Voorbeeldpagina's Branché Edition Révisée 6 ASO Contacts

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Tendances Envie d’être branché(e) ? 5.1 Les inventions, ça change la vie !

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Attention à votre garde-robe ! 5.2 Les vêtements nous rendent-ils malades ?

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On se décore le corps ? 5.3 Tattoos pour tous !

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L’influence des caméras 5.4 Prendre trop de photos nuirait à votre mémoire

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Non à la société de consommation ! 5.5 Les Johnson : un couple, deux enfants et zéro déchet depuis trois ans

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Voulez-vous réduire la facture d’énergie ? 5.6 La maison passive

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Que mettez-vous dans votre assiette ? 5.7 Peut-on se passer de viande ?

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Tendance inquiétante parmi les jeunes … 5.8 DVD - Binge drinking : quand le cerveau trinque

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Frissons garantis … 5.9 L’Armée furieuse, Fred Vargas

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Regard sérieux sur l’humour Contacts p. 132

Explorations Pourquoi le téléphone portable nous transforme en individus pénibles et impolis La cigarette électronique

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5.10 Peut-on rire de tout ?

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5.1 Les inventions, ça change la vie ! 1

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Vos fesses peuvent désormais recharger votre smartphone ! Non, non, ce n’est pas une blague ! […] Vodafone, […] le géant des télécoms outreManche, vient d’inventer avec quelques chercheurs loufoques de l’université de Southampton, en Angleterre, le concept de la Power Pocket : un short et un sac de couchage qui peuvent recharger un téléphone par énergie cinétique.

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Le sac de couchage rechargeur 25

Le short « chargeur » de Vodafone

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Le Power Short : un short en jean dont les tissus « spécifiques » produisent de l’énergie grâce à de minuscules capteurs électriques intégrés. Avec ce « short chargeur », il vous faudra au moins une journée de mouvements pour emmagasiner plus de quatre heures d’autonomie pour votre smartphone.

Quant au sac de couchage, ou Recharge Sleeping Bag, il n’a besoin que de votre chaleur corporelle, récupérant ainsi l’énergie thermoélectrique que dégage votre corps pendant votre sommeil. Ce sac spécial garantit onze heures d’autonomie à votre appareil mobile une fois rechargé. […] Même s’ils sont encore loin de battre le record du chargeur de batterie ultra-rapide, ces nouveaux gadgets risquent de bousculer, à coup sûr, nos habitudes de consommation… Si ça ne nous coûte pas la peau des fesses !

En clair, la chaleur émise par votre corps en marchant ou en dansant est récupérable par la batterie de votre mobile.

Chaussettes tout-terrain

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Marre de faire vos lacets ? Ces chaussettes à doigts de pied vous permettent de marcher sans entraves… et sans semelles, pour une sensation proche des pieds nus et une sécurité optimale. Les Swiss Protection Socks sont composées à 50 % de Kevlar, le matériau avec lequel sont fabriqués les gilets pare-balles. Du coup, la voûte plantaire1 est protégée de la nature, qui peut parfois se montrer piquante ou coupante.

1 la voûte plantaire = de voetzool

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Lingerie électrique Un soutien-gorge pour lutter contre le viol ? Il fallait y penser ! Trois étudiantes en école d’ingénieurs ont mis au point cette lingerie électrique. Pressez la poitrine avec insistance, et c’est une décharge de 3 800 kV qui vous fera tressaillir. « Les femmes ne sont pas en sécurité. C’est pourquoi nous avons développé cette idée de self-defense », a déclaré au Times of India Manisha Mohan, l’une des étudiantes à l’origine du projet. Aussi efficace qu’un Taser1, le soutien-gorge peut envoyer jusqu’à 82 décharges d’affilée. Il possède un système GPS qui alerte la police en cas d’agression et lui permet de localiser la victime.

Un jean à touches pour rester branché 55

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Avec ce pantalon, vous serez un geek … jusqu’au bout des chevilles. Avec son clavier intégré au niveau des cuisses et ses enceintes sur les hanches, vous faites littéralement corps avec l’ordinateur. Optimal pour tapoter, négligemment installé sur le canapé, avec la connexion sans fil Bluetooth reliée directement à l’entrejambe. Un accessoire rigolo, mais pas très hygiénique : lavage à la main obligatoire, en prenant garde de ne pas mouiller les composants électroniques.

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a Quelles inventions présente-t-on dans ces articles ? b Quels sont les avantages de ces nouveautés ? c Seriez-vous prêt(e) à les acheter ? Pourquoi (pas) ? Motivez votre réponse.

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1 un Taser = un pistolet à impulsion électrique

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5.2 Les vêtements nous rendent-ils malades ? En France, 700 000 tonnes de textile sont mises chaque année sur le marché. C’est le second marché de consommation après l’alimentation. La production mondiale s’élève à 74 millions de tonnes, dont 1/3 de fibres naturelles et 2/3 de fibres chimiques. Le secteur utilise 25 % des produits chimiques produits dans le monde. On estime qu’il faut 1 kilo de produits chimiques et 200 litres d’eau pour produire 1 kilo de textile.

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Les eczémas et les allergies liés aux vêtements se multiplient, mais aucune étude ne permet d’en mesurer l’étendue. Associations et ONG se mobilisent pour notre santé, et celle des employés des usines textiles. Alain n’est pas près d’oublier les chaussettes noires achetées par lot de trois paires dans une grande surface d’habillement. « À peine quelques heures après les avoir enfilées, j’ai développé des plaques rouges sur le dessus des pieds. Cela me démangeait terriblement. Je ne pouvais plus mettre de chaussures. Mon médecin m’a prescrit une crème à base de cortisone. Il m’a fallu trois mois pour me débarrasser de cet eczéma. » Éléonore a été irritée par un tee-shirt. « Le lendemain du jour où je l’ai porté, j’ai découvert, autour de mon cou, des plaques rouges avec des boutons qui me démangeaient beaucoup. Je n’avais jamais eu d’eczéma. »

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Les lésions1 de la peau dues aux textiles sont fréquentes. Il suffit, pour s’en convaincre, de consulter les forums de discussion sur Internet dédiés à la santé. Jeans, pyjamas, draps, soutiensgorge, chaussons : tout le contenu de la penderie y est incriminé2. Étonnant ? Pas tant que cela quand on sait que la chimie est omniprésente dans l’industrie textile, y compris lorsqu’elle utilise des fibres naturelles comme la laine ou le coton.

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Teinture, plastifiants, détergents, antitaches, pesticides : plus de 7 000 molécules différentes sont employées. Plusieurs n’apportent aucun avantage particulier aux textiles mais servent à diminuer les coûts de production. C’est le cas des apprêts3 appliqués pour éviter que le tissu ne se froisse, ce qui évite de repasser les vêtements avant l’expédition. […]

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Après s’en être pris au prêt-à-porter, Greenpeace attaquait en février les marques de luxe sur la pollution engendrée par leur activité.

Les colorants illustrent à eux seuls l’éventail4 des effets nocifs des textiles. Plus d’une vingtaine sont connus pour provoquer des réactions allergiques de la peau, ou eczéma de contact. […] « Ces colorants sont de petites molécules solubles dans l’eau qui peuvent passer facilement du vêtement à la peau », explique Marie-Noëlle Crepy, dermatologue à Paris. « La peau fait office de barrière, mais de manière incomplète. Dans certaines circonstances, les substances de l’environnement peuvent la pénétrer, et l’irritation, notamment, favorise le développement de l’allergie. » La réaction apparaît quelques jours après un ou plusieurs 1 une lésion = une blessure 2 incriminer = beschuldigen, veroordelen

3 un apprêt = papje om weefsels stijver te maken of te doen glanzen

4 un éventail (< le vent) = een waaier

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contacts, là où prédominent les frottements : le cou, le pli des genoux, à l’intérieur des cuisses, sous les seins… D’abord, la zone rougit et gonfle, puis elle se couvre de petites vésicules qui suintent1 et démangent férocement. Les lésions disparaissent en général au bout de trois semaines. Mais elles peuvent ressurgir n’importe où sur le corps à chaque nouveau contact avec le colorant ou un autre de la même famille présent dans un textile ou, comme c’est le cas avec le PPD (paraphénylène diamine), dans les teintures pour cheveux. « Il peut entraîner des réactions violentes, nécessitant parfois une hospitalisation », prévient le Dr Audrey Nosbaum, dermatologue-allergologue à l’hôpital Lyon-Sud. On estime que 2 à 6 % de la population souffre d’eczéma de contact allergique. 1 % des Des maillots officiels de l’Euro 2012 personnes qui consultent serait avaient un taux de plomb2 trop élevé. sensible aux colorants textiles. « Le problème est sous-estimé », prévient Marie-Noëlle Crepy. « Pour plusieurs raisons. D’abord parce que la plupart de ceux qui développent un eczéma ne consultent pas un spécialiste et ne bénéficient pas d’un bilan allergologique3. Le diagnostic n’est donc pas posé. » Et le Dr Nosbaum, de surenchérir4 : « Souvent, les patients pensent être allergiques à la lessive et changent de marque, mais c’est exceptionnel car les lavelinge rincent bien aujourd’hui. » Ensuite, ceux qui font la démarche de consulter un spécialiste ont souvent déjà lavé ou jeté le vêtement suspect. Et puis les batteries de tests ne couvrent pas la multiplicité des colorants sur le marché : il en existe des milliers ! « Enfin, nous ne disposons pas d’un système de vigilance qui nous permette de déclarer et surveiller les effets indésirables des textiles comme il en existe un pour les cosmétiques et les produits de tatouage », regrette Audrey Nosbaum. Les vêtements n’entrent en effet pas dans le périmètre de l’Agence nationale du médicament et des produits de santé. […]

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Un règlement européen limite le taux de nickel, très allergisant, dans la mercerie5 métallique

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La Commission européenne s’est dotée de plusieurs outils pour protéger le consommateur et l’environnement de ces substances toxiques. Le règlement Reach, adopté en 2006, encadre l’utilisation des produits chimiques par l’industrie. […] « Reach limite par exemple le taux de nickel, […] la substance la plus souvent incriminée dans les eczémas de contact. Le diméthylfumarate (DMFu) est, lui, totalement prohibé. […]

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3 un bilan allergologique = een overzicht van de allergieën 4 surenchérir = ergens een schepje bovenop doen

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1 suinter = vocht afscheiden 2 le plomb = het lood

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la mercerie = tout ce dont on a besoin pour créer des vêtements

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Les ouvriers des usines de fabrique de vêtements sont les principales victimes de l’utilisation de substances chimiques toxiques. A fortiori ceux des pays émergents1 comme le Bangladesh, où 3,5 millions de personnes sont employées dans des conditions souvent déplorables. Emmanuelle À cause des prix très bas, les ouvriers peut en témoigner. Elle a travaillé travaillent dans les pires conditions. à Dacca pour un bureau d’achat chargé de négocier et surveiller les commandes des grandes enseignes occidentales. « J’ai visité des ateliers de teinture où des bidons de produits chimiques sans étiquette étaient stockés à même2 la terre battue, décrit-elle. Il n’y avait pas de ventilation et les ouvriers travaillaient sans masque. » Révoltée, elle jette l’éponge3 au bout de deux ans et crée sa marque en France, Origines nomades. « Sous la pression du règlement Reach, certains grands distributeurs ont fait signer à leurs fournisseurs l’engagement de ne plus se servir de substances toxiques, sans pour autant augmenter le prix auquel ils leur achètent leurs marchandises », ajoute-t-elle. « Or, les produits chimiques de substitution4 coûtent beaucoup plus cher. Résultat : les fournisseurs rognent sur les salaires et les conditions d’hygiène et de sécurité. » […] Attaquer les distributeurs là où cela leur fait le plus mal – leur image –, telle est la stratégie de Greenpeace pour les contraindre à passer des déclarations d’intention aux actes. […] Aujourd’hui, seize marques se sont engagées à éliminer les substances chimiques dangereuses de leur production d’ici à 2020 : Puma, Nike, Adidas, H&M, Levi’s, Benetton. […] En attendant, une précaution : laver ses vêtements neufs avant de les porter. Sans garantie que l’on ne polluera pas l’eau avec des rejets chimiques…

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Isabelle Verbaere

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a Quel est le problème traité dans cet article ? b Quelles conséquences peuvent se manifester ? c Comment essaie-t-on de résoudre ce problème ?

1 émergent = opkomend 2 à même = sur

3 jeter l’éponge = de handdoek (letterlijk: de spons) in de ring gooien, het opgeven

4 de substitution = vervang-

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5.3 Tattoos pour tous ! 1

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Le tatouage, un effet de mode ? Voire… Expression d’un parcours, d’un rite de passage et surtout d’une identité, il se développe, s’épanouit et s’ancre dans nos modes de vie. Un véritable phénomène culturel et de société ! Quel coup de pub, les Jeux olympiques de Londres ! Les tatouages tribaux1 d’Alain Bernard, les fleurs XXL sur les aines2 de Camille Lacourt et la phrase inscrite sur le bras du champion Fabien Gilot, en hébreu, « Je ne suis rien sans vous », ont fait couler autant d’encre que leurs performances sportives. Et ont entraîné pas mal de vocations. Les tatoueurs londoniens n’ont pas chômé pour satisfaire les demandes de la foule qui serpentait en longues queues devant les studios de tatouage. « Certes, il y a des figures qui se détachent sur le plan médiatique, mais le tatouage touche aujourd’hui l’ensemble de la population, toutes conditions sociales confondues, et il sollicite autant les hommes que les femmes, affirme David Le Breton, sociologue, professeur à l’université de Strasbourg. […] On ne peut parler ni d’un profil ni d’une catégorie particulière. Le recrutement social est très élargi. Les hommes d’affaires, les banquiers et les hommes politiques n’échappent pas à ce phénomène et se font tatouer par des artistes renommés. Ils choisissent des motifs discrets et subtils et ils les dissimulent. L’ostentation3 n’est pas dans leur culture. En revanche, ils vont les montrer aux copains, car ils ont envie de briller et de proclamer : « J’ai une forte personnalité, j’existe ailleurs, je suis libre, j’ai envie de m’encanailler4 … »

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Se tatouer pour se différencier

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La décision de se soumettre à un tatouage est conditionnée, avant tout, par le désir d’affirmer sa différence sur le plan esthétique. La modification corporelle est une « transformation artistique de soi », une sorte de mise en scène de son apparence. C’est une manière de décorer son corps, de lui ajouter de la beauté. On choisit un dessin figuratif, une forme abstraite ou un motif tribal sur un coup de cœur car la valeur esthétique prime. Parfois, ce choix peut revêtir une signification plus précise ou plus symbolique. On inscrit de la mémoire dans la chair, en y marquant certains momentsclés de l’existence : un mariage, un anniversaire, une rencontre amoureuse, un moment heureux ou un deuil. Le tatouage fait ainsi office d’« archives cutanées5 » ou de journal intime tenu à même6 la peau. Pour les adolescents, marquer sa peau signifie couper le

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1 tribal = (< une tribu) stam-, van een stam of groep 2 les aines = de liesstreek 3 l’ostentation = uiterlijk vertoon

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4 s’encanailler = faire comme des gens vulgaires 5 cutané = de la peau 6 à même = directement sur

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cordon ombilical et voler de ses propres ailes. En signant leur corps, ils proclament que celui-ci leur appartient. Le tatouage a aussi une fonction érotique. Souvent discret et subtil, présent en un lieu intime, il sollicite le toucher et est une sorte de petit piment dans les jeux érotiques. Appartenance à une tribu ?

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« Dans nos sociétés, la valeur d’intégration à un groupe n’est certes pas négligeable, mais elle est rarement recherchée, explique David Le Breton. Je pense que les bikers, dont les marques corporelles sont construites autour de leur passion pour les HarleyDavidson, sont le seul exemple qui puisse évoquer l’affiliation à une tribu1… Cela dit, […] nous vivons dans une société du look et du spectacle. Les stars de la télé sont admirées par des milliards de spectateurs qui veulent leur ressembler. Les gens qui passent à la télé sont une formidable publicité pour l’extension du tatouage. On l’a bien constaté aux Jeux olympiques de Londres. […] Le tatouage traditionnel, tel qu’il était pratiqué au XVIIIe siècle par des marins ou des soldats, avait pour but de se fondre dans une tribu, décrypte David Le Breton. On était dans la société du “nous autres”. Aujourd’hui, nous sommes dans la société du “moi, personnellement, je”. On veut se singulariser, s’individualiser et se différencier. C’est très moderne. » Le tatouage chez nous

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En Belgique, les données chiffrées sur le tatouage n’existent pas. Certains disent qu’un Belge sur dix serait tatoué, on compterait 200 à 300 professionnels. Lors d’un tatouage, on introduit des pigments minéraux et végétaux à une profondeur de 0,6 à 2 millimètres. L’AR2 du 25 novembre 2005 fixe les conditions sanitaires. Le tatoueur est obligé de passer un stage d’hygiène de trois jours, organisé par le SPF3 Santé. Il doit s’assurer de la maturité de son client et, pour pouvoir exercer dans les règles de l’art, il doit disposer de trois pièces : une pour l’accueil, une pour le tatouage et une pièce dédiée à l’hygiène (stérilisation et nettoyage du matériel). Un risque d’infection est toujours possible. Toutefois, si le tatoueur travaille proprement et si la personne respecte les recommandations d’hygiène pendant la cicatrisation4, les infections sont rares. On s’adressera de préférence à un professionnel qui a pignon sur rue5 plutôt qu’à un tatoueur travaillant à domicile. Des réactions allergiques aux encres peuvent également survenir, même des années après. […]

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l’affiliation à une tribu = le fait d’appartenir à un groupe spécifique 2 AR = Arrêté Royal (Koninklijk besluit)

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3 SPF = Service public fédéral (Federale Overheidsdienst) 4 la cicatrisation (< une cicatrice, een litteken) = het dichtgaan, genezen 5 avoir pignon sur rue = avoir un magasin bien situé, bien réputé

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Le tatouage demain 80

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Il y a une quinzaine d’années, les tatouages étaient influencés par le Japon. Aujourd’hui, […] on revient au tatouage traditionnel, américain, intemporel, avec un tracé plus minimaliste et plus épuré. « Les tatouages tribaux ont le vent en poupe, constate de son côté David Le Breton. On voit aussi de plus en plus de textes, de phrases qui renvoient vers une philosophie ou une religion. […] La femme de David Beckham s’est fait tatouer la nuque du Cantique des Cantiques : « Mon bien-aimé est à moi, et moi, je suis à mon bienaimé. » Le footballeur porte le même tatouage sur l’avant-bras. En effet, une façon neutre et prudente de déclarer sa flamme… « Le tatouage va prendre de l’extension, conclut David Le Breton. Il va se renouveler avec d’autres techniques, des dessins fluorescents, par exemple. On fait des recherches sur des techniques non définitives, mais plus durables que le henné1. La parure2 corporelle n’est pas une mode, c’est une culture qui va continuer à se répandre et à toucher une population de plus en plus large. »

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Le Vif – L’Express

2 a b c d

Vérifiez les hypothèses que vous avez formulées avant la lecture du texte. Pour quels motifs se fait-on tatouer ? Quelles différences constate-t-on entre les tatouages du passé et ceux de maintenant ? Quels conseils faudrait-il suivre si on veut éviter les risques ?

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1 le henné = henna (soort kleurstof)

2 la parure = de versiering, tooi

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5.4 Prendre trop de photos nuirait à votre mémoire

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Smartphone et cie1 : prendre des photos tout le temps finit-il par modifier nos souvenirs ? Vous pensez que plus vous prendrez de photos, plus vous aurez de souvenirs ? Vous avez tort. En effet, une étude américaine démontre que multiplier les clichés à tout-va nuit à notre mémoire. Mémoire visuelle, vraiment ?

Des chercheurs américains ont demandé à 28 personnes de se rendre au Bellarmine Museum of Art. Elles devaient observer 15 objets et en photographier 15 autres. Résultat : le lendemain, les cobayes se souvenaient mieux des objets non photographiés, au point de les décrire avec détails. Quels mécanismes permettent d’expliquer ce phénomène ? 10

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Alain Lieury2 : C’est une très ingénieuse expérience réalisée par la chercheuse Linda Henkel. Mais ses résultats sont plus nuancés. Les étudiants qui photographiaient les œuvres s’en souviennent moins que ceux qui regardaient les œuvres. En revanche, lorsqu’on demande à certains de zoomer certaines parties d’un tableau, ils s’en souviennent très bien. En fait, ce n’est pas un problème de mémoire mais d’attention […]. Notre cerveau a la capacité de se focaliser sur une cible, c’est le mécanisme de l’attention focalisée : on percevra mieux et donc on mémorisera mieux ce qui est focalisé. Par exemple, lorsque vous regardez dans la rue une belle voiture, vous ne voyez pas le reste ; cela est également dû à la structure de notre rétine3 : nous ne voyons avec précision (acuité4 de 10 sur 10) que dans un tout petit angle de 2°, soit un mot dans un texte et un visage dans la rue, de sorte que nos yeux bougent sans cesse et le cerveau synthétise toutes les images pour nous donner l’illusion d’un panorama. Donc, pas de panique, ce n’est pas l’usage du smartphone pour photographier qui diminue la mémoire. D’ailleurs, si tel était le cas, le phénomène serait apparu depuis la naissance de l’appareil photo. D’ailleurs, et l’expérience de Henkel le montre bien, plus vous ciblez de détails, ce qui est le cas des photographes professionnels (et des critiques d’art), et plus vous mémoriserez de détails. Un autre moyen de bien mémoriser des images, c’est de les décrire verbalement. Si on verbalise ce que l’on voit, et de surcroît avec le vocabulaire adéquat, voire avec le lexique scientifique de la chose, on retiendra très bien les détails. C’est ce que font les historiens d’art : ils décrivent les œuvres qu’ils observent avec des mots techniques et retiennent ainsi extrêmement bien les détails des œuvres observées. C’est ce que les chercheurs (Paivio, Lieury) dénomment le double codage (vue et verbalisation de ce qu’on voit).

1 et cie = et compagnie

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2 Alain Lieury a été professeur de psychologie à l’université de Rennes. Il est spécialiste de la mémoire.

3 la rétine = het netvlies 4 l’acuité = de scherpte

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L’usage de la photographie mobile, encore plus immédiat et instinctif, n’a-t-il pas justement tendance à réduire notre degré d’attention à ce qui nous entoure ? En conséquence, le recours de plus en plus fréquent à des outils tels qu’Instagram n’agit-il pas de façon particulière sur nos souvenirs ? 35

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Alain Lieury : Oui et non. Oui, parce que […] avoir les yeux rivés sur son écran de portable lorsqu’on photographie un objet devant nous nous empêche précisément d’observer l’objet lui-même. On est concentré sur la représentation de l’objet photographié et non sur l’objet luimême. Non, parce que si on zoome sur certaines parties de l’objet photographié, on retient mieux les détails de celui-ci. Selon moi, et cette étude le confirme, il n’y a pas de problème pour la mémorisation, mais il peut y « Un monde avoir des problèmes d’attention divisée. Ainsi, de nombreuses obsédé par l’image expériences montrent qu’on peut faire deux choses en même se prive de goûter temps, mais la performance est diminuée de 40 à 60 %. Le aux mystérieuses meilleur exemple, car le plus dangereux, est de téléphoner en émanations de la conduisant. De même, pour les élèves, faire des devoirs tout vie. » en écrivant des SMS. Mais le problème existe depuis la SYLVAIN TESSON possibilité d’écouter de la musique ou d’entendre la télévision. Mes propres recherches sur les collégiens montraient des baisses de 40 % pour les élèves qui apprennent en écoutant des chansons. Des recherches récentes montrent les mêmes baisses avec les multitaskers. Et à terme, on peut craindre du surmenage1. La morale de cette fable, c’est de se concentrer sur une activité importante (travail, école) et de garder le reste pour les loisirs.

” ”

« Penser qu’il faudrait le prendre en photo est le meilleur moyen de tuer l’intensité d’un moment. »

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Cela change-t-il notre rapport au passé de manière générale ? Allons-nous être amenés à développer un nouveau rapport aux souvenirs ?

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Alain Lieury : La mémoire n’est pas si bonne qu’on le croit pour les souvenirs, car le cerveau enregistre des flashs et reconstitue le tout ; d’où les différences dans les histoires que racontent des amis ou des couples qui ont passé les SYLVAIN TESSON mêmes vacances ou les mêmes fêtes. Au contraire, la photo, qu’elle soit classique ou numérique, permet de conserver des souvenirs précis. Le seul point sur lequel j’insisterai est de préserver la lecture. Car une enquête du ministère de l’Éducation, à laquelle je participe, montre que les ados qui lisent beaucoup ont une amélioration de leurs scores dans de nombreux tests de + 15 % alors que ceux qui utilisent trop Internet et le téléphone ont des scores légèrement moins élevés (- 5 %) et ceux qui regardent très souvent les shows de téléréalité ont des diminutions de - 15 %.

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Atlantico

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Qu’est-ce que des chercheurs américains ont découvert ? Quelle expérience ont-ils organisée pour vérifier leurs hypothèses ? Quelle est la conclusion de cette recherche ? Quelles conclusions peut-on en tirer pour le domaine du travail scolaire ?

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1 le surmenage = de overbelasting

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5.5 Les Johnson : un couple, deux enfants et zéro déchet depuis trois ans 1

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Béa Johnson et sa famille sont connues outre-Atlantique pour un défi qu’ils relèvent depuis trois ans : vivre sans générer de déchets. Pourquoi ce choix ? Comment s’organise leur quotidien ? […]

Une consommation vide de sens Béa Johnson est française. Originaire d’Avignon, elle est arrivée aux États-Unis en tant que fille au pair. Elle y a rencontré son mari et n’est jamais repartie, adoptant alors le mode de vie américain : grosse maison, 4x4, chien, etc. Pendant sept ans, la jeune femme s’est bercée d’illusions dans le soi-disant bonheur offert par l’hyperconsommation : « Au bout d’un moment j’ai ressenti un grand vide, un profond malaise et une immense insatisfaction, comme si une partie de moi mourait », m’a-t-elle confié il y a plus d’un an. C’est alors qu’elle persuade son mari de déménager, d’aller vivre à l’extérieur de cette immense agglomération qu’est San Francisco : ils choisissent Mill Valley, dans la banlieue nord, à côté de Sausalito. Tout est plus proche mais aussi plus cher, dans cette bourgade1 aisée, si bien que les Johnson mettent deux ans avant de trouver une demeure à leur goût. Deux ans pendant lesquels ils vivent en appartement, en laissant la majorité de leur mobilier dans un garde-meubles. Ils constatent alors à quel point le strict nécessaire leur suffit au quotidien. « L’expérience nous a plu, le reste s’est révélé superflu : on a tout vendu pour s’installer dans une maison deux fois plus petite qu’avant, on a donné tout ce dont nous n’avions plus l’usage, et nous avons entamé une nouvelle vie, avec peu de choses », se souvient-elle. […] Un quotidien sans déchet

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Forts de cette prise de conscience, les Johnson commencent à s’informer et à se documenter sur l’écologie et la sobriété heureuse. Béa ouvre un blog pour partager leur expérience et échanger avec d’autres sur leur changement de mode de vie. Aujourd’hui, ils ne génèrent que quelques poignées de détritus par an.

1 une bourgade = un hameau, un petit village

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Au quotidien, ils revoient leurs habitudes, scrutant chaque détail, évaluant chaque besoin, raisonnant chaque envie. Pour faire les courses, Béa s’approvisionne dans des magasins où il est possible d’acheter les produits en vrac (grains, céréales, farines, quelques goûters). Elle a confectionné des sacs en tissu sur lesquels elle a inscrit le poids du sac : lors du passage en caisse, il suffit alors de peser et de déduire le poids du contenant. Elle utilise aussi des bocaux en verre d’un litre dans lesquels elle met du fromage, de la viande, du poisson, de la charcuterie, et réserve le dernier pour les envies du moment (olives, miel ou huile). Depuis, sa cuisine est remplie de bocaux en verre dans lesquels sont entreposées les denrées alimentaires. Les cosmétiques font partie, avec les médicaments et le nécessaire de bricolage, des éléments les plus difficiles à gérer sans déchets : tout est sur-emballé, alors il faut ruser. Dans la salle de bains, le plus dur fut de supprimer la poubelle. Béa a remplacé les cotons par des lingettes lavables. Elle produit ellemême les cosmétiques et produits d’hygiène, et n’utilise plus qu’un produit de beauté issu du commerce : une crème de protection solaire. Pour les joues, un peu de chocolat en poudre suffit ; pour les lèvres, elle fabrique son propre baume1 à base de cire d’abeille et d’huile de sésame, « qui ne sent pas et concentre beaucoup de vitamine E ». Naturellement, shampoing et savon sont achetés en vrac.

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Pour les vêtements, Béa s’est inspirée de son passage dans une école de mode pour choisir des habits utilisables d’une saison sur l’autre, d’une occasion à l’autre. Aussi possède-telle exactement deux robes, deux jupes, trois pantalons, un short, trois pulls, sept hauts, six paires de chaussures (dont une paire de chaussons), sept culottes, quelques paires de chaussettes et collants, et un soutien-gorge. « Ma robe peut être mise sur un jean, ou sans rien, avec un tee-shirt ou non », explique-t-elle. […] Pour les costumes, elle achète du neuf de bonne qualité. Idem pour son jean et ses chaussures, qu’elle maximise pour un usage en toute saison. Sans oublier les couleurs, choisies pour être facilement assorties.

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La moitié de l’ameublement est issue de récup’, le reste a été acheté neuf et de qualité, pour durer. « Nous avons une télévision pour regarder des films, les photos et écouter la

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1 un baume = een balsem

cent vingt et un

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radio. Il n’y a pas de console, mais un ordinateur. Les enfants, Max et Léo, trouvent ça mieux de vivre avec moins : c’est moins dur à nettoyer et ranger. Ils ont progressivement réduit les jouets, et cela est devenu naturel pour eux. » Ils louent beaucoup de films et de livres à la bibliothèque. Refuser avant tout

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Aussi Béa insiste-t-elle en permanence sur le besoin de refuser et réduire un maximum de superflu à la source. Sa devise est d’ailleurs la suivante : « refuse, reduce, reuse, recycle, rot » (refuser, réduire, réutiliser, recycler, composter). Le recyclage n’est pas LA solution pour elle, ni même le principe d’éco-conception d’un produit « qui finira encore trop souvent en déchetterie ». Par son choix de vie, elle souhaite montrer à quel point il est facile de désencombrer et vivre pleinement. Avec le temps, elle a prouvé à ses proches que ce mode de vie permettait de réaliser des économies : un tiers des dépenses pour la nourriture ont été réduites. […] Le mieux pour en être convaincu est d’essayer, de tester pour approuver. « Le hic, c’est que les gens sont un peu flemmards1 et ont du mal à changer leurs habitudes », estime-t-elle. […] Aux États-Unis, son mode de vie a été largement relayé2 dans les médias. Béa Johnson intervient fréquemment pour expliquer les rudiments3 d’une « vie simplifiée » […]. Anne-Sophie Novel

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a b c d

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Quel but ce couple essaie-t-il d’atteindre ? Comment l’idée lui est-elle venue ? Dans quels domaines font-ils des économies ? Que pensez-vous de cette initiative ? Quelle est votre première réaction spontanée ?

1 flemmard (populaire) = lui 2 relayer = (ici) uitzenden

3 les rudiments = les principes de base

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5.6 La maison passive Qu’est-ce qu’une maison passive ?

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Une maison passive est un bâtiment économe en énergie. Les pertes de chaleur sont tellement limitées qu’un faible apport de chauffage est suffisant. La puissance d’un fer à repasser (± 2 000 W) permet de chauffer confortablement une maison pendant l’hiver ! Pendant l’été, les pare-soleil évitent la surchauffe de l’habitation. Une maison passive consomme en moyenne quatre fois moins d’énergie qu’une construction neuve.

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Pour réaliser cela, il faut d’abord isoler. Il y a généralement entre 25 et 35 cm d’isolant sur les murs, 20 cm pour les sols et 40 à 45 pour les toits, selon le type de matériau utilisé. Les fenêtres doivent être en triple vitrage et les châssis1 sont spécialement conçus, ainsi que toute la menuiserie2. De plus, l’habitation est étanche3 à l’air. Ainsi, il y a très peu de pertes de chaleur à travers l’enveloppe de l’habitation.

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Pour apporter suffisamment d’air frais dans l’habitation, on utilise un système de ventilation mécanique avec récupération de chaleur : dans un échangeur de chaleur, la chaleur récupérée de l’air vicié4 ou humide en provenance de la cuisine, de la salle de bain, des toilettes ou des débarras est transférée vers l’air frais extérieur, qui est insufflé dans les pièces à vivre et les chambres. De cette manière, il y a en permanence un apport d’air frais sans pour autant avoir de pertes de chaleur. Les grandes fenêtres orientées plein Sud permettent des gains de chaleur, ainsi qu’également tous les types d’appareils électroménagers qui produisent de la chaleur, comme les ordinateurs, l’éclairage, les machines à laver…

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1 le châssis = het raamwerk 2 la menuiserie = het timmerwerk, schrijnwerk

3 étanche = ondoordringbaar 4 vicié = bedorven, vervuild

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Confort

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Une maison passive est non seulement moins « énergivore » qu’une maison traditionnelle, mais elle est en plus beaucoup plus confortable. Il n’y a jamais de courant d’air car il y règne partout une température homogène. L’air ambiant est renouvelé et filtré continuellement, ce qui rend la qualité de l’air bien supérieure à celle d’une habitation traditionnelle. Le triple vitrage garantit le confort acoustique et le choix soigneux de l’emplacement des fenêtres assure un apport important de lumière du jour et de confort visuel dans chaque pièce. Aspects financiers

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Pour le moment, construire une maison passive coûte plus cher que de construire une maison standard en Belgique. Le surcoût s’explique par le supplément d’isolation, la menuiserie, l’étanchéité1 à l’air, le système de ventilation, etc. Par contre, l’investissement en termes de système de chauffage est bien moins important. La méthode constructive, les techniques et les matériaux utilisés sont les facteurs déterminants du surcoût. Le délai 2 de retour d’investissement est estimé à dix ans en moyenne et diminue en fonction de la hausse du prix des carburants. Grâce aux subsides et aux mesures fiscales, on peut encore réduire le temps de retour sur investissement. Passé ce délai, une maison passive n’engendre que des bénéfices, de par ses frais d’entretien réduits, sa valeur de revente supérieure, etc.

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www.maisonpassive.be

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1 l’étanchéité (f.) = de ondoordringbaarheid

1 un délai = een termijn

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5.7 Peut-on se passer de viande ?

Si l’affaire de la viande de cheval1 n’est pas un scandale sanitaire, pour certains, c’est un argument de plus pour ôter steak et poulet de leur assiette.

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Les lasagnes à la viande de cheval, les jambons de dinde à base de résidus reconstitués, l’élevage intensif, finissent par faire réfléchir les amateurs de viande. Au moins certains. À ces recettes industrielles qui provoquent des haut-le-cœur2 s’ajoutent les arguments environnementaux : la production d’un kg de viande réclame ainsi 100 fois plus d’eau que la production d’un kg de protéines végétales. Pour autant, la viande recèle des micronutriments3 qui nous sont nécessaires. Quels risques prend-on à s’en priver ? Par quoi les remplacer ?

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DE QUOI MANQUE-T-ON SI L’ON SE PASSE DE VIANDE ? On risque une carence en fer : le poisson contient du fer héminique4, mais en moins grande quantité que la viande. Les œufs, les fruits, les légumineuses comme le soja, des légumes verts, contiennent du fer non héminique, moins bien assimilé par l’intestin que celui présent dans la viande. Son absorption ne dépasse pas 2 à 10 %. « L’organisme humain capte 100 fois plus de fer dans 100 g de boudin noir que dans les lentilles cuites », souligne le Pr Jean-Marie Bourre5. […]

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d’orange, pour pratiquement la doubler. Elle 30 est améliorée également lorsque les fruits et

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légumes sont accompagnés d’une portion de protéines animales : œuf, poisson ou fruits de mer, produit laitier.

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LA SOLUTION

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Certains nutriments favorisent l’absorption du fer non héminique. Il suffit de 60 mg de vitamine C, l’équivalent d’un verre de jus

7 L’affaire de la viande de cheval de 2013 est une fraude commise à l’échelle européenne, faisant passer de la viande de cheval pour de la viande de bœuf ou de porc en modifiant l’étiquetage sur des plats préparés comme la lasagne.

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des haut-le-cœur = misselijkheid un micronutriment = een microvoedingsstof le fer héminique = le fer présent dans le sang Jean-Marie Bourre, médecin et ingénieur chimiste, est membre de l’Académie nationale de médecine.

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QUELLES SONT LES CARENCES SI L’ON SE PASSE AUSSI DE POISSONS ET DE FRUITS DE MER ? La population est donc potentiellement en Pas assez d’oméga-3, car ils sont en général 55 déficit : 80,1 % des adultes présentent apportés par les poissons gras. une insuffisance, 42,5 % un déficit modéré LA SOLUTION à sévère, et 4,8 % un déficit sévère. « L’œuf enrichi en oméga-3 peut constituer un La vitamine D est également apportée par aliment intéressant pour les végétariens, qui l’alimentation, rappelle Nicole Darmon2, ne mangent pas d’algues tous les jours ! Un 60 principalement par les poissons gras. On en par jour suffit à couvrir 100 % des besoins trouve aussi un peu dans le fromage et les journaliers en DHA 1. La consommation œufs. Mais il faudrait en manger cinq par d’algues comme la nori, qui sert à fabriquer jour pour couvrir les besoins d’un adulte, ce les sushis, permet aussi d’avoir un apport en qui est contre-indiqué compte tenu de leur DHA et EPA intéressant. 65 teneur3 élevée en cholestérol. » Manque de vitamine D. Fabriquée par la peau sous l’action des UV du soleil, elle couvre 50 à 70 % des besoins quotidiens. Une exposition pendant 15 à 30 minutes par jour suffit mais, sous nos latitudes, les conditions n’existent qu’entre juin et octobre et uniquement lorsque le soleil est au zénith.

LA SOLUTION Les végétariens, et a fortiori ceux qui vivent là où la durée d’ensoleillement est la plus courte, ainsi que ceux dont la peau est 70 foncée car elle fabrique huit fois moins de vitamine D, ont intérêt à consommer des aliments enrichis (huile, beurre, lait). […] Ça m’intéresse

a Pour quelles raisons la consommation de viande est-elle critiquée de nos jours ? b Quels sont les problèmes si on se prive de viande et/ou de poisson ? c Comment pourrait-on compenser ces problèmes ?

C’EST BON DE LE PRÉCISER VÉGÉTARIEN, VÉGÉTALIEN OU VEGAN ? 75

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Entre 2 et 3 % des Français seraient végétariens, soit 1,2 à 1,8 million de personnes. Si le mouvement prend de l’ampleur au pays du steak-frites, on est encore loin des 6 % du RoyaumeUni et des 9 % de l’Allemagne. À écouter l’Association végétarienne de France, les motivations des membres sont multiples : une alimentation plus saine, un meilleur respect de l’environnement, une prise en compte de la souffrance animale. Une palette de raisons assez large, qui permet à l’association d’inviter ses membres au végétalisme, c’est-à-dire à bannir tout produit d’origine animale de son assiette : viande, poisson, œuf, mais aussi gélatine de porc. Plus radical est le vegan, qui se passe aussi de cuir, fourrure, laine, cire d’abeille ou cosmétiques testés sur les animaux.

1 DHA et EPA : ce sont des oméga-3 (voor de mens noodzakelijke vetzuren)

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2 Nicole Darmon est docteur en nutrition : elle est spécialiste des habitudes alimentaires. 3 la teneur = het gehalte

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5.8 DVD - Binge drinking : quand le cerveau trinque

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5.9 L’ Armée furieuse, Fred Vargas

Fred Vargas (née en 1957) est l’auteur d’une série de romans policiers qui connaissent un grand succès auprès d’un public très large. C’est elle qui est considérée comme la fondatrice d’un genre à part : « le rompol ». Elle réussit toujours à créer des personnages particuliers, dont le plus célèbre est le commissaire Adamsberg. Ses romans ont été traduits dans plus de quarante langues et plusieurs ont été adaptés au cinéma.

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Le commissaire Adamsberg est abordé par une vieille femme timide venue de Normandie qui lui raconte que sa fille Lina vient de voir l’armée furieuse. Selon une très vieille légende normande, cette armée de squelettes entraîne avec elle des personnes qui ont commis des crimes sans avoir été punies. Et Herbier, un homme haï de tout le village, a disparu. Ne croyant pas aux fantômes, mais pourtant intrigués par cette histoire, Adamsberg et ses collègues, le lieutenant Veyrenc et le commandant Danglard, partent pour la Normandie. Très vite, ils découvrent qu’Herbier et d’autres ont été assassinés… Veyrenc ne dormait pas. Debout, il guettait à travers la fenêtre. Danglard avait eu un air singulier durant toute la soirée, Danglard anticipait un plaisir, une victoire, Danglard méditait un coup. Un coup de type professionnel, estimait Veyrenc […]. L’amabilité qu’il avait déployée envers lui, faisant taire sa jalousie infantile, avait achevé de mettre Veyrenc en alerte. Il supposait Danglard sur le point de réaliser une belle avancée dans l’enquête et de n’en souffler mot, afin de le doubler et d’assurer son avantage face à Adamsberg. Demain, il apporterait fièrement son tribut1 au commissaire. De cela, Veyrenc n’avait rien à faire. […] Mais dans une enquête où se succédaient de tels massacres, on ne va pas seul.

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À 1 h 30 du matin, Danglard n’avait pas paru. Déçu, Veyrenc s’allongea sur le lit tout habillé. Danglard avait réglé son réveil à 5 h 50 et s’était assoupi rapidement, ce qui lui arrivait rarement, sauf quand l’excitation d’un acte à accomplir lui commandait de dormir vite et bien. À 6 h 25 du matin, il s’installa au volant, desserra le frein à main et laissa descendre doucement

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1 un tribut = (ici) een bijdrage

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la voiture sur le chemin en pente pour n’éveiller personne. Il lança le moteur une fois sur la route communale et roula lentement sur vingt-deux kilomètres, le pare-soleil baissé. Son correspondant, homme ou femme, l’avait prié de ne pas se faire remarquer. Le fait que ce correspondant l’ait pris à tort pour le commissaire était un bon coup de chance. Il avait trouvé le message dans la poche de sa veste la veille, écrit au crayon et de la main gauche, ou bien d’une main autodidacte. Comissaire, J’ai quelque chose à dire sur Glayeux mais à la condission que je suis caché. Trop dangereux. Rendé vous a la gare de Cérenay, quai A, 6 h 50 préssis. MERCI. Soillez – ce mot avait été raturé et réécrit plusieurs fois – très discrèt, ne soillez pas en retard surtout. […] Le commandant se gara sous une rangée d’arbres et rejoignit le quai A en contournant discrètement la petite gare. Le bâtiment était situé à l’écart de la bourgade1, fermé et désert. Personne non plus sur les voies. Danglard consulta le panneau d’affichage, constata qu’aucun train ne s’arrêtait à Cérenay avant 11 h 12. Donc aucun risque que quiconque se trouve sur les lieux avant 4 heures. Le correspondant avait choisi un de ces emplacements rares où la solitude était assurée. À 6 h 48 à l’horloge de la gare, Danglard s’assit sur un banc du quai […]. Il n’avait dormi que quelques heures et, en deçà de neuf heures de sommeil, son énergie partait en loques2. Mais l’idée de clouer Veyrenc au poteau3 le stimula, lui apportant un nouveau sourire et un sentiment d’expansion4. Il travaillait avec Adamsberg depuis plus de vingt ans, et la complicité spontanée du commissaire et du lieutenant Veyrenc le hérissait5, au sens propre. […] À 6 h 51, il sentit une violente douleur dans la nuque, y porta la main et s’écroula sur le quai. Une minute plus tard, le corps du commandant était allongé en travers des rails.

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La visibilité sur le quai était si totale que Veyrenc n’avait pu trouver un point d’observation qu’à deux cents mètres de Danglard, à l’abri d’un poste de triage6. L’angle de vue n’était pas bon, et quand il aperçut l’homme, celui-ci était déjà à deux mètres du commandant. Le coup qu’il lui donna sur la carotide7 avec le tranchant de la main et l’effondrement de Danglard ne durèrent que quelques secondes. Quand l’homme se mit à rouler le corps vers le bord du quai, Veyrenc avait déjà entamé sa course. Il était encore à une quarantaine de mètres quand Danglard chuta sur les rails. L’homme prenait déjà la fuite, d’une foulée lourde et efficace.

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une bourgade = un petit village partir en loques = aan flarden gaan clouer au poteau = aan de kaak stellen l’expansion (f.) = de uitbundigheid

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5 hérisser = irriter 6 un poste de triage = een rangeerpost 7 la carotide = de hoofdslagader

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Veyrenc sauta sur les rails, attrapa le visage de Danglard, qui lui parut livide dans la lumière du matin. La bouche était ouverte et molle, les yeux clos. Veyrenc trouva le pouls, souleva les paupières sur des yeux vides. Danglard était sonné, drogué, ou en train de mourir. Un large bleu se formait déjà sur le côté du cou, autour d’une trace nette de piqûre. Le lieutenant passa ses bras sous ses épaules pour le hisser vers le quai, mais les quatre-vingt-quinze kilos de ce corps inerte paraissaient impossibles à déplacer. Il lui fallait de l’aide. Il se relevait en sueur pour appeler Adamsberg quand il entendit le sifflement caractéristique d’un train qui s’avance au loin à grande vitesse. Affolé, il vit arriver sur sa gauche la masse bruyante de la machine, lancée dans la ligne droite. Veyrenc se jeta sur le corps de Danglard et, multipliant son effort, l’allongea entre les rails, cala les bras le long des cuisses. Le train lança un coup de trompe qui parut comme un cri désespéré, le lieutenant se hissa d’une traction sur le quai et s’y projeta en roulant. Les wagons passèrent en meuglant puis le fracas s’éloigna, le laissant incapable de bouger, soit que la puissance de l’effort brisât1 ses muscles, soit qu’affronter la vision de Danglard ne lui fût pas tolérable. La tête roulée dans son bras, il sentit que des larmes avaient mouillé ses joues. Un fragment d’information, un seul, tournait dans sa tête vide. L’espace entre le dessus du corps et le dessous du train n’est que de vingt centimètres. L’armée furieuse

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a Où et quand cette scène se déroule-t-elle ? b Pourquoi le commandant Danglard s’est-il rendu là ? Quelle est son ambition secrète ? c Que se passe-t-il ? d Quel autre personnage est présent ? e Comment réagit-il aux évènements ? f Comment la scène se termine-t-elle ?

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1 brisât = subjonctif imparfait

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5.10 Peut-on rire de tout ?

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« L’homme est un animal qui sait rire. » Le philosophe français Henri Bergson ajoutait que cette définition classique de l’homme devrait être complétée par cette autre : il est aussi « un animal qui fait rire ». Est-il vrai néanmoins que tous les hommes font rire ? Peut-on rire des personnes handicapées ? Le racisme étant à juste titre1 poursuivi, pourra-t-on encore rire des étrangers… et pourquoi pas des Belges ? Les cocus, les homosexuels, les curés ou les vieillards, qui tous sont la cible privilégiée des histoires comiques, devront-ils désormais porter plainte pour sauver leur dignité ?

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Le rire est en vérité ambigu. Bien plus, il joue avec cette ambiguïté. D’un côté, en effet, le rire stigmatise un comportement ou une posture, en les caricaturant. De là, il peut déraper et devenir une arme redoutable pour blesser ou exclure en ridiculisant. Mais si l’on s’en tenait à cet aspect inévitable du rire, il faudrait en conclure que c’est uniquement par méchanceté que l’on rit. À moins que cette méchanceté ne cache une souffrance : car, en me moquant, je ridiculise, c’est-à-dire je minimise ou je dédramatise ce qui me dérange. L’instant d’un rire, je dénoue2 un lien fait de crainte à l’égard de ce qui me fait peur ou de

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1 à juste titre = terecht 2 dénouer = losmaken

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ce qui me met en question. Les histoires comiques qui traitent de la mort ou du chômage en sont un bon exemple. C’est pourquoi le rire, malgré sa férocité parfois blessante, est aussi une vertu : en nous permettant de prendre un moment distance par rapport à nos angoisses, il nous offre l’occasion de nous réconcilier3 avec ce qui nous dérangeait, c’est-à-dire aussi avec nous-mêmes. Rire de quelqu’un, c’est donc jouer avec une ambiguïté : d’un côté, on se moque, on ridiculise au risque de blesser. Mais, de l’autre, on se réconcilie. En ce sens, le rire est une vertu sociale. Se moquer des hommes politiques, par exemple, est indispensable dans une démocratie : loin d’être un lynchage symbolique, le rire rappelle que ceux qui nous dirigent ne sont pas des intouchables. Par la caricature, on les rend « fréquentables » : finalement, ils sont comme nous. On peut rire d’eux comme de n’importe qui d’autre. Un bon spectacle, d’ailleurs, tournera en dérision4

3 se réconcilier = zich verzoenen 4 tourner en dérision = se moquer de

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des hommes politiques au même titre que des femmes de ménage ou des intellectuels. Rire de quelqu’un, c’est donc aussi reconnaître son appartenance à notre humanité : « Il n’y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain », écrit encore Bergson. Ce n’est pas un hasard si Louis XIV, le Roi-Soleil, ne tolérait pas qu’on se moque de lui. Ainsi, on a raison d’affirmer que les personnes handicapées sont des personnes ayant la même dignité que tout autre être humain. Mais ne voit-on pas que, du même coup, cette reconnaissance, pourvu qu’elle soit réellement vécue, autorise qu’elles deviennent la cible du rire ? Bienvenue au club ! Il y a, en effet, une contradiction manifeste à prétendre que l’on peut rire de tout, excepté des personnes handicapées. Car, ce faisant, on les met à part des autres : en d’autres mots, loin de les protéger, on les exclut. Il n’est pas rare,

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d’ailleurs, d’entendre des personnes handicapées souffrir du sérieux avec lequel on s’adresse à elles, sérieux qui cache difficilement un malaise certain. Tout cela n’est exact que si l’on se rappelle aussi que le rire est un moment à part, qui suspend le cours normal de la vie en jouant avec les conventions et les normes établies. L’expression « avoir un fou rire » est de ce point de vue significative : on est hors contrôle, on est comme « fou », on échappe à l’ordre. Un fou ne peut être tenu pour coupable. Aussi, plutôt que d’être un processus d’exclusion, le rire est un processus de transgression. Et l’on sait que toute transgression est par principe ambivalente : elle défait la norme pour mieux la confirmer. Car, si la norme n’était pas réelle, la notion de transgression n’aurait pas de sens. Comment comprendre autrement, par exemple, que l’on raconte des blagues dites racistes dans des

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associations de lutte contre le racisme ? Rire de quelqu’un n’est donc acceptable qu’à ce titre : si le rire est pris comme un moment à part, si, comme on le dit parfois, on n’oublie pas que « c’est pour rire ». Le problème surgit principalement de la confusion des genres, lorsqu’on prend le rire au sérieux. Mais, dans ce cas, le rire est dénaturé, il ne fait même plus sourire. Enfin, il reste vrai que l’on n’est pas toujours disposé à rire de tout : et notamment de ce qui nous fait trop souffrir, de cette partie de notre vie avec laquelle nous ne parvenons pas à nous réconcilier. Cette réalité invite à la retenue, et nombre de comiques y sont très attentifs. Mais il ne s’ensuit pas que l’on ne peut pas rire de tout. On conclura plus prudemment qu’on ne sait pas toujours rire de tout.

Jean-Michel Longneaux Le Vif – L’Express

De quel type de texte s’agit-il ici ? À quelle question l’auteur cherche-t-il une réponse ? Quelles sont les deux facettes du rire ? En quelles circonstances le rire a-t-il un effet positif ? Expliquez la conclusion : « Mais il ne s’ensuit pas que l’on ne peut pas rire de tout. On conclura plus prudemment qu’on ne sait pas toujours rire de tout. »

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L’ironie n’est pas une vertu, c’est une arme – tournée, presque toujours, contre autrui. […] L’ironie méprise, accuse, condamne …

guerre, sur : sur l’échec, sur la ut to r su er nt sa ai re […] On peut pl la torture… Enco r la maladie, sur su r, ou m ou l’a r r eu su uc t, la mor ie, un peu de do oute un peu de jo de haine, faut-il que ce rire aj et non davantage , de on m du re isè s de légèreté à la m e de tout, mais pa épris. On peut rir m de ou e nc fra de souf t. n’importe commen

[…] L’ironie blesse, l’h umour guérit. L’ironie peut tuer ; l’humour aide à vivre. L’ironie veut dominer ; l’hum our libère. L’ironie est impitoyable ; l’h umour est miséricor dieux. L’ironie est humiliante ; l’humou r est humble.

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Petit Traité des grandes vertus André Comte-Sponville

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L’année passée, vous avez déjà abordé ce sujet. Vous souvenezvous du film Intouchables ? cent trente-trois

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Explorations Pourquoi le téléphone portable nous transforme en individus pénibles et impolis

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Selon une étude menée début septembre par Debrett’s, site britannique spécialisé dans les bonnes manières, 77 % des personnes interrogées considèrent qu’en 20 ans les capacités à se comporter en société se sont détériorées, et 72 % estiment que les téléphones portables en sont la principale raison. En favorisant l’immédiateté, les modes de communication modernes tels que les textos, les mails ou les tweets font-ils effectivement perdre de vue les règles essentielles de la politesse ? Sommes-nous entrés dans une société de l’incivilité ? Jean-Paul Brighelli : Ceux qui utilisent peu les nouvelles technologies sont les premiers à les incriminer1 – sans doute en a-t-il été de même avec l’imprimerie il y a cinq siècles… Cela dit, il est certain que ces technologies correspondent à un repliement sur soi – dans une société de plus en plus agressive – et en même temps à une inflation du narcissisme (« tout pour ma gueule »). Or la communication tient essentiellement dans le respect de l’autre – quelles que soient les visées2 de ce respect, hommage ou manipulation. Les instruments de la communication à distance, en éliminant de facto l’interlocuteur (du moins sa présence physique) incitent à ne tenir compte que du locuteur, et non de l’interlocuteur. […]

1 incriminer = condamner, désapprouver

2 les visées = les intentions

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On dit souvent que l’écriture texto a considérablement amenuisé1 les qualités rédactionnelles d’une grande partie de la population (les jeunes étant les premiers concernés). Y a-t-il effectivement un phénomène de délitement2 de l’expression, écrite comme orale ? Celui-ci trouve-t-il son origine dans l’introduction de cette nouvelle manière de communiquer, ou est-il plus ancien encore ? À quoi tient-il ?

30

Jean-Paul Brighelli : Les jeunes n’ont pas eu besoin des textos pour maltraiter l’orthographe, par exemple. L’école telle qu’elle se pratique a largement suffi à relativiser la notion même de règle. Les technologies ont été inventées parce qu’elles correspondaient à un état de civilisation (le désapprentissage des contraintes, grammaticales comme sociétales), et non le contraire.

20

Faut-il militer pour une réintroduction des bonnes manières, dans le cadre professionnel aussi bien que privé ? La cause est-elle perdue, ou bien des solutions existent-elles ? 35

40

Jean-Paul Brighelli : Une technologie, en soi, est neutre. C’est l’usage que l’on en fait qui peut être critiqué. Et cet usage dépend de l’état de la société. C’est moins de leçons de politesse dont les jeunes ont besoin que d’aspirations à une visée plus haute que le libéralisme, dont la vulgarité et la violence – gagner le plus possible en écrasant le plus de têtes possible – ont contaminé et finalement perverti la civilisation. On peut aussi utiliser les nouvelles technologies pour organiser un front du refus – qui n’est peut-être pas mûr, mais qui émergera – ou n’émergera pas.

1 2 3

Propos recueillis par Gilles Boutin

4 5 6

a Qu’est-ce que l’étude britannique démontre ? b Quelles seraient les causes de ce phénomène ? c Quels conseils Jean-Paul Brighelli donne-t-il pour gérer ce problème ?

7 Branché 6

1 amenuiser = diminuer

2 le délitement = (ici) de verloedering

cent trente-cinq

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La cigarette électronique 1

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En quatre points… Depuis le 1er avril, l’« inhaleur électronique » Tag Replay est en vente en pharmacie. Le fabricant cherche à obtenir son classement comme dispositif médical.

Comment ça fonctionne ?

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Comme une cigarette électronique classique : le dispositif est composé d’une résistance et d’une cartouche de liquide à inhaler (une solution aqueuse à base de glycérine végétale, d’huiles essentielles, d’exhausteur1 de goût et de nicotine en quantité variable). À chaque aspiration, la résistance chauffe le liquide et de la vapeur d’eau s’échappe.

Quelle différence avec une e-cigarette classique ?

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Visiomed, le fabricant, a remplacé le propylène glycol – toxique, présent dans les e-cigarettes standard – par de la glycérine végétale. La Tag Replay est présentée comme une aide au sevrage2 de la gestuelle tabagique et non comme un dispositif permettant d’arrêter de fumer. Ces différences autorisent Visiomed à engager une démarche de certification auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), et, en attendant le résultat, à proposer son produit en pharmacie à 69,90 euros.

Comment la Tag Replay peut-elle aider au sevrage ? 20

La dépendance à la nicotine disparaît en quelques semaines, mais il faut des mois avant d’abandonner la gestuelle. La Tag Replay, comme les autres e-cigarettes, pourrait permettre de se déshabituer plus rapidement du geste. En outre, la quantité de nicotine étant faible (entre 0,02 et 0,015 mg/ml), les e-cigarettes peuvent être associées à d’autres substituts nicotiniques (patchs, gommes à mâcher…).

L’e-cigarette comporte-t-elle un risque ? 25

L’ANSM s’inquiète de la vente libre des e-cigarettes. Bien que dépourvues3 de goudron4, d’ammoniac et de métaux lourds, elles contiennent de la nicotine, une substance classée « très dangereuse » par l’OMS. De plus, leur côté ludique pourrait amener des non-fumeurs à l’utiliser : selon l’Office français de prévention du tabagisme, 33 % des ados ayant essayé l’e-cigarette sont des non-fumeurs.

Branché 6

a Quel produit est présenté dans ce texte ? Expliquez. b Le type de texte : quels éléments sont purement informatifs ? Lesquels sont persuasifs ?

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1 un exhausteur de goût = een smaakversterker 2 le sevrage = de ontwenning

3 dépourvu(e) de = sans 4 le goudron = de teer

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