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Siéger dans un Conseil de famille
Dans les Conseils de famille des pupilles de l’État, Isabelle Saunier et Marie-Anne Casagrande sont chargées de participer à la construction du projet de vie des enfants pupille. Un rôle passionnant dont elles ont bien voulu témoigner.
Isabelle Saunier,(1)
siège au Conseil de famille du Tarn depuis 9 ans
Au Conseil de famille, notre rôle n’est pas seulement de confier les enfants à l’adoption : presque 70 % des décisions du conseil concernent la mise en œuvre du suivi des pupilles jusqu’à leurs 18 ans. Les trajectoires des enfants sont très diverses : certains peuvent devenir pupille à 2 mois, à la suite d’une naissance sous le secret, d’autres plus tard. Nous nous mobilisons autour du projet de vie de chaque enfant. Leur profil étant différent, nous faisons appel, pour chacun, à des compétences différentes (psychologiques, juridiques, humaines…) pour les suivre et les orienter au mieux, comme le feraient des parents. Notre première boussole, c’est l’intérêt supérieur de l’enfant et la prise en compte de ses besoins. Par exemple, quand il s'agit d'un bébé né sous le secret, nous essayons d’avoir un maximum d’information sur son histoire, celle de sa mère, dans la limite de ce que nous offre la loi. Il s’agit vraiment de trouver la meilleure famille pour cet enfant-là, et non l’inverse.
Entre les membres du Conseil, il faut établir de la confiance. Bien se connaître permet de travailler en transparence, d’exprimer en toute liberté ce qui nous semble le meilleur pour l’enfant. En général, les décisions sont très collégiales. Mais parfois elles ne le sont pas et il faut savoir accepter la décision du Conseil de famille. Globalement, nous avons une vision commune de ce qu’est l’intérêt d’un enfant. Certains membres apportent une compétence juridique ou médicale… En tant que représentante familiale, j’ai un regard plus global, plus généraliste sur la famille. Cette représentation est vraiment « à part » : construire un projet d’avenir pour un enfant , exercer à son égard les responsabilités liées à l’autorité parentale tout en appréhendant son vécu et ses souhaits sont des missions importantes . Il y a un mois, j’ai annoncé à un enfant qu’il allait être adopté par l’assistant familial chez qui il vit depuis sa naissance. C’était très émouvant, c’était un grand moment.
Marie-Anne Casagrande, siège au Conseil de famille de Paris depuis 18 mois
Au conseil, nous « portons » les enfants que nous suivons. Le travail sur leurs dossiers, en amont des réunions, est conséquent. Il faut vraiment entrer dans l’histoire particulière de chaque enfant : impossible de les prendre à la légère, d’autant plus qu’il s’agit d’enfants au vécu difficile, qui n’ont plus de parent. On les porte aussi après, on rentre chez soi avec leur histoire.
Les échanges au sein du Conseil sont riches et passionnants, car venant d’horizons divers, nous apportons tous quelque chose de différent : moi, en tant que représentante des familles, la représentante des associations d’adoption, les psychologues... Rester humble nous permet de dépasser nos points de vue personnels. Il y a une confiance mutuelle pour déterminer ensemble ce qui est le mieux pour l’avenir des enfants.
(1) Isabelle Saunier est aussi Présidente du département Parentalité-Enfance à l’Unaf et Présidente de l’Udaf du Tarn
En tant que mère de 6 enfants, j’apporte un certain recul. Mes enfants sont grands, j’ai pu consolider ma vision de l’éducation. Ayant eu 5 filles, je suis particulièrement sensible aux étapes vécues par des filles, à la vie affective et sexuelle. Je porte aussi attention aux variations de notes, aux détails qui peuvent alerter. Durant 2 ans, j’ai accueilli un petit garçon autiste avec sa sœur. Cette responsabilité m’a permis de mesurer la charge du handicap pour les familles. Je suis donc très attentive à cet aspect quand il s’agit de choisir une famille pour un enfant porteur de handicap.
Cette représentation m’apporte beaucoup. Nous sommes au service de la construction d’un enfant, d’un avenir. C’est grand, un enfant ! La qualité du travail autour des pupilles me réjouit énormément. C’est beau, c’est une fierté.