HÔTEL
FARAH TANGER H ÔTE L , BUN GAL OWS , C H A L E T S , V I L L A S & S PA
Tanger
édito
édito
E
n mai, Tanger mérite sa réputation d’intellectuelle marocaine. C’est en effet le mois du désormais célèbre Salon international des Livres et des Arts, une manifestation bien moins sage qu’on pourrait croire... Un salon dédié aux « Afriques » et fourmillant de mots, de rencontres, de lectures, de musique, d’images et de surprises. URbain consacrant sept pages spéciales à cet événement, vous n’aurez aucune excuse pour ne pas y faire un, voire plusieurs tours cette année. Et nous vous offrons encore une belle moisson de personnalités à commencer, mois de la littérature oblige, par un Tahar Ben Jelloun dévoilé sous un jour un peu inhabituel. Car derrière l’illustre écrivain se cache aujourd’hui un peintre qui commence à éveiller l’intérêt des galeristes marocains et européens (p. 26). Très savoureuse aussi la rencontre avec Mokhtar Chaoui, l’auteur qui « gratouille » aux opinions bien tranchées (p.15). À l’occasion du Salon, Alexandre Pajon, directeur de l’Institut français de Tanger, nous a fait l’amitié de partager avec nous sa vision de la mission culturelle de l’Institut p.36). La touche – très - féminine est apportée par l’actrice Fatym Layachi (p.60), car nous n’oublions pas que mai est également le mois des paillettes avec le Festival de Cannes. Enfin, vous découvrirez pour la première fois l’univers intime et feutré des mosqués tangéroises du jeune photographe Bilal Touzani (p.64).
Je vous souhaite un joli mois de mai consacré à la lecture qui débutera, bien sûr, par celle d’URbain...
Christine Cattant , Rédactrice en Chef
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© Mariusz Prusaczyk
URBAIN
tanger
Directeur de Publication : Rédactrice en Chef : Secrétaire de Rédaction : Maquette :
Othman Noussairi Christine Cattant Stéphanie Gaou Miss Bamboo & Crevette in Tangier
Rédaction : Imane A. Kettani, Khadija Barkani, Mohammed Al Kh., Nour Chairi, Stéphanie Gaou, Christine Cattant
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HÔTEL FARAH TANGER Tanger
Zone touristique El Ghandouri - B.P 11616 - Médina Gare Tanger Tél.: +212 (0)5 39 34 35 50 - Fax : +212 (0)5 39 30 19 08 resa@hotelfarahtanger.ma - www.hotelfarahtanger.ma
URBAIN
Sommaire
mai 2014 / n°16
tanger
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Tahar Ben Jelloun NOUVELLE COQUELUCHE DES GALERIES D’ART...
© D.R.
8 ACTUALITÉS 8 Courrier des lecteurs 10 Rendez-vous tangérois 12 CesTangérois qui bougent Sally et Karl Scarr
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Figures de Tanger 15 Mokhtar Chaoui La Chronique de Lotfi Akalay Rencontre QDP à Muriel Soret Tahar Ben jelloun, le peintre
34 CULTURE 34 Portfolio Visions de Tanger... et d’ailleurs 36 Portrait Alexandre Pajon 40 Spécial Salon des Livres et des Arts
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Votre Agenda À l’affiche L’agenda des petits Coups de Coeur de Libraires
60 DÉCOUVERTE 60 Tanger vue par... Fatym Layachi 64 L’Oeil du Photographe Bilal Touzani
72 PRATIQUE 72 Mode Le look de Rock Da Kasbah 74 Cuisine La recette du Chef Moha
76 UTILE 76 Urbanoscope 78 Carnet d’adresses / Points de distribution
Offre de Printemps 695 Dh Soin du Visage Fondamental sur mesure Spa Pédicure, Manucure et Épilation Sourcils et Duvet Rue Adolfo Fessere - Quartier California - Tanger Tél : 0539374347 / 05 39374328 - www.serenitydayspa.ma
ACTUS
COURRIER DES LECTEURS
paroles de lecteurs sur contact@urbainmagazine.com
URBAIN N°15:Urbain déf
22/03/14
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Vu ! Fan d’équitation, j’ai repéré votre obstacle sur le parcours du concours national à Tanger en avril. Je vous envoie cette photo car ça m’a fait plaisir ! Othman, Tanger
En vrac… sur Facebook En plus de l’article sur Leila aux magnifiques photos, j’ai beaucoup aimé le reportage de ce mariage si représentatif du Tanger cosmopolite de mon enfance. Ce Tanger qui nous colle à la peau qu’on soit de là ou d’ailleurs ! Christine Keyeux-Schnöller Tanger fait des jaloux ! Lors de mon dernier voyage à Casablanca, on m’a parlé d’URbain et on m’a dit : « Pourquoi pas nous ? ». Un internaute
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AUTISME ET ESPOIR… J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre article sur l’artiste Pipoye et sa mère, Iman. Maman d’un petit garçon autiste âgé de huit ans, j’avoue rencontrer beaucoup de difficultés dans notre vie de tous les jours. Le regard des gens est parfois choquant. (…) Les mots d’Iman réconfortent mais n’apportent pas toutes les solutions. Mais, comme elle, je voudrais dire aux personnes qui se battent au quotidien pour aider leur enfant qu’il faut d’abord positiver, mais aussi énormément relativiser. Renoncer à une vie « normale » avec son enfant n’est pas facile, mais le challenge de la réinventer doit être notre leitmotiv. Bon courage à tous. Une lectrice, Mohammedia URBAIN N°15:Urbain déf
À la une
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événement
DE GAUCHE À DROITE : COQUE DE MACBOOK DESIGNED BY PIPOYE POUR LA FIAC 2011 - AUTOPORTRAIT PAR PIPOYE - TOILE LAS VEGAS, 2013.
est plus l'affaire des parents). Pour ceux qui sont désireux de scolariser leur enfant et qui en ont les moyens financiers, une AVS (auxiliaire de vie scolaire) accompagnera l'enfant en classe. Il y a aussi dans plusieurs villes marocaines des associations.Elles sont utiles pour l'orientation et le soutien moral de ceux qui ne sont pas encore familiarisés avec l'autisme et qui viennent d'avoir le diagnostic. Lorsqu'il n'y a pas de ressources financières, l'enseignement à domicile n'est pas exclu. Quelques heures assurées par un éducateur ou un instituteur peuvent suffire parfois.Et mon expérience m'a démontré que les rencontres humaines sont déterminantes : une nounou, un membre de la famille, un moniteur de sport, une voisine peuvent jouer un joli rôle dans l'épanouissement de l'enfant. En résumé, pour que le parcours des parents avec l'autisme soit serein et constructif, il ne faut pas qu'ils s'obstinent à adapter leur enfant coûte que coûte à la société actuelle mais il faut qu'ils essaient de changer leur conception de la vie, de faire fi des codes établis, en y apportant un brin de fantaisie (sans pour autant se marginaliser).Tel est le défi autistique car un enfant autiste prend son temps pour apprendre et pour trouver ses repères.
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Pas besoin de le bousculer et de le brusquer, il suffit de l'écouter, de l'observer pour que sa personnalité et son intelligence se dévoilent. C'est lui qui vous guide. Je suis en contact avec plusieurs communautés à l'étranger qui œuvrent pour le droit des personnes autistes, je peux vous assurer que même dans les pays les plus développés tels que le Canada et les États-Unis, ce n'est pas toujours rose et que certaines personnes autistes sont dans le désarroi !
U : Pipoye s’est littéralement transformé lorsque vous lui avez offert un ordinateur. Comment l’a-t-il utilisé et quel sens cela a t-il eu pour lui selon vous ? I. C. : Oui, le véritable déclic a eu lieu lorsqu’il a eu son ordinateur à l’âge de huit ans. En effet, le web a été un outil moteur dans ses apprentissages et dans sa découverte du monde. Pipoye est concentré, apaisé et calme devant son écran. Il a l'univers à portée de main sans que rien ne vienne l'agresser. L'enfant curieux qu'il était pouvait enfin trouver des réponses à travers des images, des vidéos, etc. Grâce à internet (avec le contrôle parental), il parcourait la planète, il faisait la connaissance des autres cultures, des autres civilisations,de l'exotisme.Ainsi,
ce voyage virtuel à travers le monde l'a aidé à être moins angoissé dans l'environnement réel et à faire plus d'efforts dans la rue, avec nous et les autres car plus informé. Il s'ouvrait, enfin,à notre grande joie,à l'extérieur !
U : Quand avez-vous découvert le don artistique de Pipoye ? L’avez-vous encouragé et de quelle manière ? I. C. : J'ai profité de cette attitude sereine qu'il arborait face à l'écran pour faire son initiation artistique. Je lui ai montré des tableaux de maîtres, Klimt, Klee, Kandisky, Gaudi et Delaunay, etc. Et lui de son côté, en surfant sur le net, il a absorbé des clichés de villes, de sites, de monuments et des logos. Tout ceci a dû s’inscrire et se graver dans sa mémoire de « synesthète » ! Un jour, je l'ai surpris en train de réaliser une illustration riche en couleurs et en formes. Il avait dix ans. Il a refusé de me la montrer. Dessiner était juste un moyen pour lui de se détendre. Nous avons été éblouis, son père et moi ! On lui a donc expliqué que sa réalisation était à couper le souffle. Cela l'a motivé et il a su que ses dessins pouvaient être partagés et exposés. Et de plus en plus, il a ressenti ce besoin de restituer à sa manière toutes ces images que son
© Iman Chair
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Bravo et respect à Iman, femme courageuse et déterminée, dont j’ai lu l’interview avec beaucoup d’émotion. Yves L., Essaouira
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Terrasse panoramique avec vue sur le “grand bleu” Carte de produits de la mer raffinés et cuisine méditerranéenne Ouvert tous les jours - Service de 12 h à 17 h - Ouverture du Club de plage Plage Sidi Kacem - Direction Grottes d’Hercule - Tanger - Tél. : 05 39 33 81 37 11/01/14 9:02 Page 1 Mail : oceantanger@gmail.com - Facebook : oceanplage - www.oceanplagetanger.com
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ACTUS RENDEZ-VOUS EN VILLE
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Rendez-vous tangérois
Une nouvelle boutique, une soirée à thème, un atelier pour les enfants, une idée de sortie... Voici quelques idées à explorer.
Défoulez-vous ! Chiara et Delphine vous proposent un voyage à travers le mouvement et l’imagination ouvert à toutes et à tous, sans expérience préalable de la danse. Et puisque chaque session est unique et particulière, les gens de passage à Tanger ou qui veulent essayer juste une fois sont les bienvenus. Le mercredi de 19h30 à 21 h au théâtre Darna. Contact : 06 55 67 79 16 / 06 55 77 28 83 / Facebook : lesviesdansent.
Tanger médina est l’album de photos paru aux éditions Les Murs à Pêches de Bernard Moutin, Tangérois sensible à l’ambiance des rues étroites de la vieille ville et aux rencontres au détour d’un escalier ou d’une ruelle... À découvrir ce mois-ci chez votre libraire préféré. Las Chicas accueillent les Harakat Sister les 9
et 10 mai et leurs accessoires colorés. Elles présenteront aussi les pouf Colors Kersi de la Designer tangéroise Mouna Fassi Fihri. Et pour les chefs en herbe, découvrez Dima Terroir, une grande sélection d’épices et de saveurs marocaines.
Du temps pour moi... Atelier “Spécial Femmes” Abhyanga, massage de l'ayurveda S'appuyant sur les sept centres énergétiques du corps - les chakras -, le massage Abhyanga est avant tout un soin rééquilibrant. L'ayurveda est le plus ancien système médical structuré connu à ce jour. Il accorde une importance primordiale à la médecine préventive. Fatine vous propose des massages dans la pure tradition à base d’huile de sésame pour un bien-être général. Contact et RDV : Fatine Rahmouni - 20, rue Omar Ibn Abdelaziz. Tél. : 06 54 79 98 10
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Vie privée, vie intime, vie amoureuse… Découvrir son vrai Soi et développer son potentiel d’expansion, c’est l’objet de l’atelier “Spécial Femmes” de la coatch et psychothérapeute Laurence Dudeck. Un atelier en forme de rencontre confidentielle, dans un espace sécurisé : un espace d’expression sans retenue, de regard sans jugement, un espace de bienveillance collective. Les 10 et 11 mai à l’hôtel Ryad Mogador à Tanger. 2500 DH les deux jours (repas compris), places limitées. Contact : 20minutespoursoi@gmail.com ou par sms au 06 61 90 78 77 et sur Facebook : Laurence Dudeck, psychothérapeute.
Programme Tanger Accueil Tél. : 06 11 89 62 19 - Mail : tangeraccueil@gmail.com
Agenda
Mauvaises ondes Les ondes électromagnétiques (antennesrelais, téléphones portables, ordinateurs, télévisions...) ont des effets très nocifs sur la santé comme l’affirment de nombreuses publications scientifiques. Comment prévenir ces effets et se protéger efficacement de façon simple, chez soi, au travail, en tout lieu ? C'est l'objet des travaux de Pierre Murraté, chercheur depuis 40 ans dans le domaine de l'environnement/habitat/santé. Et il vous invite pour la première fois au Maroc à une journée pratique de sensibilisation durant laquelle il vous fera vous part de ses dernières découvertes. Cette journée d'information, d'échanges et d’expérimentation est ouverte à tous. Le 18 mai de 10 h a 17 h au Douar Bougdour, Gzenaya, gîte rural Le Maylis. Inscriptions et infos au 06 45 67 41 45.
Collecte recyclage avec Wiggle Service Le 26 mai de 10 h à 19 h à Tabadoul Apportez vos déchets recyclables : (bouteilles, conteneurs et sacs en URbain plastique, bouchons, cartes téléphone, DVD, conserves, canettes, piles, toners d’imprimante, ampoules, néon, carton, boîtes à œufs, journaux, rouleaux papier, magazines... info@tabadoul.org ou 05 39 37 19 78
4 mai : Paella chez Thérèse 10 mai : Vide-grenier à la ferme Darna de 9h30 à 13h30 11 mai : Visite de Lixus 16 mai : Réunion mensuelle/Assemblée générale 24 mai : Conférence chez Latifa par Dina Kadiri sur "La condition de la femme musulmane dans le monde" 29 mai à 14h30 : Réunion des trois groupes de lecture chez Lilia et conférence sur la conservation du patrimoine.
Nouveau à la plage... Le Chiringito de L’Océan est
ouvert : location de transats, restauration rapide, sardines grillées, cocktails mojitos, sangria blanche. Ouvert de 10 h au coucher du soleil.
La Boutique de L’Océan : paréos, panamas, sacs, pachminas,
colliers en coquillages des enfants de Jbilat, espadrilles basques...
La Piscine : location de transats, abonnements, restauration
lègère, privatisation du lieu, soirées à thème.
Elite Model Look 2014 Morocco Le casting de Tanger se déroulera le 17 Mai à la Piscine.
ACTUS CES TANGÉROIS QUI BOUGENT...
Ces deux-là ont un coeur grand “comme ça”. Ensemble, ils ont fondé le Sanctuaire de la Faune de Tanger. Un sacerdoce...
Sally et Karl Scarr
Par CHRISTINE CATTANT
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lle est née à Rabat, de l’union d’une maman anglaise et d’un papa officier de l’armée marocaine. Elle a grandi à Tanger, qu’elle a quitté à sa majorité pour l’Europe. Lui est britannique et l’a suivie les yeux fermés lorsque, vingt ans plus tard, elle a décidé de revenir dans la ville de son enfance avec un rêve en tête : fonder le Sanctuaire de la Faune de Tanger. Ces deux-là aiment les animaux. D’un amour qui appelle tous les sacrifices. Qui balaie toutes les privations et les frustrations. Car Sally et Karl ne roulent pas sur l’or. Le moindre dirham, la moindre livre et leur dernier euro sont intégralement engloutis par le Sanctuaire. Des
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angoisses, ils en ont. Mais pas celle de savoir quelle marque de voiture ils vont acheter. Celle de savoir s’ils pourront continuer demain… Le contraste, entre eux, est saisissant. Elle est aussi frêle qu’il est costaud, elle est aussi vive qu’il est calme. Il puise sa volonté dans son énergie à elle, elle s’appuie sur sa force de grand gaillard. Elle s’alimente mal. « Pas le temps », lance-t-elle. Ils dorment peu. Trop de travail, trop de soucis. Et malgré tout, ils sont heureux. « Mon rêve a toujours été de créer un sanctuaire ici à Tanger car il n’y avait rien à part la SPANA. Toute petite, déjà, je soignais les animaux de la rue. Mon mari adore les animaux, alors ça a été facile de le convaincre de venir ici ». Alors ils ont débarqué en ville, un jour,
avec deux chiens et un canard. Puis ont commencé à « ramasser » les animaux les plus faibles, les malades, les blessés. La famille s’est agrandie. Désormais, ils veillent sur des dizaines de chiens et de chats, trois ânes, un singe et des tortues… Tous recueillis et désormais heureux. Et il y a les autres, ceux des rues, qu’ils nourrissent chaque jour, qu’ils vaccinent, stérilisent, vermifugent… « Notre but à long terme est de ne plus voir d’animaux errants qui souffrent dans les rues de Tanger. Car ils soufrent, énormément, et ils sont parfois très mal traités ».
“ÇA EN VAUT LA PEINE, MÊME SI ÇA NOUS COÛTE UNE FORTUNE” Leurs journées sont longues. Debout à
cinq heures du matin pour le petitdéjeuner des chiens et les séances de câlins, puis celui des autres pensionnaires. Nettoyage du jardin, de l’étable, de la chatterie, de l’enclos du singe. Puis tournée des rues pour nourrir et soigner leurs protégés, pour ramasser un animal blessé qu’on leur a signalé… Visite ensuite à la Spana pour apporter un animal à stériliser. Et rebelote les repas, les soins, les caresses… Les Scarr sont bien souvent au lit à vingt heures, fourbus et exténués. « Ca vaut la peine même si ça nous coûte une fortune. Tout notre argent y passe mais nous commençons à recevoir des dons, surtout d’Angleterre. Si on arrive à vacciner et stériliser tous les animaux à Tanger, il n’y aura plus de maladies telles que la rage, le parvovirus ou le coryza… ».
“IL FAUT INTERDIRE L’USAGE DU POISON” Utopique ? Peut-être. Mais pas si bête. Les Scarr font leur part. Moins radical et plus coûteux que les campagnes de boulettes empoisonnées menées régulièrement par la ville, mais certainement plus humain. « Il faut interdire l’usage du poison. C’est une mort lente et terrible, dont les animaux des particuliers font parfois aussi les frais ». Et pas toujours très intelligent. La recrudescence de rats dans la kasbah, vecteurs de maladies bien plus sûrement que les chats, en témoigne. Sally et Karl ont un espoir. Il passe par l’éducation. « Les Tangérois peuvent nous aider en faisant stériliser leurs propres animaux, en les vaccinant et en en parlant autour d'eux. La ville aussi a son rôle à jouer. Il est très important d'éduquer les jeunes, par exemple à l’école. Leur faire comprendre que les animaux souffrent autant que les êtres humains. Qu’on ne doit pas les maltraiter. La condition des animaux en vente ici à Tanger est terrible. Voir ces chiots, enfermés dans des cages minuscules des jours durant, privés d’eau et de nourriture… Il faut changer tout ça », soupire Sally.
“NOUS AVONS DÉJÀ SAUVÉ ÉNORMÉMEMENT DE VIES” À l’heure actuelle, le Sanctuaire est le seul refuge à Tanger. Il est épaulé par la jeune association des Amis de la Spana qui s’occupe des animaux errants et de ceux des personnes démunies. « Je suis la secrétaire de cette association »
DE HAUT EN BAS : JACK, L’UN DE LEURS PREMIERS SAUVETAGES. BLESSÉ DANS LA CIRCULATION, AMPUTÉ... ET DÉSORMAIS HEUREUX AU SANCTUAIRE. KARL ET SA GRANDE AMIE SOPHIE, FEMELLE MACAQUE BERBÈRE. MOMENT TENDRE ENTRE SALLY ET L’ÂNON PADDY.
annonce Sally avec fierté. « Grâce aux deux structures et au Docteur Jedi Hammadi, le vétérinaire de la Spana, nous avons déjà sauvé énormément de vies et nous essayons de communiquer au maximum sur notre travail ». Leur objectif à court terme : trouver une petite ferme à louer ou à vendre, avec du terrain pour leur permettre d’organiser l’accueil de nouveaux arrivants. Mais pour l’heure, Sally et Karl s’en vont rendre un chat stérilisé à cette dame adorable qui n’avait pas le premier
dirham pour le faire elle-même. Le sourire et le bonheur de la vieille femme au retour de son petit compagnon sera leur unique récompense. Mais ça leur suffit amplement…
Pour les connaître, leur rendre visite, les contacter, les aider en faisant du bénévolat ou faire un don : www.lesanctuairedelafaunedetanger.com
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À LA UNE
figures de tanger - 15 -
Mokhtar Chaoui « [Je suis chagriné] par la disparition des horizons. » Rencontrer l’écrivain Mokhtar Chaoui nous aide à balayer l’idée de penser que les écrivains n’existent que pour « écrire joli ». Poète, chroniqueur, nouvelliste, universitaire, romancier, il gronde à travers sa plume et s’insurge contre toute forme d’hypocrisie. N’y voyez pas là un suppôt de la critique à tout-va, non ! Mokhtar Chaoui aime le Maroc, même s’il le remet en question avec ce ton caustique qui le caractérise et voilà comment il nous le prouve.
RENCONTRE AVEC STÉPHANIE GAOU
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© D.R.
Éternel insatisfait
Mokhtar Chaoui à la librairie les insolites, lors de la présentation de Moi, Ramsès le chat…
Urbain : Mokhtar Chaoui, votre enfance, comment s’est-elle déroulée ? Mokhtar Chaoui : À Tanger, dans le quartier Montparnasse (maintenant Atlantico). Dans la joie et les drames. Et surtout dans la liberté. Quand j’étais petit, les rues de notre quartier étaient un incroyable terrain de jeux. Tout le monde tabassait tout le monde et personne ne rentrait chez lui frustré (rire). Moi, j’étais tranquille et même taciturne, pas très partisan des réunions familiales, préférant rester seul. J’ai fini par trouver refuge dans la lecture de ce qu’on appelait cuentos, les BD. Comme souvenir malheureux, je verrai toujours le petit corps de mon frère Youness, quatre ans, enveloppé dans un linceul sur le tapis. Comment êtes-vous « tombé » dans la marmite de la littérature ? À cause de la lecture. Sans bibliothèque à la maison, je lisais et relisais les livres scolaires, surtout Iqraa (Lis !) de A. Boukmakh et Bien lire et comprendre le français de H. Tranchart. Une
fois à la fac, j’ai commencé à envisager d’écrire des textes qui n’avaient ni queue ni tête et qui atterrissaient chez les vendeurs de cacahuètes. Toujours, c’est la lecture qui a été ma compagne, mon guide vers la littérature. Enseignant-chercheur à la faculté des lettres et sciences humaines de Tétouan, comment voyez-vous l’état actuel de l’éducation au Maroc ? Il est catastrophique, voire suicidaire. Je crois que cela est dû à l’absence d’une volonté politique de régler le problème. L’État marocain a renoncé à éduquer le peuple depuis la fin des années 70. On ne sait pas ce qu’on veut faire de ce Maroc. Le débat sur les langues d’enseignement à l’école n’a jamais été aussi vif, certains prônant même la darija comme langue de référence. Qu’en pensez-vous ? Pour moi, la langue d’enseignement au Maroc doit être l’arabe. C’est une question d’histoire, d’identité et d’efficacité. Une nation ne se
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À LA UNE
FIGURES DE TANGER
voulais donner corps à cette phrase qui revenait souvent dans mes écrits : « La grande erreur de l’homme et de vouloir soumettre la femme. La grande erreur de la femme est de chercher à posséder l’homme. » Le personnage principal dit : « Permettez-moi madame de vous répudier, pour qu’à nouveau vous désirer. » Ce qui veut dire que la promiscuité tue le couple et la meilleure façon de faire perdurer désir et amour, c’est de s’octroyer des « vacances biologiques ».
« Montrez-moi un seul Marocain qui ne soit pas un râleur-né et je cesserai de râler ! » développe pas en adoptant comme langue d’enseignement une langue étrangère. Mais je parle d’un arabe simplifié, adapté à l’Homme du XXIe siècle. Il ne s’agit pas d’enseigner en arabe d’antan. Cet arabe-là ressemble au latin en Europe. Dans chaque pays, il y a la langue qui unit la nation et il y a les dialectes qui affirment les spécificités des régions. L’arabe est la langue qui unit les Marocains, les darijas sont les dialectes qui sauvegardent les spécificités de chaque région. Privilégier une darija sur une autre, c’est raviver les animosités entres les composantes ethniques du Maroc. Votre premier roman portait un titre choc Permettez-moi, Madame, de vous répudier… Oui, je me suis toujours intéressé au couple. Je
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Puis À mes amours tordues, roman dans lequel le narrateur règle ses comptes avec toutes les figures totémiques du Maroc : mère, père, mufti, Dieu même... La société marocaine est prisonnière de trois totems : religion, famille et Makhzen. Nous vivons sous le poids de la religion, du halal et du haram, du paradis et de l’enfer. Sous les regards inquisiteurs de nos familles qui se mêlent de tout et qui décident pour nous. Sous le joug d’un makhzen qui refuse toujours de nous considérer comme des citoyens et qui continue de nous traiter comme des sujets. C’est le sujet du livre : mettre un coup de pied dans la fourmilière. J’aurais aimé qu’il provoque un débat, mais les débats se passent dans les cafés de commerce... Vous ne craignez pas que l’on dise de vous que vous êtes un éternel râleur ? Montrez-moi un seul Marocain qui ne soit pas un râleur-né et je cesserai de râler ! La seule différence, c’est que la majorité râle en aparté et moi non. Pourquoi toujours ce besoin de pointer les défauts chez vos semblables ? Parce qu’ils m’exaspèrent de plus en plus. Pour quelques atomes d’humanisme, d’amour et d’amitié (souvent intéressés d’ailleurs), ils vous
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À LA UNE
FIGURES DE TANGER
noient dans un océan de cupidité, d’hypocrisie, d’arrivisme, de fausseté, de massacre. Quel est l’auteur marocain pour qui vous avez le plus d’estime ? Et un autre écrivain, toutes catégories et/ou nationalité confondues, que vous aimez lire et relire ? Sans hésitation, je placerais Mohammed KhaïrEddine en premier et Driss Chraïbi en deuxième. Sinon, Dostoïevski, Céline, Kundera, Murakami et les autres, l’essentiel pour moi est que l’auteur m’aspire dans son univers. Je peux relire aussi sans me lasser Don Quichotte de Cervantes et les Mille et une nuits. Qu’aimeriez-vous que l’on dise de vous en tant qu’auteur ? Que je suis un auteur « sincère » qui écrit comme il peut sans jamais atteindre ce qu’il veut. Et sur ma tombe, que l’on inscrive : « Pardonnez-lui Seigneur. Il ne savait pas, mais il a quand même essayé. » (rires)
DATE CLÉ : 2020 : l’année de ma mort. J’ai toujours eu le pressentiment de mourir à 55 ans. Ne me demandez pas pourquoi ; priez juste pour que ça soit retardé de quelques années, le temps d’accompagner mes gosses jusqu’à leur majorité.
dans le bon sens du terme. Ils ont d’abord voulu savoir si les autres révolutions allaient aboutir à une vraie démocratie. Comme le résultat fut catastrophique, ils ont préféré maintenir le statu quo et grignoter quelques progrès. Et tant mieux, car, il n’y a pas pire pour une nation qu’une guerre civile. Tanger, porte de tous les fantasmes littéraires. Et vous, comment la voyez-vous en tant qu’écrivain du « cru » ? J’ai sur elle le regard que peut avoir un être vis-à-vis de sa terre natale, c’est-à-dire une seconde mère qui nourrit mon imagination et me permet de supporter la vie.
Que diriez-vous à un de vos élèves s’il vous confiait qu’il Mokhtar Chaoui à 2 ans aimerait devenir un grand écrivain ? Par quoi êtes-vous chagriné à Tout d’abord, s’armer de lecture, infiniment Tanger ? de lecture, de patience, de persévérance et Par la disparition des horizons. d’exercices. Et surtout, de savoir pourquoi et pour quoi il écrit. Et quels sont les aspects de la ville qui vous charmeront toujours ? Ces derniers temps, un souffle contestataire La mer, la mer et encore la mer. s’est levé au Maroc, mais sans cette once de violence qui affecte d’autres pays voisins, Le credo de Mokhtar Chaoui ? comment l’expliquez-vous ? « Être sérieux sans jamais se prendre au sérieux. » Difficile à dire, car le Maroc était à deux doigts de s’embraser. Peut-être les Marocains sontEt votre prochain livre, il sort quand ? ils plus lucides ou plus serviles que les autres... Il vient de sortir, c’est un recueil de nouvelles Je crois plutôt que ce sont des attentistes, mais intitulé Les Chrysanthèmes du désert.
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À LA UNE
LA CHRONIQUE
Lotfi Akalay
Les rues de Tanger Voici la suite de l’interview – fictive ? – d’un conseiller municipal interrogé au sujet du changement des noms des rues de Tanger…
- À chaque jour suffit sa peine ; nous en sommes au XVIIe siècle avec le célèbre compositeur Bach. - Au risque de vous étonner, sachez qu’il était moins célèbre qu’aujourd’hui. Il lui est arrivé d’être maltraité, renvoyé de son travail, emprisonné, critiqué. Certaines de ses innovations furent refusées. Ses 295 cantates qui sont de purs chefs-d’œuvre et dont 190 seulement d’entre elles nous sont parvenues, n’ont été jouées qu’une seule fois de son vivant. On appréciait davantage l’exécutant virtuose que le compositeur si fécond et ingénieux qu’il fût. - Il a fallu attendre sa mort pour le réhabiliter ? - Bach a eu une fin de vie douloureuse. Il fut atteint d’une cécité presque totale et son mal fut aggravé par les soins d’un médecin anglais qui ruina sa santé. Bien qu’il ne fût pas un riche laboureur sentant sa mort prochaine, il fit venir son neveu, lui parla sans témoin pour lui dicter un choral d’orgue qu’il intitula Seigneur me voici devant Ton trône, une œuvre d’une incomparable pureté. Il meurt le 28 juillet 1750 laissant sa veuve dans l’indigence. - Sniff. Nous devrions organiser un concert public pour que vous nous racontiez cet
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épisode. Il pourrait être sponsorisé par Kleenex. - Un siècle durant, personne ne prononça son nom et il ne fut redécouvert qu’en 1829 grâce à Félix Mendelssohn qui dirigea La Passion selon Saint Mathieu. Il faudra attendre 1850 pour disposer d’une édition, inégale à défaut d’intégrale, de ses œuvres tirées de l’oubli. - Resniff. Combien a-t-il eu d’enfants ? - Vingt. - Vingt enfants comme les Gazaouis et les colons israéliens ! Où trouvait-il le temps de composer ? Je plains sa femme ! - Il a eu 8 enfants de sa première femme Maria Barbara, une cousine éloignée qui lui a apporté un petit héritage. - Comme la mienne ? - Vous avez épousé votre cousine ? - Non, elle m’a apporté une petite fortune. Elle était rondelette et j’y plongeais allègrement la main. - C’est ainsi que vous parlez de votre épouse ? - Mais non ! Je parle de la petite fortune. - Je comprends mieux à présent votre succès électoral… - Ça vous étonne ? En Europe dans les sondages on pose la question : « Vous votez pour qui ? ». Chez nous, on demande : « Vous
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votez pour combien ? » - Du moment que vous avez payé pour être élu, vous comptez bien récupérer votre mise d’une façon ou d’une autre, n’est-ce pas ? - Parbleu ! sinon à quoi bon se présenter ! - Diantre, morbleu, diable, sapristi, saperlipopette, crénom, fichtre, mazette, le niveau de notre dialogue baisse dangereusement, revenons à Bach. Après la mort de Maria Barbara, il épouse Anna Magdalena qui lui donne 14 enfants. - Vous vous êtes trompés quelque part, 8 + 14 = 22, pas 20 ! - Il faut compter les enfants morts en bas âge. De son vivant, Bach a vu mourir onze de ses enfants. - J’espère que pour l’achat des tombes, on lui a consenti un prix de gros. Tout compte fait, nous aurions dû garder le nom de sa rue à Tanger, c’était un brave type. Mais d’un autre côté, nous donnons la priorité aux gens de chez nous, les Allemands passent après les Arabes. - Dans ce cas, pourquoi achetez-vous des Mercedes et des BMW ? Conduisez donc des voitures arabes, ou grimpez sur des chameaux ! Assumez votre arabité jusqu’au bout et pas uniquement quand ça vous arrange. Votre recours à l’authenticité s’arrête là où commence votre confort matériel. C’est trop facile ! - Nous l’avons appelée rue de l’Irak. - Pourquoi une petite rue pour le grand Irak et une vaste place pour le petit Koweït ? - Secret professionnel. - Sur la principale artère de la ville, le boulevard Mohamed V, vous avez rasé la bordure médiane qui, parce qu’elle était surélevée, obligeait les automobilistes à rouler en ordre sans possibilité de se
doubler. Vous devriez savoir que deux voitures sur trois sont pilotées par des gens qui n’ont pas appris à respecter les piétons parce qu’ils n’ont pas la culture des droits humains, ni à observer le code de la route parce qu’ils ne savent pas ce que signifie un État de droit. En supprimant ces bordures en ciment, vous leur avez donné toute latitude de faire des excès de vitesse et de rouler en sens opposé. Tant d’irresponsabilité de votre part me laisse sans voix… - On ne dirait pas, je n’entends que vous… - Soit vous êtes des nullités municipales, soit vous êtes du même acabit que le chauffard qui fait des pointes de vitesse en plein cœur de la cité. Dans les deux cas vous êtes, non pas virtuellement mais concrètement, responsables du sort de toutes les personnes renversées par les voyous du volant. - Je préfère que nous parlions de musique. Elle adoucit les mœurs. Quelles sont les compositions de Bach que vous me recommanderiez ?
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À LA UNE
LA CHRONIQUE
- Aucune et toutes. Aucune parce que Bach n’a pas composé pour vos oreilles qui sont probablement hermétiques à cette qualité de son ; toutes parce que dans la production de J.S. Bach, il n’y a pas de scories. - Que signifie scories ? - Regardez-vous dans un miroir. Quoi qu’il en soit, si vous avez de l’argent à gaspiller, achetez Le Clavier bien tempéré, une des rares œuvres de Bach qui ne soit pas tombée dans l’oubli immédiatement après sa mort. Robert Schumann, maître indétrônable du piano romantique, disait en faire son pain quotidien, selon son expression. Les interprétations les plus réussies sont celles de Gustav Leonhard (Harmonia Mundi 20309-13) pour le clavecin, et Glenn Gould (CBS 77427) pour le piano. Il y a aussi la Partita pour violon seul en ré mineur BWV 1004. - J’ai déjà une BMW pour klaxon seul. - BWV est l’abréviation de Bach-WerkeVerzeichnis qui sert à numéroter les œuvres de Bach. Les variations Goldberg BWV 988 sont un modèle d’équilibre entre la mathématique et le musical. Goldberg, élève de Bach, était claveciniste au service du comte Von Keyserlingk. On dit que le comte voulait écouter ces pièces afin de supporter les insomnies dont il était fréquemment victime. - Inutile que j’achète ce disque, nous n’avons pas ce genre de problème au conseil municipal. - Vous avez aussi supprimé le nom de Mendelssohn de l’une de nos rues, pouvezvous me dire pourquoi ? - Est-ce un musicien ? - Oui, et pas des moindres. Berlioz le décrivait en 1831 comme « une des plus grandes capacités musicales de notre époque. »
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- Qui est Berlioz ? - Ce musicien français n’a pas donné son nom à une de nos rues tangéroises. - Ouf ! - Hector Berlioz fut le représentant attitré du romantisme français en musique, comme le furent aussi Eugène Delacroix pour la peinture et Victor Hugo en littérature. Son père était athée, et sa mère, une grenouille de bénitier. - Grenouille de bénitier ? Qu’ès aco ? - C’est l’équivalant d’un pilier de mosquée chez vous, euh… chez nous. - Pourquoi cette hésitation ? - Ce n’est rien, oubliez, j’ai assez d’ennuis comme ça. Donc père et mère étaient de cultures opposées. - Cela n’a rien d’extraordinaire, moi aussi j’ai des parents opposés. - Ils ont des cultures différentes ? - De culture ? non. De sexe, si. À suivre...
À LA UNE RENCONTRE
Questionnaire
de Proust
Originaire de Lyon, la Consule Générale de France Muriel Soret a passé plus de 25 ans à Paris avant d’accepter avec enthousiasme ce poste dans la ville blanche. Pour célébrer l’anniversaire de sa première année à Tanger, URbain lui a demandé de répondre à son fameux questionnaire de Proust. On la découvre motivée, pleine d’humour et un brin romantique...
Propos recueillis par Christine Cattant
Muriel Soret L’air que vous fredonnez sous la douche ? Les mots bleus de Christophe.
Et chez une femme ? Le courage.
La musique que vous écoutez en voiture ? Les chants de Samira Kadiri, artiste tétouanaise à la voix lumineuse et pure.
Le trait de votre caractère dont vous n’êtes pas très fière ? L’impatience. Votre plus bel atout ? L’équipe du Consulat. Une qualité que vous aimeriez avoir ? La patience. Quel défaut ne supportez-vous pas ? La déloyauté.
Un rêve ?
L’objet du quotidien que vous pourriez lâcher ? Tout sauf mon portable ! Votre destination préférée pour les vacances ? Les prochaines : la Suède et le Maroc. Votre jour et votre moment de la journée favoris ? Le mardi, le matin.
Une place de France sans panneau publicitaire ?
Trois objets sur une île déserte ? Un exemplaire du manuel « Le Bricolage pour les Nuls », une caisse à outils et une boîte de pansements.
La célébrité dont vous rêveriez d’être l’amie ? George Clooney autour d’un bon café ?
Le petit plat qui vous fait craquer ? Le tajine pruneaux-amandes de Fatima Zorha
La personnailté que vous admirez ? Denys Finch Hatton dans Out of Africa.
Si vous étiez une ville ? Forcément italienne, mes racines certes lointaines mais si présentes en moi.
Votre film ou votre livre préféré ? La vérité sur l’affaire Harry Québert de Joêl Dicker. Un talent littéraire qui m’a emportée.
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Si vous étiez une couleur ? Le bleu bien sûr… celui de Tanger, de Chefchaouen, du Détroit.
Si vous étiez un animal ? Sidi et Tanjah… ils se reconnaîtront ! Votre loisir préféré ? La lecture. Un joli souvenir… Le 31 août 2013, soirée de gala des anciens élèves du Lycée Regnault : des moments d’émotion et de très belles rencontres. Quelle œuvre d’art pourriez-vous voler ? Voler ? Jamais ! Admirer sans fin : les œuvres de Fra Angelico, une merveille…
La faute que vous pardonnez sans mal ? Celle d’un ami... Votre plus grand bonheur ? Voir mes enfants si épanouis. Le lieu tangérois que vous préférez ? Le Mirage pour son panorama sublime et émouvant. Tanger en trois mots ? Absorbante, lumineuse et parfois obscure. Votre devise ? Travailler ensemble.
Photos ci-contre © D.R.
Quelle qualité préférez-vous chez un homme ? Le sens de l’humour.
À LA UNE
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RENCONTRE
Tahar Ben Jelloun La peinture est le soleil qui manque à mes romans
Avec les personnalités connues, tout le monde a le sentiment de tout savoir sur eux. Tahar Ben Jelloun fait partie de ces êtres que tout le monde connaît, du moins de nom, et pourtant il sait garder tout son mystère, au bout de quarante années de carrière dans l’écriture et de reconnaissance internationale. Nous découvrons qu’en plus de la littérature, l’homme aime se consacrer à la peinture et il y parvient avec une dextérité surprenante. Pour celles et ceux qui sont à Marrakech, en ce mois de mai, précipitez-vous à la Galerie Tindouf qui l’expose, c’est une vraie belle surprise. PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANIE GAOU PHOTOS : PHILIPPE LAFOND, 2014
Urbain : Tahar Ben Jelloun, vous êtes né à Fès, avez grandi à Tanger, puis quitté la ville pour poursuivre vos études à Rabat et enfin, vous partagez votre temps entre la France et le Maroc depuis plus de quarante ans. Vous êtes considéré par les Tangérois comme l’un des leurs. Quelle relation entretenez-vous avec la ville blanche ? Tahar Ben Jelloun : Tanger est une ville magique, et cependant, elle n’a rien d’extraordinaire. C’est curieux, j’aime cette ville, je ne sais pas pourquoi finalement, j’en pars mais j’y reviens tout le temps.
Tanger est l’objet de toutes les attentions et de nombreux grands projets urbains. Quel sentiment avezvous pour cette évolution et pour l’avenir de la ville ? Tant mieux, avant elle a souffert de tant d’abandon. À présent elle revit et change beaucoup ; c’est la renaissance. Et ce, grâce à Mohamed VI, qui non seulement aime cette ville, mais l’embellit de plus en plus. Embrasser votre carrière en quelques pages, c’est un travail titanesque, mais commençons par le début. Quelle fut votre première publication ? C’était un poème, L’Aube des dalles, dans la revue Souffles en 1968. Comment avez-vous été contacté par les créateurs de la revue, Mohamed
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À LA UNE
RENCONTRE
Nissabouri et Abdellatif Laâbi ? Rappelons que cette revue avait pour but de révolutionner le monde de la pensée à l’époque. En sortant du camp disciplinaire d’Ahermemou en janvier 1968, j’avais sur moi des feuilles où j’avais écrit un long poème. Je l’ai montré à Abdelkébir Khatibi qui l’a présenté à Abdellatif Laâbi. Le texte fut publié quelques mois
Je regrette que la nouvelle constitution n’ait pas retenu « la liberté de conscience ». après. J’avais été surpris par l’accueil des lecteurs : on m’incitait à poursuivre l’écriture. Ce que je fis avec plaisir tout en me disant que ça n’allait pas durer. Je doutais, je me posais des questions notamment à propos de la langue, je me disais « écrire en français alors que je parle d’un Maroc populaire où l’on parle l’arabe dialectal, est-ce convenable ? » Heureusement, je suis passé outre et j’ai cultivé l’écriture en français sans me sentir coupable.
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En 1970, vous quittez la revue Souffles. Pourquoi ? Trouviezvous le poète Abdellatif Laâbi trop engagé politiquement ? Quarante ans plus tard, suite aux événements du « Printemps arabe », vous publiez Par le Feu et l’Etincelle dans lesquels vous assumez votre positionnement politique. Alors, au final, un écrivain, c’est un artiste engagé ou non ? Non, je n’ai pas quitté Souffles à cause d’Abdellatif Laâbi, mais parce que l’idéologie a fait son entrée dans la revue au détriment de la création poétique. J’ai toujours été concerné par ce qui se passe dans mon pays. J’utilise le roman pour témoigner ; ainsi Moha le fou, Moha le sage s’ouvre sur une séance de torture. Le livre a été publié en 1978, année de plomb. Vous disiez récemment que le Maroc avait réussi à anticiper le « Printemps arabe » à travers l’adoption de réformes ayant consolidé l’égalité entre les hommes et les femmes et consacré les droits de l’Homme. Où en est-on aujourd’hui selon vous ? Le Maroc a fait l’économie de grandes
violences et anticipé les réformes. Je regrette que la nouvelle constitution n’ait pas retenu « la liberté de conscience ». Il y a encore des choses à réformer, mais les mentalités ont du mal à changer. Et il faut avouer que la constitution tunisienne est révolutionnaire dans le monde arabe. Vous êtes l’auteur francophone contemporain le plus traduit au monde. Comment l’expliquez-vous ? C’est grâce au prix Goncourt, et puis j’ai pas mal visité les pays où je suis traduit. Cela dit, si La Nuit sacrée et L’enfant de sable ont été traduits dans 45 langues, Le racisme expliqué à ma fille en 32 langues seulement et les autres livres sont traduits dans une dizaine de langues. Même si votre parcours est exemplaire, y a-t-il encore des moments où vous doutez de vous ? Je doute tout le temps. Il n’y a pas pires ennemies de la création que la certitude et l’autosatisfaction.
Quel est le livre dont vous êtes le plus fier ? Aucun. Car ils sont tous imparfaits et auraient besoin d’être retravaillés. Vous écrivez sans concession sur la société marocaine. Cette dernière, en retour, vous en a souvent voulu d’être si « lucide ». Cependant, une frange de la société civile s’organise pour lutter contre certains des maux que vous montriez du doigt dans vos livres. Cela ne vous fait-il pas sourire ? Je souris, mais surtout je poursuis mon chemin, j’écris et certains disent que je suis prolifique ; c’est normal, j’écris tous les jours et j’ai plein d’histoires à raconter. Comment est née l’idée d’écrire le livre Le racisme expliqué à ma fille ou L’Islam expliqué aux enfants ? En manifestant contre des lois contre l’immigration avec Mérième, qui avait à l’époque dix ans. Pour l’Islam, ce fut le lendemain du 11 septembre. En plus des diverses récompenses que vous avez reçues à travers le
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À LA UNE
RENCONTRE
monde, vous avez obtenu le siège de François Nourrissier à l’Académie Goncourt. Que ressentez-vous depuis cette nomination ? Je suis fier bien sûr, mais surtout je ne savais pas qu’être membre de l’Académie Goncourt réclamait tant de travail (bénévole). Je passe tout l’été à lire, l’année dernière j’ai lu trente-deux romans. Cette année, j’espère atteindre la quarantaine.
Nous vivons dans une société hyper sexualisée avec le mythe de performance et de corps parfaits. Que pensez-vous de la « jeune » littérature au Maroc ? Je la connais mal. Je regrette. Manque de temps, d’intérêt ? Vous n’avez pas l’impression de rater tout un pan de la renaissance intellectuelle de votre pays de naissance ? J’ai lu quelques romans, mais honnêtement je ne peux pas porter un
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jugement sur une littérature en train de se faire. C’est surtout un manque d’opportunité. Mais je m’y intéresse dans la mesure du possible. Je reste attentif à ce qui se publie et pas uniquement au Maroc. Il existe une littérature hollandaise écrite par des Hollandais d’origine marocaine très intéressante. Vous avez aidé à faire connaître au public francophone Le Pain Nu en 1980 de Mohamed Choukri qui est resté interdit au Maroc dans sa version arabe jusqu’en 2000. Pensezvous à un auteur de nos jours autant pris aux tripes que Choukri que vous aimeriez révéler au grand public ? Non, Choukri était exceptionnel. Je n’ai pas rencontré de nouveau Choukri ! Votre dernier roman L’Ablation traite de la perte de virilité. Un de vos premiers textes La plus haute des solitudes abordait avec une extrême justesse la misère sexuelle des travailleurs immigrés en France. La vie ne tournerait donc qu’autour de privation ou abondance de sexualité ? Nous vivons dans une société hyper
sexualisée avec le mythe de performance et de corps parfaits. La pub nous ment tous les jours : corps impeccables, dents d’une blancheur extraordinaire, ventre plat, cheveux abondants et soyeux, une joie de vivre magnifique. Mon personnage, après avoir subi une ablation de la prostate, ne peut plus faire l’amour, du moins momentanément, alors il souffre et vit cette épreuve avec dépression et mélancolie. C’est un livre que beaucoup de femmes ont lu en m’avouant qu’elles ont appris beaucoup de choses sur leur homme. C’est un livre utile et c’est la première fois qu’un roman est prescrit dans une ordonnance à côté de médicaments ! À un auteur en herbe qui vous demanderait conseil pour écrire, vous rétorqueriez… Il faut lire, lire et lire, les classiques, les étrangers, lire tout le temps. Lesquels en priorité ? Quand j’étais adolescent j’allais à la bibliothèque française et j’empruntais deux livres par semaine. J’adorais lire, découvrir. Je conseillerais à notre
À VOIR…
La Galerie Tindouf de Marrakech vous dévoile les dernières œuvres de Tahar Ben Jelloun et vous invite à découvrir le pinceau de l’écrivain du 26 avril au 15 mai. 22, boulevard Mohamed VI Gueliz - Marrakech
jeunesse de lire aussi bien Taha Hussein que Franz Kafka, Ghitani et Mahmoud Darwich, Borges et Adonis, Camus et Cervantes... Le principal, c’est d’attraper ce qu’on appelle « le vice impuni » qu’est la lecture.
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À LA UNE
RENCONTRE
Le principal, c’est d’attraper ce qu’on appelle « le vice impuni » qu’est la lecture. grande légèreté ce Maroc sans pastiche que l’on chérit quand on le connaît bien. Racontez-nous tout sur cette passion nouvellement révélée au public. La peinture est le soleil qui manque à mes romans. J’ai toujours dessiné ; là je passe à une étape supérieure. Ça m’amuse mais je n’ai aucune prétention, les gens trouvent mes toiles agréables, c’est ce que je voulais faire, donner à voir des choses lumineuses, agréables, sans se prendre au sérieux. J’ai déjà exposé dans un musée à Rome et dans des galeries en Sicile ; en juin il y aura une exposition à Milan.
On vous a toujours connu écrivain, et puis voilà que nous découvrons à Marrakech à la galerie Tindouf une autre facette de Tahar Ben Jelloun, l’artiste pictural, avec une exposition intitulée Écrire peindre. Des touches très fraîches, très primesautières même, une vraie palette méditerranéenne, des scènes naturalistes qui évoquent avec une
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Qu’aimeriez-vous confier aux lecteurs d’Urbain que vous n’avez peut-être jamais dit à personne ? Que la vie est belle, malgré ses tragédies, les impostures, les dictatures et toutes les horreurs que les hommes commettent contre leurs semblables. J’ai l’habitude de dire que « l’homme n’est pas un loup pour l’homme, mais l’homme est un homme pour l’homme ». Les loups ne planifient jamais un massacre, je pense au drame syrien par exemple, où le peuple souffre dans l’indifférence planétaire.
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CULTURE PORTFOLIO
Visions de Tanger. .. et d’ailleurs
Paint, Tanger, par N.S.
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Les jardins de Majorelle, Marrakech, par Phil Good
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CULTURE PORTRAIT
Alexandre Pajon La force tranquille de l’Institut français À la tête de l’Institut français de Tanger depuis septembre 2011, Alexandre Pajon est l’un des acteurs culturels clés de la ville en ce mois de mai. Cet historien et politologue de formation, auparavant conseiller du recteur de l’académie de Toulouse pour les relations internationales et attaché de coopération en Grèce et en Allemagne au sein du réseau du ministère français des Affaires étrangères, sera tout entièrement dévoué à l’un des événements phares de la saison culturelle : le Salon International de Tanger des Livres et des Arts.
Propos recueillis par Christine Cattant
URbain - Alexandre Pajon, au départ, la direction de l’Institut français de Tanger, c’est un choix, un hasard ou une punition ? Alexandre Pajon : Quelle drôle de question ! Je suis, par vocation, un enseignant et j’ai eu la chance de pouvoir m’engager dans la coopération éducative et culturelle en 1988. Ce métier est ma passion,Tanger est un choix délibéré. Après avoir travaillé dans le cadre de la relation francoallemande, l’expérience grecque m’a permis de mieux comprendre les enjeux de la coopération européenne avec ses marges balkaniques aux portes de l’Asie. À Toulouse, la coopération transfrontalière avec l’Espagne était essentielle. En venant à Tanger je souhaitais faire l’expérience de la politique de voisinage avec l’Europe depuis l’autre rive de la Méditerranée ; il s’agissait aussi de découvrir une ville dont la situation géopolitique et le développement
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sont uniques. Ce n’est pas le passé mythique, littéraire ni le climat qui m’ont fait choisir cette ville mais les défis posés par son avenir. Je n’ai pas été déçu.
Il faudra au moins cinq ans pour que l’institut dispose d’équipements en phase avec la ville... Et après deux ans et demi dans cette ville, quel est votre bilan personnel : une réussite, un « peut mieux faire » ou un sacerdoce ? Le bilan d’étape à mi-parcours ne peut être, à titre personnel, rien d’autre qu’un « peut mieux faire ». Un directeur d’institut travaille avec une équipe locale et dans le cadre d’un réseau. Nous avons créé, à onze instituts plus certains pôles du service culturel de l’ambassade, un institut français du Maroc au 1er janvier 2012. Cette réforme dépasse Tanger, elle est
historique. Elle a permis de grandes avancées collectives en matière de cours de français, d’offres de certifications et de programmation culturelle avec la Saison culturelle France-Maroc. Le consulat général, l’institut de Tétouan, les établissements français d’enseignement contribuent aussi grandement au rayonnement de notre pays dans la région. C’est dans ce cadre que l’institut de Tanger est engagé dans son aggiornamento : réforme des cours (français général et pour entreprises, ateliers artistiques), mise à niveau du parc immobilier (travaux et numérisation de l’espace Beckett, rénovation de la galerie Delacroix et bientôt reconstruction du bâtiment central), renouvellement des outils de communication (mise en place depuis Tanger du portail internet de l’institut français du Maroc). Nous avons franchi quelques étapes mais il faudra encore au moins cinq ans pour que notre institut dispose d’équi-
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CULTURE PORTRAIT
pements vraiment en phase avec son statut dans la ville. Que pensez-vous avoir apporté à l’Institut ? Pour être franc, je ne pense pas avoir apporté quelque chose d’exceptionnel. Il y a eu de grands directeurs à Tanger, Edmond Charlot (l’éditeur de Camus), Georges Bousquet (le peintre). Leur succéder exige d’abord de l’humilité, du sérieux et de l’énergie.Tous mes prédécesseurs ont contribué à donner à cette maison sa spécificité avec un Salon du livre et des arts et une galerie d’art uniques par leurs rayonnements. Je m’inscris dans la continuité pour assurer une bonne gestion de la petite entreprise « IFT » ainsi que la mise en œuvre de solides coopérations avec nos partenaires associatifs et institutionnels marocains. Nous travaillons vraiment en phase avec les réalités éducatives et culturelles marocaines. L’Association Tanger Région Action Culturelle présidée par Larbi R ‘Miki et Lalla Malika Alaoui forme avec l’institut de Tanger un tandem sans équivalent.
Ce pays est engagé dans un processus de création d’une vigueur qui me laisse admiratif. Quelles ont été vos plus belles découvertes artistiques ? J’ai d’abord découvert l’incroyable vitalité de la scène artistique et intellectuelle à Tanger et dans le reste du Maroc. C’est la première découverte, elle détermine ma mission. Ce pays est engagé dans un processus de création d’une vigueur qui me laisse encore admiratif. J’avais lu des auteurs marocains, je ne cesse d’en découvrir d’autres, poètes et romanciers, philosophes et essayistes. En cinéma, en musique, en danse c’est la même chose. Je ne veux pas donner de noms, je risquerais d’être injuste. Voyez les invités de nos expositions, de nos
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rencontres et ceux du salon du livre, leur liste est impressionnante.
bre hors les murs même du Palais des Institutions italiennes.
Le Salon International des Livres et des Arts est un temps fort de la vie culturelle à Tanger. Participez-vous au choix du thème annuel ? Le directeur de l’institut français de Tanger est aussi, depuis six ans, le commissaire du salon. Il lui revient de proposer la thématique, de la défendre auprès de ses partenaires. J’assume donc pleinement un choix qui a été fait au printemps 2012 à l’issue d’échanges avec mes collaborateurs et nos partenaires. Après avoir promu la vitesse, le numérique en 2012, nous avons pris le parti de la lenteur en 2013, 2014 devait nous conduire vers une forme de synthèse.
L’an passé, vous confiiez à URbain avoir à cœur la promotion du livre et de la littérature au Maroc. Les libraires à Tanger déplorent une certaine difficulté à amener les gens vers le livre. Quelle est votre analyse ? Oui, notre objectif tout au long de l’année, car le salon est un événement qui constitue la partie visible d’un mouvement de fond, c’est de contribuer à améliorer la place du livre et de la lecture en étant aux côtés des institutions habilitées. Le pays fait des efforts immenses pour accueillir les enfants, garçons et filles, dans les villes et les campagnes, dans de nouveaux bâtiments avec de nouveaux enseignants. Le nombre d’étudiants dans l’enseignement supérieur ne cesse d’augmenter. Les défis sont immenses. Nous essayons, en accord avec l’académie régionale de l’éducation et de la formation de promouvoir des clubs de lectures dans tous les collèges et lycées, nous travaillons avec les associations de l’éducation non
Quelle est la promesse de ce salon 2014 aux couleurs de l’Afrique ? Pas de promesse, un désir. Désir de voir Tanger vibrer des débats, des lectures, des spectacles sur ce qui fait son identité et son avenir à savoir sa place en Afrique. Désir de promouvoir la lecture auprès du plus grand nom-
formelle. Nous faisons découvrir aux jeunes les livres, le plaisir de la lecture et nous favorisons de petites dotations de livres. Nous allons lancer une Gazette des petits gourmands à partir de travaux d’écoles de Tanger et d’Assilah pour développer la lecture dès le primaire en s’appuyant sur le dessin et la BD. C’est un travail de terrain quotidien mené par les équipes de la médiathèque, les enseignants et nombreux militants d’associations marocaines (associations de quartiers, « Lecture pour tous »). Des mécènes contribuent à l’achat de livres et au financement de ces activités, notons l’implication de Renault, de la Fondation TMSA, de Lafarge. Au programme de cette année culturelle, pouvez-vous nous annoncer d’autres beaux événements déjà programmés ? Notre printemps sera africain avec plusieurs groupes musicaux, mais, dans le cadre de la Saison culturelle, la venue du trio Majilis en juin et d’Idir en juillet vont être des événements importants. Les débats avec Philippe Bordas en hommage à Bruly Bouabré puis avec Abdelfettah Kilito nous ramèneront aux questions posées par les langues. Après l’exposition de photos Bamako en juin, le photographe Rachid Ouatassi nous donnera à voir Tanger, le tournant en octobre. Et encore de la gravure, des installations, du piano sûrement, les Nuits sonores de nouveau aussi pour la musique actuelle.
sion démographique, économique, urbaine et immobilière de la région. C’est vivre la rencontre entre Nord et Sud, Europe et Afrique, Maghreb et Afrique sub-saharienne. Cette ville bouge jour et nuit et sur tous les plans. Elle vit un tournant historique.
Événement Retrouvez le programme du Salon International de Tanger des Livres et des Arts en page 40 de ce numéro.
Des envies d’ailleurs ? Des projets ? Cette mission à Tanger s’achève dans 16 mois. Pour l’heure il s’agit de la poursuivre dans les meilleures conditions et d’achever ou de faire avancer au mieux les chantiers ouverts. Encore un salon en 2015 ! Un souhait plus qu’un projet : continuer de pouvoir vivre ailleurs des moments de partage et de découverte aussi forts que ceux que je vis au Maroc. C’est un privilège rare.
Cette ville bouge jour et nuit et sur tous les plans. Vivre à Tanger, pour vous, c’est… C’est vivre au quotidien la tectonique des plaques et la puissance des courants. Il y a la lente collision de l’Europe et de l’Afrique sur les bords d’un détroit traversé par de puissants courants maritimes. C’est vivre l’explo-
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PALAIS DES INSTITUTIONS ITALIENNES,TANGER, SALON ÉDITION 2013.
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CULTURE ÉVÉNEMENT
18e édition du Salon international de Tanger des Livres et des Arts
Afriques
Du 7 au 11 mai au Palais des Ins tu ons italiennes Evénement phare de la Saison Culturelle France - Maroc, le Salon Interna onal de Tanger des Livres et des Arts est organisé chaque année par l’Ins tut français du Maroc - site de Tanger - en partenariat avec l’Associa on Tanger Région Ac on Culturelle (l’ATRAC). Bien plus qu’une simple manifesta on li éraire, le Salon Interna onal de Tanger se veut un véritable lieu d’échanges et forum de débats sur les grandes ques ons qui traversent notre société en évolu on. Ce e 18e édi on accueillera des écrivains, penseurs, philosophes et ar stes pour une réflexion autour de l’Afrique, sa diversité culturelle, son développement économique et le rayonnement de ses arts et ses li ératures. Gratuit et ouvert à tous les publics, le Salon propose également des exposi ons d’arts plas ques et de photographie, des concerts de musique africaine et de nombreuses anima ons pour enfants (spectacles de contes et de musique, Mille et une lectures, ateliers). “Le 18e Salon Interna onal de Tanger des Livres et des Arts , installé à la jonc on entre l’Europe et l’Afrique, nous perme ra de revenir sur ces ques ons centrales pour notre avenir à tous et celui du Maroc en par culier, de la géographie, de l’histoire, des flux démographiques et des échanges économiques, de la créa on intellectuelle et ar s que sur ce con nent fragmenté.” Alexandre Pajon, Directeur de l’Ins tut français de Tanger
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Au fil du Salon... Permanente / Installation vidéo Crossings de la photographe Leila Alaoui.
Cette installation multi-écrans au sein du Palais des Institutions Italiennes explore l’expérience des migrants subsahariens qui quittent leur pays dans l’espoir de trouver une vie meilleure.
Temps forts Mercredi 7 mai 20h00 / Vernissage de l’exposition Histoires de Peaux Galerie Delacroix
Jeudi 8 mai 12h00 / Vernissage de l’exposition Maroc - Afrique des Archives Royales du Maroc, présentée par Mme Bahija Simou, historienne et directrice des Archives Royales 21h00 / Concert de jazz / Trio Bekass, Dramé, Raulin
Vendredi 9 mai 10h30 / Concours « Plaisir de Lire » / Phase finale devant le jury 12h30 / Concours « Plaisir de Lire » / Remise de prix
Permanente / Expo Portraits Caméléons de Myette Fauchère (jusqu’au 30 mai).
À découvrir à l’extérieur de la galerie Delacroix, cette exposition étonnante de photos sur lesquelles des individus disparaissent sur le fond d’un portrait dans une mer de tissus...
21h00 / Concert classique : Choeur Archipels dirigé par Joël Suhubiette
Samedi 10 mai 12h30 / Chant choral : L’Âme de Tanger rencontre Archipels 18h30 / Remise du prix Gutenberg 21h00 / Bal à Brazza : Grande soirée de rumba congolaise avec Coton d’Afrik.
Dimanche 11 mai 15h00 / Parade Gnawa
Salon des Mille et une lectures au Palais des Institutions Italiennes. L’espace confortable dédié aux lectures, aux échanges et aux rencontres littéraires.
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CULTURE ÉVÉNEMENT
18e édition du Salon international de Tanger des Livres et des Arts
Rencontres, tables rondes... Mercredi 7 mai 15h00 / Dialogue / De quelles Afrique(s) parlons-nous ? Avec Ali Benmakhlouf, Achille Mbembe 17h00 / Discours d’ouverture 18h00 / Rencontre avec les intervenants sur la diversité des Afriques.
Jeudi 8 mai « Expressions africaines » 10h00 / Table ronde / L’avenir des langues en Afrique Avec Henri Lopes, des anthropologues et des linguistes spécialistes des langues africaines 14h30 / Table ronde / Histoires de peaux, parcours d’artistes à l’occasion de l’exposition Histoires de peaux à la Galerie Delacroix Avec Moulim El Aroussi, Hassan Hajjaj, Myette Fauchère, Bernard Rancillac, Bernard Collet (modérateur)
16h30 / Rencontre avec Alain Mabanckou 18h00 / Rencontre avec Kébir Mustapha Ammi autour d’Un génial imposteur
Samedi 10 mai
« Les unions et les divergences africaines » 10h30 / Table ronde / Les logiques politiques régionales Avec Henri Lopes, Abdellatif Bendahane et des représentants de la diplomatie marocaine et africaine 14h00 / Carte Blanche - Une enfance juive en Méditerranée musulmane / Mémoires juives de l’Oriental marocain 15h00 / Hommage à Edmond Amran El Maleh
Vendredi 9 mai « Enseigner les Afriques » 10h30 / Table ronde / Enseigner l’histoire et la géographie des Afriques Avec Steffen Wippel, Hassan Aourid, Bernabé López García 14h30 / Table ronde / Diffusion de la littérature et des savoirs d’Afrique Avec Layla Chaouni, Felwine Sarr, Sunjata et des universitaires 16h00 / Présentation officielle de la revue Riveneuves Continents “Maroc, Lettres portuaires” (espace Mille et une lectures)
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Espace jeunesse Le Salon proposera une série de Mille et Une lectures d’ouvrages jeunesse en français et en arabe tous les jours en matinée. Spectacles de contes marocains et africains, animations musicales, rencontres avec Laurent Verron, dessinateur de la BD Boule et Bill et ateliers. Avec le conteur et musicien sénégalais Souleymane Mbodj et les conteuses marocaines Nezha Chevé et Halima Hamdane ainsi que, hors les murs, un conteur de Djemaa El Fna venu faire la halqa dans les rues.
Concours et Caravane Le Plaisir de lire Une belle initiative en faveur de la lecture au collège et au lycée.
La Gazette des Petits Gourmands
16h30 / Table ronde / Voix d’Afrique Avec Eugène Ebodé, Alain Mabanckou, Léonora Miano, Henri Lopes, Kébir Mustapha Ammi, Valérie Marin La Meslée (modératrice) 18h30 / Table ronde / Guerres et littérature Avec Eugène Ebodé et Kébir Mustapha Ammi
Jeunesse
16h30 / Table ronde / Solidarités économiques et développement Avec Najib Akesbi, Driss Ksikes, Felwine Sarr, Houdaifa Ameziane, Jacques Prost, Karim Hajji 18h00 / Rencontre avec Léonora Miano autour de La saison de l’ombre
Dimanche 11 mai 11h30 / Table ronde / Les Afriques en musiques Avec des acteurs qui oeuvrent à l’organisation de la scène culturelle africaine Horaire à préciser / Table-ronde sur “la place de la culture dans le projet de Tanger Métropole” organisée avec la Commune urbaine de Tanger
Le magazine éducatif adressé aux 5-10 ans et ayant pour objectif de sensibiliser les enfants du primaire aux bons comportements alimentaires sort pour la première fois dans son édition marocaine. Plus d’informations sur le site de l’Institut français www.if-maroc.org/tanger.
Pour le Salon International de Tanger des livres et des arts Riveneuve Continents fait son numéro ! La revue littéraire parisienne Riveneuve Continents consacre un numéro tout entier au Maroc et à ses ports. Comment la littérature contemporaine rend-elle compte de ces lieux riches en histoires, en création, en imaginaire, qui attirent comme ils repoussent ?
Présentation de la revue avec les auteurs, vendredi 9 mai, 16h Salon des Mille et une lectures Palais des Institutions italiennes
Les contributeurs : Kebir Mustapha Ammi, Benoît Artige, Abdellah Baïda, Ali Benhaddou, Ali Benmakhlouf, Lamia Berrada-Berca, Jacques Bibonne, Siham Bouhlal, Christine Cattant-Samet, Stéphanie Gaou, Simon-Pierre Hamelin, Badr El Hammami, Maati Kabbal, Driss Ksikes, Khalid Lyamlahy, Noam Morgensztern, Mohamed Mrabet, Mustapha Nadi, Dominique Nouiga, Georges Oucif, René Rodriguez, Hocine Tandjaoui, Khalid Zekri. La revue Riveneuve Continents est publiée deux fois par an par les éditions Riveneuve - www.riveneuve.com
CULTURE
AGENDA
expositions Unis Rachid Outage, Ali Nadir, Hamid Hamoudan et Reda Berregad Découvrez les œuvres originales de quatre artistes peintres marocains, dans le cadre de cette exposition collective ayant pour objet de reconstituer une vision mêlant différentes techniques graphiques, à travers une galerie de reconstitutions hypothétiques d’un mode urbain qui évoque la vie, le mouvement et les épreuves d’un temps déjà vu. Centre Culturel Ibn Khaldoun - Du 23 Mai au 10 juin.
Habib Kibari Kibari est fasciné par le Sud, un Sud exponentiel et mystérieux, qu’il rend dans ses œuvres avec beaucoup de sensibilité et de délicatesse. Il sait allier une gestualité puissante et une superbe touche de créativité. À la recherche d’un espace à la fois original et originel, Kibari multiplie les dessins et les croquis (portraits, scènes de vie), saisissant au vol le détail qui fait mouche et insufflant à ses personnages les vibrations lumineuses qui les font exister et vivre. Medina Art Gallery - À partir du 2 mai
Sable : de la Loire au désert
Claude Bourdin Exposition de la collection personnelle de l’artiste peintre. Jusqu’au 1er juin. Musée de la Kasbah Vernissage le 16 mai à 18 h
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ŒUVRES MULTIPLES Toile de Said Ouarzaz, très grand format des motifs graphiques et colorés d’Aroundou, maître sableur du Mali, sculpture en arganier d’Ali Maimoun, peinture, dessin et gravure de Julien Grenier, objets africains du début du siècle, espace dédié aux livres de la Librairie des Colonnes. Galerie Conil Evénements
Mohamed Said Chair Le jeune artiste tangérois, né en 1989, est autodidacte. Ses toiles explorent tour à tour les domaines du réalisme, de l’impressionnisme et du figuratif et laissent présager une carrière prometteuse. Jusqu’au 8 juin. Volubilis Art Gallery - Vernissage le 8 mai à 19h30
Freakynoïa Mohamed Benyaich, alias Freaky Histoires de peaux
Mise en place de Bernard Collet Travail de la peau, tatouage, scarification, peinture sur corps, représentations visibles sur des objets d’art premier… Des « Histoires de peaux » qui transcendent les typologies esthétiques classiques. Jusqu’au 31 mai. Galerie Delacroix - Vernissage le 7 mai à 19h30
Peinture sur toile, papier, panneau de bois, tickets de métro, carnet… et projection du film d’animation réalisé en format court de l’immense artiste originaire de la ville de Tétouan. Galerie Conil Collection Jusqu’au 12 juin
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CULTURE
AGENDA
photo London in the sixties Andrew Maclear Retrouvez les coulisses de la vie des stars à Londres dans les années 60. Poursuite durant tout le mois de mai de l’expo photo très glamour imaginée par la galerie Photo Loft… La Fabrique
Tangereusement belle Mehdi Jassifi Le jeune photographe casablancais revient à Tanger pour une série qui rend hommage à la ville du Détroit, des images prises à la volée, sans dissimulation des petits gestes et actes du quotidien. À pied, en taxi, en position d’attente, dans l’accomplissement des tâches domestiques les plus banales, l’œil de Mehdi Jassifi capte des moments silencieux. Jusqu’au 19 juin. Les insolites - Vernissage le 24 mai à 19 h
Abdel-Mohcine Nakari « Enfant de Dar Baroud », comme il aime à se définir, Abdel-Mohcine Nakari se veut le témoin méticuleux des métamorphoses que subit sa ville. Photographe et vidéaste, il développe à travers ses séquences répétitives une angoisse, une inquiétude qui place l’homme au centre d’une problématique grave : comment dans un environnement désincarné peut-on exister, s’épanouir ? Jusqu’au 30 mai. Galerie Dar d’art - Vernissage le 9 mai à 19 h
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Juste une goutte de pluie Yves Langlois
Bodegones Urbanos (Natures mortes urbaines)
« À force de traquer les gouttelettes, je me suis pris pour l’eau qui s’immisce partout et j’étais devenu soudain la source lumineuse. C’est ainsi que j’ai décidé d’insérer dans mes sujets photographiques les petites gouttes. Et mes doigts sur la vitre après la pluie sont tels une révérence et mon unique signature. » Jusqu’au 5 juillet. Galerie Photo Loft Vernissage le 22 mai à 19 h
Luz Valiño
Le travail de la photographe espagnole s’apparente à une dissection patiente des objets du quotidien, les encensant par une mise en scène proche des natures mortes académiques. Parfaite coloriste, Luz singularise les formes d’objets banals, comme un seau, une série de sacs de maçon… Par cette approche, elle capture l’émotion toujours explosive de la couleur au Maroc. Jusqu’au 22 mai. Les insolites - Vernissage le 3 mai à 19 h
et aussi… L’être humain et la glorification universelle de l’atome à la galaxie Conférence scientifique présentée par le Professeur Driss Kharchaf Salle des conférences Siège Région Tanger Tétouan Le 3 mai à 18 h
Les mots madeleines De Jean-Claude Sussfeld
Mise en scène : Christelle Jubien Avec Abdelhdi el Rhabi, sa musique et les enfants des écoles. Un spectacle musical plein de poésie pour petits et grands, qui propose un voyage dans le train des souvenirs vers l’enfance en rappelant les chants, comptines et les ritournelles que nous connaissons tous encore par cœur, à notre grand étonnement… Consulat de France - Le 27 mai à 19h30 Salle Beckett - Le 29 mai à 19h30 Tarif : 100 DH (gratuit pour les enfants) - 06 61 15 90 55
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CULTURE
AGENDA
litterature Rencontre croisée Badia Hadj Nasser et Mokhtar Chaoui
Le métier d’intellectuel Dialogue avec quinze penseurs du Maroc Driss Ksikès
À l’occasion du Salon du Livre de Tanger, discussion et signature avec l’auteur au stand de la Librairie des Colonnes. Palais des Institutions Italiennes - Le 10 mai à 15h30
Hommage à Bruly Bouabré, l’inventeur d’une écriture noire Philippe Bordas
L’écrivain et photographe Philippe Bordas part, en 1993, à la rencontre de l’artiste ivoirien Frédéric Bruly Bouabré. Un homme d’exception, peintre, écrivain et encyclopédiste qui, sur ce continent noir privé d’alphabet et soumis à l’oralité, inventa une écriture noire inspirée du dessin des pierres volcaniques sacrées de sa terre d’enfance. Dans L’invention de l’écriture, Philippe Bordas rend un vibrant hommage à cet intellectuel, décédé en janvier 2014. Conférence illustrée de photographies. Galerie Delacroix - Le 28 mai à 19h30
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Divan marocain Driss Jaydane
Philosophe et politologue de formation, Driss Jaydane est un auteur franco-marocain et le directeur de la collection Le Royaume des idées à la Croisées des Chemins. Il est aussi l’un des membres fondateur de Marocains Pluriel, association à but non-lucratif de défense de la Diversité Culturelle. Il viendra présenter son dernier roman publié aux éditions Le Fennec. Les insolites - Le 17 mai à 19 h
Partir en guerre Arthur Larrue
Rencontre discussion - signature avec l’auteur à l’occasion de son mois de résidence d’écriture à Tanger. « Une écriture vive et rêveuse, qui remet l’accent circonflexe dans la première syllabe du mot « révolution ». Libération. Librairie des Colonnes - Le 27 mai à 19 h
© Khadija Dinia
Deux plumes, deux voix, deux visions pour une rencontre. La psychanalyste née à Tanger, pour la sortie de son dernier livre Ma part de rêves aux éditions Marsam, rencontrera l’universitaire et écrivain tangérois qui publie en ce printemps Les Chrysanthèmes du Désert. L’occasion de belles convergences autour de la littérature, de la société et de l’écriture. Les insolites - Le 8 mai à 21 h
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CULTURE
AGENDA
musique
Trio Jazz Bekkas, Dramé et Raulin
URBAIN
Bal à Brazza Coton d’Afrik
u
En mélangeant cultures et musiques du Maroc, du Burkina Faso et de France, ces trois artistes nous proposent, dans une osmose rare, une musique intense dans laquelle se mêlent le oud, le chant arabe, le chant mandingue et le piano ancré dans le jazz européen et la rythmique africaine… Palais des Institutions Italiennes Le 8 mai à 21 h
Une soirée de rumba congolaise qui s’annonce dansante et joyeuse sur les rythmes de ce groupe de musiciens venus des quatre coins d’Afrique. Palais des Institutions Italiennes Le 10 mai à 21 h
Festival Tanja Street Art - 3e édition
Préoccupés par la place de l’art au Maroc, les fondateurs d’OctaArt ont décidé de rassembler les jeunes talents de leur ville et de diffuser leurs chefs-d’œuvre artistiques. Graffiti, design, live painting, slam, street theater,
L’âme de Tanger rencontre Archipels
La rencontre de la chorale Al Boughaz de Tanger, dirigé par Martine Kroon, et du chœur toulousain, sur les cinq Negro Spirituals de Michael Tippett. Palais des Institutions Italiennes Le 10 mai à 12h30
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Fethi Tabet et Awzaan
live music, workshops… Programme sur www.facebook. com/tanjastreetart Tabadoul - Du 16 au 18 mai
Le luthiste, percussionniste et joueur de vielle à archet à la renommée internationale retrouve le groupe tangérois Awzaan pour nous entraîner, sur des musiques de danse et de fête (Maghreb, Brésil, Cameroun, Sénégal, France, Mali...), aux confins de l’Orient et du Maghreb mais aussi en Afrique, en Jamaïque ou à Cuba. Salle Beckett - Le 24 mai à 20 h
Chœur Archipels
Le chœur de chambre toulousain offre aux Tangérois une soirée pleine de lyrisme et de poésie au son de la musique chorale européenne des XIX et XXe siècles. Palais des Institutions italiennes Le 9 mai à 21 h
Awzaan en concert
Présentation en avant-première du nouvel album chanté en arabe du groupe tangérois qui monte ! Tabadoul - Le 31 mai à 21 h
Gallery Since 1964
Marrakech 4, Av. Hassan II Tél. : 05 24 43 03 27 Fax : 05 24 43 03 25
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Tanger 26, Bd. Mohamed V Tél. : 05 39 32 24 95 Fax : 05 39 32 24 95
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CULTURE
AGENDA
Au ciné en mai…
Les films du mois
À la Cinémathèque
KANYAMAKAN De Said C. Naciri Fiction, Maroc 2013, en VO arabe ST français Avec Afif Ben Badra et Sarah Kazemy À la suite d’un braquage qui tourne mal, Amir vole le butin à ses complices et s’enfuit dans un village en plein désert ou il tente de se réfugier. Il y est accueilli par le tyrannique Sharkan qui sème la terreur autour de lui. Pour son premier film, Said C. Naciri réalise un film de genre très réussi. À partir du 7 mai
LE SAC DE FARINE De Kadija Leclere Fiction, Belgique/Maroc 2013, en VO arabe ST français Avec Hafsa Herzi et Haiam Abbass Alsemberg, 1975, Sarah, 8 ans, vit dans un foyer d’accueil catholique. Un jour, son père biologique, qu’elle n’a jamais vu, se présente pour l’emmener en week-end à Paris. Mais, c’est au Maroc que Sarah se réveille avec l’appel de la prière. Depuis ce moment, sa vie, son combat sera celui de choisir sa vie et non de subir celle qu’on a choisie pour elle. Kadija Leclère s'inspire de sa propre vie. Son film ne manque ni d'à propos, ni de force, grâce à ses excellents interprètes. À partir du 2 mai
C’EST EUX LES CHIENS De Hicham Lasri Fiction, Maroc 2013, en VO arabe ST français Avec Hassan Badida et Yahia El Fouandi L’histoire de Majhoul, emprisonné en 1981 pendant les émeutes du pain au Maroc et qui ressort, trente ans plus tard, en plein printemps arabe. Une équipe de télévision publique, qui réalise un reportage sur les mouvements sociaux au Maroc, décide de le suivre dans la recherche de son passé. À partir du 1er mai
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LA FEMME À LA CAMÉRA De Karima Zoubir Documentaire, Maroc 2013, en VO arabe ST français Se battant pour son indépendance, Khadija est une marocaine divorcée qui défie sa famille et travaille comme camera women pour des mariages. Soulignant les paradoxes et contrastes de la société, Karima Zoubir veut surtout témoigner de la situation dans laquelle se trouvent les femmes marocaines. À partir du 22 mai
ONLY LOVERS LEFT ALIVE De Jim Jarmusch Fiction, États-Unis 2014, en VO anglaise ST français Avec Tod Hiddleston et Tilda Swinton Dans les villes de Détroit et Tanger, Adam retrouve Eve. Leur histoire d’amour dure depuis plusieurs siècles, mais leur idylle est bientôt perturbée par l’arrivée de la petite sœur d’Eve, aussi extravagante qu’incontrôlable. À partir du 2 mai
TRAVELLING AT NIGHT WITH JIM JARMUSCH De Léa Rinaldi Documentaire, France 2014, en VO anglaise Jim Jarmusch a accepté que la caméra de Léa Rinaldi le suive lors du tournage de son dernier film Only Lovers Left Alive. Ce film dépasse le making of et nous révèle l’intimité du travail de Jarmusch. À partir du 18 mai
Les films de l'Institut français HENRI
De Yolande Moreau Fiction, France/Belgique 2013, en VF Avec Pippo Delbono et Miss Ming Quinzaine des réalisateurs - Festival de Cannes 2013 Henri tient avec sa femme Rita un petit restaurant "La Cantina". Lorsque Rita meurt subitement, Laetitia, leur fille, propose alors à Henri de se faire aider au restaurant par un "papillon blanc", comme on appelle les résidents d’un foyer d’handicapés mentaux. Rosette est de ceux-là. Le 22 mai à 19h30
LULU FEMME NUE
De Solveig Anspach Fiction, France 2013, en VF Avec Karine Viard et Bouli Lanners À la suite d’un entretien d’embauche qui se passe mal, Lulu décide de ne pas rentrer chez elle et part en laissant son mari et ses trois enfants. En chemin, elle fait trois rencontres décisives qui vont l’aider à retrouver une ancienne connaissance qu’elle a perdu de vue : elle-même. Le 29 mai à 19h30
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CULTURE
AGENDA
LA NOIRE DE...
Cycle Cinéma d'Afrique À l’occasion du Salon International de Tanger du Livre et des Arts “Afriques”, la Cinémathèque en partenariat avec l’Institut Français, vous proposent un cycle de films majeurs du cinéma africain. GRIGRIS De Mahamat Saleh Haroun Fiction, France/Tchad 2013 Avec Souleymane Deme et Anais Monory Compétition Officielle Festival de Cannes 2013 Alors que sa jambe paralysée devrait l'exclure de tout, Grigris, 25 ans, se rêve en danseur. Un défi. Mais son rêve se brise lorsque son oncle tombe gravement malade. Pour le sauver, il décide de travailler pour des trafiquants d'essence… Le 1er mai en présence du réalisateur.
Spécial
Cérémonies du Festival de Cannes Retransmission des cérémonies en direct du Festival de Cannes, le plus prestigieux des festivals de cinéma.
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D’Ousmane Sembene Fiction, Sénégal, 1966, VF Avec Thérèse M’Bissine Diop et AnneMarie Jelinek Une jeune bonne sénégalaise suit ses patrons français retournant dans leur pays, à Antibes. Le plaisir de la découverte de ce nouveau monde se transforme vite en déconvenue profonde : isolement, mépris des patrons, racisme ambiant, tâches ménagères incessantes. À partir du 1er mai
MOI, UN NOIR De Jean Rouch Documentaire, France, 1958, VF Avec Oumarou Ganda et Petit Toure La vie et les espoirs de dockers dans un bidonville d'Abidjan. À partir du 2 mai
YEELEN De Souleymane Cisse Fiction, Mali, 1987, VF Avec Issiaka Kane et Aoua Sangare Prix du Jury, Festival de Cannes 1987 Suivant la tradition bambara, un jeune homme s’apprête a recevoir le savoir destiné à lui assurer la maîtrise des forces qui l’entourent. Cependant le père du jeune Nianankoro voit d’un mauvais œil son fils devenir son égal… À partir du 1er mai
Cérémonie d’ouverture suivie de Grace de Monaco, d’Olivier Dahan Grace de Monaco fait l’ouverture du prochain Festival de Cannes. Il sera projeté en avant-première mondiale. Fiction, États-Unis 2014, Avec Nicole Kidman et Tim Roth Le film évoque un moment de la vie de l’actrice américaine Grace Kelly devenue Grace de Monaco lorsqu’elle épousa le Prince Rainier III en 1956. Elle était alors une immense star de cinéma, tournant avec les plus grands, adulée dans le monde entier et couronnée d’un Oscar. Estelle encore une actrice ? Est-elle vraiment la Princesse de Monaco ? Le 14 mai à 18h20
Cérémonie de clôture : Le 24 mai à 18 h
American Language Center Cine Club // Cinéma VO // DJANGO UNCHAINED De Quentin Tarantino Fiction, États-Unis 2013, en Vo anglaise ST français Avec Jamie Foxx, Christoph Walts et Leonardo Dicaprio Le Dr King Schultz, chasseur de primes, fait l’acquisition de Django, un esclave qui peut l’aider à traquer les meurtriers qu’il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu’ils les auront capturé. Le moment est alors venu pour Django de sauver son épouse d’un brutal propriétaire de plantation du Mississipi. Le 18 mai à 19h30
Opéra au cinéma En exclusivité, la Cinémathèque vous offre l’opéra au cinéma depuis le Metropolitan de New York
LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND De Sergio Leone Fiction, Italie 1968, en Vo anglaise ST français Avec Clint Eastwood et Eli Wallach Pendant la Guerre de Sécession, trois hommes se lancent à la recherche d'un coffre contenant 200 000 dollars en pièces d'or volés à l'armée sudiste. Tuco sait que le trésor se trouve dans un cimetière, tandis que Joe connaît le nom inscrit sur la pierre tombale. Chacun a besoin de l'autre. Mais un troisième homme entre dans la course : Setenza, une brute qui n'hésite pas à massacrer femmes et enfants pour parvenir à ses fins. Le 4 mai à 19h30
LA CENERENTOLA DE ROSSINI Direction musicale : Fabio Luisi Mise en scène : Cesare Lievi 2014, 3h40 ; opéra en italien ST français Avec Joyce Didonato, Juan Diego Florez et Pietro Spagnoli Laissée seule par ses belles-sœurs qui l'ont rudoyée, Cenerentola rencontre son prince. Au grand agacement de sa belle-famille, sa beauté, sa grâce et sa bonté triompheront aux yeux du monde… L’adaptation lyrique du conte prend des allures de comédie pleine de gaieté avec force supercheries, inversions des rôles et coup de foudre. Le 10 mai à 17h55
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CULTURE
AGENDA
L'AGENDA DES PETITS Ma séance ciné à la cinémathèque Le vent se lève (Kaze tachinu) De Hayao Miyazaki Animation, Japon 2014, en VO japonaise ST français, à partir de 6 ans Avec Hideaki Anno et Miori Takimoto Inspiré par le fameux concepteur d’avions Giovanni Caproni, Jiro rêve de voler et de dessiner de magnifiques avions. Mais sa mauvaise vue l’empêche de devenir pilote. Le 8 mai à 19h30
Amazonia De Thierry Ragobert Fiction, France 2013, en VF, à partir de 6 ans Avec Hideaki Anno et Miori Takimoto À la suite d'un accident d’avion, un jeune singe capucin né en captivité se retrouve brutalement seul et désemparé au cœur de la forêt Amazonienne. Il va devoir apprendre à se protéger de la férocité implacable d’une nature toute puissante. À partir du 3 mai
La grande aventure Lego De Phil Lord et Chris Miller Animation, États-Unis/Australie 2014, à partir de 3 ans Ce premier film sur l’univers Lego est une réussite qui enchantera autant petits et grands spectateurs. À partir du 7 mai
Kerity, la maison des contes De Dominique Monfery Animation, France 2009, à partir de 6 ans Natanaël, 7 ans, reçoit en héritage la bibliothèque de sa tante et en est tout déçu. Pourquoi lui a-t-elle fait ce cadeau, à lui qui ne sait toujours pas lire ? Une belle aventure servie par un graphisme subtil et épuré. À partir du 28 mai
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Ma séance ciné à l’Institut français • La belle histoire de Pâques Le 3 mai à 5 h
• Harry Potter et le prince du sang-mêlé De David Yates // Le 17 mai à 15 h
• Voyage vers Argartha De Shinkai Makoto // Le 23 mai à 15 h
• Arthur et les chevaliers de la table ronde Le 31 mai à 15 h
L’Heure du Conte
Médiathèque de l'Institut français • Les trois pommiers De Jamela Demery // Le 3 mai à 17 h : • Contes à rire et à trembler De J-Louis Le Craver // Le 31 mai à 17 h
Crèche
le m a n è g e Pédagogie
Socialisation
Apprentissage
Bien-être des
du français
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Pour les enfants de 3 mois à 3 ans (pe te sec on)
inscriptions ouvertes pour la rentrée 2014/2015 203, rue Harroun Errachid - 90000 Tanger
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© Juliette Parisot
URBAIN PUBS Quarts de page:Layout 1
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CULTURE
COUPS DE CŒUR
Coups de U de libraires
À la rédaction d’URbain, en ce printemps des Arts et du Livre, nous étions curieux de connaître quel livre a bouleversé la vie de celles et ceux qui œuvrent à promouvoir la littérature à Tanger. Ils se sont confiés tout naturellement sur Le livre qui contiendrait Tout. Merci à eux.
Audrey Capponi Librairie des Colonnes Libraire
J’ai rencontré l’écriture de Marie NDiaye par ce livre, Rosie Carpe. Et je ne l’ai plus quittée, je veux dire cette auteure - et même le livre, je ne l’ai pas quitté. A travers le récit de la vie de Rosie Carpe, de sa triste vie, de la Guadeloupe à Brivela-Gaillarde, on y trouve beaucoup des thèmes qu’elle reprendra dans ses pièces, dans ses nouvelles et dans ses autres romans, les relations familiales malaisées, les identités troublées, la non-évidence des relations mère-enfant, la honte des origines. Et surtout, au fil de l’histoire, s’insinue une inquiétante étrangeté, un certain malaise. Rosie Carpe habite, dérange et bouleverse longtemps après l’avoir refermé. Rosie Carpe Marie NDiaye Éditions de Minuit
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Librairie Page et Plume
Avec Demoiselles de Numidie, l’auteur Mohammed Leftah ne fait pas dans l’éphémère, il sait que l’impact de son récit est tout, sauf anodin. Oser décrire la déchéance humaine dans toute sa « volupté » peut être antagoniste, mais il y réussit majestueusement. Un livre avec un vocabulaire cru, poignant mais qui sait rester juste et sensibiliser le lecteur à la tyrannie humaine de la prostitution dans les bas-fonds de Casablanca. Mêler la cruauté à la poésie : tel est l’exploit de Leftah qui ne peut laisser personne indifférent. Demoiselles de Numidie Mohamed Leftah Tarik éditions
© Hicham Bouzid
© Stefano Berca
Simon-Pierre Hamelin Librairie des Colonnes Directeur
Le livre qui, selon moi, contient tout est Le docteur Jivago de Boris Pasternak. Je l’ai lu assez tardivement, mais il reste le livre de chevet sur le haut de la pile. Ce roman d’abord paru en russe et en Italie en 1957, a fait de son auteur le Prix Nobel de 1958. Le manuscrit utilisé pour la traduction française a été exfiltré d’URSS dans la doublure d’un manteau de fourrure. Ce n’est pas ce qui fait de ce roman un essentiel de la littérature universelle, mais sa forme révolutionnaire, la force de sa trame dramatique, la poésie unique de la langue de Pasternak, qui a ruminé ce livre toute une vie. On est forcément changé à la lecture de cette œuvre, tout comme la lettre de Tonia, l’épouse de Jivago, nous amène à changer d’avis sur l’idée de l’amour. On est transporté par la beauté du monde et des âmes, les descriptions d’une nature, d’une humanité mêmement terrible et enchanteresse. Le docteur Jivago Boris Pasternak Éditions Folio
Hamid Abbou Librairie La Virgule Directeur
Le dernier combat du Captain Ni’mat, roman posthume de Mohamed Leftah, paru en 2011, a suscité un débat houleux : le narrateur est un ancien officier égyptien retraité de l’armée de l’air qui, au soir de sa vie, va découvrir son penchant amoureux pour les hommes, désir qui le conduira au bonheur et à la déchéance. Au-delà de cet aspect purement charnel, qui fait le bonheur des détracteurs de Leftah - lesquels veulent réduire toute la beauté du roman à un ouvrage immoral - il est, à mon sens, pertinent d’y voir un chef-d’œuvre littéraire à la dimension universelle. Ecrit dans un style ensorcelant, conjuguant une langue poétique à une critique lucide et salutaire, on y relève plusieurs thèmes : le pouvoir militaire après la défaite de 67, la place des libertés individuelles ou encore le sens de la vie, que l’auteur passe au crible de sa critique. Ce roman, couronné du prix Mamounia est un livre censuré, introuvable dans les rayons de nos librairies ! Un comble, bien triste… Le dernier Combat du Captain Ni’mat Mohamed Leftah Éditions La Différence
Stéphanie Gaou Librairie les insolites Créatrice
À mon avis, le livre qui « contient tout » doit être capable de concentrer émotion, colère, quête, bouleversement, réflexion, mutinerie. Il doit agir sur son lecteur et lui donner peut-être envie de prendre de grandes décisions. À vingt ans, j’ai lu The invention of solitude de Paul Auster, récit dans lequel l’auteur parle de sa relation tourmentée avec son père, son rapport à l’écriture et ses premières années de galère et j’ai compris - sans bien savoir pourquoi - que je devrais consacrer une partie de ma vie à l’écriture et de surcroît, au livre. Il m’a aussi aidée à déterminer les limites de mes rapports avec mon propre père pour lequel je ressentais à peu près les mêmes sentiments que l’auteur à l’égard du sien. Un livre que je vénère comme un sacre, sans jamais oser le relire, de peur d’être déçue ou bouleversée une seconde fois, mais je n’en ai jamais oublié le début que je peux encore citer par cœur. The invention of solitude Paul Auster Édition Penguin
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SOCIÉTÉ TANGER VUE PAR...
Fatym Layachi Portrait d’une fille formidable Par Imane A. Kettani Il fallait s’y attendre : une fille aussi dans des films aux scénarii forts ; on piquante que Fatym Layachi ne pouvait pense bien sûr entre autres à L’amante se contenter d’un signe astrologique du Rif, mais aussi à Une histoire d’amour passe-partout. Scorpion. Pour une de Hakim Noury ou son apparition actrice qui a passé un DEA de lettres dans Marock de Leila Marrakchi. Son modernes à la Sorbonne sur la littéra- diplôme du cours Florent en poche ture et le rock, le ton et la couleur temple sacré parisien de tout aspirant - dark ! - sont donnés. Et pourtant, c’est aux planches - elle voyage pour des bien à une grande racée du pays du ONG, Bratislava, Jérusalem, puis soleil et de la lumière que l’on a affaire. revient à Paris, « j’ai adoré faire des On rêverait d’être ce réalisateur qui études d’art dramatique, travailler sur donnerait à cette Casablancaise les beaux textes de théâtre ». C’est trentenaire un rôle dans un péplum un de ses profs, « exceptionnel », Julien Kosellek qui l’aide à croire en rocambolesque, le corps voilé de elle. Jetée dans le milieu du cinéma grands drapés, car annonçons-le tout presque par hasard, « Maria Pilar de go, cette plante-là a des allures de Cazorla - aujourd’hui disparue - m’a vestale du désert et s’est fait, à tout repérée alors que je visionnais dans une berzingue, une place de choix dans salle de cinéma Ali Zaoua, le film de le cinéma marocain. Parce qu’elle est Nabil Ayouch. C’est elle qui a motivé rock n’roll, une ville comme Tanger ne Hakim Noury à me prendre pour le pouvait que l’attirer, l’aspirer, elle y premier rôle de son film. J’avais dix-sept vient le plus souvent possible pour se ans », elle accumule les rôles au prendre sa dose d’embruns, symbole cinéma et se lance depuis quelques de la liberté qu’elle aime tant ; elle, années dans la mise en scène au devenue en quelques années chantre de l’émancipation artistique au cinéma théâtre. Son spectacle Je dis non traite et au théâtre. de révolte et de censure, elle reçoit régulièrement les foudres des tièdes Je ne suis souvent pas d’ac- bien-pensants, elle qui avoue ne dire cord avec ce qui se passe ! que ce qu’elle pense : « Quand on me demande mon avis, je le donne. Le truc, Parcours rêvé donc pour cette jeune c’est que je ne suis souvent pas d’accord comédienne qui côtoie les plus grands avec ce qui se passe ! »
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Je me disais : il y a forcément un truc. Tanger, elle la découvre encore enfant, intriguée par la beauté et la puissance du lieu, tout en se demandant ce qui peut bien attirer autant de monde. Elle dit de Tanger qu’elle est « singulière ». C’est à l’adolescence qu’elle comprend l’attraction de la ville sur des personnalités comme Delacroix, Genet, Jagger, etc. « Je me disais, il y a forcément un truc. Et il y en a un. » Nous n’en saurons pas plus. Il faut fouiller dans ses goûts cinématographiques pour saisir ce qu’elle aime de Tanger. C’est peut-être Fissures de Hicham Ayouch (frère de Nabil Ayouch, ndlr) qui en parle le mieux. « Une très forte errance de trois écorchés vifs dans Tanger aussi belle qu’inquiétante. » Eh oui, le côté Dark Side of the Moon de la cité du détroit a de quoi séduire la vive rebelle. Elle en aime sa ressemblance avec une très belle femme peu apprêtée qui ne s’offrirait pas au premier venu, une de celles qui veut que l’on prenne le temps de la désirer et de la découvrir. « Comme un diamant brut à côté duquel on peut passer, mais qui se révèle d’une valeur inestimable pour peu qu’on veuille bien s’y arrêter. » On l’imagine parfaitement,
Š Othman Zine
SOCIÉTÉ TANGER VUE PAR... la ténébreuse Fatym, déambuler dans les rues de la Kasbah, « un des lieux où [elle] se sent le mieux au monde ».
Tanger est un joli écrin pour le destin.
© Othman Zine
Vous voulez conquérir son cœur de révoltée ? Proposez-lui un verre au Number One, une virée dans les librairies pour acheter des bouquins et emmenez-la à un concert de David Bowie. En esthète confirmée, elle ne jure que par le film La Grande Bellezza « qui m’obsède », ou déjeuner à l’ombre du figuier au restaurant L’Océan. Comme si elle n’avait pas assez d’allure comme ça, elle aime se percher sur des talons aiguilles, danser le flamenco. Et pour casser le côté femme fatale, elle aime le football. Évitez de lui faire avaler des choux-fleurs et de l’enfer-
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mer dans des jeans slims si vous voulez continuer à la subjuguer. Pour le reste, elle - dont la carrière est jalonnée de heureux hasards - dit de Tanger qu’elle est « un joli écrin pour le destin ». Elle aimerait que l’on puisse parler d’elle comme d’une femme qui a su rester cohérente avec elle-même, alors oui, écrivons-le, Fatym Layachi est une fille qui sait où elle va, qui a su s’imposer une ligne de conduite avec constance. Et non seulement elle y arrive, mais en plus, elle le partage avec les autres passionnés du Maroc. Elle fait bouger la culture dans son pays pour que ça bouge tout court, et ça marche ! Elle qui n’a pas la langue de bois reconnaît fuir toute situation embarrassante en souriant poliment - avant d’aller mourir de honte enfermée dans une salle de bains ! -
et se débarrasser des prétendants un peu collants « poliment, avec un sourire, avant d’aller soupirer avec mes copines ». Plus diplomate qu’on ne le croit finalement, la rockeuse…
Fatym en 6 dates 1983 - Naissance à Casablanca 2000 - Premier rôle du film Une histoire d’amour de Hakim Noury 2009 - Retour au Maroc 2012 - Mise en scène de la pièce Je dis non, jouée à Casablanca et Paris 2012 - Membre du collectif « Culture Libre » 2014 - A l’affiche du film Femme écrite de Lahcen Zinoun.
L’OEIL DU PHOTOGRAPHE
Tanger intime Bilal Touzani, jeune Tangérois passionné de photographie, s’est fait remarquer par une première exposition en août 2013 à la galerie les insolites et cet hiver à l’espace Tabadoul à Tanger. Sa fascination pour les villes et les espaces à conquérir lui donne à arpenter les rues, à aller à la rencontre des gens et des lieux. Si son œil est encore neuf, il ne manque pas d’audace, ni de délicatesse. Pour ce portfolio, il s’est attardé dans la médina de Tanger et a voulu rendre hommage à ce lieu mystérieux et divin : la mosquée. Lieu de culte bien sûr, de sacre et de méditation, mais aussi lieu de vie, lien social avec le voisinage, espace d’échange pour les personnes âgées, qui y passent souvent le plus clair de leur temps. « J’ai voulu montrer les mosquées favorites des anciens de la médina, pour que l’on voit à quel point ces lieux aident ces derniers à rester connectés au monde de l’extérieur, tout en se consacrant à la prière et au recueillement », confie-t-il. Cette série très patinée en noir et blanc donne à voir un Tanger authentique, avec des gestes du quotidien qui, répétés, montrent la dévotion des fidèles. Un beau regard pour un jeune artiste plein de promesses. Imane A. Kettani
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DÉCOUVERTE L’OEIL DU PHOTOGRAPHE
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PRATIQUE CUISINE
La Recette du Chef Moha pour URbain
Trid de Cailles Les plus grands ont visité sa table à Marrakech. Le chef Moha est l’un des plus fameux ambassadeurs de la cuisine marocaine contemporaine. Il a été le premier à proposer une cuisine réinventée et modernisée, qu’il fait connaître à travers le monde entier lors de ses voyages. Décoré et salué par ses pairs, Mohammed Fedal a accepté de vous livrer le secret de sa recette de Trid de Cailles. Bon appétit ! Restaurant Dar Moha Al Madina - 81, rue Dar El Bacha (Médina) Marrakech - Tél. : 05 24 38 64 00 Dar Moha - 9, calle Lope de Vega - Madrid - Tél. : 91 389 68 88
Pour 6 convives
6 cailles fermières 30 g de feuilles de brick 1 gros oignon 1 c. à thé de cannelle 1 pincée de ras-el-hanout 1 pincée de smen 8 c. à s. d’huile d’arachide 1 pincée de safran 40 cl de bouillon de volaille Persil et coriandre frais Sel, poivre
Préparation - Dans une sauteuse, faire colorer les cailles dans l’huile chaude, puis ajouter le persil et la coriandre ciselés, l’oignon haché et les épices. - Déglacer la sauteuse avec le bouillon de volaille et laisser mijoter à feu doux © Dar Moha
et réduire la sauce environ 30 min. - Égoutter les cailles et envelopper chacune dans une feuille de brick. Disposer d’autres feuilles autour en chiffonnade sur le plat de présentation. Rectifier l’assaisonnement (sel, poivre) et arroser de sauce. Servir aussitôt.
À l’origine, le trid se prépare avec une crêpe marocaine - le m’semen - à base de farine de blé dur, qu’on peut remplacer par une feuille de warka ou de brick, plus épaisses.
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restaurant - galerie
Sur nos murs en mai : exposition photos d’Andrew Maclear 7, rue d’Angleterre (direction Grand Socco) - Tanger Tél. : 05 39 37 40 57 - Mail : lafabrique.tanger@gmail.com
Votre mois de Mai
UTILE URBANOSCOPE
avec Lalla
Bon anniversaire
le Taureau !
En mai, vous ne rencontrerez aucun obstacle à votre bonheur. Jouez les bonnes cartes, saisissez les opportunités et foncez : vous êtes fait pour ça, le Taureau ! Si vous hésitiez ces dernières semaines, rappelez-vous que c’est le mois pour tout oser et que le ridicule n’a jamais tué personne... Jours fétiches : les 5, 6 et 11 mai.
Poissons
Allez courage, les Poissons, vous en avez presque fini avec les vaches maigres. Des situations se débloquent et vous allez enfin pouvoir un peu respirer. Jours fétiches : les 8 et 9 mai.
Bélier
Inu�le de jouer la carte du charme, ce n’est pas ce qu’on a�end de vous. Payez vos de�es, faites votre part de ménage à la maison... Bref : soyez fiable. Jours fé ches : les 1er, 2 et 12 mai.
Gémeaux
Le retour de la sérénité avec les beaux jours, voilà une bonne nouvelle. Con�nuez de chasser le stress avec applica�on, il n’est jamais bien loin... Jours fé ches : les 14, 21 et 22 mai.
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Cancer
Quand allez-vous enfin vous bouger pour changer une situa�on qui vous pourrit la vie depuis un bon moment déjà ? Agissez ! Personne ne le fera pour vous. Jours fé ches : les 1er et 8 mai.
Lion
Pénible, la vie d’un Lion, ces derniers temps... Et ça commence à durer un peu trop, ce sen�ment d’impuissance. Pa�ence, les astres s’aligneront bientôt. Jours fé ches : les 26, 27 et 28 mai.
Vierge
OK, le régime, c’est bien avant la plage. Mais l’idée de s’affamer, c’est stupide. Équilibrez votre alimenta�on et arrêtez de flirter avec les extrêmes. Jours fé ches : les 15 et 30 mai.
Chams Balance
Ça roucoule toujours sous les palmiers, la Balance. C’est le bon moment pour les projets en couple. Côté travail, en revanche... il faudra a�endre. Jours fé ches : les 15, 16 et 24 mai.
Scorpion
Les jours fériés du mois de mai seront bienvenus pour faire une pause. Organisez des sor�es à la plage en famille ou des barbecues entre amis et soufflez. Jours fé ches : les 1er et 8 mai.
Sagittaire
Pas de quoi casser trois pa�es à un canard, tous vos pe�ts soucis, et pourtant vous déprimez un max ! Rela�visez et arrêtez de frôler la paranoïa. Jours fé ches : les 12, 17 et 18 mai.
Capricorne
Ce n’est pas parce qu’on n’est pas d’accord avec vous qu’on ne vous aime pas, vous savez ? Acceptez la contradic�on, vous pourriez bien y trouver du bon. Jours fé ches : les 11 et 12 mai.
Verseau
Toujours tourmenté par ces nouvelles orienta�ons de vie que vous ne savez pas par quel bout prendre. Ne vous posez plus de ques�ons et suivez la vague ! Jours fé ches : les 29 et 30 mai.
UTILE ADRESSES
Carnet d’adresses - Agenda Galerie Photo Loft - 115, av. M Ben Abdellah - T : 06 41 45 66 40 Cinémathèque de Tanger - Grand Socco - T : 05 39 93 46 83 Galerie Conil Événements 7, rue du Palmier - Petit Socco - T : 06 55 64 10 14 Galerie Conil Collection 35, rue Almohades - Petit Socco - T : 06 55 64 10 14 Galerie Delacroix - 86, rue de la Liberté - T : 05 39 93 21 34 Librairie les insolites - 28, rue Khalid Ibn Oualid - T:0539931367 Librairie des Colonnes - 54, bd Pasteur - T : 05 39 93 69 55 La Fabrique - 7, rue d’Angleterre - T : 05 39 37 40 57 Tabadoul - 19, rue Magellan - T : 05 39 37 19 78 / 06 41 16 16 47 ed
Renseignements : 160 Police : 190 Gendarmerie Royale : 177 Pompiers - Ambulances : 150 Maroc Assistance : 05 22 30 30 30 Mondial Assistance : 05 22 31 31 50
Centres culturels / Galeries Cinémathèque Le Rif Délégation de la Culture Galerie Artingis Galerie Conil Galerie Dar D’Art Galerie De Velasco Galerie Delacroix Galerie Ibn Khaldoun Galerie Laure Welfling Galerie Lusko Galerie Mohammed Drissi Galerie Photo Loft Galerie Volubilis Goethe Institut Institut Cervantes Institut Français de Tanger Medina Art Gallery Musée de la Kasbah Tabadoul
Librairies
Librairie des Colonnes Librairie les insolites Librairie La Virgule Page et Plume
Hôtels / Maisons d’hôtes Hotel Andalucia Hôtel Chellah Hôtel Continental Hôtel El Minzah Hôtel Farah Hôtel Mövenpick Hôtel Solazur Dar Al Barnous Dar Chams
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Institut français de Tanger 41, rue Hassan Ibn Wazzane - Tanger - T : 05 39 94 10 54 Musée de la Kasbah - Place de la Kasbah - T : 05 39 93 20 97 Salle Beckett - Rue Okba Ibn Nafie - T : 05 39 94 25 89 Centre culturel Ibn Kaldoun - Rue de la Liberté - T : 06 62 45 68 97 MedinaArt Gallery - 30,rueAbou Chouaib Doukkali -T :05 39 37 26 44 Volubilis Art Gallery - Grande place de la Kasbah - T : 06 68 70 01 81 Librairie des Colonnes - 54, bd Pasteur - T : 05 39 93 69 55 Galerie Dar d’Art - 6, rue Khalil Matrane - T : 05 39 37 57 07 Palais des Institutions Italiennes - Palais Moulay Hafid 23, Rue Mohammed Ben Abedelouhab - T : 05 39 93 63 48
Numéros utiles
Port Maritime : 05 39 93 11 29 ONCF : 08 90 20 30 40 Aéroport de Tanger : 05 39 39 36 49 Pharmacies de garde : www.menara.ma Urgences vétérinaires Clinique du Golf - 06 61 79 02 19
Clinique Assalam Av. de la Paix - 05 39 32 25 58 Clinique du Détroit Gzenaya - Lot 84 A5 - 05 39 39 44 48 Clinique Bennis Route de Tétouan - 05 39 34 07 47
Points de distribution Dar El Kasbah Dar Jameel Dar Sultan La Maison de Tanger Le Balcon de Tanger Le Dar Nour Le Nord Pinus
Restaurants / Salons de thé Boston Café Café Central Cafe Le Savouret Café Le Savoy Café Miranda Café Oasis Casino Movenpick Club restaurant La Piscine Mosaic Caféteria Anna & Paolo Art & Gourmet El Morocco Club El Tangerino L’Océan La Bodega La Casa d’Italia La Fabrique La Pagode La Table du Détroit Le Bistrot du Petit Socco Le Parcours des Sens Le Relais de Paris Le Salon Bleu Otori Sushi O Tri K Pasta Cosi Tom Yam Salon de thé Kandinsky
Ali Souvenirs Ambiance Living Amine Car Location Animalerie Animaloo Divers Bab El Fan British Council Birkenstock Cabinet Bernossi Bleu de Fès Com Channel Boutique Majid Crèche Le Manège Centre Régional d’Investissement Boutique Solutions Chambre de Commerce Française Cabinet d’assurances Raïda Chambre de Commerce de Tanger Cabinet d’avocats El Khatib Calypso Voyages Consulat Général de France Cap Property Consulat d’Italie Casa Pepe Délégation du Tourisme Pointure Groupe Scolaire Le Détroit Dar Blue Immobilier Médi1 TV Designer's DJ The Voice Beauté / Sport Doce Amor All Ladies Fushia Ameublement Auriège Geox Biguine Spa Gulliver Catherine Coiffure Ideapolis Agency City Club Jagger Club Moving Joupi Dior Style La Fine Bouche Figurella La Tribu des Ziri Medispa Las Chicas Nail Lounge Maroquinerie Sebou Nutricorp Next Look Serenity Day Spa Opticien Alain Afflelou Sook Surf Passementerie Bouzid Surfiti Pâtisserie L’Italienne Commerces/Autres Pressing 5 À Sec Abyss Superbloc Accès Immo V12 Autohouse Adam Cadre Villa Art Immo
Salon de thé La Fuga Glacier La Gelateria
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CLUB - RESTAURANT - BAR
u ndi de 1111 h à 1 9 h Ouvert tous l e s jours sauf lel e llundi Locations de transats - É vénements Plage de Sidi Kacem - Tanger - 06 76 66 83 38 - 06 60 60 04 21 remirelais@hotmail.fr - Facebook : Restaurant La Piscine
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