9 minute read

Dans les coulisses du Puy du Fou

Next Article
Le choc islandais

Le choc islandais

À quelques jours de l’ouverture de la saison du Puy du Fou, nous avons eu la chance de nous glisser en exclusivité dans les coulisses du parc. L’heure est à la concentration extrême.

« On part en roulade sur une épaule et ensuite on enchaîne sur l’autre. » Les consignes pour l’échauffement claquent. Ce matin-là n’est pas un matin comme les autres. D’abord, il pleut. Les Vikings ont trouvé refuge dans le décor des « Mousquetaires de Richelieu ». Et puis, c’est surtout le premier matin pour bon nombre d’artistes cascadeurs. Julien, 21 ans, enchaîne tous les mouvements avec un soin extrême. À la différence de beaucoup d’autres, il n’ose pas encore rentrer dans le jeu des petites vannes souriantes. « C’est mon premier rôle de cascadeur, explique le jeune homme très concentré. C’est quelque chose que je voulais vraiment faire. » Il a fait toute la route depuis Grenoble pour débuter une saison qui va l’emmener jusqu’au mois de novembre. « C’est le plus grand parc d’Europe, le seul à proposer une variété de spectacles aussi grande. Il y a ici un savoir-faire unique que j’ai envie d’apprendre. C’est un spectacle vivant, l’une des meilleures opportunités pour laisser s’exprimer ma discipline et aussi m’amuser sur mon lieu de travail », sourit-il. Au programme, pour lui, plusieurs rôles de Viking au cours du même spectacle, beaucoup de cascades, peut-être de la torche humaine, des chutes en hauteur et aussi - et surtout - de l’épée médiévale. « Les combats à l’épée, ça m’intéresse beaucoup, c’est très atypique et c’est un peu un rêve d’enfant. »

Advertisement

Quand on est enfant, on rêve d’être chevalier.

Personne ne triche pendant l’entraînement. Il faut être en forme pour enchaîner ensuite cinq à sept représentations de vingt-six minutes par jour. « L’idée, c’est que tout le monde parte sur une même base de travail, souligne Vincent Marot, 23 ans, qui assure les formations au combat et à la chorégraphie du spectacle. On inculque les bases de combat pour les nouveaux et on fait une piqûre de rappel aux anciens. L’important, c’est que tout le monde parle le même langage et soit sur la même longueur d’onde. C’est nécessaire pour la qualité du spectacle et aussi pour la sécurité de tous. » Le maître-mot, c’est l’adaptation. « Il faut pouvoir «switcher». On peut faire jusqu’à trois rôles différents dans la journée sur cinq spectacles. Il faut repasser à zéro dans sa tête à chaque fois et passer à autre chose », explique-t-il. « Le mental est hyper important, complète Ghislain Poiron, l’autre formateur. La saison dure huit mois. Mais il ne faut pas oublier qu’on a le droit de prendre du plaisir, souligne-t-il. Quand on est enfant, on rêve d’être chevalier, on s’affronte avec les copains armés d’un bâton. Là, on est payé pour ça. On prend plaisir tout en en donnant aux autres. »

À quelques centaines de mètres de là, un tourbillon d’énergie arpente la coque d’un navire d’expédition. C’est La Boussole de La Pérouse. Vanessa Maudet, responsable de spectacles, a l’œil sur tout. « Je veux m’assurer qu’il ne manque rien. C’est un spectacle immersif, les gens s’attachent à chaque détail. » Dans la pénombre du décor, elle note scrupuleusement tout ce qui reste à faire avant l’ouverture. « Il faut rhabiller les mannequins. Mais on ne peut pas pour l’instant, les habits sont partis au nettoyage », lance-t-elle à la costumière qui l’assiste. Un peu plus loin, au travers d’une fenêtre, on distingue un iceberg et une chaloupe échouée. « Il manque le chapeau. Il a dû glisser dans l’eau pendant la fermeture. Il va falloir plonger pour aller le chercher », s’amuse-t-elle.

La course contre la montre se termine maintenant

Elle est responsable des six spectacles « immersifs » qui plongent les visiteurs au cœur de l’histoire. Elle n’en est pas à son premier lancement de saison. Pas une once de panique. « Tout ce qui est nouveau sera terminé au dernier moment, c’est comme ça, sourit-elle en quittant le navire pour se diriger de l’autre côté de la route, dans l’univers des Francs du « Premier Royaume ». Les sons, les lumières du spectacle fonctionnent. Un écriteau tout ce qu’il y a de plus moderne portant la mention « peinture fraîche » détonne. « Je vérifie que la climatisation a bien été installée. Je suis un peu la directrice des travaux finis mais je sais aussi que si un détail manque maintenant, on n’a plus le temps. La course contre la montre se termine maintenant. » Les quatre-vingt-douze comédiens, soixante-six garçons et vingt-six filles, vont arriver dans quelques jours, un professeur de chant va les faire travailler pendant une semaine. Puis ce sera le grand saut. « Tous les anciens reviennent, rassure-t-elle. Ils connaissent leurs textes. » Celle qui a commencé en tant que comédienne dans le stadium gallo-romain attend sereinement de voir défiler les millions de visiteurs. « C’est vrai qu’il y a un gros côté adrénaline, mais je participe à l’aventure du Puy du Fou depuis vingt-deux ans. J’en ai trente-deux. C’est le calme avant la tempête. Je sais que dans quelques jours, on va mettre de côté toute vie sociale. Mais ce que je fais ici, je ne pourrais le faire nulle part ailleurs. »

Le Puy du Fou répond à une aspiration de l'époque

Le Puy du Fou, qui puise son inspiration dans l’Histoire, est devenu un modèle artistique réputé dans le monde entier. C’est aussi une ruche bourdonnante qui ne cesse de travailler tout au long de l’année et qui continue de s’étendre. Rencontre avec son directeur, Nicolas de Villiers.

Le parc est encore fermé au public, mais on voit du monde absolument partout !

Nous avons une activité visible pendant la saison d’ouverture et une part invisible pendant la saison de fermeture. C’est là que prennent forme tous nos projets de spectacles, d’hôtels, de restaurants. C’est une période d’accouchement très intense que la période de l’hiver.

C’est une période décisive ?

C’est comme un satellite. Une fois qu’on l’a lancé dans l’espace, on ne peut plus intervenir dessus. C’est une horlogerie extrêmement fine faite d’humain, de vivant et de technologie qui fonctionnent ensemble, en harmonie, et qui ne se modifie pas aussi simplement qu’on le voudrait. Il faut avoir conscience qu’on doit tout anticiper, toutes les problématiques de la vie du spectacle.

Tous vos spectacles naissent ici...

Nous concevons, nous produisons et nous présentons au public. Ce sont les trois métiers du spectacle. Nous sommes les seuls dans le monde à faire ça, à exercer simultanément ces trois métiers. Nous partons d’une feuille blanche. Nous inventons une histoire, un contenu. Nous réfléchissons au fond, à la forme. Ensuite, vient le moment de la production, le spectacle sort de terre, et enfin, dans le troisième temps, le spectacle prend vie.

Et c’est quand on est en train de donner vie au spectacle qu’il faut faire attention au moindre détail ?

Oui, pendant ce temps-là, c’est quatre, cinq, sept fois par jour que le spectacle va être joué. Cela peut être jusqu’à mille cinq cents fois par an. Vous imaginez comment l’horlogerie doit être huilée chaque jour, et les engrenages imbriqués au millimètre. Nous sommes les seuls dans le monde à présenter des spectacles d’envergure à ce rythme. C’est sept jours sur sept, parfois sept fois par jour avec cinquante personnes en scène par exemple pour «Le Dernier Panache».

Le Puy du Fou séduit en France, mais également à l’étranger. Vous venez de créer un spectacle aux Pays- Bas. Pourquoi vient-on vous chercher ?

Le Puy du Fou répond à une aspiration de l’époque qui est universelle. Lorsqu’ils appellent le Puy du Fou, ils ont tous en commun d’avoir un patrimoine et une histoire très riche. Ils ont aussi l’envie de raconter cette histoire de manière adaptée à notre époque avec des moyens et des technologies très modernes.

Votre matière, c’est l’histoire où qu’elle se situe ?

Nous n’avons pas connaissance, dans le monde aujourd’hui, d’une autre maison capable de mettre en scène le légendaire d’un peuple. Nous créons ce légendaire, cette façon de tirer de l’histoire la meilleure part de l’Homme. On a inventé un concept qui consiste à puiser dans le légendaire d’un peuple et à le mettre en scène pour tous les âges et toutes les cultures. Au départ, nous ne l’avons pas fait exprès.

L’histoire - ou le légendaire - fait toujours rêver ?

L’aspiration à revivre son histoire de façon moderne est sans doute liée au fait que l’homme mondialisé a besoin de racines. C’est un débat de fond, un des grands débats du moment selon moi. Le Puy du Fou offre peut-être une forme de réponse à ce besoin-là.

Où voyez-vous le Puy du Fou dans dix ans ?

Dans dix ans, nous souhaiterions voir exister quatre Puy du Fou dans le monde. En France, en Espagne et dans deux autres pays. Je crois possible que la Chine en fasse partie. Raconter cinq mille ans d’histoire, ce serait fantastique.

DES CHIFFRES FOUS

En 1978, 82 000 spectateurs avaient découvert ce coin du bocage vendéen.

600 millions d’euros ont été investis depuis la création du parc.

Ils étaient plus de 2,3 millions l’année dernière.

62 millions d’euros sont investis cette année.

250 personnes sont employées en permanence.

Le parc emploie 2150 talents saisonniers et représente 4700emplois indirects.

ON N’ARRÊTE PLUS LE PUY DU FOU ! Le Grand Parc propose trois créations majeures en 2020.

«Les Noces de Feu»

Ce nouveau spectacle de trente minutes s’inscrit dans la continuité des «Orgues de Feu», présentant le deuxième temps de l’histoire passionnelle et sentimentale de la Muse et du Pianiste. Après s’être rencontrés dans «Les Orgues de Feu», ils vont se marier dans «Les Noces de Feu». Cette fantasmagorie nocturne, tout en musique, offre un voyage poétique au cœur du XIXe siècle romantique. L’ensemble des musiques du spectacle est interprété par les célèbres sœurs virtuoses, Camille et Julie Berthollet, révélées par l’émission «Prodiges» sur France 2. Servi par une mise en scène époustouflante, ce spectacle marie dans une harmonie parfaite l’eau et le feu, l’intime et le grandiose, le sous-marin et l’aérien, la splendeur des costumes électroluminescents et le gigantisme des décors surgissant des profondeurs du lac. Seize millions d’euros ont été investis pour donner naissance à cette nouvelle féérie nocturne.

Quatre étoiles

Le Puy du Fou ouvre son sixième hôtel. Le Grand Siècle, venu tout droit de l’époque de Louis XIV, propose quatre-vingt-seize chambres quatre étoiles réparties dans huit pavillons. Moulures dorées, tapisseries de brocart... Les espaces ouvrent sur trois hectares de jardins à la française. La table des Ambassadeurs, et son menu imaginé par Yannick Alléno, le chef le plus étoilé du monde, propose cinq cents couverts. Un investissement de vingt millions d’euros.

Un Palais des congrès sort de terre

Le Théâtre Molière est le premier espace du Puy du Fou entièrement consacré aux événements d’entreprises. Un grand auditorium central de cinq cents places, onze salles de réunion entièrement modulables et un espace polyvalent, permettent aux entreprises et aux acteurs majeurs de l’événementiel d’organiser tout type d’événements, des plus confidentiels aux plus médiatiques. Il peut accueillir jusqu’à trois mille participants et des spectacles peuvent être organisés à la carte.

This article is from: