Festival Éritaj

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Sommaire 03 Éditorial Tribal Soul 04 Mot du Maire

Editorial

05 Mot du Président de Région 06 Mot de l’organisatrice 08 Programme Eritaj 2017 13 Frise chronologique 14 Karukéra, héritages des Caraïbes 15 L’Afrique, la Mère 17 L’Europe 18 L’Asie 19 Les syro libanais 21 Exposition Visuelle 22 Revue de presse, les ouvrages à avoir 24 Remerciements

La Guadeloupe est , chacun le sait, un formidable melting-pot. Mais de quoi est-il composé? Les premières traces de peuplement remontent à -3000 ans av JC avec les différents peuples Caraïbes auxquels succèdent européens et africains. Si on considère qu’il y avait à chaque arrivée d’esclaves, des captifs issus de plusieurs ethnies, et parlant plusieurs langues, (entre 3 et 10 ethnies par lieu de traite) cela veut dire que la Guadeloupe a reçu des apports culturels africains de centaines d’ethnies différentes. L’arrivée par la suite des Indiens, des Syriens marquent la société. Ces apports sont des plus variés, de la musique des chants, des contes, des pratiques culturelles, culinaires, des superstitions, des rites religieux, de façon de construire une maison, des tambours etc. Ces groupes au contact des autres petits groupes ont liés, mêlés ces apports. Des amérindiens en passant par les grands royaumes bambara, nous allons donc revisiter ces racines qui sont notre richesse. Il s’agit de découvrir comment s’exprime dans nos vies de tous les jours, l’héritage qu’ils ont laissé: les mots, les expressions, la cuisine, les croyances, dans les structures familiales. Pour que ces savoirs trop peu connus se révèlent à nous, nous avons choisi en plus du Festival de proposer un magazine, pour éveiller la curiosité, un ouvrage qui se conserve et qui se lit en famille.

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Mot du Maire La première édition du « Festival Eritaj Mémoires Vivantes », a permis de reconnaitre le potentiel et l’importance de notre ville de Petit-Canal. Elle détient de nombreux vestiges patrimoniaux exceptionnels ; Les Marches des Esclaves, dont la notoriété dépasse les frontières du département,à l’ancienne Prison, aux monuments aux morts ; De l’ancien port sucrier de Beautiran, à l’Habitation Lubeth et au site de Duval. C’est autant d’atouts, que mon équipe municipale et moi-même, avons à cœur de valoriser. Bien au-delà de l’engouement que représente ce Festival, nous inspirons à la longévité et la ténacité de cet évènement ; Afin de permettre la valorisation du patrimoine historique et le développement économique et touristique à l’échelle communale et bien plus loin à l’échelle nationale.

Du 25 au 27 mai, sera mis à disposition du public, des projections en plein air, un village, d’exposition et de production artisanale, un atelier généalogique, des conférences débats et bien d’autres. En show final, les visiteurs pourront pleinement profiter d’un magnifique concert live, où plusieurs artistes de renommée, de région et d’ethnie différents échangeront. Aujourd’hui, nous pouvons nous enorgueillir d’avoir cru et permis grâce à notre partenaire, l’agence Neeya, que nous remercions, l’émergence, la réussite et le rayonnement de cet événement unique. J’invite, donc la population Canalienne et Guadeloupéenne à venir, découvrir et vivre cette expérience extraordinaire, qu’est le Festival « Eritaj, Mémoires Vivantes ».

Blaise MORNAL Maire de Petit-Canal

Cette année, la 3ème édition, marquera un renouveau, avec un programme riche et atypique.

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Mot duPrésident deRégion « Ceci est ton pays, ton monde, ton corps, et tu dois trouver une manière, quelle qu’elle soit, d’y vivre, de vivre avec ».1 Il aura fallu plus d’un siècle pour que l’Esclavage et la Traite des Noirs soient reconnus comme crime contre l’Humanité.

et donne vie aux Mémoires. Il donne l’opportunité au plus grand nombre de partager, de débattre autour de ce thème, rendant accessible la connaissance et en favorisant le dialogue entre les générations.

Aujourd’hui, le constat est indéniable pour la communauté scientifique : cette tragédie humaine fut un traumatisme majeur dont les conséquences sur le fonctionnement des sociétés postcoloniales ont été largement sous estimées.

Je suis très heureux de ce partenariat fort avec la Ville de Petit-Canal. Cet évènement qui, en parallèle de faire de la Culture un moteur essentiel du développement économique, s’inscrit également dans notre volonté de promouvoir le rééquilibrage du territoire et la valorisation du patrimoine historique du Nord Grande-Terre.

Désormais, il nous appartient à nous, peuple issu de l’esclavage, de mener une lutte émancipatrice permanente. Nous avons la responsabilité de créer des initiatives pour la reconstitution de la mémoire historique de notre peuple et sa mise en valeur.

Il s’agit donc d’en faire un levier pour le tourisme culturel et mémoriel en vue, pour la Guadeloupe, de bénéficier de retombées économiques et d’accroître sa richesse intérieure.

Au-delà de ces initiatives, nous devons concevoir une véritable politique mémorielle qui nous permettra non seulement de transcender cet héritage pour aller de l’avant mais assurera aussi à notre jeunesse un Avenir afin qu’elle demeure toujours libre de ses choix.

Notre passé, cet héritage qui constitue en même temps notre force et notre vulnérabilité nous rapproche sans doute du sens de la vie. Cependant, poursuivre l’apprentissage, commémorer l’Esclavage c’est aussi s’approprier notre liberté.

Parce qu’ « un Homme éclairé est un Homme libre », la Collectivité régionale, entend promouvoir la culture et la création pour concourir à la connaissance d’un phénomène marquant de l’Histoire, de notre histoire.

Bon festival à tous,

Ary CHALUS Président de Région

Le festival « ÉRITAJ, MÉMOIRES VIVANTES » avec son université populaire respecte cette volonté

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1 Ta-Nehisi COATES, Une colère noire : Lettre à mon fils /Autrement / 2016


Mot de l ’organisatrice L’Histoire est un héritage, et à ce titre, il convient aux générations qui le reçoivent de le faire fructifier pour le léguer aux générations futures. C’est dans cette philosophie que depuis 3 ans le Festival « Éritaj, Mémoires Vivantes » se développe à Petit-Canal. Nous avons souhaité cette année aller plus loin que la date du décret du 27 Mai 1848. Notre thématique « Tribal Soul » est un voyage au coeur de nos origines. La Guadeloupe s’est forgée des influences des quatre coins du monde et notre quotidien est façonné que nous en soyons conscients ou pas. Que ce soit la langue créole, nos traditions culinaires, nos superstitions ou encore notre façon d’utiliser les plantes, ceux qui nous ont précédés ont pris soin de nous transmettre des savoirs ancestraux, qu’il nous revient de préserver. En ces temps tourmentés par les tentations xénophobes, il est bon, à mon sens de rappeler la nature hétéroclite de notre Guadeloupe. Seule la connaissance de nous-même peut mener à l’ouverture au monde.

etteurs. Désormais des ateliers (danse, céramique, traditions Yoruba) seront proposés le 27 Mai. Nous sommes aussi très fiers des invités qui ont fait le déplacement pour y participer : Franck Salin, réalisateur et auteur, Emmanuel Gordien Vice Président du CM98, Carole Bourgine auteur, Hillary Brown du Caricom et Louis-Georges Tin du CRAN. Enfin, pour la première fois une offre de package touristique accompagne la tenue du Festival Éritaj, Mémoires Vivantes, pour faire découvrir la Guadeloupe par le prisme du patrimoine. Le Concert final est depuis 3 ans un spectacle inédit créé après une semaine de résidence sous la direction d’un artiste reconnu. Cette année, c’est Didier Juste qui aura la charge de créer une harmonie entre des musiciens de générations différentes et de styles différents: Loriane Zacharie, Jean-Michel Rotin, Marie-Line Dahomay, Misié Sadik & Methi’s. L’ambition du Festival « Éritaj, Mémoires Vivantes » est de proposer un évènement inédit qui permette des retombées économiques à court et long terme pour le territoire et de s’inscrire durablement dans le calendrier culturel caribéen. Et c’est grâce à un partenariat fort qu’avec la Ville de Petit-Canal, nous tendons vers l’objectif. Merci à nos partenaires, en particulier la Région Guadeloupe et le Comité du Tourisme des îles de Guadeloupe qui accompagne la vision et l’ambition du Festival.

Cette édition 2017 est particulière à plus d’un titre. La programmation se tient désormais sur 3 jours durant lesquels les concerts, les conférences et les espaces d’expression artistiques se multiplient. Elle est le résultat d’un appel d’offre conjoint avec la Ville de Petit-Canal qui a été mené au mois de décembre 2016. La preuve s’il en fallait que ces thématiques interpellent et inspirent.

J’espère que ces 3 jours de Festival seront l’occasion d’échanges, de questionnements, d’émotions pour vous et vos familles sous le regard bienveillants des Ancêtres que nous commémorons. Nous vous souhaitons une belle édition 2017 du Festival« Éritaj, Mémoires Vivantes »

Je suis enchantée car cette troisième édition propose des rendez-vous innovants. Dans un premier temps, l’Université Populaire, conçue pour être un espace d’échange entre le public et les chercheur, historien, linguiste ou encore forestier. La Scène Découverte promet d’être un rendez-vous haut en couleur, mettant en avant des talents très prom-

Laurence MAQUIABA Organisatrice

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Programme JEUDI 25 MAI 08h00 Randonnée | Niveau facile (2h) Départ à la Maison du tourisme Avec Aponi Kréyol

Partez à la découverte des héritages de Petit-Canal en passant par les Marches des Esclaves et le Canal de Moreau. Le niveau est facile, l’inscription obligatoire : 0690 26 21 89.

15h30 Conférence-Débat Salle Polyvalente de Petit-Canal

Avec le CM98. Le CM98, association créée par les organisateurs de la « Marche des 40 000 » du 23 Mai 1998, est devenu aujourd’hui l’Institut des Français descendants d’esclaves, dont l’objectif premier est de pérenniser et de défendre la mémoire des victimes de colonial. Le Dr Emmanuel GORDIEN dirige le centre de généalogie du CM98 qu’il a créé, son objectif est de permettre à tout Français descendant d’esclave de retrouver les esclaves et les libres de couleurs qui ont fondé sa famille. Nos Aïeux esclaves avaient pour tout état civil qu’un prénom ou un sobriquet, et à partir de 1839, un numéro matricule. Après l’abolition de l’esclavage, quelque 150 000 esclaves en Guadeloupe et en Martinique reçurent des “nom de famille”. Le Dr Emmanuel GORDIEN vous proposer de retrouver les origines des noms de familles de Petit-Canal.

18h00 Concert Gospel Parvis de l’Église de Petit-Canal

Avec la Chorale GOLDEN NORTH’S VOICES

La Chorale propose un voyage dans le temps avec des gospels et des spirituals. Des airs pleins de la mémoire de ceux, qui avant eux dans l’Histoire, ont chanté pour transcender ensemble des souffrances et raviver des joies.

19h00 Vernissage exposition Marches des Esclaves

Quatre photographes guadeloupéens proposent leurs visions de «Tribal Soul»: Cédrick-Isham, Adéola Bambé, Anaïs Cheleux et Samuel Mazanielo-Chézol. Exposition des «Noms de Famille de Petit-Canal» par le CM 98.

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Programme VENDREDI 26 MAI 09h00 Université populaire| Salle Polyvalente de Petit-Canal

« La Guadeloupe, héritière des influences du monde ». Pour sa 3ème édition, le Festival innove en proposant son Université Populaire, un espace d’éducation populaire permettant la diffusion de savoirs autour de notre Histoire. Cette année, nous allons avec des linguistes, des historiens et des militants explorer ces héritages bien ancrés dans nos vies quotidiennes mais dont nous ignorons l’origine. De nos superstitions, des mots créoles, en passant par nos jardins… une journée pour apprendre et échanger. Inscription obligatoire: universitépopulaire@festivaleritaj.com

19h00 cinéma en plein air Marches des Esclaves « Citoyens Bois d’Ébène » documentaire de Franck Salin. Le voyage du retour, qui consiste pour les descendants d’esclaves à revenir sur les traces de leurs ancêtres déportés d’Afrique, est une démarche rare chez les Antillais. Emmanuel Gordien, principal protagoniste du documentaire de Franck Salin, «Citoyens bois d’ébène», l’a entreprise au nom de ce qu’il appelle désormais «le triangle de la réconciliation».

«Ma Manman Dlo» court-métrage de Julien Silloray

Rosental a huit ans. Depuis quelques jours, il vit seul avec son père à PortLouis, en Guadeloupe. Le garçon est bien décidé à retrouver sa mère disparue et Kamo, le sorcier de la commune, lui apprend qu’elle s’est transformée en une Manman d’lo, ces sirènes de la Caraïbe qui attirent les pêcheurs dans les royaumes du fond des mers.

22h00 lewoz Marches des Esclaves

Avec Kamodjaka Entrez dans la ronde du Lewoz, moments festifs typiquement guadeloupéen avec Kamodjaka. Nés pendant la période esclavagiste, ces rassemblements ont contribué à la popularité actuelle de la musique Gwoka.

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Programme SAMEDI 27 MAI 06h00 concours de pêche Port de pêche Concours de pêche à la ligne et épervier ( infos 0690 69 21 09 )

08h00 village de la mémoire Marches des Esclaves

10H00 conférence-débat Parvis de l’Église de Petit-Canal « Comment réparer la Fabrique de l’Histoire? » A l’heure où certains fantasmes des romans nationaux, nous nous interrogerons sur comment transmettre la notre. Comment faire vivre la Mémoire, nos cultures? Et que pourrons nous léguer à nos enfants?

Ateliers

* Découverte des Traditions Yoruba * Mosaïque et Céramique * Vanneries * Danses africaines * Danses indiennes

12h00 pot de la liberté Marches des Esclaves Avec Mr le Maire, Blaise Mornal Moment solennel de la journée, le Maire de Petit-Canal rendra hommage aux Ancêtres. Suivi d’un partage convivial

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Happenning

* Graff * Slam * Scène Ouverte


Programme 18h30 scène découverte Entre Soul, jazz, rap et dancehall, le Festival vous fera découvrir des artistes talentueux qui font vibrer ce «Tribal Soul» en nous. Message, émotions et partage à prévoir!

RHIZOM 971

Ankh Music

Nina Kerkena

Dimitri Paul

21h00 concert final Le concert final du Festival ÉRITAJ, MÉMOIRES VIVANTES est à l’image de la Guadeloupe: une harmonie entre artistes d’horizons différents, de styles différents mais qui ensemble proposent une création inédite. Sous la houlette de Didier Juste, pendant une semaine en résidence, ces artistes venus du Nigéria, de Londres, de Martinique et de Guadeloupe s’unissent en hommage à nos Ancêtres.

Didier Juste

Loriane Zacharie

Jean-Michel Rotin

Misié Sadik

Méthi’s

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FriseChronologique 1975: Guerre du Liban Deuxième vague d’immigration syro-libanaise

1975 1950 1894 1870 1854 1866 1872 1848 1802 1794 1789 1759 1763 1685 1644

1950: Immigration caribéenne dans le secteur agricole. 1894: Le Crédit foncier fait venir des Japonais et des Chinois. 1870: Première vague d’immigration syro-libanaise. 1854 : Des travailleurs Tamouls (Inde) sont engagés pour travailler dans les champs de canne à sucre. 1866-1872 Arrivée des Annamites condamnés par la France. Et départ, le pouvoir colonial ayant eu peur des complots. On ne sait pas s’ils ont été rapatriés. 27 avril 1848 : Abolition définitive de l’esclavage est signé et appliqué. 1802 : Rétablissement de l’esclavage sur l’ordre de Bonaparte. 1794 : Première abolition de l’esclavage. 1789 : Révolution Française 1759-1763 : Occupation anglaise 1685 : Proclamation du Code Noir 1644 : Arrivée des premiers esclaves Africains

1493

Novembre 1493 : Christophe COLOMB aborde les côtes de l’île, lors de son deuxième voyage, et la baptise Guadeloupe nom d’un monastère espagnol d’Estrémadure.

VIIIè

VIIIème siècle : Ce sont les indiens Caraïbes qui débarquent en Guadeloupe. Peuple guerrier, ils déciment les Arawaks, bien qu’originaires des mêmes contrées.

300 -3000 av J.C

300 après J.C : les indiens Arawaks, peuple au moeurs pacifiques, s’installent en Guadeloupe -3000 av JC : Quelques vestiges archéologiques témoignent d’une présence humaine à cette époque.

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Karukera, héritage des caraïbes D

epuis 2500 avant JC, des peuples amérindiens venus des côtes du Venezuela actuel avaient atteint les îles des Petites Antilles. Ils vivaient de pêche, de chasse et de cueillette de fruits locaux. Elles n’ont laissé quasiment aucune traces perceptibles à cause de leur mode de vie nomades, s’abritant dans des refuges naturels (grottes …). Il faut attendre environ 2000 ans de plus pour que les premiers indiens « Arawaks » s’installent à “Karukéra”, en indien Caraïbes “ l’île aux belles eaux « . Ils viennent du bassin de l’Orénoque et ils pratiquent une agriculture itinérante sur brûlis, sur de petites parcelles aménagées au cœur de la forêt où ils cultivent surtout le manioc pour déjà faire des kassav, en arrière des villages côtiers où ils s’établissent. Au fil des siècles, ces peuples amérindiens colonisent toutes les îles de l’archipel guadeloupéen, s’aventurant parfois assez loin à l’intérieur des terres. C’est une civilisation qui maîtrise l’art de la céramique et qui la fait évoluer au diapason des pratiques sociales, des rites cultuels et des croyances idéologiques. Les Caraïbes, dont la guerre faisait partie de leur culture et leur rites initiatiques, faisaient des Arawaks leurs esclaves. Si les conflits ne sont pas rares, les peuples amérindiens échangent, communiquent via le la mer. On peut voir leurs gravures très nombreuses dans le sud Basse-Terre et particulièrement à Trois-Rivières. Au cours du XVIIème siècle, les Espagnols tentèrent en vain de conquérir la Guadeloupe et furent repoussés par les indiens Caraïbes. En 1635, Liénard de L’Olive et Duplessis d’Ossonville débarquent en Guadeloupe à la Pointe Allègre. Ils mènent une guerre acharnée contre les indiens Caraïbes et prennent possession de l’île.

De nos jours, la dernière communauté identifiée comme amérindienne est celle des Caraïbes du Carib Territory de l’île de la Dominique. L’immigration caribéenne en Guadeloupe n’a jamais cessé, elle est de toutes les époques. Dans les années 1950, il y a, par exemple, ces travailleurs des îles anglaises que l’on fait venir pour la récolte de la canne. On peut aussi parler des Haïtiens - au nombre de 6 000 environ, utilisés à la campagne comme main-d’oeuvre corvéable. Mais, quand certains d’entre eux sont devenus commerçants ou chefs d’entreprise, il y a eu un changement d’appréciation à leur égard.

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Le saviez-vous ? Le “canari”, grand pot à faire cuire est un terme caraïbe, pour désigner le terme de “fait tout” d’origine européenne.


LAf’ rique, laMère B

ambaras, Tacouas, Cotocolis, Coromantins, Judas, Ayos, Nagos, Ibos, Aradas puis les Congos arrivés « libres », les origines ethniques du peuplement noir de nos Antilles sont diverses et complexes. Brunetti, dans son mémoire de 1660 dit qu’on achetait les esclaves «au royaume d’Angola» et le long de la côte de Guinée, et le P. Pelleprat précise la complexité ethnique des esclaves: «Les nègres qu’on transporte aux îles sont de diverses nations d’Afrique, d’Angola, du Cap Vert, de la Guinée, du Sénégal et de quelques autres terres voisines de la mer. On compte dans les îles jusqu’à treize nations de différentes langues.» La traite ne s’est pas méthodiquement développée en commençant par la pointe occidentale de la côte d’Afrique, s’étendant vers le fond du golfe de Guinée, puis atteignant le Congo, puis l’Angola. Dès le milieu du XVIIe siècle, à côté d’esclaves tirés des bords du Sénégal, on trouve des Aradas venant du Dahomey, des Mines du Ghana et beaucoup d’Angolas. Mais, sans jamais cesser de fournir des esclaves au XVIIIe siècle, de l’Ouest du bas Niger, ce furent par très grands groupes qu’arrivèrent des Aradas puis après 1770 les Congos,

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achetés surtout par les planteurs caféiers. Ce ne sera qu’après 1774, qu’apparaîtront des Mozambiques. La plupart des peuples cités sont de la côte, seul les Bambaras viennent des des terres lointaines les Bambaras par le fleuve Sénégal, les Haoussas du haut Nigéria et quelques individus des ethnies de la boucle du Niger. En arrivant les peuples se mélangent et entremêlent leurs cultures respectives. Ainsi certains mots ou onomatopée de la langue créole viennent directement de langues Ewe, Lingala, kikongo ou encore bien d’autres. Soukougnan, Pé! , Malanga, Gonbo ont fait un voyage depuis l’Afrique presque intacte pour se retrouver dans notre créole courant. La tradition n’est pas en reste, car il existe en Guadeloupe une très ancienne tradition orale de transmission, qui a pu être conservé dans une moindre mesure qu’en Afrique où le rôle dédié au griot est très codifié. Par exemple, c’est le griot qui


LAf’ rique, laMère est l’intermédiaire entre un seigneur et son peuple, et c’est à lui qu’on s’adresse en présence du roi. Cette organisation n’ayant pas été apportée, les connaissances des premiers orateurs ne sont pas parvenues jusqu’à nos ancêtres de Guadeloupe. Mais ils ont perpétué la tradition de l’oralité par les séances de contes dans les veillées. Malheureusement, si des listes d’esclaves existent - qui comptabilise méthodiquement les origines présumées des esclaves, elles nous renseignent peu sur le vécu des africains déportés. Les écrits servent à la comptabilité, à retranscrire la vie de la plantation surtout du côté des côlons.

(suite)

loupéens afrodescendants sont de plus en plus nombreux à faire des démarches de retour pour trouver l’ancêtre répertorié sous un matricule: trouver ses origines, l’histoire personnelle de leur ancêtres.

Le saviez-vous ? La plupart des spécialistes du gwoka attribuent le rythme menndé , l’un des 7 rythmes de base, aux immigrants kôngo arrivés après 1848. En effet, la similitude est grande entre le menndé et certains rythmes kôngo actuels, tel que le walla des Lâri du Congo-Brazzaville. Le rythme gwo siwo que joue le groupe Voukoum de Basse-Terre lors du carnaval pour accompagner le mas a kongo, le « costume » qui rappelle la part kôngo et africaine des Guadeloupéens.

À partir de 1848, attiré par les promesses alléchantes des recruteurs qui ne reculent devant aucunes ruses, environ 21000 hommes pour la plupart très jeunes ont émigrés en Guadeloupe (6000), Martinique et Guyane.Très peu sont retournés sur le continent. Ces africains sont en majorité des BaKongo (Congolais du royaume Kongo) puis Sierra-Leone ou encore du Gabon. Même si le nombre de ces engagés est moindre en Guadeloupe, et alors qu’ils sont arrivés dans des conditions identiques dans l’île soeur, ils ont laissé une forte empreinte ici., l’une des plus forte des Petites Antilles. Les apports culturels issus de cette origine sont manifestes et nombreux. Ils concernent les noms de personnes, de lieux, la langue créole de la Guadeloupe, mais aussi l’alimentation et la musique.

(source LAMECA)

Les Africains réduits en esclavage sont devenus anonymes, sans passé. L’une de difficultés actuelle est de démêler les différents apports régionaux. Néanmois, depuis quelques années, les Guade-

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LEurope ’ L

e premier contact des Européens avec les Antilles, remontent à la découverte de Christophe Colomb en 1492. Ces îles étaient déjà habitées. A la fin du 16ème siècle, les premières expéditions sont montées vers les Amériques. Ce sont des voyages privés uniquement à but lucratif à la recherche d’or ou pour le commerce de produits exotiques tels que le tabac. Certaines expéditions qui avaient échouées dans les Antilles avaient d’ailleurs été accueillies par les Caraïbes qui les avaient nourris! Une situation qui n’a pas duré longtemps. Le contact avec les Européens leur sera fatal: mise en esclavage, guerres et maladies conduisent à leur quasi disparition vers le milieu du XVIII siècle. Les premiers Européens sont souvent des aventuriers, si l’attrait de la richesse était un moteur puissant, le voyage est un périple périlleux et pénibles. Combien parmi ces “engagés” originaires le plus souvent de l’ouest de la France, qui signaient un contrat de trois ans pour 300 livres de “pétun” (tabac) combien ont survécu? Combien ont fait fortune ? En 1656, les hollandais réfugiés du Brésil dont ils avaient été chassés se réfugient en Guadeloupe avec leurs esclaves et la connaissance de la culture de la canne ainsi que de la fabrication du sucre. Dès lors une profonde transformation se fera aux Antilles car l’apport massif d’esclaves transformera une société où les engagés et petits colons n’ont plus leur place et la grande propriété prendra le pas sur la petite habitation. A partir de 1848 et de cette abolition, on cherche avant tout à faire venir des Blancs. On espère que la vue de Blancs libres oeuvrant dans les champs fera mieux comprendre aux Noirs le sens du mot travail. On fait miroiter aux Européens les avantages du pays, on leur offre le gîte, le couvert, on va jusqu’à nier les différences de climat, celui des basses

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Pyrénées est décrit comme proche de celui des Antilles. Les postulants - quelques centaines - viennent du Sud-Ouest, mais aussi de l’Isère, de l’est de la France et même, à un moment donné, de Madère, dont le vignoble traverse une grave crise. En fait, l’immigration blanche n’a jamais cessé. C’est un goutte-à-goutte ininterrompu jusqu’à aujourd’hui. Du fait des crises en Europe et le développement des communications maritimes, la Guadeloupe fait l’objet d’une nouvelle immigration blanche hétéroclite: Français (marins, soldats, commerçants, artisans) Italiens, Espagnols… Peuples d’Europe centrale, abandonnant des pays pauvres pour améliorer leur situation.

Le saviez-vous ? Le Quadrille est une danse du XVIIIe siècle d’origine européenne. Elle fut tout d’abord adoptée par les colons des milieux bourgeois, puis adoptée par le milieu rural. Le quadrille guadeloupéen comprend à la fois des apports d’origine européenne et des apports d’origine africaine.


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LAsi’ e !

Après l’Abolition de l’Esclavage, les plantations sucrières sont délaissées par les anciens esclaves. Pour avoir la main d’oeuvre nécessaire, de 1849 à 1889 ils sont 50 000 à être introduits en Guadeloupe. Les Indiens forment de très loin le groupe le plus nombreux, avec près de 43.000 arrivants. Certains arrivés là au gré des choix de l’administration coloniale « afin de décider quelle est la race qui convient le mieux » au climat de l’île et au besoin de main d’oeuvre des planteurs. Ils débarquent avec un contrat de 5 ans prévoyant logement, vêtements, nourriture, salaire et paiement de leurs frais de rapatriement vers l’Inde. Mais les faits sont bien différents. Les rapatriés - entre 20 et 25% des débarqués - sont principalement ceux que les propriétaires appellent les «non-valeurs», c’est-à-dire les malades, les handicapés et les fous. Plus de la moitié d’entre eux meurt dans la colonie. En 1892, on dénombre moins de 16000 immigrants indiens. L’intégration des Indiens est difficile: méprisés par les Blancs, mal vus par les Noirs, ils vivent à l’écart sur l’habitation. Mais ils ont malgré tout fortement imprégnés la culture populaire de l’île tout en changeant eux même. Nous leur devons les traditions culinaires typiques comme par exemple le Colombo d’origine tamoul ou certains mots dans le créole: « nanni-nannan, pawoka, massalé » ou encore le madras, tissu emblématique de la Guadeloupe. Les Guadeloupéens d’origine indienne, ont réussi à conserver de nombreux éléments de leur patrimoine culturel et même un syncrétisme étonnant, le catholicisme a conquis tous les foyers hindous ; ce qui ne fait nullement obstacle à la pratique simultanée de leur propre religion. Les temples hindous ont fleuri dans les campagnes où les cultes sont régulièrement pratiqués. D’autres groupes viendront d’Asie dans la sec-

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onde moitié du XIXème siècle, les vietnamiens (anciennement annamites) par exemple, qui sont des déportés politiques pour faits de résistance à la pénétration française en Indochine. A noter, la venue des Chinois et des Japonais, organisée en 1894, pour la première fois un organisme privé, une banque, le Crédit foncier coloniale. Les Japonais ne resteront pas longtemps: une année. A la suite d’une grève, ils sont rapatriés.

Le saviez-vous ?

Le Salaco, chapeau typique des Saintes fait son apparition avec les Annamites condamné à cinq ans de travaux forcés au bagne en 1873. Certains sont restés pour se livrer à l’agriculture.


Les syro libanais «

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enri DEBS1, Camille JABOUR2, Maryse ROMANOS3, ces noms associés résonnent spontanément dans l’imaginaire des Guadeloupéens. C’est la preuve du fort ancrage de la communauté « syro-libanaise » dans la société guadeloupéenne. Qui sont-ils ? Ils sont pour la plupart des chrétiens maronites, originaire de l’actuel Liban et des Syriens proprement dits de religion grecque orthodoxe. Quand et pourquoi viennent-ils en Guadeloupe ? L’émigration de ces populations commence dans la deuxième moitié du 19ième siècle lorsque les troupes de Napoléon III se portèrent au secours des chrétiens massacrés par les musulmans dans les régions de peuplement mixte tels que Damas. Ces derniers prennent la direction des Amériques, considérés à cette époque comme l’eldorado. Les Antilles françaises, étapes dans leur périple, devinrent des territoires d’élection pour certains.

En 1956, sur un million de Libanais installés dans le monde, seuls 15 000 se trouvaient dans les territoires français (Antilles françaises comprises) Aujourd’hui, il est très difficile d’évaluer le nombre de « Syro-Libanais » installés en Guadeloupe. Certaines familles en sont à la quatrième voire à la cinquième génération à naitre sur notre sol commun. Une communauté syro libanaise fait partie intégrante de la population créole antillaise La place des nouvelles générations reste importante dans le commerce mais les jeunes ont tendance à essaimer toutes les sphères de la vie économique et sociale de notre territoire : chirurgiens, avocats, professeurs. C’est le signe d’une véritable intégration à la population créole de notre territoire.

Elle s’acheva avec la fin du mandat français sur le Proche Orient. Les populations ont dû faire un choix entre prendre la nationalité française et conserver sa première identité. Beaucoup ont fait le choix de la France. Il faut aussi ajouter l’arrivée de Syriens et Libanais chassés des îles anglaises environnantes et de Haïti et Saint Domingue.

1 Personnalité incontournable du monde de la musique, producteur des grands noms du zouk (Zouk Machine, Tanya Saint Val), mort en 2013. 2 Fondateur du journal Match, magazine culturel et sportif incontournable de la seconde moitié du 20ième siècle en Guadeloupe. r du journal Match, magazine culturel et sportif incontournable de la seconde moitié du 20ième siècle en Guadeloupe. 3 Poétesse et écrivaine de renom.

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PARTENAIRE

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Exposition visuelle Samuel Mazzaniello Biographie : Samuel Mazaniello-Chézol est né en 1986. Il vit et travaille en Guadeloupe (Caraïbes). Son Positionnement : Samuel Mazaniello-Chézol s’interroge sur la distance entre l’objet d’art et l’objet du quotidien. Les différents supports qu’il utilise sont des vecteurs de messages et de questions adressés aux publics. Il critique avec humour une société qui conserve des schémas erronés. Sa Formation : Il est diplômé d’un master en art contemporain et nouveaux médias à l’université de Vincennes Paris 8. Il est également titulaire du concours national du CAPES d’arts plastiques et enseigne en tant que professeur certifié. Outre son cursus académique, il a beaucoup travaillé sur des projets d’arts vivants qui lient l’art visuel et la danse. Aujourd’hui, il poursuit son exploration artistique entre son atelier, ses élèves et les voyages. Cédric ISHAM Depuis 2009, il s’est lancé avec une certaine réussite dans l’univers de la photographie et a bénéficié des précieux conseils de photographes antillais réputés tels que Charles Rousseau et Daniel Goudrouffe. En 2011, il participe à un projet national intitulé «Projet 26», concept original qui rassemble des photographes amateurs de la France entière appartenant à différentes régions, afin de valoriser le pays au travers de celles-ci. Depuis mars 2013, il s’est également lancé dans un projet, visible sur Facebook, répondant au nom de : «La Guadeloupe, mon visage» qui eut un effet assez positif. Son style photographique est un mélange de photo-journalisme et de photographie d’auteur. Cependant, il n’hésite jamais à s’essayer à différents styles,et il en ressort beaucoup de douceur à la vue de ces clichés. Constamment à la recherche de la lumière, il tâche de sublimer les gens, les choses ou les lieux au travers de celle-ci. Enfin, il aime à s’imaginer qu’il existe un dialogue entre lui et son appareil avec qui il serait complice, afin de définir sa relation à l’image.

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Anaïs Cheleux Anaïs C. est une photographe autodidacte. Elle a commencé et appris essentiellement à Paris,en suivant des artistes en concert, ainsi qu’au contact de photographes indépendants. Son évolution s’est poursuivie au gré des rencontres et de son entourage (safari photo, collaborations artistiques,..). Ses domaines de prédilection :la Nature et l’Homme dans leur aspect le plus naturel et spontané. Sublimer des regards, des sourires, mettre en avant des personnalités singulières à travers l’image. Anaïs C. vit et travaille en Guadeloupe. Adéola Bambé Tout petit, son père est alors passionné de photographie et développe lui-même ses photos , quelques années après la pièce qui lui servait de laboratoire de développement devient la chambre à coucher d’Adéola . Il commence à s’intéresser à la photo au moment où son propre fils se prépare à naître. il aborde cet art de façon très spontanée et instinctive, et trouve en elle un moyen d’expression dont il ne peut plus se passer, une façon pour lui d’exprimer sa sensibilité. Autodidacte il photographie des amis en studio puis vient les show case et les concerts, passionné par le basket ball plus jeune, c’est naturellement qu’il retrouve les play-ground cette fois équipé d’un appareil photo. Par ailleurs , l’énergie émanant des éléments naturels n’échappe à son regard , l’eau particulièrement est l’un de ses terrains de jeux favoris . Il apprécie particulièrement composer avec la lumière jaillissant de l’obscurité, une forme de beauté véhiculant un message positif. Il continue d’apprendre et de pratiquer pour « exister ».


Revue de presse, les ouvrages à avoir

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Remerciements

NEEYA remercie le Maire Blaise Mornal et la Ville de Petit-Canal pour son engagement et son investissement renouvelés. Elle remercie la Région Guadeloupe, son Président Ary Chalus et Monsieur Teddy Bernadotte pour leur soutien. NEEYA remercie aussi l’ensemble des partenaires qui concourent à la réalisation de l’évènement, ainsi que les médias partenaires. Cet évènement ne pourrait avoir lieu sans les équipes à pied d’oeuvre: les services techniques de la Ville de Petit-Canal, le PAJE, J2C, Henry Santenac, Maïté Maquiaba, Nadia Eddaïra, Valérie Vidal, Élaine Poirier, Nadège Saha, Wilfried Hypolite, Marie-Line Bernard, Louis-Guy Lorange, Nadège Théophile, Pierre Sophiyair, l’Association Gwa Label et sa présidente Amélie Tintin et avec une mention spéciale pour Églantine Mamet.

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