URBAIN
Muslim
tanger
Le “rebelle conformiste” Rencontre avec le rappeur tangérois n°1 au Maroc rencontres - actualités - société - culture - agenda - adresses mensuel gratuit - n°5 - mai 2013
S pa Hammam Coi ffu re - Fit ness
Rue Adolfo Fessere Quartier California - Tanger TĂŠl. : 05 39 37 43 47 / 05 39 37 43 28 www.serenitydayspa.ma
é“dito SOUS LE SIGNE DE LA LENTEUR... Après un Colloque à Tanger ayant mis la ville en état d’effervescence, le mois de mai culturel tangérois, placé sous le signe de la littérature et de l’art, s’annonce à son tour particulièrement animé grâce au rendez-vous avec un Salon International des Livres et des Arts au programme diablement séduisant (voir notre article en p.40 ). Pourtant, avec le retour du soleil (enfin !), c’est décidé, nous allons reprendre un rythme mesuré, voire nonchalant, un rythme méditerranéen pour ne pas dire tangérois, en somme... Et cela tombe bien. Le Salon étant placé sous le signe de la “lenteur”, nous serons invités cette fois à savourer l’instant présent et à prendre notre temps pour lire, écouter, contempler, rêver… Dans ce numéro, nous vous convions également à faire la connaissance d’un personnage haut en couleurs, un pur Tangérois adoré par des centaines de milliers - et sans doute même par des millions - de jeunes à travers tout le pays. Le rappeur Muslim et sa musique sont un véritable phénomène de société que nous avions, au nom de la diversité culturelle, très envie de tenter de comprendre et de vous faire découvrir.
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Je vous souhaite un joli mois de mai et, comme toujours, un excellent moment de lecture.
Christine Cattant
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tanger Directeur de Publication : Othman Noussairi Rédactrice en Chef : Christine Cattant Rédaction : Mohammed Al Kh., Khadija Barkani, Ali Bobo, Christine Cattant, Philippe Chaslot, Estelle Du Brusc, Stéphanie Gaou, Lolipink, Janie Samet Relecture : Marie-Anne Carbonel Direction Artistique / Maquette : Crevette In Tangier Imprimeur : Graficas Norte Contact Mail : Rédaction : Administration : Commercial : Contact Publicité : Site Web : Facebook : Siège : Dépôt Legal : ISSN :
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S ommaire
URBAIN
tanger
mai 2013 / N°5
ML’interview uslim © Muslim
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6 ACTUALITÉS
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Courrier des lecteurs Nouvelles de la ville Rendez-vous Association 100% Bijoux Actus
18 À LA UNE
18 FIGURES 4 - Anuar Khalifi, la peinture “uppercut” 22 LA CHRONIQUE DE LOTFI AKALAY 24 RENCONTRE QDP à Eve-Yasmine Saoud-Easton
26 MUSLIM : LE RAP À LA TANGÉROISE
32 CULTURE 32 36 40 42 46
VISIONS DE TANGER Votre concours photo AGENDA CULTUREL Musique, expos...
ÉVÉNEMENT Le Salon des Livres et des Arts CINÉ à l’affiche LIVRES La sélection du mois
50 SOCIÉTÉ
50 ON EN PARLE Les Brèves d’URbain 52 TANGER VUE PAR... TOMEK
58 DÉCOUVERTE
56 WEEK-END Gibraltar, le rocher de la discorde 60 PATRIMOINE La Villa de France, la renaissance
64 PRATIQUE
64 CONSO Les bons plans d’une Tangéroise 66 RECETTE Les sardines marinées frites
68 CLIN D’OEIL : PATTI IN TANGIER 72 UTILE 72 74 75 76
Urbanoscope Annonces immobilières Carnet d’adresses Points de distribution
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co urrier des lecteurs
Actus I
Vous nous avez ecrit... Ça grogne
Bonjour, Je lis régulièrement votre magazine et je le trouve très bien fait. Je voudrais pousser un “coup de gueule” auprès de la Mairie de Tanger et la Communauté Urbaine. Je suis Française et j’habite dans un village à 12 km de Tanger, Mediouna. Je vais régulièrement à la mairie pour les informer de : - la saleté du village ; - la saleté d’une des plus belles forêts de Tanger (route de Star Hill) ; - l’éclairage public qui ne fonctionne jamais dans le village ; - les routes défoncées à l’intérieur du village ; - Amendis n’a toujours pas mis l’eau potable, les villageois vont au puit. Auriez-vous la possibilité de faire un article sur le village afin de dénoncer tout ceci ? Peut-être qu’à plusieurs, les choses avanceraient plus vite... Merci de prêter attention à mon email. Meilleures salutations, Laurence Bezos Chère Laurence, Nous vous remercions de nous adresser cette information ainsi que de la confiance que vous placez en URbain. Sachez que, chaque mois, une dizaine de courriers de ce genre nous parviennent en provenance d’un peu partout dans la ville et dans la région. Une preuve qu’URbain est d’abord un magazine de société et, si notre pouvoir reste modeste, nous savons que des yeux attentifs, amicaux et influents se posent régulièrement sur nos pages... Votre message est passé. Nous serons encore là demain. Et nous évoquerons sans aucun doute un jour le cas de votre village, comme celui de nombreux autres autour de Tanger et de bien des lieux de la ville dont l’état ou le mode de gestion nous inquiètent. Il y a beaucoup à faire. En attendant, ne baissez pas les bras. Et bravo à vous pour votre détermination. La Rédaction
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© D.R.
sur contact@urbainmagazine.com
GOURMAND ! Merci pour votre sympathique magazine ! J’ai notamment apprécié, outre toutes vos infos culturelles, la recette de la Sefa. Mais c´eut été encore plus alléchant avec une ou deux adresses tangéroises où il serait possible de trouver... cette arlésienne ! Hervé RICARD
Ce sont vos courriers qui nous permettent de connaître vos attentes et qui nous fournissent également des idées pour vous plaire davantage à chaque numéro. Et, comme vous avez du le constater, cher Hervé, nous indiquons désormais les lieux où vous pouvez déguster les spécialités proposées dans nos pages “Recette”, si d’aventure vous n’aviez pas le courage de vous mettre aux fourneaux vous-même...
Pluie de CV Stupéfaction à la rédaction devant la pile de CV reçus le mois dernier suite à notre message ! Les candidatures sont toujours ouvertes. Un rappel des profils recherchés : - Commercial dynamique, ambitieux et tenace, maîtrisant parfaitement le français (espagnol et darija sont un “plus”), si possible expérimenté dans la vente d’espaces publicitaires - Directeur artistique ou maquettiste créatif possédant une première expérience dans la presse magazine. - Photographe de presse motivé, débutant accepté. - Secrétaire de rédaction possédant d’excellentes qualités d’organisation et un français impeccable. Une première expérience dans la presse ou l’édition est impérative.
nouvelles de la ville
Actus I
L ’a c t u d e s g e n s
TRAFICS EN TOUS GENRES...
Urbanisme et constructions anarchiques à Tanger : l’issue ?
ça traficote ferme dans le coin de Tanger. Pour les forces de l’ordre, en tout cas, ce début d’année a été bien agité...
Saisie planante...
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Lors de la 13e session ordinaire du Conseil d’administration de l’Agence urbaine de Tanger, M. Benabdallah Ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la Ville, a souligné et souhaité que soient corrigés les dysfonctionnements d’urbanisme au niveau de la ville du Détroit, notamment l’apparition de nouveaux © D.R. foyers d’habitat anarchique et la présence devenue trop pesante de l’habitat économique dans des zones stratégiques, en particulier sur les axes assurant l’accès à la ville. Le Ministre a cependant salué le bilan de l’action de l’Agence urbaine de Tanger menée durant ces dernières années, notamment la réalisation des chartes architecturales et paysagères concernant la province de Fahs-Anjra et la ville d’Asilah, précisant que la charte relative à la ville de Tanger serait finalisée cette année. On a hâte de la découvrir…
BIENVENUE À MADAME LA CONSULE GÉNÉRALE DE FRANCE Pierre Thénard, ancien Consul Général de France à Tanger (voir URbain d’avril) a rejoint son nouveau poste parisien, cédant la place à Mme Muriel Soret qui prend ses fonctions ce mois-ci. Une femme expérimentée au parcours professionnel impressionnant puisqu’elle a œuvré aux plus hautes fonctions au sein du Ministère des Affaires étrangères, à la direction des Nations-Unies ou au Quai d’Orsay... Nous lui souhaitons la bienvenue et le meilleur pour son arrivée à Tanger.
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Par Estelle Du Brusc
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Alors que le secteur des pharmacies se trouve déjà dans une situation économique préoccupante, le trafic de médicaments est florissant dans le pays. Le mois dernier, un réseau qui opérait entre Tanger et Casablanca a pu être démantelé grâce à l'arrestation de plusieurs petits revendeurs de drogue à Casablanca, qui ont conduit à l'identification de leur principal fournisseur et à son arrestation dans un café du quartier de Béni Makada à Tanger. La perquisition de son domicile a permis de mettre la main sur 500 comprimés de psychotropes.
Saisie kiffante... La Gendarmerie Royale de Tanger a saisi, en avril, 3,66 tonnes de chira (résine de cannabis) sur la route nationale 2 près de la commune de Melloussa. La drogue, contenue dans 122 colis, a été découverte à bord de deux fourgonnettes équipées de fausses plaques et ayant essayé de forcer un barrage de contrôle. Les passagers des véhicules ont pris la fuite avec leurs complices qui les suivaient à bord de deux autres voitures.
Saisie chargée...
Encore une belle prise de la Gendarmerie Royale de Tanger qui a intercepté et saisi, en mars, deux voitures chargées de 1458 bouteilles de boissons alcoolisées en provenance de la contrebande. Cette fois, les deux conducteurs ont été arrêtés lors de l’opération. L'enquête a révélé que la marchandise saisie était destinée à être écoulée par un grossiste à Tanger, sans préciser lequel. Une perquisition au domicile de ce dernier a permis la saisie de 4.206 bouteilles et canettes d'alcool. Les trois mis en cause ont été présentés à la justice, la marchandise et les véhicules saisis.
L ’a c t u d e s b o i t e s Tanger City Center : ça se précise... Le promoteur du projet immobilier le plus énorme du moment, le groupe espagnol Inveravante, a organisé en avril des journées portes ouvertes au public pour en présenter les composantes et faire visiter l’appartement témoin préparé pour l’occasion. La première tranche du projet, portant sur le logement, est presque bouclée et les premières livraisons pourront avoir lieu avant l’été. À terme, c’est un total de 800 appartements “haut de gamme” qui seront mis sur le marché par le Tanger City Center dans sa composante résidentielle. À cela s’ajouteront deux hôtels du groupe Hilton Worldwide (4 et 5 étoiles), 16 000 m2 de plateaux
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de bureaux et un centre commercial et de loisirs. Le terme des travaux est prévu pour le printemps 2015 et l’investissement total est estimé à 2 milliards de Dh.
Du rififi sur les flots...
FRS : Les Tangérois privilégiés
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Fin mars, si vous achetiez un billet “aller-retour” sur la compagnie FRS à la billeterie du port de Tanger-ville, il vous en coûtait 1 400 Dh (environ 125 €), soit 700 Dh pour un “aller simple” (62,50 €). Le même jour, pour acquérir ce fameux “aller simple” à la billeterie du port de Tarifa sur la même compagnie, il fallait débourser pas moins de 156 €, soit environ 1 750 Dh. Le prix du billet multiplié par 2,5, voilà qui est un peu “abuser” ! De là à dire que Espagnols, MRE et autres touristes se présentant à Tarifa pour traverser le détroit sont pris pour des gogos, il n’y a pas loin... Notons également que, pour l’instant, les deux compagnies effectuant la liaison rapide entre Tanger-ville et Tarifa s’alignent sur des tarifs promotionnels. Pour combien de temps encore ? Ces ententes ne mènent en général à rien de bon pour l’usager... qui finit par subir la hausse générale et concertée du prix des billets. Les compagnies de ferry, qui se plaignent que les bateaux effectuant les liaisons dans le détroit sont vides, n’apprennent décidément rien...
La GNV et les Nadoriens mécontents Chacun son tour. Dans cette petite histoire, cette fois, ce sont des passagers qui ont été un peu “gonflés”. à l’arrivée d’un trajet reliant Tanger à Sète, une trentaine d’entre eux ont manifesté et bloqué, pendant toute une journée, le navire de la GNV sur lequel ils avaient effectué le voyage, au motif qu’ils avaient du rallier Tanger par leurs propres moyens pour embarquer au lieu de partir de Nador, comme prévu initialement. Cependant, ces passagers, à l’instar de nombreux autres, avaient été prévenus 48 h à l’avance de l’impraticabilité du port de Nador en raison d’intempéries. Conformément à la loi, la GNV avait proposé à ses passagers trois options : rembourser l’intégralité de leur billet, reporter le voyage à une date ultérieure de Nador à Sète ou rallier Tanger pour embarquer dès le jour suivant. Bien que les manifestants aient choisi, en connaissance de cause, cette dernière option, ils réclamaient à l’arrivée un dédommagement pour le “préjudice subi”. Si la compagnie n’a rien à se reprocher, la société étant tenue de respecter la sécurité des passagers et celle de son équipage avant tout, cet incident tombe assez mal à l’heure où la majorité des MRE réclament une attribution définitive à GNV des lignes maritimes reliant le nord du Maroc au sud de la France (anciennement assurées par Comarit). En attendant cela, il serait sans doute sage de ne pas faire trop de vagues...
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re ndez-vou s
Actus I U N A N N I V E R S A IR E P O U R LES ANCIENS DE RÉGNAULT Le Lycée Régnault fête son 100e anniversaire cette année À cette occasion, l’A.E.A.E.L.R.T. (Association des Élèves et Anciens Élèves du Lycée Regnault Tanger) a été créée. Elle a pour but de “resserrer les liens d’amitié, de partager des souvenirs et des expériences, d’organiser toutes activités susceptibles de renforcer les liens qu’entretient ou qu’a entretenu chacun des membres” avec cet établissement scolaire, mais aussi d’organiser une grande soirée de gala qui aura lieu le 31 août prochain. Inscription 200 Dh/an. Renseignements au 06 61 15 90 55 ou sur : les100ansdulycee@gmail.com.
Garden Party
À l’Église Anglicane Saint-André Construite en 1894 sur un terrain offert par SM le Sultan Moulay Hassan à la Reine Victoria, Saint-André présente une architecture unique en son genre, avec son plafond de style mauresque en bois de cèdre, ses colonnes de marbre ainsi que l'inscription de la prière du Seigneur en Calligraphie Arabe. Étroitement lié à l’Église Saint-André, son Club du Livre est destiné en particulier à la communauté anglophone. Le lieu, quant à lui, est devenu un lieu de rencontre et d’échange pour tous. La traditionnelle Garden Party aura lieu cette année dans le jardin ombragé de l’église, le dimanche 26 Mai à partir de 13 h, accompagné d’un vide-grenier et d’un déjeuner au profit de l’Église et du Club du Livre. Pour tout renseignement, tél. : 05 39 33 01 63 ou 05 39 32 31 99.
Les rendez-vous de la TFZ Les 2 et 3 mai
Deux jours en compagnie d’acteurs importants de la vie économique locale afin de promouvoir l’investissement immobilier dans la région de Tanger. Au programme, un cycle de mini-conférences, des rencontres d’investisseurs, des visites de sites industriels, une opération caritative et un jeu-concours.
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Par Estelle Du Brusc
3e Forum IMC-ISITT le 3 mai
Pour offrir une plateforme unique d’échange entre les plus grands acteurs des métiers du tourisme et les nouveaux lauréats de l’Institut Supérieur International de Tourisme de Tanger organisé par ISITT Managers’ Club, qui se déroulera le vendredi 3 Mai à l’Institut Supérieur International de Tourisme de Tanger. Sous l’égide du Ministère du Tourisme, de jeunes étudiants meneurs d’initiatives promettent que cette nouvelle édition sera une rencontre exceptionnelle avec près de 25 professionnels de renommée internationale. Le dialogue, le partage et l’échange de savoirs et d’expériences seront au rendez-vous de cette manifestation placée sous le thème de “Managers pour qui le métier n’a pas de secrets”.
Petites sorties printanières... On l’a attendu si longtemps, ce soleil, qu’on se demande si vous vous souvenez encore des adresses tangéroises qui vous permettront d’en profiter ! Petit rappel pour les étourdis du fond de la classe...
Adresse de filles Une fois n’est pas coutume, un petit coup de chapeau pour une nouvelle adresse qui propose une petite restauration de grande qualité. Ce qui nous amène en particulier, ce sont les desserts, raffinés, légers et très joliment présentés (35 dh !), ainsi que les nombreux et délicats thés glacés parfumés (lapsang souchong, earl grey, etc.). Une charmante pause au pied de la kasbah. Las Chicas - Porte de la Kasbah - 06 61 36 06 10
Grand classique
Les envies de plage reviennent avec le beau temps ! L’occasion de redécouvrir la terrasse du restaurant l’Océan et sa délicieuse cuisine méditerranéenne. L’Océan - Plage Sidi Kacem - 05 39 33 81 37
Des terrasses et des jardins
Pour mémoire, on citera la petite terrasse en fer forgé très “années 30” et les petits prix de La Terrasse en centre-ville, la fabuleuse terrasse à la kasbah avec vue sur la baie et les petits plateaux de kémia du Salon Bleu, les petites tables de la place de la Kasbah sous le vénérable caoutchouc du Morocco Club, le très zen jardin japonisant du restaurant L’Adresse ou celui, calme et gourmand, du restaurant Ô Saveur. Et bien sûr le joyeux bazar très familial du restaurant Chez Abdou le dimanche !
Tous les plaisirs de l ’ O céan... Terrasse panoramique avec vue sur le “grand bleu” Carte de produits de la mer raffinés & cuisine méditerranéenne
Ouvert tous les jours Plage Sidi Kacem - Direction Grottes d’Hercule Tél. : 05 39 33 81 37 - Mail : oceantanger@gmail.com www.oceanplagetanger.com
assoc iatio n
Actus I
100 % Bijoux
© Christine Keyeux
La précieuse démarche des “Mamans”
UNE IDÉE FORMIDABLE QU’A EUE UN JOUR L’ARTISTE PLASTICIENNE CHRISTINE KEYEUX, GRÂCE À UN COUP DE FOUDRE POUR L’ASSOCIATION “100 % MAMANS” (VOIR URBAIN JANVIER). COMPTER SUR LE BON COEUR DES DONATEURS EST UNE CHOSE. PROPOSER DES SOLUTIONS GÉNÉRATRICES DE REVENUS ET PERMETTANT AUX BÉNÉFICIAIRES D’UNE ASSOCIATION D’ÊTRE DANS UNE DÉMARCHE CRÉATIVE EN EST UNE AUTRE. ENTRETIEN AVEC UNE ARTISTE 100 % GÉNÉREUSE...
URbain : D’où vous est venue cette idée de créer des bijoux ?
Christine Keyeux : Au bas de ma maison, dans la médina, se trouve un brodeur, Abdeslam. Je le vois souvent travailler avec cette minutie et cette patience propre aux véritables artisans. Un jour, en admiration devant la mutitude de petits boutons textiles qu'il utilise pour les caftans, je me suis dit : “Et si on en faisait des bijoux !” Je m’étais déjà investie dans l'association 100 % Mamans, me rendant compte à quel point il était nécessaire d'apporter à ces femmes une aide pécunière. Ces femmes qui se battent durement, jour aprés jour pour élever seules leur enfant. C'est ainsi que l'aventure a commencé, avec du fil et des boutons. Les mamans pouvaient travailler à leur rythme chez elles et suppléer à des revenus précaires.
© Christine Keyeux
C’EST
U. : Combien de femmes travaillent dans cet atelier ?
C.K. : Voilà déjà quatre ans que nous avons démarré. Les mamans ont été progressivement formées et les nouvelles arrivées continuent à l’être. Certaines ont acquis un savoir-faire indéniable. Une petite équipe de 15 femmes assurent actuellement la production.
U. : D'où viennent les idées de chaque création ?
C.K. : Je crée les modèles et choisis les tons. Mais certaines mamans commencent
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Abdeslam, le brodeur aux “mille et une bobines”.
Du 8 au 12 mai REJOIGNEZ LA “LIGNE DE VIE” Une œuvre collective et participative imaginée par l’association tangéroise 100 % Mamans, à découvrir lors du Salon International de Tanger des Livres et des Arts. Elle se présentera d’abord blanche. Puis au fil des heures, elle se couvrira de lignes multicolores. Une page étonnante qui marquera cette 17e édition du Salon. Cette page ne s'encombrera ni d’alphabet, ni de typographie ou de syntaxe. Elle ne se soumettra qu’à la loi des couleurs, des formes et de l’énergie du geste. Pour la composer, de petits nœuds de fils, des milliers de petits
nœuds, formés selon la technique du tricotin par des mamans célibataires bénéficiaires de l’association tangéroise 100 % Mamans. à chacun ensuite d’ajouter sa patte. Tous les visiteurs du salon seront invités à participer en choisissant une couleur, ou plusieurs, et en les disposant sur la page blanche. Une expérience créative mais aussi solidaire, puisque les mamans célibataires sont rétribuées pour la fabrication de ces brins de tricotins. Le projet a été imaginé par Christine Keyeux et Alexandre Pajon, directeur de l’Institut Français de Tanger, qui souhaitait associer au salon la cause des
mères célibataires sous une forme véritablement artistique. Rendez-vous donc au Palais des Institutions italiennes du 8 au 12 mai pour laisser votre empreinte sur cette œuvre et exprimer votre soutien à la belle association des Mamans.
à avoir des idées. Nous avons pour le moment vers un bijou contemporain, accessible, souple dans sa 26 modèles différents. J'aime combiner les couleurs, composition et son élaboration, à base de matériaux les superpositions, les assemblages. Ce magnifique fil textiles marocains. Il est essentiel de partir de ce qui est textile marocain permet toutes les audaces. J’aime aussi autour de nous pour créer ses propres racines. qu’un bijou évoque autre chose. Par U. : Une anecdote 100% Bijoux ? exemple pour la dernière collection, nous C.K. : Fatiha dernièrement dépose, timideavons fait des morceaux de 30, 40, 50, ment, sur la table un petit pendentif en 60 cm, qui s’attachent entre eux avec forme de couffin, ce fameux couffin que des pressions, la pression est cachée par l’on retrouve partout au Maroc, me disant un noeud. Ce qui permet à chacun de “regarde ce que j'ai fait”. Devant mon composer son collier en longueur et en enthousiasme, les autres s’exclament : couleur : “Je me connecte et je crée des “Peut-on aussi en faire ?” “Non, non !” liens.” Une idée en entraîne une autre et répond vivement Fatiha, “C’est mon ainsi de suite. Certains bijoux se posiidée !”. Grand éclat de rire de toutes. Puis, tionnent mieux sur le marché, d'autres bonne pâte, trés fière d’elle avec un petit sont trop coûteux en matière première, air un peu condescendant : “Au fond, si en temps. Il faut un peu jongler avec tout vous voulez”. Depuis, nous avons plein de cela. Rester aussi dans une gamme de petits couffins de toutes les couleurs et prix abordable qui se situe entre 50 et leurs boucles d'oreilles assorties... © Christine Keyeux 200 dh, bagues, boucles d'oreilles, Propos recueillis par Christine Cattant bracelets, pendentifs, colliers, sautoirs, broches et porte-clefs. Un nouveau produit à base de ce même matériel verra bientôt le jour.
U. : Quelle est votre stratégie pour la commercialisation ?
C.K. : La demande est là. Le produit commence à faire ses preuves. La commercialisation reste encore difficile, vu le manque d'infrasctuctures, mais nous avons bon espoir. Les mamans sont de plus en plus partie prenante, ce qui est bien sûr le but. Les rendre autonomes face à un travail riche en créativité, en exigences de toutes sortes. En Europe, le bijou textile a gagné ses lettres de noblesse. Au Maroc, pas encore. Nous voulons nous positionner
Contact 100 % Mamans
Hay Florencia, 8, rue Chaid Stitou Bendibane - Tanger centpourcentmamans@gmail.com Tél. : (00 212) 05 39 38 15 20
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maroc
Actus I B R AV O ! Le Maroc salué à l’OTAN
“Le processus de réformes engagé par le Maroc constitue un modèle pour les autres pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA)”. C’est avec ces mots que David Hobbs, Secrétaire Général de l’Assemblée Parlementaire de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord a salué le Royaume, début avril. Et d’ajouter, dans une déclaration à l’issue de ses entretiens avec Ali Kebiri, Président de la Commission des Affaires Étrangères à la Chambre des Représentants, qu’il “joue un rôle extrêmement important dans la région MENA. Il a donné l’exemple qu’un pays peut évoluer sereinement en menant à bien ses réformes”. Toujours selon lui, le “Maroc est assurément le pays le plus stable dans la région” et il a su mener d’une manière “extrêmement réussie” ses réformes politiques.
Marrakech salué à l’ONU
La Radeema (Régie autonome de distribution d’eau et d’électricité de Marrakech) annonce l’enregistrement par les Nations Unies de la station de traitement des eaux usées de Marrakech au Mécanisme de Développement Propre (MDP). C’est une première mondiale pour une station d'épuration utilisant cette technologie, qui consiste à traiter les eaux usées en récupérant le méthane, puissant gaz à effet de serre, pour produire de l’électricité. Plus de 100 000 m3 d’eaux usées sont désormais traitées selon ce procédé chaque jour, évitant l’émission dans l’atmosphère de plus de 60 000 tonnes de CO2.
Le Maroc salué par le FDI
Le FDI intelligence, filiale du Financial Times, vient de classer l’Agence Marocaine de Développement des Investissements (AMDI) à la 5e place mondiale derrière l’Irlande, le Costa Rica, la Grande Bretagne et la Colombie sur le plan des campagnes de marketing digital (1ère en Afrique et dans le monde arabe). Késako ? Tout simplement la stratégie marketing visant à faire la promotion de produits et services par le biais d’un média ou d’un canal de communication digital ou numérique. Et dans ce domaine, le Maroc est un champion !
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Par Estelle Du Brusc
OUPS ! Le Maroc et... Son secteur des télécoms Le marché des télécommunications au Maroc aurait subi une importante baisse au 1er trimestre 2013 : près de 10% par rapport à la même période en 2012. C’est l’opérateur Méditel qui aurait connu la plus forte contraction de son marché (15%). Maroc Télécom, dont Vivendi cherche à vendre sa participation (53%), aurait enregistré quant à lui une baisse de 7%, ce qui ne va sans doute pas faciliter les transactions. Le jeune Inwi, lancé en 2010, serait également touché par cette tendance. Voilà qui n’augure rien de bon pour un marché qui avait déjà clôturé l’année 2012 en baisse...
Ses demandes de visas Selon les chiffres officiels, la France a délivré, en 2011, 1 947 251 visas de court séjour, répartis entre 1 879 386 de visas ordinaires et 67 865 de visas officiels. Le Maroc occupe le 3e rang des pays auxquels la France accorde le plus de visas (157 000 en 2011), derrière la Russie (302 047) et la Chine (217 070).
Son histoire pré-islamique Un colloque international inédit s’est tenu fin mars, à Fès, capitale spirituelle du Royaume, sur le thème de l’histoire du Maroc antique, sa période pré-islamique riche mais longtemps considérée comme taboue. Berbères, royaume de Maurétanie, Phéniciens, Romains et même christianisme... Une occasion de constater que les éléments de culture contemporains hérités de la période pré-islamique sont nombreux mais méconnus : pélerinage à la Mecque, richesse sémantique de la langue arabe, polygamie...
© D.R.
m onde
Actus I
L’info décalée d’URbain
Drôle, futile, inutile, c’est aussi ça, l’info qu’on aime... Par C.C.
I N F O U T I L E ...
Si le monde ne comptait que 100 habitants, sur une population divisée équitablement entre hommes et femmes, 26 personnes seraient des enfants et 74 des adultes, dont 8 auraient plus de 65 ans. Il y aurait 60 Asiatiques, 15 Africains, 14 Américains et 11 Européens. Le langage prédominent serait le mandarin, parlé par 12 personnes, contre 5 pour l'anglais et l’espagnol ou 2 pour le russe. Il y aurait 33 chrétiens, 22 musulmans et 12 personnes d'aucune confession. 87 personnes accèderaient à l’eau potable, 13 en seraient privées. Un individu mourrait de faim et 21 afficheraient un surpoids. 77 personnes jouiraient d’un logement alors que 23 résideraient dans la rue. 83 Terriens sauraient lire et écrire et 17 souffriraient d'illettrisme. Enfin 7 personnes auraient obtenu un diplôme universitaire et 22 seulement pourraient accéder à un ordinateur.
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Si comme beaucoup d’hommes vous êtes passionné de belles voitures, allez donc vous enrôler dans la police de Dubaï. Car c’est en Lamborghini Aventador que les policiers dubaïotes traquent désormais les brigands ! En effet, il faut bien cela pour s’aligner sur les bolides qui arpentent l’Émirat. Mais une voiture de fonction de 700 ch (V12), atteignant 350 km/h et valant 304 000 € pièce, ça donne des envies de devenir fonctionnaire, non ?
C’esT De lA sCieNCe, MONsieUR...
Ça s’appelle “Snowballs”. Et c’est Joshua Shoemake, ancien professeur à l’École Américaine de Tanger dans les années 90 et désormais marrakchi, qui en est l’illustre inventeur. Il s’agit de caleçons “rafraîchissants” qui permettent de préserver votre fertilité, messieurs, notamment en cas de forte chaleur. Certes, il semblerait que Joshua peine un peu à trouver un financement, avis donc aux amateurs. Une spectacuSi, si, ce produit existe, la preuve en image ! laire reconversion !
sOis Belle eT éTUDie...
Au Tadjikistan, le recteur de l'Université d’État de Douchanbé a annoncé qu'un nouveau dress code s’appliquait désormais aux étudiantes. Pas le voile, non. Elles devront désormais porter des tenues unicolores et des chaussures à talons hauts. Carrément adapté aux gradins des amphis...
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UN MONDe PeUPlé De CeNT hABiTANTs ?
UNe hisTOiRe à sUsCiTeR Des vOCATiONs...
© D.R.
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Si comme beaucoup d’hommes vous êtes passionné de belles montres, allez donc vous offrir cette petite merveille de technologie : l’Inversion Principle de Fonderie 47. Une montre à la lecture de l’heure inversée, conçue par le Suisse Adrian Glessing et dont chaque pièce provient de la refonte de fusils-mitrailleurs AK 47. Chaque vente engendre la destruction de mille fusils récupérés en Afrique. Une édition limitée à 10 unités en or rose et 10 en or blanc seulement, ce qui fera tout de même un total de 20 000 armes en moins dans le monde. Et tout cela, pour la modique somme de 350 000 € pièce.
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UNe hisTOiRe à sUsCiTeR Des PAssiONs...
... I N F O F U T I L E
“Heure joyeuse”, tapa s et musique en live Restaurant La Fabrique - Rue d’Angleterre - Tanger - 05 39 37 40 57 Service tous les soirs de 20 h à 23 h sauf le dimanche Retrouvez toute notre actualité sur Facebook
u e a ant e uv taur iqu no res br
Tous les jeudis de 20h30 à 21h30
Fa
du jeudi
a v ec le gr ou p e d e j a z z M agi c Ta r b ou ch’
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La
L’apéro
À la Une I
figures de tanger
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Anuar Khalifi :
la peinture “uppercut” Anuar Khalifi, artiste peintre né à Barcelone et installé depuis quatre ans à Tanger, annonce d’emblée l’humeur : « Ces derniers temps, je vis dans les nuages. » Phrase on ne peut plus appropriée en ce dimanche matin du mois de mars qui n’augure en rien le printemps : le ciel est bas et gris, les rues désertes. Rencontre avec cet artiste iconoclaste qui fait revivre les années disco en terre arabo-andalouse. PAR STéPHANIE GAOU PHOTOS : HICHAM BOUzID Il a le sens de la formule en plus de la maîtrise de la mise en scène et de la couleur. Ses réflexions sur la société moderne, sur les préjugés, sur les clashs culturels ont la fulgurance de l’uppercut. Ses tableaux aussi. Visite dans son atelier habité de toiles scotchées sur les murs aux couleurs flamboyantes, de carnets de dessins, de bandes dessinées, d’un tambour peint, d’une Kalachnikov en plastique, de gants de boxe, d’un vélo d’appartement remisé dans un coin : on se croirait en pleine fête foraine. Il n’en est rien. L’univers de cet artiste, de prime abord joyeux et quelque peu superficiel, est riche d’une inspiration on ne peut plus spirituelle...
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LE
PLUS BEAU COMPLIMENT SUR MON TRAVAIL ? QUE L’ON TROUVE MA DÉMARCHE SINCÈRE ET QUE L’ON Y VOIT MON HONNÊTETÉ.
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fi gures de tanger
À la Une I Urbain : Anuar, vous êtes né en espagne. Pourquoi vous être installé à Tanger ? Anuar Khalifi : Je sortais d’une phase difficile, je ne peignais plus depuis quelques années, je me sentais perdu. Tanger, c’était l’endroit idéal pour m’appliquer à un travail introspectif. Je voulais rester seul et comme ici j’avais assez peu de vie sociale, je me suis jeté à corps perdu dans la peinture. U. : Avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ici ? A.K. : Ce fut, au début, de grandes toiles avec des adolescents que je considérais comme des jaillissements des émotions qui me traversaient : ils étaient tristes, en colère, dans l’expectative de quelque chose qui devait les surprendre. À Tanger, j’ai trouvé une zone qui m’autorisait une grande liberté de création : peu de références culturelles, peu de lieux qui nourrissent le regard et l’influencent. Cela permet d’aller chercher quelque chose de très personnel sans être détourné de son but premier. Et puis, c’est un territoire intense avec des êtres lunatiques en prise avec des réactions contraires. Je m’en suis senti très proche. Je suis moi aussi affecté par cette dualité, ces extrêmes. U. : Quelles sont vos inspirations ? A.K. : Elles sont multiples et correspondent à une enfance marquée par les héros de la « mass culture » américaine,
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des héros comme Mickey, Batman, Superman ou bien Michael Jordan. J’écoute beaucoup de musique, de soul, d’afro-jazz, de disco, j’ai gardé toutes les BD que je lisais pendant ma jeunesse. Il y a donc beaucoup d’icônes de cette époque qui ont bercé mon enfance, mais aussi des références plus traditionnelles qui ancrent mes œuvres dans un historique spirituel, plus familial, mystique, musulman. Je lis beaucoup Rumi, le père du soufisme, j’écoute Mos’Def mais aussi Oum Kaltoum parce qu’elle exacerbe ma mélancolie par la répétition de paroles dramatiques. Un panaché d’émotions indispensables pour quelqu’un comme moi qui puise sa force dans son émotivité et sa vie intérieure (il passe un morceau de Crown Heights Affair : Say a prayer for you).
“Je sais qu’une toile est finie quand je fais une erreur” U. : Parlez-nous de votre démarche artistique… A.K.. : J’aime mixer les genres. Je pense toujours au fait que la société est marquée par ce credo « C’est nous contre eux. » Quand j’ai recommencé à peindre, je réalisais des toiles très personnelles, assez égocentriques. Avec le temps, je peins une plus grande globalité, le monde moderne. C’est quoi, la société de nos jours ?
Partout, ça se résume à une consommation effrénée, des symboles qui s’uniformisent de plus en plus, la perversion, la dépravation, les valeurs des uns contre celles des autres. Et moi dans tout ça je suis complice, acteur du moins. J’y participe. Il y a de cela dans mes tableaux : la projection de mes observations. Je ne suis pas là pour juger ou critiquer : juste constater, comme un miroir. U. : vous avez aussi un vrai talent d’illustrateur. Quelle est la différence entre le dessin et la peinture ? A.K. : Avec le dessin, je suis dans quelque chose de plus personnel, format plus petit et donc, plus intime. Plus libre. Mes carnets de croquis, c’est un peu comme mon journal intime. Chaque jour un dessin. Un peu comme une discipline qui garde vivace le trait, l’humour, le sens critique. U. : Quand savez-vous qu’un tableau est achevé ? A.K. : Je sais qu’une toile est finie quand je fais une erreur. Quand je veux continuer à peindre alors qu’un détail de plus viendrait rompre l’équilibre de l’ensemble. Quand je peins aussi, je ressens une excitation incroyable. Dès que je me sens vidé, c’est que je n’ai plus rien à donner. En fait, je suis un impatient, j’ai besoin de voir le résultat de mes projections mentales rapidement. Je peins frénétiquement, comme si je boxais, j’y mets mes tripes, dès que je ne sens plus rien, c’est que l’œuvre est terminée. I
Sans titre, 2013.
Et aussi... Naissance : à LLoret de Mar (Catalogne), il y a un peu plus de trente ans...
Son artiste peintre préféré : Jean-Michel Basquiat. Son pire cauchemar : “Je suis en train de passer un disque
dans une grande soirée, (il est aussi DJ), je cherche le prochain morceau et le disque finit sans que j’aie pu trouver ce dernier. OK, j’avoue, c’est un cauchemar de DJ” (rires). Son film culte : Brooklyn Boogie par W. Wang et P. Auster. La qualité qu’il aimerait avoir : la patience.
Expo 2011 - FAST FOOD (les insolites, Tanger) Expos 2012 - BOYS DONT CRY (Artingis, Tanger), BLASTMASTERMIND GVCC (Casablanca), NOW-BIENNAL (Marrakech), COLLECTIVE (Loft Gallery, Casablanca), TOURIST GO HOME (Gallery Kandisha, Paris), NEW HOPE (Mitte Art Space, Barcelone)
Tags et smiley sur tambours peints, l’univers hétéroclite de Khalifi.
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la chronique
À la Une I
de lotfi akalay
Ah , l ’ i n for m a ti on té l év i s é e ! Q uo i d e p l us pr éc ie ux qu e ces pe tits re po rta ge s d e pr ox i m i t é po ur n ou s a id er à mieu x c on naît re le po int de vue d e no s co nc itoy ens ?
Reportage
- Juste avant l’indépendance. Mon grand-père s’en souvient vaguement.
- Bonjour, nous faisons un reportage pour la télévision.
- Du producteur au détaillant, il n’y a aucun de ces intermédiaires pléthoriques, cupides, parasitaires et nuisibles. Bon débarras et hamdoullah !
- Laquelle ? Celle où les présentateurs ont l’air constipés quand ils débitent les informations ?
- C’est cela. Retirez l’affichage des prix, ôtez votre blouse crasseuse et chassez du champ de la camera ces trois morveux qui souillent l’image. - Ce sont mes trois derniers, je suis fin prêt.
- Souriez en permanence. - Comme cela ?
- Beurk ! C’est tout ce qu’il vous reste dans la bouche ? Une dent jaune ?
- C’est pour donner à croire qu’elle est en or. Mais qu’importe, je n’ai rien à me mettre sous elle.
- Parfait, dans ce cas, surtout évitez de sourire.
- Dois-je me parfumer ?
- Que pensez-vous de l’approvisionnement des marchés ?
- Vos clients sont-ils satisfaits ?
- Ils ne se tiennent pas de joie et refusent obstinément de marchander, hamdoullah. Même les marchands de tapis achètent sans barguigner.
- Vous vendez beaucoup ?
- C’est la bousculade soir et matin, hamdoullah.
- Où sont-ils ?
- Juste derrière vous.
- Quel genre de réclamations recevez-vous ?
- Des réclamations ? Vous plaisantez, c’est un défilé ininterrompu de louanges, ça n’arrête pas, hamdoullah.
- Avez-vous un avis particulier à donner ?
- Presque gratuits, hamdoullah.
- Oh oui ! Je remercie humblement le gouvernement pour son efficacité et je m’incline jusqu’à terre devant Son Excellence le Gouverneur, ainsi que notre Pacha bien-aimé, le Supercaïd sans plomb, le Mokaddem toujours vigilant, et l’ensemble des employés de notre vaillante Municipalité qui travaille sans relâche pour le bonheur de ses administrés, haaaaaaamdoullah !
- Les fruits ?
- Avez-vous des enfants ?
- Quand a eu lieu la toute dernière augmentation des prix ?
- Vont-ils à l’école ?
- Inutile, et cessez de vous gratter les aisselles, prêt ? Attention à ce que vous dites, il y va de l’honneur de notre pays. Allons-y, moteur ! Bonjour mon brave, que pensezvous du prix des denrées alimentaires ?
- Tout est bon marché, grâce à Dieu, hamdoullah.
- Les légumes ?
- Pareil, hamdoullah.
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- Oui, sept petits anges.
- Bien sûr ! Ils ont d’excellents résultats scolaires.
- Selon vous à quoi sont dus ces succès ?
- À la mise en œuvre depuis l’Indépendance d’une politique d’arabisation radicale, responsable et conséquente qui a largement fait ses preuves que du reste vous pouvez observer autour de vous où que vous alliez. Je saisis cette occasion pour rendre hommage à notre corps enseignant dont le niveau pédagogique n’a d’égal que celui du salaire.
- La ville est-elle propre ?
- Nickel-chrome ! Pas la moindre saleté, pas l’ombre d’une crasse, au point que les gens pourraient aisément se promener pieds nus.
- Exact, j’en ai croisé pas mal … En revanche, je n’ai vu aucun éboueur, où donc sont-ils passés ?
- Ils sont à la recherche désespérée d’ordures à collecter. C’est normal, l’esprit civique est ancré en profondeur chez les gens, à telle enseigne que personne ne jette jamais rien sur les trottoirs immaculés ou la chaussée sans nids de poules.
- Voilà qui est réjouissant. Puis-je goûter un de vos fruits ? - Comment donc ! Servez-vous, je vous en supplie !
- Scratch ! Cette pomme est savoureuse. - Comme tous mes fruits.
- Elle est importée du Chili, m’a-t-on dit…
- Que nenni ! Elle vient tout droit d’Oulmès.
- Et ces bananes, quelle couleur ! équatoriennes, n’estce pas ? - Pas du tout ! Elles sont produites dans la région d’Agadir. Prenez-en une, vous m’en direz des nouvelles.
- Volontiers. Merci, mon bon monsieur pour la lucidité et la totale franchise de vos réponses patriotiques. Stop ! On remballe le matériel. - Vous avez éteint la camera et l’enregistreur ?
- Oui, fini le cirque.
- Dans ce cas, remettez la banane Belmonte à sa place. Nous aurons nos satellites autour de Mercure avant qu’Agadir en produise d’aussi charnues. Pour la pomme, c’est six dirhams cinquante, vous avez chapardé la plus grosse.
- Hein ! Mais c’est horriblement cher !
- Qu’est-ce que vous croyez ? Je passe mes journées à chasser mes seuls clients, les mouches ; j’arrive à peine à payer le décodeur de mes chaînes télé, et à nourrir mes sept voyous qui traînent dans les rues à la recherche d’un touriste à plumer, et vous voudriez que je distribue gratuitement mes fruits à votre télévision de… I
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ren co ntre
À la Une I
E v e - Ya s m i n e S a o u d - E a s t o n
Le principal trait de votre caractère ? L’ambition.
Votre héros de fiction préféré ? Superman.
Et celui dont vous n’êtes pas très fière ? Ma tendance au stress et à monter en épingle de petites choses.
Le mot de la langue anglaise que vous préférez ? Class.
La qualité que vous préférez chez un homme ? L’humour.
Le mot tangérois que vous préférez ? Fhamtsi Kifech : “Tu comprends pourquoi ?”. Mon père répète toujours cela au téléphone (rires).
Et chez une femme ? L’honnêteté. Le bonheur parfait selon vous ? Une famille. Votre plus grand rêve ? J’aimerais chanter pour un film de Disney et réussir ma carrière musicale. Mais aussi avoir une position sociale qui me permette d’aider beaucoup de personnes. Quand avez-vous été la plus heureuse ? En rendant visite à mes frère et soeur jumeaux à l'hôpital pour la première fois quand ils sont nés, ils sont si beaux et ont apporté tant de bonheur dans ma vie... Qu’avez-vous réussi de mieux dans votre vie ? Je suis reconnaissante pour absolument tout.
Votre plus grand regret ? Je n’en ai pas. On peut tirer des leçons de tout. Pourquoi chantez-vous ? La musique est un chose que l’on partage, c'est non seulement un accomplissement personnel, elle vous permet également de vous exprimer et de vous connecter avec les autres. Votre occupation préférée ? Interviewer les célébrités ! Si vous étiez un animal ? Un caméléon pour pouvoir changer de couleur ! Votre film culte ? Dirty Dancing, d’Emile Ardolino. Votre héros dans la vie d'aujourd'hui ? Mon père. Et votre héroïne ? Ma mère. Votre auteur favori ? Roald Dahl. Les histoires préférées de mon enfance. C’est un merveilleux conteur.
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Votre couleur préférée ? Le rouge. La couleur que l’on retrouve sur les drapeaux marocain, espagnol et britannique les trois facettes de mon héritage. Une couleur puissante. L’endroit que vous préférez à Tanger ? Le Café Mistral ! Quand j'étais petite, nous avions l'habitude d’y aller avec ma famille, pour manger une glace solero et faire des châteaux de sable avec mes cousins sur la plage. J'ai quelques souvenirs vraiment agréables, là-bas... Votre pêché mignon inavouable ? Le chocolat Cadbury Dairy Milk Fruit and Nut. Que détestez-vous par-dessus tout ? Le pessimisme. La faute pour laquelle vous avez le plus d’indulgence ? Je suppose que c’est le fait de ne pas avoir osé affronter les intimidateurs à l'école plus tôt. Car être une victime d'intimidation a finalement fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Alors ma philosophie est : “Que sera, sera”. Comment aimeriez-vous mourir ? En souriant, aux côtés des êtres aimés, en réalisant que j'ai eu la vie la plus heureuse possible. Deux mots pour qualifier Tanger ? Magique. Mon chez-moi. Quelques dates clés dans votre vie ? 30 Novembre 2009 - La naissance de mes frères jumeaux, une vraie bénédiction. Avril 2012 - L’enregistrement de Blastermind, ma première vraie expérience en studio. Mai 2012 - Mon 18e anniversaire, la meilleure fête de ma vie. Ma famille et tous mes amis proches étaient présents, c'était vraiment une soirée spéciale. Décembre 2012 – Le prix The Spirit of London à la “02 Arena”, où j'ai été nominée pour les Médias. Mes parents sont venus et ont pu voir réellement pour la première fois ce que je sais faire.
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MAMAN esT ANglAise. sON PAPA TANgéROis. elle N’A PAs viNgT ANs MAis elle esT Déjà, à lONDRes, l’UNe Des PRéseNTATRiCes De l’iNDUsTRie DU DiveRTisseMeNT AveC lesQUelles il FAUDRA DésORMAis COMPTeR. MODe, MUsiQUe, CiNéMA, TOUT PAssiONNe eve-YAsMiNe sAOUD-eAsTON eT, sUR YOUTUBe, elle esT AUssi RéDACTRiCe eN CheF De live MAgAziNe, lA PUBliCATiON De jeUNe CUlTURe lA PlUs iMPORTANTe AU ROYAUMe-UNi.
eT eve-YAsMiNe ChANTe égAleMeNT. ACTUelleMeNT sUR les ONDes, C’esT le TiTRe “giMMe lOve” COMPOsé PAR BlAsTeRMiND, AUTRe FAMeUx MAROCAiN De lONDRes (ORigiNAiRe De zAgORA), QUi CARTONNe.
© Kirsty
Owen
PROPOS RECUEILLIS PAR C. CATTANT
Photo : © Gokhan Goksoy
© MUSLIM
Muslim LE RAPPEUR MALHEUREUX
ren co ntre
En couverture I
« AU MAROC, IL Y A COMME UN MUR VIRTUEL ENTRE LES TRÈS RICHES ET LES TRÈS PAUVRES, ÇA ME CHOQUE TOUJOURS ». C’EST VRAI, IL NOUS INTRIGUAIT, CE TANGÉROIS AU DISCOURS SANS CONCESSION, CAPABLE DE REMPLIR DES STADES DE FANS VIBRANT SUR SES BEATS. NOUS AVIONS ENVIE D’EN CONNAÎTRE LA RAISON, DE NOUS PENCHER DE PLUS PRÈS SUR SON DISCOURS, D’INTERROGER CE PERSONNAGE SI POPULAIRE AUPRÈS DES JEUNES, DE FAIRE LA PART DU VRAI, DU CHOC ET DU TOC. NOUS N’AVONS PAS ÉTÉ DÉÇUS. MUSLIM S’EST LIVRÉ À URBAIN SANS DÉTOUR NI EUPHÉMISME... COMME DANS SES CHANSONS. PAR PhiliPPe ChAslOT MeNTiONs CONTRAiRes )
: N.s.
POUR
URBAiN
Muslim est le plus célèbre des Tangérois vivants. Ce ne sont pas ses 518 000 fans sur Facebook qui diront le contraire ! Ce rappeur qui chante la misère et attire les foules ne fait pas dans le bling-bling. Timide et subtil dans le privé, il est resté modeste et cultive aussi une part d’ombre, comme le révèle cet entretien. l’artiste est un rebelle quand il s’agit de dénoncer les problèmes sociaux du Maroc. en revanche, sa vision de la société reste extrêmement conservatrice, notamment sur les mœurs et la liberté. Muslim qui porte le poids d’une éducation austère, n’est pas forcément à l’aise dans le monde du show-biz mais son lien direct avec le public est puissant. Muslim, un rappeur inspiré, plein de conservateurs mais sans produits toxiques…
© MUSLIM
PhOTOgRAPhies (sAUF
« La chanson qui m’a poussé au rap, c’est Gangster’s Paradise, le titre Coolio, sur un sample de Stevie Wonder ».
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ren co ntre
En couverture I
Entre tien... Urbain : Votre nouveau CD va s’appeler Tamaroud 2 (Le rebelle) qui fera suite à Tamaroud 1. Vous ne vous êtes pas fatigué pour le titre ! Muslim : (rires) Oui, mais rebelle je reste ! Je continue à parler de la situation des gens, des quartiers populaires, de la drogue, de la police, de la corruption dans la société. De ces situations que l’on doit changer. Je reste aussi rebelle musicalement, je ne veux pas faire de rap commercial. Et dire « Tout va bien au Maroc », « Vive le Sahara » et tout ça… Moi je reste « old school », je parle du chômage, des pauvres et des riches.
EN ENTRETIEN, LA LANGUE DE BOIS, çA N’EST PAS VRAIMENT LE GENRE DE MUSLIM
!
U. : On vous reproche de rester critique ?
U. : Comment construisez-vous chansons ?
M. : Oui, bien sûr. Je le paie. Si je voulais de l’aide, je devrais changer… Parfois, on me dit que je passe les limites. « La vie est belle. Pourquoi tu parles de tout ça ? ». Un jour, un homme en costume est venu me voir dans ma boutique. Il a pointé le doigt sur mon torse : « C’est toi Muslim ? » Il a ajouté quelque chose qui voulait dire très clairement : « Attention, on suit ce que tu fais. On est là ! ». C’était comme un avertissement.
M. : Comme des histoires, comme des petits films. Avec un début, une fin et un message. Par exemple, c’est quelqu’un qui parle à sa petite sœur et qui lui dit de se méfier, de ne pas faire confiance à n’importe, qui lui donne des conseils… Dans une autre chanson qui va sortir, je parle d’un mec qui n’a pas de diplôme, alors il vend des choses par terre dans la rue. Il se fait embarquer par la police. Alors il vend de la drogue, il se fait de nouveau arrêter. En prison, il rencontre des salafistes. En sortant, il ne fait plus que le trajet mosquée-maison. Il se fait de nouveau arrêter. Alors il dit : « Qu’est-ce qu’ils veulent ces gens ? »
U. : Quel sujet vous touche particulièrement en ce moment ? M. : La drogue dure qui entre au Maroc, l’héroïne. Ça me touche beaucoup parce que je suis né dans le quartier populaire de Marchan et beaucoup de mes amis sont devenus junkies. On achète ça comme du pain, c’est normal ! Pourquoi la police laisse faire ça ? Si quelqu’un a un flingue, on le met en cage. Il faut être plus sévère avec les trafiquants. Pour moi, ce sont des tueurs.
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U. : Les salafistes sont un danger pour le Maroc ? M. : Non, le vrai danger, ce sont la pauvreté et la misère. Les salafistes, il y en a de différentes sortes. Il y a des salafistes qui vendent de la drogue et donc qui ne portent pas la religion dans leur cœur. La religion, pour eux, c’est juste un masque.
U. : Dans vos chansons vous parlez beaucoup de sujets sociaux (pauvreté, chômage) mais peu de sujets sociétaux (liberté, organisation de la société, égalité hommes-femmes, etc. M. : Ce n’est pas vrai, j’ai une nouvelle chanson, Les erreurs des parents, qui traite du divorce. C’est l’histoire d’un garçon qui grandit avec un père et une mère séparés. Et je montre que ses frères et lui sont des victimes.
“ Je rêve d’une Corniche sans boîtes de nuit ”
“Je suis contre la liberté sexuelle ! ” U. : On ne vous entend pas revendiquer pour le droit à une sexualité hors mariage, largement pratiquée au Maroc mais encore interdite ? M. : Mais je suis contre la liberté sexuelle ! Ici, c’est musulman,
arabe, la loi l’interdit. Pour nous, c’est haram. Les vrais chrétiens et les vrais juifs ne font pas ça non plus. En Europe, je crois que vous avez un peu lâché votre religion. Dans un single de mon dernier album, j’écris : « Je rêve de voir la Corniche sans discothèques, sans bars et que des filles avec foulards ». Je précise que je suis musulman mais pas terroriste.
U. : Vous avez une vision du monde très conservatrice… M. : Les discothèques, les filles d’un soir, ce n’est pas une belle vie. La belle vie, c’est : tu trouves une belle fille, tu te maries et tu fais des enfants. Et pour les filles, on appelle quelque chose qui s’appelle le charaf (la virginité).
U. : Mais aujourd’hui, ce n’est plus ça le Maroc ! M. : Oui c’est vrai, on est musulmans mais juste pour le titre ! U. : Il faudrait interdire les boites de nuit ? M. : On allumerait une guerre, il ne faut pas faire ça ! C’est le cœur qui doit guider. Je suis conservateur mais chacun fait ce qu’il veut. Je conseille, c’est tout. U. : Certains islamistes veulent même interdire la musique… M. : Pourquoi écouter une chanson qui me dit : « Va niquer les filles » ou « On va faire de la drogue » ? Dans le rap américain, c’est comme ça. Je pense qu’il faut prendre l’art mais en faire des messages positifs, ça, ce n’est pas contre l’islam. Mais c’est contraire si ton message est négatif.
U. : Vous êtes donc très strict… M. : Mais je fais moi-même des erreurs, je ne suis ni un
prophète, ni un exemple. Je dis les choses mais je ne juge pas. 50% de mon public se drogue et je lui chante que c’est mauvais ! (rires) Peut-être qu’un jour, ils arrêteront.
U. : Que pensez-vous de l’évolution du Maroc ? M. : J’apprécie le développement économique, les progrès de
s
la qualité de vie. Mais des choses me font un peu peur comme la liberté totale. La liberté sexuelle, les gays, les lesbiennes, on les trouve partout, c’est mauvais pour la société. Pareil pour la liberté de faire la grève, ceux qui veulent des droits, ce qui amène les casseurs.
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ren co ntre
En couverture I U. : Abordons votre forte popularité. Comment la vivez-vous ? M. : Ce n’est pas toujours facile de supporter le regard des gens. Et je suis obligé de communiquer avec eux, de connaître leurs problèmes, puisque je parle d’eux. D’accord, je suis sorti moi-même de la misère mais je continue à en parler. Pour moi, avoir une maison et un travail, ce ne devrait pas être un rêve mais un droit.
“Tout le monde est heureux pendant mes concerts... sauf moi ”
J’ai même essayé de quitter le hip-hop. Je me dis toujours : « Pourquoi je ne suis pas un homme simple qui va écouter de la musique ? Pourquoi c’est moi l’artiste ? ».
U. : Vous êtes un rappeur sentimental ? M. : Si je n’étais pas sentimental, je ne serais pas rappeur. I Propos recueillis par Philippe Chaslot
1 Kayssariat Al Jazzera N96 Rass Mssala (NDLR)
U. : Vous attirez facilement des dizaines de milliers de personnes mais vous semblez avoir du mal à vivre de votre musique… M. : Oui, parce que je ne fais pas de concessions
commerciales. Au Maroc, on gagne de l’argent si on fait les fêtes de mariage. Mais on ne rappe pas dans un mariage ! Alors j’ai ouvert ma boutique de vêtements hip-hop. Mais maintenant ça marche moins bien1, il faut que je trouve un autre local…
U. : Finalement, que représente le rap pour vous ? M. : C’est le rap qui m’a sauvé la vie. Mon père est
mort en 1994, trois ans après je sortais de l’école à 16 ans. J’ai fait une chanson sur mon père qui fait pleurer les gens. Je parle du jour de la mauvaise nouvelle, comment ma mère est revenue seule de l’hopital, comment elle m’a parlé. J’étais jeune, je n’ai pas bien compris la situation. Je parle du vide, du manque qu’il m’a laissé. Je préfèrerais qu’il me frappe mais qu’il soit là.
U. : Muslim, quand on lit vos paroles, sans écouter la musique, et qu’on oublie le côté “rap et casquette”, on devine un homme profondément nostalgique, voire triste… M. : Vous avez bien vu. Il y a beaucoup de tristesse dans ma vie, dans ma tête. Il n’y a pas beaucoup de choses dans la vie qui me réjouisse. Et longtemps j’ai toujours cru que j’allais mourir jeune car je me disais que rien ne mérite de rester vivant. Il y a d’autres rapeurs qui rêvent d’être à ma place. Je leur dis : « Ce n’est pas un rêve ! » C’est vrai, tout le monde est heureux pendant mes concerts… sauf moi ! Une fois que c’est fini, je rentre dans ma chambre, je me demande : « Qu’est-ce que tu fais là ? ».
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© MUSLIM
Culture I vi si ons de tan ger
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Un regard, une image...
CONCOURS PHOTO
Ta n g e r l a d ou ce
Voici le résultat de notre concours d’avril. Intéressant de constater comme la douceur se niche dans bien des choses ou des lieux différents pour chacun... Aujourd’hui, ce sont quatre photographies que nous avons souhaité vous faire découvrir. Rendez-vous le mois prochain !
SALUTATIONS AU SOLEIL
On aime :
PAR WARDA BENT BNIDDER
Pour Warda, c’est à la lumière rasante du matin et d’une brume légère sur une mer d’huile que s’exprime la douceur de Tanger. Même le goéland argenté s’est tu pour profiter de la magie de ce moment de calme... Appareil Canon 20D.
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Warda gagne une après-midi de soins à l’institut Serenity Day Spa (valeur de 645 dh)
URBAIN aime aussi... Rêverie Fatima Kadiri nous offre ce moment de paix si féline : le sommeil d’un chat s’abandonnant au confort douillet au creux de son nid de filets de pêche... Appareil Canon DIGITAL IXUS 800 IS.
Eaux calmes Pour Kouds Bernossi, la douceur de Tanger s’exprime dans la vision de cette côte ensoleillée, à R'Milat, “l'océan est calme, une journée sans vent, un grand moment de sérénité”. Appareil Nikon D5100.
Roue libre... Delphine Mélèse nous gâte chaque mois avec ses clichés insolites. Pour le cycliste en “roue libre”, l’effort semble absent, le temps suspendu, le zen atteint et la magie totale. Appareil Canon PowerShot G12.
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vi si ons de tan ger
Culture I
Un regard, une image...
Tanger sauvage Concours photo URbain
La photo gagnante rapportera à son auteur une excursion en quad de 2h30 dans le Jbel zemzem, arrière-pays tétouanais, avec Natur’n’Quad (valeur 550 dh).
Paysages, arrière-pays grandiose, océan et plages immaculées... Faites-nous découvrir votre Tanger nature et sauvage !
Alors, tous à vos boîtes à images !
Date limite de partipation : le 17 avril à minuit. Envoyez-nous vos prises de vue accompagnées d’un descriptif du moment où a été prise la photo et de quelques mots présentant le sujet si possible et l’auteur de la photographie.
la Caresse de l’aube - Photographie © Delphine Mélèse
Règlement : Envoyez vos photos sur contact@urbainmagazine.com. La taille du document doit être au minimum de 15 x 15 cm (300 dpi). Aucun document ne sera retourné.
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日本 の 飢 え? (faim de Japon ?)
otori 41, avenue de la Résistance Tanger - 05 39 32 55 33 otorisushi@gmail.com
Expos Photo
L’ATTENTEUR
SALLE BECKETT Du 3 au 31 mai
Emmanuelle Gabory & Véronique Bruez Un projet mêlant textes, photographies et sons. “Le thème de l'attente m’obsède depuis longtemps ; je reviens ici sur ce travail, l’attente, dans cette ville, semble omniprésente ; l'attente,- comme les voyages - sont un entre-deux, un interstice, une errance intérieure, un téléscopage de deux mouvements : le temps qui continue sa route, "l’attenteur" qui est comme bloqué dans sa route.” Emmanuelle Gabory
CHEFCHAOUEN
1er Festival International de la Photographie Les 23, 24 et 25 mai
GALERIE PHOTOLOFT
PASCAL PERRADIN
Vernissage le 9 mai à 19 h
Nature Humaine
C’est le grand gagnant du concours photo de notre numéro de mars qui expose ses oeuvres en mai à la galerie PhotoLoft, sous le thème “Nature Humaine”. Dans cette série de clichés pris au pied du mont Toubkal, Pascal Perradin met en avant ce que l’on voit tous les jours... et que du coup l’on ne voit plus. Une recherche sur le sens de l’esthétique et sur la relation de l’homme avec la nature. Nocturne jusqu’à minuit le jeudi 23 mai. Du 9 mai au 15 juin.
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AMOUR NOMADE
LES INSOLITES
agen da
Culture I
Youssouf Amine Elalamy A l’occasion de la parution de son dernier roman, un des écrivains majeurs de la littérature contemporaine au Maroc nous fait l’honneur d’une séance de dédicace à la librairie les insolites. L’occasion de venir rencontrer un auteur qui sait raconter les entrecroisements de vies avec sagacité, tendresse et une fine intelligence.
Dédicace le samedi 4 mai à 19 h.
Litterature LIBRAIRIE DES COLONNES
LES HISTOIRES VRAIES DE MÉDITERRANÉE
François Beaune raconte Les histoires vraies de Méditerranée et revient à Tanger après une odyssée d’un an dans douze pays du pourtour méditerranéen. www.mp2013.fr/histoiresvraies.
Le 2 mai à 18 h
RENCONTRES AVEC...
Mohamed Maïmouni à l’occasion de la sortie du recueil de poèmes Rasail al abiad al moutamarid (Lettres du blanc pur) et de ses mémoires Kaanaha mousadafate (Comme par pure coïncidence).
Le 4 mai à 18 h
Hachim Raïssouni à l’occasion de la sortie du recueil de poèmes LA (NON) et d’une étude critique Ibda3iate al kitaba (L’écriture créative).
© D.R.
Le 18 mai à 18 h
Kenza Sefrioui à l’occasion de la sortie de La revue Souffles 19661973, Espoirs de révolution culturelle au Maroc aux Éditions Sirocco.
Le 24 mai à 18 h
wPALAIS DES INSTITUTIONS ITALIENNES Le 10 mai à 18 h
L’oubli posthume L’Institut Cervantes propose, dans le cadre du Salon International de Tanger des Livres et des Arts, une table ronde : L’oubli posthume, en hommage à l’écrivain tangérois Angel Vázquez, auteur de La vida perra de Juanita Narboni, avec la participation d’Antonio Reyes, écrivain et professeur de littérature, Domingo del Pino, journaliste, et José Hernández, artiste peintre. Avec une exposition sur l’écrivain et la présentation du cahier nº 10 d’Alfar-Ixbilia, recueil de 10 contes d’Angel Vázquez, traduit en arabe et préfacé par Juan Goytisolo.
Et aussi : la librairie des Colonnes sera présente au salon international de Tanger des livres et des Arts avec des écrivains “en signature” : Nicole de Pontcharra, Rachid Tafersiti et sylvain Tesson.
TE RENDRE HEUREUSE
Dans le cadre des « Rencontres Poétiques » à la librairie les insolites, Hassan Wahbi viendra présenter son ouvrage superbe qui prône la beauté de la vie inexacte. Épurée à l’extrême, avec cette légèreté du haïku ou du poème antique arabe, la poésie de Wahbi respire l’évidence, raconte le deuil et les épuisements d’amour. Un moment qui promet d’être très fort.
Quiproquos en série, angoisses existentielles, désir retenu puis assumé, c’est un texte dense - écrit en partie à Tanger - sous des allures désinvoltes, qui a su conquérir un large public depuis sa parution en janvier 2013 (voir rubrique Livres p. 46).
Hassan Wahbi
Cou UR p de BA IN
Christophe Tison
Venez échanger avec Christophe Tison, chroniqueur sur Canal+ et critique littéraire habitué des plateaux de télévision, autour de la vie, de l’amour, de la liberté, de l’inconstance des sentiments. En partenariat avec
Rencontre Séance de dédicace le samedi 11 mai à 19 h le samedi 18 mai à 19 h
© Olivier Roller
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ÉLOGE DE L’IMPERFECTION
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R ELAX
Dans les galeries...
MON
F USION
A MOUR
GALERIE CONIL
INSTITUT CERVANTES
En mai
Projet d’auteur, l’exposition met l’accent sur une série d’édifices, mobilier et objets choisis par l’artiste Diego Santos, qui reflètent l’essence de paradis artificiel que partagent Málaga et Tanger. Deux territoires qui se baignent dans la même lumière, couleur, joie et cosmopolitisme. Un parcours émotionnel et artistique des deux rives, de la main d’un créateur qui s’est toujours intéressé à l’architecture comme protagoniste de l’histoire. Organisé avec le Service de Programmes Européens de la Mairie de Málaga.
À partir du 10 mai
La galerie présente en exclusivité les premières œuvres d’Omar Mahfoudi et de Said Ouarzaz créées ensemble à Tanger lors d’une rencontre en 2012. Des oeuvres “à quatre mains” instantanées et réalisées d’un seul trait. Univers, techniques et génération différentes distinguent les deux artistes que la toile réunit et rassemble dans un même dialogue, une rencontre et une fusion unique aboutissant à des œuvres puissantes, uniques et harmonieuses.
C ARLA Q UEREJETA R OCA VOLUBILIS ART GALLERY Karla, peintre espagnole dont nous avons parlé dans notre numéro de janvier, possède également un joli coup de crayon. Cette exposition présente, durant le mois de mai, une série de portraits de rue expressifs réalisés au fusain.
Du 2 mai au 2 juin
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agen da
Culture I
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Et aussi : La Galerie
sera présente au salon international de Tanger des livres et des Arts avec une sélection de livres anciens de photos sur Tanger et le Maroc.
Coup de N URBAI
Salon des Livres et des Arts
S AÏD O UARZAZ
Vernissage le 8 mai à 20 h
GALERIE DELACROIX
Entre figuration et abstraction, la peinture de Ouarzaz est incroyable. Sous la fulgurance des lignes et des couleurs entremêlées, l’oeil découvre soudain des visages, des silhouettes, des chevaux, des oiseaux... Une expo à découvrir jusqu’au 8 juin, à compléter absolument par celle de la galerie Conil (voir ci-contre).
musique PALAIS DES INSTITUTIONS ITALIENNES Baptiste Trotignon est considéré comme l’un des plus grands solistes de sa génération à l’échelle internationale. Dans son dernier projet, le nouveau visage du pianiste est révélé par Nasheet Waits, batteur, et Thomas Bramerie, contrebassiste. Du jazz, dans sa bonne vieille formule piano-contrebasse-batterie, et surtout un beau cadeau pour les Tangérois concocté par l’Institut Français.
MINT AÏCHATA
PALAIS INSTITUTIONS ITALIENNES Sallam Yamdah est la figure centrale de ce groupe. Elle est entourée de membres de sa famille auxquels elle a transmis chants traditionnels et danses. Utilisant t’bal et tidinit, le groupe présente la guédra, l’amddah nabawi, la t’abraa dans différentes manifestations culturelles à travers le monde.
Concert le 9 mai - 21 h
DINA BENSAÏD
PALAIS DES INSTITUTIONS ITALIENNES Née à Rabat, diplômée de l'Ecole Normale et du CNSM de Paris, Dina Bensaid est l'une des musiciennes les plus douées de sa génération. Un récital pour découvrir son art du piano et son interprétation du grand répertoire classique.
Concert le 10 mai - 21 h
© D.R.
BAPTISTE TROTIGNON TRIO
Plus d’art et de littérature ? voyez aussi, en p.40, “le salon international de Tanger des livres et des Arts”
Concert le 12 mai - 16 h
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re ndez-vou s
Culture I
Événement du 8 au 12 mai
17E SALON INTERNATIONAL DE TANGER DES LIVRES ET DES ARTS
É Loge d e La Lente ur
Coup de N URBAI
Le Salon International des Livres et des Arts est indiscutablement l’un des temps forts de la saison culturelle tangéroise. Depuis 1996, il invite à lire mais aussi à découvrir, à écouter, à réfléchir, à admirer, à dialoguer... à prendre son temps. Cette année, prenons le temps. Et faisons l’éloge... de la lenteur. LE SALON, CE N’EST PAS UNE FOIRE AUX LIVRES OÙ LE VISITEUR EST INVITÉ À VENIR CONSOMMER. SI LIBRAIRES ET ÉDITEURS SONT EN EFFET PRÉSENTS ET C’EST TANT MIEUX - IL S’AGIT D’ABORD D’UN LIEU D’ÉCHANGES, DE RENCONTRE ET DE DIALOGUE EN COMPAGNIE D’ÉCRIVAINS, D’ARTISTES, DE JOURNALISTES...
Au programme de votre Salon... Durant cinq jours, le Palais des Institutions Italiennes vivra au rythme, forcément lent, de ce Salon qui s’annonce passionnant.
Des
exposants - Une quarantaine de libraires, d’éditeurs et
Des rencontres - Une liste impressionnante d’intervenants pour des débats, tables rondes et conférences sociales, politiques et philosophiques sur le thème de notre rapport au temps. Des séquences francophones mais aussi arabophones, anglophones, italophones et hispanophones. d’institutionnels.
Des hommages - Un hommage au poète Mohammed Bennis et un second à Albert Camus, sous forme d’un spectacle son et lumière : Albert Camus lit l’étranger Remix créé par le Collectif littéraire ONLIT.
Des lectures - Le “Salon des Milles et une lectures”, un espace chaleureux et confortable qui accueille petits et grands pour leur permettre de lire et d’écouter des lectures d’auteurs. Des activités Jeunesse - Lectures, ateliers et concours. Des arts - Un volet artistique avec de la peinture, de la photographie
mise en mots, de la musique classique, jazz et traditionnelle.
POUR CONsUlTeR le PROgRAMMe DéTAillé Des MANiFesTATiONs eT lA lisTe Des iNTeRveNANTs, ReNDez-vOUs sUR le siTe De l’iNsTiTUT FRANçAis De TANgeR : WWW. IF - MAROC . ORG / TANGER
À droite : saïd Ouarzaz, entre art abstrait et figuratif... vernissage le 8 mai à 20 h, galerie Delacroix. Ci-contre : l’attenteur. expo Photos/textes, e. gabory/ v. Bruez. à l’espace Beckett.
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Temps forts
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Alexandre Pajon
Un réaliste amateur d’utopie ?
Hommages à Albert Camus et à Mohamed Bennis, le 11 mai
Le directeur de l’Institut Français de Tanger, Alexandre Pajon, n’est pas exactement, même s’il en fait l’éloge, “dans la lenteur” depuis son arrivée relativement récente à la tête de l’Institut. En plein préparatifs du Salon, il a pourtant accepté de nous consacrer un peu de son temps pour nous parler de cet événement qui lui tient à coeur.
U. : D’où vous est venue l’idée de “lenteur” ? A. P. : En 2012, nous avions pu donner
l'impression de célébrer avec ferveur le numérique. Cette année nous allons prendre le contre-pied. Il ne s’agit pas de jouer ironiquement sur un cliché de nonchalance “orientale” ni davantage de valoriser l'inertie bureaucratique et conservatrice. Faire l’éloge de la lenteur c’est célébrer un mode de vie qui favorise la réflexion, la création et aussi la mise en place des conditions d’une cité meilleure. C’est presque l’éloge d'une utopie ! U. : Quels seront, pour vous, les temps forts de cette manifestation ? A. P. : L’exposition Ouarzaz à la galerie Delacroix sera probablement la plus belle illustration de tout ce projet. Les oeuvres exposées, par leur force et leur "immédiateté", conduiront nos visiteurs vers les réflexions menées par des auteurs et des intellectuels exigeants dont la liste est abondante. L’hommage à Mohamed Bennis, ce grand poète arabophone, sera aussi comme l'exposition, une condensation de l’esprit du salon. Les nombreuses lectures, les concerts du classique à l'hassanie en passant par le jazz devraient aussi transporter notre public. Propos recueillis par Christine Cattant
Récital : Dina Bensaïd, le 10 mai à 21 h
© Jimmy Katz
URbain : Ce Salon est l’un des événements majeurs du programme culturel annuel de l’IFT. Comment l’avez-vous fait évoluer ? Alexandre Pajon : Ce salon, arrivé à sa 17e édition, reste d'un genre très particulier. (...) C’est un délicat cocktail de débats d’idées, de lectures, de concerts et d’expositions qui vise à offrir au plus large public du Nord du Maroc un événement sans équivalent. Il est porté par l'Institut français du Maroc dans le cadre de sa Saison culturelle et par l'Association Tanger Région Action Culturelle. Ce n'est donc pas un produit franco-français. D’une part, nous le faisons évoluer vers une programmation qui intègre la dimension arabophone et internationale de la création. D’autre part, nous cherchons à l’inscrire dans la cohérence d’une action globale en faveur du livre et de la promotion des arts menée tout au long de l'année. L’ouverture d'un nouvel espace Jeunesse dans le salon, en plus du patio et de la salle des mille et une lectures est destinée à accroître le nombre de visiteurs. La mise en place d’un programme avec des activités en nocturne va permettre à de nouveaux visiteurs de venir après leur travail.
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Jazz : Baptiste Trotignon trio, le 9 mai à 21 h
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Musique traditionnelle Hassanie, le 12 mai à 16 h
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c inéma
Culture I
En avril à la
Cinémathèque
le mois d’avril est un joli mois de cinéma avec le très original cycle “Musique et Cinéma” de la Cinémathèque et une sélection de films de qualité (mention spéciale au magnifique William hurt du film de sandrine Bonnaire). Ne manquez pas, en priorité, le documentaire intimiste Marley qui foisonne de témoignages et d’images d’archives inédites sur Robert Nesta Marley, alias “Bob”, projeté pour la première fois au Maroc. excellentes séances à tous !
LES FILMS
du mois
Malak
Les Mécréants
Wadjda
De Abslam Kelai Maroc - 2012 En VOSTFR
De Mohcine Besri Maroc - 2011 En VOSTFR et qualité numérique
De Haifaa Al Mansour Arabie Saoudite 2012 En VOSTFR
à partir du 1er mai à partir du 1er mai
à partir du 15 mai
Les Séances de l’Institut Français Les femmes du bus 678 de Mohamed Diab - égypte 2010 En VOSTFR
Avec Nehed El Sebai et Bushra Rozza Le 23 mai à 19h30
Mobile Home de François Pirot - France-Belgique 2012 En VO française
Avec Arthur Dupont et Guillaume Gouix Le 2 mai à 19h30
Le Quai des Brumes de Marcel Carné - France 1938 En VO française, copie restaurée
Avec Jean Gabin et Michèle Morgan Le 9 mai à 19h30
Mains armées de Pierre Jolivet - France 2012 En VO française
Avec Marc Lavoine et Roschdy zem Le 30 mai à 19h30
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J’enrage de son absence de Sandrine Bonnaire - France 2012 En VO française
Avec Alexandra Lamy et William Hurt Le 16 mai à 19h30
Cycle Musique et Cinéma
à la Cinémathèque
“Filmer la Musique”
Coup de IN URBA
On adore l’idée de ce cycle ! Ils ont été nombreux, ces cinéastes, à se passionner pour la musique, pour un chanteur, un groupe culte... Le cycle “Musique et Cinéma” nous propose un véritable voyage musical à travers un large choix de films de genres très variés.
Marley de Kevin MacDonald
à partir du 1er mai
Documentaire - G.-B. - U.S.A., 2012 (2h24) VOSTFR et qualité numérique
The Doors d’Oliver Stone
les 4 et 10 mai à 19h30
Fiction - U.S.A., 1991 (2 h) avec Val Kilmer et Meg Ryan - VOSTFR
Violeta d’Andres Wood
à partir du 15 mai
Fiction - Chili, 2012 (1h50) avec Francisca Gavilan et Christian Quevedo VOSTFR
Ray de Taylor Hackford
les 7 et 14 mai à 19h30 et
le 10 mai à 16h30
Fiction - U.S.A., 2004 (2h33) avec Jamie Foxx et Kerry Washington - VOSTFR
El Gusto de Safinez Bousbia
Documentaire - Irlande, 2012 (1h33) VO français et arabe
be g i n ne r s Omar Mahfoudi
Vidéo - Maroc - 30 min la Cage : Parcours d’un jeune drogué à Tanger. Prophétie : Rencontre avec “le prophète”, un Tangérois qui a vécu au Canada. The Burning spring : Une série de photos représentant le Printemps Arabe qui prennent feu. My life is a hole : L’artiste détruit sa photo à coups de poinçonneuse. le Doigt : L’utilisation du doigt pour toucher la réalité temporelle.
Ciné vO : les Rendez-vous de l’American language Center Ciné Club les Oscars du cinéma de 1929 à nos jours grand hôtel (1932) d’Edmund Goulding, avec Greta Garbo Dimanche 12 mai à 19h30 en vOsTFR Un Américain à Paris (1952) de Vincente Minnelli, avec Gene Kelly Dimanche 26 mai à 19h30 en vOsTFR
Vendredi 31 mai à 18 h
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Culture I jeunesse
J eunesse Cycle Musique et Cinéma L’HISTOIRE DU PETIT PAOLO 4 courts-métrages © D.R.
Atelier d’ecriture sonore de Coup AIN URB
avec Abdelmajid Kellou Le dimanche 12 mai de 14 h à 16h30
Cet atelier est reconduit pour le troisième mois consécutif. Bravo !
Il propose aux enfants de découvrir un aspect de la création artistique cinématographique : la sonorisation. Au programme, l’enregistrement de sons en intérieur et en extérieur, puis une initiation au bruitage. Cet atelier est une véritable petite perle pour faire découvrir l’envers du décor aux petits et les familiariser avec les métiers de la création. Pour les enfants de 6 à 12 ans. 150 dh/enfant - Renseignements sur : jeunepublic@cinemathequedetanger.com
LA LANTERNE MAGIQUE
12 FOIS FANTOCHE
Cette séance regroupe des films d’animation de techniques diverses sélectionnés par un jury d'enfants lors du festival suisse de cinéma d’animation Fantoche.
à partir de 6 ans
de Nicolas Liguori, Vincent BierreWaerts, Cecilia Marreiros Marum, Hugo Frassetto et Arnaud Demuynck
à partir de 3 ans L’Histoire du Petit Paolo En 1863, en Italie, un pèlerin autrichien voyage avec une mystérieuse boîte à musique sur le dos. Il rencontre le petit Paolo et fera basculer son destin. Meilleur court-métrage francophone FICAM 2013.
Sous un coin de ciel bleu Dans un royaume bleu, tout est bleu… et tout le monde chante. Mais la princesse bleue a le blues, malgré tout ce bonheur…
Fugue Un petit bonhomme veut prendre soin d’une jeune pousse en la mettant au soleil.
La garde-barrière Garde-barrière d’un passage à niveau, une vieille dame vit seule avec sa vache.
LA PIE VOLEUSE
3 courts-métrages D’emanuele Luzzati et Guilio Gianini
à partir de 4 ans L’Italienne à Alger Lindoro et sa fiancée Isabella, font naufrage sur les côtes d’Alger. Ils sont faits prisonniers par le pacha Moustafa en quête d’une nouvelle épouse.
Pulcinella Dans une petite maison vit Pulcinella. Poursuivi par sa femme et les gendarmes, il se réfugie sur le toit et se met à rêver de triomphe et de gloire.
La pie voleuse
À la tête d’un régiment, trois puissants rois se mirent en marche pour faire la guerre aux oiseaux. Mais la pie leur donnera du fil à retordre. De fabuleuses adaptations en papiers découpés consacrées aux opéras de gioacchino Rossini. Une fête pour les yeux et les oreilles !
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BOUTIQUE MAJID ANTIQUES
JEWELRY - EMBROIDERY - CARPETS - CHESTS 66, Rue Les Almouhads - Tangier - boutiquemajid@hotmail.com - Tél.: 05 39 93 88 92 - Fax : 05 39 93 88 92
li vres
Culture I
Cote Livres
Petites perles en librairie Deux titres en mai dans la sélection de Stéphanie Gaou, libraire des insolites. Un roman réjouissant et un essai excellent, de quoi combler les appétits de lecture hétéroclites...
Te rendre heureuse Christophe Tison, éditions l’arpenteur, roman Je t’aime, je l’aime aussi, tu m’aimes, elle m’aime aussi… J’avoue : le titre de ce roman, remis en mains propres par son auteur (après m’avoir avoué qu’il l’avait écrit en grande partie à Tanger quelques mois plus tôt) m’a laissée, au premier abord, sceptique, craignant une de ces histoires vaguement romantiques, vaguement érotiques que les librairies généralistes placent en tête de gondole et sur lesquelles les lectrices branchouilles se jettent comme sur le dernier Elle. Et j’admets : le contenu m’a décontenancée. Et interpellée. Je suis entrée de plain-pied dans cette histoire avec une introduction de la Duras sur la beauté du couple amoureux, qui m’a semblée garante d’un écrivain raffiné, en contact direct avec la vie, ses ressentis, ses contrastes, ses paradoxes. Je ne me suis pas trompée. Il faut dépasser les premières pages de dialogue entre les principaux protagonistes pour entrer dans le vif du sujet. Et n’en plus sortir. Parce que Christophe Tison, disons-le tout de suite, a le sens de la formule qui en jette et qui accroche. Mettant en scène - très cinématographiquement d’ailleurs - un narrateur retors qui s’adonne à l’infidélité avec une grande maladresse, s’empêtrant dans ses envois de sms, l’auteur brosse une société moderne prise dans l’angoisse de la technologie, du consommer vite et mal. Et, il n’oublie pas de nous dire que la tête d’un homme est faite pour rendre le cœur d’une femme heureux. Encore faut-il en avoir le mode d’emploi. Une fin inattendue quelque part sur une île en Méditerranée, un héros un peu chtarb’ qui assume ses travers et ses amours, oui, ça fait du bien, tiens. Et ça préfigure un bon été…. Prix indicatif Maroc : 240 DH
RDV : Une séance de dédicace avec l’auteur aura lieu à la librairie les insolites le 18 mai à 19 h.
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La revue Souffles, 1966-1973 Kenza sefrioui, éditions du sirocco, 460 p., essai Sept ans d’espoir ou comment la révolution culturelle a jalonné les années 70. Non, ce livre ne s’adresse pas qu’aux intellectuels défroqués, ni aux révoltés en manque d’idéaux à défendre. Cet essai consacré à la naissance de la revue Souffles est un véritable témoignage d’une époque qui a su bouleverser le champ littéraire et artistique de la pensée marocaine. Dix ans de travail acharné pour Kenza Sefrioui qui publie ici le résultat de sa thèse de doctorat en littérature comparée. Une écriture fluide, extrêmement claire, d’accès aisé, débarrassée de tous préjugés, de prise de parti, qui enrichit notre connaissance du Maroc. Un travail qui replace la vivacité intellectuelle au cœur d’un débat moderne : comment garder une dimension libératrice, faire réagir les esprits, cultiver l’arbitrage et rester un artiste ? C’est Abdellatif Laâbi, alors jeune poète, qui avait posé les premières marques avec Mostafa Nassabouri de cette revue qui se voulait révolutionnaire dans sa forme et son fonds. Ce fut le projet d’une « décolonisation des esprits ». Entreprise ambitieuse et brutalement arrêtée à cause de son rôle de tribune marxiste-léniniste. Près de quarante ans plus tard, Kenza Sefrioui s’interroge sur l’impact d’une telle revue. Instructif. Et indispensable. Prix indicatif Maroc : 90 DH
Les lectures de Lotfi En ce milieu de printemps, Lotfi Akalay vous invite à partager ses lectures et, comme lui, à vous révolter ou à vous enthousiasmer pour ces belles pages...
Les Proies
Dans le Harem de Khadhafi Annick Cojean, éditions grasset On croit tout savoir des frasques sexuelles de Mouammar Kadhafi, jusqu’à la lecture du livre d’Annick Cojean, grand reporter au quotidien parisien Le Monde, l’une des meilleures signatures de la presse française. Dès la première page, on s’embarque pour un voyage au bout du harem libyokafkayo-dantesque où toutes les perversions sont permises, alcool, tortures, drogues et mises à mort. Un seul exemple : un grand commis de l’État a manifesté son mécontentement pour le viol de son épouse par le Guide de la Révolution. Son châtiment ? Il sera lynché par la foule. On referme ce livre avec une seule certitude ; non, cet homme n’était pas un malade du sexe parce qu’un malade n’est pas responsable de ses actes. Aucun symptôme de morbidité. Des monstruosités tout simplement.
mi-book, , e in z a g a m Mimook ! voici venu le
En découvrant XXI qui paraît tous les trimestres et n’est vendu qu’en librairie, on se rassure : le papier a encore de beaux jours devant lui. XXI ne comporte aucune publicité, ses articles sont foisonnants d’informations et de récits servis par des plumes d’une élégance et d’une finesse auxquelles les hebdos ne nous ont pas souvent habitués. Quand un ami européen m’annonce son arrivée à Tanger, je lui fais une proposition de troc : « Apporte-moi le dernier numéro de XXI et je t’inviterai à deux gueuletons, dans mes deux restaurants préférés ». C’est du win-win en bon français, pour le plus grand bonheur de mes tangéroises papilles optiques, et des européennes papilles gustatives de mon livreur.
XXI a cinq ans d’âge, pas une ride et un succès grandissant que rien ne semble démentir. Le numéro de l’hiver 2013 comporte, entre autres pépites, un reportage à Agadir, « Du poisson pour les Chinois inch’Allah » où, pris dans les filets de Montesquieu les pêcheurs chinois résidant à Agadir s’interrogent : comment peuton être marocain ? Une bonne surprise écolo : les pêcheurs marocains restituent à la mer les prises juvéniles, mais vif étonnement : qu’ont-ils besoin de cesser le travail pour prier cinq fois par jour ! Ce numéro est accompagné d’un livret de 20 pages. C’est un manifeste pour la presse écrite rédigé par ceux qui y croient et s’y consacrent. Voici les premières questions à l’adresse des internautes : « Et s’ils avaient tort ? Et si la “conversion numérique” était un piège mortel pour les journaux ? Et si les dirigeants de la presse mondiale se trompaient en investissant à tour de bras dans les applications, les sites et les rédactions multimédias ? Et si les chiffres mirobolants des pages vues et les audiences faramineuses des titres de presse transformés en “marques médias” étaient un leurre ? Je ne pense pas qu’URbain les contredirait. XXI. 27, rue Jacob, 75006 Paris info@rollinpublications.fr
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Culture I
Sélection
La bibliothèque d’URbain
Documentaire incroyable ou conte poétique chinois, il y en a pour tous les goûts en mai dans URbain. Voici de quoi vous édifier ou vous évader à peu de frais... Par Sylvie Laporte
Dans le jardin de la bete Une voix sans écho
« Leur vie était gagnée par les miasmes qui imprégnaient largement la ville au-delà des murs de leur jardin. Une histoire avait commencé à circuler : un homme téléphone à un autre et, au cours de la conversation, demande : "Comment va l'oncle Adolf?" Peu après, la Gestapo débarque chez lui et exige qu'il prouve qu'il a réellement un oncle Adolf et que la question n'était pas une allusion codée à Hitler. » Un gros coup de cœur. Les débuts du système nazi racontés par William Dodd, nommé Ambassadeur des états-Unis à Berlin en juin 1933. Historien de formation, germanophile, intègre, naïf parfois, ses craintes sur le régime national-socialiste ne sont prises au sérieux par aucun des gouvernements occidentaux, pas plus que
par le département d'état américain, tous obnubilés par le remboursement de la dette allemande et par les difficultés intérieures de leurs propres pays. Sa fille, la jeune, séduisante et peu farouche Martha, fréquente assidument leaders nazis, intellectuels étrangers ainsi qu’un espion soviétique. Son regard porté sur la « mise au pas » de la société allemande évolue avec les évènements tragiques dont elle est le témoin. Ouvrage impressionnant, ultra documenté (notes, journaux, courriers, témoignages, carnets, reconstitutions) et passionnant, ce documentaire est écrit comme un thriller politique sur un pan assez méconnu de l'histoire du xXe siècle. Erik Larson, Éditions du Cherche Midi
Le radis de cristal Les mots du muet
« Il eut une vision d'une beauté hors du commun: l'enclume lisse reflétait un éclat bleunoir et sur cette enclume aux reflets bleu-noir se trouvait un radis doré. La forme et la taille de ce radis le faisait ressembler à une poire juteuse de Laiyang. Il se terminait par une longue queue pourvue de quelques poils dorés comme ceux des moutons. Le radis était cristallin, luisant et délicatement ajouré. Sa peau transparente et dorée recouvrait un liquide argenté vivant. Sa forme était plaisante, gracieuse même et de sa cambrure fusait une lumière dorée. » Une campagne chinoise au moment des
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grands travaux de l'après-révolution culturelle. Ici, on construit un barrage en enrôlant autoritairement une main-d'œuvre rurale disposant de moyens techniques très rudimentaires... Noiraud, jeune garçon misérable, est un personnage magnifique, énigmatique et inoubliable. Mo Yan décrit d'une manière extraordinairement poétique les couleurs, les bruits, les matières, la nature. Il dépeint aussi les rapports humains, parfois tendres mais souvent durs et cruels. Un joli texte servi par de talentueux traducteurs. Mo Yan, Collection Picquier-poche
Le Salon Bleu Restaurant - Salon de thé
Horaires 11 h - 19 h Et après 19 h, apéritifs et repas au Dar Nour (06 62 11 27 24)
Les Terrasses du Dar Nour © Juliette Parisot
Grande Place de la Kasbah Tanger - 05 39 37 16 18
o n en parle
Société I
Les brèves d’URbain
ON A vU POUR vOUs. ON A AiMé. OU DéTesTé, Ce sONT les BRèves D’URBAiN eT NOs PeTiTs BilleTs D’hUMeUR. à TANgeR, ON A TOUjOURs Des ChOses à RACONTeR : AlORs iCi, çA CROUsTille, çA s’éMeUT eT çA Râle AUssi UN PeU...
ça gratte un chouïa...
Tanger, ville de la rumeur On dit que Tanger est un village, doté d’un terreau propice à la propagation fulgurante des rumeurs. Comme en cette fin de mois d’avril lorsqu’une alerte à la bombe placée devant la Wilaya a alimenté bien des conversations : alertes aux quatre coins de la ville, bombes désamorcées un peu partout, peut-être bien même une explosion sur la plage, blessant - ou pire le démineur au travail ? Tout cela dans un contexte de paranoïa alimentée à la fois par l’attentat de Boston, aux états-Unis et par un manque d’information aux médias patent. Il se serait avéré, en fin de compte, que le fameux bagage piégé retrouvé aurait été absolument vide (mais de cela non plus, on n’en est pas sûr...). Un bon vieux canular, pas drôle du tout il faut bien en convenir. Marseille et sa “sardine ayant bouché le port” auraitelle trouvé sa plus sérieuse concurrente ?
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envoyez-nous vos photos insolites ou réagissez à nos brèves sur notre page Facebook : facebook.com/UrbainMagazine ou par mail sur : contact @urbain-magazine.com
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Un colloque pas breloque
Le Colloque à Tanger a été sans conteste une réussite. URbain tient à saluer ce type d’initiative qui permet à la ville de se rappeler de son identité si unique et de ce qui fait d’elle une cité à la culture et à l’histoire à part...
Tourisme nouveau
Le 7 juin, un navire d’un tout nouveau genre partira de Tanger pour la première fois, pour une croisière de neuf jours autour du détroit. Suivez cette drôle d’histoire dans le prochain numéro d’URbain... .
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Lis ça, ma poule !
Il faut sauver
le volailler Doux ! Le groupe français Doux, premier producteur européen de volaille, actuellement en redressement judiciaire, possède la certification “halal” depuis 50 ans et exporte ses produits vers le Moyen-Orient et le Maghreb, info que l’on peut lire dans le média le2minutes du 23 avril. “On s’en fout !”, nous direz-vous ? Pas si sûr. Parce qu’il s’avère qu’une partie (laquelle ?) de ces volailles serait “faussement halal”. Et que ces dernières seraient toujours commercialisées... au Maroc. Notamment dans la chaîne de magasins Aswak Assalam, présente dans votre ville. Alors, toujours pas concernés ?
Avenue de la RĂŠsistance - Tanger - Tel: 05 39 34 36 38
PHOTOGRAPHIES DU DOSSIER © TOMEK
tang er vu e par...
Société I
TOMEK NOUS OFFRE SA VISION ORIGINALE ET DÉCALÉE D'UNE MULTITUDE D'OBJETS SYMBOLES DE NOTRE QUOTIDIEN. RÉSOLUMENT CONTEMPORAIN.
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Tomek
BRISEUR DE CODES
Il a la mèche rebelle d’un Pablo Picasso, le style rapin d’un César - aux côtés de qui il œuvra trois ans durant aux Beaux-Arts de Paris -, la carrure d’un Rodin et un regard ébloui sur le Maroc, le même qu’avait l’un de nos plus grands artistes… un certain Delacroix. PAR jANie sAMeT
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omek Kawiak, peintre et sculpteur vestimentaire du XXe siècle, dont le burin et le pinceau n’eurent de cesse de tourner autour de l’uniforme des temps modernes qu’est le blue jeans, s’impose aujourd’hui comme l’artiste du quotidien et de l’artisanat marocain. Amoureux d’un Tanger bleu, blanc, or - la mer, la casbah, le désert - et bariolé, à l’heure où la Médina voit glisser entre ses murs une foule sonore et bigarrée, il promène ses visions aux quatre coins du monde en les exposant à Tokyo, Hong Kong, Séoul, Sydney ou Melbourne.
Coup de foudre immédiat et réciproque ! Le Maroc l’inspira, le Maroc l‘aima… Le Wali lui a commandé pour orner le nouveau port une sculpture géante en bronze représentant la lettre arabe T, symbolisant Tanger. Les médailles tombent… Tomek a beau avoir la double nationalité, française et polonaise, si on ouvrait son cœur, on y trouverait gravé le nom de Tanger. Ainsi, sur décision du Président de la République de Pologne, son mélange de cultures lui vaudra d’être décoré, le 3 mai de cette année, à Rabat, par S. E. l’ambassadeur, Monsieur Witold Spirydowicz, de la Croix d’Or du Mérite pour son engagement dans le développement des relations culturelles entre la Pologne et le Maroc… Chapeau, l’artiste ! Dont l’œuvre magistrale repose aujourd’hui sur une dualité foisonnante : Jeux de mots et Jeux d’objets. Tahar Ben Jelloun l’a magnifiquement compris, qui écrit :
Interview « à cire perdue » d’un briseur de codes amoureux fou d’un Maroc qui le lui rend bien. Janie Samet : Tomek, qu’aimez-vous passionnément à Tanger ? Son soleil ? Tomek : Matisse y est resté trois mois sous la pluie et, apparemment, le soleil ne lui a pas manqué… Plus important que la lumière, ce qui me touche, c’est le métissage culturel qui règne ici… Je vais vous faire bondir, mais je préfère regarder les poubelles du Grand Socco que le soleil sur la plage : elles symbolisent pour moi ce que les gens d’ici possèdent de plus secret…
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Son parcours est une aventure. Polonais émigré, il quitte Varsovie pour la France en 1970 avec 10 dollars dans la poche de son jean, justement, traverse en beatnik les années hippies - Ibiza, Formentera, Katmandou…-, invente le Troc-Art : « Je troquais un dessin contre une tasse de café ou un lit », avant de se poser un jour faste à Tanger pour y planter son atelier.
« Tomek aime mélanger les choses et les mots, une façon d’inscrire son humour dans tout ce qu’il touche ou produit ! C’est le travail d’un nomade, celui qui brise les codes… »
le “T” de Tanger, par Tomek. Une voile d’airain de 6 m de haut dont l’inauguration aura lieu prochainement au port.
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Société I
Tomek, briseur de codes
Au fond, je suis un récupérateur. Les « chtaba », ces balayettes séculaires en fibres de palmier tressés qui nettoient les rues, les maisons, j’en ai fait des luminaires, « Nour », des appliques et des lampadaires. Les rubans de roseau qui encerclent les fromages « beldi » m’ont inspiré des lanternes de fer forgé. Les papiers goudronnés qui jonchent la voierie, je les ramasse et les colle sur mes toiles pour leur donner du relief. Les théières ventrues en métal, je les sers sur des briques où courent des lettres arabes. Toujours ce mélange du vieux et du neuf, cette récupération de l’ancien et de l’authentique. J.S. : Qu’est-ce que votre œuvre et vous-même devez à Tanger ? T. : Un bagage culturel, à la même enseigne que les écrivains et les artistes qui m’ont précédé : Bowles, Kerouak, Hopkins, Burroughs, Bacon ou Delacroix... Un bagage qui se combine au style qui me caractérise. Pour entrer dans l’histoire de l’art, il faut œuvrer autour d’un style. Si tu n’en possèdes pas un, tu peux quand même vendre, certes, mais… si tu n’as pas de style à toi, tu finis par te perdre. À Tanger, moi, je me suis trouvé. J.S. : Les lieux où vous aimez flâner, apprendre, vous ressourcer ? T. : L’Association de femmes, Darna, place du Grand Socco, où se retrouvent les couturières et les brodeuses à qui je fais broder des mots en fil d’or sur des soies que je colle sur mes toiles avant de peindre… Le marché aux poissons fait ma joie pour ses couleurs, sa foule, ses vieux visages de marabouts… Mon escale intellectuelle, c’est la librairie française les insolites, chez Stéphanie, la Librairie des Colonnes, aussi, où je vais feuilleter les ouvrages des écrivains qui ont raconté le Maroc. Que je n’oublie pas les galeries d’art d’où partent les nouveaux talents et dont je fais régulièrement le tour, autant par passion que par amitié : la galerie Dar D’Art, rue Khalil Metrane, ou la galerie Tindouf et la galerie Delacroix, rue de La Liberté. Et évidemment Artingis, rue Khalid Ibn Oualid. Pour l’air du large, j’aime la plage de l’Océan et son restaurant. Pour la nostalgie du passé, l’Hôtel El Minzah, rue de La Liberté. Pour se perdre au crépuscule dans la nuée des étoiles, la terrasse de Dar Nour dans la Kasbah, la plus authentique des maisons d’hôtes, et son Salon Bleu pour dîner. Enfin, jardin secret du sculpteur du quotidien que je suis, Dradeb, le quartier des forgerons et des menuisiers, où le touriste ne va pas et où le temps semble s’être arrêté à jamais… I
Une chtaba d’acier transformée en luminaire plein de poésie.
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© Janie Samet
janie samet Cette journaliste française à la renommée internationale aura été, en matière de mode, la référence absolue. vingt cinq ans à l'Aurore où elle a débuté, vingt cinq ans au Figaro où son “Coup d’Oeil” hebdomadaire a couvert tous les grands moments de mode de Paris à New York, de londres à Milan, de Moscou à los Angeles, de Buenos Aires au sultanat d'Oman... elle a été la première à interviewer un tout jeune et timide couturier très prometteur, un certain... Yves saint laurent. Un joli baptème du feu puisqu’il s’agissait, pour elle aussi, de sa première interview ! elle a également été la seule a recevoir l’Oscar de la meilleure journaliste de mode des quotidiens français et internationaux. son influence lui a valu d’être décorée de la légion d'honneur et de se voir épingler les insignes d'Officier des Arts et lettres. Cette grande dame a accepté de collaborer dans les pages d’URbain. et c’est pour nous un immense honneur.
week-end
Découverte I
Gibraltar
Le rocher de la discorde Sa silhouette étrange et majestueuse d’animal couché s’aperçoit, par temps clair, depuis Tanger. Une destination “week-end” sacrément dépaysante !
© Creamegg - Fotolia.com
Situé à moins de vingt kilomètres des Minuscule et très convoitée côtes marocaines, le Rocher de Gibral- À peine 6,5 km2 pour ce petit bout d’Angleterre en terre tar est une sorte “d’anomalie” pour le espagnole, 12 km de côtes, la frontière terrestre la plus courte moins pittoresque. Amusant, en venant au monde et l’un des territoires les plus densément peuplés sur terre (28 000 hab.). Depuis trois siècles, cette enclave de Tanger on peut, en moins de deux britannique est source de tensions entre le Royaume-Uni et heures, poser le pied sur deux conti- l’Espagne, notamment pour le partage des eaux. De 1966 à nents et dans trois pays différents... 1985, la frontière fut même hermétiquement fermée.
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Contraste saisissant
Musulman durant sept siècles (jusqu’en 1492) d’où son nom, de l’arabe Jabal Tarik (le Mont Tarik), le rocher est pris par les forces anglo-néerlandaises en 1704 et sa propriété anglaise reconnue par l'Espagne (traités d'Utrecht 1713 et de Versailles 1783). La pilule passe mal. De nos jours encore, l’attitude parfois peu zélée des douaniers espagnols donne une petite idée de ce qu’ils en pensent... Alors d’abord, passer cette frontière. Puis partager la route avec les avions, la piste d’atterrissage de l’aéroport traversant l’avenue menant à la ville. Et découvrir une architecture, des rues, des commerces typiquement britanniques. Enfin, grâce aux nuages qui s’enroulent régulièrement autour du rocher, se croire vraiment dans un petit coin de Londres... À quelques nuances près. Car l’accent britannique ici, a quelques inflexions andalouses. Et beaucoup parlent le llanito, un dialecte local assez insolite !
So british !
Gibraltar vit de l’industrie des services, de tourisme, bien sûr, mais surtout de son secteur bancaire et financier. En 48 h, on a vu l’essentiel de ce qui fait le charme du rocher et l’on peut consacrer le reste de son séjour au shopping dans Main Street et les nombreuses enseignes anglaises telles que Marks & Spencer, Topshop, etc. Faites un tour sur “The Rock” en prenant le funiculaire pour visiter la grotte SaintMichel - l’une des plus belles d’Europe -, les Grands Tunnels (un ensemble de fortifications creusées dans la roche) et le Château des Maures. Amusez-vous en rendant visite à la colonie de singes sauvages vivant sur les hauteurs et, pour finir, rendez-vous au si symbolique et stratégique Europa Point. Quant à votre soirée, c’est dans l’un des nombreux pubs de la ville qu’il vous faut la passer, partie de fléchettes et match de la League de rigueur... C.C.
CI-DESSUS : la baie de gibraltar, faisant face à la ville espagnole d’Algéciras. CI-CONTRE : le rocher, s’avançant dans le détroit, vers la côte marocaine.
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Gibraltar, le rocher de la discorde
© D.R.
CI-DESSUS : à l’extrême gauche, la frontière. Puis, barrant la route, bien visible à la verticale sur l’image, la piste d’atterrissage de l’aéroport.
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© Philipus - Fotolia.com
le phare de la Punta de europa (en espagnol) ou europa Point (en anglais), situé à l’extrémité du Rocher de gibraltar. il marque l’entrée nord du détroit de gibraltar en mer Méditerranée, l’entrée sud étant la Punta Almina, à Ceuta.
Bons plans
S’y rendre
PRATIQUE Fomalités Depuis quelques semaines, le visa Shengen à entrées multiples permet l’accès au territoire et le séjour durant 21 jours. Renseignezvous auprès du Consulat Britannique à Tanger (voir “Carnet d’adresses”).
Transports Il n’y a plus pour le moment de ligne de ferry régulière pour se rendre directement à Gibraltar. Prendre un ferry à Tanger Med ou à Ceuta pour Algéciras, puis un bus pour Gibraltar, via La Linea. L’aéroport de la ville est desservi par Easy Jet et British Airways depuis le Royaume-Uni.
Achats Gibraltar étant une zone non soumise à la TVA, il est intéressant de faire ses emplettes de tabac, alcool, hi-fi, bijoux, etc. En £ de Gibraltar, équivalente à la £ sterling. On peut également régler ses achats en €, mais le taux de change effectué par les commerçants est très défavorable. Ne changez pas plus d’argent que nécessaire, cette monnaie n’a cours qu’ici. Où loger Les prix des hôtels étant ce qu’ils sont dans les paradis fiscaux (manque de place oblige), les petits budgets auront tout intérêt à passer la nuit de l’autre côté de la frontière, en Espagne... Caleta Hotel Apartments. Appartements neufs et luxueux, piscine, club de remise en forme, piano-bar, situé sur la mer. Compter au minimum 120 €. Où manger L’embarras du choix ! Notre chouchou :
Sacarello's Cafe-Restaurant. Savoureux, bon marché et authentique.
Vivez Gibraltar autrement...
Mariez-vous ! Comme john lennon et Yoko Ono en 1969 ou sean Connery (par deux fois). à l’instar de las vegas, gibraltar n'exige qu'une pièce d'identité et deux témoins pour vous marier en 24 h. so romantic ! Plongez ! spéléo dans les grottes du Rocher ou vestiges romains dans les fonds marins, faites votre choix ! Dormez sur l’eau ! sur le “Con Dios”, la maison d’hôtes flottante de jil et john. Original et économique (30 €).
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GIBRALTAR,
UNE FOULE DE CURIOSITÉS PARTICULIÈREMENT DÉPAYSANTES...
1. Les cabines téléphoniques. emblématique du Royaume-Uni. Et de singes sauvages d’Europe. Intro-
Rouges, évidemment, exactement les mêmes que celles que l’on peut encore trouver à Londres. Il s’agit du modèle K6, créé en 1935 par l'architecte Giles Gilbert Scott à l’occasion du jubilé du Roi Georges V. Une des fiertés des Britanniques.
2 et 3. ”Your passport, Sir”. Bobbies
dans les rues et relève quotidienne de la garde devant la maison du gouverneur, comme à Buckingham ! À admirer assis à la terrasse d’un pub.
4 et 5. La gastronomie locale. À tous
dans toutes les tavernes, on sert des dizaines de sortes de bières, le tea time et le fameux petit déjeuner à l’anglaise, avec haricots, oeuf et bacon.
6. La mosquée Ibrahim-al-Ibrahim.
Aussi nommée mosquée du roi Fahd ben Abdel Aziz al-Saoud ou encore mosquée du Gardien des Mosquées saintes, elle est située à l'extrémité sud de Gibraltar, à Europa Point. Inaugurée en 1997, elle est destinée aux 2 000 musulmans du territoire (4% de la population).
les coins de rue, on peut se régaler 7 et 8. Les magots. Ou macaques d’un délicieux Fish and Chips, plat berbères. Il s’agit de la seule colonie
duits depuis l’Algérie il y a des siècles, ils sont environ 250 à vivre en liberté sur les pentes du rocher et sont protégés par un décret du gouverneur de Gibraltar. Car une légende affirme que la présence des Anglais à Gibraltar serait liée à celle des singes sur le Rocher... En 1942, Churchill avait ainsi demandé par dépêche urgente à son Haut Commandement d’Afrique du Nord d’en ramener quelques-uns pour renforcer les effectifs décimés. Soignés par l'armée britannique, leurs frais sont pris en charge par le ministre de la guerre. Attention à vos affaires : ils sont sans-gêne, gourmands, chapardeurs et particulièrement futés !
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Découverte I
© Artingis
CI-DESSUS : la villa de France dans les années 30. à gauche de l’image, l’ancienne légation de France devenue le “Café du Parc”. CI-CONTRE : le logo de la villa de France dans la première moitié du xxe siècle.
ÉTUDES COMPARÉES CI-DESSOUS : vue sur la ville depuis la villa de France, dans les années 30. le point de vue du photographe... À DROITE : la toile de 1912 de Matisse. le point de vue du peintre...
© Artingis
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Villa de France
la renaissance © Bernard Moutin
les “chroniques d’une mort annoncée” se succédant chaque mois dans la rubrique “Patrimoine” d’URbain, nous avons eu envie d’aborder ce joli mois de mai et le retour tant attendu du soleil avec davantage d’optimisme. la villa de France, chef-d’œuvre en péril durant plus de vingt ans, est sur le point de retrouver enfin, sinon son aspect, du moins tout son lustre d’origine. explications… Construite en 1861, cette villa de style européen, sobre et classique, mâtiné d’éléments d’architecture locale tels que ses salles voutées, accueillit pendant plus d’un siècle dans ses murs tout ce que le Tanger international et cosmopolite de l’époque a vu défiler de diplomatie occidentale, d’aristocratie fantasque, d’artistes illustres et d’hommes d’affaires célèbres. Lorsqu’en 1992, l’hôtel en faillite ferma ses portes dans un Tanger en plein doute, en pleine crise et en plein désamour, les employés pillèrent vaisselle fine, mobilier ancien, linge et éléments de décoration, ne laissant qu’une coquille vide et faisant au passage les beaux jours de Casabarata : vaisselle estampillée, minibars, robinetterie… vendus pour quelques bouchées de pain. Quant au lieu, rendu célèbre notamment par le séjour du peintre Henri Matisse dans la chambre n°35 et ses toiles exécutées depuis sa fenêtre, il fut abandonné aux éléments comme bien d’autres dans la ville du Détroit et se dégrada, inexorablement, pendant presque deux décennies.
la rénovation, entachée de sombres irrégularités et rendue malaisée par la configuration d’origine des lieux, nullement adaptée aux désirs du groupe d’en faire un 5 étoiles, se révéla être un échec. Les modifications intérieures et extérieures nécessaires à la réalisation du projet firent alors couler une encre parfois assassine dans la presse. L’équipe dirigeante a donc été renouvelée (voir page suivante), les objectifs réaffirmés et l’ouvrage remis sur le métier pour une ouverture prévue en juin. Ignorons donc les sempiternels râleurs et attendons de voir le résultat, en savourant notre plaisir de voir renaître ce monument. Il sera bien temps ensuite de faire le bilan en jugeant “sur pièce” dans quelle mesure la Villa de France a conservé sa mémoire du mythe de Tanger…
PAR CHRISTINE CATTANT En haut : la villa de France en 2011. Ci-dessus : Une page de “réclame” dans le journal l’illustration du 23 février 1938. On peut y lire que la villa de France propose la pension à 55 francs, que Tanger est à 36 h de Marseille, à 3 jours de southampton et qu’il existe un service de paquebots directs tous les mois depuis New-York. la grande époque !
Et puisque la gestion du patrimoine historique n’est plus à une bizarrerie près dans notre ville, la villa fut classée monument historique au patrimoine de la ville en 2004. Ce qui ne l’a pas mise à l’abri, de longues années durant encore, des dégradations qui se sont poursuivies. En 2009, la société Rentistica annonça son désir de rénover et d’exploiter à nouveau la Villa de France. L’enthousiasme fut grand. Malheureusement
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Découverte I
La Villa de France, la renaissance
Questions à Hansueli Egli Directeur Général des hôtels
© Hansueli Egli
El Minzah et Villa de France
Rodé à l’exercice, on peut dire qu’il l’est. le suisse hansueli egli est même devenu l’un des spécialistes marketing de l’ouverture des établissements hôteliers de luxe. Après des années passées à la tête des plus beaux hôtels et palaces en suisse et en Allemagne, ce professionnel est nommé en 2012 pour “s’occuper du sort” des deux fleurons de l’hôtellerie tangéroise... URbain : Cela fait un an que vous êtes à la tête de l’hôtel le plus mythique de Tanger. Quelles ont été les principales actions mises en œuvre à votre arrivée ? Hansueli Egli : Nous avons mis en place une stratégie “Sales & Marketing” pour faire revenir les clients privés et Corporate et redevenir l’hôtel Numéro Un dans la ville en terme de chiffre et de la qualité de service. En instruisant une qualité de service à la clientèle dans tous les départements, en mettant en place de nouvelles cartes de mets et un nouveau chef de cuisine talentueux, en redonnant à l’hôtel une âme, de l’ambiance, du charme et une vie dynamique (nombreux évenements, chanteuse au bar, etc.). Les résultats sont déjà là : hausse du CA global de l’hôtel sur les premiers mois de l’année de plus de 40% par rapport à l’an passé. U. : On a beaucoup lu dans la presse que les rénovations successives effectuées pour atteindre le statut d’hôtel 5 étoiles avaient largement contribué à dénaturer l’architecture de la Villa de France... H. E. : La Villa de France est un patrimoine important pour la ville de Tanger et notre propriétaire et toute son équipe en sont conscients. La raison de la fermeture était surtout due au fait que certaines installations techniques n’ont pas été parfaitement mises en place et que certains aspects étiques étaient à réexaminer. Notre propriétaire, Monsieur N. Auchi, a toujours exprimé son désir pour un hôtel-boutique 5 étoiles avec la qualité du service de l’hôtel El Minzah.
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U. : Quels travaux ont été effectués depuis l’automne dernier pour accéder enfin au statut de 5 étoiles ? Est-ce enfin acquis auprès de la commission de classement touristique ? H.E. : Une fois que nous serons prêts pour une ouverture en “Pré-Opening”, la commission de classement va certainement être invitée à revisiter les lieux. Nous avons également travaillé sur un projet d’un « Sky Bar » entièrement vitré sur le toit pour justement ajouter à cette maison quelque chose d’exceptionnel, pour qu’elle devienne « the place to be at Tangier ». Je souligne que nous travaillons en étroite collaboration avec les différentes autorités concernées à une faisabilité possible. U. . La Villa de France a accueilli d’illustres visiteurs. Cela vous donne-t-il l’impression d’avoir une responsabilité vis-à-vis du patrimoine historique et culturel de la ville ? H.E. : Comme je l’ai déjà mentionné au début, nous sommes tous conscients de l’importance de ce deuxième mythe hôtelier de Tanger. On fête le centenaire du peintre Matisse à Tanger cet été et c’est la raison pour laquelle nous éprouvons une grande motivation pour pouvoir ouvrir la Villa de France en juin. Nous sommes en ce moment en train de recruter des employés avec la qualification nécessaire, digne du mythe de l’établissement et surtout à la hauteur de notre clientèle exigeante. U. : Que proposera la Villa de France “nouvelle version” à ses hôtes en termes de confort et d’équipements ? H.E. : La Villa de France proposera a sa clientèle 58 chambres, suite et duplexes, deux restaurants, un bar (j’espère un Sky Bar !), une magnifique salle de conférence pour 300 personnes (avec vue sur la Médina), une grande piscine et jardin, plus un parking avec valet de service. U. : Avez-vous imaginé des références au célèbre passé du lieu, des ambiances pour donner au visiteur le sentiment de revivre, durant son séjour, les années fastes de Tanger ? H.E. : Il y a un projet en cours et par lequel nous allons commencer : nous allons étudier avec des partenaires de la ville de Tanger et ailleurs la commémoration du centenaire de Matisse à Tanger ; Alexandre Pajon, Directeur de l’Institut Français, va sans doute nous aider également. Cet événement nous permettra de faire revivre à nos clients la belle époque de la Villa de France, avec tous les amoureux de Matisse. Nous pensons aussi à convertir la chambre n°35 où avait séjourné Matisse autrefois en musée avec des peintures du célèbre peintre et des souvenirs personnalisés. I
Les crĂŠations savoureuses de
Avenue Mohamed VI Tanger 05 39 32 90 04 Place du Koweit - IbĂŠria Tanger 05 39 37 90 05
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Pratique I
Les Bons Plans d’une Tangéroise
En panne d’inspiration pour une sortie, un déjeuner, une balade ou une virée shopping ? Pour vous donner des idées, URbain vous présente chaque mois les bons plans d’un ou d’une Tangéroise. Aujourd’hui, c’est Anna, fondatrice du site pratique “les Coulisses de Tanger” et tangéroise depuis neuf ans, qui s’y colle et nous livre ses bonnes adresses. Merci à elle !
ngérois Mon loisir ta é de Paris.
Caf un journal au Un café avec
Ma cantine au déjeuner : L’Agadir
Je donne cette adresse la mort dans l’âme, car il vient de se faire racheter mais, promis, dès que Mohamed ouvre un autre lieu je vous en informerai !
Mon restaurant : Ô Saveur
Nourriture, ambiance, déco, service.. j’aime tout !.
Angle rue Boubana et Cavendish - Quartier California 05 39 94 96 60
Mon déjeuner en terrasse
La maison communautaire de Darna, le snack du Morroco Club et, depuis peu, La Terrasse.
Mon déjeuner le dimanche
Chez Abdou bien sûr ! Forêt diplomatique
Mon marché
Le marché des paysannes à Dradeb le dimanche.
Mon coiffeur : Michel B
Pour la coiffure et les cancans !
115, av. Med Ben Abdellah - Iberia - 05 39 37 26 71
Mon dealer de Dvd/Cd : KariMusic
Un professionnel en son domaine. À votre service dans sa petite boutique rénovée, juste au-dessus du cinéma Mauritania. 06 61 53 84 45
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© Pascal Bouclier
Mon café cet été
Ce sera à l’ombre des eucalyptus, dans le lieu que tiendra la compagnie Mémoires d’Avenir à Ziatin (à 10 mn de Tanger), sur la route sud du cap Spartel, dans la ferme pédagogique de Darna.
M a S h o p pi n g l i s t Je suis une inconditionnelle des fripes de Casa Barata où je déniche toujours ce que je cherche : des moonboots cet hiver aux petites robes griffées, en passant par les pantalons et les vestes vintages d’occasion. N.B. : Prévoir plusieurs heures ! Fan des créations de Salima Abdel Wahab depuis plusieurs années. Pressée avec une idée en tête ? La Kassariat sous le Teatro Cervantes. Sacs à main : je suis une fidèle, inconditionnelle, vieille habituée de chez Hassan qui est devenu un ami avec le temps (Les Mérinides) dans la Médina… Style moderne avec toute la qualité de l’artisanat marocain.
c PENSION c DRESSAGE c TOILETTAGE c ALIMENTATION c ACCESSOIRES c VENTE CHIENS ET CHATS
62 bis, rue Benafsaj (face École Le Détroit) - Vieille montagne - Tanger Tél. : 05 39 33 04 73 / 06 60 72 40 55 - bergerallemandtanger@gmail.com
Decouvrez
C ir c u it s v a r ié s d e 1 h à une journée 06 38 95 96 08
de l’arriere-pays tetouanais...
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Pédagogie
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Bien-être des tous petits
Pour les enfants de 3 mois à 3 ans (pe te sec on) Actuellement : inscrip ons pour la rentrée 2013 203, rue Harroun Errachid - 90000 Tanger (près de l’École Américaine) Tél. : 05 39 93 64 72 - www.lemanege.ma
recette
Pratique I
Les Sardines marinées et leurs Beignets de marinade frits
de Kamal El Fassi
Autrefois très commun dans tous les foyers (riches et humbles), ce plat est un peu moins usuel aujourd’hui. On peut toutefois toujours le déguster dans les gargotes autour du port de pêche.
Ingrédients G
sardines parées (écaillées, étêtées, vidées et débarrassées de leur arête centrale) G 2 gousses d’ail hachées G 1 mesure de vinaigre G 3 mesures d’huile d’olive G Persil plat haché G Coriandre hachée G Très peu de thym G sel, Poivre G Cumin, paprika, piment fort G Farine G huile de friture
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Préparation - Dans un plat creux, mêler ail, fines herbes, épices, vinaigre, et huile d’olive. Assaisonner et bien mélanger.
- Les plonger dans la friture jusqu’à ce qu’elles soient bien dorées, puis les déposer sur du papier absorbant.
- Disposer les filets de sardines dans la marinade en les retournant pour qu’ils soient bien enrobés. Filmer et réserver au frais 30 mn.
- Ajouter à la marinade un peu d’eau et de farine pour obtenir une masse peu compacte (un peu plus consistante qu’une béchamel).
- Chauffer le bain de friture à 175 °C.
- Faire tomber des cuillerées de pâte dans la friture, les laisser dorer puis les déposer sur du papier absorbant.
- égoutter et passer les sardines dans la farine, tapoter pour faire tomber l’excédent.
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Servir avec des quartiers de citron.
Kamal El Fassi Bienvenue dans nos pages à ce vrai Tangérois, “fils du quartier du Marshan”, comme il le dit luimême. Passionné de cuisine et très gourmand, ce sympathique professionnel du tourisme est à l’origine de la création du groupe “Les Adeptes du Cooking” sur Facebook.
made in tanger
Clin d’oeil I
Patti in
Tangier
Lors de son passage à Tanger, Patti Smith a accordé une interview exclusive à Eric Giraud, du CipM, à l’occasion du Colloque à Tanger : “Hommage à la Beat Generation”. Un événement exceptionnel, organisé par le centre international de poésie Marseille en partenariat avec l’Institut Français de Tanger, dans le cadre de Marseille-Provence 2013 Capitale européenne de la culture et qui s’est tenu du 4 au 7 avril à Tanger et du 11 au 14 avril à Marseille. Depuis l’hôtel Rembrandt, elle a livré ses impressions sur son séjour dans les traces de Kerouac, Bowles, Burroughs, Gysin et de bien d’autres... eric giraud : vous avez été invitée aux côtés des poètes, auteurs et performers à jouer dans ce magnifique palais, le palais Benebhi, où Brion gysin a vécu. Comment avez-vous perçu cette expérience car ce n’était pas un gros concert mais plutôt un concert privé. Patti smith : Pour moi, la taille d’un concert importe peu,
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le plus important c’est la communication avec le public, que ce soit avec 20 000 ou 200 personnes. C’était très émouvant pour moi, du fait de la connexion avec Brion Gysin qui était mon ami et que j’aimais. Bien qu’il y ait ce lien avec le passé qui me touche beaucoup, la connexion avec le présent a été la plus
LES 5 ET 6 AVRIL, ELLE ÉTAIT LÀ, SUR SCÈNE, ACCOMPAGNÉE PAR LENNY KAYE ET TONY SHANAHAN. RIEN QUE POUR NOUS, TANGÉROIS, EN CONCERT ACOUSTIQUE D’ABORD AU PALAIS BENEBHI PUIS AU PALAIS DES INSTITUTIONS ITALIENNES. FOR THE FIRST TIME IN TOWN...
forte car je jouais pour la première fois devant le public de Tanger. Même devant un petit groupe de personnes, je n’ai jamais chanté à Tanger, à part toute seule, pour moi, dans la rue. Donc, c’était la première fois et je ne savais pas comment j’allais être accueillie. Le public a été formidable, les gens nous ont réservé un accueil magnifique et le lien avec le moment présent a été le plus fort.
fique. On est restés assis là pendant un long moment, j’ai chanté une chanson pour lui, une chanson que j’ai écrite pour lui après sa mort, un très beau moment.
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e.g. : vous avez commencé avec la poésie. vous ne faites pas de différence entre la poésie et la musique ? P.s. : Oui, bien sûr il y a une différence entre la musique et la poésie. Vous savez, je ne suis pas musicienne, je n’ai e.g. : Quand vous marchez dans les rues pas de formation en musique, je n’ai de Tanger, ressentez-vous quelque chose de jamais souhaité être musicienne. Mes grands-mères jouaient toutes les deux, spécial ? P.s. : Bien sûr, encore une fois il y a un lien de la mandoline et de la harpe, mon grand-père jouait du très fort avec l’histoire, piano mais moi je n’ai avec William Burjamais joué de musique. roughs, Allen Ginsberg J’ai toujours chanté. et Genet et tellement Mais c’était normal d’autres artistes… Et il pour les gens de ma y a l’architecture et la génération, tout le mer. Mais vous savez, monde chantait, on j’aime cette ville, et pas chantait dans les rues, seulement pour ces on chantait tous. Mais liens avec l’histoire, qui je n’avais pas de talent sont magnifiques. Je particulier, ce qui m’inl’aime parce qu’elle a téressait le plus était la l’énergie d’une ville, poésie et la peinture, l’énergie d’une ville très indépendante, elle n’est pas complètement envahie par ce nouveau capitalisme branché, on ne voit pas de magasins de design partout ou de publicités partout. Elle semble sophistiquée, indépendamment de tout cela, et c’est ce qui m’attire ; ça me rappelle davantage New York dans les années 60 ou 70, je me sens très à l’aise ici et, comme je l’ai dit, j’aime la mer, on est très proche de la mer ici, je me sens en sécurité. J’essaye d’être respectueuse dans la manière de se comporter au sein de cette culture. Je me suis baladée avec mon groupe hier soir, nous avons fait une grande balade de nuit, je me suis sentie très à l’aise. Oui, nous sommes allés partout, pour visiter les lieux connus : les grottes d’Hercule, le Old Beach Café. La mer à cet endroit était magnifique, il n’y avait personne, je me suis sentie très inspirée, j’ai pris beaucoup de photos. Aujourd’hui, nous sommes sortis de la ville pour aller voir la tombe de Jean Genet à Larache, c’était très émouvant, magni-
© Alphabeta / Judy Linn
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made in tanger
Clin d’oeil I c’est ce que je pensais devenir : peintre ou écrivain. Mais en performant ma poésie, j’étais très énergique, lire la poésie me semblait ennuyeux et donc j’ai rencontré Lenny Kaye et je lui ai demandé de jouer de la guitare électrique sur mes poèmes et ensuite Richard Saul a joué du piano pour ajouter du rythme, et tout cela a évolué naturellement, la poésie a fusionné avec le rock’n’roll. Mais tout vient de la poésie, et j’ai toujours étudié la littérature et la poésie, j’ai toujours été beaucoup plus proche de la littérature française, Nerval, Verlaine, Rimbaud, Genet, Artaud, Camus, Robbe-Grillet, Michaux, Francis Ponge et René Daumal, un de mes auteurs préférés. J’ai commencé à lire Paul Bowles et ses traductions fantastiques de Mohamed M’rabet, j’ai été séduite par M’rabet et Bowles. Avec Tom Verlaine, nous avons lu tous ses livres et j’ai toujours rêvé de venir à Tanger, au Maroc, parce que d’un point de vue esthétique tout m’attire, vous savez, je n’ai pas de religion mais j’aime la façon dont les musulmans prient, je trouve ça magnifique leur manière de prier, cinq fois par jour, les minarets… Esthétiquement, cette culture m’attire tellement, les vêtements, la littérature et la poésie, la façon dont ils ont transformé les mathématiques. Donc c’est magnifique d’être ici, d’être accueillie et acceptée par les gens, même pour un petit concert. Cela a une grande importance pour nous, ça nous inspire. Je veux revenir et aider, j’aimerais cultiver cette relation. Je pense que le Maroc, du moins ce que j’ai pu en voir, est très indépendant et il est important qu’il reste indépendant. Cela signifie autoriser les gens à penser par eux-mêmes et choisir leur vie, leur façon de s’exprimer en tant qu’artiste. C’est très important d’avoir ce sens de l’indépendance donc j’aimerais beaucoup revenir. e.g. : le Maroc est une société très masculine mais en même temps les codes semblent changer au sein de la famille et à présent les femmes sont plus libres. P.s. : Oui les femmes sont fortes ici, je n’ai pas senti l’infériorité des femmes ici comme dans d’autres pays, même en Amérique, on peut sentir cette infériorité. Toutes les femmes ici sont ouvertes et semblent fortes et indépendantes, avec le sens de la famille et du devoir, je veux dire, être une femme indépendante ne signifie pas que vous n’avez pas de responsabilité visà-vis de votre mari et de vos enfants. Je suis très indépendante, quand mon mari était vivant il était mon roi, vous savez, j’étais heureuse d’être à son service et de prendre soin de mes enfants, je l’aimais. Mais en tant qu’artiste j’étais libre. Ce genre de rassemblement ou de festival que vous faites est très important, sa dimension internationale surtout. J’espère que cette expérience sera renouvelée.
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e.g. : il est temps d’achever cet entretien, d’ailleurs je vous sens un peu fatiguée… P.s. : Un peu, mais ça a été une journée merveilleuse. J’ai mangé un délicieux tajine, pris un café au Café de Paris où mes amis Burroughs, Bowles... aimaient aller eux aussi, je suis allée voir la mer, j’ai bu du thé… Bien sûr, j’ai travaillé, fait des photos, mais je suis très heureuse. Je pense que ça a été une belle journée. e.g. : est-ce que ces personnes vous manquent, ces poètes que vous avez connus ? P.s. : Je pense toujours à eux. Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de la mort de Allen Ginsberg. Nous sommes tous connectés alors j’ai passé cette journée avec Genet. Je les sens tout le temps avec moi, comme mon mari et mon frère, mes parents et même mon chien. Je sens encore mon chien, le chien que j’avais à 11 ans ! Les morts, je les invite à venir partager ma vie, je les ramène dans le temps présent. I Cette interview a été difusée sur Radio Grenouille à Marseille. Vous pouvez la réécouter sur le site www.radiogrenouille.com.
© Annie Leibovitz
Paris Ă 2h45 de Tanger
4 vols hebdomadaires
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Utile I
L Horoscope de
Lalla Chams
Bon anniversaire, le Taureau ! Sentiments : Des envolées de coeur, des coups de foudre en promenade sur la corniche pour les célibataires... En couple, vous débordez d’idées pour combler l’être aimé. Bravo ! Vie sociale : Les créatifs sont hyperactifs, le sérieux des autres est salué ! Mais attention à ne pas attraper la grosse tête, certains vous attendent depuis un moment au tournant...
Capricorne
Verseau
Poissons
Sentiments : Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Attention, vous marchez sur des œufs et vous pourriez lasser l’être aimé. Vie sociale : Vos idées, même les plus farfelues seront les bienvenues. Faites tout de même attention aux jaloux qui pourraient vous mettre des bâtons dans les roues. Houuu les méchants !
Sentiments : Pas folichon côté cœur en ce moment. Heureusement, vous pouvez compter sur vos amis qui sauront vous entourer de tendresse et d’attention. Bref, l’amour n’est pas votre priorité et c’est tant mieux ! Vie sociale : Le train-train quotidien commence à vous peser. Un conseil, sortez, bougez, faites du sport pour vous évader un peu. Sentiments : Sortir le grand jeu, ça paie ! Votre chéri(e) est aux anges, les yeux remplis d’étoiles ! Quel succès ! Un voyage en préparation ? La cerise sur le gâteau. Vie sociale : A faire le paon, le panier se perce ! Faites attention à vos finances, une augmentation n’étant pas prévue pour le moment, vous risquez gros !
Bélier
Sentiments : Accordez un peu plus d’attention à votre brebis, ou elle pourrait bien avoir envie d’aller voir si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs, vous l’auriez mérité ! Vie sociale : Beaucoup de fatigue, beaucoup trop ! Fuyez les bruit de la ville et partez à la plage, seul ou accompagné de proches pas trop bavards...
Gémeaux
Sentiments : Autant vous le dire tout de suite, le signe tout pourri du mois, c’est vous qui l’avez ! Vie sociale : Pas de bol, c’est le cas dans tous les domaines... Laissez passer le mois en faisant le dos rond.
Cancer
Sentiments : Arrêtez de ronchonner dans votre coin et de chercher la petite bête : remettez-vous en question et la vie à deux n’en sera que meilleure. Vie sociale : Trois mots : vacances, vacances et vacances.
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Lion
Sentiments : On se calme, on arrête les noms d’oiseaux sinon vous êtes bon pour vous racheter de la vaisselle ! Solo : vous aimez faire le beau (ou la belle), un peu trop, peut-être... Vie sociale : Sans rire, arrêtez un peu de vous la raconter, le Lion, vous agacez prodigieusement en ce moment. Vous êtes doué, certes, mais vous n’êtes pas le seul. Méfiez-vous qu’on ne vous le rappelle pas sèchement...
Sentiments : Pour vous, les mois se suivent et se ressemblent, vous avez des difficultés à dévoiler vos sentiments. Allez, on prend une grande inspiration et on se lance ! Car vous risquez de passer à côté de quelque chose de bien. Vie sociale : Ah, enfin vous avez réussi à vous faire entendre ! Bravo, continuez sur cette voix et on vous respectera.
Vierge
Balance
Sentiments : Entre les deux votre cœur balance (ha bon ? bizarre !)... Il est temps maintenant de faire un choix, ou vous n’aurez plus que vos yeux pour pleurer. Vie sociale : “Fiesta”, vous n’avez que ce mot à la bouche ! Vous profitez des belles soirées tangéroises pour oublier vos soucis professionnels ! N’en oubliez pas votre boulot pour autant.
Scorpion
Sentiments : Qui s’y frotte s’y pique ! Fallait pas vous chercher, on vous a trouvé. Mais ça se bouscule au portillon, donc no soucy, vous n’allez pas vous ennuyer. Vie sociale : Vous avez mangé quoi, vous, pour être dans cet état ? Votre énergie débordante vous pourrit la vie ! Le yoga vous connaissez ? Zen, calme, tout doux....
Sagittaire
Sentiments : On vous avait prévenu : trop d’amis tue l’amitié. Vous n’écoutez pas ou quoi ? Faites le ménage dans vos relations, concentrez-vous sur vos vrais copains, ils vous le rendront au centuple. Vie sociale : On a beau vous mettre en garde régulièrement parce qu’on l’a lu dans les astres, vous continuez à jouer la cigale. Tant pis pour vous !
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Iskane du détroit Résidence Aswane B - Angle Rue de Fès & Rue Melilia 1er étage, n°18 - 90000 Tanger Tél. : 05 39 32 12 64 - Fax : 05 39 34 03 39 - email : iskanedudetroit@hotmail.fr
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Carn e t d ’ Adr e ss es Retrouvez ici les coordonnées des lieux cités dans nos pages.
Culture Institut Français de Tanger
Librairie les insolites
41 rue Hassan Ibn Wazzane - Tanger T : 05 39 94 10 54 - 05 39 94 25 89 - F : 05 39 94 09 37
11, rue Khalid Ibn Oualid - Tanger - T : 05 34 59 29 83
Volubilis Art Gallery Salle Beckett
6, rue Sidi Boukouja - Kasbah - Tanger -T : 05 39 33 38 75
Rue Okba Ibn Nafie - Tanger - T : 05 39 94 25 89
Institut Cervantès de Tanger Galerie Delacroix 86 rue de la Liberté - Tanger - T : 05 39 93 21 34
99, Av. Sidi Mohamed Ben Abdellah - Tanger T : 05 39 93 20 01 - 05 39 93 23 99
Galerie Lusko
Salle d’expositions de l’Institut Cervantès
4, rue de Téhéran - Quartier Wilaya - Tanger T : 06 61 34 43 96 - 05 39 94 62 59 - 05 39 32 41 19
9, rue de Belgique - Tanger (horaires : 16 h à 21 h)
Artingis Galerie PhotoLoft (sur RDV)
11, rue Khalid Ibn Oualid - Tanger - T : 05 39 33 04 25
115, av. Med Ben Abdellah - 8e ét. - Tanger - T : 06 41 45 66 40
Medina Art Gallery Galerie Conil 7, rue du Palmier - Petit Socco - Tanger - T : 06 55 64 10 14
30, rue Abou Chouaib Doukali (Bel Air) - Tanger T : 05 39 37 26 44
Cinémathèque de Tanger - Cinéma Rif
Palais des Institutions Italiennes
Grand Socco - Tanger - T : 05 39 93 46 83
(Palais Moulay Hafid) 23, Rue Med Ben Abedelouhab - Tanger
Dossier “Week-end” Sacarello’s Cafe-Restaurant
Consulat Britannique à Tanger
Irish Town - Gibraltar T : (00 350) 20 07 06 25
9, rue d'Amérique du Sud - Trafalgar House - Tanger T : 05 39 93 69 39 - 05 39 93 69 40 - Fax : 05 39 93 69 14
The Caleta Hotel Self-Catering Apartments
Con Dios
Sir Herbert Miles Road - Gibraltar T : (00 350) 20 07 65 01 - www.caletahotel.com
Port de plaisance - Gibraltar T : (00 350) 200 507 55 - www.condios.co.uk
Office de tourisme de Gibraltar: www.gibraltar.gov.uk
Numéros utiles Renseignements : 160 Police : 190 Gendarmerie Royale : 177 Pompiers - Ambulances : 150
Maroc Assistance : 05 22 30 30 30 Mondial Assistance : 05 22 31 31 50 Port Maritime Tanger : 05 39 93 11 29 ONCF : 08 90 20 30 40 Aéroport de tanger : 05 39 39 36 49
Pharmacies de garde : www.menara.ma Rubrique infos pratiques
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Utile I
Points de distribution URBAIN
Voici la liste - non exhaustive - des points de distribution de votre magazine URbain à Tanger. Vous tenez un commerce et souhaitez mettre URbain à la disposition de votre clientèle ? Contactez-nous sur contact@urbainmagazine.com. Tous les numéros d’URbain sont également consultables à tout moment en ligne sur www.issuu.com.
Centres culturels / Galeries La Cinémathèque Le Rif English Center Galerie Artingis Galerie Dar D’Art Galerie Lusko Galerie Conil Galerie Photo Loft Institut Français de Tanger Medina Art Gallery
Librairies
Librairie des Colonnes Librairie les insolites Librairie La Virgule Page et Plume
Hôtels / Maisons d’hôtes
Hotel Andalucia Hôtel César Hôtel El Minzah Hôtel Mövenpick Hôtel Solazur Maison d’hôtes Dar El Kasbah Maison d’Hôtes La Maison de Tanger Maison d’Hôtes Le Balcon de Tanger Maison d’Hôtes Le Dar Nour Maison d’Hôtes Le Nord Pinus
Divers
Aéroport de Tanger Cabinet Bernossi Com Channel Crèche Le Manege Centre Régional de l’Investissement Chambre de Commerce Française Chambre de Commerce de Tanger Consulat Général de France Consulat d’Italie Groupe Scolaire Le Detroit Médi1 TV TFZ Centre d’Affaires
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Restaurants / Salons de thé Commerces/Autres Boston Café Cafe Le Savouret Café le Savoy Casino Movenpick Le Lounge & Restaurant du Golf Restaurant Anna & Paolo Restaurant Art & Gourmet Restaurant El Morocco Club Restaurant El Tangerino Restaurant L’Adresse Restaurant L’Océan Restaurant La Bodega Restaurant La Casa d’Italia Restaurant La Fabrique Restaurant La Pagode Restaurant Rigoletto Restaurant La Table du Détroit Restaurant La Terrasse Restaurant Le Relais de Paris Restaurant Le Salon Bleu Restaurant Otori Sushi Restaurant Pasta Cosi Restaurant Tom Yam Salon de thé Kandinsky Salon de thé La Fuga Glacier-salon de thé La Gelateria
Beauté / Sport
All Ladies Biguine Spa Catherine Coiffure Club Moving Elyseum Figurella Medispa Nail Lounge Nutricorp Royal club équestre du Détroit Secrets de Beauté Serenity Day Spa Surfiti
Abyss Accès Immo Agence Architexture Ambiance Living Animalerie Animaloo Birkenstock Boutique Majid Boutique Solutions Cabinet d’assurances Raïda Calypso Voyages Cap Property Casa Pepe Chausseur Chez Pointure CityLife Dar Blue Immobilier Designer's Galerie Volubilis Geox Ideapolis Agency Jagger Joupi La Fine Bouche La Tribu des Ziri Las Chicas Loft Club - Complexe La Rose Bleu Opticien Alain Afflelou Passementerie Bouzid Pâtisserie Framboise Pressing 5 À Sec Promodel Safa Car SMEIA Villa Art Immo ... URbain est également disponible dans la salle d’attente de nombreux professionnels de la santé.
LE BRUNCH
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Ch a qu e d im a n c h e au b or d d e la pi sc i n e de 1 1 h 3 0 à 16 h
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