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Revendiquer, analyser pour être acteur et actrice dans nos métiers
Analyser, revendiquer et infléchir les politiques éducatives, c’est ça aussi être l’alliée du quotidien
Il y a des sujets que les pouvoirs politiques nous imposent : réforme du bac, transformation voie professionnelle, loi pour l’école de la confiance, … Et d’autres sujets, que nous, UNSA Éducation, jugeons prioritaires et que nous cherchons par de multiples voies d’influence à imposer. Mieux réussir l’éducation inclusive est un exemple. Une sélection de trois dossiers où nos voix vont compter : évaluation des écoles et EPLE, enseignement professionnel, mixité sociale et scolaire.
Voie Pro
Évaluer avant tout changement
La voie professionnelle a connu une transformation en 2018. Elle n’a pas été évaluée. Les nouveaux dispositifs que sont le chef d’œuvre, la co-intervention, les familles de métiers et l’accompagnement personnalisés, doivent conduire à un bilan interprofessionnel avant d’amorcer de nouveaux changements. On voudrait nous faire croire que les LP sont éloignés du monde de l’entreprise, ou que la réponse au manque d’insertion professionnelle serait d’augmenter le temps en entreprise. La réalité est plus complexe. Le lycée professionnel travaille depuis des années en co-formation avec les entreprises et les professeurs (PLP) sont issus pour la majorité du monde professionnel. Les équipes sont convaincues de l’importance de former des citoyens épanouis qui sauront s’insérer dans le monde du travail. Augmenter le temps de PFMP pour augmenter l’insertion professionnelle, reviendrait à dire que le monde de l’entreprise serait plus à même d’inculquer les savoir êtres qui sont actuellement les freins évoqués pour entrer dans l’emploi. Il faut également penser à l’égalité des chances pour des territoires et des publics hétérogènes. Notre tissu entrepreneurial étant constitué majoritairement de TPE-PME, surtout en milieu rural, trouverons-nous suffisamment de tuteurs avec du temps disponible pour accompagner ces jeunes avec leurs difficultés ? Cela sera-t-il compatible avec des poursuites d’études avec moins d’enseignement général ou professionnel ? Ces questions doivent être discutées en concertation avec tous les acteurs et actrices avant des mises en place de tels dispositifs et sans que la réforme précédente n’ait été évaluée. Les équipes ont besoin également de stabilité et de reconnaissance car ce sont des professionnels très impliqués dans la réussite de leurs élèves qui se sentent actuellement remis en cause pour être remplacés par le monde de l’entreprise.
Mixité sociale et scolaire Pour une évaluation
C’est possible ! Et il y a urgence
La ségrégation scolaire et le séparatisme social doivent cesser. L’entre soi et les privilèges de certaines classes ne doivent plus perdurer. Comment faire ? Des expérimentations menées démontrent qu’avec une volonté politique et des moyens, la composition sociale des établissements peut évoluer. Cette mixité est un atout indispensable pour faire progresser les élèves défavorisés mais également les « bons » élèves. À l’UNSA Éducation, nous sommes prêts à prendre notre part. Nous exigeons que cette question, qui a été fortement oubliée lors du précédent quinquennat, soit une priorité de ce gouvernement. Nous agirons pour que la mixité sociale et scolaire soit une réalité dans nos territoires. C’est une nécessité pour l’émancipation des élèves et pour la réussite scolaire. C’est un impératif : notre société doit cesser de séparer sa jeunesse. L’École doit permettre de réunir des jeunes qui évoluent dans des milieux sociaux différents.

avec du sens
« Le conseil d’évaluation de l’école » (CEE) est inscrit dans la loi depuis 2019. Un objectif est fixé d’évaluer l’ensemble des écoles et établissements d’ici 5 ans. Cependant cette démarche d’évaluation, dans les faits, est une mission nouvelle, ajoutées à toutes les autres.

Évaluer les écoles et établissements, c’est permettre aux équipes de terrain de réfléchir à leur action, d’établir un diagnostic et de se fixer des objectifs en lien avec le projet d’école et d’établissement. Pour l’UNSA Éducation, il ne faut pas de travail supplémentaire et surtout pas de travail inutile. Accélérer la cadence et mettre la pression à tous les échelons du système éducatif pour entrer dans cette nouvelle démarche ne fait qu’éveiller de nombreuses craintes et résistances légitimes. Crainte du regard extérieur des collectivités, des familles car le cadre prévoit une évaluation du service public d’éducation par ses usagers. Crainte sur des répercussions sur les carrières, freins à l’avancement, blocage de mutations. Ce travail collectif doit impérativement être consenti, prévu et organisé dans le temps de service. Pour l’UNSA Éducation, cette évaluation n’a pas vocation à mettre en concurrence les structures éducatives mais à améliorer leur efficacité. Elle doit être suivie des moyens indispensables identifiés pour progresser : formations, ressources humaines, crédits pédagogiques. Elle ne doit pas s’ajouter à toutes les autres formes de débats annoncés par l’exécutif dans le cadre du Conseil National de la Refondation.
Hawa Sall
@Sall_hawa hawa.sall @unsa-education.org
Christèle Sauder
christele.sauder @unsa-education.org