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Les Fables de La Fontaine: par-delà la morale
«Corps et âme». C’est ainsi, d’une manière totalisante et quasiment universelle, que La Fontaine appelle d’une part le récit qui expose (corps), d’autre part la moralité censée donner une clé interprétative (âme). Depuis des générations, cette moralité est à l’origine de maintes lectures édifiantes, dans les salles de classe aussi bien que dans les chambres d’enfant. La Fontaine, un moraliste ?
D’autres moralistes classiques tels que La Rochefoucauld (Maximes) et La Bruyère (Les Caractères) nous permettront de définir un peu plus la conception de la morale qui est celle de La Fontaine. Le rapport ambigu avec la morale, qui va pour La Fontaine bien au delà d’une simple saisie moralisante, sera au cœur de notre réflexion et des analyses de textes que nous proposerons. Tout aussi ambiguë se présente la relation de La Fontaine avec la Cour étincelante de Louis XIV, dont il a pris, peu à peu, ses distances. Les Fables deviennent le théâtre d’une critique sociale et d’une critique de la valeur, tantôt souriantes, tantôt ouvertement violentes. Or le recueil des Fables nous permettra de plonger dans le classicisme, son esthétique et ses codifications rigoureuses par rapport auxquelles La Fontaine se permet l’une ou l’autre liberté, sur un ton plein d’humour. On n’oubliera pas de thématiser la translatio, la réception que la Fontaine fait des fables de l’Antiquité (Ésope et Phèdre) et la manière dont il les transforme. Sur le plan graphique, enfin, nous réfléchirons sur la richissime tradition visuelle des Fables, en particulier l’œuvre monumentale de Gustave Doré.
Dozent | Dr. Reto Zöllner, Wissenschaftlicher Mitarbeiter, Pädagogische Hochschule Zürich und Lehrbeauftragter der Universität St.Gallen