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L’urgence du syndicalisme éco-responsable

À n’en pas douter, l’été 2022 marquera les esprits : températures caniculaires sur l’ensemble de la France, extension de la sécheresse sur des territoires peu habitués à ce phénomène, méga-feux très difficiles à contrôler… Ce ne sont que quelques exemples qui montrent que les effets du réchauffement climatique se font sentir aujourd’hui. Notre pays n’est bien évidemment pas le seul touché et c’est toute notre planète qui est confrontée aux conséquences du changement climatique.

l’UNSA Éducation, nous pensons que ces questions sont essentielles dans la pratique de notre syndicalisme : il n’est plus possible d’envisager l’avenir des plus jeunes sans se pencher sur nos conditions de vie déjà marquées par de profondes mutations environnementales. Mieux : il faut mettre au cœur de nos préoccupations cette thématique dans nos missions d’éducateur, mais aussi dans nos missions syndicales.

L’urgente transition écologique

Notre fédération, avec son union, l’UNSA, a déjà posé les bases d’un syndicalisme éco-responsable, revendiquant une transition écologique juste et équitable. Le congrès de Poitiers de 2021 a établi dans notre résolution générale les principaux enjeux : notre projet syndical « doit viser la nécessaire et urgente transition écologique pour un monde plus juste et solidaire mettant l’humain et son environnement au cœur ». Plus précisément, « l’UNSA Éducation agit pour sa propre transformation écologique. Il faut passer de la réflexion à la mise en pratique en se basant sur des objectifs clairement identifiés dans les instances internes ».

Forfait mobilité durable : du mieux !

Le forfait mobilités durables (FMD) permet le remboursement total ou partiel par l’employeur des frais de déplacement domicile-travail à condition d’utiliser le vélo, vélo assisté ou covoiturage. En juillet, le ministre de la Fonction publique a annoncé :

Le cumul possible entre FMD (200€ annuel) et remboursement partiel d’un abonnement aux transports en commun.

La suppression du seuil minimal de 100 jours de vélocovoiturage pour en bénéficier (montant proratisé en-deçà). L’UNSA Éducation demande la publication du décret d’application au plus vite et revendique l’alignement du plafond de remboursement des frais de déplacement domicile-travail sur celui du secteur privé (800€ depuis août 2022). Christelle Alan @lucioleforever christelle.alan @unsa-education.org Il est essentiel dorénavant de favoriser la réflexion collective et d’agir par tous les moyens. L’approche systémique doit prévaloir : promouvoir la sobriété énergétique dans un contexte de guerre aux portes de l’Europe, combattre les réticences des uns et valoriser les bonnes pratiques des autres, ce sont des actes indispensables mais qui ne suffisent pas. Il faut trouver des solutions durables pour créer les conditions de la transition écologique dans l’ensemble de nos activités quotidiennes. Cela passera inévitablement par la remise en cause de notre modèle de développement économique. Il importe, en outre, de conserver comme objectif le bien-être de l’ensemble de la population.

Penser et agir pour un avenir meilleur

Dans nos missions éducatives et syndicales, il est essentiel d’être également éco-responsable : concrètement pour l’UNSA Éducation, cela signifie qu’il faut rénover le bâti scolaire selon les règles de sobriété énergétique et de préservation de l’environnement, impliquer les élèves, les étudiant.es et tous les jeunes dans la transition, et former les personnels pour mieux agir au quotidien. Des solutions existent (voir à ce sujet l’entretien avec Jean Jouzel dans ce même numéro) et il ne faut pas perdre de temps. On peut regretter que l’actualité dans ce domaine soit encore trop marquée par de vaines polémiques, alors que la situation de notre planète est si fragile. Il ne faut pas pour autant tomber dans l’abattement ou l’éco-anxiété, ni se contenter de « petits gestes », qui pour efficaces qu’ils soient, ont montré leurs limites. Il s’agit aujourd’hui de lancer une mobilisation générale et il n’est pas trop tard : le moment est venu de nouer avec la nature et notre environnement de nouveaux liens qui permettront un avenir meilleur.

Benoit Kermoal

@enklask1 benoit.kermoal @unsa-education.org

« Il faut aller de l’avant pour faire adhérer à la transition écologique »

Entretien avec Jean Jouzel

Jean Jouzel est un paléoclimatologue, chercheur au CNRS : il a été plusieurs années vice-président du groupe scientifique du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Récemment, il a coordonné une mission dans l’Enseignement supérieur afin de proposer des mesures pour sensibiliser aux enjeux de la transition écologique. À l’heure où les effets du changement climatique sont de plus en plus visibles et où la France doit s’engager dans la sobriété énergétique et dans la transition écologique, il a accepté de répondre aux questions de l’UNSA Éducation. ans votre rapport de février 2022 « Sensibiliser et former aux enjeuxD de la transition écologique et du développement durable dans l’enseignement supérieur », vous constatez un défaut

de formation des étudiant·es mais également des enseignant·es sur le thème de la transition écologique. Pourquoi est-ce important d’éduquer à cette question ?

Quelles sont les préconisations prioritaires de votre rapport ?

La lettre de mission reçue du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche était d’évaluer la place de la transition écologique et de la protection de la biodiversité dans l’enseignement supérieur, prendre en compte le développement durable ou bien encore la sobriété. Cela a abouti à des propositions que l’on peut retrouver dans ce document : 100% des étudiant·es doivent être formé·es à ces enjeux et il faut concentrer les efforts sur les premières années, en lien avec ce qui se fait dans le secondaire. Cela doit faire partie du cursus universitaire. Mais une fois dit cela, ce n’est pas si simple à mettre en place : il faut l’intégrer dans les disciplines enseignées, former les enseignant.es et il faut également l’adhésion des établissements du supérieur, ainsi qu’un soutien financier. Nous proposons ainsi que soit créée une plateforme avec plusieurs modules d’enseignement qui peuvent déjà être faits dans des établissements. Le plus important est de faire adhérer à la transition écologique et il faut aller de l’avant. Il y aura des difficultés mais il faudra une vraie volonté en particulier du Ministère.

Les incendies et la sécheresse ont été les lots d’un été 2022 caniculaire en France et dans d’autres pays. Plusieurs pics à plus de 40 degrés ont été enregistrés. Est-ce que cela va entraîner une prise de conscience durable ?

Durable, je l’espère mais dans la réalité, on oublie assez vite malheureusement, je crains que pour cet été 2022, ce soit le cas et qu’on vive ensuite comme dans le monde d’avant. Ainsi la canicule de 2003, avec de nombreuses conséquences, a été assez rapidement oubliée. Cela est d’autant plus vrai que l’on peut avoir des étés normaux dans les années à venir, ce qui pourrait diminuer la prise de conscience des dangers du réchauffement climatique. Mais il est vrai que des événements extrêmes ont eu lieu cet été, et que cela peut inciter à aller de l’avant en prenant de vraies mesures. C’est tout le travail du GIEC qui documente précisément et scientifiquement la réalité du réchauffement climatique et peut nous aider à agir et à trouver les solutions pour faire face aux enjeux actuels. Les épisodes climatiques que nous venons de vivre sont bien en lien avec ces effets du réchauffement sur le plus long terme.

D’après vous, que peuvent faire les groupes de pression ou les syndicats pour favoriser la transition écologique ?

Je pense que les groupes de pression, les associations ou les syndicats jouent un rôle essentiel. Sans eux, il n’y aurait pas eu, par exemple, de lettre de mission pour faire ce rapport dans l’ESR. Leur place est donc très importante dans cette prise de conscience de la population et cela amène les responsables politiques à agir. Ce sont bien les manifestations des plus jeunes pour le climat des dernières années qui ont poussé ces responsables à se préoccuper des enjeux climatiques dans l’éducation, que ce soit à l’école ou à l’université. On peut regretter qu’il faille passer par là et pas par d’autres moyens démocratiques, mais il faut surtout se dire que c’est grâce à ces mobilisations que les pouvoirs publics sont amenés à agir. Agir pour la transition écologique, c’est aussi un impératif pour l’UNSA Éducation : il faut concilier en particulier les enjeux de justice sociale et de transition. Des pistes existent et il faut les consolider en ce qui concerne le bâti scolaire et universitaire, les mobilités, les gestes du quotidien et la formation des personnels et des plus jeunes Pour cela, il faut passer de la réflexion à la mise en pratique en se basant sur des objectifs clairement identifiés.

Pour aller plus loin

Sur le rapport « Sensibiliser et former aux enjeux de la transition écologique et du développement durable dans l’enseignement supérieur », lire l’article en ligne sur le site de l’UNSA Éducation.

Lire l’article en scanant le QR Code, ou via le lien url : www.unsa-education.com/article-/education-enseignementsuperieur-et-la-recherche-les-fondations-de-la-strategiepour-faire-face-aux-dereglements-climatiques/

Jean Jouzel avait également accepté de participer à une table ronde sur « L’ESR et l’urgence climatique » : on peut la réécouter en podcast sur le site de l’UNSA Éducation.

Carine Aoun-Boudot

@carineaoun1 carine.aoun-boudot @unsa-education.org Ecouter le podcast en scanant le QR Code, ou via le lien url : www.unsa-education.com/ article-/esr-et-urgence-climatique-la-tableronde-en-podcast/

Benoit Kermoal

@enklask1 benoit.kermoal @unsa-education.org

Si tout était à refaire…

« Si une force surnaturelle devait soudain faire se volatiliser l’entièreté de nos écoles, collèges et universités, ainsi que les programmes du ministère de l’Éducation et la totalité des habitudes et traditions accumulées par les enseignants québécois de générations successives, voudrions-nous recréer des institutions identiques à celles ainsi disparues

pour répondre à nos besoins actuels ? » telle est l’interrogation posée cet été par un professeur du Québec dans une tribune journalistique. É videmment pour lui, comme pour nous, la question ne se pose pas vraiment. Elle demeure théorique. Mais l’envisager à - au moins - trois vertus. Tout d’abord, elle rappelle que l’Ecole et plus globalement les systèmes d’éducation sont le fruit d’une histoire, d’une construction progressive, de choix politiques et sociétaux. On ne peut ignorer en France le lien étroit construit entre l’Ecole et la République. Il faut même remonter avant la Révolution pour comprendre la construction religieuse, puis en réaction à l’obscurantisme, de l’enseignement. Dans leur ouvrage récent « Contre l’école injuste ! Questionner l'ima- sabilités, c’est plus largement le sens des métiers qui est ginaire scolaire. Discerner les pièges. Repenser les savoirs questionné et qui doit être retravaillé, voire repensé. à enseigner », Philippe Champy et Roger-François Gauthier Le massif développement du numérique conduit à de nouévoquent ainsi des « enseignements héritiers d’une histoire veaux rapports aux savoirs, à leurs diffusions, à leurs inconsciente ». Imaginer devoir tout reconstruire revient à transmissions, à leurs acquisitions. Comment prendre en faire émerger cette histoire et nécessite de la prendre en compte cette mutation des nouvelles générations devecompte. nues « petite(s) Poucette(s) » pour reprendre le clin d’œil Ce questionnement oblige également à reconnaitre et à proposé par Michel Serres ? dire les dysfonctionnements actuels de notre système édu- L’urgence environnementale interroge également profoncatif. Sans se flageller ni mettre en accusation les person- dément l’Education. Il s’agit certes de faire comprendre les nels qui font de leur mieux, force est d’admettre que l’Ecole, causes et les conséquences du réchauffement climatique telle qu’elle a été ainsi progressivement construite, peine à dû massivement à l’activité humaine, mais aussi de former répondre à son ambition de faire réussir tous les enfants et des citoyen·nes capables d’inventer, dans tous les dojeunes qui lui sont confiés. En difficulté pour répondre à la maines, une vie plus en adéquation avec les ressources de massification de la scolarisation, en France particulière- la planète et en harmonie avec les autres êtres vivants. ment, l’Ecole entretient – voire amplifie – les inégalités sociales comme le montrent de très nombreux travaux, nationaux comme ceux de la DEPP ou internationaux avec ceux de l’OCDE (dont les nombreuses analyses issues de l’évaluation PISA). A défaut de tout changer, nul doute qu’il y a là une nécessité à agir et à le faire d’urgence. La formation des citoyen·nes introduit aussi la question des évolutions démocratiques, face à une crise de la représentativité et à une montée des extrêmes droites. Le sujet de la participation nécessite ainsi d’être travaillé et la recherche-action conduite par le Centre Henri Aigueperse et Missions publiques pour l’UNSA Education apEnvisager - à défaut de son entière transformation - des portera un éclairage sur les pistes possibles tant pour les évolutions dans le système éducatif nécessite de s’appuyer démarches syndicales que pour les approches éducatives. sur les changements qui l’environnent. Or plusieurs éléments s’imposent aujourd’hui comme des leviers devant être pris en compte pour construire une réponse éducative d’avenir. Mutations professionnelle, écologique, numérique, démocratique… sont autant de leviers pour -à défaut de tout refaire - faire évoluer l’Education. L’actualité de cette rentrée a mis en évidence la pénurie Denis Adam de personnel enseignant et plus globalement éducatif. @denisadamunsa Au-delà d’une légitime revendication d’une rémunération denis.adam à la hauteur de la formation, des missions et des respon- @unsa-education.org

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