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Le magazine universitaire au cœur de science
www.univ-montp2.fr
Numéro 4 Décembre 2012
Des masters-ingénieurs experts formés à la faculté des sciences La quête du boson de Higgs enfin récompensée Les pratiques culturelles au cœur de l'université
Ensemble vers la nouvelle université 1 Université Montpellier 2 SCIENCES ET TECHNIQUES N°4 - 12.2012
MONTPELLIER | LANGUEDOC-ROUSSILLON | SUD DE FRANCE
Sommaire 4
Dossier
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Le Programme Erasmus fête ses 25 ans
Ensemble vers la nouvelle université
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Au cœur du campus
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À l’honneur à l’UM2 Trois chercheurs de l’UM2 nommés membres de l’Institut Universitaire de France Yacine Benyoucef, un étudiant entreprenant Sara Cavaliere, une subvention d'excellence Clément Bessaguet, un étudiant qui vise juste
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Innovation Avec AxLR, la recherche en Languedoc-Roussillon passe à la vitesse supérieure
Le son à fleur de peau grâce à l’audio-tactile Les pratiques culturelles au cœur de l'université La tablette numérique au service de la pédagogie Handicap : mieux vivre à l'UM2
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International
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Formation Inventer les objets intelligents de demain Des masters-ingénieurs experts formés à la Faculté des sciences
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Composantes Polytech Montpellier vous offre la mer à boire
Vie des labos La quête du boson de Higgs enfin récompensée Les physiciens planchent sur le comportement de la matière
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UM2 N°4 - DÉCEMBRE 2012
IMPRESSION Offset Deux Mille (France)
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Michel Robert
UNIVERSITÉ MONTPELLIER 2 Sciences et Techniques Place Eugène Bataillon 34095 Montpellier CEDEX 5 Tél. +33 (0)4 67 14 30 30 communication@univ-montp2.fr www.univ-montp2.fr
RÉDACTRICE EN CHEF Aline Périault, aline.periault@univ-montp2.fr Tél. +33 (0)4 67 14 92 87 A COLLABORÉ À CE NUMÉRO Philippe Raymond CONCEPTION & MISE EN PAGE Olivier Piau, Agropolis Productions
Tirage : 2.500 ex. Dépôt légal : décembre 2012 ISSN : 2259-874X Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses représentants est illicite (art. A du Code de la Propriété Intellectuelle).
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Publications
Édito De grands enjeux pour la communauté universitaire En ce début d’année universitaire, des défis majeurs animent notre communauté.
1, 2, 3... taguez ! Le QR code, vous connaissez ? Ce drôle de carré permet, à partir de votre téléphone, d'accéder directement à du contenu électronique (page Internet, vidéo, contenu multimédia...) sans avoir besoin de saisir l'adresse correspondante. Muni de votre téléphone équipé d’un appareil photo et d’une application (gratuite) de lecture (QR Reader en anglais), Qrafter (iPhone), Goggles (Android), QR Code Scanner Pro (Blackberry), Bing (Windows Phone), trois étapes suffisent : 1. lancer l'application, 2. photographier le Qrcode, 3. lire le contenu.
Le premier concerne les Assises de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Lancées par notre Ministère, elles se déroulent aux échelles nationale, régionale et locale, avec notamment la mise en place d’ateliers-débats et d’un congrès au sein de l’Université Montpellier 2. Centrées autour des trois thèmes de la formation, la recherche et la structuration des universités, ces assises sont l’occasion de rappeler que de telles questions sont indissociables d’une mission de Service Public. Le second évènement, auquel ce numéro d’UM2, le magazine universitaire au cœur de science consacre son dossier, constitue un acte majeur pour notre avenir : il concerne la fusion de l’Université Montpellier 1 et de l’Université Montpellier 2, avec la création d’une nouvelle université début 2015. Les objectifs sont d’abord ceux d’une meilleure visibilité et d’une attractivité renforcée pour cet établissement. Ils sont aussi ceux d’une cohésion accrue de son offre de formation, de la mise en place de passerelles plus nombreuses pour les étudiants et d’une plus grande synergie entre ses laboratoires de recherche. Il s’agit également d’avoir une meilleure efficacité et réactivité des structures de pilotage. Ce projet est celui des deux universités partenaires ; leurs équipes de direction travaillent de façon conjointe et rapprochée pour sa mise en place progressive, avec des groupes de travail thématiques et des réunions communes de leurs conseils centraux. Bien au delà des logiques comptables et financières, cette fusion devra susciter l’adhésion du plus grand nombre, aussi bien au sein de notre communauté qu’à l’extérieur. Les questions qui peuvent en résulter feront ainsi l’objet d’échanges avec l’ensemble des acteurs, personnels et étudiants. Cette nouvelle université de Montpellier permettra, nous en sommes certains, de mieux répondre aux enjeux universitaires de notre région.
Michel Robert, Président de l’Université Montpellier 2 - Sciences et Techniques
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Dossier
Ensemble vers la nouvelle université Construisons une nouvelle université
À
PARTIR du premier janvier 2015, l'UM1 et l'UM2 formeront une seule et même université. Nous nous sommes engagés dans cette fusion avant tout afin de simplifier la vie des étudiants et des personnels, et le fonctionnement des laboratoires. La fusion devrait également faciliter les relations que nous entretenons avec des partenaires extérieurs qui, malgré leur désir de tisser des liens avec l'université, sont parfois découragés par l'existence de deux établissements intervenant sur les mêmes secteurs disciplinaires et qui ne savent pas à qui s'adresser. Elle nous permettra d'expliquer plus simplement notre offre de formation en sciences de la vie, santé ou chimie aux lycéens et aux étudiants et de mettre en place des initiatives cohérentes pour lutter contre l'échec. Enfin, elle rendra plus aisé le développement de thématiques transversales. Pour réussir cette fusion, nous veillerons à associer tous les acteurs. L'objectif n'est pas de faire des économies mais au contraire d'améliorer la qualité des services et les conditions de travail des personnels. Les différents services 4 N°4 - 12.2012
centraux ont déjà commencé à s'expliquer mutuellement leurs pratiques. Des groupes de travail font actuellement l'inventaire des procédures et des outils utilisés. Nous préparons ainsi nos administrations pour qu'elles abordent en toute sérénité les différentes étapes du processus. Nous saurons profiter des expériences des autres universités et nous rendrons compte régulièrement de l'évolution du projet : nous organiserons un congrès dans quelques mois pour présenter l'avancement du projet. Les équipes de direction des deux universités sont prêtes pour la fusion politique : une grande partie de l'offre de formation fait déjà l'objet de cohabilitations et nos laboratoires et écoles doctorales ont pris l’habitude de raisonner à l’échelle du site. Les structures de gouvernance respecteront les principes de collégialité et de subsidiarité auxquels nous tenons et s'appuieront sur les collegium et pôles de site pour définir une politique commune notamment en matière d'emploi. Nous devons aussi accélérer les chantiers de rénovation de nos campus. Les constructions et réhabilitations trop longtemps attendues devront accompagner
la structuration de la nouvelle université. Celle-ci se déclinera en un réseau de campus accueillant les composantes de formation et les laboratoires de recherche. Ces campus devront avoir les moyens de développer une politique de vie étudiante en concertation avec les autres établissements présents sur ces sites pour contribuer à créer une dynamique commune. Enfin nous serons particulièrement attentifs aux engagements de l'État sur les moyens dotant cette nouvelle université qui devra être un phare en région au service des étudiants et de la formation tout au long de la vie, une université où tous les personnels trouverons leur place avec des conditions de travail améliorées. Ensemble nous pourrons ainsi continuer à défendre les missions de Service Public d'enseignement et de recherche.
Gilles Halbout, 1er Vice-président en charge de la nouvelle université
L’Université Montpellier 1 vers la fusion L'UM1 est parfois vue comme une
université forte de ses traditions ; comment vit elle la perspective d'une fusion avec l'UM2 ? Côté UM1, l’idée d’une fusion des trois universités de Montpellier est ancienne. Nous avons toutefois pris acte du souhait de l’UM3 de ne pas se joindre à un tel processus. L’UM1 est effectivement présentée comme une université attachée à ses traditions. C’est sans doute le poids de l’histoire, dans le sens où la plupart de ses UFR se dénomment « Facultés » en raison de leur existence antérieure à l’université. Les directeurs de ses composantes bénéficient ainsi d’une large autonomie pour faire fonctionner leur structure, même si les questions les plus stratégiques sont gérées au niveau central. Je ne pense toutefois pas que le poids des composantes soit un frein à la fusion car elles sont aussi au centre de l’UM2. La nouvelle université devra s’appuyer sur la renommée des composantes qui constitueront sa colonne vertébrale. Quelles avancées attendez- vous de la
fusion ? Cette fusion doit en premier lieu permettre la « recomposition » de domaines aujourd’hui divisés entre nos établissements afin d’asseoir une politique scientifique
plus réactive. C’est le cas de la biologie santé, de la chimie et de la gestion, même si, pour ces deux derniers domaines, d’autres structures continueront à exister sur le site après 2015. La fusion doit aussi permettre d’améliorer l’image de notre ville universitaire et, côté visibilité, conduire à créer une des cinq plus grandes universités de province pour renforcer son attractivité, d’abord au niveau national mais également à l’international.
des dotations qui ne permettent pas de conduire de manière satisfaisante l’ensemble de nos missions, le processus de fusion peut susciter des craintes. Ce n’est pas l’objectif poursuivi. Nous devons tout abord expliquer et communiquer sur les étapes et les processus suivis. Mais, surtout, nous devons être accompagnés par le ministère et les collectivités territoriales qui tireront aussi un bénéfice de cette fusion en terme d’image de marque du site.
Quelles seront les étapes clefs du
processus ? Une fusion constitue le « toit » sur le plan juridique, mais il faut aussi construire les « murs ». Ainsi 2013 sera l’année d’élaboration du contrat quinquennal définissant notre stratégie. Avant cela, il faudra adopter une « Charte commune » des valeurs et principes que cette université devra respecter et, durant 2013, les murs se construiront par un rapprochement progressif des services et des outils de gestion avec une harmonisation des procédures. L’université qui verra le jour début 2015 doit fonctionner dès sa naissance.
Philippe Augé, Président de l’Université Montpellier 1
Voyez-vous des obstacles potentiels ?
Il est évidemment plus facile de mobiliser une communauté lorsque le contexte financier est favorable. À l’inverse, avec 5 N°4 - 12.2012
Dossier
Les grands axes de la nouvelle université L'université fusionnée : une véritable synergie À quoi ressemblera l’université fusionnée ?
Une université ancrée sur le territoire et constituée d’un réseau de campus qui auront leur identité et vie interne ; ils rendront aux étudiants et aux personnels tous les services de proximité indispensables. Comment réussir cette fusion ?
Il nous faut apprendre d’abord à mieux nous connaître à tous les niveaux (équipes de direction,
personnels administratifs et techniques, enseignants, enseignants chercheurs et chercheurs, étudiants, composantes, laboratoires), puis travailler ensemble, en partageant nos méthodes et en pensant aux nouvelles procédures de l’université unique. Chacun en a la forte volonté ; il nous faut la transformer en une véritable synergie sur la base d’un enrichissement mutuel. La réussite de la fusion se prépare ensemble et dès maintenant.
Christophe Iung, Vice-président du Conseil d’Administration
La formation
Jean-Patrick Respaut, Vice-président du Conseil des Études et de la Vie Universitaire
Cette fusion constitue un enjeu fort pour l’avenir de la formation universitaire et du développement économique par le biais de l’insertion professionnelle des étudiants, tant du point de vue local que régional. Le nombre de formations cohabilitées entre les deux universités est déjà conséquent aux niveaux Master et Licence, notamment dans les domaines de la biologie, de la biochimie ou de la santé.
Ces bases vont permettre aux équipes pédagogiques de se rapprocher afin de préparer la future offre de formation de l’établissement commun. L’objectif est celui d’un enrichissement mutuel, sur la base du respect de la diversité et des identités des composantes d’enseignement ainsi que des acteurs en formation initiale, continue ou par apprentissage. Un beau et grand chantier en perspective.
rapprochement des différentes universités et écoles. Toujours au niveau du site académique, des pôles thématiques sont en train de se structurer entre les différents acteurs que sont les universités, écoles, organismes de recherche... (pôle MIPS, pôle Agro, pôle Chimie Balard, pôle Biologie Santé...). Au niveau interne de l'UM2, et sans présager de la structuration interne de la future université fusionnée, ces pôles d établissement sont les intermédiaires
naturels entre les communautés et la présidence.
La recherche La fusion de nos deux universités est une chance pour notre recherche. Elle simplifiera la vie de nos chercheurs et clarifiera les stratégies de nos laboratoires qui ont souvent pour tutelles les deux établissements. Au niveau du site académique, la création imminente d'un collège doctoral unique, positionné au niveau du PRES, permettra une coordination et une harmonisation des formations doctorales et constitue une étape importante dans le 6 N°4 - 12.2012
Bernard Godelle, Vice-Président du Conseil Scientifique
Les étudiants
Olivier OurmièresMontel, Vice-président Étudiant
Les étudiants sont la principale richesse des universités montpelliéraines. Au delà de leur investissement au sein de leurs formations, ils portent de nombreuses actions, associatives ou autres, qui contribuent au rayonnement des établissements. Cette fusion représente une véritable opportunité pour eux, aussi bien en termes de complémentarité de l’offre de formation que de son enrichissement par l’interdisciplinarité, au cœur des métiers
de demain, que du développement de la vie étudiante « territoriale » avec une mise en réseau des campus et sites affiliés à l’UM1 et à l’UM2. Les étudiants seront des acteurs majeurs sur ces aspects et lors du processus de fusion, en mettant en place un comité de pilotage qui définira la structuration de cette université, entre autres autour d’un bureau et d’assemblées de la vie étudiante.
L’innovation Indéfectiblement attachées à soutenir la recherche libre et en quête de connaissances, l’Université Montpellier 2 et l’Université Montpellier 1 sont aujourd’hui également très actives dans les travaux qui visent à répondre à des besoins directs de la société. On peut ainsi trouver au sein d’un même laboratoire des chercheurs passionnés par une question théorique et d’autres très impliqués dans le transfert entre universités et entreprises.
Partenaires dans de nombreux laboratoires qui ont tissé des liens de recherche fructueux avec des industriels, partenaires dans la Société d’Accélération du Transfert de Technologies AxLR qui vient juste de voir le jour, nos établissements ont plus que jamais vocation à développer un service efficace, en appui et à l’écoute des chercheurs et de leurs collaborateurs industriels.
François Pierrot, Vice-président délégué à l’innovation et aux relations avec les entreprises
L’international
François Henn, Vice-président délégué aux relations internationales
Aujourd’hui encore plus qu’hier, l’internationalisation de l’enseignement supérieur et de la recherche s’impose comme une nécessité. C’est une véritable opportunité pour nos établissements qui se nourrissent tout autant d’ouverture et de confrontations que de ressources et de compétences. Comme pour toute forme d’action géopolitique, les relations internationales des universités obéissent à l’adage qui veut que l’union fait la force.
La fusion de nos établissements nous rendra plus visible. Elle nous permettra d’accroitre notre représentation dans les pays étrangers, de mutualiser nos moyens et ainsi de démultiplier l’impact de nos actions et, enfin, de mieux coordonner l’accueil des étudiants, enseignants et chercheurs étrangers, éléments essentiels de notre rayonnement international.
La fusion entre nos deux établissements fera se rencontrer ces équipes pour aller vers une mise en commun maitrisée et respectant les prérogatives de chacun. Ce principe de collégialité et de subsidiarité constitue le socle du processus de fusion, qui se fera nécessairement avec la participation de tous. Cela nécessite d’y mettre les moyens nécessaires et d’y consacrer le temps de l’explication et de
la consultation. C’est sous ces conditions que le fonctionnement de la nouvelle université sera une réussite.
Le personnel Les équipes administratives et techniques sont au cœur de nos missions principales (formation, recherche, insertion, etc.). Elles opèrent sur la base de méthodes communes mais aussi selon des processus plus individualisés, liés à l’identité de chacun et à une culture de travail développée au fil des années en fonction des spécificités.
Jacques Soëte, Chargé de mission aux personnels BIATSS de la nouvelle université
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Au cœur du campus
Le son à fleur de peau grâce à l’audio-tactile repose sur une approche purement intuitive », précise Lynn Pook. L’artiste souhaite échanger avec des spécialistes en physiologie et en neurosciences pour améliorer sa compréhension des phénomènes mis en jeu. « J’espère également pouvoir rencontrer des informaticiens, des roboticiens ou tout autre scientifique se sentant concerné dans sa pratique par ce qui est mis en œuvre avec l’audio-tactile et qui pourront apporter leur contribution pour faire évoluer aussi bien les interfaces de musique assistée par ordinateur que les prototypes d'écoute », souligne l’artiste.
A
PPRENEZ à écouter avec votre corps grâce à l’artiste Lynn Pook, accueillie en résidence à l’Université Montpellier 2, qui invite son public à une expérience immersive hors du commun. « Sensible, inouï, surprenant et difficilement descriptible ». Les spectateurs qui ont fait l’expérience de l’audio-tactile ne manquent pas d’enthousiasme. L’audio-tactile ? C’est un travail artistique développé par la plasticienne Lynn Pook qui explore la dimension vibratoire du son. Principe : un dispositif d’écoute qui permet à l’auditeur/spectateur de percevoir le son par conduction osseuse et d'en ressentir la dimension vibratoire tactile sur la peau. Une quinzaine de haut-parleurs sont disposés sur la peau des participants pour faire circuler des 8 N°4 - 12.2012
stimulations sonores et musicales à la surface de leur corps. Ces derniers sont par ailleurs équipés de bouchons d’oreille pour les priver de leur mode d’écoute classique. « Parce que moins on entend avec les oreilles, plus on entend par conduction osseuse », souligne Lynn Pook qui a toujours intégré dans son travail artistique le rapport avec le corps et les perceptions. Résultat : « une œuvre in situ, sur et dans le corps du spectateur ». Le Pôle Culture de l’Université Montpellier 2 a invité l’artiste et son projet « Substance son » pendant 2 mois pour permettre de faire partager l’audio-tactile à un public élargi et notamment se rapprocher de la communauté scientifique. « Je n’ai pas de formation spécifiquement scientifique, mon travail
Pendant 2 semaines, les étudiants et les chercheurs auront la possibilité de découvrir l’audio-tactile grâce à un hamac installé à la bibliothèque universitaire où chacun pourra venir tenter l’expérience immersive. Une rencontre entre l’univers scientifique et l’univers artistique qui va permettre au projet « Substance son » de se transformer et de s’ouvrir à un plus large public. « Je souhaite également travailler avec des personnes en situation de handicap, notamment autistes ou malentendantes, et pourquoi pas voir des applications thérapeutiques découler de l’audio-tactile », envisage Lynn Pook. À bon entendeur…
Où : Pôle Culture Bâtiment 34 Tél. +33 (0)4 67 14 48 34 culture@univ-montp2.fr …www.lynnpook.de
Curiosité, éveil et développement personnel Les Fais(lés) de l'impro à l'UM2.
les
pratiques culturelles au cœur de l'université
L
E PÔLE Culture de l’Université Montpellier 2 organise des ateliers de pratique artistique pour le personnel et les étudiants. Objectif : ouvrir une fenêtre sur l’art et créer du lien. Au menu : photo, création sonore ou encore théâtre.
Comment sensibiliser les étudiants et personnels de l’Université Montpellier 2 à l’art ? « Rien ne vaut la pratique », répondent Eléonore Mercier et Caroline Dat. Les deux médiatrices culturelles organisent des ateliers de pratique artistique amateur proposés gratuitement aux étudiants et à tous les membres du personnel de l’université. « Au-delà de la dimension artistique, ces ateliers représentent des lieux et moment de rencontre, d’échange d’expérience, de création de lien intergénérationnel : ils participent réellement au bien-être des personnels et étudiants », explique Eléonore Mercier. Parmi les nombreuses activités artistiques proposées, le pôle culture développe les
ateliers numériques et technologiques, mettant ainsi les sciences au cœur de la pratique. Les usagers peuvent par exemple s’initier à la photo numérique grâce à un atelier qui couvre toutes les étapes du processus de création, de la prise de vue à la retouche sur ordinateur jusqu’au tirage photo et à la mise en place de l’exposition. Les passionnés de photo peuvent également participer à l’atelier sténopé qui propose une initiation au maniement de la boîe noire, remontant ainsi aux origines de la photographie. Les amateurs de nouvelles technologies seront également comblés par l’atelier musique assistée par ordinateur qui leur permettra de s’initier à la création sonore ou encore par l’atelier circuit-bending qui propose de détourner les jeux d’enfant pour en faire de la musique. Le service met également en place un atelier Ciné-Mix, en partenariat avec le Crous, qui propose de mélanger son et image. « Il ne s’agit cependant pas d’ateliers techniques, ces technologies sont toujours utilisées dans une démarche de création
artistique», précise Eléonore Mercier. Chaque atelier est en effet encadré par un artiste professionnel qui bien au-delà de la compétence technique va amener son point de vue et sa sensibilité. Le pôle culture propose également des ateliers création de meubles en carton, chorale ou encore théâtre d’impro, en partenariat avec le comité d’action sociale de l’UM2. « Ces activités sont également de bonnes occasions pour les personnels de rencontrer des gens qui travaillent dans d’autres services et qu’ils ne sont pas amenés à côtoyer autrement », souligne Eléonore Mercier. Créer du lien grâce à l’art : pari réussi pour le Pôle Culture.
Où : Pôle Culture Bâtiment 34 Tél. +33 (0)4 67 14 48 34 culture@univ-montp2.fr … www.facebook.com/pages/Pôle-CultureUM2/134421229994403
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Au cœur du campus
La
tablette numérique
au service de la pédagogie
A RENTRÉE se décline en numérique à Polytech Montpellier : l’école va équiper d’une tablette numérique chacun de ses 300 nouveaux étudiants. Mission assignée à la petite fenêtre : ouvrir de nouveaux horizons pédagogiques.
L
aux étudiants d’aujourd’hui, donc un facteur de motivation et de réussite dans les études », poursuit le directeur de Polytech Montpellier.
La tablette numérique, un cadeau de bienvenue ? « Absolument pas, assure Serge Pravossoudovitch, directeur de Polytech Montpellier. C’est un nouvel outil de travail qui répond aux besoins pédagogiques modernes. L’évaluation des différentes solutions numériques a fait l’objet d’une analyse approfondie par l’équipe pédagogique, en concertation avec les étudiants. La solution retenue, la tablette tactile, a plus d’un avantage sur l’ordinateur portable. Elle est moins chère. Elle est moins perturbante pour les enseignants, qui gardent mieux le contact avec les étudiants que face à une forêt d’écrans levés. Et elle est plus prometteuse en termes de développement de nouvelles approches pédagogiques ».
Si l’opération peut paraitre spectaculaire, elle se fera à terme à coût réduit en engendrant une nouvelle façon de penser l’informatique à l’école : il fallait de toute façon remplacer le parc des ordinateurs. « On a préféré équiper les étudiants plutôt que l’école, explique Serge Pravossoudovitch. Cela permettra de disposer de ressources informatiques dans toutes les salles de l’école et de donner aux apprenants un outil plus performant ». Cette année, le financement est assuré pour moitié par les ressources propres de l’école et pour moitié par l’Université Montpellier 2, dans le cadre du Contrat Objectifs Moyens.
Ressources au bout des doigts Autres avantages : l’accès permanent aux ressources pédagogiques et une interaction plus participative. On peut désormais, pendant le cours, échanger des données et obtenir les résultats en temps réel, répondre à un QCM, annoter les supports pédagogiques, intégrer le multimédia dans une présentation modifiable par chacun… « C’est un outil adapté
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Nouveaux usages pédagogiques Ancien directeur adjoint de Polytech Montpellier, aujourd’hui vice-président délégué aux Ressources - Personnels, Pilotage, Numérique à l’UM2, Christophe Fiorio a mené de bout en bout l’opération « tablettes numériques ». S’il compte sur la dimension ludique de ce matériel
pour aider les étudiants à se réapproprier les contenus pédagogiques, ses attentes vont bien au-delà. « L’arrivée de la tablette fait partie de notre démarche globale de rénovation pédagogique, qui consiste par exemple à intégrer de plus en plus les TD dans les cours pour réconcilier théorie et pratique, et à apporter un accès direct aux ressources ». Du côté des enseignants comme des étudiants, il s’agit aussi de stimuler l’imagination et « d’inciter à de nouveaux usages ». Premier bilan ? « À la fin du semestre, avec les étudiants et les enseignants ». Ces derniers se sont mobilisés : une vingtaine d’entre eux est volontaire pour l’opération.
Handicap mieux vivre UM2 à l'
L
E SERVICE d'Accompagnement des Étudiants et Personnels Handicapés (SAEPH) accompagne au quotidien toutes les personnes en situation de handicap. Avec un projet commun : permettre à chacun de mieux vivre son travail ou ses études.
Il est né de la loi du 12 février 2005, qui pose « l’égalité des droits et des chances » des personnes handicapées. La mission du SAEPH ? Aider à compenser les conséquences d’un handicap. Si la démarche reste la même pour les personnels et les étudiants, « chaque situation est unique » explique Véronique Desbois, responsable d’un service qui se veut d’abord « un espace de parole et d’écoute ». Où avant d’obtenir une aide concrète, l’on vient d’abord s’exprimer, s’informer sur ses droits, demander conseil.
Accompagnement sur mesure
Ateliers de sensibilisation
Aménagement de son poste de travail, réorientation professionnelle, mise en place du télétravail… Le SAEPH est là pour trouver des solutions adaptées. Les services destinés aux étudiants ? Ils sont nombreux : documents pédagogiques adaptés (copies en braille, podcasts sous-titrés…), prêt de matériel (ordinateurs, logiciels spécialisés…), ou même accompagnement au quotidien (tutorat, interprétariat…).
Aider les personnes en situation de handicap, c’est aussi aider leur entourage. « Pas toujours facile d’accepter la différence, dit Isabelle Pecquenard, référente handicap des étudiants. Il faut parfois apaiser des situations de tensions et de non-dits. D’autant que le handicap n’est pas toujours visible, ce qui est source d’incompréhension ».
Assistante pédagogique, Charline Artières se veut avant tout un « outil au service de l’étudiant ». Comment ? En lui apportant une aide à la prise de note, à l’organisation, ou encore à la méthodologie de travail. Mais aussi en faisant le lien avec l’équipe pédagogique et avec l’environnement de l’étudiant.
En matière de sensibilisation, le SAEPH innove en proposant des initiations ludiques au braille ou à la langue des signes française. Des ateliers qui permettent de vivre de nouvelles expériences sensorielles, et qui rencontrent un énorme succès. Même s’il reste encore beaucoup de chemin à accomplir…
LE SAEPH EN CHIFFRES 3 permanents, 1 chargé de mission et 5 assistants pédagogiques 5 à 10 contrats passés chaque année avec des étudiants ou des enseignants 46 agents de l’UM2 sont suivis par le SAEPH. 20 d’entre eux bénéficient d’un aménagement de poste 200 étudiants sont en situation de handicap à l’UM2. 100 d’entre eux bénéficient d’un aménagement des examens, 50 sont suivis au quotidien par le SAEPH.
Une équipe au service de l'accueil et de l'accompagnement des personnes handicapées
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À l’honneur à l’UM2
Trois chercheurs de l’UM2 nommés membres de l’Institut Universitaire de France RIC Tournié, professeur d’électronique, Guillaume Cassabois, professeur de physique et Frédéric Wrobel, maître de conférence en électronique ont été nommés membres de l’IUF, pour une durée de cinq ans, par le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche.
É
Guillaume Cassabois,
Éric Tournié,
Son projet de recherche pour l'IUF a pour objectif d'explorer les propriétés optiques et quantiques de nouveaux dispositifs semi-conducteurs de taille nanométrique. Ce projet sera réalisé avec un théoricien et un expérimentateur, récemment recrutés au laboratoire Charles Coulomb, afin de créer un nouveau groupe à l'interface des activités locales existant en théorie de l'électromagnétisme et spectroscopie optique de l'état solide, et avec l'ambition de réaliser des travaux pionniers en physique de la plasmonique et des métamatériaux.
nommé membre senior Éric Tournié est responsable du groupe « Composants à nanostructures pour le moyen infra-rouge » (nanoMIR) de l’Institut d’Electronique du Sud. Il est nommé à l’IUF pour développer de nouvelles approches permettant de faire converger les technologies – a priori incompatibles – de l’optoélectronique (émission/détection de lumière) et de la micro/ nano-électronique, étape clé pour le développement futur des Technologies de l’Information et de la Communication.
nommé membre junior Guillaume Cassabois est professeur de physique au laboratoire Charles Coulomb. Ses activités de recherche s'inscrivent dans le contexte général de l'interaction lumière-matière en physique du solide.
Frédéric Wrobel, nommé membre junior Frédéric Wrobel est maître de conférences à l’Institut d’électronique du Sud (IES). Son projet de recherche pour les cinq années à venir concerne la caractérisation de l’environnement radiatif naturel (spatial, avionique, terrestre). Il s’attachera en particulier à évaluer la contrainte radiative naturelle dans des environnements réels (notamment dans les véhicules spatiaux). À terme une modélisation multi-physique et multi-échelle permettra d’évaluer la fiabilité des composants électroniques très intégrés soumis aux radiations.
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Yacine Benyoucef,
Sara Cavaliere,
un étudiant entreprenant
une subvention d’excellence
Ils répondent à des appels d’offres, participent à des concours ou des salons, s’engagent dans des projets collectifs, s’investissent dans la vie associative… La Faculté des sciences a décidé de récompenser les plus entreprenants de ses étudiants grâce à un concours qui valorise le travail extra-universitaire effectué en lien avec la formation initiale.
Sara Cavaliere, maître de conférences au Laboratoire AIME (Agrégats, Interfaces, Matériaux pour l'Énergie) de l'Institut Charles Gerhardt a obtenu une subvention de l’European Research Council (ERC) pour ses projets de recherche. Cet organisme a pour vocation d'encourager la recherche de haut niveau en Europe à travers le financement de projets compétitifs, et ce dans toutes les disciplines.
Yacine Benyoucef, diplômé d’un Master 2 spécialisé en recherche biomédicale, est un des lauréats de cette première édition intitulée « Les étudiants de la Faculté des sciences sont entreprenants ». Ce prix récompense sa participation au concours de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) en 2011. « J’ai proposé une méthode de réanimation cardiopulmonaire en hypogravité », explique Yacine. Le projet a séduit l’ESA, qui a invité le jeune homme au dernier symposium de la station spatiale internationale qui s’est déroulé à Berlin en mai 2012. « Une distinction importante », pour Yacine. Mais le label décerné par la faculté des sciences constitue aussi un atout non négligeable pour la poursuite de ses études : « de plus en plus de recruteurs s’intéressent au moins autant aux activités extra-universitaires qu’aux résultats scolaires. J’ai déjà obtenu plusieurs entretiens grâce à ce prix qui fait une vraie différence sur mon CV ». Et qui l’aidera certainement à décrocher la thèse qu’il recherche.
Clément Bessaguet, un étudiant qui vise juste Étudiant en Génie Electrique Informatique Industrielle à l'IUT de Montpellier, Clément est devenu triple champion du monde universitaire de tir au pistolet en individuel et par équipe en septembre à Kazan (Russie).
Dotée de 1,3 M€ sur 5 ans, cette subvention permettra à Sara Cavaliere de mettre en place sa propre structure de recherche, grâce au recrutement d’une équipe et à l'achat d'équipement. « Ma recherche porte sur le développement de nouveaux matériaux d’électrolyte et d’électrodes pour piles à combustible à membrane », explique Sara Cavaliere. Face à l’augmentation de la demande énergétique mondiale, à la diminution des ressources d’énergie fossile et à l’augmentation de la pollution, ces dernières années la recherche s’est orientée vers le développement de nouveaux moyens de production d’énergie. L’une des voies prometteuses pour la production d’électricité est représentée par les piles à combustible à membrane échangeuse de protons. En effet ces générateurs ont des rendements élevés et présentent des avantages importants sur le plan environnemental, émettant une quantité très faible de polluants. « Le projet SPINAM (Electrospinning: a method to elaborate membrane-electrode materials for energy devices) se propose de préparer des nouveaux matériaux pour les piles à combustible à base de nanofibres issues de la méthode de l’electrospinning ou électrofilage », explique Sara Cavaliere. « La stabilité et la performance de ces nanomatériaux sont désormais démontrées, notamment par les travaux effectués au sein de notre laboratoire. Les retombées à attendre de ces travaux sont importantes, autant sur le plan environnemental que sur le plan économique. »
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Vie des labos
La quête du
boson de Higgs enfin récompensée
L
ES PHYSICIENS auraient découvert une particule qu’ils traquent depuis des années : le boson de Higgs. Explications avec les chercheurs de l’équipe Interactions Fondamentales, Astroparticules et Cosmologie (IFAC) de l’Université Montpellier 2 qui participent à ces recherches. Voilà bientôt 50 ans que les chercheurs tentaient de mettre la main dessus : le boson de Higgs aurait enfin été identifié. « C’est la clé de voûte du modèle standard de la physique des particules », explique Cyril Hugonie, chercheur au Laboratoire Univers et Particules de Montpellier (LUPM). Le modèle standard est le cadre théorique qui décrit les particules élémentaires et leurs interactions. Problème : il n’explique pas pourquoi les particules ont une masse. Pour résoudre ce problème, il fallait introduire dans ce modèle un mécanisme qui implique l’existence d’une nouvelle particule : le boson de Higgs. Son existence a été postulée par Peter Higgs et d’autres physiciens dès 1964 mais le fameux boson n’avait encore jamais été détecté jusque là. « C’est la dernière particule fondamentale du
modèle standard, celle-là même qui est responsable de la masse de toutes les autres particules », souligne Jean-Loïc Kneur du laboratoire Charles Coulomb (L2C). Pourquoi ce boson a-t-il été si difficile à débusquer ? « Parce que d’une part la théorie ne prédit pas sa masse et d’autre part il faut augmenter notablement l’énergie et la luminosité de la machine pour le discerner d’un gigantesque bruit de fond », répond Gilbert Moultaka du L2C. Sa découverte annoncée le 4 juillet 2012 a été réalisée au LHC, le grand accélérateur de particules situé près de Genève. D’ailleurs les chercheurs n’ont pas observé directement le boson de Higgs. Impossible : une fois produit il se désintègre immédiatement pour donner d’autres particules connues. « Ce qu’ont observé les expérimentateurs, ce sont justement les
particules issues de la désintégration du boson », explique le chercheur. Cette découverte représente une avancée majeure de la physique du 21e siècle, pour autant il reste de nombreuses questions auxquelles les physiciens ne peuvent pas encore répondre. Ce boson correspond-il exactement à la particule imaginée par Peter Higgs ? « Nous pouvons affirmer que nous avons observé une particule qui a des caractéristiques de boson de Higgs, répond Cyril Hugonie. Mais nous aimerions qu’elle ait quelques différences par rapport au boson standard ». Le modèle standard comporte en effet de nombreuses lacunes que les chercheurs tentent de combler. « La masse du boson de Higgs dans le modèle standard est très instable », précise Gilbert Moultaka. Les théoriciens de l’Université Montpellier 2 continuent à plancher sur la question : « Nous travaillons sur l’extension supersymétrique du modèle standard qui pourrait résoudre le problème de stabilité de la masse du boson de Higgs ». Le boson a peut-être été identifié, mais l’histoire n’est pas terminée.
14 N°4 - 12.2012 © ATLAS Collaboration
physiciens planchent sur le comportement de la matière S Les
OLIDE, poudre, mousse, fluide… La matière est dans tous ses états. Quelles sont les règles qui régissent son comportement, beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît ? Près de 650 physiciens se sont réunis autour de cette question lors des « Journées de la Matière Condensée » à l’Université Montpellier 2.
Quelles sont les règles qui régissent le comportement surprenant de la matière ? Pourquoi le sable coule-t-il entre les doigts ? Comment l’eau passe-t-elle du flocon à la goutte quand la température s’élève ? Ce sont quelques-unes des interrogations qui occupent les physiciens de la matière condensée qui se sont réunis à l’Université Montpellier 2 fin août à l’occasion des 13e Journées de la Matière Condensée (JMC13) organisées avec la Société Française de Physique et coordonnées par le Laboratoire Charles Coulomb. Avec près de 650 participants, ce congrès est l’un des plus importants rassemblements de physiciens en France. Objectif : comprendre, prédire et ainsi maîtriser les propriétés physiques d’une très grande variété de matériaux. « Les physiciens se penchent de plus en plus sur des matériaux qui sont considérés comme des systèmes complexes, composés de constituants élémentaires qui ne sont pas aussi "simples" que l’atome ou l’électron », explique Ludovic Berthier, chercheur au Laboratoire Charles Coulomb, qui a été invité à présenter ses travaux lors des JMC13 et illustre un des axes de recherche abordés au congrès. Un exemple : un tas de sable peut être considéré comme un ensemble de particules en interactions, chaque particule étant un grain de sable. Mais ces
Dispositif expérimental pour l'étude d'un billard à photons - © L2C
grains eux-mêmes constituent des entités complexes formées d’un grand nombre de molécules. « Des matériaux tels que sables, poudres ou mousses nous sont familiers mais la connaissance que nous avons de leurs propriétés mécaniques est encore rudimentaire et empirique, malgré des enjeux majeurs pour l’industrie pharmaceutique ou agro-alimentaire qui doivent concevoir et manipuler ces matériaux », souligne le chercheur.
De la matière aux systèmes vivants Autre terrain de recherche pour les physiciens de la matière condensée : les systèmes vivants. « Ils constituent eux aussi une classe de matériaux encore plus complexes », explique Ludovic Berthier. Exemple : un tissu biologique est composé d’un ensemble de cellules capables de se mouvoir de façon autonome.
« On peut pousser plus loin l’analogie avec les systèmes vivants : par exemple les mouvements collectifs au sein des bancs de poisson ou des nuées d’oiseaux rentrent aussi dans le cadre d’étude des systèmes complexes puisqu’il s’agit de mieux comprendre et caractériser les comportements collectifs qui résultent de l’interaction entre un grand nombre d’entités, précise le chercheur. La différence c’est qu’ici il ne s’agit plus de grains de sable ou de bulles, mais d’oiseaux ou de poissons ». Autant de matière à réflexion pour les physiciens…
…www.jmc13.univ-montp2.fr …www.coulomb.univ-montp2.fr
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International
Le Programme
Erasmus 25 ans fête ses
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RÂCE au programme d’échange européen Erasmus, les étudiants de l’Université Montpellier 2 ont la possibilité d’aller passer un ou deux semestres dans une université étrangère. Un programme qui favorise également la mobilité des enseignants et du personnel administratif. Comment faire rimer études et séjour à l’étranger ? Grâce à Erasmus. Ce programme européen de mobilité qui fête ses 25 ans en 2012 rencontre un succès grandissant. « Erasmus propose aux étudiants de partir un semestre ou une année faire des études dans un autre pays participant au programme », explique Mar Roig Ripoll, coordinatrice du pôle relations internationales et mobilité à l’Université Montpellier 2. La grande majorité des universités européennes prennent part au programme Erasmus et plus de 2,2 millions d'étudiants y ont participé depuis son lancement en 1987. Objectif affiché : permettre aux étudiants de profiter des avantages que procure l’expérience des études dans d’autres pays européens aux niveaux éducatif, linguistique et culturel. Mais Erasmus représente également un atout pour les universités car il permet de promouvoir la coopération entre les établissements et d’enrichir leur environnement éducatif.
Accueil Erasmus à la maison des Relations Internationales © PRES Sud de France
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Ce programme phare contribue enfin à la création d’un réservoir de jeunes diplômés possédant une expérience internationale.
Augmenter l’employabilité Fondé par 11 États européens, le programme Erasmus intègre désormais 33 États dont les 27 membres de l'Union européenne, l'Islande, le Liechtenstein, la Norvège, la Suisse, la Croatie et la Turquie. L’Université Montpellier 2 propose des échanges avec 25 pays. Chaque année environ 200 étudiants de l’UM2 béné-
ficient de ce programme. Destinations les plus prisées : Royaume-Uni, Irlande et Danemark. « Dans ces trois pays, les cours sont en anglais ce qui confirme que les étudiants partent pour améliorer leurs connaissances en langues et surtout en anglais », analyse la coordinatrice du pôle relations internationales. « L’UM2 propose également des échanges avec la Croatie, la Pologne et la République Tchèque, pays moins prisés mais qui présentent eux aussi l’avantage de dispenser leurs enseignements en anglais ». Tout est mis en place pour faciliter le départ et l’intégration des étudiants.
Ces derniers bénéficient d’une bourse Erasmus d’environ 160 euros par mois qu’ils peuvent cumuler avec les bourses sur critères sociaux et d’autres financements comme des bourses de la Région Languedoc-Roussillon ou des chèques mobilité. Autre avantage : les étudiants Erasmus n’ont pas à payer les frais d’inscription dans l’université qui les accueille puisqu’ils s’en sont déjà acquittés dans leur université d’origine. « Les étudiants bénéficient également d’une prise en charge à leur arrivée notamment pour les aider à trouver un logement ou leur proposer des cours de langue », complète Mar Roig Ripoll.
Côté cours, les étudiants bénéficient d’un contrat pédagogique : des professeurs référents de l’université d’origine et de l’université de destination s’assurent que les enseignements des deux établissements sont cohérents avec la filière choisie par l’étudiant. « Au final les étudiants décrochent un diplôme de leur université d’origine, grâce aux examens qu’ils ont passé à l’étranger », explique Mar Roig Ripoll. Par ailleurs les étudiants peuvent également bénéficier du programme Erasmus entreprise qui leur permet de partir faire un stage à l’étranger.
Erasmus pour les enseignants et le personnel administratif Mais les étudiants ne sont pas les seuls à bénéficier de ce programme : les enseignants et les personnels administratifs des universités peuvent également partir à l’étranger avec Erasmus. « C’est intéressant pour les professeurs qui s’occupent des contrats pédagogiques des étudiants d’aller intervenir dans les universités d’accueil », explique Mar Roig Ripoll. Chaque année une douzaine d’enseignants de l’Université Montpellier 2 se laissent tenter par l’aventure. Depuis 1997, 250 000 professeurs et autres membres du personnel de l'enseignement supérieur sont partis grâce à Erasmus.
L’ÉCOLE DE L’AUTONOMIE Samuel Ginot est étudiant en Master PPP, Paléontologie, Paléobiologie, Phylogénie. Après avoir étudié la biologie pendant 2 ans à l’Université Montpellier 2, Samuel a eu envie de « bouger un peu ». Direction l’Angleterre grâce au programme Erasmus. « J’ai fait ma troisième année de licence à l’université de Bristol, c’était une super expérience ». À son arrivée, Samuel trouve rapidement un appartement en colocation grâce aux annonces mises à sa disposition par l’université d’accueil. Il conserve sa bourse du CROUS et reçoit en plus une bourse Erasmus de 800 euros pour l’année. Pour Samuel, c’est l’apprentissage de l’autonomie : « jusque là je vivais chez mes parents, cette expérience m’a permis d’être indépendant tout en restant dans un cadre scolaire rassurant ». Une autonomie que Samuel a également retrouvée dans ses études : « les méthodes de travail à l’université sont très différentes en Angleterre, il y a moins d’heures de cours mais beaucoup plus de travail personnel, j’ai dû apprendre à étudier autrement et aujourd’hui je sais mieux faire des recherches et travailler en autonomie ». Autre avantage : « j’ai boosté mon niveau d’anglais ». Autant d’atouts pour la poursuite des études de Samuel qui se destine à une carrière de paléontologue.
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Innovation
Avec
AxLR
la recherche
Languedoc-Roussillon passe à la vitesse supérieure
C
OMMENT valoriser la recherche en Languedoc-Roussillon, sensibiliser les chercheurs au monde économique et mieux détecter les inventions dans les laboratoires ? Grâce à AxLR, la Société d’Accélération de Transfert de Technologie dont l’Université Montpellier 2 est partenaire. Bonne nouvelle pour la recherche en Languedoc-Roussillon : le projet de Société d’Accélération de Transfert de Technologie (SATT) déposé par l’Université Montpellier 2 a été retenu par le jury dans le cadre des Investissement d’avenir. La SATT nommée AxLR a été crée le 1er août 2012 à Montpellier par l’État, les universités et les organismes de recherche présents en LanguedocRoussillon.
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en
Pourquoi le gouvernement soutient-il la création de ces structures de valorisation de la recherche ? Parce que si la France dispose d'une excellente recherche fondamentale, elle peine encore à traduire ses découvertes en applications industrielles : alors qu'elle se situe au 6e rang mondial pour les publications, elle ne figure qu'au 12 e rang mondial pour le nombre de brevets internationaux déposés selon l’Office européen des brevets. Pour améliorer le transfert de technologies, le gouvernement a décidé la création d'un nombre limité de SATT. Leur mission : assurer la maturation des projets issus des établissements de recherche pour en faciliter la diffusion dans le milieu socio-économique, contribuer à la protection des résultats de la
recherche, notamment en assurant les dépôts de brevets, favoriser les transferts de technologies à l'industrie ou encore aider à la création de start-up.
La région la plus pluridisciplinaire En Languedoc-Roussillon, la SATT dénommée AxLR a comme périmètre la région et comprend onze actionnaires : les cinq universités (UM1, UM2, UM3, UPVD, UNîmes), deux grandes écoles (Montpellier SupAgro, ENSCM) et quatre organismes de recherche (CNRS, INSERM, IRSTEA, IRD). Le périmètre d’activité de la SATT couvre une centaine d’unités de recherche représentant 4 750 chercheurs, enseignants-chercheurs et personnels de recherche (ingénieurs, doctorants, post-doc).
« En nous rapprochant des équipes de recherche actives en Languedoc-Roussillon, nous allons évaluer le potentiel de développement économique des projets pour l’industrie régionale et nationale », explique Philippe Nérin, le président de la SATT. « Par rapport aux autres SATT, la spécificité du Languedoc-Roussillon est d’être la région la plus pluridisciplinaire », complète-t-il. AxLR dispose d’un capital de 1 million d’euro et sera au total dotée de 45 millions d’euro sur dix ans par le programme d’Investissements d’Avenir. Ce montant sera complété par un fonds régional de 5 millions d’euros sur trois ans financé par la Région, l’Agglomération de Montpellier et le Fonds Européen de Développement Régional. « Ce capital nous permettra de financer les projets issus des établissements de recherche pour les porter du stade préliminaire à celui de prototypes ou de démonstrateurs technologiques », explique Philippe Nérin.
Repositionner l’économie de la région AxLR s’occupera de l’ensemble de la chaîne de valorisation, depuis la sensibilisation et la détection dans les laboratoires, jusqu’à l’incubation de start-up. Elle assurera également la promotion vers les entreprises et aura en charge
la promotion et l’accès pour les tiers aux plateformes technologiques et grands équipements régionaux. Avantage pour les chercheurs : un meilleur accompagnement dans l'ensemble des démarches de valorisation tels que dépôt de brevet ou création d'entreprise. Un atout aussi pour les entreprises qui bénéficieront d'un interlocuteur leur proposant un bouquet complet de technologies et compétences développées au sein des laboratoires de recherche. « J’ai déjà identifié une trentaine de projets, dans divers secteurs tels que les énergies renouvelables, le médicament, la chimie, la science des matériaux, les capteurs… Nous en sélectionnerons entre 10 et 15 par an. Nous allons travailler avec les réseaux que j’ai développés depuis 20 ans, principalement dans les pays d’Europe de l’Est, aux États-Unis, et au Japon », précise le président d’AxLR. La SATT travaillera en étroite collaboration avec les acteurs locaux du soutien à l’innovation, notamment Transferts LR, l’association de transfert de technologie dédiée aux entreprises, mise en place par l’État et la Région en 2005. Elle s’appuiera également sur les structures d’accompagnement à la création d’entreprises comme le Business Innovation Centre de Montpellier Agglomération, classé 1ère pépinière mondiale en 2007
par l’association internationale des pépinières, et le réseau Synersud qui fédère 18 pépinières d’entreprises en région. « Nous devons développer une forte capacité à rassembler les acteurs de la recherche, et à constituer une expertise industrielle, souligne Philippe Nérin. L’enjeu, c’est de trouver les grands projets structurants qui, dans dix ans, aideront à repositionner l’économie de la région et de la France ».
AxLR va travailler avec les réseaux principalement dans les pays d’Europe de l’Est, aux États-Unis, et au Japon Philippe Nérin président d’AxLR
De gauche à droite : Régis Ferron (IRD), Ghislaine Gibello (CNRS), Jacques Moret (DRRT), Matthieu Martel (UPVD), Elisabeth Viola (CDC), Jacques Mercier (UM1), Christian Perigaud (UM2), Sébastien Massart (Direccte), Françoise GuetronGouaze (OSEO), François Pierrot (CNRS).
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Formation
Inventer les objets intelligents de demain M
ÉCONNUS du grand public, ils jouent un rôle clef dans notre quotidien. Les « Systèmes Embarqués » sont l’objet d’une nouvelle formation d’ingénieur par apprentissage proposée par Polytech Montpellier.
Ils sont parmi nous. De la minuterie de votre four à Curiosity, le robot qui explore le sol de Mars, ces serviteurs high tech des temps modernes se rencontrent partout : dans les produits grands publics, appareils photos ou téléphones portables, mais aussi dans toutes les branches de l’industrie.
Répondre aux attentes des industriels et des étudiants Les 12 apprentis de la première promo "systèmes embarqués"
« Les systèmes embarqués ? Ils sont au cœur des enjeux de société ». C’est le constat de Laurent Latorre, responsable de la nouvelle formation dispensée à Polytech. Une formation qui répond à une double évidence : « le tissu industriel régional est en quête de compétences. Il y a donc une forte demande du marché de l’emploi, mais aussi de la part des étudiants : la formation par apprentissage, c’est la voie directe vers une première embauche. Surtout dans des domaines aussi porteurs… » Pour mener à bien ce projet, il aura fallu deux années de travail avec le Centre de Formation des Apprentis, en partenariat avec de nombreux industriels – une trentaine d’entreprises, pour la plupart régionales – et le soutien des syndicats 20 N°4 - 12.2012
de branches au niveau national. « Il nous faut désormais répondre aux besoins des industriels qui nous ont fait confiance, poursuit Laurent Latorre. Et bien sûr satisfaire les attentes de nos étudiants ».
Former des acteurs clefs dans l’économie de demain Habilitée par la Commission du Titre d’Ingénieur (CTI), la nouvelle formation forme en trois ans des ingénieurs généralistes, et leur propose une spécialisation dans la conception, le développement et la mise en œuvre de systèmes électroniques ou de dispositifs d’informatique industrielle. Formation par apprentissage, elle est rythmée par l’alternance entre 15 jours à l’école et 15 jours passés au sein d’une entreprise.
Depuis septembre, les douze apprentis de la première promo découvrent ainsi le monde de l’entreprise par la grande porte, au sein de grands groupes industriels (Eurocopter, Safran) ou au service d’entreprises régionales représentant des secteurs d’activités variés (santé, domotique, multimédia…). Ils expérimentent une formule qui fait rimer alternance avec excellence… et exigence : autant d’heures de cours qu’un étudiant classique, et en prime un gros volume de travail en entreprise. Avec à l’arrivée, une ambition affichée : devenir les architectes des futurs objets intelligents, mais aussi « des acteurs clefs dans l’innovation des entreprises et dans l’économie de demain ».
masters-ingénieurs énieurs experts formés iences à la Faculté des sciences A Des
VEC son nouveau cursus de master en ingénierie (CMI), la faculté des sciences propose un enseignement renforcé dispensé en lien étroit avec l'industrie et la recherche. Objectif : former en 5 ans des Mastersingénieurs experts en innovation technologique.
Peut-on se préparer au métier de masters-ingénieurs en passant par la case université ? C'est désormais possible à la Faculté des sciences de l'Université Montpellier 2 grâce au nouveau cursus nommé CMI dispensé depuis la rentrée 2012. Pourquoi choisir de former des masters-ingénieurs au sein de la faculté ? « L'intérêt est d'occuper une niche de métier délaissée par les écoles d'ingénieurs classiques et où il y a pourtant d'importants besoins au niveau national », répond Christian Jay-Allemand, responsable de ce nouveau cursus. Beaucoup d'étudiants issus de ces écoles s'orientent en effet vers le management, le marketing ou encore la gestion au détriment du secteur de l'innovation technologique. Un vide comblé grâce à ce nouveau cursus proposé par une dizaine d'universités en France, dont l'Université Montpellier 2.
Une formation pluridisciplinaire de pointe
Au programme : un enseignement renforcé proposé à tous les candidats dès la première année de licence. Avec 50 heures de cours supplémentaires par semestre, les étudiants qui choisissent ce cursus reçoivent un enseignement plus intensif notamment en sciences humaines et sociales. Dès la deuxième année les étudiants les plus motivés qui continuent dans ce parcours seront immergés dans le monde de la recherche grâce à un couplage étroit de l'enseignement avec les laboratoires de recherche et les partenaires industriels. « Les étudiants sont amenés à réaliser des projets innovants sur 2 ou 3 ans dans les entreprises », précise Christian Jay-Allemand. À la clé : un diplôme de master labellisé CMI mais également un réel atout pour décrocher un travail grâce aux partenariats et aux réseaux développés pendant la formation.
1 CURSUS, 6 SPÉCIALITÉS Le cursus CMI propose 6 spécialités sur des domaines innovants : Chimie Physique Biotechnologies Capteurs Optoélectroniques Hyperfréquences Mécanique Informatique
Les futurs « ingénieurs-experts » trouveront des débouchés sur des postes d'ingénieur recherche et développement, chef de projet innovant ou encore ingénieur en expérimentation ou en production. « Ce cursus répond à une réelle demande sociale et économique pour optimiser le domaine de l'innovation, souligne Christian Jay-Allemand. C'est aussi un moyen efficace de remettre les étudiants au cœur du monde du travail et de redonner à l'université toute la place qu'elle mérite socialement et économiquement ». Responsables CMI à l’Université Montpellier 2 Bernard Orsal, orsal@opto.univ-montp2.fr Christian Jay-Allemand, christian.jay-allemand@univ-montp2.fr Gilles Halbout, gilles.halbout@univ-montp2.fr
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Composantes
Polytech Montpellier vous offre la mer à boire P
PEUT-ON changer l’eau de mer en eau potable ? Oui, grâce au dessalement. Différents procédés existent pour la transformer en eau douce mais ils consomment beaucoup d’énergie. Un prototype d’un genre nouveau a été installé à Polytech Montpellier.
56 millions de mètres cubes. C’est le volume d’eau dessalée produit par jour à travers le monde, soit environ 1,5 % de la production mondiale d’eau potable. Pourquoi transformer l’eau salée en eau douce ? Parce que l’eau de mer est la seule ressource de nombreux pays côtiers. C’est notamment le cas de nos voisins espagnols qui utilisent cette technologie à grande échelle : à Barcelone, un tiers de l’eau douce qui alimente les habitants provient du dessalement de l’eau de mer. Le dessalement s’appuie sur deux principes physiques majeurs : la filtration (osmose inverse) et la distillation. La première consiste à faire passer l’eau à travers des membranes denses (perméabilité sélective) qui retiennent les éléments dissouts, la deuxième consiste à chauffer
l’eau pour l’évaporer, puis à la condenser afin de récupérer une eau dépourvue de sel. « Mais si le dessalement se présente comme une alternative à la pénurie d’eau, des efforts importants restent à faire pour l’inscrire dans un contexte de développement durable », explique Marc Héran, enseignant en Sciences et Technologies de l’Eau à Polytech Montpellier. Les moyens mis en œuvre pour éliminer le sel (ou plutôt pour extraire de l’eau douce) sont en effet très gourmands en énergie, soit pour appliquer une pression permettant à l’eau de traverser les membranes dans le cas de l’osmose inverse, soit pour chauffer l’eau afin de provoquer son évaporation dans le cas de la distillation.
Afin de vérifier le fonctionnement de cette technologie innovante, les premiers essais vont être réalisés à la rentrée 2012 par les étudiants. « Ce prototype servira pour les projets industriels de fin d’étude des élèves ingénieurs en Sciences et Technologie de l’Eau mais représente également un terrain d’expérimentation inédit pour nos étudiants en Mécaniques et Interactions (analyse thermodynamique) ou en étude des matériaux (transfert de chaleur et précipitation des sels) », précise Marc Héran. Ces essais pourront ensuite être supportés par des fonds d’aide à l’innovation et par le volet formation du labex NUMEV.
Utiliser l’énergie solaire Pour réduire la consommation en énergie des procédés de dessalement, un prototype innovant utilisant le procédé Dunetec * développé par la société Montpellier Engineering a été installé à l’Université Montpellier 2. Son principe : chauffer l’eau grâce à des panneaux solaires thermiques afin de produire de la vapeur dans une colonne d’évaporation
Avec Dunetec©, il sera possible de fournir de l'eau potable de qualité à un coût sans équivalent sur le marché, de façon totalement écologique Laurent Trémel président de Montpellier Engineering 22 N°4 - 12.2012
« basse température ». La vapeur produite est ensuite transportée dans une colonne froide où elle est condensée au contact de parois froides qui serviront aussi au préchauffage initial de l’eau. Les sels restent du côté « évaporateur » du système, alors que l’eau produite est collectée du côté du « condenseur ». Son avantage : un procédé respectueux de l’environnement qui permet le dessalement en n’utilisant que le rayonnement solaire comme source d’énergie.
… www.dunetec.com *
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Dunetec : “Sun to desalinate water”
Publications
Publications Une membrane dynamique capable de s'auto-réparer Des chercheurs de l'Institut européen des membranes (CNRS/ENSCM/Université Montpellier 2), en collaboration avec l'Institut de chimie radicalaire, ont développé la première membrane dynamique pour la filtration de l'eau en s'inspirant des membranes cellulaires. En fonction de la pression de l'eau, celle-ci peut ajuster de façon autonome la taille de ses pores. Autre atout : elle est capable de s'auto-réparer en cas de défaillance, ce qui augmente sa durée de vie et renforce la sécurité sanitaire du produit filtré. Ces recherches ont été publiées dans la revue Angewandte Chemie. …Dynamic Interactive Membranes with Pressure-Driven Tunable Porosity and Self-Healing Ability. Prashant Tyagi, André Deratani, Denis Bouyer, Didier Cot, Valérie Gence, Mihail Barboiu, Trang N. T. Phan, Denis Bertin, Didier Gigmes, Damien Quemener. Angewandte Chemie. 2012 Jul 16
Contrôler la croissance et la texture d’un polycristal modèle Les propriétés mécaniques macroscopiques de la plupart des métaux et céramiques sont déterminées par la taille et l’organisation des grains cristallins qui les composent. Pour comprendre les mécanismes mis en jeu, des physiciens du Laboratoire Charles Coulomb de Montpellier (L2C – CNRS / Université Montpellier 2) ont élaboré un cristal modèle à base de polymère et de nanoparticules dont la texture peut être finement contrôlée. Ce travail publié dans la revue Soft Matter devrait permettre d’obtenir de nouvelles informations résolues dans l’espace et dans le temps sur la déformation de polycristaux sous contrainte mécanique. …Grain refinement and partitioning of impurities in the grain boundaries of a colloidal polycrystal, N. Ghofraniha, E. Tamborini, J. Oberdisse, L. Cipelletti et L. Ramos, Soft Matter, 8, 6214-6219 (2012).
Le figuier mâle imite l’odeur de la femelle Une équipe dirigée par des chercheurs du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CNRS/Universités de Montpellier 1, 2, 3/Université de Nîmes/Montpellier SupAgro/Cirad/ EPHE/IRD/Inra) vient de mettre en évidence un cas de mimétisme chimique particulièrement élaboré chez le figuier méditerranéen. Les guêpes qui pollinisent cette espèce n'ayant rien à gagner à visiter les arbres femelles, les arbres mâles modifient l'odeur qu'ils émettent, de manière à ce que les insectes ne puissent pas distinguer les sexes. Une étude publiée dans Ecology Letters. …Evidence for intersexual chemical mimicry in a dioecious plant, Catherine C. L. Soler, Magali Proffit, Jean-Marie Bessière, Martine Hossaert-McKey & Bertrand Schatz, Ecology Letters, sept 2012
Comment les racines des plantes se ramifient Les racines des plantes croissent et se ramifient constamment pour explorer le sol, à la recherche d'eau et de nutriments. Une équipe du Laboratoire de biochimie et physiologie moléculaire des plantes de Montpellier (CNRS/Inra/Université Montpellier 2 / Montpellier SupAgro), en collaboration avec des chercheurs anglais et allemands, a décrit un mécanisme qui, grâce à une hormone végétale et aux protéines régulant le passage de l'eau, permet l'émergence des racines secondaires. Ces résultats permettent d'envisager une optimisation de la croissance des racines de plantes. …Auxin regulates aquaporin function to facilitate lateral root emergence - Benjamin Péret, Guowei Li, Jin Zhao, Leah R. Band, Ute Voß, Olivier Postaire, Doan-Trung Luu, Olivier Da Ines, Ilda Casimiro, Mikael Lucas, Darren M. Wells, Laure Lazzerini, Philippe Nacry, John R. King, Oliver E. Jensen, Anton R. Schäffner, Christophe Maurel and Malcolm J. Bennett Nature Cell Biology, 16 sept 2012
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@UMONTP2
Université Montpellier 2 SCIENCES ET TECHNIQUES MONTPELLIER | LANGUEDOC-ROUSSILLON | SUD DE FRANCE PLACE EUGÈNE BATAILLON - 34095 MONTPELLIER CEDEX 5 - FRANCE
www.univ-montp2.fr