur l’influence du sport sur la socialisation ou les différents auteurs qui se sont prononcés semblent diverger sensiblement sur l’effet réel de la pratique sportive soit en vantant ses vertus, soit en dénonçant ses effets pervers. Toujours est-il que pour le sens commun, le sport participe à l’apprentissage d’attitudes et de valeurs socialement souhaitables (Conseil de l’Europe, 1995) et que les compétences sociales acquises dans la pratique sportive se veulent être automatiquement transférables à la vie sociale, faisant ainsi du sport un agent fondamental de socialisation (Parisot, 1991, 41). Aussi, le sport est-il bien souvent considéré comme la panacée pour régler les problèmes d’intégration et de petite délinquance (Clément, 1995 ; Conseil de l’Europe, 1995 ; Feldman, 1997 ; Lacombe, 1995 ; Sugden & Yiannakis, 1982), notamment en ce qu’il substituerait le relâchement anarchique et socialement préjudiciable des pulsions agressives des individus à un relâchement contrôlé au sein d’une activité réglementée, et qui plus est apprendrait à l’individu à respecter les règlements. Cette croyance en l’effet cathartique du sport sur les comportements d’agression est extrêmement prégnante pour le sens commun (Wann, Carlson, Holland, Jacob, Owens & Wells, 1999), mais s’enracine dans une conception hydrodynamique des mécanismes de l’agression rejetée irrémédiablement par la communauté scientifique depuis plus d’une vingtaine d’années, qu’elle soit ou non appliquée au sport (Bennett, 1991 ; Cataldi, 1980 ; Geen, Stonner & Shope, 1975 ; Leyens, 1977, 1979 ; Pfister, 1979, 1985 ; Russell, 1993 ; Schilling, 1976). A l’opposé, se référant à la théorie de l’apprentissage social (Bandura, 1980), certains auteurs considèrent le sport comme un lieu d’apprentissage des conduites agressives et comme un des principaux responsables de la violence actuelle (Tandy & Laflin, 1973). En effet, si le sport apprend à l’enfant à agir dans les limites
Eric REYNES et Jean LORANT
d’un règlement, bien souvent il lui est également appris à développer des stratégies de contournement de ce règlement (Durand, 1987, 113-114) ce qui contribue sans nul doute au développement d’une certaine permissivité vis-à-vis des règlements et à une certaine tolérance à l’égard de la violation de la règle et de l’agression dans sa composante instrumentale (l’agression réactive est quant à elle beaucoup plus réprimée car elle constitue dans la pratique sportive un obstacle à la performance – Pfister, 1987 ; Rauch, 1974 ; Santschi, 1985). Notons à cet égard, que Bredemeier, Shields, Weiss & Cooper (1986, 1987) mettent en évidence que les pratiquants de sports à forts contacts physiques présentent un moindre raisonnement moral, une plus grande tolérance à l’égard des comportements agressifs et sont eux-mêmes plus agressifs dans le cadre sportif et dans la vie quotidienne que les pratiquants de sports de faible ou de moyen contact. Toutefois, ainsi que le souligne Coakley (1994, 1979) il n’existe aucune recherche démontrant que les comportements agressifs des athlètes sont plus fréquents dans la vie quotidienne du fait de leur investissement sportif. De même que l’approche cathartique n’a pu trouver de validation scientifique qui ne soit discutable, notamment en terme de protocole expérimental, une application trop rigide de la théorie de l’apprentissage social qui consisterait à établir une relation de causalité systématique entre le fait de répondre agressivement et le fait de pratiquer une activité sportive ne semble pas plus satisfaisante. Par exemple, Zillmann, Johnson & Day (1974) montrent que les pratiquants de sports caractérisés par un haut niveau de contacts physiques ne sont ni plus ni moins agressifs que des nonsportifs, mais que tout comme les nonsportifs, ils sont plus agressifs que des pratiquants de sports caractérisés par un faible niveau de contacts physiques, infirmant ainsi à la fois la thèse cathartique et celle de l’apprentissage social. Figler (1978) tentant d’apprécier lequel des deux modèles, de la catharsis ou de l’apprentissage social, serait le plus à même de rendre compte de la relation entre sport et agression arrivera à la même conclusion. De même, Van Goozen, Frijda & Van de Poll (1984) montrent que les filles pratiquant des sports dits
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agressifs ne se mettent pas plus facilement en colère que des filles pratiquant des sports dits non agressifs. Dans ce contexte, les sports de combat semblent devoir cristalliser cette divergence de position quant à l’effet du sport sur les comportements d’agression. En effet, dans la perspective de la théorie de l’apprentissage social, ils apparaissent plus que toute autre activité comme un facteur de développement des comportements d’agression dans la mesure où ils offrent l’opportunité, à contre sens du procès de civilisation mis en avant par Elias (1973, 1975), de transgresser un des interdits sociaux les plus prégnants (Clément, 1981 ; Carrier, 1992 ; Santschi, 1993) qu’est le contact physique dans une relation d’affrontement. D’un autre côté, s’il est bien des sports ayant la réputation de faire acquérir à l’individu une meilleure maîtrise de la colère et de ses impulsions agressives ce sont bien ces activités, et plus particulièrement les sports de combat orientaux, à tel point qu’ils sont pratiquement prescrits dans le cas d’enfants trop turbulents ou impulsifs (Seegmuller, 1984) voire même dans le cas d’enfants psychotiques (Therme et Raufast, 1993). Si un consensus semble se dessiner dans se sens, des variables telles que (1) le type d’enseignement, (2) le temps de pratique ou (3) le type d’activité doivent néanmoins être considérées. Ainsi, concernant le type d’enseignement, la pratique d’un sport de combat oriental de laquelle serait exclue la composante philosophique au profit d’un aspect purement compétitif, se traduit par un accroissement des comportements délinquants et des comportements d’agression alors qu’un enseignement plus traditionnel dans lequel cette composante serait présente s’accompagne d’une réduction de ces types de comportements ainsi que d’une augmentation des habiletés sociales et de l’estime de soi (Nosanchuk & McNeil, 1989 ; Trulson, 1986). Toutefois, au-delà de l’aspect traditionnel en luimême, cette variable semble devoir prévaloir quelle que soit l’activité (Cataldi, 1980 ; Leith, 1983 ; Ryckman & Hamel, 1995 ; Tenenbaum, Stewart, Singer, & Duda, 1996 ; Thirer, 1993). Concernant le temps de pratique et le type de pratique, Trulson (1986) rapporte
95 les améliorations décrites ci-dessus après six mois d’entraînement traditionnel en taekwendo, alors que Delva-Tauiliili (1995) ne trouve pas de variations concernant le self-control et l’agressivité après deux semaines et demie d’entraînement en aïkido. De même, Foster (1997) ne trouve aucune variation concernant l’estime de soi, la colère et l’anxiété après dix semaines d’entraînement en aïkido, mais met en évidence une réduction de l’anxiété après dix semaines d’entraînement en karaté, et Pyecha (1970) montre qu’après huit semaines d’entraînement, les sujets ayant fait du judo présentent des caractéristiques pro-sociales plus développées (ils scorent plus haut que les sujets ayant fait du handball ou du badminton au facteur A du 16 PF forme A (Catell, 1962) : sociabilité, coopération, caractère agréable, gentillesse, adaptabilité, confiance en autrui, chaleur, attention). Ces premières données mettent en évidence que si effet bénéfique il y a suite à la pratique de ces activités, il n’apparaît qu’après un temps minimum de pratique qui en outre semble varier d’une activité à l’autre. De fait, la grande majorité des études ont le plus souvent comparé pratiquants débutants et pratiquants confirmés, et hormis Kroll & Carlson (1967) qui en utilisant le 16 PF forme A ne trouvent pas de différences entre les niveaux de ceinture chez les karatékas, il se dégage un consensus allant dans le sens d’un effet du niveau de pratique (en terme de couleur de ceinture) ou le temps de pratique (en années) sur les variables psychologiques ou comportementales mesurées. Ainsi, Nosanchuk (1981) constate une réduction de l’agressivité, et une amélioration de l’estime de soi, avec la pratique du karaté ; Richman & Rehberg (1986) trouvent que les karatékas avancés (ceintures marrons et noires) sont plus indépendants et ont plus confiance en eux que les débutants (ceintures blanches et jaunes) ; Daniels & Thornton (1989) mettent en évidence chez les karatékas une réduction de l’hostilité agressive mais une augmentation de l’agressivité indirecte avec la pratique de l’activité, et pour les ju-jitsukas une réduction de l’hostilité agressive et verbale avec la pratique de l’activité ; Nosanchuk & McNeil (1989) montrent
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JUDO, AGRESSIVITE ET MAITRISE DE LA COLERE
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que dans les clubs où l’enseignement est traditionnel il y a une diminution de l’agressivité avec le niveau de ceinture ; Skelton, Glynn & Berta (1991) trouvent pour leur part une moindre agressivité chez les pratiquants de taekwondo les plus gradés, et Kurian, Caterino & Kulhavy (1993) rapportent que les taekwondistes ayant plus d’un an et demi de pratique sont moins anxieux et plus indépendants que ceux ayant moins d’un an et demi de pratique. Concernant les judokas, Lamarre & Nosanchuk (1999), dans une réplique de l’étude de Nosanchuk (1981) appliquée au judo, trouvent également un déclin de l’agressivité avec le niveau de ceinture. Par contre, Vanfraechem-Raway (1980) rapporte que les confirmés (plus de deux ans de pratique) apparaissent comme plus agressifs-combatifs et plus dominants par rapport aux normes de population mais apparaissent également comme plus sociables, plus indépendants, plus persévérants, ont une plus grande force du moi ainsi qu’une meilleure stabilité émotionnelle et semblent faire montre d’une plus grande recherche de solution face à la frustration que les judokas débutants, bien que présentant une plus faible culpabilité. Il apparaît donc, que la pratique des sports de combat orientaux semble bien s’accompagner d’un certain bienfait pour les individus, notamment en matière d’agression et de maîtrise émotionnelle. Toutefois, à la lumière de cette revue de littérature il nous faut faire trois remarques. Tout d’abord, hormis celles de Pyecha (1970), Trulson (1986), Delva-Tauiliili (1995) et Foster (1997) qui procèdent d’un suivi longitudinal (qui pour la plus longue ne dure que six mois), les autres études ne sont que des comparaisons transversales et, si elles peuvent effectivement donner un aperçu de l’effet de la pratique des sports de combat orientaux, elles ne peuvent cependant pas véritablement conclure à l’effet de ces pratiques mais simplement conclure à des différences entre les sujets débutants et les sujets confirmés. En outre, et ce sera là la deuxième remarque, la quasi-totalité de ces études porte sur le karaté ou le taekwendo. On peut donc se demander si une activité telle que le judo aura également les mêmes effets. Au vu
Eric REYNES et Jean LORANT
des résultats avancés par Lamarre & Nosanchuck (1999) nous pouvons le supposer, mais en douter à la lumière de ceux de Vanfraechem-Raway (1980). Enfin, nous devons souligner le fait que, hormis pour les deux études précitées, dans toutes les autres les sujets sont soit exclusivement masculins soit la distinction entre garçons et filles n’est pas opérée. Or, si pour Lamarre & Nosanchuck (1999) le sexe n’est pas un facteur prédictif concernant l’agressivité, Vanfraechem-Raway (1980) met en évidence des différences d’effet, puisque la pratique permettrait aux garçons acquérir une meilleure adaptation à la frustration et aux filles de « s’individualiser » (p. 9). Or, d’une manière générale, les pratiques sportives semblent répondre chez les garçons à un désir d’accomplissement, de recherche de récompense, de domination de l’autre alors que pour les filles elles rempliraient une fonction avant tout ludique dominée par la recherche de plaisir et d’affiliation (Coulomb, Rascle et Pfister, 1999 ; Flood & Hellstedt, 1991 ; Gill, Gross & Huddleston, 1983 ; Sabatier et Pfister, 1995 ; Tappe, Duda & MengesEhrnwald, 1991). Cependant, pour Lenzi, Bianco, Milazzo, Placidi et Castrogiovanni (1997) l’adhésion des filles à des sports dits masculins ou dits agressifs participerait de la recherche d’un lieu d’expression de comportements en rupture avec les comportements usuellement attachés à leur statut sexuel, alors que les garçons viendraient au contraire chercher dans ces activités un statut sexuel (ce qui est tout à fait compatible avec la recherche d’accomplissement, de récompense, etc.). Autrement dit, les filles qui s’inscriraient à des sports de combat seraient plus agressives que celles ne pratiquant pas de sport ou s’inscrivant dans des activités au caractère moins masculin et le feraient dans l’optique de réduire ce « trop plein d’agressivité », alors que les garçons s’inscrivant dans ces activités le feraient soit pour trouver un terrain d’expression socialement non réprouvé à une trop grande agressivité soit à l’inverse pour acquérir les stéréotypes sexuels accolés à ces pratiques, ce qui en schématisant reviendrait à dire que les garçons s’inscrivant à des sports de combat sont soit très
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JUDO, AGRESSIVITE ET MAITRISE DE LA COLERE
agressifs, soit « pas assez » agressifs. Nous pouvons donc nous demander si l’effet de la pratique d’un sport de combat oriental sur l’agressivité1 et la maîtrise émotionnelle des sujets sera le même pour les garçons et pour les filles. L’objet de cette étude est donc de suivre pendant deux ans l’évolution de l’agressivité et de la maîtrise de la colère d’enfants débutant dans l’activité judo en distinguant les filles et les garçons, et pour ces derniers, les « agressifs » et les « non-agressifs ». Nous postulons que la pratique du judo s’accompagne d’une réduction de l’agressivité et d’une meilleure maîtrise de la colère pour les filles et les garçons agressifs, et d’un effet inverse pour les garçons non agressifs.
2.2 Les clubs Les différents clubs de judo ayant participé à cette étude ne diffèrent pas les uns des autres au regard des critères utilisés par Nosanchuk & McNeil (1989) pour faire la distinction entre l’enseignement traditionnel et l’enseignement moderne. A défaut d’être considéré comme traditionnel l’enseignement dispensé dans ces différents clubs sera considéré comme coutumier.
L’outil utilisé pour apprécier l’agressivité et la maîtrise de la colère des sujets est le Questionnaire d’Agression de Buss & Perry (1992), constitué de 29 items de type échelle de Likert en cinq points (de 1 : Pas du tout vrai pour ce qui me concerne, à 5 : Tout à fait vrai pour ce qui me concerne) et donne lieu à quatre échelles : Agression physique (e.g., Je n’hésite pas à utiliser la force pour défendre mes droits), Agression verbale (e.g., Quand je ne suis pas d’accord avec quelqu’un, je ne me gène pas de le critiquer), Hostilité (e.g., Il me semble parfois que les gens rient de moi dans mon dos) et Colère (e.g., J’ai tendance à m’emporter facilement). Une procédure de validation du questionnaire pour des enfants de cet âge a également était conduite en parallèle auprès de 534 enfants de CE2, CM1 et CM2 différents de ceux ayant participé à l’étude, afin de tester la fiabilité des échelles et leur consistance interne. Les résultats pour chacune des échelles sont respectivement les suivants (Alpha de Cronbach / corrélation
2. MÉTHODE Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 109.190.111.104 - 26/03/2015 15h23. © De Boeck Supérieur
2.1 Sujets Afin de nous assurer que les variations éventuelles pourront être imputées à la pratique du judo et non à une évolution normale due à l’âge, nous avons suivi également un groupe contrôle constitué d’enfants d’école primaire ne pratiquant pas de sports de combat orientaux. 123 enfants ont participés à cette étude. Toutefois seuls 60 d’entre eux ont pu être suivis pendant trois ans (voir Tableau 1 pour le détail des effectifs en fonction du sexe et du groupe). Les résultats portent donc sur ces soixante sujets. Tous les enfants étaient nés en 1989. Ils avaient 8 ans lors de la première passation, et 10 ans lors de la dernière passation.
TABLEAU 1. Effectifs lors de la première (P1) et troisième passation (P3) en fonction du sexe et du groupe.
Groupe contrôle
Judo
Filles
Garçons
Filles
Garçons
P1 (n=123)
34
32
12
45
P3 (n=60)
22
20
4
14
1. Lorsque nous employons pour notre propre compte le terme d’agressivité, nous nous situons dans la perspective théorique développée par Karli (1987, 21-22) : ce terme a alors valeur de description (c’est-à-dire qualifier un ensemble de comportements) et non une valeur explicative (c’est-à-dire désigner la source de ces comportements).
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2.3 Instrument de mesure
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Eric REYNES et Jean LORANT
2.4 Procédure
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Chacune des trois passations a été effectuée en début d’année scolaire. Pour les élèves des écoles primaires, la passation a été effectuée en classe et pour les judokas au moment de l’entraînement. Les questionnaires étaient récupérés immédiatement. 3. ANALYSES DES RÉSULTATS Suite à la vérification de la normalité de notre distribution (Test de Shapiro-wilk), nos résultats seront traités par l’analyse de variance (ANOVA) après vérification de l’homogénéité des variances (test du LogANOVA), ainsi que par le test du t de Student sur séries appariées avec un intervalle de confiance de 95 %.
4. RÉSULTATS Les résultats reportés ici rendront compte des variations enregistrées entre la première (P1) et la dernière passation (P3), soit des variations enregistrées après deux ans de pratique. 4.1 Groupe contrôle vs Groupe judo lors de P1 Afin de pouvoir distinguer un groupe dit agressif et un groupe dit non-agressif, nous avons distribué notre échantillon de sujets judokas en trois groupes et nous avons pris les deux extrêmes. Le groupe agressif (n = 4) est constitué des sujets ayant obtenu plus de 28 sur l’échelle d’agression physique, et le groupe non agressif (n = 5) est constitué des sujets ayant obtenu moins de 28 sur cette même échelle. L’ANOVA confirme que le groupe des agressifs score plus haut (tableau 2) que le groupe des non-agressifs sur ce critère, F (1,7) = 15.342, p = .006. Nous noterons également qu’ils apparaissent plus coléreux que les non-agressifs, F (1,7) = 8.180, p = .024. L’ANOVA montre que lors de la première passation les pratiquantes de judo ne présentent pas de différences significatives avec les filles du groupe contrôle aussi bien sur l’échelle d’agression physique que sur l’échelle de colère (Tableau 3). Concernant les garçons, d’une manière générale, les
TABLEAU 2. Moyennes (et écart-types) de la première (P1) et troisième passation (P3) pour chaque groupe sur les échelles Agression physique et Colère .
Garçons Echelle
P1
Groupe Physique contrôle Colère
25.50 (7.42) 19.90 (5.13)
Physique Colère
28.86 (6.02) 21.57 (4.36)
Groupe Physique contrôle Colère
22.35 (7.29) 16.50 (5.84)
Physique Colère
23.79 (6.13) 20.93 (4.27)
Judokas
P3
Total
Judokas
Non agressifs
Filles Agressifs 23.64 (5.32) 19.18 (5.09)
24.00 (2.00) 17.80 (3.27)
36.00 (6.58) 25.25 (4.57)
29.00 (8.64) 22.25 (6.55) 22.50 (5.18) 17.86 (4.80)
22.80 (3.11) 21.00 (3.08)
21.75 (5.97) 20.75 (4.19)
20.00 (6.38) 17.75 (4.99)
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test-retest à trois semaines d’intervalle) : Agression physique (.77 / .75), Agression verbale (.64 / .61), Hostilité (.70 / .62) et Colère (.61 / .63). Les Alpha de Cronbach obtenus sur chacune des échelles par les 60 sujets de l’étude lors de la première passation sont les suivants : Agression physique (.78), Agression verbale (.58), Hostilité (.53) et Colère (.69). Devant la faiblesse des Alpha de Cronbach des échelles Agression verbale et Hostilité, nous ne prendront en compte que les résultats obtenus sur les échelles Agression physique et Colère.
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JUDO, AGRESSIVITE ET MAITRISE DE LA COLERE
judokas ne présentent pas non plus de différences significatives avec les garçons du groupe contrôle. En revanche, la distinction entre les judokas agressifs et les judokas non agressifs révèle que ces derniers ne se distinguent pas des sujets du groupe contrôle, alors que les judokas agressifs présentent un score sur l’échelle d’agression physique supérieur aux garçons du groupe contrôle, F (1, 22) = 6.881, p = .016, mais ne diffèrent pas significativement sur l’échelle de colère.
tinction entre les judokas agressifs et les judokas non agressifs nous ne notons aucune différence significative avec le groupe contrôle. Nous remarquerons également que ces deux groupes ne diffèrent plus l’un de l’autre sur ces deux critères (respectivement, F (1,7) = 0.118, et F (1,7) = 0.011).
L’analyse du tableau quatre montre que les pratiquantes de judo enregistrent une réduction de l’agression physique et de la colère (respectivement t4 = 3.838, p = .031, et t4 = 3.402, p = .042) alors que les filles du groupe contrôle n’enregistrent pas de telles variations. Concernant les garçons, nous obtenons le résultat inverse puisque seuls les garçons du groupe contrôle enregistrent une réduction de leur score sur les deux échelles (respectivement t20 = 2.170, p = .043, et t20 = 3.179, p = .005) alors que les judokas ne présentent pas de telles variations, voire présen-
4.2 Groupe contrôle vs Groupe judo lors de P3
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L’ANOVA (Tableau 3) montre que les pratiquantes de judo ne présentent pas de différences significatives avec les filles du groupe contrôle aussi sur l’échelle d’agression physique que sur l’échelle de colère. Concernant les garçons, il semblerait que les judokas présentent un score supérieur sur l’échelle de colère, F (1,32) = 5.834, p = .022. Néanmoins lorsqu’on fait la dis-
TABLEAU 3. ANOVA. Comparaison entre le groupe contrôle et les Judokas lors de la première et de la troisième passation sur les échelles Agression physique et Colère en tenant compte du sexe et du niveau d’agressivité.
Groupe contrôle vs Judokas P1 Echelle
F
P3 p
Garçons Physique 1.958 ns Colère 0.362 ns Filles
Groupe contrôle vs Judokas non agressifs
Physique 2.853 ns Colère 1.138 ns
F
P1 p
F
P3 p
0.362 ns 0.195 ns 5.834 .022 0.748 ns 0.741 0.002
Groupe contrôle vs Judokas agressifs P1
F
p
0.018 2.712
ns ns
F
P3 p
F
p
6.881 .016 0.024 3.731 ns 1.888
ns ns
ns ns
TABLEAU 4. Test du t de Student sur séries appariées. Comparaison en tenant compte du sexe et du niveau d’agressivité des résultats obtenus entre P1 et P3 par le groupe contrôle et les judokas sur les échelles agression physique et Colère.
Groupe contrôle Echelle
t
Garçons Physique 2.170 Colère Filles
3.179
Physique 0.747 Colère 0.893
Judokas
Judokas non agressifs
Judokas agressifs
p
t
p
t
p
t
p
.043
2.085
ns
1.037
ns
2.895
ns
.005
0.406
ns
-2.997
.040
1.362
ns
ns ns
3.838 3.402
.031 .042
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4.3 Comparaisons entre P1 et P3
tent une augmentation de score sur l’échelle de colère pour les non-agressifs, t5 = -2.997, p = .040. 5. DISCUSSION
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L’objet de cette étude était de juger de l’effet de la pratique du judo sur l’agressivité et la maîtrise de la colère des pratiquants. Conformément à ce que nous supposions la pratique du judo s’accompagne bien d’une réduction de l’agressivité physique chez les filles, puisque les filles du groupe contrôle ne présentent pas une telle réduction. Par contre, les résultats de l’ANOVA effectuée entre ces deux groupes lors des deux passations ne permettent pas de conclure que les pratiquantes de judo sont plus agressives que les filles du groupe contrôle et ne permet pas de supposer qu’une plus grande agressivité est à l’origine de leur adhésion à cette pratique. De fait ces résultats ne semblent pas supporter ceux de Lenzi et al. (1997). Toutefois, nous nous devons de préciser, dès maintenant, que nous ne pouvons pas véritablement conclure, avec les données rapportées dans cette étude, que les filles ou les garçons que l’on inscrit en judo sont ou non plus agressifs que les sujets du groupe contrôle, puisque notre groupe judo est constitué, non pas de l’ensemble des sujets qui se sont inscrits en judo, mais de l’ensemble des sujets qui ont persisté dans la pratique. Nous pouvons donc seulement conclure, concernant les filles, que celles qui ont persisté dans la pratique du judo n’étaient pas plus agressives et n’exprimaient pas plus de colère que celles du groupe contrôle. Avant de passer à la discussion concernant l’effet de la pratique sur les garçons, nous nous arrêterons rapidement sur un résultat qui peut sembler surprenant puisque les garçons du groupe contrôle présentent une réduction de l’agressivité et de l’expression de la colère entre 8 ans et 10 ans, alors que les filles de ce même groupe n’enregistrent pas statistiquement une telle variation. Ces résultats supportent le point de vue de Perron, Desjeux et Mathon (1983) pour lesquels l’agressivité chez l’enfant tend à décroître avec l’âge en se sublimant, se symbolisant et se transposant « en des activités ludiques source de plaisir
Eric REYNES et Jean LORANT
partagé » (p. 249). On peut alors supposer que les garçons seraient plus concernés que les filles par ce phénomène, ce qui conforte les données de Stanger, Achenbach & Verhults (1997) qui après avoir suivi des enfants entre 4 et 16 ans, mettent en évidence une diminution du syndrome agressif entre ces deux âges, avec toutefois une cinétique relativement linéaire pour les garçons, et plus curviligne pour les filles. Concernant, l’effet de la pratique du judo sur les garçons, il semble globalement que la pratique du judo non seulement ne s’accompagne pas des effets bénéfiques tant mis en avant par les inconditionnels des sports de combat orientaux et dont beaucoup d’auteurs se font l’écho (Baudry, 1993 ; Becker, 1982 ; Lacombe et Dreuilhe, 1998 ; Pain et Lagrange, 1992 ; Pain, 1993 ; Roche, 1993 ; Seegmuller, 1984 ; Thirion, 1993), mais qui plus est, semblerait jouer, a priori, comme un frein à l’acquisition de certains comportements puisque non seulement les judokas ne présentent pas, à l’inverse des garçons du groupe contrôle, une réduction d’agressivité et de l’expression de leur colère entre 8 ans et 10 ans, mais tendraient au contraire à exprimer plus facilement leur colère. En effet, alors qu’ils ne se différenciaient pas du groupe contrôle sur ce critère lors de la première passation, ils présentent un score statistiquement supérieur lors de la troisième passation. Toutefois, et bien que pour les raisons que nous avons évoquées plus haut nous ne pouvons conclure en terme de motivation pour l’inscription, la distinction opérée suite aux travaux de Lenzi et al. (1997) entre les garçons initialement agressifs et ceux non agressifs comme renvoyant à deux voies motivationnelles distinctes qui conduisent les garçons à s’inscrire dans ce type d’activité, relativise cette première interprétation. En effet, conformément à ce qui était attendu, les judokas les plus agressifs, à défaut d’enregistrer une réduction d’agressivité physique statistiquement significative entre 8 et 10 ans (le test du t étant non significatif avec un seuil à .063), se rapprochent de ce qui semble être la norme des sujets de cet âge puisqu’ils ne se différencient plus du groupe contrôle lors de la troisième passation alors qu’ils étaient significativement plus agressifs lors de la première passation. Toutefois, il n’est pas
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véritablement permis de parler ici d’un effet de la pratique du judo mais plutôt d’un effet de l’âge, puisque le groupe contrôle suit cette même courbe descendante. En revanche, contrairement à ce qui était attendu, les garçons non agressifs ne sont pas moins agressifs que les garçons du groupe contrôle lors de leur première inscription, et ne présentent pas non plus d’augmentation leur score d’agressivité avec la pratique (pas plus que de diminution). Toutefois, alors que les agressifs ne varient pas quant à leur score de colère, les non-agressifs l’exprime plus facilement après deux ans de judo. Ces résultats ne confortent donc pas ceux de Lamarre & Nosanchuk (1999). Cela étant dit, il faut reconnaître également que cette étude ne porte que sur une période de deux ans, et que les enfants ont seulement dix ans lors de la troisième évaluation. Or, il semblerait que les comportements d’agression physique (Loeber & Hay, 1997) et les comportements antisociaux (Loeber & Hay, 1997 ; Stanger et al., 1997) augmentent après l’âge de dix ans. De plus, Trabal et Augustini (2000) montrent que ce n’est qu’après la cinquième année de pratique que les karatékas passent d’une représentation de leur activité axée sur un pôle sportif-compétitif vers le pôle sportif-philosophique et spirituel, l’importance du pôle philosophique corrélant avec l’âge. Si ce phénomène s’applique également au judo, il est alors raisonnable de penser qu’une étude d’une durée plus longue et prenant en compte des sujets plus âgés pourrait conduire à d’autres conclusions. Toutefois, force est de constater que les filles enregistrent bien cette réduction. Or, il semblerait que les filles auraient tendance à « reformuler les objectifs de l’enseignant afin de mettre en cohérence leur implication dans la tâche et la représentation qu’elles en ont » (Sabatier et Pfister, 1995, p. 52), ce qui correspond à une recherche de plaisir plus que de domination, contrairement aux garçons qui adhèrent plus facilement aux sollicitations de l’enseignant lorsque les comportements demandés vont dans le sens de leur statut sexuel. On pourrait alors supposer que cela est d’autant plus vrai en judo, que chuter au cours d’un combat peut être vécu, pour les
101 garçons, comme une remise en question de ce statut (du fait d’une motivation axée sur la domination) ce dont seraient exemptes les filles (du fait d’une motivation plus axée sur la recherche de plaisir). Autrement dit, les différents résultats enregistrés par les judokas sur ce critère pourraient résulter de l’augmentation de la confiance en soi qui accompagne la pratique de ces activités (Nosanchuk, 1981 ; Richman & Rehberg, 1986), et témoigner d’un regain d’assurance qui conduirait alors les judokas initialement non agressifs à s’affirmer dès lors que leur statut sexuel leur paraîtrait menacé, sans qu’à cet âge cela prenne la systématiquement la forme de l’agression physique. En effet, Hughes & Coakley (1978) rapportent que dans les sports où les valeurs masculines sont très présentes, le statut de mâle virile est extrêmement précaire, conduisant l’athlète à constamment en faire la preuve y compris hors du champs sportif, notamment en usant de comportements agressifs. En outre, cette hypothèse est consistante avec les résultats de Vanfraechem-Raway (1980) qui montrent qu’au-delà de deux ans de pratique, les judokas apparaissent comme plus agressifs-combatifs et plus dominants par rapport aux normes de population. Ce phénomène n’aurait pas cours chez les filles, d’une part parce que les valeurs qui sont attachées à leur statut sexuel sont à l’opposées de celles des garçons, du moins en matière d’agressivité, et d’autre part parce qu’à cet âge les interactions conflictuelles sont moins fréquentes entre filles qu’elles ne le sont entre garçons (Loeber & Hay, 1997). Ces résultats questionnent donc, pour partie, la construction de l’identité sexuée et sexuelle par la pratique sportive, comme a pu le mettre en évidence Mennesson (2000) dans le cas de femmes pratiquant la boxe anglaise ou française. Pour conclure, deux ans de judo chez des enfants de huit ans ne s’accompagnent d’effets bénéfiques que chez les filles. Pour les garçons, si la distinction en terme de niveau d’agressivité au moment de l’inscription dans l’activité apparaît comme un facteur pertinent pour apprécier l’effet de la pratique du judo, les résultats obtenus par les deux groupes de judokas ne supportent pas ceux faisant états d’une réduction de l’agressivité due à la pratique du judo, et
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JUDO, AGRESSIVITE ET MAITRISE DE LA COLERE
infirment l’idée reçue que la pratique du judo conduit inconditionnellement à inculquer la maîtrise de soi, en l’occurrence face à la colère. Toutefois, ces résultats demandent à être confirmés par une étude couvrant une période plus longue, présentant des effectifs plus conséquents et usant d’outils de mesure susceptibles de mieux objectiver les comportements réels des sujets, que ne peuvent le faire les types de questionnaires utilisés dans cette étude, qui en fait ne rendent compte que de comportements déclarés. En outre, le décalage entre nos résultats et ceux préexistants souligne la nécessité à la fois de passer vers ce type d’approche (longitudinal) pour véritablement apprécier l’effet d’une pratique, et également de bien faire la distinction entre les différents sports de combat. BIBLIOGRAPHIE Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 109.190.111.104 - 26/03/2015 15h23. © De Boeck Supérieur
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JUDO, AGRESSIVITE ET MAITRISE DE LA COLERE
Eric REYNES et Jean LORANT
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Judo, Aggressivität und Beherrschung des Zorns: eine Längsschnittstudie bei 8jährigen Kindern Zusammenfassung : Ziel dieser Studie ist es, die Wirkung von 2 Jahren Judopraxis auf die Aggressivität und die Beherrschung des Zorns bei 8jährigen Kindern aufzuzeigen. 60 Kinder (18 Judokas und 42 Kinder, die keinen orientalischen Kampfsport betrieben haben) füllten einmal pro Jahr über 3 Jahre den Aggressionsfragebogen von Buss & Perry (1992) aus. Die Resultate zeigen, dass die Judopraxis nur bei den Mädchen einen positiven Effekt auf die 2 untersuchten Variablen hat. Die Ergebnisse bei den Jungen bestätigen hingegen nicht die These der Aggressivitätsverminderung und die Verbesserung der Zornbeherrschung, die in der Regel dieser Art von Praxis zugeschrieben wird. Eine Differenzierung zwischen den aggressivsten und den am wenigsten aggressiven Jungen zum Zeitpunkt ihrer Anmeldung, zeigt, dass die letzteren eine geringere Fähigkeit zeigen sich zu beherrschen. Die Erhöhung des Selbstbewusstseins, die oft als ein Effekt der Praxis orientalischer Kampfsportarten angeführt wird, und die Bestätigung des Männlichkeitsstatus könnten diese Phänomen erklären. Schlagwörter : Judo, Aggressivität, Zorn, Kind, Längsschnittstudie.
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JUDO, AGRESSIVITE ET MAITRISE DE LA COLERE
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Judo, aggressività e controllo della collera : studio longitudinale su bambini di 8 anni Riassunto : L’oggetto di questo studio è evidenziare l’effetto di due anni di pratica del judo sull’aggressività ed il controllo della collera in bambini di otto anni. Sessanta bambini (18 judokas e 42 bambini non praticanti uno sport di combattimento orientale) hanno riempito il questionario d’aggressione di Buss & Perry (1992) durante tre anni, in ragione di una volta all’anno. I risultati fanno emergere che la pratica del judo è accompagnata da un effetto benefico sulle due variabili studiate unicamente per le bambine. I risultati ottenuti nei bambini non confortano la tesi della diminuzione dell’aggressività e del miglioramento del controllo della collera comunemente collegati a questo tipo di pratica. La distinzione tra i bambini più aggressivi ed i bambini meno aggressivi al momento della loro iscrizione evidenzia che questi ultimi mostrano una minore capacità a controllarsi. L’aumento della stima di sé, spesso presentato come uno degli effetti legato alla pratica degli sport di combattimento orientali, e l’affermazione di uno statuto sessuale maschile potrà essere in grado di spiegare questo fenomeno. Parole chiave : aggressività, bambino, collera, judo, studio longitudinale.
Resumen : El objetivo de este estudio, es poner en evidencia el efecto de dos años de práctica del judo sobre la agresividad y el control de la ira en niños de 8 años. Sesenta niños (18 judocas y 42 niños que no practican un deporte oriental) completaron un cuestionario sobre la agresividad de Buss y Perry (1992) durante tres años, una vez por año. Los resultados indican que la practica del judo tiene efectos benéficos en dos variables estudiadas únicamente en las niñas. Los resultados en los niños no permiten determinar si la agresividad disminuye y mejora el dominio de la ira. La distinción entre los niños más agresivos y los niños menos agresivos ponen de manifiesto en estos últimos una menor capacidad de control. El aumento del autoestima siempre es presentado como uno de los defectos relacionados en la práctica de los deportes de ambiente oriental, como la afirmación del estatus sexual masculino, esto puede explicar este fenómeno. Palabras claves : judo, agresividad, ira, niños, estudio longuitudinal.
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Judo, agresividad y control de la ira : estudio longuitudinal en niños de 8 años