Les représentations de l’habitat participatif Le sens des projets de la métropole strasbourgeoise
Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg Valentine DELARCHAND UEM212 A - Densité, urbanité, intimité. Les défis du « vivre ensemble » Sous la direction d’Andreea GRIGOROVSCHI Janvier 2017
Remerciements
Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont rendu possible la réalisation de ce travail de recherche. En premier lieu, je remercie Andreea Grigorovschi, qui m’a suivi durant ce projet, et qui a su me guider et m’aider à trouver des solutions. Un grand merci également à Valérie Lebois de m’avoir apporté les savoirs et outils théoriques nécessaires durant ces 3 semestres de mémoire. Je suis très reconnaissante à toutes les personnes qui m’ont donné de leur temps, ont répondu à mes questions et partagé leur expérience durant nos rencontres et entretiens, merci à Jean-Marc Biry, Cédric Bonin, Erika Cabasut, Fabienne Commessie, François Desrues, Benjamin Dubreu, Olivier Dupuis, Michel Jaehn, Alain Kuntzmann, Emmanuel Marx, Judith Richard, Loïc Robine, Patrick Suss, Cécile Verny et Volker Ziegler. Je voudrais exprimer tous mes remerciements à mon entourage, qui m’a soutenu tout au long de ma démarche.
Sommaire
Remerciements
3
Introduction
7
I.
Problématique(s)
7
Démarche de travail
8
Les représentations en amont du projet, comprendre l’habitat participatif
11
a.
L’habitat participatif, des images comme premiers éléments
11
b.
Des valeurs représentant l’habitat participatif
18
c.
Les images des acteurs institutionnels, un rôle didactique et promotionnel
22
II. Les représentations de la mise en place du projet, un processus où l’image sert de médiation 27 a.
Genèse du projet, des images communes pour structurer le groupe
27
b.
Valeurs communes, des images mentales traduites dans le projet
34
c.
Coordination: médiation et communication par les représentations
43
III. Les représentations du terrain, du chantier à l’installation dans le projet
51
a.
Phase chantier : anticiper, participer et partager
51
b.
Images de la transition, un espace à habiter
58
c.
Représentations émergentes de la pratique
63
Conclusion : Quel sens pour les représentations de l’habitat participatif à Strasbourg ?
69
Bibliographie thématisée et sources
73
Table des illustrations
77
Annexes
80
Table des matières
131
Introduction Problématique(s) Constats Un projet d’habitat participatif, c’est un désir de vie et de partage avec l’autre1, un état d’esprit plus communautaire, plus responsable, un engagement pour la planète et pour mieux vivre ensemble. Vivre en collectivité est loin d’être un phénomène nouveau, pourtant on voit que le succès des communautés urbaines d’origine scandinave, appelées cohabitats, habitats groupés ou cohousings 2 est grandissant. Cette « troisième voie » 3 pour faire du logement, engage les usagers aussi bien que les collectivités et les professionnels du secteur du bâtiment. Il existe depuis 2014 une loi dans le sens de la pratique du projet participatif, la loi « Accès au Logement et un Urbanisme Rénové » (ALUR). Elle propose « la création de nouveaux cadres juridiques adaptés à la diversité des projets, qui permettront d’accompagner le développement de nouvelles formes d’habitat dans le respect de l’environnement et de la biodiversité »4. Un exemple très médiatisé et connu d’habitat participatif est les « Baugruppen », en Allemagne, notamment les quartiers de Tübingen et Fribourg. Depuis le début des années 20105, en France, et notamment à Strasbourg, par sa proximité avec l’Allemagne, l’habitat participatif se démocratise. Le cas de la Communauté Urbaine de Strasbourg est alors d’autant plus intéressant à étudier qu’il génère beaucoup de projets et qu’ils sont aidés par la Ville. L’Eurométropole de Strasbourg6 est très engagée et s’investit dans cette voie, car ce type d’habitat présente un intérêt, pour les habitants mais aussi pour la Ville et la vie des quartiers, à la fois social, économique et environnemental7. On constate que ce type de projets génère beaucoup d’images graphiques et de représentations mentales diverses. D’une part, les images véhiculées sont porteuses de valeurs positives comme les liens sociaux, le partage des espaces, la solidarité, l’économie, l’écologie, etc. D’autres part, l’habitat participatif soulève de nombreux débats quant à la faisabilité, les difficultés générées par la multiplicité des membres de la maîtrise d’ouvrage, les difficultés financières et techniques, la pérennité de ces projets. De plus, pour les architectes, la question de l’image et des représentations est primordiale en ce qu’elles sont des outils précieux de communication avec la maîtrise d’ouvrage et les autres acteurs du projet. Elles peuvent être prises en compte dans le projet, comme une aide pour avancer, mais aussi comme un témoin, pour prendre du recul ou encore comme une production ultérieure de synthèse, de bilan du projet. On s’intéresse ici à ces représentations, leur usage, leur transmission et la façon dont elles nous permettent de comprendre l'habitat participatif.
Etat de l’art De nombreuses recherches ont été faites au sujet de l’habitat participatif, et il existe des ouvrages proposant de l’aide pour parvenir à monter son projet avec des exemples concrets, comme le Guide pratique de l’autopromotion, de B. Dieudonne 8 ou le Le livre blanc de l’habitat participatif, d’A.L. Evrard 9. Le sujet complexe de l’habitat participatif a aussi fait l’objet de thèses et de mémoires, comme les travaux de C. Devaux 10 ou E. Cariou 11. Des professionnels du bâtiment ont également écrit sur le sujet, comme l’urbaniste et ingénieur Bruno Parasote 12 ou l’architecte Alain
1
GAUZIN-MÜLLER D., préface in PARASOTE B., Autopromotion, habitat groupé, écologie et liens sociaux : comment construire collectivement un immeuble en ville ?, éd. Yves Michel, Gap, 2011, p. 6 2
LIETAERT M., Vivre en cohabitat, reconstruire des villages en ville, in La Revue Nouvelle, février 2008
3
après l’habitat individuel et l'habitat collectif, d’après un entretien avec Alain Kuntzmann, responsable des projets d’habitat participatif à l’Eurométropole, 14 octobre 2016 4 ibidem 5
le projet Eco-logis a été mis en place dès 2004, mais il est unique, les autres projets sont nés de l’appel à projet lancé par la Ville en 2009
6
nouveau nom de la Communauté Urbaine de Strasbourg (CUS)
7
STRASBOURG EUROMETROPOLE, 10 terrains pour 10 immeubles durables, Brochure explicative, Strasbourg, 2010
8
DIEUDONNE B., Guide pratique de l’autopromotion, éd. CAUE du Bas-Rhin, Association Eco-quartier Strasbourg, 2014
9
EVRARD A-L., Le livre blanc de l’habitat participatif, Eco-quartier Strasbourg, 2011
10
DEVAUX C. L’habitat participatif : de l’émergence d’une initiative habitante à son intégration dans l’action publique, (sous la direction de J-C Driant), Université de Paris Est Créteil, 2013 11
CARIOU E., Habitat groupé et organismes HLM : une utopie réalisable et reproductible ?, (sous la direction de Y. Regnard), IAE de Bretagne Occidentale, 2011 12
PARASOTE B., Op. cit.
Introduction
Meyer13. Dans l’ensemble, il est question de la difficulté de concevoir ce type de projets, de le mettre en place, mais aussi de tout ce que cela peut apporter, socialement, humainement, écologiquement parlant, au groupe, au quartier, à la ville mais aussi aux maîtres d’œuvre de ces projets.
Questionnements Cela nous amène à nous questionner sur le sens de l’habitat participatif tel que véhiculé aujourd’hui à Strasbourg et plus spécifiquement sur le rôle que jouent les images et les représentations au sein des processus de projet d’habitat participatif. On s’interroge sur qui transmet et véhicule ces représentations et quelles en sont les buts. L’image est un vecteur du sens et de l’intérêt de l’habitat participatif, puisqu’elle permet d’attirer, de faire connaître ces projets, et parfois de constituer les groupes. Aussi on cherche à savoir comment elles sont utilisées, quels sont les buts de transmissions selon les différents acteurs 14. Existe-il un décalage entre le discours et la transmission graphique ? Comment les représentations nous permettentelles de comprendre l’habitat participatif ? Comment les images transmettent-elles les discours et les ressentis de l’habitat participatif ? Comment peuvent-elles servir le projet ? En quoi peuventelles être un moteur ou un frein ? Qu’est-ce que ces images peuvent apporter à la démarche de conception ? Comment la pluralité des images influe-t-elle sur la pratique de l’architecte ? En quoi ces représentations peuvent-elles être un outil pour l’architecte, à chaque étape du projet ? Les questions sont nombreuses, pour autant, nous cherchons principalement à comprendre le sens des images de l'habitat participatif, ce qu’elles nous permettent de comprendre des spécificités des projets d’habitat participatif et de leur répercussion sur le travail de l’architecte.
Démarche de travail Corpus Le corpus est constitué d’un ensemble de documents (images, textes) produits par les acteurs15 des projets impliqués dans l’association Eco-quartier Strasbourg, qui regroupent 14 projets16 dans l’Eurométropole. Le corpus est aussi composé des entretiens réalisés avec un échantillon de ces acteurs. Nous avons ainsi pu rencontrer des groupes d’habitants, des architectes, un bailleur social, un représentant de l’Eurométropole, un membre du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement 67 (CAUE 67) ainsi que des membres de l’association Eco-quartier Strasbourg. Nous avons choisi ce terrain, car l’Alsace est une région très pourvue en projets participatifs et que l’Eurométropole de Strasbourg semble y jouer un rôle important, par les appels à projets participatifs proposés, qui existent depuis 200917.
Méthode : analyse d’images et de discours Le corpus de représentations graphiques se limite aux images véhiculées par internet. Ainsi, nous pouvons exprimer une certaine comparaison, étant donné que les images peuvent toutes être recherchées et collectées de la même façon. Concernant les « images mentales », les entretiens des différents type d’acteurs permettent de recueillir leurs récits et leurs avis, et d’observer le lexique employé, afin de percevoir la représentation mentale qu’ils se font de l’habitat participatif. Les visites de certains de ces projets18 ont également permis de recueillir le vocabulaire précis employé par chaque acteur et ainsi de comprendre quelles étaient les représentations mentales véhiculées. Lors de ce travail de recherche, l’analyse se concentre sur les cas d’études d’habitat participatif à Strasbourg. C’est ainsi que des fiches sont établies pour chaque exemple (voir extrait en annexes 1 à 7).
13
MEYER A., Pour une autopromotion en France selon l’exemple allemand des Baugemeinschaften, (sous la direction de M. Loux), Formation Europe et Environnement, Strasbourg, 2007 14
Ici, les acteurs sont - les habitants ; - la ville ; -l’architecte ou les professionnels qui sont et font le projet
15
les habitants, les architectes ainsi que les acteurs institutionnels
16
liste de l’Association Eco-quartier Strasbourg, Eco-quartier Strasbourg, disponible en ligne : <http://www.ecoquartier-strasbourg.net>
17
BRESSON S., TUMEURS L., L’habitat participatif en Europe, vers des politiques alternatives de développement urbain ?, disponible sur : <https:// metropoles.revues.org/4960#tocto1n3> 18
malheureusement, tous n’ont pas pu être visités, et tous les acteurs n’ont pas non plus souhaité être interrogés, pour des raisons de temps mais aussi car certains projets n’ont pas abouti 8
Introduction
Elles permettent de recenser toutes les images produites pour chaque projet, selon chaque acteur : - les habitants - l’architecte / le bailleur social / l’AMO - l’Eurométropole (la ville de Strasbourg). L’analyse de ces fiches permet de comprendre chaque projet, la façon dont communique chaque source, selon le public visé, la transmission qu’elle souhaite donner du projet. On comprend comment sont choisies, sélectionnées chaque image, selon la source, ou bien comment elles sont multipliées, telles une mosaïque, selon d’autres sources. Lorsqu’elles traitent du même projet, les images peuvent être très variées et refléter des idées opposées, par le choix de la notion à transmettre, de l’angle ou du support. Par la suite, un tableau d’analyse recense les différents projets et confronte les notions recueillies. Les entretiens avec les différents acteurs permettent d’avoir un échantillon de ce que veulent montrer les groupes et leur projet. Le vocabulaire peut alors entrer en résonance avec les images physiques du projet, ou peu.
Hypothèse de réponse Notre hypothèse est que l’analyse des images et des représentations liées à l’habitat participatif permettrait d’apporter des éléments de compréhension quant aux spécificités de ce type de projet. Nous émettons aussi l’hypothèse que les images sont différentes selon l’acteur dont elles proviennent. D’autre part, cette analyse nous permettrait de saisir les spécificités de conception mises en place par l’architecte dans ce type de projets.
Evocation du plan Trois axes structurent notre analyse des images physiques et mentales. On propose ainsi de travailler dans l'ordre chronologique d'apparition et d'utilisation de l'image pour mettre en place un projet de ce type, afin de comprendre le rôle et le sens de chacune d’elles. En premier lieu, nous nous intéressons aux images générales, celles qui visent à informer, renseigner, car ce sont elles qui constituent le bassin sémantique dans lequel puisent ceux qui souhaitent s’engager dans une telle démarche. Qui cherche à promouvoir les projets d’habitat participatif ? Dans quel but ? Quelles en sont les représentations techniques ? Quels acteurs vont avoir un intérêt à développer les connaissances autour de ce type de projets ? Comment est-ce qu’on les promeut et qu’est-ce que l’on en comprend ? Il s’agit des éléments de base qui permettent de cerner l’habitat participatif, et de la façon et du sens dont les acteurs en font usage. Dans un deuxième temps, nous nous concentrons sur les images produites directement lors du processus de conception. Allant de la constitution du groupe de travail (maîtrise d'œuvre et maîtrise d'ouvrage) à la phase du chantier, cette phase véhicule des images très nombreuses et variés selon les acteurs qui y participent. Comment les groupes utilisent-ils le vecteur média pour faire connaître leur projet ? Pourquoi ? Comment les groupes se créent-ils des représentations communes pour proposer un projet qui a du sens ? Comment les architectes vont-ils utiliser les images pour communiquer avec le groupe d’habitants ? Comment se servent-ils des images du groupe pour mener à bien un projet ? Comment la ville intervient dans cette étape du projet ? Il s’agit de comprendre les images communes formées par le groupe, pour partager leur projet. Enfin, dans un dernier temps, nous nous intéressons aux représentations issues de la pratique, du vécu. Le chantier puis la vie dans le projet proposent des images diversifiées selon les sources. Comment les images permettent-elles de saisir la complexité de chaque projet ? Comment sont choisies les images et que montrent-elles ? Quels sont les discours des groupes, et que révèlentils des projets ? Les espaces créés transcrivent-ils les représentations souhaitées par les différents acteurs ? Comment se sert-on des images des projets terminés pour donner envie à de nouveaux groupes de se lancer ? Les représentations de chacun ont-elles évoluées ? Ou sont-elles persistantes ? Que retire l’architecte de ces images pour sa pratique du projet ? Il s’agit de comprendre le sens des images et leur évolution, dans la dernière phase du temps du projet. En somme, nous nous interrogeons sur ce que l’analyse des images nous permet de comprendre des spécificités de l’habitat participatif, quels en sont les sens et ce que l’on peut en retirer, et nous questionnons aussi l’apport des images dans la pratique du métier d’architecte.
9
I. Les représentations en amont du projet
I.
Les représentations en amont du projet, comprendre l’habitat participatif L’habitat participatif est une forme particulière de faire du logement. Elle n’est pas connue de tous et possède pourtant de nombreux avantages. En ce sens, les architectes, les associations et les acteurs institutionnels s'attachent à la mettre en avant et la faire connaître, dans l’intérêt de tous. L’analyse des représentations graphiques et des discours cherche à montrer comment ces acteurs s’y prennent.
a.
L’habitat participatif, des images comme premiers éléments Qu’il s’agisse d’éléments techniques, juridiques, financiers, ou de comprendre quel acteur intervient à quel moment, dans quel intérêt, il est primordial que les personnes intéressées par l’habitat participatif puissent comprendre la démarche avant de s’y lancer. L’image est un moyen pédagogique et promotionnel intéressant en ce qu’il propose de faire passer des notions complexes de façon ludique ou simplifiée. C’est pourquoi une multiplicité de guides, dépliants, pages internet, réunions d’information et ouvrages fourmillent d’explications en ce sens. Comme le Guide pratique de l’autopromotion 19 ou le Livre blanc de l’habitat participatif20, ou bien plus simplement sur internet, en se rendant au CAUE 67 21 ou à l’Eurométropole, nous trouvons une multitude d’images qui ont pour but de documenter, de présenter et d’expliquer, les avantages, les inconvénients, les solutions de cette forme de projet. Il existe toute sorte de diagrammes, de schémas, de courbes, de croquis, ludiques ou didactiques, permettant de faire comprendre l’habitat participatif au plus grand nombre. Nous allons en voir un échantillon.
Les différents acteurs Les « acteurs » de l’habitat participatif prennent part à l’élaboration de ces projets et interviennent plus ou moins longtemps dans son processus. Ils sont la maîtrise d’ouvrage, la maîtrise d’œuvre et les acteurs institutionnels. Ils ont des interactions entre eux, des intérêts différents dans ce type de projets et il est intéressant de confronter les discours et les images que chacun d’entre eux émet.
Les habitants : acteurs de leur projet de vie La majeure partie du temps, ils sont à l’origine du projet et c’est grâce à eux que le projet fonctionne, et évidemment, pour eux qu’il est conçu. Ils peuvent être autopromoteurs, coopérateurs, émanent soit de groupes en accession sociale soit en locatif social lorsqu’ils sont plus modestes. Les différents statuts juridiques seront évoqués plus tard. De plus, l’association Eco-quartier Strasbourg22, regroupant des habitants, propose des réunions régulières, sur différents thèmes, comme la communication non-violente, des cours pratiques sur des montages juridiques, des financements, des solutions techniques, etc. Nous retrouvons un certain nombre de projets, à Strasbourg notamment, où les habitants sont autopromoteurs. Le plus souvent, les images présentent les habitants comme étant acteurs de leur lieu de vie, l’ayant imaginé, en étant à l’origine. Qu’ils soient plus ou moins actifs, instigateurs du projet ou plutôt suiveurs, tous les acteurs sont importants. Il faut un nombre minimum de ménages par terrain et ils permettent d’enrichir le projet : la diversité et la mixité sont recherchées dans les projets d’habitat participatif. Nous pouvons percevoir différents « rôles » d’habitants, étant plus ou moins impliqués dans le projet. Bruno Parasote23 nous décrit en effet 4 attitudes intéressantes : militant, soliste, fédérateur ou encore médiateur. Ces 4 personnalités vont nous intéresser en ce qu’elles peuvent justifier un positionnement vis-à-vis du discours et des images produites par le groupe. Dans chaque projet, les capacités sont différentes, les attentes aussi, et chaque habitant participe et s’implique selon ses possibilités et ses envies : « il ne s’agit en aucun cas de forcer quelqu’un à bricoler ou à faire les comptes pour le groupe s’il ne s’en sent pas les épaules. »24
19
DIEUDONNE B., Op. cit.
20
EVRARD A-L., Op. cit.
21
Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement du Bas-Rhin
22
disponible sur : <http://www.ecoquartier-strasbourg.net>
23
PARASOTE B., Op. cit.
24
d’après un entretien du 18 octobre 2016 avec Erika Cabasut, au 4 rue du Ballon à Strasbourg, dans le projet Urban’Hôtes 11
I. Les représentations en amont du projet
Les différents profils possibles d’habitants le militant, pour qui la symbolique de l’acte est tout aussi importante que l’acte lui-même et qui place son action dans une vision de société le soliste, qui place ses objectifs personnels au premier plan, et pour qui une opération en autopromotion a certes une vision et des avantages communs, mais permet aussi et surtout e concrétiser un projet personnel, qui ne peut souffrir de trop de concessions le fédérateur, son opposé, qui estime que la brique fondamentale d’un projet collectif… c’est la vie du collectif. Cela se traduit par la cohésion de groupe, son engagement de vie commune, quitte à perdre un peu de sa liberté personnelle le médiateur, qui adopte une attitude mouvante en fonction des aléas mais qui est surtout attaché à ce que le projet se fasse ! Il se situe entre les trois profils précédents. En jouant un rôle de facilitateur, il se retrouve souvent à organiser le débat et planifier les opérations source : PARASOTE B., Autopromotion, habitat groupé, écologie et liens sociaux : comment construire collectivement un immeuble en ville ?, éd. Yves Michel, Gap, 2011
Les représentations du groupe et la communication qui en émane confirme ces profils qui se dessinent. Nous notons en effet que la plupart du temps, un ou deux habitants sont très communicants, à l'aise pour décrire, raconter le projet et le communiquer -oralement ou via internet. L'imaginaire collectif constitué par le groupe est primordial en ce qu'il permet de saisir son fonctionnement.
La maîtrise d’œuvre : un accompagnement professionnel La maîtrise d’œuvre est constituée au moins par un concepteur, et l’équipe peut compter plusieurs membres aux fonctions variées. Qu’il s’agisse d’un architecte, d’un bailleur social, d’un assistant à maîtrise d’ouvrage ou d’usage, d’un ingénieur, d’un programmiste ou d’aide juridique ou financière, l’accompagnement par un ou des professionnels est inévitable. En effet, le groupe d'habitant ne peut mettre en place le projet sans accompagnement, tout du moins pour des questions techniques, juridiques, architecturales. L’habitat participatif est particulier en ce que la maîtrise d’ouvrage est multiple, contrairement à d’autres projets. Le travail du concepteur -architecte, promoteur ou autre- s’en trouve alors complexifié. Dans certains cas, un professionnel est présent au sein du groupe. Nous retrouvons cette « double-casquette » du maître d’œuvre-habitant dans des projets à Strasbourg, tels que le Baugroupe, Greenobyl, le Making Hof ou encore Eco-logis. Les représentations de la maîtrise d'œuvre est peuvent différer de celles du groupe, il sera alors intéressant de comprendre comment ils parviennent à se comprendre et à communiquer dans les différentes phases du projet.
Les collectivités : un atout majeur et facilitateur Dans les projets d’habitat participatif, les institutions - telles que la Ville ou l’Eurométropole - ont un poids important. Elles permettent souvent de délivrer un terrain plus facilement, et proposent des aides financières mais aussi un soutien moral et technique aux groupes. Les institutions sont très présentes à Strasbourg. La figure 1 (page 13), propose une capture d’écran du site de l’Eurométropole de Strasbourg25 avec en image de fond une photographie du projet Making Hof en cours de chantier. A travers cette figure ainsi que l’analyse des discours et des représentations graphiques 26, on comprend que la Ville de Strasbourg est active afin d’aider les projets d’habitat participatif. L’Eurométropole a en effet lancé les appels à projets dès 2009, et le CAUE propose de l’aide à tous les groupes, notamment en réunions publiques et lors de rendez-vous. L’ensemble des propositions et des aides de l’Eurométropole et de son travail avec le CAUE et les habitants feront l’objet d’un chapitre ultérieur dans ce travail.
25
disponible sur : <http://www.strasbourg.eu/>
26
voir annexes 11 et 20 12
I. Les représentations en amont du projet
Figure 1 : Engagement des acteurs institutionnels, l’Eurométropole aide à comprendre l’habitat participatif source : capture d’écran du site de l’Eurométropole, 4 mai 2016
Figure 2 : acteurs et liens
Figure 3 : Les autopromoteurs, acteurs de la construction de leur projet source : Creditas, organisme de crédit qui promeut l’habitat participatif 13
I. Les représentations en amont du projet
Ces différents acteurs sont nécessaires pour faire fonctionner les projets d’habitat participatif. Il existe de multiples façons de mettre en place ces projets, mais en grande majorité, dans l’Eurométropole, il s’agit d’autopromotion avec une participation à un appel à projet. Ainsi, nous avons pu proposer le schéma de fonctionnement (voir figure 2 page 13), montrant les interactions qui unissent ces trois entités d' « acteurs ». Grâce à cette figure, nous comprenons que chaque entité a son importance vis-à-vis des autres. Cette figure a pu être produite avec l’appui du schéma « Les principaux acteurs d’une opération d‘autopromotion » 27, par simplification, ainsi que d’après nos analyses des projets et entretiens passés. Les projets strasbourgeois présentent des projets d’autopromotion la majeure partie du temps : en effet, sur les 14 projets étudiés (voir figure 4 cidessous), 10 sont en autopromotion 28. Certains projets ont procédé sans l’appui de la collectivité, et donc en dehors des « appels à projets » de l’Eurométropole. Sur les 14 projets étudiés, 8 n’en ont pas fait partie, soit car ils n’en ont pas été lauréats, soit par choix. La figure 2 est donc un exemple générique, qui ne peut s’appliquer à tous les projets, mais propose cependant une idée d’ensemble du fonctionnement des projets d’habitat participatif à Strasbourg.
Figure 4 : cartographie présentant les projets d’habitat participatif à Strasbourg source : site internet de l’association Eco-quartier Strasbourg, disponible sur : <http://www.ecoquartier-strasbourg.net>
27
disponible in DIEUDONNE B., Op. cit., p. 19
28
voir annexe 11 : les projets dont la case est rouge sont au autopromotion, ceux en orange sont en locatif social et ceux en jaune en accession sociale 14
I. Les représentations en amont du projet
Schémas de compréhension des termes et des types d’habitat participatif L’habitat participatif est une notion vaste, parfois -souvent- utilisée de façon inappropriée, aussi il convient de bien comprendre ce que l’on entend par là. Les termes sont précis et désignent des façons de concevoir et de vivre les projets de façons différentes. L’habitat participatif est un concept fédérateur, qui regroupe beaucoup de notions, comme l’habitat coopératif, l’habitat autogéré, l’autopromotion, l’habitat groupé. La dénomination « habitat participatif » renvoie plutôt à une philosophie de vie, un choix d’habiter différemment, l’envie de sortir d’un système traditionnel de logements individuels, afin de repositionner le lien social et le partage au centre du cadre de vie.
L’autopromotion C’est un modèle repris de l'Allemagne et de l'Autriche. Les « Baugruppen » allemands en sont la principale source d’inspiration, comme le montrent les projets qui fonctionnent depuis les années 2000 à Tübingen et à Fribourg 29, par exemple. L’autopromotion est une forme assez courante de faire de l’habitat participatif et Alain Meyer, architecte et chef de projet à la SERS la définit comme : « [résultant] de l’initiative et du regroupement volontaire de particuliers qui montent et conduisent collectivement pour eux-mêmes à titre de maître d’ouvrage une opération immobilière dans une perspective qualitative, non spéculative et écologique. […] L’autopromotion est une alternative à la promotion privée ou sociale et à l’habitat individuel, une manière plus qualitative, plus économe et plus durable de fabriquer de l’urbain mixte et un voisinage convivial et harmonieux. » 30 Ce type d’opérations propose que les habitants deviennent acteurs et concepteurs du projet. Autopromotion indique le fait qu’ils sont leur propre promoteur et portent leur projet de vie. La figure 3 (page 13) nous présentant ce montage d'habitat participatif permet de comprendre rapidement que les habitants sont acteurs de leur projet de vie et qu’ils s’impliquent dans le chantier. On perçoit également par cette figure la relation sociale qui émane de ce type d’habitat. La figure 5 (page 16), propose également d’illustrer l’autopromotion et ses valeurs. C’est en effet le montage qui revient en majorité dans l’habitat participatif, et donc le plus représenté, notamment dans le corpus des projets étudiés ici.31
L’accession sociale et le locatif social en participation Certains cas, plus rares, souhaitent ouvrir la possibilité de faire de l’habitat participatif pour des ménages à plus faible revenus. L’autopromotion est un processus long, qui coûte plus cher qu'un projet d’habitat collectif ou individuel, et donc qui ne permet pas à tous le monde de s’y projeter. A Strasbourg, certains bailleurs sociaux, notamment Habitat de l’Ill ou Habitat et Humanisme, proposent ce type de logement en accession ou en locatif social, pour permettre un accès au plus grand nombre. L’Eurométropole a également la volonté de développer ce type de projets32. « Il n’y a pas de raison de ne pas toucher toutes les catégories socio-professionnelles et tous les types de moyens, chaque personne qui a envie de se lancer dans l’aventure participative devrait pouvoir y parvenir », comme nous l’indique Alain Kuntzmann 33 Dans ce cas là, les habitants sont aidés à chaque étape par le bailleur, qui prévoit une « [mise] au point d’un ensemble de méthodologies afin de garantir le caractère participatif et coopératif du processus ainsi que son efficacité : élaboration de la charte, procédures de cooptation et de programmation participative, suivi individualisé des familles, des demandes et des études de solvabilité relative à cette demande, dans le cadre des diverses modalités d’accession sociale à l’habitat. » 34 Nous notons que les représentations et les attentes de ces habitants peuvent cependant être différentes de celles des autopromoteurs 35, comme nous pourront le voir au cour de ce travail.
29
VAUBAN DE, Themen Planung & Daten, disponible sur : <https://www.vauban.de>
30
d’après une définition proposée en septembre 2007 par Alain Meyer, architecte et chef de projet à la SERS, (Op. cit)
31
voir en annexe 11 : les projets dont la case est rouge sont au autopromotion
32
entretien du 14 octobre 2016 avec Alain Kuntzmann, responsable de l’habitat participatif à l’Eurométropole de Strasbourg
33
ibidem
34
AERA, Dossier de presse « Habitat participatif en accession sociale », Toulouse, 2016
35
entretien du 14 octobre 2016 avec Patrick Suss, représentant de l'association d'insertion Habitat et Humanisme, bailleur social du projet Making Hof 15
I. Les représentations en amont du projet
Figure 5 : Illustration de l’autopromotion source : CAUE 68
Figure 6 : Illustration des valeurs portées par l’habitat coopératif source : site internet Habicoop
Figure 7 : Illustration de l’habitat groupé source : croquis Lobo + Mie 16
I. Les représentations en amont du projet
L’habitat coopératif Les modèles d’habitats coopératifs viennent en grande partie de la Suisse. Les habitants du projet forment une société coopérative, a qui appartient l’ensemble des logements et des parties communes. Au sein de cette société, chaque personne a une voix, à part égale. Les résidents sont donc sociétaires (ou coopérateurs) de cette société, et donc locataires des lieux, tout en en possédant l’usage exclusif de leur logement. 36 En France, c’est l’association Habicoop qui promeut et milite pour l’habitat coopératif. Sur leur site, la définition de la coopérative d’habitants indique que « des personnes qui veulent gérer et améliorer, ensemble, les logements qu’ils occupent dans un même immeuble ou sur un même terrain. Les valeurs fondamentales [de l’habitat coopératif] sont la propriété collective, la sortie du système spéculatif et la démocratie. »37 Coopérateurs « désigne les membres d’une coopérative. Dans le cas de l’habitat groupé, il s’agit généralement de ceux d’une société coopérative civile de construction, mais il peut également s’agir d’autres formes coopératives ».38 Les coopérateurs ne sont pas si loin des autopromoteurs, en réalité, il s’agit d’un terme juridique. L’implication est souvent semblable et les démarches sont sensiblement les mêmes, longues et complexes. La figure 6 (page 16) nous présente un nuage de mots évoquant ce type de montage d’habitat participatif. Il a été réalisé par Habicoop, et propose un aperçu des valeurs transmises par ce montage. Pour autant, démocratie, non spéculation, mixité et équité ou encore écologie, économie sociale et solidaire sont des notions que nous retrouvons dans l’habitat participatif en général. Aussi, cette image est utile pour comprendre l’ensemble du fonctionnement de ce type d’habitat.
L’habitat groupé autogéré L’habitat groupé et autogéré vient du modèle d’habitats regroupés dans les pays nordiques, notamment en Norvège. Il s’agit d’un terme déjà présent avant l’arrivée des projets participatifs. En architecture et en urbanisme, on utilise déjà ce terme pour désigner un habitat accolé ou regroupé sur une même parcelle, collective. Souvent, ce type de projets se trouve en milieu rural ou périurbain. « Chacun possède son logement (en pleine propriété ou avec un droit d'usage exclusif), regroupé autour d'équipements communs (jardin, buanderie, salle commune, chambres d'amis, etc.). Le qualificatif «autogéré» ou encore «solidaire» est souvent rajouté pour mettre l’accent sur le mode de gestion privilégié par le groupe avec souvent également une part d’auto-construction importante. »39 Il peut s’agir de projets regroupés sous un même toit (exemple du projet « Habitat groupé participatif » à Bessèges (30)), ou bien sur une même parcelle collective (exemple du projet d’habitat groupé à Leymen (68)). La figure 7 (page 16) nous propose un croquis à caractère humoristique de ce qu’est l’habitat participatif groupé. Les notions transmises par ce schéma sont la dimension sociale, la solidarité, mais aussi la complexité que peut engendrer ce type de projets.
Dans l’ensemble, bien que les termes et les valeurs juridiques sont multiples, l’habitat participatif regroupe l’ensemble des valeurs liés à l’idée de partager, mutualiser, faire des économies, être durable et écologique. Comme le propose la figure 8 (ci contre), le terme fédérateur qui les regroupe ces termes est « l’habitat participatif », que nous allons désormais utiliser dans l’ensemble de ce travail. Les principaux montages et les acteurs ayant été présentés, nous allons désormais présenter les valeurs véhiculées par les images et par l’habitat participatif en général. Elles peuvent sembler évidentes, mais elles sont souvent entremêlées, ce que l’on voit bien sur les images ainsi que dans les discours. 36 BIRY
JM., Habitat participatif, définitions et méthodologies, Journées rencontres et échanges, 18 juin 2014 / CG 54/CAUE Meurthe et Moselle
37 TRUDELLE 38
Figure 8 : Concept fédérateur de l’habitat participatif source : BIRY JM., Habitat participatif, définitions et méthodologies, Journées rencontres et échanges , CAUE Meurthe et Moselle
S., Histoire de l'habitat coopératif en France, Habicoop, 2010. Disponible sur : <http://www.habicoop.fr/>
BIRY JM., Op. cit.
39 ibidem
17
I. Les représentations en amont du projet
b.
Des valeurs représentant l’habitat participatif D’une manière générale, les images qui gravitent autour de l’habitat participatif sont celles du développement durable, de la spatialité, de la mixité, des liens sociaux et du partage des espaces. « L'autopromotion ou l'habitat participatif est une offre d'habitat innovante, conçue par des groupes de citoyens. Les projets sont donc uniques, tout en ayant des caractéristiques communes.» 40 Ces projets s’inscrivent dans une démarche responsable, vis-à-vis de l’environnement, des autres et de son quartier, afin de transmettre diverses valeurs comme du matériel, du foncier, dans un processus au long cours. Dans cette partie, nous allons essayer de saisir ces valeurs à la lumière des représentations graphiques produites.
La traduction graphique des valeurs Très simplement, lorsque l’on recherche « habitat participatif » sur Google Image, nous trouvons des images présentant des valeurs. Nous pouvons alors en dégager un certain nombre : l’idée de partage, de solidarité et de mixité ; mais aussi la spatialisation, la mutualisation et enfin l’écologie et les innovations techniques.
Des schémas ludiques Pour transmettre ces valeurs, les documents et ouvrages généraux, qui ont pour vocation de nous aider à comprendre l’ensemble des projets de façon théorique, sont souvent ludiques et colorés. Nous avons déjà vu un certain nombre de ces représentations dans cette étude. L’écologie et le développement durable sont des thèmes qui préoccupent la société actuellement, qui intéressent à la fois les acteurs institutionnels, les professionnels du bâtiment et le habitants. C’est une notion centrale dans les projets d’habitat participatif, qui cohabite avec l’idée de mutualiser et d’engendrer des économies. Généralement, l’idée d’écologie est traduite par la couleur verte, en schémas, illustrations mais aussi photographies. La figure 9 (page 19) propose ce que l’on classe dans la catégorie « schémas ludiques ». Elle permet d’expliciter rapidement un grand nombre de notions et de faire comprendre que beaucoup de valeurs cohabitent dans l’habitat participatif. Le plus souvent, les schémas et croquis de ce type proposent d’expliciter des données qualitatives ou de transmettre l’imaginaire des acteurs. Cela passe alors par des nuages de mots 41 ou dessins de type bande-dessinée42. Nous retrouvons alors principalement des images traitant de : - l’effet de groupe, la solidarité, la mixité sociale et générationnelle - la mutualisation - l’écologie, le développement durable
Des transcriptions techniques D’autre part, certaines propositions de schémas sont beaucoup plus techniques, avec des diagrammes, des tableaux présentant des chiffres, des courbes, etc. Par exemple, la figure 10 (page 19) présente un « diagramme technique » présentant les différents enjeux et valeurs portées par l’habitat participatif. Bien que colorée, cette image est plus technique (que la figure 9 par exemple), visant à faire comprendre les valeurs socles et les mettant en relation avec les valeurs et choix propres aux groupes. On perçoit ainsi que, si les groupes possèdent une certaine latitude quant à leur projet, il est important de conserver un minimum des valeurs de ce type d’habitat, qui les caractérisent. Le plus souvent, ce type de représentation présente des données quantitatives ou met en lien des « curseurs ». Cela passe souvent par des schémas simples avec des flèches43 ou des tableaux44 : - économie, non spéculation - partage des espaces
40
STRASBOURG EUROMETROPOLE, L’autopromotion/habitat participatif, en quoi cela peut-il m’intéresser ?, consulté le 21 mai 2016, disponible sur : http://www.strasbourg.eu/> 41
par exemple, la figure 6 page 16
42
par exemple, les figures 3, 5 et 7 pages 13 et 16
43
par exemple, les figures 2 et 8 pages 13 et 17
44
par exemple, les figures 10 et 11 pages 19 et 21 18
I. Les représentations en amont du projet
Ces représentations, ludiques ou techniques, sont simplifiées, proposant d’expliciter des notions complexes de façons colorées. Ces images ont-elles vocation à attirer l’oeil ? A rendre plus attrayantes des notions complexes ? L’habitat participatif est délicat à prendre en main, mêlant des notions techniques, sociales et spatiales.
Figure 9 : Croquis présentante les valeurs de l’habitat participatif source : AERA, disponible sur : <http://www.accession-participative.fr>
Figure 10 : Diagramme présentant les enjeux et valeurs de l’habitat participatif source : Le Livre Blanc de l’Habitat Participatif 19
I. Les représentations en amont du projet
Des degrés de mise en œuvre différents Si les groupes sont tous différents et ont des capacités -financières, de travail, d’expertise, réflexives, de mise en œuvre du projet mais aussi de participation- différentes, nous comprenons que les valeurs sont communes et regroupées en grands thèmes. De nouvelles images viennent alors nous apporter un éclairage quant aux possibilités des groupes.
Selon les envies L’analyse du tableau de la figure 11 (page 21) « Degré des expérimentations » de C. Devaux nous permet de comprendre qu’il existe différents curseurs, comme l’écologie, la participation, la gestion, le partage et la mutualisation ou encore la mixité sociale. Ils sont plus ou moins appuyés, selon les possibilités mais aussi les envies du groupe. Certains groupes souhaiteront pousser le volet écologique au maximum en proposant un bâtiment à énergie positive, ou bien une mutualisation des espaces très grande. Pour autant, on ne peut « mesurer la qualité » d’un projet à son « degré d’expérimentation », puisqu’il est fonction des possibilités financières, humaines et temporelles du groupe. Qu’il s’agisse d’un groupe d’autopromoteurs, de coopérateurs ou d’autogestionnaires, le groupe possède un engagement fort. En principe, ces projets sont portés par les habitants eux-mêmes et font parti des projets que l’on appelle « bottom-up »45. Les acteurs-habitants46 sont directement impliqués et engagé dans le projet. Dès lors, ils vont vouloir aller au bout de leur projet et réaliser des expérimentations qu’ils n’auraient pas envisagées dans un projet plus classique. En effet, portés par l’effet de groupe, ainsi que par l’aide et les conseils des acteurs institutionnels, ils vont pouvoir imaginer des bâtiments à vocation écologique, ou en participation sur la totalité du projet, par exemple. Evidemment, ces envies ne sont réalisables que si le budget du groupe l’autorise, ainsi que si les décideurs (financiers, administrations, etc.) le permettent.
Selon les capacités d’expertise (dans le domaine de l’architecture) et réflexives On observe certains groupes dont les futurs habitants sont eux-mêmes professionnels dans le secteur du bâtiment, entrepreneurs ou architectes. Cela aide les groupes, puisqu’avec des connaissances à la base, il semble plus aisé de se lancer. Cela donne une certaine « crédibilité »47 au groupe, face à l’Eurométropole et aux partenaires financiers. Pour autant, nous ne pouvons surestimer la crédibilité du groupe comme un critère de réussite certaine d’un projet ; nous verrons plus tard que le fait qu’un participant ait une double casquette architecte-habitant n’est pas toujours le garant du succès et de l’aboutissement du projet. La « capacité » d’un groupe réside aussi dans le fait de savoir se poser des questions et de se remettre en question. Pour qu’un projet tienne la route, nous avons vu qu’il est important de comprendre que tout n’est pas réalisable. Ainsi, la capacité du groupe à mettre en place des objectifs réalisables, à faire devenir réalité au rêve, est une chose importante. La figure 12 (page 21) pose des questions simples, mais montre aussi comment les problèmes très terre à terre peuvent mener un groupe à se réunir pour y répondre, tous ensemble. En effet, l’AERA propose un schéma où les habitants pratiquent des espaces en se posant des questions ; cela permet au groupes de se projeter dans des situations et de répondre simplement à des problèmes et des questionnements. C’est une façon de mettre en adéquation des images mentales avec des images graphiques potentiellement transposables en projet. Ce schéma peut alors être un point de départ à la mise en place du cahier des charges.
45
BIAU V, BECQUEE M-H., Habitats alternatifs : des projets négociés ?, CRH-Lavue, ENSA Paris-Val de Seine, 2010
46
DEVAUX C., Op. cit.
47
MILLET A., Les dispositifs de montage et de maîtrise d’ouvrage dans les opérations d’habitat groupées, Mémoire de master Sciences de l’immobilier, Université Paris Ouest Nanterre La défense, 2012 20
I. Les représentations en amont du projet
Figure 11 : Tableau « degré des expérimentations » source : DEVAUX C. L’habitat participatif : de l’émergence d’une initiative habitante à son intégration dans l’action publique, 2013
Figure 12 : Imaginer avec d’autres, se poser les bonnes questions source : AERA, Dossier de presse « Habitat participatif en accession sociale », Toulouse, 2016
21
I. Les représentations en amont du projet
c.
Les images des acteurs institutionnels, un rôle didactique et promotionnel L’Eurométropole a un rôle majeur dans les projets d’habitat participatif à Strasbourg, en ce qu’elle est un acteur primordial et qu’elle aide à la compréhension du modèle participatif mais également ces projets. L’analyse des discours ainsi que des images produites par l’Eurométropole nous permet de dégager les grandes lignes de la façon dont elle agit pour les groupes et les répercutions que cela peut proposer.
Un pédagogie au service de la ville et de ses habitants L’habitat participatif est une notion connue dans de nombreux pays. Des projets existent depuis les années 198048 en Allemagne, en Suisse, au Danemark ou en Grande-Bretagne. Plus largement, nous retrouvons également des projets en Suède, en Norvège, en Italie, en Autriche et au Canada. Ce type de projets tente de rapprocher les individus et « donne le sentiment d’appartenir finalement à une même vaste famille »49. L’ampleur et l’intérêt pour ce type de projet nous prouve que cette forme d’habiter est une alternative plébiscitée pour éviter l’individualisation de la société.
Un exemple en France La France commence petit à petit à proposer des nouvelles façons d’habiter. Ce type d’habitat « nommé parfois groupé, coopératif, solidaire ou encore participatif se positionne comme une solution alternative aux systèmes classiques de la production du cadre de vie et se revendique comme une autre voie crédible pour la production de logements non standardisée.»50 L’idée première est de proposer de la convivialité, de la participation et un épanouissement du groupe et des individus. Ces premières initiatives vont jeter les bases de l’habitat groupé en autopromotion tel qu’on le connaît aujourd’hui. Depuis cette époque, on tente de promouvoir et de faire se développer ces projets. Plusieurs associations se mettent en place, comme Habicoop, fondée en 2005, qui fédère les initiatives sur le plan national. Dès lors, vont suivre un certain nombre d’autres associations, dont Eco-quartier Strasbourg.
« Si la Ville de Strasbourg n’est pas la ville de France comptant à ce jour le plus grand nombre de projets d’habitat participatifs livrés, ni même les plus anciens, elle fût en revanche pionnière en initiant pour la première fois dès 2009 un appel à projets uniquement dédié à l’habitat participatif. Ainsi, l’habitat participatif s’est vu proposé un cadre réservé pour se développer, se faire connaitre et entrer indirectement dans le paysage des politiques publiques. »
Pierre Zimmermann chargé de mission développement urbain durable à l’Eurométropole (source : DIEUDONNE B., Guide pratique de l’autopromotion, éd. CAUE du Bas-Rhin, Association Ecoquartier Strasbourg, 2014)
Bien qu’elles ne soient ni le lieu du plus grand nombre d’habitats participatifs, comme nous l’indique Pierre Zimmermann (voir encart ci-dessus), ni même des plus anciens, la ville de Strasbourg et la région Alsace demeurent pionnières concernant l’initiative de l’appel à projet, proposant un cadre unique pour le développement de l’habitat participatif. Dans ce domaine, par sa proximité avec l’Allemagne notamment, mais aussi grâce au positionnement de la municipalité et de l’Eurométropole depuis 2008, qui tendent à accroître et à valoriser ce type de projets, la région est la plus fournie en projet d’habitat participatif. « Ceci s'est concrétisé dès 2009 par le lancement de plusieurs consultations qui permettaient à des groupes d'habitants suivant un cahier des charges précis de postuler sur différents terrains vendus par la Ville de Strasbourg et la SERS (Société d'aménagement et d'équipement de la région de Strasbourg) ».51
48
PARASOTE B., Op. cit.
49
Les québécois utilisent le terme de « cousinage » pour qualifier l’architecture participative. PARASOTE B., Op. cit., p. 18
50
BIRY JM., Habitat participatif, définitions et méthodologies, Journées rencontres et échanges , 18 juin 2014 / CG 54/CAUE Meurthe et Moselle (p1)
51
STRASBOURG EUROMETROPOLE, L’autopromotion / habitat participatif, c'est quoi au juste ?, consulté le 4 mai 2016, disponible sur : <http://www.strasbourg.eu/> 22
I. Les représentations en amont du projet
Une aide technique et financière au service des groupes Grâce à ces appels à projets, de nombreux groupes se sont formés et ont démarré des démarches. L’Eurométropole a évolué avec l’expérience et en ce moment, des groupes se constituent autour des projets de la troisième consultation52. Le principal intérêt de la communauté urbaine, c’est la création d’habitats regroupés, écologiques, dans une bonne entente de quartier. C’est pourquoi sa communication se fait très dense, sous toutes les formes, afin de faire connaître ces projets et de les développer le plus possible. Nous notons que le site internet de l’Eurométropole est très fourni en documentation quant à l’habitat participatif 53. Les différents onglets renvoient à des questions fréquentes posées par les groupes et proposent de mettre en lien les intéressés avec des associations telles que le CAUE 67 ou l’association Eco-Quartier Strasbourg. L’Eurométropole favorise le développement de l’autopromotion et l’habitat participatif sur son territoire, pour s’inscrire « dans la politique de la Ville et de la Communauté urbaine de Strasbourg de construction d’une « écocité » qui promeut un habitat de qualité pour tous, en limitant son impact sur l’environnement et en préservant au mieux les ressources naturelles. ».54 Elle propose d’ailleurs de « bloquer du foncier à l’usage exclusif de l’habitat participatif »55.
-
Les objectifs, au travers des consultation sont de : favoriser l’implication des citoyens dans la construction de leur cadre de vie, soutenir l’émergence de nouveaux types d’habitat, faire émerger une architecture contemporaine de haute qualité, en densification du tissu urbain.56 L’analyse du site internet de l’Eurométropole, qui est très fourni 57, ainsi que des documents présentant les précédents appels à projets, avec les lauréats et les étapes de la consultation, comme la brochure 10 terrains pour 10 immeubles durables58, nous permet de comprendre que la volonté des acteurs institutionnels est d’aller dans le sens des projets. Les groupes qui souhaitent se pencher sur ce type d’habitat peuvent comprendre la façon de procéder lors de la consultation (du lancement de la consultation en réunions publiques, aux travaux, en passant par la candidature, l’analyse des projets, l’audition des groupes, les lauréats, la mise en place du projet détaillé et des études techniques, la permis de construire et la vente du terrain). Ces documents sont également disponibles en version papier, en libre accès à l’Eurométropole ou sur demande.
L’appui de la collectivité Le projet « lauréat » qui sera retenu sur chaque site bénéficiera : - d’une participation financière au coût de la prestation d’assistance à maîtrise d’ouvrage dans le cadre de la phase 2 - de l’accompagnement méthodologique et technique de la Ville et de ses conseils, en particulier en matière de qualité environnementale et de per for mance énergétique - de l’appui au montage juridique du projet à travers, une étude lancée par la Ville - d’une minoration du coût du foncier en fonction de la qualité écologique du projet sur la base de la grille environnementale mise en place par la Ville source : STRASBOURG EUROMÉTROPOLE, Autopromotion habitat participatif, consultation n°2, Cahier des charges, novembre 2011, p.15
Un travail étroit avec les associations L’Eurométropole a non seulement un lien avec les habitants, au travers des appels à projet, des réunions et des différents visuels qu’elle propose, mais elle sait aussi s’entourer afin de les rassurer et de les accompagner. Elle effectue un travail en étroite collaboration avec l’association d’habitants Eco-quartier Strasbourg mais aussi avec d’autres organismes, tels que le CAUE 67 59.
52
3ème appel à projet lancé en 2016 ; d’après un entretien du 14 octobre 2016 avec Alain Kuntzmann, responsable de l’habitat participatif à l’Eurométropole de Strasbourg 53
voir capture d’écran du site de l’Eurométropole, en annexe 19
54
STRASBOURG EUROMETROPOLE, 10 terrains pour 10 immeubles durables, Brochure explicative, Strasbourg, 2010
55
d’après un entretien du 14 octobre 2016 avec Alain Kuntzmann, responsable de l’habitat participatif à l’Eurométropole de Strasbourg
56
STRASBOURG EUROMETROPOLE, Op. cit.
57
voir annexe 19
58
STRASBOURG EUROMETROPOLE, Op. cit.
59
voir annexe 19 23
I. Les représentations en amont du projet
L’association Eco-quartier Strasbourg Elle est un lien direct entre les habitants des projets d’habitat participatif à Strasbourg et aux alentours. Créée par et pour des habitants, l’association se réunit régulièrement, pour parler de questions techniques, juridiques ou sociales. C’est un retour d’expérience précieux pour chaque futur participant, ou d’un projet en cours. Créée en 2001, l’association a pour but d’aider les habitants et de promouvoir les modes de vie durables, économe en ressources. Son objectif premier est de « promouvoir des actions exemplaires d’urbanisme, notamment la création d’écoquartiers et la construction de logements en autopromotion reposant sur l’initiative citoyenne et répondant mieux aux attentes des habitants ».60 Il est souvent rassurant pour les groupes de pouvoir se confier à d’autres personnes qui sont passé par les mêmes étapes auparavant. Ils sont plus proches d’eux et peuvent aborder des questions sur lesquelles l’Eurométropole aurait peut-être plus de difficulté à les aider. L’idée forte de l’association est de faire prendre conscience que les choses peuvent changer « du bas vers le haut »61, à l’image des projets participatifs. Leur moyen de communication principal est leur site internet 62, très fourni. L’association propose également des réunions d’information, proposant des solutions pour les projets. Avant que l’Eurométropole ne soit un acteur à part entière, Eco-quartier Strasbourg a été porté par des habitants et a mené l’habitat participatif à un niveau où les institutions se sont positionnées favorablement. Le projet Eco-logis, précurseur en Alsace, lancé en 2004, propose un projet « bottom-up », c’est à dire que le groupe s’est formé puis le projet s’est développé. Les démarches ont été longues et fastidieuses, mais grâce à la ténacité du groupe et à l’association Eco-quartier qui l’a fédéré, ce projet a permis de donner de la visibilité à l’habitat participatif. Cela a eu pour effet de faire entrer en action la municipalité, avec l’aide de Stéphanie Strasser63 et Alain Jund64. C’est ainsi que les appels à projets sont en place actuellement, et ce depuis 2009, à l’Eurométropole et en relation avec l’association Eco-quartier65. On note que les associations régionales pour l’émergence de l’habitat participatif sont nombreuses, comme le montre la figure 13 ci-dessous. De nouvelles manières de communiquer se mettent en place, comme les « conférences participatives », qui proposent aux futurs habitants, dès cette phase très en amont, d’être déjà acteurs, de s’inscrire dans la participation activement. L’une d’entre elle a eu lieu le 24 avril à Strasbourg66, initiée par l’association, et les échanges ont été fructueux entre les membres et ont permis de montrer les liens étroits qui existent entre l’Eurométropole et l’association Eco-quartier Strasbourg.
Figure 13 : Les associations régionales liées à l’habitat participatif en France source : DEVAUX C. L’habitat participatif : de l’émergence d’une initiative habitante à son intégration dans l’action publique, 2013
60
Association Eco-quartier Strasbourg, Eco-quartier Strasbourg, disponible en ligne : <http://www.ecoquartier-strasbourg.net>
61
conférence participative du 26 avril 2016, Emmanuel Marx, président de l’association Eco-quartier Strasbourg
62
http://www.ecoquartier-strasbourg.net
63
chef adjointe puis chef de service des projets urbains à l’Eurométrople entre 2004 et 2016, d’après un entretien du 14 octobre 2016 avec Alain Kuntzmann, responsable de l’habitat participatif à l’Eurométropole de Strasbourg 64
adjoint au maire de la Ville de Strasbourg en charge de l’urbanisme et de la transition énergétique, chargé de l’urbanisme, et vice-Président de l’Eurométropole, d’après un entretien du 14 octobre 2016 avec Alain Kuntzmann, responsable de l’habitat participatif à l’Eurométropole de Strasbourg 65
Association Eco-quartier Strasbourg, Eco-quartier Strasbourg, disponible en ligne : <http://www.ecoquartier-strasbourg.net>
66
flyer de la conférence disponible en annexe 20 ; en présence de Syamak Agha Babaei, président charge habitat Eurométropole, mais aussi de groupes d’habitat participatif non strasbourgeois et de l’association Eco-quartier Strasbourg évidement, représentée notamment par son président Emmanuel Marx 24
I. Les représentations en amont du projet
Le Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement du Bas-Rhin D’autre part, l’Eurométropole est en lien avec le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement du Bas-Rhin (CAUE 67). Ainsi, des réunions publiques d’information et d’échanges sont prévues, dans le but de promouvoir et développer les projets en Alsace. En parallèle, des réunions d’information sont prévues avec la SERS. Les groupes d’autopromotion peuvent ainsi avoir à disposition un aménageur de terrain pour les aider. Le CAUE organise des réunions, des colloques pour informer sur l’habitat participatif. Il est aussi à l’origine d’un ouvrage très pédagogique sur ce sujet, le Guide pratique de l’autopromotion67 (voir figure 14 ci-dessous). D’autre part, Jean-Marc Biry, directeur général du CAUE 67, enseigne à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg (ENSAS), dans le cadre d’un séminaire sur le sujet « Habitat et urbanité : l'habitat participatif »68. Le CAUE est donc aussi très impliqué dans l’enseignement de ce type de projets. Ces moyens variés permettent de promouvoir et apprendre l’habitat participatif à un public plus ou moins averti.
Figure 14 : Guide pratique de l’autopromotion source : CAUE 67
Au regard de ce cadre actantiel, le contexte strasbourgeois apparait donc assez propice au montage de ce type d’initiatives. Les projets sont plutôt aidés, poussés, les différents acteurs peuvent communiquer facilement et les habitants ont des interlocuteurs variés et spécifiques qui travaillent de concert pour les épauler. L’Eurométropole et les images mentales et physiques qu’elle véhicule permettent d’alimenter l’imaginaire de l’habitat participatif à Strasbourg. Pour autant, les projets d’habitat participatif n’en restent pas moins des projets complexes à mettre en place, tant sur les plans juridiques, financiers, qu’humains.
67
DIEUDONNE B., Op. cit.
68
co-enseigné à l’ENSAS par Volker Ziegler, architecte ingénieur et urbaniste 25
I. Les représentations en amont du projet
Conclusion 1 : Les images pour s’informer et accéder au processus de projet Pour conclure cette phase d’observation, des images générales, les analyses nous permettent de dire que les différents acteurs proposent de comprendre l’habitat participatif dans son ensemble et de planter le décor. Les représentations, les divers modes de communication permettent aux groupes de se documenter, d’apprivoiser le sujet et de rêver, d’imaginer comment leurs idéaux pourraient être mis en œuvre dans le projet. Les valeurs ainsi que l’aide de la collectivité et l’implication des habitants déjà en place dans ce type de projets donnent un panel d’arguments encourageants pour se lancer. Nous comprenons également au travers de l’étude que la dynamique proposée par la région strasbourgeoise, en lien avec les architectes, permet un accès simplifié aux informations, et le terme d’habitat participatif est très riches en images pédagogiques, vendeuses ou techniques. La figure d'analyse 15 ci-dessous propose un sondage des termes employés, récurrents dans cette phase et dans quelle mesure ils sont plus ou moins utilisés. Elle fait émerger le thème général sous-tendu par ce vocabulaire, en transparence, au centre. Apparaissent plus souvent et en plus grand les termes qui sont utilisés plus fréquemment par les différents acteurs. Globalement, tous les acteurs soulèvent l'idée du partage, ainsi que la volonté de mettre en œuvre une démarche pédagogique. L’idée de « vendre » le projet et le marketing sont aussi très présentes. Nous allons désormais essayer de comprendre comment se mettent en place les projets et quel rôle y prennent les images et les discours.
Figure 15 : nuage de mots du vocabulaire utilisé en amont du projet source : auteur
26
II. Les représentations de la mise en place du projet, un processus où l’image sert de médiation Le temps du projet, que l’on considère ici s’étirer du moment où l’on décide de participer à un projet d’habitat participatif jusqu’au moment de sa concrétisation, cristallise les imaginaires personnels des habitants, qui vont devoir devenir communs. L’analyse va nous permettre de comprendre quel rôle joue l’image à ce stade. Dans l’ensemble, toutes les photographies et constats relatés dans la partie qui va suivre émanent des acteurs rencontrés et des projets étudiés. Tous les projets participants à l’association Eco-quartier Strasbourg et émanant des appels à projets de l’Eurométropole strasbourgeoise ont transmis des images, des informations concernant les projets auxquels ils ont participé. Ils ont souhaité s’inscrire dans une démarche de communication, de transmission, afin que les projets puissent perdurer, se faire connaître, et que les nouveaux venus puissent s’appuyer sur ces éléments pour monter leur projet.
a.
Genèse du projet, des images communes pour structurer le groupe Dès lors que les images générales ont permis de cerner l’habitat participatif, les projets peuvent se mettre en place. Dès le début des recherches, il a été évident que la masse des images allait nous permettre de percevoir la façon les groupes fonctionnent et comment elles participent aux prémices du projet.
« Faire » groupe, un travail dans la durée Le groupe est la base de travail de l’habitat participatif, d’autant que les représentations de ce groupe permettent de mettre en place le projet. Cette analyse nous a permis de comprendre comment l’image peut servir à former et consolider le groupe.
Recrutement, l’image comme outil Comme nous l’avons vu, à Strasbourg, l’Eurométropole propose des rencontres par le biais de ses appels à projets. Les différents terrains disponibles sont alors exposés, puis les participants constituent des groupes autour de ces terrains. La plupart du temps, les membres du groupe ne se connaissent pas avant le projet. Il est plus facile à chaque membre, ou couple, de choisir l’endroit dans lequel il souhaite résider, le quartier, son ambiance, et donc un terrain qui correspond à ses représentations. Pour chaque terrain est définie une surface constructible et donc on sait à l’avance combien de foyers peuvent prévoir de s’y installer. Le projet peut être mis en place dès lors que suffisamment de foyers / participants sont volontaires. Alain Kuntzmann nous confirme qu’« il est plus facile pour les gens de se retrouver autour d’un foncier, de fédérer un groupe sur un terrain donné, dans un quartier, plutôt que de constituer un groupe sur un terrain non connu »69. C’est le cas du groupe Urban’hôtes. Il se sont rendus à la présentation des terrains de l’Eurométropole et se sont retrouvés à 8 couples qui ne se connaissaient pas, à être intéressés par le terrain à l’angle de la rue du Ballon et de la rue Saint Urbain à Strasbourg. Le « noyau » constituant le groupe peut aussi être formé par des gens qui se côtoyaient, se connaissait auparavant et qui ont choisi de s’engager dans un projet d’habitat participatif ensemble. C’est le cas par exemple du groupe Ecolkhoze. Dans ces deux cas, l’analyse nous permet de comprendre que l’image et le discours présentant le terrain sont des éléments centraux pour que le groupe se fédère. En effet, l’Eurométropole propose ces terrains lors des rencontres en amont de l’appel à projet 70 et c’est, dès le départ, les visuels et présentations des terrains qui permettent aux intéressés de constituer les prémices des groupes. La figure 16 (page 28) présente les différents terrains proposés selon les appels à projets. Cette carte est disponible sur le site de l’Eurométropole et permet aux groupes de voir les sites proposés, à l’avance. Une fois que cette première phase est engagée, l’ouverture à de nouveaux participants peut être nécessaire si les groupes sont incomplet pour postuler sur les terrains. Le lien se fait souvent par le biais de réseaux associatifs, amicaux ou bien encore par internet.
69
entretien du 14 octobre 2016 avec Alain Kuntzmann, responsable de l’habitat participatif à l’Eurométropole de Strasbourg
70
ibidem
II. Les représentations du processus de projet
Là encore, les images jouent un rôle important, puisqu'elles peuvent aider à présenter les membres du groupe ou encore le projet. Certains groupes décident de créer un site internet, comme le groupe Urban’hôtes 71 ou encore celui du Making Hof 72 : cela leur permet d’exposer leurs idéaux de vie, pour trouver des gens qui leur ressemblent et leur correspondent. Ce « recrutement » peut également avoir lieu une fois que le projet est lancé, car il arrive fréquemment qu’un ménage ou un membre décide d’abandonner le projet, pour des raisons personnelles ou financières.
Figure 16 : cartographie de la localisation des projets d’habitat participatif sur l’agglomération strasbourgeoise (2014) source : site internet de l’Eurométropole
D’autres moyens de communiquer le projet peuvent émerger. Certains groupes ont créé des flyers et des affiches, comme c’était le cas du projet Making Hof. En effet, n’ayant pas assez de participants, Patrick Texier73 a décidé de rechercher des membres afin de démarrer le projet. C’est ainsi qu’Olivier Dupuis et son épouse ont intégré le projet : « j’avais déjà entendu parler de l’habitat participatif et cela m’intéressait […] J’allais à la pharmacie et je suis tombé sur un tract du projet Making Hof, et je les ai contactés »74. 71
https://urbanhotes.wordpress.com
72
https://lemakinghof.wordpress.com
73
Les Architectes SA, initiateur du projet Making Hof
74
d’après un entretien du 29 octobre 2016 avec Olivier Dupuis et Michel Jaehn, dans le projet Making Hof 28
II. Les représentations du processus de projet
Le groupe Melting Potes a lui aussi souhaité utiliser un site internet pour recruter des membres, comme le montre la figure d’analyse 17 (page 30). Cela permet de mettre en avant leurs envies, leurs références, et ainsi d’attirer des personnes « qui [leur] ressemble »75. Globalement, la représentation est un outil qui permet au groupe de se réunir, à la fois dans la façon dont le terrain est présenté, mais aussi dans la manière dont le groupe s’imagine le projet. Au travers des analyses de discours76, nous notons que les membres des groupes parlent d’identification, grâce aux images et arguments des flyers ou des sites internet. Le recrutement passe en effet par la projection d’une personne dans un groupe, et les représentations mentales et physiques qui peuvent permettre cette identification.
La charte des valeurs : mettre sur papier ses images mentales Pour mettre en place un projet d'habitat participatif, il convient de définir un cahier des charges des volontés communes et possibilités financières et techniques. C’est d’ailleurs ce que propose l’Eurométropole dans son appel à projet. Il est explicitement demandé au cahier des charges pour la participation à l’appel à projet : « le projet de vie collective des ménages engagés », comprenant les « valeurs communes et charte entérinées et signées par les membres »77. Il s'agit de rassembler les images et représentations mentales de chaque habitant et de les transcrire communément. Ce travail va aider le groupe à mettre en place le projet avec la maîtrise d’œuvre et fédérer le groupe autour de ces valeurs communes. Dans certains cas, c’est plus simple que pour d’autres, comme par exemple dans les groupes réduits, puisqu’il s’agit de faire concorder les images mentales d’un petit nombre de personnes. Pour le projet Ecolkhoze, nous notons que les protagonistes sont peu nombreux : 2 familles. Donc la question des valeurs est déjà plus simple, puisque « seulement » 4 adultes devront se mettre d’accord sur ce vers quoi elles veulent tendre. Comme nous l’a rappelé Loïc78, ils s’entendaient déjà bien, et avaient une même vision des choses : « je suis tombé sur ce projet en mars 2012 et on était voisins à l’époque […] ça se passait plutôt bien entre co-propriétaires et particulièrement bien avec Cédric et Anne ».
« Nous sommes quatre voisins trentenaires vivant à Strasbourg, […] des consomm'acteurs engagés dans la recherche d'une bonne qualité de vie urbaine, adeptes du ‘penser global et Agir local’, ayant six vélos dont quatre équipés de paniers pour les courses, une carriole à bébé, un longboard et aucune voiture, deux cartes Réflexe TER, une carte Fréquence SNCF, une BahnCard pour le réseau ferré allemand, deux abonnements Auto'trement dont un à usage professionnel. » Loïc Robine, porte parole des participants du projet Ecolkhoze source : Groupe Ecolkhoze (rue de la Ziegelau - Neudorf), Association Eco-quartier Strasbourg)
Nous comprenons que la « liste » ci-dessus semble définir leurs valeurs, leurs envies de vie et de projet. Ils ont une philosophie de vie qui tend à réduire leur consommation, avoir des modes de transport doux, dans une idée d’un mode de vie plus sain, plus simple. D’ailleurs, leur choix de nom pour l’association d’habitants qu’ils ont crée, « Ecolkhoze », vient de « Kolkhoze » : substantif masculin, dans les pays socialistes et particulièrement en U.R.S.S., coopérative de producteurs agricoles, disposant en commun d'une vaste étendue de terre et des outils de travail 79. Il traduit cette envie de vivre en société, de partager, de disposer en commun, et n’est pas choisi totalement au hasard. 75
d’après un entretien du 18 octobre 2016 avec Erika Cabasut, au 4 rue du Ballon à Strasbourg, dans le projet Urban’Hôtes
76
voir notes d'entretien en annexe 11, tableau d’analyse des discours
77
STRASBOURG EUROMETROPOLE, Autopromotion - habitat participatif, consultation n°2, Cahier des charges, novembre 2011, p. 15
78
d’après un entretien du 14 mars 2016 pour la visite du projet Ecolkhoze, avec Loïc Robine et Cédric Bonin
79
définition du CNRTL, consulté le 4 août 2016, disponible sur : <http://www.cnrtl.fr/definition/kolkhoze> 29
II. Les reprĂŠsentations du processus de projet
Figure 17 : valeurs et recrutement du groupe 30
30
II. Les représentations du processus de projet
Bien qu’ils réfutent le fait que «non, il ne s'agit pas d'un groupuscule trotskiste qui souhaiterait faire son retour à la terre » 80, ils reconnaissent « [faire] plutôt un appel pour une "écologie collective". Le Kholhoze c'est aussi le surnom de l'actuelle copropriété de dix foyers où nous vivons aujourd'hui 81, un bâtiment où l'on se parle, où l'on se donne des coups de main, simplement. »82 Ce compromis choisi par le groupe, montre les enjeux et les valeurs qu’ils souhaitent faire transparaître dans leur projet. Ils ont défini ce qui est important pour eux, et il s’agit ensuite pour le maître d’œuvre de proposer un projet fidèle à ces idées de départ. L’intérêt de cet exemple est qu’il permet de mettre en lumière les images communes du groupe Ecolkhoze. Pour chaque projet, les représentations mentales des individus sont exprimées et mises en commun. La difficulté réside dans le fait qu’il est nécessaire de concrétiser ces envies avec la réalité, un programme, un projet physique. Alain Kuntzmann parle de « mettre en adéquation le rêve avec la réalité, se rendre compte que tout n’est pas réalisable » 83 pour des questions d’ordre budgétaire, mais aussi avec la réalité du terrain, du quartier par exemple, et qu’ « il faut alors se résigner » concernant certains éléments 84. L’Eurométropole demande, depuis le 2ème appel à projet, de faire intervenir un assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO) afin de coordonner le projet et d’ « accompagner le groupe sur l’établissement du programme ainsi que sa préfaisabilité financière »85. L’intervention de l’AMO permet souvent de « redescendre sur terre » et d’avoir des images semblables, au moment de faire le programme, avant de passer au projet détaillé, et ainsi d’éviter les mauvaises surprises financières, les désillusions humaines et les problèmes de mise en œuvre du projet. Il est également intéressant de voir comment le groupe se structure, resserre ses liens autour de ses valeurs. Nous avons vu plus haut la façon de voir la vie du groupe Ecolkhoze, qui se connaissait de longue date. Un autre exemple est celui du groupe Urban’hôtes, constitué lors d’une réunion de l’Eurométropole, autour du terrain de l’angle de la rue du Ballon et de la rue Saint Urbain. Erika, membre du groupe initial du projet, a constaté que « nous, qui ne se connaissions pas avant, avons proposé un projet plus convaincant que ceux des groupes déjà formés »86. Le groupe a eu la tâche de déterminer des valeurs alors qu’il ne se connaissait pas. Mais était-ce réellement plus difficile comme cela ? « Cela permet de dire sans détour ses attentes, sans risquer de perdre un ami »87 pour une idée différente, nous indique Erika. Visiblement, si cette mise en commun des valeurs a permis de consolider les relations, cela a aussi eu pour effet de faire fuir certains membres du groupes. Du groupe initial, « il ne reste que 3 couples, et les 5 autres ont rejoint le projet grâce au site internet » 88, une fois les valeurs définies. Cette définition de valeur a permis aux membres recrutés de savoir à quoi s’attendre, de s’identifier et d'y adhérer dès leur arrivée. Ainsi « le groupe est solide, ancré autour de valeurs auxquelles tous adhérent, pour un projet durable»89.
Cette analyse nous a permis de comprendre que le groupe se structure autour de valeurs, qui sont les images mentales du groupe. Cela permet une identification de chaque individu au projet et la création d’un nouvel imaginaire collectif.
80
groupe Ecolkhoze Strasbourg, Groupe Ecolkhoze (rue de la Ziegelau - Neudorf), Association Eco-quartier Strasbourg, consulté le 4 aout 2016, disponible sur : <http://www.ecoquartier-strasbourg.net/ > 81
fait référence à leur lieu d’habitation avant le projet d’habitat participatif
82
groupe Ecolkhoze Strasbourg, Groupe Ecolkhoze (rue de la Ziegelau - Neudorf), Op. Cit.
83
d’après un entretien du 14 octobre 2016 avec Alain Kuntzmann, responsable de l’habitat participatif à l’Eurométropole de Strasbourg
84
ibidem
85
STRASBOURG EUROMETROPOLE, Autopromotion - habitat participatif, consultation n°2, Cahier des charges, novembre 2011, p. 8
86
d’après un entretien du 18 octobre 2016 avec Erika Cabasut, au 4 rue du Ballon à Strasbourg, dans le projet Urban’Hôtes
87
ibidem
88
ibid.
89
ibid. 31
II. Les représentations du processus de projet
Entre volonté et opportunité, gérer des images différentes Dans certains cas, notamment quand le projet est monté par un bailleur social et que le groupe s’investit dans le projet une fois qu’il est mis en place, c’est le bailleur qui défini les valeurs du projet. Nous cherchons à comprendre dans cette partie d’analyse, comment les imaginaires provenant de groupes et de populations très diverses peuvent proposer un projet aux images communes.
L’accession sociale : mise en place d'un imaginaire pour faire vendre ? L’idée d’ « opportunisme » existe dans d’autres projets d’accession sociale (il en existe plusieurs à Strasbourg, avec le bailleur Habitat de l’Ill), car, comme nous le rappelle Alain Kuntzmann : « ils ne viennent pas tous avec les bonnes intentions au départ, il s’agit plutôt de facilité financière ou opportunité géographique » et ils ne sont « pas vraiment partie prenante d’un un projet participatif » 90. Il arrive que les projets d’habitat participatif fassent l’objet de mise en avant par les bailleurs et nous nous demandons si les raisons de ce « marketing » sont les bonnes ? Est-ce que ce terme d’habitat participatif n’est pas en vogue, alléchant, et donc utilisé à des fins commerciales ? Est-ce que les motivations des habitants ne sont pas plutôt financières que réellement écologiques, sociales et spatiales ? Dans certains cas de projets portés par des bailleurs, les habitants ne participent ni à la phase de conception ni à la réalisation. Les imaginaires des habitants faisant appel à des bailleurs sont-ils les mêmes que ceux des habitants passant par l’autopromotion ? Ce propos est à nuancer, en notant que l’analyse nous permet de voir que tout le monde n’est pas qualifié (n’a pas les qualités réflexives, d’expertises architecturale) ou n’a pas la volonté de s’investir énormément dans ces projets. C’est d’autant plus le cas lorsque les habitants viennent de milieux sociaux plus défavorisés ou ont un revenu plus faible que la moyenne des membres des projets d’habitat participatif91. Dans ce cas, le recours à un bailleur social permet d’étendre la liste des prétendants aux projets d’habitat participatif. Sur le site internet d’Habitat de l’Ill92, à la rubrique accession, la planche de description du projet Ecoterra indique : « A quelques semaines du dépôt du permis de construire, nous invitons les futurs acquéreurs à venir découvrir les principes de cet éco-immeuble et à participer à tout le processus de finalisation des logements, des espaces partagés intérieurs et extérieurs, à s’approprier le projet de vie collective. […] [Les appartements seront] livrés prêts à décorer pour laisser aux acquéreurs le soin de choisir ou de réaliser les finitions intérieures »93 Il apparaît qu’ici, l’utilisation du terme d’habitat participatif est un peu utilisé de façon abusive, afin de promouvoir ce projet. Depuis la première consultation, cette planche de présentation du projet n’est plus disponible sur le site d'Habitat de l'Ill, et le bailleur est difficilement joignable. La planche de présentation du projet Eco-Nomeny a changé de discours : « Cette participation se veut ciblée et accompagnée, au cours de sessions de travail régulières, dont la fréquence variera en fonction des phases d’avancement du projet sans excéder une réunion par mois. »94 Nous comprenons que la volonté d’impliquer les habitants est plus forte depuis le projet Ecoterra95. L’analyse des discours du bailleur 96, modifiés en cours du travail (entre avril et novembre 2016), permet de dire que le bailleur Habitat de l’Ill a adapté son offre. Le fait que le bailleur ait pris du recul et perçu la volonté des habitants de participer aux projets, il leur propose désormais de s’investir plus, et de façon plus encadrée, notamment dans le projet Eco-Nomeny97.
90
d’après un entretien du 14 octobre 2016 avec Alain Kuntzmann, responsable de l’habitat participatif à l’Eurométropole de Strasbourg
91
d’après Alain Kuntzmann, les membres des appels à projet de l’Eurométropole ont des revenus relativement aisés
92
http://www.habitatdelill.fr/actualites/accession
93
Plaquette du projet Ecoterra ( consulté le 12 avril 2016). HABITAT DE L’ILL, Projet Ecoterra, planche explicative, 2016
94
HABITAT DE L’ILL,Vous présente son nouveau projet d’habitat Economeny Strasbourg, planche explicative, 2016
95
lancé en 2012
96
voir notes d'entretien en annexe 11
97
lancé en 2014 32
II. Les représentations du processus de projet
Si dans certains cas les images et les termes de l’habitat participatif peuvent servir une démarche « marketing », l’analyse montre que la métropole strasbourgeoise et ses différents acteurs ont la volonté de mettre en place des systèmes favorable à toutes les catégories socio-professionnelles. De plus, ils adaptent avec le temps et les projets, leur stratégie de mise en place de l’habitat participatif 98.
La double signature : un décalage entre les images des autopromoteurs et des accédants sociaux ? Dans certains projets, les imaginaires qui entrent en confrontation ne sont pas seulement ceux des habitants vis-à-vis de la maîtrise d’œuvre. Il peut arriver qu’il existe une mixité de provenance d’habitants, comme dans le cas du projet Making Hof. C’est le bailleur social99 qui signe la charte, et non pas les habitants logés par ce bailleur. Les représentations, les images du groupe vont-elles coïncider avec celles des familles logées par le bailleur ? Dans quelle mesure ces projets peuvent exister, perdurer, si les imaginaires sont trop éloignés ? Dans le projet Making Hof, l’appel au bailleur social est nécessaire, puisqu’il faut trouver deux familles supplémentaires pour les deux lots restants afin de lancer le projet. Patrick Texier 100 a fait appel à un bailleur social, Habitat et Humanisme, qui s’est engagé auprès des autres familles du groupe. Le bailleur est présent aux réunions de travail et monte une SCI en parallèle de la coopérative d’autopromoteurs formée par les 6 autres familles. Le projet est adapté à la SCI : les deux logements réservés à Habitat et Humanisme ne sont pas personnalisés, et sont livré achevés, prêts à emménager. D’autre part, « la salle commune appartient aux 6 familles, qui peuvent, si elles le souhaitent, accueillir les 2 familles accédantes sociales. Cependant, si cela se passe mal, leur en refuser l’accès. »101 Cela permet de s’assurer que dans le cas où les familles logées par Habitat & Humanisme avaient intégré le projet par opportunisme financier, avec un imaginaire différent du reste du groupe et ne parviendraient pas à s’intégrer, de limiter les soucis. Patrick Suss, représentant du bailleur, s’interroge 102 sur le fait que le projet commun porté par le groupe et les images qui en découlent peuvent ne pas être en adéquation avec celles des occupants du bailleur103. Ce cas reste cependant très rare. Les recherches et les constats sur place nous permettent de dire que les habitants logés par le bailleur social sont peut être moins impliqués, mais cela ne les empêche pas de se mêler au groupe et d’avoir envie de rester dans le projet du Making Hof 104. L’analyse montre qu’au bout du compte, que ces familles perçoivent la « plus-value et ont une prise de conscience par la suite » 105 quant au bénéfice que ce type de projet peut leur apporter. Même si la prise de conscience quant aux avantages et atouts de ce type de projet n’intervient que plus tard, les habitants-accédants sociaux s’investissent plus au fil du temps et leurs images mentale tendent à évoluer vers celles du reste du groupe.
Nous pouvons conclure cette sous-partie sur le fait que les prémices du projet se font autour des images. Qu’elles soient différentes ou semblables selon la composition des groupes, elles proposent néanmoins de rassembler les acteurs et de poser les bases du projet.
98
d’après un entretien du 4 novembre 2016 avec Alain Kuntzmann, responsable de l’habitat participatif à l’Eurométropole de Strasbourg
99
Habitat et Humanisme
100
concepteur-habitant du projet, architecte à Les Architectes SA, Strasbourg
101
d’après un entretien du 14 octobre 2016 avec Patrick Suss, représentant de l'association d'insertion Habitat et Humanisme, bailleur social du projet Making Hof 102
voir notes d’entretien en annexe 11
103
d’après un entretien du 14 octobre 2016 avec Patrick Suss, représentant de l'association d'insertion Habitat et Humanisme, bailleur social du projet Making Hof 104
d’après un entretien du 29 octobre 2016 avec Olivier Dupuis et Michel Jaehn, dans le projet Making Hof
105
d’après un du 14 octobre 2016 avec Alain Kuntzmann, responsable de l’habitat participatif à l’Eurométropole de Strasbourg 33
II. Les représentations du processus de projet
b.
Valeurs communes, des images mentales traduites dans le projet Lorsque les groupes sont constitués, leurs imaginaires se mettent en place et ils communiquent autour d’eux. Les images de cette partie nous aident à comprendre quelles sont les valeurs récurrentes et comment elles sont représentées. L’analyse qui suit présente les images les plus parlantes selon les valeurs, d’après le corpus de projets, mais l’ensemble des images produites par les acteurs de chacun de ces projets ont été récoltées et réunies106.
La dimension écologique Les projets d’habitat participatif s’inscrivent dans une démarche longue, avec l’idée de transmission entre générations et d’engagement, tant vis à vis des autres que de la planète. Les images qui nous permettent de percevoir la notion d’écologie et de développement durable sont très abondantes dans ce corpus.
L’utilisation de la couleur verte Dès les prémices des recherches, lors de la mise en commun des images des différents acteurs, la dimension « écologique », l'attachement à la nature notamment, est apparue. L’idée d’écologie, transparait par la couleur verte, des espaces de jardins, des plantes et arbres sur les photographies et les images de synthèse ou encore les plans. Nous comprenons d’après la figure107 18 (ci-dessous) que la dimension écologique, par la présence du vert est récurrente dans les images des projets. Des fiches ont été mise en place pour chaque projet, en collectant les images des différents acteurs. Une « fiche-projet »108 comporte donc 5 pages : un récapitulatif du projet, une page d’images pour les habitants, une autre pour le maître d’œuvre et une pour la collectivité, et enfin une page de synthèse sur ce que nous comprenons au premier abord de ces images. Une phase d’analyse est la prise de recul. Littéralement, les fiches sont disposées par terre, regroupées par grandes idées : on voit ci-dessous (figure 18) les images traduisant l’écologie, l’utilisation du « vecteur vert » dans les images, par les différents acteurs des projets. Cette phase permet de recomposer les fiches en thématiques de valeurs109. L’analyse montre que le vert est aussi une couleur privilégiée dans les affiches et sur les sites internet, comme par exemple celui de l’association Eco-quartier, qui en fait sa couleur de fond. L’utilisation du vert est présente dans les noms des groupes de projets, comme par exemple à Strasbourg les groupes « Ill’O Vert » ou « Greenobyl ». Nous proposons la mise en avant cette couleur dans la figure d'analyse 19 (ci-dessous) du projet Eco-logis, de façon très caricaturale. Cela montre comment la couleur verte prend 50% de la place sur l’image, afin de prouver son omniprésence. Le plus intéressant reste de voir que cette mise en avant a lieu sur des projets qui ne sont parfois pas réalisés, qui n’en sont qu’au stade de réflexion110, en grands plans urbains. Nous pouvons alors nous demander si l’écologie n’est pas un levier intéressant pour promouvoir ces projets ?
Figure 18 : Analyse des fiches réalisées pour chaque projet omniprésence de la couleur verte dans les images source : auteur 106
voir fiche projets en annexes 1 à 7 et fiche thématique écologie en annexes 8
107
fiches disponibles en intégralité en annexe 8
108
ibidem
109
voir les fiches thématiques en annexes 8 à 10
110
voir annexes 5 et 7
Figure 19 : Illustration de l’omniprésence du vert source : auteur
34
II. Les représentations du processus de projet
D’autre part, nous retrouvons en majorité dans ce type de projets une volonté de montrer l’écologie par la présence de matériaux durables, comme le bois ou des méthodes d’isolation par exemple. Certains projets présentent des schémas explicatifs d’une technique d’isolation ou d’un moyen de chauffage, référant à la dimension environnementale du projet111. La figure d'analyse 20 (page 36) propose une décomposition d’image concernant la dimension écologique (image 1) en rapport avec les autres valeurs (image 2). Les notions apparaissant sur cette photographie sont recensées et mise en corrélation avec les discours des habitants et de l’architecte (image 3). Bien que les espaces extérieurs et le vert tiennent une place très importante, le bardage bois, les matériaux de façade montrent également la volonté du projet Eco-logis de s’inscrire dans un processus durable. Au delà de l’image, les performances du projet donnent du crédit à ces notions. L’analyse et le recul permettent de dire que groupe ainsi que le projet architectural sont éco-responsable. Beaucoup d’autres projets ont cette vocation technique d’être un bâtiment basse consommation, passif voir positif. C’est un challenge supplémentaire pour les groupes, mais la collectivité va également dans ce sens. Elle propose aux groupes l’accompagnement « méthodologique et technique de la Ville et de ses conseils, en particulier en matière de qualité environnementale et de performance énergétique » ainsi qu’ « une minoration du coût du foncier en fonction de la qualité écologique du projet sur la base de la grille environnementale mise en place par la Ville ».112 Cette analyse nous permet de dire que l’utilisation et le choix de la couleur verte ne sont pas anodins : symbole à la fois l’écologie et du développement durable, le vert dit également l’engagement de ces groupes. Et il symbolise aussi l’espoir - qu’il est nécessaire d’avoir lorsque l’on se lance dans un projet de cette ampleur ?
Les discours autour du développement durable Dans tous les groupes, lors des entretiens, le vocabulaire employé est très porté sur la limitation de l’impact écologique, la prise de conscience et la transmission d’idéaux et de respect de la planète113. Les discours des différents acteurs montrent une forte implication et une volonté de s’inscrire dans une démarche durable, tant par le projet architectural, ses ressources, ses matériaux, que dans l’utilisation et les démarches au quotidien. L’image 3 de la figure 20 propose un aperçu de ces notions : cette image montre une confrontation entre la photographie et le discours des habitants et de l’architecte du projet. D’autre part, un grand nombre de termes114 se rapportant à l’écologie sont notés lors des entretiens :
-
empreinte écologique techniques de construction performance énergétique bioclimatisme matériaux durables et écologiques protection de l’environnement maîtrise des énergies
-
éco-responsable logement exemplaire compost, ruches, toilettes sèches innovations autosuffisance réduction de l’impact Homme sur environnement sobriété, respect
L’idée générale est d’apporter des qualités au projet, de limiter l’impact et les coûts sur le long terme. Le groupe pourra aussi profiter des espaces extérieurs, de ruches, de jardins, pour créer du lien social, d’un mode de vie responsable en utilisant plutôt les transports en commun et le vélo que la voiture ou en consommant différemment. Enfin, on note que certains projets expriment clairement la dimension écologique dans leur nom, comme « Eco-logis », « EcoNomeny » ou « EcoTerra ».
Cette analyse permet de dire que la volonté profonde des habitants et l’aide des acteurs institutionnels au sujet de la dimension écologique proposent un cadre propice à la mise en place d’une qualité environnementale dans les projets d’habitat participatif.
111
voir annexe 4
112
STRASBOURG EUROMÉTROPOLE, Autopromotion - habitat participatif, consultation n°2, Cahier des charges, novembre 2011, p.15
113
voir tableau d’analyse des projets, discours et entretiens en annexe 11
114
ibidem 35
II. Les reprĂŠsentations du processus de projet
Figure 20 : valeur transmise, ĂŠcologie 3636
II. Les représentations du processus de projet
La dimension spatiale La notion spatiale et sa représentation nous intéressent particulièrement, puisqu’elle reflète la dimension première de l’architecture. L’espace transmet beaucoup de notions qui se rapportent à la façon de vivre l’habitat, ses usages et fonctions, que nous comprenons également être connectés avec les valeurs d’écologie et de la dimension sociale de l’habitat participatif. Les images en rapport avec l’espace, ses usages et ses fonctions sont nombreuses et présentes sous des formes variées.
La représentation des professionnels Qu’il s’agisse de plans, de coupes, de plans masses, de perspectives ou de photographies montrant l’espace après sa réalisation, les images sont multiples. Dans le discours, la transmission aborde plutôt la notion d’usage : le partage, l’idée d’espace privé ou commun, les lieux de mutualisation et de partage, etc. Dès le début de l’analyse, grâce à la mise en place de fiches pour chaque projet étudié, il a été évident que l’espace était souvent représenté, en plans ou en images de synthèse. Bien que les images s’adressent à tous les publics, la représentation en plans et en plans masse (voir figure 21 ci-dessous115) ou encore en 3D et images de synthèse (voir figure 22 ci-dessous116) est souvent privilégiée, puisqu’elle permet de montrer les espaces très tôt, en volumétrie. Le plus souvent, ce sont les architectes et l’Eurométropole qui transmettent ces images « techniques ». Elles proposent de comprendre l’articulation des volumes ainsi que sa géométrie générale.
La représentation en photographies D’autre part, on voit que les photographies prennent une grande place (voir figure 23117 ci dessous) pour montrer la volumétrie et les espaces des projets d’habitat participatifs. Elles sont le plus souvent utilisées par les habitants eux-mêmes, en cours de projet ou après. Ces images permettent de traduire un espace rapidement, de figer un instant. Nous comprenons grâce à cela comment les espaces sont utilisés, puisque la plupart du temps on voit des groupes dans les espaces, partager des moments dans des lieux communs ou privés, en toute intimité. L’espace est transmis comme un lieu d’usage et de fonction variées, où l’interconnexion avec la valeur sociale est mince, puisque nous notons que les groupes et personnages apparaissent fréquemment dans les photographies118. Parfois, les photographies sont transmises par la maîtrise d’œuvre : on voit alors plutôt des espaces sans habitant, où l’accent est plutôt mis sur des matières, des cadrages, comme dans des projets d’architecture plus classique.
Figure 21 : Analyse des fiches réalisées pour chaque projet pour comprendre la traduction de l’espace Représentation en plans source : auteur
Figure 22 : Analyse des fiches réalisées pour chaque projet pour comprendre la traduction de l’espace Représentation de synthèse/vues 3D source : auteur
Figure 23 : Analyse des fiches réalisées pour chaque projet pour comprendre la traduction de l’espace Représentation photographique source : auteur
115
fiches projet disponibles en intégralité en annexes 1 à 7 et fiche thématique spatial en annexe 9
116
ibidem
117
ibid
118
comme les annexes 9 et 10 nous le confirment, où les photographies de ces fiches thématiques se recoupent beaucoup 37
II. Les représentations du processus de projet
Les discours autour des espaces de l’habitat participatif
-
Lors des entretiens, un vocabulaire précis concernant la spatialité des projets est utilisé par les différents acteurs. Les discours montrent que l’espace, son partage et la mutualisation ont une grande importance. Un grand nombre de termes119 se rapportant à la spatialité sont notés : - regroupement des logements - toiture commune respect de la vie privée - réduire la surface privée - se croiser et se retrouver espace et identité de - multi-usages - mettre en commun des chacun - local à vélo, buanderie, vie collective espaces espaces mutualisés véranda L’idée générale est de mutualiser les espaces, de partager, de mettre en commun afin de créer du lien mais aussi d’économiser. Cela permet de minimiser le lieu de vie privé afin de se concentrer sur l’essentiel. Les espaces commun sont privilégiés, dans leur dimension ou leur matérialité, la vue qu’ils offrent ou leurs qualités d’usage. Nous pouvons le voir dans les exemples proposés par les figures d’analyse 24 et 25 (ci-dessous et page 39). Les espaces communs peuvent accueillir différents programmes comme un appartement pour les familles et amis en visite, ou une buanderie, ou encore une pièce commune pour fêter, se retrouver. Souvent, la conception propose un local à vélo, un lieu pour mutualiser les outils de jardinage ou encore un local de bricolage. Encore une fois, cela permet d’éviter d’encombrer le lieu de vie privée pour l’optimiser et économiser au quotidien. Nous comprenons également, grâce à la figure d’analyse 24 (ci-dessous) que la fonction 120, prévue par l’architecte et l’usage121 sont différents. La spatialité et sa perception varie selon l’acteur qui transmet l’image, selon la représentation mentale qu’il s’en fait. Nous pouvons aussi noter que certains projets expriment clairement la dimension spatiale dans leur nom, comme « Baugroupe », ‘bauen’ voulant dire construire en allemand, « Cocon 3S », « Eco-logis », « Le lieu commun », « Urban’hôtes » ou « Making hof », ‘hof’ signifiant la cour en Allemand.
Figure 24 : valeur transmise : spatialité
119
voir extrait du tableau d’analyse des projets, discours et entretiens en annexe 11
120
le terme est repris du site internet du maître d’œuvre
121
le terme est issu du vocabulaire des habitants 38
II. Les reprĂŠsentations du processus de projet
Figure 25 : valeur transmise, spatialitĂŠ 39 39
II. Les représentations du processus de projet
La dimension sociale La dimension sociale joue un grand rôle dans les projets d’habitat participatif. En effet, ils s’inscrivent dans l’idée de partage, de transmission et de mixité. L’idée principale provenant des projets d’habitat participatif est celle de partager des espaces communs à proximité de son logement. Les images en rapport avec l’humain, les habitants, le groupe, ses relations et leur façons de vivre sont très nombreuses dans cette analyse.
La représentation des groupes Qu’il s’agisse de photographies ou de montages, les groupes transmettent beaucoup d’images de leurs réunions, avant la création du projet, en cours ou une fois qu’ils ont investi les lieux. Cela montre la force des liens qui les unissent, ainsi que la volonté qu’ils ont de montrer qu’ils passent du temps ensemble. La dimension sociale, la mixité et le partage que ces projets est évidente. Dès le début de l’analyse, grâce à la mise en place de fiches pour chaque projet étudié, il a été évident que les groupes avaient la volonté de mettre en avant leur vie en groupe. Certains sont beaucoup plus prolifiques et communicants que d’autres122 ; ils sont très connectés et postent chaque jour sur leur site internet beaucoup d’images de leur vie et de leur groupe en action sur le projet ou en réunion, comme le propose la figure 26 ci-dessous 123. De la même façon, l’Eurométropole et les architectes jouent sur la dimension sociale en montrant des personnages ou des groupes, dans leur images : qu’il s’agisse d’images de synthèse ou de photographies des groupes dans le projet une fois qu’il est réalisé, les projets sont toujours présentés très habités, comme nous le montrent les figures 27 et 28 ci-dessous.
Figure 26 : Analyses des fiches réalisées pour chaque projet Utilisation de la représentation en groupes, photos et montages
source : auteur
^ Figure 27 : la dimension sociale = le groupe Ecolkhoze visite le chantier Urban’hôtes / source : auteur > Figure 28 : la dimension sociale = personnages sur l’image de synthèse présentant le projet Melting Potes / source : auteur
122
voir tableau d’analyse des projets, discours et entretiens en annexe 11, fiches projets en annexes de 1 à 7 et fiche thématique sociale en annexe 10
123
fiches disponibles en intégralité en annexe 9 40
II. Les reprĂŠsentations du processus de projet
Figure 29: valeur transmise, sociale 41 41
II. Les représentations du processus de projet
Les discours autour de la dimension sociale Lors des entretiens, nous avons noté un vocabulaire varié et axé sur la dimension sociale des projets. Les discours des différents acteurs montrent que les liens et le groupe ont un impact très important et « font » le projet. Un grand nombre de termes 124 se rapportant à la mixité, aux liens sociaux sont notés lors des entretiens : - rencontres et échanges - entraide - vivre ensemble - relation de bon voisinage - partager - bâtir ensemble - communauté - intérêt communs > intérêts individuels - intergénérationnel - limiter l’entre-soi - vie de quartier et de groupe - ambitions communes - convivialité - solidarité L’idée générale est de miser sur un projet de groupe, de vie ensemble, de partage. L’entraide et le lien social, la mixité, qu’elle soit générationnelle ou fonctionnelle sont au coeur des préoccupations de projet. Cela permet de minimiser les frais, tout d’abord, en mutualisant. Nous retrouvons alors la dimension spatiale et écologique (observées auparavant), par exemple lors de la mutualisation d’une buanderie. D’autre part, cela permet l’entraide, l’esprit de communauté. Par exemple, dans le groupe des Urban’Hôtes, la convivialité est de mise au moins une fois par semaine : ils se retrouvent pour partager un dîner dans la salle commune 125. Certains groupes partagent un potager et jardinent ensemble. L’esprit de groupe, ou « l’esprit d’équipe »126 comme l’appellent les membres du Baugroupe, est très important, à la fois dans la durée, mais il se construit surtout pendant la phase de conception. Il est important d’avoir « un groupe sur qui compter »127, pour se lancer dans un tel projet. La figure d'analyse 29 (page 41) propose une photographie du projet Eco-logis. Nous comprenons avec la décomposition des éléments de l’image que l’aspect social est non seulement représenté par le groupe (image 1), qui partage un moment convivial, mais aussi par les personnages qui « vivent leur vie » (comme les enfants), puisque la jauge entre « ensemble » et « individuel » permet à chacun de trouver sa place dans le groupe.128 D’autre part, les espaces, plus ou moins qualifiés (image 2), permettent de percevoir cette notion d’espaces « de sociabilisation », comme un potager, une coursive commune, etc. Nous pouvons d’ailleurs noter que certains projets expriment clairement la dimension sociale dans leur nom : « Collectif e-zéro », « Ecolkhoze », venant de l’URSS : coopérative de producteurs agricoles, ou « Le lieu commun », avec la dimension de communauté, « Melting potes » ou encore « Urban’hôtes ».
L’analyse des images et du vocabulaire montre une volonté de ces projets de revenir à un essentiel de partage, un peu comme dans un petit village, comme une grande famille129 (figure 30 ci-dessous) où l’on se ressource mais où rien n’est obligatoire ou forcé. Il est aussi plus facile de concevoir à plusieurs, c’est moins effrayant, et la participation est conviviale130.
Figure 30 : présentation du groupe comme une grande famille source : collectif E-zéro
124
voir extrait du tableau d’analyse des projets, discours et entretiens en annexe 11
125
d’après un entretien du 18 octobre 2016 avec Erika Cabasut, au 4 rue du Ballon à Strasbourg, dans le projet Urban’Hôtes
126
intervention de Cécile Verny et Fabienne Commessie, habitantes du projet Baugroupe à Strasbourg, lors du séminaire du 3 mai 2016, ENSAS
127
ibidem
128
PARASOTE B., Op. cit.
129
idem, p. 18
130
d’après un entretien du 18 octobre 2016 avec Erika Cabasut, au 4 rue du Ballon à Strasbourg, dans le projet Urban’Hôtes 42
II. Les représentations du processus de projet
c.
Coordination: médiation et communication par les représentations Une fois que les valeurs et la charte sont mises en place, il s’agit de formaliser le projet, de mettre en corrélation les envies avec les possibilités réelles : l’aspect financier, technique du terrain, du plan local d’urbanisme (PLU) par exemple. Ainsi, il faut « passer du rêve à la réalité ». Pour cela, les images vont se révéler avoir un rôle important. L’analyse va nous permettre de comprendre comment le passage de ces représentations communes vont pouvoir être exprimées dans un projet.
Transposer les représentations en projet tangible Dès lors que le groupe est constitué, qu’il a défini ses envies premières et sa vision du projet, il est nécessaire de transcrire cela dans une possibilité de projet, dans une conception formalisée. « L’accompagnement d’un AMO permet aux membres de confronter le rêve à la réalité, d’identifier leurs attentes, de faire des choix et, au final, de vivre une première expérience à blanc de ce que sera leur vie collective. » 131
Une démarche aidée Il est souvent difficile au groupe de transposer les valeurs, l’imaginaire qu’il s’est constitué, en espaces. C’est pour cela que l’intervention de professionnels comme le programmiste, l’AMO ou l’architecte est nécessaire. L’Eurométropole demande que l’AMO aide le groupe à formaliser ses envies et propose même de le financer en partie : « Le choix du prestataire assurant l’assistance à maîtrise d’ouvrage, reste à l’initiative du groupe, mais il ne pourra en aucun cas se confondre avec le maître d’œuvre de l’opération. Le coût de cette prestation sera assuré par le groupe et pris en charge pour moitié par la Ville de Strasbourg avec un plafond de 3000 euros TTC » 132
L’Assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO) : c’est quoi ? L’assistant à maîtrise d’ouvrage contribue à la définition des besoins, à la vérification de leur prise en compte et à l’accompagnement des utilisateurs, dans le cadre de projets de développement de systèmes d’information et de communication.
- Appui au pilotage du projet par la maîtrise d’ouvrage : organisation et suivi du projet -
(coûts, délais et réalisation), analyse des études de faisabilité et des évaluations de ressources de la maîtrise d’œuvre ; relations avec la maîtrise d’œuvre Définition de la trajectoire de mise en œuvre du projet Appui à la maîtrise d’ouvrage dans l’élaboration du contenu fonctionnel du projet : organisation et animation des groupes utilisateurs, définition et consolidation des besoins métiers, rédaction des cahiers des charges fonctionnels Aide dans l’élaboration des scénarios et jeux de tests, la réalisation des tests et la vérification de conformité du projet livré Aide à la préparation et la mise en œuvre des actions de conduite du changement dans les services utilisateurs : communication, réingénierie des processus, réorganisation des services, formation, supports et documentation utilisateurs, préparation et suivi des plans de déploiement,… source : gouvernement, Assistant à la maîtrise d’ouvrage, disponible sur : <http://www.economie.gouv.fr>
Le recours a un AMO est important, il permet à l’architecte d’avoir du recul sur le projet, et au groupe d’avoir un autre interlocuteur, et parfois celui-ci les aide à « se confronter à l’architecte »133 pour défendre leurs idées. L’AMO donne « les clés du dialogue »134, une façon d’être le médiateur entre des images très diverses entre le groupe d’habitants et le maître d’œuvre. C’est un élément intéressant pour toutes les parties du groupe, permettant de prendre du recul sur le projet.
131
SAILLET H., assistant à la maîtrise d’ouvrage, directeur de CUADD Conseil, AMC, 2015, disponible sur : <https://www.amc-archi.com>
132
STRASBOURG EUROMÉTROPOLE, Autopromotion - habitat participatif, consultation n°2, Cahier des charges, novembre 2011, p.12
133
d’après un entretien du 14 mars 2016 avec Loïc Robine et Cédric Bonin, dans le projet Ecolkhoze
134
ibidem 43
II. Les représentations du processus de projet
Dans le cas du projet Porcs-Epics par exemple, c’est l’aménageur la « SERS » qui vend le terrain au groupe. Ce dernier n’a donc pas un terrain par le biais de l’Eurométropole et «échappe à l’obligation de recourir à un AMO. Le groupe décide dès lors de ne pas investir dans cet interlocuteur supplémentaire, le jugeant inutile. Au final, nous constatons que cela peut paralyser un projet, car ici, le budget prévisionnel a été sous estimé de 30% 135. Le projet est d’ailleurs en suspens à ce jour, faute de financement et de familles nécessaires. L’assistance à maîtrise d’ouvrage propose de mettre en place des réunions avec le groupe pour définir le programme, tester des solutions avec le groupe. Travaillant main dans la main pour ces étapes, l’AMO a un rôle important d’accompagnant non seulement technique mais aussi moral. Il fait « prendre conscience au groupe que leur projet est possible, mais que tout ne va pas forcément se passer comme prévu »136 et qu’il faut adapter leurs envies aux possibilité. Le terrain peut réserver des surprises, mais le budget des ménages peut aussi être un frein à la réalisation de certaines envies. Nous pouvons dire que les images idéalisées du projet ne sont pas en correspondance avec la réalité, et que l’étape de recours à l’AMO permet cette mise en accord. Construire un bâtiment passif peut par exemple être un investissement de départ trop important pour un groupe. Le collectif Urban’hôtes a du renoncer à ce désir. Leur projet est performant énergétiquement, cependant leur site internet indique : Objectif énergétique : Haute performance énergétique sans atteindre le passif Environ 40 KWhep/m2/an
La figure d'analyse 31 (page 45) montre comment le projet Ecolkhoze, avec l’aide de leur assistance à maîtrise d’ouvrage, a pu formaliser un pré-programme ainsi qu’un budget. Au départ, ils ont proposé des diagrammes d’intentions (images 1 et 2), puis cela s’est formalisé plus techniquement (images 3 et 4), de façon un peu moins communicative dans la forme. Pour autant, c’est un grand pas vers la faisabilité du projet. Leur architecte, Benjamin Dubreu de l’agence Ballast, a ainsi pu travailler sur le projet en ayant des éléments clairs, structurés137. Le travail de « confrontation avec le réel » 138 avait été fait. « Je crois énormément [...] à la construction d'un groupe sur un lieu. Parce qu'on ne construit pas du rêve, on construit de la réalité. » 139 On comprend à travers ce discours que s’il est important de proposer un projet crédible, non seulement pour que l’Eurométropole sélectionne le projet pour le terrain et le délivre, le passage aux éléments techniques ne doit pas non plus empêcher le groupe de continuer à avoir envie, de les faire rêver. La mise en corrélation des imaginaires avec le possible est complexe, mais c’est une étape nécessaire au bon déroulé du projet, et les habitants ne peuvent, bien souvent, la passer sans aide.
Confronter l’imaginaire à la réalité Le terrain est un élément fédérateur à ce stade. Il est tangible, impose des contraintes mais c’est aussi grâce à lui que le projet va naître et que le groupe va pouvoir se projeter. Certains projets ont été contraints, notamment par le site, qui réserve parfois des surprises inattendues. Bien que l’architecte, le groupe et l’AMO aient pris en compte toutes les difficultés en amont, le début du chantier peut s’avérer complexe. Dans le cas du projet Ecolkhoze par exemple, le terrain ne correspond en réalité pas tout à fait avec le cadastre. En fait, le voisin en mitoyenneté au nord de la parcelle a construit une extension en créant un fruit 140 : en prenant de la hauteur, l’habitation au nord n’est plus d’aplomb avec la limite parcellaire qui lui est attribuée. Le groupe du projet Ecolkhoze est donc contraint de modifier un peu le projet afin de s’insérer sur la parcelle. Par la suite, le projet s’est déroulé sans problème, cette « surprise » n’étant pas trop lourde à supporter ni à régler.
135
d’après un entretien du 14 octobre 2016 avec Alain Kuntzmann, responsable de l’habitat participatif à l’Eurométropole de Strasbourg
136
ibidem
137
d’après un entretien du 11 avril 2016 avec Benjamin Dubreu, de l’agence Ballast architecte, qui a travaillé sur le projet Ecolkhoze
138
d’après un entretien du 14 octobre 2016 avec Alain Kuntzmann, responsable de l’habitat participatif à l’Eurométropole de Strasbourg
139
TILLIA & COMPAGNIE, Habitat groupé à Saint-Laurent-en-Beaumont, Isère, consulté le 4 avril 2016, disponible sur : <http://www.habitatgroupe.org/ spip.php?article376> 140
d’après un entretien du 14 mars 2016 avec Loïc Robine et Cédric Bonin, dans le projet Ecolkhoze 44
II. Les représentations du processus de projet
Figure 31 : passer du rêve à la réalité 45 45
II. Les représentations du processus de projet
Ce témoignage permet de comprendre qu’au delà de la correspondance entre imaginaire et possible, les groupes doivent parfois se conformer à la réalité, contraignante. Pour parer à cela et depuis le troisième appel à projet, en 2015, l’Eurométropole propose le financement des études de sol : « Le projet « lauréat » qui sera retenu sur chaque site bénéficiera : […] - d’une étude géotechnique du type G11 lancée et financée par la Ville - d’un pré-diagnostic archéologique, si le site l’exige. »141 Le cas du projet Ill’O Vert à Illkirch permet de comprendre que le rapport entre images du groupe et possibilités réelles est déterminant. Les 7 familles qui composent le groupe sont engagées dans le processus, ils se retrouvent « tous les soirs pendant 1 an, le projet est allé jusqu’au dépôt du dossier complet répondant au critère de la SERS,142 mais [ils ne sont] pas arrivés jusqu’au choix du maitre d’ouvrage »143. En effet, cette étape n’ayant pas été concluante, le groupe a commencé à battre de l’aile. Les habitants ont le sentiment d’avoir donné de leur temps pour composer le dossier, cependant ils regrettent « la méconnaissance des gens, la frilosité des officiels et institutionnels ». 144 Les membres du groupe, dont Judith Richard et sa famille restent motivés par les projets innovants, ils viennent de « se lancer dans d'autres projets personnels […] et d’inaugurer [leur] maison à énergie positive! » 145 L’analyse des différents projets de l’Eurométropole permet de dire que l’ensemble des projets n’ayant pas pu faire corréler leur imaginaire avec les possibilités et la réalité ont vu leur projet perdre du temps (comme les groupes Baugroupe, Cocon 3S, Greenobyl, Porcs Epics), voir se terminer.146
Cette recherche permet de dire que si c’est vrai pour tous projets d’architecture et pas seulement en habitat participatif, la mise en concordance des imaginaires de la maîtrise d’ouvrage avec la réalité permet d’enrayer certains problèmes, bien que le terrain et les projets réservent toujours des surprises.
Apprendre à communiquer : mettre en commun ses images mentales Les images peuvent avoir des fonctions très diverses. Au delà de la communication avec l’extérieur, comme nous avons pu le voir avec les sites internet des habitants, de l’Eurométropole ou des associations, les images peuvent servir au groupe, en interne.
Entre maîtrise d’œuvre et maîtrise d’ouvrage : le biais des représentations physiques Entre « non sachants » et « sachants » dans le domaine de l’architecture, la communication peut être compliquée. En effet, le vocabulaire utilisé n’est pas toujours le même. Il est nécessaire trouver des moyens de communiquer et de se comprendre. Pour arriver à faire avancer le projet, peuvent intervenir les esquisses mais aussi les maquettes. En effet, les imaginaires du groupe et de la maîtrise d'œuvre peuvent être vérifiées via ces modes de représentations et aider le projet à progresser. Les images 2D peuvent s’avérer difficiles à « lire » pour les habitants, peu habitués à voir un plan ou une coupe. Dans ce cas, les maquettes et volumétries sont souvent mises en avant par la maîtrise d’œuvre. Les réunions se multiplient en général à ce moment là, et tous les moyens sont bons pour arriver à désamorcer les difficultés, se comprendre et avancer sur le projet. Dans le cas du projet Eco-logis par exemple, mais aussi du Baugroupe, d’Ecolkhoze ou du Making Hof, l’utilisation des croquis et des maquettes est très fréquente, comme le montre la figure d'analyse 32 page 47.
141
STRASBOURG EUROMÉTROPOLE, Autopromotion - habitat participatif, consultation n°3, Cahier des charges, mai 2015, p.12
142
dans ce cas là, la SERS est propriétaire du terrain ; le projet Ill’O vert n’a pas fait parti d’un appel à projets de la ville
143
d’après des échanges avec Judith Richard, du projet Ill’O Vert, entre le 8 et le 15 octobre 2016
144
ibidem
145
ibid.
146
comme le groupe Ill’O Vert ; voir tableau d’analyse en annexe 11 46
II. Les reprĂŠsentations du processus de projet
47
Figure 32 : moyens de communication 47
II. Les représentations du processus de projet
Au sein de la maîtrise d’ouvrage : s’écouter pour réaliser ensemble L’analyse nous montre que les habitants peuvent eux aussi avoir des difficultés à s’entendre et se comprendre entre eux. L’étape de mise en place du projet est stressante et c’est aussi à ce moment là que l’on se rend compte de l’implication et des capacités de chacun. Dès lors, des tensions peuvent apparaître. Pour communiquer, le recours aux discours et images extérieures peut être utile. Si des difficultés et des tensions naissent, ou bien si un regard extérieur est nécessaire, le groupe peut participer à des réunions proposées par l’association Eco-quartier Strasbourg, sur des thèmes qui varient et sont ouvertes à tous147. Il peut s’agir de communication et de logistique de groupe, mais aussi d’aide juridico-financière, de programmation-activité-intégration148, etc. Dans le Guide pratique de l’autopromotion149, produit par le CAUE, ainsi qu’au sein de nombreux groupes d’habitat participatif, est proposée une méthode de communication « non violente » (voir figure 32 page 47). D’autre part, au vu du nombre de membres qui composent la maîtrise d’ouvrage et la complexité des projets d’habitat participatif, l’organisation interne est nécessaire. Bien entendu, le niveau d’organisation varie d’un groupe à l’autre. Si les réunions sont nécessaires pour échanger et faire avancer le projet, il faut veiller à ce que leur cadre ne soit pas trop rigide, pour ne pas « effacer la convivialité. Celle-ci, plus que des règles, est essentielle à la vie du groupe, elle apporte l’humour, le plaisir d’être ensemble, autant de valeurs qui soudent le groupe et le préparent à la future vie entre voisins. Et même si cela peut paraître paradoxale, pour que la bonne ambiance soit au rendez-vous, une préparation rigoureuse est nécessaire. »150 Les recherches nous montrent que l’ « effet de groupe » est important. Dans les moments délicats de la mise en place ou du chantier, les membres du groupe peuvent se décourager, être un peu perdu. Dans ce cas, dans un projet classique, le maître d’ouvrage s’en remet à la maîtrise d’œuvre, et s’investit moins. Ici, le groupe peut être frustré et ne pas voir ses efforts de participation récompensés. C’est alors que le groupe est très important, et que son attitude peut sauver le projet, comme nous l’ont confirmé plusieurs groupes151. « Ce qui est bien avec le groupe, c’est que lorsque l’un de nous avait un coup de mou, était moins motivé, il y en avait toujours un autre pour lui remonter le moral […] on est jamais démotivé en même temps, donc cela nous permet de tenir sur la durer et de ne pas baisser les bras »152 Fabienne Commessie, membre du Baugroupe
L’essentiel dans cette phase est de désamorcer les problèmes et de mettre en place le projet en communiquant. Pour cela, l’image est un outil et un témoin, pour les groupes comme pour l’architecte.
147
disponible sur : <http://www.ecoquartier-strasbourg.net>
148
STRASBOURG EUROMETROPOLE, 10 terrains pour 10 immeubles durables, Brochure explicative, Strasbourg, 2010
149
DIEUDONNE B., Op. cit.
150
PARASOTE B., Op. cit.
151
les groupes Urban’hôtes, Ecolkhoze, ainsi que le Baugroupe, voir tableau analytique en annexe 11
152
retranscription d’une intervention de Cécile Verny et Fabienne Commessie, habitantes du projet Baugroupe à Strasbourg, lors du séminaire du 3 mai 2016, ENSAS 48
II. Les représentations du processus de projet
Conclusion 2 : Les images pour procéder à la mise en place et cheminer vers la pratique La médiation prend une part importante dans cette phase de processus de projet, due à la confrontation des images du groupe d’habitants avec la maîtrise d’œuvre, mais aussi en interne dans le groupe. Dès lors, les moyens à disposition sont variés et chacun les emploi selon ses possibilités. L’analyse soulève le fait que les images peuvent être des outils pour l’architecte mais aussi pour les habitants. Souvent, c’est lors de cette phase que les groupes sont fragilisés et que les projets sont arrêtés ; c’est une phase délicate. Nous notons que la volonté de transmettre des valeurs profondes, d’utiliser l’image comme moyen de communiquer et d’échanger, montre que le processus reste une étape fédératrice pour le projet et ses acteurs. Nous comprenons grâce à la figure d'analyse 33 ci-dessous, proposant le vocabulaire fréquemment utilisé, et faisant émerger en transparence, au centre, le grand thème sous tendu dans cette phase, que les représentations sont variées. Elles traduisent des peur, la nécessité de maintenir le groupe, de gérer le projet, mais toujours l’idée de conserver les valeurs, de partager, et de rêver, qui restent très fortes. A partir de cette phase, on entrevoit la façon dont le groupe et le projet vont se développer, la façon dont les images vont pouvoir servir d’outil par la suite.
Figure 33 : nuage de mots du vocabulaire utilisé durant le processus du projet source : auteur
49
III. Les représentations du terrain, du chantier à l’installation dans le projet La phase du terrain, que l’on considère ici s’étirer du chantier jusqu’à la vie dans le projet, est le moment où les représentations se concrétisent, où le vécu va transparaitre dans les images et à partir desquelles les acteurs vont communiquer. Dans l’ensemble, les photographies, les visuels et constats relatés dans la partie qui va suivre émanent des acteurs rencontrés et des projets étudiés. Les images et représentations vont nous permettre d’analyser la façon dont se déroule cette étape, ainsi que le rôle qu’elles y prennent, pour les groupes et pour l’architecte en charge du chantier.
a.
Phase chantier : anticiper, participer et partager Cette phase précise les étapes précédentes, en les confrontant au réel. Dès lors, les images mentales deviennent réelles et à partir de cette étape, l’architecte et les habitants vont utiliser les images pour faire avancer le projet.
Le chantier, passer des images mentales aux images réelles Si le pilotage du chantier revient généralement au maître d’œuvre, on remarque que les habitants des projets d’habitat participatif sont souvent sur le chantier. Notamment lorsqu’il s’agit de projets en autopromotion, ils se sentent très concernés par le projet -souvent le projet de leur vie. L’architecte et les habitants vont alors utiliser l’image comme un outil pour avancer, mais aussi comme un témoin.
La participation comme révélateur des représentations du groupe Comme nous l’avons vu plus tôt, l’effet de groupe est primordial, la cohésion et l’attitude de chaque acteur permettent d’arriver à tenir dans la durée. « Nous avons tous des capacités différentes, donc chacun participe selon ses capacités. […] Certains ont aidé pour les travaux de peinture […] mon mari est doué avec les chiffres, donc il réalise la comptabilité du groupe, mais il ne fera pas de peinture par exemple. »153 Erika, membre des Urban’hôtes Le constat que nous rapporte l’analyse des images et des discours est que tout le monde n’a pas les mêmes possibilités quant à la participation154. En effet, l'imaginaire des groupes peut varier, ils sont alors plus ou moins disposés à s'investir dans le chantier. La figure d'analyse 34 (page 52) nous montre que les groupes qui participent se mettent en scène, ou du moins que ce témoignage de participation, la cohésion du groupe dans ce moment du chantier est montrée, tant par les habitants que par les architectes et l’Eurométropole. Nous percevons ainsi que tous les acteurs souhaitent partager ce moment, montrer l’investissement des acteurs habitants, qui ne sont pas présent d’une façon aussi marquée sur des projets classiques. On voit d’une façon d’autant plus marquée, dans les fiches des différents projets (voir annexes 1 à 7) que certains groupes d’habitants fourmillent d’images de chantier. C’est notamment le cas des groupes Ecolkhoze, Making hof, E-zéro et Melting Potes. Les fiches et la figure 34 nous confirment que la participation de ces groupes a été très forte et ils ont aussi souhaité le revendiquer et le montrer à travers leur site internet. Nous avons compris au travers des discours que cette participation permet de mieux organiser le projet et de réduire les coûts. Elle permet à la fois de faire intervenir moins d’entreprises et donc d’économiser sur certaines dépenses, tout en proposant aux membres des moments conviviaux, des échanges et des apprentissages, comme nous le montre également la figure 34. Cette étape donne lieu aux souvenirs collectifs du groupe, qui vont permettre des représentations mentales communes. Ces moments d’échange et de partage sont présents dans de nombreuses images, sur les sites des groupes, comme l'illustre la fiche thématique : social155.
153
d’après un entretien du 18 octobre 2016 avec Erika Cabasut, au 4 rue du Ballon à Strasbourg, dans le projet Urban’Hôtes
154
PARASOTE B., Op. cit., p. 223
155
disponible en annexe 10
III. Les reprĂŠsentations du terrain
52
Figure 34 : participation sur le chantier 52
III. Les représentations du terrain
Des photographies du chantier émanent aussi d’autres acteurs. Par exemple, l’architecte du projet Greenobyl propose des vues durant cette phase, ainsi que l’Eurométropole (voir figure 34 page 52). Le projet Making Hof est également montré pendant sa phase de chantier par l’architecte (idem, voir figure 34). Cependant, nous notons que dans ces deux projets, l’architecte est à la fois habitant et concepteur. Cet échantillon d’images montre la participation des habitants proposée selon différents acteurs. Globalement, l’analyse nous permet de comprendre que les groupes ont des possibilités et des envies différentes. Les représentations des acteurs montrent que les habitants sont enclins à montrer leur participation, quand les acteurs institutionnels et les architectes préfèrent ne pas montrer ce type d’images. Les considèrent-ils comme confidentielles, propres à la pratique architecturale ? Quant aux habitants, souhaitent-ils tout mettre en avant, tout partager, tout montrer de leur implication au projet ? Cette accumulation d’images ne risque-t-elle pas de rendre le message confus ?
S’approprier le projet, se créer des images communes Dans un projet d’habitat classique, le suivi de chantier est généralement réservé à la maîtrise d’œuvre. L’avantage que les habitants ont à participer au chantier, c’est que cela leur permet de prévenir les problèmes et d’y trouver des solutions qui conviendront à leur mode de vie. L’analyse des discours et des images nous a permis de percevoir la façon dont la présence des habitants comme acteurs du chantier peut aider l’architecte. La bonne collaboration entre les habitants et la maîtrise d’œuvre permet une grande efficacité, comme nous l’a confirmé Loïc 156 avec l’exemple de l’armoire technique dans leurs logements : le tableau électrique est réglementé par une dimension particulière157 de 60cm par 25cm, ce que le groupe « trouvait énorme , dans [leurs] logements optimisés au maximum » 158. Alors, après discussion avec les techniciens de l’électricité de Strasbourg (ES), ils ont pu obtenir une dérogation pour réduire cette armoire (voir figure 35 page suivante). S’il est assez inhabituel que les habitants interviennent de cette façon, c’est eux qui vont avoir l’usage du bâtiment. L’analyse montre qu’il est intéressant de croiser le regard et les représentations des habitants avec le regard technique de la maîtrise d’œuvre, pour optimiser le projet, « dans une concertation collective […] avec une intelligence partagée »159 entre l’architecte et le groupe. Le suivi de chantier permet au groupe de s’approprier le projet, de commencer à s’y projeter. La rencontre entre les représentations imaginées et la réalité du terrain peut être complexe à appréhender et cette étape, longue, permet de mieux se l’approprier. « Le gros-œuvre a débuté au mois de juin et depuis le bébé grandit à vue d’œil, comme d’ailleurs les trois enfants qui participent très souvent à nos réunions. Que de souvenirs nous auront à partager. Les réunions de chantier permettent de rencontrer les ouvriers des différents corps de métier ; ils ne sont plus des étrangers pour moi. Je sais qui a monté mon mur de cuisine, par exemple. Le bâti acquiert une âme. C’est notre cathédrale à nous. Je découvre aussi la vie rude de chantier, les « coupsde-gueule » bien masculins, bien francs où chacun défend son point de vue en privilégiant les intérêts de son corps de métier pour finalement s’entendre afin de s’intégrer au projet commun. »160 Edithe, membre du collectif E-zéro Ainsi, autant le collectif E-zéro, par le témoignage de ses habitants, que le groupe Ecolkhoze (voir la figure d'analyse 35 page 54) mais aussi les groupes Making Hof, Melting Potes et Urban’hôtes ont communiqué leur présence sur le chantier. Cela leur permet à la fois de montrer leur implication dans le projet que de conserver une trace de chaque évènement, problème, décision, questionnement. L’étape du chantier est longue, mais c’est aussi un moment décisif pour le projet ainsi que pour le groupe. La façon dont les habitants s’impliquent leur permet de partager les représentations des architectes et des entreprises, et ainsi de s’approprier le projet.
156
d’après une intervention de Loïc Robine, du groupe Ecolkhoze, le 10 mai 2016 en séminaire à l’ENSAS
157
selon la NF C 15-100
158
d’après une intervention de Loïc Robine, du groupe Ecolkhoze, le 10 mai 2016 en séminaire à l’ENSAS
159
d’après un entretien du 4 novembre 2016 avec Alain Kuntzmann, responsable de l’habitat participatif à l’Eurométropole de Strasbourg
160
d’après le témoignage d’Edithe, membre du groupe E-zéro, consulté le 29 novembre 2016, disponible : <http://www.ecoquartier-strasbourg.net/> 53
III. Les reprĂŠsentations du terrain
54
Figure 35 : participation, solutions pour le projet Ecolkhoze 54
III. Les représentations du terrain
Problèmes et solutions, décisions de groupe Si les habitants ne sont pas des professionnels pour suivre le chantier, ils peuvent, à leur niveau, voir quelles sont les incohérences du chantier et y proposer des solutions. Le groupe Ecolkhoze l’a compris, comme le propose la figure 35 (page 54). En accord avec l’architecte et les entreprises, les décisions du chantier sont prises collégialement. Le média du site internet et des images qu’il propose permettent de communiquer l’avancée des travaux, pour se rassurer et faire savoir à la famille et les amis quel est le déroulé des travaux. Il est aussi un bon outil pour noter, jour après jour, les avancées, les défauts, les problèmes rencontrés. Cela en fait une sorte de témoin. Le groupe garde ainsi une trace de chaque moment, ce qui peut être utile pour transmettre et faire comprendre les difficultés aux nouveaux groupes. Ce témoin profite également à l’architecte, qui mesure la façon dont les habitants sont près à s’investir et qui adapte sa façon de travailler. Le groupe Urban’hôtes nous indique que de « partager les problèmes et les solutions » est rassurant, « heureusement qu’[ils sont] un groupe ».161 En effet, l’habitat participatif est un mode de projet complexe par la multiplicité de la maîtrise d’ouvrage notamment, mais celle-ci peut également s’avérer utile, lorsqu’il faut trouver des solutions, des ressources ou encore de la motivation durant le chantier. La collaboration entre l’architecte, les entreprises et les habitants est un moyen de faire avancer le projet d’une façon plus optimale, mais le groupe et le nombre de ses constituants permet également de varier les propositions et d’être efficace. Ca a été le cas notamment pour un « placard technique » du projet Ecolkhoze. « Celui qui marche seul, avance plus vite, mais ceux qui marchent ensemble, arrivent plus loin ».162 Au delà du fait de collaborer et de faire corréler les images des différents acteurs, proposer un projet en cumulant les forces et les intelligences permet d’aboutir à des solutions efficaces.
De nouvelles images, mentales (souvenirs) et physiques (photographies de chantier, de groupe d’habitants et des autres acteurs) se créent alors, collectivement pour le groupe de travail. L’architecte, la maîtrise d’œuvre et les entreprises sont inclus dans les représentations du projet, avec les habitants. Le chantier et ses représentations sont vecteur de cohésion.
Une mosaïque d’images comme témoin pour prendre du recul sur la construction Les projets étudiés sont souvent riches en images et dialogues, car tous les acteurs ont souhaité coopérer afin de communiquer. Les raisons sont nombreuses, qu’il s’agisse d’une volonté de partager l’expérience de l’habitat participatif dans le quartier ou bien beaucoup plus largement. Les moyens sont différents et n’ont pas les mêmes cibles, mais la volonté de débat et de communication des acteurs est la même.
Un partage entre les groupes Les projets strasbourgeois, regroupés par l’association Eco-quartier Strasbourg, ont déjà une volonté de communiquer et de partager, avant même d’avoir entamé le processus de projet. L’Eurométropole, en lien avec l’association et le CAUE ont initié un procédé d’appel à projet qui incite les groupes à mettre en commun leur expérience. « En partenariat avec la Ville de Strasbourg et le Conseil Général du Bas-Rhin, Eco-Quartier Strasbourg travaille à développer l'Habitat Participatif sous toutes ses formes, dans les milieux urbains et ruraux, afin de rendre les montages opérationnels et accessibles à tous. En collaboration avec le CAUE du Bas-Rhin, l'association œuvre à sensibiliser les professionnels de l'accompagnement des groupes de citoyens qui montent des projets. »163 Les habitants peuvent s’informer en amont, être aidés pendant la mise en place, puis partager et aider à leur tour, à la fin de leur projet. Cette façon de faire est rassurante pour les habitants, mais aussi pour l’Eurométropole et les maîtrises d’œuvre. Les recherches et l’analyse des images permettent de dire que cette manière de communiquer, « circulaire », dans le sens où les acteurs 161
d’après un entretien du 18 octobre 2016 avec Erika Cabasut, au 4 rue du Ballon à Strasbourg, dans le projet Urban’Hôtes
162
introduction, in MEYER A., Op. cit., p.3
163
Association Ecoquartier Strasbourg, Plaquette 2013, disponible en ligne sur : <http://www.ecoquartier-strasbourg.net> 55
III. Les représentations du terrain
ayant déjà saisi les enjeux, les écueils, les difficultés et les forces de l’habitat participatif proposent de partager leur expérience, leurs images et d’aider les nouvelles initiatives, est efficace. Tant pour les architectes, qui saisissent l’opportunité de travailler main dans la main avec la maîtrise d’ouvrage multiple, mais aussi pour l’Eurométropole, qui adapte ses appels à projet au fil des ans et des retours des projets. Cette communication profite aussi aux habitants, qui partagent leurs imaginaires avec les groupes des futurs projets et ceux en cours. Le travail de l’association, en lien avec le CAUE, a d’ailleurs permis de mettre en place un guide constitué de retour d’expériences des habitants ainsi que des fiches conseil : le Guide Pratique de l’Autopromotion (voir figure 13 page 26). Ce guide propose à la fois des images « générales », comme présentées dans la première partie, mais également des images et des discours provenant des différents acteurs au long des phases du projet.
Un « album de famille » pour une communication plus large S’ils participent à l’échelle régionale, et notamment via l’association Eco-quartier Strasbourg, de nombreux groupes d’habitants ont voulu partager leur aventure plus largement. Beaucoup d’entre eux ont alors mis en place une communication par internet :
-
le Baugroupe avec un compte Facebook le Collectif E-zéro avec le site http://www.collectif-e-zero.org le groupe Ecolkhoze avec le blog http://carrefourziegelau.tumblr.com le groupe Making Hof avec le blog https://lemakinghof.wordpress.com le groupe Melting Potes avec le blog http://meltingpotes.ganeshart.org le groupe Urban Hôtes avec le blog https://urbanhotes.wordpress.com
Internet permet à ces groupes d’habitants de communiquer avec leurs amis, leurs familles, d’informer chaque personne intéressée, puisque l’accès est libre. Y figurent l’état d’avancement, parfois des informations pratiques concernant la constitution du groupe, des éléments plus personnels comme la façon dont ils se sont rencontrés, les rôles qu’ils souhaitent donner à chacun. Ces sites sont aussi un bon moyen de conserver une trace, d’être un témoin, un souvenir de chaque étape de la vie du groupe. L’analyse et la mise en place des fiches de projet164 a mis en lumière ce systématisme et l’effet de mosaïque proposé. Ces témoignages imagés, comme des tranches de vie, figent les étapes du projet, comme le montre la figure d'analyse 36 (page 57). La majorité des groupes d’habitants, comme Ecolkhoze, mais aussi E-zéro, Making Hof et Melting Potes proposent des sites avec une multitude d’images, pour informer chaque jour ou chaque semaine de l’avancée du projet, de l’emménagement. Ils ont la volonté de transcrire leur vécu et leur ressenti. Ces analyses, comme le collage de ces photographies du projet Ecolkhoze 165, les unes à côté des autres, permettent de mettre en évidence le fait que le groupe fonctionne comme « une grande famille », partageant ses instants de vie.
Ces images permettent aux groupes de prendre du recul sur le projet, de mieux l’appréhender et d’en garder une trace. C’est aussi un moyen de prendre conscience de l’avancée du projet.
164
annexes 1 à 7, extrait de ces fiches
165
figure 36 page 57 mais aussi les fiches projets en annexes 1 à 7 56
III. Les reprĂŠsentations du terrain
Figure 36 : la mosaĂŻque de vie des habitants du projet Ecolkhoze 57 57
III. Les représentations du terrain
b.
Images de la transition, un espace à habiter Une fois le chantier terminé, la phase d’emménagement s’amorce. La transition entre les représentations du mouvement du chantier et le vécu dans le projet propose une étape où les acteurs prennent possession de l’espace. L’analyse des images de cet intermédiaire témoigne de l’appropriation de l’espace par ses usagers.
Le passage du collectif de construction au voisinage166 Les représentations des acteurs, jusque là imaginées, se voient à cette étape vérifiées ou infirmées. La conception architecturale est confrontée aux usages réels des habitants.
Les images du groupe en transition Les analyses sur le thème des relations sociales167 au sein des groupes proposent des images de convivialité, de partage à chaque étape du projet. L’étape d’emménagement est fugace : les groupes sont heureux de voir leur projet concrétisé, de pouvoir « entrer dans les murs », mais cela n’empêche pas les déception. L’analyse des différents projets nous montre que cette étape peut faire basculer un groupe. La collaboration entre maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre permet généralement de voir l’emménagement mener à bien, comme ça a été le cas des projet Ecolkhoze, Melting Potes, Making Hof et Urban Hôtes, qui ont tous emménagé courant 2016. Le groupe Greenobyl, lauréat de l’appel à projet de 2009 pour le terrain à la Krutenau, a quant à lui du faire face à des déconvenues lors de l’emménagement. L’analyse ne nous a pas permis de rencontrer les acteurs de ce projet, qui ne souhaitaient pas communiquer, mais nous savons que les différentes parties du projet sont en mauvais termes. Est-ce que la communication au sein du groupe est en cause ? Ou à l’inverse, est-ce que la transition s’étant mal déroulée, et les habitants devant y faire face ne souhaitent pas s’y confronter ? Il est également intéressant de voir que les images du projet Greenobyl 168 ne proposent pas de représentations des habitants, mais uniquement celles des architectes -qui prennent parti au projet avec la double casquette habitantsarchitectes. Ces images présentent des photographies orientées sur la spatialité, l’écologie par les matériaux, des représentations d’outils tels que les maquettes physiques et numériques et très peu d’images de groupes ou de personnes, de projet vécu ou habité. La transition physique, l’emménagement dans le projet participatif ne garanti pas la pérennité du groupe, aussi il est important de confronter souvent les images des membres du groupe et de proposer un nouvel équilibre social lors de ce bouleversement qu’est le déménagement. Erika nous confirme en entretien que, si « beaucoup de défis ont été relevés [pour autant] rien n’est terminé après l’emménagement »169 et c’est valable tant physiquement que moralement. En fait, « quitter son ancien logement, le stress généré par la logistique du déménagement, les finitions imparfaites de son nouveau nid, créent autant d’euphorie que de découragement face aux piles de carton à déplacer. »170
Equilibre entre individualité et collectif L’analyse des images nous a montré que des relations se sont tissées entre les habitants tout au long du projet, et que l’emménagement a pu bouleverser l’équilibre créé. Vont alors se mettre en place des réunions, des moments de vie en groupe, mais aussi des moments de vie privé, dans l’idée de respecter l’intimité de chacun. Le groupe est fort en ce qu’il propose une expérience commune tout en conservant les individualités. Le Baugroupe nous indique que le fonctionnement du projet réside aussi bien dans l’effet de groupe que dans « le respect de la vie privée, l’espace et l’identité de chacun »171. Les habitants vont également se mettre d’accord sur la façon et la fréquence à laquelle ils vont se rencontrer, implicitement ou non. Le groupe Making Hof nous indique qu’ils n’ont « pas de planning, pas d’organisation très stricte »172 mais qu’ils se retrouvent volontiers autour d’un repas, au gré des envies. A l’inverse, le groupe des Urban’hôtes se retrouve
166
PARASOTE B., Op. cit., p. 206
167
fiche thématique : social en annexe 10
168
disponible en annexe 4
169
d’après un entretien du 18 octobre 2016 avec Erika Cabasut, au 4 rue du Ballon à Strasbourg, dans le projet Urban’Hôtes
170
PARASOTE B., Op. cit., p. 204
171
d’après une intervention de Cécile Verny et Fabienne Commessie, habitantes du projet Baugroupe à Strasbourg, lors du séminaire du 3 mai 2016, ENSAS 172
d’après un entretien du 29 octobre 2016 avec Olivier Dupuis et Michel Jaehn, dans le projet Making Hof 58
III. Les représentations du terrain
de façon hebdomadaire dans la salle prévue à cet effet. Erika nous indique qu’à cette occasion, ils se sentent « plus que des voisins »173. L’équilibre « individu-groupe » est propre à chaque collectif, et on voit que ce fonctionnement perdure lorsque les représentations individuelles sont mises en commun. Le groupe et la stabilité sociale qui le gère font appel à des représentations mentales et à du vocabulaire spécifique. L’analyse nous a permis de saisir quelques éléments de compréhension qui ne sauraient expliciter toutes les subtilités qui interfèrent, notamment dans les projets cités cidessus. Pour autant, nous comprenons bien que la transition, tant spatiale que sociale, est difficile à gérer et est une étape charnière pour les projets.
Emménager, s’approprier l’espace L’analyse des représentations mentales nous a permis de saisir la transition sociale qui s’opère dans les groupes lors de l’emménagement. Les recherches nous montrent un grand nombre d’images traitant de spatialité, et les images des espaces de la transition vont nous permettre de comprendre si la conception est en corrélation avec les usages réels des habitants.
Les espaces communs, images de conformité du projet aux attentes du groupe Dès l’emménagement, le groupe prend possession de son « projet de vie », afin de le faire sien très rapidement. En général, l’idée du projet existe depuis très longtemps -plusieurs années- et il faut faire concorder idée et réalité en très peu de temps. Comment les envies, les valeurs, les représentations du groupe prennent alors corps dans le projet ? Les appels à projet de 2009 et 2012 de l’Eurométropole nous permettent d’avoir un peu de recul, et ainsi de se faire une idée de la façon dont les groupes ont pu s’approprier leur projet. Les usages de lieux vont en permettre l’appropriation, mais proposent aussi de venir confirmer les volontés du groupe. Ainsi, nous comprenons la façon dont le groupe va se fédérer autour d’une salle commune, ou bien dont la volonté de respect de l’environnement se réalise par l’utilisation du local à vélos. Par exemple, le groupe Urban’hôtes possède un très grand local à vélos sur la rue Saint Urbain, puisque la quasi totalité du groupe se déplace ainsi. C’est également le cas du groupe Ecolkhoze et du groupe Making Hof, où la place de ces locaux est centrale. Nous pouvons voir que ces lieux sont à la fois utiles et pratiques, mais également un lieu de rencontres, puisque les membres s’y croisent et y échangent quelques mots, presque quotidiennement. La figure d’analyse 37 page 60 nous confirme ceci. En effet, le local à vélo du projet Ecolkhoze (image 1) est supposé être un lieu utilitaire, de stockage des vélos et poussettes. Dans la réalité des usages, il est aussi un lieu de passage et de rencontres (image 2), puisqu’il mène directement vers l’extérieur depuis la desserte commune. D’autre part, on voit que les espaces prévus pour servir en commun, comme la grande terrasse du projet Ecolkhoze (image 3) ainsi que le jardin du projet Melting Potes (images 5 et 6) sont de réels lieux de partage, de rencontre et de convivialité (images 4 et 7). La conception architecturale est en correspondance avec les usages prévus. Certains projets proposent des salles communes, qui sont utilisées selon les envies et les possibilités des habitants. Certains groupes, comme nous l’avons vu plus tôt, se retrouvent très régulièrement, selon un planning, quand d’autres se rassemblent plus irrégulièrement, « au feeling »174. L’utilisation de cette salle peut alors être très variée, pour des anniversaires, des fêtes, avec ou sans les membres du groupe, pour des repas à partager tous ensemble ou pour des réunions plus formelles pour gérer la logistique du projet. Tous ces usages trouvent un sens selon les membres du groupe, la période de l’année et les besoins collectifs. Dans certains cas, les représentations projetées par les habitants et les représentations conceptuelles de la maitrise d’œuvre ont du mal à concorder. L’analyse du projet Ecoterra, qui propose une buanderie commune, le confirme, car il ne parvient pas à la faire exister. En effet, après avoir étudié et visité le projet, le constat est que chaque foyer possède sa propre machine à laver le linge175. Est-ce que l’idée ne convenait finalement pas aux désirs des habitants ? Ou bien n’ont ils pas réussi à superposer leur idéal avec la réalité ? La conception n’était-elle pas en correspondance avec l’imaginaire du groupe d’habitants ? Ce manque de correspondance vent-il 173
d’après un entretien du 18 octobre 2016 avec Erika Cabasut, au 4 rue du Ballon à Strasbourg, dans le projet Urban’Hôtes
174
d’après un entretien du 29 octobre 2016 avec Olivier Dupuis et Michel Jaehn, dans le projet Making Hof
175
d’après un exposé sur le projet Ecoterra, en séminaire « Habitat et urbanité : l'habitat participatif » en 2015-2016 59
III. Les reprĂŠsentations du terrain
60
Figure 37 : lâ&#x20AC;&#x2122;appropriation des espaces communs 60
III. Les représentations du terrain
du au fait que ce projet est proposé par un bailleur, et que les habitants soient moins investi que dans un projet en autopromotion ? D’une façon générale, l’analyse montre que les images de la transition physique permettent de saisir la correspondance -ou non- des représentations mentales du concepteur et de la maîtrise d’ouvrage.
Les représentations des espaces intimes Les images des espaces de vie personnels sont beaucoup moins nombreuses. En effet, lorsque l’on touche à la sphère plus privée, les confidences et les représentations graphiques sont moins évidentes à partager. Pour autant, nous avons pu en obtenir quelques unes, qui nous permettent de comprendre comment les habitants s’approprient le projet, et notamment leurs espaces de vie quotidienne, individuels. « La diversité architecturale des habitats groupés est aussi importante que le nombre de projets rencontrés. » 176 Aussi bien qu’il existe de la diversité dans les types d’architecture, on rencontre de la diversité dans l’appropriation des espaces. Chaque famille a ses habitudes et sa façon de concevoir son logement, de l’habiter et d’y vivre. L’analyse et les entretiens montrent que certains logements vont sembler accueillant et inviter à entrer, par la façon dont la porte reste ouverte en permanence, ou un petit mot indique la bienvenue, comme c’est le cas du logement d’Olivier Dupuis du projet Making Hof. A l’inverse, d’autres vont paraître plus intimistes, mettant à distance le passant par une coursive, des obstacles, un banc extérieur. C’est une façon de marquer la limite entre le personnel et le collectif. L’ habitude du lieu peut aussi être marquée par la façon dont l’espace du logement est occupé. Dans le projet Making Hof, par exemple, les logements sont tous très différents, car chaque famille s’est approprié son logement en terminant elle-même les finitions. Ainsi, le logement d’Olivier177 est très coloré, les décorations et bibelots y est relativement nombreux et la configuration spatiale est très différente de ses voisins. Nous retrouvons une décoration beaucoup plus épurée chez Michel, avec des couleurs relativement pâles et neutres178. L’entrée d’Erika 179 est marquée par un petit banc ainsi qu’un grand porte manteau, invitant à enlever ses chaussures et sa veste. Ces situations sont extraites d’entretiens durant lesquels les habitants n’ont pas souhaité que l’on photographie les lieux. Ce refus indique le caractère intime et personnel que revêtent ces intérieurs. Chaque membre des projets, bien qu’appartenant à un collectif, conserve sa façon de vivre l’espace, d’une façon qui lui est propre. La figure d’analyse 38 (page 62) montre que l’ont peut avoir conçu son logement de façon exactement identique, comme Delphine et Loïc (image 1) et Anne et Cédric (image 2) du projet Ecolkhoze, et pour autant avoir un intérieur très différent. Les images 3 et 4 sont issues du projet Melting Potes. Lorsqu’au cours du séminaire 180, un exposé avait été proposé sur ce projet, le groupe d’habitants avait souhaité transmettre lui-même des photographies de leur logement, « pour pouvoir ranger avant ». Cette figure d’analyse montre, au travers des quatre images, que les groupes souhaitent maîtriser les représentations personnelles de leur logement, en transmettant leurs propres visuels.
Dès l’instant où ils s’investissent physiquement leur projet, les habitants sont impliqués, ils deviennent « acteurs à part entière et maître d’usage » 181 de leur projet. L’analyse de la phase de transition entre le chantier et la pratique du projet nous montre que l’appropriation des lieux privés et communs est à la fois physique, par leurs effets personnels, mais aussi mentale, par leurs usages quotidiens. « L’espace vécu, c’est l’espace des pratiques quotidiennes comme espace de vie ainsi que l’espace des interrelations sociales en tant qu’objets de la perception et de la représentation mentale qu’un groupe puisse se construire ».182 Globalement, les images de la transition traduisent la plupart du temps une corrélation entre les représentations de l’architecte et celles des groupes. Bien que proposant des espaces de partage, l’habitat participatif repose en grande partie sur la volonté individuelle de mutualiser des espaces.
176
LA GRANGE C., Habitat groupé, écologie, participation, convivialité, éd. Terre vivante, Belgique, 2008
177
repérages des logements lors d’un d’après un entretien du 29 octobre 2016 avec Olivier Dupuis et Michel Jaehn, dans le projet Making Hof
178
ibidem
179
d’après un entretien du 18 octobre 2016 avec Erika Cabasut, au 4 rue du Ballon à Strasbourg, dans le projet Urban’Hôtes
180
« Habitat et urbanité : l'habitat participatif », co-enseigné par Volker Ziegler et JM Biry, à l’ENSAS, en 2015-2016
181
ibidem
182
d’après FROMENT A., La région, espace vécu, Champs Essais, Paris, 1976 61
III. Les représentations du terrain
62
Figure 38 : l’appropriation des espaces privés 62
III. Les représentations du terrain
c.
Représentations émergentes de la pratique Désormais, le projet est en place et la vie en son sein démarre. L’analyse des images et représentations de la pratique témoigne du recul pris par les acteurs vis à vis des projets.
Le défi de vivre ensemble Le projet, n’est plus seulement « un projet architectural mais un projet de vie, un projet de vivre ensemble » 183. Dans l’idée de faire perdurer le projet, le défi pour les acteurs-habitants est désormais de se créer de nouvelles représentations en commun sur le long cours.
Les images du groupe au quotidien L’analyse des discours et des représentations tend à montrer que les habitants ont pris du recul et appris de leur expérience de l’habitat participatif. Par exemple, Erika, membre des Urban’hôtes, confie que « rien n’est terminé après l’emménagement » 184. Cela sous entend le fait que, non seulement des travaux restent à faire, mais également que le groupe ne peut vivre sans implication de chacun de ses membres. En effet, pour que le projet perdure, l’analyse des discours 185 nous apprend que les relations du groupe sont précieuses et qu’elles se maintiennent, notamment par l’organisation de réunions régulières. Elles permettent à la fois de voir des aspects techniques du projet, pour en assurer la maintenance et le bon fonctionnement, mais aussi d’entretenir les liens du groupe et de le faire tenir dans la durée. En effet, Erika nous confie que s’ils sont « plus que des voisins » ce n’est pas « tout à fait comme une famille non plus. » Mais ils se connaissent « tous très bien. Et de cette façon, les enfants se sentent sécurisés »186, car ils ont toujours à proximité un adulte qu’ils connaissent. Contrairement à un immeuble collectif où l’on ne connait pas toujours ses voisins, ici, ils s’appellent par leur prénom et peuvent demander un service ou de l’aide à chacun187. Cette vie commune est sécurisante pour tous ses membres. Un autre exemple est celui du projet Eco-logis. Installé depuis 2010 dans un projet lancé en 2004, leur groupe est à Strasbourg celui qui possède la plus longue expérience de vie en commun. « La dynamique du groupe après 6 années dans l'immeuble se transforme et s'assagit progressivement. [Il existe désormais] moins de projets collectifs, mais une grande solidarité [perdure] au quotidien entre les habitants de l'immeuble. Des conflits […] existent et nécessitent une vigilance pour ne pas arrêter les bonnes volontés. »188 L’ancienneté du projet donne « de la force au discours, par retour d’expériences [et] cela permets/oblige à témoigner beaucoup ».189 L’intérêt de ces témoignages est de proposer une vision des représentations du groupe, afin de percevoir comment et pourquoi le projet perdure. Tous les acteurs peuvent alors profiter de ces discours de projets aboutis. En effet, l’Eurométropole « cite le projet dans sa communication officielle »190 et de « nombreuses visites officielles (groupes de professionnels, d'élus, d’habitants) » ont lieu sur le site du projet Eco-logis, même si les sollicitations ont « un peu diminué […] depuis que de nouveaux projets sont maintenant habités (5 ou 6 immeubles) à Strasbourg […] mais il en reste encore plusieurs par an ».
Des représentations spatiales en évolution Les lieux évoluent et se modulent dans le temps de la pratique du projet. En effet, les images et discours des acteurs nous indiquent que la conception du projet permet la métamorphose de certains espaces pour s’ajuster aux besoins et envie des groupes. Les représentations du concepteur et des habitants, mises en commun lors de la phase de création, ont donné lieu à un imaginaire commun du projet. Or, comme nous avons pu le voir, cette imaginaire se voit réalisé lors du chantier, pour créer de nouvelles images. La corrélation entre les représentations créées au stade de conception et la réalité du projet peut ne pas être évidente. Ici, l’analyse des images des projets nous montrent dans quelle mesure la réalité s’approche de l’imaginaire du projet. 183
DIEUDONNE B., Op. cit., p. 217
184
d’après un entretien du 18 octobre 2016 avec Erika Cabasut, au 4 rue du Ballon à Strasbourg, dans le projet Urban’Hôtes
185
voir annexe 11
186
d’après un entretien du 18 octobre 2016 avec Erika Cabasut, au 4 rue du Ballon à Strasbourg, dans le projet Urban’Hôtes
187
ibidem
188
d’après un échange de mails entre le 13 et le 29 octobre 2016 avec François Desrues, membre du projet Eco-logis
189
ibidem
190
ibid. 63
III. Les représentations du terrain
Figure 39 : l’évolution des représentations spatiales communes 64
64
III. Les représentations du terrain
La figure d’analyse 39 (page 64) nous propose de comprendre cette concordance dans le projet Eco-logis. L’image de synthèse qui présente le projet en amont propose des espaces, des notions d’écologie (comme nous l’avons vu plus tôt dans cette analyse, présence du vert, des matériaux tels que le bois, etc). La corrélation avec la réalité du terrain se fait en ce que la végétation existe, mais de manière plus naturelle. D’autre part, les espaces, voués à une utilisation « précise » se voient prendre des libertés dans les usages réels. On peut voir le jardin transformé en espace de partage de jardins potagers, ou encore les coursives être un « lieu de maintenance » de la descente d’eaux. Les coursives du projet Eco-logis « sont un élément primordial de la vie du groupe, forum d’échange et de débats improvisés »191. Si elles servent sur cette image d’ « espace de maintenance », beaucoup d’image proposent ce lieu comme un espace de rencontre, de convivialité. Le but premier des coursive est de desservir les logements. L’analyse nous montre ici que l’usage réel et la fonction peuvent se différencier, lors de l’arrivée dans les lieux. Il en est de même pour les espaces privés. En effet, la figure d’analyse 40 (ci-dessous) nous montre dans le projet Making Hof, les terrasses extérieures, au Sud, qui sont les unes à côté des autres. Le projet conçu par Patrick Texier propose des appartements accolés, dont les salons sont prolongés par des terrasses. Celles-ci sont délimitées horizontalement par un plancher et verticalement par des brises-vue, permettant de créer une certaine intimité (image1). Pourtant « certains ont choisis de mettre des brise-vue, créant des terrasses plus intimes, d’autres non »192, comme nous l’explique Olivier Dupuis. Ces espaces extérieurs sont censés être d’ordre privés, pourtant, dans la réalité, certains voisins ont décidé de conserver du lien avec leurs voisins et d’en faire des espaces semi-privatifs (voir image 2). Ces exemples nous montrent un échantillon de la façon dont les images mentales et physiques peuvent se retrouver -ou non- dans la réalité.
Figure 40 : l’évolution des représentations spatiales privées
Retour d’expériences 191
PARASOTE B., Op. cit., p. 222
192
d’après un entretien du 29 octobre 2016 avec Olivier Dupuis et Michel Jaehn, dans le projet Making Hof 65
III. Les représentations du terrain
L’analyse des représentations mentales nous nous a permis de comprendre la corrélation entre les images projetées et les images réelles de la pratique du projet. Le corpus étant constitué de projets relativement nouveaux, les représentations graphiques mettant en scène la vie des groupes dans les projets sont peu nombreuses. Nous proposons alors d’analyser les quelques discours et retour d’expérience basé sur la vie dans le projet.
Représentations des habitants La figure 41 (page 67) nous indique que les habitants, dans les deux premiers discours, font un constat sur l’habitat participatif qui nous permet de saisir une sorte de hiérarchie dans ce type d’habitat. Bien que nous ayons vu que l’habitat participatif est un moyen de concevoir du logement qui fait intervenir toute sorte de valeurs (écologie, économie, spatialité, mutualisation, liens sociaux, construction durable, non spéculation, etc.), les témoignages semblent dire que l’aventure humaine est un moteur pour ces projets. En croisant ces témoignages avec les ressentis des autres habitants que nous avons pu rencontrer lors de l’analyse193, il apparait que malgré les difficultés de ce type de projets, l’histoire commune rassure et permet aux habitants de ire qu’ils ont « désormais une autre façon de vivre, qui [leur] ressemble plus »194.
Représentations des concepteurs La figure 41 (page 67) propose également le témoignage d’un architecte. La dimension technique et les relations humaines sont mises en avant. Encore une fois, ce discours, mis en relation avec le vocabulaire utilisé par les autres architectes 195 propose un retour sur la dimension sociale, humaine de ces projets. L’interaction entre le concepteur et les habitants est relativement inhabituelle et propre à ce type de projets. Benjamin Dubreu nous confie qu’il « entretiens désormais de bonnes relation avec la maîtrise d’ouvrage, [ils se] rencontrent d’ailleurs régulièrement […] Et notamment autours d’un barbecue sur la terrasse commune »196.
Globalement, si les valeurs de l’habitat participatif sont très liées, l’idée générale qui ressort de l’analyse de ces discours est que les acteurs semblent d’accord pour affirmer que, bien que ce projets soient complexes, longs et parfois plus coûteux, le « développement du capital humain et social »197 est mis en première ligne dans ces projets.
193
voir annexe 11
194
d’après un entretien du 18 octobre 2016 avec Erika Cabasut, au 4 rue du Ballon à Strasbourg, dans le projet Urban’Hôtes
195
voir annexe 11, les discours de Benjamin Dubreu, Bruno Parasote, Patrick Texier notamment
196
d’après un entretien du 11 avril 2016 avec Benjamin Dubreu à l’agence d’architecture Ballast
197
intervention des membres du collectif Dolce Citta, conférence participative du 26 avril 2016 66
III. Les reprĂŠsentations du terrain
Figure 41 : les discours de la pratique 67
67
III. Les représentations du terrain
Conclusion 3 : apprendre des autres et apprendre aux autres Les représentations du terrain, allant du chantier jusqu’à la pratique et le vécu du projet, proposent des images mentales et physiques très variées. En effet, l’analyse propose des compositions d’images précises, présentant un instant T, aussi bien que des compositions en mosaïque, présentant la vie, très mouvementé des groupes. Cette étape du projet, très concrète, présente les représentations des différents acteurs et la façon dont elles ont pu évoluer au fil de la temporalité du projet. La transmission s’opère entre les groupes, via l’association Eco-quartier Strasbourg notamment, et nous comprenons que la volonté de faire perdurer et d’agir en intermédiaire est présente, réelle chez tous les acteurs des projets. L’idée que l’on apprend des autres et que nous pouvons ensuite apprendre aux autres est très présente dans cette étape de projet, et va suivre les habitants pour longtemps. Nous comprenons grâce à la figure d'analyse 40 ci-dessous, proposant le vocabulaire fréquemment utilisé, et faisant émerger en transparence, au centre, le grand thème sous tendu dans cette phase, que les représentations sont variées. Elles traduisent l’investissement des acteurs, leur volonté de partage, les moments de convivialité mais aussi les désillusions auxquelles ils ont pu faire face. A partir de cette phase, on entrevoit la façon dont les représentations ont pu évoluer depuis les étapes de conception.
Figure 42 : nuage de mots du vocabulaire utilisé pendant le chantier et la pratique du projet source : auteur
68
Conclusion : Quel sens pour les représentations de l’habitat participatif à Strasbourg ? A travers ce mémoire, nous avons cherché à comprendre comment les représentations graphiques et mentales peuvent nous informer sur l’habitat participatif, et quel sens elles ont. L’objectif est de comprendre les spécificités de l’habitat participatif et son intérêt à travers le filtre des images. Si « une image vaut mille mots »198, c’est qu’elle est un moyen très fort de faire passer des idées et de communiquer, elle permet d’apporter des nuances, et peut être interprétée différemment selon la personne qui la perçoit. D’autant plus que l’image et la représentation renvoient aussi bien à une figuration physique en version papier ou numérique qu’à une idée, mentale, telle un concept de projet. Elles sont des outils fondamentaux dans la formation d’un architecte, aussi il est important de les maîtriser et de les comprendre. Ce travail de recherche fait transparaître que derrière des images simples, nous pouvons comprendre beaucoup de choses sur un projet, un groupe et leur façon de vivre. L’analyse montre que les représentations mentales et physiques peuvent nous apporter des savoirs et des savoirfaire dans notre pratique architecturale, en ce qu’elles sont des outils qui permettent de faire avancer le projet dans son processus, mais également de le faire perdurer, en ce qu’elles peuvent figer un instant pour toujours.
Dans un premier temps, lors de cette analyse, nous avons démontré comment les représentations jouent un rôle primordial, car elles permettent la transmission des notions de base de l’habitat participatif. Les images « générales » permettent de saisir les enjeux, les acteurs et les différentes manières de faire ce type de projet. Véritable outil multifonctions, l’image est très riche de sens. Elle invite au dialogue, mais permet également de comprendre des notions complexes, elle peut séduire et dispose de techniques de mise en œuvre très variées. Si elle est virtuelle, elle peut avoir figé un moment mais peut également tronquer la réalité selon l’angle de vue, la façon de la proposer ou de l’interpréter. L’hypothèse émise au départ est que ce type de projets véhicule un imaginaire un peu idéalisée, dans une idée qu’ils rapprochent les individus et « donnent le sentiment d’appartenir finalement à une même vaste famille » 199. Le propos se vérifie dans certains cas, lorsqu’un acteur cherche à « vendre » l’habitat participatif par exemple, le présentant comme un type de projet exemplaire, entre social et écologie, mais sans en faire réellement : certains bailleurs se servent de ce terme pour faire "vendre" de l’habitat participatif sans faire participer les habitants au projet. Pour autant, ce propos reste à nuancer, car comme nous l'avons vu, bien qu’utilisé de façon commerciale par certains bailleurs, l’habitat participatif est en constante évolution, et notamment pour les projets en accession et locatif social. Ainsi, la participation des habitants accédants sociaux devrait se faire progressivement, avec l’appel à projet en cours et les suivants. La crédibilité des groupes est aussi mise en lumière à cette étape. Le statut des différents acteurs laisse penser que les capacités d’expertise en architecture sont garantes de la bonne réussite des projets, lorsque les habitants sont ingénieurs ou architectes par exemple. Globalement, les différents acteurs participent à transmettre ces représentations et entretiennent l’imaginaire de l’habitat participatif strasbourgeois, notamment l’Eurométropole. Son rôle est primordial et elle propose, au travers des images et discours qu’elle entretient, d’apprendre et d’accroître l’habitat participatif en Alsace. Ensuite, l'analyse a montré que dès lors que les groupes se forment et que les projets commencent à être ébauchés, les représentations personnelles des différents acteurs entrent en jeu. Les images peuvent être très différentes, selon le milieu social, la volonté, les possibilités et les intérêts propres à chaque acteur. Dans l’ensemble, les valeurs de l’habitat participatif se recoupent, et bien que les projets soient personnels, nous retrouvons des similitudes, déjà esquissées dans la première phase. C’est aussi à cette étape que les incompréhensions peuvent naître, puisque les représentations de chaque individu se confrontent, ainsi qu’avec la réalité du terrain. En effet, des exemples très variés se sont confrontés dans cette étape, notamment ceux des groupes Ecolkhoze et
198 CONFUCIUS 199
PARASOTE B., Op. cit., p. 18
Conclusion
Baugroupe. Le premier a plutôt bien réussi la transition entre l’imaginaire du groupe et la mise en forme projectuelle de ces représentations, et l’autre, malheureusement, reste en suspens quant à la mise en œuvre de son projet. La maîtrise d’ouvrage est constituée d’architectes-habitants, n’ayant pas souhaité recourir à un assistant à maîtrise d’ouvrage -comme préconisé par l’Eurométropole- aussi la mise en corrélation de l’imaginaire commun avec la conception du projet n’est pas évidente. Cet exemple nous montre que la crédibilité du groupe (ici la crédibilité du Baugroupe est grande, étant donné les capacités d’expertise et réflexives du groupe) n’est pas toujours garante du succès du projet. L’image semble, durant cette phase, être intéressante quant à la communication, à la fois entre les membres du groupe de travail et avec l'extérieur : la ville, le quartier, etc. Cet outil permet aussi de vérifier l’adéquation entre l’imaginaire des acteurs et les possibilités réelles du projet. Enfin, l’analyse nous a montré qu’à la phase de conception, lorsque le bâtiment « sort de terre », les images, qui n’étaient jusqu’à présent que mentales ou couchées sur papier, prennent corps. C’est un moment où la confrontation entre les imaginaires et la réalité peut être complexe. Cette réalité peut provoquer des désillusions, ou au contraire être moteur pour faire perdurer le projet. C’est également à cette étape que les groupes ont envie de promouvoir et partager l’habitat participatif, en s’engageant dans des associations, permettant ainsi à d’autres personnes de voir et saisir leurs représentations. Cette phase peut aussi permettre de percevoir comment les images de départ ont muté et se sont transformées, avec le temps et l’expérience du projet. L’analyse de cette phase nous a permis de voir que dans la majorité des cas, la conception architecturale est en correspondance avec les usages prévus. On constate que dans les exemples des projets Urban’hôtes et Melting Potes, les images mentales et réelles sont en correspondance et montrent que les locaux utilitaires (local à vélo, poussette, abris de jardin) servent pour ces usages prévus dès le départ, quand les espaces communs (terrasses, salles communes, jardins) servent de lieu de rencontre, de partage, en étant parfois redéfinis de façon minime (le jardin devient potager, la terrasse est couverte en partie, la salle commune sert de temps en temps pour des réunions privées, etc). Dans ces cas là, on peut dire que les images et représentations des architectes sont en correspondance avec celles des habitants. D’autre part, cette partie nous a permis de percevoir que les représentations sont souvent maîtrisées. Peu d’images émanent des intérieurs des projets, leur sphère intime est volontairement préservée. Par exemple, le groupe Melting Potes a souhaité transmettre lui-même ses photographies, pour pouvoir ranger les espaces de vie. Nous pouvons dire que le lieu privé est transmis de façon « positive », très filtrée et maîtrisée. A l’inverse, les images des lieux communs et des moments de convivialité sont très nombreux, émanant de tous les acteurs. Les représentations sont plus naturelles, comme des photographies prises sur le vif, par exemple celles des groupes Making Hof ou Ecolkhoze, en plein apéritif200. L’idée ici est plutôt de transmettre une atmosphère et des liens unissant les différents acteurs. Enfin, on suppose pouvoir dire qu’à cette phase, les propos recueillis lors des entretiens témoignent d’un certain recul, d’une certaine prise de distance de la part des acteurs, vis à vis des projets. Les images ont alors pour vocation d’être plus vraies, de montrer l’approche de projet, le bagage acquis, sans trop idéaliser la démarche, comme ça a pu être le cas durant les phases précédentes.
Globalement, cette étude nous permet de comprendre que les images sont un outil précieux, tant pour l’architecte dans sa pratique, comme un savoir-faire utile, que pour les habitants et l’Eurométropole. Au final, chaque acteur trouve un moyen de l’utiliser qui lui est favorable et dans l’ensemble, cette communication et ses outils profitent grandement au projet. La conclusion que nous pouvons apporter au sens donné par les images des projets participatifs est qu’elles présentent une certaine hiérarchie. Il semble évident que, bien qu’elles évoluent au fil des étapes du projet, l’idée d’aventure humaine, du « projet qui profite au groupe » 201 et du développement d’ « un capital humain et social plutôt qu’immobilier » 202 est le principe fort qui ressort des images et représentations des acteurs de l’habitat participatif.
200
voir annexes 3 et 5
201
d’après une intervention des membres du collectif Dolce Citta, conférence participative du 26 avril 2016
202
idem 70
Conclusion
La figure 43 (ci-dessous203) permet un aperçu des notions transmises par les images et les discours des différents acteurs, selon les phases du projet. Elle est un condensé des figures d’analyses 15, 33 et 42 qui concluent chaque partie. Elle permet de comprendre comment le vocabulaire et les représentations peuvent se présenter communément dans les différentes phases ou non. La figure 44 analyse les thèmes, le champs lexical auxquels ces termes se rapportent, selon les phases ou aux intersections de celles-ci. Elle permet aussi de comprendre comment l’habitat participatif et son fonctionnement proposent un cycle. Il est propre à ce type d’habitat en ce que les images peuvent être réutilisées constamment selon les phases. Par exemple, le groupe Eco-logis, lancé en 2004 et terminé en 2010, a servi de témoin dans le Guide pratique de l’autopromotion204, lequel a aidé les groupes des appels à projets de 2009 et 2012 qui se terminent actuellement. Et ce sont désormais eux qui témoignent lors des réunions de l’association Eco-quartier Strasbourg, permettant à de nouveaux groupes de se lancer dans l’aventure de l’habitat participatif, notamment par le biais du 3ème appel à projet, lancé courant 2015.
Figure 43 : nuage de mots du vocabulaire et des idées transmises par les images et les discours selon les étapes de projet source : auteur
Figure 44 : nuage de mots du vocabulaire des thèmes sous-tendus par les images et les discours selon les étapes de projet source : auteur
Pour conclure, nous pouvons dire que chaque projet est unique. La solution idéale de faire de l’habitat participatif n’existe pas, aussi bien que les modes de représentation apportent tous des éclairages différents et intéressants. « La co-réalisation entre tous les acteurs si elle arrive à exister, ce qui est rare » 205, ainsi que la multiplication des représentations, sont une bonne façon de communiquer, de procéder dans le projet et permettent souvent de parer à des déceptions. Cette analyse temporelle met en lumière la spécificité de l’habitat participatif : le cycle de projet se renouvelle infiniment (voir figure 44). La participation, dans l’Eurométropole, ne s’arrête pas au projet du groupe, mais perdure, grâce aux acteurs institutionnels et aux bonnes volontés des habitants et architectes, permettant d’alimenter continuellement l’imaginaire de ces projets strasbourgeois.
203
disponible en pleine page en annexe 17
204
DIEUDONNE B., Op. cit.
205
d’après un entretien du 17 mai 2016 avec Volker Ziegler, architecte et urbaniste, responsable du séminaire « Habitat et urbanité : l’habitat participatif » à l’ENSAS 71
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Sources : entretiens et interventions206 BIRY Jean Marc, directeur général du CAUE 67, et enseignant en séminaire « Habitat et urbanité : l'habitat participatif » à l’ENSAS, le 10 mai 2016 à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg BONIN Cédric et ROBINE Loïc, habitants du projet Ecolkhoze et membre de l’association Eco-Quartier Strasbourg, le 14 mars 2016 sur le projet Ecolkhoze à Strasbourg CABASUT Erika, habitante du projet Urban’hôtes, le 18 octobre 2016 sur le projet Urban’Hôtes à Strasbourg COMMESSIE Fabienne et VERNY Cécile, habitantes du projet Baugroupe à Strasbourg, le 3 mai 2016, en séminaire à l’ENSA Strasbourg DEMIARD Mireille et PARRET Marie, membres du projet Dolce Citta, le 26 avril 2016 lors d’une conférence participative à Strasbourg DUBREU Benjamin, architecte du projet Ecolkhoze, le 11 avril 2016 à l’agence Ballast architecte à Strasbourg DUPUIS Olivier et JAEHN Michel, habitants du projet Making Hof et membre de l’association Eco-Quartier Strasbourg, le 29 octobre 2016 sur le projet Making Hof à Cronenbourg KUNTZMANN Alain, responsable des projets d’habitat participatif à l’Eurométropole, 14 octobre 2016 et le 4 novembre 2016 à l’Eurométropole de Strasbourg MARX Emmanuel, président de l’association Eco-quartier Strasbourg, le 26 avril 2016 lors d’une conférence participative à Strasbourg NEIDLINGER Dominik, architecte et habitant du projet séminaire à l’ENSA Strasbourg
Baugroupe à Strasbourg, le 3 mai 2016, en
ROBINE Loïc, habitant du projet Ecolkhoze et membre de l’association Eco-Quartier Strasbourg, le 10 mai 2016 en séminaire à l’ENSA Strasbourg SUSS Patrick, représentant de l'association d'insertion Habitat et Humanisme, bailleur social du projet Making Hof, le 14 octobre à son domicile, Strasbourg ZIEGLER Volker, architecte, urbaniste et enseignant en séminaire « Habitat et urbanité : l'habitat participatif » à l’ENSAS, le 10 mai 2016 à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg
206
l’ensemble des notes d’entretiens et des interventions se trouvent en annexe 11 76
Table des illustrations Figure 1 : Engagement des acteurs institutionnels, l’Eurométropole
13
source : site internet de l’Eurométropole, disponible sur : <http://www.strasbourg.eu>
Figure 2 : Acteurs et liens
13
source : composition et texte de l’auteur adaptation de DIEUDONNE B., Guide pratique de l’autopromotion
Figure 3 : Les autopromoteurs, acteurs de la construction de leur projet
13
source : Créditas, disponible sur : <http://www.creditas.fr>
Figure 4 : Cartographie présentant les projets d’habitat participatif à Strasbourg
14
source : site internet de l’association Eco-quartier Strasbourg, disponible sur : <http://www.ecoquartier-strasbourg.net>
Figure 5 : L’autopromotion
16
source : CAUE 68, disponible dans la présentation de BIRY JM., Habitat participatif, définitions et méthodologies
Figure 6 : Valeurs portées par l’habitat coopératif
16
source : Habicoop, disponible sur : <http://www.habicoop.fr>
Figure 7 : L’habitat groupé
16
source : Lobo et Mie, disponible dans l’ouvrage de PARASOTE B., Autopromotion, habitat groupé, écologie et liens sociaux : comment construire collectivement un immeuble en ville ?
Figure 8 : Concept fédérateur de l’habitat participatif
17
source : BIRY JM., Habitat participatif, définitions et méthodologies, Journées rencontres et échanges , CAUE Meurthe et Moselle
Figure 9 : Valeurs de l’habitat participatif
19
source : AERA, disponible sur : <http://www.accession-participative.fr>
Figure 10 : Diagramme présentant les enjeux et valeurs de l’habitat participatif
19
source : EVRARD A-L., Le livre blanc de l’habitat participatif, Eco-quartier Strasbourg, 2011
Figure 11 : Tableau « degré des expérimentations »
21
source : DEVAUX C. L’habitat participatif : de l’émergence d’une initiative habitante à son intégration dans l’action publique, (sous la direction de J-C Driant), Université de Paris Est Créteil, 2013
Figure 12 : Imaginer avec d’autres, se poser les bonnes questions
21
source : AERA, Dossier de presse « Habitat participatif en accession sociale », Toulouse, 2016
Figure 13 : Les associations régionales liées à l’habitat participatif en France
24
source : DEVAUX C. L’habitat participatif : de l’émergence d’une initiative habitante à son intégration dans l’action publique, (sous la direction de J-C Driant), Université de Paris Est Créteil, 2013
Figure 14 : Guide pratique de l’autopromotion
25
source : DIEUDONNE B., Guide pratique de l’autopromotion, éd. CAUE du Bas-Rhin, Association Eco-quartier Strasbourg, 2014
Figure 15 : Nuage de mots du vocabulaire utilisé en amont du projet
26
source : composition, travail de l’image par l’auteur, vocabulaire d’après les entretiens
Figure 16 : Cartographie de la localisation des projets d’habitat participatif sur l’agglomération strasbourgeoise (2014)
28
sources : site internet de l’Eurométropole, disponible sur : <http://www.strasbourg.eu>
Figure 17 : Valeurs et recrutement du groupe
30
sources : composition et texte par l’auteur image 1 à 3 : Groupe d’autopromotion Melting Potes, disponible sur : <http://meltingpotes.ganeshart.org>
Figure 18 : Analyse des fiches réalisées pour chaque projet source : auteur, d’après analyse des projets
34
Table des illustrations
Figure 19 : Omniprésence de la couleur verte dans les images
34
source : image de base : projet Eco-logis, disponible sur le site de l’architecte : <http://www.giesarchitekten.de> puis travail sur l’image par l’auteur
Figure 20 : Valeur transmise, écologie
36
source : composition et texte de l’auteur images 1 à 4 de base : projet Eco-logis, disponible sur le site de l’architecte : <http://www.giesarchitekten.de> puis travail sur l’image par l’auteur
Figure 21 : Comprendre la traduction de l’espace : représentation en plans
37
source : composition de l’auteur
Figure 22 : Comprendre la traduction de l’espace : représentation de synthèse/3D
37
source : composition de l’auteur
Figure 23 : Comprendre la traduction de l’espace : représentation photographique
37
source : composition de l’auteur
Figure 24 : Valeur transmise, spatialité
38
source : composition, travail de l’image et texte de l’auteur image de base : projet Ecolkhoze, disponible sur le site de l’architecte : <http://www.ballast.archi> puis travail sur l’image par l’auteur
Figure 25 : Valeur transmise, spatialité 2
39
source : composition, travail de l’image et texte de l’auteur image de base : projet Melting Potes, disponible sur le site de l’architecte : <http://www.architecte-thomas.fr> puis travail sur l’image par l’auteur
Figure 26 : Utilisation de la représentation en groupes, photos et montages
40
source : composition et texte de l’auteur
Figure 27 : La dimension sociale, le groupe Ecolkhoze visite le chantier
40
source : composition et travail de l’image par l’auteur disponible sur : <http://carrefourziegelau.tumblr.com>
Figure 28 : La dimension sociale, image de synthèse présentant le projet Melting Potes
40
source : composition et travail de l’image par l’auteur projet Melting Potes, disponible sur le site de l’architecte : <http://www.architecte-thomas.fr>
Figure 29 : Valeur transmise, social
41
source : composition, travail de l’image et texte de l’auteur image de base : projet Eco-logis, disponible sur le site de l’architecte : <http://www.giesarchitekten.de> puis travail sur l’image par l’auteur
Figure 30 : Présentation du groupe comme une grande famille
42
source : collectif E-zéro, disponible sur : <http://www.collectif-e-zero.org>
Figure 31 : Passer du rêve à la réalité
45
source : composition et texte de l’auteur images 1 à 4 provenant du dossier de candidature au 2ème appel à projet lancé par l’Eurométropole, consulté sur place auprès d’Alain Kuntzmann le 4/11/2016
Figure 32 : Moyens de communication
47
source : composition et texte de l’auteur (de haut en bas et de gauche à droite) image 1 croquis et plans du projet Eco-logis, disponible dans : MEYER A., Pour une autopromotion en France selon l’exemple allemand des Baugemeinschaften image 2 : maquette du projet Making Hof, disponible sur : <https://lemakinghof.wordpress.com> image 3 : communication non violente, disponible dans : DIEUDONNE B., Guide pratique de l’autopromotion
Figure 33 : Nuage de mots du vocabulaire utilisé durant le processus du projet
49
source : composition, travail de l’image par l’auteur, vocabulaire d’après les entretiens
78
Table des illustrations
Figure 34 : Participation sur le chantier
52
source : composition et texte de l’auteur (de haut en bas et de gauche à droite) image 1 : chantier Making Hof, disponible sur : <https://lemakinghof.wordpress.com> image 2 : choix de coloris sur la chantier Ecolkhoze, disponible sur : <http://carrefourziegelau.tumblr.com> images 3 et 4 : chantier Greenobyl, disponible sur le site de l’architecte : http://www.gstudioarchitecture.com>
Figure 35 : Participation, solutions pour le projet Ecolkhoze
54
source : composition et texte de l’auteur images 1 à 6 : chantier du projet Ecolkhoze, disponible sur : <http://carrefourziegelau.tumblr.com>
Figure 36 : La mosaïque de vie des habitants du projet Ecolkhoze
57
source : composition de l’auteur images 1 à 253, vie au jour le jour des habitants du projet Ecolkhoze, disponible sur : <http://carrefourziegelau.tumblr.com>
Figure 37 : L’appropriation des espaces communs
60
source : composition et texte de l’auteur (de haut en bas et de gauche à droite) images 1 et 3 : chantier du projet Ecolkhoze, disponible sur : <http://carrefourziegelau.tumblr.com> images 2, 4 et 7 : visite des projets Ecolkhoze et Melting Potes, disponible sur : <www.ecoquartier-strasbourg.net/> images 5 et 6 : projet Melting Potes, disponible sur : <http://meltingpotes.ganeshart.org>
Figure 38 : L’appropriation des espaces privés
62
source : composition et texte de l’auteur images 1 et 2 : appropriation des espaces du projet Ecolkhoze, disponible sur : <http://carrefourziegelau.tumblr.com> images 3 et 4 : appropriation du projet Melting Potes, images transmises par des étudiantes ayant travaillé sur le projet, et dont les images ont été transmises par les habitants
Figure 39 : L’évolution des représentations spatiales communes
64
source : composition et texte de l’auteur image 1 : projet Eco-logis, disponible sur la plaquette STRASBOURG EUROMETROPOLE, 10 terrains pour 10 immeubles durables, Brochure explicative, Strasbourg, 2010 image 2 : GIES ARCHITEKTEN, Eco-Logis, consulté le 4 avril 2016, disponible sur : <http:// www.giesarchitekten.de/fr/projets/eco-logis> image 3 : coursives et maintenance, disponible sur : <http://www.habitatparticipatif.eu> image 4 : Eco-logis et jardin potager, disponible in DIEUDONNE B., Guide pratique de l’autopromotion, éd. CAUE du Bas-Rhin, Association Eco-quartier Strasbourg, 2014
Figure 40 : L’évolution des représentations spatiales privées
65
source : composition et texte de l’auteur image 1 : projet Making Hof, disponible sur la plaquette STRASBOURG EUROMETROPOLE, 10 terrains pour 10 immeubles durables, Brochure explicative, Strasbourg, 2010 image 2 : visite du projet Making Hof lors de portes ouvertes, disponible sur : <www.ecoquartier-strasbourg.net/>
Figure 41 : Les discours de la pratique
67
source : composition et texte de l’auteur témoignages disponibles in : DIEUDONNE B., Guide pratique de l’autopromotion, éd. CAUE du Bas-Rhin, Association Eco-quartier Strasbourg, 2014, p. 222
Figure 42 : Nuage de mots du vocabulaire utilisé pendant le chantier et la pratique
68
source : composition, travail de l’image par l’auteur, vocabulaire d’après les entretiens
Figure 43 : Nuage de mots du vocabulaire et des idées transmises par les images et les discours selon les étapes de projet
71
source : composition, travail de l’image par l’auteur, vocabulaire d’après les entretiens
Figure 44 : Nuage de mots du vocabulaire des thèmes sous-tendus par les images et les discours selon les étapes de projet
71
source : composition, travail de l’image par l’auteur, vocabulaire d’après les entretiens
79
Annexes
Fiches projets Annexe 1 : Fiche projet Collectif E-zéro Annexe 2 : Fiche projet Eco-logis Annexe 3 : Fiche projet Ecolkhoze Annexe 4 : Fiche projet Greenobyl Annexe 5 : Fiche projet Making Hof Annexe 6 : Fiche projet Melting Potes Annexe 7 : Fiche projet Urban’hôtes
Fiches thématiques Annexe 8 : Fiche thématique écologie Annexe 9 : Fiche thématique spatial Annexe 10 : Fiche thématique social
Tableaux analytiques Annexe 11 : Tableau d’analyse des discours Annexe 12 : Tableau d’analyse des images
Nuages de mots Annexe 13 : Nuage de mots, notions de base de l’habitat participatif Annexe 14 : Nuage de mots, vocabulaire utilisé en amont du projet Annexe 15 : Nuage de mots, vocabulaire utilisé durant la mise en place du projet Annexe 16 : Nuage de mots, vocabulaire utilisé durant le chantier et le quotidien Annexe 17 : Notions et vocabulaire qui se croisent selon les phases Annexe 18 : Grands thèmes retenus selon les phases
Captures d’écran Annexe 19 : Site internet de l’Eurométropole disponible sur : <http://www.strasbourg.eu/developpement-rayonnement/urbanisme-logementamenagement/projets-urbains/autopromotion-habitat-participatif>
Annexe 20 : Flyer de la conférence participative disponible sur : <http://www.ecoquartier-strasbourg.net>
80
Table des matières Remerciements
3
Sommaire
5
Introduction
7
Problématique(s)
7
Constats
7
Etat de l’art
7
Questionnements
8
Démarche de travail
8
Corpus
8
Méthode : analyse d’images et de discours
8
Hypothèse de réponse
9
Evocation du plan
9
I.
Les représentations en amont du projet, comprendre l’habitat participatif
11
a.
L’habitat participatif, des images comme premiers éléments
11
b.
c.
Les différents acteurs
11
Les habitants : acteurs de leur projet de vie
11
La maîtrise d’œuvre : un accompagnement professionnel
12
Les collectivités : un atout majeur et facilitateur
12
Schémas de compréhension des termes et des types d’habitat participatif
15
L’autopromotion
15
L’accession sociale et le locatif social en participation
15
L’habitat coopératif
17
L’habitat groupé autogéré
17
Des valeurs représentant l’habitat participatif
18
La traduction graphique des valeurs
18
Des schémas ludiques
18
Des transcriptions techniques
18
Des degrés de mise en œuvre différents
20
Selon les envies
20
Selon les capacités d’expertise (dans le domaine de l’architecture) et réflexives
20
Les images des acteurs institutionnels, un rôle didactique et promotionnel
22
Un pédagogie au service de la ville et de ses habitants
22
Un exemple en France
22
Une aide technique et financière au service des groupes
23
Un travail étroit avec les associations
23
L’association Eco-quartier Strasbourg
24
Le Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement du Bas-Rhin
25
Conclusion 1 : Les images pour s’informer et accéder au processus de projet
26
131
II. Les représentations de la mise en place du projet, un processus où l’image sert de
a.
b.
c.
médiation
27
Genèse du projet, des images communes pour structurer le groupe
27
« Faire » groupe, un travail dans la durée
27
Recrutement, l’image comme outil
27
La charte des valeurs : mettre sur papier ses images mentales
29
Entre volonté et opportunité, gérer des images différentes
32
L’accession sociale : mise en place d'un imaginaire pour faire vendre ?
32
La double signature : un décalage entre les images des autopromoteurs et des accédants sociaux ?
33
Valeurs communes, des images mentales traduites dans le projet
34
La dimension écologique
34
L’utilisation de la couleur verte
34
Les discours autour du développement durable
35
La dimension spatiale
37
La représentation des professionnels
37
La représentation en photographies
37
Les discours autour des espaces de l’habitat participatif
38
La dimension sociale
40
La représentation des groupes
40
Les discours autour de la dimension sociale
42
Coordination: médiation et communication par les représentations
43
Transposer les représentations en projet tangible
43
Une démarche aidée
43
Confronter l’imaginaire à la réalité
44
Apprendre à communiquer : mettre en commun ses images mentales
46
Entre maîtrise d’œuvre et maîtrise d’ouvrage : le biais des représentations physiques
46
Au sein de la maîtrise d’ouvrage : s’écouter pour réaliser ensemble
48
Conclusion 2 : Les images pour procéder à la mise en place et cheminer vers la pratique
49
III. Les représentations du terrain, du chantier à l’installation dans le projet
51
a.
51
b.
Phase chantier : anticiper, participer et partager Le chantier, passer des images mentales aux images réelles
51
La participation comme révélateur des représentations du groupe
51
S’approprier le projet, se créer des images communes
53
Problèmes et solutions, décisions de groupe
55
Une mosaïque d’images comme témoin pour prendre du recul sur la construction
55
Un partage entre les groupes
55
Un « album de famille » pour une communication plus large
56
Images de la transition, un espace à habiter
58
Le passage du collectif de construction au voisinage
58
Les images du groupe en transition
58
Equilibre entre individualité et collectif
58 132
c.
Emménager, s’approprier l’espace
59
Les espaces communs, images de conformité du projet aux attentes du groupe
59
Les représentations des espaces intimes
61
Représentations émergentes de la pratique
63
Le défi de vivre ensemble
63
Les images du groupe au quotidien
63
Des représentations spatiales en évolution
63
Retour d’expériences
65
Représentations des habitants
66
Représentations des concepteurs
66
Conclusion 3 : apprendre des autres et apprendre aux autres
68
Conclusion : Quel sens pour les représentations de l’habitat participatif à Strasbourg ?
69
Bibliographie thématisée et sources
73
Table des illustrations
77
Annexes
80
Table des matières
131
133
Les représentations de l’habitat participatif Le sens des projets de la métropole strasbourgeoise
L’habitat participatif est « la troisième voie » pour faire du logement et est en pleine expansion à Strasbourg et dans l’Eurométropole. C’est un type d’habitat qui véhicule des valeurs sociales, écologiques, spatiales et propose la participation des habitants pour la mise en place du projet. Il génère énormément d’images, mentales et physiques. Dès lors, il est intéressant de comprendre en quoi ces images peuvent être support à communication avant, pendant et après le projet, et comment ces images peuvent faire connaître l’habitat participatif, nous en faire comprendre le fonctionnement et les valeurs. Quelles sont ces valeurs ? En quoi nous permettent-elles de comprendre l’habitat participatif ? Les représentations mentales et physiques évoluent-elles au cours du projet ? Les images sont-elles semblables pour tous les acteurs d’un projet ? C’est ce que nous cherchons à comprendre au travers de ce travail de recherche et d’analyse des discours et des images.
Mots clé : Habitat participatif, images, représentations, habitants, architectes, institutions
Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg Valentine DELARCHAND UEM212 A - Densité, urbanité, intimité. Les défis du « vivre ensemble » Sous la direction d’Andreea GRIGOROVSCHI Janvier 2017