URBAIN Tanger - n°13 - FEVRIER 2014

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édito

édito

I

l faut le reconnaître, nous vivons un climat de début d’année, à Tanger, un peu en demi-teinte, entre tempêtes et inondations à répétition, rumeurs de tensions autour du financement du plan Tanger-Métropole, grogne des citoyens à propos des choix d’aménagements urbains (disparition d’espaces verts, coupe massive d’arbres, multiplication des ronds-points, etc.), annonces de suppression de liaisons aériennes au départ de la ville… Qu’à cela ne tienne, il n’est pas question dans nos pages de cultiver la morosité ambiante et nous avons par conséquent décidé de vous offrir un peu de rêve, avec un numéro dédié aux gens dont c’est le métier. À commencer par le cinéaste aux mille facettes Nabil Ayouch, un homme dont les choix artistiques viennent à nouveau d’être récompensés par un prix prestigieux à Paris en janvier, le fameux Prix des Lumières pour le meilleur film francophone (attribué à son long-métrage Les chevaux de Dieu), et qui porte haut les couleurs du cinéma marocain (p. 26). Vous découvrirez aussi une femme dont la passion est de mettre de la beauté dans les intérieurs, la décoratrice-designer tangéroise Mouna Fassi Fihri (p. 14), ainsi qu’Andrew Maclear, un photographe anglais qui, bien des années avant de tomber amoureux d’Assilah, a mis en boîte avec une simplicité désarmante les plus grands (p. 58). Pour faire le plein de vitamine D et recharger vos batteries au coeur de l’hiver, nous vous emmenons en escapade sous le soleil de Dakar (p. 52) et enfin, pour les amateurs de musique de qualité, ne manquez surtout pas l’événement musical du mois avec le Berlin Jazz Tour, dont URbain est très fier d’être le partenaire. Je vous souhaite une bonne lecture et un excellent mois de février.

Christine Cattant , Rédactrice en Chef

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© Laguna 35

URBAIN

tanger

Directeur de Publication : Rédactrice en Chef : Secrétaire de Rédaction : Maquette :

Othman Noussairi Christine Cattant Stéphanie Gaou Miss Bamboo & Crevette in Tangier

Imprimeur : Contact Mail : Direction : Responsable Éditoriale : Responsable Logistique : Responsable Commerciale : Contact Publicité : Site Web : Facebook : Siège : Dépôt légal : ISSN : Photos Couverture :

Chrono Digital - Casablanca contact@urbainmagazine.com o.noussairi@urbainmagazine.com c.cattant@urbainmagazine.com Mounir Sabri - m.sabri@urbainmagazine.com Nacera Tizi - n.tizi@urbainmagazine.com 06 17 18 19 98 / 06 33 64 79 99 www.urbain.ma Urbain Tanger Magazine 67, avenue de la Résistance - Tanger 105984 En cours © Amir Rouani

Rédaction : Imane A. Kettani, Khadija Barkani, Mohammed Al Kh., Estelle Du Brusc, Nour Chairi, Stéphanie Gaou, Christine Cattant

Toute reproduction totale ou partielle des titres, textes, photos ou maquettes sans autorisation écrite préalable est interdite. La revue n’est pas responsable des textes, photos et illustrations qui lui sont adressés. Elle décline toute responsabilité pour la perte ou la détérioration des documents non sollicités par écrit ainsi que pour le contenu de la publicité.

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URBAIN

Sommaire

tanger

février 2014 / n°13

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Nabil Ayouch LE RÉALISATEUR AUX MULTIPLES

RÉCOMPENSES NOUS PARLE DE “SON” CINÉMA.

© D.R.

8 ACTUALITÉS

8 Courrier des lecteurs 10 Rendez-vous Tangérois 12 Coup de coeur, coup de griffe

14 À LA UNE 14 20 24 26

Figures de Tanger 12 Mouna Fassi Fihri La Chronique de Lotfi Akalay Rencontre QDP à Bernard Liagre Nabil Ayouch, cinéaste lumineux

34 CULTURE

34 Portfolio Visions de Tanger... et d’alleurs 36 RDV Rencontre avec Julien Grenier 38 Agenda culturel Musique, expos...

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44 L’agenda des petits 46 Ciné À l’affiche 50 Les Coups de coeur de la libraire

52 DÉCOUVERTE

52 Voyage... Pause sénégalaise 58 Tanger vue par... Andrew Maclear 64 L’OEil du Photographe Assilah

72 PRATIQUE

72 Mode Le look Saint-Valentin de Las Chicas 74 Recette Le Fudge Chocolat de Kamal El Fassi

75 UTILE

75 Urbanoscope 76 Carnet d’adresses 78 Points de distribution


Bleu de Fès Le tapis“oeuvre d’art” Tapis berbères anciens Vente en gros ou au détail - Expédition dans le monde entier Paiement AmEx,Visa, Mastercard...

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Actus

courrier des lecteurs

vous nous avez écrit... sur contact@urbainmagazine.com

Christophe à Tanger Quel bonheur de découvrir Christophe dans votre dernier numéro, ce chanteur fabuleux qui a bercé mes années d’adolescence ! J’ai pris un réel plaisir à la lecture de son interview. Je lis Urbain en ligne, et je n’ai, comme lui avant cela, jamais mis les pieds à Tanger mais votre article m’a donné envie, tellement envie ! En attendant ce jour, je continuerai de rêver en vous lisant. Bonne continuation et merci à vous ! Florence Andienne par mail

PAS CONTENT

Culture

Nous sommes le 15 janvier et j’ai parcouru une bonne partie de la ville sans trouver un seul exemplaire de mon mag Urbain. C’est la première fois que ça arrive et ça m’énerve vraiment ! Un lecteur

portfolio

Visions de Tanger. . . et d’ailleurs

PORTFOLIO

Cap Spartel - 2012, par Claire François

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Je vois toujours des photos dans le portfolio d’Urbain et je souhaite savoir comment voir publier les miennes ? Najib K.

Cher Najib, C’est tout simple : il vous suffit de nous envoyer vos photos en grande taille (10 cm x 10 cm minimum) et bonne définition (300 dpi) sur notre adresse mail contact@ urbainmagazine.com. Nous en sélectionnons 3 ou 4 chaque mois et, parmi elles pourquoi pas, prochainement les vôtres ?

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>

Cher Monsieur, Oui, c’est vrai, on s’arrache URbain et particulièrement ce mois-ci ! Sachez que nous mettons tout en œuvre pour réapprovisionner régulièrement tous nos points de distribution afin que vous puissiez vous procurer très vite un exemplaire de votre magazine et ce, malgré les ruptures de stock. (Ce lecteur nous a réécrit dès le lendemain pour nous confirmer avoir trouvé son mag préféré. Ouf !)



Actus

rendez-vous en ville

Rendez-vous tangérois

Une nouvelle boutique qui ouvre ses portes, une soirée à thème, un atelier pour les enfants, voici quelques idées à explorer. PAR ESTELLE DUBRUSC

Exposition-Vente

Tapis et tissages de la vallée des gens heureux

Nouvelle collection Du 17 au 22 février, LAS CHICAS vous invite à découvrir l'univers magique et coloré de Zid Zid Kids. 52, rue Kacem Guenoun. Porte de la Kasbah

Le coin écolo

Le lundi 24 janvier aura lieu votre désormais mensuelle journée de Collecte du plastique, Tetrapak, métal, carton, piles usagées et toners d'imprimante de l’association “Tous en guerre contre le plastic - Initiatives océanes Tanger-Tétouan”. Apportez vos recyclables de 9 h à 19h30 chez Tabadoul. T. : 06 61 35 25 81 / 06 41 16 16 47 / 06 00 51 96 06 silviacoarelli@lilithtanger.com wiggleservices@gmail.com

Livres anciens Galerie d’art Artingis En février, à noter un bel arrivage de livres anciens sur Tanger que les amateurs ne devront pas manquer. 11, rue Khalid Ibn Oualid

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Au coeur d'une vallée berbère du Haut d'Atlas central, à flanc de montagne, pays abrupt de terre et de glaise aux conditions de vie précaire, des femmes tissent. Elles tissent leurs humeurs, leurs souhaits, leurs espoirs et leur désir. Elles tissent de magnifiques tapis aux couleurs naturelles, des couvertures, des châles, des burnous aux couleurs uniques sur une trame où le langage s’entrelace avec la langue, où le symbolique se noue à l'imaginaire. Et parfois le miracle a lieu lorsque la parole surgit dans cette trame qui se tisse... Tapis et tissages exposés et mis en vente les 7 et 8 février au Musée de la Casbah, au profit des gens de la vallée.

Conférence de Youssef Fehry Fassy, psychanalyste. Vernissage le 7 février à 18 h. Contact : 067 662 37 65

CARNET ROSE

URbain a le plaisir de souhaiter la bienvenue à Jill, magnifique petite poupée née le 23 janvier à Tanger. Félicitations à sa maman Stéphanie, indispensable et talentueuse membre de l’équipe de rédaction du magazine ainsi qu’à Cédric, son très heureux papa. Beaucoup de bonheur à tous les trois !


A p p r e n d r e , c r é e r, b o u g e r, p a r t a g e r. . . Tanger Accueil Tél. : 06 11 89 62 19 ou tangeraccueil@gmail.com

Agenda

4 février - Après-midi “Crêpes” 5 février - Dictée de Pivot 7 février - Bingo 8 février à 14h30 - Conférence sur "La pensée philosophique et les religions chinoises", par Li-Hua. 15 février - Soirée rouge : repas dansant 21 février - Atelier créatif

Ateliers

Création de bijoux, déjeuners littéraires, escapades gourmandes, langues étrangères, patchwork, danse orientale, cercles de lecture, cuisine marocaine...

Des ateliers pour tous les goûts En plus des ateliers hebdomadaires animés par des professionnels (art du cirque (acrobatie), la réalité fantastique (arts plastiques, photo), musique des deux rives, théâtre, flamenco, piano, bien-être et danse, italien, cinéma d’animation...), Tabadoul vous propose deux après-midis de danse à thème : Après-midi Flamenco - Dimanche 16 février - 16h30 Cours par Alba Puentes Aragón puis après-midi dansant. Après-midi Salsa - Dimanche 23 février - 16h30 Cours par Noémie Salgueiro et Mohamed Omari puis aprèsmidi dansant. Infos : Tabadoul - 19, rue Magellan. Tél. : 05 39 37 19 78

...

Et toujours

L’atelier de danse libre de Delphine et Mizz Kiara, “Les vies dansent... libres !”, tous les mercredis, au Théâtre Darna, de 19 h à 20h30. Infos et programme hebdomadaire au : 06 55 67 79 16 ou 06 55 77 28 83 et sur Facebook.com/lesviesdansent.

Stage Cinéma d’animation “La vie animée” Du 24 au 28 février - 10 h à 13 h

Durant les vacances, Tabadoul propose un stage de cinq jours sur le thème du cinéma d'animation (à partir de 8 ans). L’atelier proposera d’aborder différentes techniques d’animation : pate à modeler, papiers découpés, peinture, sable, objets animés… Mais aussi d’élaborer un synopsis, de créer des personnages, de construire un décor en miniature, d'élaborer une bande son (voix off, doublage, bruitage...). Sur inscription préalable chez Tabadoul (500 dh par enfant)

En avant, les divas ! Envie de faire vibrer la fibre musicale qui est en vous et de vous dérider les cordes vocales ? Martine Kroon, chanteuse de jazz, pianiste et professeur diplômée vous propose : - cours individuels de piano - cours individuels de chant adultes - atelier vocal collectif adultes / ados - classe d’éveil musical pour les petits - cours de culture artistique. Pôle Musique, Espace Beckett. Renseignements : 05 39 34 11 76


Actus

coup de coeur, coup de griffe Coup de

C’est quoi, ça ?

“Ça”, ce sont les membres du Ladies Circle de Tanger. Ce groupe de femmes réunies par les valeurs d’amitié et d’entraide a vu le jour il y a un an, à Tanger. Et le 9 janvier dernier, ces filles formidables ont mené à bien leur opération “Don de couvertures” dans la région de Tazroute. Grâce au soutien et aux dons de ceux qui croyaient dans ce projet, 1000 couvertures ont été achetées, 900 ont été distribuées autour de Tazroute et une centaine ont été remises à l’Association de Solidarité d'Oeuvres Charitables (Centre Protection Sociale de Tanger). Urbain applaudit ces ladies chaleureuses à tous points de vue !

Coup de

g

C’est quoi, ÇA !

On ne reconnaît plus la ville ! Nouveaux espaces verts ? Trottoirs réhabilités ? Corniche fleurie ? Façades rénovées ? Que nenni ! La campagne “ronds-points en folie” (ne cherchez pas sur internet, c’est une appellation totalement issue de notre imagination) a été lancée il y a quelques mois dans la ville blanche et les carrefours a y avoir échappé sont rares. Une promo à la casse sur les vieux feux de signalisation, peut-être ? Si certains s’en félicitent, ça grogne aussi pas mal et l’on se prend à se demander si, avec l’argent économisé en électricité, il ne serait pas possible de lancer une campagne pour rappeler aux automobilistes comment ça se prend, un rond-point ?

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À la une

figures de tanger - 12 -

Mouna Fassi Fihri L’éloge de la couleur « Je suis une artiste qui travaille de manière artisanale. » Pensez au mot « charme » et vous aurez immédiatement envie de l’associer à cette femme autodidacte, dynamique, séduisante et qui possède l’à-propos de celles et ceux animés d’une passion dévorante. Nous avons eu la chance, à Urbain, d’une interview avec Mouna Fassi Fihri, Tangéroise d’adoption qui vit la couleur et la création comme un agrandissement en technicolor de sa personnalité.

PROPOS RECUEILLIS PAR IMANE A. KETTANI

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URBAIN - Vous exercez le métier de décoratrice depuis combien d’années ? Mouna Fassi Fihri - Mon activité principale est la création de meubles ou le design produit. La décoration est une activité complémentaire. Je parlerais plutôt de création d’espaces ou d’intérieurs. J’exerce depuis 2007. Vous avez un bureau à Tanger. Quels sont les clients avec

lesquels vous aimez le plus travailler ? Oui, mon bureau Code b’Art Studio intègre un architecteconseil et des techniciens. C’est également un atelier d’architecture. En ce qui concerne les clients, j’aime ceux qui ont déjà une sensibilité artistique, et qui vont faire confiance à la professionnelle que je suis pour me laisser m’exprimer à mon aise. C’est là, j’en suis persuadée, qu’ils

obtiendront de moi le meilleur travail. Un code couleur qui vous poursuit depuis toutes ces années ? Polychrome ou l’éloge de la couleur ! Je l’ose et j’aime jouer avec. L’utiliser de manière judicieuse donne un résultat magique. La couleur c’est la joie, le relief sur une base de déco sobre, une forme de raffinement.


À la une

figures de tanger

Que représente Tanger pour vous ? Tanger est ma ville d’adoption. Je suis originaire de Fès. De Fès, je puise mon éducation, mes principes, ma cuisine, etc. Tanger est la ville où je me suis épanouie, dans laquelle j’ai grandi, où j’ai trouvé mon inspiration. Si Tanger m’était contée, je dirais que ce serait dans le dernier livre de Roland Beaufre, Tangérois for ever. Si Tanger était un lieu, je dirais la Cinémathèque ou l’espace librairie/galerie les insolites et d’autres galeries d’art qui s’évertuent à lui donner toute son atmosphère arty. Les designers et autres décorateurs provoquent de véritables engouements chaque année pour des styles différents, comme les stylistes de mode. Quel serait votre engouement de 2014 ? Le style scandinave, bois clair et couleurs pastel, mais pas seulement. Le style ne doit pas être figé. J’aimerais le faire évoluer avec des touches de couleurs plus soutenues dans le style marocain et ainsi l’adapter à nos intérieurs. Alors, plutôt adepte du minimalisme ou du baroque effréné ? Adepte d’harmonie. Minimalisme ou baroque effréné sont des extrêmes. Une touche de

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« La couleur c’est la joie, le relief sur une base de déco sobre, une forme de raffinement. » couleur, se laisser surprendre par une courbe plus travaillée dans une atmosphère minimaliste créent une ambiance plus chaude et plus intemporelle.

à la conception, on cherche l’inspiration, on dessine, on est libre ! Un pur bonheur ! Ce qui sortira de cet instant est un accomplissement en soi, de soi.

Si vous deviez accumuler des objets, lesquels seraient-ce ? Avez-vous une obsession en décoration qui vous hante ? Accumuler des objets est difficile lorsqu’il s’agit de meubles et on comprend pourquoi. Par contre, oui, j’ai des objets fétiches, des petites boîtes, statuettes, miroirs, flacons, bijoux, etc.

C’est quoi le détail qui tue en déco ? Le détail qui tue, c’est celui justement qui dérange l’harmonie. Quand bien même ce serait un objet de qualité, il ne sera pas à sa place s’il ne vient pas s’intégrer et compléter une atmosphère.

Vous considérez-vous plutôt comme une artiste ou comme un artisan ? Je suis une artiste qui travaille de manière artisanale. Lorsque je crée un produit, il est voué à être fabriqué de manière artisanale, il sortira des doigts habiles d’un artisan de qualité auquel j’aurai expliqué, défini, mesuré, précisé, tracé, toute la chose, que je corrigerai incessamment lors du processus de fabrication. C’est un travail à plusieurs mains. Quel est le plus grand plaisir dans votre spécialité ? Le moment que j’apprécie le plus est celui où l’on s’attelle

Un designer pour lequel vous avez toute admiration ? Plusieurs ! Mais on va dire Philipe Starck. Architecte, designer, metteur en scène de génie. Une de ses collaborations prestigieuses : la célèbre maison Baccarat pour laquelle il a créé une ligne de lustres et luminaires somptueux. Il a également fait le showroom de la marque en Russie. Je vous laisse imaginer le somptueux ! La ligne de mobilier, Ghost, qu’il a créée pour Kartell remet les formes du mobilier baroque à l’honneur dans un matériau ultramoderne, le plexi. Pour la marque italienne d’arts de la table et cuisine, il a créé un presse-agrumes. Monté sur de


Ci-dessus : Créations de Mouna Fassi Fihri © Studio Code B’Art

longues pattes en acier à l’image d’une araignée, il est surprenant et pour le moins original. En ce qui concerne les aménagements d’intérieurs, c’est un grand artiste du dépareillé.

Incontestablement Londres ! Pour de multiples raisons. Les gens y sont libres, pas d’a priori, ni de jugement. Le positivisme fait la part belle à la création et à l’art.

Si vous aviez une baguette magique, auriez-vous la tentation de changer quelque chose à Tanger ? J’aurais aimé valoriser tous ces endroits qui ont fait le mythe de Tanger tout en respectant l’esprit ! Ce n’est pas en les gardant tels qu’ils sont qu’on entretient cette mémoire prestigieuse ; rafraîchir l’hôtel El Minzah, redorer le blason du Café de Paris, faire revivre l’hôtel Villa de France en lui redonnant les mesures d’une nouvelle splendeur. Prétentieuse la baguette magique ! (rires)

À part votre métier, avez-vous un hobby ? Je n’aurais pas créé des meubles, j’aurais créé des personnages. J’aime la comédie, la jouer à l’occasion dans une troupe de théâtre ou devant une caméra. C’est un énorme défi, car être juste dans son attitude, par rapport à une émotion, une action, un ton de voix, fait appel à beaucoup d’imagination, de persévérance et de patience.

Une ville qui vous fascine ?

A quoi pensez-vous quand un client vous confie un chantier de décoration ? À lui ou à vous faire plaisir ? Quand un client me confie un

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À la une

figures de tanger

Les objets fétiches de Mouna Fassi Fihri et ses croquis préparatoires.

chantier, je pense au début au pur plaisir de réaliser des choses. Mais rapidement, je recadre l’impulsion en fonction du profil du client, surtout lorsqu’il s’agit d’une maison. Un espace de vie doit correspondre au profil des gens qui vont y vivre.

Bois précieux, sanitaires aux lignes pures, quelques galets, du marbre. De grandes baies vitrées laisseraient envahir l’espace de lumière. On y verrait le bleu exceptionnel du ciel de Tanger et une vue imprenable sur la mer.

Quelle est pour vous la plus belle définition du glamour ? Une authentique expression (de soi) précieuse et raffinée.

Avez-vous cette faculté d’entrer dans un lieu et d’y ressentir très vite de bonnes ou mauvaises ondes ? Avoir ce genre de sensation fait partie de mon métier. Lorsque je rentre dans un espace pour la première fois, instinctivement je sens un bien-être ou pas. Tout de suite, dans mon imagination, je me mets à corriger ce qui ne va pas, ce que j’aurais fait à la place des autres pour améliorer l’atmosphère. L’harmonie crée une atmosphère aux ondes positives, où il fait bon vivre, travailler, évoluer.

Donnez-nous votre définition de la maison de rêve. Se situerait-elle à Tanger ? Elle serait, comme dans l’approche de Starck, un peu dépareillée avec un vaet-vient constant entre de grandes définitions très design ponctuées de détails baroques, par touches subtiles jusqu’à une alchimie incontestable. Coté salle de bain, l’épuré du style indonésien serait de mise.

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Comment se passe l’élaboration d’un meuble ? Racontez-nous la genèse de vos créations en quelques mots ? L’idée directrice dans la création d’un meuble est de surprendre par des formes, des textures, par exemple un meuble qui va apporter du fun à un intérieur resté trop longtemps figé. À partir de là je vais beaucoup m’amuser, crayonner, imaginer qu’une chaise à « chaud » par exemple et chercher à la représenter. Une fois bien définie dans son aspect, ses mesures précises, je transmets cela à mes collaborateurs afin d’élaborer une maquette en 2 puis en 3 D. Ceci servira de plan de travail pour les artisans qui vont réaliser l’objet, que je corrigerai au fur et à mesure de sa réalisation. L’adrénaline tombe quand l’objet est là laissant place à un vrai « baby blues » lorsque l’objet est livré. Heureusement que l’on peut le reconcevoir ! Vos sources d’inspiration ? Les voyages et promenades qui oxygènent l’esprit. Être au bord d’une plage avec un cocotier au-dessus de la tête. Faire toutes les galeries d’art et musées possibles, toujours lors d’un voyage. Découvrir le travail des autres artistes, quel que soit leur domaine et comprendre leur démarche. 


寿司 (LE SUSHI).

41, avenue de la Résistance - Tanger Tél. : 05 39 32 55 33 - otorisushi@gmail.com

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la chronique

Lotfi Akalay

Les rues de Tanger - Bonjour monsieur le conseiller municipal ! Pouvez-vous m’expliquer pourquoi les rues de Tanger ont presque toutes changé de nom ? - Voyons ! C’est normal, nous sommes un pays indépendant et nous avons voulu récupérer notre souveraineté en donnant à nos rues des noms bien de chez nous à la place de tous ces noms, inconnus pour la plupart. - Oui, inconnus pour la plupart d’entre vous, les conseillers municipaux. Mais c’est une louable intention. Il y a un quartier dont les rues portaient des noms de musiciens, vous auriez pu les préserver tout en y ajoutant des noms de musiciens de chez nous. - Hélas, nous n’en avons pas assez. Nous avions pensé un moment à une place Hadja Hamdaouiya et un boulevard Hamid Zahir, mais je ne vois personne d’autre. - Pourquoi pas une rue Loukili ? - Ça ne ferait pas sérieux, Lucky Luke, c’est pour les enfants. - Heureusement vous n’avez pas oublié Ziryab. - Ah bon ! Qui c’est, cet animal ? - C’est le nom que vous avez donné à la rue MichelAnge. - C’est normal, qu’avons-nous à faire d’un ange chrétien ! - On lui doit entre autres les sculptures du David et Moïse…

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- Alors nous avons bien fait de la débaptiser, pas de juif chez nous ! Un étranger, je veux bien, mais à condition qu’il soit proche de nous. - Dans ce cas, vous auriez pu garder Albéniz, il se faisait appeler « El Moro ». - Quelle idée de se faire appeler El Moro ! Avec un tel surnom, aucun consulat ne lui accordera un visa. Vous ne m’avez pas dit son prénom… - Isaac. - Nous y voilà ! Et qu’a-t-il fait de bien dans sa vie, ce juif ? - Il était chrétien. Sa vie est un roman d’aventures rocambolesques. Il donne son premier concert de piano à quatre ans. À huit ans, il fait une fugue, grimpe dans un bateau à Cadix, traverse l’Atlantique en passager clandestin… - Il ne s’appelait pas El Moro pour rien… - … et débarque au Brésil. De là, il se rend en Argentine, à Cuba et aux États-Unis. Il donne des concerts pour subvenir à ses besoins, puis retourne en Espagne. À quatorze ans, il s’inscrit au conservatoire de Bruxelles, mais il en est vite exclu en raison de son indiscipline. Il se lie d’amitié avec le vieux Franz Liszt, l’accompagne à Weimar et à Rome, puis l’idée lui vient de s’enfermer dans un couvent de Bénédictins. Au bout de deux mois, il renonce à la vie monacale et regagne l’Espagne où il accomplit le premier geste sérieux de sa vie de 23 ans : il se marie.


- Je dois être plus sérieux que lui puisque je me suis marié deux fois. - Son œuvre maîtresse, c’est Iberia, vous connaissez ? - Je préfère Royal Air Maroc - Iberia est son titre de gloire. C’est une œuvre pianistique composée de douze numéros imprégnés de folklore du pays andalou et dont plusieurs pièces portent la marque du chant des gitanes et de la chanson marocaine. - A-t-il des liens de parenté avec nos Bennis ? - Qui sait ? Ils ont peut-être des ancêtres communs. - Ne le dites surtout pas aux Espagnols d’aujourd’hui, ils seraient capables de se mettre à lui en vouloir pour cette mésalliance. - Isaac Albéniz n’est pas le seul musicien à porter ce nom, il y a aussi Mateo Perez de Albéniz né un siècle avant lui, et Pedro Albéniz y Basanta qui s’est particulièrement distingué dans la musique vocale. Pour en revenir à notre compositeur dont vous avez effacé le nom de rue, il fut avec Schumann et Chopin l’un des grands poètes du piano. - Que fait-il à présent ? - Atteint d’un mal incurable, il s’est éteint le 18 mai 1909 à l’âge de quarante ans. - Pauvre Isaac ! Et moi qui me réjouissais à l’idée de faire sa connaissance ! Quand j’irai à Sebta, j’achèterai son fameux disque Aviaco. - Non, Iberia. - Oui, c’est pareil, je l’achèterai en classe affaires, c’est promis, et tant mieux si ça peut aider un des Moros d’Espagne, ils en ont bien besoin, les pauvres, livrés qu’ils sont à la vindicte des nostalgiques du

caudillo Franco qui, le premier, voulait faire de notre Sahara un État indépendant. - En attendant, votre conseil municipal a supprimé sa rue… - Que voulez-vous, on ne savait pas tout cela. Bon, c’est promis, dès que Haouma de Chouk sera viabilisée, on pensera à votre Bennis, malgré son prénom. Ce sont les Fassis qui vont être contents. - Ce n’est hélas pas la seule rue que vous avez débaptisée. Il y a aussi la rue Rossini. - Si cela ne vous dérange pas, on en parlera une autre fois, cette traversée de l’Atlantique m’a donné le mal de l’océan. Monsieur le conseiller municipal, vous avez changé le nom de la rue Rossini en Zankat Jamal Eddine Afghani, pourquoi cela ? - Je vous l’ai dit, nous voulons donner à nos rues des noms de personnalités marocaines à cent pour cent. Des gens célèbres, pas comme vos rossignols à la noix. - Rossini ! Le maître incontesté de l’opéra bouffe ! - À propos de bouffe, votre Rossini, je lui tourne le dos. - Et pourquoi donc ? - J’ai appris cela en parcourant le menu d’un grand restaurant de la ville sur les conseils de son chamelier. - Que viennent faire des chameaux dans un restaurant ? - Sachez, ignorant, que le chamelier conseille les boissons autres que Fanta et Schweppes. - Monsieur le conseiller municipal, vous voulez dire le sommelier…

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la chronique

- Mais non ! il ne dormait pas, je sais ce que je dis ! - Passons. Rossini est né le 29 février 1792… - Ça lui a fait faire des économies de bouts de chandelles. - Ah bon ? - Pardi ! Il soufflait ses bougies une fois seulement tous les quatre ans. - Monsieur le conseiller municipal, vous semblez moins stupide que vos électeurs. Vous connaissez les années bissextiles. - Êtes-vous en train d’insinuer que les années ont deux sexes comme les gastéropodes qui se reproduisent par onanisme ? - Laissons cela ; Rossini est mort le vendredi 13 novembre 1868… - Mourir un vendredi 13 et à 13 jours de la fête des morts, votre Rossignol ne manquait pas d’humour macabre. - Macabre, dites-vous… Pourtant l’opéra bouffe, c’est l’opéra-comique. - Ça ne m’étonne pas de votre passereau du chant des nuits heureuses, du berceau au cercueil, il aura passé son existence à faire le bouffon. C’est une histoire émouvante. Grâce à vous, je pourrai me vanter durant les réunions de notre conseil municipal de connaître Le Coiffeur de Malaga de Jolisocco. Je vais en boucher un coin à tous ces conseillers municipaux ignares. Ils vont crever de jalousie. - Ce n’est pas Le Coiffeur de Malaga de Jolisocco, mais Le Barbier de Séville de Beaumarchais. - Oui je sais bien, je n’étais pas loin, convenez-en. Des fois durant nos réunions, nous nous ennuyons à mourir. Avec cette histoire, je vais attirer l’attention de notre Président, ainsi je deviendrai peut-être son principal conseiller et, de là à remplacer ma Renault par une BMW, il n’y a pas loin. Ce que j’aimerais, c’est avoir la haute main sur les permis de construire pour faire main basse sur les bakchichs. - Comment gagner de l’argent sur les permis de construire ? - C’est simple comme salam-ou-alikom. Chez nous, permis et interdiction sont sources intarissables de richesse. Quand un permis de construire est délivré pour un projet d’immeuble, il impose au promoteur

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d’aménager un parking souterrain à l’usage des voitures appartenant aux copropriétaires de l’immeuble. Mais cette obligation est discrètement détournée et, une fois obtenu le permis d’habiter, le sous-sol est comme par enchantement transformé en fabrique de tapis ou en dépôt de marchandises. Moyennant rétribution trébuchante mais pas sonnante. Faut être discret et ne pas éveiller l’appétit des autres conseillers qui pourraient exiger leur part. - À combien se chiffre la rétribution ? - Tout dépend du projet. S’il s’agit d’entreposer de l’huile d’olive, ce n’est pas le même montant que pour des bouteilles de gaz propane. - Logique. Et les copropriétaires grugés ? - Leurs voitures n’auront d’autre choix que de se garer n’importe où dans les rues du quartier, parfois au beau milieu du trottoir ou dans des zones interdites. Cela fait travailler les gardiens de voitures et les veilleurs de nuit qui ont une famille à nourrir, et permet accessoirement au brave fonctionnaire qui a délivré le permis de construire d’achever les travaux de sa luxueuse villa au toit de pagode. - Mais quand l’immeuble est construit, il y a un contrôle… - Par chance, il se trouve que le contrôleur aussi a une villa à terminer, toit de pagode ou pas. Il y a des esprits malveillants qui insinuent que la municipalité ne fait rien alors que nous sommes pour beaucoup dans l’essor de l’industrie du tapis et en plus, nous sommes à l’origine d’importantes rentrées de devises. - Et de sorties. À suivre... 


Page 3 Bienvenue dans 20/01/14 la rue2:59Abou Chouaib Doukkali

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L’habilleur d’images 32, rue Abou pages:Layout Chouaib Doukkali URBAIN PUBS Demies 1 - Tanger 22/01/14 Tél. : 06 41 17 79 39

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QUESTIONNAIRE DE PROUST

Grâce au QDP revisité à la sauce Urbain, nous découvrons chaque mois des Tangérois qui acceptent de sortir un peu de leur « fonction » pour se livrer plus à l’intime sur ce qui les motive et les anime. Focus sur Bernard Liagre, co-créateur de la Galerie Artingis, qui révèle une partie insoupçonnée de son tempérament. On aime… présenter ce mois-ci ce jeune homme passionné par sa ville. Propos recueillis par Imane A. Kettani

Bernard Liagre Le principal trait de votre caractère ? Déjà d’en avoir un !

Si vous étiez un lieu dans le monde ? La Corse « Ile de beauté », sans mimétisme !

Celui dont vous n’êtes pas toujours fier ? L’emportement.

Votre peintre favori ? Egon Schiele.

Les défauts que vous pardonnez toujours à celles et ceux que vous aimez ? Ceux liés à l'ignorance.

Le mot de la langue française que vous préférez ? Tendresse.

Quel est le bonheur parfait selon vous ? Vivre libre et en harmonie. Votre plus grand rêve ? Vivre dans un monde ou règne la fraternité. Le moment le plus dramatique de votre vie ? La perte de mon frère. Votre plus beau souvenir d’enfance ? La connivence que j’avais justement avec mon frère. Une vraie belle rencontre ? L’amour. Votre premier coup de cœur « objet d’art » ? C’est un tableau de Charles Filiger (peintre symboliste « nabi » associé à Gauguin). Prendre son temps, pour vous, c’est… Penser ! Mais je ne prends jamais vraiment mon temps, j’ai toujours quelque chose à faire !

L’expression tangéroise qui vous amuse ? T’inquiète !

Deux mots pour qualifier Tanger ?

On y passe ou on y reste.

Votre lieu préféré à Tanger ? À Marshan, aux terrasses des petits cafés sous les eucalyptus. Une autre ville au Maroc qui vous émeut ? Les paysages de la région d’Oualidia. En plein désert, vous emporteriez quoi ? De l’eau. Hé oui ! La destination de vacances idéale ? Je n’ai pas une destination particulière, j’aime voyager et découvrir. Qu’adorez-vous par-dessus tout ? Faire la cuisine pour mes amis, c’est très terre à terre, non ?

Si vous étiez un animal ? Un chat.

Un espoir ? Je répondrais par cette citation de Guillaume d’OrangeNassau : Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer.

Si vous étiez une citation ? Gnothi seauton (Connais-toi toi-même).

Les moments clés de votre vie ? Joker ! C’est trop personnel et intime.

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Photos ci-contre © D.R.

Et celui que vous ne supportez pas ? La mauvaise foi.


Š Intha Conil


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Nabil Ayouch

« L’humain est ma seule passion » Il a la lucidité et la sensibilité que l’on devine en regardant ses films « choc », Nabil Ayouch. Né à Paris, le talentueux cinéaste est venu un jour s’installer à Casablanca, il y a quinze ans, estimant que, dans le cinéma, les défis à relever se trouvaient au Maroc et non en Europe. Depuis, il n’a cessé de produire, de réaliser, de créer… des films, bien sûr, mais aussi diverses structures épaulant les jeunes producteurs et scénaristes marocains. Pour faire grandir ce cinéma qu’il aime. Rencontre avec un personnage en phase avec ses images. PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANIE GAOU

URBAIN - Nabil Ayouch, racontez-nous en quelques mots votre parcours. Comment êtesvous arrivé au cinéma ? J’ai commencé par jouer au théâtre, pendant trois ans, à Paris. J’essayais d’être acteur mais je ne me trouvais pas très bon. Progressivement, je me suis laissé glisser vers la mise en scène, d’abord de théâtre puis de cinéma. J’ai commencé à écrire des textes, puis un court métrage : Les Pierres bleues du désert. C’était en 1991. Ce fut mon premier film et le premier également d’un jeune comédien de 14 ans à l’époque qui a fait une belle carrière depuis, Jamal Debouzze. Ce premier film a connu un beau parcours dans les festivals, à la télé et m’a donné la possibilité d’en faire d’autres. Avec du recul, je pense que le cinéma m’a permis de me connecter à une part de mon identité que je connaissais encore très mal à l’époque. Faire ces premiers films comme Les Pierres bleues du désert ou Mektoub a été comme une immersion, pour moi, dans le Maroc profond, celui des vrais gens. Ce Maroc-là m’a touché, interpellé et a éveillé en moi des choses que je ne soupçonnais pas. D’une manière générale, c’est quoi le cinéma marocain en 2014 ? C’est une maison qui se construit. Avec de la diversité, du talent, des pépites à découvrir, des choses à éviter. Le cinéma marocain est lancé comme un train à grande vitesse. Passée cette crise d’adolescence, il faut maintenant - selon moi - faire le tri entre la quantité et la qualité, juguler quelques excès, et solidifier certains fondamentaux tels que le lien avec le public car les salles ne cessent de fermer et la fréquentation de chuter là où ailleurs elle augmente, et la formation.

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Maintenant, on a de beaux acquis dont on peut être fiers et sur lesquels on peut s’appuyer comme le Fonds d’aide ou le Festival international de Marrakech. Des réalisateurs pour qui vous avez une certaine tendresse ? Au Maroc, je citerais Faouzi Bensaïdi et Ahmed Boulane. Et vous, dans vos films, qu’aimez-vous faire passer en premier ? L’émotion, la réflexion, l’engagement ? L’humain. C’est ma seule passion. J’aime parler aux êtres, parler des êtres, de leurs paradoxes, de ce qui les rend beaux ou laids, lâches ou amoureux, fragiles. J’aime sentir, à travers ça, ma propre fragilité. Après, l’émotion, l’engagement, le fait de susciter une réflexion, tout ça vient de lui-même, ou ne vient pas. Tout dépend de ceux qui viennent voir vos films et ce qu’ils en attendent. Mais le plus important pour moi est de garder ce qui me caractérise au plus profond, mes différences. Et de rester sincère dans ce que j’ai à exprimer. J’ai eu la chance de découvrir en 2000 le magnifique Ali Zaoua, prince de la rue, pour lequel vous aviez obtenu une quarantaine de récompenses et qui fut sélectionné pour les Oscars. Véritable succès du box-office, ce film montrait sans compassion le quotidien d’une bande de gamins des rues à Casablanca. J’avais lu que les enfants qui jouaient dans le film n’étaient pas des professionnels. Même chose avec votre dernier succès cinématographique Les Chevaux de Dieu. Pourquoi ce choix risqué ? Il y a une certaine consanguinité entre les deux films, c’est vrai. Pour Ali Zaoua comme pour Les Chevaux de Dieu, j’ai passé beaucoup de temps dans les rues ou les bidonvilles à essayer de comprendre une certaine réalité. Je l’ai fait, chaque fois, avec ces gamins, ces jeunes, qui ont eu la générosité de

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Le cinéma marocain est lancé comme un train à grande vitesse. m’accompagner, de m’ouvrir des portes. Je ne me voyais pas ensuite les remercier et aller faire le film avec d’autres dans leurs propres rôles. Après, je pense que travailler avec des acteurs nonprofessionnels n’est pas forcément plus risqué que de travailler avec des acteurs professionnels, c’est simplement différent. C’est un rapport à l’autre, au jeu, à la caméra, que je dois construire. Et ça me passionne tout autant. Vous savez, ces jeunes ont quelque chose de très beau à offrir, leur part de vérité. Et j’aime aller la chercher. Malgré tout, y-a-t-il des acteurs professionnels avec lesquels vous aimeriez tourner ? Il y a quelques temps, Younès Bouab nous confiait son désir de tourner avec vous, flatteur, non ? Bien sûr que j’aime tourner avec des acteurs professionnels également, et je l’ai déjà fait dans quasiment tous mes films Mektoub (Rachid El Ouali, Mohamed Miftah…), Ali Zaoua (Saïd Taghmaoui, Mohamed Majd, Amal Ayouch…), Une Minute de soleil en moins (Loubna Azabal), Whatever Lola Wants (Carmen Lebbos, Laura Ramsey, Assad Bouab)… Un casting, c’est des équilibres à trouver entre une méthode et de la spontanéité. L’important est de mettre les bonnes personnes dans les bons rôles car le public, au fond, s’en fiche de savoir si tel ou tel personnage est interprété par un acteur professionnel ou pas. Il veut juste qu’on lui raconte une histoire qui le touche et l’embarque. Le film d’un confrère (marocain ou international) que vous auriez aimé tourner ? Vous allez me trouver prétentieux mais c’est pas grave : Citizen Kane. Il y a un film comme ça par décennie. Orson Welles l’a tourné très jeune, c’était son premier film. C’est mégalo, c’est fou. Quel génie. Quel premier film ! Et quelle pression pour la suite…


Nabil Ayouch sur les tournages de ses films, avec les acteurs de Whatever Lola Wants et des Chevaux de Dieu.

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Vous prenez le parti de traiter de sujets épineux : le terrorisme, la misère, la liberté, le conflit israélo-palestinien. Avez-vous le sentiment qu’à votre niveau, vous contribuez à éveiller les consciences ? J’espère, sinon je ne ferais pas de films. J’espère toucher autant qu’éveiller. Car le cinéma est avant tout une histoire d’émotions. On ne peut pas se contenter de faire des films uniquement comme on écrit des pamphlets. Quand quelque chose me révolte ou m’interpelle, j’ai envie d’en parler à travers des personnages que j’invente et qui vont porter leur histoire. Un spectateur a besoin de se sentir ému pour adhérer à un propos. Votre dernier opus au cinéma My Land est un documentaire qui met en scène deux versants d’une même réalité : les confidences des réfugiés palestiniens sur leur vie, leur angoisse, leurs attentes et celles des Israéliens. Quelle est la genèse de ce documentaire ? Un voyage en Palestine et en Israël, en 2003. Comme je l’explique au début de My Land, avant cela, j’ai longtemps boycotté Israël et je n’avais donc pas accès non plus aux territoires palestiniens. Le seul regard que je pouvais porter sur ce conflit se faisait donc à travers les opinions des autres : médias, propos rapportés, livres, films… Ce premier voyage sur place fut pour moi un éveil, un véritable électrochoc. J’ai découvert que, derrière les frontières et la politique, il y avait des cœurs qui battaient. Tout cela m’a donné envie de parler de ce conflit à travers l’humain. Il a déjà les éloges de la presse spécialisée en France notamment. Même si comme le dit si bien Les Inrocks, vous évitez tout manichéisme, l’on voit vite à quel point le dialogue - pourtant possible - ne débouche pas sur une idée de paix. N’en est-ce pas d’autant plus désespérant ? Encore une fois, dans cette histoire, il y a les politiques et ceux qui vivent le conflit au jour le jour sur le terrain, ceux qui en souffrent. Je suis arrivé sur cette terre plein d’idéalisme, de rêves et j’en

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My Land a été compris au Maroc. Il n’y a pas eu de polémiques inutiles. suis reparti très pessimiste. Tout est bloqué à tous les niveaux. Depuis Rabin, tous les gouvernements israéliens font preuve d’une mauvaise foi évidente et demeurent surtout inflexibles. Les Palestiniens ont fait toutes les concessions qu’ils pouvaient, ils ne peuvent pas aller plus loin sans mettre en danger leur état. Tant que l’administration américaine ne reverra pas sa politique au Proche-Orient de manière drastique, rien ne bougera. Il y a quelques soubresauts actuellement avec les nombreux déplacements de John Kerry dans la région. Le ton vis-à-vis d’Israël s’est durci et les USA n’acceptent visiblement plus d’avaler n’importe quelle couleuvre. On verra si ça va tenir et surtout si ça va suffire. Au Maroc, comment le sujet est accueilli par le public ? My Land a été compris au Maroc. Il n’y a pas eu de polémiques inutiles, comme on en voit parfois dans ces cas-là, et j’en suis heureux. À cela, deux raisons,


Actuellement, Nabil Ayouch se démène, en compagnie de son ami Mahi Binebine, pour faire naître un centre culturel à Sidi Moumen. Un beau projet qui leur tient particulièrement à cœur.

Ci-dessus et page suivante : Les affiches de ses films à succès : My Land, Whatever Lola Wants, Ali Zaoua et les Chevaux de Dieu.

selon moi. D’abord, le propos du film est clair : permettre de revisiter cette mémoire palestinienne à travers les yeux de jeunes israéliens qui ne l’ont jamais apprise. C’est nécessaire. Ensuite, car le public marocain est sûrement beaucoup plus mûr qu’on ne le dit sur ce genre de sujet. Revenons à votre film précédent, Les Chevaux de Dieu, librement inspiré du roman de Mahi Binebine Les Etoiles de Sidi Moumen, qui fut un succès de festivals et obtint là encore de nombreuses récompenses. Ce n’est pas trop difficile d’adapter un roman au cinéma ? Ce n’est pas simple car on a toujours en tête de ne pas trahir l’auteur et l’œuvre originale. Mahi Binebine m’a fait vraiment confiance. Il n’a pas voulu interférer dans le processus de transformation de l’œuvre et je lui en sais gré. Adapter, c’est faire des choix, réinventer une façon de raconter une histoire pour le grand écran. Avec Jamal Belmahi, le scénariste, on a essayé de se poser les bonnes questions, de savoir ce qui nous avait séduits dans cette histoire, pour redéfinir les bases d’un scénario forcément différent du roman mais qui en préserve toute la force émotionnelle.

Il est sélectionné pour les Oscars là encore, vous représentez le Maroc. Fier ? Forcément. Fier également du soutien de Jonathan Demme (réalisateur du Silence des Agneaux et de Philadelphia) de l’agence William Morris, des publicistes, du distributeur américain et de tous ceux qui ont cru au film et qui se battent pour le faire exister de l’autre côté de l’Atlantique. C’est une belle aventure qui commence aux États-Unis pour Les Chevaux de Dieu. Le film sort là-bas le 14 mai dans les salles et l’exploitation est prévue pour durer. Vous êtes réalisateur et également producteur. Vous soutenez activement la jeune production cinématographique marocaine, notamment dernièrement l’excellent C’est eux les chiens de Hicham Lasri, un habitué de nos rencontres culturelles à Tanger. Comment passe-t-on de la réalisation à la production ? Et qui est à l’initiative d’une telle collaboration ? Hicham est venu me trouver pendant l’été 2011 et m’a pitché l’histoire de C’est eux les chiens. J’ai été tout de suite enthousiasmé par l’originalité de l’idée et la force du propos. J’ai suivi le long processus d’écriture avec lui, en parallèle du tournage et de la post-production des Chevaux de Dieu. Quand le scénario est devenu suffisamment mûr, on est entrés en production. Depuis, ce n’est que le début d’une belle vie pour ce film qui a déjà remporté de nombreux prix et sort en salles en France et au Maroc ce mois-ci. Je n’ai jamais envisagé de faire ce métier en solitaire dans mon coin. J’aime

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raconter mes histoires mais j’aime aussi aider les autres à porter les leurs à l’écran. Il y a beaucoup de talent au Maroc, c’est évident, et Hicham en est la preuve. Parfois, ces jeunes ont simplement besoin de soutien. Le plus souvent, ils ont besoin d’un regard qui les aide à grandir, à s’exprimer de la meilleure manière possible. C’est le rôle d’un producteur. Ça me passionne et me nourrit, j’espère, tout autant que ça les nourrit. N’avez-vous pas peur un jour de ne plus surprendre le public ? En quelque sorte de vous embourgeoiser à cause du succès que vous rencontrez indubitablement avec vos films ? Je ne sais pas bien ce que veut dire « s’embourgeoiser ». Si ça veut dire s’installer, alors oui je suis sûrement beaucoup plus installé aujourd’hui que je ne l’étais quand j’ai commencé, et heureusement. Si ça veut dire devenir blasé, alors non je n’ai pas peur. Je ne serai jamais blasé tout simplement car la vie ne cesse de me surprendre. J’aime être à l’écoute de tout ce qu’il se passe autour de moi, j’aime me sentir connecté, j’aime l’idée qu’on n’est jamais vraiment arrivé, que la route est longue. Vos sujets portent souvent sur les causes et effets des comportements humains. Ne souhaiteriez-vous pas passer à un autre genre ? Plus léger, plus fantaisiste ? J’aimerais beaucoup et je l’ai fait par le passé avec Whatever Lola Wants qui est un film qui parle d’un sujet important (les rapports Orient/Occident) mais sous une forme accessible. Après, je pense que l’on est entraînés naturellement par ce qui nous meut. J’ai un rapport particulier au réel. J’aime m’en nourrir tout autant que j’aime le transcender. J’aime m’en inspirer et le malmener en même temps. Le cinéma m’a permis de retrouver une part perdue de mon identité, je vous l’ai dit, et de découvrir le Maroc avec d’autres yeux. Depuis, je dois avouer que l’addiction est totale.

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ACTU : Le film Les Chevaux de Dieu a été sacré, le 20 janvier dernier à Paris, « Meilleur film francophone (hors de France) » lors des prestigieux Prix Lumières 2014, récompenses cinématographiques de la presse étrangère en poste dans la capitale française.

À quoi pensez-vous quand vous préparez un film ? À l’histoire que je veux raconter, à rester fidèle à mon propos, à ne pas me laisser dépasser par la machine de production. Quelle est votre plus grande peur en ce qui concerne votre créativité ? Comme tous les créateurs, je pense, que tout ça s’arrête un jour, que ça s’enraye, que ça s’assèche. Du trou noir. Car ça finit toujours par arriver. Et là, pour ne pas devenir triste, il faut se réinventer une autre vie. Ce n’est pas toujours possible. 


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portfolio

Visions de Tanger.. . et d’ailleurs

Fenêtre sur... Tanger, par Clémentine Ottenat

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Et, là-bas, Gibraltar... Tanger, par K. H. Hicham

Lune rousse, Tanger, par Claire François

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Rendez-vous

GRENIER, PEINTRE HEUREUX JUSQU’AU 23 FÉVRIER - GALERIE DELACROIX Heureuse peinture que celle de Julien Grenier. Des flashs puissants, directs, lumineux, un si beau vert ; des oeuvres aux sujets récurrents, objets d’usage quotidiens - chaussures, hamburgers, cibles, horloges - ou de proche imaginaire comme ce Batman en totem « comics ». En diversion, quelques ratons laveurs de circonstance, avec ces scènes croquées à Tanger : porteur de viande pressé de se débarrasser de la charge, femme en niqab, révélée en personnage de carnaval. Faite de touches épaisses, de volumes pleins, d’architectures massives, de dégoulinures ironiques, de couleurs acidulées sur des bruns subtils, l’œuvre de Julien Grenier est une force un peu brute au service d’un esprit fin. Distancié mais généreux, le peintre ressemble à ses peintures, le regard est lumineux, le corps charpenté, le plaisir assumé. L’homme est heureux et cet optimisme de combat n’ennuie pas ses toiles, il les éclaire d’une vie singulière et finalement mystérieuse. Quelle rareté et quel plaisir !

PAR PHILIPPE CHASLOT Quels peintres vous ont marqué ? Cézanne,Van Gogh, Picasso, Philip Guston. Beaucoup de peintres ont vu l’importance de Cézanne mais finalement, il n’est pas si connu du grand public : on le voit surtout en icône provençale. Il est « postérisé ». Cézanne peignait à l’infini les pommes, la montagne Sainte-Victoire.Vous, ce sont les chaussures, les horloges, les hamburgers, les lampes 1930, les Batman, les sujets pop… Asseoir un objet dans la répétition, traiter toujours la même image, c’est pouvoir développer une approche, non pas religieuse, mais un peu mystique. C’est un peu comme se recueillir, prier. La force de la méditation prend son sens dans la répétition. Répéter le sujet permet de l’effacer. Quand Cézanne peint une pomme il peint une méditation, il peint l’esprit de la pomme. Vous exposez à Tanger suite à un séjour en résidence. Parisien, puis Berlinois, quel est votre regard sur la ville ? À Tanger, on se croise, il y a une sorte de communauté artistique réduite où les gens font des choses ensemble sans avoir besoin de s’envoyer cinquante mails. C’est un peu un village. Et quand tu fais quelque chose, tu n’es pas en concurrence avec cent autres ! C’est assez gratifiant (rires). Paris a perdu beaucoup de peintres parce que c’est devenu trop couteux. Il y a quelque chose de léger, de rapide à Tanger, tu peux improviser… et il y a cette légèreté financière...

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La Fabrique restaurant


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expositions Drissia Aouididden Dialogue « Drissia Aouididden renverse l’ordre établi dans le jeune contexte artistique marocain (…), l’artiste s’est affranchie (des) codes, refusant toute forme d’aliénation artistique, pour aborder son monde à travers un voile aux frontières du psychédélique ». Samia AIT TKASSIT Jusqu’au 28 février Vernissage le 30 janvier à 18h30 Galerie d’Art Contemporain Mohamed Drissi

Souad Benhlima La philosophie de Souad Benhlima est, par l’assemblage de plusieurs matériaux et l’utilisation de différentes techniques, de « rendre beau ce qui est dépourvu de valeur esthétique ». Belles salissures, magnifiques gâchis de murs et de portes, etc., donnent naissance à une nouvelle vision du tableau. Jusqu’au 11 mars - Vernissage le 6 février à 19 h Galerie d’Art Volubilis

Expo permanente Accrochage collectif de différents artistes : Ahmed Benyessef, Jean Pierre Favre, Ahmed Cherkaoui, Ahmed Afailal, Abdeslam Bouzourhoun... En février - Medina Art Gallery

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Et toujours … CONVERGENCE COULEURS D’AFRIQUE Exposition-vente de toiles et objets d’une sélection d’artistes par la galerie Conil. En février à La Fabrique

ÉTONNANTS VOYAGEURS Quelles nobles histoires !

Exposition collective Avant l’ouverture d’un nouvel espace à Tanger, la galerie de la rue du Palmier vous présente une sélection d’œuvres des artistes de la galerie : Maimoun, Tabal, Ouarzaz, Partan, Aroundou, Mounat Charrat, Evelyne Postic, ainsi que des objets africains du début du siècle dernier.

Des voyageurs romantiques du XIXe siècle aux hommes du monde, aventuriers et rêveurs de royaume tels Cendrars, Kessel, Mac Orlan, etc., cette exposition vous permettra d’apprécier une partie de cette littérature voyageuse qui, aujourd’hui, redécouvre le monde. En février - Cour de l’Institut français

En février - Galerie Conil

Yalniz Entre illustration et figuration Découvrez le travail à quatre mains de ce couple franco-algérien réuni par la peinture. Des œuvres joyeuses et colorées à venir admirer jusqu’au 27 février. Vernissage le 6 février à 19 h Centre culturel Ibn Khaldoun

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photo

theatre

• Les fourberies de Scapin Bertrand Clavaud Fixations Mouvements La galerie expose une série de photographies lumineuses et vaporeuses du Breton désormais Rbati Bertrand Clavaud, prises lors de ses derniers voyages en Ukraine et au Japon. Jusqu’au 22 mars. Nocturnes les 20 février et 6 mars. Vernissage le 6 février à 19 h Galerie Photo Loft

Rétrospective L’espace galerie des insolites, à l’occasion de son quatrième anniversaire, vous propose de vous emmener en balade au fil de ses expositions passées grâce à une sélection de photos choisies par Stéphanie Gaou, la libraire. A voir. Ou à revoir... En février - Librairie les insolites

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De Molière Mise en scène : Eric Valentin Le théâtre Darna présente le résultat d’un atelier d’expression théâtrale qui s’est déroulé durant trois mois avec des jeunes Français et Marocains. Entrée libre. Représentation le 15 février à 19 h Théâtre Darna

• L’homme du pain nu

De Zoubeir Ben Bouchta Mise en scène : Abdelmajid El Haouasse Compagnie Bab Bhar Cinemasrah Représentation le 1er février à 19h30 Salle Beckett

• Le feu sur la montagne

Par le collectif Les 3 Mulets-théâtre de contrebande Avec Claire Cahen, Boutaïna El Fekkak, Ali Esmili et Tarik Ribh L’amour de sa famille ou l’amour de son pays ? Représentation le 3 février à 19h30 Salle Beckett


rencontres Carte blanche à Abdellah Taia

À l’occasion de la présentation au Festival National du film de son long métrage L’armée du salut, carte blanche est donnée à Abdellah Taïa pour parler de littérature et de cinéma. Il sera accompagné d’un comédien et des producteurs du film. Discussion, lectures de textes et projection inédite de son court métrage La tombe de Jean Genet (2013). Le 12 février à 18h30 - Librairie des Colonnes

Karim Miské Arab Jazz

Les conférences de l’Institut français • Bouchta El Moumni Concilier développement économique et préservation de l’environnement dans la région Tanger-Tétouan

Rencontre avec Karim Miské pour son excellent premier roman policier Arab Jazz paru aux éditions Viviane Hamy. Le 12 février à 18h30 Médiathèque de l’Institut français

Le 7 février à 19 h Salle Beckett

• Mohammed Salim Gharroudi Le Manga dans l’éducation japonaise Le 26 février à 19 h Médiathèque de l’Institut français

• Romain Simenel Le cosmopolitisme tribal au carrefour des Afriques occidentales Le 20 février à 19 h Galerie Delacroix

vente aux encheres LUSKO GALERIE D’ART ›› Peinture contemporaine et orientaliste Vente le 22 février à 16 h ›› Antiquités : objets d’art et mobilier Vente le 23 février à 16 h Exposition publique du 10 au 19 février.

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Culture

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musique URBAIN partenaire

Awzaan

Hommage à Bob Marley Vivez la rencontre très reggae des Caraïbes et de l’Afrique avec le talentueux groupe tangérois Awzaan en concert pour un hommage à Bob Marley. La soirée musicale qui va vous secouer les dreadlocks ! Concert le 22 février à 21 h - La Fabrique

BERLIN JAZZ TOUR Tournée MarocElectrik Dans le cadre de la saison 2012 / 2013 de l’Institut français du Maroc, un partenariat avec l’association EACL’Boulvart et le label Metisrecords a permis la création d’un programme de formation qui a réuni 150 jeunes musiciens de toutes les régions du Maroc. Trois groupes issus de cette formation donneront un concert à Tanger : Salfa3ous de Marrakech, Sayfl7a9 de Tanger et Hinder Minds de Casablanca. Concert le 13 février à 19 h - Salle Beckett

El Mnabeh C’est dans l’influence du fameux groupe Lemchaheb que ces musiciens développent leur énergie. Leur chant touche à tous les thèmes de la société marocaine contemporaine. Concert-rencontre le 15 février à 21 h (entrée 50 dh) Tabadoul

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Le Berlin Jazz Tour, après un petit tour à Rabat, vient rendre visite à la ville blanche pour offrir aux amateurs de jazz et de world music deux véritables petits bijoux. Yacou Tribe, l’un des groupes les plus prisés de la scène berlinoise et qui n’hésite pas à casser les codes « jazzistiques » et Aly Leita, Ivoirien virtuose du balafon (sorte d’étonnant xylophone africain) ayant joué aux côtés des meilleurs… Deux très belles soirées musicales à ne surtout pas manquer ! • Yacou Tribe (quartet) Le 31 janvier à 20 h • Aly Leita – Magic Balafon (quartet) Le 1er février à 20 h Salle Severo Ochoa


UNE OFFRE RENOUVELÉE ! DES ATELIERS ARTISTIQUES L’Institut français offre ces ateliers artistiques en français pour assurer un cheminement cohérent entre éducation artistique et développement de la personnalité. Le théâtre, la danse, les différentes formes de pratiques musicales permettent aux plus jeunes de prendre confiance en eux, de s’affirmer par la voix, avec leur corps et d’affronter le regard des autres. Dans le même temps ces activités rendent plus proches les arts. Le plaisir de jouer, de danser, de faire la musique soi-même motive plus que des exercices scolaires. Pour les adolescents et les adultes ces activités complètent une formation généraliste et renouvellent les activités de loisirs.

DES ATELIERS LIRE ET ÉCRIRE - MÉDIATHÈQUE La médiathèque est un lieu d’apprentissage essentiel qui propose cette année des activités destinées à développer le goût de la lecture, de l’écriture mais aussi de la conversation littéraire. Ce ne sont pas des cours de langue conventionnels mais des séances où les animatrices, par la découverte du conte, par des exercices d’écriture et par des dialogues donneront aux enfants et aux adolescents le désir d’aller plus loin dans l’écriture et l’expression personnelle.

DES COURS EN ENTREPRISES Afin de satisfaire les entreprises qui souhaitent améliorer les compétences de leurs collaborateurs dans leur communication orale et écrite, en français, l’institut a élaboré une nouvelle offre : un service sur mesure, capable d’assurer vos demandes de formation. Pour ces collaborateurs l’apprentissage scolaire ne suffit plus. Il leur faut des mises en situations réelles, pratiques, en adéquation à vos besoins en entreprise. Pourquoi ne pas leur permettre d’apprendre ou de se perfectionner en abordant des techniques de communication, de gestion, de vente, ou de management ? Des professionnels chevronnés, issus du monde de l’entreprise, ayant à leur actif des expériences significatives en formation, vous accompagnent dans ce projet.

INFORMATIONS Institut français de Tanger 41, rue Hassan Ibn Ouazzane - Tanger T. 05 39 94 10 54 & 05 39 94 25 89 coursdelanguetanger@institutfrancais-maroc.com www.if-maroc.org/tanger

TANGER


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L'AGENDA DES PETITS Ciné à l’Institut Cervantes El lince perdido De Manuel Sicilia et Raul Garcia Animation, Espagne 2008, en VO espagnol Le 18 février à 19 h

Ciné à la Cinémathèque Les enfants loups, Ame et Yuki De Marmou Hosoda Animation, Japon 2012, en VF

L’Heure du Conte

Institut français de Tanger • Le diamant du sultan De Catherine Gendrin Samedi 1 février • Histoires à boire et à croquer D’Isabelle Lafonta Samedi 8 février

• Le cadeau qui ne se donne pas D’Eva Almassy Samedi 15 février • La légende du sapin De Thierry Chapeau Samedi 22 février

Ciné à l’Institut français • Fifi Brindacier chez les pirates D’Olle Hellbom // Samedi 1 février

• Les fables de La Fontaine Samedi 8 février

• Zarafa De Rémi Bezançon // Samedi 15 février

• Panique au Central Park De Robert Vince // Samedi 22 février

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Hana et ses deux enfants, Ame et Yuki, vivent discrètement dans un coin tranquille de la ville. Leur vie est simple et joyeuse, mais ils cachent un secret : leur père est un homme-loup. Quand celui-ci disparaît brutalement, Hana décide de quitter la ville pour élever ses enfants à l’abri des regards. Ils emménagent dans un village proche d’une forêt luxuriante… À partir du 16 février

Zarafa De Rémi Bezançon et Jean-Christophe Lie Animation, France 2011, VF L’histoire de l’amitié entre Maki, un enfant de 10 ans, et Zarafa, une girafe orpheline, cadeau du Pacha d’Égypte au Roi de France Charles X. Maki accompagne Zarafa dans son périple entre Alexandrie et Paris avec une seule idée en tête : ramener Zarafa en Afrique. Le 2 février à 12 h P Séance Lanterne Magique



Culture

cinéma

Au ciné en février… À la Cinémathèque

Les films du mois

TEL PÈRE TEL FILS

De Hirokazu Kore-Eda Fiction, Japon 2013, VO japonaise ST français Prix du Jury – Festival de Cannes 2013 Avec Masaharu Fukuyama et Machiko Ono Un architecte, son épouse et leur fils de six ans forment une famille idéale. Tout vole en éclats lorsque la maternité leur apprend que deux enfants ont été échangés à la naissance. La famille est un sujet passionnant pour Kore-Eda. Cette fois-ci, il explore la question : à partir de quel moment un père devient-il père ? À partir du 16 février

C’EST EUX LES CHIENS

De Hicham Lasri Fiction, Maroc 2013, VO arabe ST français Avec Hassan Badida et Yahya El Fouandi L’histoire de Majhoul, emprisonné en 1981 pendant les émeutes du pain au Maroc, qui ressort, 30 ans plus tard, en plein printemps arabe. Une équipe de télévision, qui réalise un reportage sur les mouvements sociaux au Maroc, décide de le suivre dans la recherche de son passé… À partir du 19 février

Les films de l'Institut français

LA FLEUR DE L’ÂGE

De Nick Quinn Fiction, France 2013, VF Avec Pierre Arditi et Jean-Pierre Marielle Un sexagénaire dont le statut de star de la télévision est en train de pâlir se voit contraint de s’occuper de son père. Le film porté par deux acteurs grandioses est une véritable réflexion sur la place des seniors dans la société française. Le 20 février à 19h30

JIMMY P.

D’Arnaud Desplechin Fiction, France/États-Unis 2013, VO anglaise ST français Avec Benicio Del Toro et Mathieu Amalric Jimmy P. est le récit de la rencontre et de l’amitié entre deux hommes qui n’auraient jamais dû se rencontrer, et qui n’ont rien en commun : Jimmy Picard, soldat Indien ayant combattu en France, et Georges Devereux, psychanalyste français. Desplechin adapte le livre du psychanalyste Georges Devereux, récit détaillé d’une analyse menée par celui-ci auprès d’un Amérindien. Le 27 février à 19h30

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Cycle Documentaires du monde arabe  À la Cinémathèque de Tanger

THE LIBANESE ROCKET SOCIETY De Joana Hadjithomas et Khalil Joreige Documentaire, Liban 2013, VO Arabe ST Français Au tout début des années 60, durant la guerre froide et au temps du panarabisme, un groupe d’étudiants et de chercheurs libanais se lance dans la course vers l’espace et crée la « Lebanese Rocket Society ». Au fil d’une incroyable et passionnante enquête, ce documentaire retrace l’histoire oubliée de la conquête spatiale libanaise qui devient celle d’une reconquête : d’une mémoire, d’un imaginaire, d’un espoir. À partir du 20 février

FIVE BROKEN CAMERAS De Emad Brunat et Guy Davidi Documentaire, Palestine 2011, VO Arabe ST Français - Nominé Oscar du Meilleur film documentaire 2013 En 2005, à Bil’in, en Cisjordanie, le paysan palestinien Emad Burnat filme la naissance de son quatrième fils. Au même moment s’érige au milieu du village le mur de séparation. Durant six ans, Emad filme le quotidien du village et ses cinq

caméras détruites l’une après l’autre documentent la progression de l’occupation, la résistance pacifique et l’escalade de la violence répressive. À la fois intimiste et politique, cette chronique de la lutte d'un village de Cisjordanie contre l'occupation israélienne est devenu un film-événement. À partir du 18 février

MY LAND De Nabil Ayouch Documentaire, Maroc/France 2012, VO Arabe ST Français À partir d’une démarche introspective, My Land, premier documentaire de Nabil Ayouch, confronte deux mémoires : celle, meurtrie, des réfugiés palestiniens qui vivent depuis soixante ans dans les camps du sud du Liban, et celle, lacunaire, des jeunes Israéliens qui ont grandi sur une terre promise dont ils ignorent les blessures béantes. À partir du 1er février

American Language Center Cine Club CYCLE WESTERN

• THE SEARCHERS (LA PRISONNIÈRE DU DÉSERT)

De John Ford Fiction, États-Unis, 1956, VO anglaise ST français Avec John Wayne et Natalie Wood Le 16 février à 19h30

• L’ASSASSINAT DE JESSE JAMES PAR LE LÂCHE ROBERT FORD

D’Andrew Dominik Fiction, États-Unis, 2007, VO anglaise ST français Avec Brad Pitt et Casey Affleck Le 23 février à 19h30

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Culture

cinéma

Evènements

Ballet du Bolchoï au Cinéma En exclusivité, la Cinémathèque vous offre le ballet du Bolchoï au cinéma en direct du théâtre du Bolchoï de Moscou

ILLUSIONS PERDUES FESTIVAL NATIONAL DU FILM À TANGER Organisé par le Centre Cinématographique Marocain, la Cinémathèque de Tanger accueille le 15e Festival National du Film à Tanger. Le programme du FNF comporte une compétition pour les films de long et de court métrage, des conférences de presse, la présentation du bilan cinématographique au titre de l’année 2013, des débats et des activités parallèles. Cette édition sera marquée par la tenue d’une rencontre interprofessionnelle autour des recommandations du « Livre Blanc » sur le secteur cinématographique. Du 7 au 15 février

Musique de Leonid Desyatnikov Chroégraphie d’Alexeï Ratmanski Direction musicale : Alexandre Titov 2014, 2h50, avec les étoiles, les solistes et le corps du ballet Bolchoï Ballet en russe sous-titré français Lucien, jeune provincial et compositeur en herbe, part à la conquête des scènes parisiennes à la recherche de la gloire. Rapidement, son succès l’aveugle et il trahit amis et amour… Inspiré du grand classique d’Honoré de Balzac, Illusions perdues est un ballet récent, créé à Moscou en 2011 par Alexeï Ratmanski et dont la dramaturgie a été revue par le comédien, scénariste et réalisateur français Guillaume Gallienne. Le 2 février à 15 h Pour informations et réservations, rendez-vous à la Cinémathèque de Tanger ou sur communication@ cinemathequedetanger.com

Spécial CEUX DU M’SALLAH De François-Olivier Louail

Il symbolisait l’emprise des drogues dures à Tanger, le quartier de M’Sallah s’est transformé, grâce à une approche progressiste de lutte contre la toxicomanie, appelée « réduction des risques ». L’échange de seringues, l’accompagnement social et la prescription de méthadone ont ouvert la voie à une relation nouvelle avec les consommateurs de drogue. Libérés de leur dépendance, « ceux du M’sallah » sont les exemples vivants qu’une vie existe après l’héroïne. Le 28 février à 19 h

Cinémathèque de Tanger. Projection suivie d’une rencontre avec le réalisateur

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Cycle Muestra du cinéma andalou 2014  À l'Institut Cervantes

Los muertos no se tocan De José Luis García Sánchez Fiction, Espagne 2011, VO espagnole Le 4 février à 19 h

Carne de Leon De Paco Cabezas Fiction, Espagne 2010, VO espagnole Le 11 février à 19 h


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Culture

coups de cœur

Les coups de U de la libraire par Stéphanie Gaou

U LIVRE Aimer Fatigue de Philippe Fusaro On the road for love Avec Philippe Fusaro, Tanger prend des allures d’Italie à la salsa « dolce vita ». Deux hommes, une star de pacotille divinement belle mais condamnée à ne jouer que des énièmes rôles dans des péplums. Nous voilà plongés au cœur des années où les grosses cylindrées côtoyaient les cabarets mythiques et les espions à la petite semaine. L’auteur se joue allègrement des clichés, même s’il les aligne sans vergogne. Son personnage américain, Memphis, sosie un peu tiré par les cheveux de Tennessee Williams, auteur en panne d’inspiration, cherche à quitter Tanger pour Palerme où le fantôme de son amour défunt semble toujours l’appeler. Il rencontre La Spia, espèce d’Alain Delon à la manque, pseudo agent secret qui s’illustrera à aider son nouvel ami très alcoolisé dans sa quête désespérée. En fond, l’hôtel El Minzah, les longueurs dans la piscine, une certaine nonchalance érotique avec l’actrice italienne, une ambiance cinématographique qui, si elle n’offre rien de bien nouveau sous le soleil tangérois, a de quoi relancer le mythe avec une certaine idée de l’élégance. Aux éditions de l’Olivier Prix conseillé : 160 DH

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U MUSIQUE Illusions d’Ibrahim Maalouf Trompeter la réalité Le dernier album d’Ibrahim Maalouf, Illusions, a le mérite de sonner haut, beau et fort. Démarrage tous azimuts avec des influences évidemment orientales, mais pas seulement. Un vif hommage à Goran Bregovic, au rock pur et dur des Led Zeppelin, à la guitare lancinante de Zappa, aux rythmes turcs… Bref, un joyeux mélange pour cet album atypique qui, s’il puise dans les inspirations jazzy, montre à quel point le trompettiste s’inspire de bien d’autres sons musicaux. L’artiste qui viendra fort probablement - et c’est en soi un événement extraordinaire - jouer à Jazzablanca le 31 mars prochain a été sacré artiste de l’année aux Victoires du Jazz 2013 en France. Pour ceux qui ne connaissent pas encore, vite vite, ruez-vous sur son album…


U ART Biennale de Marrakech Where are we now ? Cinquième édition très attendue pour les amateurs d’art ! Avec une thématique qui tente d’expliciter l’art et de le replacer dans sa contemporanéité, c’est un rendez-vous préparé de main de maître par Alya Sebti, sa directrice artistique et Hicham Khalidi, lui-même artiste, qui ont décidé de focaliser l’attention du public sur les arts visuels. Pari risqué, mais forcément gagnant, puisque la jeune garde marocaine s’illustre

de plus en plus dans les échanges internationaux et la globalité. Clin d’œil remarqué : grand focus sur l’Afrique du Nord avec les artistes Younes Baba-Ali, Hicham Berrada, Zineb Andress Araki dont les propos artistiques seront repris sur le site arteeast.org. Si vous avez la chance d’un petit séjour marrakchi, alliez l’utile à la culture… L’art s’expose à Marrakech du 26 février au 2 mars 2014.

souhaite avant tout préserver une richesse et une mémoire, indispensables outils pour réhabiliter l’histoire d’un pays.

U LIVRE D’IMAGES Maroc de Harry Gruyaert

U MAISON D’ÉDITION Frontispice Remettre le passé au goût du jour Voici une maison d’édition qui prône mariage du passé et de l’excellence. Sise à Casablanca, elle mise sur la circulation de textes anciens ou épuisés, proposés en fac-similés de grande qualité à des prix plus doux, bien entendu, que les éditions originales largement disputées par les collectionneurs sur le marché mais souvent inaccessibles. Une belle collection d’érudition pour qui veut en connaître davantage sur les traditions, la sociologie, la linguistique, l’histoire, l’ethnologie, les bijoux, les tapis, les régions… Un véritable travail d’intérêt pour les écrits antérieurs à 1950 qui constituent le patrimoine marocain. En vente dans toutes les librairies du Royaume. Gérard Falandry, le créateur de la maison d’édition,

Entre Delacroix et Hopper Certes, le livre n’est pas nouveau, mais sa réédition en 2012 a de quoi satisfaire les amoureux de la belle - et vraie - image. Quatre-vingts images triées sur le volet pour dérouler, comme un film technicolor, un Maroc contrasté, profond et chatoyant. Gruyaert, membre de l’agence Magnum depuis plus de trente ans, entretient une relation amoureuse et intimiste avec la « terre Maroc » et délivre dans ce portfolio superbe une véritable œuvre de coloriste, rendant tour à tour hommage aux grands orientalistes du 19e siècle et à Edward Hopper. Scènes de rues, attroupements de femmes qui se cachent, qui fuient l’objectif du photographe en s’aidant de leur voile, serveur sur le seuil d’un café, le quotidien avec Gruyaert touche des sommets de sublime. Un vrai cadeau à faire - ou se faire - pour rêver en ces soirées d’hiver. Aux éditions Textuel - Prix conseillé : 860 DH.

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© africa


PARTIR POUR DAKAR À PARTIR DE CASABLANCA, C’EST CONSACRER EN AVION PRESQUE 4 HEURES DE TRAJET DANS UN CIEL NOIR À PEINE PONCTUÉ DE QUELQUES LUMIÈRES PERDUES EN PLEIN CŒUR DE LA

MAURITANIE ET DÉCOUVRIR, MÉDUSÉ, LA VILLE ÉTALÉE ET ILLUMINÉE SUR L’ATLANTIQUE COMME UNE LANGOUREUSE SALAMANDRE. BIENVENUE DANS LA VILLE PERCHÉE SUR L’OCÉAN QUI DÉPLOIE COULEURS, AMBIANCE IMPARABLE, ROUTES DÉFONCÉES ET UNE BELLE HUMANITÉ. Par Nour Chairi

© AntPun

PHOTOS : BALADE SUR L’ÎLE DE GORÉE...


Découverte

voyage

Avec une température moyenne de 24°C et des pluies quasiment nulles, février est un mois idéal pour fuir la grisaille tangéroise et s’offrir une pause ensoleillée. Dalal ak diam !

Trouver son nid Il y a l’embarras du choix pour dormir à Dakar, et ce pour tous les budgets. Ces dernières années ont vu fleurir des établissements ouverts par les chaînes internationales. Il y a aussi de petites perles, comme cet hôtel tout à fait hors du commun, décoré par une designer libanaise. L’impression de pénétrer dans un temple de Salomon, mise en scène baroque et soignée du hall aux salles de restaurant jusque dans les chambres. Les matériaux naturels ont été privilégiés sans oublier une touche d’ostentation qui ne dépare en rien à la beauté de l’endroit. Le Sokhamon déploie ses charmes en bord d’océan et vaut à lui seul un séjour à Dakar. Son restaurant propose une cuisine extraordinairement raffinée et est devenu un lieu de

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retrouvailles, même pour les Dakarois. Le Pullman Dakar Terenga offre un panel de services haut de gamme et une situation privilégiée au bord de l’eau. Plusieurs ambiances de restaurant, une piscine impressionnante, chambres spacieuses dotées des meilleurs agencements, il convient à une clientèle qui mise sur l’excellence et a le mérite d’être situé en centre-ville, proche de l’embarcadère pour l’île de Gorée, passage obligatoire pour qui veut connaître l’âme et l’histoire sénégalaise. Le Radisson Blu Hotel offre de luxueuses prestations. Chambres mêlant subtilement art africain et design, salons d’accueil sublimes, salles de soins prodigant naturopathie, etc. Sa situation géographique un peu plus excentrée vous garantit un vrai repos.

Faire bonne chère À Dakar, les taxis vous emmèneront à travers la ville sans trop d’encombres. Ne pensez pas à conduire, la ville ressemble à s’y méprendre à un jeu vidéo et il vous faudrait une sacrée

dose de sang-froid pour vous démener entre bus, mobylettes, 4x4 et piétons. Un véritable, même si très joyeux, parcours du combattant. Profitez-en pour découvrir quelques bonnes adresses gustatives car on mange bien à Dakar. Cuisine internationale, gastronomique française, mezzés libanais, maquis et cuisine locale, il y a l’embarras du choix pour se sustenter. Les grands hôtels proposent une cuisine savoureuse, mais n’hésitez pas à vous promener autour du quartier du Plateau pour découvrir de bonnes petites tables ou pâtisseries. Le soir, accordez-vous de belles sorties dans le quartier des Almadies qui regorge d’adresses chic. Le restaurant libanais Farid, situé en plein cœur de la ville, est réputé pour être l’un des meilleurs de la ville. Niché dans un joli patio à la décoration simple, on peut y déguster de succulents mezzés. Service attentionné et plats copieux. Pour ceux pour qui c’est « africain ou rien », La Calebasse est un amusant fourretout. Situé aux Almadies, il se veut lieu de retrouvailles, de fiesta, de repos,


galerie d’art, on y vient pour admirer la vue ou succomber à une cuisine locale raffinée. Incontournable. Et puis, même si l’adresse n’est pas nouvelle, elle a le mérite de réunir tout ce que la ville propose d’arty, Le Bideew est le restaurant du Centre Culturel Français. On y sert une cuisine de la mer sénégalaise et quelques plats du Sud, dans une ambiance bon enfant. Véritable havre de paix dans le quartier populeux et bruyant du centre-ville, on peut même y croiser quelques personnalités locales en vue tout en dégustant de très bons cocktails.

S’émerveiller Il est temps de passer à d’autres nourritures. Crochet obligé à la librairie Aux 4 vents.Trois adresses pour découvrir le temple du savoir et de la culture. Référence en ville depuis quarante ans, l’enseigne organise régulièrement rencontres avec des auteurs, conférences et autres dédicaces. Dans la même veine, flânez au Musée de Dakar, place Soweto, qui a gardé quelques prodigieuses pièces. Installation spartiate cependant, le lieu mériterait un vrai remaniement, mais le bâtiment mérite la visite.Volumes spacieux, architecture art-déco. On pardonne le peu d’objets présentés, surtout après une discussion philosophique avec le gardien ! Pour les amoureux de la musique, Dakar se veut un haut lieu de la fête et du rythme. Fief de la high-life africaine, autant en profiter pour s’initier un peu si l’on veut connaître les secrets, aussi bien des griots que des clubbers. Grâce à SenegalStyle Drumming Lessons, cours de danse, percussions avec des pros, les stages varient de quelques heures à quelques jours et accueillent aussi les débutants. Après cette entrée en matière, il ne vous restera plus qu’à enflammer les dance-floors des nombreuses boîtes dakaroises. Attention, la concurrence est rude : les Sénégalais sont d’excellents danseurs ! Envie d’un peu de calme ? Allez faire un tour vers l’Ambassade de France et découvrez la galerie de l’Institut Français, Le Manège, qui propose des expositions pointues sur l’art contemporain de la diaspora africaine comme BathélémyToguo et autres installations d’artistes aussi réputés que Daniel Buren. Promenez-vous dans le quartier qui foisonne de galeries et autres boutiques déco extrêmement raffinées qui n’ont rien à envier aux beaux espaces casablancais. Le quartier du Plateau offre une ribambelle de bazars dans lesquels sont vendus masques africains, tabourets, objets déco. Y démêler le vrai du faux n’est pas toujours simple, mais faites parler le coup de cœur pour dénicher la petite pièce qui vous enchantera...

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DE HAUT EN BAS : L’INSTITUT FRANÇAIS LÉOPOLD SÉDAR SENGHOR, LE MONUMENT DE LA RENAISSANCE AFRICAINE ET LA PLACE DE L’INDÉPENDANCE ET SES TAXIS NOIR ET JAUNE.

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Découverte

voyage

Aller plus loin... Saint-Louis

Grâce à l’autoroute qui relie Dakar au nord du pays, pratiquement jusqu’à Thiès, le voyage jusqu’à Saint-Louis du Sénégal s’avère moins laborieux qu’il y a quelques années. Si la ville souffre encore d’infrastructures fragiles, sa municipalité fait le maximum pour offrir des prestations satisfaisantes aux touristes. Il serait dommage d’aller au Sénégal sans visiter Saint-Louis. Située sur la lagune, face à la Mauritanie, cette petite ville qui a vu tour à tour les Portugais, puis les Français, a su garder même si c’est là aussi très fébrile - son patrimoine et sa douceur de vivre. Pour les amateurs de jazz, il faut partir en mai respirer l’ambiance avec le Festival International de Jazz de Saint-Louis. Et sinon, flâner dans les venelles un peu poussiéreuses, visiter le village au pêcheur, s’arrêter sur les petites places. Là où le temps semble s’être arrêté.

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L’île de Gorée

L’île de Gorée, à quelques minutes de navette maritime de Dakar, est un haut-lieu de l’histoire de l’Afrique. Protégée par l’Unesco, elle fut le plus grand centre de commerce d’esclaves de la côte africaine. Passé peu glorieux mais que l’île cultive en prônant le maintien d’un sanctuaire pour la réconciliation. En dehors de la Maison aux Esclaves, il est bon de s’y promener aux premières heures du jour, de découvrir les espaces de résidence de beaucoup d’artistes africains, les terrasses des quelques bouibouis qui bordent l’arrivée sur l’île. Le lieu, même chargé de tant d’histoire, est enchanteur.

Biennale 2014

2014 est l’année de la 11e édition de la Biennale Dak’Art qui cette année se déroulera du 9 mai au 8 juin. Autour d’une thématique officielle « Produire le commun », le meilleur de l’art contemporain de la diaspora est réuni pour tenter de chercher à relier politique à esthétique dans une démarche de « mondialité » et non de « mondialisation ». Vaste débat qui engage nombre d’acteurs culturels internationaux et un festival Off qui vaut le détour : environ 200 lieux hors parcours à Dakar, Saint-Louis et ailleurs. Programmation sur www.biennaledakar.org/2014



Société

tanger vue par


Andrew Maclear Un homme modeste

“C’est le sujet qui fait le photographe” Tanger a découvert Andrew Maclear il y a quelques mois, lors d’une expo photo étonnante présentée à la galerie Photoloft. Un homme modeste qui a réalisé le rêve de bien des photographes : immortaliser les idoles d’une époque. Et qui s’en est ensuite allé vers d’autres horizons… alors que tant d’autres n’auraient lâché leur place pour rien au monde. Rencontre avec ce personnage que vous aurez sans aucun doute l’occasion de croiser un jour prochain à Tanger... PAR CHRISTINE CATTANT PHOTOGRAPHIES D’ANDREW MACLEAR

URbain : Andrew, comment en êtes-vous venu à la photo ? Andrew Maclear : J’ai eu un appareil photo entre les mains à l’âge de 15 ans, quand il est devenu évident pour moi qu’une éducation académique ne m’intéressait pas. J’ai donc démarré assez jeune, j’avais à peu près 16, 17 ans, et c’est en 1966 que c’est devenu plus sérieux avec la photographie. Cependant, je ne me décris pas comme photographe, car il y a eu des moments dans ma vie où je n’ai pas fait de photos du tout... et il y en a encore. Lorsque vous étiez encore un tout jeune homme, à la fin des années 60, vous avez eu la chance de réaliser l’un des grands rêves de nombreux photographes : immortaliser sur pellicule les plus grandes stars planétaires. Racontez-nous comment c’est arrivé ? Ma belle-sœur était une amie de Yoko Ono, et quand John (Lennon) et Yoko vivaient à Londres, mon frère et elle gardaient Julian (le premier fils

de John). J’avais fait quelques photos de John et nous les avons données à Yoko. Cela m’a ouvert une porte. Mais à cette époque, il était très facile de découvrir qui faisait quoi, quand et où. Il n’était pas question de “sécurité” et tout le monde essayait de vous aider. C’était des temps géniaux, sans stress, positifs et optimistes.

“séances photo” et je ne me suis pas beaucoup rendu dans les concerts. J’ai toujours été plus intéressé par l’expression, le visage, le moment calme où le sujet est vraiment luimême. C’est donc ce que je recherchais, et je ne faisais que mettre un cadre autour. En réalité, c’est le sujet qui fait le photographe. Ce dernier ne fait pas grand chose, sauf être là.

Ce qui frappe immédiatement, en regardant ces photos, ce sont ces expressions si différentes de ce que les stars ont l’habitude de montrer au public. Quelle était votre méthode pour réussir à capturer chaque fois ces attitudes naturelles et intimes de la part de vos sujets ? Je n’ai pas fait des tonnes de réelles

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Société

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JOHN LENNON, BALLON STRIP Avez-vous eu à l’époque - et peut-être gardé - des relations particulières avec certaines des stars prises en photo ? Non, je ne peux pas dire que je sois jamais devenu ami avec aucun d’entre eux, même si c’est vrai qu’ils étaient très accessibles et amicaux. John Lennon plus particulièrement, j’adorais prendre des photos de lui, il était tellement irrésistible, c’était une grande figure pour moi. Bien sûr, c’était un interprète et il aimait être photographié alors il demandait parfois à voir mes photos.

J’étais sur le tournage du film Performance avec Mick Jagger, sur le lit avec lui et deux filles. Ça faisait un peu trop de monde et il a fini par en avoir marre de moi, bien qu’il ait été très doux et même serviable au tout début. Et un jour, j’ai marché sur son pied et le lendemain matin, j’étais viré ! Mais j’avais déjà mes photos… Vous avez exposé une série de photos de cette époque l’an dernier à la galerie Photo Loft. Qu’est-ce qui vous a donné envie de présenter ce travail au public ?

simultanée sur le tournage de Performance ! Vous avez quitté l’Angleterre et avez donc mis un terme à cette carrière naissante de « photographe des stars ». L’avez-vous ou le regrettez-vous aujourd’hui ? Non. Je n’ai jamais été un photographe très en vue et le fait que ces gens soient connus ne m’intéressait pas vraiment. Je vivais le moment présent, ces événements se déroulaient autour de moi et j’en faisais juste partie, c’est tout. Je n’ai jamais

Un jour, j’ai marché sur son pied. Le lendemain, j’étais viré. Qui sont ceux que vous auriez rêvé de photographier et que vous n’avez jamais pu approcher ? Je me suis souvent demandé pourquoi je n’avais pas shooté davantage à l’époque, ou plutôt pourquoi je m’étais arrêté. Mais dans le fond, il n’y a personne que je regrette de n’avoir pas pris en photo à cette époque. C’est maintenant qu’il y a des gens que j’aimerais photographier. Leonard Cohen, par exemple, était à Barcelone il y a un an ou deux, mais ses attachés de presse ont dit « Pas de photos ! » Donc, toute cette scène artistique a changé et je ne peux pas me casser la tête à essayer de forcer les barrières. Il y a prescription, racontez-nous une anecdote sur vos séances photos...

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C’est Alexandra et Mathias qui me l’ont proposé. J’avais fait quelques expos avec ces photos de-ci de-là. Il faut dire que ce n’est pas une sinécure d’imprimer tout le travail, de le transporter jusqu’ici et de l’encadrer. Mais je crois que Photoloft pourrait avoir envie de montrer l’exposition dans d’autres villes du Maroc alors j’ai été heureux de le faire. Quel a été le retour du public tangérois ? J’ai été surpris de l’enthousiasme du public tangérois. D’ailleurs, nous avons vendu quelques images. Habituellement, les gens regardent mais n’achètent pas. Et puis ça a été agréable de rencontrer Christopher Gibbs - un homme délicieux et intègre - que je n’avais jamais rencontré, malgré notre présence

vu ces personnes que comme des visages et des sujets pour mes photos. Qui ils étaient, c’était secondaire. J’ai d’ailleurs pris à cette époque des tas de photos de gens inconnus à Londres que j’aime tout autant. Parlez-nous de votre parcours aux USA ? Je suis allé là-bas quand j’avais 25 ans. J’ai commencé par réaliser des documentaires et faire de la projection, je me suis dirigé ensuite tout naturellement vers l’écriture de films pour la télé. J’ai passé à peu près vingt-cinq ans dans le business de l’écriture entre New York et Los Angeles, puis je suis revenu à Londres. Je suis heureux de l’avoir fait mais aussi que cela soit fini. Écrire, seul dans une pièce, c’est une façon difficile de gagner sa vie.


MICK JAGGER ET ANITA PALLENBERG SUR LE TOURNAGE DU FILM PERFORMANCE EN 1968

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Société

tanger vue par

BARBRA STREISAND ET MARCELLO MASTROIANNI

J’ai toujours préféré les villages aux villes. Quand avez-vous découvert le Maroc ? Je ne suis pas venu souvent au Maroc. La première fois, c’était il y a dix ans environ quand mon fils a cuisiné pour Mathew Mc Conaughey dans le film Sahara. Ils étaient tous à Marrakech. Des centaines de gens et une production insensée, énorme. Une vie d’hôtel de malade. Comme un imbécile, je n’ai pas pris de photos… Mais de toute façon, on me l’aurait probablement interdit.

un beau village de l’Atlantique et j’ai toujours préféré les villages aux villes. Je vis dans une médina arabe à Palma, Majorque, ces deux endroits me donnent les mêmes sensations.

Vous êtes aujourd’hui très souvent à Assilah où vous possédez une résidence. Pourquoi ce choix plutôt que Tanger ? C’est un ami qui m’a parlé d’Asilah et dès que je l’ai vu, je l’ai aimé. C’est

Dans vos projets, y a-t-il une future série de photos sur le Maroc, et une expo ? Je n’ai pas fait beaucoup de photographies au Maroc. Je devrais. Mais les travaux que j’ai vus d’autres

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En tant que photographe, quelles sont les images qui vous touchent ici ? À la fois rien de particulier et tout. Je peux être touché par une maison tout comme par deux personnes dans un coin qui boivent un café.

personnes soulignent déjà tellement bien la beauté de ce pays… Je crains de ne pouvoir proposer mieux. Qu’aimeriez vous encore réaliser en photographie ? Bonne question ! Je me dis juste « Continue à en faire ! ». Car une fois que vous avez fait une photo, vous avez toujours besoin d’en faire d’autres. Disons que c’est quelque chose proche de l’addiction. J’ai réalisé récemment la pochette d’un CD et j’ai pris beaucoup de plaisir à essayer de comprendre l’ambiance du film et l’ambiance de la musique, et comment marier ces deux choses ensemble...


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Centre Commercial Andalucia - 2e étage n°61 Avenue Cap Spartel - Tanger - Tél. : 06 75 19 13 78 Facebook : doce amor & cia - doceamor@hotmail.fr


Pratique

recette

Le Fudge au Chocolat de Kamal El Fassi

Ingrédients

pour 8 personnes

1 petite boîte de lait concentré sucré

200 g de bon chocolat noir à croquer 1 poignée de fruits secs (noix, pistaches, noisettes, amandes...)

1 noix de beurre

© D.R.

Du chocolat, du lait, du sucre... L’origine du fudge a beau être anglaise, on ne va pas se priver de ce délice pour autant !

Préparation

- Tapisser soigneusement un plat rectangulaire de film alimentaire, en laissant bien déborder de tous côtés (au besoin mettre plusieurs couches de film dans les deux sens). - Dans une casserole, verser le lait concentré sucré et le chocolat cassé en tout petits morceaux.

Mes conseils - Le fudge se conserve parfaitement au réfrigérateur dans une boîte hermétique. - Pour le rendre plus onctueux, on peut rajouter dans le mélange, hors du feu, des petits suisses nature. - Tous les fruits secs se marient à merveille au chocolat, alors agrémentez généreusement cette confiserie de votre variété préférée. - Pour une jolie présentation, déposez chaque cube de fudge dans une petite barquette en papier cannelé.

Kamal El Fassi

Retrouvez ce grand gourmand tangérois et bien d’autres sur la page Facebook “Les Adeptes du Cooking”.

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Papier film

- Mettre sur feu très doux et laisser fondre, sans remuer au début, puis mélanger doucement. - Lorsque l’appareil est lisse et homogène, incorporer hors du feu les fruits secs, entiers ou hachés selon votre goût, délicatement. - Ajouter une noix de beurre et mélanger jusqu’à ce qu’il soit parfaitement fondu. - À l’aide d’une maryse en silicone, verser le fudge dans le moule, replier par-dessus le film et réfrigérer au moins 4 h. - Démouler le fudge, enlever le film et découper en morceaux de la taille désirée. Réserver au frais.


Utile

urbanoscope

Spécial Saint-Valentin avec

Lalla Chams

Bon anniversaire,

Le Verseau !

Votre mois amoureux sera digne d’une production hollywoodienne : embarqué dans les montagnes russes de vos relations amoureuses, votre pauvre petit coeur va être soumis à rude épreuve ! Mais ça vous plaît et vous vous sentirez plus vivant que jamais. Vous passerez le mois sous le signe du pacemaker...

Bélier

Voici un mois de février qui s’annonce bien calme pour vos amours. Un peu trop, à votre goût. Profitez-en pour penser “repos” et “boulot”. Mois placé sous le signe du pyjama.

Taureau

Ce mois sera coquin ou ne sera pas ! Votre partenaire vous appréciant à votre juste valeur, il va être facile de lui faire tourner la tête. Mois placé sous le signe de la nuisette.

Gémeaux

2On a très envie de vous gâter, les Gémeaux, mais n’en profitez pas pour demander la lune, vous pourriez avoir l’air un tantinet vénaux. Mois placé sous le signe du bijou.

Cancer

Las ! Vous payez aujourd’hui les excès de la veille, ou plutôt le manque d’attention porté à l’être aimé. Saint-Valentin ne sera pas votre ami. Mois placé sous le signe du kleneex.

Lion

Ce mois-ci vous estimerez que l’amour est une valeur surcotée, vous, le grand sentimental ! Ça va mal, dites-donc! Attendez mars en faisant le dos rond. Mois placé sous le signe de l’abstinence.

Vierge

Un peu de douceur dans un monde de brutes, voilà qui vous convient parfaitement. Vous serez l’objet de nombreuses attentions tendres, la Vierge. Mois placé sous le signe de la soie.

Balance

Beaucoup de rires et de complicité avec l’être cher, qui méritera bien en février le titre de “moitié”. Vous serez comblée, la Balance. Mois placé sous le signe du poil à gratter.

Scorpion

Tendresse, légèreté, complicité, dans votre couple tout roule dans une belle harmonie. La Saint-Valentin sera un joli moment partagé. Mois placé sous le signe de l’édredon.

Sagittaire

Il y a de grands changements dans l’air, et ils sont de la plus belle nature ! Votre couple franchira une nouvelle et cruciale étape en février. Mois placé sous le signe du diamant.

Capricorne

Pas convaincu par les vertus euphorisantes de la Saint-Valentin, fête qui vous agace au plus haut point par son côté commercial et imposé. Mois placé sous le signe du toc.

Poissons

En février, vous vous sentirez un peu embarrassé, voire contraint par une fête pour laquelle le coeur n’y est pas. Brisez vos chaînes ! Mois placé sous le signe du collier.

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Utile

carnet d’adresses

Retrouvez ici les coordonnées des lieux mentionnés dans les pages de ce numéro.

Agenda Galerie Photo Loft (sur RDV)

Librairie des Colonnes

Galerie Conil

Galery d’Art Volubilis

Cinémathèque de Tanger - Cinéma Rif

Tabadoul

Institut français de Tanger

Centre culturel Ibn Kaldoun

115, av. Med Ben Abdellah - 8e ét. - Tanger - T : 06 41 45 66 40 7, rue du Palmier - Petit Socco - Tanger - T : 06 55 64 10 14 Grand Socco - Tanger - T : 05 39 93 46 83

54, boulevard Pasteur - Tanger - T : 05 39 93 69 55 Grande place de la Kasbah - Tanger - T : 06 68 70 01 81 19, rue Magellan - Médina - Tanger - T : 05 39 37 19 78

41, rue Hassan Ibn Wazzane - Tanger - T : 05 39 94 10 54

Rue de la Liberté - Tanger - T : 06 61 07 20 44

Galerie Delacroix - 86, rue de la Liberté - Tanger - T : 05 39 93 21 34 Théâtre Darna Galerie d’Art Contemporain Mohammed Drissi 52, rue d’Angleterre - Tanger - T : 05 39 93 60 73

Galerie d’Art Lusko 4, rue de Téhéran - Quartier Wilaya - Tanger T : 05 39 94 62 59 / 05 39 32 41 19 / 06 61 34 43 96

Librairie les insolites

48, rue Salah Eddine al Ayyoubi - Foundaq Chejra - Tanger

Salle Severo Ochoa

1, place El Koweit - Tanger

Tabadoul

19, rue Magellan - Tanger - T : 05 39 37 19 78 / 06 41 16 16 47

28, rue Khalid Ibn Oualid - Tanger - T : 05 39 93 13 67

Salle Beckett - Rue Okba Ibn Nafie - Tanger - T : 05 39 94 25 89

La Fabrique

Medina Art Gallery

7, rue d’Angleterre - Tanger - T : 05 39 37 40 57

30, rue Abou Chouaib Doukkali - T : 05 39 37 26 44

Voyage - Dakar Le Sokhamon

Bd Roosevelt - Av. Nelson Mandela - Dakar - T : (221) 33 889 71 00

La Calebasse - Route des Mamelles - Dakar - T : (221) 33 860 69 47 Restaurant Farid - 58, rue Vincens - Dakar - T : (221) 33 823 89 89

Pullman Dakar Terenga

Institut français de Dakar

Radisson Blu Hotel

Librairie aux 4 Vents

10, rue Colbert, place de l’Indépendance - Dakar - T : (221) 33 889 22 00 89, rue Joseph Gomis - Dakar - T : (221) 33 823 03 20 Route de la Corniche, Rés. Ouest Fann - Dakar - T : (221) 33 869 3333 À Dakar Plateau, Mermoz et Sea Plazza - www.librairie4vents.com

Renseignements : 160 Police : 190 Gendarmerie Royale : 177 Pompiers - Ambulances : 150 Maroc Assistance : 05 22 30 30 30 Mondial Assistance : 05 22 31 31 50

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Numéros utiles

Port Maritime : 05 39 93 11 29 ONCF : 08 90 20 30 40 Aéroport de Tanger : 05 39 39 36 49 Pharmacies de garde : www.menara.ma (infos pratiques) Urgences vétérinaires : Clinique vétérinaire du Golf 06 61 79 02 19

Clinique Assalam Av. de la Paix - 05 39 32 25 58 Clinique du Détroit Gzenaya Zone de Service Lot 84 A5 - 05 39 39 44 48 Clinique Bennis Route de Tétouan - 05 39 34 07 47


Amine Car

LOCATION DE VOITURES ALQUILER DE COCHES - RENT A CAR

Project1:Layout 22/01/14 Page 43, bd1Mohamed V - 1er11:57 étage - Tél. : 05 139 94 40 50 - Fax : 05 39 32 58 35 - GSM : 06 61 16 23 39

E-mail : aminecar@menara.ma - Web : www.aminecar.pro.ma

Le Salon Bleu

Grande Place de la Kasbah Tanger - 05 39 37 16 18


Utile

points de distribution

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